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Mme Launey note également, en Guyane, le déploiement de cette « compétence cachée » des

enfants de culture orale, qui a contribué à restaurer la confiance qu’ils avaient en eux, et à faciliter
leur intégration scolaire (2010, p.141).

A.2- UNE PAROLE SOCIALISANTE

Mme Platiel souligne « l’absence d’esprit de compétition » dans les projets découlant des
moments de conte. Cette coopération s’est manifestée notamment lors de la création du recueil de
contes au CES d’Anthony, un « produit collectif, choisi et corrigé par l’ensemble de la classe ».

Dans les projets en Guyane, Mme Launey souligne de plus les effets pacifiants que ce dispositif
semble avoir eu dans les écoles et collèges : elle précise que « les groupes classe se sont constitués
[…] à travers l’écoute de l’autre », ce qui a permis la reconnaissance de chacun « en tant qu’être
humain ». Elle décrit une amélioration « considérable » du comportement, notamment chez les
élèves les plus en difficulté, et « la disparition de la violence ». Elle précise que tous les élèves ont
« saisi l’opportunité de montrer qu’ils avaient quelque chose à donner aux autres », « du
bonheur », selon la formulation de l’une des élèves.

Les commentaires des enseignants des Pyrénées orientales engagés dans les Ateliers d’enfants
conteurs soulignent également l'effet socialisant de la pratique du conte oralisé dans leur classe. Le
premier point mis en avant par J.C. Gary est le fait que les enfants ne racontent pas pour « briller »,
mais dans une idée de partage : « Ce conte, on me l'a offert, je vais l'offrir aux autres, mais avec ce
que je suis » (2013, 2'10)32. En racontant, l'élève s'inscrit dans une transmission orale : « il donne
aux autres le moment de s'approprier [le conte] et de le raconter à leur tour ». Il entre donc dans un
processus de « transmission individuelle au service de la communauté » (18'47). Il se construit
comme « individu, mais non individualiste » (2’49). Ce sentiment de solidarité est renforcé par le
fait que l’on raconte en groupe, et que celui qui raconte peut compter sur les autres pour l’aider en
cas d’hésitation (19’02).

Un autre enseignant investi dans ce projet, T. Secall, note que la pratique du conte en Atelier
d'enfants conteurs induit « des changements évidents dans la façon de se positionner par rapport à
l'autre ». Il souligne également que cette approche spécifique de l’oralité permet une « baisse de la
violence dans le discours ».

Enfin, selon ce professeur, « redonner la possibilité de pratiquer la langue et d'échanger [...]


rend [les enfants] responsables de leurs actes, conscients de la notion de libre-arbitre » (24'51).

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Les temps indiqués renvoient au déroulement de la vidéo : « Au pays du conte.»

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