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L’insuffisance respiratoire chronique (IRC), qui correspond au stade terminal d’une maladie respiratoire
chronique, est responsable d’un handicap respiratoire. Trois grands types physiopathologiques d’IRC
doivent être distingués : l’IRC obstructive, la plus importante en terme de fréquence, essentiellement liée à
la bronchopneumopathie chronique obstructive, l’IRC restrictive et l’IRC par troubles de la diffusion. Dans
tous les cas, le sevrage tabagique est essentiel et doit être systématique. Une partie de la prise en charge
est commune à ces trois types d’IRC : vaccinations, éradication des foyers infectieux nasosinusiens et prise
en charge psychologique. Certains médicaments, en particulier les dépresseurs respiratoires, sont contre-
indiqués chez ces patients. L’autre volet de la prise en charge est spécifique de la maladie causale. Ainsi,
dans l’IRC obstructive, le traitement repose essentiellement sur l’oxygénothérapie de longue durée alors
que les patients en IRC restrictive bénéficient d’une ventilation non invasive. Les patients ayant des
troubles de la diffusion secondaires à une fibrose pulmonaire nécessitent le plus souvent le recours à la
transplantation pulmonaire. Tous ces traitements ne visent qu’à améliorer la qualité de vie. Un diagnostic
précoce de la maladie causale est la pierre angulaire de la prise en charge pour le médecin généraliste.
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
100
90
80
70 Sujet non fumeur
60
50
Ex-fumeur
40
30 Invalidité
respiratoire
20
10 Fumeur
Décès
0
25 35 45 55 65 75 85
Âge (en années)
Figure 1. Courbes illustrant l’impact du tabagisme sur le déclin annuel
du volume expiratoire maximal par seconde (VEMS), ainsi que les béné-
fices de l’arrêt définitif de l’intoxication tabagique.
10
Débit
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Bricanyl®
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neurologique centrale (séquelles d’accident vasculaire cérébral, se mettre en place : sécrétion accrue d’érythropoïétine induisant
hypoventilation centrale congénitale, tétraplégie post- une polyglobulie qui augmente le transport en O2 et vasocons-
traumatique, sclérose latérale amyotrophique, séquelles de triction hypoxique favorisant la redistribution du flux sanguin
poliomyélite...) ou neuromusculaires périphériques (paralysies artériel pulmonaire vers les zones les mieux ventilées, malheu-
phréniques, myopathies, maladie de Steinert, sclérose en reusement au prix d’une hypertension artérielle pulmonaire
plaques...). Il peut s’agir également de pathologies liées à une néfaste responsable à long terme du cœur pulmonaire chroni-
anomalie pariétale ou pleurale telle que la cyphoscoliose, que. L’oxygénothérapie au long cours permet de pallier
l’obésité (actuellement de plus en plus fréquente), la spondyl- l’hypoxémie en corrigeant la PaO2 par augmentation de la PAO2
arthrite ankylosante, les séquelles bacillaires pleuroparenchy- au niveau des territoires les mieux perfusés.
mateuses ou de pleurésie purulente. L’IRC restrictive se définit
par une hypoventilation alvéolaire avec PaCO2 supérieure à « Complications » : hypoventilation alvéolaire
45 mmHg. et hypercapnie
Plus tard encore peut apparaître une hypoventilation alvéo-
Insuffisance respiratoire chronique laire (la distension thoracique majeure finissant par induire des
par troubles de la diffusion troubles de la mécanique ventilatoire) responsable d’une
Le dernier groupe d’IRC est représenté par les pathologies hypercapnie.
responsables de troubles de la diffusion comme les fibroses
pulmonaires ou les séquelles d’embolie pulmonaire (altération Classification du Global initiative
de l’échangeur pulmonaire avec mécanique respiratoire conser- for chronic Obstructive Lung Disease (Fig. 5)
vée). Elles se définissent par un trouble de la diffusion (capacité
de transfert du CO ≤ 80 % des valeurs théoriques) responsable La stadification établie par le Global initiative for chronic
d’une hypoxémie (PaO2 ≤ 70 mmHg). Obstructive Lung Disease (GOLD) classe la BPCO en différents
stades de gravité définis sur des valeurs spirométriques [1]. Le
stade 0, dont le principal intérêt est d’identifier les patients à
■ Physiopathologie risque afin de mettre en place des mesures préventives pour
limiter la survenue de cette maladie, correspond à la présence
Histoire naturelle de symptômes cliniques à type de toux chronique ou d’expec-
torations chez un patient ayant une exposition tabagique sans
de la bronchopneumopathie obstructive anomalie spirométrique. Dans tous les autres stades, il existe un
et physiopathologie de l’insuffisance trouble ventilatoire obstructif irréversible dont la sévérité
respiratoire chronique obstructive s’accroît du stade I au stade IV (Fig. 5). Le stade IV, défini par
un VEMS inférieur à 30 % des valeurs théoriques ou inférieures
« Stades préparatoires de l’insuffisance à 50 % Th avec anomalies gazométriques, peut être assimilé au
respiratoire chronique obstructive » : trouble stade d’IRC obstructive. Cette classification théorique permet de
ventilatoire obstructif et déclin accru du volume codifier le traitement des patients souffrant de BPCO dont
expiratoire maximal par seconde l’évolution n’est pas linéaire et reste variable d’un patient à
l’autre [4].
La BPCO est la conséquence d’une agression chronique des
voies aériennes par la fumée de tabac. Le premier stade est lié à
une inflammation globale des voies aériennes inférieures Physiopathologie de l’insuffisance
associée à une hypersécrétion de mucus et à une altération de respiratoire chronique restrictive
la clairance mucociliaire [2]. S’il n’y a pas de trouble ventilatoire
L’IRC restrictive est secondaire à une défaillance de la pompe
au début de la maladie, la dégradation du VEMS est accélérée
ventilatoire qui se solde par une hypoventilation alvéolaire.
avec un déclin annuel du VEMS beaucoup plus rapide chez le
Celle-ci est caractérisée par une augmentation de la PaCO2
patient fumeur (> 60 ml/an) que chez le non-fumeur (environ
proportionnelle à la diminution de la PaO2. Cela est facilement
30 ml/an) [3] (Fig. 1). La seule « thérapeutique » permettant de
observé sur les gaz du sang où l’équation suivante est conser-
normaliser ce déclin du VEMS, c’est-à-dire de retrouver la
vée : PaO2 + PaCO2 = 120 mmHg (à l’inverse de l’effet shunt et
diminution normale du VEMS liée à l’âge, réside dans l’arrêt du
des troubles de la diffusion). Sur le plan thérapeutique, il suffit
tabagisme tout en sachant que ce qui a été perdu ne pourra être
de restaurer la ventilation alvéolaire pour normaliser aussi bien
récupéré. Le sevrage tabagique obtenu, le déclin annuel du
la PaO2 que la PaCO2.
VEMS se normalise et la courbe de l’ex-fumeur redevient
parallèle à celle du non-fumeur. La seule mesure efficace pour
arrêter l’évolution de la pathologie est donc l’arrêt du tabac. Physiopathologie de l’insuffisance
Seul cet arrêt précoce du tabagisme peut éviter au patient respiratoire chronique par troubles
d’arriver au stade d’IRC obstructive.
À un stade plus évolué, l’intoxication tabagique entraîne des de la diffusion
modifications anatomiques des voies aériennes inférieures L’IRC par troubles de la diffusion est secondaire à une
(anomalies de la microcirculation pulmonaires et lésions diffuses altération du poumon profond au niveau de sa membrane
des voies aériennes proximales et distales) avec constitution avéolocapillaire responsable de troubles de diffusion des gaz
progressive d’une obstruction bronchique irréversible. Par entre l’alvéole et le capillaire pulmonaire. Le CO2 étant plus
ailleurs, l’hypersécrétion bronchique favorise la survenue diffusible que l’O2, l’IRC, par troubles de la diffusion, se traduit
d’infections bronchiques dont la répétition majore aussi le dans un premier temps par une hypoxie puis par une hypoxie-
déclin annuel du VEMS. hypercapnie. L’oxygénothérapie permet de pallier transitoire-
ment l’hypoxémie.
« Stade de l’insuffisance respiratoire chronique
obstructive » : anomalies des rapports
ventilation/perfusion avec hypoxémie ■ Traitements communs
L’obstruction bronchique est hétérogène et se solde d’altéra-
tions hétérogènes des rapports ventilation/perfusion (V/Q) :
des insuffisants respiratoires
perfusion de territoires non ventilés. Lorsque ces inégalités V/Q chroniques
sont majeures, elles résultent en un effet shunt caractérisant la
BPCO avec hypoxémie qui marque le tournant vers l’IRC Au stade d’IRC, le patient ne peut bénéficier que de théra-
obstructive. Des mécanismes compensateurs de l’hypoxie vont peutiques visant à améliorer sa qualité de vie. Le médecin
• Exposition aux • VEMS/CVF < 70 % • VEMS/CVF < 70 % • VEMS/CVF < 70 % • VEMS/CVF < 70 %
facteurs de risque
• ⊕ Oxygénothérapie
au long cours si
PaO2 ≤ 55 mmHg
• Envisager options
chirurgicales
Figure 5. Classification des patients en bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) selon le Global initiative for chronic Obstructive Lung Disease
(GOLD) avec propositions thérapeutiques en fonction des stades. VEMS : volume expiratoire maximal par seconde ; CVF : capacité vitale forcée.
généraliste doit donc tout mettre en œuvre pour ne pas laisser de l’intention à l’action. En effet, chaque fumeur passe par
le patient se dégrader vers ce stade ultime que représente différents stades que sont l’indétermination, l’intention, la
l’insuffisance respiratoire chronique. préparation au sevrage, l’action et la consolidation [6]. Il existe
malheureusement également le stade de rechute, où le généra-
Sevrage du tabagisme liste doit absolument dédramatiser les choses. Lorsque le patient
se sent prêt au sevrage, plusieurs armes sont à la disposition du
Quelle que soit la pathologie respiratoire considérée, l’intoxi-
médecin.
cation tabagique doit être combattue. L’arrêt du tabagisme,
préventif à un stade précoce, est également le seul traitement
curatif permettant d’améliorer le déclin annuel du VEMS Évaluation de l’état psychologique
(Fig. 1). Cela permet de retarder, voire d’éviter l’apparition du Avant de commencer le sevrage proprement dit, il est néces-
stade d’IRC. Le sevrage du tabagisme représente donc la pierre saire d’estimer l’état psychologique du patient, notamment de
angulaire de la stratégie thérapeutique. dépister des troubles anxieux ou dépressifs. Cela peut se faire
Conseil minimal par des tests simples de type test de Beck ou HAD et il est
indispensable de prendre en charge tout état dépressif avant de
Si ce sont les médecins généralistes qui sont en première démarrer un sevrage, la cigarette étant utilisée par le patient
ligne pour susciter l’arrêt du tabac, tout acteur de santé, médical comme antidépresseur (Fig. 6).
et paramédical, doit évoquer avec le fumeur le problème du
tabagisme car des mesures simples peuvent être mises en place
Substituts nicotiniques
par tous. En consultation, tout médecin doit évaluer le taba-
gisme, non seulement en termes de paquets-années, mais En dehors de la thérapie cognitivocomportementale, qui doit
également en durée, principal facteur de risque de cancer être systématique, il est souvent nécessaire, lorsqu’il existe une
bronchique. dépendance physique (test de Fagerström supérieur ou égal à 5)
La simple question « fumez-vous ? » suivie d’un conseil de de proposer les substituts nicotiniques [7] (Tableau 1). En effet,
sevrage permet d’obtenir 2 à 6 % d’arrêt. Ce conseil minimal a les manifestations « physiques » du sevrage sont essentiellement
été recommandé par la conférence de consensus sur le sevrage liées à la baisse de la nicotinémie. Il existe différentes formes
tabagique en 1998 [5]. Pour tout fumeur actif, il faut savoir si galéniques : on peut utiliser soit un substitut transdermique
celui-ci envisage un sevrage. Dans les cas où la réponse est sous forme de timbres qui permet un apport continu de
négative ou lorsque le sevrage n’est envisagé que dans le long nicotine, soit des substituts par voie orale sous forme de
terme, il faut « motiver » le patient, l’aider à voir les côtés gommes à mâcher ou de tablettes à sucer pris ponctuellement
.
négatifs du tabac que ce soit sur le plan de la santé, du prix, du lors d’« envies » de fumer. La durée habituelle du traitement par
regard des autres... Il faut faire pencher la balance motivation- substituts nicotiniques est environ de 3 mois. Le suivi médical
nelle vers l’arrêt du tabac. par le médecin généraliste est essentiel chez ces patients car
beaucoup d’entre eux rechutent en raison de doses inadaptées
Thérapie cognitivocomportementale des substituts (doses insuffisantes : symptômes de manque, ou
On peut ensuite l’aider tout le long du sevrage par la thérapie surdosage : nausées, hyperactivité, sommeil haché). Le succès
cognitivocomportementale qui consiste en une aide pour passer d’une première tentative de sevrage est au mieux de 20 à 25 %.
Dépression Absence de
dépression
Toujours TCC
Dépression ATCD de dépression dans
actuelle : l'année précédente :
prise en charge reprise des IRS à demi-doses
(dépression lors d'un Évaluation de la dépendance
psychiatrique et physique
antidépresseurs sevrage : discuter bupropion)
(Fagerström)
(type IRS)
Dépendance physique :
Absence de
- Patchs nicotiniques ±
dépendance physique :
substituts ponctuels
substituts par prises
- Éventuellement
ponctuelles (gommes,
buproprion en cas
tablettes)
d'échec
Médicaments à proscrire
Un certain nombre de classes thérapeutiques sont interdites
chez les patients avec IRC. Tous les médicaments antitussifs sont
contre-indiqués en présence d’une hypersécrétion bronchique. Il
faut également éviter les médicaments dépresseurs respiratoires,
notamment les morphiniques, les neuroleptiques et surtout les
benzodiazépines, largement prescrites dans l’insomnie. Pour le
traitement de celle-ci, la zopiclone peut être prescrite chez ces
patients. Dans le cadre des médicaments à visée cardiologique,
il faut manier avec prudence les diurétiques de l’anse qui
favorisent une alcalose métabolique pouvant aggraver une
hypoventilation alvéolaire préexistante. Il faut également éviter
les b-bloquants, surtout les non-cardiosélectifs, en cas de trouble
ventilatoire obstructif.
et portable autorisant l’oxygénothérapie lors de la déambula- ballonnet gonflé. La phonation n’est pas compatible avec une
tion). Le but de cette oxygénothérapie est d’obtenir une PaO2 ventilation mécanique et se fera avec une canule de phonation,
supérieure à 60 mmHg au repos et/ou une SaO2 supérieure à ballonnet dégonflé.
90 %. La surveillance doit être régulière avec contrôle des gaz
du sang sous oxygène et en air ambiant. Classiquement, le débit Traitements chirurgicaux
d’O2 doit être augmenté à l’effort (+ 1 l/min) et au cours du
sommeil. Il est toutefois préférable de titrer cette augmentation La chirurgie de réduction de volume pulmonaire peut être
du débit par une épreuve de marche de 6 minutes et par une proposée aux patients emphysémateux et dont l’état respiratoire
oxymétrie nocturne. et la qualité de vie s’aggravent malgré un traitement médical
maximal. Le but est de réduire la dyspnée induite par la
distension thoracique et d’augmenter la tolérance à l’effort.
Réhabilitation respiratoire Cette chirurgie ne doit pas être proposée à tous les patients. Son
bénéfice est transitoire (2 à 3 ans) et maximum chez les patients
La réhabilitation respiratoire doit faire partie intégrante de la
ayant un emphysème évolué (stade IV du GOLD) localisé au
prise en charge du patient BPCO [12] . Si celle-ci doit être
niveau des sommets avec capacité limitée à l’effort après
proposée dès le stade II du GOLD, l’IRC obstructive au stade de
réhabilitation [13].
l’oxygénothérapie au long cours n’est pas en elle-même une
La transplantation pulmonaire peut être proposée dans les
contre-indication à sa prescription. Il faut proposer la réhabili-
IRC obstructives terminales essentiellement chez le patient
tation aux patients dyspnéiques, intolérants à l’effort malgré un
emphysémateux avec ou sans déficit en a1 antitrypsine, supplé-
traitement bronchodilatateur optimal. Ce traitement n’est
menté ou non (taux ≤ 0,8 g/l) en l’absence de comorbidités
indiqué que chez le patient motivé. Il a pour but de diminuer
évolutives. Ce sont le plus souvent des transplantations mono-
la dyspnée, d’améliorer la tolérance à l’effort, de diminuer le
pulmonaires, parfois indiquées après une chirurgie de réduction
nombre des exacerbations et d’améliorer la qualité de vie.
de volume pulmonaire. La transplantation améliore la qualité
de vie de ces patients [14].
Ventilation non invasive
Actuellement, l’indication de la ventilation non invasive est Surveillance
absolue dans les épisodes de décompensations respiratoires Le suivi doit être régulier et fait de manière conjointe par le
aiguës hypercapniques. En revanche, elle peut se discuter chez médecin généraliste et le spécialiste. Il doit permettre une
le patient IRC obstructif stable en association avec l’oxygéno- évaluation clinique et fonctionnelle, une adaptation du traite-
thérapie s’il existe une hypercapnie (PaCO 2 ≥ 55 mmHg) ment, et une prévention des complications avec surveillance
associée à des signes cliniques d’hypoventilation alvéolaire régulière de la gazométrie. La question du tabagisme doit être
nocturne et/ou d’hospitalisations répétées pour décompensa- systématiquement abordée. Le rythme du suivi dépend du
tions respiratoires. Cette ventilation non invasive sera faite de patient et va d’une fois par trimestre à une fois par an. Rien
manière préférentielle la nuit. n’est établi. L’évolution est émaillée d’exacerbations qui
doivent, en l’absence de critères de gravité, être traitées en
Ventilation invasive sur trachéotomie ambulatoire. On parle d’exacerbation de BPCO devant l’aggra-
vation d’un ou plusieurs symptômes de la maladie (expectora-
Elle est le plus souvent mise en place au décours d’un épisode tions, toux, dyspnée). Chez les patients BPCO au stade d’IRC,
d’insuffisance respiratoire aiguë hypercapnique ayant nécessité les exacerbations ont un risque important d’évolution vers la
le recours à la ventilation mécanique endotrachéale avec un décompensation respiratoire, surtout si les patients sont âgés,
échec de sevrage. Il est souhaitable que la poursuite de la dénutris, hypercapniques et avec des comorbidités associées. La
ventilation invasive sur trachéotomie soit décidée en accord présence de nombreux épisodes d’exacerbations dans l’année
avec le patient et sa famille. Une éducation thérapeutique sera et/ou d’une colonisation par des germes multirésistants est de
importante. Ces patients pourront bénéficier d’une ventilation pronostic défavorable. En cas d’exacerbation chez l’IRC obstruc-
mécanique supplémentée en oxygène sur la canule de trachéo- tif, l’antibiothérapie doit être mise en place devant toute
tomie en essayant de conserver un certain degré d’autonomie purulence des expectorations. L’association amoxicilline-acide
respiratoire et de phonation. Il existe divers types de canule de clavulanique à la dose de 3 g j–1 est généralement efficace sur
trachéotomie, avec ou sans ballonnet. Lors des phases de les germes rencontrés dans ce contexte. La Société de pneumo-
ventilation mécanique, il est nécessaire d’avoir une canule avec logie de langue française (SPLF) autorise également le recours
■ Traitement spécifique
ment médical adapté (Fig. 8). Dans l’attente de la greffe,
de l’insuffisance respiratoire l’oxygénothérapie et la ventilation non invasive peuvent être
chronique par troubles proposées. Ces thérapeutiques ne sont que des solutions
d’attente dont l’efficacité n’est pas validée. La transplantation
de la diffusion est proposée lorsque l’estimation de l’espérance de vie post-
Ces pathologies graves, essentiellement représentées par la transplantation apparaît supérieure à l’espérance de vie sponta-
fibrose pulmonaire et les séquelles d’embolie pulmonaire, née attendue (en tenant compte de la durée moyenne d’attente
nécessitent une prise en charge précoce adaptée à l’étiologie. Au sur la liste de greffe). Globalement, elle est à proposer pour les
stade d’IRC, peu de traitements ont une efficacité reconnue. fibroses pulmonaires lorsque le patient est hypoxique et
hypercapnique au repos ou lorsque la capacité vitale (CV) est
inférieure à 60 % des valeurs prédites et/ou le transfert du CO
Cœur pulmonaire chronique postembolique (TCO) inférieur à 50 % des valeurs prédites. Il peut être intéres-
Dans les cœurs pulmonaires chroniques (CPC) postemboli- sant d’adresser précocement les patients à un centre de trans-
ques, il faut évoquer la possibilité d’une thromboendartériecto- plantation pour une première évaluation dès l’existence
mie chirurgicale avant de se contenter de l’association au long d’altérations fonctionnelles. Les contre-indications absolues à la
cours oxygénothérapie/anticoagulation par les antivitamines K transplantation chez ces patients sont les mêmes que pour les
(AVK). autres pathologies : insuffisance rénale chronique avec une
clairance inférieure à 50 mg ml–1 min–1, infection au virus de
Insuffisance respiratoire chronique l’immunodéficience humaine (VIH), néoplasie évolutive,
hépatites B ou C chroniques. Les candidats à la transplantation
sur fibrose pulmonaire doivent être sevrés depuis au moins 6 mois du tabac, de l’alcool
Seule la transplantation pulmonaire est efficace dans les cas et/ou d’autres substances stupéfiantes [14]. L’état nutritionnel est
d’IRC sur fibrose pulmonaire n’ayant pas répondu à un traite- également à prendre en compte.
■ Conclusion [8] Gore JM, Brophy CJ, Greenstone MA. How well do we care for patients
with end stage chronic obstructive pulmonary disease (COPD)? A
L’insuffisance respiratoire chronique est le stade terminal comparison of palliative care and quality of life in COPD and lung
cancer. Thorax 2000;55:1000-6.
d’une maladie respiratoire. Tout doit être mis en place pour
[9] Rosa FW, Camelier A, Perez-Padilla R, Menezes AM, Jardim JB.
empêcher l’évolution vers ce stade ultime. Pour cela, le sevrage Analysis of the FEV1/FEV6 ratio compared to FEV1/FVC ratio in
tabagique est le seul traitement capable d’améliorer le déclin predicting obstruction: validation in a population-based sample study
annuel du VEMS. Le deuxième point essentiel est le dépistage [abstract]. Proc Am Thorac Soc 2005;2:A32.
de la BPCO permettant une prise en charge la plus précoce [10] Donohue JF, van Noord JA, Bateman ED, Langley SJ, Lee A,
possible de la maladie. Ensuite, seul un traitement symptoma- Witek Jr. TJ, et al.A6-month, placebo-controlled study controlled study
tique adapté au type d’insuffisance respiratoire pourra être mis comparing lung function and health status changes in COPD patients
en place. treated with tiotropium or salmeterol. Chest 2002;122:47-55.
[11] Medical Research Council Working Party. Long-term domiciliary
oxygen therapy in chronic hypoxic cor pulmonale complicating chronic
.
C. Andréjak (andrejak.claire@chu-amiens.fr).
V. Jounieaux (jounieaux.vincent@chu-amiens.fr).
Service de pneumologie et unité de réanimation respiratoire, centre hospitalier universitaire Sud, 80054 Amiens cedex 1, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Andréjak C., Jounieaux V. Insuffisance respiratoire chronique : place du médecin généraliste pour la prise
en charge (traitement au long cours). EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité de Médecine Akos, 6-0845, 2007.