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BOUVEAU
Sophie CERBELLE
Opadou KOUDOU
Mathias KYELEM
UNE RADIOSCOPIE
DE LA FORMATION INITIALE
DES ENSEIGNANTS
(Primaire et secondaire)
Etude comparative sur huit pays
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Ré
Octobre 2020
2
UNE RADIOSCOPIE
DE LA FORMATION INITIALE
DES ENSEIGNANTS 3
(Primaire et secondaire)
Etude comparative sur huit pays
Les points de vue exprimés et les propos contenus dans ce document n'engagent que leurs auteurs.
Sommaire
1ÈRE PARTIE
CONCLUSIONS
Un état des lieux de la forma-
Quelles perspectives pour
129
tion initiale enseignante par
pays quelles avancées ?
4
Chapitre 1 : État de la
32
Chapitre 4 : État de la
59
situation au Kenya
Chapitre 5 : État de la
65
situation à Madagascar
Chapitre 6 : État de la
73
situation au Mali
Chapitre 7 : État de la
81
situation en République
démocratique du Congo
Chapitre 8 : État de la
89
situation au Vietnam
Liste générale des acronymes et abréviations
APPRENDRE Appui à la profession- PIRLS Programme international
nalisation des pratiques de recherche en lecture
enseignantes et au scolaire
développement de res- PISA Programme international
sources pour le suivi des ac-
AFD Agence française de quis
Développement PTFs Partenaires techniques et
AUF Agence universitaire de financiers
la Francophonie TBA Taux brut d’accès
BEPC Brevet d’étude du TDRs Termes de référence
Premier Cycle
TNS Taux net de scolarisa-
BM Banque mondiale tion
CEP/CEPE Certificat d’études pri- UNICEF Fonds des Nations unies
maire pour l’enfance
CTB Coopération technique UNESCO Fonds des Nations unies
belge
pour la culture
EN École normale
ENS/ENSup École normale supé-
rieure 5
EPT Éducation pour tous
ESH Enfant en situation de
handicap
FFOM Forces Faiblesses
Opportunités Menaces
Madagascar
Avant-propos
Conclusions
• Mathias KYELEM, expert en forma-
tion et formateur à l’ENS de Koudou-
• Un bilan de la situation (tableau de gou, Burkina Faso
type FFOM)
• D’un état des lieux aux perspectives • Opadou KOUDOU, expert en forma-
tion et responsable de formation à
de développement : repères géné-
ENS d’Abidjan, Côte d’Ivoire
raux
Des collectes d’informations à distance • C) 2e étape opérationnelle (de juin à • 2e partie, une analyse critique de la
manquantes (hors documents dispo- fin juillet 2020) situation :
nibles) ayant dû être envisagées pour - choix de la liste des sept autres - une vision synthétique de la situa-
les différents pays, l’équipe s’est ap- pays à retenir dans l’étude tion (tableaux de synthèse des dif-
puyée sur des experts locaux (dans - mise en œuvre des investigations férents états des lieux)
chacun des pays ciblés), qui ont affiné - rédaction d’une fiche d’analyse par - formation des enseignants et re-
la maîtrise et la présentation de cer- pays ciblé cherche : un état des lieux
taines données : • D) 3e étape opérationnelle (août à • formation et professionnalisa-
• Célestin RAZAFIMBELO, consultant mi-septembre 2020) tion : quelles articulations ?
et formateur à l’ENS d’Antananarivo - mise en place d’un état scienti- • les outils de la formation : des in-
à Madagascar ; fique sur la professionnalisation tentions aux réalités
• Antime MAVUBA, consultant spécia- enseignante centrée principale- • pilotage et management : un dé-
liste en ingénierie de la formation au ment sur les travaux autour de la bat stratégique et fonctionnel ?
Burundi ; formation initiale des enseignants - une vision dynamique de la situa-
• Bakary SAMAKE, expert en éduca- - finalisation d’une synthèse des tion (dont tableaux FFOM et re-
tion au Mali ; fiches (centrée sur les conclusions commandations par pays)
• Christian Raoul Cocou ADEKOU, spé- à retenir) • Conclusions
cialiste en évaluation au Bénin ; - rédaction du rapport Complémentairement, des annexes
• Hai NGUYEN HUU, enseignant à • E) 4e étape : remise du rapport de deux types ont été déclinées :
(15 septembre 2020), puis correc-
l’Institut francophone international
tions
• annexes générales au rapport (bi-
au Vietnam ; bliographie scientifique, notam-
• Jean-René GALEKWA, consultant UNE PRÉSENTATION ment) ;
spécialiste en éducation en RDC ;
SCHÉMATIQUE DU RAPPORT
• annexes spécifiques aux fiches
• Lydia MUTHUMA, consultante spé- pays :
cialiste en éducation au Kenya. Le présent rapport a été construit et - documentation/ressources,
ordonné sur les bases suivantes :
• KAMAHA NKWATCHO Yolande An- - acronymes et sigles,
gèle Épouse TATCHUM, PhD en • Éléments introductifs (exposés - documents techniques (organi-
Sciences de l’Éducation/ Didactique ci-dessus) sation du système scolaire, docu-
et Professeur d’Écoles normales • Sommaire ment de formation…).
d’instituteurs, Cameroun ; • Tableau général des acronymes du
rapport 11
SUR LE CALENDRIER
• Avant-propos (pourquoi cette
étude ?)
DE TRAVAIL • Introduction (attendus, modalités et
Lancée en mars 2020, l’étude a été organisation du rapport)
développée en plusieurs étapes, que • Repères pour un état des lieux (pré-
nous mentionnerons ci-dessous. sentation des éléments contextuels
• A) Organisation de l’équipe d’experts des systèmes de FI dans les diffé-
(sous la direction de Johanna GARD- rents pays, dont la présentation d’in-
REL) en mars 20201 dicateurs de contextualisation)
• B) 1re étape opérationnelle (d’avril à • 1re partie, un état des lieux de la for-
début juin 2020) mation initiale des enseignants dans
huit pays :
- préparation d’un modèle de fiche
type d’analyse - état de la situation au Bénin
- mise en œuvre de son opération- - état de la situation au Burundi
nalisation sur la base de la situa- - état de la situation au Cameroun
tion à Madagascar2 - état de la situation au Kenya
- validation de la fiche type complé- - état de la situation à Madagascar
tée par le groupe scientifique - état de la situation au Mali
- état de la situation en République
1 Nous préciserons que l’équipe, initialement de démocratique du Congo
trois experts (Patrick BOUVEAU, Sophie CERBELLE - état de la situation au Vietnam
et Opadou KOUDOU), a été enrichie, lors de la
phase de généralisation des investigations, d’un
4e intervenant (Mathias KYELEM) pour mieux te-
nir compte des enjeux et des finalités du travail
proposé.
2 Le choix de ce pays repose principalement sur
son engagement dans le cadre du programme
APPRENDRE et sur la connaissance de la situation
locale par deux des experts de l’équipe (notam-
ment audit de l’INFP et de son réseau par Pa-
trick BOUVEAU et Sophie CERBELLE).
12
Repères pour
un état des lieux
13
Avant d’approcher dans le détail le fonctionnement effectif de la formation initiale des en-
seignants des huit pays sélectionnés comme point d’appui à nos analyses, il apparaît utile de
cerner quelques contours des territoires concernés.
Pour y parvenir, trois dimensions ont été retenues :
• la première concerne le cadre général du pays ciblé dans ses différentes dimensions (cadre
économique, politique, géographique et sociétal de ses espaces) ;
• la deuxième (sous forme de tableau) précise d’un peu plus près le cadre scolaire, et ceci, sous
deux angles :
- les éléments de contextualisation scolaire ;
- les éléments de tensions du système éducatif ;
• enfin, la troisième concerne l’appréciation de la performance scolaire des pays ciblés.
Une présentation générale
des différents pays
RÉPUBLIQUE • La RDC avance dans la lutte contre la tranche inférieure des pays à revenu
l’Ebola qui sévit depuis près de deux intermédiaire. L’incidence de la pau-
DÉMOCRATIQUE vreté, qui était de 58 % au début des
DU CONGO ans dans les provinces du Nord Kivu,
du Sud Kivu et de l’Ituri, et dont le bi- années 1990, a chuté à moins de 10 %
(Source : Banque Mondiale) en 2015. L’économie vietnamienne se
lan se chiffre à 3 453 malades et plus
Plus grand pays d’Afrique subsaha- de 2 200 décès. porte bien (le PIB a progressé de 6,8 %
en 2019, marquant l’une des plus
rienne, avec une superficie équiva- • La RDC est classée 135 sur 157 pays fortes progressions au monde) et bé-
lente à celle de l’Europe de l’Ouest, la en matière de capital humain, avec
République démocratique du Congo néficie d’un fort courant d’investisse-
un indice de capital humain de
(RDC) a enregistré une légère baisse ments étrangers.
0,37 %, en dessous de la moyenne
de son taux de pauvreté ces 20 der- des pays d’Afrique subsaharienne Situation sociale
nières années, surtout en milieu rural. (0,40). Cela veut dire qu’un enfant né
Mais elle demeure l’un des pays les L’un des principaux enjeux pour le
aujourd’hui sera 37 % moins produc-
plus pauvres du monde. En 2018, 72 % pays est de limiter l’accroissement des
tif à l’âge adulte qu’un enfant ayant
de sa population vivait avec moins de inégalités, notamment entre l’ethnie
bénéficié d’une instruction complète
1,9 dollar par jour, surtout dans les ré- majoritaire et les ethnies minoritaires.
et de services de santé adaptés. 17
gions du Nord-Ouest et des Kasaï. Malgré l’existence d’un grand nombre
Les enfants congolais restent en
de politiques de sécurité sociale, les
Situation politique moyenne 9,2 ans sur les bancs de
groupes vulnérables jouissent tou-
l’école, et 43 % des enfants souffrent
Le pays se remet encore d’une série jours moins des résultats du dévelop-
de malnutrition.
de conflits qui ont éclaté dans les an- pement économique.
Actuellement, 43 % des ménages ont
nées 1990. Après plusieurs reports
accès à l’eau potable (69 % en milieu Pour poursuivre cette présentation
des élections présidentielles, Félix
urbain, 23 % en milieu rural) et seu- des pays analysés au niveau de leur
Antoine Tshisekedi Tshilombo, fils
lement 20 % ont accès à l’assainisse- système de formation des ensei-
de l’opposant historique de la RDC,
ment. Avec en moyenne 6,1 enfants gnants, nous présenterons dans les
Étienne Tshisekedi, a remporté le scru-
par femme, le pays possède un taux pages suivantes :
tin de décembre 2018, succédant à
de fertilité supérieur à la moyenne
Joseph Kabila qui dirigeait le pays de-
d’Afrique subsaharienne (4,8). Son
• d’une part un relevé des principales
puis 18 ans. données statistiques au niveau
taux de grossesse précoce est égale-
scolaire ;
Situation économique ment élevé, avec 125,24 naissances
• d’autre part, une présentation des
• Après avoir atteint 5,8 % en 2018, pour 1 000 adolescentes (15 à 19 ans).
contraintes et des tensions scolaires
la croissance économique a ralenti relevées par les experts autour des
à 4,4 % en 2019, du fait de la baisse VIETNAM
questions de scolarisation (réforme,
des cours des matières premières, (Source : Banque Mondiale,
inégalités, besoins…).
notamment du cobalt et du cuivre, 2018)
qui représentent plus de 80 % des
exportations de la RDC. Situation politique
• Le déficit budgétaire est passé d’un Pays d’Asie du Sud-Est, le Vietnam est
quasi-équilibre en 2018 à un déficit une république socialiste dans laquelle
de 2 % du PIB en 2019, en raison de le régime est défini par la constitution
la hausse des dépenses et de la sta- qui précise que « le Parti communiste
gnation des recettes. Les dépenses du Vietnam est la force qui dirige l’État
publiques supplémentaires ont, et la société ».
notamment, soutenu l’augmenta-
tion des salaires de la fonction pu-
blique, le programme de la gratuité
de l’éducation de base et des projets
d’infrastructure. La baisse des re-
Contextualisation des situations scolaires
INDICATEURS BÉNIN BURUNDI CAMEROUN KENYA
Générale 10 000 000 h en 2013 (51,02% F) 11 175 000 h 26 545 853 h 47 564 296 h
et moins de (Dont moins de 15 ans : 46,7% (dont 5 002 000 moins de 15 ans) (dont 10 millions âgés de moins de F : 50,5% M : 49,5%
15 ans en 2013) 15 ans en 2020) (Dont moins de 15 ans : 39,03 %)
Scolaire (F/H) Au primaire : 2 180 896 élèves Fondamental : 2 376 036 Taux brut de scolarisation supérieur Dans le primaire, taux de plus de
(dont 52,65% M) en 2018-2019 Post fondamental : 764 860 à 100% 90%. Dans le secondaire, moins d’un
ESG : 853 333 ((dont 1er cycle : Taux net de scolarisation dans élève sur trois accède au secondaire
641071 avec 46,2% F et 2e cycle : le primaire autour de 83% et le avec 93 filles pour 100 garçons.
212 260 avec 39,60% F) secondaire autour de 81%
Scolarisable 6-15 ans : 2 842 000 soit 28,4% en Pré primaire (5/6) : 700 000 Primaire : 3 912 013 Primaire : 8 295 076
2015. Primaire (7/12) : 1 859 892 Secondaire 1er cycle : 512 402 Secondaire : 7 506 670
Secondaire (13/19) : Secondaire 2è cycle : 1 273 404
Profession 53 341 enseignants Pré scolaire : 2 750 93 723 enseignants Primaire : 266 511 ens.
(enseignants) EF (C 1 à 3) : 51 545 Secondaire : 39 000 ens.
EF (C 4) : 11 448
Post Fondamental : 11 713
POPULATIONS
Langue(s) 52 langues nationales et 8 Kirundi Français et Anglais langues L’Anglais et le Swahili (Kiswahili)
nationale(s) principaux groupes ethniques Français officielles sont les langues officielles. Le
Kikuyu, le Dhluo et le Luhya sont
les langues parlées.
Langue Français Primaire (F 1) : Kirundi Français et Anglais Anglais et Swahili sont les langues
d’enseignement Collège (F2) : Français Système de type bilingue d’enseignement. (utilisées en même
L’enseignement supérieur temps au primaire et au secondaire)
caractérisé par le bilinguisme Certains comtés ajoutent la langue
locale.
Après le secondaire, l’Anglais seule
langue de référence. Le Français
est offert dès la première année
du secondaire en tant que langue
facultative.
353 écoles sur 9 674 proposent le
Français.
18
Administration 12 départements et 77 18 DPE (Province) Il existe deux sous-systèmes Le Kenya comprend 7 régions :
scolaire communes, 119 DCE (Commune) d’enseignement au primaire : Central, Coast, Eastern, Nairobi Area,
Directions départementales - le sous-système francophone North Eastern, Nyanza, Rift valley
des enseignements maternel et plus présent dans 08 régions Western
primaire (DDEMP) - le sous-système anglophone
Circonscriptions scolaires, Régions présent dans 02 régions (Nord-
Pédagogiques ouest et sud-ouest)
******* Fondamental 1 : 62 102 94 535 enseignants. Fondamental 1 : 396 600
Fondamental 2 : 31 638 Fondamental 2 : 306 110
Lycée : 18 626 Lycée : 150 288
Malagasy et Français 12 langues nationales Environ 250 groupes linguistiques Le Vietnamien (viet) est la langue officielle
Français mais le pays compte une cinquantaine de
langues nationales.
Malagasy et 2 langues étrangères au Implantation progressive du curriculum Français et langues du milieu (au Vietnamien. Les minorités linguistiques
moins : bilingue ` nationale/français dans primaire médium, au secondaire et sont encadrées et accompagnées dans
- tous les cours de CP1 et de CP2 sont en les écoles fondamentales des aires supérieur, disciplines) l’apprentissage de cette langue dans les
malagasy. linguistiques bamanan, fulfulde, premières années d’apprentissage.
- A partir de la 3e année (CE), français pour songhay et tamasheq
certaines disciplines. NIVEAU I : Dès la 2e année du
fondamental, l’enseignement s’effectue
en langues nationales (75%) et en langue
française uniquement à l’oral (25%).
NIVEAU II : En 3ème et 4ème année,
l’enseignement se fait dans 2 langues (50%
chacune)
NIVEAU III : A partir de la 5e année, 75% en
français et 25% en langue nationale 19
Dans les medersas l’arabe est la langue
d’enseignement
22 DREN (région) Forte décentralisation (infrastructures, 6 Provinces 58 provinces
114 CISCO (circonscription) recrutement/gestion enseignants) 222 Territoires 5 grandes municipalités.
1 591 ZAP (quartier ou village) 10 régions Secteurs, groupements, villages ou Chacune de ces 63 entités dispose d’un
49 cercles localités Service d’Education et de Formation (SEF)
703 communes (Collectivités Territoriales) 48 divisions provinciales et 518 responsable de l’enseignement secondaire
Déconcentration (prérogatives de sous-divisions divisées en inspections (niveau lycée). Au même niveau se trouve
formation /encadrement) avec 26 provinciales, en inspections de pool, également des Bureaux de l’Education
Académies d’Enseignements (AE) et 125 en directions provinciales et antennes et de la Formation (BEF) en charge
Centres d’Animations pédagogiques (CAP) des services de contrôle et paie des de l’éducation primaire et secondaire
enseignants (SECOPE). (collège). En 2018, on comptait 713 BEF.
Complémentairement interviennent des
comités populaires dans les provinces,
districts et communes.
****** Part du privé (sans les communautaires et ******* Fondamental 1 : 2%
sans les médersa) Fondamental 2 : 2%
Fondamental 1 : 19% Lycée : 15%
Fondamental 2 : 32%
Lycée : 85%
Part du « privé » (incluant communautaires
et médersa)
Fondamental 1 : 50%
Fondamental 2 : 52%
Lycée (pas de communautaire ni de
medersa)
La double vacation dans les provinces de La majorité des groupes pédagogiques ND Non disponible
MAHAJANGA (Nord) et de TOLIARA (Sud) sont en simple division.
74,3% (le CEP est supprimé) Test National de Fin d’Études Primaires Pas d’examen
(TENAFEP) donnant droit au CEP :
supérieur à 80 %
46,1% 52.47% ND ND
Entre 40 et 60 élèves/ maitre (dispari- En 2019 31 élèves pour un enseignant 19 élèves pour un enseignant dans le
tés entre DREN) EF1 : 42 élèves pour un enseignant [Kwango : 21 / Lualaba : 50] primaire
EF2 : 45 élèves pour un enseignant
(variation entre région)
Moyenne : 47 élèves /professeur 50 élèves pour un enseignant dans le élèves pur un enseignants 15 élèves pour un professeur dans le
secondaire [Kwango et Kwilu : 10 / Maï-ndombe : secondaire
24]
En moyenne : EF1 : 19% Primaire : 11% 1,02 % au primaire
- pour le primaire 26,07% (2018) EF 2 : 23% Secondaire (1er et 2nd cycles) : 10% 1,16 % collège 21
- 14,5% pour le secondaire Lycée : 23,9 % (9,2% à 13%) 4,9 % au lycée
22,6% au primaire EF : 15% en 1ère année 16 % en première année secondaire Primaire : 0,12%
5,6% au secondaire 20% en 6ème année. Collège : 7,88%
Lycée : 12, 7%
20 % de jeunes diplômés sont sans Taux de chômage 2019 : 5.9% ND 2,17% de la population au chômage
emploi Taux de chômage des jeunes de 15 à 24 6,27 % de jeunes sans emploi
13% de taux de chômage en 2017. ans : 11.4%
22% des élèves scolarisés ont le CEPE 48,1 % TAP au primaire : 68,4% 93 %
73,3% G/63,5% F) [Tanganika : 39,6% /
Equateur : 103,9%]
Plus de 9% ont le BEPC ou l’équivalent 35,4 % ND ND
Environ 20% des lycéens ont le BAC 24,96 % au TAS : 37,4% 94,06 %
ou plus Bac général en 2019 [Bas-Uele : 9,1% / Kinshasa : 64,6%]
En 2018-2019, le nombre d’enseignants est de 53 341 (70,67 % F), ainsi composé : 15,9 % APE, 33,9 % ACE,
3,1 % EC et 47,1 % autres.
En 2017-2018, ils étaient 56 738, dont 15 % APE, 36,7 % ACE, 4,2 % EC et 44 % autres. L’utilisation des en-
seignants communautaires a commencé en 1986. Depuis 2008 s’est engagé un processus d’intégration
Statut des enseignants Annuaire
des enseignants contractuels dans la fonction publique, et ils ne représentent plus que 1,6 % en 2020.
(enseignants communautaires) statistique 2017-2018
Toutefois, les enseignants dits « autres » représentent plus de la moitié du personnel en 2020, et leur pro-
portion a augmenté de près de 9 % en deux ans. 11 % des enseignants sont des administratifs. On note
aussi la présence des appelés au service militaire d’intérêt national (ASMIN) et des stagiaires des écoles
normales d’instituteurs (ENI).
En 2010, les dépenses d’éducation des ménages tous cycles confondus représentent 49,4 % des dé-
penses totales (45,9 % dans le primaire).
RESEN, 2014 En 2008, la dépense annuelle moyenne par élève est de 95 000 francs CFA (dont 62 % de frais de scolarité),
Frais de scolarité contre 17 000 francs CFA dans le secteur public.
PSE, 2018-2030 En même temps, entre 2011 et 2015, la pauvreté a augmenté presque partout dans le pays, et particu-
lièrement dans 7 départements sur 12 (plus de 40 % dans les départements de Couffo, Atacora, Donga,
Atlantique).
Taux d’accès : 90 % en milieu urbain, contre 75 % en milieu rural, taux d’achèvement en primaire : 67 %
en milieu urbain et 52 % en milieu rural. En termes de disparités observées au niveau départemental, le
PSE, 2018-2030 département de l’Alibori affiche les indicateurs les plus préoccupants. Les problèmes d’offre uniquement
concernent 19 communes, tandis que les problèmes à la fois d’offre et de demande concernent 23 com-
Disparités territoriales munes.
La distance à l’école la plus proche dépasse 30 minutes pour près de 28 % des enfants béninois âgés de
RESEN 2014 6 à 15 ans (31 % en milieu rural et 21 % en milieu urbain). L’éloignement de l’école fait augmenter le taux
d’abandon de près de 7 %.
Dévasté par une crise ethnique majeure dans les années 1990, le Burundi a entrepris sa reconstruction
au début des années 2000 (accord d’Arusha) en approchant, notamment, pour plus de justice sociale, la
Transformations MEFPT rénovation de son système scolaire en 2012 (PDESF 2012-2020).
sous tension 2012 et 2018 Centrée sur un processus de démocratisation et surtout une longévité scolaire plus marquée, cette trans-
(PDSEF et PTE) formation a marqué un coup d’arrêt en 2015 (retrait financier des PTFs à la suite de la crise institution-
nelle). Progressivement, à partir de 2018 (PTE 2018-2020), le processus de transformation a repris son
cours. La construction d’une école fondamentale pérenne (sur 9 ans) est aujourd’hui au cœur des débats
tant scolaires, professionnels que sociétaux.
Sans nul doute, la question de la précarité des acteurs scolaires est au centre du processus de transfor-
mation éducatif, celle-ci étant à appréhender sous différents aspects :
- scolaire : le coût de la scolarité a été et demeure pour de nombreux élèves un vecteur majeur de relé-
MEFPT gation (le coût annuel d’une année EF est estimé à 17,5 USD en 2015, contre 7,5 en 2008 pour un revenu
Scolarité et précarités 2012 et 2018 annuel par habitant de 315 USD ; source UNESCO 2018) ;
(PDSEF et PTE) - professionnel : le métier d’enseignant n’est pas une profession suffisamment lucrative et attractive ;
- structurel : les capacités et surtout les conditions de scolarisation (matériel, eau, toilettes…) constituent
un frein majeur au développement d’une scolarité efficiente.
Ces deux derniers points sont importants à souligner, car ils motivent (étude UNESCO, 2012) 90 % des
raisons du souhait de départ des enseignants (formulé par 46 % des enseignants au niveau primaire)1.
Comme le rappelle le PND 18-27, la réduction des inégalités, notamment territoriales, constitue un enjeu
majeur des politiques nationales, dont celle de l’éducation.
Disparités territoriales PND Si l’on prend, par exemple, la question des « déscolarisés », celle-ci affecte différemment les 18 provinces :
2018-2027 globalement, 98 % des déscolarisés sont en milieu rural (et plus particulièrement dans 5 d’entre elles)
(PTE 2018, p. 13). A contrario, les zones urbaines (notamment à Bujumbura) connaissent des taux de
suroccupation importants.
Comme l’ont mis en évidence différents rapports (UNESCO, notamment), la déclinaison d’une politique
UNESCO (2012 et 2018) enseignante attractive (récemment formulée par le ministère) met en exergue l’attractivité et l’identité 23
enseignantes.
MEFPT (2019) Si la question des enseignants non-fonctionnaires (suppléants) affecte peu l’image du métier (à peine
Identité enseignante 10 % de suppléants), celle-ci est lourdement impactée par la question des salaires (cf. plus haut), des
conditions d’exercice (dont l’éloignement du lieu de travail) et plus encore par l’impasse promotionnelle
que constitue, pour beaucoup, la profession. S’il est appelé à évoluer, le principe d’une évolution de car-
rière chez les enseignants est, aujourd’hui, assez réduit.
On peut ainsi mieux saisir, comme l’a souligné le dernier constat UNESCO (question enseignante, 2018),
pourquoi la majorité des enseignants du fondamental n’a pas la qualification attendue (D7) et, ce faisant,
une formation pédagogique réduite parfois au strict minimum (quelques leçons modèles dans leur for-
mation).
Si l’actuel PDSEF (et sans doute le prochain) met au centre du débat scolaire l’élève et son enseignant,
il est tout aussi certain qu’un management déconcentré de l’institution scolaire constitue un élément
essentiel du développement attendu. Au cœur des engagements : la réduction des « doubles vacations »,
qui pénalise considérablement le temps d’enseignement (600 heures au lieu de 900 heures) pour près de
MEFPT 40 % des élèves du fondamental (cycle 1 à 3), celui-ci étant également pénalisé (plus ou moins fortement
Management éducatif et (Politique enseignante suivant les provinces) par l’absentéisme.
professionnel 2019)
Pour autant, le développement de la professionnalité enseignante pose ici d’autres questions, notam-
ment celles relatives à l’accompagnement de ces acteurs. Si les mécanismes d’encadrement et d’évalua-
tion ont été récemment redéfinis (arrêté 2018), il souffre encore, là également, d’un déficit de préparation
professionnelle (tant au niveau des conseillers que des inspecteurs pédagogiques) pour que cet encadre-
ment soit effectif.
Plus encore, l’encadrement de proximité (qui pourrait/devrait être réalisé au niveau de chaque établisse-
ment par le directeur d’école ou le préfet des études) est lui aussi réduit à une part assez congrue faute
de formation à ces questions ou de disponibilité.
1 On précisera, ici, que ce souhait de partir est exprimé essentiellement vers une activité dans le secteur de la santé (pour 60 % de ceux qui souhaitent quitter l’ensei-
gnement) et ceci, pour des raisons financières.
CAMEROUN
Points de tension scolaire Source Brève description
Quatre statuts d’enseignants sont distingués surtout dans le primaire, aussi bien en régions franco-
phones qu’en régions anglophones : fonctionnaires, contractuels, contractualisés, maîtres des parents
Ministère de l’Éducation
Statuts des enseignants ou des communes.
de base
Les enseignants contractualisés sont les plus nombreux, quel que soit le système (francophone/anglo-
Annuaire 2017-2018
phone). L’enseignant contractualisé est l’enseignant contractuel recruté par l’État sur dossier.
Les enseignants communautaires sont les enseignants contractuels recrutés par les communautés.
Disparités entre les deux sous-systèmes, entre les zones urbaines et les zones rurales, entre les régions
Disparités territoriales MEN 2017-2018 de l’extrême nord, du nord, de l’Adamaoua et les régions du sud, sud-est, Yaoundé, Douala, littoral, ouest,
nord-ouest et centre.
formation pratique des élèves-maîtres de profil 3 (bac) jugée insuffisante pour une professionnalisation
Efficience professionnelle pertinente ;
Tchamabe, 2015
enseignants souvent non qualifiés avec un problème d’appropriation des outils didactiques ;
Tayim et coll., 2017
difficultés pour les enseignants instituteurs pour pouvoir enseigner l’APC : ils disent ne pas détenir suffi-
samment de compétences en APC, avoir un faible niveau de communication en langue française.
Les élèves-professeurs des Écoles normales supérieures sont recrutés directement à la fonction publique
après la validation de leur parcours.
Recrutement des enseignants En revanche, le recrutement des élèves-maîtres des écoles normales d’instituteurs à la fonction publique
dans la fonction publique n’est pas garanti : soit ils sont recrutés directement, soit contractuels, soit contractualisés, soit employés
d’écoles communautaires et des écoles des parents.
Ces différents profils ont une incidence sur les prestations salariales. Dans le privé, par exemple, les insti-
tuteurs touchent moins de 20 000 francs CFA/mois pendant neuf mois.
Trois profils se dégagent dans le recrutement des élèves-maîtres : BEPC, probatoire et bac. Ces trois
Tchamabe, 2015
Profil de recrutement des profils reçoivent les mêmes formations dans les écoles normales d’instituteurs. Cette diversité pourrait
élèves-maîtres altérer le niveau de qualification de certains instituteurs de profil 1 (BEPC).
Dans le cycle primaire, même si l’on observe une amélioration notable des taux de scolarisation et d’achè-
Compétences des apprenants PASEC, 2014 vement, les évaluations du système éducatif indiquent à la fin du cycle primaire une proportion impor-
tante d’élèves en dessous du seuil suffisant en mathématiques et en lecture.
La diversité des profils des élèves-maîtres aboutit à une inégalité des dispositifs de formation lors des
La formation pratique des stages dans les écoles annexes d’application. Le profil 3 n’effectue qu’un ou deux stages, alors que le pro-
24 Tchamabe, 2015
enseignants fil 1 en effectue six, et le profil 2, quatre environ. La formation pratique des élèves-maîtres de profil 3 (bac)
dure moins longtemps que la formation des autres profils. Elle varie de 6 à 10 mois, et ils ont tendance à
ne pas faire le stage de tutelle.
KENYA
Points de tension scolaire Source Brève description
On observe des enseignants fonctionnaires et des enseignants contractuels. Ceux-ci se retrouvent sou-
vent dans les écoles de communautés et dans les camps de réfugiés où 73 % sont titulaires d’un KPEC.
Rapport mondial EPT,
Statut des enseignants Pour combler des déficits en enseignants, des établissements scolaires recrutent des enseignants non
2015
qualifiés, c’est-à-dire sans formation initiale. En principe, il faut le KCSE avec un score supérieur de 10 %
Menderhalt et coll., 2018
environ pour être admis aux programmes de formation des enseignants. Cette tendance en matière de
recrutement pourrait affecter la réussite des élèves.
On observe :
des disparités entre la région de Nairobi et les autres régions, notamment celles du Nord ;
des disparités entre les provinces et les camps de réfugiés ;
Disparités territoriales des disparités dans la distribution des enseignants : enseignants moins qualifiés dans les zones défavo-
Figueirero et Mous- risées.
sa-Dieng, 2016 Les sept (7) universités historiques et leurs collèges sont installés à proximité des grandes villes du Kenya.
Le constat est que les zones déshéritées sont le plus souvent confrontées à une pénurie d’enseignants et
d’établissements de qualité susceptibles d’impacter l’efficience scolaire. Ce constat est en déphasage avec
l’un des engagements de l’État, à savoir promouvoir l’éducation de qualité partout.
Les évaluations du système éducatif indiquent que peu d’enseignants ont un niveau adéquat dans les
méthodes d’enseignement de leurs matières.
Non-maîtrise de la langue d’enseignement, des connaissances et compétences nécessaires pour ensei-
UNESCO, 2014
Efficience professionnelle gner.
Plus précisément, des enseignants en mathématiques dans les écoles primaires ont une mauvaise com-
Kandagor, 2018
préhension de la matière.
On constate que la plupart des enseignants manquent de compétences : près de 40 % des enseignants
Rabbani, 2017
interrogés lors d’une enquête reconnaissent ne pas détenir les connaissances minimales requises pour
Njagi, 2010
enseigner.
Comme conséquence, on pourrait noter les déficits observés chez les élèves de troisième année : ils ne
peuvent ni lire l’anglais ni le swahili selon le Conseil national des examens du Kenya.
Statut des enseignants La question des enseignants FRAM constitue depuis près de 15 ans une préoccupation majeure pour
(enseignants communautaires) Étude PASSOBA une scolarisation de qualité, principalement en primaire. En 2018, 45 000 des 108 000 enseignants du
(2013) primaire se trouvaient dans cette situation caractérisée par un salaire des plus réduit, une absence de
qualification et une précarité statutaire.
Dans un pays où le PIB par habitant est l’un des plus bas du monde, la dernière crise politique (2009/2013)
Frais de scolarité a accentué les effets de la précarité sur la scolarisation (en 2010), 75 % des enfants déscolarisés étaient
BM/PME en situation d’extrême pauvreté.
(2018) Si cette situation s’est améliorée depuis 2014, elle reste néanmoins un problème important tant elle af-
fecte le bon fonctionnement de chaque établissement : les salaires des enseignants (participation à leur
rétribution) et les outils pédagogiques.
Vaste pays aux régions diversifiées (hauts plateaux), aux revenus supérieurs et zones côtières, plutôt
Disparités territoriales pauvres, Madagascar est marquée par les logiques de proximité scolaire : 84% des écoliers vivent à plus
BM/PME
de deux kilomètres de leur école.
(2018)
Plus encore, ces zones rurales marginalisées constituent des zones de relégation pour les enseignants qui
s’en éloignent… dès que possible.
L’étude IPS de 2016 a mis en lumière à la fois le manque de compétences professionnelles (note moyenne
Étude IPS de 24/100 en primaire) et les besoins criants de formation continue et d’accompagnement.
Efficience professionnelle (2016) Dans le même temps, cette étude a également pointé un problème important (cependant pas spécifique
à Madagascar : le temps effectif d’enseignement, 3 heures 09 par jour, sur les 6 heures attendues).
Après la (longue) phase de décolonisation (fin des années 1960), la mise en place du programme EPT
(2000) constitue un repère majeur dans le développement du système scolaire. Comme souvent, les
questions de massification et de démocratisation ont ponctué l’évolution de l’école. Sans entrer dans le
détail des différents plans de réforme qui se sont succédé (MAP 05/09, PIE 15/17, PSE 18/22), plusieurs
repères peuvent servir d’éléments de compréhension.
Au niveau structurel :
26 PIE
Réforme de l’enseignement la structuration de l’EB sur 9 ans (en rapprochant ou en fusionnant élémentaire et collège) ;
(2016)
de base la place et l’envergure du préscolaire ;
l’élévation de la qualité de l’enseignement ;
PSE
la massification du collégial.
(2018-2022)
Au niveau fonctionnel :
les processus de décentralisation/déconcentration ;
l’articulation public/privé ;
la politique linguistique (notamment la place de l’anglais) ;
la gestion des RH.
La place de la recherche comme outil de développement.
MALI
Points de tension scolaire Source Brève description
La situation des enseignants se caractérise aujourd’hui par une multiplication des statuts : fonctionnaires
de l’État (5 %), fonctionnaires des collectivités territoriales (35 %), contractuels de l’État ou des collectivités
territoriales (37 %) et enseignants communautaires/privés (23 %). À noter qu’il n’y a plus de recrutements
de fonctionnaires de l’État dans le fondamental et le secondaire depuis plusieurs années. Ce statut est
RESEN 2017
Statut des enseignants donc amené à disparaître avec les prochains départs à la retraite.
Dans près de 52 % des établissements du 1er cycle du fondamental et dans près de 38 % des établisse-
ments du 2e cycle, il n’y a aucun enseignant fonctionnaire. Les enseignants, dans ces établissements, sont
quasiment tous des contractuels, un statut qui peut affecter leur motivation et/ou leur rétention.
Les ménages contribuent considérablement au financement de l’éducation au Mali. En 2015, elles ont
dépensé environ 72,4 milliards de francs CFA pour la scolarisation de leurs enfants aux différents niveaux
d’enseignements. Les dépenses privées sont relativement plus importantes dans les cycles inférieurs du
RESEN 2017 système, soulevant ainsi des questions d’équité dans le partage de coûts entre l’État et les familles. Mal-
Frais de scolarité
gré la politique de gratuité dans le public, les familles maliennes sont encore à ce jour contraintes de
s’acquitter de frais de scolarité non négligeables (6 661 francs CFA dans le 1er cycle du fondamental et à
9 822 francs CFA dans le 2e cycle).
Le Mali traverse une crise multidimensionnelle, et une partie de son territoire est zone de conflit : Kidal,
Disparités territoriales et Politique
Gao, Mopti et Tombouctou (qui représentent près des 2/3 du territoire, mais 9 % de la population), accen-
insécurité enseignante 2015
tuant, dans ces zones, la pénurie d’enseignants.
L’étude sur le temps réel d’apprentissage par le programme USAID/PHARE au niveau des écoles fonda-
mentales, montre que les élèves ne bénéficient que de 71 % du temps d’apprentissage officiel chaque
année, et ne disposent que de 4,2 ans pour développer les compétences du programme qui, selon le
USAID/PHARE 2010 ministère de l’Éducation, nécessite 6 ans d’école. Dans le secondaire, près de 15,2 % du volume horaire
Efficience professionnelle
attendu par les élèves n’est pas assuré en 2014-2015. Au-delà de l’insécurité qui prive certains élèves
d’apprentissage, les innombrables grèves menées par les enseignants pour diverses raisons (conditions
de travail, salaire…) perturbent chaque année la scolarisation (presque 4 mois de grève en 2018-2019).
Organisé en 26 académies et 125 centres d’animations pédagogiques, le système est théoriquement
suffisant pour assurer l’accompagnement et l’encadrement professionnel. Dans la pratique, toutes ces
Politique enseignante,
Encadrement professionnel entités souffrent d’un manque de ressources, tant humaines (conseillers pédagogiques, notamment) que
2015
de ressources financières et d’équipement (moyens de déplacement) pour assurer leurs missions d’enca-
drement dans de bonnes conditions.
Au lendemain de l’indépendance, et à l’instar de nombreux pays africains, le Mali s’est engagé dans 27
plusieurs réformes de l’éducation. Les questions de massification, mais également de curriculum (avec
l’APC), de décentralisation et de multilinguisme ont été les points essentiels des différentes réformes et,
notamment, de la nouvelle École fondamentale (1994) et du programme décennal de développement
de l’éducation (PRODEC), adopté en 1998, ajusté en 2008, réajusté en 2010. La préoccupation d’une édu-
cation de qualité pour tous reste encore d’une actualité importante, avec une volonté politique affichée
Réforme de l’enseignement PRODEC 2
à travers plusieurs documents stratégiques nationaux, dont le cadre stratégique pour la relance écono-
de base
mique et le développement durable (CREDD), qui établit le développement des compétences comme
une priorité stratégique et un enjeu national pour le développement économique et social. Le PRODEC 2,
adopté en 2019, se fixe comme objectif l’amélioration de la rétention à tous les niveaux du système à tra-
vers la mise en place de politiques pour l’amélioration de la qualité et de la pertinence des apprentissages
en vue de favoriser l’insertion des sortants des différents cycles dans la société et sur le marché du travail.
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Points de tension scolaire Source Brève description
Nombre d’enseignants : 940 535 (dont 82,2 % au public), avec 544 039 dans le primaire (57,8 %) et
378 274 dans le secondaire (40,2 %), dont (i) dans le primaire : 28,6 % F (27,3 % F dans le public et 35,6 %
F le privé) et (ii) le secondaire : 12 % F (12,6 % F dans le public et 11,4 % F le privé).
Enseignants du public : 82,2 % du total, soit 17,3 % dans les écoles non conventionnées (officielles), 61,5 %
Statut des enseignants (ensei- dans les écoles conventionnées (dont 22,3 % catholiques et 31,6 % protestantes) avec (i) primaire public :
gnants communautaires) SSEF 2016-2030 84,7 % du total (16,6 % dans les écoles non conventionnées et 64,8 % dans les écoles conventionnées)
Synthèse des états des et (ii) secondaire public : 80,5 % du total (18,7 % dans les écoles non conventionnées et 58,2 % dans les
lieux du système éduca- écoles conventionnées).
tif (2019) Le corps enseignant est inadéquatement formé (seuls 17 % des enseignants du secondaire sont quali-
fiés), peu féminisé (27 % F en primaire et 12 % F dans le secondaire) et âgé, faute de mise en œuvre d’un
plan de retraite avec paiement des indemnités (plus de 25 % des 545 233 enseignants inscrits dans le
système officiel en 2017 avaient plus de 50 ans, et 4,8 % d’entre eux avaient dépassé l’âge de la retraite).
Les rémunérations sont faibles et l’écart entre celles des enseignants du primaire et du secondaire est
quasi nul.
Nombreux frais de scolarité prescrits au niveau école, provincial et central dus à une prolifération de
Frais de scolarité divers types de taxes et de droits totalisant en moyenne 43 USD par enfant et par année (17 % des
RDC – Diagnostic systé-
dépenses du ménage pour chaque enfant). La décentralisation augmente les types de taxes, et la néces-
matique pays (2018)
sité de déployer une partie des frais pour compenser les bas salaires des enseignants en augmente les
montants.
En primaire, 1 % ont une qualification < D4, 9,1 % en D4, 82,9 % en D6 et 7,9 % autres. Dans le secondaire,
4,5 % ont une qualification en P6, 39,1 % en D6, 2,5 % en A1, 9,6 % en A2, 18,8 en G3, 2,5 % en L2 et 23,1 %
SSEF 2016-2025
Efficience professionnelle autres.
Synthèse des états des
91 % des enseignants sont qualifiés (niveaux D4 et D6). 17 % des enseignants du secondaire sont qualifiés
28 lieux du système éduca-
Faibles qualifications des enseignants (formation initiale inadéquate, faible maîtrise du français par les
tif (2019)
instituteurs, irrégularité de la formation continue et faiblesse de la supervision pédagogique) démotiva-
tion (bas salaires, faibles perspectives de carrière).
Personnels chargés de l’encadrement pédagogique : (i) les inspecteurs itinérants (INS-POOLs et IPRI) qui
effectuent des visites de classe (contrôle/formation/évaluation) ; (ii) les directeurs d’école et les anima-
Encadrement professionnel teurs qui assurent l’organisation et la tenue des réunions pédagogiques ; (iii) les conseillers d’éducation
Note 1. Mission d’exper-
des bureaux gestionnaires, recrutés parmi les enseignants expérimentés qui participent à l’encadrement
tise APPRENDRE
pédagogique.
Synthèse des états
Absence d’un encadrement pédagogique de qualité et d’activités de formation continue régulières et
des lieux du système
adaptées. Pas d’articulation entre FI et FC, les deux ne s’appuyant pas sur un référentiel de compétences
éducatif
de l’enseignant.
Le ratio enseignants - personnels administratifs s’est dégradé en RDC : en 1990, 1 administratif pour
55 enseignants ; en 2011, 1 pour 12.
Promising Practices, La fonction enseignante est très respectée, et les enseignants bénéficient d’une image positive dans la
Statut des enseignants government schools in société. Les enseignants sont contractuels. Il y a deux catégories de contrat : CDI et CDD. À partir du
(enseignants communautaires) Vietnam, Education De- 1er juillet 2020, les nouveaux recrutés sont tous CDD. Les salaires (incluant diverses primes) sont très
velopment Trust, 2017 attractifs en comparaison des autres services publics. De nombreux événements sont organisés tous les
ans pour célébrer les enseignants.
UNESCO, Vietnam Les frais de scolarité sont autorisés au Vietnam à tous les niveaux d’enseignement, exception faite du
Frais de scolarité Education for all, 2015 niveau primaire. Une politique d’exemption ou de réduction de frais de scolarité (50-70 %) est appliquée
aux élèves issus de familles pauvres.
UNESCO, Vietnam Le pays est caractérisé par d’importantes disparités territoriales, qui correspondent également à des dis-
Education for all, 2015 parités socio-économiques. En ville et à la campagne, on compte au moins une école et un collège dans
Disparités territoriales chaque quartier/commune et au moins un lycée dans chaque arrondissement/district, ce qui permet aux
élèves de se rendre facilement à l’école. La situation est plus compliquée dans les zones montagneuses.
Les minorités ethniques, qui constituent 14 % de la population, représentent 60 % des pauvres.
PISA 2015 Les résultats de PISA 2015 suggèrent que les enseignants ont une très bonne maîtrise des matières qu’ils
Promising Practices, enseignent. Les enseignants sont, par ailleurs, comptables de leur performance et soumis à des autoexa-
Efficience professionnelle government schools in mens/analyses de leurs performances ainsi qu’à une évaluation par les pairs, par le directeur de l’école,
Vietnam, Education De- mais également par les parents d’élèves et les comités populaires.
velopment Trust, 2017
Promising Practices, Les enseignants vietnamiens sont tenus responsables de leur développement professionnel (circulaire 32
government schools in de 2011). À ce titre, ils doivent développer et mettre en œuvre leur propre plan annuel de développement
Vietnam, Education De- professionnel, fondé sur les feed-back de performance de leurs directeurs d’école. Ces derniers orga-
velopment Trust, 2017 nisent de nombreuses visites de classe tout au long de l’année scolaire (formelle ou non formelle) avec
pour objectif d’apporter un diagnostic professionnel à l’enseignant sur sa pratique de classe. Le pourcen-
Encadrement professionnel tage de directeurs vietnamiens déclarant recourir régulièrement à l’observation de classe comme outil de
contrôle qualité de ses équipes est l’un des plus forts des pays riches de l’OCDE. Une récente enquête sug-
gère que 92 % des parents vietnamiens considèrent que les enseignants sont « bons » ou « excellents » et
attentifs à la réussite de leurs enfants.
Les directeurs d’établissements scolaires sont tenus, quant à eux, de maintenir leur statut d’enseignant
avec un minimum de deux périodes d’enseignement par semaine. Le directeur est perçu comme « ensei-
gnant leader ». Il n’y a pas de conseiller pédagogique, c’est le directeur et les chefs des matières de l’école
qui assurent ce rôle.
29
Promising Practices, Ayant en grande partie réglé les problèmes d’accès, y compris pour les populations les plus vulnérables,
government scools in les récentes réformes éducatives entreprises au Vietnam témoignent de l’importance accordée à la qua-
Vietnam, Education lité de l’enseignement (incluant la réduction des écarts de performance entre l’ethnie majoritaire — les
DevelopmentTrust, 2017 Kinh — et les autres ethnies). C’est notamment le cas de la réforme « Fundamental School Quality Level »
de 2006, qui établit des standards minimaux de qualité pour les infrastructures, l’organisation et le ma-
nagement de l’école, le matériel pédagogique et les outils pour les enseignants, les qualifications (acadé-
miques et professionnelles) des enseignants, ainsi que les liens entre les parents et l’école. Le passage
Réforme de l’enseignement à l’école à temps complet (full day schooling) a, quant à lui, permis d’accroître le temps d’apprentissage
de base pour se rapprocher des standards internationaux. C’est également le cas de la réforme de 2013 (Funda-
mental and Comprehensive Education Reform), dont l’objectif est de permettre au système scolaire de
mieux former les élèves pour que ces derniers disposent des compétences nécessaires à une économie
de marché incluant la mise en œuvre d’un curriculum fondé sur les compétences avec de nouveaux
manuels scolaires, et impliquant une réforme des pratiques pédagogiques (davantage fondées sur les
compétences et la qualité). En 2018, le nouveau curriculum de l’éducation est approuvé, et sa mise en
œuvre est prévue pour 2020.
Une situation de la performance scolaire
des différents pays
Pour ce dernier élément d’appréciation, les dernières évaluations PASEC dispo-
nibles vont servir de cadre (à la fois en lecture et en mathématiques) : où se si-
tuaient les différents pays quant à la « valeur scolaire » de leurs élèves ?
Moyennes des scores des pays en lecture et en mathématiques, PASEC 20152
2 Le Kenya, le Mali et le Vietnam n’ont pas participé aux évaluations du PASEC 2014.
Sénégal .........................................................................................................................................................................................................................................................................................
Burundi .........................................................................................................................................................................................................................................................................................
Bénin .........................................................................................................................................................................................................................................................................................
Cameroun .........................................................................................................................................................................................................................................................................................
Congo .........................................................................................................................................................................................................................................................................................
Togo .........................................................................................................................................................................................................................................................................................
Madagascar .........................................................................................................................................................................................................................................................................................
Tchad .........................................................................................................................................................................................................................................................................................
Niger .........................................................................................................................................................................................................................................................................................
400 410 420 430 440 450 460 470 480 490 500 510 520 530 540 550 560 570 580 590 600 610
Burundi .........................................................................................................................................................................................................................................................................................
30 Sénégal .........................................................................................................................................................................................................................................................................................
Togo .........................................................................................................................................................................................................................................................................................
Bénin .........................................................................................................................................................................................................................................................................................
Cameroun .........................................................................................................................................................................................................................................................................................
Congo .........................................................................................................................................................................................................................................................................................
Madagascar .........................................................................................................................................................................................................................................................................................
Tchad .........................................................................................................................................................................................................................................................................................
Niger .........................................................................................................................................................................................................................................................................................
400 410 420 430 440 450 460 470 480 490 500 510 520 530 540 550 560 570 580 590 600 610
Trois constats simples : • globalement, la performance des dif- • en 2015, le Vietnam enregistre de
• dans chacune des deux matières, férents pays est plutôt moins élevée nouveau de bons résultats. Il se
le Burundi et Madagascar se posi- en mathématiques qu’en lecture. place 8e (sur 70) en science, 30e en
tionnent en tête de peloton pour l’un Complémentairement, pour situer le lecture et 22e en mathématiques,
et en queue pour l’autre ; Vietnam dans cette approche cogni- mais ces résultats cachent d’impor-
• les pays sont relativement homo- tive, on se référera aux tests PISA : tantes disparités entre groupes so-
cio-économiques et ethniques.
gènes d’un point de vue interdisci- • en 2012, les résultats des élèves viet- Ces résultats sont surtout à mettre en
plinaire (lecture et math.) sauf peut- namiens surpassent ceux des pays
être pour le Burundi, où l’on note un regard avec le coût unitaire d’éduca-
de l’OCDE ;
écart de près de 60 points supérieur tion (par élève), largement inférieur à
en mathématiques ; ce qui s’observe dans les autres pays
participant à PISA.
1re PARTIE
Un état des lieux
de la formation initiale 31
Le dispositif de FI n’a de lien avec la FC que parce Le fait que la dernière année de formation soit
qu’elle est sollicitée pour la formation en cours d’em- consacrée entièrement à un stage de responsabilité
ploi des milliers d’enseignants recrutés sans qua- permet une sorte de transition entre la formation
lification. L’enseignant sur le terrain est coupé des et le métier. L’organisation administrative et les
ressources de l’école, sauf quand il y revient pour contraintes des ENI/ENS ne leur permettent pas
une autre formation diplômante. Sur le terrain, il n’y d’intervenir sur la FC.
a pas de dispositif spécifique d’accompagnement du
débutant, à l’exception de la préparation au CAP. Il
peut bénéficier des sessions de FC en même temps
que les autres quand elles sont organisées.
Le modèle de formation en alternance T/P/T/P La mise en œuvre de l’alternance est plus aisée
adopté permet d’avoir des enseignants compétents dans les ENI que dans les ENS, où l’organisation des
et réflexifs, capables de contextualiser leurs connais- enseignements est influencée par la gestion des res-
sances et de promouvoir des valeurs. Mais les sources à l’échelle de l’université. En outre, les écoles
différentes évolutions de la formation enseignante de stage sont plus accessibles aux ENI qui restent
et les difficultés relatives aux ressources humaines, encore tributaires du modèle traditionnel incluant
financières, pédagogiques et didactiques et au d’office des bassins de formation. Les rattachements
management des établissements expliquent des administratifs des ENI et des ENS sont à revoir pour
insuffisances constatées dans les performances du plus d’autonomie dans l’organisation des activités
système. La situation est mieux conduite dans les de formation.
EPFI conventionnées. L’organisation des cours est
faiblement articulée avec celle des stages, surtout
au niveau des ENS. Les documents soutenus par
les stagiaires sur la dernière année de formation ne
sont pas des mémoires professionnels, mais des
rapports de stage d’une trentaine de pages. Cela ne
40 donne pas vraiment lieu à une recherche permet-
tant d’engager une conceptualisation des pratiques
enseignantes.
Les ENI étaient autrefois rattachées à l’Insti- Dans le dispositif de formation des instituteurs,
tut national de formation et de recherche en la dimension recherche est absente. Il est surtout
éducation (INFRE), ce qui était favorable à la attendu des apprenants la maîtrise des innovations
recherche pour les formateurs et les chercheurs, pédagogiques en cours dans le système éducatif.
et l’appropriation des innovations pour les élèves
stagiaires. La recherche est une exigence pour les
enseignants-chercheurs des ENS ; d’une manière
générale, il y a peu de financements publics de la
recherche qui trouve son essor dans la collabora-
tion des chercheurs et la coopération internatio-
nale. La mise en œuvre du LMD, commencée vers
2010 dans les universités du REESAO, se consolide
malgré les difficultés liées à l’insuffisance des
ressources.
Chapitre 2 ÉTAT DE LA SITUATION
AU BURUNDI
CADRES POLITIQUES trouvent ici un terreau réel d’épanouis- d’Afrique, notamment subsahariens,
ET STRATÉGIQUES DE LA sement et de développement. a d’abord été marquée par l’héritage
colonial, et ceci jusqu’au début des
PROFESSIONNALISATION Commentaires et analyses années 1960. Mais surtout, comme le
ENSEIGNANTE La double vacation, outre le fait qu’elle rappelle fort justement l’UNESCO dans
réduit singulièrement le temps d’ap- son rapport (2018), la FI suscite ici plus
Une (brève) vision de la prentissage, induit également des qu’ailleurs à la fois débats, confronta-
politique enseignante effets pervers à la fois chez les élèves tions, mais également tergiversations :
(l’enfant est livré à une forme d’oisive- de quelle(s) formation(s) initiale(s)
Présentation té pendant une partie de la journée et voulons-nous ? On pourra même aller
La politique enseignante, récemment souvent assez loin de chez lui) et chez au-delà : de quelle(s) institution(s) de
formulée (2019) par le MEFPT, est le les enseignants, favorisant une logique formation voulons-nous ?4
fruit d’une réflexion qui, depuis le dé- de double vie professionnelle (sou- Le cas de l’enseignement de base (au-
but des années 2000, s’est solidifiée vent, bien sûr, pour gérer les besoins jourd’hui EF cycle 1 à 3) est éloquent :
au fil du temps. Ainsi, en 2012 puis financiers des enseignants). en 50 ans (entre les années 1970 et
en 2018, l’UNESCO a porté un regard aujourd’hui), pas moins de six insti-
Un second effet pervers que l’on re-
précis sur la profession enseignante. tutions professionnalisantes5 se sont
trouve dans le développement de la
S’appuyant sur les orientations fonc- succédé pour prendre en charge la for-
profession enseignante tient à une
tionnelles de cette institution (2014 et mation des futurs enseignants, la plu-
relative opacité des conditions d’accès
2016) le pays s’est doté d’une vision
à certaines fonctions. Il en est ainsi, part œuvrant après le collège (mais en
holistique quant au développement
régulièrement, des fonctions de di- deux ou quatre ans suivant les cas de
du métier.
recteur d’école, qui font naître (mais figure). Mais pour faire quoi ? Le débat
Si, comme dans de nombreux pays, à juste titre parfois) un sentiment de entre lycées pédagogiques et Écoles
la politique enseignante est marquée corruption ou de favoritisme dans la normales n’est pas une question de
par de nombreuses variables (recru- sphère scolaire. préférence ou même d’efficience, mais
tement, formation, salaires, proximité, plutôt de tremplin professionnel ulté-
L’accès à cette activité est d’ailleurs 41
contextes personnels…), elle est ici stig- rieur, les usagers des EN se destinant
matisée par un élément important du intéressant à explorer. Dans le secon- souvent à une autre fonction que celle
fonctionnement scolaire : la vacation, daire, il est conditionné par une men- d’instituteur.
simple ou double3. Imposée par des tion « très bon » au cours des trois
dernières années d’exercice, situation Si, aujourd’hui, avec la réforme, le dé-
faits, assez régulièrement (manque de
que l’on ne retrouve pas aussi souvent bat s’est quelque peu restructuré, il
salles et/ou manque de budgets pour
qu’on le souhaiterait (faute de can- n’est pas clos pour autant : il s’est dé-
payer les enseignants). La DV est aussi
didats compétents), imposant alors placé. Trois débats émergent avec plus
devenue, au fil du temps, un élément
d’avoir recours à des appréciations ou moins de force :
qui s’est développé… Même quand les
conditions ne l’imposaient pas. moins strictes (ex. : une seule mention - quid du préscolaire ?
« très bon ») ouvrant alors la porte à un - Quid des élèves à besoins spéci-
Enfin, comme évoqué dans différentes sentiment de favoritisme ou de clien-
études (notamment UNICEF 2010) fiques ?
télisme. La boucle est alors bouclée si
l’insatisfaction professionnelle est un - Quid de la formation pour le C4 (ex. :
l’on prend en considération le fait que
marqueur important de la condition collège) et le post-fondamental (se-
la fonction de directeur n’est pas né-
enseignante, celle-ci étant générée par condaire vers le bac) ?
cessairement plus lucrative… pour un
différents éléments, dont les salaires, Si, sur les deux premiers, les échanges
enseignant qui a une double vie pro-
bien sûr, mais également par une sont vite clos (il n’existe pas de forma-
fessionnelle.
forme de « ghetto professionnel » : de tion spécifique pour le préscolaire et
fait, une fois en poste, les enseignants seulement quelques sensibilisations
ont très peu de possibilités, actuelle- Historicité de la FI sur le handicap), la situation est plus
ment, pour évoluer professionnelle- (éléments principaux, compliquée pour le troisième point.
ment. Émerge ici un sentiment très points de crispation…) et 4 Pour une vision plus détaillée de la situation de la
prononcé d’insatisfaction profession- contextualisation (diversité formation des enseignants, on pourra se repor-
ter à l’annexe n° 3, pays présentant la probléma-
nelle (suivant les études, entre 70 % et
des institutions) tique dans son ensemble (comme abordée par la
90 % des enseignants ne sont pas sa- CTB dans son projet FIE).
tisfaits de leur métier). Peu de chances, Présentation 5 On citera :
dans ses conditions, que les élèves écoles moyennes pédagogiques (1 an après le
La formation initiale des enseignants, collège) de 1964 à 1981 ;
3
La simple vacation renvoie, théoriquement, à depuis le début des années 2000 — et écoles normales primaires (4 ans après le collège)
la prise en charge d’un groupe pédagogique surtout depuis la mise en place de la de 1963 à 1989 ;
par un enseignant sur une journée (deux de- écoles de formation des instituteurs (EFI) 2 ans
mi-journées). La double vacation renvoie la prise réforme de 2012 —, demeure une pro- après le collège de 1981 à 1989 ;
en charge de deux groupes pédagogiques sur blématique majeure pour les autorités lycées pédagogiques : LP2 et LP4 de 1989 à 1998 ;
deux phases de la journée distinctes (matin et retour des écoles normales depuis 1998 ;
après-midi) par un ou deux enseignants (en gé- ministérielles. Celle-ci, bien évidem- D7 spécial (6 mois après le secondaire) depuis
néral 1). ment, comme dans de nombreux pays 2010.
Tout d’abord, s’agissant de la forma- té, ou, mieux, dans celui de la justice)6. en quelques mois des étudiants au
tion initiale, il est important de souli- Sur ce thème, il n’est pas certain que métier d’instituteur, ont été récem-
gner qu’elle dépend aujourd’hui du mi- la situation actuelle apporte des solu- ment supprimés. En lieu et place de-
nistère de l’Éducation, de la Formation tions concrètes. vraient renaître, à la rentrée 2020, au
technique et professionnelle (MEFTP) sein des ENS, des filières spécifiques
pour les enseignants du cycle 1 à 3, et (moyennant un engagement financier
Schémas structurels des en termes de droits d’accès), qui for-
de celui de l’Enseignement supérieur
dispositifs de formation meraient les titulaires des diplômes
et de la Recherche (MESR) pour les en-
seignants du 4e cycle du fondamental Présentation de baccalauréat (licence) et de mas-
et le post-fondamental. De plus, une ter dans les différentes facultés pour
Comme évoqué ci-dessus, la formation
pouvoir prétendre à enseigner dans
réforme curriculaire est également en des enseignants, au Burundi, est mar-
le quatrième cycle de l’enseignement
cours (qui a démarré par le cycle 4 et quée par une caractéristique majeure :
fondamental et dans le post-fonda-
se poursuit par les cycles 1 et 2). La la diversité — pour ne pas dire l’éclate- mental.
formation des enseignants doit donc ment — des dispositifs de formation.
s’adapter aux nouveaux programmes Commentaires et analyses
Ainsi, fin 2013, on pouvait relever cinq
et supports pédagogiques. Ce proces- De toute évidence, au niveau des
niveaux de formation : aux quatre
sus est en cours. voies d’accès au métier d’enseignant,
types de structures évoquées précé-
Mais on retiendra surtout que quatre demment, il convenait d’ajouter (pour le choix politique de la diversité rime
structures sont désormais respon- le primaire) les lycées pédagogiques, avec celui de la proximité. Sera-t-il en
sables de la formation initiale des les écoles normales7 et les centres de harmonie avec celui de l’efficacité ?
enseignants du post-fondamental et formation pédagogique. Si les objectifs C’est une autre question.
du cycle 4 – les enseignants du fonda- étaient identiques entre ces instances S’il est certain que le Burundi maîtrise
mental étant formés dans les filières/ de formation (préparer au métier assez bien ses besoins en enseignants
sections pédagogiques du post-fonda- d’instituteur), la préparation en était du primaire (cycle 1 à 3 actuel) (on peut
mental : différente (plus longue dans les EN), de noter, par ailleurs, qu’il existe peu de
même que les bénéficiaires (les meil- suppléants ou contractuels dans les
l’école nationale supérieure (ENS) ; leurs élèves fréquentant les EN)8. établissements scolaires), il n’est pas
- l’institut de pédagogie appliquée sûr, pour autant, que la qualité de la
En 2012, on pouvait encore compter
(IPA) ; formation (notamment pédagogique)
121 lycées pédagogiques et écoles
- la faculté de psychologie et sciences normales, et une trentaine de CFP se soit au rendez-vous des sections péda-
42 de l’éducation de l’Université du Bu- répartissant l’entrée dans le métier, à gogiques.
rundi ; raison de : En tout état de cause, il apparaît clai-
- l’institut d’éducation physique et des rement que des questions nouvelles,
- 60 % pour les LP ;
sports (IEPS). comme celles relatives au préscolaire
- 20 % pour les EN ;
Commentaires et analyses ou au développement d’une école in-
- 20 % pour les CFP.
clusive9, échappent quelque peu au re-
La mutation du système scolaire bu- Cette approche a fait l’objet, depuis gistre d’intervention des formations…
rundais a entraîné de facto, depuis 2016, d’une réflexion visant à la fois à : Et sans doute très certainement des
2014, une remise à plat des perspec- formateurs.
- réduire les instances de formation
tives de professionnalisation des en-
(suppression des écoles normales) ;
seignants.
- coordonner les plans de formation Financement du système
Si, pour l’heure, les structures uni- (ex. : ENS et IPA) ; éducatif et formation
versitaires ont été peu affectées par - structurer les approches discipli-
ces changements — si ce n’est sur les naires (référentiels de formation, va- Présentation10
nécessaires questions de coordina- lidés par le MEFPT). Le financement de l’éducation est
tion des cursus —, le débat s’est plu- essentiellement assuré par l’État et
tôt porté sur la formation initiale des Complémentairement, la remise à plat les bailleurs de fonds extérieurs. Le
instituteurs, dont l’un des éléments des curricula a constitué un volet im- système est aussi financé, dans une
structurants (les écoles normales) a portant des engagements, principale- moindre mesure, par les communes,
été supprimé pour ne laisser que les ment via les PTFs (cf. ci-dessous). notamment à travers la construction
sections pédagogiques, ou plus exac- d’infrastructures, les églises à travers la
On retiendra également que les mise à disposition d’infrastructures et
tement une myriade de sections péda-
centres de formation pédagogique d’outils d’enseignement, et enfin, par
gogiques (167 parsèment le pays).
(accessibles aux lauréats du post-fon- les parents à travers les frais de scolari-
Mais au-delà de ces questions structu- damental ne souhaitant/pouvant pas sation et la participation à la construc-
relles se pose — encore — la question accéder à l’université), qui formaient tion des salles de classe, ainsi qu’à
de l’attractivité du métier d’enseignant. 6 Sur ce point, on pourra, notamment, se reporter d’autres dépenses liées au fonctionne-
Aujourd’hui comme hier, l’exercice du à l’étude de l’UNESCO de 2018 (poursuivant celle
de 2012) sur la question enseignante.
ment des établissements scolaires.
métier rebute quelque peu, notam- 7 Nous mettrons ici de côté les CFP (centres de for-
En 2016, le Gouvernement a consacré
ment pour des raisons financières (à mation pédagogique) destinés aux élèves ayant
terminé le secondaire - mais pas au niveau pour 22 % du budget national au ministère
diplôme équivalent, un jeune ensei- entrer à l’université - qui formaient pédagogique- de l’Éducation, de l’Enseignement su-
gnant gagne, certes, plus qu’un jeune ment (en 6 mois ou 1 an) les futurs enseignants
du primaire. 9 Cette démarche fait actuellement l’objet de pre-
agriculteur, mais nettement moins que 8 On trouvera, en annexe 3, une approche plus dé- mières approches par l’UNICEF et des ONG.
s’il travaillait dans le secteur de la san- taillée de ces situations. 10 Source : Rapport UNESCO 2018.
périeur et de la Recherche scientifique, co-administratives perdurent égale- le PME), dans la continuité du pro-
qui gère le secteur de l’enseignement à ment comme des freins à la profes- gramme 2012-2014, a permis, via l’une
tous les niveaux. Il a consacré environ sionnalisation enseignante. Ainsi, les des trois composantes du programme,
52 % de ce budget à l’enseignement lignes budgétaires (notamment FC), le développement d’un partenariat
fondamental (en 2015). qui devraient alimenter les débats sur (notamment avec IPA) aboutissant à
la formation des enseignants, sont en une réflexion collective sur les besoins
Deux points sont à mettre en évi-
discussion depuis… 2011 ! On devine de formation.
dence :
ici qu’une priorisation de la formation
- la qualité reste sous-financée par n’est pas (encore) véritablement à Depuis 2018, le programme PAADES-
manque de ressources. l’ordre du jour. CO, porté par la BM, poursuit cette ré-
Selon le document cité précédem- flexion.
ment, sur le budget 2015, seulement UNICEF
3 % environ ont été affectés à l’in-
Les engagements/
Intervenant de longue date dans le
vestissement, la quasi-totalité étant transformations en cours
pays, l’UNICEF, depuis 2016, a entre-
utilisée pour le fonctionnement. En (notamment PTFs)
pris une approche intégrée, via le pro-
2014, les salaires des personnels re- Présentation11 gramme Back to school, se centrant
présentaient 91 % des dépenses à notamment sur le renforcement des
AFD
l’Université du Burundi, et 82 % pour
Depuis le début des années 2000, l’AFD capacités des enseignants.
le fondamental ;
a engagé un appui important au déve- FCE (créée en 2011 par UNICEF,
- la part des familles dans l’enseigne-
loppement burundais, dont une part France, Norvège et Belgique)
ment demeure un problème sen-
non négligeable revient à l’éducation.
sible. Ce « fonds commun de l’Éducation » a
Après la phase de retrait institutionnel
Depuis 2005, le Gouvernement du pour vocation d’appuyer le plan stra-
(2015), le projet Twige Nweza constitue
Burundi a adopté le principe de la tégique de l’éducation, principalement
actuellement l’outil de référence aux
gratuité de l’enseignement primaire, en termes d’investissements, sachant
engagements scolaires. Si, à ce niveau,
qui s’est étendu à l’école fondamen- que près de 80 % du budget du sec-
aucun axe de travail sur la FI n’est spé-
tale, avec la suppression des frais teur sont consacrés au paiement des
cifiquement décliné, des engagements
d’inscription scolaire de 1 500 FBU salaires. Il constitue un véritable ballon
spécifiques ont néanmoins été déve-
par enfant et par an (environ d’oxygène en donnant au ministère
loppés sur les questions des curricula
0,65 EUR). Malgré cette mesure, le burundais de l’Éducation l’occasion de
du fondamental (par le biais d’une in-
coût de la scolarisation reste exorbi- mettre en œuvre sa politique12.
tervention du CIEP).
tant au regard du pouvoir d’achat des 43
ménages, particulièrement ceux du CTB/ENABEL Commentaires et analyses
milieu rural. En 2016, on estimait le Depuis 2011, la coopération belge a Comme l’a souligné la revue sectorielle
coût de scolarisation d’un enfant de mis l’accent sur le développement de conjointe de 2019, l’intervention des
l’école fondamentale à 70 000 FBU/ la FI des enseignants via le projet FIE en PTFs évoqués ci-dessus et d’autres (no-
an/enfant (30 EUR), contre 10 000 2011, qui visait les points suivants : tamment ONGs, UNESCO, PAM) contri-
FBU (4 EUR) en 2008. Même si une bue de manière importante à soutenir
- le cadre général et financier de la
ordonnance ministérielle a tenté de la formation des enseignants et, ceci,
limiter ce coût, on estime aujourd’hui réforme de la formation initiale des
enseignants de l’enseignement fon- de manière coordonnée.
qu’un parent ayant un enfant à l’in-
ternat paie donc globalement au- damental est défini ; Elle reste, cependant, contenue, car li-
tour de 175 000 FBU (90 EUR) par an, - quatre centres régionaux de réfé- mitée par des besoins financiers qui ne
si on ajoute les autres fournitures rence sont réhabilités et entretenus ; sont pas tous couverts par les budgets
scolaires telles que les uniformes, les - les ressources pédagogiques pour la disponibles, tant à leur niveau qu’à ce-
cahiers et autres matériels. Ce mon- formation initiale sont disponibles et lui de l’État (GAP de 31 MUSD en 2019).
tant représente le tiers du PIB par accessibles dans toutes les écoles à
habitant. On s’imagine facilement les section pédagogique ;
difficultés auxquelles se heurtent les - les ressources humaines de la for-
12 Son expérience sert d’exemple pour trois rai-
parents qui ont plusieurs enfants à mation initiale des enseignants de sons :
l’école fondamentale. l’enseignement fondamental sont - premièrement, la flexibilité du fonds permet l’ap-
Commentaires et analyses compétentes. plication des principes de la Déclaration de Paris
dans un État fragile, dont les capacités institution-
Comme le souligne (pudiquement) le Depuis 2016, une approche plus glo- nelles et organisationnelles ont été bouleversées
document-cadre sur « la politique en- bale (dont la banque de ressources par des années de conflit ;
seignante » (p. 32), les besoins de fi- documentaires au MEFPT est l’aspect - deuxièmement, l’intégration de la gestion des
fonds au sein du ministère de l’Éducation favorise
nancement restent importants tout en le plus palpable) est développée. le processus d’internalisation du changement ;
étant contraints : un budget national BM/PME - troisièmement, des résultats concrets de déve-
limité et des ressources externes (PTFs loppement sont perceptibles dans le système
Le projet PACEF 2016-2017 (financé à éducatif. Grâce à l’appui financier du fonds com-
et ONG) qui le sont également. De ces hauteur de 20 MUSD et soutenu par mun et à l’appui technique des bailleurs de fonds,
derniers dépend l’amélioration de la le ministère de l’Éducation est mieux placé pour
11 Pour mieux appréhender le développement de mettre en œuvre la réforme de l’enseignement.
qualité de l’enseignement en s’ados- la coopération internationale (notamment euro-
En 2012, le Partenariat mondial pour l’éducation
sant, notamment, à un FCE (cf. ci-des- péenne) et la place de l’éducation, on pourra se
(PME) a accepté la requête du Burundi et décidé
reporter : Évaluation conjointe de la coopération
sous) qui joue le rôle d’animateur et de de l’Allemagne, de la Belgique, de la Commis- d’alimenter, à hauteur de 40 millions d’euros, le
développeur sur ces questions. sion européenne, de la France, des Pays-Bas, du fonds commun, considéré comme un mécanisme
Royaume-Uni et de la Suède avec le Burundi, fé- innovant et solide de financement du secteur.
Pour autant, des questions techni- vrier 2014.
ANALYSES PRINCIPALES : - pour le préscolaire où, de fait, ni ou en un an de formation pédago-
les cursus ni même des modules gique après les humanités géné-
ÉLÉMENTS MAJEURS DE
n’existent. rales du deuxième cycle. Les deux
FONCTIONNALITÉ premiers types d’écoles (LP et EN)
Commentaires et analyses
se distinguent essentiellement
Au-delà des zones d’ombre évoquées
Gestion/définition des par la durée de la formation (LP :
(dont certaines sont dues à une volon- deux ans ; EN : quatre ans) et par
recrutements « entrée »
té de transformations), les perspec- la motivation de leurs élèves. Les
des stagiaires (niveaux de tives de développement du métier pa-
formation scolaire, nombre, élèves des EN ont plutôt l’intention
raissent aujourd’hui freinées par deux
besoins, enseignants de poursuivre leurs études, tandis
problèmes majeurs :
que les élèves de LP s’orientent
contractuels…)
- les quotas annuels de recrutements plus directement vers le métier
Présentation ne répondent pas toujours aux be- d’enseignant par goût du métier
Si, comme le rappelle le récent docu- soins réels des établissements, en- et pour la recherche d’une qualifi-
ment de référence du MEFTP sur la traînant parfois un recrutement pa- cation. Les jeunes formés des EN
« Politique enseignante » (2019), les rallèle de bénévoles, vacataires ou ont toujours été moins nombreux
logiques de développement et de ges- enseignants à temps partiel (estimé dans l’enseignement primaire. En
tion ont été définies de longue date, à 10 % des personnels tous niveaux raison du taux de redoublement
ce n’est que plus récemment (en lien confondus) ; élevé et du manque de gestion des
avec la mise en forme d’une École fon- - la précarité professionnelle (sécu- flux des élèves, des effectifs élevés
damentale sur neuf ans) que les recru- ritaire, professionnelle13 et sociale), et d’une moyenne d’âge élevée des
tements ont été approchés avec plus qui pénalise singulièrement cer- candidats enseignants (entre 18 et
de rigueur, en lien avec les besoins de taines parties du territoire national. 36 ans au lieu de 16 ans) sont des si-
personnels, les budgets de la nation et tuations courantes dans les classes
les besoins prioritaires de personnels Dès lors, on perçoit un hiatus entre de formation initiale.
tant au niveau EF que post EF. les capacités de formation des futurs • Pour le secondaire, aux côtés des
enseignants (somme toute relative- facultés et des institutions spéciali-
Comme spécifié dans le PTEP (et repris ment adaptées aux besoins du pays) sées (ITS), deux structures sont do-
dans le document « Politique ensei- et la mise en œuvre effective d’une minantes :
gnante au Burundi »), les besoins en planification professionnelle, situation - l’IPA a été chargé de la mission d’as-
enseignants sont estimés à près de aggravée par une certaine désertion surer la formation des enseignants
2 500 enseignants par an, que l’on peut estudiantine (sortants d’ENS affectés à
44 du cycle inférieur et du cycle supé-
décliner à quatre niveaux : d’autres tâches ou fonctions adminis- rieur des humanités ;
- pour le préscolaire : 123 enseignants tratives que l’enseignement). - En 1999, l’ENS a été créée, et il lui
par an, soit 1 223 enseignants ; a été confié la même mission, mais
- pour le fondamental, cycle 1 à 3 : Pilotage, gestion, plus explicitement pour l’enseigne-
763 enseignants par an soit 7 627 en- ment secondaire général ainsi que
management et
seignants ; deux missions supplémentaires,
moyens (autonomie
- pour le fondamental, cycle 4 : à savoir assurer la formation des
des établissements, enseignants de l’École secondaire
1 333 enseignants par an soit
capacités d’accueil, gestion technique et professionnelle et as-
13 233 enseignants ;
des budgets, partenariats, surer le perfectionnement des en-
- pour le post-fondamental : 258 en-
seignants par an soit 2 500 ensei-
adaptations régionales…) seignants ayant déjà reçu la forma-
gnants. Présentation tion initiale.
Elles offrent, en termes d’organisa-
Un état de la formation enseignante
De manière schématique, deux ni- tion du cursus, des études similaires,
au Burundi relève d’une approche en
veaux scolaires émergent clairement puisqu’elles organisent un premier
deux temps : avant la réforme et après
quant à l’entrée en formation : cycle de trois ans destiné à préparer
la réforme de 2014-2015.
les enseignants du cycle inférieur, et,
- la fin du cycle 4 (ex. : collège) pour En 2011 (source, projet FIE, CTB) : en plus, un second cycle en deux ans
les futurs enseignants du fonda- pour le cycle supérieur.
mental 1 à 3, avec une formation en • pour le primaire, les instituts de
quatre ans (dont trois pour élever le formation des enseignants du pri- Les élèves orientés vers l’ENS et l’IPA
niveau académique et un pour déve- maire sont principalement les ly- sont faibles (moyennes faibles à l’exa-
lopper les aspects pédagogiques) ; cées pédagogiques (LP) et les écoles men d’État). Généralement, le choix
- la fin du post-fondamental (lycée) normales (EN) dans une moindre des étudiants pendant l’orientation
pour les futurs enseignants du mesure, qui accueillent des élèves n’est pas respecté. Le résultat est que
post-fondamental avec une forma- venant de la 10e année ou la 4e an- les filières les plus sollicitées sont oc-
tion en trois ans (où alternent ren- née du secondaire (ou premier cy- cupées par les élèves ayant obtenu
forcement des savoirs, didactiques cle). Les enseignants du primaire les meilleurs résultats, et les moins
et pédagogie). sont formés en deux ans (lycées ou performants sont orientés vers les
sections pédagogiques), en quatre filières les moins demandées.
La situation est plus diffuse pour :
ans (écoles ou sections normales)
- le cycle 4, pour lequel différents scé- Depuis 2019, le pilotage de la profes-
13 Dans le 1er cycle de l’EF, on compte ainsi un ratio
narios sont en cours (suivant le di- de 93 élèves par salle de classe, très régulière- sionnalisation enseignante se veut
plôme : D7 ou licence) ; ment sans eau et sans électricité. plus cohérent et plus coordonné. À
tous les niveaux, il est désormais or- Plus encore persiste dans la FI une - assurer une cohérence entre les
ganisé sur trois axes de travail : dialectique sans véritable réponse tan- dispositifs de formation, précédem-
gible au sein de la réforme : ment entre LP et EN surtout, et au-
- A1 : la formation des stagiaires ;
jourd’hui entre ENS et université
- A2 : la rationalisation de la gestion ; - un hypercentralisme des dispositifs
(IPA, IEPS, facultés).
- A3 : la standardisation des qualifi- de formation pour les institutions
universitaires ou assimilées ; Dans cette perspective, la restructura-
cations et des pratiques profession-
tion de la FI, depuis l’engagement de la
nelles. - une déconcentration démesurée
réforme, a surtout porté sur la remise
Mais ces perspectives, théoriques, se (plus d’une centaine d’établisse-
ments de formation pour l’EF cycle à plat des curricula et des modalités de
heurtent à certaines réalités.
1 à 3). formation. À ce titre, la banque de res-
En premier lieu, il est important de sources du MEFTP/BECEPFGP (déve-
souligner que les contraintes budgé- loppée dans le cadre du projet PAORC-
taires (liées, notamment, à la crise de Référentiel, programme et FE), compilant un grand nombre de
2015) ont entraîné un gel des recrute- curricula (définition, volumes référentiels et d’outils de formation,
ments de 2015 à 2019. De plus, comme horaires, responsabilité, constitue sans aucun doute un outil
le rappelle le rapport UNESCO 2018 spécialisation, adaptations de référence sur les perspectives et
sur ces questions, le pilotage est for- régionales…) modalités de professionnalisation des
tement pénalisé, d’une part par une enseignants (fondamental et post-fon-
Présentation
insatisfaction professionnelle notoire damental).
(souhait de changer d’établissement, Si (pour le primaire), pendant de nom-
de fonction, voire de quitter le métier), breuses années (jusqu’en 2012), la Sans entrer dans le détail des diffé-
et d’autre part par les conditions de question de la FI des enseignants a été rents curricula (cf. banque de res-
résorption des situations de double marquée par la question des « lycées sources documentaires), on retiendra
vacation. pédagogiques »15 (accessible à la fin surtout la volonté d’articuler modules
du collège), celle-ci a progressivement disciplinaires et modules didactiques
Dès lors, si les besoins d’enseignants évolué vers un appareillage fonction- et pédagogiques en parallèle des
sont connus et chiffrés (plus de 7 % nel plus important et surtout mieux stages et écrits professionnels, cet en-
annuels pour l’EF et 10 % pour le adapté aux enjeux actuels (existence semble étant ponctué d’évaluations
post-fondamental), on constate sur- d’un référentiel de compétences puis (essentiellement sommatives au cours
tout (UNESCO p. 107) une difficulté à de métier et, enfin, un plan de forma- de la formation).
nourrir le besoin de développement
tion étoffé).
du C4 de l’EF : entre 2015 et 2025, Il est à souligner que l’ensemble des
on passerait d’un besoin annuel de Cette approche se manifeste par deux curricula pour l’enseignement fon- 45
9 000 enseignants à 25 000, alors que volontés/démarches claires : damental a fait l’objet d’un important
les capacités de formation sont d’à travail participatif et collaboratif, dont
- assurer une FI de meilleure qualité ;
peine 4 500 stagiaires (2 000 pour l’uni- l’une des dimensions centrales a été le
versité et 2 300 pour l’ENS14). 15 Ceux-ci préparaient en quatre ans au diplôme
D6, qui permettait à l’époque d’accéder à la fonc- ciblage des langues (d’enseignement
Or, ces institutions ne sont pas seu- tion enseignante dans le primaire. et enseignées).
lement le réservoir de formation des
professeurs du C4, elles alimentent
également les professeurs du post-fon- CYCLE ANNÉE Langue d’enseignement Langues enseignées
damental et les activités des futurs for-
1 Kirundi Kirundi et français
mateurs des différentes institutions de 1
formation. 2 Kirundi Idem
La formation des futurs enseignants s’inscrit dans Si la fonction enseignante est aujourd’hui encadrée
un cadre public unique (pas de filières privées de par une approche réglementaire satisfaisante (no-
FI) qui permet aux lauréats de postuler, indifférem- tamment au niveau des statuts), celle-ci est marquée
ment, à un emploi public ou privé. par une forme d’immobilisme professionnel, surtout
pour l’enseignement de base.
Globalement, surtout pour l’EF, la FI constitue un
choix primordial pour l’évolution de carrière ulté-
rieure, la mobilité professionnelle étant très réduite.
Si les critères de recrutement des stagiaires sont La gestion des recrutements repose aujourd’hui sur
bien définis par les textes, ils sont néanmoins sujets les DPE qui, sur dossier, assurent l’accès à un emploi
à variation, principalement pour l’EF, faute d’une tant pour le fondamental que pour le post-fonda-
48 mobilisation des meilleurs élèves. De fait (UNESCO, mental.
2018), près d’un quart des candidats à ce niveau
n’a pas choisi l’enseignement comme premier vœu Si l’on constate encore une répartition inégale des
professionnel. emplois suivant les territoires (provinces), la corrup-
tion, certes encore présente, est assez limitée.
Le rôle de la DPE (province) et de la DCE (commune)
en matière de gestion des enseignants est défini par
le décret n° 100/122 du 25 août 2018 portant mis-
sions et organisation du ministère de l’Éducation, de
La Formation technique et professionnelle.
Les élèves des 167 sections pédagogiques ne dis- Il existe, depuis de nombreuses années, un distin-
posent d’aucune bourse. La grande majorité est guo majeur dans la gestion des futurs enseignants :
dans des écoles communales et loge chez eux ou très tôt, les futurs instituteurs subissent une certaine
chez des parents. forme de précarité qui se répercute sur leur métier
(choix par défaut) et, surtout, difficulté à assumer
A contrario, comme les autres étudiants, les étu- financièrement sa formation (pour des stagiaires
diants de l’ENS et de l’IPA bénéficient d’une bourse souvent très âgés dans les sections pédagogiques).
de 60 000 FBU (environ 30 EUR) par mois et ob-
tiennent des frais de déplacement pour les stages
en fonction de la distance à parcourir. Pour les rap-
ports de stage et les frais de mémoire, ils perçoivent
20 000 FBU, soit plus ou moins 10 EUR.
Les professeurs dans les sections pédagogiques Si, formellement, la mise en œuvre des stratégies de
sont recrutés parmi les finalistes de l’IPA 5 (2e cycle) formation est annoncée comme satisfaisante (sur-
et de l’ENS 5. Quand il y a une innovation au niveau tout pour le post-fondamental), elle reste, cepen-
des programmes ou des méthodes, on organise des dant, fragilisée par des lacunes structurelles tant au
séminaires d’information ou de formation (entre niveau de la polyvalence des formateurs, qu’à celui
cinq et dix jours) en faveur des professeurs. Dans des attentes pédagogiques du MEN (APC) ou d’un
ce cas, les formateurs sont les conseilleurs pédago- lien fort avec le terrain.
giques du BECEPF (Bureau des études et des curri-
cula de l’enseignement post-fondamental) concep-
teurs de ces innovations. Généralement, on associe
les directeurs et les inspecteurs pédagogiques pour
leur permettre de mieux encadrer les enseignants.
L’accès au métier d’enseignant, une fois la formation Pour beaucoup de néoenseignants, l’entrée dans le
et le diplôme obtenus, se fait via la DPE, l’administra- métier est une découverte de la réalité, notamment
tion centrale du MEN et le ministère de la Fonction le ratio élèves/enseignant qui est très élevé (ceci
publique (pour le public) ou l’établissement (pour le à cause des budgets insuffisants pour couvrir les
privé). Si cette entrée est considérée comme satisfai- besoins en enseignants).
sante par la majorité des néoenseignants, celle-ci est
parfois entachée de délais allongés (Bujumbura) et, Mais, au-delà des questions technico-pédagogiques,
surtout, d’entraves spécifiques (corruption, réseau l’entrée dans le métier des nouveaux enseignants
d’influence…). est marquée par une forme certaine d’isolement,
et, plus encore, d’accompagnement. Un problème
Ce cap passé, l’enseignant est affecté dans un majeur doit être posé ici : l’absence quasi totale de
établissement (en général, proche de son lieu de dispositif de formation continue. Cette situation
résidence) sans période probatoire ou véritable est d’autant plus pesante que le système n’impose
visite de contrôle de ses aptitudes. Sa titularisation pas (comme parfois) un certificat de contrôle des
se fait sur la base de la notation après une année compétences acquises (type CAP), qui pourrait ainsi
de service. Trois problèmes professionnels caracté- conduire à un suivi des jeunes enseignants.
risent cette entrée : 49
- l’éloignement du lieu de résidence ;
- le nombre d’élèves par enseignant ;
- le développement de la double vacation
(deux groupes classes à gérer, 1/3 des cas de
fonctionnement).
L’alternance pratique/théorie est faite au niveau des Pour aucun des dispositifs de formation (fondamen-
sections pédagogiques dans les classes de troisième tal et post-fondamental), on ne peut (encore) parler
et quatrième années, telle que signalée ci-dessus d’alternance pédagogique dans les cursus. Faute
pour les stages intensifs. de moyens, de compétences ou d’encadrement
suffisants, la mise en forme d’un enseignant réflexif
Pour l’IPA, l’ENS et la faculté, il n’y a pas d’alternance. est reportée… Et ce, même si aujourd’hui chacun
Il y a un stage unique à la fin des études. constate que les intentions, à ce niveau, sont formel-
lement exprimées.
Dans le système BMD, il y a un stage obligatoire
sanctionné par un rapport de stage à la fin du bacca-
lauréat. Ce rapport a des allures de mémoire, et est
déposé à la bibliothèque de l’institution. À la fin du
deuxième cycle, l’étudiant doit écrire un mémoire,
qu’il défend publiquement. Si le mémoire n’est pas
accepté, l’étudiant perd le bénéfice du diplôme.
Hormis dans les filières universitaires (pour une En l’état actuel de la FI, les dispositifs de formation
certaine spécialisation pour la faculté de psycholo- dans les sections pédagogiques apparaissent insuf-
gie, par exemple), il n’existe ni dispositifs de spécia- fisants, voire inadaptés à certaines problématiques
lisation des parcours ni stratégie de renforcement/ (préscolaire, handicaps…).
remédiation (pour les stagiaires en difficulté). De Au niveau supérieur (ENS ; IPA, notamment), cette
fait, des questions comme celles relatives à la forma- situation devient moins tendue (existence d’un
tion pour le préscolaire ou l’école inclusive ne font encadrement et d’un travail personnels).
pas l’objet de formations spécifiques.
Dans les sections pédagogiques, il n’y a pas réel- L’ancrage de la formation du post-fondamental au
lement de culture de l’innovation ; les enseignants secteur universitaire (facultés ou ITS) offre, de fait,
et les élèves attendent les guides conçus par les de meilleures perspectives de réflexion quant à
conseillers pédagogiques et les appliquent en tant l’appropriation de la recherche en éducation.
que tels.
A contrario, la situation de la recherche au niveau
À l’ENS, IPA et à la faculté, au niveau des deuxièmes des sections pédagogiques est proche du néant,
cycles, des mémoires sont exigibles pour tous les obérant ainsi singulièrement la qualité de la for-
étudiants. Ces travaux de recherche durent prati- mation.
quement toute une année. Pour les premiers cycles,
il y a des travaux personnels des étudiants, des
travaux dirigés par les professeurs et des rapports
de stage qui peuvent être considérés comme des
travaux de recherche.
Ici, les recherches, les laboratoires et les biblio-
thèques sont (sous)-financés dans le cadre des
budgets de l’État accordés annuellement aux
institutions, limitant, de fait, l’accès aux travaux de
50 recherche. En réalité, les seules sources de finance-
ment sûres proviennent du retrait de 10 % sur les
travaux de recherche confiés aux facultés ou aux
institutions, alors que, dans le cadre des facultés,
ils sont versés à la direction de la Recherche et des
Innovations.
Commentaires et analyses
Stages pratiques 222 222 222 222 222 222
Selon le profil de recrutement dans Tous les stagiaires enseignants ne sont pas systéma- Ce constat indique que les liens entre la fonction
les structures de formation des en- tiquement insérés à la fonction publique ; on estime publique et les structures de formation ne sont
seignants, le contexte de formation que 40 000 enseignants qualifiés du primaire étaient pas systématiquement établis : ces liens semblent
au chômage (Global Campaign for Education, 2020) ; faibles, et ceci est paradoxal étant donné les in-
n’est pas toujours le même. Le recru- Certaines universités participent à la formation suffisances observées en quantité et qualité en
tement et la formation en contexte de théorique et pratique des enseignants en fonction enseignants. 63
crise ou d’urgence peuvent affecter la et qui ont peu ou pas de compétences en enseigne-
pratique pédagogique dès le départ. ment ; par exemple, Massinde Muliro Université des
sciences et technologies assure la formation des
Ceci est d’autant plus vrai que les per-
enseignants du camp de réfugiés de Kakuma.
formances aussi bien des élèves que
des enseignants sont dénoncées. Le
dispositif construit est intéressant, car Recrutement/affectation « sortie » des stagiaires
il permet de renforcer à la fois les ca- (contractualisation, titularisation, régionalisation…)
pacités professionnelles et celles sur
Principaux constats Éléments d’appréciation
les disciplines dans un tandem univer-
sité-faculté d’éducation. Mais les for- Il existe deux profils en matière de recrutement : Le recrutement n’est pas toujours garanti, même
mateurs d’enseignants ne disposent enseignants fonctionnaires et enseignants contrac- pour le futur enseignant sorti d’un stage de forma-
pas des compétences suffisantes pour tuels ; à leur sortie, les stagiaires ne sont pas tion ; il a cependant la possibilité de se faire recruter
nécessairement recrutés dans les établissements en tant que contractuel par les communautés qui,
l’encadrement pratique des stagiaires. scolaires, notamment dans le primaire. habituellement, ont recours aux enseignants non
qualifiés.
Évaluation et certification
(modalités…) Gestion et statuts des étudiants (bourses, internats…)
Présentation Principaux constats Éléments d’appréciation
L’admission à des programmes de for-
Le Kenya compte environ 440 000 étudiants, dont Un mécanisme de gestion des bourses est instauré
mation aux enseignants — et à d’autres 367 000 dans 22 universités publiques et leurs 9 col- pour les étudiants. Ce mécanisme renforce la gratui-
cursus dans les établissements d’en- lèges universitaires, notamment dans les universités té de l’école dans le primaire et le secondaire.
seignement supérieur — dépend en « historiques » installées dans ou à proximité des
grande partie des résultats obtenus au grandes villes : University of Nairobi, Moi Univer-
sity, Kenyatta University, Ergerton University, Jomo
certificat d’enseignement secondaire Kenyatta University of agriculture and technology,
du Kenya (KCSE). C’est un examen Maseno University, Masindo Muliro University of
national organisé par le Conseil natio- sciences and technology.
nal des examens du Kenya (KNEC). Le C’est le Bureau des prêts de l’enseignement supé-
Kenya Universities and College Central rieur qui accorde des bourses (frais d’inscription,
logement universitaire) ou des prêts aux étudiants
Placement Service (KUCCPS) est l’or- ayant obtenu B et plus à l’examen national du KCSE
gane qui assure le placement des can- (ministère de l’Europe et des Affaires étrangères,
didats dans les universités et écoles France diplomatique, mai 2014).
supérieures publiques sur la base
des résultats obtenus au KCSE. Pour
Structuration de la formation (polyvalence, réseau…)
Principaux constats Éléments d’appréciation
La formation des enseignants porte sur les matières de l’éducation La formation apparaît comme présentielle autour du
et deux autres matières de spécialisation. Ces deux matières pôle de l’éducation et de deux pôles de spécialisation
offrent des contenus diversifiés (anglais, kiswahili, langues étran- (sciences et arts).
gères, mathématiques…). Ces deux spécialisations de facultés
différentes sont nécessaires pour la formation. La formation
est présentielle. Certaines universités dans la filière Sciences de
l’éducation offrent un programme de formation qualifiante des
enseignants du primaire et du secondaire avec un enseignement à
distance (ministère des Affaires étrangères et du Développement
international France 2014).
Il existe un accompagnement des débutants. De futurs enseignants En dépit de l’existence du dispositif d’accompagne-
trouvent en place d’anciens enseignants censés les accompagner ment, de futurs enseignants estiment qu’il y a un
dans le métier. Pour les enseignants recrutés en situation d’ur- manque de soutien et d’encadrement de la part du
gence (camp de réfugiés), un programme d’accompagnement est personnel enseignant, qui les considère comme des
instauré en leur faveur : cours théoriques, kits de formation, tuto- « acteurs de passage » (Owino-Pelini, 2012).
rat entre enseignants (Menderhalt et coll., 2018).
La formation académique et la formation professionnelle de Une alternance existe entre théorie et pratique au
l’enseignant sont en parallèle. Des contrôles continus sous forme niveau du dispositif. Ce dispositif ne semble pas mettre
de dossiers de stages constituent des éléments de la formation. suffisamment l’accent sur les compétences à acquérir
Le stagiaire suit des cours. Enfin, l’accent est mis sur la pratique de et à développer par l’enseignant dans les classes
l’enseignement.
64
Le dispositif de formation du futur enseignant inscrit dans une Ce cursus décrit un ensemble de capacités à acquérir
faculté d’éducation prévoit des unités d’enseignement obligatoires par le futur enseignant. Les évaluations par le minis-
en sciences de l’éducation, puis des unités d’enseignement dans tère de l’Éducation du Kenya relèvent que ce dispositif
les matières de spécialisation A et B. Le suivi des trois quarts des met plus l’accent sur la qualification que sur les compé-
cours par le stagiaire indique la présence d’un soutien : les conte- tences (Kandagar, 2018).
nus des matières A et B sont diversifiés (anglais, kiswahili, langues
étrangères, français, allemand, mathématiques, sciences sociales,
sciences pures).
Les universités fonctionnent selon le système LMD. Des recherches La recherche et l’innovation sont en œuvre, et les
sont conduites dans le domaine de l’enseignement : il s’agit, par résultats sont expérimentés dans des établissements
exemple, de l’intégration des logiciels éducatifs dans l’enseigne- scolaires en vue de renforcer les capacités des futurs
ment des sciences (Ngunu Hungu, 2012). Les enseignants stagiaires enseignants. Pour répondre aux problèmes de cou-
du primaire en troisième année du programme Bed (primaire) pures d’électricité, de connexion Internet, les classes
utilisent, à l’Université d’Egerton, le matériel pédagogique TESSA, le- numériques, depuis 2019, sont développées.
quel offre une banque de ressources éducatives libres. Ce matériel,
en provenance de neuf pays africains, soutient les méthodes d’ap-
prentissage actives et la pédagogie réflexive. Il est aussi proposé
un apprentissage au secondaire de la composante orale à travers
« parlons français ». Cette méthode FLE (français langue étrangère)
est élaborée au Kenya à partir de l’approche communicative (Jao,
2011). Autre innovation, l’importance prise par les écoles mobiles
ou numériques. Par exemple, à l’école Lighthouse Grace de Kawan-
gware (un bidonville de Nairobi), les écoliers utilisent les tablettes
numériques du « kio kit » développées par la société kenyane BRCK
et destinées aux milieux scolaires.
Chapitre 5 ÉTAT DE LA SITUATION
À MADAGASCAR
CADRES POLITIQUES ET FRAM et une répartition, pour le solde, du primaire ; 4 CRINFP se consacrent
STRATÉGIQUES DE LA entre fonctionnaires et contractuels, à la formation des enseignants du col-
ces derniers étant appelés à se déve- lège ; 6 CRINFP se consacrent à la for-
PROFESSIONNALISATION lopper pour limiter l’impact budgétaire mation des conseillers pédagogiques.
ENSEIGNANTE des fonctionnaires. Pour les enseignants des lycées, la
formation initiale relève de l’ENS (sous
Cette perspective pose ici un cadre
Une (brève) vision de la tutelle du ministère de l’Enseignement
clair : une majorité de nouveaux en-
politique enseignante supérieur) au nombre de quatre (An-
seignants n’est pas appelée dans les
tananarivo, Fianarantsoa, Antsiranana
Présentation 10 prochaines années à passer par un
et Toliary). Les établissements privés,
dispositif de FI pluriannuel (CRINFP ou
En 2018, en accompagnement de la notamment confessionnels, disposent,
ENS) pour entrer dans le métier.
définition du PSE, l’État s’est doté, pour quant à eux, de leur propre dispositif
la première fois, d’un schéma directeur Plus encore, la formation des person- de formation initiale de leurs ensei-
pour le développement de la profes- nels est appelée à prendre appui : gnants. Les universités forment égale-
sionnalisation enseignante (Éducation ment, mais de manière très marginale
nationale, enseignement supérieur et
• sur la valorisation de la pratique de
classe (en assurant des recrutés/ sur le plan des effectifs, de futurs pos-
formation professionnelle). Face à un tulants aux postes d’enseignants.
formateurs qui soient capables de
constat fort et clairement énoncé (ina-
montrer le « comment faire ») ; Commentaires et analyses
daptation aux trois niveaux de forma-
tion des compétences et des connais-
• sur les logiques de responsabilisa- Les modalités de formation initiale
tion des DREN (responsabilité et pla-
sances des personnels ne permettant des enseignants ont évolué au gré
pas l’employabilité des sortants), le nification)
des changements politiques davan-
MEN, le MESR et le MEFTP entendent tage qu’elles n’ont été guidées par des
ainsi, plus particulièrement : Historicité de la FI résultats d’évaluation. Concernant la
(éléments principaux,
• recruter et qualifier tous les ensei- points de crispation…) et
formation initiale des enseignants du
65
gnants nécessaires, en fonction des primaire et du collège, la mutation
besoins constatés ; contextualisation (diversité des anciennes écoles normales de ni-
• assurer une voie de carrière à tous des institutions…) veau 1 et 2 dans les années 1990 dis-
les personnels ; séminées sur tout le territoire national
Présentation
et bénéficiant d’une relative autono-
• développer une logique de moyens À la fin des années 1970 (1979), la mie, en une seule institution nationale,
(équipements et salaires) adaptée formation initiale des enseignants se mobilisante et déconcentrée (INFP/
aux enjeux de la réussite ; déroule dans les écoles normales de CRINFP), n’a pas nécessairement géné-
• organiser une logique de redevabili- niveau 1 pour les enseignants du pri- ré dynamisme et engagements profes-
té des acteurs (quant à leur perfor- maire, dans les Écoles normales de sionnels de qualité, à l’échelle de tout
mance) ; niveau 2 pour les collèges, et dans le pays. Il existe, aujourd’hui, une diver-
• améliorer la gouvernance des struc- les écoles normales du niveau 3 pour sité d’institutions de formation initiale,
tures. les lycées. À l’issue des formations, dont, nous le verrons plus tard, les
Pour l’Éducation nationale, cet impo- les élèves-maîtres recrutés sont fonc- modes d’organisation et de gestion ne
sant programme ambitionne donc un tionnaires. Ces écoles normales bé- favorisent pas les partenariats (mutua-
recrutement avoisinant les 20 000 en- néficient d’une grande autonomie lisation des ressources, cohérence des
seignants par an (pour le développe- d’organisation et de gestion. Cette parcours…). Par ailleurs, les différentes
ment de l’enseignement de base), avec organisation va perdurer jusque dans
crises politiques, institutionnelles et
une capacité annuelle d’accueil assez les années 1990, et sera réformée à
financières dans le pays ont altéré
limitée. Ce cadre restreint va donc li- plusieurs reprises, au gré des man-
le fonctionnement des dispositifs de
miter l’entrée dans le métier par la dats politiques dans les années 2000.
formation en ne leur permettant pas
voie de la formation initiale (ambition Aujourd’hui, pour les enseignants du
de mener à bien leur mission (sur les
fixée à long terme) et maintenir une primaire et du collège, la formation
plans quantitatifs et qualitatifs, voir les
perspective de recrutement des ensei- initiale relève de l’INFP (sous tutelle du
points ci-dessous).
gnants FRAM (enseignants non-fonc- ministère de l’Éducation nationale) et
tionnaires), même à moyen terme de ses centres régionaux (25). L’insti-
(2030). tut, après avoir fermé ses portes pen- Schémas structurels des
dant plusieurs années en raison des dispositifs de formation
Commentaires et analyses difficultés politiques et économiques
En 2018, la répartition des enseignants du pays, a rouvert ses portes en 2016 Présentation
du MEN pouvait être présentée ain- avec son réseau de CRINFP qui se spé- Globalement, la formation des ensei-
si : 13 % de fonctionnaires, 17,5 % de cialise dans des activités de formation gnants (primaire et secondaire) peut
contractuels et 65 % de FRAM. À l’hori- initiale : 15 CRINFP se consacrent ainsi être abordée en prenant en considéra-
zon 2030, il est ciblé 50 % d’enseignants à la formation initiale des enseignants tion cinq leviers :
• L’INFP et ses 25 centres régionaux et d’équipements réduit (une très tuation d’une école (publique) qui s’est
(CRINFP) qui prennent en charge la grande majorité de centres ne dis- paupérisée, le développement d’un
formation (FI et FC) du préscolaire ; pose que de trois à quatre salles de enseignement privé s’est accentué, as-
de l’élémentaire, du collégial (en par- classe) limitant ainsi les perspectives sumant, dans le primaire, près de 20 %
tie) et des conseillers pédagogiques ; de diversification/individualisation de la scolarité (avec des pointes à 30 %
des parcours ou toute forme de dé- ou 40 % dans les grandes villes et dans
• Les ENS (4) qui préparent aux fonc- doublement ; les secteurs aisés).
tions d’enseignant du secondaire
(collège et lycée, mais, de fait, princi- • toujours, par un budget de fonction-
nement réduit au strict nécessaire Commentaires et analyses
palement pour les lycées) ;
(en 2017, 5 000 EUR par an pour Comme pour le MEN, les processus fi-
• Les universités (5), qui, parfois, dé- faire fonctionner un centre pouvant nanciers de déconcentration des fonds
veloppent des cursus de formation de la FI constituent un problème non
accueillir 200 à 300 stagiaires).
(M1) au métier d’enseignant du pri- négligeable dans le développement
maire (ex. : management éducatif efficient de la formation. Comme évo-
Les cursus de formation, tant en
pour 15 places à l’Université d’Anta- qué, si les CRINFP ne reçoivent que
1re qu’en 2e année (enseignement de
nanarivo) ; base), sont très cloisonnés, à la fois 20 % des fonds annuels dédiés à la for-
• Les établissements privés, essen- dans l’ordonnancement de la forma- mation, il est bon de souligner que ces
tiellement confessionnels, qui pré- tion (l’intra-muros et la pratique/ob- derniers organisent 80 % de l’activité de
parent les futurs enseignants (une servation de classe), mais également formation (Audit, 2017). Il est d’ailleurs
centaine par an) de leurs propres dans l’organisation/coordination des aussi utile de souligner que les ENS ne
réseaux ; cours dans les centres (très accen- vivent pas de manière aussi tendue
• La formation à distance (aux diffé- tuée dans les CRINFP, moins dans les ce problème. Cette situation explique
rents niveaux professionnels). ENS). On retiendra, par exemple, qu’il aujourd’hui un questionnement et une
n’existe pas de projet d’établissement démarche sur une meilleure traçabilité
Globalement, les volumes de profes- de formation, situation due, en par- des fonds alloués aux services de base
sionnalisation peuvent être déclinés tie, au recrutement par « à coup » des (étude PETS, en cours).
ainsi : stagiaires (aucune régularité dans le
Il est également important de ponctuer
recrutement, jusqu’en 2018).
• pour l’INFP et son réseau, un poten- cette situation par un point spécifique :
tiel de 3 500 places (tous niveaux cette situation de pénurie financière se
confondus : EP ; EC ; CP et ENF) ré- Financement du système répercute de manière conséquente
partis entre les centres régionaux éducatif et formation sur les frais liés à la scolarité (cotisation
66 avec un pilotage central de l’INFP ; scolaire, dons en nourriture, achats de
Présentation
• pour les ENS (cinq établissements) fournitures et prise en charge des en-
entre 1 500 et 2 000 places. D’une manière globale, les gouverne- seignants communautaires). Ceux-ci,
ments, depuis plus de 10 ans, sous-in- portés par les parents, se sont accrus
vestissent le secteur de l’éducation : de manière importante durant la pé-
D’une manière générale, ces forma-
en moyenne 3,1 % de son PIB, contre riode 2009-2017, impactant les taux de
tions initiales se font en deux ans
3,7 % pour les pays en développe- scolarisation et abondant les abandons
(trois ans en ENS pour le CAPEN) avec
ment. Les dépenses générales du Gou- scolaires (1re cause du décrochage sco-
deux volets :
vernement sont ainsi passées de 25 % laire dans le primaire) (UNICEF, 2014).
• une partie « intra-muros », les cours, du budget en 2004, à 15 % en 2014. Ac- Si la situation tend à s’améliorer ces
dans les centres de formation ; tuellement, dans le cadre du PSE 2018- dernières années, le problème reste
• une partie « stages et recherches ». 2022, un minimum de 23 % a été pro- néanmoins tendu dans les secteurs ru-
mis par le Gouvernement. raux enclavés.
Complémentairement, et depuis Cette situation est, de plus, complexi-
quatre à cinq ans, la place de la for- fiée par la circulation des fonds alloués Les engagements/
mation/qualification des enseignants à l’éducation : au-delà de la transpa- transformations en cours
non-fonctionnaires (FRAM) (pour le pri- rence (contre l’opacité) qui persiste en-
maire) et/ou communautaires consti- core à certains niveaux, le centralisme Présentation
tue un volet important de l’activité de financier constitue également, près L’amélioration de la scolarisation, avec,
l’INFP et de ces centres régionaux. de 20 ans après le lancement effectif comme axe central, la qualité de celle-
des processus de décentralisation/ ci, constitue un élément prioritaire des
Commentaires et analyses
déconcentration (création des DREN), plans de démocratisation de l’école (du
Deux points de réflexion sont à mettre un frein aux bons engagements finan- MAP, en 2008 au PSE, en 2018) en ac-
en évidence : i) les capacités/conditions ciers. cordant une attention spécifique aux
d’accueil et de fonctionnement ; ii) la deux premiers cycles de l’enseigne-
fonctionnalité des plans de formation. Cette situation se vérifie également
ment primaire et à la professionnali-
(Audit, 2017) dans le transfert des
Au-delà des capacités d’accueil des sation des enseignants. Ainsi, l’un des
fonds reçus par l’INFP pour l’ensemble
quatre axes de l’actuel don du PME est
stagiaires – entre 100 et 200 places du dispositif de formation (INFP et son
centré sur le développement de la for-
annuelles, tous niveaux confondus réseau de 25 centres) : ces derniers ne
mation des enseignants, prenant no-
(primaire, collégial, conseiller pédago- reçoivent qu’une part réduite des en-
tamment appui sur le développement
gique, FRAM) par centre –, l’accueil des gagements de fonds dédiés à la forma-
des ressources humaines et le renfor-
stagiaires est bridé (pour l’INFP) : tion de leurs stagiaires (20 % en 2016).
cement institutionnel de l’INFP et de
• souvent, par un nombre de salles Parallèlement – et en écho – à cette si- son réseau.
Dans ce cadre, l’intervention des PTFs qu’ils soient titulaires du baccalauréat 1 000 en 2020 pour l’ENS. Les effectifs
(UNICEF, UNESCO, AFD, BM, DUE et et âgés de 21 à 30 ans. Cette double sont définis par les capacités d’accueil
JICA essentiellement) constitue un exigence doit garantir le niveau acadé- des établissements de formation et les
élément vital du bon développement mique des futurs maîtres, leur capaci- postes budgétaires, plus qu’ils ne le
scolaire. Ainsi, au cours des 10 der- té à s’adapter aux évolutions des pra- sont par les besoins du système.
nières années, les engagements de tiques enseignantes et leur volonté de
C’est donc, en moyenne, 1 500 étu-
l’UNICEF, de la BM, de l’AFD ou de la s’engager durablement dans une pro-
diants par an qui seront, après deux
DUE ont toujours placé la formation fession qui requiert une implication
ans de formation, affectés dans des
des personnels (FI et FC) au cœur de forte. Pour intégrer la formation initiale
écoles primaires et les collèges pu-
leurs financements, soit sous l’angle d’enseignant du primaire, la sélection
blics, alors que les prévisions (PSE)
structurel (construction et/ou réhabili- dans les CRINFP s’effectue par voie de
suggèrent que les besoins annuels en
tation des locaux par AFD, JICA et DUE concours en trois étapes : 1) la consti-
nouveaux enseignants sont estimés
plus particulièrement), soit sous l’angle tution d’un dossier de candidature ; 2)
autour de 20 000 annuellement, et
fonctionnel (amélioration qualitative une épreuve écrite (nationale) qui éva-
ce, jusqu’en 2022. Cette inadéquation
des dispositifs de formation). lue les connaissances académiques
entre nombre d’élèves-maîtres for-
des candidats dans les disciplines clés
Pour autant, notamment durant la més et besoins du système relève du
du primaire : les mathématiques, le
crise politique 2009-2013, la coordina- manque de postes budgétaires alloués
français et le malagasy ; 3) un entretien
tion des interventions des PTFs n’a pas à l’Éducation nationale et des faibles
oral qui apprécie leur motivation, leurs
toujours été au rendez-vous, accen- capacités physiques des centres de
capacités physiques et leurs capacités
tuant les problèmes de cohérence et formation.
d’expression. Au terme des épreuves
de cohésion de la professionnalisation
écrites et orales et après délibération Commentaires et analyses
enseignante.
du jury, les candidats admis sont ceux
Il ressort de cette présentation une
Commentaires et analyses qui ont obtenu les meilleurs résultats.
absence de préparation à l’exercice du
Les recrutements sont régionalisés.
Si la situation tend à s’améliorer avec métier. En dix ans, alors que le nombre
Un étudiant ne peut candidater que
la mise en place du PSE, les processus d’enseignants dans le système a quasi-
dans un CRINFP. En cas d’admission, il
de transformation scolaire – dont ceux ment doublé, rares sont ceux qui ont
y poursuivra sa formation et sera, par
de la formation – font débat au niveau reçu une formation préalablement à
la suite, affecté dans la même région.
de leurs impacts : les effets ne sont pas leur prise de fonction. On estime d’ail-
Pour intégrer l’ENS en grade de licence,
toujours (souvent ?) palpables. leurs qu’aujourd’hui, moins de 20 %
il faut également être titulaire du bac-
des enseignants du primaire et du
Plus encore, si l’on s’attarde sur la calauréat (série A pour les mentions
collège ont bénéficié d’une formation 67
question de la formation initiale des littéraires, et C et D pour les scien-
initiale préalablement à leur prise de
enseignants dans l’enseignement de tifiques). Le processus est sensible-
fonction. Par ailleurs, les formateurs
base, plusieurs études (UNICEF, 2013 ment identique pour les enseignants
des CRINFP et des ENS impliqués dans
et IPS, 2016) ont pointé un constat fâ- du primaire, la différence se situant
le processus de recrutement ont men-
cheux : le passage par une institution au niveau des disciplines d’admission
tionné que les candidats ont généra-
de formation (INFP) ne garantit pas un (scientifiques ou littéraires). Parmi
professionnalisme de meilleure quali- lement un faible niveau académique
les candidats, l’ENS réserve quelques
té au niveau des impacts scolaires. en français, en mathématiques et en
places pour des fonctionnaires (qui
culture générale. Les effectifs limités
souhaitent améliorer leur grade, et,
Si, bien évidemment, la longue période d’étudiants admis dans les dispositifs
sans doute, leurs compétences), qui
de crise connue par le pays explique de formation initiale se traduisent par
passent alors le même concours que
en partie cela, celle-ci n’explique pas une poursuite du recrutement d’en-
les autres.
tout : la gestion du changement est en seignants non qualifiés, subventionné
débat. Dans cette perspective, la mise Effectifs : entre 2010 et 2016, la for- par l’État ou par les communautés.
en place d’un fonds commun pour mation initiale des enseignants du
l’éducation est aujourd’hui en cours primaire n’a concerné que 3 824 ensei-
d’élaboration avec, là également, la gnants (tous formés en 2012, puisque Pilotage, gestion,
question de la professionnalisation l’INFP avait fermé ses portes en raison management et moyens
enseignante comme futur axe d’inter- de difficultés budgétaires). Depuis Présentation
vention. septembre 2016, la formation initiale
Au niveau de l’INFP :
est rétablie et mise en œuvre dans
ANALYSES PRINCIPALES : les CRINFP, mais ne concerne qu’un • Un pilotage central : un décret
nombre extrêmement limité de candi- (n° 2009-1139) fixe les orientations
PRINCIPAUX ÉLÉMENTS DE
dats (1 500 nouveaux entrants pour la de l’INFP, sous tutelle du ministère
FONCTIONNALITÉ formation primaire et collège tous les de l’Éducation nationale. Ce décret
deux ans). À noter qu’en 2017, faute de souffre d’un déficit de clarification
Gestion/définition des budget, aucun nouveau stagiaire n’a quant aux relations entre l’INFP et
recrutements « entrée » des été admis. En 2018, 1 859 nouveaux les autres directions du MEN et/ou
stagiaires stagiaires sont admis pour la formation avec d’autres partenaires éventuels.
initiale des enseignants du primaire à Dans la pratique, le fonctionnement
Présentation l’INFP, et 1 324 pour le collège à l’ENS. est très centralisé, et l’on constate
Entrée dans un dispositif de formation Les effectifs de nouveaux entrants un déficit très clair des missions,
initiale : en théorie, le MEN exige des sont de 2 000 en 2019 et 2 000 en 2020 attributions et modalités de fonc-
candidats à l’entrée dans les CRINFP pour l’INFP, et de 1 000 en 2019 et tionnement de chacune des enti-
tés (et des entités entre elles). Les et concernent essentiellement le do- augmentée en fonction des besoins
entités déconcentrées que sont les maine de la recherche (et peu celui qui résulteront des augmentations des
CRINFP se trouvent, dès lors, dans de la formation). Le partenariat avec effectifs d’élèves dans le secondaire et
une situation d’isolement, de fragi- les instances déconcentrées du MEN de l’évolution des enseignements.
lité institutionnelle et de précarité (DREN) est inexistant.
Relation INFP/ENS : à noter qu’aucun
fonctionnelle. L’INFP et les CRINFP • Moyens budgétaires : chaque ENS lien, structurel ou fonctionnel, n’existe
peinent à établir des partenariats en dispose d’un budget alloué par le mi- entre les différentes instances de for-
dehors des collaborations avec les nistère de l’Enseignement supérieur, mation. Cette absence de liens et de
PTFs dans le cadre de projets spéci- qui est principalement dédié aux coopération fonctionnelle empêche de
fiques et, plus inquiétant, il n’y a pas frais de fonctionnement des struc- préparer toute mutation profession-
de collaboration entre les différents tures. Pour accroître leur budget, nelle à plus long terme. La récente po-
instituts de formation (ENS, INFP, les universités imposent des frais litique enseignante (2018) incite pour-
université, secteur privé). d’inscription, parfois élevés, pesant tant les établissements de formation
• De faibles moyens budgétaires : alors sur les familles peu aisées (qui à davantage collaborer (l’ENS pourrait
comme évoqué, les budgets sont re- sont, cependant, rarement celles ainsi être mobilisée pour renforcer
lativement réduits et la faiblesse des dont les enfants atteignent ce niveau les compétences des formateurs des
transferts (MEN à l’INFP/CRINFP) ex- d’études). CRINFP).
plique, en grande partie, que la très • Infrastructures et capacités d’ac-
large majorité des activités mises en cueil : les infrastructures actuelles
place par le réseau INFP/CRINFP soit sont insuffisantes pour répondre Référentiels, programmes et
financée par l’aide extérieure. au basculement vers le LMD et à la curricula
• Des capacités d’accueil insuffisantes création de nouveaux parcours de
au regard des besoins : le PSE sug- Présentation
formation ainsi que l’augmentation
gère que les besoins en enseignants des effectifs. Certaines ENS arrivent La formation des enseignants bénéfi-
vont considérablement augmenter à saturation et doivent louer des cie aujourd’hui d’un cadre conceptuel
dans les cinq prochaines années, salles en extérieur. Si les ENS dis- qui assure les repères de base à son
alors même que l’INFP et les CRINFP posent du wifi, le débit insuffisant développement : un schéma directeur
ne sont pas en mesure de répondre rend la connexion lente et aléatoire. pluriannuel, un référentiel de compé-
au besoin actuel. Un récent inven- La documentation pédagogique tences et des plans de formation. Ces
taire des structures de formation date, quant à elle, des années 1970, éléments donnent une visibilité assez
suggère une insuffisance/inadap- et aucune politique de renouvelle- claire des perspectives de profession-
tation des équipements. Actuelle- ment n’est élaborée. nalisation avec une ambition tout aussi
68
ment, seuls cinq centres sont en clairement énoncée : « chaque partici-
mesure de proposer une connexion Commentaires et analyses pant sera un professionnel praticien
Internet, aucun centre ne dispose Au niveau de l’INFP : le choix d’une réflexif », capable d’accomplir les deux
d’un centre de documentation pé- organisation et d’un fonctionnement fonctions prioritaires dictées dans le
dagogique fonctionnelle et nourrie très centralisé, qui était sans doute « référentiel de compétences profes-
d’une documentation satisfaisante nécessaire pour relancer la formation sionnelles de l’enseignant : enseigne-
et peu de centres sont capables d’or- des enseignants, est devenu un frein ment et développement profession-
ganiser une formation différenciée au bon fonctionnement des établis- nel » (INFP, 2016).
(suivant les capacités des stagiaires, sements et à la qualité des presta-
Ces deux fonctions renvoient la forma-
par exemple) par manque de salles. tions fournies. Par ailleurs, il semble
tion à cinq compétences essentielles,
Les capacités physiques (conditions aujourd’hui nécessaire de repenser
dont la maîtrise des langues d’ensei-
d’accueil) et humaines (conditions les espaces de formation et de docu-
gnement (malagasy et français pour
d’encadrement – voir le point sur mentation, les équipements matériels
l’enseignement) et la gestion d’un éta-
les formateurs) apparaissent au- et les lieux de vie, afin d’instaurer de
blissement scolaire pour le développe-
jourd’hui encore, insuffisantes dans nouvelles pratiques de formation.
ment professionnel.
un très grand nombre de situations. Dans une majorité de situations, les
Cela rejaillit sur la qualité et la perti- conditions d’accueil et de formation Pour ce faire, la formation est organi-
nence des formations dispensées. ne sont pas en mesure d’offrir une vi- sée en deux (INFP) ou trois (ENS) ans,
Au niveau de l’ENS : sion motivante et réflexive du métier. en articulant modules (ex. : 20 mo-
Même si des efforts ont été fournis dules pour le primaire, dont un sur
• Pilotage : selon le décret n° 93.394 ces dernières années (principalement le préscolaire), évaluation somma-
du 20 juillet 1993 du ministre des avec l’appui de PTF), il n’existe pas de tive (notamment en fin de 1re année),
Universités (sous tutelle du minis-
plan d’ensemble de remise à niveau stages et évaluation certificative en fin
tère de l’Enseignement supérieur),
du cadre bâti et, plus globalement, des de formation. Ce schéma directeur se
quatre écoles normales supérieures
infrastructures. Ceci nuit à la crédibilité retrouve, peu ou prou, tant au niveau
sont instituées au sein des Univer-
de l’institution scolaire dans son en- du primaire que du secondaire.
sités d’Antananarivo, d’Antsiranana,
semble et pas seulement aux capaci-
de Fianarantsoa et le Toliary, qui Ainsi, au niveau primaire, les
tés de formation. Concernant les bud-
ont pour mission la formation ini- 2 509 heures de modules (réparties en
gets, il semble important, aujourd’hui,
tiale des enseignants du secondaire. quatre semestres) renvoient vers des
de favoriser le transfert des fonds aux
L’ENS, comme tous les établisse- formations diverses et variées : de la
entités déconcentrées.
ments de l’université, est autonome. réduction des risques et catastrophes
Des partenariats ont été engagés Au niveau de l’ENS : la capacité d’ac- (plus faible volume avec 12 heures) à
avec des PTFs, mais ils restent limités cueil des ENS devra également être la psychopédagogie (plus fort volume
avec 231 heures) en passant par la di- gnants se doit d’être influencée par cursus antérieurs, certains ayant
dactique du malagasy (190 heures), la « les méthodes actives centrées sur déjà enseigné, par exemple) ;
didactique des connaissances usuelles l’apprenant… en prenant appui sur • de même, l’absence, quasi générale,
(189 heures), le perfectionnement lin- l’alternance théorie-pratique qui doit de partenariats dans la formation
guistique en français (224 heures) ou demeurer la composante forte du tant au niveau institutionnel, profes-
en anglais (94 heures). processus de formation, les échanges sionnel que culturel ;
Cette formation intra-muros est ponc-
de pratiques, les analyses profession- • enfin, comme évoqué, la question
nelles réflexives et les régulations » des moyens pédagogiques dispo-
tuée de stages (en établissements
(INFP, 2016). nibles (centre de documentation,
scolaires) à l’engagement gradué : en
immersion (55 heures, 10 jours), sous Ce discours, parfaitement ciselé, se re- TICE et Internet, audio-visuel sont
tutelle (220 heures, 40 jours), en res- trouve également parfaitement abor- des atouts rarement observables
ponsabilité (165 heures, 30 jours). dé dans ses perspectives de mise en dans les CRINFP) rend, aujourd’hui,
œuvre dans les différents plans de for- souvent obsolète toute perspective
Ce schéma directeur national laisse, de modernisation/innovation du
mation déclinant les méthodes de tra-
dans les textes, la place à des perspec- processus de formation.
vail attendues (brainstorming, travail
tives de modulation et de flexibilité au
de groupe, jeu de simulation…) pour la
niveau régional (par CRINFP). Formateurs et formations
bonne gestion des différents modules.
Commentaires et analyses Pour autant, le rapport au métier (en Présentation
Le cadre de travail pour l’enseigne- ce qui concerne la FI du primaire), dans L’audit de l’INFP, en 2017, a souligné
ment de base, complet et construit ces mêmes plans, se trouve essentiel- la question des formateurs, dans ses
de manière participative avec l’INFP lement (exclusivement) appréhen- différents aspects, comme un élément
(appui UNICEF), souffre néanmoins de dable au travers des différents stages important, voire décisif, du bon déve-
lacunes dans sa mise en œuvre. L’ana- (immersion, tutelle et responsabilité) loppement de l’institution.
lyse locale des situations (Audit, 2017) les centres de formation ne disposant
pas (encore) d’un réseau de classes À cette date, l’INFP et son réseau de
a pu souligner, en effet, que le plan de
centres régionaux disposaient d’un
formation pâtissait d’une rigidité cer- d’observation ou d’accueil à proximité
vivier de près de 900 personnes, dont
taine dans sa mise en œuvre. Plusieurs des CRINFP. On notera, de plus, que si
près de 250 pour le seul INFP, avec
lacunes sont apparues : les stages d’immersion et de tutelle ré-
(seulement) une quarantaine de for-
pondent aux critères habituels de fonc-
• une organisation des emplois du tionnement (observation d’une classe
mateurs. Les 25 CRINFP disposaient
temps dans les centres qui subis- de leur côté de 340 formateurs (soit
d’une part, et prise en charge d’une ou
sait, trop souvent, un effet « mille une moyenne de 13 formateurs par 69
deux séances de cours d’autre part), le
feuilles » (succession de couches de centre).
stage en responsabilité n’est, lui, que
formations sans liens les unes avec partiellement responsabilisant, les en- Mais surtout, en entrant dans le détail
les autres) ; seignants de la classe d’affectation de- de cette situation, plusieurs caractéris-
• une absence de diversification des meurant dans la classe pendant tout le tiques émergent :
parcours en fonction des compé- stage.
tences antérieures (ex. : quel que • un corpus de formateurs vieillissant ;
soit le niveau ou la discipline sco- Commentaires et analyses • un fort pourcentage de formateurs
laire acquis, les parcours sont iden- La déclinaison du modèle de forma- issus de formation supérieure (plus
tiques) ; tion postulé, somme toute de manière de 40 % avec bac + 3), mais sans
• une rigidité outrancière de la forme satisfaisante, ne résiste guère à une expérience d’enseignement (no-
d’enseignement où le cours magis- observation des pratiques de forma- tamment pour l’enseignement pri-
tral est l’élément majeur (pour ne maire) ;
tion réellement mises en place (Audit,
pas dire unique) de la formation 2017) dans les centres. Si une multi- • une gestion particulière des services
(alors même qu’un module de dé- tude de raisons l’expliquent (cf. plus (discipline de formation souvent
veloppement des méthodes actives, bas), plusieurs points de rupture sont sans lien avec les contenus à dispen-
préalable à la mise en place du cur- à mettre en évidence : ser…)
sus, est préconisé).
L’approche pour le secondaire (ly-
• en premier lieu, la confusion dans Enfin, la question du management
la conceptualisation de l’articulation pose également question : par leur
cée) est sensiblement différente,
théorique/pratique qui ne peut être profil, leur recrutement, leur ancien-
puisqu’elle s’inscrit dans la logique du
stimulante (dès lors que les condi- neté dans la fonction (en moyenne
LMD en articulation étroite avec une
tions de sa mise en œuvre seraient 2,5 ans), leur statut (aucun statut ou
université de tutelle. À ce titre, la place
réunies) que par le développement reconnaissance salariale ou profes-
de la recherche y est plus forte.
du triptyque pratique/théorie/pra- sionnelle), les chefs d’établissement
tique, seul garant du développe- constituent des acteurs marginalisés.
Modèle, méthodes et ment d’un enseignant réflexif ;
démarches pédagogiques/ • de plus, la place et le rôle des sta- Commentaires et analyses
didactiques giaires dans le processus de forma- La question des formateurs constitue
tion sont assez clairs : ils ne sont sans nul doute la pierre angulaire de
Présentation que rarement mis en situation d’être la qualité de la formation. Les constats
Comme évoqué dans les plans de acteurs de leur formation (pas de sont relevés depuis plusieurs années.
formation (primaire et collège) de choix à effectuer dans les différents Au-delà des caractéristiques, précé-
2016, la formation initiale des ensei- modules proposés, au regard de ses demment soulignées, il importe de
mettre en évidence l’absence de po- Évaluation et certification • au terme de la 1re année conditionne
lyvalence des équipes. Ainsi, très peu des formations le passage en 2e année ;
d’acteurs du terrain (enseignants et, à • au terme de la formation condi-
un degré moindre, conseillers pédago- Présentation
tionne la certification du stagiaire et
giques) interviennent de fait dans les L’évaluation des stagiaires, tant pour le
son aptitude à prendre une classe
cursus intra-muros. primaire que pour le collégial, repose
(voire à diriger un établissement
sur un double processus :
Plus encore, on retiendra également pour le primaire).
que : • une évaluation de la formation in- Commentaires et analyses
tra-muros organisée tout ou long de
• les formateurs sont, pour l’essentiel, la formation via un contrôle continu
Le processus d’évaluation/certification
des fonctionnaires à temps plein tel que constaté au niveau primaire et
de tous les modules ;
(très peu de contractuels ou de vaca- collégial pose un double débat :
taires) ; • une évaluation du stage en respon-
sabilité reposant sur : • celui de la place du référentiel de
• le statut de formateurs n’existe pas, compétences attendues comme
et moins encore un concours de re- - l’appréciation de quatre séances
de classe dans quatre disciplines outil d’évaluation des stagiaires (de
crutement (sur validation de compé- fait, on évalue des cours et des pro-
tences), ceci étant réalisé sur la base différentes,
- un rapport de stage, ductions plus que des compétences
d’une lettre de motivation ; acquises) ;
- la présentation d’un matériel di-
• les chefs de centre ou directeurs, dactique (conçu, fabriqué et expé- • celui de la légitimité de l’évaluation
sans aucun statut également, ne certificative. Il faut comprendre, ici,
rimenté par le stagiaire),
sont pas en situation de manager que les instances de formation, à
- la présentation d’un mini-mé-
efficacement leurs équipes. Madagascar, jouent une quadruple
moire.
Chacune des appréciations formulées fonction (elles recrutent, elles for-
débouche sur une note (fondée sur ment, elles évaluent et elles certi-
des critères), qui elle-même sert à dé- fient), qui met à distance la dialec-
terminer une moyenne qui : tique formation/employabilité.
L’État malgache dispose à ses côtés d’une constellation importante de disposi- Certes de qualités différentes, ces instances constituent un atout pour l’avenir
tifs de formation, épaulés depuis plusieurs années par les PTFs. Pour autant, la sur lequel devra se greffer, au moins à moyen terme, une gestion intégrée des
coordination (voire la concertation) entre ces derniers reste embryonnaire, après cohortes d’enseignants non-fonctionnaires.
la définition d’une politique enseignante nationale.
De fait, le (plus grand) dénominateur commun demeure le référentiel de compé-
tences.
En théorie, les sortants du cycle de formation initiale de l’INFP sont systématiquement recrutés par le MEN (en tant Le lien entre la formation initiale et l’intégra-
que contractuels pour une durée de six ans, puis comme fonctionnaires) et affectés dans leur région de formation, tion dans la fonction publique à l’INFP mérite
dans les établissements publics où des postes sont vacants. En pratique, cette intégration dans la fonction publique d’être repensé : aujourd’hui, l’achèvement de la
n’a pas toujours été effective (elle l’est de nouveau pour l’INFP depuis 2016). Jusqu’à une date très récente, les formation permet de devenir immédiatement
sortants des CRINFP étaient affectés davantage selon leur souhait que selon les besoins du système. Un plan de fonctionnaire ; cela interdit de dispenser une
déploiement des enseignants, validés en 2018 par le MEN, précise que les sortants des CRINFP seront désormais formation initiale complète à des enseignants
affectés vers des zones déficitaires en enseignants qualifiés (autrement dit, dans les zones rurales éloignées). contractuels qui n’ont pas vocation à être inté-
Pour les ENS, les recrutements ne sont pas régionalisés, mais s’organisent au niveau national, selon les demandes grés, en tout cas rapidement, dans la fonction
et les postes disponibles. Le recrutement au sein de la fonction publique pour les sortants de l’ENS n’est pas sys- publique, même si on leur confie des respon-
tématique et dépend largement des postes disponibles. Initialement, les sortants de l’ENS étaient recrutés d’office sabilités tout à fait comparables à celles des
contre l’engagement à servir 10 ans dans la fonction publique. Avec le basculement en LMD, l’ENS, de son côté, enseignants fonctionnaires.
essaie d’élargir des opportunités d’insertion de leurs étudiants dans d’autres domaines professionnels que ceux de
l’enseignement (coopération internationale). Mais l’association des anciens élèves suggère que rares sont les sor-
tants de l’ENS sans emploi. La majorité des sortants a été recrutée dans le corps des fonctionnaires après quelques
années en tant qu’enseignants FRAM.
Les sortants d’universités n’ont, quant à eux, aucune garantie de poste en tant qu’enseignants.
Gestion et statuts des étudiants (bourses, internats…)
Principaux constats Éléments d’appréciation
Pour l’INFP, si des bourses et des internats existaient Cette absence de bourses à l’INFP n’est pas sans
dans les années 1990, ce n’est plus le cas aujourd’hui conséquence sur le profil et les parcours des can-
(disparition des bourses et internats obsolètes). didats. En effet, certains candidats renoncent aux
concours, et d’autres abandonnent pour raisons
L’ENS dispose d’internats, mais ces derniers sont financières après quelques mois de formation.
parfois réquisitionnés pour les fonctionnaires, et les
étudiants doivent trouver d’autres solutions d’héber-
gement. Tous les étudiants sont boursiers, excep-
tion faite des redoublants, mais le montant de cette
bourse (entre 8 et 10 EUR par mois) est dérisoire.
Si la quasi-totalité des formations (tant au niveau La formation des enseignants du secondaire (CAPEN
de l’INFP que des ENS) dispose, dans les textes, pour les lycées) développe une démarche plus
des différents ingrédients nécessaires à la prépa- soucieuse d’alternance, situation due en partie au
ration d’un enseignant réflexif, dans les faits, cette positionnement institutionnel des ENS (une école
approche demeure, le plus souvent, une illusion… supérieure de son université de tutelle).
d’optique. Ceci est pratiquement une évidence, dès
lors que l’on regarde le mémoire professionnel des Cette approche fait cruellement défaut à l’INFP.
futurs enseignants du primaire (intitulé d’ailleurs
« mini-mémoire »).
Pour des raisons par ailleurs formulées, l’approche Hésitante pendant plus de 15 ans, la formation des
de la formation initiale dans l’enseignement de base enseignants de l’EB (et, au-delà, son recrutement)
est quelque peu monolithique : chacun suit le même paie encore aujourd’hui son approche conceptuelle
chemin avec les mêmes objectifs, pour, sans doute, (quelle formation pour quel enseignant ?).
les mêmes intentions.
La définition d’une politique enseignante (re)
Si la logique de redevabilité/responsabilité émerge structurée constitue une première balise pour ce
désormais parmi les exigences professionnelles renouveau.
chez un enseignant, il est difficile de concevoir que
cette approche puisse y contribuer. Complémentairement, la (re)mise à plat d’une
nouvelle définition d’enseignants semi-spécialisés
Là, également, le constat est plus nuancé dans les pourrait constituer un élément complémentaire à
ENS, où l’inscription des filières (5), dans l’approche ce renouveau.
LMD (certes très perfectible), ouvre plus de perspec-
tives de formation et de carrière.
Si les textes réglementaires régissant les objectifs de Une culture professionnelle d’innovation et de
travail de l’INFP et des CRINFP prévoient le dévelop- recherche en éducation n’est donc pas présente.
pement de pistes de travail autour de l’innovation,
ces questions sont traitées de manière marginale
et, qui plus est, le plus souvent, à l’initiative de PTFs
72 ou d’ONGs.
L’État malien dispose d’institutions de formation responsables de la formation initiale qui ont assez peu béné- C’est surtout la coordination entre les différents
ficié de l’appui des PTFs. Toutefois, ces derniers se tournent aujourd’hui de plus en plus vers les IFM et l’ENSup acteurs et structures, liés à la formation/gestion des
autour, notamment, du curriculum de l’enseignement normal. enseignants, qui doit faire aujourd’hui l’objet d’une
attention particulière.
Le recrutement des enseignants est sous la responsabilité de la direction centrale pour les fonctionnaires des La politique de décentralisation/déconcentration a
collectivités territoriales, de la DRH pour les fonctionnaires de l’État en service, et des collectivités territoriales conduit le Mali à privilégier un modèle décentralisé/
pour les contractuels. déconcentré de recrutement et d’allocation du
Qui est réellement en poste à l’issue de la formation ? La gestion des enseignants montre de fortes incohé- personnel enseignant. Dans la pratique, on constate
rences entre : i) les besoins exprimés (par les académies) ; ii) la formation initiale (par les IFM) et iii) le recrute- des conflits de compétences et des confusions dans
ment effectif (par les collectivités territoriales principalement). Par exemple, en 2016, l’académie de Sikasso a les rôles et responsabilités des différents acteurs.
estimé son besoin à 1 174 enseignants, l’IFM en a certifié 73 et la collectivité territoriale en a recruté 20. Autre Par ailleurs, l’absence de collaboration étroite entre
exemple : la comparaison des données entre les sortants diplômés des IFM et les enseignants recrutés dans ces interlocuteurs (notamment entre collectivités
les collectivités territoriales suggère, pour l’année 2018, un déséquilibre inquiétant. Ainsi, en 2018, 1 156 élèves- territoriales d’une part et les directions/services dé-
maîtres sortent certifiés « généralistes » des IFM. Cette année-là, les CT ont ouvert 235 postes de généralistes. La concentrés du MEN, comme les académies d’autre
situation est même plus complexe. Ayant organisé le concours de recrutement au sein de la fonction publique part) ne permet pas une gestion apaisée du système
avant la fin du cursus (et donc de la certification dans les IFM), les élèves-maîtres sortants en 2018 n’ont pas et conduit à des situations de fortes tensions.
pu se présenter au concours. Si l’on suppose que le secteur privé recrute massivement les sortants des IFM, se
pose alors la question du financement, par l’État, de la formation des enseignants du privé. Les données sur
l’intégration dans le privé ne sont pas disponibles au niveau MEN. Cette situation semble particulière pour l’an-
née 2018. La situation était moins inquiétante les années précédentes (1 087 recrutés par les CT pour 1 404 sor-
tants d’IFM en 2017), voire inversée avant 2016 (2 035 recrutés par les CT en 2015 pour 1 087 sortants d’IFM).
À l’ENSup : les étudiants sortent de l’ENSup (licence ou master) et empruntent le même parcours que les 79
sortants des IFM. Ils accèdent à la fonction de professeurs d’enseignement secondaire par voie de concours
organisés par les CT. Bien que le besoin exprimé dans le modèle de simulation soit de 138, les CT ont recruté,
en 2019-2020, 189 professeurs d’enseignement secondaire.
À l’IFM : disposer d’une bourse d’études semble aujourd’hui être un déterminant principal et à court terme La revue sectorielle de 2015 a constaté que les
d’une partie des choix professionnels (même si cette bourse est disponible avec plusieurs mois de retard). L’État bacheliers candidats à la formation dans les IFM
dépense annuellement 314 000 francs CFA par élève-maître en bourse scolaire. s’inscrivent également à l’université pour pouvoir
bénéficier de deux bourses.
À l’ENSup : les étudiants de l’ENS perçoivent la même bourse qu’à l’IFM. Cependant, les professionnels (no-
tamment les fonctionnaires, souvent des enseignants du fondamental) qui suivent la formation à l’ENS main-
tiennent leur salaire pendant la durée de la formation.
La formation des enseignants fait émerger, dans sa définition, un dispositif construit et cohérent. Pour autant, La mise en forme d’un réseau de formations et de
l’examen des faits (les réalités de mise en œuvre) est plus problématique tant il fait émerger des difficultés, formateurs est aujourd’hui absente des débats
aussi bien méthodologiques que structurelles et financières. Il n’y a, par ailleurs, aucun lien entre les dispositifs professionnels.
de formation initiale et continue.
Pour les sortants d’IFM, l’entrée dans le métier se fait sans véritable appui, et l’action des CAP est peu efficace La faible collaboration entre les différentes entités
en termes d’accompagnement des nouveaux enseignants dans le métier, d’autant que les personnels des CAP impliquées dans la question enseignante ne permet
maîtrisent peu (voire pas) le curriculum de l’enseignement fondamental et de l’enseignement normal. Même pas d’accompagner les nouveaux entrants dans de
constat pour les sortants de l’ENS, dont le personnel d’accompagnement ou d’encadrement n’a pas la maîtrise bonnes conditions.
de l’APC.
Alternance des dispositifs de formation (stage : cours,
mémoire, VAE…)
Principaux constats Éléments d’appréciation
Les IFM reconnaissent avoir « perdu » la main sur les Le dispositif institutionnel, tel que construit actuelle-
stages en responsabilité. Leurs élèves sont placés ment (forte déconcentration/décentralisation sans
dans les écoles par les CAPs/AE (l’IFM n’est pas étroite collaboration entre les entités, alors que les
toujours averti de l’école dans laquelle ses élèves- textes le prévoient), rend le dispositif d’alternance
maîtres effectuent le stage… quand ce dernier n’est sans doute inefficace pour assurer la réflexivité de
pas envoyé dans une autre académie… interdisant, l’élève-maître.
dès lors, tout encadrement par leur tuteur désigné
au sein de l’IFM). Les directeurs de CAP ont tendance
à se servir des stagiaires pour résorber les déficits
de personnels dans leur circonscription (parce
que les CT n’ont pas assez recruté, par exemple).
Dans les écoles nouvellement créées, il arrive qu’on
trouve des stagiaires d’IFM occupant des postes de
directeurs.
L’approche de la formation initiale, malgré les deux La définition d’une politique enseignante constitue
filières (DEF et bac), reste dans l’ensemble assez une première balise pour ce renouveau.
monolithique, n’encourageant pas les aspects de
redevabilité des enseignants.
80
Le constat est sans doute plus nuancé à l’ENS, où
l’inscription des filières (perfectible) ouvre plus de
perspectives de formation et de carrière.
Les textes réglementaires incitent les institutions de La culture professionnelle d’innovation et de re-
formation à mener des travaux autour de la re- cherche en éducation est absente des dispositifs de
cherche, de l’innovation : ces questions restent trai- formation maliens.
tées de manière marginale, en raison du manque de
moyens humains et financiers, notamment. Le système LMD n’est pas encore efficient.
Les humanités pédagogiques sont des sections ouvertes au sein des établissements d’enseignement secon- Les dispositifs de formation existent et forment de
daire recevant les élèves ayant complété leur cycle d’éducation de base. Elles ont un curriculum spécifique, grands effectifs, ce qui est un atout. Ils consistent en
mais forment aussi pour l’accès à l’enseignement supérieur et universitaire, comme les sections générales. 4/5 établissements en convention avec des confes-
Les enseignants du secondaire sont formés dans des institutions de l’enseignement supérieur. Les établisse- sions religieuses, auxquels l’État apporte des res-
ments publics et privés sont régis par les mêmes dispositions, mais ne sont pas en réseau. Il est prévu, dans sources sans pour autant avoir un véritable contrôle.
le cadre de la SSEF, qu’en 2025, toutes les écoles feront partie d’un réseau de proximité.
L’engagement dans la fonction, dans le public comme dans le privé, nécessite une vacance de poste ou la Le dispositif est confronté à un paradoxe : de gros
création d’un poste, et les effectifs des HP ne reflètent pas directement une planification prenant en compte effectifs de sortants des HP poursuivent des études
la population scolarisable ou l’attrition des personnels. Il se fait dans le vivier des sortants des HP, des insti- universitaires au détriment de l’enseignement, et des
tutions pédagogiques et même des filières générales, ces sortants devant suivre un an de formation péda- étudiants non formés sont recrutés pour enseigner
gogique. Des recrutements d’enseignants sans formation se font. Les recrutements suivent davantage des en raison de l’insuffisance du vivier. La spécificité des
dynamiques locales, mais les allocations font ressortir d’importantes disparités entre établissements et entre HP est peu affirmée, dans la mesure où le curriculum
types de localités. La première année en activité est consacrée à un stage pédagogique. Les perspectives permet un passage naturel vers l’enseignement su-
d’évolution dans la carrière sont faibles, et le métier très peu attractif. périeur. Une planification des besoins de formation
d’enseignants sur de telles bases s’avère difficile.
Les HP sont des établissements secondaires, mais leurs élèves bénéficient de conditions d’études plus inté- Au regard des effectifs actuels et du dispositif des 87
ressantes que dans les sections générales. Les élèves-professeurs du secondaire sont soumis au régime du HP (continuité de fait entre l’éducation de base et
système universitaire comme les autres étudiants. Il est prévu, dans le cadre de la SSEF, qu’en 2025, 10 % des l’enseignement supérieur), le caractère spécifique
enseignants en formation reçoivent une bourse avec un rythme de 200 bourses par an. de l’enseignement normal est faible ; ce qui limite le
déploiement de bourses et/ou d’internats, comme cela
se voit ailleurs. La mise en place des IFM permettra un
tel dispositif.
Les dispositifs de formation des enseignants présentent à la fois des insuffisances dans la structuration du Les insuffisances du curriculum tiennent en partie à
curriculum prescrit et dans la mise en œuvre de ce curriculum. Le curriculum ne tient pas compte du référen- l’ambition de donner aux sortants la possibilité soit
tiel de compétences des enseignants et ne donne pas une place suffisante à la formation pédagogique ni à la d’intégrer la profession enseignante, soit de poursuivre
construction des compétences professionnelles ; dans sa mise en œuvre, il donne lieu à des cours magistraux directement des études supérieures. La faiblesse des
et à des évaluations des connaissances théoriques. Les faibles capacités professionnelles des formateurs stages et de leur réalisation est fortement responsable
expliquent les difficultés méthodologiques. Les stages sont prévus dans les textes depuis 1964, mais ils sont de la faible qualification des enseignants du primaire
faiblement mis en œuvre, aussi bien dans leur durée que dans leur articulation avec la formation théorique à et du secondaire. Le dispositif des IFM et la politique
cause de l’insuffisance des ressources humaines et financières. Tous ces faits concourent à la faiblesse de la nationale de formation en cours d’implémentation
qualité de la formation des enseignants. devraient permettre de voir la formation se profes-
sionnaliser, mais le processus sera long au regard des
caractéristiques du pays.
Les enseignants sont recrutés avec le diplôme d’État et doivent, au cours de la première année, accomplir L’année de stage est une entrée dans le métier qui
une année de stage pédagogique en responsabilité. Les HP disposent de peu de moyens pour un accompa- devrait favoriser une construction des compétences
gnement de l’enseignant débutant, et il n’y a pas d’articulation entre la FC et la FI. Même si, globalement, la par la pratique et l’autoanalyse des pratiques si les
dimension professionnelle des HP est reconnue comme très insuffisante, la situation des enseignants débu- débutants bénéficient d’un accompagnement de la
tants qui en sortent est sûrement moins problématique que celle des enseignants recrutés sans formation part des conseillers pédagogiques et des inspecteurs
professionnelle. et, d’une manière générale, du dispositif de la forma-
tion continue. L’articulation entre la FI et la FC et une
mise une œuvre adéquate du stage constitueraient un
mécanisme d’accompagnement efficace de l’entrée
dans le métier.
Alternance des dispositifs de formation (stage : cours,
mémoire, VAE…)
Principaux constats Éléments d’appréciation
Les stages ne sont pas organisés dans un modèle L’ensemble du dispositif permettant à la formation
de formation en alternance et ni les modalités du des enseignants de prendre résolument un carac-
stage (durée d’un mois) ni le volume horaire ne sont tère professionnel est à construire dans le cadre de
clairement définis dans les HP. Dans les institutions la SSEF, et la situation est largement documentée
de l’ES, 60 heures sont prévues et se font en continu. par les rapports des missions d’expertise.
La formation des professeurs du secondaire suit
les modalités de l’université pour la licence et le
graduat (transition actuelle vers le système LMD
selon le processus de Bologne). Les étudiants en
licence peuvent préparer un mémoire en fonction
de l’établissement.
Comme développé précédemment, le curriculum La création des IFM avec une forte professionnalisa-
des HP ouvre des perspectives pour les sortants tion limitera ces perspectives. Le centre d’ingénierie
d’intégrer l’enseignement supérieur et universitaire qui sera mis en place dans le cadre de la SSEF
ou la profession enseignante. Il en est de même prévoit un travail de fond sur les différents curricula
de celle des enseignants du secondaire, qui ont la de l’enseignement de base et de l’enseignement
possibilité de poursuivre leurs études ou d’entrer normal.
dans le métier.
Au niveau des HP, il n’y a pas de liens entre le sys- La SSEF prévoit le renforcement des liens entre
88 tème de formation des enseignants et les structures les facultés de sciences de l’éducation, les ISP, les
de recherche et d’innovation en dehors de l’encadre- ISPT et les ministères impliqués. Il s’agit là d’une
ment des stages par les inspecteurs. Les professeurs perspective qui devrait renforcer la participation
du secondaire sont formés dans les institutions des universitaires à la formation, la promotion de
pédagogiques de l’ES supérieure et en faculté de la recherche-action et l’utilisation des résultats de la
psychologie/psychopédagogie qui, en principe, recherche à l’amélioration des acquis des sortants.
conduisent des recherches dans les préoccupations
de l’éducation. Ils font de la recherche, mais les liens
entre leurs pratiques de formation et la recherche
sont ténus.
Chapitre 8 ÉTAT DE LA SITUATION
AU VIETNAM
CADRES POLITIQUES ET des enseignants, incluant la révi- paradigme pédagogique, en abandon-
sion des curricula, l’amélioration des nant une pédagogie « traditionnelle »
STRATÉGIQUES DE LA
compétences des formateurs, l’amé- (centrée sur les savoirs constitués à
PROFESSIONNALISATION lioration de leurs infrastructures et transmettre à un élève passif) à des pé-
ENSEIGNANTE des services de développement des dagogies plus innovantes et davantage
compétences ; centrées sur l’élève. Ces grandes ambi-
Une (brève) vision de la • 100 % des institutions de forma- tions risquent de profondément bou-
politique enseignante tion des enseignants travaillent en leverser la formation des enseignants
étroite collaboration et partagent au Vietnam. Mais le mouvement, déjà
Présentation leurs ressources (humaines et finan- amorcé (en théorie en tout cas), peine
La priorité de la « Fundamental and cières) pour répondre aux besoins à devenir effectif.
Comprehensive Education Reform de formation des enseignants dans
(FCER) » de 2013 concerne les 12 an- toutes les provinces.
Historicité de la FI
nées d’école (primaire — cinq ans ; col- On retiendra notamment de la NTEP :
(éléments principaux,
lège — quatre ans et lycée — trois ans)
et, notamment, les méthodes d’ap-
• Pour la formation initiale des ensei- points de crispation…) et
gnants : i) appuyer les instituts de contextualisation (diversité
prentissage pour que ces dernières
formation des enseignants à prépa- des institutions…)
soient moins fondées sur les conte-
rer de nouveaux curricula, contenus
nus, mais davantage sur les compé- Présentation
de formation, méthodes de forma-
tences et la qualité. Cela suggère que
tion et soutiens aux élèves-maîtres ; En 1956, l’université mixte qui avait été
tous les élèves vietnamiens disposent
ii) établir des normes de résultats créée à l’issue de la guerre contre les
de compétences cognitives de haut
pour tous les programmes de for- Français fut scindée en deux univer-
niveau, mais également des compé-
mation ; iii) développer des outils sités : une université générale et une
tences dites « comportementales »,
d’évaluation des élèves-maîtres ; iv) université pédagogique. Depuis cette
comme l’esprit critique, la créativité, la
mettre en œuvre des activités de re- période, le système de l’université pé- 89
résolution de problèmes, le travail en
cherche ; dagogique s’est largement développé,
équipe, la communication verbale et
écrite. Cela implique, pour le système
• Pour le corps de formateurs et de et de nombreux établissements péda-
managers des institutions : i) propo- gogiques — universités de pédagogie,
éducatif vietnamien, un profond chan-
ser des formations, afin de renforcer écoles normales supérieures (collèges
gement d’approche, de curriculum, de
les compétences des formateurs ; ii) de pédagogie), écoles secondaires de
pratiques pédagogiques, et nécessite,
participer (organiser) à des confé- pédagogie — furent créés à travers le
dès lors, une réforme enseignante.
rences nationales et internatio- pays (Hanoï, Hô Chi Minh, Thai Nguyen,
L’un des principes sous-jacents de la
nales ; iii) développer les échanges Hai Phong, Vinh, Hue, Quy Nhon…). Ces
FCER est que les enseignants doivent
scolaires/académiques ; iv) réviser universités/collèges pédagogiques for-
pouvoir répondre aux changements
les conditions de recrutements, de maient les enseignants du préscolaire,
incessants du contexte économique
statuts et autres procédures des primaire et secondaire. L’université
et social du pays, et cela suggère que
ressources humaines de ces forma- générale formait, quant à elle, les cher-
ces derniers soient de très bons pro-
teurs. cheurs, même si la majorité d’entre
fessionnels, capables d’adapter leurs
Commentaires et analyses eux allait ensuite enseigner au niveau
pratiques et leurs méthodologies rapi-
secondaire, sans avoir reçu de forma-
dement. Le MEF, pour répondre aux exigences
tion pédagogique appropriée. Cette
C’est dans cette perspective que le de la NTEP, développe actuellement un
situation va perdurer jusque dans les
ministère de l’Éducation et de la For- plan complémentaire qui vise à réor-
années 1990 et la grande réforme dite
ganiser et rationaliser le réseau d’ins-
mation (MEF) a préparé le « Natio- du « Doimoi ».
tituts de formation des enseignants.
nal Teacher Éducation Program »
La transformation de ce réseau a pour La réforme du Doimoi des années 1990
(NTEP 2016-2021), qui se focalise,
objectif de mutualiser les ressources est considérée comme celle ayant fait
notamment, sur une réforme de la
(humaines, financières, physiques) et entrer le Vietnam dans l’économie de
formation initiale et continue des en-
d’améliorer la qualité des programmes marché, l’industrialisation et la moder-
seignants, afin que cette dernière
de formation. Avec cette réorganisa- nisation. La formation des enseignants
puisse être alignée avec les nouvelles
tion, de nombreuses institutions de était considérée comme une priorité
exigences de la FCER. Cette NTEP éla-
formation des enseignants seront majeure du développement straté-
bore un nouveau cadre pour l’offre de
transformées/intégrées en universi- gique du système éducatif et, partant,
formation initiale et fixe des objectifs
tés multidisciplinaires (le mouvement de la société dans son ensemble. Les
chiffrés d’ici à 2022 :
a déjà commencé depuis quelques différentes universités et collèges péda-
• 100 % des institutions de formation années) quand d’autres seront tout gogiques sont donc appelés à former de
des enseignants ont mis à jour leur simplement fermées. À cette restruc- très nombreux enseignants en forma-
programme de formation initiale turation s’ajoute un changement de tion initiale, mais également à appuyer
les enseignants en poste par la forma- Schémas structurels des prévu, en 2020, de recruter 7 870 en-
tion continue (à distance, en classe du dispositifs de formation seignants dans le primaire pour rem-
soir, pendant les congés…). Dès lors, les placer les 7 940 départs à la retraite.
institutions de formation se sont multi- Présentation Au niveau du secondaire premier cy-
pliées sur l’ensemble du territoire. Les On compte 235 établissements supé- cle (collège), 4 360 enseignants seront
collèges formaient les enseignants du rieurs au Vietnam, 113 d’entre eux — recrutés pour remplacer les 6 219 dé-
préscolaire et du primaire, et les uni- répartis sur l’ensemble du territoire parts à la retraite et, au niveau du lycée,
versités formaient les enseignants du — forment les enseignants et se dé- ce sont 3 757 nouveaux enseignants
secondaire. Tous ces établissements clinent comme suit : qui seront recrutés pour remplacer
sont publics et gérés selon le modèle • 14 universités pédagogiques ; les 3 014 départs à la retraite (et ré-
pondre à la hausse des effectifs au ni-
de planification centralisée de l’écono- • 48 universités multidisciplinaires veau du lycée), soit un total d’à peine
mie (régime communiste). Autrement avec formation pédagogique ;
16 000 nouveaux enseignants (hors
dit, les ressources, le recrutement des • 30 collèges pédagogiques ; préscolaire), quand le système en
professeurs comme des étudiants, les
• 19 collèges multidisciplinaires avec forme chaque année autour de 25 000
approches pédagogiques, l’allocation une formation pédagogique ;
des étudiants par domaines d’études ou 30 000. Ce qui explique (point po-
étaient décidés et contrôlés par le mi-
• 2 écoles secondaires pédagogiques. sitif) une formidable amélioration des
Actuellement, les universités forment taux d’encadrement (on est passé de
nistère de l’Éducation.
des enseignants du secondaire (collège 1/28 dans le primaire en 2000 à 1/19
Dans les années 2000, et notamment et lycée), ainsi que les enseignants du aujourd’hui : 1/26 dans le secondaire
entre 2007 et 2013, le nombre d’insti- primaire et du préscolaire. Les collèges en 2000, contre 1/15 aujourd’hui…
tutions de formation des enseignants forment les enseignants du secondaire difficile de faire mieux). Cette inadé-
a explosé au Vietnam, et celles-ci ont (niveau collège uniquement), les ensei- quation entre offre et besoin fait que
formé de plus en plus d’étudiants sans gnants du primaire et du préscolaire. À de nombreux sortants des instituts de
que cela corresponde aux besoins du partir de la prochaine rentrée scolaire formation des enseignants peinent à
système. Les institutions de forma- (2020-2021), il est attendu que les uni- trouver un emploi dans le secteur de
tion ont pris plusieurs formes (faculté, versités forment les enseignants du l’enseignement (public comme privé).
écoles, collèges), sans toujours veiller préscolaire au secondaire, quand les La situation est plus complexe, puisque
à la qualité de leurs cursus. Afin de collèges se concentreront sur la for- si l’on constate un excédent d’ensei-
mettre « un peu d’ordre » dans ce pay- mation des enseignants du préscolaire gnants au niveau national, il existe
sage, le Gouvernement a promulgué uniquement. Les écoles secondaires, d’importantes différences régionales :
elles, sont appelées à fermer. surplus de 5 000 enseignants dans cer-
90 plusieurs décisions incitant les localités
à fusionner un certain nombre d’insti- Ces dispositifs sont en constante évo- taines régions, pénurie dans d’autres
tutions. Cette dynamique se poursuit lution, et, pour éviter la dispersion des (souvent les moins attractives).
aujourd’hui, et le nombre d’institutions financements publics (les institutions L’offre de formation au sein d’univer-
de formation est passé de plus de 200 de formation des enseignants étant sités dans certaines régions permet,
à une « petite » centaine actuellement. étatiques), plusieurs localités ont ré- à elle seule, de répondre aux besoins.
Certaines universités pédagogiques cemment fusionné leurs collèges pé- Pourtant, dans ces mêmes régions, les
ont été transformées en universités dagogiques avec les facultés d’éduca- collèges d’éducation sont toujours ou-
multidisciplinaires, certains collèges tion au sein des universités. Cela va verts et continuent d’inscrire des étu-
pédagogiques ont été intégrés à ces d’ailleurs dans le sens des directives diants. La situation est même encore
universités. La réforme de l’enseigne- gouvernementales et, notamment, plus incohérente et problématique
ment supérieur, adoptée en 2012 et de la décision n° 37/2013/QĐ-TTg sur dans certaines régions où les recrute-
révisée en 2018, laisse, quant à elle (en « Adjusting the planning of Vietnam ments d’enseignants (assurés directe-
tout cas sur le plan théorique), beau- university and college network in the ment par les établissements) ne sont
coup plus d’autonomie et de marges 2006-2020 period ». ouverts qu’aux certifiés de l’universi-
de manœuvre aux institutions d’ensei- té… Pourtant, les collèges d’éducation
Commentaires et analyses
gnement supérieur dans les domaines continuent de former et certifier, sous
La situation actuelle mène à un cer- financement public, des enseignants…
du recrutement (des élèves comme du
tain nombre de paradoxes. D’abord, qui n’auront d’autre choix que de pos-
corps enseignant), des frais de scolari-
le nombre d’inscrits en instituts de for- tuler dans des régions où les critères
té et des curricula de formation.
mation des enseignants est encore in- de recrutement sont, académique-
Commentaires et analyses versement proportionnel aux besoins ment, moins exigeants (régions sou-
du système et, parfois, disproportion- vent éloignées et moins attractives où
La plupart des localités ont ouvert des né dans certaines régions. À l’échelle
institutions de formation sans analyse l’on constate parfois une pénurie d’en-
nationale, ces 15 dernières années, seignants).
préalable de leurs capacités, des be- les instituts de formation forment plus
soins de formation, des possibles par- d’enseignants que ne le nécessite le Le système de formation initiale des
tenariats. La situation est si difficile et système. Selon le MEF, le nombre d’en- enseignants paraît très (trop) large-
désordonnée aujourd’hui qu’un mou- seignants nécessaires, tous niveaux ment étendu, avec un nombre très
vement inverse (fermeture ou fusion confondus, pour mettre en œuvre le important d’institutions de petite taille
des institutions de formation) est iné- nouveau programme d’enseignement et de qualité médiocre sans aucune
luctable, mais va de nouveau profon- (à la rentrée 2020), correspond au mutualisation des ressources. La NTEF
dément bouleverser le paysage de la nombre d’enseignants actuellement et le programme de réorganisation du
formation des enseignants. en poste (voire est inférieur). Il est ainsi réseau des institutions de formation
des enseignants — avec, pour objectif, Les établissements de formation des barrières culturelles importantes. Le
un nombre plus limité d’institutions enseignants ont trois sources de re- projet, financé par le partenariat mon-
et une plus forte mutualisation des cettes financières : i) fonds de l’État ; ii) dial, avait adopté une approche beau-
ressources financières et humaines — frais de scolarité et iii) revenus des ac- coup plus graduelle et donné de bons
devraient, pour partie, résoudre ces tivités de recherche et application à la résultats. La Banque mondiale finance
problèmes. production. D’après l’arrêté 43/2006/ un projet (2016-2022) de renforce-
ND-CP, les fonds alloués par le bud- ment des enseignants en appuyant
Dans le cadre de la loi sur l’enseigne-
get de l’État sont des : i) fonds pour huit grandes universités à développer
ment supérieur, ces institutions de-
assurer le fonctionnement régulier ; ii) des plans stratégiques et à davantage
vront se soumettre à un processus
fonds pour l’exécution de tâches scien- s’impliquer dans la formation conti-
d’assurance qualité externe. Cinq
tifiques et technologiques ; iii) fonds nue des enseignants. Ce programme
agences d’assurances/accréditation
pour la formation des enseignants appuie le Gouvernement à dévelop-
qualité sont en cours de création par et des fonctionnaires ; iv) fonds pour per un système d’assurance qualité
le Gouvernement pour délivrer des la mise en œuvre des programmes pour les établissements de formation
accréditations qualité aux établisse- nationaux ; v) fonds pour l’exécution des enseignants (plusieurs domaines
ments supérieurs vietnamiens. de tâches commandées par les orga- seront pris en compte : la qualité des
nismes publics compétents (enquêtes, infrastructures, des équipements et
Financement du système planification et autres tâches) ; vi) des ressources didactiques/pédago-
éducatif et formation fonds pour l’exécution de tâches im- giques, la qualité des programmes de
prévues assignées par les autorités formation, la qualité des équipes de
Présentation compétentes. formateurs, les activités de recherche
Le Vietnam consacre 20 % du budget Les instituts de formation perçoivent et de développement, la qualité du
de l’État et 4,8 % de son PIB au déve- des budgets fondés en grande partie partenariat avec le tissu scolaire envi-
loppement du capital humain. Les (mais pas uniquement) sur le nombre ronnant, les nouvelles technologies, la
écoles vietnamiennes ont trois sources d’élèves qu’ils accueillent. gouvernance de l’établissement et ses
de financement : l’État, la collectivité pratiques managériales). Ce travail est
territoriale concernée et les familles. Commentaires et analyses en cours de développement.
La contribution de l’État concerne l’in- Le Gouvernement vietnamien consacre Le projet sur le développement de
frastructure et les équipements de une part importante de son budget l’enseignement secondaire, phase 2
base ainsi que les salaires des ensei- à l’éducation. Ce budget est d’autant (appuyé par la Banque asiatique
gnants. La maintenance, la réhabili- plus important que le Vietnam enre- de développement), a pour objectif
tation des infrastructures, les primes gistre chaque année une forte crois- 91
d’améliorer la qualité de l’enseigne-
sur salaire et la formation continue sance économique. Les transferts vers ment secondaire pour se rapprocher
relèvent de la compétence des écoles les collectivités et les écoles sont effi- des normes d’éducation de haute qua-
et des collectivités territoriales. Les fa- cients. Aujourd’hui, toutes les écoles lité des pays avancés, d’élargir l’accès
milles interviennent pour les frais d’ins- et tous les enseignants disposent de à l’enseignement secondaire pour les
cription, de scolarité, de fournitures comptes bancaires favorisant le trans- groupes défavorisés et de renforcer la
scolaires et de cantine. Les allocations fert des fonds et des salaires. capacité de planification et de gestion
aux écoles sont de l’ordre de 320 USD
de l’enseignement secondaire.
par élève pour l’État et de 800 USD par
élève pour la collectivité. Les familles Les engagements/ Commentaires et analyses
contribuent à hauteur de 50 % dans transformations en cours
Les partenaires continuent de s’impli-
le financement de l’éducation. Même
Présentation quer dans les questions enseignantes
dans les écoles publiques, elles paient
L’une des principales transformations au Vietnam. Tous ces programmes
des frais d’inscription et d’écolage. Pour
en cours est la réforme du curriculum sont focalisés sur la qualité des ensei-
le collège, par exemple, la contribution
de l’éducation qui adopte l’approche gnements, afin de se rapprocher des
des familles s’élève à environ 20 USD
par les compétences, et qui a d’im- standards/résultats d’apprentissage
par mois par élève, soit 460 000 dongs
portantes implications en termes de des meilleurs systèmes éducatifs mon-
vietnamiens. Les familles défavorisées
méthodes d’enseignement. Ces nou- diaux.
bénéficient du soutien de la collecti-
vité. Certaines écoles (les écoles dites velles méthodes d’enseignement ont
« d’excellence ») sont financièrement déjà été testées au Vietnam via, no- ANALYSES PRINCIPALES :
autonomes (et vivent sur les frais de tamment, un projet financé par le par- PRINCIPAUX ÉLÉMENTS DE
tenariat mondial pour l’éducation et
scolarisation imputés aux familles… FONCTIONNALITÉ
importé du modèle chilien « the Viet-
souvent très favorisées).
namese New Escula Nova », qui s’est
Le secteur primaire absorbe 32 % du achevé en 2017 et dont l’objectif était Gestion/définition des
budget de l’éducation (20 % présco- d’introduire de nouvelles méthodes recrutements « entrée » des
laire, 25 % collège, 12 % lycée, 10 % d’enseignement davantage centrées stagiaires
supérieur). Seulement 5 % sont alloués sur l’élève. Cette approche avait déjà
au niveau central, le reste est transféré fait l’objet d’expérimentations précé- Présentation
dans les provinces (SEF, comité pro- demment, sans toutefois être por- Entrée dans un dispositif de forma-
vincial populaire et BEF), qui allouent teuse de succès. Elle avait notamment tion initiale
le budget directement aux écoles (in- échoué, car mise en œuvre trop ra- Entre 2015 et 2020, chaque année,
cluant le salaire des enseignants). pidement, sans prise en compte des le MEF organisait un examen de fin
d’études secondaires (équivalent Commentaires et analyses diants). Cela pousse les institutions de
baccalauréat) au niveau national, qui Le métier d’enseignant étant forte- formation à aller au maximum (par-
certifiait les études secondaires des ment valorisé et le nombre de candi- fois au-delà) de leurs réelles capacités
candidats et qui, en même temps, per- dats étant important, le système peut d’inscriptions, souvent au détriment
mettait aux établissements universi- aujourd’hui sélectionner d’excellents de la qualité (classe d’élèves-ensei-
taires (universités, collèges) de choisir étudiants pour les orienter et les for- gnants surchargées ne laissant que
leurs étudiants. Pour passer cet exa- mer aux métiers de l’enseignement. peu d’occasions pour de petits travaux
men, les candidats devaient passer au de groupes, par exemple). Ces der-
moins quatre épreuves, dont trois obli- nières années, les inscriptions dans les
gatoires : mathématiques, littérature, Pilotage, gestion, établissements de formation des en-
langue étrangère et une épreuve com- management et moyens seignants (qui restent supérieures au
binée, soit sciences naturelles (phy- besoin) ont malgré tout diminué (no-
Présentation
sique, chimie, biologie), soit sciences tamment parce que le secteur de l’en-
sociales (histoire, géographie, éduca- Les universités de pédagogie sont sous seignement est aujourd’hui saturé à
tion civique). L’élaboration des sujets l’autorité du MEF, les collèges de péda- la suite de l’évolution démographique
et la correction des copies étaient à la gogie sont sous l’autorité des SEF, mais et des effectifs de personnes formées
charge du MEF. Chaque établissement ces établissements ont le même fonc- supérieurs aux besoins du système).
choisissait le groupe ou les groupes tionnement. Dès lors, les institutions de formation
de matières (pour le test combiné, on ont vu leur budget s’amoindrir et n’ont,
Selon la loi d’éducation, les établisse-
pouvait prendre la note de l’une des en conséquence, pas investi dans les
ments universitaires, dont les univer-
trois matières ; par exemple, on pre- équipements ou le matériel de forma-
sités/collèges de formation des en-
nait seulement la chimie dans le test tion. Dans de nombreux collèges et
seignants, jouissent d’une autonomie
de sciences naturelles). Le MEF fixait universités, les équipements sont vé-
dans les cinq domaines suivants :
la norme d’admission minimale pour tustes et ne permettent pas toujours
chaque groupe. • Élaboration des programmes d’introduire de nouvelles pratiques
d’études et de plans d’enseigne- (notamment l’utilisation des nouvelles
L’année 2020 voit un changement ment : le programme de forma- technologies). C’est également pour
radical des modes de sélection des tion est défini à 60 % par le pro- ces raisons de manque d’investisse-
étudiants : les établissements sont gramme-cadre de l’État (ceci est ment dans les équipements éducatifs
autonomes dans le choix des modes valable pour l’ensemble des forma- que certains collèges ont été (récem-
de sélection pour la qualification et tions universitaires) et à 40 % par ment) ou vont être (prochainement)
l’admission des étudiants, soit l’utilisa- l’établissement ; fermés ou intégrés au sein d’universi-
92 tion des résultats des examens de fin • Organisation de l’inscription, de la tés. La situation financière des établis-
d’études secondaires (examen natio- formation, de la reconnaissance des sements va prochainement changer
nal : le MEF est responsable de l’éla- diplômes : dans les faits, le MEF dé- avec l’introduction de frais de scolarité.
boration des sujets, la correction des cide encore des quotas d’inscription
copies est à la charge des SEF), soit Commentaires et analyses
pour chaque établissement. Dans
l’organisation d’un concours de sélec- un avenir proche, ces quotas seront Il n’existe aucun lien entre les institu-
tion dont l’établissement est respon- fixés par l’établissement ; tions de formation des enseignants
sable, soit la combinaison d’une pré- • Organisation du personnel : les uni- (qu’elles soient des universités ou des
sélection (sur le résultat de l’examen versités et collèges sont libres de sé- collèges) et les localités responsables
de fin d’études secondaires) et d’une lectionner leurs propres formateurs, du recrutement et du suivi des ensei-
évaluation sur dossier des résultats de déterminer leurs conditions de gnants. En d’autres mots, il n’y a aucun
d’études de trois années au lycée. Ces travail (fiche de poste) qui peuvent mécanisme de coordination en place
changements ne sont pas propres aux qui permettrait de former le nombre
amener le personnel de formateurs
établissements de formation des en- d’enseignants adéquat à la demande.
à être impliqué dans d’autres tâches
seignants, mais concernent l’ensemble Cette situation se traduit par un ex-
que l’enseignement ;
cès (très large) de formations dans
des établissements supérieurs. • Mobilisation, gestion et utilisation certaines régions et une pénurie (de
Effectifs des ressources : l’autonomie finan-
plus en plus rare) dans d’autres. Cette
En 2018, le MEF a fixé un effectif glo- cière comprend l’autonomie dans les situation a récemment créé d’impor-
bal de plus 35 000 étudiants à recruter sources de revenus et de dépenses. tantes tensions dans plusieurs locali-
dans les établissements pédagogiques Il n’y avait, jusqu’à maintenant, pas tés au Vietnam et auprès de l’opinion
préparant aux métiers de l’enseigne- de frais de scolarité pour intégrer un publique, très engagée dans les ques-
ment primaire et secondaire (universi- établissement de formation des en- tions éducatives en général et dans la
tés et collèges), ce qui reste supérieur seignants. Toutefois, cette situation formation des enseignants en particu-
aux besoins. Seuls 26 000 étudiants est susceptible de changer à la pro- lier. Par ailleurs, la loi sur l’autonomie
ont réussi le concours (les résultats ob- chaine rentrée scolaire (2020) ; des établissements supérieurs confère
tenus par les autres candidats étaient • Organisation des relations de coopé- plus de capacités managériales aux
jugés insuffisants pour intégrer une ration nationale et internationale. responsables d’établissements supé-
filière de formation des enseignants). Ressources : toutes ces institutions rieurs, sans que ces derniers, plutôt
Comme le système compte actuelle- sont publiques. Dès lors, les res- habitués à appliquer les consignes,
ment un surplus d’étudiants formés sources de ces institutions sont fon- soient accompagnés dans leurs nou-
aux métiers de l’enseignement, cela dées sur les subventions octroyées velles responsabilités. Le management
n’a pas porté d’importants préjudices par le Gouvernement (la subvention et le pilotage des établissements de
au système. est calculée à partir du nombre d’étu- formation n’ont donc que peu changé.
Référentiels, programmes et De manière générale, les curricula ac- années sont restés de l’ordre des dis-
curricula tuels (pour la formation du primaire cours et des bonnes intentions, mais
comme du secondaire) se construisent les objectifs, comme les résultats des
Présentation comme suit : programmes de formation, ne sont
Le MEF a élaboré un référentiel de pas toujours orientés vers le dévelop-
compétences (standards) des ensei-
• Connaissances générales (culture
pement de compétences telles qu’exi-
générale) : 25 % du curriculum ;
gnants qui sert de base de travail pour gées dans le référentiel ou dans les
les établissements dans les provinces • Contenu disciplinaire (matière en- standards requis pour enseigner.
et les districts. Ces standards couvrent seignée : toutes les matières pour le
des domaines tels que l’attitude po- niveau primaire, et étude plus appro-
litique, la morale, les connaissances fondie d’une matière spécifique pour Modèle, méthodes et
et compétences pédagogiques. C’est les niveaux du secondaire) : 50 % ; démarches pédagogiques/
à l’aune de ces standards que les ins- • Professionnalisation (incluant les didactiques
tituts de formation des enseignants stages) : 25 %.
Présentation
sont amenés à développer leurs curri- Les curricula actuels sont, par ailleurs,
Une recherche (2019) menée auprès
cula (40 % du curriculum est dévelop- peu flexibles, et ne laissent que peu
de 857 nouveaux enseignants (du pri-
pé en autonomie par l’établissement, de choix d’options aux étudiants. C’est
maire et du secondaire) et 350 direc-
les 60 % restants sont dictés par le mi- souvent l’établissement qui décide
teurs d’établissements à l’issue de leur
nistère). pour eux.
première année d’enseignement sug-
Le Gouvernement vietnamien a ré- À partir de 2020-2021, les universités gère que les élèves-enseignants dis-
cemment entrepris d’importants tra- (quatre ans d’études) formeront des posent d’excellentes compétences en
vaux de rénovation du curriculum de enseignants du préscolaire au lycée ; matière de contenus (connaissances
l’enseignement qui doivent conduire à les collèges (trois ans d’études) forme- de la matière), moralité, et confiance
une réforme du curriculum des écoles ront les enseignants du préscolaire en soi. Cependant, ils rencontrent
de formation des enseignants. Ces tra- uniquement. Les curricula n’ont, pour d’importantes difficultés en matière
vaux ne sont pas encore finalisés, et autant, pas tellement changé, les tra- de planification des leçons et les com-
la plupart des universités continuent vaux sont encore en cours et il est pro- pétences acquises ne répondent donc
d’appliquer leurs « anciens » modèles bable qu’un nombre important d’éta- pas aux standards. Des observations
de formation. blissements continuent d’appliquer de sortants de dispositifs de formation
le modèle « traditionnel » pendant initiale montrent que de nombreux
Aujourd’hui, il existe deux modèles de élèves-enseignants confondent ain-
quelques années.
formation au Vietnam pour la forma- si les connaissances et les méthodes
tion des enseignants du primaire et du Parallèlement, le Gouvernement viet- 93
d’enseignement. L’organisation de la
secondaire : namien travaille au développement leçon est insuffisante (voir mal réali-
d’un cadre national des qualifications
• Le premier modèle est appelé « mo- qui doit fixer un ensemble de normes
sée), ne permettant pas à l’enseignant
dèle continu » ou « modèle tradition- d’introduire les nouvelles notions ou
et de critères relatifs au volume ho- compétences qu’il avait initialement
nel ». Les élèves étudient quatre ans
raire, aux compétences et connais- prévues. Lors de la pratique de classe,
pour obtenir un « bachelor degree »
sances attendues pour chacune des les nouveaux enseignants n’insistent
et peuvent se présenter au concours
qualifications de l’enseignement supé- pas sur les points clés de la leçon. La
d’enseignant organisé par les loca-
rieur. Ces normes et critères s’inspirent leçon reste essentiellement théorique
lités (dans le public ou le privé). Ce
largement des cadres de qualification (l’enseignant parle et l’élève est passif).
modèle est appliqué par la quasi-to-
existants dans les pays développés Aucun d’entre eux n’organise de leçon
talité de toutes les institutions de
(Europe, notamment). autour de la pratique (faire) et ne pro-
formation des enseignants et intègre
très rapidement (premières années) pose de révisions. Ils éprouvent tous
Commentaires et analyses
dans son curriculum les notions de des difficultés à interroger les élèves,
Les curricula sont considérés par beau- observer la classe. Enfin, l’utilisation
pédagogie ;
coup d’élèves-enseignants comme des nouvelles technologies reste en-
• Une seule université (Vietnam Na- totalement obsolètes par rapport à core problématique dans les institu-
tional University / University of Edu-
la réalité qui les attend en classe. Les tions de formation des enseignants.
cation in Hanoi) applique le modèle
établissements scolaires (du primaire Dès lors, la plupart des sortants ne sont
dit « parallèle ». Dans ce modèle,
comme du secondaire) qui accueillent pas en mesure d’utiliser les nouvelles
pendant les deux premières années
les enseignants à la sortie des institu- technologies dans une perspective
et demie, les étudiants se consacrent
tions de formation se plaignent d’ail- d’apprentissage pourtant mis à dispo-
à des connaissances générales et
leurs de l’absence de compétences pé- sition dans l’établissement scolaire. À
des connaissances spécialisées dans
dagogiques de leurs nouvelles recrues. l’issue de la première année, beaucoup
un domaine d’étude (mathéma-
Les directeurs et les autres enseignants d’enseignants se sentent désemparés
tiques, physiques, chimie, biologie,
doivent consacrer un temps très impor- et perdent de leur enthousiasme.
géographie ou histoire). L’année et
tant à combler les lacunes de la forma-
demie restante est alors consacrée Cela peut sans doute s’expliquer par
tion dans les premières années de prise
au domaine de la pédagogie, de la la formation qu’ils ont eux-mêmes re-
de poste de leurs jeunes collègues.
connaissance professionnelle et de la çue. Les stratégies d’enseignement
pratique. L’objectif est de faciliter les Par ailleurs, selon plusieurs observa- les plus utilisées par les formateurs
passerelles pour les étudiants qui, fi- teurs, la plupart des idées et des argu- au sein des institutions de formation
nalement, ne souhaitent pas s’orien- ments en faveur du curriculum fondé des enseignants sont : la théorie, les
ter vers une carrière enseignante. sur les compétences depuis plusieurs présentations par le formateur en
grands groupes (avec, parfois, discus- car, dans les faits, il n’y a que très peu Évaluation et certification
sion autour de la présentation, mais de liens (pédagogique, ressources des formations
pas toujours). À l’inverse, les stratégies humaines…) entre les institutions
les moins utilisées sont le projet pé- de formation des enseignants et les Présentation
dagogique ou encore l’apprentissage écoles qui les entourent, ce qui peut Chaque établissement a son propre
par la pratique de classe. Autrement expliquer que les élèves-enseignants mode d’évaluation, mais doit respec-
dit, malgré les discours autour de l’ap- soient quelque peu perdus à l’issue ter des principes et des règlements
proche par les compétences et l’élabo- de la formation et, bien que maîtri- communs de l’évaluation : i) le stage
ration de standards autour des compé- sant, théoriquement, les concepts de est évalué par l’école d’accueil ; ii) les
tences, les pratiques de formation des l’approche par les compétences, qu’ils formateurs sont responsables de l’en-
élèves-enseignants n’ont pas évolué soient, dans la pratique, incapables de seignement et de l’évaluation de leurs
depuis de nombreuses années et sont modules ; iii) l’établissement certifie le
les mettre en œuvre.
restées très classiques (archaïques résultat de fin d’études universitaires
pour certains) et ne permettent pas de et attribue le diplôme.
former les enseignants à atteindre les Formateurs et formations Un exemple de l’université d’éduca-
standards qui sont attendus d’eux ni à tion, l’Université nationale de Hanoï : la
mettre en œuvre un curriculum d’ensei- Présentation
note d’évaluation comprend une note
gnement fondé sur les compétences. Les établissements disposent d’une « d’évaluation partielle » (moyenne des
Certains font un mixte entre approche autonomie dans le recrutement de résultats ; i) aux examens réguliers ;
traditionnelle et approche par les com- leurs formateurs. Les grandes univer- ii) à la participation au débat scienti-
pétences. D’autres élèves-enseignants sités recrutent assez facilement des fique ; iii) à la pratique ; iv) à l’assiduité ;
disent qu’ils savent (théoriquement) personnes titulaires d’un doctorat v) aux tests à mi-parcours…) addition-
ce qu’ils devraient mettre en pratique (notamment dans les universités de née aux résultats des examens finaux
pour davantage avoir une approche Hanoï, de Hué et de Hô Chi Minh). Les (qui comptent pour au moins 60 % de
fondée sur les compétences (ils ont eu collèges peinent, quant à eux, à recru- la note finale). L’examen final peut être
des modules sur cet aspect), mais dans ter des docteurs. Le recours aux en- pris sous forme de tests écrits (test
les faits, ils rencontrent de nombreuses seignants docteurs apporte un certain objectif ou essai de 60 à 180 minutes),
difficultés une fois en classe pour, ef- prestige à l’université et l’aide, dès lors, de questions, de la pratique ou d’une
fectivement, adopter ces pratiques. à attirer de bons étudiants. Toutefois, combinaison de ces éléments.
Autrement dit, la formation des ensei- ce corps de formateurs des institutions
gnants telle qu’elle est mise en œuvre Commentaires et analyses
de formation ne compte que très peu
aujourd’hui permet aux élèves-ensei- L’évaluation, telle qu’actuellement me-
94 de praticiens (des anciens enseignants,
gnants de connaître l’approche fondée née, ne se fait pas nécessairement à
des enseignants encore en poste, des
sur les compétences, sans toutefois l’aune des standards qui ont été éla-
directeurs d’établissements). Ce sont
pouvoir concrètement la mettre en borés. Toutefois, cette certification
souvent les très bons élèves univer-
œuvre au jour le jour une fois affectés n’est qu’un préalable à l’entrée dans la
dans leurs établissements. sitaires (les lauréats) qui deviennent fonction enseignante. Le recrutement
formateurs d’enseignants, même si se fait au niveau déconcentré, à l’is-
Commentaires et analyses eux-mêmes n’ont jamais enseigné sue d’un concours, et la confirmation
Durant leur cursus, les élèves-ensei- dans des établissements primaires/ du poste se réalise après une année
gnants (du primaire ou du secondaire) collèges/lycées. d’enseignement sur avis de l’équipe
doivent réaliser deux stages pédago- pédagogique de l’établissement. Le
Commentaires et analyses
giques. Le premier de deux semaines, cadre national de qualification, en
le deuxième de cinq à six semaines. L’absence de praticiens dans le corps cours de développement, ainsi que la
Les stages se réalisent dans les écoles/ de formateurs explique le décalage rénovation des curricula de formation
collèges/lycées partenaires des établis- entre les formations dispensées dans des enseignants en cours apporteront
sements de formation. Ce partenariat les instituts de formation et la réalité peut-être quelques modifications dans
est en fait purement administratif, du terrain. l’évaluation et la certification.
ANALYSES SECONDAIRES : REPÈRES STRATÉGIQUES
Le Vietnam dispose d’un nombre très (trop) important d’instituts de formation des enseignants, qui n’ont pas La multiplication des institutions de formation, qui
toujours de lien entre eux, voire qui sont concurrentiels. La NTEF devrait permettre de rationaliser un peu le forment davantage d’enseignants que ne le nécessite
paysage en fusionnant un certain nombre d’institutions et en mutualisant les ressources autour du dénomi- le système, a créé d’importants dysfonctionnements,
nateur commun que sont les standards de qualité. voire de la frustration. La réorganisation du réseau,
en cours, devrait permettre de mutualiser un certain
nombre de ressources.
Les institutions de formation initiale forment plus d’enseignants que n’en réclame le système. Dès lors, de Le système tel qu’il est organisé actuellement com-
nombreux élèves-enseignants se retrouvent sans emploi à l’issue de leur formation. porte des risques importants de corruption pour
obtenir les postes d’enseignants, très valorisés.
Le recrutement est assuré dans les localités par les bureaux locaux du ministère de l’Éducation et par les
établissements. Les élèves-enseignants certifiés peuvent postuler dans le public comme dans le privé. Le La fin des CDI à partir de 2020 est à double tranchant,
recrutement est fondé sur un examen et un entretien organisé au niveau local. Théoriquement, les établisse- elle peut avoir un effet bénéfique parce que cette
ments scolaires disposent de l’autonomie pour recruter le candidat de leur choix (après réussite de l’examen forme de contrat peut inciter les enseignants à amélio-
et de l’entretien). Dans les faits, plusieurs écoles reportent régulièrement des pressions exercées par le BEF rer leurs compétences et suggère une grande rede-
pour favoriser tel ou tel candidat. Le processus est parfois entaché de corruption (élèves-enseignants paient vabilité (pour qu’ils puissent garder leur poste). Dans
pour avoir le poste). le même temps, cette situation amène une forme de
précarité qui peut démobiliser le staff et limiter les
Une fois recrutés, les enseignants sont gérés par le SEF/BEF. Dans un premier temps, les enseignants sont vocations.
recrutés avec un CDD pour une période de 12 à 36 mois. Au terme de cette période, l’enseignant est évalué.
Si le résultat de cette évaluation est positif, alors l’enseignant pouvait bénéficier d’un CDI (CDD à partir du
1er juillet 2020).
95
La loi de l’éducation 1998 et la loi de l’éducation 2005 ont défini l’exemption des frais de scolarité pour les Il est difficile de prédire dès maintenant si ces modi-
étudiants des établissements pédagogiques. Cependant, cette disposition a été modifiée dans la loi de l’édu- fications vont impacter le profil des candidats. Il est
cation 2019, en vigueur depuis le 1er juillet 2020, et des frais de scolarité seront mis en place. En revanche, toutefois possible que la fin de la « gratuité » de la
ces étudiants ont le droit de bénéficier (sur demande) d’une somme de 3,63 millions VND par mois (150 EUR) formation impacte le profil de ces derniers.
comme bourse. Ceux qui ne respectent pas leur engagement de servir dans le secteur de l’éducation et de
la formation devront rembourser intégralement le montant, ce qui n’est pas sans risque, puisque tous les
étudiants formés ne trouvent pas de poste à l’issue de leur formation.
Un internat est disponible, mais les places restent limitées.
Le dispositif de formation des enseignants est pluriel et pas toujours cohérent. Par ailleurs, ce réseau des La réorganisation du réseau devrait permettre de
instituts de formation est peu ouvert sur l’extérieur, notamment sur les établissements scolaires, dont ils résoudre un certain nombre de dysfonctionnements.
fournissent pourtant la main-d’œuvre.
L’entrée dans le métier (accompagnement des débutants,
suivi, FC…)
Principaux constats Éléments d’appréciation
Il y a toujours plus de candidats que de postes disponibles. Pour la rentrée 2019, le 12e arrondissement de L’entrée dans le métier, difficile selon les commentaires
Hô Chi Minh a recruté 194 enseignants dans le primaire (283 candidats) et 76 enseignants dans le secondaire des nouveaux entrants, est, au fur et à mesure de l’an-
(219 candidats). née scolaire, largement facilitée par un encadrement
très appuyé de la part du directeur de l’établissement
Comme précisé précédemment, le peu de lien entre les institutions de formation et les établissements qui assure le rôle de conseiller pédagogique.
scolaires est à l’origine des difficultés rencontrées par l’enseignant dans sa prise de poste. Cependant, le
directeur de l’école, comme les autres enseignants jouent un véritable rôle d’accompagnateur/encadreur/
conseiller qui permet à l’enseignant de rapidement « trouver ses marques ». C’est, finalement, sa première
année en tant qu’enseignant qui marque sa formation « pratique », les années en institut ayant été majoritai-
rement « théoriques ».
Les stages sont peu nombreux dans le curriculum de formation et ne permettent pas aux élèves-maîtres de Le cursus actuel laisse encore peu de place à l’alter-
renforcer leurs compétences pratiques. Le mémoire n’est pas un exercice obligatoire du cursus (cela dépend nance malgré le positionnement des établissements
des établissements). (pour la plupart universitaires).
Les établissements définissent leur curriculum à hauteur de 40 %. Dans les faits, les propositions se res- Les grandes réformes en cours de même que l’autono-
semblent et les parcours restent assez monolithiques. mie (financière, curriculaire, de sélection) toujours plus
importante accordée aux établissements d’enseigne-
ment supérieur pourraient permettre à ces derniers de
se démarquer les uns des autres. La spécialisation des
établissements (collèges pour le préscolaire et universi-
96 tés pour les autres formations) va elle aussi contribuer
à la restructuration de l’offre de formation.
Les capacités de recherches scientifiques dans les institutions de formation des enseignants sont extrême- Une culture professionnelle d’innovation et de re-
ment faibles (voire inexistantes dans certaines institutions). Les institutions se concentrent exclusivement cherche n’est pas encore totalement opérationnelle,
sur la formation des enseignants, laissant de côté toute recherche et toute recherche-action susceptible de mais est fortement encouragée dans le cadre des
mieux informer leurs pratiques. Aucune des universités d’éducation ne dispose d’une équipe de recherche nouvelles réformes mises en œuvre (notamment à
ayant aujourd’hui les compétences pour développer des programmes de recherche et alimenter les discus- partir de la rentrée 2020).
sions politiques autour de la mise en œuvre des réformes éducatives. Le système LMD n’est, quant à lui, pas
encore opérationnel.
2e PARTIE
Un état des lieux
de la formation initiale 97
enseignante
APPROCHES CROISÉES ET SCIENTIFIQUES
Chapitre 9
UNE VISION SYNTHÉTIQUE DE LA SITUATION
DANS LES HUIT PAYS
REPÈRES ET
BÉNIN BURUNDI CAMEROUN KENYA
CONSTATS
10 000 000 heures (47 % de moins 11 175 000 heures, dont 26 545 853 heures (10 millions de 47 564 296 heures
de 15 ans en 2013) 5 002 000 moins de 15 ans moins de 15 ans) (42 % de moins de 15 ans)
en 2019, 3 063 898 élèves et Pop. scolaire : Pop. scolaire : Pop. scolaire :
53 341 enseignants - préscolaire : 700 000 primaire = 83 % primaire = + 90 %
- primaire : 1 859 892 secondaire = 81 % secondaire = 93 %
- secondaire : TBS = + 100 % Pop. scolarisable :
POPULATIONS
37 élèves/GP (ESG) Élèves/maîtres (primaire) : 59,5 Taux d’encadrement = 44 élèves/en- Taux d’encadrement :
SCOLAIRE
i) 108 % TBS (prim) i) TBS fonda : 111 % i) TBS = + 100 % TBS primaire = + 100 %
98 144 % TBA 1re année primaire post-fondamental : 48 % TBA 1re année primaire = 95 % TBS secondaire = + 90 %
ii) 67 % réussite CEPE taux d’achèvement – fondamental TBA 1er cycle du secondaire = 37 % TBA primaire = 99,68 %
57 % réussite BEPC (C1 à C4) : 28,2 % TBA 2e cycle du secondaire = 17 % TBA secondaire = 94,06 %
PERFORMANCES SCOLAIRES
60 % réussite bac - post-fondamental 27,5 % ii) 86 % réussite 96 % réussite KCPE (BEPC)
iii) 16 % redoublement en primaire Taux de redoublement : CEP/FSLC 99,22 % réussite KCSE (bac)
22 % redoublement dans le secon- - primaire : 26,3 % 58 % réussite BEPC % redoublement = 2,94 %
daire - collège (C4) : 25,1 % 29,5 % réussite Probatoire % abandon = 13,8 %
- post-fondamental : 19 % 55 % réussite bac
Taux d’abandon : iii) % redoublement :
- primaire : 11,3 % 14,9 % primaire
- collège : 11,7 % 13,8 % 1er cycle secondaire
20,3 % 2e cycle secondaire
iv) % abandon :
24 % primaire
36 % secondaire
Avancement automatique (sauf si 86 % CEP/FSLC 75 % élèves ont KCPE
DIPLÔMES
43 % population alphabétisée 88,2 % de 15-24 ans alphabétisés 11,6 % population alphabétisée 78 % population alphabétisée
BÉTISA-
ALPHA-
TION
52 % des 15 -24 ans alphabétisés 70 % de 15-24 ans alphabétisés 83,09 % des 15-24 ans alphabétisés
i) 3 % enseignants communautaires i) Depuis 2012, le système est en i) Nombre élevé d’enseignants i) 73 % des enseignants sont titu-
et 47 % « autres » enseignants cours de rénovation (enseignement contractualisés laires du KPEC et enseignent dans
ii) Forte pauvreté (40 % en 2015) : fondamental de 9 ans) mais coup ii) Disparités entre les deux sous-sys- les communautés et camps de
68 % d’accès au primaire et 39 % d’arrêt entre 2015 et 2018 tèmes, entre les zones urbaines et réfugiés
d’achèvement dans les familles les ii) Les précarités scolaires (élèves, rurales et les régions ii) Enseignants peu professionnels
plus pauvres contre 94 % et 79 % mais également enseignants pri- iii) Efficience professionnelle : forma- car 40 % ne détiennent pas de
POINTS DE TENSION
dans les plus riches maire) au centre des préoccupations tion pratique insuffisante, difficultés connaissances et de compétences
iii) 28 % d’écoliers à plus de 30 min iii) Les disparités (urbain/rural) sont d’appropriation des outils didac- nécessaires pour enseigner dans
de leur domicile très fortes (ex. : abandon) tiques et l’APC leurs matières et ne bénéficient ni
iv) 50 % du temps scolaire vont aux iv) L’attractivité du métier est affai- iv) Inégalités dans le recrutement d’encadrement ni de perfection-
apprentissages blie par les questions de salaire et des enseignants à la fonction pu- nement
v) Un CP pour 113 enseignants, 1 IE de sécurité blique : niveau de compétences des iii) Disparités régionales dans la
pour 80 écoles v) Peu de perspectives d’évolution apprenants du primaire insuffisant distribution d’enseignants et d’éta-
vi) Décentralisation en cours et forte de carrière v) Inégalités dans la formation blissements de qualité
implication du privé vi) 40 % des élèves du Fonda sont pratique des enseignants : profil 1 iv) Programme d’éducation primaire
dans une classe à double vacation (BEPC) effectue 6 stages, profil 2 universelle en janvier 20032008 :
(probatoire) 4 stages et profil 3 (bac) abrogation des frais de scolarité
effectue 1 ou 2 stages dans les écoles secondaires
Principaux éléments de contextualisation
des dispositifs de formation
MADAGASCAR MALI RDC VIETNAM
138,5 % TBS (primaire) 80 % TBS (primaire) 100,8 % TBS (primaire) Proche 100 % TBS (prim)
TBS collège = 45,5 % 76 % TBA 1re année primaire 124,3 TBA (1re année primaire) Proche 100 % TBA 1re année primaire 99
TBS lycée = 23,6 % 52,47 % réussite BEPC 57,6 % TBA (1re année secondaire) 94,06 % réussit. bac
TBA 1re année primaire = 65,47 % 24,96 % réussite bac > 80 % réussite TENAFEP 1 % redoubl. prim.
TNA 1re année primaire = 26,8 % 19 % redoublement primaire 11 % redoublement primaire 1,16 % redoub. coll.
TBA 2e cycle = 73,23 % 23 % redoublement collège 23,9 % 10 % redoublement secondaire 4,9 % redoubl. lycée
TNS lycée = 10 % redoublement lycée
TNS collège = 27,8 %
74 % réussite CEPE
46 % réussite BEPC
41 % réussite bac
Redoublement
26 % primaire
14,5 % secondaire
74,8 % population alphabétisée 33,1 % population alphabétisée 77 % population alphabétisée 90 % population alphabétisée
81,20 % des 15 -24 ans alphabétisés 58,1 % des 15 -24 ans alphabétisés 77,5 % des 15-24 ans alphabétisés 97 % des 15 -24 ans alphabétisés
i) 46 % des enseignants sont des ensei- i) Multiple statuts des enseignants (fonc- i) Enseignants du public : 82,2 %, dont i) Changement de statut des ensei-
gnants communautaires. tionnaires, contractuels, communau- 17,3 % dans les écoles non convention- gnants en 2020 (plus de CDI, seulement
ii) 75 % des élèves déscolarisés sont en taires) avec montée en puissance des nées, 61,5 % dans les écoles conven- des CDD)
extrême pauvreté. contractuels ces dernières années tionnées ii) Inégalités de scolarisation entre
iii) 84 % des écoliers à plus de 2 km de ii) Crise multidimensionnelle, une partie ii) 69,7 % de pauvres (2004) ; en milieu ethnie majoritaire et minoritaire
leur domicile de son territoire est zone de conflit ac- rural, dans les familles pauvres : 31 % iii) Changement de paradigme pédago-
iv) Une moyenne de 3 heures 09 de centuant la pénurie d’enseignant non scolarisés contre 18 % gique peu appliqué dans les classes
travail par jour pour un enseignant iii) Déficit d’encadrement pédagogique iii) 50 % d’élèves à 5 km de l’école non iv) surplus d’enseignants par rapport
v) Déficit d’encadrement pédagogiques de proximité des établissements scolarisés aux besoins générant de la corruption
de proximité des établissements iv) Inadéquation entre curriculum de iv) Absence d’un encadrement pédago- dans les procédures de recrutement
vi) Transformation de l’EB attendue (de- l’enseignement et curriculum de la gique de qualité
puis 2005) et (difficile) déconcentration formation des enseignants v) Extension en cours de l’EB obligatoire
en cours (depuis 2008) v) Tensions entre structures décentrali- de 6 à 8 ans
sées et déconcentrées vi) Importante décentralisation
Cadres politiques et stratégiques de la
professionnalisation enseignante
REPÈRES ET
BÉNIN BURUNDI CAMEROUN KENYA
CONSTATS
a) Après les années d’ajustement a) Formulée en 2019, la politique a) La formation des instituteurs a) L’admission à des programmes
structurel, diagnostic de la question enseignante définit une vision a lieu dans des Écoles Normales de formation aux enseignants et à
HISTOIRE DE LA POLITIQUE ENSEI-
enseignante (2011), adoption d’une holistique du métier, mettant en d’Instituteurs d’autres cursus dans les établisse-
politique enseignante et d’un PSE évidence des lacunes majeures b) la formation des professeurs du ments d’enseignement supérieur
(réforme de la FI, de la FC et de (double vacation ; faible attractivi- secondaire a lieu dans les Écoles dépend en grande partie des résul-
l’encadrement). té du métier au primaire) Normales Supérieures. tats obtenus au certificat d’enseigne-
GNANTE
b) PSE : besoins de 25 870 ensei- b) Si les conditions d’accès sont c) 03 niveaux de recrutement ment secondaire du Kenya.
gnants au primaire, 17 836 au clairement énoncées celles relatives dans la fonction enseignante par b) C’est dans une faculté de l’édu-
collège, 3 703 au lycée et 2 754 EFTP à certaines fonctions (directeurs) est concours pour le primaire. cation que sont préparés les futurs
(9 819/an à former) plus problématique (opacité) d) 2 types de formations pour enseignants.
l’enseignement secondaire
a) Après les CN d’instituteurs, l’EN a) Depuis le début des années 1960, a) Période coloniale, postcoloniale a) Période précoloniale : éducation
Félicien NADJO est créée en 1961, la FI suscite débat et polémique b) Période de 90 à aujourd’hui : sys- communale avec une influence
puis 6 ENI (1976-1979) remplacées marquée notamment par de multi- tème éducatif régi par la loi 98/004 religieuse ;
par 3 EN intégrées (1987) qui sont ples instances de formation du 14 avril 98 d’Orientations de b) Période coloniale : en 1925, le
fermées en 1990. Ouverture des ENI b) Elle demeure aujourd’hui encore l’éducation, subdivisé en deux Gouvernement ouvre le Jeanes
HISTORICITÉ DE LA FI
(2006-2008) tributaire de 2 ministères (MEF et sous-systèmes (francophone/ School ayant pour objectif de fournir
b) Dans le secondaire, l’ESTE (1972- MES) anglophone). des enseignants aux écoles mission-
1978) est remplacée par les ENS c) Si elle a évolué depuis 20 ans, elle Les articles 16 et 17 organisent ces naires et gouvernementales
(suspendues de 1998 à 2010). demeure marquée par des lacunes sous-systèmes en cycles et filières et c) Période post-coloniale : pour
Reprise de la FI en 2010 (préparation tant au niveau du préscolaire, des l’enseignement secondaire en deux répondre aux déficits d’enseignants,
au CAP et au BAP). enfants avec des besoins spécifiques cycles. On passe de la pédagogie en 1972, le diplôme de sciences de
d) Le CFPEEN prépare les CP et IE et surtout sur l’accompagnement du par objectif à l’approche par com- l’éducation est créé dans la faculté
aux CAIESG et CAIETP. cycle 4 (collège). pétences. d’éducation à Kenyatta University
e) Le privé participe à la FI dans le College et Nairobi University College.
primaire et le secondaire
a) Chaque ENI peut accueillir a) La diversité des structures est im- a) La formation initiale des a) La formation des enseignants du
300 stagiaires et chaque ENS, 225. portante, mais en réduction pour le élèves-enseignants du primaire a primaire est organisée par des orga-
b) La FI est assurée pour le primaire fondamental (suppression des EN et lieu dans les écoles normales d’ins- nismes du Kenyan Institut of Edu-
100 par 5 ENI et 41 EPFI, pour le secon- maintien des lycées pédagogiques) tituteurs. La formation pratique a cation qui offre un certificat d’ensei-
DES DISPOSITIFS DE FORMATION
daire par 2 ENS, l’ENSET et l’INJEPS b) Elle reste stable pour le post-fon- lieu dans les écoles annexes d’ap- gnement des écoles primaires.
et un établissement privé, pour les damental : plication, Les universités de Kenyatta, de Nai-
SCHÉMA STRUCTUREL
encadreurs par le CFPEEN. ENS, IPA, faculté, IEPS. b) Formation initiale des élèves-en- robi, de Ergerton assurent la forma-
c) La formation dure 2 ans au pri- c) Si les curricula de l’enseignement seignants du secondaire a lieu dans tion des enseignants du secondaire,
maire (CEAP si BEPC et CAP si bac) et de base ont fait l’objet de révision, le les écoles normales supérieures et mais aussi du primaire.
au secondaire 3 ans (BAPES) et 5 ans travail reste à développer au niveau techniques. b) Des formations existent pour des
(CAPES) en alternance entre les de la FI. c) Durée qui varie selon le profil de enseignants contractuels.
cours théoriques sur site et stages. recrutement : Durée de formation entre 3 ans
3 ans pour le niveau bac (prof. de (primaire) et 4 ans (secondaire)
collège), 2 ans pour niveau licence
(prof. de lycée, prof. des écoles
normales d’instituteurs), 2 ans
(instituteurs)
a) En 2015, 23,6 % des dépenses a) Si le financement de l’éducation a) Les dépenses publiques consa- a) Depuis 2008, les dépenses consa-
courantes de l’État hors service de dépend de l’État, appuyé par les crées à l’éducation représentent en crées à l’éducation représentent au
la dette sont consacrées l’éducation, PTFs, contribution également des 2018, 16,88 % des dépenses du Gou- moins 20 % du budget national, soit
FINANCEMENT ET FORMATION
mais ressources d’investissement communes et des églises vernement. 88,56 % des dépenses le taux recommandé par le Partena-
insuffisantes. Il est prévu sur le PSE, b) 22 % du budget de l’État consa- dans l’enseignement primaire. riat mondial pour l’Éducation (PME).
30,8 % en 2018 à 33 % en 2020. crés à l’éducation 97,09 % du total des dépenses de b) Depuis 2005, le PME soutient
b) Politisation de l’administration c) Situation insuffisante pour assurer l’enseignement secondaire public. B) le système éducatif kenyan. Pour
scolaire et centralisation de la la qualité du secteur et également Le Cameroun bénéficie du soutien 2020-2021, le soutien a porté sur la
gestion des budgets fortes une véritable gratuité (malgré les de partenaires internationaux pour formation de 150 000 enseignants
c) La contribution du secteur privé : formulations politiques) le financement de son système et 100 000 agents de supervision
25,8 % des élèves du primaire et éducatif. du programme d’enseignement
18,5 % des élèves du secondaire c) La part du Cameroun qui est de aux méthodes d’enseignement à
d) Paiement de frais de scolarité par 13,82 (3 % du PIB) est insuffisante au distance sur la mise en place d’un
les admis à titre payant regard des standards du PME (6 %) système intégré de suivi et d’évalua-
tion des interventions.
a) La réforme de la FI et de la FC des a) Les engagements des PTF (AFD ; a) Le Gouvernement a adhéré aux a) Les engagements du Kenya se
ENGAGEMENT ET TRANSFORMATION
enseignants (avec bac à l’entrée) CTB ; BM et UNICEF) constituent une objectifs de l’Éducation pour Tous résument à l’éducation universelle
et des encadreurs et leur gestion véritable bouée de sauvetage sur les et du Millénaire accès au primaire depuis 1973, la gratuité scolaire au
rationnelle sont dans le PSE des enjeux critiques 100 %, achèvement 100 % et 100 % primaire et au secondaire autour du
axes prioritaires. b) Le FCE constitue un atout majeur de la 6e à la Terminale système 8-4-4.
EN COURS
b) Engagement fort du PME et des de cette démarche b) Depuis 2014, la formation des b) Les transformations en cours
PTFs (UNICEF, DDC, AFD, BM, USAID, élèves-maîtres a un programme portent aussi sur l’abandon du
etc.) sur le financement du PSE décliné en logique de compétences système 8-4-4 et sur la vulgarisation
dans le cadre d’un fonds commun transversales et professionnelles des écoles mobiles (écoles itiné-
budgétaire. pour la mise en œuvre de la pédago- rantes, écoles numériques) afin
gie de la maîtrise. de répondre aux insuffisances du
système éducatif.
MADAGASCAR MALI RDC VIETNAM
a) Après les fortes situations de crise a) Difficile mise en place du PRODEC en a) Après les années de guerre, mise a) Importante réforme curriculaire
(2009-2013, notamment) mise en place raison de la crise sécuritaire, adoption en place de la Stratégie sectorielle de entraînant un changement de pratiques
d’un PSE avec un schéma directeur de récente du PRODEC 2 (2019) insistant l’éducation et de la formation (SSEF, pédagogiques nécessitant une réforme
la politique enseignante fondée notam- sur la formation des enseignants. b) 2016-2025) avec en vue la réforme du de la formation des enseignants et une
ment sur la qualification de ces derniers Politique enseignante en cours de système de recrutement et de gestion réorganisation du réseau de formation
et logique de redevabilité. formulation des enseignants et la professionnali- à partir de 2020
b) Besoins de 20 000 enseignants par c) Besoins de près de 7 000 enseignants sation. b) Besoin en enseignants inférieur
an, mais une majorité sera non-fonc- par an, la majorité sera des contractuels b) Élaboration d’une politique nationale. aux effectifs sortants des écoles de
tionnaire (sans FI) et une partie sans FI c) Besoin de 156 000 enseignants de formation
2016 à 2030 et de 25 500/an par la
suite.
c) Recrutement par ouverture de postes
a) L’INFP et son réseau de centres régio- a) Les IFM (20, dont 19 fonctionnels) ont a) La formation initiale des enseignants a) Multiplication des institutions de
naux (24 CRINFP) ont pris la relève, à la pris la relève des écoles normales pour a commencé dans les années 1950 avec formation initiale des enseignants de
fin des années 1990, des EN (niveau 1 et la formation des enseignants du fonda- la création des écoles normales par les statuts divers (universités, collèges pé-
2) et l’ENS la suite de l’EN niveau 3). mental 1 et 2 missionnaires. En 1962, les écoles nor- dagogiques, collèges multidisciplinaires)
b) L’INFP et son réseau se consacrent b) L’ENS (une seule école) assure main- males sont transformées en Humanités dans les années 2000
à la FI des EP, des CP et des EC. L’ENS tenant la formation des enseignants pédagogiques (HP). b) Réorganisation actuelle du réseau
prépare au CAPEN qui permet d’exercer du lycée. b) Définition et organisation de l’ensei- de formation initiale des enseignants
en collège et lycée. gnement normal en 1964. (fermeture de certains établissements).
c) Les établissements privés (notam- c) Formation des enseignants du secon- À partir de la prochaine rentrée scolaire
ment confessionnels) ont leurs propres daire dans les ISP, les ISPT et l’UPN (2020-2021), les universités forment les
centres de formation et des universités d) Formation à l’IFCEPS des encadreurs enseignants du préscolaire au secon-
ont leurs propres cursus (effectifs très pédagogiques et des chefs d’établis- daire quand les collèges se concentre-
limités). sement ront sur la formation des enseignants
du préscolaire.
a) L’INFP peut accueillir dans a) Les IFM peuvent former environ a) La FI des enseignants du primaire a) Les élèves étudient 4 ans après le
ses 25 centres 3 600 stagiaires, 1 500 enseignants par an et l’ENS se fait dans les HP. En 2010-2011, bac pour obtenir un « bachelor degree »
toutes formes de formation environ 100) 10 288 HP et en 2017-2018, 28 240 hu- au sein d’une institution supérieure
confondues et les ENS (5 centres) b) À l’IFM, la formation dure entre 2 et manités (22 407 au public et 5 833 au (universités, collèges…) et peuvent se 101
entre 1 500 et 2 000 places). 4 ans (selon le niveau d’entrée). À l’ENS privé). présenter au concours d’enseignant
b) Les formations se font en 2 ans (EP) la formation suit le système LMD b) La formation se fait en 6 ans (2 ans organisé par les localités (dans le public
ou 3 ans (EC et CAPEN). c) Les formations alternent entre in- de tronc commun et 4 ans de prépara- ou le privé).
c) Elles alternent formation intra-muros tra-muros (plus de 80 %) et des stages tion diplôme d’État). b) Les formations alternent entre
(80 % du temps) et stages). c) La formation des enseignants du connaissances générales (25 %) ; conte-
d) Depuis 4 ou 5 ans, des formations secondaire se fait dans les ISP, ISPT, nu disciplinaire (50 %) et professionnali-
spécifiques (2 à 5 mois) sont mises en facultés et à l’UPN (modalités de forma- sation incluant les stages (25 %).
place pour les enseignants FRAM. tion de l’ES avec 2 ans pour le graduat
et 3 ans pour la licence).
a) Depuis 10 ans sous-investissement a) L’État malien consacre en moyenne a) Budget de l’État pour l’éducation en a) Le Vietnam consacre 20 % du budget
en éducation (3,1 % du PIB) ; 23 % des 3,7 % de son PIB à l’éducation et 32,6 % 2019 (SSEF) : 2,3 % du PIB, 23,1 % des de l’État et 4,8 % de son PIB au dévelop-
dépenses de l’État attendus en 2022 de ses dépenses courantes sont al- dépenses courantes pement du capital humain
b) Opacité (circulation des fonds) et cen- louées au secteur. b) Part du préscolaire et du primaire b) Les familles contribuent à hauteur
tralisme constituent des freins aux bons b) 95,6 % des dépenses sont exécutées (42 %), du secondaire (32 %) et du de 50 % dans le financement de l’édu-
engagements (20 % des fonds dédiés à au niveau déconcentré. supérieur (26 %) cation
la formation arrivent aux 25 CRINFP). c) Les familles maliennes ont dépensé c) Importantes dépenses de fonction- c) La formation des enseignants était
c) L’enseignement privé se développe environ 72,4 milliards de francs CFA nement jusqu’à récemment exempte de frais de
face à la paupérisation (en moyenne pour la scolarisation de leurs enfants d) Appui croissant des PTFs, dont PME scolarité. Cette situation est amenée à
20 % des élèves, mais jusqu’à 40 % dans aux différents niveaux d’enseignements sur la SSEF : 780 USD en cours. Projet changer fin 2020.
les grandes villes). en 2015. BM-PERSE : 800 USD
d) ENS : droits d’inscription élevés e) Taxes et droits de 43 USD en
moyenne par enfant/an à charge des
parents
f) Suivi difficile et faible des écoles
a) La qualité de la formation est l’axe a) Le PRODEC 2 marque une priorité a) À la suite du constat des faibles a) La qualité de la formation est l’axe
prioritaire depuis 2008 (notamment claire à l’accueil des jeunes maliens acquis des sortants, adoption de la prioritaire de toutes les récentes poli-
dans les 2 premiers cycles du primaire pour une éducation de base de qualité SSEF avec 3 axes sur la FI : transfert de tiques éducatives
et formation des enseignants). b) Les PTFs (Banque mondiale, AFD, la FI des HP aux IFM, priorité aux com- b) Appui en cours de la Banque
b) PME en cours autour de 4 axes, dont UNICEF, UNESCO, USAID, OIF, UE) sont pétences professionnelles et mise en mondiale et de la Banque asiatique
FI et FC (FRAM) essentielles notamment au dévelop- cohérence entre FI et FC de développement sur les questions
c) Interventions des PTFs (UNICEF ; BM ; pement de la formation et se tournent b) Engagement financier fort des PTFs enseignantes
AFD et DUE) essentielles au développe- depuis peu vers un soutien plus fort à la (BM, USAID / UKAID, PME, UNICEF,
ment de la formation formation initiale. DIFID, AFD, etc.), 2,89 milliards USD
d) Création d’un FCE en cours en 2015
Principaux éléments de fonctionnalité
de la formation des enseignants
REPÈRES ET
BÉNIN BURUNDI CAMEROUN KENYA
CONSTATS
a) Recrutement au primaire niveau a) La restructuration de l’EB en un a) 3 niveaux de recrutement dans la a) Le recrutement par l’État,
BEPC et bac par voie de concours enseignement fondamental sur profession enseignante au primaire b) Il arrive que l’on recrute sou-
pour les 18-35 ans de concours ou 9 ans a redéfini les lignes des recru- par concours. vent au sein des personnes qui
GESTION DES RECRUTEMENTS
sponsoring, bientôt seul niveau bac. tements avec deux niveaux : fin du b) Pour les élèves-professeurs, il détiennent un certificat d’études
b) Régionalisation non mise en cycle 4 (ex. : collège) et le post-fon- existe 02 niveaux de recrutement. secondaire et qui ne peuvent se
œuvre damental (lycée) C) Des tests sur dossiers sont orga- référer qu’à leur propre expérience
c) Recrutement au secondaire b) Difficulté à cerner avec précision nisés par l’État pour le recrutement d’élève.
niveau bac sur concours. la Fi pour le C4 et également la FI du des enseignants contractualisés À Kakuma, un des grands camps de
d) Intégration à la fonction publique préscolaire. anciennement contractuels par an. réfugiés, 73 % des enseignants du
sur concours à l’issue de la forma- c) Difficulté également à cerner les d) Des besoins en enseignants primaire n’ont aucun diplôme pour
tion. besoins et les contraintes de cer- existent toujours. enseigner.
e) Besoins de recrutement de taines régions (sécurité). c) Des besoins en enseignants
50 163 enseignants pour les 3 cycles persistent.
de 2018-2030
a) Les ENI sous tutelle du SG/MEMP a) La diversité et la fragmentation a) 3 niveaux de recrutement dans la a) Le recrutement par l’État,
et les ENS sous les universités des dispositifs de FI font l’objet profession enseignante au primaire b) Il arrive que l’on recrute sou-
b) Le budget des ENI vient du MEMP d’un travail de mise en cohérence par concours. vent au sein des personnes qui
PILOTAGE ET MANAGEMENT
et celui des ENS des universités. (suppression des EN et cohérence b) Pour les élèves-professeurs, il détiennent un certificat d’études
DES FORMATIONS
c) Faibles capacités (ENI : 1 079 des cursus) existe 2 niveaux de recrutement. secondaire et qui ne peuvent se
stag. par an contre besoin de 2 150, b) Perspectives de standardisation C) Des tests sur dossiers sont orga- référer qu’à leur propre expérience
450 places aux ENS contre besoin des qualifications nisés par l’État pour le recrutement d’élève.
par an de 2 232 en ESG et 2 754 en c) Difficulté à cerner au mieux l’accès des enseignants contractualisés À Kakuma, un des grands camps de
EFTP. au C4 (capacité d’accueil, notam- anciennement contractuels par an. réfugiés, 73 % des enseignants du
d) Peu de matériels didactiques et ment) d) Des besoins en enseignants primaire n’ont aucun diplôme pour
d’équipements (dont Internet) d) Gestion du début de carrière existent toujours. enseigner.
souvent chaotique. c) Des besoins en enseignants
persistent.
a) Référentiel et programme de a) Depuis 2012, la Fi a été dotée a) Le curriculum de l’enseignement a) L’éducation sur l’acquisition des
FI dans le primaire selon l’APC et d’un référentiel de formation, de primaire de niveau 1 présente les ca- connaissances, des compétences et
cohérent avec le référentiel de métiers et d’un plan de formation ractéristiques suivantes : approche la mise à disposition des possibilités
compétences des enseignants plus étoffé. globale et intégrée de l’appren- d’apprendre tout au long de la vie.
102 b) Profil de sortie avec trois do- b) Mise en place d’une banque de tissage, un décloisonnement des b) En ce qui concerne la forma-
maines : professionnel, enseigne- ressources documentaires (tous disciplines et leurs regroupements tion des enseignants, l’accent sur
RÉFÉRENTIEL ET CURRICULA
ment, école et ses partenaires. niveaux de formation) à travers en domaines, un apprentissage axé l’importance pour l’enseignant de
c) Dans le primaire, une approche participative (appui sur la démarche des résolutions des développer des valeurs et attitudes
(*) 660 heures de cours théoriques ENABEL) problèmes. professionnelles, d’apprendre à être
(relèvement de niveau : 50 heures c) Problème des langues d’enseigne- b) Dans le cycle général de l’en- guide et conseiller, de développer
pour français, 30 heures pour math., ment demeure important seignement secondaire, les pro- les compétences en communication.
ES, EA et EPS et 25 heures pour d) Distinction (fracture ?) quant à la grammes ont un caractère pluridis- Les unités d’enseignement com-
EST. Didactiques : 60 heures par place de la recherche et de l’innova- ciplinaire, présentent des objectifs prennent des unités obligatoires en
discipline) tion dans les cursus entre primaire à atteindre et visent une formation sciences de l’éducation et des unités
(**) 264 heures de stages pratiques. et secondaire générale. de spécialisation réparties en ma-
d) Dans le secondaire, 750 heures/ e) Difficulté persistante quant à la c) Mais, les matières profession- tière A et en matière B.
an, 180 crédits, dont 100 pour satisfaction des étudiants dans leur nelles (pédagogie, didactique,
l’académique et 80 pour la pratique, parcours préprofessionnel. méthodologie) sont insuffisamment
dont 200 heures stages + S6 stage enseignées.
BAPES et S10 stages CAPES
MADAGASCAR MALI RDC VIETNAM
a) Recrutement niveau Bac par voie a) Recrutement niveau BEPC ou bac par a) Orientation ou choix des élèves pour a) Recrutement niveau bac par voie de
de concours (après dossier) pour les voie de concours à l’IFM (Bac pour l’ENS) l’entrée dans la formation. concours national dans les institutions
21-30 ans b) Recrutement régionalisé pour IFM b) Recrutement des enseignants par de formation des enseignants. Chan-
b) Recrutement régionalisé (mais correction centralisée et affecta- voie de concours aux titulaires du gement attendu dans l’année : chaque
c) Entre 2010 et 2016 : 3 824 ensei- tion potentiellement différente de la diplôme d’État des HP pour le primaire, institution est autonome dans l’organi-
gnants primaires recrutés, puis reprise région d’origine) au graduat et à la licence pour le se- sation de son concours
en 2018 (1 859 pour le primaire et 1 324 c) Inadéquation entre besoin et recru- condaire. b) Effectifs jusqu’à présent largement
pour le collège) tement effectif (ex. : en 2016, 1 156 sor- c) Recrutement possible des filières dictés par le MEF, mais changement
d) Effectifs de recrutement par CRINFP tants IFM pour 235 postes budgétaires générales des humanités programmé : chaque institut pourra
définis par capacités des centres et non disponibles, alors que le système avait d) Besoin de recrutement de 15 600 en- fixer ses quotas.
par besoin des régions. besoin de 7 000 enseignants seignants durant la SSEF et de 25 500/ c) Effectifs formés supérieurs aux
e) Besoin de 20 000 enseignants an- d) Effectifs de recrutement par IFM défi- an après. besoins du système
nuellement jusqu’en 2022 nis par capacités et non par besoin d) Infrastructures vétustes dans certains
endroits et manque d’équipement
a) Pilotage central de la formation et a) Pilotage central de la formation (par a) Système fortement déconcentré, a) Pilotage central jusqu’à récemment,
relations floues avec direction MEN la DEF) mais avec un cadrage national du mais en cours de changement avec au-
b) CRINFP au statut mal défini et aux b) Pilotage régional pour le recrutement dispositif de FI. tonomie attribuée aux établissements
budgets limités (aides des PTFs) c) Difficile collaboration entre les entités b) Niveau élevé des frais supportés par supérieurs
c) Capacités d’accueil trop limitées (sans déconcentrées et décentralisées les parents b) Insuffisance et inadaptation des be-
rapport avec les besoins) d) Capacités d’accueil trop limitées (sans c) Système géré majoritairement par les soins en matériel et équipement (dans
d) Insuffisance et inadaptation des rapport avec les besoins) confessions religieuses (> 80 % des HP) certaines institutions)
besoins en matériel et équipement avec des subventions de l’État
(notamment Internet) d) Insuffisance des matériels et équipe-
ments (dont Internet).
a) Formations bénéficient d’un cadre a) Nouveau curriculum de l’enseigne- a) Le programme national de psychopé- a) Formations disposant d’un cadre de
conceptuel clair : référentiels de compé- ment fondamental disponible depuis dagogie (FI des maîtres) ne s’appuie pas référence avec des standards
tences et plans de formation 2005 sur le référentiel de compétences de b) Relative autonomie des universités
b) 5 compétences essentielles à maî- b) curriculum de l’enseignement normal l’enseignant (fondé sur l’APC). à définir leur curriculum à l’aune des
triser (dont langues et gestion d’un (formation des enseignants) en lien b) Le programme de FI sur les 4 ans de standards et à hauteur de 40 % 103
établissement) avec le curriculum de 2005 approuvé spécialisation est organisé en cours gé- c) Stage au cours de la dernière année
c) Formation en 2 ans (INFP) ou 3 ans) en 2017, mais encore peu diffusé dans néraux (68 %), formation pédagogique de formation
ENS ; sur la base de modules (20 en les IFM avec stages (18 %) et cours spéciaux c) Réflexion actuelle sur un cadre
primaire) avec évaluation sommative c) APC non maîtrisé par les formateurs (14 %). national des qualifications au Vietnam
(parcours), et stages et évaluations dans les IFM et à l’ENS d) La formation des professeurs se fait qui doit fixer un ensemble de normes
certificatives d) À l’IFM, formation autour des disci- selon les modalités de formation de et de critères relatifs au volume horaire,
d) Dans le primaire, 2 500 heures de plines et des matières professionnelles l’enseignement supérieur (30 crédits/ aux compétences et connaissances
formation réparties en 4 semestres en 2 ou 4 ans (selon niveau d’entrée) semestre, 120 crédits pour le graduat, attendues
avec 3 stages (immersion ; tutelle et avec entre 2 et 3 stages (selon le niveau 180 pour la licence).
responsabilités) d’entrée) c) Une année de stage pédagogique
e) Possibilités de modulation des plans d) ENSUp : programme de formation pour les candidats recrutés au
de formation (peu mise en place) aligné sur le LMD (à raison de 40 heures concours.
semaines)
Principaux éléments de fonctionnalité
de la formation des enseignants (Suite)
REPÈRES ET
CONSTATS BÉNIN BURUNDI CAMEROUN KENYA
a) Perspective d’un enseignant a) Évolution quant à la démarche a) Compétences transversales a) Les textes officiels du ministère
professionnel et réflexif mise en œuvre, mais persistance de et professionnelles construites de l’Éducation font obligation à
b) Modèle de formation à l’ENI : lacunes importantes quant à l’articu- dans une formation pratique de l’enseignant de développer des
alternance (P/T/P) 2 à 3 stages de lation entre théorie et pratique 3 à 6 stages en alternance avec la compétences.
2 à 4 semaines en 1re année et la b) Difficultés chroniques à gérer l’in- formation théorique. b) Pour l’enseignement du français,
2e année, stage en responsabilité tégration professionnelle des stages b) Disciplines enseignées organisées la méthode de FLE est élaborée au
c) Dans les ENS, principe de l’alter- dans le cursus en conseils sur les didactiques des Kenya à partir de la problématique
DÉMARCHES PÉDAGOGIQUES
nance théorie-pratique et système c) Persistance d’un sentiment d’im- disciplines, le curriculum, la politique de l’approche communicative.
LMD. Stages obligatoires (2 ou préparation au métier ; éducative et la supervision pédago- c) Utilisation de matériel pédago-
3 stages et 1 année en stage en d) Moyens de fonctionnement dé- gique, la recherche-action ainsi que gique TESSA
MÉTHODES ET
responsabilité). diés à la formation peu adaptés aux langue et culture camerounaise et d) Dans la pratique, des méthodes
d) Faiblesse de l’encadrement et du enjeux actuels (malgré des progrès) informatique transmissives sont utilisées.
suivi des stages et des partenariats. c) Dispositif de stages au primaire e) Formation discipline dans les
comprenant des écoles d’application universités et professionnelle dans
de plusieurs types selon le profil du la faculté d’éducation
formé. f) Faiblesse du dialogue entre les
d) Travail en équipe entre les inter- deux groupes de formateurs et
venants sur le stage dans les écoles capacités professionnelles de forma-
annexes ou des lycées et collèges teurs d’enseignants insuffisantes.
e) Enseignants non spécialisés en g) Réforme CBC en cours d’implé-
Sciences de l’éducation et en forma- mentation non encore en vigueur
tion des enseignants, surtout dans dans la FI
le supérieur.
a) Pas de corps de professeurs d’ENI a) La faiblesse de la préparation aux a) Formation pratique des ensei- a) La formation professionnelle
ou ENS, affectation par le MEPM. fonctions de formateurs demeure gnants comme un apprentissage par enseignante est assurée dans les
b) Types de formateurs : inspec- conséquente, y compris ENS et IPA observation de modèles à travers structures officielles, le Kenya Ins-
teurs et conseillers pédagogiques, b) Inexistence d’un référentiel de 03 types de stages (observation, de titut of Éducation, le Kenyatta Uni-
enseignants avec CAP et maîtrise formateurs de formateurs tutelle et de responsabilité). versity, pour ne citer que ces deux
en psychopédagogie et (en théorie) c) Opacité dans l’accès à la fonction Un travail d’équipe : maître de stage, structures à titre d’exemple.
formation complémentaire au d) Enseignant de base peu (pas ?) encadreurs des écoles annexes de b) En situation de crise (zone de
LES FORMATEURS
104 CFPEEN. accès à la fonction de formateur formation ou des lycées et collèges réfugiés) la formation a lieu sur le
c) d) Volume horaire/semaine/ d) L’approche de la fonction de et superviseurs de services centraux terrain afin de soutenir les ensei-
permanent : 16 h formation se fait sous l’angle trans- de l’éducation. gnants du primaire réfugiés et non
c) Nombreux vacataires (10 perma- missif et académique. b) Les formateurs dans les lycées et qualifiés avec l’appui des universités
nents et 206 vacataires dans les ENI e) Approche d’équipe pluridiscipli- collèges sont les professeurs, les ins- et organisations non gouverne-
en 2019, 108 vacataires à l’ENSET naire et transversale pas d’actualité. pecteurs, les chefs d’établissements mentales.
en 2014). et parfois les enseignants de l’ENS c) Selon le contexte, les profils des
d) Directeur : ordonnateur délégué C) Insuffisance : une grande variabi- formateurs ne sont pas toujours les
de budget. lité des profils d’étudiants et pas de mêmes.
corps de formateurs formés pour
le travail.
a) Évaluation basée sur contrôles a) L’accès aux établissements de a) Cas des élèves-maîtres a) En première année, évaluation
continus, le stage et la conduite et formation (LP ; ENS et faculté) se fait Chaque type de stage est évalué : dans UE choisie. L’étudiant assiste
une évaluation finale comportant essentiellement sur dossier (pas de leçons et rapport de stage. L’évalua- au cours professionnel et acadé-
ÉVALUATION ET CERTIFICATION
a) Perspective d’un enseignant profes- a) Perspective d’un enseignant profes- a) Écoles d’application et stages d’un a) Souhait affirmé d’aller vers des pé-
sionnel réflexif, appuyé (en théorie) par sionnel réflexif, mais pas d’approche mois, mais pas modèle d’alternance T/P. dagogies centrées sur l’élève, mais peu
une alternance théorie/pratique pratique/théorie/pratique dans le b) Plans de formation théorique définis d’application concrète
b) Les plans de formation déclinent les cursus clairement, mais peu de cadrage pour b) Manque de partenariats entre le
modalités de travail adéquates. b) Manque de relation avec le réseau les stages. réseau d’établissements scolaires et
c) Rapport au métier délicat : pas de d’établissement scolaire et manque c) Faiblesses des pratiques et du profil les institutions de formation des en-
réseau scolaire d’établissement ; d’accompagnement des stagiaires professionnel seignants
d) Stage en responsabilité partiellement c) Peu de collaboration entre les collecti- d) Stage en responsabilité sur la pre- c) Importance du rôle du directeur
responsabilisant vités territoriales et les académies mière année dans la profession d’école dans la formation « pratique »
e) Fonctionnement en autarcie (très peu des enseignants à l’issue de leurs
de partenariats, y compris avec DREN 4 années de formation universitaire (les
et CISCO) stages étant insuffisants)
a) Formateurs : élément central du a) Manque de praticiens dans le corps a) Formateurs des HP : enseignants du a) Autonomie de recrutement des
bon développement de la formation de formateurs secondaire, inspecteurs. formateurs
(corpus vieillissant ; issu du supérieur ; b) pas de polyvalences des équipes de b) sur la formation générale, ce sont b) Principalement des universitaires qui
sans expérience de l’enseignement des formation spécialistes d’une discipline ; les chargés n’ont que peu d’expériences pratiques
publics cibles) b) Ouverture récente d’un cursus de de la formation pédagogique sont issus
b) Management des formateurs posent formation de formateur à l’ENS des facultés.
question (recrutement et gestion des c) Ils sont titulaires du graduat ou de la
services) licence. Peu de compétences pour la FI. 105
c) Pas de polyvalences des équipes de c) Formation des enseignants du se-
formation ; condaire assurée par les enseignants
d) Absence de statuts de formateur : d’université peu qualifiés pour une FI
e) Chef de centre sans statut ni réelles d’enseignants.
capacités de management d) Pilotage par les sous Provid et les
confessions religieuses
a) Évaluations fondées sur double a) Évaluation à l’issue de la formation à a) Évaluations en contrôle continu et a) Chaque établissement a son propre
processus : contrôle (continu) des l’IFM fondée sur des notes de composi- examen d’État par le CNCE dans les mode d’évaluation, mais doit respec-
modules et évaluation du stage en tion semestrielle ainsi que les résultats HP. Système universitaire de devoirs et ter des principes et des règlements
responsabilité ; à l’issue des différents stages examen final pour le secondaire. communs de l’évaluation : i) le stage
b) Appréciation sur note (avec critères) b) Concours de recrutement organisé b) L’examen d’État comprend une est évalué par l’école d’accueil, ii) les
qui conditionne le passage en fin de au niveau des CT session ordinaire portant sur la culture enseignants sont responsables de l’en-
1re année c) Certification à l’issue de la première générale, les langues, les disciplines seignement et de l’évaluation de leurs
c) Rapport au référentiel de compé- année d’exercice du métier (QCM) et une « hors session » portant modules, iii) l’établissement certifie le
tence limité dans le processus d’éva- le français et l’examen pratique (péda- résultat de fin d’études universitaires et
luation gogie 35 %, autres épreuves 65 % de attribue le diplôme.
d) Légitimité de l’évaluation certificative la note) b) Le diplômé doit ensuite passer un
pose question : quadruple fonction de c) Jury peu qualifié, pas de référentiel concours au niveau local pour être
l’INFP qui biaise la dialectique formation d’évaluation confirmé (CDD).
/ employabilité
Repères stratégiques du développement
de la formation initiale
REPÈRES ET
CONSTATS BÉNIN BURUNDI CAMEROUN KENYA
a) Les ENI ne sont pas encore orga- a) Dispositifs de formation intégrés à a) L’accès aux écoles de formation a) Tous les stagiaires enseignants ne
INSERTION ET INTÉGRATION DES STRUC-
nisées en réseau, les ENS non plus, une stratégie nationale, mais pas de des enseignants du primaire et du sont pas systématiquement insérés
et entre ENS et ENI non plus. coordination en réseau (primaire) secondaire se fait par concours. B) à la fonction publique ; on estime
b) Les EPFI n’ont pas de liens avec b) La FI est structurée sur une ap- Cependant, l’intégration à la fonction que 40 000 enseignants qualifiés du
TURES DE FORMATION
les ENI, mais utilisent les écoles proche de politique publique publique est différente. primaire sont au chômage.
primaires pour leur stage. c) Inexistence d’un comité fonction- c) Il existe des liens entre les établis- b) Ce constat indique que les liens
c) La politique nationale prévoit nel de pilotage ou d’instance de sements de formation théorique entre la fonction publique et les
la mise en réseau de toutes ces gestion ; (ENI/ENS) et les établissements structures de formation ne sont pas
structures. d) Prédestination forte de la car- annexes d’application (ENIEG/ENIET) systématiquement établis ; ces liens
c) Les certifications sont assurées rière à travers le niveau de FI (peu et les lycées et collèges (pour les semblent faibles.
par les encadreurs pédagogiques. d’évolution professionnelle dans la ENS/ENSET).
Les référentiels et les programmes carrière)
de formation sont les mêmes pour
le public et pour le privé.
a) Le recrutement dans la FP se fait a) Le choix du métier est souvent a) Les élèves-professeurs sont a) Il existe deux profils en matière de
RECRUTEMENT ET AFFECTATION DES
concours ouvert à tous les formés fait par défaut (1/4 des enseignants recrutés directement à la fonction recrutement : enseignants fonction-
dans le public et le privé. Le nombre n’ont pas choisi cette approche en publique après la validation de leur naires et enseignants contractuels ;
de postes dépend des ressources 1er choix de métier) formation pratique. b) Le recrutement n’est pas toujours
de l’État. b) Le recrutement est effectué par b) En revanche, les élèves-maîtres garanti même pour le futur ensei-
SORTANTS
b) Les affectations sont faites par le DPE (province) et DCE (commune) présentent plusieurs profils en gnant sorti d’un stage de formation.
MEPM, et la gestion des carrières c) Répartition inégale des ensei- matière de recrutement après leur c) Il a cependant la possibilité de se
par la FP gnants suivant les provinces sortie. faire recruter en tant que contrac-
c) Les enseignants engagés avec le d) Persistance de corruption dans c) Les élèves-maîtres pourraient être tuel par les communautés.
CEAP sont titularisés après l’obten- l’affectation dans certains territoires démotivés par rapport à ces statuts
tion du CAP. inégalitaires.
d) Les EC sont en cours de réversion
dans la fonction publique (FP).
a) Internat et bourses prennent la a) Pas de bourse pour aider les a) Le Gouvernement camerounais a) Le Kenya compte environ
GESTION ET STATUTS DES
majeure partie du budget des ENS/ stagiaires dans les 167 LP… n’attribue pas de bourse d’études à 440 000 étudiants, dont 367 000
ENS. b)… mais bourses (30 EUR) et aides ses étudiants. dans 22 universités publiques et
106 b) La bourse est versée au mois à aux déplacements pour les ENS b) En revanche, il existe des bourses 9 collèges universitaires b) C’est le
ÉTUDIANTS
l’ENI, à l’année à l’ENS. Le montant et IPA pour des formations qui ne peuvent Bureau des prêts de l’enseignement
mensuel 50-60 EUR (une partie c) Appui aux stages et au mémoire être suivies au Cameroun et dé- supérieur qui accorde des bourses
retenue pour contribuer aux frais de dans ENS ; IPA et faculté livrées par des ambassades ou (frais d’inscription, logement univer-
l’internat) organismes étrangers. sitaire) ou des prêts aux étudiants.
c) Les ITP paient la scolarité.
a) Référentiel et programme de FI a) Les dispositifs de formation a) Dispositif de formation hybride (à a) La formation des enseignants
STRUCTURATION DE LA FORMATION
uniques pour le privé et le public, désormais assez clairement définis distance et en présentiel). Ce dispo- porte sur les matières de l’éducation
cohérents avec le référentiel de laissent peu de place à la polyva- sitif est assuré par IFADEM et deux autres matières de spécia-
compétences du maître. lence au niveau des équipes b) Dans les ENS, le dispositif est lisation. Ces deux matières offrent
b) Programmes ENS conçus selon le b) Pas de maîtres-formateurs dans hybride (présentiel, distance et en des contenus diversifiés (anglais,
système LMD. les établissements scolaires pour réseau). kiswahili, langues étrangères, ma-
c) Mise en œuvre compliquée par assurer un lien ; c) Cameroun alterne entre les dif- thématiques…
des contraintes financières, structu- c) Les directeurs d’établissement et férentes possibilités en matière de b) La formation est en présentielle et
relles et méthodologiques d) Pas de les inspecteurs pédagogiques jouent formation des enseignants. à distance.
référentiel pour l’évaluation ce rôle
e) Pas de réseaux de formation et de d) Pas de réseau d’établissements
formateurs. scolaires autour d’un institut de
formation (tant LP que ENS ou IPA)
MADAGASCAR MALI RDC VIETNAM
a) Existence d’une constellation d’ins- a) Plusieurs IFM qui couvrent toutes les a) Les HP font des offres du 2e cycle de a) Multiplication des institutions de
tances de formation (public : 25 CRIN- aires sociolinguistiques du territoire l’enseignement secondaire. Ils ont un formation aux statuts différents
FP ; 5 ENS) b) Politique enseignante en cours de curriculum spécifique, mais forment b) Réflexion en cours de rénovation de
b) Existence (récente) d’un document finalisation pour l’accès au supérieur comme les la formation initiale des enseignants
définissant la politique enseignante c) Diffusion progressive du curriculum sections générales. c) Mise à disposition de standards de
du pays de l’enseignement normal (formation b) Tous les types d’établissements ont qualité
c) Mise à disposition d’un référentiel initiale des enseignants) les mêmes programmes et sont régis d) Réorganisation du réseau de forma-
commun (compétences et formation) d) Faible collaboration entre CT et AE par les mêmes dispositions. tion initiale des enseignants
d) Coordination (des structures de c) Les enseignants du secondaire sont
formation) embryonnaire formés dans des institutions de l’ensei-
e) Vitalité (INFP) assurée par les PTFs gnement supérieur.
f) Réflexion et stratégie en cours pour d) La SSEF prévoit en 2025, la mise d’un
formation des FRAM. réseau de proximité entre toutes les
écoles.
a) Affectation théorique des sortants a) Recrutement par voie de concours a) Le recrutement dans le public et le a) Recrutement par voie de concours
des CRINFP vers une DREN et un statut organisé au niveau des CT privé après le diplôme d’ÉTAT nécessite organisé par les collectivités sans
de contractuel (6 ans) ; b) Titularisation après une année une vacance ou la création d’un poste grande transparence
b) Affectation des sortants d’ENS pas d’exercice du métier suivant des dynamiques locales b) Nombre important de sortants qui se
systématique (mais peu de chômage à c) Manque d’adéquation entre nombre b) Vivier : sortants des HP, des institu- retrouvent sans emploi
la sortie des ENS) de formés, postes budgétaires dispo- tions pédagogiques et aussi des filières c) Changement de statut (uniquement
c) sortants d’université sans garantie nibles et réels besoins du système générales (1 an de formation après) CDD à partir de 2020)
d’emploi. d) De moins en moins de perspective c) Les allocations font ressortir d’impor-
d) Les FRAM n’ont pas de perspectives d’intégrer la fonction publique tantes disparités entre établissements
d’intégration dans la fonction publique. et entre types de localité.
a) Pour le primaire et le collège (INFP), a) Pour les IFM : bourse non négligeable a) Les HP sont des établissements a) Frais de scolarité à partir de la
plus de bourses et internats obsolètes à l’origine du choix de la formation, secondaires. rentrée 2020 (pour rappel, gratuité
dans la plupart des cas mais bourse insuffisante pour subvenir b) Les élèves-professeurs du secondaire auparavant)
b) Pour le secondaire (ENS), internats aux besoins (certains étudiants suivent sont soumis au régime du système uni- b) Possibilité de bourses à partir de la 107
et bourses (très réduites), sauf pour les plusieurs cursus pour multiplier les versitaire comme les autres étudiants. rentrée 2020
redoublants bourses) c) La SSEF prévoit 200 bourses/ an et
c) Abandons souvent pour des raisons b) Idem pour l’ENS 10 % de stagiaires boursiers en 2025
financières
a) Existence (théorique) d’un dispositif a) Existence théorique d’un dispositif a) Insuffisances de structuration et de a) Réorganisation en cours pour favo-
construit et cohérent ; construit et cohérent mise en œuvre des programmes (pas riser la mutualisation des ressources
b) Mise en œuvre problématique due, b) Problème dans la mise en œuvre, de prise en compte du référentiel de (financières, humaines)
notamment, à des difficultés budgé- pour des raisons budgétaires, mais compétences des enseignants et peu b) Manque de réel partenariat avec le
taires et méthodologiques ; également pour des raisons de faible de place à la formation pédagogique) réseau d’établissements scolaires
b) Dispositifs de formation souvent en collaboration entre les entités respon- b) Les faibles capacités professionnelles c) Insuffisance de praticiens dans le
vase clos (moins pour ENS) sables de la question enseignante des formateurs expliquent les difficul- corps des formateurs
c) Recherche d’une polyvalence profes- c) Peu de lien avec le réseau d’établisse- tés méthodologiques.
sionnelle absente des débats ment scolaire C) Les stages sont prévus, mais faible-
d) Réseaux de formation et de forma- ment mis en œuvre
teurs quasi inexistants
Repères stratégiques du développement
de la formation initiale (Suite)
REPÈRES ET
BÉNIN BURUNDI CAMEROUN KENYA
CONSTATS
a) La FI à l’ENI conduit aux mêmes a) Pour les LP, parcours de forma- a) La formation à l’ENS et INSET a) Le dispositif de formation du futur
tâches, sur le même parcours et le tion en font l’objet d’aucun aména- est une formation professionnelle enseignant inscrit dans une faculté
SPÉCIALITÉS ET DIVERSITÉS
même plan de carrière. gement. académique pour l’obtention d’éducation prévoit des unités d’en-
b) Au niveau ENS, l’universitarisation b) Seules les filières universitaires conjointe du diplôme professionnel seignement obligatoires en Sciences
offre des possibilités aux formés de offrent des possibilités de spécia- et d’une licence dans une discipline de l’éducation puis des unités
suivre parallèlement d’autres par- lisation de spécialisation (1er cycle). d’enseignement dans les matières
cours. c) La perspective de bivalence c) Des problématiques scolaires b) Dans les écoles normales d’ins- de spécialisation A et B.
au collège ouvre la possibilité de importantes (ESH ; préscolarisation) tituteurs, l’accent est mis sur la b) La présence d’un soutien : les
choix d’une discipline au lycée lors sont absentes des cursus didactique des langues, sciences contenus des matières A et B sont
de la formation aux CAPES/CAPET. d) Les ENS et IPA offrent des pers- humaines, didactique des sciences. diversifiés.
pectives plus ouvertes/
a) Alternance T/P/T/P plus effective a) Dans les LP, l’alternance est énon- a) La formation théorique des a) La formation académique et la
dans les ENI que dans les ENS, cée au niveau des 3e et 4e années élèves-maîtres a lieu dans les ENIEG formation professionnelle de l’ensei-
ALTERNANCE DES DISPOSITIFS
mieux faite dans le privé conven- via les stages intensifs ou ENIET. gnant sont en parallèle.
tionné. b) Dans les ENS et IPA, pas d’alter- b) La formation pratique se déroule b) Des contrôles continus sous
b) Organisation faiblement articulée nance, mais stage unique de fin dans les écoles annexes d’applica- forme de dossiers de stages consti-
des cours et des stages. d’études tion ou centres techniques. tuent des éléments de la formation.
c)) Élaboration de rapports et non c) Moyens, encadrement et com- c) La formation théorique des c) Ce dispositif ne semble pas
des mémoires professionnels. pétences insuffisants pour assurer élèves-professeurs est assurée par mettre suffisamment l’accent sur
cette perspective les ENS ; les compétences à acquérir et à
d) La formation pratique a lieu dans développer par l’enseignant dans
les lycées et collèges de l’enseigne- les classes.
ment général et technique.
a) Pas de recherche-action dans les a) dans les LP pas de culture de l’in- a) Depuis 2005, le système LMD est a) Les universités fonctionnent selon
ENI/EPFI novation (ajustement des parcours intégré dans le programme des ENS. le système LMD.
RECHERCHE ET INNOVATION
b) À l’ENS, recherche obligatoire aux consignes ministérielles) b) Promotion de la recherche fonda- b) Des recherches sont conduites
pour les enseignants-chercheurs b) pour les ENS et IPA, la nécessité mentale et pédagogique. dans le domaine de l’enseignement :
des ENS du mémoire ouvre la voie vers une l’intégration des logiciels éducatifs
c) Financements publics de la re- initiation à la recherche… dans l’enseignement des sciences.
cherche faibles. c)… mais budget trop restreint Le matériel pédagogique TESSA
108 d) Formation aux innovations péda- pour un réel développement de la libre ; l’importance des écoles mo-
gogiques, mais pas d’apport de la recherche… biles ou numériques.
recherche à la formation d)… sauf dans les filières universi-
taires (lignes budgétaires ouvertes)
a) Pas de lien entre dispositifs de FI a) Pas ou peu de lien entre disposi- a) Dispositif d’accompagnement a) Un accompagnement des dé-
et de FC. Pas d’accompagnement du tifs de FI et de FC. Pas d’accompa- dans le métier d’enseignant : struc- butants. De futurs enseignants
L’ENTRÉE DANS LE MÉTIER
débutant gnement du débutant. ture de l’inspection et du contrôle trouvent en place d’anciens ensei-
b) Le stage de responsabilité en pédagogique, supervision pédago- gnants pour les accompagner dans
dernière année permet une sorte gique de proximité. le métier.
de transition entre la formation et b) Dans la pratique, trop peu de b) Enseignants recrutés en situation
le métier. Un meilleur encadrement maîtres ont reçu la visite d’un enca- d’urgence (camp de réfugiés) avec
est nécessaire. dreur ; absence de tableau de bord. programme d’accompagnement.
c) Possibilité du débutant de béné- c) De futurs enseignants estiment
ficier de FC en même temps que les qu’il y a un manque de soutien et
autres enseignants. d’encadrement.
MADAGASCAR MALI RDC VIETNAM
a) Pour INFP (primaire), formation de a) Pour l’IFM, nouveau curriculum de a) Le curriculum des HP ouvre des pers- a) 40 % du curriculum peut être déve-
base quelque peu monolithique (même formation initiale en cours de diffusion pectives pour les sortants d’intégrer loppé par les universités elles-mêmes
parcours et mêmes objectifs pour tous) dans les IFM, mais peu de diversification l’enseignement supérieur et universi- (dans les faits, elles appliquent toutes le
b) Plus de perspectives d’ouverture b) Plus de perspectives à l’ENS et ses taire ou la profession enseignante. même programme).
pour les ENS et leurs filières (via, no- filières. b) Les élèves-enseignants du secondaire
tamment, les universités) ont la possibilité de poursuivre leurs
c) Existence d’une perspective avortée études ou d’entrer dans le métier.
d’enseignants semi-spécialisés (avec c) La création des IFM avec une forte
une dominante de formation) professionnalisation limitera ces ou-
vertures.
a) Pour le primaire et le collège public, a) Pas de véritable alternance des a) Dans le primaire, un mois de stage a) Peu de place à l’alternance
l’existence d’une formation alternée dispositifs et pas de possibilité de suivi prévu en mode continu et un an de b) Mémoire pas obligatoire
est une approche en trompe-l’œil (ex. : des formateurs dans ces alternances stage de responsabilité.
mini-mémoire sans fonction réelle) ; (pas de suivi de stage possible). b) Dans le secondaire, 60 heures de
b) Plus effective dans le privé confes- stage en mode continu.
sionnel c) Stage de 6 mois après recrutement.
c) Pour le CAPEN (ENS) alternance plus c) Les étudiants de licence préparent un
probante. mémoire.
a) Pour INFP/CRINFP, approche a) Manque de moyen (financiers, a) Au niveau des HP, pas de liens entre a) Aucune des universités d’éducation
(quelque peu) marginale des questions humains, matériels) et de compétences la formation et la recherche et l’inno- ne dispose d’une équipe de recherche
d’innovation pour entreprendre recherche et in- vation ayant aujourd’hui les compétences
b) pour ENS, recherche partie inté- novation dans les IFM comme à l’ENS b) Recherche obligatoire dans les pour développer des programmes de
grante du mandat, mais financements même si cela est prévu par les textes institutions pédagogiques. Mais les liens recherche et alimenter les discussions.
peu présents ; réglementaires entre leurs pratiques de formation et la
c) Difficultés à faire émerger une culture recherche sont ténus.
de l’innovation dans le cursus de for- c) Pas de culture d’innovation dans la 109
mation formation.
a) La FI des enseignants se fait sans a) Les sortants des IFM doivent passer a) Les enseignants sont recrutés avec a) Il y a toujours plus de candidats que
liens systémiques réels avec les ins- le concours des CT, mais le nombre de le diplôme d’État et doivent au cours de de postes disponibles
tances de gestion des enseignants postes budgétaires ouverts ne corres- la première année accomplir un stage b) Importance du directeur d’école et
(DREN et CISCO) pond pas aux sortants des IFM ni aux pédagogique en responsabilité (peu des autres enseignants dans la forma-
b) en 2030 un enseignant sur deux besoins du système d’encadrement pédagogique). tion pratique de nouvel arrivant.
entrera dans le métier sans FI b) peu de lien entre AE/IFM et CT qui b) Les HP disposent de peu de moyens
c) Nécessité de créer des liens orga- permettrait de revenir sur la qualité des pour un accompagnement de l’ensei-
niques (INFP et ENS d’une part, DREN formations et mieux assurer le suivi de gnant débutant et il n’y a pas d’articula-
d’autre part pour assurer le suivi, l’entrée dans le métier tion entre la FC et la FI.
l’entrée dans le métier la FC [en cours c) La situation des débutants sans for-
de mise en œuvre via BM/PME]) mation initiale est assez problématique.
Synthèse dynamique des analyses
des dispositifs de formation initiale
REPÈRES ET
BÉNIN BURUNDI CAMEROUN KENYA
CONSTATS
i) Existence d’un cadre opérationnel i) Existence de formation de forma- i) Existence d’une loi d’orientation i) Organisation du système éducatif
(politique de FI et de FC) pour les teurs (pour ENS et LP) en matière d’éducation depuis qui lie le primaire au premier cycle
personnels de l’éducation. ii) Existence de bureaux pédago- 1998 ; du secondaire
ii) Existence de dispositifs de FI au giques ii) Existence de dispositif théorique ii) Outil d’évaluation des ensei-
primaire et au secondaire fonction- iii) Profils des formateurs définis et pratique ; gnants ;
POINTS FORTS
nels dès l’indépendance et d’un iv) Harmonisation des offres de iii) Formation des apprenants axée iii) Financement important du
corps d’encadreurs pédagogiques. formation pour le post-fondamen- sur des orientations pédagogiques système éducatif ;
ii) Dans le public et le privé, mêmes tal en cours d’harmonisation précises : APC, NAP, pédagogie de iv) Dispositif de formation des
référentiels et programmes de FI. v) Pédagogie universitaire en cours découverte, de projet ; enseignants en alternance.
de développement iv) Gouvernance du système éduca- vi) Recherches et innovations en
vi) Existence d’une Commission tif : existence de conseils d’écoles/ pédagogie
nationale de recrutement établissements ; vii) Recherche et innovation en
vii) FC possible en appui aux débu- v) Existence d’un dispositif d’inspec- matière de classes mobiles ou
tants… Mais reste à développer tion et du contrôle pédagogique. numériques.
i) Autonomie faible dans la i) Absence de FI pour le préscolaire. i) Diversité des profils en matière i) Insuffisance en enseignants du
conduite de la FI et l’utilisation des ii) Persistance d’un nombre d’en- de recrutement des élèves-maîtres primaire, dont le besoin est estimé
ressources. Ressources très insuffi- seignants sous-qualifiés (D7) au et élèves-professeurs. à plus de trente mille.
santes sur tous les plans. primaire. ii) Inégalité dans le recrutement à la ii) Faibles acquis cognitifs et de
ii) Peu permanents et pas de corps iii) Évolutions et passerelles profes- fonction publique ; diversité de sta- compétences des enseignants.
de formateurs d’ENI et d’ENS. sionnelles très limitées tuts des enseignants du primaire iii) Faible articulation des supervi-
iii) Mise en œuvre insuffisante iv) Persistance d’une inadéquation pour une même formation. sions et inspections pédagogiques
de l’alternance et de la pratique entre curriculum prescrit et curri- iii) Difficulté des encadrements et des établissements.
réflexive. Peu d’infrastructures et culum réel. pratiques dans l’enseignement iv) Absentéisme chronique des
POINTS FAIBLES
i) Un contexte économique fragile i) Un manque de collaboration et i) Démotivation des enseignants du i) Le faible niveau de formation des
pouvant donner lieu à une nouvelle de coordination des dispositifs de primaire non-fonctionnaires. enseignants.
attrition des finances. formation ii) Des encadreurs pédagogiques de ii) Croissance du nombre d’ensei-
ii) Une lenteur dans la réforme des ii) L’insuffisance notoire des res- plus en plus incompétents gnants chômeurs et non qualifiés
ENI/ENS qui garderait faibles les ca- sources financières, structurelles et iii) Un niveau de qualification des iii) Les faiblesses au niveau des
pacités et la qualité des formations matérielles (asphyxie) formateurs de plus en plus problé- acquisitions et compétences des
MENACES
iii) La faible prise en compte des iii) Un problème de relèves des matique élèves et enseignants
alternatives éducatives et des enseignants (après les départs à iv) Le recours de plus en plus fré- iv) La désertion des enseignants.
passerelles dans les nouveaux la retraite) quent aux méthodes transmissives v) L’usage fréquent de pratiques
dispositifs de FI iv) Le manque d’attractivité de la pédagogiques transmissives
iv) Une lenteur dans la décon- fonction enseignante (fondamental)
centration prolongeant la gestion
centralisée
i) La mise en œuvre du PSE et de i) La volonté d’engagement dans les i) Un partenariat entre l’État came- i) L’appui des partenaires au dé-
ses réformes sur l’ensemble du approches internationales rounais et les partenaires pour la veloppement de l’enseignement
système éducatif, en particulier sur ii) L’existence du PND 18-27 formation des enseignants primaire au Kenya (PRIED)
la FI et la FC iii) L’existence d’un PTE (à réviser ii) Une formation hybride pour ii) Le programme TUSOME pour la
OPPORTUNITÉS
ii) La priorité donnée à la FI et à la prochainement) renforcer le dispositif en formation formation des enseignants et chefs
FC des personnels de l’éducation iv) La mise en place d’un pro- des enseignants d’établissement aux nouvelles mé-
iii) L’adoption d’une nouvelle poli- gramme de formation pédago- iii) L’affirmation constante du thodologiesiii) Plusieurs universités
tique nationale enseignante. gique pour les non qualifiés. paradigme dans l’enseignement au assurent la formation des futurs
iv) La qualité de l’engagement des secondaire de l’APC. enseignants.
PTFs.
MADAGASCAR MALI RDC VIETNAM
i) Depuis plusieurs années, existence i) Un dispositif de formation initiale i) Dispositif de formation des ensei- i) Un nombre important d’établisse-
de dispositifs de FI effectif. existant depuis plusieurs années. gnants du primaire opérationnel ments de formation bien implantés sur
ii) Plan de formation et MARE consti- ii) Un curriculum de l’enseignement depuis 1964 avec maillage national l’ensemble du territoire
tuent les cadres de référence. normal validé et qui commence à grâce à l’implantation des HP. ii) Un système déconcentré/décentrali-
iii) Maillage territorial (DREN et CISCO) se diffuser dans les institutions de ii) Instituts spécialisés pour la forma- sé opérationnel (formation/gestion des
existant… mais perfectible formation tion des enseignants du secondaire. enseignants)
iv) Mobilisation professionnelle en voie iii) Un maillage territorial avec des iii) Importantes capacités de formation. iii) Un niveau de formation élevé
de solidification (INFP). structures déconcentrées (les acadé- (universitaire)
mies et les centres d’animation péda-
gogique) et décentralisées (les collec-
tivités territoriales) qui permettent
d’être au plus près des réalités locales.
i) Budget de fonctionnement notoire- a) Des budgets insuffisants dans les a) Formateurs peu compétents en for- a) Pluralité de dispositifs de formation
ment insuffisant. institutions de formation peinent à mation des enseignants (qualifications qui rend difficile la lisibilité de la forma-
ii) Infrastructures et équipements ne couvrir des frais de fonctionnements faibles pour la profession enseignante tion des enseignants et entraîne d’im-
permettant pas d’aborder de manière et des étudiants qui cumulent les au primaire et au secondaire). portantes dispersions des ressources
effective l’articulation théorie/pratique. bourses. b) Formateurs des HP mal rémunérés (humaines et financières).
iii) Un corps de formateurs en inadé- b) Des capacités d’accueils insuffi- et peu motivés. b) Un système de formation peu ancré
quation avec les enjeux (CRINFP). santes. c) Ressources humaines et financières dans la pratique et qui ne permet pas
iv) Cloisonnement des structures de c) Le manque de coordination entre très insuffisantes. aux enseignants de développer les
formation. les entités déconcentrées et décen- d) Multiplicité des structures de pilo- compétences attendues.
v) Non prise en compte de la réflexivité tralisées de l’éducation qui crée des tage avec accroissement des charges iii) Un nombre de formés plus impor-
comme axe de formation. difficultés de cohérence. de scolarisation tant que nécessaire (entraînant un
vi) Pilotage des formations trop d) Les grèves des enseignants, y e) Pas de réseautage des établisse- gaspillage des ressources publiques).
lacunaire compris des élèves-maîtres, qui per- ments.
turbent les activités de formation et les
apprentissages.
i) Une FI qui concerne un effectif a) L’insécurité du pays qui entraîne a) La formation initiale des enseignants a) Des établissements qui, malgré
de plus en restreint (au regard des des déplacements d’enseignants et la dans les HP n’est pas en mesure de les textes et les déclarations, peinent
besoins) fermeture de structures de formation garantir la qualité des apprentissages encore à prendre leur autonomie et
ii) La FI, dans son développement des enseignants des élèves. Et aussi : attendent les consignes dans une
actuel, ne garantit pas une formation b) Une formation initiale qui, dans sa a) De faibles capacités actuelles d’utili- approche top-down (risquant ainsi
de qualité forme actuelle, ne semble pas garantir sation des ressources obtenues pour de retarder la mise en œuvre des
iii) Des enjeux majeurs (déconcen- la qualité des apprentissages les investissements réformes)
tration ; autonomie de structures ; c) La crise sanitaire liée au coronavirus b) Une pression des étudiants formés
polyvalence professionnelle) méritent et à d’autres épidémies au niveau (en nombre trop important) ne trou-
une remise à plat national vant pas de débouchés professionnels
iv) Une absence chronique de parte- d) Des situations de précarités hu-
nariats qui sape un développement maines et matérielles liées à divers
durable conflits persistants
i) Les récents documents-cadres (PSE ; i) Des documents politiques et stra- i) Une situation de l’éducation et de i) D’importantes réformes en cours
politique enseignante) constituent de tégiques validés par l’ensemble des la formation bien documentée et un qui devraient impacter positivement
solides atouts pour développer la FI partenaires qui fixent des objectifs consensus sur les leviers à activer pour le système (au niveau de la gestion
ii) Depuis 2018, réouverture des cursus communs et qui portent une attention une FI performante et de la qualité des apprentissages) :
FI primaire et collège particulière à la formation initiale des ii) L’adoption d’une SSEF consensuelle réforme curriculaire intégrant des
iii) Mise en place programmée d’un enseignants et la disponibilité des PTFs à le financer approches davantage centrées sur
Fonds Commun pour l’Éducation avec ii) La volonté des PTF de contribuer iii) La réforme de la FI avec création les apprenants, mutualisation des
formation des enseignants comme axe davantage à la formation initiale des des IFM et une articulation entre FI ressources…
de travail. enseignants et FC. ii) Une stabilisation démographique
qui permet de recruter un nombre
limité (que le système peut prendre en
charge) d’enseignants
Chapitre 10 FORMATION DES ENSEIGNANTS
ET RECHERCHE :
UN ÉTAT DES LIEUX
L’attention particulière accordée aux problématiques relatives
aux personnels enseignants et d’encadrement pédagogique tient
à la contribution cruciale des enseignants que ces derniers por-
teraient à l’amélioration de la qualité de l’éducation, « de façon
à obtenir pour tous les enfants des résultats d’apprentissage
reconnus et quantifiables », comme formulé dans l’objectif 6 de
l’EPT. La qualité des enseignants apparaît donc essentielle pour
la qualité des apprentissages des élèves et « la plus susceptible
d’améliorer l’efficacité des établissements scolaires » (OCDE,
2006, p. 25).
Comme il ressort également du Rap- valence de l’enseignant dans la plupart pédagogique de l’enseignant et l’éva-
port mondial de suivi sur l’EPT 2013/4 des pays d’Afrique subsaharienne. En luation des apprentissages de l’élève.
(UNESCO, 2014, p. 3), « ce sont les en- effet, selon eux, « la polyvalence est la Dans tous les cas, la définition de Devi-
seignants qui font la qualité d’un sys- maîtrise didactisée, professionnelle, terne, Prairaz et Retornaz (1999) de la
tème éducatif. Il est donc essentiel de de l’ensemble des disciplines ou des polyvalence est valable : elle est com-
valoriser le potentiel des enseignants domaines à aborder à l’école primaire. prise « comme signifiant les diverses
afin d’améliorer la qualité de l’appren- C’est la pluridisciplinarité qui caracté- fonctions que l’enseignant doit assu-
tissage ». L’importance de l’effet en- rise en ce sens le maître du primaire, mer en lien avec les missions que la
seignant peut se reconnaître ainsi à par opposition à la spécialisation, à société, à un moment de son histoire,
travers l’impact de « l’agir enseignant » l’expertise dans une discipline » (Devi- confie aux enseignants de l’école pri-
(Martineau et Gauthier, 1999). Dans terne et coll., 1999, p. 92). Cette accep- maire, mais aussi avec les conceptions
112
cette approche, la formation initiale tion de la polyvalence est celle qui est dominantes du travail enseignant qui
et continue apparaît comme indis- aussi entendue dans celle du terme ont cours dans cette même société ».
pensable pour l’acquisition des com- bivalence en cours dans le premier
Dans de nombreux pays, le dispositif
pétences professionnelles des ensei- cycle du secondaire (après le primaire
dans le primaire évolue vers l’aban-
gnants, en particulier dans le contexte et le post-primaire ou encore après le
don de la polyvalence intégrale au
actuel de la mise en œuvre des ré- cycle d’éducation de base) où ce sont
profit d’une polyvalence organisée en
formes des systèmes éducatifs, avec clairement les disciplines enseignées
groupes de disciplines scientifiques,
une attention particulière accordée qui sont désignées. Ainsi, dans les pays
littéraires et transversales. Cela pro-
« à l’appropriation de compétences membres de la CEDEAO, au post-pri-
cède d’un même constat que celui fait
nécessaires à l’acte d’enseigner (au sa- maire, « les enseignants bivalents sont
en France par Baillat et Philippot (2018,
voir-enseigner) et pas seulement à la chargés d’enseigner deux disciplines :
p. 65) que « d’un sentiment d’incompé-
maîtrise de contenus d’enseignement mathématiques et physique, phy-
tence » dans certaines disciplines. Ce-
(aux savoirs disciplinaires), comme sique et chimie, sciences physiques,
pendant, si, pour eux, la conséquence
c’était le cas dans les systèmes de for- histoire et géographie, français et his-
est une « forme de réduction de la
mation antérieurs » (Altet 2012, p. 44). toire, etc. » (Diawara et Barry, 2016) et
polyvalence qui s’exprime dans le fait
parfois même trois : mathématiques
que des enseignants choisissent de ne
- physique - chimie, français - his-
FORMATION ET pas enseigner toutes les matières, d’en
toire-géographie selon une approche
PROFESSIONNALISATION : déléguer l’enseignement à d’autres
considérant physique-chimie et his-
collègues ou à des intervenants exté-
DES FONDATIONS POUR toire-géographie chacune comme une
rieurs », dans les pays de la présente
LA FI seule matière).
étude, toutes les disciplines sont gé-
Les autres notions se rapportant à néralement enseignées, mais à un ni-
De la polyvalence en la polyvalence – interdisciplinarité, veau de qualité différent. En effet, du
formation transdisciplinarité, poly-fonctionna- fait de cette incompétence ou d’un tel
La polyvalence désigne la « qualité de lité, poly-intervention – caractérisent sentiment hérité de son propre cursus
quelqu’un qui a plusieurs spécialités » davantage les activités attendues (les scolaire ou universitaire (par exemple,
(Le Larousse) ou une personne qui compétences attendues ?) de tout en- je n’aime pas les math., j’ai toujours eu
a « plusieurs fonctions, plusieurs ac- seignant quelle que soit sa discipline, peur des math.), la préparation et l’en-
tivités différentes » (Le Robert). Des et se présentent donc comme des no- seignement de certaines disciplines
conceptions du terme polyvalence tions transversales devant marquer ne permettent pas la réalisation des
proposées par Deviterne, Prairaz et l’activité enseignante depuis la ré- apprentissages des élèves, contraire-
Retornaz (1999), la pluridisciplinarité flexion et la conception du curriculum ment aux résultats des travaux des
est celle qui incarne le mieux la poly- par l’autorité éducative jusqu’à l’acte auteurs sus-cités, qui montrent que,
dans le contexte occidental, l’ensei- comme celle du handicap, deviennent liser les situations en fonction des ca-
gnant performant dans une discipline au mieux des « suppléments d’âmes » ractéristiques du contexte » (Paquay,
utilise le temps « gagné » dans celle-ci pour de futurs enseignants souvent Wouters, et Van Nieuwenhoven, 2010,
« pour préparer les séances dans les déjà mobilisés sur ces questions ! p. 12). Elle est donc « toujours contex-
disciplines où il ne s’estime pas spécia- tualisée dans une situation précise et
Enfin, force est de souligner que les est toujours dépendante de la repré-
liste. »
spécialistes de l’enseignement de la sentation que la personne se fait de
D’une manière collatérale, la polyva- discipline interviennent eux aussi de la cette situation » (Ortega et Fraysse,
lence peut également contribuer à la même manière, et l’on retrouve alors 2009, p. 211). On ne peut apprendre en
résolution du déficit en enseignants, les passages successifs du professeur agissant qu’en étant en situation d’agir.
surtout dans certaines disciplines de de didactique ou de pédagogique de Cette logique explique l’exigence que
l’enseignement post-primaire, comme telle ou telle discipline laissant le soin la formation soit ancrée dans les lieux
les mathématiques et les sciences « au stagiaire dans sa classe de se dé- de pratique, et met en lumière l’impor-
physiques : en les adjoignant à une brouiller pour tisser les liens entre les tance des stages.
autre matière, on recrute un plus différents points de vue » (Bucheton
grand nombre d’enseignants pour et Soulé, 2009, p. 30). Ainsi, Philippot Reprenant la définition des compé-
ces matières, même s’ils n’ont pas les et Baillat (2013) constatent qu’« en tences professionnelles de Anderson
capacités suffisantes pour enseigner référence à un maître capable d’en- (1986) « connaissances, habiletés et
dans ces matières, et en misant sur seigner toutes les disciplines, on a vu attitudes nécessaires pour assurer les
la formation pour relever leur niveau alors se juxtaposer en formation les tâches et rôles de l’enseignant », Altet
académique. Cette approche met en cours académiques, les didactiques (2012, p. 49) indique que les compé-
débat une perspective de formation des disciplines le tout en vue de do- tences de l’enseignant professionnel
différenciée des stagiaires (des com- ter les enseignants polyvalents d’un sont « doubles : d’ordre technique et
pléments différents suivant le niveau bagage de connaissances supposé didactique dans la préparation des
atteint dans chacune des disciplines leur permettre l’exercice du métier. À contenus, mais aussi d’ordre relation-
ciblées) très peu développée dans les charge pour eux de créer les liens et nel, pédagogique et social dans l’adap-
pays étudiés. de développer, une fois en poste, des tation aux interactions en classe » et
pratiques interdisciplinaires ». Or, « la comprennent donc « l’ensemble des
Se pose donc, en amont de ces situa- savoirs, savoir-faire, savoir-être, mais
véritable articulation entre les théo-
tions, la question de la formation : aussi les faire et être nécessaires
ries et les pratiques devrait se réaliser
comment former des enseignants à l’exercice de la profession ensei-
autant en milieu de stage qu’en centre
polyvalents, capables de prendre en gnante ».
de formation » (Bélair, 1998, p. 142).
charge plusieurs matières à la fois (plu-
Comme l’écrit Philipppe Perrenoud, Bourdoncle (2000, p. 123) distingue 113
ridisciplinarité) dans une perspective
« il n’y a pas lieu de distinguer un mo- « dans l’activité enseignante deux
interdisciplinaire, et aussi capables
ment de la théorie (…) et un moment types de savoirs mis en œuvre : les
d’éduquer et d’intervenir auprès de
de la pratique (…) l’important est que savoirs à enseigner (les disciplines) et
publics hétérogènes, voire différents ?
les dispositifs, les temps et les lieux de les savoirs pour enseigner (pédagogie,
À ce titre, la perspective d’enseignants
formation offrent à l’étudiant des occa- didactique, connaissance du système
semi-spécialisés (cf. exemple de Ma-
sions de construire ses compétences éducatif…) ». Altet (2012) regroupe ces
dagascar) – expérience avortée – de-
de façon réflexive, interactive, auto- deux types de savoirs dans les savoirs
meure une réflexion importante quant
nome, critique » (Perrenoud, 1998, théoriques et leur ajoute les savoirs
au développement du collégial.
p. 225). Il s’agit donc de concevoir l’en- pratiques qu’elle distingue en savoirs
Force est de constater que la logique semble de la formation comme une sur la pratique (savoirs procéduraux,
de conception du curriculum (autour « alternance entre des postures » et notamment) et savoirs de la pratique
de la polyvalence) est bien souvent non pas comme une alternance entre (savoirs d’expérience et savoirs condi-
(pour ne pas dire exclusivement) celle les établissements de formation et les tionnels, notamment). Bien entendu,
de l’entrée par les disciplines, comme écoles où se déroule le stage. ces savoirs de la pratique ne sont ac-
cela se fait dans les établissements quis que par l’exercice de la profes-
d’enseignement supérieur, et quand Sur la construction sion, préparés en cela par une bonne
la formation est comprise dans un des compétences articulation théorie/pratique à travers
cycle secondaire (cas de la RDC, par des stages de bon niveau de l’étudiant,
Les compétences sont des « savoir-agir
exemple), le profil des formateurs (qui où les savoirs sur la pratique sont pro-
en situation professionnelle » (Le Bo-
sont, pour la plupart, des enseignants gressivement mis en œuvre.
terf, 1997) ou encore un « savoir agir
du secondaire) entraîne la formation à
à bon escient » en situation singulière, La professionnalité des enseignants se
cette approche disciplinaire. On a alors
« autrement dit des “savoir-agir” dans constitue « progressivement au travers
des spécialistes des disciplines qui in-
des situations complexes qui exigent de leurs expériences pratiques, par eux-
terviennent chacun leur tour pour dis-
deux conditions : des ressources, par- mêmes (…) d’où l’incidence primordiale
penser un contenu spécialisé, et leurs
mi lesquelles des savoirs théoriques et de leur formation pratique, qui leur a
activités sont si peu coordonnées que
des savoirs procéduraux (méthodes, fait acquérir “une connaissance de ce
la construction de compétences d’en-
techniques) ; et une faculté de mobiliser qu’il faut faire et faire faire” (…) avec
seignant polyvalent est laissée à l’in-
ces ressources à bon escient, en temps l’aide d’un médiateur qui facilite la prise
géniosité du formé à tisser (bricoler)
réel, pour prendre des décisions et ré- de conscience et de connaissance »
des liens entre les différents appren-
soudre des problèmes » (Perrenoud, (Altet, 2012, p. 54). Sans cesse, l’activité
tissages.
2000, p. 9). Ainsi, « la compétence est occasionne à la fois des apprentissages
Force est également de constater que contextuelle » (Bellier, 2004, p. 71), elle et produit des savoirs nouveaux (Cham-
des problématiques professionnelles, renvoie à « une capacité à conceptua- py-Remoussenard, 2005, p. 37).
À Madagascar, par exemple, le profil de cettes est poussée par des forces dif- Tout cela participe d’une professionna-
sortie de la formation des enseignants, férentes ». Dans des contextes où le re- lisation du métier d’enseignant au sens
validé en 2009, « est un référentiel qui nouvellement curriculaire est rarement de Bourdoncle (2000, p. 121) pour le-
a été élaboré à partir d’un cadre théo- systématique et souvent commandé quel « la professionnalisation d’une ac-
rique promouvant le développement par des initiatives exogènes ainsi que tivité repose sur divers dispositifs dont
des compétences en situation » (Cyr et sur des ressources exogènes (l’exemple le principal nous semble être l’univer-
Simbagoye1, 2010). Un tel référentiel de l’APC en Afrique est très illustratif en sitarisation de sa formation profes-
devrait pouvoir servir de cadre pour ce sens), il s’agit d’une approche qui fe- sionnelle (…) solidement articulée à la
l’évaluation des enseignants. rait sens si les dispositifs de formation pratique professionnelle et aux stages,
étaient moins cloisonnés (faiblesse du qui (…) doit aussi prendre en charge
Développement réseautage entre les structures de for- les problèmes que l’on y rencontre et
professionnel et recherche mation dans un même pays), si la prise aider à les résoudre ».
en charge des formations par les UFR
ne résultait pas bien souvent en une Le développement professionnel est
Selon Perrenoud (1994), cité par Sayac entendu comme un processus d’amé-
phagocytose de la dimension profes-
(2013, p. 2-4), la prise en compte de la lioration des savoirs et des capacités
sionnalisante de la formation. C’est ce
recherche dans la formation initiale (Bourdoncle, 1991), s’inscrivant dans
qui justifie une universitarisation de la
des enseignants est importante sur au « une perspective temporelle assez
formation initiale par la création d’éta-
moins six attentes : longue, celle d’une carrière profes-
blissements d’enseignement post-se-
• (i) « s’approprier de manière ac- condaire ou supérieur spécifiques de sionnelle » (2010, p. 13). Ainsi, une
tive des connaissances de base en type écoles normales supérieures ou différence entre l’apprentissage et le
sciences humaines ; instituts de formation des maîtres, ou développement professionnel réside
en ce que, selon Wittorski (2008, p. 24),
• (ii) préparer à lire et surtout com- encore instituts supérieurs de forma-
l’apprentissage a « un caractère spa-
prendre les résultats de la recherche tion pédagogique.
tio-temporel local (lié à une situation
en éducation ; Cependant, cela se fait dans un et à un instant particuliers) alors que
• (iii) devenir un praticien réflexif ; contexte d’attrition de ressources le développement correspond à une
• (iv) réduire la distance entre le qui rend cette approche souvent peu temporalité plus longue, celle de la
monde de la recherche et les prati- soutenable et donc peu efficiente. La construction du sujet dans la durée.
ciens ; présence de plus en plus importante (…) Le développement professionnel
• (v) acquérir une rigueur scientifique d’enseignants-chercheurs dans les se réalise par une incorporation crois-
qui va de pair avec l’éthique profes- disciplines des sciences de l’éducation sante des compétences à l’action et
114 sionnelle requise dans l’exercice du devrait permettre d’engager un ac- par leur hiérarchisation ».
métier d’enseignant ; compagnement des élèves-maîtres et
Dans le champ du travail enseignant,
• (vi) contrecarrer la dogmatisation des élèves-professeurs dans la mise
les expressions « développement pro-
des savoirs ». en relation entre les résultats de la re-
cherche, la formation professionnelle fessionnel » et « formation continue »
et les pratiques de terrain dans une (concept anglo-saxon professional de-
Quel que soit le modèle de formation
approche réflexive des convergences velopment) sont souvent synonymes
initiale, il s’agit là de défis institution-
et des divergences, et de compréhen- (Lefeuvre, Garcia et Namolovan, 2009,
nels, cognitifs, pédagogiques et didac-
sion des écarts pour une dynamique p. 277). Le concept professional de-
tiques posés à tout projet de forma-
d’amélioration des capacités des ensei- velopment ou formation continue
tion d’enseignant élaboré avec une
gnants. Toutefois, dans de nombreux renvoie à des « activités qui visent à
perspective de construction des com-
pays, cela reste encore à l’échelle du accroître les connaissances profes-
pétences prenant en compte les diffé-
travail dirigé ou d’un travail pratique sionnelles des acteurs, leurs habile-
rentes conceptions ou facettes com-
dans le cadre de l’unité d’enseigne- tés et leurs attitudes », selon Guskey
plémentaires du métier d’enseignant
ment exécutée par un formateur et (2000, p. 16), et devrait être distingué
(Paquay, 1994). Dans certains pays,
non pas encore dans le cadre d’un mé- du « processus lui-même de dévelop-
comme au Bénin (cf. Politique natio-
moire professionnel (de master, par pement des compétences ».
nale enseignante et Programme secto-
riel éducation), l’universitarisation des exemple). Dans une perspective professionna-
formations enseignantes est prévue La nécessité de relever le niveau d’en- lisante, « le développement profes-
à plus ou moins long terme pour un trée dans l’enseignement, générale- sionnel est perçu comme un proces-
relèvement du niveau académique et ment le passage du diplôme de fin sus d’apprentissage provoqué par les
professionnel des enseignants. de cycle de l’éducation de base (par conditions d’activité mises en œuvre.
exemple, le brevet d’études du pre- (…) Le développement professionnel
Comme le précise Raymond Bour-
mier cycle) au diplôme de fin de cycle est vu comme un processus d’acqui-
doncle (1993, p. 104), « l’activité ensei-
secondaire (par exemple, le baccalau- sition de savoirs professionnels qui
gnante est donc par nature composite.
réat) entraîne le relèvement du niveau influence l’évolution des pratiques et
Chacun met en œuvre telle ou telle de
des contenus de la formation (cycle des modes de pensée des acteurs »
ces facettes selon le moment, les élèves
supérieur court de type bac + 2) et (Lefeuvre, Garcia et Namolovan, 2009,
et lui-même. Mais chacune de ces fa-
une redéfinition des profils des forma- p. 279). Day (1999, 4), cité par Lefeuvre,
1 Cyr, S. et Simbagoye, A. (2010). Élaboration d’un
profil de sortie de la formation à l’enseignement
teurs. Il n’y a souvent pas un mouve- Garcia et Namolovan (op. cit.) définit le
dans une perspective située. In Masciotra, D, Me- ment formel vers le système universi- développement professionnel comme
dzo, F et Jonnaert, P. (2010). Vers une approche taire, mais une formation académique « un processus par lequel l’enseignant
située en éducation : Réflexions, pratiques, re-
cherches et standards. Montréal (Québec) : AC- qui s’apparente, dans la pratique, à et ses collègues revoient et renou-
FAS, p. 147-158. l’enseignement supérieur. vellent ensemble leur mission comme
agents de changement, acquièrent pour le formé de vivre deux entités, cela se devrait, une priorité accordée
et développent les connaissances, « chacune avec ses spécificités » elle aux études de cas, à l’analyse des pra-
les habiletés et les savoirs essentiels va au-delà du rapport entre binômes tiques, à l’exploitation des stages en
pour un bon exercice professionnel ». - entreprise et l’école, pratique et formation, aux mémoires profession-
Comme on le voit, pour ces auteurs, théorie, action et la réflexion – pour nels (Paquay, Altet), à une alternance
le développement professionnel peut « vivre et gérer la complexité comme théorie - pratique opérante, où « à la
se construire sur « les processus in- creuset éducatif, terreau de formation dialectique théorie-pratique se substi-
dividuels (le sujet et son activité) » et et de développement, sources de sa- tue un va-et-vient entre pratique-théo-
« sur les processus collectifs et organi- voirs et de connaissances » (Gimonet, rie-pratique où l’enseignant devient un
sationnels (le collectif et son activité) » 2008, p. 145-146). Ainsi, il convient de professionnel réfléchi capable d’analy-
(ibidem, p. 280). Pour Paquay, Wouters distinguer trois types principaux d’al- ser ses propres pratiques, de résoudre
et Van Nieuwenhoven (2010, p. 10), ternance : (i) l’alternance juxtapositive des problèmes, d’inventer des straté-
pour lesquels « le concept de ‟ dé- qualifiée de fausse alternance (Mal- gies » (Altet, 2012, p. 46-47).
veloppement professionnel” renvoie glaive, 1993, p. 28 ; Gimonet op. cit.,
Dans les pays concernés par l’étude, la
donc principalement à ce processus p. 145) qui considère l’école et le lieu
finalité de la formation est la construc-
individuel d’apprentissage de connais- de pratique comme des entités de
tion d’un profil d’enseignant « profes-
sances, d’habiletés, d’attitudes… et de formation, mais fait se succéder ces
sionnel » et « réflexif » avec, comme
leur mobilisation sous forme de com- temps de pratique et d’études sans stratégie, le modèle alternance théo-
pétences pour faire face efficacement liens pédagogiques entre eux ; (ii) l’al- rie/pratique soit en une seule phase
à des situations professionnelles ; il ternance associative ou alternance ou en plusieurs phases T/P, T/P. On
s’agit fondamentalement du proces- approchée (Malglaive, op. cit.) dans note, cependant, que Bikorindagara
sus du sujet au travail qui apprend par laquelle les partenaires de forma- (2002) a montré que le modèle du pra-
le travail pour son travail ! (…) Le déve- tion (école et lieu de stage) orientent ticien réflexif n’est pas actuellement
loppement professionnel ne se réa- la formation vers un même objectif, développé au Burundi, tandis que Ni-
lise cependant pas d’abord dans l’ac- mais dans une vision institutionnelle tonde et Paquay2 (2011) se demandent
tion, mais par la réflexion sur l’action sans réelle implication de l’apprenant. « si les réalités de terrain répondent à
(p. 15) ». Cela n’exclut pas, cependant, « L’alternance associative définit un ce modèle » dans ce pays.
l’interaction avec les pairs. partenariat de formation » entre insti-
tutions (Pentecouteau, 2012, p. 5) ;(iii) Dans la mise en œuvre des formations,
Dans la plupart des pays étudiés, et, l’alternance réelle ou intégrative (ou d’importantes difficultés mettent à mal
notamment, ceux de l’Afrique sub- encore alternance-articulation), où les la réalisation des objectifs : faiblesse
saharienne, le développement pro- interactions entre savoirs théoriques de l’encadrement des stages et leur
fessionnel se fait aussi bien à travers difficile intégration dans le cursus de 115
et savoirs pratiques opèrent grâce à la
les formations continues qui sont pro- synergie réalisée entre les expériences formation (Bénin, Burundi, Madagas-
posées et les initiatives individuelles mutuelles des différents lieux de for- car, Mali, par exemple), inexistence
(autoformation dans les universités, mation. Le formé est « acteur de ses ou insuffisance du réseautage entre
cours à distance, coconstruction des savoirs, qui se construisent dans l’inte- structures de la formation et celles de
compétences avec les pairs, etc.) que raction constructive » (Pentecouteau, la pratique (Bénin, Burundi, Madagas-
par les nécessités, en situation, de rai- ibidem) ; il construit et transforme ces car, Mali, Vietnam, par exemple).
sonner l’action et de développer, seul interactions en compétences profes-
ou en groupe d’animation pédago- Les nouveaux modèles de formation
sionnelles, ce qui exige donc son impli- souhaités dans tous les pays sont cen-
gique, des réponses adaptées face aux cation de bout en bout. C’est donc une
problèmes multiformes à résoudre sés s’inscrire dans l’évolution d’une
forme efficace sur le plan de l’appren- conception vieille, mais encore cou-
et aux défis posés par un système en tissage et de l’acquisition des compé- rante, selon laquelle la nécessité d’une
manque de ressources. On peut alors tences. formation pédagogique ne s’impose
dire que, dans ces pays, le concept de
Plusieurs modèles de formation des pas à une personne dont le niveau
développement professionnel couvre
enseignants cohabitent dans la plu- académique et la maîtrise de la disci-
« toutes les transformations indivi-
part des pays et diffèrent, notamment pline sont avérés. Toutefois, force est
duelles et collectives de compétences
dans la réalité entre la formation des de constater que, jusqu’à présent, les
et de composantes identitaires mobili-
enseignants du primaire et la forma- pratiques observées ne dépassent
sées ou susceptibles d’être mobilisées
tion des enseignants du secondaire. guère la simple juxtaposition entre
dans des situations professionnelles »
Habituellement, le modèle théorique les périodes de stages (quand ils sont
(Barbier, Chaix et Demailly, 1994, p. 7).
annoncé ambitionne la formation effectivement réalisés) et la formation
d’un enseignant professionnel, et plus théorique in situ sans le déploiement
QUELS OUTILS POUR des outils devant rendre féconds ces
précisément encore « un praticien ré-
QUELLES AMBITIONS ? fléchi » (Paquay, 1994 ; Paquay et coll., stages, comme l’approche réflexive
2001 ; Wittorski, 2008 ; Wentzel, 2015, des pratiques par l’élève stagiaire et
L’articulation pratique/ Alet, 2012 ; Perrenoud, 2000), « un pro- son formateur et/ou son tuteur, et
théorie/pratique fessionnel qui analyse ses pratiques et le réinvestissement de cette analyse
L’alternance est « un dispositif de pla- apprend par cette réflexion » (Paquay, dans un apprentissage de pratiques.
nification de la formation basé sur un 1994, p. 12). Ce qui indique une option La question des moyens financiers
principe d’interactions entre des situa- manifeste pour une pratique d’alter- 2 Nitonde, F. et Paquay, L. (2011), Vers quelles pra-
tiques de stage en formation initiale des ensei-
tions de formation et des situations nance intégrative en formation. Cepen- gnants du secondaire ? Analyse des conceptions
de production » (Raynal et Reunier, dant, dans les pratiques de formation des enseignants de l’ENS au Burundi. Éducation
1998, p. 266) et, bien qu’elle suppose initiale, on ne retrouve pas, comme & Formation, e-295, p. 143-164.
et logistiques est souvent invoquée seignants aptes à assurer le tutorat, la « un savoir pratique entièrement cou-
pour justifier la faible qualité de la mise à contribution des stagiaires pour pé de la théorie ».
formation pratique des enseignants ; combler le déficit en enseignants sur le
mais l’observation des pratiques, dans terrain (tout particulièrement dans l’en- Les écrits professionnels
la plupart des pays étudiés, montre seignement secondaire où l’enseignant (rapport de stage, journal de
qu’elle est en grande partie due aussi se retrouve bien souvent seul de sa dis- bord, mémoire professionnel)
au cloisonnement qui existe entre l’ins- cipline dans l’établissement). Or, selon
titution de formation et les structures Les rapports de stage sont une exi-
Paquay (op. cit., p. 21), « le point critique
d’accueil de la formation pratique, gence dans tous les dispositifs de
d’une formation d’enseignants réflexifs
coordination d’autant plus difficile à formation des enseignants dans les
à travers les stages est cependant l’or-
mettre en œuvre que les deux enti- ganisation de l’accompagnement par pays étudiés, même si le niveau d’éla-
tés relèvent de ministères différents des maîtres de stages chevronnés qui boration diffère d’un établissement à
et donc de sources budgétaires diffé- sont eux-mêmes habitués à réfléchir l’autre ; en général, ils ne donnent pas
rentes, et que le ministère responsable leurs pratiques ». l’occasion d’une recherche permettant
de la fonction publique a aussi son mot d’engager une conceptualisation des
à dire dans le dispositif. En particulier, Ainsi, certains pays essaient de mettre pratiques enseignantes. Les mémoires
il n’existe pas de contrat d’objectifs en place un tel dispositif, même si l’in- professionnels sont considérés par
entre les entités et, souvent, même suffisance des capacités demeure : par Paquay (1994, p. 22) comme « la clé
pas de programme d’activités entre les exemple, au Cameroun, il s’agit « d’un de voûte d’une formation profession-
formateurs académiques et les forma- travail d’équipe entre maîtres de stage, nelle », mais cette vue n’est pas entiè-
teurs pratiques. encadreurs des écoles annexes de for- rement partagée par certains auteurs
mation ou des lycées et des collèges comme Perrenoud (1990) et la partici-
Dans la plupart des pays étudiés, le et superviseurs des services centraux pation à la recherche serait plutôt une
modèle de formation est, selon la typo- de l’éducation » (Djeumeni Tchamabe, clé parmi d’autres pour former des
logie de Paquay (1994, p. 12), celui du 2015, p. 170). Au Kenya, par exemple, praticiens efficaces et réflexifs. Dans
« maître instruit qui maîtrise les conte- il n’existe « pas de programmes de la plupart des pays ayant fait l’objet de
nus à transmettre et qui connaît les stages pour les enseignants » en for- l’étude comparative, dans les filières
principes de l’enseignement », et dont mation initiale (Muthuma et Oyugi, de formation des enseignants du pri-
les stratégies donnent « priorité aux 2020), tandis qu’au Burundi, « les ac- maire et du secondaire, soit il n’existe
cours et aux travaux pratiques » dans compagnateurs [sont] souvent sans pas de mémoire de fin de formation,
un schéma de succession théorie/pra- préparation préalable et avec des soit il s’agit plutôt de rapports de stage
tique, la pratique étant un « lieu d’ap- cahiers des charges diffus » (cf. docu- quel que soit le nom donné au docu-
116 plication des principes ». Perrenoud ment de Politique enseignante). Au ment produit, et que l’évaluation du
(2000) décrit une conception archaïque Vietnam, le rôle du directeur d’école document donne lieu à une soute-
du stage qui consiste à « jeter l’étudiant dans la réalisation de cette alternance nance ou pas. C’est dans la formation
dans l’eau » pour espérer qu’il nage et est primordial. En RDC, le profil d’en- des encadreurs pédagogiques, quand
« l’image simpliste d’une juxtaposition seignant visé est le même, mais le elle existe, qu’une recherche structu-
de deux bagages, l’un théorique (…), modèle d’alternance T/P n’est pas clai- rée donnant lieu à un mémoire profes-
l’autre pratique ». Au concept de « for- rement défini. Au Burundi, les forma- sionnel est conduite.
mation pratique » qu’il juge aberrant, teurs ne considèrent pas le partenariat
il préfère « composante pratique de la entre l’institution de formation et le Il s’agit donc d’un exercice encore bien
formation » pour donner lieu à l’indis- lieu de stage dans l’encadrement du limité. À travers une analyse de plus de
pensable va-et-vient entre théorie et stagiaire comme une priorité (Nitonde 600 mémoires de master en sciences
pratique. et Paquay, 2011, p. 156). de l’éducation, Tran3 (2016) relève le
« Les stages constituent le lieu privilégié très faible niveau des productions en
La formation des professeurs tuteurs sciences de l’éducation au Vietnam et
de la formation pratique. Ils permettent ou des maîtres de stages est donc
aux novices d’acquérir les “tours de situe le problème au niveau de la fai-
un maillon essentiel de la formation blesse de la formation à la recherche
mains” du métier dans un compagnon- absent des dispositifs de formation
nage avec des praticiens expérimen- en éducation. Le défi pourrait ne pas
initiale des enseignants, alors même se situer au niveau de la méthodologie
tés » (Paquay, 1994, p. 18). Cela explique que les encadreurs pédagogiques
amplement pourquoi tous les modèles de la recherche, comme au Vietnam,
n’assurent pas un suivi efficace de la mais le problème est général à tous les
(théoriques) de formation d’ensei- formation pratique. Dans les pays de
gnants en Afrique subsaharienne ins- autres pays couverts par l’étude.
l’étude, seul le Vietnam semble avoir
crivent le stage comme un élément mis en place un dispositif conséquent
central de la formation. Cependant, Analyses de pratiques et
d’accompagnement dans sa pratique
force est de reconnaître que ce sont réflexivité
de l’enseignant débutant, avec une
l’image simpliste de juxtaposition théo- En Occident, et en particulier en
forte implication (et une redevabilité)
rie/pratique et la conception de forma- France, Sayac (2013) écrit que les tra-
de l’équipe de l’école (directeurs et en-
tions pratiques décrites par Perrenoud vaux de Schön (1993) ont donné lieu à
seignants pairs, notamment).
(op. cit.) qui sont promues dans les dis- une adoption par l’institution scolaire
positions de formation initiale. Dans la Mais, comme le précise Paquay (1994, du modèle du praticien réflexif et,
pratique, l’accompagnement et le suivi p. 18-19), autant les stages permettent notamment, « le savoir d’expérience
du volet pratique de la formation ont d’acquérir des « savoirs pratiques en classe et à l’école qui se construit
de la peine à se mettre en œuvre pour fortement contextualisés » et de se
3 Tran T. T. (2016). La formation à la recherche au
plusieurs raisons, dont les principales construire une « identité profession- Vietnam : Quels défis. Synergies. Pays riverains
sont l’insuffisance sur le terrain d’en- nelle », autant elles peuvent conduire à du Mékong n°8, p. 37-50
dans un esprit de recherche que déve- tique, mais ils se positionnent plutôt essentiels pour la professionnalisation
loppe l’exercice de l’analyse réflexive » par rapport à eux-mêmes et éprouvent et l’efficacité du travail.
(p. 25). L’auteur (ibidem) souligne que une peur de faire plus » (sans outils
Pour Gremion (2019, p. 6), « l’exercice
« l’apport de la démarche réflexive en et sans savoir comment le faire pour
de la posture réflexive, et l’autoévalua-
formation est reconnu par de nom- aider les étudiants à réfléchir sur la
tion qu’elle induit, permet d’une part
breux chercheurs » (Day, 2001 ; Perre- pratique), d’où, dans l’ensemble, le
de guider son action en la comparant
noud, 2001 ; Zay, 2001). En effet, plu- fait que « la réflexion sur la pratique »
à des référents et des prescrits du mé-
sieurs auteurs ont beaucoup travaillé n’est pas conçue comme « prioritaire »,
tier afin d’entrer dans le genre profes-
sur l’approche d’analyse de pratiques ni comme « pas du tout prioritaire »,
sionnel, mais elle offre aussi la possibi-
en dégageant les avantages, les tech- mais comme « moins prioritaire ».
lité d’adopter une posture critique face
niques, les difficultés et les limites. On Le contexte de la formation est donc
à ces mêmes référents et prescrits,
citera, notamment, Perrenoud, Altet et souvent marqué par diverses adversi-
éléments émancipateurs permettant
Wittorski. Il ne s’agit pas là d’une ap- tés qui empêchent la mise en œuvre
proche spécialement pensée pour l’en- de trouver son propre style profes-
d’un outil reconnu cependant comme
seignement, mais pour toute situation sionnel ».
pertinent. De même, selon Adekou
professionnelle, et qui a été reprise et (2017, p. 104), au Bénin « aujourd’hui, Dans les différents pays étudiés, le
contextualisée par les acteurs de l’édu- l’analyse des pratiques de classe ne dispositif de formation initiale des
cation et de la formation enseignante. semble pas être d’une importance pri- enseignants n’inclut pas ou peu l’ana-
Altet (2010) écrit que « cette démarche mordiale. Le processus de formation lyse des pratiques et, même quand
peut être professionnalisante dans la semble malheureusement prendre elle est inscrite, la faible articulation
mesure où elle se situe dans un modèle l’allure d’une routine ». Elle est en pers- entre les différentes composantes et
de formation à finalité pratique et aide pective comme piste de formation à la dimensions de la formation, la qua-
à construire une pratique réfléchie » réflexivité et sera adossée « aux élé- si-inexistence d’interactions entre les
(p. 25). Elle ajoute qu’elle est « une dé- ments du référentiel de compétences formateurs des institutions de forma-
marche finalisée par la construction du (les habiletés) » (ibidem, p. 140). En tion et ceux du terrain enlèvent toute
métier, de l’identité professionnelle de RDC, Bui (2012, p. 16), indique que, possibilité d’accompagner les formés
l’enseignant au moyen du développe- dans le curriculum de la formation des dans l’analyse réflexive en vue d’une
ment d’une attitude de réflexivité ». enseignants, « des outils de formation conceptualisation des pratiques. Tou-
En Afrique de l’Ouest, une expérience tels que l’analyse des pratiques, les tefois, l’existence de groupes pédago-
a été conduite au Burkina Faso avec études de cas, les travaux de groupe, giques ou d’animation pédagogique
le projet OPERA (observation des pra- les observations situées et le mémoire donne parfois un cadre de travail
tiques enseignantes dans leur rapport professionnel ne sont pas mention- pour les équipes enseignantes dans
nés » ; l’analyse des pratiques a été lesquelles les novices ou les stagiaires 117
aux apprentissages), une recherche
ayant « pour objectif de caractériser, inscrite dans le plan de rationalisation trouvent des occasions de faire une
en les observant, les pratiques en- des humanités pédagogiques dans le autocritique de leurs enseignements
seignantes effectives en Afrique sub- cadre des réformes de la FI incluant la et de voir critiquer leurs pratiques par
saharienne (ASS) en choisissant un création des IFM ; il s’agira donc d’une les pairs. Dans ces cas-là, c’est la mé-
pays pilote, le Burkina Faso ». Il visait expérience intéressante à venir. diation et l’appui des professionnels
à « construire, en réponse aux besoins qui fait défaut. En effet, comme il a été
« L’analyse de pratiques (…) est une dé-
repérés pour accroître l’efficacité des souligné par ailleurs, l’équipe de for-
marche de formation menée par des
enseignants et à partir des résultats mateurs a très peu de compétences
membres d’un groupe de pairs, qui
de la recherche menée, des outils et professionnelles en formation, si bien
réfléchissent sur leurs pratiques avec
des ressources de formation adap- que, même sur le terrain, il y a peu de
l’appui de professionnels, de forma-
tables » (Altet et coll., 2015, p. 4) au formateurs experts sur l’analyse des
teurs experts de la pratique analysée ».
triple plan relationnel, pédagogique pratiques. Il faudrait ajouter que la plu-
Perrenoud (2000, p. 17) insiste sur
et didactique. Le projet, conduit dans part des établissements disposent de
l’importance d’un « entraînement ré-
« une logique “bottom-up” menée avec peu de ressources techniques pouvant
flexif » et explique ainsi ce que les pro-
les acteurs, enseignants-chercheurs et permettre au moins la conduite des
fesseurs et formateurs d’enseignants
inspecteurs d’un pays pilote, le Burkina microenseignements et des séances
devraient comprendre de leur rôle
Faso, accompagnés par trois experts d’autoconfrontation.
dans le cheminement d’acquisition
du Sud et du Nord, [a permis] d’obser- des compétences par les apprenants :
ver et d’analyser les pratiques ensei-
« - enseigner, c’est faire faire, c’est pla- PILOTAGE ET RÉGULATION
gnantes telles qu’elles sont effective-
cer l’étudiant dans des situations qui
ment mises en place dans le contexte
l’obligent à penser, à puiser dans ses
Pour une évaluation
de ce pays, puis à construire à partir
savoirs, à en construire de nouveaux formative et régulatrice
des résultats de la recherche menée, Sur l’évaluation en général
pour faire face à une énigme ou un
des outils et des ressources de forma-
problème, ou pour réaliser un projet ; Il ressort de l’analyse des dispositifs
tion adaptables en réponse aux be-
- entraîner, c’est faire, mais aussi se re- de formation initiale au niveau des
soins repérés pour accroître l’efficacité
garder faire, s’analyser, s’observer, se pays africains que l’évaluation est
des enseignants » (Altet, Kaboré-Paré
corriger, avec l’aide d’un coach et, de une composante qui rencontre un
et Sall 2015, p. 10).
plus en plus, d’outils vidéo et de mé- grand nombre de difficultés pratique-
Au Burundi, Nitonde et Paquay (2011, thodes sophistiquées d’observation et ment autant que la mise en œuvre
p. 156) ont observé à l’ENS que « les d’analyse de l’action ». Wittorski (2018) des stages. Ces difficultés s’inscrivent
enseignants ne mettent pas en cause considère que l’accompagnement et dans un contexte global, où la faible
l’importance de réfléchir sur la pra- l’analyse des pratiques sont des outils performance des systèmes éducatifs
est tributaire, dans une large part, des démique, un examen pratique en si- portfolios ont migré dans les milieux
pratiques d’évaluation. Une caracté- tuation de classe, un rapport de stage de l’éducation. Dans l’enseignement
ristique générale est une faible pra- et, quelquefois, un mémoire profes- et la formation, ces dispositifs ont en
tique de l’évaluation formative, dont sionnel. Les contrôles continus sont commun d’inclure une auto-évaluation
les éléments explicatifs conjuguent la conduits comme ils se font dans les et une réflexivité visant une subjectiva-
non-maîtrise didactique à l’importance lycées ou à l’université, et visent es- tion des savoirs (Vanhulle, 2009). Ils ne
des effectifs de classe. Cette situation, sentiellement la vérification des acquis sont pas encore utilisés dans les pays
dans les classes du primaire et du se- théoriques sur les disciplines d’ensei- observés lors de cette étude.
condaire, est le reflet des pratiques gnement et les disciplines à enseigner.
Dans notre analyse comparative, les
observables au cours de la formation : L’évaluation des contenus théoriques
évaluations de la pratique sont réali-
il existe une certaine cohérence dans se fait en contrôle continu (Bénin, Ca-
sées sans référence au travail fait par
leurs faiblesses et dans leurs perfor- meroun, Kenya, Madagascar, RDC). Au
les formateurs académiques (supposé
mances, dans leur conception et dans Mali, il s’agit de compositions semes-
réalisé comme il faut) et aucun retour
leur mise en œuvre. Elles traduisent trielles, tandis qu’au Vietnam, le mode
n’est fait pour permettre d’interro-
à la fois les insuffisances constatées d’évaluation est propre à chaque éta-
ger la pertinence et la cohérence des
dans les dispositifs de formation, les blissement, même s’il existe un cadre
contenus. Dans certains pays, comme
compétences des personnels forma- réglementaire commun à tous.
le Bénin, la composition du jury est va-
teurs qui sont, pour la plupart, des
riable en fonction des circonstances
enseignants (de lycée ou de l’ensei- Sur l’évaluation des pratiques et sa compétence interrogée. Dans
gnement supérieur) et non des forma-
En ce qui concerne plus spécifique- d’autres pays (comme le Mali), la note
teurs d’enseignants.
ment l’évaluation des pratiques, André de la partie « pratique » (les stages, no-
De Ketele (2006) propose trois fonc- (2013) rapporte les travaux de Teddie tamment) est parfois complètement
tions principales de l’évaluation : « éva- et Reynolds, (2000), Bissonnette, Ri- fictive, puisque l’élève-maître a pu se
luer pour orienter un nouvel apprentis- chard et Gauthier (2005) et Towsend retrouver seul en classe (voire seul
sage (évaluation d’orientation) ; évaluer (2007) selon lesquels « l’évaluation dans une école à classe unique), sans
pour réguler un apprentissage en cours consisterait donc à repérer ces pra- aucune visite des équipes d’encadre-
(ou évaluation formative) ; évaluer pour tiques dans l’agir d’un enseignant de ment pédagogiques.
certifier un apprentissage entièrement manière à qualifier et à quantifier sa
terminé (évaluation certificative) ». Il performance, voire à identifier ses Sur la certification
précise que si l’évaluation formative (ou compétences », mais d’autres en dou-
Comme pour toute formation profes-
encore régulatrice) « consiste à recueil- teraient (Bru [2002], Crahay [1989],
sionnelle initiale, l’enjeu est double,
118 lir les informations pertinentes pour cités par André, ibidem) du fait de « la
dans la mesure où il s’agit de faciliter
améliorer le processus d’apprentissage grande variabilité des pratiques chez
la construction de compétences pro-
en cours, (…) l’évaluation certificative a un même enseignant ».
fessionnelles, mais aussi, et souvent
essentiellement une fonction sociale ».
De son côté, Berliner (2005), s’appuyant surtout, de certifier l’acquisition des
Peu d’enseignants savent que « la lo-
sur les analyses de Fenstermacher et compétences fondamentales définies
gique de régulation doit être séparée
Richardson (2005), distingue trois com- par un référentiel professionnel. L’éva-
de la logique de contrôle » (Kyélem,
posantes dans un enseignement de luation certification a pris une place
Tamboura et Favre, 2015, p. 163). C’est
qualité : les actes d’enseignement (dé- majeure, elle interroge la possibilité
donc dans la formation, notamment
finir, démonter, modeler, expliquer…), d’une réelle démarche formative en
initiale, des enseignants qu’il faudrait
les actes psychologiques de l’enseigne- formation initiale (Figari, 2006).
essentiellement agir.
ment (motiver, encourager, évaluer…)
Dans les dispositifs de formation ini-
On pourrait appuyer les cadres d’éva- et les actes moraux (faire preuve de
tiale des pays étudiés, les institutions
luation des enseignants sur les fac- courage, montrer de la tolérance, de
de formation se sont inscrites dans
teurs explicatifs des effets-maîtres l’empathie, du respect), sans lesquels
le mouvement de clarification du mé-
relevés par Bressoux (1994) : (i) la cor- un bon enseignement ne peut exister
tier d’enseignant en se dotant d’un
respondance entre les contenus ensei- (Hansen, 2001). Si des référentiels se
référentiel de compétences profes-
gnés et les acquisitions évaluées ; (ii) le risquent à aborder partiellement cette
sionnelles. Dès lors, l’évaluation insti-
temps passé à enseigner et le temps troisième composante, leur générali-
tutionnelle certificative est intégrée à
réellement consacré aux apprentis- té ne se révèle pas d’une grande aide
la démarche initiale formative et ré-
sages ; (iii) le taux de réponses exactes quant à l’évaluation. Si l’évaluation ne
flexive. Les futurs enseignants doivent
aux questions posées par le maître ; peut se passer d’une référence à l’aune
donc, théoriquement, documenter
(iv) les attentes des enseignants vis-à- de laquelle confronter les pratiques
les compétences professionnelles dé-
vis des compétences de leurs élèves ; observées, les éléments relevés dans
finies par le référentiel, c’est-à-dire
(v) le feed-back à travers lequel l’ensei- notre analyse montrent qu’il reste en-
donner des preuves de conformité au
gnant réagit, adapte, modifie en fonc- core du travail à accomplir pour for-
modèle prescrit, à des façons de faire
tion des messages que lui envoient ses muler des énoncés plus satisfaisants.
et d’être, qui constituent des pratiques
élèves ; (vi) la structuration des activi-
En Europe et aux États-Unis, de plus en attendues (Longuet et Springer, 2012).
tés d’apprentissages.
plus de formations d’enseignants in- C’est, par conséquent, la conformité au
Dans les pays de notre analyse, l’éva- tègrent l’utilisation de portfolios ou de référentiel qui l’emporte sur une réelle
luation concerne tous les pans de la dossiers d’apprentissage dans les dis- démarche réflexive professionnelle.
formation théorique et pratique, et positifs d’évaluation. Issus des métiers L’intérêt (plus ou moins fort) de la pra-
la certification prend en compte une artistiques (les « books » des photo- tique dans la formation initiale des
évaluation finale de la formation aca- graphes, architectes, publicistes…), les enseignants des pays de l’analyse ne
s’accompagne pas toujours de la mise qui participent à réduire « l’idée d’une cela a donné. Il importe d’examiner à
en œuvre de stratégies d’évaluation réelle professionnalisation de la fonc- quelles conditions des étudiants sta-
certificatives qui tiennent suffisam- tion enseignante » (ibidem, p. 241). En giaires peuvent « entrer en pratique
ment compte du fait que le métier s’ac- RDC, la nécessité de « mettre sur pied réflexive », ce qui suppose qu’ils se dé-
quiert sur le terrain et non à la sortie un cadre pour le fonctionnement et partissent de leur métier d’élève pour
des écoles de formation. Il est, en effet, l’évaluation de la formation pratique » devenir acteurs de la formation. Selon
plus aisé d’évaluer les acquis acadé- fait partie des recommandations im- Philippe Perrenoud (2012), l’adhésion
miques de la formation que d’évaluer portantes pour les réformes en cours active des étudiants à la démarche
les stages de formation pratiques et (Bui, 20124, p. 21). clinique et réflexive de formation
d’identifier les capacités et habiletés suppose au moins quatre conditions
préprofessionnelles en construction Acteurs et usagers en fortes : i) une transposition didactique
chez le futur enseignant. À noter que, formation et des référentiels de compétences
dans certains pays de notre analyse, Les acteurs dans leur diversité essentiellement orientés vers les pra-
ce sont les institutions de formation tiques effectives d’enseignement et
qui valident la formation (la certifient) Grossièrement, on peut distinguer leur dimension réflexive ; ii) une place
en vue de l’intégration par l’employeur cinq principaux groupes d’acteurs à importante donnée aux savoirs de la
(l’État dans la majorité des cas). On l’œuvre dans la formation des ensei- pratique et sur la pratique, pour équi-
peut dire que ces institutions de for- gnants : (i) l’administration centrale, librer le poids des savoirs à enseigner
mation interviennent dans la procé- qui est le ministère de rattachement ou des savoirs savants décontextuali-
dure de « titularisation », notamment de l’établissement de formation ; (ii) sés ; iii) une formation à la fois universi-
en émettant un avis sur les stagiaires l’administration de l’établissement, qui taire et professionnelle libérée tant de
(qui, parfois, n’ont pas été visités pen- comprend bien souvent deux niveaux l’académisme classique que de l’obses-
dant leur stage). (la direction de l’établissement et un sion prescriptive des écoles normales ;
niveau hiérarchique supérieur qui est iv) une formation en alternance dès
La certification complète des ensei- l’ordonnateur du budget), ce sché- ses débuts (la réflexion sur les pro-
gnants dès leur sortie des institutions ma étant courant en ce qui concerne blèmes professionnels ne peut se faire
de formation pose le problème de l’ins- les établissements d’enseignement que si l’on se réfère constamment aux
tallation et de l’évaluation des savoirs supérieur ; (iii) les formateurs des pratiques, ces dernières doivent donc
théoriques et des savoirs pratiques établissements de formation, parmi être intégrées le plus tôt possible dans
par lesquels se définissent les savoirs lesquels les vacataires, dont l’impor- le cursus de formation).
professionnels des enseignants. Il se tance numérique rend floue la notion
pose alors la question de savoir « com- d’équipe de formateurs ; (iv) les élèves/ Les pays de notre analyse compara-
ment le savoir novice devient-il un étudiants stagiaires ; (v) les formateurs tive tentent de mettre en œuvre, pro- 119
savoir d’expert ? » (Paquay et Altet et de terrain comprenant les encadreurs gressivement, ces conditions, à des
coll. 1996, p. 18). Si les compétences pédagogiques chargés du suivi et des degrés très divers, et avec plus moins
et les savoirs de l’enseignant profes- observations des pratiques (souvent de succès. Par ailleurs, les élèves/étu-
sionnel (Paquay et Altet et coll. 1996, ensemble avec les formateurs perma- diants stagiaires ne sont pas souvent
p. 32) permettent de le décrire comme nents de l’institution de formation) et écoutés sur les questions essentielles
un expert, la seule évaluation des les enseignants des écoles de stage, de la formation, et n’ont que rarement
connaissances acquises en cours de dont certains sont identifiés comme l’occasion d’élargir les sujets de leurs
formation ne peut permettre de mesu- des tuteurs. rencontres avec les administrations
rer ou présager dans quelle mesure tel pour inclure les questions de l’articu-
élève-maître sortant d’une institution On sait que la mise en œuvre des ré- lation entre leurs acquisitions sur les
de formation pédagogique deviendra formes, le déploiement de certains dis- volets théorique et pratique de la for-
ou non un expert. La certification, dès positifs ou tout simplement l’améliora- mation et les écarts entre le curriculum
la fin de la formation pédagogique, tion de certaines pratiques éducatives prescrit et le curriculum réel (créant un
ignore, en effet, le rôle et le poids de reposent, la plupart du temps, sur des sentiment d’inconfort et d’insécurité
l’expérience dans le développement évolutions globales et systématiques important).
des professionnalités propres à la pro- qui incluent aussi bien des acteurs « à
la tête » du système que certains situés Les formateurs et tuteurs. Une re-
fession d’enseignant.
« à la base » (Rey, 2016). Il importe de marque s’impose : on ne peut former
S’il existe, dans tous les pays de l’étude, prendre en compte l’ensemble des des praticiens réflexifs sans inscrire
une évaluation certificative qui prend forces qui, selon qu’elles sont mises en cette intention dans le plan de forma-
en compte la note du stage, celle-ci, synergies ou jouent les unes contre les tion et sans mobiliser des formateurs
à travers ses modalités et les acteurs, autres, auront ou non une influence d’enseignants qui en aient les com-
est différente d’un pays à l’autre, avec sur les pratiques pédagogiques. pétences. Ces compétences relèvent
un aspect commun, l’inexistence d’un de toutes les dimensions du métier
référentiel de certification et une faible Les élèves, étudiants/stagiaires : for- d’enseignant : disciplinaire, didactique,
clarification des rôles des parties pre- mer de bons débutants, c’est jus- pédagogique, relationnelle, sociale,
nantes. Au Bénin, par exemple, le dis- tement former d’emblée des gens éthique. Elles ne peuvent être réunies
positif de certification a fait l’objet d’un capables d’évoluer, d’apprendre au que par une équipe pluridisciplinaire
diagnostic en 2013, qui a conclu à la gré de l’expérience, en réfléchissant et pluricatégorielle de formateurs qui,
nécessité d’une « révision du mode de sur ce qu’ils voulaient faire, sur ce collectivement, conçoit, organise et su-
certification » dans les ENI, et c’est l’État qu’ils ont réellement fait, sur ce que pervise tout l’itinéraire de formation.
qui a le monopole de la certification 4 Bui, J. E. (2012), Rapport d’étude sur la formation Seul un noyau permanent et stable
du diplôme (Adekou, 2017). L’auteur initiale des enseignants du primaire en Répub- de formateurs ayant une vision d’en-
estime que cela est l’un des facteurs lique démocratique du Congo, UNESCO/RDC. semble du parcours de formation peut
aider les enseignants débutants à faire ne répondent pas aux mêmes res- centres de formation de niveau en-
le lien entre des apports a priori indé- ponsables hiérarchiques. Lorsque les seignement secondaire, l’autorité de
pendants et à éviter la parcellisation stages parviennent à être organisés, décision est directement le ministère
des contenus, à articuler les connais- leur mise en œuvre rencontre beau- par l’entremise du secrétaire général ;
sances issues des sciences humaines coup d’écueils, qui se traduisent par dans les centres de formation de ni-
aux disciplines et à leurs didactiques. une faible articulation ou une absence veau supérieur, le rectorat ou la prési-
La situation actuelle, dans les pays de même de cohérence avec la formation dence de l’université de rattachement
l’étude, est plutôt inquiétante sur ce théorique. Or, comme l’écrit Perre- exerce une forte tutelle au point, dans
point, car elle laisse clairement à la noud (1998, p. 227), « une alternance certains pays, de réorienter les crédits
charge exclusive des stagiaires le soin bien conçue ne laisse pas un fossé alloués à la formation professionnelle
de recoller les morceaux d’un parcours entre les “théoriciens qui ne mettent vers les dépenses des autres dépar-
atomisé. Une amélioration de la for- jamais les pieds dans une classe” et tements de l’université. Dans tous les
mation des enseignants ne peut être “les praticiens confrontés tous les jours cas, les possibilités d’adaptation de la
sérieusement envisagée sans un effort à la réalité de la classe” ». Nous retrou- formation aux réalités du terrain sont
considérable en direction de la forma- vons aussi dans les différents pays, un faibles, dans la mesure où l’ensemble
tion des formateurs. Il importe qu’une certain nombre d’éléments identiques du dispositif est conçu de façon mo-
partie d’entre eux se spécialisent en à l’état des lieux rapporté par Perre- nolithique.
analyse de pratiques, en études de noud (op. cit., p. 228) concernant les
cas, en accompagnement d’équipes IUFM en France : « faible sentiment La coordination de ces diffé-
et de projets, en supervision de stage. d’appartenance des formateurs de ter- rents acteurs
Par ailleurs, de nombreuses recom- rain à l’IUFM, faible appropriation des L’accent mis sur la professionnalisa-
mandations suggèrent « d’ancrer da- orientations principales, faible identité tion des enseignants s’est accompa-
vantage la formation sur le terrain et de formateur d’enseignants, maque gné de l’introduction de référentiels
de l’adosser à la recherche » (Joubaire, de communication entre formateurs, de compétences qui doivent jouer un
2019). Ce dernier point implique d’am- instabilité du corps de formateurs de rôle, d’importance variable, dans le dé-
bitieux programmes de recherche, terrain ». Autant de « failles » qui res- veloppement d’un « langage commun
que les pouvoirs publics des pays de sortent de l’étude comparative de la pour parler de l’activité professionnelle
l’étude peinent encore à financer. Cela formation initiale et dont la solution de l’étudiant » (Lessard, 2009, p. 130)
suggère également que les formateurs est nécessaire à la mise en œuvre d’un entre praticiens, formateurs de terrain,
puissent s’approprier les résultats des stage performant. formateurs académiques et politiques.
recherches et les mettre en lien avec
la pratique. Les formateurs doivent Établissements de formation et leurs La formation devrait être pensée
120 acquérir progressivement une culture tutelles : on sait que des processus comme un travail d’équipe, dans lequel
professionnelle qui se confortera avec qui sont au cœur de la capacité d’évo- les rôles de chaque intervenant sont,
le temps : l’expérience, mais aussi les lution des organisations éducatives certes, identifiés, mais déterminés
retours sur cette expérience construite reposent sur une capacité d’impul- dans son interrelation avec ceux des
sur la base de données scientifiques sion, d’entraînement et de coordina- autres, de telle sorte que la pertinence
(de recherches), de même que par la tion, qu’on désigne désormais plus de ses actions soit appréciée aussi à
diffusion des « bonnes pratiques », facilement sous le terme anglais de travers sa cohérence avec celles des
doivent contribuer à la construction leadership (ou parfois celui de ma- autres formateurs. L’un des éléments
de cette culture. Les formateurs de ter- nagement) que sous les termes habi- essentiels d’une telle approche est la
rain (tuteurs) ont eux aussi une place tuels d’encadrement ou de direction. prise en considération de l’importance
primordiale dans l’accueil et l’accom- Dans la plupart des pays étudiés, les de chaque acteur dans ce qu’il est en
pagnement des élèves-maîtres. Ils sont écueils rencontrés dans le pilotage et termes de profil et dans ce qu’il fait
peu reconnus (statut inexistant), insuf- la gestion de la formation viennent à en termes d’actes pédagogique ou
fisamment nombreux (clairement dé- la fois des capacités insuffisantes des administratif posés dans le cadre de
ficitaires dans de nombreux pays de formateurs (parmi lesquels est choi- la formation. Comme écrit Perrenoud
l’étude), pas toujours bien identifiés. si le personnel de direction) et de la (1998), les formateurs de terrain ne se
Dans la grande majorité des pays de faible autonomie des établissements. sentent pas bien souvent concernés
l’étude, un enseignant relativement Habituellement, la formation est sous par la formation et ne bénéficient que
compétent et efficace en classe peut la tutelle technique d’un seul minis- d’une faible considération, alors même
être absent de toute autre scène, no- tère ; mais étant donné que le secteur que c’est sur eux que l’on compte pour
tamment s’il ne travaille pas en équipe, de l’éducation est géré par plusieurs la mise en œuvre du dispositif de for-
en réseau, s’il ne participe pas à la vie de ministères, la formation se trouve mation en alternance. Au sein même
l’établissement, s’il n’a pas été repéré souvent à la croisée de plusieurs don- de l’établissement de formation, les
comme « enseignant modèle » (et donc neurs d’ordres plus ou moins explici- spécialistes de la discipline ont sou-
potentiellement tuteur) par l’institution tés. Elle doit composer avec le minis- vent tendance à minorer l’importance
de formation et/ou par son propre em- tère de la fonction publique (recruteur de l’intervention des spécialistes de
ployeur (ministère et ses déclinaisons et gestionnaire des sortants) et celui l’enseignement de la discipline ancrée
déconcentrées). En ce qui concerne la e des Finances, dont les décisions et dans cette vieille conception de la suf-
formation sur le terrain, quelquefois, priorités impactent directement la fisance en soi de la maîtrise de la disci-
les acteurs qui reçoivent les appre- mise en œuvre de la formation. Géné- pline pour réussir son enseignement.
nants en stage relèvent d’un autre mi- ralement, la marge de manœuvre des Il n’y a pas véritablement un corps de
nistère (fonction publique) que celui de chefs d’établissement de formation formateurs fonctionnel, les rencontres
la formation (Éducation nationale ou est faible, aussi bien sur le plan admi- se limitant généralement aux sessions
enseignement supérieur) ou souvent nistratif que pédagogique. Dans les des jurys de délibération à l’issue des
évaluations. Les établissements de for- (Gonin-Bolo, 2005 ; Maubant, 2007) une aide plus systématique. D’autre
mation ont besoin d’un soutien et d’un ou au vécu et aux apprentissages des part, elle renforcerait la pertinence de
accompagnement fort de l’État à tra- enseignants en formation (Ria, 2006 ; cette aide ».
vers ses ministères de tutelle, mais ils Vinatier, 2009) confortent l’idée d’une
ont aussi besoin d’autonomie dans la progressivité du processus de pro- Dans leur rapport sur le métier d’en-
conduite de leur formation. La centrali- fessionnalisation des enseignants en seignant, Brisson et Laborde (2018)
sation de la gestion des formations est formation. La progressivité tient dans encouragent « l’institutionnalisation
si forte que les responsables des éta- la reconnaissance d’une appropriation d’un accompagnement pour l’adapta-
blissements et les formateurs pensent longue du métier. L’OCDE (2019), dans
tion à l’emploi qui constituerait le pro-
davantage à l’application de ce qui est une enquête sur la formation initiale
longement de la formation initiale et
prescrit qu’à la prise en compte des ré- des enseignants, insiste sur la nécessi-
alités du terrain de la formation, ce qui té de considérer la formation comme qui s’étendrait sur les trois premières
empêche d’éclairer le politique sur les un système global, et préconise d’ap- années d’exercice », avec, notamment,
évolutions des publics et de la profes- préhender la formation initiale comme la mise en place de formations spéci-
sion et les réformes nécessaires. la première étape d’un continuum de fiques, un soutien individualisé aux
la formation des enseignants, rappe- enseignants qui débutent et la mise en
Plusieurs recherches (Joubaire, 2019)
lant que la formation initiale devrait place d’un tutorat au sein de leur éta-
pointent la difficulté à faire le lien
être le début, et non la fin, du proces- blissement d’affectation.
entre les différents univers de forma- sus de développement professionnel.
tion (université et milieu scolaire) et
À l’issue de la formation initiale, la « L’insertion dans une équipe de tra-
parfois même entre les différents in-
terlocuteurs impliqués : « l’alternance maîtrise du métier est à parfaire. Ain- vail, quelle que soit sa nature (profes-
en formation à l’enseignement corres- si, envisager la formation comme un sionnelle ou affinitaire) est l’une des
pond dans la réalité à une alternance continuum tout au long de la vie, en conditions facilitant le processus de
entre deux cultures professionnelles » abandonnant la distinction entre for- professionnalisation. Les échanges
(Dufour et coll., 2016). Dans les pays de mation professionnelle initiale et conti- avec d’autres collègues assurent une
l’analyse, il n’existe pas (ou peu) de col- nue, pourrait conduire à privilégier en assise relationnelle et psychologique
laboration entre milieu scolaire et ins- priorité l’accompagnement des sta- pour l’enseignant débutant. La mise en
titut de formation. Or, selon Dufour et giaires sur le terrain en le prolongeant
commun du travail donne confiance et
coll. (2016), « sans cette collaboration, sur les premières années d’exercice.
assurance, elle joue le rôle d’un groupe
le sentiment de compétence profes- Cet accompagnement doit être consis-
tant, et suppose que les formateurs/ de référence sur lequel le jeune ensei-
sionnelle des enseignants est fragilisé,
tuteurs puissent eux-mêmes être à la gnant peut s’appuyer et conforter ses
et le développement continu de l’en- 121
seignant est compromis ». Insistons fois assez nombreux et suffisamment pratiques professionnelles » (Guibert,
sur un point : seuls des partenariats préparés à cette mission, ce qui, en de- 2017).
forts entre établissements scolaires hors du cas particulier du Vietnam, ne
et instituts de formation peuvent et semble pas être le cas dans les pays de Cela suppose, toutefois, de donner de
doivent permettre de soutenir l’aligne- l’analyse. plus en plus de responsabilités de pilo-
ment du contenu de la formation des tage (de la qualité de la formation, de
En effet, la plupart des établissements l’accompagnement / encadrement des
enseignants sur le contexte scolaire
des pays de l’étude manquent de dis- débutants) au niveau de l’établisse-
(OCDE, 2019 ; Desjardins et coll., 2012).
positifs formalisés de soutien à l’inser-
ment scolaire et, pour être plus précis,
tion professionnelle. Or, selon Guibert
De l’accompagnement de à la charge du directeur de l’établisse-
(2017), « une procédure d’accueil plus
chacun à la responsabilisation formalisée à l’échelle académique, par ment, notamment pour combler les
de tous exemple, permettrait d’une part d’ai- lacunes/insuffisances de la formation
Un certain nombre de recherches, der les chefs d’établissement à propo- initiale, et parer, dans certains pays, au
relatives aux dispositifs de formation ser des dispositifs plus structurés et manque de conseillers pédagogiques.
Chapitre 11 UNE VISION DYNAMIQUE
DE LA SITUATION
nels dès l’indépendance et d’un iv) Harmonisation des offres de iii) Formation des apprenants axée iii) Financement important du
corps d’encadreurs pédagogiques formation pour le post-fondamen- sur des orientations pédagogiques système éducatif
ii) Au public et au privé, mêmes tal en cours d’harmonisation précises : APC, NAP, pédagogie de iv) Dispositif de formation des
référentiels et programmes de FI v) Pédagogie universitaire en cours découverte, de projet enseignants en alternance
de développement iv) Gouvernance du système édu- vi) Recherches et innovations en
vi) Existence d’une Commission catif : existence de conseils d’écoles pédagogie
nationale de recrutement ou d’établissements vii) Recherche et innovation en
vii) FC possible en appui aux débu- v) Existence d’un dispositif d’inspec- matière de classes mobiles ou
tants… Mais reste à développer tion et du contrôle pédagogique numériques
i) Autonomie faible dans la i) Absence de FI pour le préscolaire i) Diversité des profils en matière i) Insuffisance en enseignants du
conduite de la FI et l’utilisation des ii) Persistance d’un nombre d’en- de recrutement des élèves-maîtres primaire, dont le besoin est estimé
ressources. Ressources très insuffi- seignants sous-qualifiés (D7) au et élèves-professeurs à plus de trente mille
santes sur tous les plans. primaire ii) Inégalité dans le recrutement à la ii) Faibles acquis cognitifs et de
ii) Peu permanents et pas de corps iii) Évolutions et passerelles profes- fonction publique Diversité de sta- compétences des enseignants
de formateurs d’ENI et d’ENS sionnelles très limitées tuts des enseignants du primaire iii) Faible articulation des supervi-
iii) Mise en œuvre insuffisante iv) Persistance d’une inadéquation pour une même formation sions et inspections pédagogiques
122 de l’alternance et de la pratique entre curriculum prescrit et curri- iii) Difficulté des encadrements et des établissements
réflexive. Peu d’infrastructures et culum réel pratiques dans l’enseignement iv) Absentéisme chronique des
POINTS FAIBLES
iii) Faible prise en compte des iii) Problème de relèves des ensei- matique tions et compétences des élèves et
alternatives éducatives et des gnants (suite départ à la retraite) iv) Recours de plus en plus fréquent enseignants
passerelles dans les nouveaux iv) Manque d’attractivité de la fonc- aux méthodes transmissives iv) Désertion des enseignants
dispositifs de FI. tion enseignante (fondamental) v) Usage fréquent de pratiques
iv) Une lenteur dans la décon- pédagogiques transmissives
centration prolongeant la gestion
centralisée
i) La mise en œuvre du PSE et de i) Volonté d’engagement dans les i) Partenariat entre l’État came- i) Appui des partenaires au dé-
ses réformes sur l’ensemble du approches internationales rounais et les partenaires pour la veloppement de l’enseignement
système éducatif, en particulier sur ii) Existence du PND 18-27 formation des enseignants primaire au Kenya (PRIED)
la FI et la FC iii) Existence d’un PTE (à réviser ii) Formation hybride pour renfor- ii) Le programme TUSOME pour la
OPPORTUNITÉS
ii) La priorité donnée à la FI et à la prochainement) cer le dispositif en formation des formation des enseignants et chefs
FC des personnels de l’éducation. iv) Mise en place d’un programme enseignants d’établissement aux nouvelles mé-
iii) L’adoption d’une nouvelle poli- de formation pédagogique pour les iii) Affirmation constante du pa- thodologies iii) Plusieurs universités
tique nationale enseignante non qualifiés radigme dans l’enseignement au assurent la formation des futurs
iv) La qualité de l’engagement des secondaire de l’APC enseignants.
PTFs
MADAGASCAR MALI RDC VIETNAM
i) Depuis plusieurs années, existence i) Un dispositif de formation initiale i) Dispositif de formation des ensei- i) Un nombre important d’établisse-
de dispositifs de FI effectif existant depuis plusieurs années gnants du primaire opérationnel ments de formation bien implantés sur
ii) Plan de formation et MARE consti- ii) Un curriculum de l’enseignement depuis 1964 avec maillage national l’ensemble du territoire
tuent les cadres de référence normal validé et qui commence à grâce à l’implantation des HP ii) Un système déconcentré / décentra-
iii) Maillage territorial (DREN et CISCO) se diffuser dans les institutions de ii) Instituts spécialisés pour la forma- lisé opérationnel (formation / gestion
existant… mais perfectible formation tion des enseignants du secondaire des enseignants)
iv) Mobilisation professionnelle en voie iii) Un maillage territorial avec des iii) Importantes capacités de formation iii) Un niveau de formation élevé
de solidification (INFP) structures déconcentrées (les acadé- (universitaire)
mies et les centres d’animation péda-
gogique) et décentralisées (les collec-
tivités territoriales) qui permettent
d’être au plus près des réalités locales
i) Budget de fonctionnement notoire- a) Des budgets insuffisants dans les a) Formateurs peu compétents en for- a) Pluralité de dispositifs de formation
ment insuffisant institutions de formation peinent à mation des enseignants (qualifications qui rend difficile la lisibilité de la forma-
ii) Infrastructures et équipements ne couvrir des frais de fonctionnements faibles pour la profession enseignante tion des enseignants et entraîne d’im-
permettant pas d’aborder de manière et des étudiants qui cumulent les au primaire et au secondaire). portantes dispersions des ressources
effective l’articulation théorie/pratique bourses. b) Formateurs des HP mal rémunérés (humaines et financières)
iii) Un corps de formateurs pas en b) Des capacités d’accueils insuffi- et peu motivés b) Un système de formation peu ancré
adéquation avec les enjeux (CRINFP) santes c) Ressources humaines et financières dans la pratique et qui ne permet pas
iv) Cloisonnement des structures de c) Le manque de coordination entre très insuffisantes aux enseignants de développer les 123
formation les entités déconcentrées et décen- d) Multiplicité des structures de pilo- compétences attendues
v) Non-prise en compte de la réflexivité tralisées de l’éducation qui crée des tage avec accroissement des charges iii) Un nombre de formés plus impor-
comme axe de formation difficultés de cohérence de scolarisation tant que nécessaire (entraînant un
vi) Pilotage des formations trop la- d) Les grèves des enseignants, y e) Pas de réseautage des établisse- gaspillage des ressources publiques)
cunaires compris élèves-maîtres qui perturbent ments
les activités de formation et les ap-
prentissages
i) Une FI qui concerne un effectif a) L’insécurité du pays qui entraîne a) La formation initiale des enseignants a) Des établissements qui, malgré
de plus en restreint (au regard des des déplacements d’enseignants et la dans les HP n’est pas en mesure de les textes et les déclarations, peinent
besoins) fermeture de structures de formation garantir la qualité des apprentissages encore à prendre leur autonomie et
ii) La FI, dans son développement des enseignants des élèves. Et aussi : attendent les consignes dans une
actuel, ne garantit une formation de b) Une formation initiale qui, dans sa a) Faibles capacités actuelles d’utilisa- approche top-down (risquant ainsi
qualité forme actuelle, ne semble pas garantir tion des ressources obtenues pour les de retarder la mise en œuvre des
iii) Des enjeux majeurs (déconcentra- la qualité des apprentissages investissements réformes)
tion ; autonomie de structures ; polyva- c) Crise sanitaire liée au coronavirus et b) Une pression des étudiants formés
lence professionnelle…) méritent une autres épidémies au niveau national (en nombre trop important) ne trou-
remise à plat d) Situations de précarités humaines vant pas de débouchés professionnels
iv) Une absence chronique de parte- et matérielles liées à divers conflits
nariats qui sape un développement persistants
durable
i) Les récents documents-cadres (PSE ; i) Des documents politiques et stra- i) Une situation de l’éducation et de i) D’importantes réformes en cours
politique enseignante) constitue de tégiques validés par l’ensemble des la formation bien documentée et un qui devraient impacter positivement
solides atouts pour développer la FI partenaires qui fixent des objectifs consensus sur les leviers à activer pour le système (au niveau de la gestion
ii) Depuis 2018 réouverture des cursus communs et qui portent une attention une FI performante et de la qualité des apprentissages) :
FI primaire et collège particulière à la formation initiale des ii) L’adoption d’une SSEF consensuelle réforme curriculaire intégrant des
iii) Mise en place programmée d’un enseignants et la disponibilité des PTFs à le financer approches davantage centrées sur
fonds commun pour l’Éducation avec ii) La volonté des PTF de contribuer iii) La réforme de la FI avec création les apprenants, mutualisation des
formation des enseignants comme axe davantage à la formation initiale des des IFM et une articulation entre FI ressources…
de travail. enseignants et FC ii) Une stabilisation démographique
qui permet de recruter un nombre
limité (que le système peut prendre en
charge) d’enseignants
Un état des lieux des perspectives
de développement
BÉNIN
Axes de développement Propositions d’intervention
Les ENI ont été tour à tour autonomes puis rattachées à l’INFRE et, enfin, sous la tutelle directe du secrétariat général du ministère.
Elles pourraient être regroupées sous un statut d’établissement public de l’État avec une seule direction générale et elles recouvre-
raient leur autonomie administrative et financière avec un conseil d’administration (CA), comme à leur création. L’organisation et le
Sur le pilotage fonctionnement d’une telle entité donneraient des occasions de mobilisation et de gestion des ressources et plus de participation
des personnels à la vie de l’école en même temps qu’elle contraindrait à plus de redevabilité. L’autonomie financière des ENS au
sein des universités devrait être davantage garantie contre la possibilité de réguler des ressources qui leur sont allouées, et les ENS
devraient avoir la responsabilité, dans l’organisation, des activités de formation.
Les différentes évaluations faites sur les formations dispensées ont identifié clairement les insuffisances qui limitent le niveau des
acquis des sortants. Ces insuffisances devraient être prises en compte dans la réforme des ENI. Le relèvement du niveau de recrute-
Sur la qualité des cursus de
ment est un facteur favorable à une contribution des enseignants du supérieur dans la formation académique des apprenants, tout
formation
comme le relèvement du niveau académique et la valorisation du personnel formateur prévu par les textes. La formation en alter-
nance est une option efficace de professionnalisation ; il reste, cependant, à assurer la rigueur et l’intégralité de sa mise en œuvre.
Elle peut prendre appui sur deux leviers : la mise en réseau des établissements de formation avec une conceptualisation des bonnes
pratiques et leur mise en œuvre dans chaque établissement, et la conduite de recherche-action en équipe. Avec le relèvement du
niveau de recrutement, les stagiaires des ENI pourront tous rédiger des mémoires professionnels au lieu des rapports de stage
Sur l’efficience professionnelle actuels.
L’État gagnerait à mettre les TICE au profit de la formation des enseignants. Ceci peut se réaliser à partir de la dématérialisation de la
formation et le développement de programmes interactifs par les écoles de formation. Chaque enseignant devrait développer des
compétences à l’usage des TICE en rapport avec sa formation.
Un accompagnement des sortants des ENI/ENS sur la première année d’entrée dans le métier est possible s’il y a des ressources,
et aussi si le dispositif de pilotage de la FC le permet. Cela peut passer aussi par son inscription explicite dans les missions dévolues
aux établissements de FI. Les formateurs et les ressources des centres de documentation devraient être facilement accessibles aux
Sur le processus de profession-
sortants et, en cela, le déploiement des ressources des TICE et la mise en œuvre d’une formation à distance seraient d’une grande
nalisation
contribution. L’accompagnement des nouveaux sortants des ENI/ENS devrait se faire par rapport à leur progression dans la pratique
professionnelle, dans leur individualité autour des objets d’apprentissage. Les méthodes d’analyse des pratiques sont à promouvoir
124 en formation, afin que le nouvel enseignant interroge ses pratiques dans les contextes d’apprentissage qui lui sont propres.
BURUNDI
Axes de développement Propositions d’intervention
Au-delà du débat structurel LP contre EN (actuellement supprimé) pour le cycle fondamental, la formation souffre d’un décalage
imprtant :
entre les attentes des stagiaires (être prêt à la prise en charge de la réalité du terrain) et le fonctionnement effectif de la FI d’une part ;
sur l’évolution pédagogique attendue et les approches professionnelles existantes dans les LP d’autre part.
Sur la qualité des cursus
Si ce dernier point est en cours de réflexion (perspective ENABEL), le premier est plus problématique à structurer, car assujetti à de
nombreuses contraintes. L’amélioration de la situation matérielle des stagiaires et des établissements de formation et un réseau
d’« établissements d’application » devraient être prioritairement pris en compte.
Si le triptyque « pratique/théorie/pratique » est formellement décliné (et attendu) dans les attentes des formations, celui-ci demeure
Sur l’efficience professionnelle fantomatique dans les faits (pour des raisons différentes selon le type de formation). La polyvalence des équipes de formateurs et la
professionnalisation de ces derniers (vers un statut de formateurs) constituent des leviers prioritaires à reconsidérer.
Le développement de la FI nécessite plus que jamais une (structure) coordination entre cycles de formation (ET et post EF) devant
mettre l’accent sur :
Sur le pilotage
l’émergence du C4 et sa spécificité ;
les liens effectifs entre les structures de formation (notamment entre les 167 LP) ;
les besoins réels en enseignants.
Si l’absence notoire de réelles voies/perspectives de carrière pénalise fortement la qualité des perspectives de professionnalisation
(peu de passerelles professionnelles), celles-ci devraient trouver des appuis dès la FI via, notamment,
la prise en compte de l’hétérogénéité des publics scolaires (ESH, notamment) ;
Sur le processus de profession- la sensibilisation à la gestion/direction d’un établissement (EF) ;
nalisation l’articulation entre la phase de FI et la prise de fonction.
De plus, une période probatoire à la validation de la prise de fonction (vers un CAP ?) pourrait accentuer le développement d’une
mobilisation collective (avec les DPE) à la (bonne) préparation au métier.
BÉNIN
Axes de développement Propositions d’intervention
Les ENI ont été tour à tour autonomes puis rattachées à l’INFRE et, enfin, sous la tutelle directe du secrétariat général du ministère.
Elles pourraient être regroupées sous un statut d’établissement public de l’État avec une seule direction générale et elles recouvre-
raient leur autonomie administrative et financière avec un conseil d’administration (CA), comme à leur création. L’organisation et le
Sur le pilotage fonctionnement d’une telle entité donneraient des occasions de mobilisation et de gestion des ressources et plus de participation
des personnels à la vie de l’école en même temps qu’elle contraindrait à plus de redevabilité. L’autonomie financière des ENS au
sein des universités devrait être davantage garantie contre la possibilité de réguler des ressources qui leur sont allouées, et les ENS
devraient avoir la responsabilité, dans l’organisation, des activités de formation.
Les différentes évaluations faites sur les formations dispensées ont identifié clairement les insuffisances qui limitent le niveau des
acquis des sortants. Ces insuffisances devraient être prises en compte dans la réforme des ENI. Le relèvement du niveau de recrute-
Sur la qualité des cursus de
ment est un facteur favorable à une contribution des enseignants du supérieur dans la formation académique des apprenants, tout
formation
comme le relèvement du niveau académique et la valorisation du personnel formateur prévu par les textes. La formation en alter-
nance est une option efficace de professionnalisation ; il reste, cependant, à assurer la rigueur et l’intégralité de sa mise en œuvre.
Elle peut prendre appui sur deux leviers : la mise en réseau des établissements de formation avec une conceptualisation des bonnes
pratiques et leur mise en œuvre dans chaque établissement, et la conduite de recherche-action en équipe. Avec le relèvement du
niveau de recrutement, les stagiaires des ENI pourront tous rédiger des mémoires professionnels au lieu des rapports de stage
Sur l’efficience professionnelle actuels.
L’État gagnerait à mettre les TICE au profit de la formation des enseignants. Ceci peut se réaliser à partir de la dématérialisation de la
formation et le développement de programmes interactifs par les écoles de formation. Chaque enseignant devrait développer des
compétences à l’usage des TICE en rapport avec sa formation.
Un accompagnement des sortants des ENI/ENS sur la première année d’entrée dans le métier est possible s’il y a des ressources,
et aussi si le dispositif de pilotage de la FC le permet. Cela peut passer aussi par son inscription explicite dans les missions dévolues
aux établissements de FI. Les formateurs et les ressources des centres de documentation devraient être facilement accessibles aux
Sur le processus de profession-
sortants et, en cela, le déploiement des ressources des TICE et la mise en œuvre d’une formation à distance seraient d’une grande
nalisation
contribution. L’accompagnement des nouveaux sortants des ENI/ENS devrait se faire par rapport à leur progression dans la pratique
professionnelle, dans leur individualité autour des objets d’apprentissage. Les méthodes d’analyse des pratiques sont à promouvoir
en formation, afin que le nouvel enseignant interroge ses pratiques dans les contextes d’apprentissage qui lui sont propres. 125
BURUNDI
Axes de développement Propositions d’intervention
Au-delà du débat structurel LP contre EN (actuellement supprimé) pour le cycle fondamental, la formation souffre d’un décalage
imprtant :
entre les attentes des stagiaires (être prêt à la prise en charge de la réalité du terrain) et le fonctionnement effectif de la FI d’une part ;
sur l’évolution pédagogique attendue et les approches professionnelles existantes dans les LP d’autre part.
Sur la qualité des cursus
Si ce dernier point est en cours de réflexion (perspective ENABEL), le premier est plus problématique à structurer, car assujetti à de
nombreuses contraintes. L’amélioration de la situation matérielle des stagiaires et des établissements de formation et un réseau
d’« établissements d’application » devraient être prioritairement pris en compte.
Si le triptyque « pratique/théorie/pratique » est formellement décliné (et attendu) dans les attentes des formations, celui-ci demeure
Sur l’efficience professionnelle fantomatique dans les faits (pour des raisons différentes selon le type de formation). La polyvalence des équipes de formateurs et la
professionnalisation de ces derniers (vers un statut de formateurs) constituent des leviers prioritaires à reconsidérer.
Le développement de la FI nécessite plus que jamais une (structure) coordination entre cycles de formation (ET et post EF) devant
mettre l’accent sur :
Sur le pilotage
l’émergence du C4 et sa spécificité ;
les liens effectifs entre les structures de formation (notamment entre les 167 LP) ;
les besoins réels en enseignants.
Si l’absence notoire de réelles voies/perspectives de carrière pénalise fortement la qualité des perspectives de professionnalisation
(peu de passerelles professionnelles), celles-ci devraient trouver des appuis dès la FI via, notamment,
la prise en compte de l’hétérogénéité des publics scolaires (ESH, notamment) ;
Sur le processus de profession- la sensibilisation à la gestion/direction d’un établissement (EF) ;
nalisation l’articulation entre la phase de FI et la prise de fonction.
De plus, une période probatoire à la validation de la prise de fonction (vers un CAP ?) pourrait accentuer le développement d’une
mobilisation collective (avec les DPE) à la (bonne) préparation au métier.
CAMEROUN
Axes de développement Propositions d’intervention
Renforcer la formation dans le secondaire par les matières professionnelles, à savoir la pédagogie, la didactique et méthodologie
Sur l’efficience professionnelle
Doter le programme de formation d’outils de documentation technologique et de moyens didactiques
Augmenter la durée de stage pratique (au-delà de trois mois) : il faut une importante période d’exposition au stage pratique
Sur le processus de profession-
Faire « coacher » les stagiaires par les pairs pour les stages de tutelle au primaire, étant donné le nombre élevé de stagiaires
nalisation
Intégrer les TIC dans la formation pratique des enseignants
KENYA
Axes de développement Propositions d’intervention
Réorganiser les programmes de formation initiale des enseignants en mettant l’accent sur les connaissances et les compétences
126 pédagogiques et mieux les harmoniser sur les programmes scolaires et les priorités relatives à l’apprentissage des élèves à l’école,
les aptitudes à l’enseignement de la lecture, du calcul, l’enseignement des langues locales, les connaissances des mathématiques et
des sciences, les aptitudes en langues étrangères pour les futurs enseignants du secondaire
Sur la qualité des cursus Accroître le développement des classes numériques, notamment pour les milieux défavorisés, le « kio kit », par exemple, peut offrir
un accès numérique à 400 élèves ; en outre, là, il existe ; il peut passer d’une classe à une autre toute la journée toute la semaine ; il
peut être échangé avec des élèves, afin que ceux-ci aient accès aux contenus et manuels scolaires hors de leur portée. Dans ce sens,
HUAWEI a assuré la formation de 1 500 jeunes et enseignants de zones rurales. L’acquisition de ce kit pourrait être subventionnée
par l’État.
Intensifier la formation initiale des enseignants non qualifiés et, notamment, ceux qui sont recrutés dans des zones d’urgence ou par
Sur l’efficience professionnelle
les communautés
Pour les régions arides et peu peuplées du Nord-Est où beaucoup d’enfants sont exclus du système éducatif, il est souhaitable de
créer des classes mobiles et d’augmenter le nombre d’internats et de programmes alimentaires.
Accroître le recrutement en enseignants dont le besoin est ressenti
Sur le pilotage
Améliorer les conditions de vie et de travail des enseignants, afin de les motiver au travail
Accroître en qualité et en quantité les infrastructures scolaires qui font de plus en plus défaut, notamment les manuels scolaires
Intensifier les supervisions et inspections des écoles et classes de manière systématique, une sorte d’évaluation qui viendrait en
appui à l’outil de gestion et de développement des enseignants situé au niveau national
Améliorer le dispositif des stages pratiques avec une meilleure supervision des enseignants stagiaires, une réflexion sur l’expérience
pratique de l’enseignement, un accès aux ressources numériques, nombre de stages, durée des stages, lieux des stages, professeur
Sur le processus de profession-
conseiller enseignant de l’université
nalisation
Intensifier l’encadrement et le perfectionnement professionnels des enseignants en exercice pour améliorer leurs connaissances des
contenus et des compétences pédagogiques
MADAGASCAR
Axes de développement Propositions d’intervention
L’organisation actuelle des cursus, trop cloisonnés et éloignés des réalités de terrain (peu de classes dites « d’application ») mériterait
Sur la qualité des cursus
d’être révisée pour laisser plus de place à la pratique (et à son analyse).
Le développement d’un programme d’innovation pédagogique et de recherche–action intégré (ensemble des instances de formation
Sur l’efficience professionnelle initiale) permettrait de renseigner l’impact des formations sur la qualité des apprentissages et d’engager un travail collaboratif de
développement interactif.
Le dispositif actuel souffre d’un manque de partenariats. Des liens interinstitutionnels et des coopérations fonctionnelles (recherche,
formation, formation de formateurs) doivent être développés pour renforcer la qualité des formations et, éventuellement, préparer
des mutations professionnelles à plus long terme (ex. : universitarisation des recrutements).
Sur le pilotage La gestion et le management (notamment financier) des établissements de formation (INFP) méritent une remise à plat des disposi-
tifs tant au niveau du pilotage des établissements (INFP/CRINFP) que du corps des formateurs (notamment recrutement et qualifica-
tion).
L’évaluation des acteurs de la formation doit s’ouvrir à une approche participative (tant interne qu’externe) et régulatrice (adaptée
aux compétences de chacun) et fondée sur le référentiel des compétences, tout au long du processus de formation.
Sur le processus de profession- L’accès au métier d’enseignant (à ses différents niveaux) impliquera, à moyen terme, une révision des conditions d’accompagnement
nalisation (entrée en fonction) et de passerelles professionnelles (intégrant des perspectives de polyvalences professionnelles).
MALI
Axes de développement Propositions d’intervention
Le nouveau curriculum de formation doit être plus largement diffusé, mais la question de la pratique dans ce curriculum doit faire
Sur la qualité des cursus
l’objet d’une attention particulière et, notamment, la gestion des stages.
127
Ce nouveau curriculum et son opérationnalisation devront faire l’objet de recherche-action pour s’assurer d’un impact positif sur les
Sur l’efficience professionnelle
apprentissages des élèves.
Le processus de recrutement au sein des IFM doit être repensé pour que les compétences sociolinguistiques des étudiants soient
davantage prises en considération dans leur affectation (tant au sein des IFM qu’ensuite dans les écoles).
Sur le pilotage
La déconcentration/décentralisation n’est pas sans poser de problèmes pour la gestion/formation du corps enseignant. La collabora-
tion entre toutes ces entités doit être renforcée dans la perspective de mettre en place devant chaque élève un enseignant qualifié.
C’est particulièrement vrai pour les stages.
Sur le processus de profession- L’articulation entre formation initiale et continue, ainsi que le suivi individualisé des enseignants devront, à court terme, être renfor-
nalisation cés pour mieux suivre les carrières enseignantes.
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Axes de développement Propositions d’intervention
L’organisation actuelle des cursus, trop ancrés sur l’enseignement secondaire et orientés sur la formation académique des élèves,
sans appui sur un référentiel de compétences et le stage pratique, ne permet pas une formation enseignante de qualité. La création
Sur la qualité des cursus
des IFM avec un niveau post-secondaire est une option qui devrait donner à la pratique la dimension qu’il lui faut. De la même ma-
nière, la mise en œuvre du stage selon un modèle en alternance est à envisager sur la formation des enseignants du secondaire.
Si moins de 20 % seulement des enseignants du secondaire sont considérés comme qualifiés, plus de 90 % le sont pour le primaire
sans que l’impact de cette qualification soit véritablement visible en termes de qualité d’apprentissages. Parallèlement à la réforme
Sur l’efficience professionnelle de la FI, la mise en œuvre de la FC intégrée dans le dispositif de la politique nationale de formation devrait être accélérée avec un
accompagnement du corps d’encadrement et un dispositif d’évaluation en continu des compétences des enseignants à former et
formés.
Le dispositif actuel de pilotage des HP est le même que celui des établissements d’enseignement secondaire auxquels elles sont
intégrées. L’organisation de l’administration scolaire avec des établissements conventionnés considérés comme faisant partie du
dispositif public tout en ayant des pratiques propres de pilotage et de management des établissements est assez complexe. La ra-
tionalisation des HP et la création progressive des IFM permettront de mettre en place une gestion des établissements de formation
Sur le pilotage séparée de celle des établissements secondaires avec une plus grande autonomie dans le fonctionnement et une redevabilité en
termes de qualité professionnelle des sortants.
La SSEF prévoit, en même temps que la réforme des HP et la formation des maîtres, le renforcement du dialogue et des synergies
avec le MESU pour la formation des enseignants du secondaire, afin de répondre aux exigences qualitatives et aux besoins quantita-
tifs en enseignants.
La nouvelle approche prévue dans le cadre de la SSEF inclut nécessairement la redéfinition du profil du formateur et le renforcement
des capacités des personnels actuels pour qu’ils soient en mesure de passer de la posture et des pratiques de l’enseignant à celles
Sur le processus de profession-
du formateur d’enseignants. La mise en œuvre du stage à l’entrée dans le métier est une occasion importante pour accompagner le
nalisation
début de carrière des enseignants débutants, d’autant qu’ils sont le plus souvent affectés dans les zones rurales. Ce sera là, en même
temps, une contribution à la réduction des disparités régionales.
128
VIETNAM
Axes de développement Propositions d’intervention
Réviser le curriculum de formation des enseignants pour qu’il soit en ligne avec la grande réforme de l’enseignement entrepris par le
Vietnam ces dernières années et qu’il s’articule davantage autour du triptyque pratique/théorie/pratique pour faciliter l’insertion des
Sur la qualité des cursus
jeunes enseignants dans les établissements scolaires. Cela suggère également de revoir le profil des formateurs au sein des institu-
tions de formation pour y faire intervenir davantage de praticiens.
Encourager la recherche/action dans les institutions de formation des enseignants devrait permettre de renseigner l’impact de la
Sur l’efficience professionnelle
formation sur la qualité des apprentissages.
Construire un réseau d’institutions de formation plus restreint avec une importante mutualisation des ressources (humaines, finan-
Sur le pilotage
cières, physiques), en assurant une adéquation entre les besoins du système et les effectifs d’inscrits, et en collaborant étroitement
avec les établissements scolaires pour s’assurer d’un curriculum adapté à la réalité du terrain.
Sur le processus de profession- Ce réseau d’institutions de formation sera également prochainement appelé à renforcer leur offre de formation continue pour
nalisation permettre aux enseignants, qui en sont d’ailleurs redevables, de mieux construire leur carrière professionnelle.
CONCLUSION
Des perspectives
pour quelles avancées ?
129
Au terme de cette radioscopie de la formation initiale des ensei- publics hétérogènes (instituteurs et
gnants dans huit pays, il est certain que l’avènement d’une pro- professeurs) ;
fessionnalisation enseignante adaptée aux enjeux d’une école et • une formation fractionnée : plutôt
disciplinaire en début de formation
d’une scolarisation réussies pour tous n’est pas encore « à porter et plutôt professionnelle en fin de
de main », partout et pour chacun. Des lacunes sont à combler, cursus, plus particulièrement dans
des ornières sont à éviter. le post-fondamental ;
• des stages très peu présents lors des
Pour autant, il est quasi impossible de l’augmentation de l’offre scolaire et le deux ou trois premières années de
dégager, à ce terme de notre réflexion, recrutement d’enseignants qualifiés et préparation au métier ;
un idéal type de formation, un modèle en nombre suffisant pour combler les • un recrutement majoritairement fait
transposable partout et en tous lieux, nouveaux postes et compenser l’attri- par l’État, parfois par les régions ;
et ceci, pour deux raisons au moins : tion, dans un contexte de restriction • une (forte) hétérogénéité des capaci-
des finances publiques (ISU, 2014). tés d’accueil par établissement ;
• en premier lieu, l’étude est trop res-
treinte, quantitativement parlant,
Cette région du monde est celle où les • peu ou pas de réseau professionnel
pénuries d’enseignants sont les plus d’établissements en Afrique.
pour déboucher sur une telle pers-
importantes : presque 7 pays subsaha- Qu’en est-il, finalement, au terme de
pective ;
riens sur 10 connaissent une pénurie
• en second lieu — et surtout —, parce aiguë d’enseignants (ISU, 2014) ».
cette présente étude ?
que l’enracinement des systèmes de
formation, observé ici, est par trop La formation enseignante est donc DE LA COMPLEXITÉ
ancré dans des logiques historiques ici confrontée à un double défi : l’un D’UNE ANALYSE
complexes qui nécessitent de laisser quantitatif (augmenter le nombre
Cette immersion dans ces territoires
du temps au temps. d’enseignants, de différentes ma-
et dans ces systèmes de préparation
nières) et l’autre qualitatif (améliorer
au métier d’enseignant, le plus beau
L’ambition de cette conclusion est sensiblement leur professionnalisme).
métier du monde dit-on, doit, avant
donc ailleurs : simplement, donner des On retiendra surtout que ce double
toute chose, être abordée à l’aune de
pistes de développement et d’action à défi est bien un marqueur de ces pays,
la diversité. Il est certain, en effet, que
des engagements préprofessionnels, les pays du Nord étant, eux, avant tout,
si des invariants structurels existent,
que l’on souhaiterait clefs en main, concentrés sur le défi qualitatif de la
comme l’avait déjà souligné, en son
mais qui imposent le sur-mesure. formation enseignante. temps, le rapport Karsenti (2007), la
130 Le deuxième repère tient à la chrono- question de la diversité des situations
DES REPÈRES POUR UNE logie de la formation enseignante et de formation et d’accès au métier d’en-
COMPARAISON à son évolution. En d’autres termes, y seignant est aujourd’hui encore une
Si le vieil adage rappelle, souvent avec a-t-il des repères antérieurs qui per- caractéristique forte de notre analyse.
sagesse, que « comparaison n’est pas mettraient de préciser si les situations, On rappellera, au demeurant, que
raison », nous soulignerons, néan- les caractéristiques andragogiques ont cette caractéristique de la diversité
moins, que comparaison rime bel et évolué depuis 10 ou 20 ans ? Pour y n’est pas spécifique à notre étude « du
bien avec réflexions. C’est d’ailleurs répondre, nous nous rapporterons au Sud » — le travail du MEN en France
cette même logique (comparer pour premier (et sans doute le seul) rapport soulignant également cette situation
mieux comprendre) qui avait poussé développé sur ces questions3 par le en Europe — mais s’enracine comme
la DEEP/MEN, en France, à mener une réseau international francophone des un marqueur fort des formations au
analyse comparative des différents établissements de formation de for- métier d’enseignant, de nombreuses
systèmes de formation d’enseignants mateurs (RIFEFF)… Avec le soutien de préparations à différents métiers
en Europe.1 Deux études peuvent être l’AUF4. ayant au contraire une logique nette
utiles pour mieux apprécier la situation. d’homogénéisation des formations.
Développée sur une méthode de tra-
Le premier repère à préciser tient vail spécifique (un questionnaire adres- De facto, même s’il existe des inva-
d’abord au cadre général de la for- sé à une centaine d’établissements de riants, positifs ou négatifs, comme le
mation : celui du défi enseignant formation) et une série d’analyses (par référentiel de formation ou de com-
posé aux pays en développement ou article), l’étude met en évidence plu- pétences pour le premier cas de figure
émergent2. Comme le rappelle la re- sieurs points de développement : ou la précarité des moyens matériels
vue Formation et professions (2017),
« pour atteindre les nouveaux objectifs
• une très forte disparité des établis- de formation pour le second, il devient
sements de formation (universités, délicat — pour ne pas dire impossible
d’éducation primaire mis de l’avant par — d’aborder de manière sereine et uni-
instituts, facultés, écoles, voire col-
la communauté internationale pour forme une comparaison des dispositifs
lèges), à 80 % publics ;
2030 (ONU, 2015), les pays d’Afrique de formation initiale des enseignants.
subsaharienne devront travailler sur • des établissements de formation ci-
plusieurs fronts simultanément, dont blés : peu de structures ; au Sud, dé- Pour mieux saisir cette caractéristique,
veloppent une formation pour des nous mettrons en évidence deux situa-
1 Formation des enseignants en Europe : éléments
de comparaison internationale, MEN, Paris, 2018. 3 Un point important à souligner : l’étude a été me- tions, deux pays :
2 Sur ce point, on pourra se reporter à l’article : née autour de pays francophones, du Nord et du
« Le défi enseignant au primaire en Afrique Sud. • au Bénin, pays de 10 millions d’habi-
saharienne : une analyse des solutions mises 4 KARSENTI, T. ; GARRY, R.-P. ; BECHOUX, J. ; et tants, où il existe six établissements
en œuvre pour faire face à la demande (2000- TCHAMENI NGAMO, S. (2007). La formation des
2015) », G. Siroil et coll. in Formation et profes- enseignants dans la francophonie : diversités, dé- de formation des futurs enseignants
sion 25/21, 2017. fis et stratégies d’action. Montréal : AUF. du primaire ;
• au Burundi, pays avec 11 millions • l’adaptation du nombre de formés formation en primaire favorise, dans
d’âmes, où l’on dénombre 167 struc- aux besoins d’enseignants (et, par un même mouvement, l’intégration so-
tures de préparation au métier d’ins- ricochet, l’existence de stagiaires for- cioculturelle des futurs enseignants et
tituteur. més… mais chômeurs) ; restreint une mobilité professionnelle
Derrière cette appréciation ou ce juge- • les différents niveaux de recrute- sur cette même problématique.
ment de faits (ici, le recensement du ment (essentiellement pour le pri-
nombre d’établissements de forma- maire) ; En proposant une grille d’observation
tion aptes à offrir un cursus à vocation • l’adaptation des parcours de forma- (limitée d’ailleurs… et donc forcément
professionnelle) se pose le jugement tion aux profils (réels) des stagiaires ; discutable), le groupe d’experts a donc
de valeur : qu’est-ce qui est préférable ? • l’existence ou non d’un appui/ac- d’abord choisi de mettre en évidence
De prime abord, un nombre restreint compagnement social des futurs en- les forces et faiblesses des dispositifs
d’établissements devrait faciliter le seignants ; de formation d’une part (p. 154 à 156)
pilotage et la coordination (question
sur laquelle nous reviendrons) et
• la place de la décentralisation et de et les perspectives de développement
la déconcentration dans le recru- (p. 157 à 162) qui semblaient s’impo-
donc l’efficience des formations. Mais,
tement, la formation et la prise de
pour autant, difficile d’écarter le fait ser5 au vu des caractéristiques mises
fonction ;
qu’un large nombre d’établissements en avant d’autre part.
(ici, au Burundi, un établissement par • la prédominance ou non d’un mo-
commune) facilite une implication de dèle pédagogique (approche APC Plus encore, il est important de souli-
proximité pour les futurs enseignants. ou pédagogie de l’intégration, par gner qu’il n’y a sans doute pas de mo-
Donc, que choisir ? exemple) ; dèles à préconiser, mais bien des dé-
• l’autonomie (ou pas) des établisse- terminants de la réussite à construire
Si l’on se réfère à la performance du ments de formation ;
système (au niveau des acquis sco- ou à renforcer sur la base de tremplins
• l’existence (ou pas) de passerelles fonctionnels.
laires des élèves), le débat n’est guère possibles dans la perspective de car-
plus éclairé. En effet, en se reportant rière professionnelle ; Des leviers pour un développement
aux études internationales disponibles
(dans notre étude, PISA p. 34), on per-
• la hauteur des engagements budgé- de qualité de la formation initiale des
taires pour une garantie optimale de enseignants
çoit que ces deux pays ont un état de
formation ;
performance à peu près identique — et
au-dessus de la moyenne — en lecture • la prégnance et la permanence des Dans cette perspective, nous mettrons
et un niveau significativement diffé- PTFs dans le développement de la cinq chantiers en avant :
rent (positivement pour le Burundi) en professionnalisation enseignante ; 131
mathématiques, le Bénin étant même • la place de la certification, en amont Le pilotage d’une formation
au-dessous de la moyenne pour cette ou en aval du recrutement ; structurée
discipline. Dans le même temps, pour • l’intégration territoriale, socioethno- Celui-ci peut ou doit reposer sur cinq
reprendre une expression contempo- graphique et langagière du futur en-
raine, il apparaît dans nos investiga- seignant ; fonctions essentielles :
tions que le système de formation pro- • l’accompagnement du stagiaire lors • la capacité d’impulsion de modifica-
fessionnelle le plus élaboré au regard de sa prise de fonction ; tion ou de transformation des dispo-
de notre échantillon (sans nul doute le • la reconnaissance (statut) de la fonc- sitifs ;
Vietnam) est celui qui fait émerger le tion de formateur ;
plus sûrement les meilleures perfor- • la mobilisation (collective) de l’insti- • la coordination inter et intra degrés
mances scolaires chez les élèves. de formation ;
tution scolaire dans le processus de
Si la question de la diversité est donc formation ; • le travail en réseau des différents
à prendre en considération, elle ne • La continuité/uniformité de la forma- établissements de formation (au mi-
saurait se limiter à un seul registre tion (entre fondamental et post-fon- nimum par degré de formation) ;
de réflexion. Elle ne se limite pas, par damental, plus particulièrement). • la synchronisation des engagements
exemple, à cette seule question du Cette petite vingtaine de références (notamment entre les instances de
dénombrement des instances de for- fonctionnelles (qui ne sont d’ailleurs formation et le terrain) ;
mation pour en assurer une homogé- pas limitatives) mobilisables autour du
néité. bon développement de la formation • la dynamique et l’autonomie des
montre bien, s’il le fallait encore, que la différentes structures (avec, en pre-
À la lecture des fiches descriptives de
la 1re partie du rapport, il est clair que la comparaison des dispositifs n’est pas mier lieu, la place, le rôle et le recru-
phase de professionnalisation initiale chose aisée. Si chacun, effectivement, tement des responsables de struc-
est traversée par de multiples réfé- comprend que comparaison n’est pas tures).
rents différents, que nous déclinerons raison (il n’y a pas, par essence, une
ci-dessous dans leurs grands axes : bonne contre une mauvaise solution), il
faut admettre en même temps qu’une
• la place du privé dans la FI ; solution, a priori plutôt négative, est
5 Nous rappellerons une dernière fois que ce tra-
vail a été effectué à distance (seul Madagascar
• l’adaptation des capacités d’accueil en interaction avec d’autres leviers qui avait fait l’objet d’investigations, en cours ou en
amont de cette étude) par les experts, avec l’ap-
(en formation) aux besoins du pays ; peuvent compenser cet effet négatif. pui, néanmoins, d’observateurs locaux. Une telle
• la diversité des statuts d’ensei- Ainsi, pour poursuivre l’exemple du approche en observation in situ aurait-elle donné
une autre vision de la situation ? Fondamentale-
gnants en fonction (et, par voie de Burundi, le nombre élevé — certains ment, sans doute pas, mais peut-être avec plus
ricochet, l’existence de vacataires) ; diront trop élevé — de structures de de finesse pour certains éléments.
La polyvalence en formation La recherche d’un curriculum • la place du référentiel des compé-
Sera ciblée, ici, la capacité des struc- structurant dans la quête d’un tences professionnelles attendues
tures de formation de répondre à enseignant réflexif dans le dispositif de validation des
une logique multiple d’hétérogénéité Autour du référentiel de formation aptitudes acquises en formation ;
susceptible d’apporter des réponses (très souvent disponible) doivent être • la place de l’évaluation des acquis
adaptées aux différents besoins : posées des options/approches de for- dans le processus de soutien aux
• des publics scolaires de l’enseigne- mation reposant sur : stagiaires ;
ment de base, notamment au ni- • le stage comme véritable outil de for- • la place de la certification des acquis
veau de la préscolarisation, des ESH professionnels dans le processus de
mation (… et non comme, parfois, de
et des potentiels décrocheurs du col- recrutement.
démonstration, voire de relégation) ;
légial (ou EF 2 suivant la nomencla-
ture utilisée) ;
• l’analyse (effective) des pratiques Les appuis (matériels
mises en mouvement par les sta- et logistiques) à la formation
• des stagiaires qui présentent, cha- giaires ;
cun, des lacunes (au niveau des S’il est un élément qui distingue les
contenus) différentes au terme de
• la réelle capacité à développer au établissements de formation du Nord
moins un écrit professionnel (rap-
leur cursus scolaire, et qui devraient à ceux du Sud, globalement, c’est bien
port de stage, mémoire didactique
donc entraîner le renforcement des la question des outils dont disposent
ou pédagogique, recherche-action)
capacités dans telle ou telle matière ; ces derniers pour mener leur mission.
dans le cursus de formation ;
• des formateurs qui, au-delà de Face à la pauvreté, la précarité des
leurs propres compétences, doivent • le renforcement (voire la mise en structures de formation (en priorité
pouvoir répondre à un cahier des œuvre) d’un réseau scolaire de au niveau de l’enseignement de base)
charges de la formation qui associe conceptualisation professionnelle, est criante. Le développement d’une
une bonne maîtrise des contenus en appui au développement de la instrumentation fonctionnelle de base
et des concepts à mettre en mou- mythique trilogie « pratique/théorie/ doit donc être structuré autour :
vement à une bonne capacité à les pratique ».
mettre en mouvement. Se pose, ici, • d’une gestion d’un Internet ouvert à
Le passage d’une tous (… ce qui suppose, en amont,
la question d’une certification des
évaluation régulatrice une électrification effective des
formateurs et de leurs modalités de
recrutement ; efficiente à une évaluation structures !) à la fois comme outil
• des équipes de formation dans les certificative pertinente d’information, mais également de
établissements andragogiques qui Comme précisé dans la plupart des professionnalisation ;
132
doivent pouvoir être capables de systèmes de formation observés, se • d’un centre de documentation im-
diversifier les approches profes- pose, ici et là, la question de l’évalua- portant et pertinent ;
sionnelles souhaitées (approche par tion et de ses finalités. L’évaluation • d’une diversification des espaces
la recherche, approche par la pra- dans le dispositif ne peut être mono- de travail (salles de travail, labora-
tique, approche par l’analyse, par lithique et doit se diversifier en tenant toires et équipements sportifs, par
exemple). compte de : exemple).
Annexes 133
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« ETAT DE FORMATION/ Les lauréats des cycles longs de l’ensei- de qualification professionnelle, mais
gnement secondaire qui réussissent plutôt une question de qualité de la
PROFESSIONALISATION
l’examen d’Etat rentrent dans l’ensei- formation qui est dispensée (formelle
DES ENSEIGNANTS AU gnement supérieur. versus réelle).
BURUNDI EN 2011» (EX-
Le collège public est organisé par l’Etat. Les instituts de formation des ensei-
TRAITS PROJET FIE/CTB) ». Les collèges communaux sont créés gnants du primaire sont principale-
par les communes et administrés et ment les lycées pédagogiques (LP)
La formation initiale des gérés conformément la législation et les écoles normales (EN) dans une
enseignants de l’enseignement secondaire public moindre mesure, qui accueillent des
Organisation de l’enseignement formel (Sous réserve de certaines dispositions élèves venant de la 10e année ou la
L’enseignement formel comprend 4 : pas de subsides de l’Etat, les salaires 4e année secondaire (ou premier cy-
piliers de formation : le préscolaire, le des personnels de maintenance sont cle). Les enseignants du primaire sont
primaire, le secondaire et le supérieur. à la charge des établissements, les in- formés en 2 ans (lycées ou sections
frastructures et les équipements sont pédagogiques), en 4 ans (écoles ou
Comme indiqué dans la figure 3, les
à la charge des communes. sections normales) ou en 1 an (forma-
écoles maternelles reçoivent en géné-
tion pédagogique) après les humanités
ral les enfants de 4 à 6 ans et la durée L’enseignement Supérieur qui n’est générales du deuxième cycle. Les en-
de formation varie de 1 à 3 ans. pas repris dans la figure, est dispensé seignants en formation sont plus nom-
dans des universités et des instituts breux dans les LP que dans les EN (61
L’enseignement primaire accueille
publics et comporte aussi bien des cy- % en LP ; 20 % en En et 19 % en CFP)
officiellement des enfants de 7 ans
cles courts que des cycles longs. La for- 141
qu’ils aient ou pas suivi l’enseignement Les premiers deux types d’écoles (LP
mation dans les cycles courts dure de 2
préscolaire. La formation, d’une durée et EN) se distinguent essentiellement
à 3 ans alors qu’elle est généralement
de 6 ans, est suivie d’un concours d’en- par la durée de la formation (LP :
de 4 ans dans les cycles longs.
trée pour pouvoir accéder au secon- 2 ans ; EN : 4 ans) et par la motiva-
daire. Les élèves qui n’accèdent pas à Enseignement primaire. tion de leurs élèves. Les élèves des
l’enseignement secondaire s’orientent Au niveau de l’enseignement primaire, EN ont plutôt l’intention de poursuivre
vers les centres d’enseignement des la demande en enseignants a aug- leurs études, tandis que les élèves de
métiers ou rentrent dans la vie active. menté depuis la mise en œuvre de la LP s’orientent plus directement vers le
gratuité scolaire qui a coïncidé avec la métier d’enseignant par goût du mé-
L’enseignement secondaire comprend
rentrée scolaire de septembre 2005. tier et pour la recherche d’une qualifi-
deux cycles. Le premier cycle assure
En réponse à cette augmentation, cation. Les jeunes formés des EN ont
une formation générale en 4 ans et
le Gouvernement du Burundi et les toujours été moins nombreux dans
est clôturé par un test d’orientation
communautés se sont investis dans la l’enseignement primaire. En raison
notamment le test du dixième. Le
construction de salles de classe sans du taux de redoublement élevé et du
second cycle comprend, 5 filières de
que la formation des enseignants, manque de gestion des flux des élèves,
formation, dont 4 font partie de l’en-
tant en quantité qu’en qualité suffi- des effectifs élevés et d’une moyenne
seignement secondaire général : la
sante, ait suivi le même rythme. Les d’âge élevée9 des candidats ensei-
section scientifique, la section lettres
deux dernières années, en théorie, un gnants (entre 18 et 36 ans au lieu de
modernes, la section pédagogique et
nombre suffisant d’enseignants, for- 16 ans) sont des situations courantes
la section économique. La cinquième
més par les instituts appropriés, est dans les classes de formation initiale.
filière comprend l’enseignement tech-
sorti de ces instituts, mais il s’est avéré
nique et professionnel. La durée de Les candidats élèves-maîtres sont re-
que certaines personnes formées ne
formation des sections scientifique, crutés sur la base de leurs notes à
deviennent pas enseignants et privilé-
lettres modernes et économique est l’examen de 10e année et, en théo-
gient la poursuite d’études ou d’autres
de 3 ans. La formation pédagogique rie, ce sont les meilleurs qui sont sé-
voies professionnelles.
est assurée dans deux types d’établis- lectionnés. Dans les faits, la sélection
sements, à savoir les lycées pédago- L’analyse des données sur la qualifi- est faite par éliminations successives :
giques (D6 – formation de deux ans) et cation des enseignants en 2008/2009 premièrement par concours national,
les écoles normales (D7 – formation de montre néanmoins que dans l’en- ensuite par les orientations basées sur
4 ans). Un troisième type de prépara- semble, la majorité des enseignants les notes après la dixième année, qui
tion pour le métier d’enseignant existe intervenant dans le primaire public conduisent à un niveau bas des candi-
en une seule année de formation pé- possèdent un des diplômes requis. dats (surtout dans les LP). La maîtrise
dagogique après les humanités géné- Le problème de la qualité des ensei- du français des élèves maîtres est gé-
rales (ce sont les D7S dans la figure 3). gnants n’est donc pas une question néralement faible.
Le programme suivi dans les centres mation, des enseignants possédant condaire Technique et Professionnelle’
de formation (LP et EN) est en grande des formations différentes sont éga- et ‘assurer le perfectionnement des
partie le même. Comme le nombre lement présents dans l’enseignement enseignants ayant déjà reçu la forma-
d’années de formation est deux fois primaire et présentent dès lors des tion initiale’ 13.
plus important dans les EN, il est nor- ‘visions’ différentes. Les directions sco-
Les deux établissements les plus im-
mal que le nombre d’heures de cours laires préfèrent les D7 par rapport aux
portants (IPA et ENS) offrent, en termes
soit également doublé. D6 et la tendance est de mettre ces der-
d’organisation du cursus, des études
niers dans les premières années. Les
Dans les LP, 16 heures par semaine de similaires puisqu’elles organisent un
enseignants en poste se débrouillent
cours de psychopédagogie sont pré- premier cycle de trois ans destiné à
tant bien que mal, car ils manquent
vues et elles sont réparties en : préparer les enseignants du cycle in-
de matériel didactique et de supports
férieur et en plus un second cycle en
• 6 heures de méthodologie ; pédagogiques comme les fichiers du
deux ans pour le cycle supérieur.
• 2 leçons-types (seulement première maître et les manuels d’élèves. Ils sont
année) ; confrontés à des effectifs parfois diffi- Les élèves orientés vers l’ENS et l’IPA
• 4 leçons d’essais (2 par année) ciles à gérer et ont du mal à terminer le sont faibles (moyennes faibles à l’exa-
• 4 leçons pratiques dont 1 en pre- programme. men d’Etat). Généralement le choix
mière année et 3 dans la deuxième des étudiants pendant l’orientation
année. Enseignement secondaire général n’est pas respecté. Le résultat est que
Dans les EN, 23 heures par semaine de Le niveau de l’enseignement secon- les filières les plus sollicitées sont oc-
cours de psychopédagogie sont pré- daire général et technique connaît un cupées par les élèves ayant obtenu les
vues et comprennent : déficit des enseignants tant quantitatif meilleurs résultats et les moins perfor-
que qualitatif et pourtant, la capacité de mants sont orientés vers les filières les
• 3 heures de leçons-types (seulement
‘production’ d’enseignants pour le cycle moins demandées.
en première année) ;
• 3 heures de leçons d’essai (en deu- inférieur et supérieur dans les struc-
En ce qui concerne les programmes
xième, troisième et quatrième an- tures de formation pourrait en prin-
de formation, un volume global com-
née) ; cipe couvrir les besoins, si tous les
parable est constaté, cependant l’ENS
• 4 heures de leçons pratiques (en lauréats étaient affectés dans l’ensei-
consacre plus de temps aux exercices
troisième et quatrième années). gnement. L’insuffisance d’enseignants
et travaux pratiques que l’IPA et, inver-
Le programme de psychopédagogie au niveau du secondaire général se fait
sement, le temps consacré à la théorie
est perçu par les professeurs et les sentir plus particulièrement dans les est plus important à l’IPA qu’à l’ENS.
élèves comme (le plus) difficile. domaines des sciences, des mathéma- Dans la grande majorité des cas, les
tiques et des technologies (SMT). gestionnaires des écoles ne relèvent
142 Au cours de la dernière année de la LP
Plusieurs types d’établissements d’en- pas de différences significatives entre
et au cours des deux dernières années
seignement supérieur assurent au- les jeunes formés dans les deux ins-
dans les EN, deux semaines de stages
jourd’hui la formation des futurs en- tituts. Le français, en tant que langue
sont organisées. Les deux instituts de
seignants du secondaire, lesquels sont d’enseignement, n’est pas bien maî-
formation rencontrent des difficultés
situés dans la capitale et font l’objet trisé par les élèves-maîtres des deux
à organiser des stages de pratiques de
d’appréciations variées de la part des instituts. Les stages en situation de
classe, dû :
DPE, inspecteurs, et directeurs d’éta- responsabilité de classe sont géné-
• aux effectifs, résultant dans l’obliga- blissements: ralement peu présents dans les for-
tion de partager une classe de stage mations mais des améliorations sont
à plusieurs élèves-maîtres ; • l’Institut de Pédagogie Appliquée possibles. En outre, l’organisation et le
• aux distances entre les instituts de (IPA), appartenant à l’Université du suivi des stages sont problématiques :
formation et/ou domicile et l’école Burundi ; élèves-maîtres sans encadrement, ab-
primaire d’application qui sont par- • l’Ecole Normale Supérieure (ENS) ; sence de préparation des stages, en-
fois importantes. • Certaines facultés et certains insti- cadreurs sans grille d’observation et
Il en résulte qu’un grand nombre des tuts de l’Université du Burundi (UB) : évaluation, …14
élèves-maîtres n’est pas encore exercé - (1) Faculté de Psychologie et des
Arrivés dans les classes, la majorité des
sur le terrain à la fin de leurs études et sciences de l’Education,
lauréats de l’ENS et de l’IPA découvrent
que plusieurs jeunes formés n’ont pas - (2) Faculté des Sciences,
les problèmes liés au manque de ma-
confiance en eux-mêmes pour exercer - (3) Faculté des Lettres,
tériel pédagogique et didactique, aux
le métier qui les attend. - (4) Institut d’Education Physique et
effectifs des classes (surtout dans le
des Sports (IEPS) .
Par ailleurs, les contenus des pro- cycle inférieur), au faible niveau des
- (5) Institut Technique Supérieur
grammes enseignés dans les institu- élèves et aux vastes programmes (si-
(ITS).
tions de formation des enseignants tuation aggravée par le faible niveau
Institué en 1993, l’IPA a été chargé de la
ne sont pas liés aux contenus discipli- des élèves). Le fait que les matières ap-
mission d‘assurer la formation des en-
naires enseignés dans l’école primaire prises ne soient pas celles enseignées
seignants du cycle inférieur et du cycle
et diffèrent des programmes don- dans le secondaire, exige un long
supérieur des humanités’12. En 1999, temps d’adaptation de l’enseignant
nés par les enseignants en poste. En
l’ENS a été créé et il lui a été confié la pour pourvoir être efficace.
outre, l’anglais et le kiswahili, introduits
même mission mais plus explicite-
en 2006 pour être enseignés à l’école
ment pour l’Enseignement Secondaire
primaire, ne figurent pas dans le pro- Encadrement pédagogique
Général ainsi que deux missions sup-
gramme des LP. Les formateurs des formateurs.
plémentaires, à savoir, assurer la for-
En raison des différents choix de for- mation des enseignants de l’Ecole Se- Les professeurs spécialisés dans les
différentes disciplines au primaire et programmes est réduit en raison de Les directeurs provinciaux de l’ensei-
au secondaire, sont sélectionnés sur l’absence d’interventions directes de gnement (DPE) chargés d’administrer
dossier, préférentiellement parmi les ses agents auprès des enseignants, de l’ensemble des établissements pri-
professeurs les plus expérimentés. Ils l’absence de relations formalisées et maires et secondaires de la province
bénéficient d’une formation universi- de collaborations régulières avec les changent fréquemment et connaissent
taire d’un an en psychopédagogie et inspecteurs régionaux. une faible coordination avec les ser-
sciences d’éducation, avant leur entrée vices centraux chargés du suivi et
en fonction afin d’assurer la maîtrise Matériel pédagogique et didactique. de l’encadrement des structures sco-
du métier de formateur des forma- Les formateurs dans les établisse- laires. Il s’agit souvent de récents diplô-
teurs. Les programmes sont constitués ments de formation des enseignants més, sans expérience et n’ayant pas
de 50 % de cours théoriques et pour 50 ne disposent généralement pas du reçu de formation pour les préparer à
% de pratique. Ensuite ils sont recrutés matériel minimum permettant de leur poste.
sur concours et affectés dans les éta- concevoir et d’assurer leur enseigne-
blissements de formation des maîtres Les communes et les parents sont
ment.
du primaire et du secondaire. Les deux fortement impliqués dans la création
font partie du même corps particulier L’encadrement pédagogique des éta- physique d’établissements, mais inter-
et bénéficient d’un statut spécifique et blissements : viennent peu pour suivre la qualité des
d’une carrière propre. enseignements.
Les structures de suivi pédagogique
Comme il n’existe pas de référentiel des enseignants, autant dans l’ensei-
gnement primaire que secondaire (les Voie de carrière et formation
de formateur des formateurs (les pro- continue des enseignants
fils des formateurs des formateurs directeurs, les préfets des études et les
n’ont jamais fait l’objet d’une réelle inspecteurs), ne jouent pas pleine- Le Statut des Fonctionnaires reconnaît
interrogation ou étude), ces forma- ment leur rôle. l’importance de la formation continue
teurs sont principalement recrutés sur des enseignants, mais aucune ligne
Les directeurs des écoles font ce qu’ils
la base de leurs diplômes (de préfé- budgétaire n’est inscrite au budget de
peuvent, mais sont fortement occupés
rence universitaire). Il en résulte que l’Etat pour la réaliser. Selon ce statut,
par la gestion administrative de l’école.
les performances des formateurs des chaque enseignant a droit à deux mois
formateurs restent centrées sur des Les préfets des études, spécifiques de formation tous les cinq ans. En ré-
modèles de formation traditionnelle aux écoles secondaires, sont chargés alité, peu de formations continues
(transmissives et académiques). de la gestion et l’encadrement des en- sont organisées par le Ministère de
seignants. Généralement leur inexpé- l’Education pour plusieurs raisons15
Ressources pédagogiques rience et leur absence de formation ne : coûts élevés au regard des effectifs 143
En matière de programmes, les les permettent pas de servir de guides des enseignants, manque de synergie
contraintes se situent sur plusieurs ni- pédagogiques aux enseignants. Beau- entre les institutions chargées de la
veaux, notamment : coup d’enseignants sont livrés à eux- formation continue, faible formation
mêmes. des conseillers pédagogiques, manque
• les programmes privilégient la for- de suivi sur le terrain et manque de va-
mation disciplinaire ; Les services de l’inspection scolaire,
lorisation (bonification) systématique
• les programmes de formation sont chargés du suivi pédagogique des en-
des formations organisées. Par contre,
vieux (au moins de 20 ans) et sont seignants, font partie de l’Inspection
plusieurs bailleurs de fond (UNICEF,
basés sur l’approche défini par la ré- Générale de l’Enseignement, qui dé-
UNESCO, PARSEB) sont actifs dans ce
forme de 1973 ; pend directement du Ministre de l’Edu-
domaine. Les formations continues
• les programmes ne tiennent pas cation. Dans le nouvel organigramme,
organisées en faveur des enseignants
compte des évolutions récentes l’Inspection Générale gère 2 pools :
par ces organisations sont générale-
en matière de recherches pédago- • (1) l’inspection de l’enseignement ment ponctuelles, assez courtes et
giques comme la pédagogie active ; secondaire général et technique, de touchent un effectif généralement
• les programmes des formations pro- l’enseignement des métiers et de la réduit, ce qui fait qu’elles ne peuvent
posées ne définissent pas le profil de formation professionnelle ; pas être valorisées pour l’avancement
l’enseignant à former (pas de défini-
• (2) l’inspection de l’enseignement de dans la carrière.
tion du référentiel des compétences
base : pré-primaire et primaire. Les 2
ou métier d’enseignant). En matière de la carrière, il n’existe pas
pools sont en charge les inspections
Il n’existe non plus de référentiels de une perspective d’évolution profes-
déconcentrées : au niveau régional
certification pour être admissibles au sionnelle, permettant d’évoluer dans
(4 régions pour l’inspection de l’en-
métier d’enseignant ; les postes par ancienneté, du fait de
seignement secondaire) et au niveau
la formation de perfectionnement ou
• les programmes de formation sont des provinces et des communes
de réorientation professionnelle. Les
surchargés; pour l’enseignement de base.
postes comme ceux de directeur d’éta-
• le système d’évaluation est domi- Les inspecteurs font peu de des- blissement, de préfets des études,
né par des pratiques d’évaluations centes sur le terrain par manque de d’inspecteurs, ou de conseillers péda-
sommatives dont l’échec est consi- ressources. Leur travail d’inspection gogiques dans les bureaux pédago-
déré comme un signe de qualité, ré- porte essentiellement sur les aspects giques sont des postes de nomination
sultant que la pédagogie de l’éduca- pédagogiques (contrôle des méthodes par le ministre de tutelle.
bilité (où la majorité devrait réussir) d’enseignement, de la régularité des
devient une exception. devoirs et des interrogations…) mais
Le fonctionnement des Bureaux Pé- aussi administratifs (tenu des docu-
dagogiques dans l’élaboration des ments…).
Enseignement supérieur (nouveau système) Enseignement supérieur (ancien système)
Doctorat Durée : 3 ans Doctorat en médecine Durée : 7 ans
Master Durée : 2 ans Diplôme d’ingénieur Durée : 2 ans
Baccalauréat Durée : 3 ans License Durée : 4 ans
Diplôme A1 Durée : 2 ans
Diplôme d’état
Enseignement secondaire
Secondaire général Enseignement pédagogique
technique A2 (durée : 3 ou 4 ans
3ème année 4ème année 4ème année
2 ème
année 3ème
année 3ème année
1ère année 2ème année 2ème année
1 année
ère
1ère année
Certificat
Formation professionnelle
Enseignement fondamental
9ème
4ème Cycle 8ème
7ème
144 Certificat 3ème Cycle
6ème
5ème
4ème
2nd Cycle
3ème
Enseignement des métiers
2ème
1er Cycle
3ème année 1ère (Age d’entrée : 16 ans
2ème année
1ère année
Préscolaire
3ème Année
2ème Année
3ère Année (Age d’entrée : 3 ans)
ANNEXE FICHE CAMEROUN
dans la ville de Kousseri Revue de
recherche en éducation numéro
47 ;33-50.
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CAPIET Certificat d’Aptitude pédagogique d’instituteurs de l’enseignement Technique vue d’économie du développement
ENIEG Ecole Normale d’Instituteurs de l’Enseignement General vol 36 numéro 37-62.
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Teachers flee schol as orgeri makes
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• Banque Mondiale, 2017, Enquête tés en ligne http://www.education.
Indicateur de Prestations de Ser- gov.mg/ressources/annuaires-sta-
vices (IPS), (consulté en ligne http:// tistiques/
documents.banquemondiale.org/
• UE/PASSOBA / PROMAN, 2013, Po-
curated/fr/157201504768683955/
litique de développement de carrière
pdf/119489-BRI-P160535-OUO-9-
des FRAM
WB-SDI-Brief-Madagascar-EDU-FRN-
• UNICEF, 2011, Rapport final de l’étude
FINAL.pdf
sur les pratiques et la formation des
• Banque Mondiale, Unicef, 2015, Re-
enseignants
vue des dépenses publiques en éduca-
tion
147
ANNEXE FICHE MALI
SIGLES ET ABRÉVIATIONS DOCUMENTS D’APPUI (LISTE
AE Académie d’Enseignement DES PRINCIPAUX RAPPORTS
AFD Agence Française de Développement ET ARTICLES UTILISÉS)
APC Approche Par les Compétences • AUF, AFD, Système d’accompagne-
ment professionnel et de formation
BAC Baccalauréat
des enseignants au Mali, novembre
BM Banque Mondiale 2019
CA Communautés d’Apprentissage • MEN, CSP, Suivi des Indicateurs du
CAP Centre d’Animation Pédagogique Système Educatif de 2013-2014 à
2018-2019, avril 2019
CEDEAO Communauté Economique Des Etats d’Afrique de l’Ouest
• MEN, annuaire national des statis-
CNCE Centre National des Examens et Concours de l’Education tiques de l’enseignement fondamental
CP Conseillers Pédagogiques 2016-2017
CPS Cellule de Planification et de Suivi • MEN, Diagnostic sectoriel du système
CREDD Cadre Stratégique pour la Relance Economique et le Développement Durable
éducatif national, Eléments d’analyse
pour la relance d’une éducation fonda-
CT Collectivités Territoriales mentale de qualité pour tous et le dé-
CVF Centre Virtuel de Formation veloppement d’une formation adaptée
DEF Diplôme de l’Enseignement Fondamental aux besoins, draft, juin 2017
DNEN Direction Nationale de l’Enseignement Normal
• MEN, Programme Décennal de Dé-
veloppement de l’Education et de la
DNESG Direction Nationale de l’Enseignement Secondaire Général Formation Professionnelle Deuxième
EGRA Early Grade Reading Assessment Génération, PRODEC 2, 2019-2030,
ENSUP Ecole Normale Supérieure • MEN, UE, Diagnostic exhaustif de la
F1 Fondamental 1 (primaire)
situation des équipements pédago-
giques des IFM et des équipements lo-
F2 Fondamental 2 (collège) gistiques dans les CAPs, 2018
148 FI Formation Initiale • PASEC, Rapport d’évaluation diagnos-
IFM Institut de Formation des Maitres tique au Mali 2011/2012, Février 2015
LMD Licence Master Doctorat • ONEF, rapports enquête nationale em-
ploi 2015 à 2019
MEN Ministère de l’Education Nationale
• SOFRECO, Evaluation du Programme
OIF Organisation Internationale de la Francophonie Décennal de Développement de l’Edu-
ONEF Office National de l’Emploi et de la Formation cation (PRODEC), juin 2015
PACETEME Projet d’Accès à l’Education pour Tous les Enfants du Mali • UNESCO, Rapport de l’Etude Diagnos-
PASEC Programme d’Analyse des Systèmes Educatifs de la Confemen tique de la Question Enseignante en
République du Mali, juin 2015
PHARE Programme Harmonisé d’Appui au Renforcement de l’Education
PIB Produit Intérieur Brut
PRODEC 2 Programme Décennal de Développement de l’Education et de la Formation Professionnelle
Deuxième Génération
PTF Partenaires Techniques et Financiers
RESEN Rapport d’Etude du Système Educatif National
RGHP Recensement Général de l’Habitat et des Populations
SARPE Stratégie Alternative de Recrutement du Personnel Enseignant
TBS Taux Bruts de Scolarisation
TIC Technologie de l’Information et de la Communication
UE Union Européenne
USAID Agence des Etats Unis pour le Développement International
UNESCO Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture
UNICEF Fond des Nations Unies pour l’Enfance
ANNEXES FICHE RDC
SIGLES ET ABRÉVIATIONS DOCUMENTS D’APPUI (LISTE
CAMES Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur DES RAPPORTS ET ARTICLES
CNQC Cadre National de Qualifications et de Certifications UTILISÉS)
D4 Diplômé de 4 ans pédagogique • Banque Mondiale (2018). Répu-
blique démocratique du Congo : Dia-
D4N Diplômé de 4 ans Normal
gnostic systématique pays. Rapport
D6 Diplômé de 6 ans pédagogique No. 112733-ZR
D6N Diplômé de 6 ans Normal • Cayambe Education (2019). Élabo-
DG Direction Générale ration du cadre stratégique pour
l’Enseignement secondaire : Rapport
DGENF Direction Générale de l’Éducation Non Formelle
provisoire comprenant la stratégie
DIPROMAD Direction des programmes scolaires et matériel didactique de l’enseignement secondaire en
DN Direction Nationale RDC et un plan d’action. PEQPE-
EPSP Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel
SU/ République Démocratique du
Congo.
ESU Enseignement Supérieur et Universitaire
• François Robert et Kangbai Konaté
ETFP Enseignement Technique et Formation Professionnelle (2015). Rapport de l’évaluation ex-
FCE Formation Continue des Enseignants terne de la Stratégie Sectorielle de
GPE Global Partnership for Éducation (partenariat mondial pour l’éducation)
l’éducation et de la Formation 2016-
2025 de La République Démocra-
IDH Indice de Développement Humain tique du Congo. Version définitive.
ISAM Institut Supérieur des Arts et Métiers • Jean Emmanuel BUI, Dominique
ISP Institut Supérieur Pédagogique NDANDULA MUKONDO et Henri
ISPT Institut Supérieur Pédagogique et Technique INGWA LOFINDA (2014). Rapport
d’étude sur la formation initiale des
IUT Institut Universitaire de Technologie
enseignants du primaire en Répu-
LMD Licence Master Doctorat blique Démocratique du Congo
MAS Ministère des Affaires Sociales • Jean-Emmanuel Bui, Daniel Grosso 149
MEPSINC Ministère de l’Enseignement Primaire, Secondaire et e l’Initiation à la Nouvelle Citoyenneté (2020). Note 1 - Les principaux en-
seignements tirés des modèles de
MESU Ministère de l’Enseignement Supérieur et Universitaire
formation initiale performants pour
METP Ministère de l’Enseignement Technique et Professionnel la RDC. Rapport de mission d’exper-
MICS Multiple Indicators Cluster Survey (Enquête à indicateurs multiples) tise – juin 2020 - Programme AP-
PRENDRE.
TIC Technologie de l’Information et de la Communication
• Johanna GARDREL (2019). Etat du
PAQUED Projet d’Appui à la Qualité de l’Éducation
secteur et principaux enseigne-
PIB Produit Intérieur Brut ments tirés de la revue sectorielle
PIE Plan Intérimaire de l’Éducation conjointe 2019. Ministère de l’En-
seignement Primaire, Secondaire et
PME Partenariat Mondial pour l’Éducation
Technique / République Démocra-
PROVED Le chef de la division provinciale de l’EPSP tique du Congo.
PTF Partenaire Technique et Financier • Ministère de l’Enseignement Pri-
RDC République Démocratique du Congo maire, Secondaire et Technique
(2019). Annuaire statistique de l’En-
RESEN Rapport d’État sur le Système Éducatif National
seignement primaire, secondaire
S/PROVED Le chef de la sous division provinciale de l’EPSP et technique : année scolaire 2017-
SECOPE Services de Contrôle et Paie des Enseignants 2018. République Démocratique du
SSEF Stratégie Sectorielle de l’Éducation et de la Formation Congo.
TBS Taux Brut de Scolarisation
• Ministère de l’Enseignement Pri-
maire, Secondaire et Technique
TENAFEP Test National de Fin d’Études Primaires (2019). Projet d’amélioration de la
UAP Unité d’Actions Pédagogiques qualité de l’éducation - Étude sur la
UNAZA Université Nationale du Zaïre réforme de la formation initiale des
enseignants des 6 premières années
UNESCO Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture
de l’éducation de base en RD. Congo.
UNICEF Organisation des Nations Unies pour l’Enfance Document 12 : Rapport final.
UPN Université Pédagogique Nationale • Ministère de l’Enseignement Pri-
USD Dollars américains maire, Secondaire et Professionnel
(1964). Note circulaire du 8 juin 1964
relative à la structure, à l’organisa- • système éducatif : Pour une Éduca- • SOFRECO (2012). Etude visant à ren-
tion et aux programmes de l’ensei- tion au Service de la Croissance et de forcer l’élaboration d’une Politique
gnement normal primaire. la Paix. République Démocratique du nationale de formation continue des
• Ministère de l’Enseignement Pri- Congo. UNESCO - IIPE Pôle de Dakar. Enseignants (FCE) – RDC CONGO.
maire, Secondaire et Professionnel • Muriel Visser et Christine Fenning CTB/AFD/RDC.
(2009). Programme national Psycho- (2019). GPE 2020 : Évaluations pros- • Valère MUNSYA (2019). Mise en
pédagogie. République Démocra- œuvre de la SSEF 2016-2025 : Élé-
pectives au niveau des pays. Ré-
tique du Congo. ments pour un premier bilan. Mi-
publique Démocratique du Congo
• Ministère de l’Enseignement Pri- nistère de l’Enseignement Primaire,
(Décembre 2018). Premier rapport
maire, Secondaire et Professionnel Secondaire et Technique (EPST) Mi-
annuel. GPE/RDC/Universalia.
(2011). Recueil de directives et ins- nistère de la Formation Profession-
tructions officielles (5e édition). Edi- • République Démocratique du Congo nelle, Arts et Métiers (FPAM) Minis-
tions ELISCO. (2014). Loi-Cadre n° 14/004 du 11 fé- tère de l’Enseignement Supérieur
• Ministère de l’Enseignement Pri- vrier 2014 de l’Enseignement natio- et Universitaire (ESU), Ministère des
maire, Secondaire et Professionnel nal. Affaires Sociales (MAS).
(2013). Référentiel des compétences • République Démocratique du Congo • Valère MUNSYA (2019). Revue
de l’enseignant(e) du primaire. Répu- (2015). Stratégie sectorielle de l’édu- conjointe de la SSEF 2016-2025 :
blique Démocratique du Congo. cation et de la formation 2016-2025. Conclusions et recommandations
• Ministère de l’Enseignement Pri- Version finale. de la Revue conjointe. Ministère de
maire, Secondaire et Professionnel l’Enseignement Primaire, Secondaire
• République Démocratique du Congo
(2014). Rapport d’Etat du Ministère et Technique (EPST) Ministère de la
(2019). Les 10 principales réformes
de l’Enseignement Primaire, Secon- Formation Professionnelle, Arts et
de la stratégie sectorielle de l’éduca-
daire et Professionnel (2013). Poli- Métiers (FPAM) Ministère de l’Ensei-
tique nationale de formation conti- tion et de la formation. Coordination
gnement Supérieur et Universitaire
nue des enseignants du primaire en du secteur de l’éducation – MEPST,
(ESU), Ministère des Affaires Sociales
RDC. République Démocratique du MESU, MFPMA et MAS. (MAS).
Congo.
150
ANNEXE VIETNAM
SIGLES ET ABRÉVIATIONS
AFD Agence Française de Développement
APC Approche Par les Compétences
BAC Baccalauréat
BEF Bureau de l’Education et de la Formation
BM Banque Mondiale
CDD Contrat à Durée Déterminée
CDI Contrat à Durée Indéterminée
DGSV Direction Générale des Statistiques et de la Veille
F1 Fondamental 1 (primaire)
F2 Fondamental 2 (collège)
FI Formation Initiale
FCER Fundamental and Comprehensive Education Reform
FSQL Fundamental School Quality Level
LMD Licence Master Doctorat
MEF Ministère de l’Education et de la Formation
NTEP National Teacher Education Program
OCDE Organisation de Coopération et de Développement Economiques
PIB Produit Intérieur Brut
PISA Programme International pour le Suivi des Acquis des Elèves
PTF Partenaires Techniques et Financiers
SEF Service d’Education et de Formation
TBS Taux Bruts de Scolarisation 151
TIC Technologie de l’Information et de la Communication
UNESCO Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture
VND Vietnam Dong