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Le blanchiment de capitaux est un phénomène criminel ancien qui consiste à injecter dans
l’économie légale des fonds obtenus illicitement. Il s’agit d’un phénomène criminel complexe
dans la mesure où le blanchiment est une criminalité organisée. Il utilise des moyens
financiers et techniques, humains, assez importants.
Il emprunte également des circuits ambigus. C’est ce degré d’organisation qui en fait une
criminalité organisée. L’autre aspect est relatif à la recherche du profit que vise le
blanchisseur de capitaux.
Le blanchiment de capitaux est en outre un phénomène criminel dangereux qui déstabilise les
valeurs politiques économiques et sociales d’un état. Le pouvoir financier de ces délinquants
La prévention consiste à faire peser sur des professions assujetties des obligations préventives
qui constituent son champ matériel. A- Le champ matériel de la prévention Le dispositif
Christian Ousmane CISS, Docteur en droit privé, Enseignant à la faculté des sciences juridiques et
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préventif matériel comporte deux obligations principales. Il s’agit de l’obligation de vigilance
et de celle de déclaration de soupçon.
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exceptionnellement que la tâche d’identification soit confiée à une tierce personne. C’est la
tierce introduction ou la tierce intervention. Elle consiste a confié à un tiers sans engager sa
responsabilité, l’identification d’un client.
- L’obligation de Conservation
L’assujetti doit conserver les documents d’identification du client pendant dix (10) ans. La
conservation concerne également l’examen particulier à travers l’obligation de consignation.
Cette dernière existe lorsque l’examen particulier n’a pas permis de découvrir un soupçon à
déclarer. Le point de départ pour le calcul du délai est fixé au moment de la rupture de la
relation d’affaires. Les documents conservés numériquement ou sur support papier sont des
données à caractère personnel dont la collecte et l’exploitation nécessitent une autorisation de
la commission de protection des données à caractère personnel.
Dans cette approche moderne le degré de la vigilance est modulé en fonction de l’importance
du risque. Au risque faible va correspondre une vigilance allégée. Les domaines à faibles
risque sont d’abord personnels. Il s’agit des institutions financières qui ont leur siège dans
l’UMOA ou dans un pays de l’UEMOA ou même dans un pays tiers qui applique des
obligations préventives équivalentes. Il en est ainsi également des sociétés cotées en bourse,
des autorités publiques et des organismes publics. Il s’agit également des opérations qui
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portent sur des monnaies électroniques, des contrats d’assurances etc.… Comment alléger la
vigilance ? Au niveau de l’identification l’allégement consiste à la retarder. Jadis, placée
avant la formation de la relation d’affaires, l’identification sera maintenant effectuée qu’au
moment de sa formation parfois même postérieurement après le premier acte d’exécution. En
tout état de cause, l’allégement disparait lorsqu’apparait un soupçon de blanchiment d’argent.
Au risque élevé va correspondre une vigilance renforcée. Le risque de blanchiment est élevé
dans les opérations à distance parce que la partie cliente n’est pas sur place à fin de permettre
l’identification. Il est également élevé pour les personnes politiquement exposées et les
opérations anonymes. Le renforcement de la vigilance consiste à aggraver l’intensité des
obligations d’identification et d’examen particulier. L’identification a lieu avant toute
opération d’affaires. L’examen particulier est anticipé pour se placer au même moment que
l’identification.
Le professionnel assujetti n’a qu’une vision limitée de l’infraction. Mais il peut avoir des
soupçons d’illicéité de blanchiment de capitaux. Il doit dans ce cas les déclarer à la Cellule
National de Traitement des Infractions Financières (CENTIF). Aux termes de l’article 26 de
la loi uniforme relative au blanchiment de capitaux, l’obligation déclaration de soupçon porte
sur les sommes d’argent détenues par les assujettis qui pourraient provenir du blanchiment de
capitaux, sur les opérations relatives aux biens qui pourraient s’inscrire dans ce processus. La
déclaration de soupçon concerne également les sommes d’argent qui pourraient servir à
financer le terrorisme. Le soupçon est un doute conforté et insusceptible de clarification
malgré un examen particulier. La déclaration de soupçon a lieu avant l’exécution de
l’opération. Il arrive exceptionnellement que la déclaration se passe après l’exécution de
l’opération. Il en est ainsi lorsque le soupçon apparait après l’exécution ou lorsqu’il a été
impossible de surseoir à l’opération. La déclaration doit être faite par tout moyen laissant
trace écrite. Exceptionnellement elle peut être faite oralement, par téléphone en cas d’urgence.
Dans ce cas, une confirmation écrite sur papier ou électronique devra être faite dans un délai
de 48 heures. La CENTIF dispose d’un droit d’opposition. Le déclarant de soupçon doit
patienter pendant 48 heures qui correspondent au délai laissé au service financier pour
procéder à l’opposition.
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B- Le champ personnel de l’assujettissement
Les organismes financiers ont été les premiers à être assujettis à la prévention contre le
blanchiment de capitaux. Cette préséance est justifiée par leur vulnérabilité et leur place
essentielle dans l’économie d’un pays. Il faut donc les protéger de la mauvaise réputation et
de l’instabilité. Le secteur financier est composé des banques et des structures non bancaires.
Les structures non bancaires recouvrent notamment le secteur des assurances, des changes
manuelles, des transferts d’argent etc.….
Les assujettis qui composent ce secteur sont nombreux. Il s’agit des organismes caritatifs à
travers l’assujettissement des ONG et des organismes à but non lucratif. Il y a également le
secteur de l’immobilier, les agences de voyages les établissements de jeux (casino, loterie).
Mais l’accent sera mis sur l’assujettissement des professions des chiffres et du droit.
Les professions de chiffres sont composées principalement des experts comptables. Mais la
loi uniforme ne vise que les commissaires aux comptes. Ces derniers, qui sont d’abord des
experts comptables ont pour mission de certifier la régularité et la sincérité des états financiers
et des documents comptables dans les sociétés. Le commissaire est tenu d’une obligation
classique de déclarer au Procureur de la République de tout fait susceptible de constituer une
infraction. Il est tenu également dans le cadre spécifique de la lutte contre le blanchiment et de
financement de terrorisme de déclarer les soupçons à la CENTIF. La loi uniforme dispose
qu’une autre déclaration ne saurait empêcher une déclaration de soupçon. - L’assujettissement
des professions juridiques indépendantes Il s’agit de l’assujettissement des avocats, des
notaires, des huissiers de justice, des commissaires-priseurs, des mandataires judiciaires
etc.… Si les autres ont docilement accepté l’assujettissement, par contre les avocats l’ont
fortement contesté. Le fait est que les avocats sont régulièrement consultés par les
blanchisseurs qui les considère comme des ouvreurs de porte capables par des techniques
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juridiques de masquer l’origine illicite des fonds. Les avocats voient dans leur
assujettissement une violation de leurs droits fondamentaux notamment du secret
professionnel, de l’indépendance et du droit de garder le silence qui est un droit de ne pas
s’auto incriminer. Ils ont à cet effet saisi le juge qui a maintenu leur assujettissement mais
partiellement. Par conséquent, les avocats sont soumis à déclaration indirecte de soupçon de
blanchiment de capitaux. Ils ne saisissent pas directement la CENTIF car la déclaration est
faite d’abord au niveau du bâtonnat. C’est au bâtonnier de juger de l’opportunité de saisir la
CENTIF. En outre, un pont entier de leurs activités reste en dehors de l’assujettissement : la
consultation juridique et la défense y sont également exclues.
Le principe est que les sanctions résultant d’une mauvaise application par les professionnels
des règles préventives sont disciplinaires. Les sanctions civiles et pénales étant exclues.
Lorsque par suite soit d’un grave défaut de vigilance soit d’une carence dans l’organisation de
ces procédures internes de contrôle un assujetti méconnait les obligations préventives
l’autorité ayant pouvoir disciplinaire peut agir d’office dans les conditions prévues par des
textes20. Le fondement de cette disposition est dans la nature déontologique des obligations
préventives. Or une règle déontologique ne peut connaitre qu’une sanction interne à la
profession. C’est la sanction disciplinaire. Les éléments du manquement disciplinaire sont
composés d’un aspect préalable et d’une véritable violation de l’une des obligations
préventives. L’élément préalable est constitué d’une alternative. Il s’agit soit d’un grave
défaut de vigilance soit d’une carence dans l’organisation interne qui vulnérabilise la
profession l’exposant ainsi à tous les actes de blanchiment de capitaux. En outre, le
professionnel doit violer une des obligations préventives spécifiques au dispositif anti
blanchiment. Les sanctions disciplinaires sont prononcées par une autorité disciplinaire
interne. Dans les professions organisées, il s’agit notamment pour les professions financières
de la commission bancaire. Dans les professions organisées en ordre, il s’agit de l’autorité
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ordinale par exemple bâtonnier chez les avocats. Mais certaines professions ne sont pas
structurées il s’agit notamment du secteur immobilier, caritatif et de jeux.
Pour la déclaration de soupçon, c’est la loi elle-même qui exempte les professionnels
assujettis des conséquences pénales et civiles susceptibles de résulter de l’accomplissement de
la déclaration de soupçon. Ainsi, lorsqu’elle est faite de bonne foi, elle exonère l’assujetti de
toute responsabilité civile article 23 alinéa 1, 2 de la loi uniforme contre le blanchiment de
capitaux et le financement de terrorisme.
Sur le plan pénal, l’inexécution même fautive de la déclaration de soupçon n’est pas
constitutive d’une infraction pénale sauf en cas de concertation frauduleuse. Quelques
infractions pénales spéciales sont tout de même prévues notamment en cas de divulgation
d’une déclaration de soupçon effectuée contre un client. Il est donc interdit à l’assujetti
déclarant un soupçon d’informer le client qu’une déclaration a été faite en son encontre. Dans
ce cas la sanction est un emprisonnement de 06 mois à 2 ans et / ou une amende de 100.000
FCFA à 1.500.000 FCFA.
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L’élément préalable : l’infraction d’origine. A l’instar du recel le blanchiment de capitaux
est une infraction d’origine de nature criminelle ou délictuelle ayant procuré des produits des
biens ou des fonds illicites. Comme pour le recel toujours les modalités touchant à la
répression de l’infraction d’origine sont indifférentes à celles de l’infraction principale du
blanchiment de capitaux. Cependant depuis 2004 le juge a consacré la notion l’auto-
blanchiment. Il a décidé que le blanchiment existe à l’égard de l’auteur de blanchiment du
produit d’une infraction qu’il a lui-même commise.
- L’élément matériel
Il est constitué des techniques de blanchiment de capitaux. Il s’agit du placement qui consiste
à injecter dans le secteur formel des fonds acquis illicitement. Il y a ensuite la dissimulation
qui consiste à différentes opérations à brouiller les pistes afin de cacher l’origine illicite des
fonds. La dernière étape est constituée par la conversion ou intégration. Dans cette étape,
l’argent est injecté dans le secteur formel parce qu’il est apparu maintenant licite. Il revient au
blanchisseur lavé de toute illégalité.
Pour les personnes physiques la peine est un emprisonnement de 3 à 7ans et d’une amende
égale au triple de la valeur des biens ou fonds objet du blanchiment. Pour les personnes
morales, la fictivité empiété tout emprisonnement. Outre l’état, les personnes morales pour le
compte duquel un blanchiment de capitaux est commis par l’un de ses organes ou
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représentants sont passibles d’une amende d’un taux égal au quintuple des sanctions
encourues par les personnes physiques cela ne préjudicie pas les sanctions applicables aux
personnes physiques qui ont agi.
- L’exemption totale. Les bénéficiaires sont les personnes concernées de participation à une
association ou une entente de blanchiment de capitaux. Sont ainsi exemptées de la
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responsabilité pénale les personnes qui ont révélé l’existence d’une entente, association, aide
conseil à l’autorité judiciaire et qui ont permis d’identifier les personnes en cause et d’éviter la
réalisation de l’opération. Elles bénéficient d’une exemption totale de toute responsabilité
pénale.
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