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Le déchirement interne du S.D.E. homme à poigne, ami du beau-frère major particulier.

D'autres passaient
intérieure et extérieure du gouverne- C.E. et de ses organisations satellites, de -Georges Pompidou, aucunement leur temps dans le service comme de
ment qui se fera « par petits pas ». à l'occasion de l'affaire algérienne lié aux gaullistes orthodoxes, „libre jeunes appelés accomplissent leurs
,

Georges Pompidou agit ainsi d'abord, du retrait de l'O.T.A.N.- en- de toutes préoccupations-d'avance- obligations militaires. Le moment est
Comme l'avait fait le général de suite, avait amené le général de ment ou de décorations. venu d'attirer chez nous des univer-
Gaulle à son arrivée au pouvoir en Gaulle en 1960 à demander à son Le comte , de Marenches se voit sitaires, des élèves des grandes éco-
1958." Les grandes options de l'an- fidèle Jacques Foccart, dont la voca- confier une mission précise mais li- les, par exemple de l'E.N.A. »
cien chef de l'Etat français ont suivi tion du renseignement et de l'action mitée dans le temps : nettoyer « la
de peu sa décision de dénoncer les •clandestine était ancienne, de consti- piscine » pour la réorganiser et la Des procès
accords spéciaux passés entre la cen- tuer une organisation parallèle qui rendre efficace: Ensuite, il Cédera sa
trale française de renseignement et permettrait de se passer du service place à un spécialiste. Un , officier . Déjà on prête l'intention au
les services occidentaux. - officiel d'espionnage. L'homme des •confie : « Marenches est le seul comte de •arenches de s'entourer
Cette remise en ordre qui prend, affaires secrètes a placé aussitôt au homme capable; de procéder à une de préférence de polytechniciens ou
Maintenant, un aspect spectaculaire, sein des missions diplomatiques fran- épuration sans entrer dans les détails, d'ingénieurs :militaire,s
à été décidée par Georges Pompi- çaises à l'étranger des hommes à lui. sans tenir compte de considérations Cette épuration pourrait s'accom-
dou et ses collaborateurs les plus chargés de collecter des informa- politiques oit' techniques particulières. pagner, si le besoin s'en faisait sen-
proches peu après l'installation à tions. En même temps, il a constitué Pour- donner l'ampleur du change- tir, de procès spectaculaires. Un spé-
l'ElYsée du suceesseur 'du général de un réseau de sociétés d'import- ment, il suffit, de préciser que de cialiste s'attend à voir éclater e dans
Gaulle. Curieuse coïncidence : le feu export permettant e d'avoir des yeux nouveaux bâtiments seront bientôt les deux ou trois mois, des affaires
vert en a été donné par le chef de et des oreilles » un peu partout. En- construits dans le seizième arrondis-' intéressant la sécurité de l'État et
l'Etat au moment même où,. sur la fin il a Pris des contacts avec des sement. Non, pas que nous ne fas- qui pourraient viser de hauts fonc-
pression, notamment de Michel De- groupes de mercenaires chargés de sions plus confiance à ; nos vieux tionnaires. Ces affaires pourraient
bré, il avait décidé de réint&ner jouer le rôle qui avait été celui du murs. Mais:.. » même altérer, dit-il, l'image du gaul-
Jacques Foccart dans ses fonctions groupe « Action du S.D.E.C.E., En novembre dernier, les têtes, lisme. D'où la nécessité de préparer
de secrétaire général à la Présidence démantelé « parce qu'il était devenu tombent : le colonel Pierre Bertrand l'opinion publique. »
pour les Maires africaines (1). un Etat dans l'État ». qui, sous le. pseudnoyme de Beau- Cette préparation n'a-t-elle pas
Pompidou avait alors cédé à la de- Les collaborateurs de Georges mont, dirigeait depuis longtemps -la déjà commencé ? La publicité don-
mande pressante de son ministre de Pompidou sont donc amenés à s'in- section S.R. (il a témoigné au pro- née à certains procès récents et l'ex-
la Défense nationale lors d'une réu- téresser de près aux trois branches cès Ben Barka en faveur du com- posé fait à la télévision par le direc-
nion, tenue le 24 juin 1969, à la- de l'organisation Foccart, soit pour mandant Leroy-Finville), est mis ;à teur de la D.S.T., Jean Rochet, en
quelle assistaient, outre Michel De- mettre fin à leurs activités, soit pour la retraite. Le colonel Hervé de feraient partie.
bré, Tricot, Schumann et Bourges. les placer sous leur contrôle comme Levillois, chef de la division du Le comte Alexandre de Marenches
ce groupe de mercenaires envoyé le contre-espionnage, est prié de pren- a reçu aussi pour consigne de réta-
Un réseau de sociétés mois dernier au Tchad pour y nie, dre le commandement d'un régiment. blir des liens étroits avec les services
ner un combat d'arrière-garde pen- Sont écartés aussi le chef de la sec- secrets des Etats-Unis. Deux fonc-
A cette époque, Georges Pompi- dant le retrait des troupes françai- tion scientifique, celui du départe- tionnaires de l'espionnage américain
dou se trouve dans une situation dé- ses. L'officier qui le raconte ne se- ment « actions spéciales », Benoît ont effectué un voyage à Paris et se
licate. Successeur du général de rait pas étonné « qu'à son retour Jeantet, des responsables du centre sent rendus boulevard Mortier au
Gaulle il n'est pas considéré par
; d'Afrique, Georges Pompidou ';'.; ne de contrôle des télécommunications moment même où le général Four-
tous , comme son héritier légitime, soit pas pleinement satisfait des ser- et une demi-douzaine d'officiers guet, chef d'état-major des forces
même si tous les dirigeants gaullistes vices de Jacques Foccart ». moins importants. armées françaises, visitait à Bruxel-
ont formé pendant la campagne élec- On assiste, en même temps, à de Cette épuration répond à trois im- les le siège du Shape.
torale un front uni autour du can- curieux cambriolages -à l'état-major pératifs. Sont chassés les agents dont Enfin, le S.D.E.C.E., qui devra
didat de la Ve République. Il appa- des turbulents corps francs du Ser- la compétence est douteuse ou qui fonctionner comme n'importe quelle
raît très vite à l'Elysée, comme le vice d'Action civique (S.A.C.). On ont fait leur temps ; les officiers qui administration, recevra une missiOn
raconte aujourd'hui un spécialiste du voit aussi des ministres tout dévoués ont des liens trop étroits avec des nouvelle : l'espionnage industriel,
renseignement, « que le grand pro- au président de la République, milieux politiques; enfin les fonc- pour que la France figure en bonne
blème de Georges Pompidou, dès comme Jacques Chirac, prendre des tionnaires qui auraient pu établir, place dans cette guerre économique
cette époque, est d'échapper aux contacts étroits avec des collabora- consciemment ou inconsciemment, considérée aujourd'hui par le prési-
pressions des nostalgiques du Géné- teurs musclés. une collaboration suspecte avec cer- dent de la République comme essen-
ral. La poursuite du mandat prési- tains services de renseignement tielle. Mais ces nouvelles activités
dentiel, ajoute cet agent, passe alors étrangers . seront étroitement contrôlées à l'Ely-
par l'élimination progressive de tout Les vieux murs ,

Un officier , commente : « La fai- sée par un bureau spécial. Georges


ce qui a constitué le fer de lance blesse du S.D.E.C.E. est toujours ve- Pompidou n'a pas oublié le conseil
Mais il devient urgent de procé-
du gaullisme et donc de toutes les nue de son ;recrutement. Il était d'un de ses amis • « Si j'étais vous,
der au renouveau du S.D.E.C.E.
polices parallèles. Mais la multipli- mauvais de faire appel à des mili- je ferais attention à ce qui se passe
pour qu'il assure pleinement sa 'mis-
cité même de ces organismes crée taires qui commençaient par consti- du côté desservices secrets. »
des problèmes difficiles pour les sion. Intervient alors la désignation
d'Alexandre de Marenches, atlantiste, tuer autour d'eux un véritable état- JEAN-PIERRE JOULIN
contrôler d'abord, les éliminer en-
suite ».
Plus les mois passent, plus l'af-
faire devient urgente. A plusieurs
reprises, certaines dé ces polices ea-
rallèles passent à la contre-offensive.
Elles utilisent les rivalités qui se ma- ALEXANDRE DE MARENCHES
nifestent au sein de la majorité pour « Le renseignement est la base...
faire prévaloir leurs vues auprès
d'un homme 'qui n'a pas oublié l'af-
faire MarkoVic (2).
Mais le régime n'ignore pas e que
le renseignement est à la base du
savoir 'et que le savoir est la clef du
pouvoir ». Pierre Juillet, chargé au
sein du cabinet présidentiel des af-
faires spéciales, ne doit pas se
contenter de préparer le démantèle-
ment des réseaux parallèles : l'épu-
ration ne doit pas
- créer un vide.
(1) Jacques Foccart avait été écarté
de l'Elysée 'pendant l'intérim d'Alain
Pôher. JEAN ROCHET
(2) de seraient certains agents du
- ...du savoir, et le savoir est...
.S.D.E.C.E. ou des policeS parallèles
,

qui auraient lancé à. l'époque, pour


qu'il figure dans le dossier de l'affai-
re; le nom de Georges Pompidou.
Celui-ci en aurait .été informé par PIERRE JUILLET
Alexandre de Marenclaes. ...la clef du pouvoir »

Page 20 Lundi 8 février 1971

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