Vous êtes sur la page 1sur 37

L a protection du con tractan t faible :

entre le d roit com m un des obligations


et le d roit de la consom m ation

L ah lou - K h iar G henim a

M aitre de conféren ces

F acu lté de droit d ’A lger.

Le code civil de 1975 a innové en consacrant des principes généraux


inédits jusque là. Bien que le principe de l’autonomie de la volonté y soit
avéré, les dispositions prônant la protection du contractant faible en lim itent
considérablem ent la portée.

Parm i les dispositions exprim ant une conception libérale ou individualiste


du contrat, figurent essentiellem ent les articles 59 et 106 du code civil. Le
prem ier consacre le principe du consensualisme. 1 Le second, repris de l’article
1134 du code N apoléon donne prim auté à la volonté des contractants. Il
dispose : « Le c-ontrat fait la loi des parties. Il ne peut être révoqué, ni modifié
que de leur consentem ent m utuel ou pour les cause-s pré ١mes par la loi. »

A insi, les obligations puisent leurs sourc.es dans la volontédes c o n tr a c ta s ,


laquelle s ’im pose aux parties engagées, aux tiers et au juge. Tels sont les
effets du principe en vertu duquel le contrat a une force obligatoire, identique
à celle de la'loi.

1- A rticle 59: L e contrat se form e d ès que les parties ont échan gé leurs v o lo n tés con cordantes,
sans préjudice d es d isp o sitio n s légales.

19
R e v u e A lg é r ie n n e d e s S c ie n c e s J u r id iq u e s , E c o n o m iq u e s e t P o litiq u e s

Par ailleurs, la tendance qui se dég ag e de la p ratiq u e est une ap plication


stricte de la force ob ligatoire du C 0nttat.2 A ffirm er c ep e n d a n t et p a rta n t de
ces textes, que le législateu r algérien a opte p o u r un e c o n ce p tio n lib érale du
contrat serait faire œ uvre de p récip itatio n . N o u s relè v ero n s effectiv em en t
que d ’autres règles m etten t en lu m ière dan s la re la tio n co n tra ctu e lle , non
pas la volonté des parties m ais l’éq u ilib re co n tractu el et l’équ ité. Il en est
ainsi notam m ent, de l’article 110 re la tif au x clau ses a b u siv e s d an s le contrat
d ’adbésion et de 1’alin éa tro is de l ’article 107 tra ita n t de l’im p rév isio n .

D ’autres textes, tels que ceu x c o ire sp o n d a n t à la th é o rie des v ic es du


consentem ent, illustrent la co ex isten ce d an s n o tre co d e, d es co n cep tio n s
libérale et sociale du contrat. In itialem en t, la th éo rie d es vices d u c o n sen tem en t
a été bâtie autour de la liberté co ntractttelle. O n n e ch erch e pas à éq u ilib rer
les prestations contractuelles, ni à ré a lise r l’équ ité. O n d o it s ’a ssu re r q u e le
consentem ent é m anan t de ch aq u e c o n tra cta n t est sain e t é clairé. C ette idée est
exprim ée à travers les v ices de l’eireur, d u dol et de la v io len ce dont' les règ les
sont reprises du droit fran ‫ ؟‬a ٤s.3

M ais le lég islateu r de 1975 a ad jo in t d an s l ’article 90 d u co d e civ il, un


autre vice inexistant en d ro it fran çais qui e st l ’e x p lo itatio n lé sio n n aire in sp irée
du code égyptien. L’ex p lo ita tio n lésio n n aire c o n tra ire m en t a u x au tres v ic es d u
consentem ent m et l’accen t su r la ju s tic e so ciale et l ’éq u ilib re c o n tra c tu e l.،

De m êm e, les règ les d ’in terp rétatio n du c o n tra t reflèten t la d u alité de la


position du lég islateu r q u an t à la c o n ce p tio n du co n trat. C ’est la v o lo n té des
parties qui est la source d u co n tra t et ce faisan t, « si les te rm e s d u c o n trat
sont clairs, on ne p eut s ’en écarter, po tir rech erch er, p a r v o ie d ’in terp rétatio n ,

2 - C our S up rêm e, C liam b re C o m m e r c ia le e t m a ritim e: arrêt du J ém a r s 1983, L a re v u e


ju d iciaire 1989 n ٠2, P.39; arrêt du 7 ja n v ie r ï 997, L a re v u e ju d ic ia ir e 2 0 0 1 . 2 ‫ ا‬, ‫؛‬, P . 2 2 ‫ا‬. C ou r
Suprêm e, C ham bre fo n cièr e: arrêt du 17 j u ille t 2 0 0 2 , L a r e v u e ju d ic ia ir e 2 0 0 3 n ٥ l , p . 3 3 1 .
3 - V IA L A R D (A ): D ro it C iv il. L a fo n n a tio n du con trat. O P U . P 4 7
4 - B E N C H E N E B (A ): L a th é o r ie g é n é r a le du con trat O P U . P .53.
20
L a p ro te c tio n ‫ أالء‬c o n tra c ta n t faib le

quelle a été la volonté des parties, »(article 111 alinéa premier). Un co irectif
est néanm oins apporté par l’article 112 qui ordonne au juge d ’interpréter le
doute en faveur du débiteur et dans tous les cas au profit de la partie adhérente:
ce qui correspond plus à une conception sociale du contrat.

Ce faisceau de textes dém ontre, si besoin est, que notre droit com m un est
em preint d ’une certaine ambigu'1'té. La liberté contractuelle existe certes, m ais
elle est subordonnée à des règles impératives qui en dim inuent fortem ent la
portée. C ’est ce qui a fait dire à un auteur que « le principe est l’absence
d ’autonom ie » et que la « liberté contracttrelle est une liberté surveillée ‫ ؛‬la
force obligatoire du contrat est une force limitée, qui peut être remise en cause
au nom de principes supérieurs. »5

Le législateur n ’a donc pas attendu la prom ulgation de la prem ière


loi relative aux règles générales de protection du consom m ateur en 19896
pour m ettre l ’équilibre des prestations contracttielles, au cœur du dispositif
législatif régissant le contrat, traduisant ainsi sa volonté de venir au secours
du contractant faible. Le législateur consum ériste n ’a pas l’exclusivité de cet
engagem ent, com m e il n ’en a pas été le précurseur.

La cohabitation entre les règles protectrices contenues dans le droit


com m un des obligations et celles préconisées par le droit de la consom m ation
nous invite à éviter d ’en faire une lecture cloisonnée. N ous verrons e-n effet,
que les textes eux-m êm es tendent à jeter des ponts entre le droit com m un et
le droit spécial. L’étude des règles protectrices du contractant faible requiert
une approche qui prenne en compte cette spécificité. C ’est pourquoi, avant
de passer en revue les m écanism es de protection du contractant faible (2èm e

5" V I A L A R . (A ): op .cit. P.59.


6- L oi n ٥0 9 -0 2 du 0 7 février ١9 8 9 abrogée par la loi n ٥09-03 du 25 février 2 0 0 9 relative à la
protection du con som m ateu r et à la répression des fraudes..

21
R e v u e A lg é r ie n n e d e s S c ie n c e s J u r id iq u e s , E c o n o m iq u e s e t P o litiq u e s

partie) il est indispensable de fixer au p réalab le les critè re s d e d éterm in atio n


du contractant à p ro tég er (1ère partie).

ï- critèr e s d e d é te r m in a tio n d u c o n tr a c ta n t à p r o te g e r .

L’analyse des règles p ro tectrices, au tan t d an s le d ro it c o m m u n , q u e dans


le droit de la consom m atio n , fait ap p araître d eu x c ritè re s e sse n tie ls p e n n ettan t
de définir le bénéficiaire de la pro tectio n .

L a qualité du co n tractan t co n stitu e le p re m ie r (A ), le seco n d e st lié à la


bonne foi et à l ’équité (B ). ‫و‬

A - critèr e lie à la q u a lité d u c o n tr a c ta n t.

S agissant de la p ro tectio n du c o n tra cta n t fa ib le , la q u alité d e celui-ci


est rattachée au type de c o n trat p a r leq u el il s ’en g ag e. O n d istin g u e à cet
égard, entre le c o n trat ég alitaire, c o n clu e n tte d eu x p ro fe s sio n n e ls o u deux
consom m ateurs et le co n trat de co n so m m atio n q u i lie u n c o n so m m a te u r à
un professionnel. Le d ro it co m m u n d es o b lig a tio n s g o u v e rn e le prem ier,
alors que le second est so u m is au d ro it de la co n so m m atio n . O n co n sta te à
ce sujet, que ce qui fonde la p ro tectio n d u c o n tra c ta n t faib le, c ’e st d ’u n e p art
sa qualité de c o n so m m ateu r en d ro it de la c o n so m m a tio n (1) e t d ’a u tre part,
celle d adhérent à un c o n tra t d ’ad h ésio n d an s le d ro it c o m m u n d es o b lig atio n s
(2). C ette dichotom ie nous in terro g e sur la re la tio n e n tre les deux.

Si effectiv em en t cette d ifféren c ia tio n sem b le d e p rim e ab o rd n e tte , force


est de co n stater cep en d an t, que la fro n tière en tre les d eu x d ro its n 'e s t p as
étanche (3). N ous relèv ero n s e n o utre, qu e la q u alité d e d é b ite u r d an s le ra p p o rt
d ’obligation suffit, m êm e si c ’est d an s u n e m o in d re m esu re en c o m p araiso n
avec celle de co n so m m ate u r et d ’ad h éren t, p o u r le q u alifier d e c o n tra cta n t
faible, éligible à la p ro te c tio n (4).

22
L a p ro te c tio n du c o n tra c ta n t faib le

1- La q u a lité de co n so m m a teu r :

Il est acquis que le droit de la consom m ation a pour vocation essentielle


la protection du c-onsommateur. Les règles qu’il édicte tendent vers ce but.
Le consom m ateur en est le bénéficiaire exclusif d ’après la term inologie
em ployée par le législateur. Ainsi l’article prem ier de la loi du 25 février
2009 7relative à la protection du consom m ateur et à la répression des fi'audes,
énonce d ’em blée qtte son objet est « de fixer des règles générales relatives à
la protection du consom m ateur...

Pareillem ent, les obligations : d ’hygiène, de salubrité et d ’innocuité


des denrées alim entaires, de la sécurité, de la conformité, de la garantie des
produits ainsi que l’obligation d ’infonnation, sont dues au consommateur.

M ais com m ent définir le consom m ateur en droit algérien ?

A ux term es de l ’article 3 de la loi relative à la protection du consom m ateur


e tà la répression des fraudes, le consom m ateur est : « toute personne physique
ou m orale qui acquiert, à titre onéreux ou grafilit, un bien ou un service destiné
à une utilisation finale, pour son besoin propre ou pour le besoin d ’une autre
personne ou d ’un anim al dont il a la charge.8 »

7- JO R A n ٥ 15 du 0 8 /0 8 2 0 0 9 . L a lo i du 25 février 2 0 0 9 abroge la lo i du 7 février 1989


relative aux règles g én éra le s de protection du consom m ateur.
8- N o u s noterons q u ’avant la prom ulgation de la loi du 25 février 2 0 0 9 ١ ce n ’est pas la loi
du 7 février 1989 qui d éfin it le consom m ateur, m ais l’article 2 a lin é a io du décret e x é c u tif
n ٥9 0 - 3 9 du 3 0 ja n v ie r 1990 rela tif au contrôle de à la qualité, et à la répression d es fraudes ‫؛‬
A ux term es de c e tex te, on ente.nd par « consom m ateur : toute personne qui acquiert, à tifre
onéreux ou gratuit, un produit ou service de.st‫؛‬né à une utilisation interm édiaire ou finale,
pour son b eso in propre ou pour le besoin d ’une autre personne ou d ’un anim al dont il a la
cliarge. »

23
R e v u e A lg é r ie n n e d e s S c ie n c e s J u r i d i q u e s , E c o n o m iq u e s e t P o litiq u e s

Le co n so m m ateu r e st d éterm in é p a r ra p p o rt à Ja re la tio n co n tractu elle


q u ’il a établie avec u n p ro fessio n n el, o u selo n la te rm in o lo g ie e m p lo y é e par
le lég islateu r de 2009 , l ’in terv en an t. C e d e rn ie r e st défini d a n s l ’a rtic le 3 de la
loi relative à la p ro tectio n d u c o n so m m a te u r et à la ré p re ss io n d e s fra u d e s ‫ ؛‬il
s ’agit de « toute p erso n n e p h y siq u e o u m o rale in te rv e n a n t d a n s le p ro cessu s
de m ise à la co n so m m atio n d es p ro d u its. »

Le c o n so m m ateu r e st d o n c to u te p e rso n n e p h y siq u e oti m o ra le qui


acquiert à des fins p erso im elles o u fa m ilia le s, c .e s t- a d ir e à d e s fins non
p rofessionnelles, un b ien o u u n serv ice.

C ette d éfin itio n ex p rim e u n e ap p ro c h e stricte e n ce sen s, e t o n le reg rette,


qu elle exclue clairem en t d ’u n e p art, l ’u tilisa te u r q u i n ’e st p as l ’a cq u éreu r
et d autre part, le. p ro fan e qu i a g it à d es fins p ro fe ssio n n e lle s. E lle ren v o ie
dans le m êm e tem p s à la d éfin itio n éco n o m iq u e p u isq u e l’u tilis a tio n visée
est finale. Le c o n so m m ate u r au sens éco n o m iq u e, e st la p e rso n n e q u i réalise
1 acte final de 1 activ ité éco n o m iq u e, en l’o c c u rre n c e la c o n so m m a tio n qui
suit les p h ases de p ro d u c tio n e t d e d isttib u tio n . L e c o n c e p t d e c o n so m m a te u r
est lié à 1 u tilisatio n finale d u p ro d u it o u d u serv ice. « L e c o n so m m a te u r est
1 intervenant situé en fin d e c h aîn e d u p ro c e ssu s é co n o m iq u e. »9.

N ous n o tero n s q u e le lé g islate u r de 2 0 0 9 s ’e st d é m arq u é d e la d é fin itio n


du co n so m m ateu r co n ten u e d an s l’article 2 d u d é c re t 9 0 - 39 d u 3 0 ja n v ie r
٤990 re la tif au co n trô le de la q u alité e t à la ré p re ssio n d es frau d es. A u x term es
de ce texte, on e n ten d p a r « co n so m m ate u r : to u te p e rso n n e qui a cq u ie rt, à titre
onéreux ou gratuit- u n p ro d u it o u se n d c e , d estin é à un e u tilisa tio n in te rm é d ia ire
ou finale, potir so n b e so in p ro p re o u p o u r le b e so in d ’u n e autre- p e rso n n e
ou d ’un anim al d o n t il a la ch arg e. » Il e st vrai q u e la d é sig n a tio n co m m e
consom m ateur, de l’u tilisa te u r in te m ié d ia ire d u p ro d u it o u du serv ice ati m ê m e

M art - 9 ‫؛‬n (R ( ‫ ؛‬٠ p .c ٤t p . 1 5 0 .

24
L a p ro te c tio n du c o n tra c ta n t faib le

titre que !’utilisateur final, a jeté un doute dans les esprits. Si cet élém ent est
le plus souvent apprécié par rapport au but poursuivi par l’acquéreur (à titre
personnel ou professionnel),10 certains auteurs en ont abusivem ent déduit
une volonté d ’étendre la notion de consom m ateur au pro fessio n n el.il

En tout état de cause, en envisageant l’bypothèse dans laquelle est


considérée com m e consom m ateur, la personne qui fait du produit ou dti
service une utilisation interm édiaire, la notion juridique du consom m ateur ne
coïnciderait plus alors avec celle prônée en économie.

Il est en outre perm is de se dem ander si une telle notion du consom m ateur
répond bien atix objectifs du droit de la consom m ation? Celui-ci tend
effectivem ent à la protection du contractant faible, qui est présum é ne pas
avoir les m oyens de se protéger lui-m êm e, contrairem ent au professionnel qui
par définition a la capacité économ ique, technique et juridique de réaliser ce à
quoi il s ’engage dans une relation contractuelle. O r force est de constater que
le critère de la finalité de l’acquisition ne reflète pas une. telle idée.12

Dans notre droit, la cause du déséquilibre entre le consom m ateur


et l’intervenant n ’est pas à rechercher dans le domaine technique ou
économ ique. Ce n ’est ni l’absence de connaissanc-es techniques concernant

10' M oualek (B ): La protection p én ale du consom m ateur dans la législation algérienn e.


RASJEP 1999, n ٥2, p .2 3 ١ article en arabe.
11- B ou lah ya- B o u k liem is (A ): L es règ les juridiques d e protection du con som m ateu r
protection du co n so m m a teu r et la resp onsab ilité qui en résulte. Dar H oum a 2000, P.25,
ouvrage en arabe. D jerou d (Y ) : Le contrat de ven te et la protection du con som m ateu r en
droit algérien. T h è se en arabe. F acu lté de D roit d ’A lger, 2002) P. 17. )

12- Martin (R ) : L e co n so m m a teu r abusif. D a llo z 1987, chronique, P. 180. Ferrier (D.) : La
protection du con som m ateu r. D a llo z 1996‫ ؛‬P.14.
C athelineau (A ) : La n otion d e con som m ateu r en droit interne ‫ ؛‬A propos d ’une d é r iv e ... in
Contrats- C oncurrence^ C on so m m a tio n 1999, p.4.
Lubv (M ) : L a n otion de con som m ateu r en droit com m unautaire: une co m m o d e
inconstance.

25
R e v u e A lg é r ie n n e d e s S c.ien c es J u r id iq u e s , E c o n o m iq u e s e t P o litiq u e s

le p ro d u it ou le service, ni l’in fério rité éco n o m iq u e qui fait le co n so m m ateu r.


A insi un pro fessio n n el qui acq u iert u n p ro d u it ou u n serv ice d an s son
dom aine de com péten ce à d es fins p e rso n n elle s ou fa m ilia le s e st considéré
com m e consom m ateu r: alo rs qu e si l’a cq u isitio n e st faite p o u r d es besoins
p rofessionnels dans u n d o m ain e qui lui est to ta le m en t étran g er, il p e rd cette
qualité.

Il est à d ép lo rer que le lé g islate u r n ’a it p as rectifié la n o tio n de


conso m m ateu r en p ren an t en co m p te le c ritère tech n iq u e, é la rg issa n t de ce
fait la p ro tectio n au p ro fessio n n el q u i n ’a g it pas, lors d ’u n c o n tra t donné,
dans le d om aine strict de so n activ ité. P o u rta n t le lé g islate u r e st in terv en u
en 2004 p o u r définir à n o u v e au le c o n so m m a te u r co m m e « to u te p erso n n e
physique ou m o rale qui a cq u ie rt o u u tilise, à d es fins e x clu a n t to u t caractère
professionnel, des bien s o u des serv ices m is en v en te o u o f f e r t s .13 (‫ ؤ‬A priori
ce texte p récise la d éfin itio n p récéd en te. A c et effet, il v ise e x p re ssém en t
la personne m o rale e t la p erso n n e p h y siq u e le v an t ain si to u te é q u iv o q u e
et a supprim é la référen ce au x m o d es d ’u tilisatio n . Il la co m p lè te au ssi en
considérant l ’u tilisa te u r co m m e co n so m m ateu r, ce qui élarg it c ette n otion.
A cet égard, il c o n v ien t de n o te r av ec re g re t qu e le te rm e « u tilisa te u r » ne
figure p o in t dans l ’article e n arab e qu i co n stitu e le tex te o fficiel ap p licab le
par les tribunaux: ce qui p o u ira it co n d u ire à e x ig er q u e le c o n so m m a te u r soit
lié au p ro fessio n n el p ar u n co n trat, e x clu a n t alo rs l’u tilisa te u r d u b én éfice de
la prote.ction et ab o u tissa n t p a r là, à la ré d u c tio n d u c h am p d ’a p p lic a tio n du
droit de la co n so m m atio n .

L a p ro tectio n d u d ro it d e la c o n so m m atio n b én éficié a u c o n tractan t


répondant à la d éfinitio n d e co n so m m ateu r. C ’e st cette q u alité qui d é te n n in e

13- A rticle 3 -2 d e la lo i du 2 3 ju in 2 0 0 4 fix a n t le s r è g le s a p p lic a b le s a u x p ra tiq u es


co m m ercia les.

26
L a p ro te c tio n du c o n tra c ta n t faib le

la nature .juridique du contrat de consom m ation et sa soum ission au droit de


la consom m ation dont l’o b jectif est de veiller à ses intérêts.

2- Pareillem ent, la qualité du contractant joue un rôle clé dans la


déterm ination de la partie éligible à la protection prescrite dans le droit
com m un des obligations. L’accent est ainsi mis sur le contrat d ’adhésion
dont la définition peut être déduite de l’article 70 de notre code civil qui
édicte : « L’acceptation dans un contrat d ’adhésion résulte de l’adhésion
d ’une partie à un projet réglem entaire que l’autte établit sans en perm ettre la
discussion. » L a spécificité de ce contrat est ainsi mise en exergue. Elle réside
dans le fait que ce contrat m et en rapport deux c o n tactan ts qui sont dans un
rapport d ’inégalïté. L a volonté des deux parties existe certes, elle n ’a pas
cependant une force identique pour chacune d ’elles. De la partie adhérente
est présum ée ém aner une volonté dim inuée en ce que ses droits et obligations
ont été déterm inés sans son accord préalable. A cet égard, nous noterons sur
le plan term inologique, l’expression « ad h ésio n ...à un projet réglem entaire »
utilisée par le législateur ‫ ؛‬laquelle dém ontre bien toute 1’am biguïté rattachée
au contrat d ’adhésion et nous renvoie aux débats q u ’il a suscités, concernant
notam m ent, sa n a tu re .14

3- N otre code civil prévoit des dispositions particulières visant à protéger


le contractant faible q u ’est l’adhérent. C ’est sur ce dernier que se concentre
l’intérêt du législateur. Il m érite d ’être protégé ès qualité sans prendre
en com pte sa situation économ ique ou autre. Son adhésion à un contrat
préétabli unilatéralem en t par son partenaire sans en perm ettre la discussion
est une cause nécessaire et suffisante pour le protéger. A lors q u ’ils ont pour
dénom inateur com m un, l’état de faiblesse qui les caractérise, l’adhérent doit
a - i être différencie du consom m ateur. Ce dernier est partie à un conttat de
4 ‫ا‬- N ordm ann (P): L e contrat d ’adhésion: A bu s et rem èdes. T hèse Fribourg 1974 P.10.

27
R e v u e A lg é r ie n n e d e s S c ie n c e s J u r id iq u e s , E c . n o m i q u e s e t P o litiq u e s

consom m ation, tandis que l ’ad h éren t p eu t co n clu re des co n tra ts q ui d épassent
ce cadre étroit et co ncern e u n e catég o rie p lu s large de c o n tra cta n ts.

N ous rem arquero n s que le lé g islate u r co n su m é riste e n tre tie n t la confusion


entre le contrat d ’ad h ésio n et le co n tra t de co n so m m atio n . L a loi 0 4 -0 2 du 23
m ai 2004 relative aux p ra tiq u e s co m m e rciale s d éfin it le c o n tra t c o n c lu entre
un agent éco nom ique 15 e t u n co n so m m ate u r c o m m e é ta n t : « to u t a cc o rd ou
convention, ay an t p o u r o b je t la v en te d ’u n b ien o u la p re sta tio n d ’u n service,
et réd ig é u n ilatéralem en t e t p ré a lab le m e n t p a r l ’un e d e s p a rtie s à l ’a cc o rd et
auquel l ’autre partie ad h ère sans p o ssib ilité ré e lle d e le m odifier. » 1 6

Le co n trat de c o n so m m atio n se c o n fo n d ra it a lo rs a v e c le co n trat


d ’adhésion. Ce c o n stat n o u s in te rro g e su r les ra p p o rts e n tre te n u s e n tre le
d ro it de la c o n so m m atio n e t le d ro it c o m m u n d es o b lig a tio n s. S ’a g it - i l
d ’i ra p p ro ch em en t en tre e u x o u au c o n tra ire d ’u n e m a rq u e d ’a u to n o m ie du
p rem ier à 1’ég ard d u sec o n d ? U n e te lle in te rro g a tio n n ’e s t p as d é n u é e d ’intérêt
q u an t au c o n tractan t faib le à p ro tég er.

A p rem ière v ue, les d isp o sitio n s de la loi re la tiv e a u x p ratiq u es


c o - e r c i a l e s ré v è len t u n e v o lo n té de se d é m a rq u e r d u d ro it co m m u n .
S inon co m m e n t ju s tifie r .?’e x iste n c e d an s u n e te lle loi, d ’u n e d éfin itio n
p récise du c o n tra t de c o n so m m a tio n q u i e st affirm é c o m m e é ta n t u n c o n tra t
d ’a d h ésio n ?

L e c o n tra cta n t q u i p e u t se p ré v a lo ir d es rè g le s p ro te c tric e s é d ic té e s p ^


cette loi e st en m êm e te m p s le c o n so m m a te u r q u i s ’a v éré ê tre a u ssi la p artie
ad h éren te d ’un c o n tra t d ’a d h ésio n .

5 ‫ ا‬- L’a g e n t é c o n o m iq u e s ’e n te n d , c o n fo r m é m e n t à l ’a r tic le 3 l e d e la lo i d u 2 3 j u in 2 0 0 4 ,


de « tou t prod ucteur, c o m m e r ç a n t, a rtisa n o u p resta ta ir e d e s e ^ i c e s , q u e l q u e s o it s o n statu t
ju r id iq u e q u i e x e r c e d a n s le ca d r e d e so n a c tiv ité p r o f o s s io n n e lle h a b if o e lle o u e n v u e d e la
ré a lisa tio n d e s o n o b je t sta fo ta ir e »
16- A rtic le 3 - 4 e d e la lo i d u 2 3 j u in 2 0 0 4 .

28
L a p ro te c tio n d u c o n tra c ta n t faib le

Le rapport d ’inégalité s ’en trouve en quelque sorte renforcé, car double.


Le législateur ne se borne pas, conform ém ent aux principes gouvernant le
droit de la consom m ation, à décréter le bénéfice, de la protection au profit du
contractant ayant la qualité de consom m ateur face à un intervenant.

Jugeant ce critère instiffisant, il exige en plus q u ’il soit engagé dans un


contrat d ’adhésion dont il est la partie adhérente. La déterm ination de la
partie faible à protéger est assise sur le cum ul entre deux qualités qui jusque
là, constituaient deux critères séparém ent appliqués, l’un dans le droit de la
consom m ation et l’autre, dans le droit com m un des obligations.

Cette fusion ne peut elle pas être interprétée com m e un rapprochem ent
entre les deux droits ? Et ce d ’autant, que le décret d ’application de la loi sur
les pratiques com m erciales vise le code civil et plus précisém ent l’article 70
relatif au contrat d ’adhésion. 17

On le constate à travers ces différentes dispositions, pour ce qui est


des règles protectrices de la partie faible, la relation entte le droit de la
consom m ation et le dro it com m un des obligations est ambigüe. Tantôt la
tendance est au rapprochem ent ou m êm e à la co m plém ent^ité, tantôt, au
contraire, on assiste à une antinom ie entre les règles édictées par l’un et l’autre
droit.

Un exem ple perm et d ’illustrer la com plém entarité avérée entre le droit
commun des obligatio n s et le droit de la consom m ation. Il s’agit des clauses
abusives. Le législateu r de 1975 a prévu dans l’artic.le 110 du code civil, de
sanctionner l’insertion de clauses abusives dans un contrat d ’adhésion, en
modifiant ces clauses ou en dispensant la partie adhérente de l ’exécuter. Ce

17" D écret e x é c u t if n . 0 6 - 3 0 6 du 10 sep tem b re 2 0 0 6 fixant les élém en ts essen tiels d es c.n tr a ts
conclus entre les a g en ts é c o n o m iq u e s et les con som m ateurs et les clau ses co n sid érées co m m e
abusives. Trois te x te s figu ren t dans les v isa s de ce texte. L es articles 8 5 -4 e et 125 de la
C onstitution, l ’article 7 0 du c o d e c iv il et le co d e de com m erce.

29
R e v u e A lg é r ie n n e d e s S c ie n c e s J u r i d i q u e s , E c o n o m i q u e s e t P o litiq u e s

n ’est q u ’e n 2 0 0 4 que la loi su r les p ra tiq u e s c o m m e rc ia le s a p ris e n c h a rg e ce


p ro b lèm e dans le c o n trat d e c o n so m m a tio n . A v an t 2 0 0 4 , le d ro it c o m m u n des
o b lig atio n s s ’a p p liq u a it a u ssi b ien au c o n tra t d e c o n s o m m a tio n q u ’a u co n trat
ég alitaire : le c o n tra cta n t faib le à p ro té g e r é ta n t l’a d h é re n t.

L a loi d u 23 m ai 2 0 0 4 a c h an g é les d o n n e s. L e p ro fe s s io n n e l c o n fro n té à


l ’ex isten ce d ’un e clau se ab u siv e d an s u n c o n tra t d ’a d h é s io n le lia n t à u n autre
p ro fessio n n el ne p e u t se p ré v a lo ir q u e d e l ’a p p lic a tio n d e l ’a rtic le l l O d u code
civil. Q u a n t au c o n so m m ateu r, il e st so u m is a u x d is p o sitio n s p a rtic u liè re s
éd ictées p a r la loi su r les p ra tiq u e s c o m m e rc ia le s e t le d é c re t d ’a p p lic a tio n du
10 sep tem b re 2 0 06. E n c o n sé q u e n c e , la c o e x is te n c e d e c es rè g le s ré g is s a n t la
p ro tectio n de l’a d h é re n t d an s le d ro it c o m m u n e t le d ro it de la c o n so m m a tio n
trad u it u n e c o m p lé m en ta rité c ertain e q u i a b o u tit à la p ro te c tio n d e l ’a d h éren t
en général, q u ’il so it c o n so m m a te u r o u p ro fe ssio n n e l.

C ette c o m p lé m en ta rité ne co n stitu e p as, lo in s ’e n fa u t, la p rin c ip a le


caractéristiq u e des lien s en tre le d ro it c o m m u n d es o b lig a tio n s e t le d ro it de la
co n so m m atio n .A u c o n tra ire , la d is tin c tio n e n tre la s itu a tio n d u c o n so m m ate u r,
co n tractan t faib le à p ro té g e r e t c elle d u p ro fe ssio n n e l e s t n e tte m e n t m arq u ée.
11 en est ainsi à titre d ’e x em p le, de l’o b lig a tio n d e g a ra n tie qu i p è se su r le
vendeur. L e d ro it c o m m u n a u to rise les p a rtie s à s ’a c c o rd e r su r u n e lim ite de
cette garantie o u m êm e sa s u p p re s s io n .l8 L’a rtic le 13 d e la loi d u 25 f é ^ i e r
2009 relative à la p ro te c tio n d u c o n so m m a te u r e t à la ré p re ss io n d e s frau d es,
considère n u lle to u te c lau se d e n o n g aran tie.

C o n trairem en t a u c o n so m m a te u r e t à l’a d h é ra n t, le d é b ite u r n ’e st pas


considéré ès q u alité c o m m e le c o n tra c ta n t faib le.

1 8 - A rtic le 3 8 4 du c o d e c iv il: « L e s co n tra c ta n ts p e u v e n t, par d e s c o n v e n t io n s p a r tic u liè r e s


aggraver l’o b lig a tio n d e g a r a n tie , la restre in d re o u la su p p rim e r. N é a n m o in s , to u te stip u la tio n
supprim ant o u restreig n a n t la g a r a n tie e s t n u lle si le v e n d e u r a ‫؛‬.n te n tio n n e lle m e n t d is s im u le
le d éfaut d e l ’o b je t v en d u . »

30
L a p r o te c ti.n d i c o n tra c ta n t fa ib le

4- Le débiteur, tenu de Inexécution d ’une prestation à 1’égard de son


cocontractant est vu com m e la partie faible du contrat qui m érite d ’être
protégée. P ourtant, co n fo n n ém en t au principe de la force obligatoire du
contrat, il se doit d ’honorer ses engagem ents conform ém ent à ce qui a été
convenu.

Le respect de l’accord souscrit im plique l’exécution am iable ou forcée


des obligations contractuelles. Il s ’agit là de l ’essence m êm e de l’engagem ent
contractael. A défaut et en tant que partie défaillante, le débiteur engage sa
responsabilité contractuelle, s a u f à prouver l’existence d ’une convention
contraire ou d ’une cause exonératoire.

Ce p rincipe est cependant assorti dans nofre droit de plusieurs exceptions.


C ’est ainsi que le code civil, tout en défendant les intérêts du créancier, prévoit
des dispositifs à m êm e de protéger le débiteur se retrouvant dans une sittiation
de faiblesse, eu égard à des circonstances particulières.

Ces circonstances édictées par le législateur constituent donc, le critère


octroyant au débiteur la qualité de contractant faible. A ce propos, nous
citerons com m e exem p le p ajm i de nom breuses autres règles, la théorie de
l’im prévision décrétée à l ’article 107, alinéa trois du code civil justifiant
la révision du contrat, par l’intervention « d ’évènem ents exceptionnels,
im prévisibles et ay an t u n caractère de généralité » qui rendent l ’exécution
de !.’obligation n o n pas im possible, m ais « excessivem ent onéreuse de façon
à m enacer le d éb iteu r d ’tm e perte exorbitante ».

Les règles d ’interp rétatio n du contrat dém ontrent égalem ent la volonté
du législateur de p ro tég er le débiteur. L’article 112 du code civil com m ande
ainsi au ju g e d ’in terp réter le doute au profit du débiteur. On rem arque, à
travers ces exem ples, que le débiteur n ’est qualifié de contractant faible q u ’à

31
R e v u e A lg é r ie n n e d e s S c ie n c e s J u r i d i q u e s , E c o n o m iq u e s e t P o litiq u e s

titre exceptionnel. Il ne bén éficié p as de la p ro te c tio n en ta n t q u e tel. c 'e s t en


q uelque sorte « une q u alité circ o n sta n c iée » q u i lu i e st c o n c é d é e .

E n co n clu sio n à cette p artie co n sa c rée à la q u a lité d u c o n tra c ta n t com m e


critère d éterm in an t p o u r b é n éficier de la p ro te c tio n lé g ale, il c o n v ie n t d ’en
so u lig n er !’im p o rtan ce e t m ê m e la p ré d o m in a n ce .

N éaiu n o in s, il c o n v ien t d e rem arq u er, q u e la p ro te c tio n d u co n tractan t


faible se décide au ssi su r u n fo n d e m e n t p lu s o b je c tif, e n l ’o c c u r e n c e , les
p rin cip es de b o i e foi e t d ’éq u ité qui p ré s id e n t a u x ra p p o rts c o n tra c tu e ls.

B - c r itè r e fo n d e s u r la b o n n e fo i e t l ’é q u it é

N o tre code civ il e st é m aillé de ré fé re n c e s à la b o n n e foi e t à l ’é q u ité dans


ses p rescrip tio n s re la tiv e s au co n trat, ta n t d a n s la p h a se d e sa fo rm a tio n que
de celle de son e x écu tio n . A titre d ’illu stra tio n , lo rs d e la f o m a tio n d u con trat,
dans son a p p réciatio n de la q u a lité e sse n tielle su r la q u e lle p o rte l ’e rre u r vice
du co n sen tem en t, le ju g e d o it te n ir c o m p te d e « la b o n n e foi q u i d o it ré g n e r
dans les affaires. » T o u jo u rs d an s le re g istre d e l ’e rreu r, « la p a rtie qu i est
v ictim e d une e rre u r n e p e u t s ’e n p ré v a lo ir d ’u n e fa ç o n c o n tra ire a u x règ les
de la bonne foi. » Il en est d e m ê m e en m a tiè re d e dol e t d e v io le n c e , v ic es du
co n sen tem en t définis p a r la m a u v aise fo i d e l ’u n e d e s p a rtie s a u co n tra t.

L e x p lo itatio n lé sio n n aire p ré v u e à l’a rtic le 90 é rig é e en p rin c ip e g é n éral


applicable à to u s les c o n tra ts 19 a é g a le m e n t p o u r s o u b a s se m e n t la m a u v aise
foi du c o n tra cta n t q u i exploite- la lé g èreté n o to ire o u l.a p a ss io n d e son
co co n tractan t afin de b é n éficie r de d ro its trè s la rg e m e n t s u p é rie u rs à c e u x de
ce dernier.

19- S a u f c e u x p o u r le s q u e ls il e x is t e un te x te s p é c ia l, tel l ’a r tic le 3 5 8 r e la t if a la lé s io n d a n s la


v en te im m o b iliè r e ou !’a rtic le 7 3 2 c o n c e r n a n t la lé s io n d a n s le p a r ta g e c o n v e n tio n n e l.

32
L a p r o te c ti.n d u c o n tra c ta n t fa ib le

L’équité est m entionnée dans plusieurs textes? tel que l’article 65 du code
civil qui autorise le tribunal? à déterm iner le contenu du contrat conform ém ent
notam m ent à l’équité, dans l’hypothèse dans laquelle les contractants se sont
entendus sur les élém ents essentiels du contrat et ont pré ١m de s’entendre par
la suite sur les points de détails.20

S’agissant de l’exécution du contrat, la bonne foi est invoquée dans


l’article 107 du code civil com m e une exigence dans les relations confractuelles
dans son alinéa preiuier, et l’équité com m e une source com plém entaire des
obligations contrachjelles dans son alinéa deuxièm e. 21 En oufre, « la loyauté
et la confiance devant ex ister entre les contractants »guident le juge dans son
in te ^ ré ta tio n du contrat (article 111).

Com nre nous l ’avons souligné, les références à la bonne foi et à l’équité
ne sont pas du dom aine ex clu sif du droit com m un des obligations. Le droit
de la consom m ation fait de ces élém ents des principes cardinaux dans la
dém arche de pro tectio n du contractant faible.

Avant d ’étudier l ’incidence de la bonne foi et de l’é.quité. sur la


déterm ination du contractan t faible (2), il est im pératif de cerner chacun de
ces concepts (1).

2 0 - A rticle 65 : L orsq u e Jes parties ont exp rim é leur ac.cord sur tous les points essen tiels du
contrat et ont réserv é de s ’en ten dre par la su ite sur les p oints de détails, sans stipuler que faute
d ’un tel accord, le contrat serait san s effet, c e contrat est réputé co n clu , les points de détails
seront alors, en ca s d e litig e , d éterm in és par le tribunal, con form ém en t à la natare de l ’affaire,
aux prescriptions de la loi, à l ’u sa g e et à l ’équité. »
2 1 - A rticle 107 : « L e contrat d ’ex é cu tio n d o it être ex écu té con form ém en t à son contenu et
de bonne foi.
Il ob lige le contractant, non se u le m e n t à ce qui y est exprim é, m ais encore à tout ce que la
loi, l ’usage et l ’éq u ité con sid èr en t c o m m e une suite n écessaire de ce contrat d ’après la nature
de l ’ob ligation . »

33
R e v u e A lg é r ie n n e d e s S c ie n c e s J u r i d i ٩ u e s . E c o n o m i q u e s e t P o litiq u e s

l - E n l ’a b se n c e d e d éfin itio n s lég ales, c ’e s tà la d o c tr in e et à la j urisprttdence


fran çaises cju’est rev en u e la m issio n de p ré c ise r les n o tio n s d e b o n n e foi, (1-1)
et d ’équité (1-2) ‫ ؛‬n o tio n s rep rises d an s n o tre d ro it.

1-1-L a n o tio n d e b o n n e foi fait l’o b je t d ’u n e c o n tro v e rs e doctrinale.


C ertains auteurs, d an s une v isio n stricte la ra tta c h e n t à l ’in te rp ré ta tio n du
contrat. 22 D ’au tres au co n traire, v o ie n t en elle, u n m é c a n is m e e ss e n tie l pour
g aran tir que l ’ex écu tio n du c o n tra t ne se fasse p a s a u d é trim e n t d e l’intérêt
de l ’une des parties au co n trat. L a b o n n e foi re flé te ra it a lo rs u n e concep tio n
m oins in d iv id u aliste des re la tio n s c o n tracttielles. L e c o n tra t e st considéré
com m e « u n e p etite so ciété o ù c h ac u n d o it tra v a ille r d a n s u n b u t com m un
qui est la so m m e des b u ts in d iv id u e ls ...a b s o lu m e n t c o n u n e d a n s la société
civile et co m m erciale. »23

Il est a u jo u rd ’hui u n a n im e m en t a d m is q u e la b o n n e fo i p ré s u m é e dans


to u t contrat, s e n ten d d ’u n e o b lig a tio n d e lo y a u té d o u b lé e d ’u n d e v o ir de
coopération.

-L o b lig a tio n de lo y au té qu i se ta ille la p a rt d u lio n d a n s les textes,


im pose au c o n tra cta n t de s ’a b ste n ir d e to u t a cte a y a n t p o u r b u t d e n u ire à l ’autre
partie, de lui ren d re l ’e x éc u tio n de so n o b lig a tio n p lu s d ifficile. L e co n tra cta n t
à p ro té g e r est la v ictim e d e !’in e x é c u tio n de. cette o b lig a tio n . L e c o d e civ il est
fécond en d isp o sitio n s illu stra n t cette règ le. N o u s c ite ro n s à titre d ’ex em p le.
l’article 178 qui a d m et q u ’il p e u t être c o n v e n u « q u e le d é b ite u r so it d éch arg é
de toute resp o n sa b ilité p o u r in e x é c u tio n d e l ’o b lig a tio n c o n tra cttjelle, sau f
celle qui n aît de so n d o l o u d e sa fau te lo u rd e. »

P areillem en t, l ’article 3 7 7 a lin é a 3 c o n sid è re « n u lle to u te sti-pulation


supprim ant ou re stre ig n an t la g a ra n tie d ’év ictio n , si le vendeur a
22- V o la n sty : E s sa i d ’u n e d é fin itio n e x p r e s s iv e du d ro it b a sé su r l ’id é e d e b o n n e fo i. T h è s e
Paris 1929, P.325. B e n c h e n e b (A ), o p . c it. P.91)
2 3 - D e m o g u e , T raite d e s o b lig a tio n s en g é n é r a !, t .V I ١ p .9.

34
L a p ro te c tio n d u c o n tra c ta n t faib le

intentionnellem ent dissim ule le droit appartenant au tiers. » Par ailleurs, le


dol qui traduit par excellence la m auvaise foi et la violation de l’obligation de
loyauté constitue une lim ite au principe de la force obligatoire du contrat.

La protection du con tractan t victim e du dol de l’autre partie se traduit


par la réparation du préjudice im prévisible, alors que la règle en m atière
contractttelle est « la réparation du préjudice qui a pu être norm alem ent pré ١m
au m om ent du contrat. » (article 182 alinéa 3 du code civil.)

C om m e le souligne un auteur, « ces notions de loyauté et de confiance


ne doivent pas être prises à la légère en A lgérie. »24 Ce constat se confirme
dans le droit de la consom m ation. A cet égard, la loi du 23 ju in 2004 sur les
pratiques co m m erciales m et l’accent sur la nécessaire loyauté dont doit faire
preuve l’agent éco n o m iq u e et à laquelle elle consacre le titre III intitulé « De
la loyauté des pratiques com m erciales. » C ette exigence nrise à la charge de
l’agent économ ique s ’ex erce autant vis-à-vis du consom m ateur que d ’un
autre agent écon o m iq u e.

Sans en d o n n er un e définition précise, le législateur de 2004, déterm ine


les com portem ents délo y au x regroupés en cinq rubriques:

1- les p ratiq u es co m m erciales illicites (ventes concom itantes, refas de


v e n te...) ‫؛‬

2- les pratique-s de p rix illicites (non respect des prix réglem entés, fausses
déclarations du prix de rev ien t po u r influer sur le prix des biens et des services
ainsi que les p ratiq u es et m anœ uvres visant à dissim uler des m ajorations
illicites des p rix ) ‫؛‬

3- les p ratiq u es co m m erciales frauduleuses (établissem ent de factures


fictives ou de fau sses factu res, la destruction, la dissim ulation et la falsification

2 4 . B e n c h e n e b (A ) : op . cit. P . 9 J

35
R e v u e A lg é r ie n n e d e s S c ie n c e s J u r id iq u e s, E c o n o m iq u e s e t P o lit iq u e s

des d o cu m en ts c o m m e rciau x e t c o m p ta b le s e n v u e d e fa u s s e r le s con d itio n s


ré elles d es tra n sac tio n s c o m m e rc ia le s ...) ‫؛‬

4 - les p ratiq u es c o m m e rc ia le s d é lo y a le s2 5 ‫؛‬

5- les p ratiq u es co n tracttrelles a b u siv e s.

Il s ’ag it là, d ’une é n u m é ra tio n n o n e x h a u s tiv e d e s c la u s e s a b tis iv e s insérées


dans u n co n tra t de v e n te c o n c lu e n tre l ’a g e n t é c o n o m iq u e e t le c o n so m m ate u r.
C ela va, de la clau se p a r la q u elle le v e n d e u r se ré s e rv e d e s d ro its e t av an tag es
sans é q u iv alen t p o u r le c o n so m m a te u r, à la m e n a c e d e ro m p re le c o n tra t si
ce d ern ier refitse de se so u m e ttre à de n o u v e lle s c o n d itio n s c o m m e rciale s
inéquitables,, en p a ssa n t p a r la m o d ifica tio n u n ila té ra le e t a so n a v a n ta g e , des
conditio.ns d ’e x éc u tio n d u c o n trat.

O n co n state, à tra v e rs ces te x te s q u ’a p rè s a v o ir c la ire m e n t d is tin g u é le


c o n so m m ateu r q u i jo u it ès q u a lité d e la p r o te c tio n d u d r o itd e la c o n so m m a tio n ,
du p ro fessio n n el q u i en e st e x c lu , le lé g is la te u r p ro c è d e à la m is e e n p la c e de
m écan ism es de p ro te c tio n a u bénéfic.e d e s p ro fe s sio n n e ls . C e q u i te m p ère
et relativ ise la d is c rim in a tio n re le v é e p a r a ille u rs d a n s le s d is p o sitio n s du
droit de la c o n so m m a tio n ٠2 6 A ce p ro p o s , l ’a rtic le p re m ie r d e la loi fix an t
les règ les ap p lic ab le s a u x p ra tiq u e s c o m m e rc ia le s e s t d é m o n stra tif. Il én o n ce
que cette loi « a p o u r o b je t d e fix er les rè g le s e t p rin c ip e s d e tra n s p a re n c e et
de loyauté a p p lic a b le s a u x p ra tiq u e s c o m m e rc ia le s ré a lis é e s e n tre les ag en ts
éco n o m iq u es et e n tre c e s d e rn ie rs e t les c o n so m m a te u rs . »

2 5 - T .u t e s p ra tiq u es c o m m e r c ia le s d é lo y a le s c o n fr a ir e s a u x u s a g e s h o n n ê t e s e t lo y a u x et
par le s q u e lle s un a g e n t é c o n o m iq u e p o rte a tte in te a u x in té r ê ts d ’u n o u d e p lu sie u r s au tres
agen ts é c o n o m iq u e s , te ls q u e le d é n ig r e m e n t, l ’e x p lo ita tio n d ’u n s a v o ir fa ir e t e c h n iq u e ou
c o m m er cia l sa n s l ’a u to r isa tio n d e s o n titu la ir e , la d é b a u c h e d u p e r s o n n e l e n g a g é p ar un
concurcent en v io la tio n d e la lé g is la t io n du tr a v a il...
2 6 - M a zea u d ( D ) : L’a ttra ctio n du d ro it d e la c o n s o m m a tio n . R T D c o m . 5 1 ( 1 ) 1 9 9 8 P. 105

36
L a p ro te c tio n d u c o n tra c ta n t faibJe

-L’obligation de coopération implique « ttne attitude d’entraide


contractttelle », une solidarité entre les parties au C0ntrat.27

1-2-Quant à l ’ équité, elle est définie comme « une réalisation suprême de


la justice allant parfois au-delà là de ce prescrit la loi. »28

Les notions de bonne foi et d ’équité sont proches en ce q u ’elles perm ettent
a u jtig e de dépasser « la lettre du contrat » au nom de la loyauté qui doit régner
dans les relations écono m iq u es et de 1’idéal de justice. Leur m ise en oeuvre
se fait cependant, p ar des m odalités différentes. « A lors que la bonne foi agit
en quelque sorte de l’intérieur en veillant à une exécution loyale de la part de
chaque contractant, l’équité le fait de l’extérieur en se plaçant à un point de
vue plus élevé, celui de la ju stice et en concourant à définir ce qui est du. »29

Les m ultiples références à l’équité nous interrogent sur sa portée et sur


la marge de m anœ uvre dont dispose le ju g e pour intervenir au nom de ce
principe. D eux avis so n t exprim és à ce sujet. Les tenants du prem ier lui
accordent un effet lim ité, celui de perm ettre par le biais de l’interprétation,
« de donner un sens a u x clauses dont la signification serait douteuse » ; ce qui
lui dénie tout rôle lo rsq u ’il s ’ag it pour le ju g e de rem odeler le conü.at.30 Les
adeptes du second avis adm etten t à l’inverse, que l’équité jo u e un rôle crucial
dans le rem odelage du co n trat afin q u ’aucune partie ne soit lésée.31 De notre
point de vue, c ’est au n o m de l ’équité que certains conttactants bénéficient
d ’une protection légale, com m e l’illustre l ’im prévision.

2 7 - P .r c h y -S im o n (s) : D ro it c iv il 2 è m e an n ée. L es ob ligation s. D a llo z 2004, P.163. Voir


aussi Terré (F )S im le r (P ) e t L eq u ette (Y ) :D roit C iv il L es O b ligation s, 9 èm e éd ition , P.443.
Filali (A ) : o p .cit. P.369
28- G u iîie n ® et V in c e n t (J). D a llo z , P.250.
2 9 - Terré (F ), S im le r (P ) et le q u ette (Y ), op. cit., P.448.
3 0 - Pera.lat (L ) et B o u a ic h e (M ): D ro it c iv il O b lig a tio n s (O P U I9 8 2 ,p . 103).
3 1 - Filali (A ): L e s o b lig a tio n s : La th é o rie g én éra le du contrat. E N A G 2 0 0 8 , P.368. O uvrage
en arabe.

37
R e v u A lg é r ie n n e d e s S c ie n c e s J u r i d i q u e s , E c o n o m i q u e s e t P o l i t i q u e s

L e p rin cip e de b o n n e fo i p e rm e t, d e p a r la fle x ib ilité q u i le caractérise,


d e s ’im m iscer d an s la sp h ère c o n tra c tu e lle afin d e p r o té g e r le c o n tra c ta n t qui
se retrouve, en situ atio n de fa ib le sse à la su ite d u c o m p o rte m e n t d élo y al de
l ’autre partie. D e m êm e au n o m de l ’é q u ité , le ju g e n e v a p a s s ’a n ٠ê ter à la
v o lo n té co n tractu elle. L e lé g isla te u r lui o c tro ie le p o u v o ir d e la m o d ifie r afin
de rétab lir l’éq u ilib re ro m p u d a n s le c o n tra t e t p a rta n t, p r o té g e r la p a rtie lésée.
L a p ro tectio n d u c o n tra c ta n t faib le se tra d u it, c o m m e n o u s le v e rro n s dans la
seconde partie, de d ifféren te s m a n iè res.

I I- L es m é c a n is m e s d e p r o te c tio n d u c o n t r a c t a n t fa ib J e

L es m o d alités de p ro te c tio n d u c o n tra c ta n t fa ib le s o n t m u ltip le s . D an s un


souci de clarté, n o u s d is tin g u e ro n s les m é c a n is m e s d e p ro te c tio n in terv en an t
à la c.onclusion du c o n tra t (A ) d e c e u x m is e.n œ u v re lo rs d e s o n ex écu tio n
(B).

A - L a p r o te c tio n lo r s d e la c o n c lu s io n d u c o n t r a t

L e c o n tra cta n t fa ib le e s t a c c o m p a g n é d u ra n t to u te l ’e x is te n c e d u contrat.


Sa p ro tectio n co n rm en ce d ès la c o n c lu s io n d e c e lu i-c i o u m ê m e av an t. Le
lé g is la te u ra p ré v u p o u r ce faire, d iffé re n ts m é c a n is m e s d o n tle s p lu s im p o rtan ts
sont, la p ro te c tio n d u c o n se n te m e n t (1 ) e t la th é o rie d e s c la u s e s a b u siv e s (2).

1- L a p r o te c tio n d u c o n s e n t e m e n t

L a p ro te c tio n d u c o n se n te m e n t d u c o n tra c ta n t fa ib le ré sid e d a n s so n d ro it


à l’in fo n n a tio n (1 -1 ) a in si q u e d a n s la th é o rie d e l ’e x p lo ita tio n lé sio n n aire

( 1- 2)

1-Le d ro it à l ’in fo rm atio n . L e lé g is la te u r a é d ic té d a n s le c o d e civil


une o b lig atio n d ’in fo rm a tio n à la c h arg e d u c o n tra c ta n t q u i d isp o se d ’une
inform ation u tile p o u r l ’a u tre p a rtie . C ’e s t le c a s e n m a tiè re d e d o l. L ’a rtic le 86

38
L a p ro te c tio n d it c o n tra c ta n t faib le

alinéa deux énonce à cet effet : « Le silence intentionnel de l'u n e des parties
au sujet d ’un fait ou d ’une m odalité constitue un dol quand il est prouvé que
le contrat n ’aurait pas été conclu, si l’autre partie en avait eu c-onnaissance. »
S ’il est avéré, que lors de la conclusion du contrat, les parties n ’étaient pas
à un degré identique d ’inform ation et que celle qui détient le renseignem ent
déterm inant le consen tem en t de son cocontractant, l’a délibérém ent tu, le
contrat peut être rem is en cause. La victim e du silence do lo sif a le droit de
faire annuler le contrat et de dem ander réparation du préjudice subi sur le
fondem ent de la respo n sab ilité délictaelle. L'article 86 d ’application générale
à tous les contrats, porte les prém ices du droit à l’inform ation accordé au
consom m ateur p ar le droit de la consom m ation.

Il convient, cependant, de préciser que le consom m ateur possède un


droit à l’inform ation qui intervient m êm e dans la phase préconfractuelle. Le
consom m ateur doit être suffisam m ent renseigné sur le produit ou le service
q u’il acquiert afin de s ’en g ag er en connaissance de cause. C ’est ainsi que le
législateur de 2009 a co n sacré le chapitre V de la loi relative à la protection
du consom m ateur et à la répression des fraudes à l’obligation d ’inform ation
du consom m ateur32. A ce sujet, l’article 8 de la loi relative aux pratiques
com m erciales précise q u e « le vendeur est tenu, avant la conclusion de la
vente, d ’apporter p ar to u t m o y en au consom m ateur, les inform ations loyale-s et
sincères relatives atix caractéristiques du produit ou du service, aux conditions

3 2 - A rticle 17 d e la loi rela tiv e à la p rotection du co n som m ateu r et à la repression d es fraudes:


“Tout intervenant d o it porter à la c o n n a issa n ce du con som m ateu r toutes les in form ations
relatives au produit q u ’il m et à la co n su m m a tio n , par v o ie d ’étiq uetage, de m arquage ou par
tout autre m o y en ap proprié.
Les con d ition s et le s m o d a lité s d ’ap p lica tio n d es d isp o sitio n s du present article sont fix ée s
par v o ie réglem en ta ire.
Article 18 de la m ê m e loi: “ L’étiq u e ta g e , le m o d e d ’em p loi, le m anuel d ’u tilisation, les
conditions de garan tie du prod uit et tou te autre inform ation prevue par la réglem entation
en vigueur, d o iv e n t être r é d ig é s e sse n tie lle m e n t en langue arabe et, accessoirem en t, dans
une ou p lu sieu rs autres la n g u e s a c c e s s ib le s aux con som m ateu rs, de façon v isib le , lisib le et
indélébile.”

39
R e v u e A lg é r ie n n e d e s S c ie n c e s J u r i d i q u e s , E c o n o m iq u e s e t P o litiq u e s

de vente p ratiq u ées ainsi qu e les lim itatio n s é v en tu e lle s d e la responsabilité


co n tractaelle de la v en te ou de la p restatio n . »33

E n outre, I n f o r m a tio n d u e au c o n so m m a te u r re v ê t u n form alism e


obligatoire. En atteste l ’article 18 de la loi re la tiv e à la p ro te c tio n du
c o n so m m ateu r et à la ré p re ssio n des frau d e s q ui im p o se Î.é c rit comme
m oyen d ’in fo rm atio n d u c o n so m m a te u r ( l’é tiq u e ta g e , le m o d e d ’em p lo i, le
m anuel d ’u tilisatio n , les co n d itio n s de g a ra n tie d u p r o d u it...) . L es m entions
o b lig ato ires d o iv en t être ré d ig é es e sse n tie lle m e n t en la n g u e a ra b e et de façon
visible, lisible et ind éléb ile.

L e d é cret e x é c u tif d u 10 se p te m b re 2 0 0 6 e st a u ssi c o n c lu a n t en la


m atière. Il p ré v o it un e in fo rm atio n à la fo is ju rid iq u e , p o rta n t s u r les d ro its du
c o n so m m ateu r e t les m o d a lité s de p ro te c tio n q u e le d ro it m e t à sa disposition
et m atérielle, ay an t tra it au x c ara c té ristiq u e s d u p ro d u it o u d u s e rv ٤ce3 4

3 3 - C ette in fo rm a tio n p r é a la b le e s t p r é c is é e par l ’art‫؛‬c le .4 .d u d é c r e t 0 6 - 3 0 6 du 10 sep tem b re


2 0 0 6 fix a n t le s é lé m e n ts e s s e n tie ls d e s co n tra ts c o n c lu s en tre le s a g e n ts é c o n o m iq u e s
et les c o n so m m a te u r s et le s c la u s e s c o n s id é r é e s c o m m e a b u s iv e s , le q u e l c o m m a n d e : «
L’a g en t é c o n o m iq u e e s t ten u d ’in fo r m e r le s c o n s o m m a te u r s , par to u s m o y e n s u tile s, sur les
c o n d itio n s g é n é r a le s e t p a r tic u liè r e s d e v e n te d e s b ie n s e t/o u d e p r e s ta tio n s d e s e r v ic e s et de
leur p erm ettre d e d is p o s e r d ’un d é la i su ffisa n t p o u r e x a m in e r et c o n c lu r e le co n tra t. »

3 4 - A r tic le 2 : « S o n t c o n s id é r é s c o m m e é lé m e n ts e s s e n tie ls d e v a n t fig u r e r d a n s les


con trats c o n c lu s en tre l ’a g e n t é c o n o m iq u e e t le c o n s o m m a te u r , le s é lé m e n ts a y a n t trait aux
d roits fo n d a m e n ta u x du c o n so m m a te u r , e t q u i s e ra p p o rten t à l ’in fo r m a tio n p r é a la b le du
co n so m m a teu r, à la lo y a u té e t à la tra n sp a r en ce d e s tr a n sa c tio n s c o m m e r c ia le s , à la sé cu rité
et à la co n fo r m ité d es b ie n s e t/o u s e r v ic e s a in si q u ’à la g a r a n tie e t au s e r v ic e a p r è s -v e n te .
A rt. 3. « L e s é lé m e n ts e s s e n tie ls v is é s à l ’a r tic le 2 c i- d e s s u s c o n c e r n e n t p r in c ip a le m e n t :
. le s sp é c ific ité s e t la nattrre d e s b ie n s e t/o u s e r v ic e s ‫؛‬
. le s p rix e t tarifs :
. les m o d a lité s d e p a ie m e n t ‫؛‬
. le s c o n d itio n s e t d é la is d e liv r a iso n ‫؛‬
. le s p én a lité s d e retard d a n s le p a ie m e n t e t/o u d a n s la liv r a is o n ‫؛‬
. les m o d a lité s d e g a ra n tie e t d e c o n fo r m ité d e s b ie n s e t/o u s e r v ic e s ‫؛‬
. le s c o n d itio n s d e r é v isio n d e s c la u s e s c o n tr a c tu e lle s ‫؛‬
. les c o n d itio n s d e r è g le m e n t d e s lit ig e s ‫؛‬
. les p rocéd u res d e r é silia tio n du co n tra t.

40
L a p ro te c tio n d u c o n tra c ta n t fa ib le

P ar ailleurs et dans un souci de transparence des pratiques com m erciales,


le vendeur est débiteur d 'u n e o b ligation d ’inform ation plus générale par
laq u elle, il doit « o b ligato irem en t inform er les clients stir les prix, les tarifs
e t les conditions de vente des biens et services. » (A rticle 4 de la loi sur les
p ratiques com m erciales.)

Le droit à l ’infom ratio n n ’est pas décrété dans l’intérêt ex clu sif dti
consom m ateur, il s ’appliq u e à tous les « clients » du vendeur ‫ ذ‬y com pris, les
acquéreurs professionnels. L a p rotection de ces derniers n ’a pas une teneur
identique à celle octroyée aux consom m ateurs, nrais elle a le m érite d ’exister.
L e législateur de 2004 a réservé u n traitem en t distinc.t à l’inform ation due à
ces deux catégorie.s de co ntractants. Sur les six textes traitant de l’obligation
d ’inform ation, deux co n cern en t les relations entre agents éc.ononriques (articles
7 et 9), deux autres v isen t ex p ressém en t le consom m ateur destinataire des
renseignem ents (articles 5 et 8), tandis que les deux derniers ont une portée
générale (articles 4 et 6).

Ces dispositions d ém o n tren t bien q u ’une nouvelle tendance se dessine ‫؛‬


celle d ’étendre le bénéfice de la p rotection aux professionnels, m êm e si c ’est
de façon relative.

En sus de la po ssib ilité poui. le créancier de l’obligation d ’inform ation de


dem ander l’an n u latio n du co n trat p o u r consentem ent vicié, et le cas échéant,
la réparation du p réjudice subi, il bénéficié d ’une protection pénale. Le défaut
d ’inform ation sur les prix e t les tarifs ainsi que le défaut de c.ommunication
des conditioirs de v ente sont p unis d ’une am ende ju sq u ’à 1000.000DA (article
78 de la loi relative à la p ro tectio n du consom m ateur et à la répression des
fraudes): dès lors, la p ro tectio n du con tractan t faible passe par la responsabilité
pénale du p ro fessio n n el.35
jj-M o u a le k (B ): La p ro tec tio n p é n a le dt, co n so m m a teu r dans la législation algérienne..
RASJEP 1999. n ٠2 , P.23, artic le en arabe.

-41
L a p ro te c tio n d u c o n tra c ta n t faib le

L’action tendant à cet effet doit, sous peine d ’irrecevabilité, être intentée

dans un délai d ’un an à partir de la date du contrat.

L orsqu’il s ’agit d ١un contrat onéreux, l’autre partie peut éviter l’action

en annulation si elle offre de verser un supplém ent que le ju g e reconnaîtra

suffisant pour rép arer la lésion. »

L’article 90 est la transposition in extenso l’article 129 du code civil

égyptien de 1948 dont les sotirces d ’inspiration sont diverses. Le principe de

l’exploitation lésionnaire est inspiré du droit allem and (article 138 du code

civil allem and) quant au principe et du droit suisse quant à la sanction.

‫را‬ influence du droit m usulm an n ’est pas non plus à écarter sur le principe.

En effet, il existe en droit m usulm an deux théories de la lésion. D ’une part,

une théorie objective p ar laquelle la lésion s ’entend exclusivem ent d ’un

déséquilibre o b je c tif et ne s ’applique q u ’à des contrats déterm inés à titre

limitatif, lorsque le con tractan t lésé est un mineur, lorsque le contrat porte sur

un bien w a k f ou un bien du tréso r public, d ’autre part, une théorie subjective

qui ne se suffit pas de l ’existence d ’un déséquilibre ex cessif II faut q u ’il

ait été provoqué p ar des m anœ uvres dolosives.36 Cette position du droit

m usulm an dém ontre bien l'im p o rtan ce q u 'il accorde à l’équilibre contractuel

et à la réalisation de la ju stic e entre les contractants. 37

En tout état de cause, il ressort de l’article 90, que la théorie de l’exploitation

lésionnaire constitue une ex ception au principe selon lequel le contrat fait la


36" Farag (T.H) : La théorie de !’exploitation dans les contrats de droit civil égyptien, thèse,
Alexandrie, 1957, P.35.
37-Linant de Bellefonds (Y) : Traité de droit musulman. La théorie de l’acte juridique.
Mouton &CO.P.371.

43
R e v u e A lg é r ie n n e d e s S c ie n c e s J u r i d i q u e s , E c o n o m iq u e s e t P o litiq u e s

L e droit à I n f o r m a tio n d o n t Je c o n tra cta n t faib le e st c ré an c ie r, constitue


l’assise, de la p ro tectio n de son co n se n te m en t, n o ta m m e n t e n d ro it de la
consom m ation. A titr e c o m p a r a tif son im p o r ta n c e e s tà s o u lig n e r pareillem ent,
dans le droit co m m u n des o b lig atio n s, m alg ré le n o m b re re s tre in t de textes y
consacrés. Les deux d ro its se re jo ig n e n t en la m atière.

L’ob lig atio n d ’in fo rm atio n e st u n e o b lig a tio n d e ré su lta t, in stitu é au profit
du co n tractan t faible. E lle s ’in scrit dan s u n ra p p o rt c o n tra c tu e l inégalitaire.
L a partie qui d étien t l ’in fo rm atio n utile p o u r la c o n c lu s io n d u contrat
d étien t le pouvoir. E n taisan t d es re n seig n e m e n ts s u sc e p tib le s d ’in flu er sur
le co n sen tem en t de so n p arten aire, il m a in tie n t ce d e rn ie r d aits u n e position
de faiblesse. L a co n sé c ratio n d ’u n e te lle o b lig a tio n d e ré s u lta t, a u tan t dans
le droit co m m u n q u e d an s le d ro it d e la c o n so m m a tio n e s t sig n ificativ e sur
la volonté de notre lé g islate u r d e p ro té g e r le c o n se n te m e n t d u co n tractan t
faible. U n autre m éc.anism e v ise u n o b je c tif sim ilaire. Il s ’a g it d e la th é o rie de
!’e x p lo itatio n lésio n n aire.

2 - L a th é o r ie d e ‫’؛‬e x p lo it a tio n lé s io n n a ir e

C o m m e n o u s av o n s eu à l.e so u lig n er, le lé g isla te u r d e 1975 a apporté


des lim ites n o tab les au p rin c ip e d e l’a u to n o m ie de la v o lo n té . Il a in tro d u it
u n q u atrièm e v ice d u c o n se n te m e n t q u e n o u s q u a lifie ro n s d ’e x p lo itatio n
lésionnaire. A ce sujet, l ’a rticle 90 d u co d e civ il é n o n ce : « Si les o b lig atio n s
de l’u n des co n tra cta n ts so n t h o rs d e to u te p ro p o rtio n a v e c l ’a v a n ta g e q u ’il
retire du c o n trat o u av ec les o b lig a tio n s de l ’au tre co irtra c tan t et s ’il étab lit
que la partie lésée n ’a c o n c lu le c o n tra t q u e p a r su ite d e l ’e x p lo ita tio n par
l ’autre p artie de sa lég èreté n o to ire o u d ’u n e p a ssio n e ffîé n é e , le ju g e p eu t, à
la dem an d e d u c o n tra c ta n t lésé, a n n u le r le c o n tra t o u ré d u ire les o b lig atio n s
de ce contractant.

42
L a p ro te c tio n ‫ الل‬c o n tra c ta n t fa ib le

synallagm atiques à titre onéreux, le cham p d ’application de la seconde


éventualité ne va pas sans poser de sérieux problèm es. c ١es.t ainsi que pour
certains auteurs, l’équation, obligation d ’un côté et avantage de l ’autre, ne
se vérifie qtte dans les confrats à titre graU it.38 L'argum ent phare invoqué
pour adm ettre l’exploitation lésionnaire dans un contrat à titre grattfit est que
le déséquilibre m atériel existe de facto et que le jtig e doit prendre en com pte
l’avantage m oral retiré du contrat par le donateur, par exem ple. Des auteurs
n ’ont pas hésité à qtialifier le contrat à titre grattfit de contrat lésionnaire par
essence.39

De notre point de vue un tel raisonnem ent porte atteinte aux principes
élém entaires du droit, notam m ent cetix gouvernant le contrat. Le conttat à
titre gratttit est en effet par définition un contrat dans lequel on ne peut pas
exiger d ’équivalent, ce qui exclut toute possibilité de déséquilibre objectif.

-Le second élém en t exigé dans l’article 90 est subjectif. Il com porte detix
aspects, l ’un visant à p ro tég er la partie lésée qui se trouvait au m om ent de la
conclusion du contrat dans un état de faiblesse psychologique, l’autre ayant
pour but de l ’ex ploitatio n de cet état par le cocontractant.

Afin de bénéficier de la protection légale, le contractant lésé doit établir


qu’il a conclu le co n trat alors q u ’il se trouvait dans un état de faiblesse
psychologique qui consiste en une légèreté notoire ou une passion effrénée.
La légèreté notoire est définie com m e l ’absence de décisions réfléchies qui
persiste dans le tem p s et qui est connue de tous. La passion effrénée est un
sentim ent v io len t qui so rt de toute m esure raisonnable.

L a conclusion du co n trat sous l’em pire de cet état de faiblesse n ’est pas
une condition suffisante. Il appartient au conttactant lésé de prouver que l’autre

38- Filali(A), op. clt, p.200. Bencheneb(A) op. cit. P. 53.


39- Hassan‫؛‬ne (M) : La théorie générale des obligations. OPU 1984, P.62. Ouvrage en arabe.

45
R e v u e A lg é r ie n n e d e s S c ie n c e s J u r i d i q u e s , E c . n . m i q u e s e t P o litiq u e s

loi des parties. C ’est la sau v e g a rd e de l ’é q u ilib re qui d o it e x iste r entre les

p arties qui est en q u estio n , là o ù la v o lo n té d es p a rtie s d e v ra it retrouver sa


su p rém atie au n o m de la m ax im e « q u i d it c o n tra c tu e l d it .juste ».

L’idée de base est q u ’au n om de la ju s tic e c o n tra c tu e lle , le législateur


octroie au m ag istrat le p o u v o ir d e re m o d e ler le co n tra t, d e m o d ifie r ce sur quoi
les p arties se so n t e n ten d u es ‫ ؛‬le b u t étan t la p ro te c tio n d e la p a rtie lésée.

M ais a u -d elà de ce d é sé q u ilib re p u re m e n t é c o n o m iq u e p ris e n charge par


ailleu rs dan s des co n trats sp éciau x (v en te, p a rta g e ) p a r le b ia is d e la lésion,
notre code civil a in tro d u it un é lé m e n t d ’ég ale im p o rta n c e , c o n sista n t dans
l’e x p lo itatio n de la faib lesse d u c o n tra c ta n t lésé.

a - L ’a p p lic a tio n d e !’a r tic le 9 0 e x ig e en e ffe t, q u e s o ie n t é ta b lis deux


é lé m e n ts d ’é g a le im p o r ta n c e

-L e p rem ier est o b je c tif e t co n stitu é p a r ce q u ’o n a p p e lle com m uném ent


la lésion. Il s ’agit d u d é sé q u ilib re éco n o m iq u e e n tre le s p re s ta tio n s d es deux
parties. L e d éséq u ilib re co n ce rn é n ’e st p as le d é sé q u ilib re n o rm a l, toléré
dans tous les éch a n g e s c o n tra ctu e ls. L a d ifféren c e e n tre les o b lig a tio n s des
parties d o it être ex cessiv e. Il a p p a rtie n d ra a u ju g e d ’a p p ré c ie r c e tte lésion.
N ’au rait - i l pas été p lu s u tile q u e le lé g isla te u r fix e u n ta u x a u -d e là duquel
on co n staterait l ’ex isten c e d ’u n e lésio n , co m m e c ’e st le c a s d a n s les lésions
spéciales ?

N ous n o te ro n s q u e la d ifficu lté d u e à l’a b se n c e d ’u n c ritè re précis


d ’év aluation de la lésio n , se c o m p liq u e p a r les d e u x p o s sib ilité s envisagées
po u r qualifier le d é sé q u ilib re d es p re sta tio n s c o n tra c tu e lle s. L’a rtic le 9 0 prévoit
une atteinte à l ’éq u ilib re e n tre les o b lig a tio n s ré c ip ro q u e s d es contractants
et un d éséq u ilib re e n tre les o b lig a tio n s d u c o n tra c ta n t e t « l ’a v a n ta g e q u ’il
retire de ce c o n tra t » .S i la p re m iè re h y p o th è se s ’a p p liq u e a u x contrats

44
L a p ro te c tio n d u c o n t a c ta n t fa ib le

déséquilibre économ ique entre les parties était instauré sans enferm er le ju g e
dans l’exigence de- la preuve de l’exploitation de la légèreté notoire ou de la
passion effrénée dti contractant lésé40.

Cette volonté de réaliser la ju stice conttactuelle transparaît aussi dans la


prise en charge des clauses abusives.

2 - L es c la u se s a b u siv e s

Parmi les m écanism es m is en place par notre droit pour protéger le


contractant faible lors de la conclusion du contrat, le traitem ent des clauses
abusives occupe une place de choix.

La question des clauses abusives est une préoccupation du législateur


d e p u isl9 7 5 ,p u isq u ’e lle e s t réglem entée dans led ro itco n m r^
bien avant l’avènem ent du droit de la consom m ation et surtout avant que
celui-ci n ’ait pris des dispositions y relatives.

Le code civil dans son article 110 donne au juge- le pouvoir de m odifier
une clause abusive contenue dans un contrat d ’adhésion ou d ’en dispenser la
partie adhérente.. C ette disposition s ’inscrit dans l’idée que le droit doit veiller
à l’existence d ’une équivalence des engagem ents des parties au contrat.

Les clauses abusives ne sont pas définies par le code civil. N ous pouvons
cependant déduire de l’article 110 libellé en français, q u ’elles sont m arquées
par un déséquilibre e x ce ssif en défaveur de la partie adhérente dans un conttat
d ’adhésion. L es clatises abusives ayant été qualifiées de « clauses léonines ».

40" Cour suprême, chambre civile, arrêt du 17/09/ 2008, La revue judiciaire 2009, n .l,
P.123.

47
R e v u e A lg é r ie n n e d e s S c ie n c e s J u r i d i q u e s . E c o n o m i q u e s e t P o litiq u e s

partie avait n o n seu lem en t c o n n aissan ce d e sa situ a tio n p sy c h o lo g iq u e , mais


q u ’il l ’a exploite p o u r co n clu re le c o n tra t à d es c o n d itio n s trè s avantageuses
p o u r lui. C ette ex ig en ce des deux é lém en ts re n d l ’a p p lic a tio n de l ’article 90
p e u probable. S ’il p a rv ie n t à la rem p lir, le c o n tra c ta n t fa ib le p o u rra alors agir
en ann u latio n du c o n trat o u en ré d u c tio n d e ses o b lig a tio n s.

b - S a n c tio n s d e ‫’؛‬e x p lo it a tio n C s io n n a ir e

L’article 90 e n v isag e d eu x év en tu a lité s. L a p re m iè re e s t l ’a n n u latio n du


contrat. Il ap p artien t au lésé s ’il le so u h a ite d ’e x e rc e r u n tel reco u rs. Son
co n sen tem en t ay an t été vicié, il b én éficié d e s m ê m e s d ro its q u e la v ictim e du
dol ou de a v io len ce. Sa p ro tectio n est ain si a ssu ré e. C e p e n d a n t, le législateur
prév o it la p o ssib ilité p o u r ce m êm e c o n tra c ta n t de s o llic ite r la ré d u c tio n de
ses obligations, p ré fé ra n t sans d o u te le m a in tie n d u c o n tra t, ce q u i m ilite en
faveur de la sécu rité d es tra n sac tio n s.

O n regrette cep en d an t, q u e ces a ctio n s d o iv e n t ê tre e x e rc é e s d a n s u n délai


d ’une année à co m p te r de la c o n c lu s io n d u co n tra t. C e d é lai se m b le insuffisant,
com paré à celui de 10 ans p re scrit p o u r les a u tre s v ic e s d u c o n se n te m e n t, pour
que la p ro tectio n de la p a rtie lésée so it efficien te.

E n sus des re co u rs e x ercés p a r le c o n tra c ta n t lésé, n o u s re lè v e ro n s que le


législateur o ffie la p o ssib ilité « à l’a u tre p a rtie d ’é v ite r l ’a c tio n e n n u llité en
offrant de v e rser u n su p p lém en t q u e le ju g e re c o n n a îtra su ffisa n t p o u r réparer
la lésion. » L’o b je c tif d ’u n e telle m e su re e st de sa u v e g a rd e r le c o n tra t en
rétab lissan t l ’éq u ilib re ro m p u p a r l ’e x p lo ita tio n lé sio n n aire. A in si, l’article 90
confiim e t — il la p én étratio n d ’une c o n c e p tio n so ciale d u c o n tra t d a n s notre
code c.ivil, av ec to u tefo is d es lim ites. D e ce fait, L a protec.tion d u co n tractan t
faible aurait g ag n é en efficacité si u n p rin c ip e g én éra! d e lé sio n a u sen s de

46
L a p ro te c tio n d u c o n tra c ta n t fa ib le

- ,se réserve le droit de m odifier ou de résilier le contrat unilatéralem ent


sans dédom m agem ent pour le consom m ateur ‫؛‬

- n ’autorise le consom m ateur, en cas de force m ajeure, à résilier le contrat


que m oyennant le paiem en t d 'u n e indem nité ‫؛‬

- dégage unilatéralem en t sa responsabilité et n'in d em n ise pas le


consom m ateur en cas d ’inexécution totale ou partielle ou d ’exécution
défecftteuse de ses o b lig atio n s ‫؛‬

- prévoit q u ’en cas de litige avec le consom m ateur, celui-ci renonce à tout
moyen de recorirs contre lui ‫؛‬

- im pose au conso m m ateu r des clauses dont il n ’a pas ,pris connaissance


avant la conclusion du co n trat ‫؛‬

- retient les som m es versées par le consom m ateur lorsque celui-ci


n ’exécute pas le contrat ou le résilie sans prévoir, au profit de ce dernier, le
droit à un d éd o m m agem en t au cas où c ’est l’agent économ ique qui n ’exécute
pas le contrat ou le résilie ‫؛‬

- déterm ine le m o n tan t de l’indem nité due par le consom m ateur qui
n ’exécute pas ses oblig atio n s, sans prévoir parallèlem ent une indem nité à
verser par l’agent éco n o m iq u e qui n ’exécute pas ses obligations ‫؛‬

- im pose au co n so m m ateu r des obligations supplém entaires injustifiées ‫؛‬

- se réserve le droit d ’o b lig er le consom m ateur à rem bourser les frais et


honoraires dus au titre de 1’ex.écution forcée du contrat, sans lui donner la
même faculté ‫؛‬

- se libère des o blig atio n s d écoulant de l’exercice de ses activités ‫؛‬

49
R e v u e A lg é r ie n n e d e s S c ie n c e s J u r id iq u e s , E c o n o m iq u e s e-t P o litiq u e s

Il a fallu attendre la loi du 23 ju in 20 0 4 rela tiv e a u x p ra tiq u e s co m m erciales


p o u r que le d ro it de la c o n so m m atio n s 'in té re s s e au x c la u se s a b u siv e s. Sous le
titre « D es p ratiques c o n tractu elles ab u siv e s », l ’a rtic le 3 —5 d é fin it les c.lauses
abusives com m e: « to u te clau se o u c o n d itio n q u i à elle seu le o u c o m b in é e avec
une ou plusieurs au tres clau ses, o u c o n d itio n s, c rée u n d é sé q u ilib re m anifeste
entre les droit'S et les o b lig atio n s des p a rtie s au co n tra t. »41

C es én o n ciatio n s re jo ig n en t to u t à fait c elles de l’a rtic le 110 d u co d e civil.


L e contrat d ’ad h ésio n é tan t carac té risé p a r u n e in é g a lité e n tre le co n tractan t
qui déterm in e la natu re e t la p o rté e d es p re sta tio n s e t celu i q u i les su b it sans
p ossibilité de les d iscu ter e t d o n c d e les m odifier.

L’article 29 de la loi su r les p ra tiq u e s c o m m e rc ia le s n o u s fo u rn it des


indications su r les carac té ristiq u e s d es c la u se s ab u siv e s. O n c ite ra entres
autres clauses co n sid érées co m m e ab u siv e s, c e lle s p a r le sq u e lle s le vendeur,
s ’octroie des av an tag es e t des d ro its sans é q u iv a le n t p o u r le co n so m m ateu r,
s ’arroge le d ro it de m o d ifier u n ila té ra le m e n t les c o n d itio n s o u m o d a lité s de
l’accord ou en co re, la clau se p a r laq u elle le v e n d e u r refiise a u co n so m m ate u r
le droit de résilie r le c o n tra t si une o u p lu sie u rs o b lig a tio n s m ise s à sa charge
ne sont pas rem p lies. L’article 5 d u d é c re t d u 10 s e p te m b re 2 0 0 6 fix an t les
élém ents essen tiels des coirtrats c o n clu s en tre les a g e n ts é c o n o m iq u e s e t les
consom m ateurs e t les c lau ses c o n sid é ré e s co m m e a b u siv e s, a p p o rte p lu s de
précisions. S ont ab u siv e s a u x te rn ie s de ce te x te , les c la u se s p a r lesq u elles
l ’agent éco n o m iq u e :

- restrein t les élém en ts e sse n tiels d es c o n tta ts v isés a u x a rtic le s 2 e t 3 ci-


d essu s‫؛‬
41- Il convient de rappeler que le contrat concerné est le contrat d’adhésion. En effet, aux
termes de l’article 3- 4 alinéa pre-mier : Le contrat est « tout accord ou convention, ayant
pour objet la vente d’un bien ou la prestation d’un service, et rédigé unilatéralement et
préalablement par l’une des parties à l’accord et auquel l’autre partie adhère sans possibilité
réelle de le modifier.

48
L a p ro te c tio n d n c o n tra c ta n t fa ib le

abusives est Je gage d 'u n e protection efficace, le ju g e devrait donc dans un


souci d ’équité, prendre en com pte cette donnée et dépasser ainsi le cadre étroit
du contrat de v e n te4 3 ٠ H eureusem ent que ces lim ites sont com pensées par
l’article 110 du code civil qui a vocation à s ’appliquer, en l’absence d ’un texte
spécial. C ’est à ce niveau que la com plém entarité entre le droit com m un des
obligations et le droit de la consom m ation révèle son intérêt dans la protection
du contractant faible. D e la sorte, les clauses abusives ne peuvent avoir force
de loi, ni dans un con trat de consom m ation, ni dans un contrat égalitaire.

A ssurer l’existence d ’un équilibre des prestations au sein du couple


contractuel lors de la conclusion du contrat est certes im portant, m ais prendre
en charge les intérêts du con tractan t qui se refrouve en position de faiblesse
lors de l’exécution du co n trat peut paraître plus surprenante.

B -L a p r o te c tio n lo rs de l ’e x é c u tio n du c o n tr a t

A près avoir été co n clu valablem ent, le contrat au nom du principe de la


force obligatoire du co n trat devient la loi des parties. C hacune des parties est
tenue en p rin c ip e d ’ho n o rer ses engagem ents co n fractaels.S eu lel’im possibilité
de l’exécution due à u n e cause étrangère entraîne la résolution de plein droit
du C0ntrat.44 C ’est ce p rin cip e considéré com m e absolu, pris du droit français
qui était applicable en A lg érie av an t 1975. L’arrêt dit Canal de Craponne de
la Cour de C assation d u 6 m ars 1876 affirm ait à cet égard : « dans aucun
cas, il n ’ap p artien t au x fribunaux, quelque équitable que puisse leur paraître
43. L’article 30 de la loi relative aux pratiques commerciales suggère d’ailleurs une telle
extension, puisqu’il énonce : « ...interdire l’usage, dans les différents types de contrats, de
certaines clauses considérées comme abusives. »
44-Article 121 du code civil : « Dans les contrats synallagmatiques, si l’obligation de l’une
des parties est éteinte par suite d’impossibilité d’exécution, les obligations corrélatives sont
également éteintes et le contrat est résolu de plein droit. » Article 176 du code civil: « Si
l’exécution en nature devient impossible, le débiteur est condamné à réparer le préjudice subi
du fait de !’inexécution de son obligation, à moins qu’il ne soit établi que l’impossibilité de
l’exécution provient d’une cause qui ne peut lui être imputée. Il en est de même, en cas de
retard dans l’exécution de son obligation.

51
R e v u e A lg é r ie n n e d e s S c ie n c e s J u r i d i q u e s , E c o n o m iq u e s e t P o litiq u e s

- fait p eser sur le c o n so m m ateu r des o b lig a tio n s q u i re lè v e n t norm alem ent
de sa responsabilité.

D ans l ’éventualité de l ’ex isten ce d ’u n e c lau se a b u siv e , le législateur


veille à ce que les intérêts de l’ad h éren t so ien t sau v e g a rd és. L’é q u ilib re rompu
d oit être rétabli. Les m o y en s p o u r ce faire c o n siste n t d a n s le d ro it com m un
à m odifier la clause ab u siv e o u à la re n d re san s e ffe t à 1’é g a rd d e la d h é re n t
qui est dispensé de l’exécuter. N o u s re lè v e ro n s à ce s u je t q u e les sanctions
attachées aux clau ses ab u siv es ne so n t p a s c la ire m e n t a rrê té e s d an s la loi
relative aux pratiq u es co m m erciales. N o u s p o u v o n s c e p e n d a n t d éd u ire des
dispositions de l’article 30 de la loi rela tiv e a u x p ra tiq u e s c o m m e rc ia le s, que
la sanction en co u m e d e v rait lo g iq u e m e n t ê tre la n u llité d e la c la u se ab u siv e, le
législateur y affirm ant, « l ’in te rd ictio n d e l ’u sag e , d a n s les d iffé re n ts types de
contrats, de certain es clau ses c o n sid é ré e s c o m m e ab u siv e s. » A l ’év id en ce, le
contrat dem eure v alid e, so n ex éc u tio n n ’e st p a s re m ise en c au se p a r l ’existence
de la clause ab u siv e ‫ ؛‬seu le cette d e rn iè re e n e s t e x tra ite , c a r illicite. E n outre-,
dans le droit de la c o n so m m atio n , l’a g e n t é c o n o m iq u e q u i a in séré d es clauses
abusives dans le c o n trat en g ag e sa re sp o n sa b ilité p é n ale .4 2

A u contraire, l ’a rticle 110 d u co d e c iv il p ré v o it d e u x e ffe ts à l’existence


d ’une clause ab u siv e d an s le c o n tta t d ’a d h é s io n : so it m o d ifie r la clau se en
question, soit e n d isp e n se r la p artie a d h éren te . C es sa n c tio n s o c tro ie n t a u ju g e
un véritable p o u v o ir d e p ro te c tio n d e l’ad h éren t.

Il est cep e n d a n t à d é p lo re r q u e les d isp o sitio n s re la tiv e s a u x clauses


abusives dans le c o n tra t d e c o n so m m a tio n n e v ise n t q u e le c o n tra t de
vente. N éan m o in s, c es c la u se s p e u v e n t e x iste r au ssi d a n s d ’a u tre s contrats
de co nsom m ation. A c e t ég ard , la g é n é ra lis a tio n de la th é o rie d es clau ses

4 2 -Article 38 de la loi du 23 juin 2004 sur les pratiques c.m m erciales.

50
L a p ro te c tio n d u c o n tra c ta n t faib ie

l - ï - C o n d ‫؛‬t ‫؛‬ons relatives à 1’évèn em en t. L’évèn em en t doit être

im p révisib le, g é n é r a l et ex cep tio n n el

L’im prévisibilité de 1’évènem ent qui affecte l’obligation du débiteur est

une condition essentielle pour l’application de l’article 107-3. La question

s ’est posée de savoir si cet élém ent constittie « le critérium d ’application de

la théorie ? N ’est - i l pas plutôt la projection du principe de l’autonomie de la

volonté, cette fois sur le plan de la m ise en œuvre de « l’im prévision» pour

camoufler la réalité qui exige la substitution d ’un contenu légal et objectif des

obligations contractuelles au contenu volontaire ? »47

T raditionnellem ent, on distingue enfle l’im prévisibilité de 1’évènem ent

de celle des effets de cet évènem ent. Les avis sont partagés sur ce point.

Pour certains auteurs, c ’est l ’im prévisibilité de 1’évènem ent qui est encause48

Pour d ’autres, l’im prévisibilité concerne les effets de 1’évènem ent plus que

1’évènem ent lui-m êm e, parce q u ’il doit exister un lien entre 1’évènem ent et

l’obligation en ٩ uestion.49 Sur le plan pratique, la Cour Suprême a jugé dans

un arrêt du 10 octobre 1993 que la ferm eture d ’un m arché aux bestiaux pour

cause d ’épizootie constituait un évènem ent im prévisible et exceptionnel qui

commande la révision du contrat pour cause d ’imprévision. Comme elle a

écarté l’application de la théorie de l ’im prévision enjugeant que les c.onditions

sécuritaires et l’état d ’urgence c.onjugués à la dévaluation du dinar ne peuvent

justifier !’application de la théorie de l ’im prévision.50

47- El - Gammal (M.M ‫ )؛‬: L’adaptation du contrat aux circonstances économiques. LGDJ
1967, P.229.
48- Filali (A) op. cit. p374. Fadli (D) : La théorie générale des obligations. 2007, P. 130.
49- Bencheneb (A) op. cit. P. 87.
50- Cour Suprême, chambre civile, arrêt non publié du 9- 06- 1999. Cour Suprême, chambre
foncière, arrêt du 24 octobre 1999, La revue judiciaire, 1999, P. 95.

53
R e v u e A lg é r ie n n e d e s S c ie n c e s J u r i d i q u e s , E c o n o m iq u e s e t P o litiq u e s

leur d é c is i.n , de p ren d re en co n sid é ra tio n le te m p s e t les c irc o n sta n c e s pour


m odifier les co n v en tio n s des p arties. »45 E n m a tiè re c iv ile , la jurisprudence
française a refitsé d ’en v isag er u n p rin c ip e de ré v is io n d u c.ontrat pour
im prévision, c o n tra ire m en t à la ju ris p ru d e n c e a d m in is tra tiv e fran çaise. Elle
ne p o u rrait in v o q u er p o u r s ’e n so u straire, le fa it q u e son o b lig a tio n soit
devenue ex cessiv em en t o n éreu se, de fa ç o n à m e n a c e r le d é b ite u r d ’une perte
exorbitante.

Le co d e civil a lg érien a c o n sa c ré la th é o rie d e l ’im p ré v is io n dans son


article 107 alin éa 3 : « ...lo rs q u e , p a r su ite d ’é v è n e m e n ts exceptionnels,
im prévisibles et a y a n t u n c arac tè re de g é n é ra lité , l ’e x é c u tio n d e l’obligation
contractuelle, san s d e v e n ir im p o ssib le, d e v ie n t e x c e s siv e m e n t o n éreu se, de
façon à m e n ac e r le d é b ite u r d ’u n e p e rte e x o rb ita n te , le ju g e p e u t, suivant
les circo n stan ces et ap rès a v o ir p ris e n c o n sid é ra tio n les in té rê ts d es parties,
réduire, dans une m esu re ra iso n n a b le , l ’o b lig a tio n d e v e n u e e x c e ssiv e . Toute
convention c o n traire e st n u lle.» C ette d is p o s itio n re p re n d 1’a lin é a 2 d e l’article
147 du code civil é g y p tie n .4 6 L a p ro te c tio n d u d é b ite u r q ui se c o n c ré tise par
l ’ad ap tatio n du c o n tra t (2) e st su b o rd o n n é e à l ’e x ig e n c e de c o n d itio n s bien
p récises (1).

1 - L ’article 107- 3 du c o d e civ il e x ig e la ré u n io n d e q u a tre conditions,


p o u r p e rm e ttre la re m ise e n c a u se d u c o n te n u d u c o n tra t p a r l ’in te rv e n tio n du
Juge.

-T rois co n d itio n s so n t re la tiv e s à 1’é v è n e m e n t q u i .iustifie la révision


(1-1) ‫ ذ‬la q u a triè m e in té re sse l ’e ffe t d e c et é v è n e m e n t su r l ’o b lig a tio n du
d éb iteu r (1-2).

45- DP 1876, 1, 195.) ( Terré (F), Simler (P) et Lequette (Y) ; op. cit. P.468.
46- Terki (N) :L’imprévision et le contrat international dans le code civil algérien : DPCI
1982, p.l

52
L a p ro te c tio n dit c o n tra c ta n t fa ib le

réunion des conditions énum érées par le législateur. A dm ettre cette probabilité
revient selon un auteur, à rem ettre en cause le caractère d ’ordre public de la
révision affirm ée p ar .'a rtic le 107.53 Le ju g e est obligé d ’adapter le contrat
chaque fois que les co nditions requises sont réunies. U n autre point de vue
pourrait être soutenu. Le ju g e apprécie la nécessité ou non de rem odeler
le contenu du contrat, les critères pour ce faire, sont « les circonstances et
l’intérêt des parties ». Si la d écision du tribunal v a dans le sens d ’une révision,
par quel m écanism e ju rid iq u e sera réalisée la révision ?

Le ju g e intervient, p o u r « réduire, dans une m esure raisonnable,


l’obligation devenue excessive. » L a clarté du texte est telle q u ’on ne peut
souscrire à l’idée de la résiliatio n du contrat, du sursis à exécution du contrat
ou de l’augm entation de l’ob lig atio n du créancier.54

Le législateur veut au n om de la sécurité des transactions et de la justice


contractuelle, assu rer la survie d u contrat. Il s ’agit égalem ent et avant tout de
pennettre au débiteur, d ev en u par la force des évènem ents im prévisibles, le
contractant faible, de p o u v o ir assu m er son obligation.

En c o nclusion à cette éttide qui est loin d ’être exhaustive, nous relèverons
que la volonté de p ro tég er le co n tractan t feible induit un double effet. Le contrat
doit d ’abord rép o n d re au x cond itio n s de validité édictée.s par la loi. C ette
validité étant ac-quise, il n ’a p as pour autant une force absolue, une autonoittie
définitivem ent incontestab le. Il d em eure exposé tout au long de son existence
au risque d ’être rem is en cau se s ’il com prom et l’intérêt com m un, car « c ’est
au nom de la lib erté co n tractu elle que bien des abus ont été com m is. »

La fiabilité et la sécu rité ju rid iq u es sont recherchées dans les rapports


économiques. L a ré a lisa tio n de ces objectifs ne passe pas forcém ent par le

53- Bencheneb (A) : op. cit. P.89.


54- Hassanine (M), op. cit. P. 66.

55
R e w ie A lg é r ie n n e d e s S c ie n c e s J u r i d i q u e s , E c o n o m i q u e s e t P o l i t i q u e s

-L a g én éralité de 1’é v è n e m e n t sig n ifie q u e !‫؟‬é v é n e m e n t d o it p ro d u ire un

effet su r l ’en sem b le d e la sp h ère é c o n o m iq u e e t n e p a s c o n c e rn e r seulem ent


la relatio n co n tra ctu e lle en cau se.

- E n tro isièm e lieu, 1’é v è n e m e n t d o it ê tre e x c e p tio n n e l, q u i survient


rarem en t.

2 -l- L a q u a tr iè m e c o n d itio n p o u r q u e la th é o rie d e l ’im p ré v is io n s ’applique


est re lativ e a u x effets p ro d u its p a r 1’é v è n e m e n t su r l ’o b lig a tio n . C e lle -c i doit
d e v en ir e x ce ssiv e m e n t onéreuse.. C et e ffe t est à a p p ré c ie r d e m a n iè re n égative,
en é lim in a n t l ’im p o ssib ilité qui se tra d u it su r le p la n ju r id iq u e p a r la réso lu tio n
d u c o n tra t et p o sitiv e m e n t e n ju g e a n t de 1’o n é ro s ité d e l ’o b lig a tio n . L e critère
p o u r ce faire c o n siste en !.’e x isten c e d ’u n ris q u e d e p e rte é c o n o m iq u e p o u r le
débiteur. C e d e rn ie r d o it être m e n a c é d ’u n e p e rte e x o rb ita n te . M a is co m m en t
a p p récier ce risq u e ? L e ju g e d o it —il le fa ire o b je c tiv e m e n t, p a r ra p p o rt au
stan d ard du b o n père de fam ille o u s u b je c tiv e m e n t e n te n a n t c o m te de la
s itu a tio n é c o n o m iq u e d u d é b ite u r e n q u e s tio n ? L à e n c o r e ,le s a v is s o n tp a r ta g é s .
L’ex cessiv e o n é ro sité s ’a p p ré cie selo n c e rta in s a u te u rs o b je c tiv e m e n t, car
seul le critère o b je c tif réa lise la ju s tic e c o n tra ctu e lle .5 1 : A lo rs q u e d ’au tres, à
ju s te titre, su g g èren t que so it u tilisé le c ritè re s u b je c tif.5 2 II s ’a g it p o u r le ju g e
de rééq u ilib re r à titre e x c e p tio n n e l les p re s ta tio n s c o n tra c tu e lle s q u i o n t été
affectées p a r des é v è n e m e n ts im p ré v isib le s. M a is q u e lle s so n t les m o d a lité s
d ’ad ap tatio n d u c o n tra t a u x n o u v e lle s c irc o n sta n c e s ?

2 - M o d a lit é s d e r é v is io n d u c o n tr a t

L’article 107 a lin é a tro is o c tro ie a u ju g e u n larg e p o u v o ir e n m a tiè re de


révision. A la lectu re d u tex te, o n serait te n té d ’a ffim rer q u e c ’e st au ju g e que
revient le p o u v o ir d é cisio n n e l d ’a d a p te r o u n o n le c o n tra t e t c-e, m a lg ré la

51- Filali (A) ٠ p. cit. P.377. Hassanine (M) : op. cit. P. 64.
52- Bencheneb (A) : op. cit.p.88.

54

Vous aimerez peut-être aussi