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COURS de « 

OPERATIONS BANCAIRES »
CHAPITRE 2 : Le cadre réglementaire et déontologique des opérations
bancaires

Avant de rentrer dans la présentation des différentes opérations bancaires, il est


nécessaire de rappeler leur cadre réglementaire (loi et règlements) auquel sont
soumis les établissements bancaires et financiers s’agissant d’une activité qui a
une résonnance sur l’économie réelle.

Ce cadre réglementaire qu’ils doivent respecter vise à assurer le bon


fonctionnement, la maîtrise accrue des risques inhérents à l’activité.

Le risque, peut être défini comme une circonstance ou un évènement qui peut


produire des conséquences défavorables sur la situation de l’établissement et, en
particulier, qui menace la réalisation des objectifs établis par les organes
Délibérant et Exécutif (règlement COBAC sur le contrôle interne).

Quatre composantes constituent l’environnement réglementaire et déontologique


de réalisation des opérations bancaires :

 Les éléments institutionnels et légaux qui encadrent leur activité ;


 Les dispositifs de contrôle interne, de la conformité et la lutte contre le
blanchiment et le financement du terrorisme ;
 La déontologie ;
 Les obligations et la responsabilité du banquier dans l’exercice de son
activité professionnelle.

SECTION 1 : LE CADRE INSTITUTIONNEL ET LEGAL DE


L’ACTIVITE BANCAIRE
 
(1) Les autorités de tutelle et les mesures de surveillance
Présenter le cadre institutionnel et légal d’un système bancaire, c’est définir,
caractériser les principaux éléments institutionnels et légaux de l’environnement
qui encadre son activité. Devant veiller au bon fonctionnement des
établissements de crédit, les autorités de tutelle disposent d’un pouvoir
réglementaire, de contrôle qui a une influence significative sur les activités, la
gestion et le contrôle interne des établissements de crédit.

Les Autorités de tutelle

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Elément d’un système bancaire, les autorités de tutelle sont constituées des
organes suivants au Cameroun : le Ministère des Finances et d’autre part la
Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) et la Commission Bancaire de
l’Afrique Centrale (COBAC), créée le 16 octobre 1990.

Ces institutions exercent concomitamment l’autorité monétaire.

Dans les faits, l’autorité du MINFI demeure essentiellement administrative et


consiste très souvent à donner un avis favorable sur les demandes d’agrément
pour les établissements de crédit ou de microfinance. Il lui incombe aussi de
d’adopter les textes qui fixent les tarifs (les conditions de banque) applicables
aux produits et services bancaires.

L’essentiel de l’autorité monétaire est exercé par la BEAC et la COBAC :

 La BEAC est en charge de l’émission monétaire et du contrôle de la


masse monétaire ; elle gère également les réserves de change ; elle met en
application, en coopération avec la COBAC, les règlements, instructions
ou décisions de l’UMAC.
 La COBAC donne un avis déterminant en ce qui concerne la
délivrance d’agrément aux établissements de crédits. Ses attributions
sont comparables à celles de l’A.C.P. R (Autorité de Contrôle Prudentiel
et de Résolution) en France. Comme l’A.C.P. R, la COBAC s’occupe du
contrôle effectif des établissements de crédit afin de préserver leur
pérennité et les intérêts des épargnants, et dispose de pouvoir de
sanctions, en cas de manquement d’un établissement de crédit ou des
dirigeants aux règles.

Les organes consultatifs

Les principaux organes consultatifs, dont les avis et études sont sollicités par les
autorités monétaires afin d’adopter, le cas échéant, diverses dispositions pouvant
impacter le fonctionnement des banques notamment, sont le Conseil National de
Crédit (CNC), le Comité Régional de Normalisation Financière (CORENOFI) et
l’Association Professionnelle des Etablissements de Crédit du Cameroun
(APECCAM).

Le CNC est chargé d’émettre des avis sur l’orientation de la politique d’épargne
et de crédit ainsi que sur la réglementation bancaire.

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Instance régionale, le CORENOFI élabore, adopte les projets de normes
bancaires qu’il soumet pour homologation par voie de règlement au Comité
ministériel de l’UMAC.

Les Mesures de surveillance

Les autorités monétaires exercent la surveillance des établissements de crédit en


émettant des normes de gestion et des règles prudentielles.

Les normes de gestion

La règlementation COBAC – BEAC en zone UMAC, prévoit l’obligation de


respecter des normes de gestion. Selon cette règlementation les établissements
de crédit sont tenus, dans des conditions définies par la COBAC, de respecter
des normes de gestion destinées à garantir leur liquidité et leur solvabilité à
l’égard des déposants et, plus généralement des tiers ainsi que l’équilibre de
leur structure financière. Ils doivent en particulier respecter des ratios de
couverture et de division de risques. 

Un ratio est un rapport de deux grandeurs, extrait des états financiers d’une
même entité, qui permet de mesurer les performances ou les risques de ladite
entité.

Un ratio est dit prudentiel lorsqu’il est imposé par des autorités de tutelle pour
leur permettre de contrôler les risques des entités et ainsi de garantir leur
pérennité.

Dans le domaine bancaire, la surveillance prudentielle est du ressort de la


COBAC.

La surveillance prudentielle se traduit par l’obligation pour les établissements de


crédit et pour les entreprises d’investissement de respecter à la fois les
dispositions législatives et réglementaires (ratios et règles prudentielles) qui leur
sont applicables.

Les ratios prudentiels ou réglementaires sont les suivants :

 Ratio international de solvabilité (ou ratio de couverture de risque) : le


Ratio Mac Donough (ou Accord de Bâle II publié en 2000, est issu de la
refonte de l’Accord de 1988) qui a remplacé le dispositif dit « ratio
Cooke ». Sa valeur est donnée par le rapport :

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Fonds propres réglementaires
≥ à 8 % 
Risques de crédit (85 % )+ Risques de marché (3 % )+ Risque opérationnel(12 %)
;
 Ratio de liquidité : les ratios prudentiels les plus usuels concernant la
liquidité sont : le coefficient de liquidité = rapport entre les disponibilités
et les exigibilités à moins d’un mois) – le coefficient de transformation à
long terme≥ à 60% (les ressources à plus de 5 ans devant couvrir à au
moins 60% les emplois à plus de 5 ans);
 Ratio de fonds propres et de ressources permanentes. 
 Ratio de structure du portefeuille-crédits ; il se calcule en divisant les
crédits ayant obtenu un accord de classement par le total des crédits
alloués ; ce ratio, indicateur de la qualité d’un portefeuille, doit être au
moins égal à 60%.

Les règles prudentielles :

 Règles relatives au contrôle des grands risques (division des risques) : le


contrôle a pour but d’éviter une concentration sur un même bénéficiaire
qui aurait pour conséquence, la défaillance de l’établissement si cette
contrepartie s’avérait elle-même défaillante.
 Règles de limitation des participations.
 Ratio de surveillance des positions de change.

La réglementation sur le contrôle interne et la surveillance des risques

Conformément au Règlement COBAC R-2016/04 (ayant remplacé le règlement


COBAC R-2001/07) relatif au Contrôle Interne, les établissements de crédit sont
soumis par ailleurs à une réglementation sur le contrôle interne. Cet aspect de la
réglementation oblige les établissements de crédit à se doter de systèmes de
contrôle, de mesure et de surveillance des risques, définir et conduire (mettre en
œuvre) la politique monétaire interne.

Les activités de contrôle de la COBAC

La vérification du respect des dispositions législatives et réglementaires, par les


établissements de crédit, se réalise par les actions de contrôle décidées par la
COBAC et mises en œuvre par le Secrétariat général de la COBAC.

La COBAC possède à cet effet d’une gamme étendue de moyens. Elle peut :

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- Se faire communiquer toutes informations utiles, y compris de la part des
commissaires aux comptes dont le secret professionnel ne lui est pas
opposable ;
- Ordonner aux établissements ayant publié des comptes irréguliers de
procéder à des rectifications et les porter à la connaissance du public ;
- Procéder à des contrôles, par son secrétariat général, dont les principaux
objectifs sont :
 L’harmonisation des conditions de concurrence ;
 La protection des intérêts des déposants ;
 La stabilité financière du système bancaire :
 Au niveau collectif via la constitution d’un matelas de
sécurité ;
 Au niveau individuel via une prise en compte des risques.

Trois modalités structurent le système de contrôle :

 Le contrôle permanent ou « sur pièces » assure la surveillance


individuelle ou « micro-prudentielle » des établissements de crédit et des
entreprises d’investissement : il s’appuie sur l’examen des documents
comptables et prudentiels des établissements de crédit ainsi que sur des
contacts suivis avec les responsables de ces établissements de crédit.
 La surveillance « macro-prudentielle » recouvre plusieurs aspects :
affaires juridiques, analyse bancaire, questions comptables, informatique.
Parmi les objectifs principaux de cette surveillance figurent la
participation à l’élaboration de la réglementation bancaire, ainsi que
l’analyse du système bancaire pris dans son ensemble, qui doit en
particulier permettre d’anticiper les risques potentiels du secteur bancaire.
 Le contrôle sur place, est fondé sur l’inspection directe dans les
établissements de crédit. Il peut consister aussi bien en des missions
traditionnelles d’examen complet des activités d’un établissement, qu’en
des missions thématiques « transversales » couvrant l’ensemble de la
population bancaire ou surtout en des missions d’alerte ciblées.

En règle général, les inspections sur place visent à :

 Examiner et évaluer le niveau, la nature et les caractéristiques des risques


inhérents, en tenant compte de la culture du risque.

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 Examiner et évaluer l’adéquation et la qualité de la gouvernance
d’entreprise et du cadre de contrôle interne de l’établissement de crédit au
vu de la nature de son activité et des risques ;
 Evaluer les systèmes de contrôle et les processus de gestion des risques,
en se concentrant sur la détection des points faibles ou des vulnérabilités
qui pourraient avoir un impact sur l’adéquation des fonds propres et de la
liquidité de l’établissement.
 Examiner la qualité des postes du bilan et la situation financière de
l’établissement de crédit.
 Evaluer la conformité avec la réglementation bancaire.
 Effectuer des examens thématiques par exemple, sur les risques essentiels,
les contrôles, la gouvernance.

Le Comité de Bâle a défini 25 principes fondamentaux qui encadrent un contrôle


bancaire efficace.

SECTION 2 : LA REGLEMENTATION BANCAIRE SUR LE


CONTROLE INTERNE

Suivant le règlement COBAC R-2016/04 relatif au contrôle interne dans les


établissements de crédit, le système de contrôle interne est un « ensemble de
dispositions décidé par l’Organe Délibérant (le conseil d’administration) et mis
en œuvre par l’Organe Exécutif (la direction générale) et l’ensemble du
personnel d’un établissement de crédit en vue de s’assurer que ses activités sont
convenablement maîtrisées à tous les niveaux pour lui permettre d’atteindre ses
objectifs. 

Il est constitué d’un contrôle permanent de premier niveau ou contrôle


opérationnel subdivisé, s’il y a lieu, en plusieurs échelons et d’un contrôle de
deuxième niveau constitué par la fonction d’audit interne ».

Le contrôle interne a un périmètre très vaste : il vise l’efficacité opérationnelle


qui concerne l’optimisation de la gestion interne, et la maîtrise accrue de risques
inhérents (attachés) à l’activité bancaire, par le renforcement du contrôle de la
conformité des opérations effectuées par les banques, par l’introduction d’un
dispositif complet et spécifique d’identification et de contrôle du risque de non-
conformité.

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Suivant le règlement COBAC R-2016/04, le Contrôle Interne, dans les
établissements de crédit, doit comprendre :

- Un système de contrôle des opérations et des procédures


internes (articles 3 et 12 du règlement COBAC R-2016/04) ;
- Une organisation comptable et du traitement de l’information ;
- Des systèmes de mesure des risques et des résultats ;
- Des systèmes de surveillance et de maîtrise des risques ;
- Un système de documentation et d’information ;
- Un dispositif de surveillance des flux d’espèces et de titres ;
- Un dispositif complet et spécifique d’identification et de contrôle du
risque de non-conformité.

Une procédure (organisation), notamment dans l’entreprise bancaire, désigne


un ensemble de tâches. Elle représente la mise en œuvre de tout ou d’une partie
d’un processus et est destinée à être reproductible. Elle décrit ainsi étape par
étape l’enchaînement des tâches à réaliser, et les rôles et les responsabilités
associées.

Un processus représente le Quoi, la procédure le Qui fait Quoi Quand, et les


deux sont complétés par le mode opératoire qui définit le Comment (réaliser une
activité).

La maîtrise et le respect des procédures ont pour objectif d’installer les bonnes
pratiques dans le traitement des opérations.

Exemple de procédure : le traitement d’une demande de crédit. (Voir Annexe).

Le contrôle Interne a pour objectifs :

 Vérifier la conformité à la réglementation et aux orientations de la


direction ;
 Vérifier que les limites fixées par l’organe exécutif sont respectées ;
 Veiller à la qualité des informations comptables et financières, à leur
conservation (piste d’audit) et à la qualité du système d’information.

Les principales qualités d’un contrôle interne :

 Séparation des fonctions entre l’engagement des opérations, leur


validation, leur règlement et la fonction de contrôle ;
 Exhaustivité ;

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 Moyens suffisants en quantité et en qualité (compétence, outils…).

Le contrôle de la conformité

Est un dispositif d’un contrôle interne. Le risque de non-conformité peut être


défini comme le « risque de sanction judiciaire, administrative ou
disciplinaire, de perte financière significative ou d’atteinte à la réputation,
qui naît du non-respect de dispositions propres aux activités bancaires et
financières, qu’elles soient de nature législative ou réglementaire, ou qu’il
s’agisse de normes professionnelles et déontologiques ou d’instructions de
l’organe exécutif prises notamment en application des orientations de
l’organe ».

Les unités en charge du contrôle interne doivent participer à la maîtrise de tous


les risques encourus par l’établissement, y compris celui de non-conformité.
Cette fonction est cruciale car elle touche à deux enjeux majeurs, comme la lutte
contre le blanchiment d’argent ou le financement des réseaux terroristes.

Le Comité de Bâle de 2003 a recommandé l’obligation pour chaque


établissement de créer une fonction compliance ou conformité qui doit être
indépendante des équipes opérationnelles.

La fonction de conformité (ou de compliance) doit s’assurer que les activités


exercées par l’établissement financier le sont en conformité avec les lois, les
règlements et les bonnes pratiques professionnelles.

Elle a également pour but de garantir :

 L’assurance que les activités de la banque sont exercées avec intégrité et


professionnalisme ;
 La lutte contre le blanchiment de l’argent sale et le financement de
réseaux terroristes ;
 La formation du personnel doit permettre de les sensibiliser aux risques
de non-respect de ces règles.

Les établissements financiers doivent désigner un responsable chargé de veiller


à la cohérence et à l’efficacité du contrôle du risque de non-conformité, qui, s’il
n’est pas membre de l’organe exécutif, ne doit effectuer aucune opération
commerciale, financière ou comptable. Par ailleurs, les établissements de crédit
et entreprises d’investissement doivent également nommer un ou plusieurs

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responsables pour le contrôle permettant ainsi qu’un responsable chargé de
veille à la cohérence et à l’efficacité des missions de contrôle périodique.

La lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme

Le cadre de la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme a été


progressivement renforcé depuis la Convention des Nations-Unies contre le
trafic illicite des stupéfiants, signée le 20 décembre 1988. Ce cadre précise les
obligations à la charge des établissements bancaires et financiers en matière de
connaissance de la relation d’affaires et du champ d’application.

En zone BEAC, le contrôle de la conformité est régi par le Règlement


COBAC R 2005/01 du 01 avril 2005 relatif aux diligences des
établissements assujettis en matière de lutte contre le blanchiment des
capitaux et le financement du terrorisme en Afrique Centrale.

La notion de blanchiment

Le blanchiment est un délit pénal, il peut être, juridiquement, défini de deux


façons :

- Le blanchiment est le fait de faciliter, par tout moyen, la justification


mensongère de l’origine des biens ou des revenus de l’auteur d’un
crime ou d’un délit ayant procuré à celui-ci un profit direct ou
indirect ;
- Constitue également du blanchiment, le fait d’apporter un concours à
une opération de placement, de dissimulation ou de conversion du
produit direct ou indirect d’un crime ou d’un délit. Les biens ou les
revenus sont présumés être le produit direct ou indirect d’un crime dès
lors que les conditions matérielles, juridiques ou financières de
l’opération en cause ne peuvent avoir d’autre justification que de
dissimuler l’origine ou le bénéficiaire effectif de ces biens ou revenus.

Par rapport au blanchiment qui est le fait d’introduire de l’argent sale dans
l’économie légale, le noircissement relève de l’utilisation de fonds, le plus
souvent d’origine licite (produits de collecte, dons, ventes de publications,
d’encarts publicitaires, etc.), à des fins criminelles ou terroristes. Cette
particularité, ajoutée à des montants à des montants unitaires parfois faibles,
rend la détection du financement du terrorisme difficile. Le noircissement est lui
aussi pénalement répréhensible.

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Au regard des textes légales, toute personne ayant apporté son concours à
la dissimulation de l’origine de gains illicites est elle-même considérée
comme auteur principal du blanchiment.

Les établissements bancaires et financiers sont exposés à un risque conséquent


de blanchiment de capitaux. C’est la raison pour laquelle tous leurs
collaborateurs sont concernés.

Les trois phases du blanchiment :

1) Placement ou prélavage : introduction dans le système bancaire et


financier des fonds d’origine inconnue (le plus souvent en espèces)
provenant de tout crime et délit.
2) Empilage ou lavage : cette phase vise le brouillage des pistes, pour
masquer l’origine criminelle des fonds en multipliant les opérations entre
divers comptes, produits, établissements et/ou personnes (utilisation de
sociétés-écrans, de prête-noms) parfois dans plusieurs pays.
3) Intégration ou essorage : cette dernière étape consiste à aménager le
recyclage (la sortie ou le placement sous une forme « normale ») des
gains de l’activité illicite, dans les circuits économiques légaux (par ex. :
produits mobiliers ou immobiliers), afin qu’ils puissent être utilisés.

SECTION 3 : LA DEONTOLOGIE ET L’ETHIQUE

Dans l’exécution des opérations, les règles n’ont de sens et ne sauraient


s’appliquer toutes seules sans les comportements éthiques des acteurs (les
dirigeants, les employés).

La déontologie désigne l’ensemble des règles et des devoirs dont le respect (la
mise en pratique) a pour finalité de protéger les collaborateurs et l’entreprise, en
évitant les infractions à un code déontologique (1), les infractions réglementaires
ou judiciaires (pénales…).
(1) Le règlement intérieur vise à la promotion de comportement éthique.
L’objectif de la déontologie : prévenir les risques liés à un évènement dont les
conséquences ne sont pas maîtrisées.

Les principes (fondements) de la déontologie : la loyauté – la diligence – la


vigilance – la discrétion…

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Respect Expertise
Intégrité

Professionnel DEONTOLOGIE Moyens

Responsabilité Compétences

Au contraire de la déontologie, l’éthique invite à réfléchir sur les valeurs qui


motivent l’action d’un agent et à choisir, sur cette base, la conduite la plus
appropriée à suivre. Toutefois, il n’est pas nécessaire, pour se conformer à la
déontologie, de réfléchir aux valeurs qui la sous-tendent ni même de partager
ces valeurs.

SECTION 4 : LES PRINCIPALES OBLIGATIONS DES


ETABLISSEMENTS BANCAIRES ET FINANCIERS :

Organisation de la lutte contre le blanchiment au sein des établissements


bancaires et financiers

1) Mettre en place une cellule spécialisée et désigner un (des) déclarant(s)


ou responsable habilité(s) à effectuer les déclarations de soupçons auprès
d’un service spécialisé (l’ANIF* pour le Cameroun, TRACFIN* pour la
France) ayant pour mission de recueillir et de rassembler tous les
renseignements propres à établir l’origine des sommes ou la nature des
opérations faisant l’objet de déclarations de soupçon. L’établissement se
doit par ailleurs de désigner un (des) correspondant(s) chargé(s) de
répondre aux demandes de ANIF/TRACFIN et d’assurer la diffusion des
informations, avis et recommandations d’ordre général qui en émanent.
2) Elaborer et mettre en œuvre une classification des risques de
blanchiment et de financement du terrorisme (typologies, montants,

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seuils, profilage de clientèle, etc.) permettant d’adapter les mesures de
vigilance à appliquer.
3) Formaliser et diffuser des procédures internes écrites propres à
assurer le respect des prescriptions en matière de LCB/FT* :
modalités d’identification de la clientèle, typologie des opérations à
surveiller, démarche à adopter en cas de soupçon, constitution et
archivage des dossiers de renseignements, règles de confidentialité, etc.
4) Elaborer un dispositif de contrôle permettant de vérifier le respect
des procédures internes mises en place et la bonne application des
mesures contre le blanchiment et le financement du terrorisme et de
justifier auprès de l’Agence Nationale d’Investigation Financière (ANIF)
que les obligations ont été satisfaites.
5) Se doter de moyens humains suffisants et compétents pour étudier les
anomalies détectées par les dispositifs d’analyse et de suivi des relations
d’affaires.
6) Assurer la formation et l’information régulière de tous les collaborateurs
concernés pour les sensibiliser à la LCB/FT, au respect des obligations et
des procédures internes en la matière et les tenir informés des évolutions
législatives et réglementaires.

Vigilance sur la relation d’affaires

Cette obligation sous-tend que l’établissement bancaire ou financier doit :

Bien connaitre ses relations d’affaires, en s’assurant de leur identité et en


définissant le profil normal de fonctionnement de leurs comptes, ce qui lui
permet de détecter les opérations atypiques ou suspectes. Dans ce but, il
convient de recueillir des informations sures :

 Ses clients, avant l’entrée en relation d’affaires (identification) et durant la


relation d’affaires (vigilance constante) ; même le client occasionnel*
effectuant une opération ponctuelle, fera l’objet d’identification et de
vérification d’identité ;
 Et sur les bénéficiaires effectifs éventuels.

Conservation des documents : les informations collectées doivent être


conservées confidentiellement pendant 5 à 10 ans à compter de la clôture du
compte, de la cessation de la relation d’affaires ou de l’exécution de l’opération
ponctuelle.

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Adaptation de la vigilance au risque de blanchiment

La vigilance est modulée en fonction du risque de blanchiment ou de


financement du terrorisme présenté par la situation du client habituel ou
occasionnel.

Mesures de vigilance complémentaires :

1) Lorsque le client ou son représentant légal n’est pas physiquement présent


lors de l’identification (ouverture de compte à distance par exemple) ;
2) En cas de recours à des opérations ou produits favorisant l’anonymat
(bons de caisse ou d’épargne, opérations sur l’or réalisées de façon
anonyme par exemple) ;
3) Lorsque le client est une personne politique exposée (PPE). Une PPE est
une personne physique exposée à des risques particuliers en raison de
fonctions politiques, juridictionnelles ou administratives qu’elle exerce
(ou a cessé d’exercer depuis moins d’un an).
4) Pour les opérations avec des personnes physiques ou morales enregistrées
ou établies dans un pays dont la législation ou les pratiques font obstacle à
la LCB/FT (*) et figurant sur une des listes publiées par le GAFI ou le
GABAC (*).

Mesures de vigilance renforcées

Lorsque le risque présenté par un client, un produit ou une transaction paraît


élevé, les mesures d’identification doivent être renforcées. Ainsi, dès lors qu’une
opération paraît particulièrement complexe ou d’un montant inhabituellement
élevé ou sans objet économique claire ou licite, il convient de procéder à un
examen renforcé de l’opération par la demande de renseignements sur l’origine
et la destination des fonds, l’objet de l’opération, l’identité de la personne qui en
bénéficie.

Si cet examen renforcé ne permet pas de lever le doute, il convient de procéder à


une déclaration de soupçon.

Mesures de vigilance allégées

Lorsque le risque présenté par un client, un produit ou une transaction paraît


faible et sous certaines conditions, les mesures d’identification peuvent être
allégées. L’établissement doit pouvoir justifier à tout moment de l’adéquation
des mesures prises à la situation.

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En outre, pour autant qu’il n’existe pas de soupçon de blanchiment, les mesures
d’identification du client et de la relation d’affaires peuvent ne pas être
effectuées, à condition de recueillir des informations suffisantes pour en
justifier.

Application de mesures de gel des avoirs

Les établissement bancaires et financiers sont tenus d’appliquer des mesures de


gel des avoirs décidées par les autorités, que ce soit dans le cadre de la LCB/FT
ou bien dans le cadre de sanctions financières prises au niveau international
visant des personnes physiques ou morales, voire des états.

La communication systématique d’informations et la déclaration de


soupçon

La communication systématique d’informations

Les établissements doivent transmettre à ANIF/TRACFIN (*), même en dehors


de tout soupçon, les éléments d’information relatifs aux opérations de
transmission de fonds effectuées à partir d’un versement d’espèces ou au moyen
de monnaie électronique dont les seuils sont fixés par décision gouvernemental.
Les informations à fournir concernent les éléments d’identification du client, le
type, la référence et la date d’opération ainsi que son montant, la désignation de
l’établissement de contrepartie et de son client ; les éléments d’information
relatifs aux opérations financières présentant un risque élevé en raison du pays
d’origine ou de destination des fonds, du type d’opération ou des structures
juridiques concernées. En cas de soupçon sur les opérations concernées, la
communication des informations à ANIF/TRACFIN ne dispense pas les
établissements d’effectuer une déclaration de soupçon.

La Déclaration de Soupçon

Champ de la déclaration de soupçon

La déclaration de soupçon est faite uniquement à l’initiative de l’établissement.


Elle résulte d’une démarche volontaire et professionnelle des déclarants qui
doivent expliciter les raisons qui ont motivé la déclaration de soupçon. De
manière générale, le moindre soupçon sur une somme ou une opération doit
donner lieu à une déclaration de soupçon, et ce, même si l’opération n’est
finalement pas exécutée. Les établissements bancaires sont tenus de déclarer à
ANIF/TRACFIN :

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- Les sommes, les opérations ou tentatives d’opérations dont ils savent,
soupçonnent ou ont de bonnes raisons de soupçonner qu’elles proviennent
d’infractions passibles d’une peine de prison supérieure à un an ou
participent au financement de terrorisme ;
- Les sommes, les opérations ou tentatives d’opérations dont ils savent,
soupçonnent ou ont de bonnes raisons de soupçonner qu’elles proviennent
de fraude fiscale ;
- Les opérations particulièrement complexes dont l’examen renforcé n’a
pas permis de lever les doutes quant à leur justification économique ou
leur caractère licite.

________________________________________________________

(*) ANIF : Agence Nationale d’Investigation Financière.


TRACFIN : Traitement du renseignement et action contre es circuits
financiers clandestins.
GAFI : Groupe d’action financière.
GABAC : Groupe d’Action contre le Blanchiment d’argent en Afrique
Centrale
LCB/FT : Lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme.

LA RESPONSABILITE DU BANQUIER ET LE SECRET


PROFESSIONNEL

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Le banquier exerce un métier délicat car il est en relation avec ses propres
clients à qui il doit des prestations de qualité, et avec des tiers qui peuvent le
solliciter compte tenu des particularités de son métier.

Ces contraintes font naître une responsabilité particulière du banquier qui est
tenu de respecter de nombreuses obligations et contractuelles, sous peine
d’engager sa responsabilité civile et/ou pénale, et celle de l’établissement
bancaire pour lequel il travaille.

PRESENTATION DES OBLIGATIONS ET DE LA RESPONSABILITE


DU BANQUIER

Principales obligations

Ces obligations sont destinées à organiser les relations que l’établissement


bancaire entretient avec son client et les tiers. Elles imposent à
l’établissement de conduire les opérations selon certaines règles et de
communiquer des informations adaptées à sa clientèle considérée comme moins
expérimentée qu’elle dans le domaine financier.

L’obligation de prudence

Vis-à-vis du client, l’établissement bancaire doit principalement faire preuve


de :

 Vigilance afin de détecter toute anomalie ou irrégularité apparente, initiée


ou subie par le client ;
 Discernement en prenant garde à ne pas privilégier ses propres intérêts au
détriment de ceux du client ;
 Sécurité en veillant à protéger les intérêts de son client, et notamment les
fonds déposés ;
 Non-ingérence en s’interdisant de s’immiscer, de diriger ou d’influencer
les affaires du client ;
 Discrétion et respect du secret professionnel et ne divulguant pas des
informations de nature à nuire aux intérêts du client. La banque doit
également effectuer certaines vérifications afin de protéger les intérêts du
client (ex. : contrôle du fichier central des chèques avant de délivrer un
chéquier).

L’obligation d’information

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 La banque doit informer le client et, plus généralement, tout cocontractant
(ex. : le co-emprunteur ou la caution d’un prêt accordé à un client).
L’information transmise par la banque varie selon le client et/ou
l’opération envisagée. Elle peut revêtir trois degrés différents :

la banque transmet au client tout élément pertinent


Le renseignement permettant de connaître les caractéristiques d’une
opération.
Le conseil la banque donne au client toutes les préconisations
utiles pour prendre la meilleure décision.
La mise en garde La banque attire l’attention du client sur les dangers
potentiels d’une opération.

 La banque doit informer les tiers. La loi impose parfois à la banque de


transmettre certaines informations dans le cadre de situations particulières
(ex. : saisie sur compte, chèque sans provision, procédure collective, lutte
contre le blanchiment).
 La banque doit connaître sa clientèle. Elle doit recueillir des informations
sur son client pour pouvoir :
- Prendre les meilleures décisions le concernant (ex. : offre de produits
d’épargne, octroi de crédit) ;
- Respecter ses obligations de prudence et d’information. Il est
nécessaire que la banque connaisse les besoins et les attentes du client
pour adapter les renseignements et les conseils qu’elle va lui donner.

La responsabilité du banquier

Généralités

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La responsabilité civile des établissements de crédit est régie selon le droit
commun : la condamnation aux dommages-intérêts suppose la réunion de trois
éléments fondamentaux : la constatation d’un dommage, l’existence d’un fait
générateur qui est le plus souvent une faute professionnelle, le lien de causalité
entre le préjudice et l’acte fautif.

Bien que soumise au droit commun, la responsabilité du banquier revêt toutefois


une certaine spécificité.

D’une part, le particularisme et la complexité des opérations bancaires lui ont


donné un caractère technique. D’autre part, le caractère professionnel et la
mission de « service public » reconnus à l’activité bancaire ont amené la
jurisprudence à renforcer la responsabilité du banquier.

La responsabilité du banquier vis-à-vis de ses clients (responsabilité


contractuelle)

Par application des principes généraux, la responsabilité de la banque est


contractuelle lorsque le dommage a été causé à l’un de ses clients dans
l’exécution de ses obligations. Le banquier est tenu à une obligation de
moyens. Le client doit établir que le préjudice est dû à une négligence de ce
dernier qui ne s’est pas conformé aux usages de la profession. Il en est ainsi
lorsque le banquier exécute une opération de caisse, lorsqu’il gère le portefeuille
de son client, lorsqu’il le conseille ou lorsqu’il lui consent un crédit.

Le banquier est tenu à une obligation de résultat, la victime devra prouver que le
résultat promis n’a pas été atteint. Telle est l’hypothèse du banquier dépositaire
de fonds et du banquier loueur de coffre-fort.

Le plus souvent, le banquier est tenu à une obligation de moyens. Ce n’est


qu’exceptionnellement qu’il est tenu à une obligation de résultat.

La responsabilité du banquier (conseiller de clientèle) ou de la banque n’est pas


que civil, elle peut également être pénale.

La responsabilité du banquier vis-à-vis des tiers (responsabilité délictuelle


ou quasi-délictuelle)

La responsabilité du banquier est délictueuse lorsque le dommage est causé à


un tiers. Cette responsabilité peut résulter de l’absence de précautions dans la
gestion des comptes ou de l’octroi abusif de crédit.

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Responsabilité dans la gestion des comptes

Ainsi, lors de l’ouverture d’un compte, la banque doit effectuer des contrôles
préalables et obligatoires dans son intérêt mais aussi celui des tiers. Dès lors,
quand le dommage dont le client est l’auteur – chèque sans provision par
exemple – a pour origine des vérifications incomplètes de la banque, celle-ci
sera tenue de le réparer.

De même, la banque peut être tenue pour responsable vis-à-vis de tiers de


l’absence de vérification des pouvoirs et de la capacité de ses clients.

Responsabilité en cas d’octroi abusif de crédit

Elle peut, en accordant les crédits à une entreprise qu’il sait être en difficulté,
causer un dommage aux créanciers de cette entreprise.

En effet, elle crée une apparence de solvabilité qui va amener ceux-ci à faire
confiance à cette entreprise alors que celle-ci n’a aucune chance de survie ; ne
pouvant plus recouvrer l’intégralité de leur créance, ils subiront un préjudice que
la banque sera tenue d’indemniser.

La responsabilité de la banque résulte de l’octroi de crédit à une entreprise dont


on connaît la situation sans issue, ce qui constitue une faute.

La responsabilité pénale

En cas de non-respect des obligations précédemment évoquées, les conseillers


de clientèle peuvent engager leur responsabilité civile et/ou pénale. Des
sanctions peuvent être prononcées à leur encontre.

Les établissements de crédit peuvent également voir leur responsabilité engagée


en tant que personnes morales. Des sanctions financières, pénales et
disciplinaires (ex. : interdiction d’exercice de l’activité bancaire) peuvent être
prononcées à leur encontre.

En résumé :

Caractéristiques Sanctions
Responsabilité La responsabilité civile suppose Sanction financière
civile une faute constituée par un prononcée par le juge
manquement aux obligations, la consistant en dommages et
preuve d’un préjudice, et un lien intérêts d’un montant
de causalité entre la faute et le proportionnel au préjudice

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préjudice subi. subi par la victime.
Responsabilité La responsabilité pénale suppose Sanction pénale prononcée
pénale un comportement frauduleux selon la gravité de
pouvant être qualifié de l’infraction commise :
contravention, de délit ou de amende, peine de prison ;
crime selon sa gravité. Elle peut Sanction financière si la
être retenue, à l’encontre de victime a subi un préjudice
l’auteur ou du complice de (dommages et intérêts).
l’infraction, personne physique
ou morale, même en l’absence de
préjudice.

LE SECRET PROFESSIONNEL

Comme la plupart des professions, les banquiers sont tenus au secret


professionnel, et ils ne peuvent le lever que dans des conditions précises, au
profit le plus souvent d’administrations, mais quelquefois aussi de personnes
ordinaires.

Le principe

La loi bancaire de 1984 dit que tout membre d’un Conseil d’administration ou
d’un Conseil de surveillance, ainsi que toute personne qui a un titre quelconque
et qui participe à la gestion d’un établissement de crédit ou qui est employé par
celui-ci, est tenu au secret professionnel.

La violation de cette obligation est passible de sanctions pénales. En outre, la


banque peut se voir condamnée à des dommages-intérêts au profit des personnes
qui auraient subi un préjudice du fait de cette indiscrétion.

Les limites

A l’égard des personnes privées

Beaucoup de personnes peuvent exiger de la banque communication de


renseignements concernant la clientèle.

 Les ayants-droit du client de la banque

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La banque ne peut pas opposer le secret aux personnes qui ont des intérêts
communs avec son client, mais elle doit limiter les communications de ses
informations à ce qui concerne uniquement cette communauté.

 Le compte joint

Tous les co-titulaires d’un compte joint peuvent demander des relevés de
compte et le détail des opérations effectuées, y compris les noms des personnes
au profit desquelles ont été émis les chèques tirés sur ledit compte.

 Les époux

Les banques doivent opposer le secret professionnel à l’égard du compte que le


conjoint a ouvert en son nom personnel.

Il est donc interdit à la banque de dévoiler, même au conjoint, les opérations


effectuées par l’un des époux sur ses comptes personnels. Bien entendu, il ne
peut y avoir de secret si les époux se sont donné mutuellement procuration sur
leurs comptes.

 Les héritiers

Normalement, la banque ne peut pas opposer le secret professionnel aux


héritiers d’un défunt, qui doivent pouvoir connaître la nature des opérations dont
ils vont hériter.

Il faut cependant distinguer entre les opérations purement patrimoniales et celles


qui peuvent relever de la vie privée du défunt. Ces dernières doivent rester
secrètes.

 Les mandataires

Le secret professionnel ne peut être opposé au mandataire, mais uniquement


dans la limite des termes du mandat.

Ainsi la banque doit conserver une grande discrétion à l’égard du salarié d’une
société à qui l’on a donné une procuration sur le compte de l’entreprise.

 Les associés de SARL ou de société civile, les actionnaires de S.A

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En principe, la banque ne peut leur communiquer de renseignements sur les
comptes de la société. Toutes ces personnes sont considérées comme des tiers
vis-à-vis de la personne morale. A défaut, la banque engage sa responsabilité.

 Les cautions

Les banques n’ont pas le droit de lever le secret professionnel au profit des
cautions ; ce principe souffre deux exceptions.

Les banques sont obligées d’informer une fois par an au moins les personnes qui
se sont porté caution à leur profit du total de l’engagement du débiteur principal.
Si cette condition n’est pas remplie, la sanction en est la déchéance des intérêts
du débiteur principal au détriment de la banque et au bénéfice de la caution.

Les banques doivent aussi indiquer à la caution ce qu’elle doit, à partir du


moment où la caution vient à jouer. Dès lors il n’y a plus de secret.

 Les relations commerciales

Les relations commerciales entre entreprises ou des particuliers amènent très


souvent les banques à devoir divulguer certains renseignements sans enfreindre
pour autant le secret professionnel, et pourtant ces informations ne sont pas
toujours favorables au client de la banque.

 Les incidents de paiement

La banque ne viole pas le secret professionnel lorsqu’elle rejette un effet de


commerce ou chèque pour manque de provision, bien qu’en réalité elle se trouve
avoir ainsi informé le fournisseur que le compte de son client est insuffisamment
provisionné.

En ce qui concerne les chèques sans provision, les banques ont l’obligation
d’avertir la Banque Centrale (BEAC/Banque de France) de tous les incidents de
paiement sur un chèque et il existe une diffusion interbancaire des interdits de
chèques.

De plus, tout bénéficiaire d’un chèque peut avoir accès à un fichier lui
permettant de savoir si le chèque est émis régulièrement.

 Les photocopies de chèques

La banque ne peut normalement remettre à son client ni le chèque ni la


photocopie complète d’un chèque qu’il a lui-même émis. Les formules de

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chèques, lorsqu’elles ont été utilisées, peuvent comporter, en effet, des mentions
confidentielles. Par exemple, les endos qui indiquent le nom de la banque du
bénéficiaire et parfois le numéro de compte de ce dernier. Seule la photocopie
du recto peut être communiquée au tireur.

 Les saisies-attribution

Lorsqu’un compte bancaire est saisi par un créancier, la banque devra


communiquer à l’huissier tous les renseignements concernant la réalité des biens
saisis. Elle devra ainsi indiquer tous les avoirs qu’elle détient et qui
appartiennent au client saisi : compte courant, compte d’épargne, etc.

En revanche, les sommes déposées au coffre ne sont pas saisies et la banque n’a
même pas à signaler son existence.

 Les pensions alimentaires et les injonctions de payer

Les banques sont quelque fois requises pour prélever d’office sur le compte d’un
client des pensions alimentaires non réglées, notamment en cas de divorce. C’est
une procédure qui s’appelle « injonction de payer ». Elles doivent alors
communiquer à l’autorité intervenante le montant du compte.

 Les renseignements commerciaux

Lorsqu’elles sont interrogées sur la situation financière d’un de leur client, les
banques ne doivent pas communiquer d’informations sur le fonctionnement du
compte mais une simple appréciation sur le client.

 Les cartes bancaires

Les commerçants peuvent, lors de tout achat réglé par carte, interroger le centre
de paiement de la carte concernée, qui à son tour interroge la banque du client,
du moins lorsque les montants sont relativement importants. L’interrogation
porte uniquement sur la solvabilité de l’acheteur, et notamment sur les incidents
de paiement dont il aurait pu faire l’objet. Le centre de paiement de la carte doit
se contenter de donner une autorisation ou un refus non motivé au commerçant,
d’accepter ou de refuser la carte.

A l’égard des autorités ou administrations publiques

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 Le fisc

L’administration fiscale a un droit général de communication dans la


comptabilité des banques.

 Le droit de communication

Le droit de communication permet aux inspecteurs du fisc de consulter dans la


banque tous les comptes (relevés de comptes, bordereaux de remise de chèques
ou d’effets, copies de chèques) d’un contribuable et des membres de sa famille
sur une durée de six ans. Ils peuvent en prendre photocopie.

Toutefois, les agents des impôts n’ont pas accès aux coffres des clients et ne
peuvent exiger d’être présents lors de l’ouverture d’un coffre au moment d’une
succession.

 Les déclarations à l’administration

Les banques sont tenues, envers l’administration, d’effectuer certaines


déclarations qui concernent leur clientèle.

- Déclaration des ouvertures de comptes

Lors de chaque ouverture de compte (compte courant, compte à terme,


compte de titres, prêts etc.), les banques doivent déclarer l’identité du
titulaire. Elles déclarent également les clôtures et les modifications qui
peuvent intervenir sur ces comptes.

L’administration gère l’ensemble de ces renseignements sur un fichier


informatique.

- Déclaration des revenus

Les banques déclarent au fisc tous les revenus qu’elles ont encaissés pour le
compte de leur clientèle ainsi que l’identité des bénéficiaires (intérêts versés
par les banques, revenus de portefeuille titre, achats et ventes de titres).

- Successions

En cas de succession, les banques n’ont aucune déclaration spéciale à fournir.


Elles doivent simplement répondre à l’administration, si celle-ci l’interroge
sur le montant des avoirs du défunt au jour du décès.

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Une seule exception concerne les comptes joints. Le décès d’un co-titulaire
doit être déclaré au service de l’Enregistrement.

 L’anonymat
- Transactions sur l’or

Les banques sont tenues à mentionner sur un registre de police l’identité des
acheteurs et des vendeurs d’or.

- Bons de caisse

Les banques sont autorisées à émettre des bons de caisse dont les porteurs
peuvent conserver l’anonymat vis-à-vis du fisc en contrepartie d’une fiscalité
très lourde (prélèvement libératoire sur les intérêts et/ou impôt sur le capital).

- Titres au porteur

Les Titres au porteur ne sont anonymes que par leur forme. En effet,
l’identité des bénéficiaires des dividendes versés fait l’objet d’une
déclaration annuelle de la part de la banque qui tient le compte des titres de
son client.

 Les douanes

L’administration des douanes peut pratiquement se faire communiquer tout


document. Elle peut même se faire ouvrir les coffres.

 La justice

Les banques sont déliées du secret professionnel à l’égard de la justice, tout au


moins devant les juridictions pénales. Elles doivent alors remettre tous les
documents qui leur sont demandés et, le cas échéant, répondre à toutes les
questions qui leur sont posées.

En revanche, le secret peut, de façon générale, être opposé aux juges civils ou
aux juges de commerce, à l’exception des procédures de divorce et de celles
relatives au redressement ou à la liquidation judiciaire.

 La BEAC

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La BEAC tient le fichier des « interdits de chèques » au vu de la déclaration que
lui fournissent les banques chaque fois qu’un de leurs clients a émis un chèque
sans provision.

Les banques doivent déclarer périodiquement à la banque centrale (BEAC,


Banque de France) le montant des crédits professionnels (au-dessus d’un certain
seuil) qu’elles ont octroyés et l’identité des bénéficiaires.

 La Commission de Marché Financier

La CMF a un droit de regard sur les banques. Ce droit ne s’exerce cependant que
pour surveiller la correction des opérations effectuées sur les marchés financiers.

Les fichiers des banques

Les fichiers des clients des banques sont tenus de façon informatique. Les
banques sont donc soumises à la loi informatique et libertés.

Elles ne peuvent utiliser ces fichiers que conformément à leur objet, c’est-à-dire
uniquement pour la gestion des clients ; elles ne peuvent donc pas divulguer leur
contenu à des tiers.

Les clients des banques peuvent exiger de celles-ci communication des


renseignements qui les concernent et qui figurent au fichier et, le cas échéant,
exiger la rectification des erreurs qu’il contiendrait.

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ANNEXE.

EXEMPLE DE PROCEDURE : traitement d’une demande de crédit

Enchaînement des actions :

A. (Le commercial va) saisir la demande de crédit.


B. (Il va ensuite) envoyer cette demande à l’analyste financier.
C. (L’analyste financier va) recevoir la demande.
D. (Il va ensuite) vérifier s’il existe un contrat.
E. (Il peut) notifier au commercial un refus (tout de suite) ou bien
demander au service des contrats l’enregistrement ou la mise à jour du
contrat.
F. (Le service des contrats va) recevoir la demande.
G. (Ce dernier va) créer un nouveau contrat ou mettre à jour le contrat.
H. (Il va ensuite) notifier l’analyste financier du contrat résultant.
I. (L’analyste financier pourra ainsi) vérifier le contrat, (Puis) envoyer son
accord au commercial.
J. (Le commercial va) recevoir l’accord pour le crédit (ou) recevoir le
refus.

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Les tâches de A à J représentent un exemple de procédure de traitement
d’une demande de crédit. Les différentes tâches sont attribuées selon les
rôles des uns et des autres. Ces tâches ont un ordonnancement logique qui
permet de remplir l’objectif global visant à satisfaire ou rejeter la demande
de crédit.

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