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LE RAT ET LE MENDIANT

Un conseil ou un enseignement ne prend tout son sens


que lorsqu’
lorsqu’il est entend
entendu par une personne qui sait le traduire en actes.

D ans ce temps-là, il y avait un homme riche dont les immenses richesses


égalaient celles du roi. Mais il était aussi généreux que riche. Il secourait les
pauvres, aidait les démunis. De même que la mer reçoit tous les cours d’eau, il accueillait
tous ceux qui avaient besoin d’argent ou de réconfort.
Le fils de son meilleur ami, lui, préférait jouer aux cartes, boire et s’amuser plutôt
que travailler. Le père mourut et le garçon rapidement gaspilla toute sa fortune et fut
ruiné. Le financier eut pitié de lui et lui donna mille onces d’or pour créer un commerce.
Il lui conseilla de travailler.

Le garçon promit mais il joua l’argent donné, préféra boire et s’amuser plutôt que
de créer un commerce. Et, bien sûr, il fut très vite ruiné. Le financier eut encore pitié de
lui et lui offrit encore mille onces d’or. Une fois de plus, le garçon les gaspilla et cela se
reproduisit cinq fois. La cinquième fois, quand le garçon revint demander du secours, il
y avait devant la porte de l’homme riche un rat mort jeté sur un tas de fumier.

L’homme montra ce rat au jeune homme et dit :


— Un homme intelligent et courageux pourrait gagner sa vie et faire fortune avec
ce rat mort, tandis que vous, même avec des milliers d’onces d’or, vous vous laisserez
réduire à la misère.
Il soupira :
— Je vais pourtant vous donner encore mille onces d’or.

U n mendiant se tenait tout près du tas de fumier. Il entendit les paroles et se


sentit très troublé car il lui semblait que la leçon s’adressait à lui. Était-il
possible que ce rat mort lui permît de gagner sa vie ?
Alors il s’avança vers la maison, comme pour mendier. Il saisit le rat mort et
s’éloigna. Il quémanda du sel, des épices, il fît rôtir le rat et le vendit pour deux pièces
de monnaie. Avec ces deux pièces, il acheta des courgettes et des haricots, les revendit
et fit un petit bénéfice. Au bout d’une année, il avait économisé plus de cent pièces de
monnaie.

D e nombreuses années plus tard, il était devenu à son tour un homme riche.
Un soir, seul chez lui dans sa belle maison, il se souvint du temps de la
misère. Il se rappela qu’il mendiait, souvent méprisé, et qu’il était parfois affamé. Il se
demanda comment il avait pu parcourir un tel chemin alors qu’il n’était qu’un pauvre
mendiant. Il réfléchit :
« C’est parce que j’ai entendu un conseil que j’ai pu m’enrichir. Or, celui qui reçoit
un bienfait et n’en montre pas de reconnaissance est un ingrat. »
Il fit venir un habile orfèvre, il lui commanda de façonner un rat en or et d’emplir
son ventre de bijoux. Quand ce fut fait, il porta ce cadeau à l’homme riche et lui expliqua
la raison de sa reconnaissance.
— L’homme qui entend un enseignement et sait en faire son profit, même s’il ne
lui était pas adressé, est vraiment intelligent, déclara l’homme riche.
Celui-ci et l’ancien mendiant devinrent de grands amis.



Quand les paroles ne sont pas suivies par des actes, c’


c’est comme l’
l’huile d’
d’une lampe
qui se détruit en éclairant. Tandis que lorsque les paroles et les actes sont à ll’’unisson,
cela produit une lumière qui éclaire tous les vivants.
Et la sagesse d’
d’un homme de bien est bonne comme la terre.



Thalies de Molènes
17 contes du bouddhisme
Paris, Poche Flammarion, 2000
(Adaptation)

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