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Faculté de sciences sociales et de gestion –UCAC - Yaoundé

Chapitre 4. LE CONTROLE DE LA « CONFORMITE » & DE LA SECURITE


FINANCIERE

Section I DEFINITION DES CONCEPTS


- §1. La Conformité.

La Conformité est devenue une exigence internationale forte ; les organismes


internationaux y prêtent une grande attention ; les régulateurs y attachent une
importance croissante (Recommandations de Bâle d’avril 2005) ; la société dans son
ensemble exige plus de transparence et plus d’éthique.

La réglementation est dense et complexe ; le non-respect des textes peut coûter cher à
l’entreprise et à ses dirigeants.

La compliance, en français conformité, tire sa source de la règlementation bancaire et


financière Bâle II, dont les travaux ont été repris en France par le Règlement 97-02 du
Comité de la Règlementation Bancaire et Financière, applicable aux établissements de
crédit et aux entreprises d’investissement ; par les Directives européennes, dont la
Directive MIF (Marchés d’Instruments Financiers).

Les travaux du Comité de Bâle et les Directives Européennes ont insisté sur l’obligation
de mettre en place dans chaque organisme financier, une fonction de conformité
indépendante et dotée de moyens suffisants.

La fonction Conformité est une fonction indépendante qui identifie, évalue, et. contrôle
le risque de non-conformité de l’établissement, défini comme le risque de sanction
judiciaire, administrative ou disciplinaire, de perte financière significative, ou d’atteinte
à la réputation, qui naît du non- respect de dispositions propres aux activités bancaires
et financières, qu’elles soient de nature législatives ou règlementaires, ou qu’il s’agisse
de normes professionnelles et déontologiques, ou d’instructions de l’organe exécutif.
La Sécurité Financière recouvre l’ensemble des actions de prévention et de gestion des
risques liés au blanchiment, au financement du terrorisme, aux mesures d’embargos, au
gel des avoirs et à la fraude externe.

Domaines d’intervention :

 Lutte Anti-Blanchiment ;
 Lutte contre le Financement du Terrorisme ;
 Opérations de Marchés.

La matrice des risques de non-conformité inspirée de Bâle s’articule autour d’une


trentaine d’événements de risques regroupés en 6 thèmes de non-conformité :
 Connaissance des clients et surveillance des flux ;
 Nouveaux produits et nouvelles activités ;
 Relations commerciales ;
 Conflits d’intérêts ;
 Règles déontologiques ;
 Règlementation.

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§2. Qu’est-ce-que le blanchiment des capitaux ?

Le blanchiment des capitaux est un processus qui consiste, à travers divers agissements
commis intentionnellement, à dissimuler ou à déguiser l’origine des fonds générés par une
activité illégale afin de les ré- insérer dans des circuits licites et d’en user au grand jour
sans compromettre leurs auteurs.

Le blanchiment d’argent est le prolongement inéluctable du crime organisé et plus


généralement des activités illégales qui procurent des profits illicites.

Le blanchiment peut aussi résulter d’activités criminelles non exhaustives allant du


trafic des stupéfiants, à celui des armes, des pierres précieuses, à la prostitution, au
crime organisé, à la corruption et au détournement des deniers publics, à la fraude
informatique, etc.

L’ampleur du phénomène est considérable au niveau mondial.

Le produit de tout crime ou délit peut donc donner lieu à blanchiment.

Le blanchiment s’opère selon un cheminement qui recouvre trois phases successives :


- Phase de placement :

Elle consiste à introduire dans le système économique et financier, l’argent sale,


provenant directement d’un crime ou d’un délit ou de toute autre activité illicite. Cette
technique conduit par exemple à fractionner d’importantes sommes d’argent en
quantités plus petites, moins suspectes et plus faciles à disposer sur un compte bancaire
ou à transformer en divers instruments monétaires (bons de caisse, chèques,
virements…).
- Phase d’empilage :

L’empilage est la deuxième étape, qui consacre la conversion ou le déplacement des


fonds placés auprès du système financier pour les éloigner de leurs sources. Cette
technique de dissimulation peut revêtir plusieurs formes telles que le recours à des
transactions financières complexes et successives, ou à tout autre procédé rendant
difficile, voire impossible la remontée à l’origine illicite des fonds. Il s’agit ici de brouiller
les pistes et la traçabilité de l’argent.
- Phase d’intégration :

C’est la dernière étape au cours de laquelle les fonds sont ré- insérés dans les circuits
économiques et légaux, de façon à les rendre utilisables sans risque de rattachement à
leur origine illégale. La technique peut consister par exemple, à travers des sociétés
écrans, à investir dans l’immobilier, le rachat ou la création d’entreprises, le placement
en bourse, en produits de luxe, etc.

Quelques techniques de blanchiment :


- Le schtroumfage.
- Les casinos,
- Les entreprises de transfert de fonds et les bureaux de change,

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- Le raffinage,
- Les cartes de crédit,
- L’achat de biens au comptant,
- L’amalgamation de fonds dans des entreprises honnêtes,
- L’auto- prêt….

§3. Le financement du terrorisme.

Le financement du terrorisme doit être distingué du blanchiment d’argent. Il peut


procéder aussi bien de fonds licites que de ceux résultant du blanchiment. Quoi qu’il en
soit, ces deux phénomènes sont depuis peu associés aussi bien du point de vue des
textes applicables que des institutions compétentes.

Section II LA RESPONSABILITE DES BANQUES DANS LA LUTTE CONTRE LE


BLANCHIMENT DES CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME

§1. Les banques au cœur de la lutte contre le blanchiment et le FT.

Lutter contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, la


corruption et la criminalité est de la responsabilité de chacun, celle des banques
comme celle des clients. Ce faisant, ils protègent la société.

Les banques sont particulièrement impliquées. Situées au cœur des changes


financiers, elles contribuent à la détection d’opérations qui pourraient constituer du
blanchiment ou du financement du terrorisme.

Lutter contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme nécessite


une mobilisation des différents acteurs, en particulier le système bancaire. Les
dirigeants et l’ensemble du personnel, l’ensemble des organismes financiers doivent
être sensibilisés et formés.

La Sécurité Financière implique des devoirs et obligations spécifiques pour la banque et


chaque collaborateur :
 Devoir d’abstention : Aucune considération commerciale ne saurait justifier l’entrée
ou la poursuite de relations avec un client dont on aurait des raisons de penser qu’il
se livre à des activités illicites.
 Obligation de coopérer à la lutte contre la criminalité.
 Responsabilité individuelle de chaque collaborateur.
En d’autres mots, la Banque est astreinte à un devoir de vigilance ; ce devoir s’articule
autour des points suivants :
 Les obligations de diligence : Diligences à réaliser pour l’entrée en relation
d’affaires et les diligences à réaliser pendant la relation d’affaires.
 Les obligations déclaratives : Devoir d’alerte, déclaration de soupçon.
 Les obligations de formation.
 Les obligations de conservation et d’archivage pendant une période minimale.

§2. Rôles du Compliance Officer ou Responsable de la Conformité :

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Le Responsable de la Conformité a un rôle d’information, de formation et de conseil, tant


vis-à-vis des collaborateurs que vis-à-vis de la direction de l’établissement.
Le champ de compétences de la conformité est donc très large :

 Organiser la veille réglementaire :


Le Compliance Officer, ou le Responsable de la Conformité, a un rôle d’identification de
la règlementation financière, du code de bonne conduite et des bonnes pratiques
professionnelles à suivre ainsi que de contrôle de leur application.

 Rôle de conseil :
Il conseille la direction pour la mise en place de produits nouveaux, et s’assure à
cette occasion que l’ensemble des mesures destinées à prévenir le risque de non-
conformité ont bien été identifiées.
De façon plus générale, il conseille le management de l’entreprise sur l’application de la
règlementation, par exemple en cas de communication de crise.

 Rôle d’information et de formation :


Le responsable de la conformité identifie les règles applicables et met en place les
procédures visant à leur respect par l’ensemble du personnel.
 identifie les conflits d’intérêts potentiels ;
 met en place des règles de gestion lorsqu’ils ne peuvent pas être évités, comme la
tenue d’un registre des conflits d’intérêts ;
 met en place des procédures connues sous le nom de « Murailles de Chine », afin de
prémunir la société contre la circulation indue d’informations confidentielles ;
 définit les règles déontologiques, identifie le personnel concerné et fixe les
restrictions en matière de transactions personnelles ;
 dresse la liste du personnel dont les conversations téléphoniques peuvent être
enregistrées et est compétent pour procéder à leur écoute.
 Il informe et forme le personnel sur tous les sujets de sa compétence. Il est par
exemple de bonne pratique que tout nouvel entrant dans la société se voit
expliquer par le responsable de la conformité les règles déontologiques en
vigueur. Cette information est renouvelée à destination de l’ensemble du
personnel à chaque évolution de la règlementation.

 Rôle de contrôle :
Le Responsable de la Conformité effectue des contrôles de second niveau, réguliers,
afin d’identifier les violations des règles que nous venons de citer. Parmi ces contrôles
nous pouvons citer :

 Le contrôle du respect des procédures par les services opérationnels ainsi que
l’exécution des contrôles de premier niveau.
 Dans une société de gestion de portefeuilles, le respect des contraintes
d’investissement.
 Dans une entreprise d’investissement, quel que soit son métier, le respect par le
personnel des règles de transaction pour son propre compte, et plus
généralement du Code de déontologie.
 Le contrôle de la prévention des abus de marché…

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Ces contrôles donnent lieu à un reporting à la Direction, mais aussi, dans certains cas
comme dans celui de l’abus de marché, à l’autorité de supervision.

 Il est responsable de la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement


du terrorisme et s’assure de l’existence de procédures dans ce domaine ainsi que de
leur respect.

 Il est le correspondant attitré des autorités de supervision, et à ce titre leur soumet


des rapports réguliers sur son activité.

Le Compliance officer est un élément essentiel de la protection de son établissement


contre le risque opérationnel ; il joue également un rôle dans la protection de
l’intégrité des marchés et est garant de la primauté des intérêts des clients.

En France, il se voit attribuer une carte professionnelle par l’AMF (Autorité des Marchés
Financiers), tandis que la nomination et le départ du Directeur de la Conformité, dans les
banques, doivent être notifiés à la Commission Bancaire. De même, en cas
d’externalisation, l’AMF autorise le recours à un prestataire après s’être entretenu avec
ce dernier et le responsable de l’entreprise, sur la nature et l’étendue de sa mission.

Il va sans dire que le Responsable de la Conformité doit disposer de moyens en rapport


avec l’étendue de ses tâches. Ces moyens autonomes et suffisants incluent des outils
informatiques ad-hoc.
Lorsque ces moyens sont partagés avec d’autres services, comme par exemple, le
juridique ou le contrôle interne, le partage doit être clairement identifié et des
mécanismes de coopération mis en place.
Il est destinataire des alertes des membres du personnel sur les éventuels
dysfonctionnements dont ils peuvent être témoins. Ce dispositif, connu sous le nom de «
droit d’alerte » a été mis en place dans la réglementation française à la suite de la
transposition de la MIF et est inspiré du « whistle blowing » de la loi Sox.

Conclusion
Les « affaires » ENRON, LEHMAN BROTHERS… sont symptomatiques d’une absence de
conformité aux règles déontologiques et aux bonnes pratiques professionnelles, comme
celle qui consiste, pour une banque, à ne pas pousser ses clients emprunteurs au
surendettement, ou à proposer des produits financiers complexes inadaptés aux besoins
des investisseurs.

§3. Les organes internationaux de régulation :


 Le GAFI (Groupe d’Action Financière).
Le GAFI a conçu en 1989, 40 recommandations qui sont considérées comme des normes
internationales de référence ayant vocation à une application universelle sur le
blanchiment des capitaux. En octobre 2001, il a complété son dispositif en ajoutant huit
nouvelles recommandations relatives à la lutte contre le financement du terrorisme. Il
s’agit d’organiser une mobilisation sans précédent de la Communauté internationale,
tendant à la mise en place d’une stratégie collective et cohérente de lutte fondée

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notamment sur l’adoption de modalités juridiques et institutionnelles de lutte modernes


et adaptées, ainsi que sur la coopération internationale.
 Les conventions onusiennes : La Convention de Palerme.
Au plan international, la CP adoptée à New York en 2000, constitue le premier
instrument de droit pénal destiné à lutter contre le blanchiment des capitaux, la
corruption, et la criminalité organisée. Elle définit pour la première fois les contextes
essentiels d’infraction grave et de transnationalité de l’infraction.
Elle établit un cadre universel pour la mise en oeuvre d’une coopération policière et
judiciaire internationale, permettant d’améliorer la prévention et la répression des
phénomènes de criminalité organisée.
Bon nombre d’Etats membres de la CEMAC ont signé cette convention.

§4. La maxime KYC (Know your customer) dans la banque.

§5. La coopération des banques avec les organes de contrôle locaux, régionaux.
 Les ANIF (Agences Nationales d’Investigation Financière).
 Le GABAC (Groupe d’Action contre le Blanchiment des capitaux en
Afrique Centrale).
 Le COSUMAF (Commission
 ASTROLAB : instrument de surveillance informatisée de la COBAC.

Section III LES AUTRES OBLIGATIONS DU COMPLIANCE OFFICER


 Le devoir d’alerte.
 La déclaration de soupçon.
 Le suivi de la conformité des transactions dans la banque.
 La suitability.
 Les due diligences.
 L’institution de Comités NAP (Nouvelles activités /Nouveaux produits).
 Mettre en place des « murailles de Chine ».

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