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Le garçon promit mais il joua l’argent donné, préféra boire et s’amuser plutôt que
de créer un commerce. Et, bien sûr, il fut très vite ruiné. Le financier eut encore pitié de
lui et lui offrit encore mille onces d’or. Une fois de plus, le garçon les gaspilla et cela se
reproduisit cinq fois. La cinquième fois, quand le garçon revint demander du secours, il
y avait devant la porte de l’homme riche un rat mort jeté sur un tas de fumier.
D e nombreuses années plus tard, il était devenu à son tour un homme riche.
Un soir, seul chez lui dans sa belle maison, il se souvint du temps de la
misère. Il se rappela qu’il mendiait, souvent méprisé, et qu’il était parfois affamé. Il se
demanda comment il avait pu parcourir un tel chemin alors qu’il n’était qu’un pauvre
mendiant. Il réfléchit :
« C’est parce que j’ai entendu un conseil que j’ai pu m’enrichir. Or, celui qui reçoit
un bienfait et n’en montre pas de reconnaissance est un ingrat. »
Il fit venir un habile orfèvre, il lui commanda de façonner un rat en or et d’emplir
son ventre de bijoux. Quand ce fut fait, il porta ce cadeau à l’homme riche et lui expliqua
la raison de sa reconnaissance.
— L’homme qui entend un enseignement et sait en faire son profit, même s’il ne
lui était pas adressé, est vraiment intelligent, déclara l’homme riche.
Celui-ci et l’ancien mendiant devinrent de grands amis.
Thalies de Molènes
17 contes du bouddhisme
Paris, Poche Flammarion, 2000
(Adaptation)