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Enoh Meyomesse
écrit de la poésie
comme on
raconte des
histoires. Celle-ci
devient ainsi,
sous sa plume,
vivante. Elle l’est
d’autant qu’il ne
parle pas de ses
états d’âme,
mais, plutôt, de
son pays.
3
Kamerun
ton nom me faisait vibrer
d’émotion
tellement il était magique
tellement il était majestueux
tellement il était
différent
de tous ceux que
j’entendais
je rêvais de toi comme si je ne
t’avais
jamais connu
je maudissais tous ceux qui
médisaient
de toi
je les
HA-I-S-SAIS
matin en quête de
savoir
à quoi bon …
ton nom me faisait vibrer
d’émotion
tellement il était magique
tellement il était majestueux
tellement
il était
différent
de tous ceux que
j’entendais
et je me disais
TOI
tu
es
SPE CIAL
me voici à tes côtés rejeté de
tous et de toi-même d’abord
ordure de nouveau vomissure
dégouttante
8
ICI
je ne suis plus NEGRO
je ne suis plus ce déchet
de la terre
MAIS
INUTILITE
comment puis-je l’être
alors que ton visage brille
la disette
la disette du cœur
la disette de l’âme
la disette de l’esprit
dis-moi comment puis-je l’être
Ö DRAME
CATASTROPHE
DES CATASTROPHES
ton nom me faisait vibrer
d’émotion
tellement il était magique
tellement il était majestueux
tellement il était
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différent
de tous ceux que
j’entendais
je t’avais déifié
je t’avais idolâtré
je t’avais divinisé
OUI
JE T’AVAIS DIVINISE
faudrait-il que je retourne tout
là-bas
ingurgiter les vilenies de ces
gens et
veiller de nuit dans un atelier
d’usine
moi plus diplômé même que le
patron
suprême de la fabrique et
poster des
photos en couleur pour dire :
VOYEZ JE NE MEURS PAS
DE
FAIM
10
pour sûr
tout le monde veut déserter tes
forêts tes savanes tes plages
comme
on désire s’échapper d’une
terre
maudite
et les jeunes veulent se sauver
comme
d’un brasier et les adultes
veulent partir tout loin très très
très
loin et ne plus jamais entendre
parler
de toi
O KAMERUN
QU’AS-TU FAIT DE TES
ENFANTS ?
11
Elite
j'écris ton nom au plus
profond de
mon âme pour te
demander qui
es tu
Elite
Elite de mon pays
Elite de mon peuple
Elite de mon Afrique
profonde
et mystique
qui a soif de vie
qui a soif de devenir
qui a soif de tout
Elite
dont j’attends tant
je t’ai vue
ailleurs
bâtissant des collines
bâtissant des rochers
bâtissant des cours d’eau
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bâtissant l’extraordinaire
je t’ai vue
faiseuse de miracles
là où tout n’était plus que
désolation
tu as fait pousser l’herbe
sèche
sur la pierre
tu as refleuri le désert
tu as pourchassé les cactus
et de belles fleurs
multicolores
ont jailli du sol
défiant le mauvais sort
et exhalant des parfums de
vie
là où tout n’était plus que
mort
je t’ai vue de mes yeux
dis-moi
où est partie ton âme
où est parti ton génie
où est partie ta magie
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dis-moi
Elite
Elite de mon âme
Elite de mon cœur
dis-le moi
j'écris ton nom au plus
profond
de
mon âme pour te
demander qui
es tu
Elite
j’écris ton nom pour
savoir
pour savoir pour
savoir
car ICI
je ne te
reconnais
plus
15
Les expulsés
ils n’étaient pas beaux
à voir
ces jeunes gens
ils n’étaient pas
BEAUX
A
VOIR
avec leurs visages
ravinés par le monde qui
s’était
écroulé
POUR EUX
avec leurs yeux exorbités
qui faisaient si peur
et qui étaient injectés de
sang
et de rage
et de
ressentiment
avec leur allure
effrayante
et leurs mains
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suppliantes
qui imploraient
qui imploraient
qui imploraient
qui imploraient
il y en avait qui s’étaient mis à
distribuer des coups de poings
à qui
mieux
mieux
tels des forcenés
et d’autres qui avaient choisi
de
décocher des injures et des
injures et
des injures à qui mieux
mieux
aussi
aux personnes
alentour
il y en avait qui t’avaient renié
ô pays natal
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PROPREMENT
ils n’étaient plus d’ici
ils n’étaient plus de tes forêts
ils n’étaient plus de tes savanes
ils n’étaient plus de tes rivages
ILS T’AVAIENT VOMI
LE CŒUR EN PAIX
L’AME TRANQUILLE
MAIS EN VAIN
l’aéronef était reparti sans eux
les laissant dans un océan de
larmes
ils n’étaient pas beaux
à voir
ces jeunes gens
ils n’étaient pas
BEAUX
A
VOIR
O DIEU BON DIEU
POURQUOI NE LES AS-TU
PAS SECOURUS
18
La révolution…
la révolution !
quelle révolution ?
parlez m’en
je la voyais gémir
la populace
sous le poids de la
dictature
sous le poids de la férule
sous le poids de la
cravache
sous le poids de la verge
sous le poids du poids
de
ces
gens
omnipotents
omniscients
petits Néron des Tropiques
qui nous avaient tant fait
rêver
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au commencement
ils étaient jeunes
ils étaient beaux
ils étaient ambitieux
ils étaient le devenir
la brume matinale qui
pourchasse
une nuit de sommeil
tumultueux
le soleil levant qui colporte
la
chaleur de cœur en coeur
avec ses rayons d’or
l’espoir qui pourfend le
désespoir
le pays tout entier faisait
sien
leurs discours
la révolution !
quelle révolution ?
parlez m’en
elle ne comptait plus ses
malheurs
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du peuple
hommes au sang bleu
qui n’en sont que juchés
tout là-haut
sur les épaules du peuple
à clamer la bonne marche
du peuple
à clamer la bonne vie
du peuple
à clamer le bonheur
invisible
du peuple
sa joie sans fin
ses réjouissances de jeunes
mariés
la révolution !
quelle révolution ?
parlez m’en
ils avaient fait déferler la
populace
dans les rues joyeuses
de mon pays
cassant pillant détruisant
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brûlant
démolissant tout sur leur
passage
ils avaient des bidons en
main
remplis d’une terrible
mixture
plus dangereuse que
dynamite
ils l’avaient nommée
zoua-zoua
elle calcinait l’asphalte
elle calcinait les autocars
elle calcinait les humains
elle calcinait la révolution
la révolution !
quelle révolution ?
parlez m’en
je n’avais PLUS que ma
bouche
je n’avais PLUS que mes
yeux
je n’avais PLUS que ma
salive
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D’A
BA
TAR
DISSE
MENT
QU’ILS SOIENT DAMNES
la révolution !
quelle révolution ?
parlez m’en
ô peuple
mon beau peuple
je ne t’en veux point
je ne puis te détester
je ne puis te maudire
toi la marionnette
à la fête de ces gens
qui avaient soif de pouvoir
qui avaient soif d’honneur
qui avaient soif de gloire
parce que leur sang est
bleu
parce qu’il n’a point de
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globules
rouges écarlates
tel celui de tes veines
parce qu’il n’a point
la même préciosité
que le tien
qui charrie la misère
qui charrie la mendicité
qui charrie la désolation
ô peuple
mon beau peuple
je ne t’en voudrais jamais
instrument de conquête
du pouvoir
entre les mains de ces gens
strapontin de chair
escabeau de muscles
ils t’ont jeté
dans les rues de mon pays
t’ont ordonné de casser
t’ont ordonné de brûler
t’ont ordonné de détruire
TOUT
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pour redevenir
omnipotents
rois parmi les rois
seigneurs parmi les
seigneurs
Excellences
parmi les Excellences
à bord de limousines
rutilantes
aux vitres d’encre
et dormant dans des
châteaux
aux murs d’or
la révolution !
quelle révolution ?
parlez m’en
elle a été une mauvaise fête
un festin pour les autres
et non
pour toi
mon peuple
29
c’est pourquoi
je l’ai baptisée
1991
REVOLUTION
RAVIE
30
La chute
sacré Bon Dieu !
les oreilles semblaient mentir
elles semblaient nous moquer
elles semblaient plaisanter
elles semblaient nous railler
je lève ma main au ciel
je lève et relève
elles étaient semblables
aux bonimenteurs des rues
qui colportent les bonnes
nouvelles
pour rasséréner nos cœurs
emplis de tristesse et de
désespoir
elles étaient semblables aux
diseurs de joie d'espérance
et de
soleil
quand alentour il n’est que
ténèbres
nuit d’encre sans étoile sans
luciole
31
et pourtant
elles nous avaient raconté qu’il
n’était plus le Dieu-Mortel de
la contrée
et que sa face ne luira plus
dans nos salons
étalée sur l’écran de télévision
alors que nous ne l’avons pas
invitée
ET POURTANT
et pourtant
elles nous avaient raconté
que sa voix
oui sa voix
plus personne ne l’entendra
plus
admonester les gens
les houspiller
les sermonner
les réprimander
avec un plaisir inégalé
lui
le choisi
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de
Dieu le père
qu’est-ce qu’elle savait le
faire !!!!
ET POURTANT
et pourtant
elles nous avaient raconté
que ses autos ne passeront plus
en un cortège interminable
week-end après week-end
week-end après week-end
week-end après week-end
en une transhumance de
richesse
infinie bâtie sur le dos du
peuple
ET POURTANT
et pourtant
elles nous avaient raconté que
son
palais des mille et une nuits
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COMMENT NE POURRIONS-
NOUS
PAS L’ETRE BON DIEU !
SON PALAIS
ne sera plus achevé
d’ailleurs lui-même
des menottes seront passées à
ses
poignets
sous peu de temps
QUELLE JOIE !
il ne l’achèvera pas
il ne l’achèvera plus
QUELLE JOIE !
ET POURTANT
et pourtant
elles nous avaient dit tout
bonnement
la vérité
LE BAOBAB S’EST ECROULE
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et des en Anglais
et des en Français
BA-NA-LI-TE
elles nous avaient dit la
vérité
elles ne nous avaient pas
menti
d’ailleurs nous
mentent-elles souvent ?
MAIS NOUS
nous n’y avions pas cru
nous n’y avions pas cru
nous n’y avions pas cru
ET POURTANT
LE BAOBAB AVAIT
CHUTE
DERACINE PAR UN
DECRET
un simple petit décret
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de rien
du tout
un décret ordinaire
comme on en entend
tous
les
jours
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Le soleil ricanait
le soleil ricanait
à belles dents
derrière les cases
se cachant de bananier
en bananier
là où l’on déverse le fumier
et tous les détritus
de la cuisine
là où les cochons dévorent
gloutonnement
la matière fécale des gosses
après s’être léchés
les babines
et avalé la salive
par gorgées entières
tels des humains
un appétit
succulent
là où les vessies se
soulagent
faute de mieux
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à belles dents
tel le soleil derrière les cases
qui était de la partie
plus coquin que jamais
se secouant les épaules
tels des comédiens
qui font plus vrais que nature
s’essuyant les larmes
avec le revers de la main
tellement ils ricanaient
jusqu’au plus profond de leurs
gorges
il y avait les bâches
pour les officiels
les seigneurs de Yaoundé
avec leurs costumes
aux tissus coûteux
et leurs dames
aux parfums
suffocants
avec leurs éventails
qui brassaient
brassaient brassaient l’air
brassaient brassaient
43
brassaient
tels des ventilateurs
miniatures
éloignant les mouches
éloignant les moucherons
éloignant les senteurs
celles de leurs parfums
mêlés
en un cocktail nauséabond
celles de la transpiration
des gens d’en face
les gueux
sous leur hangar
de nattes de raphia
avec leurs mains calleuses
avec leurs doigts sans
ongles
avec leurs doigts sans
douceur
arraches-herbes exercés
leurs doigts de tenailles
plus robustes que fer
leurs râteaux de chairs
plus incisifs que métal
qui sarclent sarclent
44
sarclent
des saisons entières
des vies entières
du commencement à la fin
au milieu
la dépouille
entre ceux qui trônent
et ceux qui rampent
plus dépouillée que jamais
plus vaine que jamais
plus seule que jamais
qui l’eut crut ?
dans son sarcophage d’or
de bois précieux
de bois que l’on ne trouve
pas
en tous lieux
de bois dont on ne se sert
qu’en de telles
circonstances
qui vous nourrit une
contrée
entière quand
métamorphosé
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ainsi
la dépouille
plus effrontée que jamais
indifférente à la racaille
alentour
aux jérémiades alentour
à la médisance alentour
- nul ne sait d’où provient
sa
fortune
- il a amassé tant de biens
en si peu de temps !
comme du temps où
elle n’était pas dépouille
elle n’était pas telle que ce
jour
elle n’était pas vidée de
pouvoir
vidée de puissance
vidée de gloire
vidée de terreur
vidée de suffisance
et qu’il fallait remplir
des feuillets
nom prénom motif
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de l’audience
profession
signature
carte d’identité
il est en réunion
en séance de
travail
qui finira tard
après il partira
en mission
pour plusieurs
jours
il faut repasser
ah ! c’est la famille
alors domicile
domicile
non c’est mieux
au bureau
bureau
non c’est mieux
au domicile
domicile
déjà dit c’est mieux
au bureau
vous allez
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vous revenez
vous allez
vous revenez
vous vous épuisez
vous sentez
le dernier de la
terre
la lie de l’humanité
le déchet
l’inutilité d’être né
et devenir
spectateur résigné
aux festins de ces
gens
la vomissure
alentour
couronnes et couronnes
et couronnes
et couronnes
de fleurs
avec
des adieux
des au revoirs
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des regrets
véridiques
et
mensongers
autant
plus nombreux
il y avait Son Excellence
le représentant personnel
du
Dieu Terrestre
le Mortel
le faiseur de joie
le faiseur de tristesse
le faiseur de richesse
et de désolation
il avait extirpé de sa veste
une feuille raccornée
CET HOMME QUI PART
ETAIT UN GRAND
HOMME
ETAIT EXCEPTIONNEL
ETAIT EXEMPLAIRE
ETAIT LA VERTU
49
NUL NE L’OUBLIERA
JAMAIS
clap clap clap clap clap
clap clap clap clap clap
ici
SILENCE
là-bas
INDIFFERENCE
auparavant
il avait offert le présent
du Dieu Terrestre
le Mortel
Commandeur des hommes
comme d’autres sont
commandeurs
des croyants
les faveurs
même dans l’au-delà
les privilèges
même à trépas
50
plus loin
la tombe
qui était déjà béante
capitonnée
endimanchée
assoiffée d’accueillir
Son Excellence
une fosse semblable
aux autres
une fosse en tous points
identique
qui se refermera
à jamais
comme depuis la nuit
des temps
oui nous sommes égaux
à la mort
DEMAIN
il n’y aura plus personne
pour décharger l’auto
pour laver l’auto
pour laver le château
pour laver les carreaux
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de la bâtisse
que même les villageois
les cousins qui sont restés là
n’ont pu construire
les maçons
les charpentiers
les menuisiers
les manutentionnaires
les bras forts
les « chouck head »
qui vous transportent un sac
de
ciment sur la tête en ricanant
les creuseurs de terre
qui vous creusent des trous
géants
en sifflotant
les mélangeurs de béton
qui mélangent des camions
entiers
de béton
sans fléchir
sans s’écorcher les mains
sans réclamer une juste paye
ils sont venus d’ailleurs
52
ET LE SOLEIL NE SE
LASSAIT DE
RICANER
à belles dents
derrière les cases
en se tordant les
côtes
se cachant de bananier
en bananier
il est comme ça le soleil
inhumain
cruel
insensible presque salaud
ici
c’était la TRISTESSE
épaisse à couper au
couteau
à dépecer à la machette
à fendre à la hache
là-bas
c’était
l’INDIFFERENCE
54
sept collines
telles sept plaies
PU-RU-LEN-TES
tu n’as pas de lagune tel
Abidjan
pour être bercée par le vent du
soir
qui vient de loin tout là-bas au
large
tu n’as pas d’Océan tel Accra
dont je suis tombé émerveillé
devant la beauté de la place de
l’in-dé-pen-dan-ce
oui
là
IN-DE-PEN-DAN-CE
avait signifié
quelque chose
il sortait de prison
Kwamé Nkumah
Jomo Kenyatta aussi
59
tu n’as pas
tu n’as pas
tu n’as pas
61
et voici
je ne te reconnais plus
LAIDEUR
où vais-je m’abriter du soleil
de midi
qui calcine ma crête
et le sang jaillit de mon nez
en un flot tumultueux
où vais-je m’abriter de la
tornade
qui me surprend sur tes
trottoirs
désormais chauves
où vais-je
où vais-je
où vais-je
dis-moi donc
ah ! sept collines
TU ME DEGOUTES A
MOURIR
65
et je me nommerai Néron
et j’incendierai Ongola
il n’y aura plus à la place
que cendre
je t’incendierai
SEPT COLLINES
et tu renaîtras
tu revivras
tu réapparaîtras
ENFIN
COMME TU MERITES
DE L’ETRE
68
Ruben
Ruben
toi le maquisard
d’abord
je t’ai détesté
tes exploits jadis
noircissaient ton visage
brigand parmi les brigands
TER-RO-RIS-TE
mais voici
je te découvre radieux comme
le soleil matinal
et tu resplendis à mes yeux
plus beau que jamais
Ruben
O Ruben
combien sommes-nous
69
L’ami Ernest
l’ami Ernest
je tressaillis au crépitement des
fusils
pointés sur ton corps si frêle et
qui ont
déchiqueté cruellement ton
âme
en ce jour maudit
à Bafoussam
demain
quand je serai moi-même
quand je n’aurai plus la sangle
autour de mon cou
quand je n’aurai plus ces
chaînes
innombrables
qui enserrent mon âme
je t’élèverai
72
un obélisque d’or
au beau milieu de cette cité
afin que
NUL NUL NUL
N’OUBLIE
TON SACRIFICE
SUPREME
73
Je t’ai parcourue
je t’ai parcourue
ô terre natale
j’ai sillonné tes sentiers
caillouteux
j’ai récolté des cicatrices par
milliers
à force de marcher marcher
marcher en piétinant des
ronces gloutonnes
mais nulle part
nulle part
je n’ai vu trace
de ton passé glorieux
pourquoi tais-tu ce que tu as
été
pourquoi tais-tu ce que tu as
fait
pourquoi tais-tu ce que tu as
bâti
oui CE QUE TU AS BATI
avec tes mains
74
Il se déchaînera
il se lèvera
mon peuple
il se lèvera
et la terre entière
tremblera
prenez-y garde
il ne sommeille point
il ne somnole point
il ne dort point
ce jour-là
ceux qui ont avalé
gloutonnement
les repas des autres en jetant
les restes
dans les rigoles
en haussant paresseusement
les
77
l’Homme
encore fétus dans le ventre de
sa mère
je dis
ce jour-là
ILS
vomiront tel des ivrognes à la
terrasse
d’une gargote qui ont
ingurgité des
hectolitres et des hectolitres et
des
hectolitres et des hectolitres de
houblon ou de bilibili le terrible
tord-boyaux que brasse mon
peule et qui
l’enivre plus que de raison
je dis
il se lèvera
mon peuple
il se lèvera
TEL UN COLOSSE
et
79
il grondera semblable à un
volcan en
furie semblable à un océan
déchaîné
et qui renverse
des paquebots et des
paquebots et des paquebots de
mille tonnes tel tel tel tel
je ne sais quoi
CE
SERA
TER
RI
BLE !!!!!
et la terre entière
et la galaxie entière
et l’univers entier
trembleront
jusqu’au plus profond
de leurs entrailles
il ne sommeille point
mon peuple
80
il ne somnole point
non
non
non
non
IL SE DECHAINERA
81
Table
Kamerun …………………. 4
Elite ……………………….. 12
Les expulsés ……………… 17
La révolution …………….. 22
La chute ………………….. 32
Le soleil ricanait …………. 42
Les sept collines …………. 61
Ruben …………………….. 72
L’ami Ernest ……………….. 75
Je t’ai parcourue ………….. 77
Il se déchaînera ……………. 80