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Rapport Provisoire
Juillet 2009
SOMMAIRE
RESUME 3
INTRODUCTION 7
CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS 64
2
RESUME
Il est vrai qu’en dépit d’une croissance soutenue au cours des dernières
années, le niveau de vie des Sénégalais reste très bas. Une production
agricole insuffisante, la faible capacité de l'économie à créer des emplois
durables et l'insuffisance des ressources affectées aux services sociaux
contribuent à aggraver la pauvreté qui touche déjà près de 54% de la
population. Avec un revenu national brut (RNB) de 540 dollars par habitant,
une espérance de vie d'à peine 56 ans et un taux d'alphabétisation qui ne
dépasse pas 40% de la population adulte dont 20% pour les femmes, Le
Sénégal se situe donc au 159ième rang en 2008 et perd trois places par
rapport à l’année 2006/2007 selon l’IDH du PNUD.
3
et secteurs, des progrès ont été notés : le taux brut de scolarisation
élémentaire est passé de 71,6% à plus de 86% entre 2002 et 2007 ; Le taux de
couverture vaccinale est passé de 56% en 2001à 80% en 2005 et la proportion
d’accouchements assistés de 40% à 62% sur la même période ; En milieu
urbain, le taux d'accès à l'eau potable est passé de 78% en 2000 à 85% en
2005 et de 56% en 2000 à 61% en 2005 en milieu rural.
La troisième section offre une vision synthétique des mesures et des profils de
la pauvreté au Sénégal. Il en ressort principalement que la majorité des
pauvres, vit en milieu rural. Ils représentent 65% des individus et 57,5% des
ménages de cette population. Ainsi, le milieu rural contribue à hauteur de
65% à la pauvreté. En revanche, Dakar qui compte près d’un quart de la
population y contribue pour moins de 18% de la population.
Les données observées sur plusieurs années montrent que la pauvreté est loin
d’être uniforme d’une région à une autre. Avec moins d’un ménage pauvre
sur trois en 2005/06, globalement, les régions de l’intérieur peuvent être
regroupées en trois grandes catégories homogènes selon l’incidence de la
pauvreté observée en 2005/06 :
• très forte (plus de 60%) à Tambacounda, Ziguinchor, Fatick, Louga et
Kolda
• forte (entre 40 et 60%) à Kaolack, Diourbel, Matam, et Thiès
• moyennement forte (entre 33 et 40%) à Dakar et Saint Louis.
4
Plusieurs dynamiques de changements sont ainsi analysées dans le
cinquième point du rapport. Il s’agit en l’occurrence de stratégies
d’ajustement adoptées par les acteurs à travers la migration (2 à 2,5 millions
de sénégalais sont en situation migratoire), le recours à la médiation, les auto-
ajustements des ménages (taudification de l’habitat, occupation des terrains
non aédificandi ; recul de l’âge au premier mariage ; effritement des liens
verticaux au profit des solidarités horizontales ; apparition des aliments pour
pauvres tels que le « ndambe », « aloo-aloo », pain rassis ; les gargottes
supplantent les restaurants cèdent la place aux gargottes ; disparition des
repas du soir et du petit déjeuner ne sont plus sur l’agenda des ménages ;
privatisation des services domestiques tels que le linge et la coiffure), le
développement de l’entreprenariat populaire ou encore le changement du
modèle de réussite sociale.
SIGLES ET ABREVIATIONS
5
ANSD Agence nationale de la statistique et de la démographie
BAD Banque africaine de développement
CFAA Country financial Accountability assessment
CPAR Country program Assessment review
CREA Centre de Recherche en Economie Appliquée
CSS Caisse de sécurité sociale
DSRP Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté
ESAM Enquête sénégalaise auprès des ménages
ESPS Enquête de suivi de la pauvreté au Sénégal
FMI Fond monétaire international
FNR Fond national de retraite
GOANA Grande offensive nationale pour l’agriculture et l’abondance
IPM institut de prévoyance maladie
MP Millenium project
NEPAD Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique
OMD Objectifs du Millénaire pour le Développement
PADELU Programme d’appui aux Initiatives de Développement Local Urbain
PAMLT Programme d’ajustement à moyen et long terme
PAREP Programme d’Appui à la Réduction de la Pauvreté
PAOS Plan d’affectation et d’occupation des sols
PDEF Plan Décennal de l’Education et de la Formation Professionnelle
PELCP Programme Elargi de Lutte Contre la Pauvreté
PEPAM Programme eau potable et assainissement pour le millénaire
PFDS Projet du Fonds de Développement Social
PLCP Programme de Lutte Contre la Pauvreté
PLCP Programme de Lutte Contre la Pauvreté
PLP Plan de Lutte contre la Pauvreté
PNDL Le Programme National de Développement Local
PNDS Programme National de Développement Sanitaire et Social
PNIR Programme National d’Infrastructures Rurales
PPTE Pays Pauvres Très Endettés
PREF Programme de redressement économique et financier
Projet de Gestion Durable et Participative des Energies Traditionnelles et de
PROGEDE Substitution
PSAOP Le Programme des Services Agricoles et des Organisations des Producteurs
PSIDEL Programme de Soutien aux Initiatives de Développement Local
RGP Recensement général de la population
RGPH Recensement général de la population et de l'habitat
SCA Stratégie de croissance accélérée
SMIG Salaire minimum interprofessionnel garanti
UEMOA Union économique et monétaire ouest-africaine
6
Introduction
Le Sénégal a une population estimée à environ 12 millions d'habitants en 2008
et une économie marquée par la prépondérance de trois secteurs
stratégiques, incluant l'arachide, la pêche et les services. En outre sa grande
ouverture sur l’océan Atlantique (700 km de côtes) lui confère une position
stratégique, notamment dans le cadre du transport maritime et des
échanges économiques entre l’Afrique et les autres continents.
Il faut rappeler que les politiques d’ajustement structurel (PAS) depuis les
années 80, ainsi que les sécheresses et la baisse de la pluviométrie ont
contribué à la paupérisation et à la précarisation de nombreuses couches
sociales dont les populations rurales qui représentent selon l’Enquête de Suivi
de la Pauvreté au Sénégal 2005-2006 (ESPS)1 ,58% de la population
(République du Sénégal 2007).
1
Hereafter referred to as the 2005–2006 ESPS
7
Indice de Développement Humain 156/177 (0,499)
(IDH) d
Indice de Développement de Genre 134
(IDG) d
Sources: a République du Sénégal, 2006b; ESPS 2005-2006 b, c de la Banque Mondiale, World
Development Indicators, 2007; d 2005 IDH du PNUD).
Les performances enregistrées au cours des dernières décennies (avant
2000) ont été insuffisantes en raison de certains facteurs exogènes, mais aussi
endogènes. Les facteurs exogènes sont liés aux aléas climatiques qui ont
fortement marqué un secteur productif dépendant de l’agriculture, et, aux
chocs exogènes avec principalement la détérioration des termes de
l’échange. On peut aussi noter dans les facteurs internes la stratégie de l’Etat
caractérisée par un fort interventionnisme dans l’activité économique.
8
Les politiques nationales mises en place dans la même période (nouvelle
politique agricole, nouvelle politique industrielle, libéralisation du commerce
intérieur et extérieur…) n’ont pas donné les résultats escomptés du fait d’un
retrait trop hâtif de l’Etat dans l’accompagnement du secteur agricole, mais
aussi de la forte dépendance de ce dernier des sociétés nationales pour la
commercialisation de ses produits. Le secteur industriel n’a pas échappé au
traumatisme né du démantèlement du circuit de production et de
commercialisation des produits.
9
I- Evolution économique, sociale et vulnérabilités
Il est admis que même si la croissance est toujours restée positive, elle reste
encore très en deçà des 7% nécessaires pour réduire la pauvreté (DSRPII) et
atteindre les OMD malgré l’engagement ferme du gouvernement du
Sénégal à préserver la stabilité macroéconomique, avec au moins 5% de
croissance annuelle, à contrôler les niveaux d'inflation et maintenir à un
niveau raisonnable le déficit budgétaire et la dette publique, afin de créer
une base solide pour la réduction de la pauvreté (République du Sénégal,
2008). La revue annuelle du DSRP (2009) est très explicite sur les résultats
mitigés obtenus en rapport avec les actions prioritaires, les ressources allouées
et les faibles niveaux d’exécution.
10
Ce sont donc des chocs exogènes d’après la revue du DSRP 2009, qui sont à
l’origine du renchérissement des prix intérieurs et de la dégradation de la
balance de paiements courants compte tenu des efforts de subvention du
gouvernement des prix du pétrole et de certaines denrées.
11
dans lequel on trouve plus de 80% de cet effectif, avec un faible soutien à
l’amélioration des qualifications.
Cela s’explique par le fait que la croissance du PIB a été très peu créatrice
d’emplois, en laissant entière la problématique de l’absorption d’une
population active en forte expansion et accentue l’enjeu de la stabilité
politique et sociale dans un pays marqué par un niveau de pauvreté élevé.
L’économie informelle contribue fortement à la formation du PIB. Selon
l’étude sur l’emploi (BM, 2007), 97 % des nouveaux emplois nets entre 1995 à
2004 dans le secteur informel. De même, selon diverses sources
concordantes, l’économie informelle apporte 20% des investissements mais
selon la même étude, la productivité dans le secteur informel est de 3 à 10
fois inférieures au secteur formel. Quant au secteur rural qui occupe 60% de
la population active et qui offre le plus important potentiel de création
d’emplois indispensable à une résorption du chômage, il reste caractérisé par
une faible productivité du travail et un sous-emploi élevé.
2
Ce montant représente les sommes officiellement enregistrées. Le volume réel de ces transferts, y compris les montants non
enregistres qui utilisent les canaux formels et informels, est probablement plus important.
12
mais n’a pas suffi pour autant à assurer de bonnes performances du
commerce extérieur, avec des exportations demeurant encore largement
composées de produits en déclin sur le marché mondial. La faiblesse des
exportations résulte également de contraintes pesant sur l’accès aux
marchés des pays développés.
13
plombée par les instabilités des performances des produits d’exportation. Elle
n’a pas misé sur l’élargissement du marché intérieur notamment la
transformation des produits agricoles locaux, une meilleure valorisation du
potentiel de production (60% des besoins céréaliers sont importés selon le
CNCR 2008), une amélioration de la qualité des services, une meilleure
qualification de la formation pour réduire le sous emploi et le chômage dans
un environnement marquée par une forte précarisation des emplois car plus
de la moitié des travailleurs gagne moins que le Smig (salaire minimum légal
(120 $ us/mois) (BM, 2007).
14
Le lac de Guiers est la plus importante réserve d'eau douce permanente.
Alimenté par le fleuve Sénégal à partir de la Taouey et situé dans la zone
sylvo-pastorale, il constitue un écosystème particulièrement vital et la
principale source d’approvisionnement en eau potable de Dakar. La mise en
eau du barrage de Diama a permis de porter son volume moyen à 680
millions de m3.
15
jouent un rôle d'habitat à une faune assez diversifiée puisque comptant 169
espèces
de mammifères et près de 540 espèces ornithologiques. Les oiseaux
migrateurs paléarctiques sont attirés périodiquement par les plans d'eau au
niveau du delta du fleuve Sénégal et au niveau des estuaires du Saloum et
de la Casamance. Il y’a également des parcs et des d'aires protégées qui
sont de trois types à savoir :les parcs nationaux qui sont au nombre de 6, les
réserves de faunes au nombre de 8, les zones d'intérêt cynégétique, qui
couvrent 2337000 ha.
- L’artisanat local
Très dynamique avec plus de 450 000 artisans, plus de 78 000 entreprises
artisanales, plus de 160 000 apprentis, 129 Corps de Métiers et 8 Villages
artisanaux, mériterait d’être soutenu et structuré afin de pouvoir garantir une
offre de produits de qualité et au bénéficie de toutes les catégories sociales.
La faiblesse du design, des produits qui ne peuvent supporter la concurrence
avec ceux de la sous-région de meilleure qualité celle des produits made in
3
Site d’orpaillage en malinké
16
Sénégal dans le domaine de la teinture). La faiblesse de la qualité et des
capacités d’innovation pose aussi problème.
- Les services
Avec des percées importantes dans des secteurs à forte valeur ajoutée. Le
secteur des télécommunications offre un environnement propice au
partenariat et présente de réelles opportunités d’investissements dans divers
services : l’implantation de Centre d’Appels, la télé-saisie, l’externalisation de
Processus d’Affaires (Business Process Outsourcing), la gestion de bases de
données, l’e-commerce, la développement de logiciels, la fabrication et
montage d’ordinateurs, l’Internet sans fil, etc. Le Sénégal a su très tôt qu’il
fallait s’appesantir sur le secteur des télé- services comme objectif première.
En effet le gouvernement du Sénégal est en train de développer une
stratégie nationale pour le développement durable de la population à
travers les télé- services.
- L’ingéniosité des acteurs qui marque un intérêt marqué pour les nouvelles
technologies en tant qu’opportunité d’accès aux fruits de la modernité.
17
Des vulnérabilités fortes dans un contexte de délitement institutionnel
Ensuite, (ii), les risques sur le cycle de vie : la mortalité maternelle (de 434 pour
mille en 2007/ 127 décès pcm naissances vivantes en 2015)5 et infantile (le
taux de mortalité infantile est de 61 pour mille en 2007/objectif OMD en 2015 :
45 pour mille) connaissent de faibles avancées qui compromettent l’atteinte
des OMD. Il faut y ajouter les risques d’éclatement de la famille avec le taux
de prévalence national du VIH/SIDA de 0,76.
4
République du Sénégal, Evaluation sur la sécurité alimentaire au Sénégal, 2008, 57 p ;
5
2008, PNUD Sénégal.
6
Idem.
7
Banque Mondiale : Sénégal. A la recherche de l’emploi. Le Chemin vers la prospérité, septembre 2007, 122 p.
8
République du Sénégal, Evaluation sur la sécurité alimentaire au Sénégal, 2008, 57 p.
18
Le quatrième type de vulnérabilité demeure les risques politiques. En effet, la
décentralisation reste stagnante : de l’Etat central aux Collectivités Locales,
tous fonds de dotation confondus (FDD et EFCL), seulement 1,3 % du budget
de l’Etat leurs sont destinés. Pareillement, moins de 1 % du budget national
pour l’ensemble des programmes concernant l’emploi9. Le conflit
casamançais persiste et le bilan continue à s’alourdir : 60 000 déplacées, 500
blessés mines10. Par ailleurs, la dernière législature est marquée par un faible
pluralisme dans les chambres parlementaires. L’opposition était quasiment
hors des circuits institutionnels même si les élections locales de mars 2009
marque un meilleur équilibre de la représentation des forces politiques et
sociales dans la gouvernance des collectivités locales.
9
Sénégal, Rapport sur la performance de la gestion des finances publiques, juillet 2007.
10
Programme de Relance des Activités Economiques et Sociales en Casamance, MEF, Direction de la
Coopération Economique et Financière, 2001.
11
Banque Mondiale : Sénégal. A la recherche de l’emploi. Le Chemin vers la prospérité, septembre 2007, 122 p.
12
ESPS (2007)
19
à courts termes, de l’accès libre aux ressources naturelles en l’absence d’une
régulation négociée et appliquée.
A partir des années 90, on assiste une multiplication des études sur les
conditions de vie des sénégalais qui faisait suite aux au recensement général
de 1988 et de l’enquête sur migration et urbanisation (EMUS) de 1993. Ces
données ont amélioré la connaissance des populations sénégalaises et des
comportements. Parallèlement, afin de mieux prendre en compte les
dimensions sociales des PAS, la Banque Mondiale a mis en place un système
d’informations pour le suivi de l’impact de ces politiques sur les populations.
Ces informations ont servi à la réalisation de l’enquête sur les priorités au
Sénégal, et l’enquête sénégalaise auprès des ménages (ESAM).
13
Document Ministère de la Famille et de l’Entreprenariat Féminin, Rapport sur la protection 2008.
20
développement, les programmes se succèdent avec comme axe
stratégique d’intervention la réduction de la pauvreté.
Certes, les indicateurs de suivi des objectifs de lutte contre la pauvreté ont
connu d’importants progrès depuis 2000. Ainsi, comme en témoigne la liste
restreinte des indicateurs de suivi du DSRP, le secteur de l’éducation a
enregistré des performances notables.
Par exemple, même si des efforts restent à faire pour amener le Sénégal
parmi les pays à niveau d’éducation scolaire élevé, le taux brut de
scolarisation élémentaire est passé de 71,6% à plus de 86% entre 2002 et 2007.
Ce qui atteste d’un bon rythme d’évolution vers les objectifs de la
scolarisation universelle d’ici à 2015. Quant au taux d’achèvement de l’école
primaire, il se situe à 53,2% en 2005 contre 48,4% en 2004. Ce taux reste tout
de même toujours comme une performance en dessus de la moyenne (de
66%) des pays accédant au guichet de l’IDA. Comme le montre les résultats
de l’ESPS, l’offre d’infrastructures est en progression entre 2002 et 2005. Le taux
d’accès à une école primaire au niveau national est passé de 62,6% en 2002
à 68,2% en 2005. Le secteur de l’éducation a bénéficié au cours de la
période 2002-2005 de la part des dépenses publiques la plus importante, qui
est d’ailleurs supérieure à la moyenne de l’Afrique au sud du Sahara.
21
couverture vaccinale des enfants et l’assistance à l’accouchement. Le taux
de couverture vaccinale est passé de 56% en 2001à 80% en 2005 et la
proportion d’accouchements assistés, de 40% à 62% sur la même période.
Par ailleurs, le Sénégal enregistre l’un des taux de prévalence du VIH le plus
faible en Afrique subsaharienne estimé à 0,7% de la population, avec 0,9%
chez les femmes et 0,4% chez les hommes, selon la dernière enquête EDS14,
reflétant ainsi l’efficacité des politiques mises en œuvre pour lutter contre la
pandémie mais aussi la féminisation de l’épidémie. Malgré ces résultats, le
nombre de personnes infectées par le VIH/SIDA demeure important, se
situant autour de 75 000 adultes et de 5000 enfants infectés (CNLS 2004),
constituant ainsi une menace sérieuse.
Les deux dernières saisons agricoles se sont avérées déficitaires et les stocks
céréaliers sont actuellement au plus bas niveau (de 140.000 tonnes en 2007 à
80.000 tonnes en 2008). L’accessibilité des denrées en termes de prix devient
de plus en plus difficile pour les ménages pauvres au cours des 3 dernières
années, d’ailleurs cette dynamique se poursuit dans la mesure où, 62 à 77 %
de l’augmentation de tous les prix depuis 5 ans s’est produite uniquement
pendant la dernière année.
Dans le domaine de la santé, les résultats outrepassent les objectifs visés dans
le cadre de la Stratégie de réduction de la pauvreté. Il importe cependant
14
EDS-IV, Enquête démographique et de santé, quatrième du genre réalisée en 2005.
22
de noter qu’en dépit des performances réalisées, les interventions en matière
de lutte contre la mortalité infantile et d’amélioration de l’accès des
populations rurales aux services de santé ne sont pas encore satisfaisantes.
15
UNICEF/OMS
23
Bien que la croissance économique ait, dans les dernières années, réduit la
pauvreté au Sénégal, ces gains ont été moindres pour les populations rurales
représentant 6 millions sur une population totale de 10 millions d'habitants.
L'économie rurale demeure essentiellement agraire et soixante cinq pour
cent de la population rurale est au dessous du seuil de pauvreté. En dépit de
la plus grande pauvreté dans les zones rurales, certains ménages ont trouvé
des stratégies efficaces de croissance économique dans cet environnement.
24
et long termes) et ensuite de consolider les gains tirés de l’ajustement
extérieur intervenus en 1994.
25
de la Pauvreté (DSRP), adopté en 2001, créant ainsi, un cadre référentiel
unique de toutes les interventions de développement de l’ensemble des
acteurs, d’une part et pour l’élaboration de politiques sectorielles, d’autre
part. Il a favorisé le recentrage des projets et programmes sur les objectifs et
axes prioritaires retenus, pour une meilleure harmonisation des interventions et
une répartition plus juste et plus efficiente des ressources mobilisées.
La politique budgétaire est restée prudente sur cette période, avec une
hausse maîtrisée du déficit budgétaire, qui a atteint 1,5% du PIB en moyenne
sur la période 2000-05. Ces résultats ont été facilités par la bonne
performance des services fiscaux et une hausse limitée des dépenses
publiques. En effet, le renforcement du système fiscal a contribué à une
augmentation des recettes fiscales de plus de 9% en moyenne annuelle sur la
26
période 2000-05, portant le taux de pression fiscale à plus de 18,5% en 2005,
contre 16% en 2000. Dans le même temps, la hausse des dépenses publiques
a été maîtrisée et a visé principalement les dépenses en capital qui ont cru
de plus de 4% du PIB entre 2000 et 2005. Les dépenses d’éducation et de
santé ont aussi augmenté au cours de la période (de 1,7 et 0,7% du PIB
respectivement), suivie d’une diminution en 2006.
27
Malgré les avancées réalisées dans ces domaines, l’économie sénégalaise
continue de faire face à des défis importants.
28
Face à la pauvreté, et avant toute intervention visant à la réduire, on se
pose généralement deux grandes questions. La première, de source
conceptuelle, consiste à déterminer ce qu’est la pauvreté, ce qui, en termes
opérationnels, peut se traduire par : à partir de quand peut-on considérer
que l’on est pauvre ?
Les populations s’auto désignent pauvres ou non pauvres selon des critères
qui leur sont propres. À cet égard, un proverbe recueilli lors du processus
participatif qui a abouti à l’élaboration du DSRP définit la pauvreté comme «
l’absence d’avoir, de savoir et de pouvoir». L’absence d’avoir peut
s’interpréter comme une insuffisance de revenus et de patrimoines physiques,
tandis que l’absence de savoir et de pouvoir peut s’interpréter
respectivement comme une insuffisance de capital humain et de capital
social. Cette définition qui fixe les déterminants de la pauvreté est finalement
plus large que celle des économistes. C’est elle qui fonde la stratégie du
Sénégal. Elle découle de la culture qui renvoie à la nature des formes
d’organisation sociale et politique des communautés locales et aux stratégies
sous-jacentes. Aussi, importe-t-il d’investir dans la culture qui détermine la
manière de vivre des populations et qui subséquemment influence la
méthode à utiliser pour combattre la pauvreté.
29
traduit dans l’expression populaire en ces termes : « nit kuy taxaw rek te
yorewul dara » (quelqu’un qui vit mais qui est dépourvu de tout).
La notion de pauvre est donc très usuelle et très présente dans les discours
populaires, scientifiques ou étatiques, paradoxalement les représentations
sociales qui la sous-tendent sont loin d’être simples, car en fait la figure du
pauvre n’est qu’une réalité parmi d’autres et peut apparaît différente en
fonction des contextes dans lesquels on parle de lui. La notion de figure du
pauvre, fait référence aux formes de déclinaisons structurantes ou des
modalités de vécu stables vécues de la pauvreté (Fall, 2007).
Plusieurs visions de la pauvreté existent dans les travaux plus ou moins récents.
La vision dominante est sans doute celle de la statistique officielle où la
pauvreté apparaît comme le bas de l’échelle des revenus, cette dimension
monétaire est sans aucun doute, importante mais insuffisante pour illustrer les
différentes figures du pauvre dans une société comme la nôtre.
30
identité sociale virtuelle et une identité sociale réelle, le stigmate étant au
centre de cet écart (Fall, 2007).
L’assisté avec un statut social dévalorisé mais qui reste malgré tout
pleinement membres de la société dont il constitue pour ainsi dire la dernière
strate. Ou encore, le désaffilié, qui établit un lien explicite entre la perte de
liens et la pauvreté. Le pauvre vit dans un dénuement total, économique et
social ; il est sans soutien et ne compte que sur l’aide que lui apporte son
entourage pour survivre. Il est souvent qualifié de déclassé social et plongé
dans un état de misère quasi–permanent. Son trait dominant est qu’il s’auto
exclue lui-même du tissu social, préférant ainsi évoluer dans l’anonymat le
plus total. Quant aux ménages pauvres (new ji doole, baadoolo, faxiir, (wolof)
Ma teugniam, Wu bone (diola) Tampube (pulaar), Semeexo (Djallonké)
Fangantan (Malinké), Fasonteñaani (Soninké) Fantan (en Bambara), ils
disposent de sources de revenus assez précaires qui ne permettent pas de
couvrir entièrement les besoins en alimentation.
31
de la précarité et du chômage qui les refoulent, peu à peu, dans la sphère
de l’inactivité et de la dépendance où ils sont assimilés à d’autres pauvres
ayant connu des trajectoires différentes.
32
les pauvres mais ne facilitent pas des interventions spécifiques sur des groupes
précis. Le choix de la ligne de partage entre pauvres et riches (Coudouel et
al., 2002). L’étude MEF (2000) fournit un indice multidimensionnel et, ainsi,
occulte totalement les disparités individuelles dans le vécu de la pauvreté.
Les approches subjectives qui ont révélé des taux de pauvreté plus
importants ne sont pas exemptes de critiques sur le bien-fondé de l’auto-
évaluation des pauvres. Les tendances au misérabilisme ou au contraire à la
minimisation de la situation de pauvreté dans le recueil du discours sont
souvent évoquées.
33
rural. Toutes les mesures d’accompagnement, ainsi les politiques et
programmes de l’Etat dans cette période (nouvelle politique agricole,
nouvelle politique industrielle, les programmes aidés d’insertion des diplômés
de l’enseignement supérieur…) ont connu des échecs.
Un fait établi au niveau mondial et qui est apparu dans les opinions des
personnes enquêtées au niveau Sénégal est que la meilleure manière de
lutter contre la pauvreté est de disposer d’un emploi décent. La pauvreté
actuelle est souvent mise en lien avec la faiblesse et la qualité encore
insuffisante de la croissance économique au Sénégal
34
connexes, mais l’impact global dans l’économie est limité tant en création
d’emplois qu’en redistribution des revenus.
35
L’on peut aussi faire référence à la capacité insuffisante de création
d’emplois et de productivité du secteur moderne la non représentativité des
grandes entreprises dans le tissu industriel avec moins de 5% mais créent plus
de la moitié des emplois.
Les PME représentent l’essentiel du tissu industriel du Sénégal avec près de
90% des entreprises. Mais elles sont caractérisées par :
- Leur faiblesse en création d’emplois (42% de l’emploi). Plus de la moitié
de l’emploi, est ainsi offerte par les grandes entreprises qui
représentent, moins de 5% de l’ensemble des entreprises
- Leur concentration dans le secteur du commerce, des BTP et des
services
- Leur chiffre d’affaire décroît progressivement allant de 41,4% en 1998 à
31,7% en 2003 dans celui du secteur moderne
- Leur faible part dans la création de richesse (28% et 29%
respectivement en 2002 et 2003)
- Leur faible productivité du travail sauf pour les services
- Leur faible taux de rentabilité économique (taux de rentabilité
légèrement supérieure à zéro) et leur rentabilité reste nettement
inférieure à celle de l’ensemble des entreprises. La rentabilité
économique la plus importante a été observée en 1999 (3,11% pour les
PME et 7,02% pour l’ensemble).
36
secteur informel avec des écarts variant toutefois suivant les secteurs
d’activités puisque un nombre restreint de secteurs informels sont apparus
presque aussi productifs que ceux du secteur formel, notamment la pêche, la
fabrication de mobilier, la santé, et surtout la transformation des produits de
la pêche.
Les disparités entre les groupes sociaux ont également été interrogées dans
l’analyse de la persistance de la pauvreté. Généralement, les questions de
genre se fondent sur une forme de discrimination sociale qui se traduit, d’une
certaine manière par une marginalisation de la femme qui ne peut jouir des
mêmes opportunités que les hommes (accès à l’éducation, à la formation et
à l’emploi hors du foyer) parce que confinée aux tâches domestiques et
absente du processus de prise de décision, entre autres. Le manque de
moyens et d’accès aux ressources qui naît de cette situation compromet
l’épanouissement des femmes en tant qu’agents économiques pouvant se
prendre en charge, ce qui les rend plus vulnérables à la pauvreté. La mesure
de la pauvreté quantitative au Sénégal ne permet pas encore de déterminer
de manière individuelle les femmes pauvres et les hommes pauvres. En effet,
la mesure de pauvreté est encore globale à l’échelle du ménage. Autrement
dit, dans la classification, si un ménage est pauvre, tous ses membres sont
considérés comme pauvres. C’est ainsi qu’on notera que le niveau de
pauvreté global est de 50,6% pour les femmes comme pour les hommes
(ESPS, 2005/2006).
Environ 17% de la population vit dans un ménage dirigé par une femme
(ESPS, 2005/2006). Malgré leur poids relativement important, les ménages
dirigés par une femme contribuent pour 12,2% seulement à la pauvreté
totale. Comme cela avait déjà été observé en 2001/02, les résultats montrent
aussi que la pauvreté est moins répandue dans les foyers dirigés par des
femmes que dans les ménages dirigés par des hommes : alors que 37,3%
seulement de la population vivant dans un ménage dirigé par une femme est
pauvre, un peu plus de la moitié de la population vivant dans un ménage
dirigé par un homme vit en dessous du seuil de pauvreté. La dépense par
tête au niveau national est de 320 216 FCFA, elle est de 298 151 FCFA pour les
femmes dirigés par un homme et 410 058 FCFA pour les ménages dirigés par
une femme (ESPS, 2005/2006). Il semble donc que dans une certaine mesure,
les ménages dirigés par des femmes soient mieux lotis que ceux dirigés par un
homme. Ce constat est validé par les analystes de la Banque mondiale, dans
37
la mesure où l’incidence de la pauvreté selon l’activité habituelle, la
profession et le statut dans la profession semble être plus favorable aux
ménages dirigés par une femme que ceux dirigés par un homme.
Les résultats ont montré une pauvreté plus accentuée et plus dynamique
deux-tiers des ménages ont estimé qu'ils étaient pauvres, et la pauvreté a
augmenté dans leur communauté durant les cinq dernières années.
38
Figure 1 Perception de la pauvreté dans les ménages et les communautés
(%)
70 64.7
61.6
60 56.1
51.4 52.1
50 42.5 43.4
39.9
40
30
20
10
0
Dakar Other cities Rural Average
39
travailler (de
15 à 59 ans)
Personnes du 20.8 66.5 35.2 4.6 23.1 9.4
3ème Age (+
de 60 ans)
Hommes 20.1 65.4 35.0 4.6 22.8 9.8
Femmes 19.4 64.7 33.9 4.4 22.3 9.5
Cette situation s’explique en partie par le fait que les ruraux ont un moindre
accès aux infrastructures de production, équipements, services sociaux de
base et aux structures de financement. En général, les ruraux ont un accès au
capital physique assez limité, ce qui fait qu’ils ne bénéficient par des effets
directs ou indirects de leurs externalités (accès aux infrastructures scolaires, de
santé, de transport…).Les résultats des enquêtes confirment que les taux de
pauvreté sont significativement plus élevés en zones rurales qu’en zones
urbaines. De plus, étant donné la baisse plus rapide de la pauvreté en milieu
urbain, la contribution des zones rurales à la pauvreté va en s’accroissant.
Alors que 68% des pauvres vivaient en zones rurales en 2001/02, cette
proportion atteint 71% en 2005/06 (ESAM II, 2002 et ESPS, 2005).
40
regroupées en trois grandes catégories homogènes selon l’incidence de la
pauvreté observée en 2005/06 :
• très forte (plus de 60%) à Tambacounda, Ziguinchor, Fatick, Louga et
Kolda
• forte (entre 40 et 60%) à , Kaolack, Diourbel, Matam, et Thiès
• moyennement forte (entre 33 et 40%) à Dakar et Saint Louis.
41
• La pauvreté touche plus les travailleurs du secteur informel plus que
ceux du secteur formel (privé ou public) ;
• La pauvreté est plus répandue parmi les ménages dont le chef est un
travailleur pour son compte propre (56,8%), que pour ceux dans le
secteur privé formel (33,5%) ou dans l’administration (22,1%). Ces
résultats ne surprennent guère si on sait que les entreprises individuelles
constituent l’essentiel du secteur informel qui se caractérise par une
faiblesse des moyens, des conditions de travail précaires, d’où une
certaine vulnérabilité et une instabilité liées à la faiblesse et à
l’irrégularité des revenus ;
• Les ménages avec des chefs âgés (60 ans et plus) sont plus pauvres.
42
ressources monétaires, mais qu’elle est avant tout un manque de capacités
et d’opportunités de se mettre en valeur. Ces résultats apportent ainsi de
riches enseignements pour la politique nationale de lutte contre la pauvreté.
D’ailleurs, la mise en place d’une liste d’indicateurs pour le suivi des
grandeurs macro-économiques, permet aujourd’hui de faire l’état des lieux
des performances réalisées et éventuellement du gap par rapport à la cible
fixée par le Gouvernement. Au niveau budgétaire, les réformes issues des
plans CFAA-CPAR ont conduit à la réalisation du CDMT (2006-2008) et à la
mise en place des CDSMT des ministères dépensiers (éducation, santé,
environnement et justice). Au niveau de la politique éducative, le défi du
taux d’achèvement et de la qualité de l’enseignement, surtout pour les filles
est relevé à travers les programmes ciblés pour les groupes vulnérables et le
milieu rural (Cantines scolaires, bourses, etc.). Entre 2007 et 2008, le budget
d’investissement du secteur est passé de 250 milliards à 288 milliards de francs
CFA, accusant une hausse relative de plus de 15%.
43
entretiens des ouvrages. Ces efforts se traduisent par une augmentation de 7
à 16 milliards, entre 2005 et 2008.
44
financières relatives aux collectivités locales en vue d’assurer le financement
des infrastructures et des équipements.
45
millions de dollars US, soit 2,5 milliards F CFA, pour une durée de 33 mois. Il a
été remplacé par le Programme de Réduction de la Pauvreté (PNUD/Lux
Développement) 2008-2012.
• Programme de Soutien aux Initiatives de Développement Local (PSIDEL) :
Mis en œuvre dans le cadre du 8ème FED, le PSIDEL a permis le
renforcement du capital infrastructurel de nombreuses communautés
rurales dans cinq régions et six départements. Ses interventions dans le
cadre de l’axe création des richesses a porté pour l’essentiel sur
l’agriculture, l’élevage et le commerce (marchand).
• Le Plan Décennal de l’Education et de la Formation Professionnelle (PDEF) :
Le PDEF aura permis la réalisation des objectifs recherchés dans le cadre
du DSRP, en ce qui concerne l’accès à l’éducation et à l’amélioration de
la qualité des services d’enseignement. Du point de vue de l’appréciation
de l’impact des réalisations du PDEF, on peut noter les aspects suivants :
(1) Le rythme croissant des effectifs de tous les niveaux d’enseignement
est observé depuis 2000 ; (2) L’écart entre les filles et garçons a diminué en
2004 par rapport à 2003 Le TBS des garçons est de 82,4%, celui des filles de
77,30%, soit une différence de 5,1 points. Celle-ci était de 7 points en 2003;
(3) L’objectif de 75% d’élèves inscrits dans des écoles à cycle complet a
été presque atteint avec un taux de 74,26% ; (4) Les taux bruts d’admission
ont dans l’ensemble progressé dans les régions les plus scolarisées; (5)
Alphabétisation des adultes : Les actions de formation ont touché plus de
500 000 personnes pour une prévision de 120 000 adultes (personnes âgées
de 15 à 49 ans) ; (6) Le Taux Brut de Scolarisation (TBS) est passé de 75,8%
en 2003 à 79,9% en 2004, soit une augmentation de 4 points..
• Le Programme National de Développement Sanitaire et Social (PNDS) : Le
mécanisme de financement du PNDS est le PDIS. Le PNDS formulé avant le
DSRP a fait l’objet de révision et de réadaptation. Globalement les
réalisations du PNDS, contribuant à la mise en œuvre du DSRP se
présentent comme suit : (i) Composante Infrastructures d’accès aux
services de santé, (ii) composante Accès à l’eau potable et
assainissement et, (iii) composante « Accès aux soins.
• Le Projet du Fond de développement Social (PFDS) : Les réalisations du
PFDS par domaine, sur l’amélioration de l’accès aux services sociaux de
base, sont de deux natures. D’une part, on note des infrastructures de
premier plan, il s’agit respectivement de la création de : (i) salles de
classe, dans le domaine de l’éducation ; (ii) de cases et postes de santé
ainsi que de maternités dans le domaine de la santé ; (iii) de puits, forages
et adductions d’eau accompagnée de bornes-fontaines dans le domaine
de l’accès à l’eau potable ; (iv) et de halls de marché, différentes formes
de boutiques et magasins dans le domaine du commerce. D’autre part,
le PFDS a réalisé des infrastructures dites de second plan mais améliorant
sensiblement la qualité des différents services.
• Le Programme de Lutte Contre la Pauvreté (PLCP) : Du point de vue de
l’amélioration de l’accès des populations aux services sociaux de base, le
46
PLCP a touché les domaines suivants : Santé, Education, Hydraulique
(accès à l’eau potable) et assainissement (construction de latrines), mais
également l’allègement des travaux des femmes (installation de moulins à
mil), également la construction et l’équipement de cases foyers ou
centres polyvalents pour le bénéfice des femmes.
• Le Programme d’appui aux Initiatives de Développement Local Urbain
(PADELU) : Mis en œuvre dans le cadre du 8ème FED, le PADELU a contribué
à renforcer les infrastructures au niveau de dix sept communes. Il n’a pas
fait l’objet d’évaluation et ne dispose pas de documents récapitulant, à
l’étape actuelle, l’ensemble de ses réalisations. Toutefois, une note de
synthèse permet de relever les réalisations du Programme sur la période
2003-2005.
• Projet « village du millénaire » de Potou dans la communauté rurale de
Léona/PNUD, C’est un projet régional qui couvre 10 pays africains dont le
Sénégal en site pilote de l’initiative. Les autorités du Sénégal ont voulu ainsi
marquer le démarrage d’un important programme de développement
local dans la région de Louga. En effet, il s’agit d’une stratégie de
réduction de la pauvreté fondée sur les Omd qui ciblent particulièrement
des domaines comme l’éducation primaire pour tous, la réduction de la
mortalité infantile, la réduction de l’extrême pauvreté et de la faim, la
lutte contre le sida, le paludisme .Le choix de cette communauté rurale,
est lié au fait que c’est une zone qui présente la combinaison de deux
système de production, pêche et agriculture, avec plusieurs contraintes
dont l’avancée des dunes de sable, la pollution de la nappe phréatique,
la salinisation des sols, entre autres.
• Le Programme National de Développement Local (PNDL) prendra en
compte les différents acquis des programmes suivants: (i) Programme
National d’Infrastructures Rurales (PNIR); (ii) Agence du Fonds de
Développement Social (AFDS); et (iii) le Projet de Gestion Durable et
Participative des Energies Traditionnelles et de Substitution (PROGEDE) en
les regroupant en un seul programme. Le PNDL qui entend donner aux
populations les moyens d’une participation effective au processus de
développement, se définit donc comme étant un des cadres
opérationnels de la stratégie du développement rural. Ce programme
sera chargé d’impulser et de soutenir des actions fortes, concertées,
diversifiées et inscrites dans la durée. Le Gouvernement a ainsi opté pour
une responsabilisation des Collectivités locales (CL) décentralisées dans le
cadre du processus progressif de décentralisation, consacré par la loi No
96-06 du 22 mars 1996 portant Code des Collectivités locales. Pour une
participation effective des populations, les CL élaborent leur plan de
développement local, les plans annuels d’investissement et élaborent leur
budget en fonction de leurs recettes.
47
Dans ce contexte de foisonnement de projets/programmes étatiques, le
DSRP reste l’outil de référence pour la coordination pour impulser le
partenariat entre les différents acteurs, notamment en tant qu’un instrument
de mobilisation des ressources et de recentrage des actions de lutte contre la
pauvreté. Il faut rappeler ici les principes de base qui ont sous-tendu
l’élaboration des DSRP dans la plupart des pays éligibles à l’initiative PPTE :
A coté des principes fondateurs, la réalité fut tout autre puisque le processus
n’a véritablement démarré qu’au début de l’année 2001. Cependant les
perspectives d’allègement de la dette étaient suffisamment alléchantes pour
bousculer le processus d’élaboration. La représentativité des acteurs divers
(élus locaux, des ONG, des syndicats, associations de producteurs ruraux,
organisations confessionnelles, groupements féminins, jeunes…) n’a pas
empêché les acteurs non étatiques de souligner le déficit de participation.
D’ailleurs d’un point de vue purement idéologique, l’arrimage de la stratégie
de lutte contre la pauvreté à la réduction de la dette ne milite pas en faveur
d’une participation et appropriation spontanée. De plus, la définition
d’actions prioritaires réparties entre plusieurs ministères sans une recherche
explicite de complémentarité entame de façon significative, les exigences
de cohérence et d’articulation nécessaires à l’émergence de politiques
publiques efficaces. La revue annuelle du DRSP 2009, admet que les
difficultés rencontrées relèvent de l’insuffisance des discussions sectorielles en
raison de la nouveauté de la démarche, les difficultés de renseignement des
indicateurs multiples.
48
Dans ce contexte de recherche d’arbitrages, de consensus et de répartition
des pouvoirs entre acteurs, il est évident que les intérêts divergents inscrivent
les différentes parties prenantes dans des logiques de concurrence ou de
contrôle des espaces de pouvoirs qui ne sont pas de nature à garantir la
stabilité du cadre de la lutte contre la pauvreté. Au Sénégal, tous les acteurs
ont été placés sur un pied d’égalité, qu’il s’agisse des directions de l’État, du
secteur privé ou des organisations de la société civile.
L’objectif était de faire travailler ensemble des groupes avec des approches
et intérêts divergents. Par contre, la faible capacité institutionnelle de certains
acteurs sont des obstacles non prévus qui freinent leur participation au profit
d’acteurs plus préparés à interagir avec les décideurs étatiques et bailleurs
de fonds, que sont les grandes ONGs et les experts. Pour l’Etat l’on pourrait
conclure rapidement à une sorte de réhabilitation du fait du rôle central joué
dans la conduite des politiques de lutte contre la pauvreté. Toutefois, il est
nécessaire de rappeler les épisodes de l’ajustement structurel qui ont
largement contribué à affaiblir voire décrédibiliser l’Etat. Il pourrait s’avérer
difficile quelques décennies plus tard de conférer à l’Etat, la responsabilité de
mener à bien un processus consultatif à large échelle. Les faiblesses des
compétences organisationnelles, et les coûts élevés apparaissent dès les
premiers stades de consultation et d’élaboration des politiques (Dahou et
Ndiaye 2004).
Une autre contrainte de taille est que même au sein de l’appareil étatique, le
Ministère de l’Economie et des Finances qui joue une place centrale dans la
coordination de la stratégie de lutte contre la pauvreté, n’a pas une culture
de développement suffisante pour impulser une dynamique synergique.
49
Le pouvoir d’entériner la stratégie reste entre les mains des bailleurs de fonds.
Quant à l’exigence de participation de la société civile, elle reste
conditionnée par des critères de légitimité, de représentativité et de
capacité. L’exigence de cohérence pour capter les ressources n’est pas
forcément à même de faciliter les processus de participation des acteurs
généralement marginalisés lors de la définition des politiques publiques.
Quant aux ONGs, les sécheresses des années 72 et 73, constitue un repère
important pur situer l’intervention des ONGs au Sénégal. En effet, des ONGs
internationales dans le domaine de l’humanitaire ont non seulement assisté
les populations prise par l’étau de la sécheresse mais en plus elles ont tenté
de susciter l’intérêt chez des organisations locales et nationales a organiser
une réponse consciente en effet que on venait d’entrer dans un cycle au
long court. Le bilan de ces interventions d’urgence considéré comme positif
a tout de même révélé les limites de l’action d’urgence qui apporte des
solutions ponctuelles mais ne traite pas des problèmes structurels liés au
développement des populations concernées. C’est ainsi donc que plusieurs
initiatives associatives ont émergé sous le sceau de l’engagement pour le
développement communautaire dans un contexte qui s’y prêtait fort bien.
Les ONG nationales et internationales ont orienté leur action dans le monde
rural pour tester des innovations dans le domaine de l’hydraulique, des
activités agricoles autres que les cultures de rente comme le coton et
l’arachide ainsi que l’accompagnement à l’organisation des producteurs et
des associations de jeunes agriculteurs et des femmes. C’est seulement avec
les PAS des années 80 à 90 que l’on, observe un intérêt pour l’économie
populaire urbaine, domaine dans lequel ENDA a servi de fer de lance en
50
développant une approche ciblant les acteurs jeunes marginaux et les
populations déshéritées comme les domestiques, les enfants de la rue, les
populations dans les bidons villes et les taudis et les populations flottantes.
Mais il faut noter que dés les années 80 des ONGs comme l’OFADEC, ont
initié une concentration de l’intervention dans des zones à grand potentiel
hydro agricole en articulant t une organisation communautaire des
périmètres agricoles mais aussi une parcellisation qui permettait de stimuler la
production.
On peut multiplier les exemples de succès mais force est de reconnaître que
les ONGs sont restées dans le test des innovations mais n’ont pas toujours
réussi le passage à l’échelle large. Il est vrai qu’elles ont renouvelé leur offre
d’assistance à la fois en milieu rural qu’en urbain avec notamment un intérêt
pour l’énergie muais aussi les technologies de l’information et de la
communication en milieu urbain.
Les années 90 à 2000 marque une volonté des ONG de passer de leurs
expériences pilotes à l’influence des politiques publiques dans le domaine de
la lutte contre la pauvreté. Leur relation conflictuelle avec l’Etat a contribué à
infléchir les institutions étatiques à s’intéresser davantage à la pauvreté car
l’Etat était aussi confronté à la raréfaction des ressources et à manifester de
l’intérêt à engranger d’autres types de ressources ciblant la lutte contre la
pauvreté. Les ONG ont eu une diversité de champ d’intérêt comme le
montre l’intérêt pour les droits humains avec l’existence de différentes ONG s
dans le domaine et plus tard sur les questions de gouvernance et lutte contre
la corruption. L’existence de la mise en place dès le milieu des années 80
d’un consortium des ONG, le CONGAD a facilité l’affirmation des ONGs
51
comme acteurs à part entière du développement. Ce dispositif a permis le
dialogue avec l’Etat et les bailleurs de fonds. Un cadre institutionnel négocié
avec l’Etat a été mis au place et la participation ou la consultation des
acteurs des ONGs s’est réalisée via ce réseau qui est maintenant connecté à
un ensemble de plate forme d’ONGS dans la sous-région et avec d’autres
continents dont le Brésil et l’Europe, etc.
Mais il faut reconnaître que les ONGs ont révélé beaucoup de difficultés dans
la coproduction des politiques publiques avec l’Etat et leur participation.
Dans la mouvance, une ébullition du mouvement associatif et la diversité des
besoins à la base avait consacré la mise ne place dés les années 70-80 des
foyers des jeunes ruraux qui se sont intéressés à l’accès de cette catégories à
la terre et aux investissement pour l’activité agricole, ces foyers avait réussi à
installer des périmètres communautaires et ce type de d’organisations a
essaimé dans d’autres secteurs comme la pêche, l’artisanat, et les services.
Ces foyers de jeunes se sont essoufflés d’abord du fait des masses financières
importantes gérées et du fait de la faible gouvernance de ces entités
émergentes qui ‘n’ont pas réussi à prendre le relais des coopératives
insufflées par l’Etat des le lendemain des indépendances. En milieu urbain les
OCB se sont multipliées, tandis que partout les GIE ont tenté de prendre en
main l’entreprenariat. Mais à la fois les OCB et les GIE ont apporté des
réponses efficaces assez localisé touchant seulement quelques groupes
socioprofessionnels. Leur échelle d’intervention limitée ne leur a pas permis de
s’intéresser aux enjeux stratégiques de la lutte contre la pauvreté mais plutôt
à des réponses ponctuelles a des situations de petits groupes.
Ces OCB renouvellent leur offre de services et c’est ainsi que dans les
périphéries urbaines, elles ont réussi à organiser une nouvelle citoyenneté
active et dans le cas de Pikine et Guédiawaye, elles ont pris en main l’auto-
organisation des populations pour faire face aux inondations et aux liées au
cadre de vie. En s’intégrant à la plate forme des acteurs non étatiques, les
OCB ont franchi un pas important pour adresser les questions stratégiques qui
passent par un dialogue avec les autres catégories d’acteurs. De même les
52
GIE, ont mis à profit les services de micro finance pour organiser le secteur
privé local et tenté de créer des richesses à la marge.
Les marabouts sont d’autres acteurs de la société civile non moins importants
au regard de l’intérêt et des sollicitations dont il font l’objet. Ils jouent le rôle
de véritables recours sociaux, de médiateurs à coté des fonctions spirituelles
et d’éducation. Dans un contexte de ressources rares, ils servent d’échelle
pour accéder à des positions ou des services, cela d’autant plus qu’ils sont
habiles dans le clientélisme et craints par le pouvoir. Ce rôle se trouve
renforcé par certaines catégories de marabouts, actifs dans les lobbies et qui
53
détiennent des milices avec un niveau d’organisation élevé et un maillage
territorial national. Cette influence se poursuit dans la sphère économique,
car ces marabouts sont dotés de fortes capacités entreprenariales ainsi que
de « talibés » présents dans tous les secteurs de l’économie.
54
simples mécanismes de consultation. Cela a pour effet de restreindre la
participation effective d’une bonne partie de cette catégorie d’acteurs au
profit des organisations non gouvernementales souvent plus visibles sur le
terrain. On peut dés lors se poser la question sur le véritable rôle de la société
civile soit en tant qu’acteur de la mise en œuvre ou en tant que évaluateur
des politiques.
Les populations
- Les femmes
Malgré les progrès en terme de scolarisation des filles (taux d’admission des
filles au CI 119% et le TBS à 92,4% en 2008), le maintien des filles à l’école pose
toujours problème. Le confinement dans des filières peu valorisées pousse
également les filles vers des métiers utilitaires et précaires : elles constituent
toujours une réserve de main d’œuvre peu qualifiée destinée à pouvoir les
emplois précaires et les filières professionnelles peu créatrices de richesses et
de valeur ajouté.
55
Parmi elles, l’on peut citer la garantie fondamentale de « l’égalité de tous les
citoyens devant la loi » ainsi, la femme a la pleine capacité juridique et peut
aller en justice au même titre que l’homme, l’accès à la terre sans l’assistance
de l’homme, y compris au niveau des communautés rurales avec les PAOS
qui éliminent toute forme de discrimination entre hommes et femmes.
- Les jeunes
Ces synergies positives sont toutefois plombées par les crises scolaires
successives qui entament significativement l’accumulation du capital humain
surtout dans les couches défavorisées et réduisent fortement la mobilité
56
sociale. L’ouverture trop marquée vers l’extérieur, le changement de
modèles et références et les logiques de gains immédiats ne sont pas à
exclure dans l’analyse de la recrudescence des pratiques déviantes. A cela,
l’on peut rajouter la passivité face à l’information que les jeunes s’approprient
certes mais sans aucune analyse critique et cela encore plus dans les
catégories sociales les mois élevées.
Conclusion partielle
Les rapports de pouvoirs entre ces différents acteurs sont organisés autour de
deux types de légitimité : l’une technocratique et l’autre sociale qui entrave
la pleine participation pour des politiques plus structurantes de lutte contre la
pauvreté.
La prise ne compte du jeu des acteurs devient pour mieux comprendre
l’origine de la pauvreté ainsi que la façon dont les groupes sociaux
s’organisent pour y faire face. La comparaison entre les objectifs prioritaires
de la phase du DSRP (2003-2006) et le résultat de l’enquête sur le suivi de la
pauvreté au Sénégal (2005-2006) témoigne nettement d’un certain
décalage entre les aspirations et stratégies des acteurs et les politiques
publiques.
Face à la crise, les acteurs dans leur diversité s’ajustent en mettant en œuvre
des stratégies.
La migration
57
toutes sortes s’impliquent pour organiser le départ et mettre les candidats au
départ dans des conditions psychologiques, relationnelles et matérielles. La
nouveauté réside effectivement dans la manière dont les risques liés au
départ en migration ont été socialisés. Les analystes ont évoqué les suicides
collectifs : 800 morts sur 3000 tentatives de rallier l’Espagne à partir des côtes
sénégalaises16.
En dépit des conditions de travail et de vie insécures dans les pays d’accueil,
les migrants comptent énormément pour les ménages sénégalais. En milieu
rural, sur de nombreuses décennies de crise agricole, ce sont les revenus non
agricoles constitués principalement des flux financiers des migrants qui ont
arbitré la survie des petits agriculteurs. Des villes comme Ourossogui, Louga,
Touba entre entres doivent leur rang de cités au taux d’urbanisation les plus
élevés du Sénégal aux envois de fonds des migrants et à leurs investissements.
Les flux financiers des migrants sont tellement importants qu’ils sont considérés
comme les premiers bailleurs de fonds de leur pays. Il faudra multiplier par
trois l’aide public au développement pour avoir le montant de ces flux en
2008. Par le truchement des technologies de l’information et de la
communication dont on sait combien elles ont un cachet populaire, les
migrants communiquent avec leurs siens au Sénégal et sont assez souvent
sollicités pour toutes sortes de besoins. Ils interviennent de cette façon
quasiment quotidiennement pour donner leur avis, vivre à distance les
événements familiaux, arbitrer les conflits, réguler leurs ménages.
Chaque acteur cherche son ou ses protecteurs car l’anonymat est un facteur
d’exposition aux inégalités et à l’injustice. Les confréries se segmentent : des
entrepreneurs socio-religieux offrent leur intercession, les associations
religieuses initient des modes de protection sociale ; les chefs des branches
confrériques instrumentalisent leurs talibés et l’Etat, ces derniers
instrumentalisent également les religieux. Des entrepreneurs politiques surfent
sur le populisme : le personnel politique se renouvelle en brouillant les repères
élitistes.
16
Les migrations internationales sénégalaises : potentiel financier et changement social, IFRPDSR/FNUAP,
2007.
58
Auto-ajustement des ménages
Entreprenariat populaire
59
– la prise de rôle dans le vécu communautaire qui fait du jeune un
acteur économique qui compte,
– la prise de position des jeunes qui s’inscrit dans un élan de
cristallisation des aspirations sociales des populations avec les
stratégies culturelles,
– la « démarginalisation » par le transfert du pouvoir de la critique
sociale aux jeunes rappeurs.
Les abus sexuels s’installent au cœur des familles. Cette problématique des
abus sexuels est sous tendue par l’existence de réseaux et de situations socio
économiques qui la favorisent. Les abus sexuels ne sont pas effectifs que
dans les milieux touristiques mais, bien plus souvent, au sein de la population
locale. Le système de coveillance de l’enfant est réalisé par son seul groupe
de pairs. Mais il est parallèlement relayé par un réseau de soutien plus étoffé
notamment par les adolescents et les talibés (liens mixtes forts). Ces liens sont
en revanche plus fréquents avec des acteurs avec lesquels les enfants sont
dans une situation d’évitement, s’ils ne se sentent pas menacés. Autrement
dit, les risques sont élevés dans leurs relations avec les maîtres coraniques,
antiquaires, touristes. La densité relationnelle est observable dans l’espace de
vie de l’enfant dans les quartiers. Les enfants ne sont pas non plus en sécurité
avec les voisins (populations locales), les tuteurs et les parents. Autrement dit,
60
les quartiers sont tout aussi dangereux sinon plus menaçants que les milieux
touristiques.
On observe donc des adultes qui dressent des enfants et abusent de leur rôle.
En effet, la crise identitaire s’accompagne de la stigmatisation qui frappe les
enfants et jeunes des cités urbaines. C’est aussi une situation propice à
l’émergence d’une forme d’exploitation des enfants par le jeu de la
manipulation du pouvoir spirituel. Ce sont des adultes marabouts qui finissent
par transformer leur savoir en une activité économique, conformant leur
pratique spirituelle aux règles du marché. Leur ruse consiste à dresser des
enfants en talibés qui passent leur temps à mendier dans les rues de la ville.
Ainsi la misère devient une position de rente pour une « élite » locale. Le talibé
(disciple-mendiant de l’école coranique) est placé dans un environnement
plein de risques pouvant aller des abus sexuels (risque de plus en plus élevé
d’être infecté par le virus du Sida), aux accidents de la route en passant par
les risques de déviance surtout lorsque celui-ci atteint l’étape de
l’adolescence. Par ailleurs, l’éclatement et la reconfiguration de la famille
combinés aux autres facteurs aggravants de la précarité rendent obsolètes
les barrières érigées à travers les valeurs morales et sociétales proposées par
les objecteurs de conscience. Dés lors que ces valeurs peinent à être
opératoires, la porte reste ouverte aux violences et abus en particulier les
abus sexuels.
61
Alternativement, d’autres résistent et élaborent des stratégies différentielles.
Les contextes d’espace confiné peuvent s’accompagner de quête continue
d’affirmation et de reconnaissance. C’est :
– l’émission d’une parole publique non censurée à travers les
« rappeurs » (chanteurs de rap) en tant que porte voix des
populations,
– le droit à l’expérimentation et à l’innovation des jeunes avec la
création d’espaces de créativité et d’expression culturelle,
– la demande de soutien aux dynamiques associatives et le
développement d’institutions sociales fortes
– le développement de politiques sociales locales,
– le contrôle citoyen effectif sur les affaires de la cité.
Les transformations sociales observées font état d’écarts notoires dans les
rôles sociaux qui indiquent un besoin de médiation autre que celles
habituelles. Pourtant, Il faut noter qu’une dynamique initiative forte portée
par une pluralité d’acteurs, est en pleine gestation (ex : des marabouts
(imams de Guédiawaye) et clergé catholique qui adoptent des positions
avant-gardistes. L’on peut citer également, le processus des assisses
nationales en tant que
dynamique de concertation large autour d’une charte de gouvernance
démocratique ou encore les élections locales comme dynamiques de
changements.
62
politique, d’interdépendance forte entre Etats avec des ressources
transfrontalières communes et d’incertitudes sur la gouvernance) ne font que
renforcer le rôle prééminent que le Sénégal peut jouer dans la stabilité des
institutions pour le développement sous-régional et régional.
Au niveau des pays membres de l’UEMOA, le Sénégal est l’un des pays les
mieux classés selon cette approche, avec le Togo. Dans une vision ouest
africaine, le Sénégal reste derrière les pays à indice moyen comme le Ghana,
la Mauritanie ou encore la Gambie. Cependant, la progression du Sénégal
est restée constante au cours du temps. En effet, situé à 0,342 en 1975, l’IDH
du Sénégal a atteint 0,499 en 2005, soit une progression relative de 46% sur la
même période. Cependant, la progression annuelle, en termes de
développement humain, reste faible (0,5% par an).
63
Développement (FAD) ont annulé leurs créances, pour un montant d’une
valeur d'environ US $ 1,4 milliard en termes nominaux.
Il est évident que les engagements du Sénégal dans le DSRP s’inscrivent dans
les fondements des options partagées sur le plan international de démocratie
et de justice sociale traduites dans les OMD, du plan stratégique de l’Union
africaine, du NEPAD, de la CEDEAO et de l’UEMOA. Pour les autres
organisations spécialisées telles que l’OMVS, l’OMVG et le CILSS qui ont en
charge la réalisation de politiques sectorielles dans les aménagements hydro-
agricoles, les infrastructures et le transport, il est fortement attendu du Sénégal
de travailler à leur intégration dans des cadres plus élargis. Le Sénégal essaie
d’élargir et de diversifier ses partenaires, marquant ainsi une plus grande
autonomie des Etats dans le choix de leur politique de coopération et de
leurs partenaires dans les domaines économiques, sociaux et culturels. C’est
ainsi que le Sénégal a beaucoup soutenu au cours des dix dernières une
coopération plus poussée avec des pays du Sud relativement avancés
(Chine, l’Inde, le Pakistan, l’Indonésie….) et celui de pays riches qui n’étaient
pas très visibles sur le plan de l’aide (Japon, et Canada).
Conclusions et recommandations
En somme, depuis la mise œuvre du DSRP, des reformes considérables ont été
réalisées. Ainsi, sur le plan du suivi, la mise en place d’une liste d’indicateurs
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World Bank 2007 World Development Indicators: Aid Dependency http://siteresources.worldbank.org/DATASTA
TISTICS/Resources/table6_11.pdf.
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pour le suivi des grandeurs macro-économico-sociales permet aujourd’hui de
faire l’état des lieux des performances réalisées et éventuellement du gap
par rapport à l’objectif fixé par le Gouvernement. Au niveau budgétaire, les
réformes issues des plans CFAA-CPAR ont conduit à la réalisation du CDMT
(2006-2008) et à la mise en place des CDSMT des ministères dépensiers
(éducation, santé, environnement et justice). La liste des reformes pour le
renforcement du dispositif de mise en œuvre du DSRP n’est pas exhaustive,
mais l’on pourrait y ajouter la mise en place d’un canal d’harmonisation et
d’alignement des partenaires techniques et financiers du Sénégal sur le DSRP
et les autres composantes du processus de développement.
Notons aussi qu’en dépit d’une large concertation avec la diversité des
acteurs et des axes stratégiques assez pertinents pour la lutte contre la
pauvreté, la contrainte majeure reste la volonté de faire du DSRP des
stratégies de politiques économiques à part entière. Le cycle
programmatique échappe au contrôle des agendas nationaux, ce sont les
Institutions de Brettons Woods qui décident d’arrêter ou de poursuivre les
politiques. Il apparaît nettement que des difficultés de passer aux réponses
aux actes concrets. Cela se traduit pas une multitude d’actions éparses qui
n’utilisent pas toujours le potentiel des ressources. L’existence d’un cadre
fédérateur ne suffit pas à initier une mutualisation des ressources, la preuve en
est que certains secteurs manquent des ressources alors que d’autres sont
excédentaires.
65
Toutes ces insuffisances posent la question du ciblage et d’une meilleure
concentration des interventions dans les sens de l’atteinte des objectifs. Pour
cela, le déficit en termes de données sur la dynamique de la pauvreté au
Sénégal, devrait être comblé.
Cinq ans après la mise en œuvre, une évaluation approfondie des effets sur
la pauvreté n’a pu être réalisée. Les résultats de l’enquête de suivi de la
pauvreté 2007 ne suffisent pas à établir le lien entre l’évolution des indicateurs
de suivi et la croissance ni aux politiques macroéconomiques et sectorielles.
Dans un contexte aussi marqué par la crise et la rareté des ressources, les
recommandations s’inscrivent dans le sens de :
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- Développer plus de prévisibilité par la mise sur pied d’observatoires
permet une visibilité au quotidien et des prévisions stratégiques.
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