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CHAPITRE INTRODUCTIF :

Relation entre histoire mémoire, histoire justice

Comment les conflits s’inscrivent-ils ans les mémoires et l’histoire des sociétés ? En quoi histoire,
mémoire et justice sont-elles complémentaires dans la compréhension du passé à la réconciliation
des sociétés après les conflits ?

I) Les liens complexent entre histoire et mémoire

L’histoire est une écriture continuelle, elle s’écrit tout le temps et elle est objective car on ne peut
pas l’écrire si on n’utilise pas la vérité (même si elle est incertaine ou relative). Le principe
fondamentale de l’histoire est qu’il faut contextualise le passé et le mettre à distance, on se pose des
questions tout le temps par rapport à une époque. Elle cherche également à rappeler ce qui a été
oublié/refoulé.
La mémoire est le présent du passé. La mémoire est toujours présente surtout si c’est une victime
ou un descendant d’une victime ce qui correspond à mémoire blessée. Elle peut se comprendre par
des éléments du passé mais cela peut entraîner des problèmes car elle est subjective et sélective car
ils existent différents points de vue. La mémoire a aussi une dimension collective, les sociétés se
forme une mémoire collective pour se construire.
Les liens entre l’histoire et la mémoire sont complexes.

II) Les usages publics du passé

Les hommes politiques ou les pouvoir public peut faire un usage public du passé, pour rendre aux
hommages aux victimex ou pour reconnaître une responsabilité. Les médias aussi font usage du
passé à travers des récits et sources d’information sur l’histoire du passé. Discours important dans
la construction d’une mémoire collective :
• Discours 1 : Jacques Chirac 1995 :
L’État français est responsable des déportations de Vel’ d’Hiv’, il assume le passé d’un régime qui
n’était pas Républicain aboutissant à un questionnement qui dure deuis 20 ou 30 ans. Il s’adresse
indirectement à Jean Marie Le Pen, dans un second temps, en remettant en cause ce qu’il dit.
Jacques Chirac utilise cette situation par rapport à la situation politique du moment, il valide les
évènements du passé pour la société ou pour la mémoire collective.
• Discours 2 : François Hollande, 2015 (Algérie)
Il valide l’évolution du passé colonial avec l’évolution des recherches historiques. Il veut pacifier les
relations entre les mémoires en laissant la place aux historiens comme la publication d’un livre
Franco-Algérien sur La Guerre d’Algérie.
• Discours 3 : Emmanuel Macron, 2020 (Rwanda)
Il cherche à punir les responsables en rendant justice, c’est-à-dire condamner ceux qui ont commis
les crimes. Le travail des historiens peut permettre de comprendre, connaître et savoir. La
recherche d’archives sert à pouvoir surmonter les blessures.

A. La structuration d’une mémoire officielle des Etats

Hommage d’Emmanuel Macron aux victimes des crimes du 17 octobre 1961 :


Les archives de la Guerre d’Algérie ne sont pas complètements ouvertes et la reconnaissance d’un
évènement de ce genre suppose d’y donner accès. Cette année, Macron a reconnu deux crimes en
deux mois (contre les harkis et les algériens) et il s’est réunit avec des dirigeants algériens en les
accusant de l’instrumentalisation de la guerre d’Algérie (peut-être visée électoraliste). Des tensions
se développe actuellement avec le gouvernement algérien sur deux plans : la réduction des visa (ils
n’acceptent pas le retour des sans-papiers) ce qui mène à des représailles sur le plan de l’aviation,
donc aussi sur le plan géopolitique.
Emmanuel Macron est intéressé par les mémoires, il considère, quand il est arrivé au pouvoir, que
son devoir était de se réconcilier avec l’Algérie. Il souligne l’importance de parler de ces
évènements pour les algériens. Quand il y a eu une guerre civile en Algérie => France soutient
l’État donc attentats en France. Cela prouve de ce qui se passe en Algérie a des conséquences en
France et vice-versa.
On comprend donc que la mémoire est un élément central pour un homme politique.
C’est une sorte d’obligation mais on peut noter qu’il existe toujours une sorte d’instrumentalisation
de ces mémoires de la part des partis politiques.
Concernant la manifestation pacifique organisé par le FNL le 17 octobre, la répression fut très forte
avec des policiers qui tabassent les algériens arrêtés et ouvrent le feu sur les manifestants (certains
sont noyés dans la seine). Certains corps sont retrouvés dans la Seine et selon les historiens on peut
compter au moins 200 morts. Les historiens accusent Maurice Papon d’être le causant de ce
massacre. Il y a donc eu un recours de justice et cette-dernière qui a reconnu la réalité des faits.
L’objectif de la reconnaissance officielle de ces évènements est la réconciliation des mémoires qui
reste problématique car tout le monde n’attend pas la même chose; les mémoires sont
concurrentielles. C’est pour cette raison qu’il y a l’histoire; les historiens écrivent l’histoire, à partir
de faits avérés, et c’est donc le lieu où se construit une vérité qui va au-delàs de la mémoire.
Concernant les manifestions du 17 octobre, est-ce que la police est aussi coupable ? Le nom de
Maurice Papon revient toujours mais on ne parle pas de tous les policiers. La reconnaissance de la
mémoire ici est un sujet qui divise => les policiers perçoivent cet hommage comme un
affaiblissement de l’institution (toute reconnaissance de faute l’affaiblit).

B. Les lois mémorielles


Olivier Pétré Greouillant avait contesté l’idée qu’on puisse définir la traite négrière comme
génocide car le but n’était pas d’exterminer un peuple. Des associations ont porté plainte contre lui
car il ne respectait pas la Loi Taubira. Face à ça il y a eu des réactions des historiens.
Le point de vue de ces historiens est que la loi ne doit pas imposer l’histoire et ne peut pas
empêcher une personne de faire des théories on doit laisser la liberté d’élaborer des théories qui
vont contre le sens de la majorité. Ils revendiquent la liberté de la recherche. Ce n’est pas le cas
dans tous les pays, par exemple en Pologne on a des lois qui interdisent d’affaiblir la Pologne dans
les recherches historiques.
L’opinion publique a un certain poids dans le travail des chercheurs : faire des recherches sur des
personnages pas très glorieux mène parfoir l’auteur à se faire blâmer lui ou son travail. On ne peut
pas glorifier la personne à travers des hommages comme des noms de rue ou des statues mais c’est
intéressant de l’étudier car c’est un élément de notre passé. La manière de nommer les choses est le
reflet de la valeur d’une société  : par exemple le nom d’un établissement scolaire légitime la
personne qui, par exemple ait défendu une position qui n’est pas acceptable, on peut changer le
point de vue.
Comprendre des événements du passé avec le contexte actuel c’est un problème si on ne replace
pas dans un contexte de l’époque, on ne peut pas lire le passé que à travers notre vision de notre
époque.

C. Le « devoir de mémoire » une injonction problématique


Obligation morale qui est faite à la population d’un pays de se souvenir d’un évènement tragique du
passer, à le remémorer, de participer à la commémoration. Est-ce qu’on peut considérer qu’il y a
une obligation à participer à cette mémoire collective ?

III) De nouvelles catégories de crimes

Le XXème siècle va voir la prolifération de crimes politiques, de crimes de masse (répression,


déportation, terreur) de nouvelles formes de régimes (URSS, Allemange nazie), puissances
coloniales, guerres civiles (épuration ethniques). Ce sont ces évènements qui ont poussé à créer une
justice et un droit international avec deux questions : comment définir ces crimes ? et comment les
juger ?

A. Qualifier
Définir juridiquement un crime est aussi un travail d’historien. Le rôle de l’historien est de
comprendre et pour cela il enquête. La notion de génocide est une notion juridique qui va être
élaborée et utilisée après 1948 pour définir un crime de masse particulier. Raphael Lemkin, juriste
allemand qui a fui l’Allemagne et s’est installé aux E.U à partir des années 30, écrit un livre et
propose la notion de génocide. Il a assassiné Taloat Pach, un responsable du génocide des
arméniens. Il va ensuite être acquitté. Lemkin prend conscience de l’apparition d’un crime
nouveau, pas défini par le droit, celui d’exterminer un peuple. Jusqu’à présent, pour juger ce type
de crime il n’y avais pas de justice collective mais une justice individuelle qui s’appliquait. À partir
des années 30, il apprend qu’il y a des massacres en Allemagne et c’est dans ce contexte il écrit ce
livre. Sa définition : La situation de l’Allemagne rend urgente la mise en place de cette notion de
génocide. La spécificité de ce crime de masse est que les victimes sont définies selon des éléments
comme les croyances, l’ethnie ou autre. C’est un groupe particulier qui va être victime de ces
massacres. Le génocide a donc un objet défini. Il va être perpétré par une autorité, c’est un crime
d’État planifié. Ce crime est voulu, il y a une intention, un projet. Cela repose aussi sur une
idéologie  : on a criminalisé, fait de l’adversaire un ennemi qu’il faut exterminer. Cette idéologie
exclut une partie de l’humanité parce qu’elle « porte danger » pour le reste de la population. Dans
la déclaration universelle des droits de l’homme apparaît la notion de génocide et aussi dans le
droit international. Pour qualifier un crime de génocide, il doit répondre à ces 5 critères : Intention,
volonté de génocide / Objet défini / Élimination / Idéologie / Crime d’État planifié
Cette notion est centrale dans le droit international. Le génocide n’est pas à confondre avec
l’épuration ethnique (comme en Yougoslavie), cela renvoie plutôt à la volonté d’éloigner une
population de son territoire, homogénéiser un territoire. Cette action peut entrainer des morts
mais ce n’est pas l’intention première.
Autre notion apparue à la même époque  : l’éthnocide, la volonté de détruire une culture. La
violence se fait moins au niveau les individus mais au niveau de leur culture, des traces qu’ils
laissent, cela passe par l’imposition d’une langue ou d’une religion par exemple.
La notion de crimes contre l’humanité apparaît également à la fin de la 2ème guerre mundiale.
Elaboré pendant la préparation du procès de Nuremberg en 1945 par le juriste britannique
Lauterpacht, c’est l’article 6 du tribunal militaire international de Nuremberg qui donne sa
définition. Elle est très large car tout les crimes des nazis étaient plus ou moins des crimes contre
l’humanité.
L’esclavage fu également défini comme crime contre l’humanité. Dans le droit français le
génocide est une des formes de crime contre l’humanité. Une de ses particularités, c’est qu’on ne
peut pas se cacher derrière une politique locale et par contre on peut être persécuté par une entité
internationale. Ces crimes sont également imprescriptibles c’est-à-dire qu’ils n’ont pas de
prescription, la personne ne peut pas être amnistié. Ces crimes ne sont pas commis forcément en
temps de guerre, ils peuvent être perpétrés hors de cette situation par exemple l’esclavage. Les
témoins sont difficiles à trouver et c’est donc ceci le travail de l’historien qui va s’appuyer sur des
témoignages ou des archives qui constituent des preuves. ça

B. Juger
Après chute URSS la politique de jugement international est revue. On revient sur les conditions
dans lesquels s’est fait le procès de Nuremberg. L’objectif de celui-ci était de juger l’atrocité des
crimes commis par les nazis accusés de crime politique, contre la paix, contre l’humanité et
espionnage. Ce procès se fait dans un tribunal militaire international. Ce procet marque une
nouvelle justice  avec des accusations directs à des individus et des institutions. Une autre
nouveauté est que les procets sont désormais filmés.
Quant au procet au Japon ils se font dans un contexte de commencement de la guerre froide.
Ainsi les américains cherchent à mettre le Japon de leur côté et donc l’empereur ne sera pas jugé.
Après la guerre froide, on remet en avant l’idée de un droit international ( dans les années 90)
avec notamment la création du TPIY, du conseil de sécurité de l’ONU pour juger un certain nombre
de personnes pour avoir atteint des crimes contre l’humanité, torture. On apraisant juger
quelqu’un par contumace (en son absence).
En 1998, signature de la Convention de Rome et donc création de la cour pénale internationale
(CPI) qui est juridiction permanente. Son siège est à La Haye au Pays-Bas. On y distingue 4
catégories d’infraction : crimes contre humanité, génocide, crimes de guerre et crimes d’agression.
Elle intervient que dans les pays qui ont signé la convention. Cette cour est critiquée car la majorité
des procets mis en oeuvre sont contre les pays qui n’ont pas les moyens de faire face à cette cour.
En 2020, la quasi totalité des jugements se font contre les pays africains ce qui met en avant un
déséquilibre évident.
Depuis le début des années 2000, une nouvelle procédure est adopté : la compétence
universelle tribunal qui permet à n’importe quel État compétant de juger des crimes commis dans
un autre territoire qui n’atteint personne de son propre territoire. Ce qui explique qu’on peut très
bien avoir des jugements de crimes commis hors du territoire français comme par exemples les
rwandais jugés sur le sol français.

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