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Chapitre II- Les infractions d’affaires spécifiques

Section I- Le blanchiment de capitaux

Le blanchiment de capitaux est un phénomène criminel ancien qui consiste à injecter dans
l’économie légale des fonds obtenus illicitement. Il s’agit d’un phénomène criminel complexe
dans la mesure où le blanchiment est une criminalité organisée. Il utilise des moyens
financiers et techniques, humains, assez importants.

Il emprunte également des circuits ambigus. C’est ce degré d’organisation qui en fait une
criminalité organisée. L’autre aspect est relatif à la recherche du profit que vise le
blanchisseur de capitaux.

Le blanchiment de capitaux est en outre un phénomène criminel dangereux qui déstabilise les
valeurs politiques économiques et sociales d’un état. Le pouvoir financier de ces délinquants

est de nature à zapper l’organisation républicaine et à pousser par la corruption le jeu


démocratique. Ce même pouvoir financier leur permet (aux blanchisseurs) de fausser la
concurrence, de ternir la réputation des organismes financiers troublant ainsi l’économie d’un
pays. La lutte contre le blanchissement de capitaux a une origine internationale à travers les
résolutions et les conventions des nations unies (convention de vienne de 1988 et Palerme de
2000). Au niveau sous régional, il y a dans l’UEMOA une réponse normative à travers la
directive du 09 Sept. 2002 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux. Elle sera à
l’origine de la loi uniforme nationale contre le blanchiment de capitaux. A côté de ces normes
contraignantes existent d’autres non contraignants. Il s’agit des recommandations du GAFI
(Groupe d’Action Financiers International) de la déclaration de principe des règles et
pratiques de contrôle des opérations bancaires du comité de bale en Israël. Quant aux
dispositifs institutionnels, il existe au sein de la CEDEAO à travers la création du Groupe
Intergouvernemental d’Actions contre le Blanchiment d’Argent et de financement du
Terrorisme (GIABA).

Parag. I- La prévention du Blanchiment de capitaux

La prévention consiste à faire peser sur des professions assujetties des obligations préventives
qui constituent son champ matériel. A- Le champ matériel de la prévention Le dispositif

Christian Ousmane CISS, Docteur en droit privé, Enseignant à la faculté des sciences juridiques et
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préventif matériel comporte deux obligations principales. Il s’agit de l’obligation de vigilance
et de celle de déclaration de soupçon.

1)- L’obligation de vigilance

L’obligation de vigilance est la traduction d’un devoir classique de prudence imposée à


certaines professions notamment financières. Elle prend la forme d’une obligation
d’identification appelée également vigilance générale, d’une obligation d’examen particulier
appelée obligation de surveillance et d’une obligation de conservation. L’application de ces
obligations dépend de l’approche adoptée. Il y a une approche classique qui demande au
professionnel assujetti d’appliquer systématiquement les trois obligations quel que soit le
niveau du risque. A cette approche classique à succéder une autre qualifiée de moderne parce
qu’elle fait dépendre la vigilance du niveau du risque.

a)-L’approche préventive classique de type systématique

Dans cette approche, le professionnel assujetti applique systématiquement toutes les


obligations préventives de vigilance à toutes les opérations de leurs clients. - L’obligation
d’identification Elle consiste pour l’assujetti à exiger du client la production d’un document
probant permettant de déterminer son identité. C’est une obligation qui incombe
personnellement à l’assujetti. L’identification porte sur la personne du client ; Il est distingué
entre les clients habituels et clients occasionnels. Une distinction fondée sur le critère de la
dualité de la relation d’affaires. Le client habituel est dans une relation durable et constante
alors que le client occasionnel effectue une opération ponctuelle. Pour le client habituel,
l’identification est une obligation sans condition liée notamment au montant de l’opération.
Pour les clients occasionnels, l’identification n’est exigée que si l’opération porte sur une
somme d’argent en espèce ou contre-valeur (chèque titre) d’un montant égal ou supérieur à
5.000.000. L’identification est faite par la production d’un document permettant de
déterminer l’identité de la personne mais également son adresse domiciliaire et
professionnelle. La nature de ce document diffère selon que le client est une personne
physique ou morale. S’il est une personne physique, l’identification exige la production d’une
pièce d’identité nationale comportant une photo du client. Pour les personnes morales,
l’identification se fait à travers un extrait du Registre du Commerce et du Crédit Mobilier
(RCCM). Mais toutes les professions assujetties ne sont pas des commerçants. Par
conséquent, leur identification se fera à travers la production d’autres documents. Pour les
organismes à but non lucratif, l’identification se fait par la production d’un récépissé. Il arrive

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exceptionnellement que la tâche d’identification soit confiée à une tierce personne. C’est la
tierce introduction ou la tierce intervention. Elle consiste a confié à un tiers sans engager sa
responsabilité, l’identification d’un client.

- L’obligation d’examen particulier

Appelée également vigilance particulière ou obligation de surveillance, l’obligation d’examen


particulier consiste à détecter les situations douteuses dans les opérations effectuées par les
clients. A l’origine du doute, il y a une anomalie qui peut être matérielle ou intellectuelle. Elle
est matérielle lorsqu’il existe des signes matériels ou physiques permettant de douter de
l’opération (des ratures, différence signature avec le spécimen). Elle est intellectuelle,
lorsqu’elle découle d’indice se déduisant de comportement inhabituel du client dans la tenue
de sa relation d’affaires ou d’absence de concordance entre son opération et sa situation
économique et financière. Lorsque l’opération s’effectue dans ces conditions normales une
vigilance particulière est demandée, lorsque le montant unitaire ou total est égal ou supérieur
à 50.000.000 FCFA. Cependant lorsque l’opération est effectuée dans des conditions
inhabituelles de complicité ou sans justification économique ou d’objet licite l’examen
particulier est requis lorsque le montant est supérieur ou égal à 10.000.000 FCFA.

- L’obligation de Conservation

L’assujetti doit conserver les documents d’identification du client pendant dix (10) ans. La
conservation concerne également l’examen particulier à travers l’obligation de consignation.
Cette dernière existe lorsque l’examen particulier n’a pas permis de découvrir un soupçon à
déclarer. Le point de départ pour le calcul du délai est fixé au moment de la rupture de la
relation d’affaires. Les documents conservés numériquement ou sur support papier sont des
données à caractère personnel dont la collecte et l’exploitation nécessitent une autorisation de
la commission de protection des données à caractère personnel.

b)- La nouvelle approche fondée sur le risque

Dans cette approche moderne le degré de la vigilance est modulé en fonction de l’importance
du risque. Au risque faible va correspondre une vigilance allégée. Les domaines à faibles
risque sont d’abord personnels. Il s’agit des institutions financières qui ont leur siège dans
l’UMOA ou dans un pays de l’UEMOA ou même dans un pays tiers qui applique des
obligations préventives équivalentes. Il en est ainsi également des sociétés cotées en bourse,
des autorités publiques et des organismes publics. Il s’agit également des opérations qui

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portent sur des monnaies électroniques, des contrats d’assurances etc.… Comment alléger la
vigilance ? Au niveau de l’identification l’allégement consiste à la retarder. Jadis, placée
avant la formation de la relation d’affaires, l’identification sera maintenant effectuée qu’au
moment de sa formation parfois même postérieurement après le premier acte d’exécution. En
tout état de cause, l’allégement disparait lorsqu’apparait un soupçon de blanchiment d’argent.
Au risque élevé va correspondre une vigilance renforcée. Le risque de blanchiment est élevé
dans les opérations à distance parce que la partie cliente n’est pas sur place à fin de permettre
l’identification. Il est également élevé pour les personnes politiquement exposées et les
opérations anonymes. Le renforcement de la vigilance consiste à aggraver l’intensité des
obligations d’identification et d’examen particulier. L’identification a lieu avant toute
opération d’affaires. L’examen particulier est anticipé pour se placer au même moment que
l’identification.

2)- L’obligation de déclaration de soupçon

Le professionnel assujetti n’a qu’une vision limitée de l’infraction. Mais il peut avoir des
soupçons d’illicéité de blanchiment de capitaux. Il doit dans ce cas les déclarer à la Cellule
National de Traitement des Infractions Financières (CENTIF). Aux termes de l’article 26 de
la loi uniforme relative au blanchiment de capitaux, l’obligation déclaration de soupçon porte
sur les sommes d’argent détenues par les assujettis qui pourraient provenir du blanchiment de
capitaux, sur les opérations relatives aux biens qui pourraient s’inscrire dans ce processus. La
déclaration de soupçon concerne également les sommes d’argent qui pourraient servir à
financer le terrorisme. Le soupçon est un doute conforté et insusceptible de clarification
malgré un examen particulier. La déclaration de soupçon a lieu avant l’exécution de
l’opération. Il arrive exceptionnellement que la déclaration se passe après l’exécution de
l’opération. Il en est ainsi lorsque le soupçon apparait après l’exécution ou lorsqu’il a été
impossible de surseoir à l’opération. La déclaration doit être faite par tout moyen laissant
trace écrite. Exceptionnellement elle peut être faite oralement, par téléphone en cas d’urgence.
Dans ce cas, une confirmation écrite sur papier ou électronique devra être faite dans un délai
de 48 heures. La CENTIF dispose d’un droit d’opposition. Le déclarant de soupçon doit
patienter pendant 48 heures qui correspondent au délai laissé au service financier pour
procéder à l’opposition.

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B- Le champ personnel de l’assujettissement

Il sera question de déterminer les différentes professions soumises au dispositif préventif


matériel de lutte contre le blanchiment de capitaux. Il est distingué entre assujetti du secteur
financier et assujetti du secteur non financier.

1)- L’assujettissement du secteur financier

Les organismes financiers ont été les premiers à être assujettis à la prévention contre le
blanchiment de capitaux. Cette préséance est justifiée par leur vulnérabilité et leur place
essentielle dans l’économie d’un pays. Il faut donc les protéger de la mauvaise réputation et
de l’instabilité. Le secteur financier est composé des banques et des structures non bancaires.
Les structures non bancaires recouvrent notamment le secteur des assurances, des changes
manuelles, des transferts d’argent etc.….

2)-L’assujettissement du secteur non financier

Les assujettis qui composent ce secteur sont nombreux. Il s’agit des organismes caritatifs à
travers l’assujettissement des ONG et des organismes à but non lucratif. Il y a également le
secteur de l’immobilier, les agences de voyages les établissements de jeux (casino, loterie).
Mais l’accent sera mis sur l’assujettissement des professions des chiffres et du droit.

a)- L’assujettissement des professions des chiffres : le commissaire au compte

Les professions de chiffres sont composées principalement des experts comptables. Mais la
loi uniforme ne vise que les commissaires aux comptes. Ces derniers, qui sont d’abord des
experts comptables ont pour mission de certifier la régularité et la sincérité des états financiers
et des documents comptables dans les sociétés. Le commissaire est tenu d’une obligation
classique de déclarer au Procureur de la République de tout fait susceptible de constituer une
infraction. Il est tenu également dans le cadre spécifique de la lutte contre le blanchiment et de
financement de terrorisme de déclarer les soupçons à la CENTIF. La loi uniforme dispose
qu’une autre déclaration ne saurait empêcher une déclaration de soupçon. - L’assujettissement
des professions juridiques indépendantes Il s’agit de l’assujettissement des avocats, des
notaires, des huissiers de justice, des commissaires-priseurs, des mandataires judiciaires
etc.… Si les autres ont docilement accepté l’assujettissement, par contre les avocats l’ont
fortement contesté. Le fait est que les avocats sont régulièrement consultés par les
blanchisseurs qui les considère comme des ouvreurs de porte capables par des techniques

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juridiques de masquer l’origine illicite des fonds. Les avocats voient dans leur
assujettissement une violation de leurs droits fondamentaux notamment du secret
professionnel, de l’indépendance et du droit de garder le silence qui est un droit de ne pas
s’auto incriminer. Ils ont à cet effet saisi le juge qui a maintenu leur assujettissement mais
partiellement. Par conséquent, les avocats sont soumis à déclaration indirecte de soupçon de
blanchiment de capitaux. Ils ne saisissent pas directement la CENTIF car la déclaration est
faite d’abord au niveau du bâtonnat. C’est au bâtonnier de juger de l’opportunité de saisir la
CENTIF. En outre, un pont entier de leurs activités reste en dehors de l’assujettissement : la
consultation juridique et la défense y sont également exclues.

Parag. II- La Répression du blanchiment de capitaux

Il convient de distinguer la répression de la violation du dispositif préventif de celle de


l’infraction pénale proprement dite.

A- La Répression de la violation du dispositif préventif

Le principe est que les sanctions résultant d’une mauvaise application par les professionnels
des règles préventives sont disciplinaires. Les sanctions civiles et pénales étant exclues.

1)- Le principe de la répression disciplinaire du dispositif préventif

Lorsque par suite soit d’un grave défaut de vigilance soit d’une carence dans l’organisation de
ces procédures internes de contrôle un assujetti méconnait les obligations préventives
l’autorité ayant pouvoir disciplinaire peut agir d’office dans les conditions prévues par des
textes20. Le fondement de cette disposition est dans la nature déontologique des obligations
préventives. Or une règle déontologique ne peut connaitre qu’une sanction interne à la
profession. C’est la sanction disciplinaire. Les éléments du manquement disciplinaire sont
composés d’un aspect préalable et d’une véritable violation de l’une des obligations
préventives. L’élément préalable est constitué d’une alternative. Il s’agit soit d’un grave
défaut de vigilance soit d’une carence dans l’organisation interne qui vulnérabilise la
profession l’exposant ainsi à tous les actes de blanchiment de capitaux. En outre, le
professionnel doit violer une des obligations préventives spécifiques au dispositif anti
blanchiment. Les sanctions disciplinaires sont prononcées par une autorité disciplinaire
interne. Dans les professions organisées, il s’agit notamment pour les professions financières
de la commission bancaire. Dans les professions organisées en ordre, il s’agit de l’autorité

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ordinale par exemple bâtonnier chez les avocats. Mais certaines professions ne sont pas
structurées il s’agit notamment du secteur immobilier, caritatif et de jeux.

2)- Le Rejet des sanctions civiles et pénales

Le rejet se manifeste par une exemption de toute responsabilité civile et pénale du


professionnel assujetti qui n’a pas procédé à la déclaration de soupçon. En l’absence de
déclaration de soupçon, le risque est l’exécution de l’opération alors que finalement elle va
s’avérer constituer l’infraction.

Pour l’obligation de vigilance, la cour de cassation française a décidé que l’obligation de


vigilance imposée aux professions n’a pour seule finalité que la détection du blanchiment de
capitaux. Par conséquent, une victime d’agissement frauduleuse ne saurait s’en prévaloir pour
réclamer des dommages et indemnités au professionnel qui par le non-respect du dispositif
préventif lui a causé un préjudice.

Pour la déclaration de soupçon, c’est la loi elle-même qui exempte les professionnels
assujettis des conséquences pénales et civiles susceptibles de résulter de l’accomplissement de
la déclaration de soupçon. Ainsi, lorsqu’elle est faite de bonne foi, elle exonère l’assujetti de
toute responsabilité civile article 23 alinéa 1, 2 de la loi uniforme contre le blanchiment de
capitaux et le financement de terrorisme.

Sur le plan pénal, l’inexécution même fautive de la déclaration de soupçon n’est pas
constitutive d’une infraction pénale sauf en cas de concertation frauduleuse. Quelques
infractions pénales spéciales sont tout de même prévues notamment en cas de divulgation
d’une déclaration de soupçon effectuée contre un client. Il est donc interdit à l’assujetti
déclarant un soupçon d’informer le client qu’une déclaration a été faite en son encontre. Dans
ce cas la sanction est un emprisonnement de 06 mois à 2 ans et / ou une amende de 100.000
FCFA à 1.500.000 FCFA.

B- La répression de l’infraction de Blanchiment de capitaux

Avant de s’appesantir sur les différentes sanctions. Il convient au préalable de déterminer


l’étendue de l’incrimination.

1)- L’incrimination du blanchiment de capitaux

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L’élément préalable : l’infraction d’origine. A l’instar du recel le blanchiment de capitaux
est une infraction d’origine de nature criminelle ou délictuelle ayant procuré des produits des
biens ou des fonds illicites. Comme pour le recel toujours les modalités touchant à la
répression de l’infraction d’origine sont indifférentes à celles de l’infraction principale du
blanchiment de capitaux. Cependant depuis 2004 le juge a consacré la notion l’auto-
blanchiment. Il a décidé que le blanchiment existe à l’égard de l’auteur de blanchiment du
produit d’une infraction qu’il a lui-même commise.

- L’élément matériel

Il est constitué des techniques de blanchiment de capitaux. Il s’agit du placement qui consiste
à injecter dans le secteur formel des fonds acquis illicitement. Il y a ensuite la dissimulation
qui consiste à différentes opérations à brouiller les pistes afin de cacher l’origine illicite des
fonds. La dernière étape est constituée par la conversion ou intégration. Dans cette étape,
l’argent est injecté dans le secteur formel parce qu’il est apparu maintenant licite. Il revient au
blanchisseur lavé de toute illégalité.

–L’élément intentionnel. Le blanchiment de capitaux est une infraction intentionnelle. Il


consiste intentionnellement à accomplir les faits interdits de blanchiment, à avoir la
conscience de rechercher le résultat de l’infraction ou la connaissance de l’origine illicite des
fonds et malgré tout à accomplir l’opération interdite.

2)- Les sanctions applicables

Il convient de distinguer les peines principales des peines complémentaires.

a)- Les peines principales

Elles diffèrent selon que le blanchiment est simple ou aggravé.

Le blanchiment simple. A ce niveau, les peines applicables aux personnes physiques


constituent une règle classique. La nouveauté est de vouloir sanctionner pénalement les
personnes morales.

Pour les personnes physiques la peine est un emprisonnement de 3 à 7ans et d’une amende
égale au triple de la valeur des biens ou fonds objet du blanchiment. Pour les personnes
morales, la fictivité empiété tout emprisonnement. Outre l’état, les personnes morales pour le
compte duquel un blanchiment de capitaux est commis par l’un de ses organes ou

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représentants sont passibles d’une amende d’un taux égal au quintuple des sanctions
encourues par les personnes physiques cela ne préjudicie pas les sanctions applicables aux
personnes physiques qui ont agi.

Le blanchiment aggravé. Les circonstances aggravantes sont l’habitude, l’utilisation des


facilités professionnelles, des bandes organisées et la récidive. Dans ce cas, les peines sont
doublées.

b)- Les peines complémentaires

Il y a des peines complémentaires facultatives et les peines complémentaires obligatoires.

Les peines complémentaires facultatives. Pour les personnes physiques, il s’agit


principalement de peines d’interdiction. Il y a d’abord l’interdiction du territoire définitive
pour une durée d’un an à 5ans des étrangers. L’interdiction porte en outre sur le séjour dans
une circonscription administrative pour une durée de 1 à 5 ans. Elle est aussi une interdiction
de quitter le territoire national avec le retrait de passeport pour une durée de 6 mois à 3ans.
L’interdiction peut également être faite de conduire des engins terrestres maritimes ou aériens
pour une durée de 6 mois à 6ans etc.… Pour les personnes morales, les peines
complémentaires facultatives sont l’exclusion définitive ou de 5ans au plus des marchés
publics. Il y a le placement sous surveillance judiciaire. L’interdiction d’activité
professionnelle dans les domaines où l’infraction a été commise, de la dissolution de la
personne morale créée que pour commettre le blanchiment de capitaux.

Les peines complémentaires obligatoires : la confiscation. Aux termes de l’art. 45 de la loi


uniforme relative contre le blanchiment une peine complémentaire de confiscation au profit
du trésor public doit toujours être prononcée. Elle porte sur les produits de l’infraction, sur les
biens meubles ou immeubles dans lesquels les fonds ont été investis ou acquis par ces fonds
sauf ignorance de leurs origines frauduleuses.

3)- L’exemption de la sanction pénale

La lutte contre le blanchiment de capitaux utilise un système classique de coopération que


constitue le mécanisme des repentis. Selon l’importance de leur collaboration leur exemption
sera totale ou partielle.

- L’exemption totale. Les bénéficiaires sont les personnes concernées de participation à une
association ou une entente de blanchiment de capitaux. Sont ainsi exemptées de la

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responsabilité pénale les personnes qui ont révélé l’existence d’une entente, association, aide
conseil à l’autorité judiciaire et qui ont permis d’identifier les personnes en cause et d’éviter la
réalisation de l’opération. Elles bénéficient d’une exemption totale de toute responsabilité
pénale.

- L’exemption partielle. Les auteurs ou complices de blanchiment de capitaux qui avant


toute poursuite permet ou facilite l’identification des autres coupables ou qui après
l’engagement permettent ou facilitent l’arrestation de celles-ci verront leur sanction réduite en
moitié. En outre, elles se verront pas appliquer l’amende ni une peine complémentaire.

Section II- Le délit d’initié

Titre II : Les infractions d’affaires existant dans la société commerciale

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