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INTRODUCTION

In Press | « Pardès »

2001/1 N° 30 | pages 7 à 8
ISSN 0295-5652
ISBN 2912404460
DOI 10.3917/parde.030.0007
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-pardes-2001-1-page-7.htm
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Introduction

Souvent invoquée dans le débat public, dans la critique ou l’apolo-


gie, la « morale judéo-chrétienne » reste une énigme. Il y a quelques
dizaines d’années, elle n’aurait sans doute pas emporté l’adhésion des
Juifs ou des chrétiens. Son existence même et sa prépondérance crois-
sante constituent les signes les plus évidents d’un repositionnement
symbolique du judaïsme et du christianisme, appréhendés dans leur
rapport à la société globale et dans leur interaction. Le tournant que repré-
senta l’événement de la déclaration des « Dix Points » de Seeligsberg en
1947 et les récents réajustements de la vision catholique du judaïsme et
du peuple juif l’expliquent, bien sûr. Mais aussi les transformations consi-
dérables de la condition juive depuis la Shoa et la création de l’État
d’Israël.
Cependant, c’est peut-être une troisième scène qui s’est avérée la plus
décisive : celle de la civilisation contemporaine dont l’évolution accé-
lérée ces dernières années pourrait avoir remis en jeu des catégories
morales qui se révéleraient sous ce jour là très précisément « judéo-chré-
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tiennes ». C’est notamment face aux avancées de la mondialisation, des
biotechnologies et de la communication que le judéo-christianisme a été
invoqué comme une contre-référence, un paradigme de l’humain précieux
face à ce qui, par contraste, apparaîtrait comme une éventuelle déshu-
manisation du monde.
S’il y a un « minimum commun » entre Juifs et chrétiens en situation
d’adversité (une repaganisation du monde ?), alors il est urgent de sonder
les valeurs supposées communes de la morale juive et de la morale chré-
tienne. De quoi parle-t-on exactement quand on se réfère à leur symbiose?
Des ministres de la République laïque, des intellectuels peu identifiés à
la foi l’évoquent. Quelles valeurs désignent-ils, alors ? De même, quelles
notions critiquent les contempteurs de cette morale (de la Nouvelle Droite
à la gauche libertaire) ?

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8 INTRODUCTION

Les articles ici rassemblés s’efforcent de répondre à ces questions,


cruciales pour la clarification du débat, tant du point de vue historique
que philosophique. Il s’agit bien sûr, en premier lieu, de sonder la vali-
dité du concept de judéo-christianisme, tout rassemblé dans le trait d’union
qui réunit deux croyances que l’histoire a opposées radicalement. L’Église
a voulu l’effacer, en opposant la morale de la grâce à celle de la loi, défi-
nie comme inférieure. Les Juifs ne se sont pas reconnus dans cette disso-
ciation car leur morale est fondée sur la convergence des valeurs. Dans
la persécution, ils ne pouvaient, de plus, s’imaginer qu’ils souffraient du
fait d’une morale judéo-chrétienne… Par ailleurs, il ne faut pas négliger
le fait qu’il y a une différence structurelle entre Juifs et chrétiens qui
influe sur leur conception de la morale. Le judaïsme est porté par une
collectivité historique tandis que le christianisme est une foi qui réunit
une communauté confessionnelle. Ceci explique la raison de la nouvelle
convention typographique qui bouscule les usages et qui nous fait écrire
« Juif » avec une majuscule et « chrétien » avec une minuscule… Les
événements du Moyen-Orient durant l’hiver 2000 ont souligné, avec
acuité, cette différence, génératrice de malentendus entre Juifs et chré-
tiens, différents dans leurs attentes les uns envers les autres et envers le
monde en général. Ils ont constitué une épreuve pour la crédibilité du
concept même de « morale judéo-chrétienne ».
Ces quelques perspectives esquissent l’architecture de ce numéro :
histoire, analyse comparative et discussion des enjeux. Il est l’aboutis-
sement d’un colloque d’une durée d’un mois organisé par le Collège des
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études juives de l’Alliance israélite universelle, en collaboration avec
l’Institut catholique de Paris, en mai-juin 1998, une expérience passion-
nante d’un débat sans fin qui a marqué les participants et qui fut sans
doute une étape dans le dialogue judéo-chrétien en France.

S.T.

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