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PERTE COGNITIVE
DÉMENCE ET
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Collection dirigée par
Ghislain Magerotte, Professeur Émérite à la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Éducation
de l’Université de Mons (Belgique)
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Neuropsychologie
Axés sur les relations entre fonctions mentales et structures cérébrales, les ouvrages de la
série Neuropsychologie s’intéressent tant aux outils et stratégies d’évaluation des troubles
neuropsychologiques qu’aux interventions thérapeutiques, de réhabilitation ou de formation
cognitive.
Sous la direction de
Jean-Émile Vanderheyden
et Bernard Kennes
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DÉMENCE ET
PERTE COGNITIVE
Prise en charge du patient et de sa famille
Questions de personne
Neuropsychologie
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Pour toute information sur notre fonds et les nouveautés dans votre domaine de
spécialisation, consultez notre site web : www.deboecksuperieur.com
Dépôt légal :
Bibliothèque nationale, Paris : mars 2017 ISSN 0779-9179
Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles : 2017/13647/039 ISBN 978-2-8073-0265-5
Sommaire
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Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
PARTIE 1
Aspects fondamentaux
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PARTIE 2
Prise en charge pluridisciplinaire
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Sommaire
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d’Alzheimer ?
Daniel Jacobs . ......................... 249
PARTIE 3
Thérapies non médicamenteuses
7
Démence et perte cognitive
PARTIE 4
Aspects médico-légaux des démences
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CHAPITRE 28 Problèmes juridiques liés à la démence
Jérôme Claessens . ....................... 381
PARTIE 5
Perspectives
Postface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 463
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 467
Webographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 491
Adresses utiles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 493
Les auteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 497
Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 503
Liste des figures et tableaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 509
Table des matières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 511
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« Dans la vie, rien n’est à craindre, tout est à
comprendre. »
Marie Curie
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lard que tu seras demain ? »
Louis-Nicolas Ménard,
Rêveries d’un païen mystique.
« Écouter…
Christiane Bodart,
le samedi 21 novembre 2015
Préface
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« La richesse naît de la diversité », voici comment nous pourrions résumer
cet ouvrage imaginé par deux cliniciens de « terrain » habitués à s’en-
richir à la vue d’horizons professionnels variés. Le patient qualifié de
« dément » réunit bien la majorité des problèmes rencontrés en géria-
trie : ceux que l’on appelle bien souvent les « géants gériatriques », à
savoir la polypathologie, la polymédication, les troubles cognitifs, psy-
chologiques, fonctionnels, nutritionnels et sociaux. Devant ces multiples
problèmes qui caractérisent ces patients et leur confèrent une fragi-
lité particulière, la question est : comment gérer cette complexité ? La
réponse repose en grande partie dans une approche holistique qui
intègre non seulement les problèmes médicaux (dont la prise en charge
devra être hiérarchisée en fonction de leurs impacts fonctionnels et
de la qualité de vie) mais aussi les problèmes fonctionnels, psycholo-
giques, nutritionnels, environnementaux et sociaux. Ce type d’approche
impose une prise en charge interdisciplinaire où le patient garde un
rôle central, même si ce modèle implique aussi l’évaluation de ses
proches (soutien et éducation). C’est dans cette vision humaine, voire
humaniste, du travail de ces professionnels de la santé qu’il faut lire
ce livre ; au-delà de la rigueur scientifique émergent aussi le respect du
patient « dément » et les considérations éthiques qui font de ces patients,
de ces familles et des soignants, des garants d’une certaine image de
l’humanité. Ce livre apporte au lecteur, quels que soient son niveau de
connaissance et sa profession, une vision originale d’une maladie trop
souvent délaissée et dont la prise en charge fait pourtant la valeur du
travail auprès de ces patients, de leurs soignants et de leurs familles.
Thierry Pepersack
Professeur de gériatrie à la faculté de médecine
de l’Université libre de Bruxelles
Remerciements
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À l’issue de cet ouvrage, nous tenons à remercier vivement les coauteurs
pour leur fructueuse collaboration, car ils nous ont permis d’enrichir ce
livre tant sur le plan diagnostique que thérapeutique. Les nombreuses
idées et astuces, obtenues sur base de leur expérience professionnelle
avec des patients déments, sont une mine de renseignements et d’élé-
ments de discussion utiles à tous. Nous les remercions aussi pour le
soin accordé à la rédaction des divers articles, étayés par de nom-
breuses références.
De même, nous exprimons notre gratitude à Madame Reine
Rainchon pour la dactylographie et la mise en page attentives, ainsi
qu’à Madame Martine Hanotiau pour la recherche bibliographique à la
bibliothèque du CHU Vésale.
Enfin, nous remercions Vincent Leclercq et la rédaction de la revue
belge Neurone (groupe RMNet), ainsi que Philippe Lambert pour leur
aimable autorisation de reprise de texte, particulièrement dans la der-
nière partie du livre : « Perspectives ».
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à la deuxième édition
Jean-Émile Vanderheyden
Introduction
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Le cerveau est manifestement devenu, en ce XXIe siècle, le maillon
faible de la longévité !
En effet, les divers progrès médicaux et techniques, intervenus par-
ticulièrement durant le XXe siècle, ont permis non seulement d’améliorer
le confort de vie et de travail de notre population, mais aussi et surtout
de contrôler les maladies infectieuses, cardiovasculaires, métaboliques,
oncologiques… laissant donc de plus en plus la place aux maladies
neurodégénératives, nouvelle limite de l’espérance de vie, atteignant
actuellement un peu plus de 75 ans pour les hommes et un peu plus de
80 ans pour les femmes. Parmi les maladies cérébrales de l’adulte âgé,
les démences sont les premières en prévalence, de diagnostic et théra-
peutique difficiles, d’autant plus que de nombreuses origines infectieuse,
vasculaire, dégénérative, métabolique… sont sous-jacentes, de manière
parfois mixte. Les études épidémiologiques confirment leur importance
croissante, car, dans les années 1980-1990, elles représentaient en
Belgique 0,8 % de la population générale pour atteindre 1,2 % en 2010.
On observe donc une augmentation de 50 % des cas sur une vingtaine
d’années et la situation ne s’arrêtera pas là, dans la mesure où la pyra-
mide des âges confirme bien que le baby-boom des années 1950, juste
après la Seconde Guerre mondiale, donne lieu à un papy-boom 60 ans
plus tard, c’est-à-dire à partir des années 2010. On comprend dès lors
tout l’intérêt de s’intéresser aux démences en général et, particulièrement,
à la plus fréquente d’entre elles, la maladie d’Alzheimer (environ 60 % des
cas). Il n’empêche qu’en ce début de XXIe siècle, ces démences posent
de nombreux problèmes non résolus et difficiles à prendre en charge,
d’autant qu’elles s’additionnent au vieillissement cérébral et physique. Cet
ouvrage veut surtout poser les problèmes et aborder quelques solutions,
tout en sachant qu’on est encore loin des solutions définitives. Voici les
problématiques qui y sont évoquées.
Démence et perte cognitive
1 Problèmes sémantiques
Les démences neurodégénératives apparaissent progressivement, voire
même très lentement. Le stade de démence clinique n’est donc atteint
qu’après une certaine évolution. Il est donc important, entre autres pour
le moral du patient, mais aussi pour « coller » à la réalité clinique, de ne
parler de démence qu’au stade réel de démence sur le plan clinique.
Auparavant, même si la précision diagnostique nous permet de savoir
qu’on est, par exemple, dans le cadre de la démence d’Alzheimer, il
est fort souhaitable d’utiliser les mots de « maladie d’Alzheimer ». Cette
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façon de faire devrait s’appliquer à toutes les affections concernées,
y compris non dégénératives. Cela est fort utile pour éviter de crisper,
voire bloquer, les relations thérapeutiques entre patient, famille et soi-
gnants, tout un chacun sachant que le mot ou étiquette « démence »
reste lourd à porter. Les mots « perte cognitive » sont aussi plus « doux »
et par ailleurs corrects à utiliser en début d’affection.
2 Problèmes diagnostiques
S’il est relativement facile d’effectuer le bilan diagnostique pour exclure
une démence secondaire (dite encore curable), suite à un trouble
métabolique, infectieux ou une masse intracérébrale, il reste actuelle-
ment fort difficile d’établir le diagnostic différentiel entre les diverses
démences dégénératives et, par ailleurs, la démence vasculaire. Nous
ne disposons pas encore de marqueur spécifique très performant en
routine et l’imagerie anatomique ainsi que le bilan neuropsycholo-
gique restent limités dans leur spécificité. Sans doute l’avenir dans ce
domaine se situe-t-il dans l’imagerie fonctionnelle spécifique, pouvant
marquer l’une ou l’autre anomalie typique, concernant par exemple
les protéines amyloïde, tau ou encore α-synucléine.
3 Problèmes thérapeutiques
En dehors des démences dites curables, nous ne possédons pas de
traitement efficace pour la grande majorité des démences, c’est-à-dire
les neurodégénératives et les vasculaires. Bien sûr, des molécules sont
apparues depuis une vingtaine d’années, comme les anticholinesté-
rasiques ou les antiglutamates, mais leur efficacité reste limitée à un
ralentissement temporaire de l’évolution, tout au plus. On reste égale-
ment démuni sur le plan de molécules préventives et, dès lors, dans
la majorité des cas, on est limité à des traitements symptomatiques
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Introduction
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taux des déments, péniblement ressentis par les conjoints, voire la
famille proche. Ces derniers assistent par ailleurs au lent déclin cognitif
et physique du patient. Ils doivent donc être soutenus non seulement
sur le plan pratique, mais aussi psychologique, et parfois même sur
le plan médicamenteux par des prescriptions anxiolytiques ou anti-
dépressives. La prise en charge des personnes en déficit cognitif, ces
nouveaux « blessés » du monde moderne, comme les appelle la philo-
sophe Catherine Malabou, peut s’inspirer d’une lecture novatrice de
Freud, car, dit-elle, l’événement cérébral se substitue à l’événement
sexuel dans la psychopathologie contemporaine. La destruction céré-
brale peut créer une toute nouvelle personne sans connexion avec
son passé, sans référence antérieure. Or, sans cette période, le patient
nécessite de l’aide pour s’assurer. La neurologie conduit ainsi la psy-
chanalyse au-delà du principe de plaisir (Malabou, 2007).
5 Problèmes sociétaux
Ceux-ci concernent surtout le coût de la prise en charge et font donc
partie de la facture du vieillissement. On peut préciser que les coûts
inhérents aux soins à un dément sont deux à cinq fois plus impor-
tants que pour une personne du même âge en bonne santé cognitive.
Actuellement, les frais engendrés par une démence doivent être calcu-
lés en fonction de la durée moyenne de vie d’un dément. Celle-ci, selon
une publication récente (Xie, 2008), est de 10,7 ans dans la tranche
65-69 ans ; de 5,4 ans dans la tranche 70-79 ans ; de 4,3 ans pour la
tranche 80-89 ans et de 3,8 ans chez les plus de 90 ans.
Dès lors, compte tenu des problèmes complexes posés par les
démences, il nous paraît indispensable, au vu du manque de solu-
tions simples et définitives, de non seulement proposer, mais surtout
montrer tout l’intérêt d’une approche systémique et, par ailleurs, trans-
disciplinaire (Schenk, 2004) : une approche où les différents soignants
apportent aux malades des soins compétents dans leur domaine, mais
aussi les affinent, car, outre des contacts téléphoniques ou écrits entre
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Démence et perte cognitive
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patient, sa famille et ses soignants, tout aussi bien à domicile qu’en
transit à l’hôpital, ou encore placé dans une maison de soins. En effet,
il est important que chacun se sente soutenu et solidaire de la prise en
charge de ces affections cérébrales pour la plupart incurables, néces-
sitant donc un accompagnement au long cours et se terminant par
l’épreuve douloureuse du décès du patient. Tout ce cheminement sera
d’autant plus vécu de manière agréable, mais avec efficacité, que l’ap-
proche transdisciplinaire sera présente.
Nous vous souhaitons une excellente lecture, en espérant que celle-
ci permette aux patients atteints (du moins au stade débutant) des
maladies concernées de s’informer pour rechercher des solutions théra-
peutiques et comprendre la prise en charge. La créativité est importante,
facteur incontournable d’amélioration au cas par cas. Cet ouvrage peut
aussi aider les conjoints de patients évoluant vers une démence, à vivre
avec plus de sérénité, et aux soignants de pratiquer leur art avec effi-
cacité, créativité et courage et, par ailleurs, respect et humilité.
Jean-Émile Vanderheyden
et Bernard Kennes
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PARTIE 1
Aspects
fondamentaux
Les démences :
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un diagnostic difficile
en raison d’une grande
diversité
Jean-Émile Vanderheyden
1 Introduction
Le mot « dément » vient du latin de-mens, c’est-à-dire littéralement qui a
perdu l’esprit, dans le sens de « lucidité intellectuelle » au sens cognitif du
terme. Cela différencie d’emblée cette situation clinique de celle du débile,
qui lui n’acquiert pas ou peu de capacités intellectuelles, et, par ailleurs,
des pathologies mentales pures de type psychose et des pathologies
mentales de type affectif ou psychotique. La démence est un syndrome,
car il existe de nombreuses étiologies à cet affaiblissement progressif
des fonctions intellectuelles, pour lequel le DSM-III (American Psychiatric
Association) donnait les critères diagnostiques suivants (DSM-III, 1986) :
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bien que ceci puisse être surajouté à une démence.
E. Soit mise en évidence d’après l’histoire de la maladie, l’examen
physique ou les examens complémentaires, d’un facteur orga-
nique spécifique jugé étiologiquement lié à la perturbation, soit,
en l’absence d’une telle mise en évidence, on peut présumer de
l’existence d’un facteur organique à l’origine de ce syndrome si
les autres affections que celles concernant les troubles mentaux
organiques ont été raisonnablement exclus et si les modifica-
tions de comportement représentent une altération de processus
cognitif dans des domaines variés.
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Les démences : un diagnostic difficile en raison d’une grande diversité
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de valeur, comme un portefeuille, des clés, oublier des plats sur la
cuisinière et se perdre dans des quartiers qui ne leur sont pas fami-
liers. À des stades plus avancés de la démence, la détérioration de la
mémoire est si sévère que le sujet oublie son métier, ses études, sa date
de naissance, les membres de sa famille, et parfois même son nom.
La mémoire peut être évaluée de façon formelle en demandant au
sujet d’enregistrer, de retenir, de rappeler et de reconnaître des infor-
mations. La capacité à apprendre des informations nouvelles peut être
appréciée en demandant à la personne d’apprendre une liste de mots.
On lui demande de répéter les mots (enregistrement), de se rappeler de
l’information après un intervalle de plusieurs minutes (rétention, rappel)
et de reconnaître les mots dans une liste plus étendue (reconnaissance).
Les individus qui ont des difficultés à apprendre des informations nou-
velles ne sont pas aidés par des indices ou des suggestions (par exemple,
question à choix multiples), parce que le matériel n’a pas été mémorisé
au départ. En revanche, les sujets dont le déficit touche principalement
le rappel peuvent être aidés par des indices ou par des suggestions,
puisque c’est l’accès aux souvenirs qui est altéré. La mémoire à long
terme peut être explorée en demandant au sujet de se rappeler d’infor-
mations personnelles ou d’événements passés dans des domaines qui
l’ont intéressé (par exemple, la politique, les sports, les spectacles).
Il est également utile de déterminer (avec l’aide du sujet et d’autres
informateurs) l’impact des perturbations de la mémoire sur son fonc-
tionnement (par exemple, sa capacité à travailler, à faire des courses, à
faire la cuisine, à payer les factures, à rentrer chez lui sans se perdre).
La détérioration du langage (aphasie) peut se manifester par une
difficulté à la dénomination d’objets ou de personnes (critère A2a). Le
discours devient alors vague ou creux, avec de longues circonlocutions
et une utilisation excessive de mots imprécis comme « chose », « ça ».
La compréhension du langage parlé et du langage écrit, la répétition
peuvent être également altérées. Aux stades avancés de la démence, les
individus peuvent être mutiques ou bien avoir une détérioration de l’ex-
pression orale caractérisée par l’écholalie (c’est-à-dire la répétition de
ce qui a été entendu) ou la palilalie (c’est-à-dire la répétition continue
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Aspects fondamentaux
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d’imiter correctement des gestes nécessitant la manipulation d’objets
(par exemple, se coiffer avec un peigne) ou d’exécuter correctement
certains gestes symboliques (par exemple, faire un au revoir de la
main). L’apraxie peut contribuer aux difficultés, voire à l’impossibilité
de cuisiner, de s’habiller et de dessiner. Les perturbations des réali-
sations peuvent être explorées en demandant au sujet d’exécuter des
gestes (par exemple, montrer comment on se brosse les dents, reco-
pier des pentagones intersectés, assembler des cubes ou bien disposer
des bâtons de façon à former des figures particulières).
Les sujets atteints de démence peuvent présenter une agnosie (impos-
sibilité de reconnaître ou d’identifier des objets malgré des fonctions
sensitives et sensorielles intactes) (critère A2c). Le sujet peut par exemple
avoir une acuité visuelle normale, mais devenir incapable de reconnaître
des objets tels une chaise ou des crayons. Parfois, ils ne reconnaissent
plus les membres de leur famille, voire leur propre image dans le miroir.
De la même façon, ils peuvent avoir une sensibilité tactile normale, mais
être incapables d’identifier, par le toucher seulement, les objets placés
dans leurs mains (par exemple, une pièce de monnaie, des clés).
Des perturbations des fonctions exécutives sont rencontrées cou-
ramment dans la démence (critère A2d) et elles peuvent être mises en
relation avec des altérations du lobe frontal ou des voies sous-corticales
associées. Les fonctions exécutives comprennent la capacité à penser
de façon abstraite, à planifier, initier, organiser dans le temps, contrô-
ler et arrêter un comportement complexe. L’altération de la pensée
abstraite peut se manifester par une difficulté à faire face à des tâches
nouvelles et par l’évitement de situations qui impliquent le traitement
d’informations nouvelles et complexes. La capacité d’abstraction peut
être évaluée formellement en demandant à la personne de trouver
des similitudes et des différences entre des mots apparentés. Le dys-
fonctionnement exécutif se manifeste aussi par une capacité réduite
à changer de contenu de pensée, à générer de nouvelles informations
verbales et non verbales et à exécuter des activités motrices en série.
Pour évaluer les fonctions exécutives, on peut demander au sujet
de compter jusqu’à 10, de réciter l’alphabet, de faire des soustractions
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cative du fonctionnement social ou professionnel (par exemple, aller à
l’école, travailler, faire des courses, s’habiller, se laver, gérer l’argent
et autres activités de la vie quotidienne) et doivent représenter un
déclin par rapport au niveau de fonctionnement antérieur (critère B).
La nature et le degré de l’altération du fonctionnement cognitif sont
variables ; ils dépendent souvent de l’environnement social du sujet. Un
même niveau de déficit peut altérer significativement la capacité d’un
individu à accomplir un travail complexe et n’avoir, en revanche, pas
de retentissement sur un travail plus simple. Des échelles d’évalua-
tion standardisée de l’autonomie physique (par exemple, de l’hygiène
personnelle), du fonctionnement intellectuel et de la capacité à utiliser
les outils de la vie quotidienne (par exemple, téléphoner ou se servir
d’une machine à laver) permettent de mesurer la gravité de l’altéra-
tion du fonctionnement. On ne porte pas le diagnostic de démence
si ces symptômes surviennent exclusivement au cours d’un délirium.
Toutefois, un délirium peut être surajouté à une démence préexistante,
auquel cas les deux diagnostics doivent être faits.
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Aspects fondamentaux
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fait que si l’état clinique n’est pas caractérisé de façon satisfaisante par
le seul diagnostic de retard mental. La démence est rare chez l’enfant
et l’adolescent, chez lesquels elle est due à des affections médicales
générales (par exemple, un traumatisme crânien, une tumeur cérébrale,
une infection VIH, un accident vasculaire, les adrénoleucodystrophies).
Chez l’enfant, la démence peut se traduire par une détérioration du
fonctionnement (comme chez l’adulte) ou bien par un retard ou une
déviation par rapport au développement normal. Une baisse des résul-
tats scolaires peut en être un signe précoce.
Quant au tout récent DSM-5, publié par l’APA (American
Psychiatric Association) en 2013 – la version française datant de 2015
(APA, 2015) –, il fait en outre la différence entre l’état confusionnel
ou délirium, un trouble neurocognitif léger et un trouble neurocogni-
tif majeur.
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infection par le VIH ou la syphilis, maladie à prions, maladie
de Parkinson, de Huntington, une autre affection médicale,
et éventuellement une étiologie mixte ou multiple.
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Aspects fondamentaux
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comportementales au sens large du terme. La première situation cli-
nique à différencier d’une démence est donc généralement le syndrome
amnésique pur : celui-ci consiste en l’éclosion d’un trouble mnésique
touchant généralement la mémoire récente, c’est-à-dire la mémoire de
travail, utilisée dans la vie de tous les jours. Ce syndrome peut res-
sortir de simples problèmes attentionnels ou d’un état prédémentiel.
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Les démences : un diagnostic difficile en raison d’une grande diversité
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probablement parce que l’intervention médicale et pharmaceutique
arrive tardivement, confirme que le processus démentiel est déjà forte-
ment avancé lorsqu’il devient évident à l’œil du médecin ou aux divers
examens paracliniques. Le courant principal de réflexion pour l’amé-
lioration de la prise en charge des démences vise à faire le diagnostic
du processus démentiel en cours, avant qu’il ait atteint le stade cli-
nique de la démence, c’est-à-dire à l’état prédémentiel. Comme ce livre
est consacré à la prise en charge des démences, nous ne ferons ici
que décrire l’état prédémentiel et l’intérêt de le diagnostiquer, tout en
donnant aux lecteurs des références utiles sur ce qu’on appelle le syn-
drome amnésique pur, ou encore le Mild Cognitive Impairment (MCI)
(Gauthier, 2006 ; Dierckx, 2007 ; Dubois, 2007).
Le MCI est le premier niveau d’atteinte de la mémoire compte tenu
de l’âge. Il s’agit d’une atteinte isolée de la mémoire, sans trouble
associé du comportement.
En effet, un screening de personnes âgées de 65 à 80 ans (http://
www.bloomfieldcentre.org/f/index.htm) met en évidence 5 % d’indi-
vidus démontrant des fonctions normales (voire excellentes). On les
appelle les (SUPER) NORMAUX : il s’agit généralement de personnes
restant fort actives sur le plan cognitif (comptabilité, lecture, écriture,
jeux cérébraux type Scrabble, quasi journalièrement).
D’autres démontrent une atteinte mnésique significative, mais sans
atteindre les critères de retentissement social (ou professionnel) de la
démence. Ces personnes font donc quelques erreurs de mémoire assez
bénignes (cherchant des objets mal replacés, cherchant des noms,
prénoms, oubliant des événements lointains ou proches…), car n’en-
gendrant pas une dépendance.
Des observations assez récentes ont cependant montré que ce MCI
correspond souvent à un état prédémentiel, car on évalue le risque
d’évolution vers un état démentiel à 15 % par an (Dierckx, 2007 ;
Gauthier, 2006)1.
29
Aspects fondamentaux
3 Les démences
La démence est en fait un syndrome pour lequel il y a de nombreuses
origines. Outre les démences neurodégénératives (Dujardin, 2007)
(jusqu’à présent non curables, pour lesquelles on peut simplement
apporter des éléments de ralentissement d’évolution ou de soulage-
ment des symptômes par des médications tenant compte de l’anomalie
physiopathologique en cause et plutôt symptomatique par ailleurs), il
existe un moyen mnémotechnique pour retenir les causes générales
des démences, certaines étant qualifiées de curables, car démontrant
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des possibilités thérapeutiques non négligeables. Il suffit de retenir le
mot DEMENTIA (démence en anglais), dont chaque lettre a une valeur
de rappel d’une étiologie spécifique.
D Drugs = médicaments
Il s’agit donc des pathologies iatrogènes pouvant donnant lieu à un état
démentiel. Nous n’insisterons pas ici sur les nombreuses médications, même les
antibiotiques qui peuvent occasionnellement donner des troubles confusionnels
aigus, faciles à diagnostiquer, mais plutôt sur la prise au long cours de certaines
médications qui engendrent de manière insidieuse un état pseudodémentiel.
On pense particulièrement ici aux benzodiazépines, dont l’utilisation chronique
est renforcée par l’accoutumance induite, une pénétration dans la population
qui touche environ 50 % des femmes âgées. On pense également à toutes
les médications à effet anticholinergique, que ce soit des anticholinergiques
puissants comme certains antiparkinsoniens, certaines médications contre
l’incontinence urinaire, certains collyres ou d’autres médications à effet
anticholinergique partiel, mais dont la coprescription peut amener un syndrome
anticholinergique dont les manifestations sont, outre des troubles cognitifs,
éventuellement de la mydriase et, plus régulièrement, constipation et globe
vésical (Prins, 2005).
30
Les démences : un diagnostic difficile en raison d’une grande diversité
N Neurochirugical
On fait en fait référence ici à l’hydrocéphalie normotensive, dont le traitement est
spécifiquement neurochirurgical. Il s’agit d’une affection basée sur la triade d’Hakim
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et Adams, comportant troubles cognitifs + incontinence urinaire + apraxie de la
marche, et dont le diagnostic différentiel avec l’hydrocéphalie a vacuo est loin
d’être facile, mais pourtant indispensable afin que la solution neurochirurgicale de
drainage soit prise à bon escient.
T Traumatic
Les étiologies concernées ici comportent la démence du boxeur, qui présente
souvent des signes extrapyramidaux et peut donc faire penser à une démence
parkinsonienne de manière aigüe, voire subaiguë, et également les complications
cognitives des hématomes sous-duraux dont les conséquences cliniques peuvent
apparaître plusieurs jours, voir plusieurs semaines après le traumatisme initial.
I Infectious
On pensera ici à toutes les infections méningées, surtout encéphalitiques, qui au
long cours peuvent donner des troubles cognitifs. En dehors des conséquences
des méningites à pneumocoques ou tuberculeuses, il sera surtout fait mention
de la neurosyphilis et, plus actuellement, du neurosida. C’est ici aussi que nous
évoquerons la maladie à prion type encéphalopathie spongiforme d’origine bovine,
iatrogène (hormone de croissance altérée) ou encore idiopathique.
A Arteriosclerosis
Ceci rappelle l’origine artériosclérotique, et donc cérébrovasculaire, de nombreuses
démences appelées vasculaires, mais dans lesquelles on peut retenir des formes
différentes selon les lésions corticales ou sous-corticales liées à l’atteinte de petites
ou grosses artères, selon qu’il s’agisse de gros ramollissements, généralement
multiples (Multip Infarct Dementia) avec un tableau de type pseudobulbaire. On
signalera également la démence de Binswanger, typiquement liée à une atteinte
artériolaire et sous-corticale.
31
Aspects fondamentaux
4 Conclusion
Cette revue des diverses étiologies possibles devant un syndrome
démentiel montre à quel point le bilan diagnostique doit être large, du
moins dès que l’on est sûr de ne pas avoir simplement affaire à des
troubles attentionnels. Ce bilan élargi devrait comporter au moins trois
examens paracliniques de base, c’est-à-dire :
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martial… ;
• une imagerie cérébrale au minimum de type scanner et mieux en
IRM permettant la mesure du volume hippocampique (cf. score
de Scheltens), l’électroencéphalogramme étant trop peu précis
même s’il peut, de par un ralentissement focal ou diffus de l’élec-
trogenèse, amener à compléter au mieux le bilan ;
• enfin, un bilan neuropsychologique comportant au strict minimum
la réalisation d’un MMS classique en 30 points, mais il est très
souhaitable, voire incontournable de réaliser des batteries de
tests spécifiques pour étayer le diagnostic. En effet, certains
patients présentant des démences d’origine différente satisfont
aux critères de la maladie d’Alzheimer. Il faut donc bien analy-
ser les trois piliers de symptômes de la démence, à savoir : la
détérioration cognitive, les déficits dans les activités de la vie
quotidienne et les troubles du comportement, pour mieux les
différencier (Engelborghs, 2008).
32
Chapitre 2
Le rôle de l’imagerie
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moléculaire
dans le diagnostic
des démences
Franck Semah
1 Introduction
Si les tests cognitifs sont en général les premiers à être utilisés dans
le diagnostic de la démence, ils représentent déjà une évaluation
relativement tardive de la maladie. Il est vrai que la perception de
problèmes est souvent établie après plusieurs années d’évolution des
troubles de la mémoire. Quand on en arrive à la perte d’autonomie,
les lésions sont souvent étendues et sévères. Ceci contribue vraiment
au sous-diagnostic, qui varie entre 2 ans (en France) et 10 mois (en
Allemagne), et est dû au manque de certitude. Cela conduit par consé-
quent au sous-traitement et aux difficultés à développer de nouveaux
médicaments diagnostiques et thérapeutiques.
Nous développons ici le rôle que l’imagerie moléculaire est en train
de jouer dans le diagnostic précoce des démences, ainsi que dans la
différenciation entre les nombreuses formes de démence, comme la
maladie d’Alzheimer, la démence à corps de Lewy (DCL) et la démence
d’origine vasculaire.
Aspects fondamentaux
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Il est donc impératif de développer des changements fondamentaux
au niveau du diagnostic et des thérapeutiques de cette maladie, pour
améliorer l’efficacité clinique à l’échelle individuelle pour le patient et
l’efficacité des systèmes de soins pour l’ensemble de la population
touchée.
34
Le rôle de l’imagerie moléculaire dans le diagnostic des démences
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donc l’activité normale du cerveau, qui sera diminuée dans certaines
régions en cas de maladie neurodégénérative. L’analyse des images
du FDG-TEP se fait visuellement en observant une région où la fixa-
tion du FDG est inférieure à la normale (hypométabolisme), mais elle
peut aussi être réalisée de façon automatisée par des logiciels, comme
Cortex IDTM (GE Healthcare, Chalfont), qui permettent de comparer
les images d’un malade à l’image d’une banque de données de sujets
sains du même âge que le patient. Le FDG-TEP est un outil très sensible
(probablement le plus sensible des outils d’imagerie) et très spécifique
pour mettre en évidence des anomalies d’imagerie chez les patients
avec une maladie d’Alzheimer. Mosconi et al. (2008) l’ont montré en
comparant les résultats de 548 patients étudiés dans sept centres aux
États-Unis, en obtenant des valeurs prédictives positives de la TEP au
FDG très élevées : maladie d’Alzheimer 95 % ; DCL, 92 %, et en mon-
trant que la TEP était normale chez 94 % des patients non atteints.
Les études en imagerie moléculaire peuvent également se
faire en scintigraphie (ou TEMP pour Tomographie par Émission
MonoPhotonique, SPECT pour Single Photon Emission Computed
Tomography) de perfusion cérébrale avec des radiopharmaceutiques
marqués au Tc-99m qui permettent de mieux préciser les régions
dont la perfusion cérébrale est altérée (hypoperfusion). Ces régions
hypoperfusées sont en général les mêmes que celles avec un hypomé-
tabolisme vu en FDG-TEP. Dougall et al. (2004) ont fait une analyse
rétrospective d’articles publiés entre 1985 et 2002 utilisant la scinti-
graphie à Tc-99m HMPAO (Ceretec, GE Healthcare, Chalfont) dans
le diagnostic différentiel entre la maladie d’Alzheimer et les autres
démences. L’analyse indique que la sensibilité de l’imagerie est d’en-
viron 74 % pour le diagnostic de MA, comparée à 81 % pour l’examen
clinique (tests neuro-psychologiques). Quoique Bonte et al. (2006)
aient démontré une plus grande précision (88 % pour l’imagerie). La
spécificité de l’imagerie comparée aux critères cliniques est de 91 %
vs 70 %, pouvant donc aider au diagnostic différentiel d’AD. La SPECT
avec le Tc-99m ECD (Neurolite, Lantheus Medical Imaging, Billerica)
a fait l’objet d’études préliminaires similaires en beaucoup plus petit
35
Aspects fondamentaux
nombre (Chang, 2008). Bien que cette technique soit encore très uti-
lisée, il est aujourd’hui admis que la TEP au FDG est bien supérieure
à la SPECT de perfusion (O’Brien, 2014).
De même que la SPECT permet de donner des arguments pour
une maladie de Parkinson chez les malades qui ont une présentation
précoce ou incertaine de la maladie (Benamer, 2000 ; Bajaj, 2013),
elle permet avec le même traceur de distinguer les DCL d’autres mala-
dies. Une étude publiée dans le Lancet Neurology en 2007 démontre
que l’utilisation d’une molécule SPECT, le I-123 FP-CIT (Datscan®,
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GE Healthcare, Chalfont) sur une population de 326 patients a une
sensibilité pour la détection de la DCL probable de 78 %, et une spé-
cificité pour exclure les autres démences (principalement la maladie
d’Alzheimer) de 90 % (McKeith, 2007). Le DaTSCAN se fixe avec une
forte affinité sur le transporteur de la dopamine au niveau des stria-
tum. Dans la DCL, il existe une dégénérescence importante de la voie
nigrostriatale, avec comme conséquence une perte des transporteurs
de la dopamine au niveau du striatum. De ce fait, on observe dans la
DCL une forte diminution de la fixation du radiotraceur (DaTSCAN),
statistiquement significative dans cette région.
L’imagerie IRM permet non seulement d’éliminer une autre cause de
troubles cognitifs (par exemple un accident vasculaire ou une tumeur
cérébrale), mais également de mettre en évidence des arguments
directs en faveur de la maladie, en visualisant l’atrophie de certaines
zones du cerveau comme l’hippocampe.
L’IRM peut également être quantitative, en mesurant le volume du
cerveau et de certaines parties du cerveau comme les hippocampes ou,
par exemple, les lobes temporaux. Malheureusement, cette investigation
peut aussi s’avérer normale dans la maladie d’Alzheimer et dans la DCL.
La technique peut également être perturbée par les mouvements du
patient, et plus particulièrement par les mouvements respiratoires. De
nombreuses innovations, actuellement en développement, permettraient
de réduire cet inconvénient durant le temps nécessaire à l’imagerie.
L’IRM peut également être utilisée comme une technique d’imagerie
fonctionnelle (fMRI) et permet de montrer des modifications de per-
fusion cérébrale dans différentes activités (comme l’augmentation de
la perfusion cérébrale entre le repos et certaines activités – telles, par
exemple, voir, parler, entendre). L’IRMf permet aussi de mettre en évi-
dence des diminutions de la perfusion cérébrale dans certaines régions
chez des patients avec une maladie d’Alzheimer. En poussant plus
loin cette technique, d’autres aspects comme l’étude des connections
cérébrales peuvent être mis en image (Horwitz, 2005). L’IRM permet
aussi de faire de la spectroscopie, et donc la détection de métabo-
lites spécifiques in vivo au sein même du cerveau. La combinaison
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Le rôle de l’imagerie moléculaire dans le diagnostic des démences
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(LCR). La maladie d’Alzheimer est associée à une élévation de la pro-
téine phospho-tau et à une réduction du peptide Aβ1–42 (Blennow,
2003). Par ailleurs, Simonsen et al. (2007) ont identifié 17 protéines
dont le niveau d’expression est modifié de manière significative chez
les malades MCI, ouvrant ainsi la voie à d’autres avancées en bio-
logie. Ces biomarqueurs pourraient donc permettre d’identifier les
populations de malades MCI à risque de progresser vers la maladie
d’Alzheimer. La détection et la quantification de β-secrétase (BACE-1),
une des enzymes responsables du clivage de l’APP (amyloid precur-
sor protein) dans le LCR de malades MCI, sont prometteuses. Encore
peu nombreuses à ce jour sont les études évaluant l’imagerie chez les
patients affectés par une mutation d’un gène familial appelé ApoE4,
qui ont un facteur de risque plus élevé de développer la forme spora-
dique (non familiale) de la maladie d’Alzheimer, c’est-à-dire la forme
la plus fréquente (Ossenkoppele, 2013). Mais il est certain que les
études d’imagerie moléculaire vont de plus en plus être couplées à
des dosages biologiques ou à des études génétiques.
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Aspects fondamentaux
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indique une densité très faible à nulle de plaques amyloïdes, ce qui n’est
pas compatible avec un diagnostic de MA, alors qu’un examen positif
indique une densité modérée à importante de plaques amyloïdes, qui
est compatible avec le diagnostic de MA, mais ne permet pas d’éta-
blir isolément un diagnostic de MA puisque des plaques neuronales
β-amyloïde peuvent être présentes dans la matière grise de patients
atteints d’autres démences neurodégénératives (maladie d’Alzhei-
mer, démence à corps de Lewy, démence associée à la maladie de
Parkinson), ainsi que chez les personnes âgées asymptomatiques. On
voit donc que l’intérêt d’un examen négatif est au moins aussi important
que celui d’un examen positif, en permettant d’écarter un diagnostic
de maladie amyloïde. Les statistiques indiquent que 10 à 15 % de ces
malades évoluent vers la MA chaque année. Se pourrait-il que l’ima-
gerie moléculaire puisse identifier ces malades avant même qu’ils ne
présentent des symptômes ? Ce genre de résultat a bien sûr beaucoup
de retentissement et a revigoré la recherche. Des études longitudinales
sont en cours et donneront un aperçu plus définitif sur ce sujet. Il est
clair que si de nouvelles thérapies visant à réduire l’accumulation de
plaques amyloïdes étaient mises au point, l’impact prophylactique chez
ces malades serait très important et pourrait augmenter leur qualité de
vie durant de nombreuses années.
Parallèlement à l’imagerie amyloïde, l’imagerie de la protéine tau
est en plein développement et plusieurs radiotraceurs sont en phase
d’étude internationale. Cette imagerie semble plus spécifique de la
maladie d’Alzheimer et est très prometteuse (Mach, 2014).
L’imagerie de l’inflammation dans le cerveau en relation avec
le développement de la maladie d’Alzheimer est encore à l’état de
recherche : plusieurs études ont démontré une réduction du risque
en fonction de l’utilisation des anti-inflammatoires non stéroïdiens et
ont aussi démontré l’association de cellules microgliales activées qui
pourraient produire des substances neurotoxiques conduisant à la mort
de neurones et à la démence (Eikelenboom, 2002). Tomasi et al.
(2008) ont étudié l’utilisation de C-11 PK11195, un ligand qui permet
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Le rôle de l’imagerie moléculaire dans le diagnostic des démences
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4 La progression de la maladie
et le suivi des thérapies spécifiques
Du point de vue médical, il est très important de préciser le diagnos-
tic pour pouvoir prescrire le bon médicament à la dose appropriée et
au bon rythme. L’imagerie peut permettre de sélectionner le malade,
d’enrichir les populations à risque et de confirmer l’efficacité du trai-
tement tout en minimisant les risques d’effets secondaires. Bien sûr,
pour que ceci devienne réalité, il va falloir, d’un côté, industrialiser les
méthodes d’imagerie en ayant les molécules préparées de manière
standardisée, un protocole d’imagerie de suivi, avec une quantification
des changements longitudinaux, et un logiciel adapté facilitant l’évalua-
tion des images et, d’un autre côté, obtenir des traitements approuvés
par les agences du médicament. L’augmentation des populations de
patients est particulièrement importante pour les études cliniques thé-
rapeutiques, puisqu’il y a des délais importants entre le déclenchement
des symptômes et la conversion de MCI en MA modérée. Parce que
les effets thérapeutiques peuvent se manifester par le ralentissement
de la progression de la maladie, il est capital d’avoir des méthodes
d’analyse très précises ayant une puissance suffisante pour détecter de
petits changements biologiques. Ceci est très important dans la mise
au point des protocoles d’études cliniques, particulièrement pour le
calcul du nombre de patients et de la durée de traitement.
5 Conclusion
Il est clair que l’imagerie moléculaire aidera à préciser le diagnostic
des démences. L’utilisation du FDG TEP et des techniques IRM facili-
tera de plus en plus la quantification de la progression de la maladie.
D’autres molécules comme le DatSCAN, de par son affinité spéci-
fique pour le transporteur de la dopamine, faciliteront le diagnostic
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Aspects fondamentaux
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40
Chapitre 3
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en perte cognitive,
de ses proches
et de ses soignants
Jean-Émile Vanderheyden
1 Introduction
La fragilisation de la personne en perte cognitive, par le proces-
sus d’involution mentale surtout, mais aussi physique, va entraîner
l’apparition de besoins liés à une dépendance progressive chez cette
personne, mais aussi d’autres besoins spécifiques chez ses proches et
ses soignants. La connaissance de ces divers besoins spécifiques est
indispensable pour orienter au mieux une prise en charge globale et
adaptée au cas par cas.
de tous les jours. Il est important de bien communiquer, non pas seu-
lement en lui parlant « comme d’habitude », mais face à face « entre 4
yeux » et lentement, afin qu’elle puisse, tant que possible, bien com-
prendre, faire bien attention et donc tenter de mémoriser ce qui lui
est dit. Il est également important de la faire écrire pour soutenir sa
mémoire. Il est tout aussi souhaitable de continuer de sortir cette per-
sonne de ses quatre murs, de garder des contacts avec des personnes
extérieures, pas trop nombreuses cependant pour garder une stimula-
tion bien sûr, mais aussi des points de repère connus. En effet, pour
le patient, il n’y a rien de plus grave que de perdre tous ses points de
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référence, ce qui pourrait arriver s’il est noyé dans des contacts débor-
dants et très variés.
Au fur et à mesure que la maladie progressera, il faudra également
assurer tous les besoins liés à la perte d’autonomie et à l’apparition
de la dépendance, à la fois mentale, mais aussi physique. Sur le plan
mental, il faudra veiller à créer dans la maison des petites pancartes sur
chaque porte, sur chaque armoire pour rappeler à quoi sert cette porte
ou bien ce qui est déposé derrière, particulièrement dans la cuisine. Il
faudra également penser aux avoirs de la personne en les confiant à
une personne de confiance ou, si nécessaire, à une personne tutelle
confirmée par le juge de paix, surtout s’il y a des risques de conflit
entre les proches.
Sur le plan physique, l’attention sera mise sur la trophicité mus-
culaire, la coordination des mouvements, l’instabilité posturale à la
marche et enfin, l’apparition éventuelle de signes extrapyramidaux.
En ce qui concerne la trophicité musculaire, on observe régulièrement
l’apparition insidieuse d’une atrophie musculaire, touchant surtout les
membres inférieurs et liée à une nette diminution des mouvements, des
déplacements, etc. Ceci est évidemment bien nuisible et s’appuie sur le
dicton « la fonction fait l’organe ». Il est donc important d’encourager la
personne démente à continuer à avoir des activités de marche et d’en-
tretien musculaire, entre autres par vélo fixe. Une attention particulière
sera également portée à l’alimentation, particulièrement les protéines
et les vitamines, afin de favoriser une bonne trophicité résiduelle.
On observe également une perte de coordination progressive dans
les mouvements, par exemple des mouvements fins des doigts, et, par
ailleurs, une instabilité posturale. Ceci est à mettre en rapport avec
l’atrophie cérébrale et surtout cérébelleuse progressive. L’entretien des
capacités par des activités diverses laissées à la bonne convenance
du patient, mais souvent stimulées par les proches, voire confiées à
une personne spécialisée comme un kinésithérapeute ou un ergothéra-
peute, est donc d’importance. En effet, l’entretien de fonctions basiques
au niveau des doigts, comme au niveau de la stabilité posturale, est
42
Les besoins du patient en perte cognitive, de ses proches et de ses soignants
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au patient et à sa famille que le kinésithérapeute et l’ergothérapeute
passent du temps pour ce type de prise en charge plutôt que pour
réaliser des exercices difficiles, et irréalisables d’ailleurs en l’absence
du kinésithérapeute.
Enfin, le médecin sera attentif à l’apparition de signes extrapyra-
midaux, assez fréquents chez les déments (4 à 25 % selon le type de
démence et selon le stade évolutif atteint). En effet, ces symptômes
de tremblement, rigidité, ralentissement psychomoteur peuvent être
sensibles à de faibles doses de L-dopa, voire d’agonistes dopaminer-
giques, bien que ceux-ci sont généralement moins bien tolérés. Une
prescription adéquate facilitera dès lors les mouvements et déplace-
ments du patient. Il y gagnera donc en fonctionnalité.
En dehors des aspects médicaux, le besoin d’une aide juridique
n’est pas négligeable pour le patient entrant dans la démence, mais
souhaitant régler des problèmes de succession, par exemple s’il n’a pu
ou voulu en préciser le règlement plus tôt, in tempore non suspecto.
Dès lors, de manière synthétique, la prise en charge actuelle et
optimale de la personne démente comporte trois axes de réflexion et
d’action.
Le premier est un lieu de vie correct, en maintenant si possible
une certaine « citoyenneté ». En effet, il nous paraît impensable qu’à
notre époque, un dément finisse sa vie dans une chambre, voire dans
un lit entre quatre murs, même s’il bénéficie d’une fenêtre ou d’une
télévision… L’être humain qu’est toujours le dément mérite donc un
lieu de vie plus élargi, où il pourra sortir de sa chambre et rencontrer
d’autres personnes dans un espace de vie beaucoup plus convivial,
avec une cuisine, une salle de repas, une salle de détente, une salle
de réunion avec la famille, voire aussi un accès à l’extérieur vers un
jardin. Cet ensemble de ressources est maintenant disponible dans des
structures spécialisées telles que les seigneuries, les maisons de repos
et, si nécessaire, pour les cas évolués, dans les « cantous », petites
unités de prise en charge d’une dizaine de déments où l’on essaye de
recréer une vie un tant soi peu sociale. À un stade pas trop évolué,
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Aspects fondamentaux
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pour patients plus agressifs ou plus mobiles ou, au contraire, en fin
de vie (soins palliatifs).
Le second axe de réflexion sera de maintenir la qualité de vie la
meilleure possible, en prévoyant dans la structure d’accueil du dément
toutes sortes de facilité permettant l’accès en chaise roulante, en lit…,
en vérifiant l’accessibilité à la salle de bain…, à des stimulations par
télévision, musique, etc. Ceci est particulièrement développé dans des
unités spécifiques de soins pour Alzheimer (Vallez, 2007, 2015), mais
devrait l’être aussi, dans une moindre mesure peut-être, partout où vit
une personne démente (Carlson, 1998).
Enfin, en troisième lieu, on fournira les meilleurs soins médicaux et
paramédicaux possibles compte tenu cependant des problèmes de coût,
et l’on réfléchira donc au meilleur rapport coût/efficacité. Ceci, de même
que les aspects diagnostiques et thérapeutiques, nécessitera de la part
des soignants une information, si pas une formation spécifique.
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Les besoins du patient en perte cognitive, de ses proches et de ses soignants
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permis d’y organiser des séminaires de formation dans plusieurs villages
pour que les jeunes enfants soignent mieux leurs parents malades, grâce
à des activités récréatives et éducatives. Cela permet à ces enfants
de 20 à 25 ans d’améliorer leur responsabilité professionnelle, mais
aussi familiale, devenant très jeunes responsables de famille, vu la
perte de capacité mentale, voire physique, de l’un ou l’autre parent.
Ces séminaires ont permis d’améliorer l’acceptation par les familles
de la maladie, d’atténuer les conséquences et complications de cette
maladie et, d’autre part, d’aider ces familles à prendre conscience de
leurs droits à des soins médicaux up to date (Lutgen, 2007).
Enfin, dans le contexte de l’amélioration du lieu de vie des déments,
les soignants devront être intégrés dans l’encadrement des maisons
de repos, de soins ou encore des cantous, afin qu’ils puissent soigner
au mieux la personne démente avec les autres intervenants. Cette
prise en charge élargie à divers soignants, en collaboration avec la
famille, nous amène à l’approche transdisciplinaire, qui sera large-
ment discutée dans le reste de l’ouvrage. Il est clair que la pathologie
des démences, avec les complications multiples non seulement men-
tales, comportementales, mais aussi la dégradation d’autres fonctions
telles que l’incontinence urinaire, voire fécale, les troubles du sommeil,
les problèmes locomoteurs, auxquels s’ajouteront d’autres pathologies
liées au vieillissement de la personne, engendre une prise en charge
où diverses disciplines médicales vont collaborer, ainsi que de nom-
breux paramédicaux (Schenk, 2004).
L’éducation de la famille est aussi un élément important. Il faut que
les proches apprennent à ne pas contrarier, à changer de conversation
lorsqu’il y a obsession, à valoriser tout ce que la personne peut encore
faire, à ne pas la mettre devant un échec, mais plutôt à dédramatiser.
Il ne s’agit pas, bien sûr, de mentir, mais de reconnaître qu’un système
de mémoire – et pas toute la mémoire, pour autant – a été perdu.
Marie-Jo Guisset, de la Fondation Médéric Alzheimer, constate que,
trop souvent, le sujet risque de disparaître derrière la maladie (Guisset,
2004). Il se voit qualifié d’incapable et tout est attribué à sa maladie
(« Ne soyez par des gardiens, mais des partenaires », demandait l’un
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Aspects fondamentaux
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à ce genre de situation délicate.
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Les besoins du patient en perte cognitive, de ses proches et de ses soignants
Déjà seize ans de passés dans ce XXIe siècle, et la problématique des maladies neuro-
dégénératives est loin de voir une solution poindre à l’horizon !
En effet, l’« épidémie » ne fait que s’étendre dans le monde entier : les pays émergents
rattrapent leur retard dans l’incidence annuelle de nouveaux cas, car leur pyramide
des âges est plus verticale que celle des pays occidentaux. De plus, la prise en charge
s’est améliorée et permet de retarder l’évolution vers le décès, ce qui augmente aussi
la prévalence de ces affections, particulièrement les maladies de Parkinson et d’Alzhei-
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mer et, dans une moindre mesure, la chorée de Huntington (CH) ou la sclérose latérale
amyotrophique (SLA).
Depuis de nombreuses années, les recherches, tant fondamentales que pharmacothéra-
peutiques, sont lancées tous azimuts afin d’essayer de mieux comprendre et mieux traiter
ces affections. Cependant, si la recherche fondamentale continue lentement d’avancer,
surtout sur le plan de la compréhension des mécanismes étiopathogéniques et de la
génétique, les nouveautés pharmacologiques sont devenues très rares depuis une bonne
dizaine d’années, voire inexistantes dans la maladie d’Alzheimer, la CH ou la SLA. À
tel point que l’on développe actuellement les thérapies non médicamenteuses, comme
la chirurgie, la revalidation et l’éducation du patient, dans la maladie de Parkinson ; les
ateliers sensoriels, les jardins thérapeutiques, la mnémothérapie par indiçage sensoriel
et l’éducation des aidants, dans la maladie d’Alzheimer.
Sur le plan clinique, la problématique est complexe, ou riche si l’on veut. En effet,
ce type d’affection est caractérisé par une grande variabilité dans la localisation, le
nombre, l’extension et l’évolutivité des lésions, au point que chaque patient est diffé-
rent avec une évolution propre. L’adage « Il n’y a pas de maladie, mais uniquement
des malades » est tout à fait dans la réalité de ces pathologies. Comme, par ailleurs,
les apports médicamenteux sont pauvres, les possibilités d’amélioration se basent sur
la créativité des soignants et des proches pour trouver des solutions aux problèmes
posés par les patients. Par exemple, le kiné peut trouver des moyens pour stimuler la
marche par des repères visuels ou auditifs chez le parkinsonien ; la logopède visera à
maintenir la communication chez la patient SLA par des tableaux de lettres ou d’icônes
de fonction ; l’ergothérapeute redonnera du bonheur au patient Alzheimer par des ate-
liers sensoriels et des anciennes chansonnettes ; le conjoint d’un patient en proie à des
troubles cognitifs créera un carnet de référence de base et mettra des étiquettes sur les
armoires pour indiquer leur contenu… Il n’y a donc pas de limite à la créativité selon
les besoins du moment du patient !
5 Conclusion
Vu l’ampleur que prend la démence, et particulièrement la démence
d’Alzheimer, dans notre société du XXIe siècle, qu’il s’agisse de l’am-
pleur épidémiologique de par la multiplication des cas ou qu’il s’agisse
de la complexité non résolue d’une maladie paradoxalement jeune, du
moins à l’échelon de l’évolution humaine (remontant à une centaine
d’années pour la forme Alzheimer, mais beaucoup moins pour d’autres
formes de démence), on observe que les habitudes de vie, les lois,
les compétences, qu’elles soient médicales, paramédicales, psycholo-
giques, sociales ou juridiques sont généralement largement dépassées.
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de sa famille). En effet, rappelons l’adage bien connu qu’il n’y a pas
de maladie, mais qu’il n’y a que des malades ! Cet adage s’applique
tout particulièrement dans le cadre des démences.
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Les besoins du patient en perte cognitive, de ses proches et de ses soignants
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n’a pas été suffisamment efficace jusqu’à présent).
L’arrivée progressive, d’ici 2050, d’environ 600 000 nouveaux Belges « dépendants » et
de trois fois plus d’octogénaires qu’actuellement, entraîne des opportunités sociales et
économiques. Les activités de prise en charge des personnes âgées sont multiples et
comportent, d’une part, les services de soins et d’aide à domicile tels que paramédi-
caux, les repas, les aides-soignantes, mais aussi les soins médicaux et médicamenteux,
les hospitalisations et les aspects chirurgicaux, les technologies de (vidéo) surveillance
et d’assistance (télévigilance, alarmes…), les interfaces entre maintien à domicile et
mise en institution… et enfin et surtout, par leur coût sociétal, les aspects d’institution-
nalisation en maison de repos et de soins… Pour 2050, on estime que 180 000 lits
supplémentaires seront nécessaires en maison de repos, d’où une prévision d’engage-
ments dans le secteur de 120 000 professionnels…
Toutes ces nouvelles initiatives sont intéressantes pour l’emploi, d’autant plus en période
de crise, mais il existe des limites financières, liées au problème d’appauvrissement
de la population et particulièrement des personnes âgées, ainsi qu’aux limitations des
budgets de l’État qui subsidie pas mal de ces activités. Le problème est donc la bonne
gestion de cet or gris, cette nouvelle « ressource humaine ». Quelles en sont les limites
financières, mais aussi médicales et humaines, en pensant particulièrement à l’acharne-
ment thérapeutique chez des personnes très âgées ? Par ailleurs, quelles sont les limites
de la subsidiation par les pouvoirs publics, qui ont déjà des difficultés depuis plusieurs
années à mettre de l’argent de côté pour assurer le paiement des pensions à l’avenir ?
À ce sujet, les mutualités socialistes, par exemple, confirment que pour la période de
2010 à 2030, le poids du vieillissement dans l’augmentation des dépenses du secteur
des soins de santé serait de 24 %, de par l’augmentation du coût des traitements indi-
viduels, à âge égal et à maladie donnée, de même que par l’évolution démographique.
La longévité croissante des individus adresse donc une question tout à fait cruciale au
système de soins.
Voici le défi posé par cette nouvelle décennie 2011-2020 ! Il est donc nécessaire de se
préparer au choc du vieillissement de notre population et de craindre l’éventuel déve-
loppement d’une médecine à deux vitesses, surtout si le système de santé est dérégulé
et que la porte est ouverte à des acteurs « for profit » avec marchandisation des soins,
car l’accessibilité aux soins pour tous pourrait ne plus être garantie !
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Chapitre 4
Bilan neuropsychologique
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diagnostique des démences
Delphine De Ro
1 Introduction
La neuropsychologie est une discipline scientifique de la psycholo-
gie qui étudie les fonctions cognitives, c’est-à-dire nos fonctions de
connaissances telles que la mémoire, le raisonnement, le langage,
les fonctions attentionnelles. Elle étudie aussi leurs rapports avec les
structures cérébrales, ainsi que leurs interactions avec les aspects
comportementaux et émotionnels. Cette discipline se trouve donc à la
croisée de la neurologie et de la psychologie. L’évaluation des fonc-
tions cognitives chez les personnes pouvant présenter ou présentant
un syndrome démentiel constitue aujourd’hui une part importante de
l’activité des neuropsychologues. Effectivement, l’apport du bilan neu-
ropsychologique dans le contexte d’une démarche diagnostique de
démence est significatif.
2 Quelques définitions
Selon le DSM-IV (APA, 1994), un manuel diagnostique et statistique
des pathologies mentales dont l’usage est bien répandu, « la caracté-
ristique essentielle de la démence est l’apparition de déficits cognitifs
multiples qui comportent une altération de la mémoire, et au moins
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portement. La parution du DSM-V (APA, 2013) permet de pallier au
problème, en distinguant mieux différentes étiologies de démence. Les
« troubles neurocognitifs majeurs » sont distingués des « troubles neu-
rocognitifs mineurs ». Cette dernière dénomination renvoie au « trouble
cognitif bénin », mieux connu sous le nom de « mild cognitive impaire-
ment » (Petersen, 1995), celui-ci n’engendrant pas de perte d’autonomie
significative nécessitant l’intervention régulière d’un tiers au quotidien.
Nous aborderons ici principalement les pathologies démentielles
évolutives, c’est-à-dire dont l’évolution induit une perte lente, progres-
sive et inéluctable des capacités cognitives. Elles sont communément
regroupées sous l’appellation de « maladies neurodégénératives » ou
« neuroévolutives ». D’autres syndromes pouvant avoir des similitudes
certaines avec de telles maladies, tels que le syndrome confusionnel
ou des syndromes psychiatriques, ne seront pas évoqués ici.
Le bilan neuropsychologique peut aussi faire le sujet d’un éclair-
cissement. Il s’agit en général d’une batterie d’épreuves évaluant les
capacités cognitives d’un individu par rapport à une norme issue d’un
échantillonnage. Les résultats de ces épreuves sont ensuite analysés
par un neuropsychologue qui a une connaissance des modèles théo-
riques relevant du fonctionnement cognitif. Les fonctions de la mémoire,
de l’attention, du langage, des praxies et enfin des fonctions exécu-
tives sont classiquement évaluées. En fonction du profil des troubles
observés, et cela couplés à des données anamnestiques, hétéroanam-
nestiques et d’imagerie cérébrale, un diagnostic étiologique peut alors
être évoqué.
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Bilan neuropsychologique diagnostique des démences
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Il faut cependant aussi s’attarder sur les défauts de telles échelles.
Celles-ci ne sont pas conçues pour permettre un diagnostic. Ces
échelles permettent en effet d’obtenir une idée grossière des troubles.
Elles sont peu spécifiques et peu sensibles. En d’autres termes, l’utili-
sation seule de telles échelles mènerait à la formulation de diagnostics
erronés, c’est-à-dire à de faux positifs ou de faux négatifs : ce type
d’échelle ne mettra pas en exergue une problématique démentielle
débutante chez un patient dont le niveau scolaire ou professionnel est
élevé, alors qu’elle mènerait à conclure à une démence établie chez
une personne exempte d’une atteinte neurologique ayant été peu sco-
larisée. Ces échelles ne permettent pas non plus de se faire une idée
précise des fonctions cognitives impliquées lorsqu’un score patho-
logique est mis en évidence, car elles n’ont pas été conçues selon
les modèles cognitifs théoriques en vigueur. Avec ce type d’échelle,
nous ne pouvons par exemple pas expliquer un trouble de la mémoire
comme étant un trouble purement mnésique (l’information n’a pas été
stockée en mémoire) ou un trouble de la mémoire de type exécutif
(déficit de récupération de l’information pourtant bien mémorisée, qui
peut être récupérée grâce à des indices).
Il ne faut donc pas se contenter de telles échelles lorsqu’une cause
étiologique est recherchée. Dans ce cas, la procédure de routine idéale
serait une évaluation neuropsychologique approfondie, répétée dans
le temps, l’utilisation de techniques d’imagerie cérébrale (structurelle,
voire fonctionnelle), et une biologie. Ces examens peuvent encore être
approfondis grâce à une analyse du liquide céphalorachidien (ponc-
tion lombaire) d’afin d’y examiner la proportion de certaines protéines,
marquant une inflammation cérébrale (voir chapitre 1 et 2 pour des
informations plus précises).
Quelques exemples, sans doute les plus connus, peuvent être cités :
le Mini Mental State Examination (MMSE, Derouesné et al., 1999),
utilisé actuellement pour l’obtention du remboursement de médicaments
indiqués lors d’une maladie d’Alzheimer, pour l’obtention d’aides à la
vie quotidienne de résidents en maison de repos (catégorisation des
résidents selon leur niveau de dépendance à un tiers) ou encore lors
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de raisonner, de mémoriser, de communiquer, de prendre des décisions
ou encore d’agir en fonction de notre environnement. Cette cognition
est en lien avec notre comportement, mais aussi avec nos émotions.
Ainsi, des troubles cognitifs sont souvent liés à des troubles du com-
portement et des troubles de l’humeur ou anxieux.
4.1 Préludes
La lecture des résultats de tests neuropsychologiques ne doit jamais
conduire seule à un diagnostic. D’autres éléments, fournis pour cer-
tains par d’autres spécialistes, doivent être recueillis et vérifiés par le
neuropsychologue.
Tout d’abord, un recueil anamnestique fouillé doit être mené. Les
professionnels devant s’attarder sur la possibilité d’un diagnostic de
démence doivent se poser une série de questions essentielles : depuis
quand les troubles sont apparus, le début des troubles a-t-il été brutal
ou au contraire insidieux, comment évoluent-ils dans le temps, leur évo-
lution est-elle assez stable ou au contraire fluctuante, plusieurs troubles
sont-ils apparus simultanément ou un type de trouble est-il d’abord
apparu de façon isolée ? Toutes ces questions renvoient à ce qu’on
peut appeler l’histoire des troubles ou « la clinique ».
Toutes les difficultés connues par le patient ont de plus un retentis-
sement sur la gestion du quotidien. L’évaluation du « handicap » suscité
par les difficultés cognitives est donc aussi abordée. Par exemple, les
pertes de mémoire connues sont-elles encore considérées comme
bénignes, ou pourraient-elles constituer un danger pour le patient lui-
même ou pour autrui (oublier d’éteindre le gaz, demander à un passant
d’aider lors d’un retrait d’argent à un distributeur, oublier de signaler
un changement de direction en voiture, etc.) ?
Les aspects médicaux et psychologiques doivent également être
questionnés, car ceux-ci peuvent être le déclencheur de troubles cogni-
tifs. Effectivement, des problèmes de santé physique (par exemple,
une hypothyroïdie, une déshydratation, des carences vitaminiques, une
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d’admettre ses faiblesses, ou se protège, car elle craint qu’on lui retire
des libertés [crainte de perdre le droit de conduire, par exemple]), ou
alors elle n’en est tout simplement pas consciente (on évoque alors
le terme d’anosognosie, qui est un symptôme neurologique : la per-
sonne n’est plus objectivement capable de se rendre compte de ses
difficultés).
De plus, nous pouvons ajouter des résultats de techniques d’ima-
gerie, tels que scanner cérébral ou scintigraphie cérébrale, qui peuvent
montrer très clairement la cause de troubles cognitifs. Des exemples
comme une hydrocéphalie, une tumeur cérébrale, la présence d’un
AVC (accident vasculaire cérebral) peuvent être donnés. Enfin, signa-
lons encore d’autres examens, moins utilisés en routine, que sont
l’étude protéomique (étude de la concentration des certaines protéines
dans le liquide céphalorachidien, qui indique dans certains cas une
inflammation cérébrale) ou l’étude génétique (il existe des gènes de
« susceptibilité », par exemple l’apolipoprotéine E, ou enfin des muta-
tions génétiques rares, « formes familiales » de la maladie)1.
4.2 Le testing
L’évaluation neuropsychologique peut être réalisée lors d’une hospitali-
sation, mais elle est le plus souvent réalisée en ambulatoire, c’est-à-dire
lors d’une ou de deux consultations auprès d’un neuropsychologue. Ces
consultations sont souvent organisées au sein de services spécialisés,
appelés communément « clinique de la mémoire » (il en existe une à
l’hôpital Vincent Van Gogh à Charleroi), ou encore en privé.
L’évaluation cognitive a comme ambition, grâce à des tests basés
sur des postulats théoriques, d’estimer le fonctionnement de différents
processus et systèmes de traitement qui composent la cognition. Cet
examen permet in fine de repérer des processus déficitaires, d’analy-
ser la mesure de ces dysfonctionnements, de permettre selon le profil
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Aspects fondamentaux
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logies neurodégénératives, un déclin des performances est attendu.
Dans le cadre d’un AVC, une stabilisation et même une amélioration
du fonctionnement cognitif sont attendues, grâce à des phénomènes
de plasticité cérébrale et/ou grâce aux effets d’une rééducation neu-
ropsychologique si celle-ci a été entreprise.
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Bilan neuropsychologique diagnostique des démences
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nologique, nous permettant de répéter l’information verbale, le calepin
visuospatial, traitant l’information visuelle, et enfin l’administrateur
central, qui permet le traitement et la manipulation de l’information.
Cette mémoire est communément évaluée par des tâches estimant ces
trois composantes. Voici une liste d’exemples de tâches non exhaus-
tives : les empans directs et inverses (restitution immédiate de série
de chiffres de plus en plus longues, à l’endroit et à l’envers ; Weschler,
2001), la tâche du Brown Peterson (double tâche : restitution de trois
lettres après avoir inversé plusieurs paires de chiffres ; Meulemans,
2005), la tâche de PASAT (Paced Auditory Serial Addition Test, qui
consiste en une tâche de mise à jour au moyen d’additions ; Gronwall,
1977), la tâche de la mémoire de travail de la TEA (tâche de mise à
jour au moyen d’un défilé de nombres ; Zimmermann, 1994), le Block-
tapping test ou Test de Corsi (reproduction d’une série de frappes
sur des cubes disposés sur une planche ; MEM III ; Weschler, 2001),
l’empan visuospatial simultané (SPAN & SUPRA SPAN ; Wilson, 1993).
57
Aspects fondamentaux
chaud, vous y avez rencontré une amie d’enfance, vous avez même
oublié d’acheter du lait, à la caisse un monsieur très pressé s’est mis
en colère…
Souvent, la mémoire épisodique ne fonctionne plus correctement
chez le patient atteint d’une démence. Classiquement, il s’agit de la
mémoire qui est touchée de manière la plus précoce dans la maladie
d’Alzheimer. Toutefois, cela ne veut pas dire qu’elle est totalement inu-
tilisable. Avec la maladie d’Alzheimer, ce sont les événements les plus
récents qui sont les plus vite oubliés. Tous les événements qui ont eu
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lieu bien avant le début de la maladie, des événements très anciens,
vont rester plus longtemps dans la mémoire de la personne qui en est
atteinte. Par contre, depuis qu’elle est malade, la personne a de plus
en plus de difficultés à enregistrer de nouvelles informations. Donc,
depuis le début de la maladie, et avec l’évolution de celle-ci, les évé-
nements vécus vont être de moins en moins stockés en mémoire, et
les souvenirs des événements d’un passé récent seront également petit
à petit de plus en plus touchés et lacunaires.
Une autre mémoire à long terme est la mémoire sémantique. Elle
est classiquement touchée en premier lieu lors d’une démence appelée
sémantique. Cette mémoire concerne le stockage des concepts et des
connaissances générales sur le monde : faits historiques, définitions,
chansons, poèmes, vocabulaire, etc. Contrairement à la mémoire épi-
sodique, cette mémoire stocke des informations sur le monde sans
référence au contexte. La mémoire des connaissances générales sur
le monde fonctionne encore relativement correctement au stade débu-
tant de la maladie d’Alzheimer.
Enfin, la dernière mémoire à long terme que nous évoquerons est
la mémoire procédurale. Ce type de mémoire sous-tend l’apprentis-
sage et la rétention des habilités perceptivo-motrices et cognitives.
Un exemple simple : vous êtes capable de rouler à vélo, mais vous
ne savez pas vraiment expliquer comment vous faites pour y arriver.
Vous ne sauriez pas non plus apprendre à un tiers à rouler à vélo
en lui expliquant uniquement par des mots. Il faut que la personne
monte sur le vélo et essaie d’elle-même de faire l’action. D’une cer-
taine manière, nous pourrions appeler cette mémoire la mémoire de
l’action, la mémoire du « je sais comment il faut faire, mais je ne sais
pas l’expliquer ». La mémoire des actions est relativement préservée
au début de la maladie.
Dans la maladie d’Alzheimer, la mémoire la première touchée est
donc la mémoire épisodique. Plus tard, la mémoire des connaissances
générales sur le monde va elle aussi présenter des lacunes. La mémoire
procédurale restera le plus longtemps préservée au fil de l’évolution de
la maladie. Cette mémoire épisodique est aussi sévèrement touchée lors
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qui sont perdues dans le cadre de maladie évolutive, mais il faut s’ap-
puyer sur ce qui est encore préservé.
Depuis une trentaine d’années, le développement de la neuropsy-
chologie cognitive a largement contribué à l’amélioration des techniques
d’évaluation et de rééducation de la mémoire. Malgré cette évolu-
tion, certains neuropsychologues continuent à utiliser des épreuves
anciennes, tel que le test d’apprentissage des quinze mots de Rey
(Rey, 1966), ou encore le test de reconnaissance de mots et de visages
de Warrington (Warrington, 1984). Des batteries d’évaluation existent
aussi, tel que l’échelle clinique de mémoire de Weschler (MEM III ;
Weschler, 2001). L’intérêt de la plupart de ces épreuves est qu’elles
bénéficient de normes solides. Cependant, elles ne donnent pas d’in-
formations quant à la nature du déficit mnésique qui peut être observé.
Plusieurs épreuves d’évaluation sont intéressantes dans le cadre
du diagnostic des démences. Classiquement, nous pouvons citer trois
grands processus évalués par le neuropsychologue : le rappel libre
(le patient essaie de lui-même, sans aide, de retrouver l’information
qu’il a dû mémoriser), le rappel indicé (une aide, un indice est fourni
afin de récupérer l’information cible), et la reconnaissance (les items
cibles devront être reconnus parmi des items distracteurs). Certaines
permettent par exemple de déterminer dans quelle mesure le pro-
blème de mémoire du patient provient d’une difficulté spécifique liée
à l’encodage ou à la récupération de l’information. D’autres encore
permettent d’estimer les stratégies de mémorisation mis en œuvre par
les patients. D’autres enfin évaluent la mémorisation de l’information
verbale, ce qui est réalisé le plus communément, ou visuelle. Notons
que les épreuves visuelles sont moins nombreuses et surtout moins
élaborées. Nous pouvons citer le test des Portes et Visages (Baddeley,
1994) qui consiste en un test de reconnaissance de photos.
Le test de Grober & Buschke (ou RL-RI 16 items ; Grober, 1987)
est intéressant dans le domaine du diagnostic des démences. En effet,
cette tâche a été conçue afin de déterminer si le déficit concerne plutôt
les étapes d’encodage ou de récupération de l’information, grâce à
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sentant une démence fronto-temporale ou une maladie de Parkinson
(voir, par exemple, Pillon, 1993). Une autre épreuve pouvant être citée
est la RI 48 (Adam, 2007). Plus sensible, mais parfois anxiogène pour
le patient, elle consiste en une tâche de rappel indicé de 48 items.
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Bilan neuropsychologique diagnostique des démences
5.2.2 La flexibilité
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Des difficultés en flexibilité peuvent aussi être relevées dans le cadre
de la maladie d’Alzheimer et d’autres maladies neurodégénératives. On
peut par exemple les remarquer lorsqu’une personne tient une conver-
sation et qu’elle ne peut s’empêcher de revenir sur le sujet précédent.
Une épreuve classiquement utilisée pour évaluer la flexibilité est
l’épreuve attentionnelle de recherche visuelle du Trail Making Test.
Lors de la deuxième partie de ce test, le patient devra relier en alter-
nance et le plus rapidement possible des chiffres et des lettres selon
l’ordre numérique et l’ordre alphabétique.
5.2.3 L’inhibition
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Aspects fondamentaux
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que je peux prendre tel itinéraire pour rejoindre ma destination. Je
peux donc élaborer un « plan B ». Des difficultés à déduire des règles
peuvent aussi être remarquées lorsqu’une personne ne peut ordonner
ses affaires (par exemple, les documents administratifs ne sont pas
classés, ou le sont semble-t-il sans logique).
Le Wisconsin Card Sorting Test peut être cité (Milner, 1963). Il
est composé de 128 cartes dont l’illustration diffère selon la couleur,
la forme et le nombre (un disque rouge, deux étoiles vertes, trois
croix bleues, etc.). Quatre cartes sont présentées devant le patient,
et il devra déduire d’une règle de classement en classant au fur et à
mesure les cartes une à une, selon la couleur, la forme ou le nombre.
L’examinateur décide de cette règle et décide aussi d’en changer, sans
avertir le patient. Ce dernier doit alors s’adapter : trouver la nouvelle
règle en vigueur et s’y conformer.
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Bilan neuropsychologique diagnostique des démences
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progressivement à un mutisme. Plusieurs pathologies sont classique-
ment concernées, comme la maladie d’Alzheimer, l’aphasie lentement
progressive, la démence sémantique ou dans le contexte de troubles
vasculaires ou traumatiques.
En général, le neuropsychologue utilisera des tâches de dénomi-
nation d’images, comme la Bachy 36 ou 90 items (Bachy-Langedock,
1988), afin d’analyser les types d’erreurs pouvant être formulées. Il
aura aussi recours à l’utilisation de fluences, c’est-à-dire un exer-
cice de formulation du plus grand nombre possible de mots en lien
avec la consigne en un temps imparti. Il existe des exercices de
fluence dite phonémique (en lien avec la première lettre du mot) ou
dite sémantique (en lien avec la catégorie des mots, par exemple
« donnez-moi le plus grand nombre de noms d’animaux que vous
connaissez »). Des batteries plus complètes, comme la Lexis (Test
pour le diagnostic des troubles lexicaux chez le patient aphasique,
De Partzet, 2001), peuvent également être utilisées, notamment lors
du diagnostic différentiel démence sémantique/aphasie lentement
progressive.
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Aspects fondamentaux
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La classification des démences se réalise selon les corrélats neuro-
anatomiques. En d’autres termes, une certaine lésion cérébrale (par
exemple, une lésion temporale gauche) devrait amener une certaine
manifestation clinique (dans ce cas une plainte langagière) et donc un
certain type de déficit cognitif (dans ce cas un manque du mot peut être
attendu). En conséquence, la présence de tel trouble cognitif permet
de préciser le type d’atteinte neurologique. Dès lors, le neuropsycho-
logue pourra proposer une hypothèse diagnostique.
Il n’est pas simple de proposer une classification des syndromes
démentiels, tant le cadre nosographique s’est élargi depuis les années
1980. Pour des raisons didactiques, nous distinguerons les démences
corticales, dont le processus dégénératif affecte principalement le cortex
cérébral, et les démences sous-corticales, pour lesquelles ce sont les
ganglions de la base (ou noyaux gris centraux ou striatum) qui sont
lésés. Des pathologies cortico-sous-corticales seront aussi évoquées.
Nous aborderons enfin des syndromes non évolutifs.
Notons aussi qu’il existe une hétérogénéité des troubles lorsqu’on
évoque le diagnostic de démence. Deux patients atteints d’une même
pathologie connaitront des troubles se développant de façon différente,
à des vitesses différentes.
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Bilan neuropsychologique diagnostique des démences
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65 ans. Ce syndrome est assez déstabilisant pour l’entourage familial
et professionnel, car les signes précurseurs sont des troubles du com-
portement et un changement de personnalité. La personne présente
des comportements dérangeants, qui ne sont plus en adéquation avec
les usages. Ces troubles du comportement peuvent mener à l’isole-
ment social et à la perte de l’activité professionnelle.
Nous observons, classiquement, soit une « pseudo manie », c’est-à-dire
des comportements relevant d’une désinhibition, d’une labilité émotion-
nelle, d’une logorrhée, soit une « pseudo dépression », où le patient présente
des signes évocateurs d’une dépression sans pour autant en connaitre les
affects (le patient reste inactif, manque d’initiative, est apathique, mais
ne présente pourtant pas d’affect triste ou déprimé).
Le bilan cognitif met en évidence très tôt un syndrome dysexécu-
tif marqué, et un trouble de la récupération en mémoire épisodique
verbale. D’autres troubles sont attendus plus tard avec l’évolution de
la maladie, notamment un trouble attentionnel et langagier.
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Aspects fondamentaux
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6.2 Les démences sous corticales
(ou cortico-sous-corticales)
Les démences sous corticales sont caractérisées par l’association de
signes neurologiques extrapyramidaux (tels que des tremblements) et
d’une symptomatologie cognitive dysexécutive.
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Bilan neuropsychologique diagnostique des démences
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Les troubles observés varient en fonction de la localisation de la
lésion, de son étendue, et de son nombre. Tous les types de troubles
cognitifs, comportementaux et émotionnels peuvent être dès lors ren-
contrés. Force est de constater toutefois que la mémoire de travail,
les fonctions attentionnelles et exécutives font régulièrement l’objet de
plaintes dans ce type de pathologie.
7 Conclusion
Dans le domaine des syndromes démentiels, nous pouvons souligner
l’apport du bilan neuropsychologique dans le contexte d’une démarche
diagnostique. Celui-ci ne doit toutefois pas se résumer à la lecture
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Aspects fondamentaux
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solides.
Enfin, le diagnostic d’une pathologie neurodégénérative s’inscrit
dans le temps. Il faut donc veiller à reproduire les examens, afin de
conforter l’hypothèse diagnostique qui avait été formulée.
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Chapitre 5
Aspect gériatrique
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des démences
Bernard Kennes
1 Introduction
La démence atteint principalement les personnes âgées et sa préva-
lence augmente avec les années. Avec le vieillissement, ces personnes
se fragilisent par l’accumulation de maladies chroniques associées à
l’âge, la réduction de l’activité physique et les troubles psychosociaux,
qui non seulement s’additionnent aux effets délétères des troubles
cognitifs, mais aussi rendent plus complexes leur accompagnement.
Les déments éprouvent des difficultés à comprendre et à exprimer les
sensations provoquées par une affection aigüe, s’exprimant générale-
ment par des symptômes aspécifiques qui compliquent la tâche des
soignants dans la recherche causale de l’affection en cours, la réalisa-
tion des examens appropriés et l’application d’un traitement adéquat.
Souvent se déclenchent un état confusionnel et une cascade de com-
plications, qu’il faut enrayer rapidement dans un contexte de mauvaise
compliance aux soins à appliquer.
À la perte d’homéostasie mentale s’ajoute une perte d’homéostasie
physique, dont les conséquences modifient le pronostic de la démence
et sa gestion, ainsi que celui des affections somatiques prédominantes
fragilisant le sujet. Cette fragilité favorise le déclenchement d’un état
confusionnel et aggrave les réserves cognitives des patients déments.
Aspects fondamentaux
Peu d’études ont été effectuées sur cet aspect d’interactions entre
la morbidité cérébrale et la comorbidité liée aux autres organes, alors
que les équipes de soignants en charge des patients gériatriques sont
fréquemment confrontés à cette dualité pathologique complexe et que
de 30 à 50 % des plus de 85 ans sont affectés par une démence (Merck
Manual of Geriatrics, 2006).
Nous abordons dans ce chapitre certains des aspects gériatriques
des démences, après une brève discussion sur l’aspect théorique du
vieillissement et de l’effet des pathologies sur celui-ci.
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2 Le profil gériatrique
Le profil gériatrique du patient âgé permet d’évaluer son risque de
déclin fonctionnel. Pour en comprendre l’intérêt, nous résumons ici
quelques données de base sur le sujet.
Immanquablement, le vieillissement physiologique entraîne progres-
sivement une perte fonctionnelle, variable d’un individu à l’autre, avec
comme conséquence une perte de la capacité d’adaptation aux contraintes
physiques et mentales provoquées par les événements extérieurs. Au fur
et à mesure du temps, ce processus involutif global atteint un niveau
critique de rupture d’équilibre, à l’origine de la perte d’autonomie (gra-
phique 5.1) et d’une mortalité accrue. Les maladies chroniques, en
particulier neurologiques, cardiovasculaires et ostéo-musculo-articulaires
sont des accélérateurs de cette fragilisation. Environ 80 % des plus de
65 ans sont atteints d’au moins une maladie chronique et 50 % souffrent
d’une restriction partielle dans les activités journalières, montrant l’impact
de la comorbidité chez les personnes âgées. Tout événement extérieur à
répercussion physique, mentale, affective ou sociale est susceptible de
provoquer une aggravation de perte fonctionnelle, à l’origine d’une réduc-
tion d’autonomie et d’une dégradation de l’état global du sujet avec des
conséquences multiples se produisant en cascade, un peu comme un jeu
de dominos. Cette rupture d’équilibre peut apparaître prématurément, suite
à l’aggravation d’une maladie chronique ou lors d’une affection aiguë, et sa
réversibilité est conditionnée par une riposte adéquate et la plus précoce
possible, au point d’être considérée comme une urgence médicale en soi.
La tolérance aux médicaments diminue et la fréquence des effets secon-
daires est majorée, en raison de réduction liée à l’âge des propriétés de
clearance médicamenteuse et des interactions médicamenteuses dans le
contexte de la polymédication habituelle. Les atteintes des organes des
sens (déficit visuel, auditif) sont particulièrement invalidantes.
Ce sujet âgé fragilisé, accumulant des affections multiples et
incapable de maintenir une fonctionnalité suffisante pour garder une
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Aspect gériatrique des démences
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fonctionnelle permettant de mesurer son état physique, mental et affec-
tif. Cette évaluation, appelée « Évaluation gériatrique globale (EGG) »,
s’est révélée efficace dans l’estimation de l’état global du patient âgé,
dans l’évaluation de facteurs de risques de complications, dans le déve-
loppement de stratégies préventives de la perte d’autonomie et dans le
maintien d’une qualité de vie satisfaisante (Applegate, 1990).
Les paramètres de base de l’EGG sont résumés dans le tableau 5.2.
Les scores d’évaluation de ce profil à risque de déclin semblent
être un meilleur facteur prédictif que les pathologies elles-mêmes,
et ont un rôle pronostique plus important que les diagnostics médi-
caux classiques. Les affections gériatriques qui l’accompagnent se
présentent sous forme de syndromes dont la ou les cause(s) sont
variables et souvent cumulatives, comme les syndromes confusionnels,
d’incontinence, des chutes à répétition, de dépression, d’hypotension
orthostatique, d’anorexie, de douleur chronique, de dénutrition, d’im-
mobilisation, d’isolement, de dénutrition, d’infections répétitives, toutes
abordées en tant que tel, au vu de leurs causes multifactorielles.
Enfin, la fragilité « gériatrique » propre à chaque individu est un
état instable, où le passage des déficiences aux limitations fonction-
nelles et à l’incapacité n’a pas un caractère uniquement biomédical.
Le mental, les habitudes de vie, la volonté, l’estime de soi, l’environ-
nement humain, socioéconomique et de santé accélèrent ou retardent
le passage d’un stade de gravité à l’autre.
La gériatrie, en alliant les dimensions biomédicales et psychosociales,
permet d’identifier les composantes du syndrome de fragilité et de déter-
miner des prises en charge préventives et curatives adaptées, comme :
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Aspects fondamentaux
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3 L’aspect gériatrique de la démence
La démence et les troubles du comportement et psychologiques asso-
ciés atteignent une proportion croissante de la population à profil
gériatrique, dont ils constituent des facteurs d’aggravation. Ils majorent
la complexité de la prise en charge de ces derniers en raison des diffi-
cultés à bénéficier d’une collaboration adéquate pour l’obtention d’une
anamnèse correcte, la réalisation des examens diagnostiques adéquats
et l’application correcte des traitements optimaux, dont la réadaptation
fonctionnelle.
Le patient dément, à côté des troubles mnésiques, peut présenter des
symptômes qui interfèrent négativement sur les grands syndromes géria-
triques. Dans la forme légère de la démence, les troubles des fonctions
exécutives, l’apathie, les symptômes dépressifs, la susceptibilité de déve-
lopper de la confusion, les pertes instrumentales majorent respectivement
les risques d’émergence de chutes, d’immobilisation, d’isolement, de
dépression et de troubles nutritionnels. Progressivement, en avançant
vers des stades plus avancés, non seulement ces troubles vont s’aggra-
ver, mais en plus, l’incapacité d’évaluer la prise de risques par rapport
aux réserves fonctionnelles, les atteintes des fonctions réflexes motrices
altérant la déglutition, la perte des sensations homéostasiques comme
la soif et la faim, la perte de toute capacité d’exprimer correctement
ses propres sensations vont amener le sujet à une dépendance totale,
dont les conséquences seront d’autant plus sévères que les comorbidi-
tés additionnelles seront importantes et que l’inclinaison de la pente de
perte fonctionnelle sera forte (graphique 5.1).
À l’inverse, la fragilité et la réduction d’homéostasie liées à l’âge,
en dehors de tout état démentiel, favorisent l’apparition d’états confu-
sionnels et l’aggravation des troubles cognitifs souvent induits par les
médicaments, ou lors d’épisodes aigus par les complications asso-
ciées comme les désordres métaboliques, les infections, la douleur,
etc. La dégradation mentale, lors de ces complications, peut prendre
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Quelques syndromes gériatriques classiques méritent d’être commentés
dans les aspects gériatriques de la démence, en raison de leur impact
particulier.
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risques raisonnables d’accidents pris dans la vie courante.
Les troubles cognitifs ou la démence ont été identifiés comme un
facteur de risque indépendant supplémentaire de chute (Shaw, 2002).
Les études épidémiologiques indiquent que cette catégorie de sujets
présente un risque double de chute lorsqu’elle est comparée à des
individus de même âge, mais sans troubles cognitifs. De plus, le risque
de traumatisme sévère post-chute est également accru de 3 fois.
L’incidence de fractures annuelles suite à une chute chez les déments
atteint 7 % des chutes, et 50 % des fractures concernent le col du fémur
(3 fois le risque attendu de fractures du col chez les mêmes individus
indemnes sur le plan cognitif). Le pronostic de la fracture est égale-
ment beaucoup moins bon. L’institutionnalisation pour personnes âgées
post-hospitalisation chirurgicale est 5 fois supérieure à celle attendue,
tandis que la mortalité à 1 an post-fracture du col est triplée, passant
de 19 % à 71 % (Shaw, 2002).
La chute s’inscrit dans un syndrome gériatrique particulièrement
prégnant. La recherche des causes cardiovasculaires, d’intolérances
médicamenteuses, de perturbations métaboliques et mécaniques, de
régression psychomotrice, ORL et visuelles, respiratoires, de dénutrition,
de fonte musculaire, etc., et la mise en place de mesures correctrices
et préventives est essentielle.
Les déments présentent une majoration des troubles de la marche
et de l’équilibre par une régression psychomotrice, liée notamment à
une difficulté d’effectuer des mouvements complexes associés à une
plus grande tendance à l’hypotension orthostatique et à l’hypersensi-
bilité du sinus carotidien.
Les neuroleptiques, trop souvent prescrits, ajoutent un facteur de risque
de chute indépendant de la démence et doublent également le risque de
chute, en altérant l’équilibre, le temps de réaction et d’autres fonctions
sensitivomotrices. Les effets extra-pyramidaux des neuroleptiques y ont
une place particulière, surtout dans les cas de démence à corps de Lewy.
La sensibilité à la régression psychomotrice des patients déments
et, en particulier, la confusion jouent un rôle particulièrement important,
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Aspect gériatrique des démences
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de 65 ans présentent des déficits nutritionnels (Launer, 1994).
La situation est bien plus sévère chez le patient gériatrique, ou pas
moins de 65 % présentent un déficit protéino-calorique, auquel s’ajoutent
des déficits spécifiques en vitamines (Sullivan, 1999). Les patients atteint
d’une maladie d’Alzheimer souffrent en outre d’une propension à perdre
du poids (en moyenne ½ kg par an), dont l’origine est multiple et ne
semble pas liée à une dépense énergétique augmentée (Volicer, 1998).
L’échelle de comportement alimentaire de Blandford (1998) permet
de faire l’inventaire des causes de troubles de comportements alimen-
taires dans la maladie d’Alzheimer et est applicable pour tous les types
de démence.
Cette échelle a pu montrer l’importance du climat relationnel
affectif entre l’aidant et le dément dans l’apport du repas. Ces par-
ticularités alimentaires conduisent à déplacer et à accélérer la pente
de déclin fonctionnel vers le bas et à accélérer la fragilisation liée à
l’âge. L’importance d’un apport nutritionnel adéquat, en particulier
lors de pathologies actives autres, pose la question du bon choix des
modalités d’administration alimentaire (voir dysphagie) et de la pro-
blématique de l’acharnement thérapeutique chez les déments sévères.
De plus en plus d’éthiciens et de gériatres mettent en question le
concept du « nourrir à tout prix » et d’instrumentaliser à long terme l’ap-
port nutritionnel, en général sous contention. Toute décision, dans un
sens comme dans l’autre, doit s’inscrire selon le thème qualité de vie
abordé plus loin. On notera cependant que l’aspect culturel familial est
très présent dans le choix de la meilleure attitude à suivre.
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chez les patients déments, sont une cause fréquente d’hospitalisation
et sont considérés comme prodromiques de la maladie d’Alzheimer.
En effet, les patients asymptomatiques âgés qui développent un état
confusionnel après un état de stress sont à risque élevé de développer
un Alzheimer consécutivement et d’être institutionnalisés en maison
de repos. Cette complication se retrouve dans 20 à 30 % des cas de
patients hospitalisés (dont 32 à 67 % ne sont pas repérés), dans 20 à
50 % des cas post-opératoires et 20 % en maison de repos.
Sur base des critères DSM-IV du delirium, une échelle de score C.A.M.
(Confusion Assessement Method) permet de diagnostiquer relativement
facilement un état de confusion sur base de 4 critères (Martinaud, 2001) :
1. NHS, 2010.
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La recherche des causes est donc essentielle et urgente. Celles-ci
sont très diverses et comprennent principalement les médicaments (anti-
cholinergiques, opiacés, AINS, antiparkinsoniens, antidépresseurs surtout
tricycliques, antihistaminiques H1 et H2, cardiovasculaires dont les car-
diotoniques [digoxine, cordarone], cortisone, antibiotiques en particulier,
les pénicillines et dérivés et les quinolones, les metoclopropamides et
dérivés, et même les neuroleptiques et benzodiazépines, dont le sevrage
de ces dernières), les infections, la douleur non exprimée directement, les
troubles métaboliques (hyponatrémie, déshydratation), le sevrage alcoo-
lique ou médicamenteux sans assuétude sous-jacente vraie nécessaire.
La grande question porte sur une logique implacable qui repose sur
l’interrogation suivante : qu’y a-t-il eu de changé avant l’état confu-
sionnel ? En n’oubliant pas non plus les événements, profondément
déstabilisants, comme le changement non accepté du lieu de vie, la
perte d’un être cher, une agression ou une tension familiale.
Une approche spécifique de ces causes est bien plus efficace que
les médications anti-confusionnelles classiques.
2. Volicer, 2001.
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ments imposent une instrumentalisation pour l’administration de hautes
doses des produits qui impose une contention délétère en elle-même.
La dysphagie à l’origine de fausses déglutitions va avoir pour
conséquence une approche limitant l’administration de médicaments
et l’alimentation naturelle par voie orale. À ce stade, l’usage d’alimen-
tation par la voie de sonde nasogastrique ou de gastrostomie atteint un
niveau d’investissement instrumental qui altère gravement le confort du
patient et qui, au vu des études sur l’intérêt de ces pratiques, n’apporte
pas grand-chose sur le plan de la survie du patient. La décision de pour-
suivre la « nutrition à tout prix » se voit dépassée, d’autant plus que, la
maladie évoluant, être nourri devient plus une épreuve qu’un besoin,
vu la perte de la sensation de soif et de faim à ce degré d’avancement
de la maladie. À ce stade, tout doit être orienté vers une alimenta-
tion orale combinant le plaisir du repas oral avec l’aide des logopèdes
ciblant les possibilités de déglutition et les aliments appropriés.
La dépression est rapportée dans 15 à 57 % des cas de démence,
et sa prévalence ne change pas significativement avec l’avancée de la
maladie. Les grandes différences dans les statistiques de prévalence
sont nettement influencées par la difficulté de poser ce diagnostic à
un stade avancé de la démence. Il apparait évident que la prise en
compte d’un diagnostic de probabilité d’humeur dépressive aura une
incidence significative sur la compliance du patient à l’efficacité de la
stratégie de prise en charge des déments sévères, et justifie un traite-
ment antidépresseur jusqu’au stade ultime de la maladie.
L’attitude la plus adaptée dans ces formes de démence sévère est,
d’une part, d’effectuer des choix stratégiques visant à prévenir le plus
longtemps possible les effets de la déconnexion des mécanismes d’ho-
méostasie gérés par les structures mentales et, d’autre part, de revoir
l’intérêt de traitements antérieurs destinés à éviter les complications
de maladies connexes, qui ont perdu la priorité dans la gestion du
patient dément.
La politique de prise en charge repose principalement sur l’in-
tention de retarder l’apparition des conséquences de la maladie, en
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Aspect gériatrique des démences
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ment réduit le risque de 3,4 fois de développer des infections urinaires
et de 6,8 fois d’être atteint d’infections pulmonaires (Maganizer, 1991).
Ces principes sont à suivre en les adaptant au cas par cas en inté-
grant les aspects de qualité de vie. Une règle essentielle, en l’absence
de directives scientifiques dans les choix à faire, repose sur le caractère
d’universalisme des attitudes prises. À savoir que les choix pris dans
un contexte polydisciplinaire et avec le patient et son entourage, selon
les possibilités, peuvent être justifiés aux yeux du regard des autres,
car ils respectent les valeurs universelles, dont celle de la dignité.
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Aspects fondamentaux
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qu’en se basant sur le vécu du sujet lui-même, ses relations avec sa
famille et ses références culturelles. Les objectifs thérapeutiques devront
toujours reposer sur les volontés du patient (éventuellement antici-
pées), ses comorbidités, son espérance de vie et les chances qu’ont
toutes les interventions d’améliorer sa qualité de vie et son temps de
vie confortable. En tout temps, sa dignité et son autonomie seront prio-
ritaires. Les soignants sont donc amenés à s’entretenir régulièrement
avec leur patient âgé sur tous ces aspects, en n’oubliant pas qu’au fur
et à mesure que les années passent, les proches ont une influence de
plus en plus importante, jusqu’à se substituer progressivement à leur
aîné pour transmettre les décisions qu’il aurait exprimées. La rédac-
tion d’un testament de vie rédigé en temps opportun est à cet égard
idéale, mais encore peu entrée dans les mœurs.
L’autonomie mentale chez le patient dément dans la validité de l’ex-
pression de ses propres choix a encore été peu étudiée. Cependant, par
une bonne communication adaptée en usant de questions simples, il est
accepté qu’en dehors de toute phase confusionnelle ou lors de symp-
tômes de troubles du comportement et psychologiques, le dément peut
encore exprimer ses choix jusqu’à un stade avancé de sa démence.
Dans les formes les plus sévères, avec toutes les précautions prises,
le recours au référent légal et aux proches est requis.
8 Conclusion
L’aspect gériatrique de la démence a donc deux raisons d’être abordé.
D’abord parce que la démence atteint une proportion de personnes
âgées d’autant plus importante que le nombre d’années augmente et
qu’elle constitue une part importante du syndrome de fragilisation,
ensuite car l’état démentiel en lui-même rend plus complexe la prise en
charge du patient gériatrique, de par la difficulté à obtenir une bonne
compliance aux objectifs diagnostiques et thérapeutiques. À chaque
choix, il faudra balancer les aspects positifs et négatifs des décisions
prises en fonction de la réaction pas toujours prévisible du dément.
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Aspect gériatrique des démences
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teuses de l’allèle APOE-epsilon4 (Rozenberg, 2014).
100
Capacité physique
40
STRUCTURES
20 APPROPRIÉES
Capacité nécessaire pour les activités journalières
0
1 30 40 50 60 70 80 90
81
Aspects fondamentaux
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Commentaires : Ce profil a été défini par un comité d’experts et introduits dans l’A.R.
sur le programme de soins pour patients gériatriques en 2007.
Le concept de fragilité est expliqué dans le texte. Les pathologies actives exercent un effet
parfois dramatique. Une simple chute ou une infection urinaire banale peuvent accélérer
brutalement le déclin. Le tableau clinique atypique est caractéristique du patient gériatrique.
L’état confusionnel aigu peut, par exemple, traduire une douleur aiguë, une infection aiguë,
etc. La pharmacocinétique perturbée atteint toutes les personnes âgées et les sensibilisent
aux effets secondaires, de par une modification liée à l’âge, de la métabolisation hépa-
tique ou l’excrétion rénale du médicament. La polymédication accentue ce phénomène.
Source : Applegate et al., N.Engl.J.Med., 1990, 322, 17, 1207-1214. L’évaluation doit être complétée
de l’anamnèse, des antécédents, de l’examen clinique et des investigations requises.
82
Aspect gériatrique des démences
Causes Causes
Hyperkaliémie Antispasmodiques
Hypokaliémie Antidépresseurs
tricycliques
Déséquilibres Acidose
électrolytiques métabolique Antipsychotiques
Hyponatrémie Antiparkinsoniens
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Hypernatrémie Myorelaxants
Hypoglycémie Cimétidine
Diabète Instabilité Ranitidine
hyperglycémique
Dérivés
Carence vit B12 pénicilliniques
Ces pseudo-démences correspondent souvent à des états confusionnels de plus ou moins longue durée.
% de la population
Domicile 25 %##
Institution 70 %##
Hospitalisation aiguë 80 %##
##
dément léger ou modéré (5)
##
admis en service aigu (54 % MMS < 24) (6)
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Chapitre 6
Troubles du sommeil
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et du rythme circadien
chez le patient dément
Stéphane Noël
1 Introduction
La maladie d’Alzheimer (MA) est la principale cause de démence. Elle
affecte 5 % des personnes âgées de plus de 65 ans, 20 % des seniors
de plus de 85 ans.
L’augmentation de la prévalence de la maladie d’Alzheimer suit
l’évolution de la démographie. Dans nos pays développés, les courbes
du taux de fécondité et d’espérance de vie, après s’être croisées au
cours des années soixante, s’éloignent depuis inexorablement l’une de
l’autre. En un siècle, les démographes projettent que l’espérance de
vie aura doublé et la natalité diminué de moitié.
Aux États-Unis, des études épidémiologiques prévoient que le
nombre de personnes âgées de plus de 65 ans atteintes d’Alzheimer
triplera en 50 ans.
Cette évolution s’explique par une meilleure sensibilisation à la
maladie, des moyens diagnostiques plus performants et également par
un allongement de la durée de la maladie, en relation avec une espé-
rance de vie plus longue et une meilleure prise en charge des patients.
Aspects fondamentaux
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vasculaires, la présence d’allèles APOε4… et plus récemment le cycle
veille-sommeil sont incriminés dans le développement de la maladie.
Durant la phase préclinique, avant que n’apparaissent les symp-
tômes cognitifs, les plaques amyloïdes se constituent et la concentration
de la forme soluble Aβ42 diminue dans le liquide céphalo-rachidien
(LCR). Les plaques séniles, et ensuite les « Tau tangles » (la dégénéres-
cence neurofibrillaire), autre biomarqueur de la maladie, se répandent
dans différentes régions du cerveau, y compris au niveau de structures
régulant le rythme veille-sommeil, comme le prosencéphale basal, le
locus coeruleus et l’hypothalamus, si bien que des modifications struc-
turelles du sommeil apparaissent avant que le déclin cognitif soit évident
chez les patients atteints de la MA.
2 Sommeil et vieillissement
Le sommeil est un processus dynamique, en perpétuelle évolution au
cours de la vie, qui s’adapte constamment aux besoins de l’organisme.
La compréhension des troubles du sommeil de la personne démente
repose sur la connaissance de l’évolution normale du rythme veille-
sommeil avec l’âge et des caractéristiques du sommeil de la personne
vieillissante.
Chez les séniors non déments, la réduction de la durée du sommeil
nocturne s’associe à une augmentation des périodes de sommeil diurne,
si bien que le sommeil redevient polyphasique comme à son plus jeune
âge et que la durée de sommeil sur 24 heures ne se modifie pas entre
50 et 90 ans. Par contre, la structure du sommeil change, la propor-
tion de sommeil lent profond s’amenuise avec l’âge, les ondes lentes
delta caractéristiques de ce stade de sommeil diminuent en amplitude
et en nombre. On constate une augmentation de la fréquence des éveils
intrasommeil, des microéveils, des changements de stades, une dimi-
nution de la continuité et de l’efficience du sommeil, en relation avec
une augmentation du temps passé au lit. Les personnes âgées disposent
86
Troubles du sommeil et du rythme circadien chez le patient dément
d’un sommeil de nuit plus court, plus fragmenté, moins profond, et ont
également tendance à se coucher et se lever plus tôt. Ces modifica-
tions d’horaires de sommeil correspondent à une avance physiologique
de phase du minimum thermique. Les épisodes de sommeil diurne
sont plus fréquents avec l’âge. Cette augmentation du nombre des
siestes s’explique par une expression clinique plus prononcée d’un
rythme ultradien (de moins de 24 heures) d’activité et de repos (Basic
Rest-Activity Cycle) qui se traduit par une propension périodique à
l’endormissement diurne. Les possibilités de récupération après une
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restriction de sommeil sont également réduites, dues à une faiblesse
des processus homéostatiques et de la plasticité du sommeil.
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Aspects fondamentaux
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4 Sommeil de la personne démente
Environ 25 à 35 % des patients atteints de la MA présentent des troubles
comportementaux. Les troubles du sommeil en font partie et consti-
tuent une cause fréquente d’institutionnalisation.
Les caractéristiques du sommeil de la personne démente sont com-
parables à celles observées au cours du vieillissement physiologique,
mais en beaucoup plus sévère : fragmentation du sommeil, éveils plus
fréquents et plus longs, diminution ou disparition du sommeil lent
profond, diminution du temps total de sommeil, réveil plus précoce…
Certaines perturbations du sommeil sont plus spécifiques de la MA,
comme la déstructuration du sommeil paradoxal (diminution de la durée
et fragmentation du sommeil REM) et la modification du rythme veille/
sommeil (somnolence diurne, agitation nocturne, inversion du rythme
veille-sommeil, syndrome crépusculaire ou « sundowning syndrome »).
Le rythme circadien s’altère au cours de l’évolution de la maladie,
devenant instable, plus fragmenté, moins ample, avec un retard de
phase pouvant aboutir à une inversion du rythme nycthéméral. À l’instar
des processus circadiens, la régulation homéostatique du sommeil est
également moins efficiente, une privation de sommeil chez un patient
souffrant de la MA n’entraîne aucun rebond de sommeil lent lors de
la nuit de récupération.
L’aggravation des troubles cognitifs est corrélée à une majoration
de la fragmentation du sommeil, avec des éveils de durée de plus en
plus longue la nuit, une augmentation du temps passé au lit, de nom-
breuses siestes en journée et des déambulations nocturnes.
Le « sundowning syndrome », ou syndrome crépusculaire, fait partie
de ces dérèglements du rythme circadien se manifestant par une agita-
tion, des comportements agressifs, une désorientation, une confusion,
qui débutent en fin d’après-midi et qui s’aggravent en soirée, pour se
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Troubles du sommeil et du rythme circadien chez le patient dément
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Elles peuvent apparaître durant le sommeil dans des formes avancées
de la maladie.
En plus des troubles du sommeil propres à la MA, différentes patho-
logies, plus fréquentes chez la personne âgée comme les apnées du
sommeil, le syndrome des jambes sans repos, certains traitements des
comorbidités, une décompensation cardiaque, une dépression, mais
également le manque d’activité physique et l’insuffisance de lumière
naturelle, surtout chez les personnes institutionnalisées, peuvent aggra-
ver les troubles du rythme circadien des patients déments.
La prévalence du syndrome des apnées du sommeil (SAS) est élevée
chez la personne âgée ; 52,6 % des hommes et 26,3 % des femmes
(Lee, 2014). Plusieurs études ont montré une relation indirecte entre la
somnolence diurne excessive induite par le SAS et le déclin cognitif.
Les apnées du sommeil sont présentes chez plus de 40 % des patients
déments institutionnalisés et semblent accélérer le déclin cognitif. Une
étude prospective (Yaffe, 2011) menée sur une période de 5 ans, auprès
de 298 femmes âgées en moyenne de 82 ans, qui ne présentaient
initialement aucun signe de démence, soumises à un examen polysom-
nographique, montre une association indépendante entre les troubles
respiratoires au cours du sommeil et le risque de « démence » ou de
« trouble cognitif léger », en contrôlant la plupart des facteurs confon-
dants (âge, appartenance ethnique, indice de masse corporelle, niveau
d’éducation, tabagisme, présence de diabète, d’hypertension, prise de
médicaments…) : 45 % des femmes âgées avec un syndrome des apnées
du sommeil contre seulement 31,1 % sans troubles respiratoires déve-
loppaient après 5 ans une « démence » ou un « trouble cognitif léger ».
L’indice de continuité ou la durée du sommeil dans le SAS n’étaient
pas corrélées aux troubles cognitifs, par contre l’hypoxie au cours du
sommeil pourrait en être en partie responsable. Le traitement du SAS
(CPAP) chez la personne démente exerce un effet bénéfique sur la
cognition, en améliorant la qualité du sommeil, en réduisant l’hypoxé-
mie nocturne et en rehaussant le niveau de vigilance diurne.
L’usage des benzodiazépines est répandu parmi les personnes âgées
des pays développés (entre 7 % et 43 %). Il s’agit le plus souvent d’un
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menée chez deux groupes de patients sains sans troubles cognitifs, l’un
prenant pour des raisons médicalement justifiées une benzodiazépine,
et l’autre non, pourrait permettre de confirmer le rôle pathogène des
benzodiazépines dans l’occurrence de la maladie.
5 Sommeil et mémoire
Le sommeil joue un rôle important dans la consolidation de la mémoire.
De manière schématique, la mémoire déclarative (mémoire des
événements) est renforcée par le sommeil à ondes lentes, alors que la
mémoire non déclarative, procédurale (habitudes, aptitudes acquises)
par le sommeil paradoxal (Maquet, 2001).
Les informations sensorielles arrivent dans une mémoire tampon, cer-
taines vont être encodées, stockées à court terme dans une mémoire de
travail (l’hippocampe) ou consolidées dans une mémoire à long terme,
et d’autres informations seront perdues. L’oubli favorise l’acquisition de
nouveaux apprentissages et est indispensable à un bon fonctionnement
de la mémoire à court terme, dont la capacité est limitée.
La performance mnésique réside dans ses capacités de rappel, de
recherche d’une information dans la mémoire à court ou à long terme.
Le stockage des informations dans la mémoire à court terme dépend
du fonctionnement des hippocampes qui se situent dans la profondeur
du lobe temporal.
L’hippocampe est une des premières structures atteintes dans la
maladie d’Alzheimer.
Une tâche apprise en journée est répétée dans l’hippocampe durant
le sommeil à ondes lentes.
De manière concomitante à l’activation de l’hippocampe durant le
sommeil, on assiste à une réactivation des neurones du cortex senso-
riel sollicités lors de l’apprentissage.
Le sommeil lent servirait au transfert des informations de l’hippo-
campe vers le cortex, où elles seraient conservées à long terme.
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Troubles du sommeil et du rythme circadien chez le patient dément
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Un neurone communique avec un autre en libérant dans la fente
synaptique un neurotransmetteur. Lorsque ce dernier est libéré en
quantité importante, l’information est non seulement transmise, mais
mémorisée. Ce mécanisme de renforcement de l’efficacité synaptique
s’appelle la potentialisation à long terme (LPT). Il constitue un des
mécanismes cellulaires principaux de la mémorisation.
Le sommeil paradoxal jouerait également un rôle dans le renforce-
ment mnésique de la mémoire procédurale. Les zones qui s’activent
à l’éveil lors de l’apprentissage se réactivent lors du sommeil para-
doxal de la nuit suivante. L’apprentissage serait rejoué par le cerveau
et ainsi consolidé.
Lors de l’apprentissage, des processus de LTP se produisent dans
le néocortex et l’hippocampe.
Ils se produisent également durant le sommeil, et notamment dans
le sommeil paradoxal.
Le sommeil facilite également l’oubli des informations inutiles accu-
mulées au cours de la journée. L’oubli nécessite une dépression à long
terme (LDT), c’est-à-dire une diminution de l’activité synaptique. Ces
processus pourraient se dérouler également durant le sommeil lent.
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Aspects fondamentaux
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d’une perturbation du cycle veille-sommeil, s’exprimant lors du dépôt de
plaques à 6 mois par une augmentation du temps de veille et une réduc-
tion du temps de sommeil, s’aggravant avec l’âge et avec l’extension
dans le cerveau des plaques amyloïdes. Chez cette même souris, l’im-
munisation avec l’Aβ, permettant de prévenir de manière expérimentale
la formation des plaques, normalise le cycle veille-sommeil. Cette expé-
rimentation prouve de manière solide la relation causale, directe entre
le dépôt de plaques séniles et la perturbation du rythme nycthéméral.
Des études humaines chez des patients déments objectivent un
déficit en une molécule favorisant l’éveil, l’hypocrétine, impliquée dans
la pathogénèse de la narcolepsie, dont le taux dans le LCR est signifi-
cativement corrélé avec celui des biomarqueurs de la maladie, l’Aβ42,
la protéine tau et la forme phosphorylée (Slats, 2012 ; Deuschle, 2014).
Des études autopsiques confirment ces résultats en montrant une perte
de 40 % des neurones hypocrétinergiques chez les patients atteints de
la MA à un stade avancé (Fronczek, 2012).
La maladie d’Alzheimer fait partie du groupe des tauopathies, des
maladies liées au dysfonctionnement de la protéine tau. D’importants
troubles du sommeil sont décrits dans d’autres tauopathies, comme la
paralysie supranucléaire progressive, la dégénérescence corticobasale,
la démence fronto-temporale, le syndrome de Down, les traumatismes
aigus et les encéphalopathies traumatiques chroniques.
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à des souris contrôles du même âge avec un LC intact (Heneka, 2006).
Dans des études prospectives de groupes de personnes âgées, la
fragmentation du sommeil est associée à une augmentation de risque
de 50 % de développer la MA dans un follow-up de 6 ans, alors que la
réduction de la durée de sommeil n’est pas corrélée à un déclin cognitif
(Lim, 2013). Ce trouble de la continuité du sommeil aurait également
tendance à majorer les effets de l’apolipoprotéine ε4 sur le risque de
développer la maladie.
Des études chez des souris transgéniques pour le principal gène de
l’horloge biologique (Bmal1 knockout) développent des lésions sévères
de gliose, des dommages oxydatifs et une dégénérescence synaptique,
preuve qu’une déficience des gènes contrôlant le rythme circadien favo-
rise la neurodégénérescence du cerveau (Musiek, 2013).
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Aspects fondamentaux
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force convective), se caractérisant par l’influx du LCR sous-arachnoï-
dien para-artériel dans l’interstitium cérébral et par la clearance de
ce liquide interstitiel le long des veines de drainage de large calibre.
L’aquaporine 4 est une protéine transmembranaire, présente surtout
dans le cerveau, et plus particulièrement au niveau des cellules gliales
en contact avec les capillaires sanguins.
Cette protéine AQP4 est impliquée dans l’absorption des fluides à
l’intérieur du tissu cérébral.
L’AQP4 occupe environ 50 % des pieds astrocytaires reposant sur
les capillaires. Le flux périartériel ou périveineux transportant les solutés
de ces espaces vers l’interstitium transite via ces transporteurs astro-
cytaires spécifiques ou à travers les interstices entre les expansions
astrocytaires.
Chez des animaux dépourvus d’AQP4, la clearance des solutés par
le flux interstitiel est réduite de 70 %, suggérant que les mouvements du
flux interstitiel cérébral contribuent de manière substantielle à l’évacua-
tion des déchets de l’activité cellulaire (Yao, 2008). On constate, dans le
cerveau d’une souris déficiente en AQP4, un élargissement de l’espace
extracellulaire de son parenchyme, comparativement aux phénotypes
sauvages, qui pourrait correspondre à un mécanisme permettant de
compenser la plus grande résistance à l’efflux de liquide interstitiel.
Les protéines en relation avec des maladies neurodégénératives,
comme l’amyloïde Aβ, l’α-synucléine et la protéine Tau, sont présentes
dans l’espace interstitiel autour des cellules neuronales.
Une production augmentée d’Aβ ne se rencontre que dans 5 % des
cas de maladie d’Alzheimer, le plus souvent dans les formes familiales.
Dans les formes sporadiques tardives, un défaut d’élimination relatif à
l’âge semble être la cause la plus probable.
L’Aβ peut être éliminé par dégradation enzymatique dans le paren-
chyme cérébral (néprilysine), par son absorption directe dans le flux
sanguin via des protéines associées au récepteur des lipoprotéines de
faible densité ou par un drainage périvasculaire.
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Troubles du sommeil et du rythme circadien chez le patient dément
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l’accumulation d’agrégats extracellulaires et de la progression de la
maladie d’Alzheimer. L’élimination de cette protéine est primordiale,
car le taux d’Aβ soluble est corrélé au déclin cognitif et à la démence,
plutôt qu’au nombre de plaques séniles d’Aβ insoluble (Weller, 2008).
Malgré des décennies de recherche, la raison pour laquelle le
sommeil est réparateur et le manque de sommeil délétère pour le
fonctionnement cérébral reste un grand mystère.
Les études sur le système glymphatique pourraient soulever un
coin du voile en démontrant que le sommeil permet de nettoyer notre
cerveau des toxines au niveau cellulaire.
Chez la souris, l’espace interstitiel entre les neurones augmente de
60 % durant le sommeil par rapport à l’éveil, supposant une majora-
tion des échanges entre le LCR et le fluide interstitiel.
L’influx de LCR dans l’espace interstitiel des souris éveillées ne
représente que 5 % de celui mesuré durant le sommeil ou lors d’une
anesthésie générale.
La concentration interstitielle d’Aβ est plus élevée chez le rongeur
éveillé qu’endormi. Cela suppose soit une augmentation de la pro-
duction de cette protéine durant l’éveil, soit de la clearance durant le
sommeil. Le cycle veille-sommeil régulerait la clearance glymphatique
des toxines cérébrales.
Durant le sommeil, les souris évacuent deux fois plus de protéine
Aβ qu’à l’état d’éveil (Xie, 2013).
Des études chez la souris montrent que le taux d’Aβ dans le liquide
interstitiel extracellulaire de l’hippocampe est positivement corrélé au
nombre de minutes de sommeil (Kang, 2009).
Tant chez l’homme que chez l’animal, il existe une relation réci-
proque entre la réduction du temps de sommeil et l’augmentation du
taux et du dépôt d’Aβ (Ju, 2014).
L’élimination de l’Aβ par le système glymphatique diminue de
40 % dans le cerveau âgé, par rapport au cerveau jeune. Le déficit
de fonctionnement du réseau glymphatique lié à l’âge pourrait être la
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Aspects fondamentaux
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tillon de LCR par un cathéter lombaire, révèlent des oscillations
circadiennes du taux d’Aβ dans le LCR ; le pic moyen entre 19 h et
21 h est plus élevé de 27,6 % que celui mesuré entre 9 h et 11 h du
matin (Kang, 2009).
L’augmentation du taux de Aβ est en phase avec le cycle du lactate,
donc probablement en relation avec l’augmentation de l’activité neu-
ronale durant les périodes d’éveil et sa diminution durant le sommeil
(avec un délai de +/- 6 heures correspondant au temps de transit
du fluide interstitiel au point de ponction lombaire) (Huang, 2012).
Toutefois, cette oscillation diurne de l’Aβ diminue à mesure que la
maladie progresse.
Des études réalisées chez la drosophile (mouche du vinaigre)
démontrent l’activité inhibitrice synergique de la privation de sommeil
et de l’Aβ sur les courants potassium responsables d’une augmenta-
tion de l’excitabilité neuronale, qui en retour provoquent une majoration
du taux de la protéine amyloïde (Tabuchi, 2015). Un antiépileptique,
le lévetiracetam, qui a pour effet de réduire l’hyperexcitabilité neuro-
nale, provoque une diminution du taux Aβ, améliore la longévité des
drosophiles transgéniques et protège contre la toxicité induite par l’Aβ.
En conclusion, l’Aβ exerce un effet suppresseur sur le sommeil et
une mauvaise qualité de sommeil favorise l’accumulation d’Aβ.
8 Traitement
Les patients atteints de la MA doivent être encouragés à pratiquer un
exercice physique au moins 30 minutes par jour, à se promener à l’ex-
térieur pour profiter de la lumière du jour, à limiter la consommation
de café ou de thé, à ne pas prolonger la sieste au-delà d’une demi-
heure, à réduire le temps passé au lit, à se contraindre à des horaires
de sommeil réguliers.
L’administration de mélatonine, dont la sécrétion naturelle déjà
réduite chez la personne âgée et dans les phases précliniques de la
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posologie de 2,5 mg à 10 mg sur des périodes de 7 à 8 semaines, ne
semble pas améliorer le sommeil des personnes démentes. Par contre,
dans des études rétrospectives sur de plus longues périodes de 22 à
35 mois, on constate sur de petites populations une amélioration sub-
jective de la qualité du sommeil, non vérifiée par des enregistrements
polysomnographiques.
L’absence de réponse pourrait éventuellement s’expliquer par une
déficience en récepteur M1 au sein du système nerveux central chez
les patients atteints d’une maladie neurodégénérative.
Quelques études décrivent, sous luminothérapie, principalement
le matin, une amélioration du rythme veille-sommeil, une diminution
des éveils nocturnes, une amélioration de la vigilance diurne et de la
cognition et une diminution de l’agitation nocturne chez les patients
souffrant de MA.
L’exposition à une lumière de forte intensité en journée améliore
la stabilité du rythme circadien et les troubles cognitifs chez la per-
sonne démente, cependant la conjonction de la lumière vive et de la
mélatonine est supérieure à chacun des traitements administrés sépa-
rément (Riemersma-vanderlek, 2008).
La revue systématique Cochrane conclut en une insuffisance de
preuves de son efficacité, sur base d’un nombre réduit et une trop
grande hétérogénéité des études (Forbes, 2014).
Les benzodiazépines doivent être évités en raison de leur effet
délétère sur la cognition, du risque de somnolence diurne, d’amnésie
antérograde, de confusion et de chutes.
Les antipsychotiques (risperidone, olanzapine et quetiapine) semblent
améliorer le sommeil sur base du NPI (Neuropsychiatric Inventory). Ils sont
généralement prescrits pour les troubles comportementaux de la maladie
et, en bloquant les récepteurs à histamine, ils induisent de la sédation
et de la somnolence. Cependant, l’usage chronique de neuroleptiques
n’est pas conseillé en raison des effets secondaires extrapyramidaux, du
risque d’incidents cardiovasculaires et de décès.
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Aspects fondamentaux
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nergiques, améliorent significativement la durée de sommeil (Trazodone
25 à 100 mg et Mirtazapine 15 à 30 mg).
L’Agomelatine est un agoniste des récepteurs MT1 et MT2 et un
faible antagoniste 5-HT2C, approuvé dans le traitement de la dépression.
Il améliore la qualité du sommeil, réduit les éveils après l’endormisse-
ment chez des patients dépressifs sans causer de sédation diurne, mais
avec un risque hépatotoxique (Guardila-Lemaitre, 2014).
Le Suvorexant, le premier antagoniste des récepteurs à l’hypocré-
tine, approuvé par la Food and Drug Administration, est un traitement
bien toléré de l’insomnie chronique, avec un risque très faible de dépen-
dance physique. Il pourrait constituer une formidable opportunité pour
traiter les troubles cognitifs au stade préclinique ou débutant de la
maladie (Michelson, 2014).
Deux agonistes spécifiques des récepteurs mélatoninergiques M1/
M2 (Ramelteon et Tasimelteon) sont disponibles, mais non encore
évalués dans la MA. Le Rameltéon, testé chez des patients âgés ambu-
lants souffrant d’insomnie chronique, favorise un raccourcissement de
la latence d’endormissement et une augmentation du temps total de
sommeil après 5 semaines de traitement (Roth, 2006).
Chez les patients atteints d’une forme légère à modérée de la
maladie avec un index d’apnée-hypopnée supérieur à 10/heure, un
traitement par CPAP versus placebo dans une étude randomisée permet
une réduction de la somnolence diurne, une amélioration des scores
du testing neuropsychologique et pourrait ralentir la progression du
déclin cognitif (Chong, 2006 ; Ancoli-Israel, 2008).
9 Conclusion
Les troubles du sommeil, présents chez 40 % des patients déments, font
partie des manifestations comportementales de la maladie interférant le
plus avec leur qualité de vie et celle des aidants. Ils se manifestent par
des troubles du rythme veille-sommeil, de l’insomnie, des déambulations
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Troubles du sommeil et du rythme circadien chez le patient dément
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nie, favorisent les mécanismes physiopathologiques de la maladie. Le
sommeil, par la diminution de l’activité neuronale et le nettoyage des
toxines du cerveau accumulées au cours de la veille, exerce une action
protectrice et consolidatrice sur le fonctionnement mnésique.
99
Chapitre 7
Démences et troubles
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psychotiques
Anys Amire
1 Introduction
Au plan épidémiologique, les chiffres de prévalence de troubles dits psy-
chotiques rapportés chez les personnes âgées sont variables, mais l’on
s’accorde sur leur importance. Dans la population générale, on estime
à 7,5 le pourcentage de sujets gériatriques présentant des symptômes
psychotiques (hallucinations, délires…) (Henderson, 1998). Il est, en
outre, à souligner que l’apparition de ces symptômes est en relation
avec l’âge, et l’on observe que 10 % des personnes très âgées (plus
de 85 ans ou « very old aged ») y sont sujettes (Ostling, 2002).
Les troubles psychotiques se traduisent par deux principaux
symptômes : délires et hallucinations. Les idées délirantes sont des
« constructions psychiques déréelles entraînant une conviction inébran-
lable, survenant dans une conscience claire ». Les thèmes principaux
peuvent être le vol, le préjudice, le rejet, la jalousie ou l’infidélité. Les
hallucinations sont définies comme des perceptions sans stimulations
externes provenant d’un organe sensoriel. Le terme ainsi défini permet
de décrire les aspects psychiatriques et neurologiques difficilement dis-
sociables au sein d’une même pathologie. Les variétés sémiologiques
en sont très riches. Si hallucinations et délires s’intriquent souvent, ils
peuvent exister l’un sans l’autre.
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Il faut, d’autre part, remarquer l’importance du pronostic des
symptômes psychotiques isolés chez les personnes âgées. En effet,
l’incidence de la démence, après 3 ans, est 3 fois supérieure chez les
sujets âgés présentant des hallucinations, des délires en général et des
idées paranoïaques (Ostling, 2002). La prise en compte de cette symp-
tomatologie se montre, dès lors, essentielle car elle peut marquer les
prémices d’un syndrome démentiel.
Depuis quelques années, l’importance des troubles psychotiques au
sein des démences semble bien avoir été reconnue. De la sorte, il a
été ajouté aux symptômes cognitifs, la Symptomatologie Psychologique
et Comportementale de la Démence (SPCD). Il s’agit d’une nomencla-
ture internationale de l’« International Psychogeriatric association » (IPA)
datant de 2000. (Finkel, 2000). La SPCD pouvant apparaitre en l’ab-
sence de détérioration cognitive.
À la lumière de ces données, il nous semble intéressant d’effectuer
un panorama de ces troubles psychotiques, au travers des différentes
variétés de syndromes démentiels au sein desquels ils se manifestent.
2 La maladie d’Alzheimer
La Maladie d’Alzheimer (MA) est le prototype de la démence corticale :
elle est caractérisée par des troubles cognitifs (particulièrement troubles
mnésiques, troubles praxiques, agnosie et dysphasie) progressifs et insi-
dieux, qui se complètent sur plusieurs années. Bien que le syndrome
démentiel soit à l’avant-plan du tableau clinique, d’autres symptômes
neuropsychiatriques se retrouvent dans la majorité des évolutions cli-
niques des patients souffrant de MA. Les plus fréquents demeurent les
symptômes de la lignée affective (anxiété, apathie, dépression) néan-
moins, on estime de 40 à 50 % la frange de sujets atteints de MA qui
développeront un trouble psychotique (Steinberg, 2003).
Il existe des critères diagnostiques des psychoses dans le cadre
de MA. Les symptômes caractéristiques sont les hallucinations et les
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Démences et troubles psychotiques
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fréquemment d’idées délirantes que de phénomènes hallucinatoires),
les troubles délirants, la schizophrénie tardive, crise d’épilepsie, désaf-
férentation sensorielle… (Pueyo).
Une approche sémiologique plus fine nous amène à une différencia-
tion entre symptomatologie délirante et hallucinatoire. Si l’on se réfère
aux études classiques de Burns sur la prévalence des troubles psycho-
tiques dans la MA, on peut noter une plus haute prévalence des délires
(53 %) que des hallucinations (25 %) (Pliskin, 1996).
Comme nous l’avons vu, les idées délirantes se montrent très cou-
rantes dans la MA (selon les études jusqu’à 73 % des patients). Ce ne
sont pas des délires très structurés (contrairement à ceux rencontrés
dans la clinique psychiatrique) ; ils se construisent le plus fréquemment
autour des oublis avec des thèmes de préjudice, de vol, voire d’em-
poisonnement. Chez le sujet dément avéré, les idées délirantes vont
venir combler le vide grandissant induit par la perte mnésique ; le terme
d’hallucination mnésique est parfois employé. On retrouve également
la peur d’être abandonné, due à la méconnaissance de l’environnement
et des soignants (prosopagnosie progressive de la démence). D’autres
syndrome délirants peuvent se retrouver dans la MA, de manière assez
typique mais moins fréquente que les thématique évoquées préalable-
ment : la négation délirante d’une personne (syndrome de Capgras), des
« hyper-identifications » des personnes (appelé syndrome de Fregoli),
des troubles de l’identification avec incapacité à se reconnaitre dans
le miroir…
Les hallucinations sont le plus souvent visuelles que auditives.
La sémiologie exacte est difficile à établir, certains troubles étant
tantôt classés comme des délires, tantôt comme des hallucinations,
tantôt comme des illusions ou troubles perceptifs. D’autre part, leur
expression est variable : voix, musiques, monstres, modification d’as-
pect ou de forme, illusion de double, en rapport avec des personnes qui
se trouvent dans l’environnement des malades (vision d’enfants dans la
chambre), « signe de l’image vivante » ou délire sensoriel des déments
au cours duquel le patient croit que les personnages des photographies
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Aspects fondamentaux
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tombe en dessous de 0,3. Le patient croit à leur existence réelle dans
un premier temps, les critique ensuite. On pense par ailleurs maintenant
que le SCB pourrait être un marqueur prédictif précoce de démence
(Pliskin, 1996). Un autre exemple en est le syndrome d’Ekbom qui
correspond à la conviction d’être infesté par des bêtes à la surface ou
à l’intérieur de la peau, survenant chez des patients ayant des troubles
de la sensibilité superficielle.
Les hallucinations se manifestent le plus souvent au stade modéré
de MA. La fréquence décroît avec les formes sévères. Il fut, dès lors,
souvent avancé qu’une certaine conservation cognitive et une inté-
grité du cortex était nécessaire aux élaborations hallucinatoires (Burns,
1990). La survenue à un stade précoce devrait faire en priorité évoquer
d’autres étiologie que la MA (démence à corps de Lewy, sous-corti-
cale, vasculaire…), mais ne peut exclure une MA.
D’un point de vue étiopathogénie, les hypothèses se montrent
multiples et incertaines. Il est cependant intéressant de mentionner
que certaines études font état, chez des sujets MA ayant des troubles
psychotiques, d’un plus grand nombre de plaques séniles et de dégéné-
rescence neurofibrillaire dans le prosubiculum et le cortex frontal, tandis
que d’autres retrouvent une augmentation dans le gyrus hippocam-
pique et une raréfaction dans le raphé dorsal. Les systèmes impliqués
lors de ces manifestations semblent être la fonction hippocampique, la
boucle préfronto-corticale, le système aminergique. Le système neu-
rovisuel serait également en cause (Métais, 2001).
Le lien évident avec la sévérité globale de la démence a fait logique-
ment poser la question d’une valeur pronostique péjorative. La réponse
semble bien positive, des études ayant mis en évidence l’accélération
du déclin cognitif chez les patients ayant présenté un trouble psycho-
tique au cours de la MA (Métais, 2001). La corrélation avec l’âge ne
semble pas claire, bien que certains auteurs pensent qu’ils sont plus
fréquents dans les formes à début présénile (Métais, 2001).
104
Démences et troubles psychotiques
3 La démence vasculaire
Il s’agit de la seconde cause de démence du sujet âgé après la MA.
Elle se définit comme un syndrome démentiel associé à des symptômes
neurologiques focaux et d’une pathologie cérébrovasculaire jugée liée
étiologiquement avec la démence. Il peut exister dans la démence vas-
culaire des symptômes psychiatriques avec une prépondérance de la
symptomatologie affective (dépression, labilité émotionnelle ou encore,
apathie) sur la symptomatologie psychotique.
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Les symptômes psychotiques y sont néanmoins fréquemment ren-
contrés. Il s’agit surtout d’hallucinations et, dans une moindre mesure,
d’idées délirantes et de troubles de l’identification.
La prévalence des hallucinations est supérieure à la MA (> 50 %).
On en distingue des cinq sens : les olfacto-gustatives mêlées à l’épilep-
sie, les somesthésiques, les auditives (plus rares) et les visuelles qui
sont les mieux analysées. On oppose deux groupes de phénomènes :
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Aspects fondamentaux
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La prévalence des hallucinations visuelles au cours de la DCL est
estimée de 40 à 100 %, selon les études (Métais, 2001). Contrairement
aux autres démences, leur survenue est précoce. Ces hallucinations
visuelles sont très bien structurées et détaillées (contrairement à celles
de la MA). Elles ne s’inscrivent pas dans une thématique délirante bien
organisée. Le plus souvent, elles se constituent de vision d’animaux ou
de personnages familiers (vivants ou décédés) en mouvement. Elles
sont exceptionnellement anxiogènes et source de troubles psychocom-
portementaux. Elles sont fréquentes, plurihebdomadaires (plus de cinq
jours par mois durant au moins quatre mois), plus volontiers vespé-
rales, sans circonstances les déclenchant. Elles sont souvent associées
à des troubles du comportement liés au sommeil paradoxal, dont cer-
tains ont soulignés la proximité physiopathologique.
Les délires dans la DCL se montrent aussi fréquents que dans
la MA. Ils sont cependant plus complexes et élaborés, persistants et
angoissants pour le malade. Par ailleurs, les délires semblent en rela-
tion avec les phénomènes hallucinatoires (majoritairement visuels mais
éventuellement auditifs).
L’atteinte du cortex occipital précoce, dans la DCL, pourrait expliquer
leur grande fréquence. En imagerie, il est retrouvé un hypofonction-
nement de type MA avec une prédominance en occipital et plus ou
moins frontal. Le déficit visuoperceptif est plus net dans les DCL avec
hallucinations visuelles.
Le mécanisme pourrait également impliquer une pathologie de
l’éveil, comme le confortent les fluctuations de la vigilance et les accès
de sommeil diurne ou une pathologie du sommeil paradoxal (intrusion
du sommeil paradoxal dans la veille de type narcoleptique).
Un rôle du déficit cholinergique a également été évoqué. La diminu-
tion de l’acétylcholine au niveau cortical entraîne un défaut de contrôle
et l’émergence de données aberrantes, d’où la formation d’hallucina-
tion. On constate une atteinte significativement plus importante de
l’acétylcholine transférase dans les régions temporales, pariétales et
occipitales, chez les DCL que chez les MA.
106
Démences et troubles psychotiques
5 La maladie de Parkinson
La maladie de Parkinson (MP) a été clairement associée à grand nombre
de troubles neuropsychiatriques : des dégradations cognitives, des troubles
affectifs, des déficits du contrôle des (im)pulsions, des comportements
répétitifs, des troubles de l’architecture du sommeil ainsi que des symp-
tomatologies psychotiques. On estime de la sorte que 18 à 37 % des
patients atteints de MP subiront une évolution démentielle, les troubles
affectifs seront rencontrés dans 40 à 50 % des cas (Vanderheyden, 2004).
La prévalence de troubles psychotiques varie, quant à elle, grandement
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de 25 % à 50 %, selon les études (Ravina, 2007).
Les hallucinations survenant au cours de la MP sont connues de
longue date : elles constituent la principale manifestation psychotique
rencontrée dans le décours de la MP (90 % des sujets présentant
un trouble psychotique associé à la MP (Ravina, 2007)). Celles-ci
peuvent concerner jusqu’à 50 % des patients traités par antiparkinso-
niens (Vanderheyden, 2004). Il s’agit de scènes cinétiques ou statiques
assez pauvres dans leur contenu, à prédominance vespérale. Elles
comprennent des personnages dans 73 % des cas et, plus rarement,
des animaux ou des objets. Leur contenu en est récurrent. D’autres
types d’hallucinations, dites « mineures » (impression fugitive de pré-
sence ou de passage, animal situé à la périphérie du champ visuel),
sont également présentes, bien que rarement rapportées de façon
spontanée. Il existe, dans la plupart des cas, une critique du phé-
nomène hallucinatoire, au moins à posteriori. Historiquement, une
distinction avait été établie entre les « hallucinations bénignes » compor-
tant une critique et « hallucinations malignes » avec perte de l’insight.
Cette nomenclature semble actuellement inappropriée tant les hallu-
cinations dites bénignes signent la première étape d’une évolution
progressive (Ravina, 2007). L’absence d’insight est évocatrice d’un
processus démentiel associé.
Les hallucinations auditives sont moins fréquemment rencon-
trées ou alors, de manière concomitante aux hallucinations visuelles
(« bande son »). Leur contenu peut varier de murmures indistincts ou de
musiques, à des voix menaçantes. De même, les hallucinations olfac-
tives, gustatives et perceptives demeurent assez rares et se manifestent
généralement de manière concomitante aux hallucinations visuelles.
Les hallucinations sont présentes de manière intermittente, durant
de quelques secondes à quelques minutes. Elles ont lieu au moins une
fois par semaine, mais le plus souvent plusieurs fois par jour. Elles se
montrent chroniques et deviennent généralement très familières aux
patients. Le syndrome se développe typiquement chez des sujets après
plusieurs années de traitement pour une MP avérée. Le début précoce
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Aspects fondamentaux
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sonnement, jalousie, abandon). D’autres préoccupations délirantes
(mystiques, somatiques, de toute puissance) peuvent être observées.
Il est à souligner qu’une fois encore, les idées délirantes se rencontrent
le plus fréquemment de manière couplée aux hallucinations visuelles.
La relation entre les troubles psychotiques rencontrés dans la
MP et les médications antiparkinsoniennes demeure peu claire. La
Lévodopa et les autres antiparkinsoniens ont longtemps été liés aux
symptômes psychotiques, les assimilant de la sorte à un trouble psy-
chotique induit. Différentes études ont suggéré que plusieurs classes
de médicaments, telles les agonistes dopaminergiques et les anticholi-
nergiques, induiraient plus probablement un trouble psychotique que la
L-dopa. Cependant, tout traitement (la chirurgie y compris) est associé
à l’exacerbation ou l’apparition nouvelle d’hallucinations. La réduction
des traitements antiparkinsoniens, lorsqu’elle est possible, demeure la
règle. Néanmoins, la concomitance entre médication et trouble psy-
chotique n’implique pas nécessairement un lien causal. Il semble plus
vraisemblable de penser que certains facteurs intrinsèques à la MP, en
interaction avec la médication, engendre la symptomatologie psycho-
tique plutôt que la médication seule (Ravina, 2007).
Le fait que les troubles psychotiques interviennent le plus fréquem-
ment dans le cadre d’un processus démentiel suggère que les patients
peuvent présenter une présence corticale de corps de Lewy qui pour-
rait contribuer aux hallucinations spontanées (Ravina, 2007).
La pathophysiologie des troubles psychotiques au sein de la MP
demeure incertaine. Le rôle d’une « pathologie à corps de Lewy »,
notamment les régions ventrotemporales du cerveau, semble non
négligeable. D’autre part, l’hypersensibilité des récepteurs dopami-
nergiques mésolimbiques et corticaux prédispose les patients à une
hyperactivité dopaminergique pouvant se manifester par des symp-
tômes psychotiques. Il faut également citer le rôle probable d’autres
neurotransmetteurs, comme la sérotonine et l’acétylcholine.
Une attention particulière est actuellement portée aux implications
des troubles du sommeil rencontrés dans la MP, dans le développe-
ment de troubles psychotiques (Pachetti, 2005).
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Démences et troubles psychotiques
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Il est intéressant de souligner que, si par leur présentation clinique,
les DFT sont parfois difficilement différenciables d’un syndrome psy-
chotique chronique tel la schizophrénie (où les altérations cognitives
sont également présentes), les troubles psychotiques y sont assez peu
observés. On peut néanmoins y retrouver des idées délirantes majo-
ritairement persécutoires et assez pauvrement structurées. Plus rares
encore sont les phénomènes hallucinatoires.
Il faut cependant souligner l’importance des troubles de comporte-
ment (> 50 % des patients) découlant le plus couramment du syndrome
frontal et non d’un contexte psychotique.
109
Aspects fondamentaux
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effet n’est observé sur la DFT.
• Les neuroleptiques (NL) : Les NL classiques sont efficaces chez
18 % des patients seulement, et uniquement sur l’agitation, l’agres-
sivité et les hallucinations. Cependant, leurs effets indésirables
(effets anticholinergiques, parkinsonisme…) et l’aggravation des
troubles cognitifs chez les porteurs du génotype ApoE 4/- contri-
buent à leur contre-indication. En cours d’agitation aiguë, on
peut éventuellement employer l’halopéridol. Les premiers choix
s’orientent dès lors vers les NL atypiques. Ils sont mieux tolérés,
moins anticholinergiques, avec moins de parkinsonisme et moins
de sédation. La clozapine a été surtout employée dans la MP,
avec de bons résultats sur les hallucinations visuelles. Il faut
néanmoins demeurer vigilant quant au risque d’agranulocytose.
La rispéridone se montre très utile dans la MA. Néanmoins, ses
effets secondaires extrapyramidaux la font déconseiller pour la
MP. D’autre part, il faut être prudent dans la DCL, du fait de
publications faisant état de mort consécutives à leur emploi. La
quétiapine se montre efficace dans la MP et la DCL. L’olanzapine
a montré un certain intérêt chez les MA, mais l’attention a été
attirée par l’augmentation du risque d’accident vasculaire céré-
bral, traitée par ce médicament (Wooltorton, 2004). Très peu
de données sont actuellement disponibles au sujet de l’aripipra-
zole, mais certaines études suggéreraient une contre-indication
dans la MP (Wickremaratchi, 2006).
• Les antiépileptiques : Ils semblent principalement utiles dans la
prise en charge des troubles comportementaux et de l’agressi-
vité. Cependant, il faut également y penser dans le cadre de
suspicion de symptomatologie psychotique d’origine comitiale,
notamment dans les démences vasculaire. Les nouveaux antié-
pileptiques (acide valproïque, carbamazépine…) seront préférés.
• Les antidépresseurs : Ils sont indiqués lorsque la symptomatolo-
gie psychotique et comportementale est liée à un trouble affectif.
Les SSRI (escitalopram, sertraline…) seront préférés.
110
Démences et troubles psychotiques
8 Conclusion
Il a été observé une « vulnérabilité psychotique » des sujets âgés, qui
est favorisée par le vieillissement cérébral, l’isolement, la comorbidité
somatique, les insuffisances sensorielles mais surtout, par la détério-
ration cognitive et les démences.
La symptomatologie psychotique semble revêtir une importance
croissante dans l’approche, tant diagnostique que thérapeutique, des
pathologies neurodégénératives. Leur sémiologie et leur prise en charge
est souvent spécifique, leurs étiologies variées. Ils constituent un facteur
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de risque pour le développement d’agressivité et d’agitation et sont
associés à un plus mauvais pronostic fonctionnel avec risque d’ins-
titutionnalisation précoce. Il faut, en outre, y ajouter la répercussion
très importante de ces symptômes sur les soignants, qui ont conduit à
développer ce qu’on appelle le syndrome d’épuisement des soignants.
Ils peuvent également être des signes avant-coureurs de démence et
nécessitent donc un suivi particulier.
La prise en charge doit demeurer pluridisciplinaire et donner la
préséance au traitement étiologique de causes bien identifiées. Le
traitement par psychotrope doit demeurer prudent ; c’est pourquoi
la compréhension de la phénoménologie et des facteurs de risques
associés, la participation des neurosciences et le développement de
traitements ciblés permettront une amélioration des stratégies d’ac-
compagnement et de soin des patients.
111
Chapitre 8
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et l’hypersexualité
des déments
Sandra De Breucker
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La sexualité d’un individu et la représentation que chacun s’en fait
est infinie : selon l’éducation que l’on reçoit, ses propres valeurs, ses
croyances, et ses connaissances, chacun voit sa propre sexualité, mais
aussi celle des autres différemment.
À tout âge, la sexualité a plusieurs fonctions essentielles à la struc-
turation du psychisme de l’individu : elle satisfait la recherche du plaisir,
le besoin d’aimer et d’être aimé, d’être rassuré par rapport à son iden-
tité sexuelle et joue parfois un rôle défensif pour celui-ci en l’aidant à
masquer ou à résoudre certains conflits. Notre sexualité est sous l’in-
fluence de nos pulsions, mais aussi de notre recherche d’affection et
de nos pensées et réflexions.
114
La sexualité des seniors et l’hypersexualité des déments
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www.age-platform.eu/images/stories/22493_AGE_charte_europeenne_
FR_indd.pdf). En particulier, l’article 3 énonce « le droit à la vie privée
en institution par le droit respect de l’intimité, le respect de l’espace
personnel quels que soient l’endroit de vie et le degré de soins et d’as-
sistance dont la personne a besoin, et par l’attention et la discrétion
qui sont accordées à sa pudeur ».
En 2014, Espace Seniors, une association partenaire de Solidaris-
Mutualité socialiste, publie un guide à l’usage des soignants traitant de
l’intimité et de la sexualité des seniors en maison de repos (http://www.
espace-seniors.be/Publications/Brochures/Pages/Brochure-sexualité.aspx).
115
Aspects fondamentaux
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comme des « symptômes liés à une perturbation de la perception,
de la pensée, de l’humeur ou du comportement qui survient chez les
patients atteints de démence » (APA, 1994).
50 à 100 % des patients déments vivant à domicile et 80 à 100 %
en maison de repos présentent ou présenteront un jour un trouble psy-
cho-comportemental. L’estimation de la prévalence varie d’une étude à
l’autre, principalement en raison de l’hétérogénéité des définitions uti-
lisées, des types de démences étudiées et du lieu de vie des patients
(Cerejeira, 2012). Ces troubles sont prédictifs du déclin fonctionnel et
cognitif du patient, ainsi que du risque d’institutionnalisation.
Leur impact est parfois si important sur l’aidant principal (souvent
le conjoint) qu’ils précipitent la décision de placement du patient, avant
la survenue de la dépendance physique. Parmi les BPSD les plus fré-
quents, on retrouve les troubles de l’humeur (dépression, dysphorie),
l’apathie, l’anxiété, l’irritabilité, l’agressivité, l’errance, les délires (para-
noïa, fausses reconnaissances) et les hallucinations.
Dans les autres démences que la maladie d’Alzheimer, d’autres
BPSD se manifestent : dans la démence vasculaire avec atteinte des
petits vaisseaux, on remarque principalement de l’apathie, de l’errance
et des hallucinations. Après un ou plusieurs accidents vasculaires céré-
braux (AVC), la dysphorie, l’agitation et l’agressivité prédominent. Dans
la démence à corps de Lewy, on note des hallucinations, de la désin-
hibition et davantage de délires en raison d’une mauvaise perception
de la réalité extérieure. Enfin, dans la forme comportementale de la
démence fronto-temporale, dès le début de la maladie, le patient déve-
loppe un comportement stéréotypé, perd la notion des règles sociales,
et ses capacités émotionnelles sont émoussées (indifférence).
4 La démence et la sexualité
Le déclin cognitif ne diminue pas forcément le désir sexuel : au début
de la maladie, une hypersexualité peut se développer et ne pas être
116
La sexualité des seniors et l’hypersexualité des déments
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varie selon les échelles utilisées, de 7 % (Neuro Psychiatric Inventory,
Cummings 1994) à 25 % (Behave-AD, Brodaty 2001), tous stades
confondus (Lyketsos, 2000 ; Tsatali, 2011 ; Wallace, 2009 ; Stubbs,
2011 ; Starkstein, 2014 ; Cipriani, 2015 ; Tineke, 2015).
L’hypersexualité peut également être liée à un comportement impul-
sif antérieur qui ne serait plus inhibé par un jugement ou par des
valeurs morales intactes (perte d’inhibition), à une instabilité émotion-
nelle (anxiété) induite par la maladie et à la façon dont la personne
réalise et accepte sa maladie.
Sur le plan anatomique, elle correspond à une atteinte des struc-
tures préfrontales, thalamiques et méso-limbiques impliquées dans la
gestion des comportements sociaux, et de la perception émotionnelle.
Sur le plan clinique, l’hypersexualité peut être verbale (paroles à
contenu sexuel), ou comportementale (attitude « grossière », familière,
exhibition de parties du corps habituellement cachées, attouchements,
masturbation…).
Sur le plan physiopathologique, l’hypersexualité est classée comme
un trouble psycho-comportemental d’origine motrice (agitation), à l’ins-
tar de l’errance.
Les facteurs associés tels la douleur, la faim, la déprivation sen-
sorielle et encore d’autres facteurs physiques peuvent déclencher un
comportement inapproprié chez le patient dément qui, privé de ses
capacités communicationnelles, ne peut exprimer son ressenti. Plus
la co-morbidité est importante, plus le patient présente de l’agitation,
de l’irritabilité, de la désinhibition et de l’errance.
Enfin, il ne faut pas négliger l’influence environnementale : l’in-
confort physique (température de la pièce, vêtements mal ajustés), le
moment de la toilette par le soignant, la perception des soins par un
patient qui n’interprète pas ces soins comme « bienfaisants » sont vec-
teurs d’agitation, verbale ou physique. En maison de repos, l’absence
d’intimité, les scènes sexuelles vues à la télévision, la rencontre avec
d’autres personnes influencent la personne âgée à réclamer cette inti-
mité, et parfois de manière inappropriée.
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Aspects fondamentaux
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5 Prise en charge
L’essentiel de la prise en charge portera sur la mise en évidence et
la correction des facteurs déclenchants, qu’ils soient physiques, psy-
chiques, ou environnementaux. On attend hélas peu d’amélioration de
ce type de comportement lorsqu’il se déclare, et les traitements médi-
camenteux s’avèrent peu efficaces.
Une approche biopsychosociale en quatre points (Comprendre,
Réfléchir, Agir, Suivre) est une piste proposée aux équipes soignantes
afin de mieux cerner cette problématique.
5.1 Comprendre
L’équipe doit recueillir toutes les informations utiles auprès du patient,
sa famille et des collègues et décrire la situation avec précision : s’agit-
il d’une modification brutale ? Progressive ? Quelle est sa durée ? Sa
fréquence ? Y a-t-il un horaire spécifique ? Quelle est l’urgence de la
situation ? Y a-t-il un risque pour le patient ? Les autres résidents ?
Quelles sont les craintes de l’aidant ? Les impressions des membres
de l’équipe sont-elle compatibles ? Ne s’agit-il pas d’un préjugé, d’un
stéréotype ? N’interprète-t-on pas mal le comportement ? Quel sont les
facteurs liés au patient ? Aux soignants ? À l’environnement ?
5.2 Réfléchir
Quelles sont les causes possibles ? Quel est l’enjeu pour le patient
(risques, co-morbidités) ? L’aidant (risques, ressources, capacités de
venir en aide) ? Les soignants (temps, compétences, ressources) ?
Quel serait le but de la prise en charge pour chacun ? Quelles sont
les priorités ?
118
La sexualité des seniors et l’hypersexualité des déments
5.3 Agir
Les quatre actions sont l’évaluation, les traitements, la modification
des comportements et la modification de l’environnement. Il s’agit, sur
base individuelle, de mettre des priorités et d’agir de façon multifacto-
rielle pour augmenter les chances d’améliorer la situation. L’approche
multidisciplinaire par une équipe formée a permis de démontrer une
diminution des troubles comportementaux et du recours aux psycho-
tropes (niveau de preuve IIa).
La manière d’agir avec le patient aura de l’importance : il faut éviter
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les réactions « à chaud », et rappeler avec gentillesse et patience que le
comportement est inapproprié. On peut rediriger l’attention du patient
vers d’autres activités : la nourriture, la conversation, l’exercice physique,
la marche, le bricolage, etc. (niveau de preuve IIa). De préférence, on
demandera à un soignant du même sexe de prendre soin du patient, afin
d’éviter les malinterprétations. Parfois, l’éloignement physique du soi-
gnant ou du résident qui déclenche le comportement inapproprié suffit
à résoudre le problème. Les familles devront être informées, familiari-
sées, voire impliquées dans le plan de soins par le médecin traitant.
Le traitement médicamenteux est assez décevant, la littérature sur
le sujet reposant essentiellement sur des case reports (niveau d’évi-
dence III) (Joller, 2013). Plusieurs classes médicamenteuses sont
proposées, il faut donc bien peser les bénéfices et les risques poten-
tiels, en tenant compte des co-morbidités. Il est également suggéré de
combiner les traitements en cas de persistance des troubles, tout en
étant attentif aux interactions possibles.
Les anti-dépresseurs ont un effet négatif sur la libido. Ils semblent
également efficaces sur les autres troubles du comportement. On pré-
férera les SSRI (citalopram, paroxétine) pour leur profil de tolérance,
leur rapidité d’action (1 semaine) et leur effet rémanent (plusieurs
mois). La mirtazapine a été montrée efficace dans un cas, la trazo-
done dans quatre cas. Les tricycliques sont déconseillés en raison de
leurs effets anticholinergiques.
Les traitements hormonaux exercent une forme de castration
chimique. Il semble exister une association entre le fonctionnement
cognitif et le taux de testostérone libre chez les patients Alzheimer.
L’acétate de médroxyprogestérone (100-500 mg/semaine en IM) ou
l’acétate de cyprotérone (anti-androgène, 10 mg/jour PO) ont été
étudiés chez l’homme, mais l’effet semble ne pas persister lors de la
réduction de la dose. Le finastéride, un inhibiteur de la 5 alpha réduc-
tase utilisé dans le traitement de l’hyperplasie bénigne de la prostate a
été démontré efficace chez 6/11 hommes atteints de démence vascu-
laire après 8 semaines de traitement (5 mg/jour PO). Les œstrogènes
119
Aspects fondamentaux
ont été testés chez des patients n’ayant pas répondu aux SSRI (chez 39
patients) et semblent avoir donné des résultats modérément favorables
(0,05 mg/jour éthynilestradiol PO, 0,05-0,1 mg/jour estradiol transder-
mique). La leuproréline (7,5 mg/mois IM), un analogue de la GnRH, a
été proposée, mais est déconseillée étant donné son coût élevé.
Les neuroleptiques sont également déconseillés en raison du manque
d’études spécifiques dans les troubles de la sexualité liés à la démence
et des importants effets secondaires : l’halopéridol (1,5-3 mg/jour PO)
et la quétiapine (25 mg/jour PO) se sont avérés efficaces dans un et
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deux case reports respectivement.
Les antiépileptiques ont également été testés étant donné leur effet
péjoratif sur la libido, dont la gabapentine (100-300 mg 3 x/jour PO)
et la carbamazépine (200 mg/jour PO), à utiliser en second choix étant
donné leurs effets secondaires.
Les inhibiteurs des cholinestérases ont des effets contradictoires :
on a observé une amélioration sous rivastigmine (1,5-6 mg 2 x/jour)
et une aggravation sous donepezil (5-10 mg/jour PO).
5.4 Suivre
Un suivi est indispensable. La problématique devra être revue réguliè-
rement en équipe et avec la famille, et le plan de soins réadapté en
fonction de l’évolution.
6 Conclusion
L’hypersexualité du patient dément est un trouble psycho-comporte-
mental modérément fréquent, dont l’étiologie est souvent plurifactorielle,
comme le sont la plupart des syndromes gériatriques. Elle nécessite une
analyse complète des facteurs déclenchants, qu’ils soient physiques,
psychiques ou comportementaux. Une prise en charge multisciplinaire,
qui implique et sensibilise aussi la famille, est essentielle pour amélio-
rer les symptômes sans recourir aux traitements médicamenteux qui
n’ont pas montré d’efficacité suffisante pour être recommandés. Ceci
implique une formation spécifique des soignants qui doivent faire la part
des choses entre un trouble psycho-comportemental lié à la démence
et une manifestation normale de la sexualité du sujet vieillissant.
120
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PARTIE 2
Prise en charge
pluridisciplinaire
Pour une maladie aussi complexe, touchant les diverses fonctions cogni-
tives et d’évolution chronique, la prise en charge monodisciplinaire n’a
plus de sens. L’approche thérapeutique, à visée surtout stabilisatrice,
se doit d’être pluridisciplinaire ; cela est d’autant plus nécessaire qu’il
faut ajouter à la prise en charge l’intégration des conséquences spé-
cifiques dues à l’âge. Si celle-ci est bien coordonnée, non seulement
ses bénéfices seront fonctionnels, mais elle engendrera aussi une sti-
mulation cognitive et affective, résultant de l’effet « boostant » pour un
patient et ses proches de se sentir soutenus par une équipe motivée
et dynamisante.
Chapitre 9
Les traitements
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médicamenteux
et non médicamenteux
de la démence
Sandra Higuet
1 Introduction
Malheureusement, nous savons que nous n’avons actuellement pas
les moyens thérapeutiques de guérir la démence d’Alzheimer et les
maladies apparentées, mais il est démontré scientifiquement que l’on
peut ralentir son évolution, ainsi que retarder l’apparition des troubles
du comportement, diminuer leur fréquence et par conséquent retarder
l’entrée en institution (Lebert, 2003).
2 Traitement médicamenteux
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cognitifs, l’impression clinique globale et les troubles neuropsychiques
(Raina, 2008).
Sur le plan pharmacologique en revanche, il y a des différences
d’action : outre l’effet commun sur l’acétylcholinestérase, la rivastigmine
(Exelon®) agit également sur la butirylcholinestérase, et la galantamine
(Réminyl®) quant à elle se lierait à un site allostérique des récepteurs
nicotiniques de l’acétylcholine.
Le donépézil (Aricept®) s’administre en per os (débuter par 5 mg/
jour à augmenter à 10 mg après un mois si bonne tolérance, notam-
ment digestive).
La galantamine (Réminyl®) existe sous forme retard une fois par
jour, les dosages proposés étant de 8, 16 ou 24 mg.
Le traitement est débuté par une dose de 8 mg par jour (capsules à
libération prolongée), avec augmentation de 8 mg toutes les 4 semaines
jusqu’à la dose maximale de 24 mg. Des études randomisées ont montré
un ralentissement du déclin des fonctions cognitives et des activités de
la vie quotidienne, surtout à la dose optimale de 24 mg par jour.
La rivastigmine (Exelon®), qui existe en gélules (1,5 mg, 3 mg,
4,5 mg, 6 mg), sera prescrit deux fois par jour ; doses per os à aug-
menter progressivement toutes les 2 à 4 semaines selon la tolérance,
jusqu’à une dose maximale de 12 mg en deux prises ou en patch de
4,5 mg/24 h, à augmenter progressivement jusqu’à une dose maxi-
male de 13,3 mg/24 h.
Les principaux effets secondaires de ces trois molécules sont peu
fréquents, et consistent essentiellement en troubles digestifs (nausées,
vomissements, diarrhées ou anorexie) ou cardiaques (bradycardie,
risque de syncope et donc de chute) (Anthony, 2015). Il semble donc
plus prudent de réaliser un électrocardiogramme avant la prescription
d’inhibiteurs de la cholinestérase.
L’Exelon patch® diminuerait les effets secondaires digestifs, mais
présente un risque d’érythème local qui peut être limité en changeant
régulièrement la localisation de ces patchs.
124
Les traitements médicamenteux et non médicamenteux de la démence
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poursuivi pendant plusieurs années ; il sera conseillé de l’arrêter au
stade de démence très avancé.
Les médicaments avec activité anticholinergique devraient être
proscrits, compte tenu des interactions délétères avec les anticholi-
nestérasiques. On n’en tient pas suffisamment compte, notamment
avec la coprescription de médicaments pour l’incontinence urinaire qui
possèdent un haut pouvoir anticholinergique (Doucet, 2006).
La mémantine a une autre voie d’action, qui peut donc être complé-
mentaire : il s’agit d’un antagoniste glutamatergique (qui va empêcher
le glutamate de rentrer dans les cellules neuronales, évitant ainsi la
mort neuronale).
En effet, dans le cadre de la maladie d’Alzheimer, une activation
excessive de ses récepteurs glutamatergiques (NMDA) pourrait, par
l’intermédiaire d’une augmentation de calcium intracellulaire, entraî-
ner une dégénérescence neuronale.
Ce traitement est remboursé actuellement en Belgique dans les
formes modérées à sévères (MMSE entre 10 et 14 conjointement avec
la prescription d’anticholinestérasiques).
La mémantine a démontré une certaine efficacité sur les troubles du
comportement dans les démences avancées. Elle présente peu d’effets
secondaires notoires (hormis des vertiges, des céphalées, de l’asthé-
nie ou de la somnolence).
Il est recommandé néanmoins d’être prudent en cas d’insuffisance
rénale, d’antécédents d’épilepsie, d’insuffisance cardiaque ou de prise
concomitante d’antagonistes NMDA (amantadine, kétamine ou dextro-
méthorphane) (Vidal, 2013).
Il est conseillé de débuter par des comprimés ou en solution,
par 5 mg/semaine pour une dose maximale de 20 mg à obtenir
125
Prise en charge pluridisciplinaire
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et les omégas 3 (Martinaud, 2006).
L’utilisation de vitamine B12, de folates ou de statines n’a égale-
ment pas démontré de bénéfices (Ballard, 2011).
Concernant le Ginkgo biloba, une étude récente tend à montrer
une efficacité de l’extrait EGb 761 à la dose de 240 mg, mais les
études n’étant pas comparables quant aux dosages ainsi que la
méthodologie utilisée, il n’y a actuellement pas suffisamment d’évi-
dence scientifique quant au bénéfice de l’utilisation du Ginkgo biloba
(Gauthier, 2014).
De plus, il faut savoir qu’il y a un risque faible, mais présent, de
saignement accru de par ses capacités de diminution de viscosité san-
guine (Hogan, 2007).
126
Les traitements médicamenteux et non médicamenteux de la démence
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Des études ont également démontré, comme facteurs de risque
possible de maladie d’Alzheimer, la dépression, ou encore les trauma-
tismes crâniens, notamment chez les boxeurs.
Les facteurs protecteurs étant le haut niveau d’éducation (Wang,
2012), le régime méditerranéen (Fréart, 2009), tout comme l’exer-
cice physique (Pitkälä, 2013 ; Kramer 2006), ou un ou deux verres
de vin par jour pour son action antioxydante. Un style de vie favo-
risant les contacts sociaux pourrait également diminuer le risque de
déclin cognitif.
127
Prise en charge pluridisciplinaire
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sensible à l’utilisation des neuroleptiques qui peuvent provoquer un
syndrome extrapyramidal avec des troubles de la marche ; ces molé-
cules sont donc à éviter en cas de maladie à corps de Lewy. Il a été
démontré qu’il existe dans cette pathologie une altération des systèmes
cholinergiques et il semblerait que les IAChE soient plus efficaces que
dans la maladie d’Alzheimer, notamment sur les symptômes comme
l’apathie et les hallucinations (Lebert, 2007).
Par ailleurs, certaines études privilégient l’utilisation de rivastigmine
(Exelon®) dans la maladie à corps de Lewy.
Tout comme dans la maladie d’Alzheimer, l’agitation peut répondre
aux benzodiazépines, mais cela ne doit être réservé que dans de rares cas.
L’effet de la dopathérapie peut être variable et souvent inefficace,
elle peut néanmoins améliorer l’état moteur de 10 à 20 % des patients.
Il est donc nécessaire d’évaluer au cas par cas le bénéfice obtenu par
rapport au risque d’augmenter la confusion et les hallucinations pouvant
être induits par la L-dopa (Martinaud, 2006).
128
Les traitements médicamenteux et non médicamenteux de la démence
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des antidépresseurs de type SSRI. Cependant, peu d’études existent
et seules la paroxétine et la trazodone ont été évaluées et semblent
avoir une action sur les troubles du comportement et les symptômes
neuropsychiatriques (Lebert, 2003).
Le plus important dans la prise en charge de cette maladie est cer-
tainement le soutien à l’aidant.
L’aphasie primaire progressive, appelée aussi syndrome de Mesulam,
présente un tableau clinique particulier s’apparentant aux dégénéres-
cences fronto-temporales, tout comme la démence sémantique pour
laquelle nous n’avons pas réellement de thérapeutique.
La stimulation par de la logopédie est préconisée, mais son effica-
cité reste controversée dans la littérature.
129
Prise en charge pluridisciplinaire
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médicamenteuses pour les troubles du comportement était limitée,
en raison d’un niveau de preuve insuffisant quant à leur efficacité
par manque de rigueur méthodologique, les études ayant des effectifs
faibles (David, 2015).
Les moyens non pharmacologiques sont probablement aussi effi-
caces que les traitements médicamenteux (Luijpen, 2003).
Le consensus actuel recommande désormais de privilégier en pre-
mière intention les interventions non pharmacologiques, sauf si le
patient présente un état psychotique avec danger potentiel, s’il y a
agressivité avec danger pour autrui ou s’il présente un épisode dépres-
sif majeur (David, 2015).
Par ailleurs, il est démontré qu’il faut s’intéresser aux centres d’inté-
rêt de chaque patient dans le but de favoriser son implication au cours
des différentes interventions, et parallèlement former les soignants et
soutenir les aidants (David, 2015).
Il semble donc important de cibler le patient ainsi que les aidants
(Luijpen, 2003).
1. Olazaran, 2010.
130
Les traitements médicamenteux et non médicamenteux de la démence
3.1.2 Grade B
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repos ont démontré une réelle efficacité sur l’autonomie de ces patients
(Pitkälä, 2013).
La luminothérapie ainsi que la stimulation cognitive avec activités
sociales ont également démontré certains bénéfices (Riemersma-van
der Lek, 2008 ; Woods, 2012).
3.1.3 Grade C
131
Prise en charge pluridisciplinaire
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Les symptômes psychologiques et comportementaux (SPCD) survenant
à un stade avancé des démences sont problématiques pour l’entou-
rage et difficiles à résoudre.
Ces manifestations sont associées à une diminution de qualité de
vie du patient et de l’aidant.
Ce sont notamment des troubles du sommeil, une irritabilité, une
apathie, de l’anxiété, de l’agitation, des troubles moteurs, de la désin-
hibition ou des hallucinations (Reynish, 2007).
L’agitation ou l’agressivité représentent les symptômes les plus
fréquents.
Leur prévalence est de plus sous-estimée (Bianchi, 2015).
Dans la maladie d’Alzheimer, il s’agira plutôt d’apathie, d’agitation,
d’anxiété ou de dépression (McKeith, 2005b).
En ce qui concerne la démence vasculaire, on verra plus fréquem-
ment de l’apathie ou de la dépression.
La démence à corps de Lewy, ainsi que la démence de Parkinson
(entités proches), présenteront des hallucinations visuelles, de la
dépression, ainsi que des troubles du sommeil.
En cas de démence fronto-temporale, ce sera plutôt de l’apathie,
de la désinhibition, de la déambulation, des comportements répétitifs
ou des troubles alimentaires.
L’approche non pharmacologique citée précédemment doit être pri-
vilégiée en premier lieu.
De plus, il est important d’essayer d’identifier les causes pouvant
expliquer l’agitation subite (par exemple, en relation avec une douleur,
un stress, un inconfort…) et de traiter ces symptômes, notamment par
des antalgiques s’il s’agit d’une douleur.
Toute modification comportementale nécessite d’avoir d’abord
éliminé une autre cause organique, iatrogène ou environnementale
pouvant expliquer les troubles, avant de se résoudre à l’utilisation de
thérapeutiques médicamenteuses.
132
Les traitements médicamenteux et non médicamenteux de la démence
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D’autres études ont suggéré un effet positif de la mélatonine sur la
diminution des troubles du comportement nocturne (Asayama, 2003).
L’attitude du personnel soignant est capitale. En effet, l’approche de
base du contact entre le soignant et le patient tiendra compte du fait :
133
Prise en charge pluridisciplinaire
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fiques dans leur liaison aux récepteurs cérébraux et agissent à la fois
sur les récepteurs dopaminergiques, sérotoninergiques, cholinergiques,
adrénergiques et histaminiques : les neuroleptiques atypiques ont une
spécificité pour certains récepteurs dopaminergiques et sérotoniner-
giques. Ils ont une activité antipsychotique équivalente aux anciens,
mais présentent moins d’effets secondaires.
Les neuroleptiques à privilégier quand il n’y a pas d’autre solution
sont les neuroleptiques atypiques (risperidone, quiétapine, olanza-
pine, par exemple). Certains ont démontré une réduction de l’agitation
et de l’agressivité, mais ne semblent pas améliorer la qualité de vie
(Schneider, 2006).
Aucun traitement n’a été réellement validé, mais il faut arriver à un
équilibre entre le management des épisodes agressifs ou perturbants
et les effets secondaires des neuroleptiques.
Une règle à respecter : toujours éviter les neuroleptiques si pos-
sible, et si malheureusement aucune autre solution n’est efficace sur
les troubles du comportement invalidants : « Start slow and low » ; tou-
jours débuter par la plus faible dose et titrer progressivement ; ensuite
arrêter dès que possible les psychotropes. Les formes d’injection de
neuroleptiques sous forme retard (à libération prolongée) sont à éviter
absolument chez les patients âgés.
Des anxiolytiques ou des antidépresseurs (de préférence les inhi-
biteurs de la recapture de la sérotonine) peuvent être utilisés si des
symptômes d’anxiété ou de dépression sont perçus.
On évitera tant que possible l’utilisation de benzodiazépines, qui
augmentent la confusion et les risques de chutes. On peut néanmoins
être amené à en prescrire de manière limitée dans une situation aigue
en cas d’anxiété. On préconisera alors des molécules à demi-vie courte.
Les antihistaminiques doivent être évités en raison de leur effet
anticholinergique.
134
Les traitements médicamenteux et non médicamenteux de la démence
5 Conclusion
Les traitements actuels sont d’une efficacité modeste, mais gardons
néanmoins espoir, car de nombreux chercheurs testent de nouvelles
voies thérapeutiques prometteuses.
En ce qui concerne les troubles du comportement, les approches non
pharmacologiques devraient constituer la première ligne de traitement
et être maintenues lorsqu’on doit ajouter un agent pharmacologique.
Elles ont dans l’ensemble un effet limité, mais sont incluses dans les
pratiques courantes (Thuot, 2009). On manque encore actuellement
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d’études de bonne qualité pour le prouver.
L’amélioration de la qualité de vie du patient atteint de démence
et de sa famille passe certainement par la formation des soignants,
ainsi que par le soutien aux aidants, indispensables à leur bonne prise
en charge.
135
Chapitre 10
Prise en charge
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des troubles cognitifs
chez le patient
avec maladie de Parkinson
et démence
Éric Salmon et Gaëtan Garraux
1 Introduction
Les études montrent que 30 % des patients atteints par la maladie de
Parkinson présentent un syndrome démentiel (Aarsland, 2005a) et que
la survenue de celui-ci est inéluctable chez 80 % des patients, 20 ans
après le diagnostic initial de maladie de Parkinson (Hely, 2008). La
démence parkinsonienne doit être distinguée d’un point de vue cli-
nique et physiopathologique des troubles cognitifs modérés, qui sont
observés chez 20 % des patients au moment du diagnostic, poten-
tiellement avant le début d’un traitement antiparkinsonien (Aarsland,
2009). La prévalence des troubles cognitifs modérés augmente avec
la durée d’évolution de la maladie, mais on ignore encore largement
dans quelle mesure ils sont prédictifs d’une évolution vers le syndrome
démentiel (Kehagia, 2010 ; Svenningsson, 2012).
Prise en charge pluridisciplinaire
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lobe frontal et, d’autre part, une atteinte corticale de type postérieure
et cholinergique.
Dans la maladie de Parkinson idiopathique, il existe précocement
un léger trouble des fonctions exécutives lié à la diminution d’activité
de circuits sous-cortico-frontaux (Levin, 2005 ; Owen, 1992). Le syn-
drome sous-cortico-frontal concerne typiquement des difficultés telles
que des troubles de planification et de flexibilité pour passer d’une tâche
à l’autre (y compris celles qui sont familières), des troubles de mémoire
à court terme, au point parfois d’entraîner des répercussions sur du
fonctionnement social et occupationnel (Bronnick, 2006 ; Schiehser,
2009). Ainsi, une accentuation de la perte d’activité des circuits a
conduit au concept de démence sous-corticale, dont les prototypes sont
la paralysie supranucléaire progressive et la maladie de Huntington.
De nouveau, on décrit dans cette forme de démence des difficultés de
récupération et un ralentissement du traitement de l’information, des
troubles d’abstraction et des difficultés exécutives (Cummings, 1986).
D’un point de vue anatomique et neurochimique, elle est principalement
attribuée à une dénervation striatale dopaminergique accompagnée
éventuellement d’une atteinte des voies noradrénergiques corticales.
Ces anomalies trouvent leur origine dans la perte neuronale qui sur-
vient au niveau des subdivisions du tronc cérébral, respectivement la
substance noire et le locus coeruleus (Halliday, 2011).
Le syndrome cortical s’apparente à celui observé dans les démences
corticales à polarité postérieure et concerne typiquement la présence de
troubles de la mémoire épisodique visuelle et verbale, des troubles des
fonctions langagières et attentionnelles et, bien entendu, des troubles
visuospatiaux. Le substrat anatomique du déclin cognitif à polarité corti-
cale postérieure dans la maladie de Parkinson reste sujet à controverse.
Un déficit cholinergique cortical survient de façon précoce suite à l’at-
teinte des noyaux cholinergiques comme le noyau basal de Meynert
(Perry, 1985). À ceci vient s’ajouter la présence de lésions neuropa-
thologiques du cortex et de la substance blanche des hémisphères
cérébraux de nature dégénérative et/ou vasculaire. Une association
entre maladie de Parkinson et maladie d’Alzheimer est décrite depuis
138
Prise en charge des troubles cognitifs chez le patient avec maladie de Parkinson et démence
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chez l’homme, dans laquelle la démence tend à précéder le syndrome
extrapyramidal (Ballard, 2006 ; Savica, 2013). Ces formes de démence
parkinsonienne semblent constituer un « spectre » pathologique et cli-
nique (Burn, 2006a ; Guo, 2005 ; Lippa, 2007).
139
Prise en charge pluridisciplinaire
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1999 ; Metzler-Baddeley, 2007). Il faut noter que certains patients ont
de faibles performance en reconnaissance d’informations, notamment
parce qu’ils présentent de fausses reconnaissances (Higginson, 2005).
Comme le suggère la neuropathologie, le profil cognitif peut être de
type sous-cortico-frontal ou de type néocortical et limbique (Janvin,
2006). Outre le versant cognitif, on souligne aussi les changements de
personnalité, d’humeur et de comportement, avec typiquement des hal-
lucinations (surtout visuelles) (Bronnick, 2005). Les hallucinations ont
les mêmes caractéristiques chez le patient avec maladie de Parkinson
et démence que chez celui avec une démence à corps de Léwy diffus
(Mosimann, 2006). Différents modèles existent pour expliquer des hal-
lucinations visuelles récurrentes, dont un modèle récent basé sur des
déficits d’attention et de perception visuelle, notamment liés au déficit
de transmission cholinergique et à l’atteinte fonctionnelle de cortex
associatifs postérieurs (Collerton, 2005 ; Williams-Gray, 2006). On
observe encore dans les démences parkinsoniennes des fluctuations
de la vigilance et des capacités cognitives, et des troubles du sommeil
(avec apparition anormale de mouvements en phase de sommeil para-
doxal). Ces différents symptômes ont des répercussions dans la vie
quotidienne, et les troubles d’attention (et de vigilance) perturbent par-
ticulièrement les activités de tous les jours (Bronnick et al., 2006).
La perturbation des activités de la vie quotidienne est d’une impor-
tance clinique cruciale pour la distinction entre des troubles cognitifs
modérés et une démence, mais les critères actuels ne définissent pas
comment cette altération doit être déterminée de façon objective. Même
si certaines pistes ont été proposées, l’évaluation continue à reposer
à l’heure actuelle sur le jugement clinique (Lee, 2013). Les répercus-
sions peuvent consister en une perte de l’organisation dans la prise
de médicaments, par exemple, ce qui est particulièrement perturbant
chez un parkinsonien. On constate aussi que les troubles d’attention
constituent un risque important de chute chez le patient parkinsonien
(Bloem, 2006). Chez le patient parkinsonien en général, les risques de
la conduite automobile sont liés à la sévérité des symptômes physiques,
à l’augmentation des temps de réaction et à la présence de troubles
140
Prise en charge des troubles cognitifs chez le patient avec maladie de Parkinson et démence
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4 Les options thérapeutiques
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Prise en charge pluridisciplinaire
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spontanément une information doit amener les proches à proposer des
indices de récupération en mémoire ou à suggérer des choix multiples
(pour utiliser un mode de reconnaissance plutôt qu’un rappel straté-
gique coûteux en ressources attentionnelles). Il est important d’adapter
le débit des informations en fonction du degré de ralentissement du
patient. Une horloge digitale est parfois plus facile à lire, pour rythmer
par exemple la prise des médicaments, mais souvent les accompa-
gnants devront intervenir pour pallier les troubles d’orientation dans le
temps. Des indices visuels (comme des couleurs qui permettent d’atti-
rer l’attention sur un objet parmi d’autres) sont intéressants pour pallier
les déficits de perception et d’attention des patients. L’utilisation d’un
support écrit comme aide-mémoire est rassurant, et permet de pallier
les difficultés d’organisation du discours, de la pensée et de l’action. Par
exemple, la mise par écrit des différentes étapes d’une tâche (comme la
vérification du courrier électronique) permet de diminuer le risque d’er-
reurs liées au ralentissement et aux difficultés exécutives. Si l’écriture
manuelle est difficile, on peut essayer de recourir à un traitement de
texte. De nombreux travaux visent à montrer l’intérêt de séances d’acti-
vité physique pour diminuer l’importance des difficultés cognitives chez
des patients avec maladie de Parkinson et troubles cognitifs (Ahlskog,
2011). Les principes de réhabilitation cognitive consistent, comme dans
la maladie d’Alzheimer, à observer une activité quotidienne pour en
reconnaître les étapes difficiles, puis à essayer de pallier les difficul-
tés en adaptant la tâche, recourant pour ce faire à un apprentissage
automatisé, adapté aux capacités du patient (Salmon, 2006). Il faut
parfois que le thérapeute dicte des limites dans les activités potentielle-
ment dangereuses, essentiellement pour les patients avec une certaine
anosognosie, un trouble attentionnel important ou une désinhibition
comportementale. Les fluctuations de vigilance sont très difficiles à
éviter, mais une hygiène du rythme veille (luminosité)/sommeil est
importante. Les hallucinations visuelles sont assez fréquemment criti-
quées par les patients. On peut en diminuer le caractère perturbant en
expliquant qu’il s’agit d’une « production de l’esprit », en promouvant
une approche raisonnée des hallucinations et en encouragent le patient,
142
Prise en charge des troubles cognitifs chez le patient avec maladie de Parkinson et démence
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143
Chapitre 11
Neurochirurgie
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de la démence
Nicolas Massager
1 Introduction
Le développement de troubles cognitifs constitue un symptôme relative-
ment habituel dans de nombreuses affections neurologiques. Une seule
pathologie neurochirurgicale se présente classiquement par le déve-
loppement progressif d’une démence : le syndrome d’hydrocéphalie à
pression normale. Dans la mesure où un traitement neurochirurgical
relativement simple peut améliorer significativement l’état neurologique
des patients souffrant de cette pathologie, il est important de penser
à cette maladie face à un patient atteint de troubles cognitifs, et de
pouvoir en faire le diagnostic. Par ailleurs, certains développements
récents en neurochirurgie fonctionnelle permettent d’espérer que, dans
un avenir proche, certaines techniques neurochirurgicales pourraient
être proposées dans le traitement de la maladie d’Alzheimer.
2.1 Historique
La première description de patients souffrant d’hydrocéphalie normo-
tensive (HNT) remonte à 1956. Foltz décrit cette année-là deux malades
Prise en charge pluridisciplinaire
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matique formée d’une démence, de troubles de la marche et d’une
incontinence (Adams, 1965 ; Hakim, 1965). Ils établissent qu’un trai-
tement par dérivation interne ventriculo-auriculaire de LCR permet de
réduire les signes cliniques de la maladie.
Depuis 1965, de très nombreux travaux ont été réalisés dans
ce domaine et une abondante littérature scientifique relative à cette
maladie est disponible. L’essentiel de ces études vise à déterminer
les facteurs prédictifs de l’amélioration de la symptomatologie de ces
patients après dérivation interne de LCR.
146
Neurochirurgie de la démence
2.3 Physiopathologie
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L’hydrocéphalie normo-tensive a été initialement décrite comme une
entité syndromique constituée de trois anomalies cliniques, à savoir
une détérioration des fonctions cognitives et mnésiques associée à des
troubles de la marche et une incontinence urinaire. Le mécanisme phy-
siopathologique exact de cette maladie est encore largement méconnu.
Plusieurs hypothèses ont été avancées au cours du temps pour tenter de
comprendre comment une dilatation ventriculaire pourrait être obtenue
sans augmentation associée de la pression intraventriculaire : une aug-
mentation de la résistance du flux sanguin au niveau capillaire, une
modification des caractéristiques visco-élastiques de la substance
blanche périventriculaire secondaire à l’accumulation de LCR dans
l’espace sous-épendymaire, une ischémie périventriculaire par réduc-
tion du flux sanguin cérébral, la persistance d’un gradient de pression
transmurale entre les ventricules et les espaces sous-arachnoïdiens…
Le modèle physiopathologique le plus complet et qui tente de ras-
sembler les différentes hypothèses précédemment énoncées est celui
établi par Bret et Chazal en 1990. Dans ce modèle, les auteurs décrivent
une succession chronologique de plusieurs étapes pour arriver à un
équilibre (qui pourrait sembler paradoxal a priori) formé d’une dilatation
ventriculaire et d’une pression normale du LCR en son sein. Nous propo-
sons ici un résumé succinct des quatre étapes de ce modèle théorique.
147
Prise en charge pluridisciplinaire
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tance, et les liquides intersticiels des espaces extra-cellulaires,
disponibles plus lentement, mais représentant une proportion
nettement plus grande. Cette dilatation du tissu cérébral est res-
ponsable de phénomènes d’étirement qui vont occasionner des
dommages mécaniques en son sein, principalement au niveau
de la substance blanche péri-épendymaire.
(4) Phase chronique de l’hydrocéphalie : avec le temps, un nouvel
équilibre s’établit, caractérisé par une réduction de la pres-
sion intraventriculaire à un niveau normal ou quasi normal,
et un maintien, voire une aggravation, de la dilatation ventri-
culaire. Ce phénomène peut s’expliquer par deux processus
simultanés :
148
Neurochirurgie de la démence
2.4 Symptomatologie
Si l’hydrocéphalie normo-tensive a été initialement décrite chez des
patients présentant la triade symptomatique complète (Adams, 1965 ;
Hakim, 1965) (troubles de la marche, détérioration cognitive et troubles
urinaires), ces trois symptômes ne sont pas nécessairement présents
chez tous les patients souffrant d’HNT. Selon les données de la litté-
rature, la triade clinique est présente à la phase d’état de la maladie
dans plus de 50 % des cas, une forme bisymptomatique dans 10 à
30 % des cas (préférentiellement l’association troubles de la marche
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+ troubles cognitifs, puis l’association troubles de la marche + troubles
urinaires), et une forme monosymptomatique dans moins de 10 % des
cas (Bret, 1990).
De plus, les différents symptômes peuvent ne pas apparaître simul-
tanément. Pour certains patients, la symptomatologie inaugurale n’est
constituée que par un, voire deux symptômes, et la triade complète ne
survient que plus tard dans l’évolution de la maladie. Les troubles de la
marche constituent en général le symptôme le plus précoce, suivis par
les troubles cognitifs, puis par les troubles sphinctériens (Bret, 1990).
Plusieurs auteurs ont rapporté certaines associations entre la symp-
tomatologie préopératoire et le résultat clinique après dérivation : les
résultats seraient meilleurs lorsque les patients présentent une triade
clinique complète (Black, 1980 ; Jacobs, 1976 ; Mulrow, 1987), si les
troubles de la marche ont été le premier symptôme à apparaître (Graff-
Radford, 1986), lorsque les symptômes sont apparus depuis peu de
temps (Mori, 1997), ou quand la symptomatologie est peu importante
(Vanneste, 2000).
Les déficits cognitifs et mnésiques dans l’hydrocéphalie normo-
tensive sont de type sous-cortical. Ils consistent principalement en
une altération de la mémoire associée à des difficultés à utiliser les
connaissances acquises et un ralentissement dans l’analyse d’informa-
tions complexes (Vanneste, 2000).
Les troubles de la marche chez l’hydrocéphale normo-tensif sont
souvent qualifiés d’apraxiques, bien que ce terme semble inapproprié
(Vanneste, 2000). Cette marche caractéristique résulterait principa-
lement d’une déconnexion entre les noyaux de la base et le cortex
frontal (Andren, 2014).
Les troubles urinaires constituent le symptôme apparaissant le plus
tardivement dans l’évolution de la maladie. Selon leur importance, ils
peuvent se présenter sous la forme d’urgences mictionnelles, d’incon-
tinence urinaire nocturne ou permanente. Ces symptômes résulteraient
d’une perte d’inhibition des contractions vésicales par étirement des
fibres nerveuses périventriculaires (Vanneste, 2000).
149
Prise en charge pluridisciplinaire
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1997). Dès lors, les experts médicaux de cette maladie préconisent
la réalisation de plusieurs de ces tests d’investigations diagnostiques
afin d’améliorer la sélection préopératoire de ces patients (Vanneste,
2000 ; Mori 1997).
150
Neurochirurgie de la démence
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Ce test, simple à réaliser en routine clinique, est considéré comme
l’examen complémentaire le plus couramment utilisé dans l’évalua-
tion des HNT (Mori, 1997). Il a été décrit pour la première fois par
Wikkelsö (1982) ; l’abondante littérature qui lui est consacrée permet
d’en établir son intérêt réel. La valeur prédictive positive de ce test
est élevée, estimée en général à plus de 90 % (Wikkelsö, 1986). En
d’autres termes, lorsque cet examen est positif, la probabilité d’un
bon résultat postopératoire est très élevée. À l’opposé, la valeur pré-
dictive négative du test est faible (évaluée à moins de 50 % dans la
littérature) : un test négatif ne permet donc pas de réfuter le diagnos-
tic d’HNT (Wikkelsö, 1986).
2.5.5 Mesure de Ro
La mesure de la résistance à l’écoulement du LCR constitue un test
bien documenté dans la littérature. Bien qu’initialement cet examen fût
151
Prise en charge pluridisciplinaire
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2.5.6 Mesure de la variation du débit sanguin cérébral
après ponction lombaire
Le mécanisme physiopathologique par lequel le syndrome d’HNT se
développe reste incertain. Une perturbation du flux sanguin cérébral
constitue une des hypothèses actuellement retenues. Certains investiga-
teurs ont proposé des épreuves dynamiques de mesure du débit sanguin
cérébral (DSC) régional chez les patients hydrocéphales normo-tensifs.
Certains auteurs ont étudié les variations du DSC induites par une injec-
tion de glycérol ou de Diamox chez ces malades, et ont montré qu’il
existait une corrélation étroite entre l’augmentation du DSC induite par
l’injection et l’amélioration clinique postopératoire du patient après la
mise en place d’une dérivation interne de LCR (Chang, 2000 ; Klinge,
1999 ; Tanaka, 1997). Plusieurs études ont montré qu’une ponction
lombaire, réalisée selon certains paramètres précis, permettait d’aug-
menter transitoirement le DSC de ces patients ; certaines de ces études
établissent une relation entre une correction transitoire du bas DSC
régional préopératoire lors d’une épreuve de retrait de LCR par ponction
lombaire chez des patients suspects d’HNT et l’amélioration postopé-
ratoire de ces patients (Dumarey, 2005).
2.6 Traitement
À l’issue de l’évaluation préopératoire, sur la base de la confrontation
des symptômes cliniques et des résultats des tests réalisés, le diagnostic
d’hydrocéphalie normo-tensive peut être confirmé ou rejeté. Lorsque le dia-
gnostic est retenu, une procédure chirurgicale peut être réalisée et consiste
en la mise en place, sous anesthésie générale, d’une dérivation interne
de LCR (Vanneste, 1992). Actuellement, la technique chirurgicale de
dérivation ventriculo-péritonéale avec placement d’une valve anti-siphon
programmable est préférable dans l’hydrocéphalie normo-tensive (Klinge,
2012 ; McGirt, 2005). D’autres techniques, comme la mise en place d’un
drain ventriculo-cardiaque ou lombo-péritonéal, ou une ventriculostomie
152
Neurochirurgie de la démence
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les centres (Klinge, 2012 ; McGirt 2005). En général, une améliora-
tion clinique significative du ou des symptômes cliniques peut être
espérée pour 50 à 70 % des patients diagnostiqués. Les trois symp-
tômes peuvent être améliorés par le traitement chirurgical. Les troubles
de la marche constituent le symptôme le plus souvent corrigé après
l’intervention neurochirurgicale ; les troubles cognitifs s’améliorent dans
une moindre proportion, et les troubles urinaires encore moins souvent.
Malgré une amélioration postopératoire des symptômes de la maladie,
celle-ci peut continuer à progresser chez certains patients, créant ainsi
une réduction du bénéfice obtenu avec le temps.
153
Prise en charge pluridisciplinaire
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voire d’inverser le processus de dégénération neuronale présent dans
la maladie d’Alzheimer (Wahlberg, 2012 ; Ferreira, 2015). Les études
préliminaires réalisées à l’aide de cette technique présentent des résul-
tats prometteurs (Ferreira, 2015). Plusieurs études cliniques sont en
train d’être menées dans cette voie, qui pourrait s’avérer constituer
une thérapie d’avenir pour cette maladie.
154
Chapitre 12
Le nursing spécialisé
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pour patients
en déclin cognitif
Claire Depris
1 Introduction
Infirmière graduée depuis 1996, j’ai commencé ma carrière dans un
service de soins intensifs. Dans cette unité très technique, la priorité
était axée sur les constantes vitales des patients, les aspects « confort »
et « communication » venaient en second plan. Malheureusement, le
choix d’entraves physiques ou chimiques aux personnes en perte cogni-
tive ou démentes s’avérait souvent indispensable à leur survie.
En 2002, je change totalement d’orientation pour me consacrer
uniquement aux soins à domicile. Beaucoup moins de technique, beau-
coup moins de moyens, beaucoup plus de social et d’humain… et
beaucoup plus de patients type Alzheimer à gérer, seule ou juste avec
un enfant ou conjoint aidant… Très vite, je me rends compte de la
dualité de ces prises en charge. Si elles demandent en général la réa-
lisation d’un acte simple, tel que la réalisation d’une toilette, l’injection
d’insuline, la réfection d’un pansement simple, etc., elles s’avèrent en
général très compliquées à cause de cette perte cognitive. Le patient
ne comprend pas qui est cette personne qu’il perçoit comme un agres-
seur et pourquoi il doit, devant elle, se dévêtir, se mouiller, se raser
Prise en charge pluridisciplinaire
2 Communiquer
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Pour être efficace dans son rôle de soignant, il est important que l’infir-
mière adapte ses techniques de communication au stade de la démence
du patient, l’évolution de celle-ci engendrant des répercussions sur sa
capacité à utiliser le langage et la communication au sens large.
La communication non verbale nous permet d’entrer en contact en
douceur avec le patient. Le fait de l’aborder de face, calmement, en se
mettant à sa hauteur, de poser notre regard dans le sien va le mettre en
situation de confiance. C’est déjà en soi un moyen de communication.
Cette approche sera accompagnée d’un toucher rassurant et doux,
pour autant que le patient y soit positivement réactif (il arrive que
certains le vivent comme une agression et n’y tirent aucun bénéfice).
Elle doit être utilisée dès le début de la prise en charge du malade, et
jusqu’au bout de celle-ci.
La communication verbale devra aussi être adaptée. Au même titre
que pour la communication non verbale, il est important, pour parler
aux patients, de se mettre à leur hauteur, d’attendre d’avoir capté leur
regard… Pour ensuite utiliser un langage à leur portée. Le soignant
ne cherchera pas à vouloir à tout prix réorienter la personne en perte
cognitive dans le présent. Par contre, il répétera de manière implicite
les demandes et ne donnera qu’une information à la fois, s’assurant,
entre chacune des informations données, que le message est bien
passé. Dans le cadre des soins à domicile dans nos régions, certains
patients étrangers ont totalement perdu l’usage du français et ne se sou-
viennent que de leur langue maternelle. Inutile dans ce cas d’hausser
la voix. Ils ne comprennent pas ! La famille sera alors un intermédiaire
précieux. Attention, le fait d’adapter notre langage verbal ne doit pas
nous faire tomber dans le piège de l’infantilisation ! Le langage sera
adapté à chaque personne, comme un apprivoisement… Nous les met-
trons au centre de notre discussion et leur expliquerons quel est notre
rôle et quel acte nous allons réaliser AVEC eux.
L’infirmière sera aussi à l’écoute du verbal et du non verbal formulé
par le patient, qui pourrait avoir du mal à exprimer clairement un
156
Le nursing spécialisé pour patients en déclin cognitif
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3 Aménager l’espace de vie
Les risques d’accidents domestiques sont plus accrus chez les per-
sonnes en perte cognitive. Outre le risque de chutes lié aux difficultés
motrices inhérentes à la maladie, ce type de patient qui « oublie » peut
prendre ou faire prendre des risques à ses proches : une bombonne de
gaz ouverte, un appareil électrique qui chauffe, l’eau de javel laissée
à portée de main, une mauvaise utilisation d’un outil… Toutes ces
choses peuvent avoir des conséquences dramatiques sur le patient et
son entourage.
L’infirmière à domicile joue là un rôle préventif et veillera à faire
adapter le lieu de vie à l’état cognitif de son patient. Ceci passera par
des conseils sur l’éclairage, l’adaptation du sol (pas de tapis, etc.),
l’adaptation des zones dangereuses telles que la cuisine et la salle
de bain, la diminution de l’espace de vie accessible au malade, etc.
Dans un milieu sécurisé, le malade vivra de manière plus détendue
et conservera un maximum d’autonomie sans prendre de risque. Ces
adaptations peuvent être réalisées en collaboration avec une assis-
tante sociale. Des aides financières pourront être apportées selon
les cas.
157
Prise en charge pluridisciplinaire
Exemples :
« Mais enfin, Raymond, reste ici ! Tu ne travailles plus depuis 15 ans,
on n’habite plus Gilly depuis 3 ans et demi et Claire est là pour te
laver. Tu as fait pipi dans ton lange, dépêche-toi !! »
« Mais Lucienne, ta mère est morte et enterrée depuis 25 ans ! »
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Nous devons leur apprendre à accepter et à s’adapter aux phases de
la maladie. Nous pouvons, pour ce faire, les orienter vers des lieux de
parole type « Alzheimer café », où ils pourront partager leur expérience
avec d’autres familles et avec des professionnels de terrain, ils se sen-
tirons moins seuls et échangerons leurs « trucs » à eux. Nous pouvons
aussi leur proposer des formations adaptées aux techniques de commu-
nication. Par exemple, la « validation therapy » de Naomy Feil qui, pour
moi qui l’utilise au quotidien, est vraiment très efficace (N. Feil, 1982 ;
Gauntlett-Beare et al., 2005 ; de Klerck-Rubin, 2015). Nous pouvons
éventuellement organiser, en collaboration avec le médecin traitant et
l’assistante sociale, des visites régulières en centre de jour pour les
malades, quelques fois par semaine, pour permettre aux aidants de
souffler et aux patients de se réaliser en groupe s’ils en sont encore
capables (jardinage, bricolage, gymnastique, cours de cuisine, snoeze-
len…). Ces « portes » ouvertes permettent aux aidants de souffler un
peu, de lâcher-prise… et de perdre tout sentiment de culpabilité.
En phase avancée de la maladie, il nous est souvent utile de
demander de l’aide aux aidants proches pour la réalisation des soins
proprement dits (lorsque le patient est alité, par exemple).
158
Le nursing spécialisé pour patients en déclin cognitif
dire ! ». Nous serons attentifs aux barbes des messieurs, aux cheveux
de mesdames, nous leur conseillerons éventuellement un coiffeur à
domicile, une pédicure, une esthéticienne, qu’ils se sentent beaux et
vivants ! La valorisation du patient en perte cognitive est pour moi très
importante, ils peuvent encore faire quelque chose et ils ressemblent à
quelque chose ! Ils EXISTENT ! Cette toilette « active » prendra alors
un goût de victoire et sera un rendez-vous agréable et important pour
le patient collaborant, ce qui permettra à l’infirmière d’être plus effi-
cace également dans son rôle d’éducation à la santé et de prévention.
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Par exemple, un patient obèse qui se laisse laver et essuyer cor-
rectement parce qu’il est détendu aura moins de risque de développer
des mycoses : il sera bien lavé, bien essuyé et aura accepté le spray
de daktarin ou la pommade X au niveaux des plis. Même chose pour
les pieds (détection de mycose, d’ongles incarnés), les dermatites liées
aux fuites urinaires mal prises en charge avec le risque d’apparition
d’escarres, les problèmes buccodentaires qui peuvent, s’il ne sont pas
prévenus, avoir à court ou long terme des conséquences sur l’alimen-
tation du patient…
Cette toilette « échange » est finalement beaucoup plus qu’un acte
simple et routinier… à condition que le patient collabore et que l’infir-
mière développe son sens de l’observation…
6 Travailler en multidisciplinarité
La prise en charge d’un patient en perte cognitive nécessite un travail
d’équipe, même quand elle se passe au domicile.
Outre le rôle de l’infirmière pour les soins de base tels que la toilette,
les soins de plaies éventuels, la gestion des traitements médicamen-
teux, etc., d’autres professionnels du soin gravitent autour du patient.
Le kinésithérapeute aidera (entre autres) le patient dans son éduca-
tion à la marche. Le logopède pourra corriger des troubles du langage
et des fausses déglutitions éventuelles. L’ergothérapeute jouera un rôle
dans le besoin de se réaliser du patient, en apportant des stimuli type
« bricolages ». Il aidera la famille à adapter le milieu de vie aux stades
de la maladie. Les aides familiales aideront dans les tâches ména-
gères et les repas. Le médecin de famille veillera à la bonne santé du
malade et de ses proches éventuels en collaboration avec le médecin
spécialiste. La diététicienne pourra donner des conseils culinaires pré-
cieux aux familles.
Cette liste n’est pas exhaustive et montre bien que chaque inter-
venant est nécessaire au bon déroulement de la prise en charge des
159
Prise en charge pluridisciplinaire
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sement des limites, qu’elles soient humaines ou matérielles. L’infirmière
qui les encadre aura un rôle dans la détermination de celles-ci, et ce,
en collaboration avec le médecin traitant et la famille. Elle pourra orien-
ter le malade vers des institutions spécialisées.
160
Chapitre 13
Comment la kinésithérapie
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peut-elle s’intégrer
dans la prise en charge
du patient dément ?
Jessica Vindevogel
1 Introduction
Qu’elle soit d’origine dégénérative, vasculaire ou autre, la démence
provoque chez le patient qui en est atteint une perte progressive de
ses capacités intellectuelles, pouvant le mener à un retrait de sa vie
sociale, professionnelle, voire familiale. Au-delà de cette perte d’apti-
tudes psychologiques, viennent s’ajouter divers troubles fonctionnels
dirigeant le patient vers la dépendance physique.
La perte progressive de son autonomie, les troubles cognitifs et la
fragilisation mentale, qui conduisent l’individu vers une forme de désin-
térêt pour certaines choses, à un découragement et à de nombreux
refus vis-à-vis d’activités proposées, rendront plus difficile la relation
patient-aidant (corps médical, paramédical, famille et amis).
En tenant compte des troubles cognitifs et, donc, de la collabora-
tion, le kinésithérapeute devra envisager toutes les répercussions de la
maladie afin de permettre au patient de conserver le plus longtemps
possible ce qui lui reste de potentialités.
Prise en charge pluridisciplinaire
2 Échanges pluridisciplinaires
La relation entre le patient et son kinésithérapeute devra se renfor-
cer grâce au dialogue établi entre ce dernier et les autres membres
de l’équipe (para)médicale, ce qui permettra d’avoir en main tous les
éléments nécessaires à une « rééducation » positive et fructueuse. Si
l’avenir du patient se voit contrarié par l’aspect progressif de son état,
il est plus que nécessaire de lui apporter tout ce qui peut être béné-
fique afin de lui procurer une vie moins désagréable et plus valorisante.
La bonne connaissance du dossier médical et de ses aspects et, plus
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encore, le dialogue interdisciplinaire sur base des capacités résiduelles
vont permettre de bien cibler la prise en charge et d’aller à l’essentiel
avec une vue beaucoup plus fonctionnelle et performante qu’anato-
mique. La démence pourra être, grâce à la kinésithérapie, ralentie dans
son élan. Même si nous ne pouvons pas enrayer ce terme de la liste
des signes cliniques, nous avons l’avantage de savoir que l’activité
reste un moyen sûr de prévenir son apparition ou son aggravation. La
qualité de vie reste néanmoins un de nos principaux objectifs.
162
Comment la kinésithérapie peut-elle s’intégrer dans la prise en charge du patient dément ?
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symptômes, nous pouvons rencontrer deux individus totalement opposés :
communicatif ou timide, de cultures différentes avec un abord des trai-
tements différent, l’un peut avoir une famille surprotectrice, l’autre pas
de famille du tout ou avoir une famille indifférente au mal qui ronge
son parent, résistant à la douleur ou pas, etc. Connaître la maladie du
patient est une chose, mais il faut également connaître son vécu émo-
tionnel, son milieu psychosocial, son parcours… Toutes ces choses qui
existent, mais auxquelles on ne pense pas et qui faciliteront le contact,
le travail et les résultats (voir kinésithérapie individualisée, section 6.6).
Apaiser
Stimuler
Motiver
Féliciter
Donner/conserver les repères
Valoriser
Sécuriser
Rassurer
Encourager
Favoriser la communication du patient avec les autres
Donner/répéter les informations nécessaires
Dialoguer
Favoriser les prises d’initiative personnelles
163
Prise en charge pluridisciplinaire
La gestuelle en général :
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avoir beaucoup plus d’impact qu’une simple parole !
• Les gestes rassurants, lents : guider le patient dans ses mou-
vements, etc.
• Les petites attentions pour apaiser : remettre un coussin en place
dans le lit, recoiffer les cheveux, etc.
• Le sourire, les mimiques joyeuses : il est certain qu’un soignant
souriant sera plus apaisant qu’un individu qui fait la tête !
Les sens :
• La chaleur
• L’odorat : senteurs diverses, parfums (certains peuvent déran-
ger, rappeler des souvenirs, etc.), odeurs de cuisine, fleurs
• L’ouïe : musiques anciennes ou rythmées pour la marche,
musicothérapie, etc.
• Le goût : le patient a probablement un aliment qu’il aime plus
que tout.
• Une caresse : le toucher peut calmer, apaiser les plus anxieux
d’entre nous. Pensons aux bébés qui se calment dès qu’on les
caresse, berce… Cela dit, certaines personnes refusent d’être
touchées, car cela les énerve.
• Les vêtements du soignant : le blanc est assez effrayant, et
ce depuis l’enfance, petit, aimions-nous voir le médecin ou le
dentiste parés de leur blouse blanche ? Ce point est à discu-
ter selon les institutions probablement.
• Etc.
164
Comment la kinésithérapie peut-elle s’intégrer dans la prise en charge du patient dément ?
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ou alors être légère ou d’apparition brutale. Il est important de rester
vigilant par rapport à une pathologie où la démence n’est pas présente,
mais où il existe quand même un risque d’apparition.
Chaque pathologie comportera bien évidemment son lot de symp-
tômes à soigner, mais il est pertinent de connaître les troubles que peut
occasionner le déclin cognitif sur l’aspect fonctionnel.
Aspects cliniques
2. Troubles sensoriels
2.1. Altération de la proprioception
2.2. Déficit d’informations au niveau des récepteurs
3. Troubles cognitifs
3.1. Désorientation spatiale
3.2. Désorientation temporelle
4. Prévention/alitement
4.1. Problèmes respiratoires (bronchites, infections des bases, etc.)
4.2. Escarres
4.3. Troubles vasculaires (prévention des phlébites)
4.4. Œdème malléolaire
4.5. Chute tensionnelle
4.6. Troubles de la déglutition
4.7. Constipation
4.8. Fonte musculaire
4.9. Rétractions ostéo-articulaires
5. Verticalisation post-alitement
165
Prise en charge pluridisciplinaire
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titutions spécialisées ou autres.
L’alitement prolongé provoque d’office une perte des capacités
motrices accompagnée de troubles proprioceptifs, une perte des gestes
importants dans la vie journalière, des troubles de l’équilibre et une perte
du schéma corporel. Le corps humain est fait pour vivre pleinement
sa mobilité, « debout si possible ». Les différents systèmes sensoriels :
proprioceptif, vestibulaire et visuel et somesthésique vont renseigner le
cerveau sur la position de la tête et du corps dans l’espace, ainsi que
sur la vitesse et l’angulation des mouvements à tous les niveaux. Tous
ces renseignements sont transférés au cerveau grâce aux afférences et
permettent à l’individu de gérer son équilibre, tant au repos qu’en mou-
vement, grâce aux efférences qui agissent par le biais des muscles. D’où
l’importance de conserver des amplitudes articulaires correctes ainsi que
des muscles dont le tonus est suffisant pour permettre le mouvement,
l’équilibre et le maintien d’une position. L’alitement va donc créer un bou-
leversement sensoriel, un manque d’efférences, un déficit d’informations,
des troubles fonctionnels musculaires et articulaires, des troubles de la
posture et de l’équilibre, une perte de confiance en soi, mais surtout une
démotivation. À long terme, ce sera la grabatisation. Plus la durée de ce
décubitus sera longue, plus les troubles s’amplifieront, auxquels viendront
s’ajouter les risques d’escarres, les phlébites, les complications digestives
et urinaires, les troubles cardiovasculaires et autres problèmes respira-
toire. Comme premier objectif, nous devrons veiller à éviter ce stade.
6 Traitement
166
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• de la pathologie ;
• de la cognition résiduelle ;
• de l’âge du malade ;
• des symptômes existants ;
• de l’état psychologique ;
• du niveau d’autonomie, de dépendance ;
• des tests et échelles d’évaluation ;
• des avis médicaux et paramédicaux ;
• de la culture ;
• du ressenti du patient ;
• du niveau de communication du patient.
167
Prise en charge pluridisciplinaire
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Y.Z., patiente de 73 ans, est atteinte de démence moyenne suite à un AVC. La marche
est correcte, grâce à une attelle d’extension du genou. Hélas, sa famille ne lui achète que
des chaussons. Une chaussure bien fermée pourrait lui éviter une entorse de la cheville
lors de la marche ou lors de ses petits déplacements, seule dans sa chambre ! Prévention !
6.4 Objectifs
Il est clair que nous n’aurons pas un effet curatif sur les symptômes
moteurs des pathologies amenant la démence, ni sur les troubles fonc-
tionnels occasionnés par le déclin cognitif, mais le kinésithérapeute
pourra peut-être permettre au patient de conserver un maximum de
compétences.
168
Comment la kinésithérapie peut-elle s’intégrer dans la prise en charge du patient dément ?
ÉQUILIBRE ET MARCHE
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Dynamic Gait Échelle de marche évaluant le risque Shumway Cook, 1995
Index de chute
169
Prise en charge pluridisciplinaire
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PAINAD (Pain Échelle d’évaluation de la douleur Warden et Al., 2003
Assessment chez la personne non communiquante
In Advanced
Dementia)
ÉCHELLES DIVERSES
170
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SCALE pour le patient dans le coma par Marie De Val
1. Xhardez, 2002.
171
Prise en charge pluridisciplinaire
Troubles
fonctionnels
rencontrés suivant
Kinésithérapie
Origine l’évolution, à
proposée
surveiller ou
détecter par le
kinésithérapeute
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A. Démence Dégénérescence • Désorientation Marche + + +
primitive corticale spatiale Exercices de
Maladie d’Alzheimer • Apraxie gestuelle maintien
(Présénile et sénile) et constructive Massage trophique
Démence à • Signes Renforcement
apparition extrapyramidaux musculaire membres
et évolution (démarche inférieurs
progressives traînante, rigidité, Exercices de
bradykinésie et coordination
maladresse des Prévention des
mouvements) troubles respiratoires
• Instabilité posturale et circulatoires
avec attitude Marche :
penchée en avant • prévention des
• Atrophie chutes
musculaire • autonomie
• Incoordination des • prévention du
mouvements déclin cognitif
• Troubles de Relaxation
l’équilibre Orienter le patient
• Stade final : par rapport au temps
grabatisation et le guider dans
et dépendance l’espace
physique totale Mise en situation de
gestes habituels
Snoezelen
172
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Parkinson dyskinésie relaxants, trophique,
Démence survenant • Troubles posturaux de tonification
au cours de • Troubles de la Mobilisation passive/
l’évolution de la marche active
maladie • Hyperkinésie Exercices de
coordination
Travail des
mouvements
déficitaires
Fangothérapie
Hydrothérapie
Travail devant miroir
Exercices d’extension
globale du corps
Relaxation
Exercices d’équilibre
et de posture
Escaliers
Marche + + +
rythmique (facilitation)
Kinésithérapie
urologique spécifique
173
Prise en charge pluridisciplinaire
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Syndrome de • Troubles de Traitement identique
Steele Richardson l’équilibre avec à la maladie de
(PSP) chutes Parkinson
PK+ • Rigidité cou et Massage
muscles du tronc décontracturant du
• Dystonie en cou +++
extrême flexion et Le Rollator est
flexion du cou indispensable.
• Rigidité sévère du
cou et du tronc au
stade tardif
• Paralysie du regard
(vers le bas)
174
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muscles atteints passives
• Fasciculations Relaxation
• Atteinte devenant Pas de travail actif
symétrique Pas d’électrothérapie
• Atteinte des Importance de
muscles de la l’éducation des
mastication, de la mouvements
déglutition, de la respiratoires
motricité de la face et surtout du
et de la langue diaphragme !
• Atteinte des Marche + + +
muscles
respiratoires
175
Prise en charge pluridisciplinaire
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Exercices d’équilibre
Correction posturale
Hydrothérapie
Marche + + +
Stade paralytique
général :
Massages
Mobilisation passive
Aspects préventifs
(escarres,
respiratoires…)
Neurologique
Traumatisme • Dépend de Traitement au cas
crânien (Ex. : la sévérité du par cas
traumatismes répétés traumatisme Massages
à la tête) Mobilisations passives
Démence et actives
progressive Rééducation
neuromusculaire
Électrothérapie
Hydrothérapie
Fangothérapie
Postures
Orthèses
Bobath
Kabat
Psychomotricité
Rééducation à la
marche
etc.
176
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caractéristique)
• Signes d’ataxie
locomotrice
Vasculaire
Maladie de • Troubles de la Correction de la
Binswanger marche marche
Démence à • Hypertonie Massages
apparition brutale • Akinésie assouplissants,
et évoluant par circulatoires
à-coups Exercices
Aggravation à musculation
chaque étape membres inférieurs
177
Prise en charge pluridisciplinaire
Aspects cliniques
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l’équilibre devant miroir
• Exercices proprioceptifs (sol plan…)
• Exercices d’équilibre (yeux ouverts/
fermés,
obstacles, rotations, escaliers…)
178
Comment la kinésithérapie peut-elle s’intégrer dans la prise en charge du patient dément ?
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• Bas anti-embolies
179
Prise en charge pluridisciplinaire
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La Le toucher
Le snoezelen
luminothérapie relationnel
L’aromathérapie
6.7.1 L’aromathérapie
L’aromathérapie consiste au recours à des huiles essentielles à des fins
thérapeutiques en utilisant la stimulation sensorielle. En kinésithérapie,
ces huiles essentielles peuvent être utilisées en massage, lors des bains
d’aromathérapie ou en diffusion. En général, l’aromathérapie est très
bien acceptée par les patients, ainsi que par les familles.
Des études ont été menées afin de prouver l’efficacité de l’aromathé-
rapie, mais, malheureusement, les données restent souvent insuffisantes
pour tirer des conclusions concrètes.
Il a quand même été noté des propriétés :
• relaxantes ;
• analgésiques ;
• de régulateur des symptômes comportementaux et psycholo-
giques en les diminuant ;
• d’améliorateur du sommeil et de la qualité de vie ;
• peut agir sur les troubles du langage et sur la confusion ;
180
Comment la kinésithérapie peut-elle s’intégrer dans la prise en charge du patient dément ?
Contre-indications :
• photosensibilité ;
• neurotoxicité ;
• certaines huiles essentielles ne peuvent pas être utilisées chez
l’enfant de moins de 5 ans, chez les personnes souffrant d’in-
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suffisance rénale et chez les femmes enceintes.
181
Prise en charge pluridisciplinaire
Marjolaine Tranquillisante
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6.7.2 Le snoezelen
Selon Renard Quix (1995), le terme « snoezelen » provient de la contrac-
tion de deux mots du néerlandais : « doezelen » et « snuffelen ».
Ces deux termes englobent deux composantes mettant en évidence
un aspect « actif » (snuffelen = flairer, respirer) et un aspect « passif »
(doezelen = somnoler, relaxer).
La composante active : l’exploration sensorielle sera vécue par le
patient de façon agréable, sans être forcé à aller vers les choses. Il
pourra de ce fait trouver lui-même ses centres d’intérêt et deviendra
acteur lors de cette exploration.
La composante passive : on visera la détente, le confort, l’affectif,
le relâchement, le tout également en ouverture affective et sensorielle.
Pour approfondir le snoezelen, nous orientons le lecteur vers le cha-
pitre 22 de cet ouvrage, qui y est entièrement consacré.
6.8 La douleur
La question est de savoir où se situer face à une chose qui est intan-
gible par le praticien et qui diffère d’un individu à l’autre. La douleur
sera mieux supportée chez l’un et insoutenable chez l’autre, et ce
pour une même pathologie, par exemple. « J’ai mal. » Une phrase que
nous entendons quotidiennement, que ce soit chez le sujet jeune, âgé,
conscient, etc. Mais qu’en est-il du dément ? Dans une situation où la
communication s’éteint progressivement, il est obligatoire d’avoir entre
les mains des outils adéquats à l’évaluation de la douleur.
182
Comment la kinésithérapie peut-elle s’intégrer dans la prise en charge du patient dément ?
« Avez-vous mal ? »
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Interrogatoire : où, quand, Interrogatoire : où, quand, Tentative d’interrogatoire
comment, intensité ? comment, intensité ? Évaluation comportementale
Observations
Moyens d’évaluation
Doloplus-2
Échelle comportementale de la personne âgée (ECPA)
PAINAD
CNPI
PACSLAC
Solutions
• Hyperventilation
• Hypersudation
• Fatigue
• Hypertonie
• Mimiques, grimaces
• Agitation
• Positions vicieuses
• Position fœtale
• Retrait lors d’un soin
• Tremblements
• Gémissements, plaintes
• Troubles du sommeil
• Troubles de l’appétit
• Pleurs inexpliqués, larmes
183
Prise en charge pluridisciplinaire
• Tensions musculaires
• Agressivité
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• La culture
• La religion
• La spiritualité
• Les antécédents personnels avec la douleur ou avec des proches
• Visites trop nombreuses
• La météo
• Les nuisances sonores
• Les nausées
• Les palpitations cardiaques
• L’anxiété
• La fatigue
• Les positions vicieuses
• Les troubles respiratoires
• La dépression
• L’ankylose
• Dénarcissisation
• Ostéoporose
• Escarres
• Plaies malodorantes
• Transpiration
• Fièvre
• Vomissements
• Rétention urinaire
• Œdèmes
184
Comment la kinésithérapie peut-elle s’intégrer dans la prise en charge du patient dément ?
• Amyotrophie
• Syndrome de glissement
• Anorexie
• Mycose/sécheresse buccale
• Tachypnée
• Inappétence
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7 Le kinésithérapeute face à la contention
La contention est un réel problème, car nous abordons ici l’aspect
fonctionnel, la protection du patient et sa dignité, mais aussi l’aspect
éthique. Priver quelqu’un de sa liberté de mouvement constitue une
forme de violence, une maltraitance si cette contention n’a pas une
réelle implication thérapeutique.
Jusqu’où aller pour que le patient ne devienne pas un danger pour
lui-même, pour les autres ? Quels sont les objectifs, les plans d’action
qui peuvent devenir une base de réflexion afin que cette contention ne
devienne plus une facilité pour le soignant ?
Nous invitons le lecteur à se procurer la brochure de l’ANAES
(Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé, 2000),
appelée, depuis 2005, HAS (Haute Autorité de Santé), et qui explore,
en France, de façon très complète, toutes les études et investigations
effectuées vers un plan d’amélioration de la qualité des soins. La mise
en place de la contention y est abordée et étudiée à tous points de
vue (surveillance, alternatives, pratique, évolution…), dans un proces-
sus pluri et interdisciplinaire visant à ne plus utiliser la contention ou
sans comprendre sa véritable fonction.
Ce guide est devenu un référentiel dans beaucoup d’établissements,
car il propose des solutions et des alternatives concrètes à la conten-
tion, surtout si celle-ci peut être évitée.
185
Prise en charge pluridisciplinaire
Passive Rééducative
Selon l’ANAES :
« Utilisation de tous les moyens, méthodes, matériels, vêtements • Posturale afin
qui empêchent ou limitent les capacités de mobilisation volontaire d’obtenir le
de tout ou d’une partie du corps dans un seul but d’obtenir de la maintien d’une
sécurité pour une personne âgée qui présente un comportement attitude corrigée
estimé dangereux ou mal adapté » • Rééducation active
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après alitement
Motifs
Conséquences/effets néfastes
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Comment la kinésithérapie peut-elle s’intégrer dans la prise en charge du patient dément ?
SURVEILLANCE
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• De la rétropulsion
• De l’état comportemental
ALTERNATIVES À LA CONTENTION
La prise en charge kiné du patient dément (ou non) se fera de façon interdisciplinaire et
aura comme objectifs :
• de réduire la déambulation
• d’activer ou réactiver le patient du point de vue fonctionnel
• de canaliser l’attention, gérer les états de stress, d’agitation ou de pleurs
• de prévenir les risques de chute
• de créer des repères
Kinési-
thérapeute
Logo- Ergo-
pède thérapeute
Nursing
Interdisciplinarité
187
Prise en charge pluridisciplinaire
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déglutition • Réapprentissage des schémas moteurs
• Surveillance respiratoire • Mise en place de repères spatiotemporaux
• Groupes de parole
• Snoezelen
• Aromathérapie
• Musicothérapie
• Art-thérapie (méthode visant à utiliser
le potentiel d’expression artistique et
la créativité d’une personne à des
fins psychothérapeutiques ou de
développement personnel)
KINÉSITHÉRAPEUTE ERGOTHÉRAPEUTE
LOGOPÈDE NURSING
• Favoriser les déplacements avec
• Groupes de parole
l’aide ou pas du kiné (lors des
• Rééducation des troubles de
levers, trajets vers le restaurant…)
la déglutition
• Surveillance de l’environnement
• Réminiscence
• Diminuer les stimuli auditifs
parasites
• Surveiller les chaussures ou
vêtements inadaptés
188
Comment la kinésithérapie peut-elle s’intégrer dans la prise en charge du patient dément ?
FEMME DE 87 ANS
Diagnostic
Maladie d’Alzheimer à un stade avancé associée à une composante anxio-dépressive
Chutes nombreuses au domicile
Contexte familial difficile, car mari instable (physique et psychique)
Profil à son arrivée
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48,5 kg
1,58 m
Fracture du poignet droit
Désorientation spatio-temporelle
Labilité émotionnelle
Jargonaphasie
Déambulation +++
Possibilités de communication
Brady-hypo-kinésie Régression psycho-
Hypertonie motrice +++
Balancement des bras absent
Base de sustentation réduite
Marche à pas raccourcis
Historique des problèmes rencontrés
2011
MMSE : 5/25 et 6/30
CHUTE : le 05/04/2011
• Causes possibles : troubles de l’équilibre, état émotionnel instable, troubles visuels et
régression psychomotrice
• Conséquences : hématome frontal et mise sous contention (fauteuil gériatrique et tablette)
d’une durée d’1 heure
• Pas d’effets néfastes dus à la contention
2012
MMSE : 2/30 et impossible
CHUTE : le 12/02/2012
• Causes : troubles de l’équilibre et état émotionnel instable, troubles visuels, distraction
et régression psychomotrice
• Conséquences : urgences, points de suture, mise sous contention (fauteuil gériatrique et
tablette) prolongée à la demande de la famille et suivant l’avis médical
• Alternance de contention/non-contention selon état
• DEG : asthénie, anorexie et amaigrissement
• Pertes des capacités fonctionnelles
• Déconditionnement à la marche
• Mobilisation à l’aide du palan lors des transferts
• Kinésithérapie devenue très difficile
• Rétropulsion lors de la verticalisation
• Bradypsychie, apathie
• Contention levée le 26/06/2012. Amélioration de l’état général et surveillance accrue
• Alternatives
2013
Les MMSE sont devenus impossibles, car la démence a évolué.
Plus de contention du tout car mise en place d’alternatives à la contention.
189
Prise en charge pluridisciplinaire
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patient en fin de vie, en collaboration étroite avec la famille, le per-
sonnel nursing et le staff (para)médical.
Proposition de kinesitherapie
Troubles Signes cliniques et proposition de tests
et échelles
190
Comment la kinésithérapie peut-elle s’intégrer dans la prise en charge du patient dément ?
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• Cyanose
• Raclements de gorge
persistants
• Hémoptysie
191
Prise en charge pluridisciplinaire
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végétale d’amande douce
• Changer la position du patient
toutes les 2 à 3 heures
• Utiliser les échelles de risques
(Braden et Norton)
• Chaussons de mousse
protecteurs de talons
• Coussin anti-escarres
• Matelas alternating
• Décubitus latéral oblique à 30°
• Investir les familles en ce qui
concerne les changements de
position
• Massages circulatoires des
membres inférieurs
• Mises au fauteuil si possible
Troubles • Apraxie
cognitifs • Troubles de la mémoire
• métastases • Troubles de la concentration
• médicaments • Troubles de l’attention
192
Comment la kinésithérapie peut-elle s’intégrer dans la prise en charge du patient dément ?
9 Conclusion
Face à la démence, de n’importe quelle origine, de stade débutant,
modéré ou sévère, nous serons tous amenés à un sentiment d’impuis-
sance. Exiger trop ou trop peu du patient s’avèrera être une mauvaise
solution, tandis que se mettre à sa place, comprendre le mécanisme de
son état, s’adapter à celui-ci, à son âge, à ses changements émotion-
nels et utiliser ses capacités résiduelles pourront améliorer davantage la
qualité de (fin) de vie. Au risque de se répéter, tout ceci sera possible
grâce à une prise en charge où le dialogue interdisciplinaire dominera.
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Celui-ci jouera un rôle dans la prise de décision thérapeutique et offrira
au patient la possibilité de vivre avec dignité. La prise de responsabi-
lité face à certaines situations sera nécessaire en vue de permettre au
patient de vivre avec sa maladie de la façon la plus digne.
L’exercice physique est démontré utile dans de nombreux cas, car
il a un impact bénéfique sur l’individu. Le mouvement apporte un
bien-être physique, mental et social en plus de son apport positif sur
l’aspect fonctionnel. C’est donc une thérapie utile à la qualité de vie
et qui diminue de moitié le risque de démence (Rovio, 2005).
Le travail d’équipe avec le nursing est également important. La
conservation des amplitudes articulaires chez le patient alité peut très
sensiblement faciliter le travail de l’équipe lors des transferts ou des
changes. Ne pas laisser un patient se recroqueviller sur lui-même lui
évitera des douleurs inutiles lors des soins. Le bon positionnement au
lit est un travail d’équipe afin d’éviter les attitudes vicieuses. Chacun
veillera donc à alterner les positionnements, une fois sur le côté gauche,
côté droit, etc., la mise en place de coussins pour éviter les escarres,
les rotations de hanches internes, les varus équin des chevilles. Le relè-
vement du dossier pour éviter les problèmes respiratoires…
193
Chapitre 14
Démence et dysphagie :
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une approche respectueuse
et adaptée
Didier Bleeckx
1 Introduction
Parler des troubles de l’alimentation du patient dément est un pari
bien audacieux pour toute personne qui connait, de près ou de loin, la
complexité et la diversité des pathologies regroupées sous ce terme à
connotation bien négative. D’autres auteurs de cet ouvrage, plus com-
pétents que moi, auront à cœur de définir ces différentes formes de la
maladie et leurs caractéristiques propres. Dès lors, je profiterai de ces
quelques pages pour m’attarder sur les déficits rencontrés et l’approche
que nous pouvons proposer dans ce domaine particulier.
Il ne faut surtout pas oublier que la personne démente est avant
tout un être humain, avec son vécu et sa personnalité dont il faut tenir
compte pour éviter les échecs retentissants. C’est bien là que débute
ma réflexion.
On ne peut parler d’une prise en charge type du patient dément,
mais il existe des approches multiples, adaptées et respectueuses des
patients présentant des déficits multiples et complexes. Les atteintes
peuvent être massives et soudaines ou apparaître progressivement avec
l’évolution selon la forme de la maladie.
Prise en charge pluridisciplinaire
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2 Quelques réflexions
Selon certains auteurs, comme Langmore (2007), la dysphagie,
au même titre que le mutisme par exemple, contribue à différencier
une forme aiguë de la maladie, évoquant ainsi une « dégénérescence
plus marquée des zones corticales ou des structures sous-corticales ».
D’où l’importance de repérer et de contrôler ces déficits. Selon ces
mêmes auteurs, certaines typologies, comme la démence fronto-tem-
porale, engendrent des déficits majeurs de la fonction de déglutition,
alors que la maladie d’Alzheimer induit des difficultés plus précoces
que d’autres formes (Dom, 1999).
Il est dès lors difficile de dresser une liste de troubles présents dans
tous les cas d’une même atteinte, mais il est préférable de s’intéresser
au patient en tant qu’individu avec ses caractéristiques propres à un
moment donné de son évolution. Le lien entre démence fronto-tem-
porale et sclérose latérale amyotrophique (SLA) est une autre piste de
recherche actuelle (www.alsliga.be). Or, on connaît l’importance de la
dysphagie dans la SLA et la nécessité d’un dépistage précoce. Retenons
simplement que le diagnostic ne doit pas être pris à la légère et que
de nombreux éléments peuvent interférer avec la première impression,
qui nous est donnée par la simple observation du patient ou certains
paramètres comme la perte de poids (Jerrard-Dunne, 2001).
2.1 L’hospitalisation
Celle-ci constitue déjà tout un problème en soi. La perte des habi-
tudes liées au milieu relativement sécurisant que constituent le domicile
ou la maison de repos complique et amplifie la dégradation de départ.
La première question à se poser face à ces patients est la même
que pour les nombreuses pathologies limitant l’autonomie : quel est
l’état de nutrition ou de dénutrition lors de notre première rencontre
avec le patient ? Un questionnement des proches, ou du malade lui-
même s’il peut participer, voire le recours à une grille d’analyse simple
196
Démence et dysphagie : une approche respectueuse et adaptée
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départ, mais surtout de surveiller son évolution dans le temps, qui
semble déterminante sur les possibilités de survie du patient dément.
Ces grilles ont le mérite de pouvoir être intégrées dans le ques-
tionnaire d’une équipe de nursing, même si chacun sait que celle-ci
dispose le plus souvent de peu de temps pour les formalités d’accueil.
Ensuite, les résultats doivent surtout être interprétés et suivis d’actions
concrètes pour remédier aux problèmes. La mise en route d’une véri-
table prise en charge de l’alimentation débute rapidement, sous peine
de dégradation irréversible de ces personnes particulièrement fragiles.
Des cellules « nutrition », véritables lieux de réflexion sur la problématique
de la dénutrition du patient, tendent à voir le jour dans toutes les struc-
tures hospitalières. Elles sont un endroit d’échange des compétences de
professionnels intéressés par la nutrition : gastro-entérologues, gériatres,
ainsi que d’autres spécialités médicales ou paramédicales (infirmières,
diététiciennes, ergothérapeutes, kinésithérapeutes, logopèdes…).
Dès l’entrée du patient, la diététicienne assure au quotidien la qualité
et la quantité des apports en fonction des symptômes objectivés et des
besoins de l’individu. Parmi ces symptômes, les plus fréquents dans
la démence sont : les escarres, les infections, la fonte musculaire, la
déshydratation, les infections urinaires.
2.2 En consultation
Beaucoup de patients vivent au domicile, principalement dans le
cas des formes dégénératives de la démence. D’autres, déjà plus défi-
citaires sur le plan de l’autonomie, sont placés en maison de repos
(MR) ou en maison de repos et de soins (MRS) (O’Loughlin, 1998). Le
malade peut dans les deux cas être adressé en consultation spécialisée
en milieu hospitalier pour évaluation de ses compétences alimentaires.
Il est souvent accompagné de ses proches ou de membres du person-
nel de la MR, voire parfois simplement conduit par des ambulanciers.
L’une de nos premières questions concerne ses habitudes alimentaires
197
Prise en charge pluridisciplinaire
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alors un bilan complet des trois phases de l’alimentation ainsi qu’une éva-
luation en situation de fonction (Bleeckx, 2001 ; Cot, 1997 ; O’Loughlin,
1998 ; Vanderheyden, 2004 ; www.alsliga.be). Si on ne peut bénéficier de
la participation du malade, une analyse plus limitée tente de découvrir les
problèmes engendrés par la pathologie sur cette fonction vitale, et ce de
façon indirecte (Miyazaki, 2002). Dans les cas les plus délicats, le recours
rapide à des examens complémentaires est la seule solution possible.
Il faut se rappeler que la fonction de déglutition dépend d’une com-
mande neurologique complexe reprenant plusieurs circuits. De manière
très simpliste, on peut définir :
2.3 La démence
Elle se caractérise par des troubles multiples, souvent aggravés par l’âge
(Greuillet, 2005 ; Hiss, 2001 ; O’Loughlin, 1998 ; Portet-Tarodo, 1999 ;
Schindler, 2002 ; Sturm, 2006) et l’évolution dans la maladie. On ne peut
pas dresser un tableau du patient dément atteint de dysphagie, mais on
198
Démence et dysphagie : une approche respectueuse et adaptée
peut observer des déficits propres à chaque patient. Le bilan doit donc
passer en revue tous les éléments indispensables pour une fonction cor-
recte. Le type de démence, vasculaire ou dégénérative, voire mixte,
conditionne le tableau clinique. La localisation des lésions renseigne sur
la phase perturbée. Quel que soit le diagnostic, chaque patient est un
cas individuel qui présente des caractéristiques propres. La compréhen-
sion de cette notion fondamentale conditionne la qualité de l’évaluation.
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3 L’évaluation clinique
199
Prise en charge pluridisciplinaire
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tivement cette première phase en perturbant la consistance du bol
alimentaire.
200
Démence et dysphagie : une approche respectueuse et adaptée
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déficit de la fonction respiratoire. Il faudra en tenir compte lors de la
prise en charge au moment du repas, en associant une gestion des
quantités proposées à chaque bouchée.
En dehors de ces observations, il faut noter l’appétit, l’intérêt pour
la nourriture, la présence de signes de fausses routes tels que la toux
ou l’encombrement, la durée du repas… Les modifications du goût et
de l’olfaction que l’on retrouve chez la personne âgée contribuent au
désintérêt pour certains types d’aliments (Murphy, 1992).
Des aliments et des boissons de densité différentes sont testés
pour définir les textures qui conviennent le mieux au patient et à ses
compétences.
Bien souvent, principalement dans les cas avancés, la collaboration
du malade est très limitée et requiert des examens complémentaires
pour préciser les capacités ou les troubles de la fonction. Les pertur-
bations de l’état d’éveil et la qualité variable des fonctions supérieures
compliquent la compréhension du niveau de dysphagie. L’examen
endoscopique, la laryngoscopie ou la radiographie dynamique de la
déglutition sont des examens pertinents pour affiner un bilan clinique dif-
ficile ou incomplet. Un élément supplémentaire qui rend ces pathologies
complexes pour un suivi optimal de la part de l’ensemble de l’équipe
paramédicale est l’aspect fluctuant des déficits, avec des moments où
la fonction est tout a fait correcte et autorise une alimentation normale,
et d’autres au cours desquels toute prise orale devient impossible.
201
Prise en charge pluridisciplinaire
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suivants.
202
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4.2 Pendant le repas
• Un cadre agréable, un calme relatif et un milieu sécurisant
conduisent à une fonction correcte.
• Les textures sont adaptées aux possibilités actuelles du patient. Si
nécessaire, les boissons sont épaissies pour ralentir leur passage ;
la température (chaud ou froid, mais pas à température orale)
facilite les sensations intra-buccales ; le goût améliore l’informa-
tion sensorielle et des boissons gazeuses complètent la richesse
des sensations offertes. Les solides sont choisis dans une gamme
qui s’étend d’une alimentation quasi normale, conditionnée par
une mastication correcte, à une texture semi-liquide. Dans tous
les cas, une alimentation « glissante et compacte » est préférable
à des aliments durs et/ou fibreux qui requièrent une bonne phase
de préparation du bol alimentaire.
• Une surveillance permanente du patient dément et des quan-
tités mises en bouche et ingérées est indispensable pour une
intervention précoce et adéquate en cas de dérapage.
• La fonction respiratoire est observée et les signes de fausse route
ou de difficulté à ce niveau nous amènent à interrompre la nutri-
tion orale (Hiss, 2001).
• Un complément sous forme de boissons enrichies, d’une sonde
naso-gastrique ou de gastrostomie assure les besoins essentiels
et le confort de vie si les prises orales sont insuffisantes ou
impossibles. L’aspect éthique prédomine dans la décision de
placer une nutrition entérale. Dans certaines formes de démence,
il est démontré le peu d’intérêt de ces techniques sur le devenir
du patient. Chez d’autres, la durée de vie semble prolongée,
mais la question est naturellement d’analyser la qualité de vie
(quality adjust life years = QUALY) apportée à ces malades et
à leur famille (Bouteloup, 2006 ; Mc Horney, 2000).
203
Prise en charge pluridisciplinaire
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les accidents de déclive ou les compressions abdominales.
5 La rééducation
L’approche rééducative du patient dément n’est pas aisée, et même
parfois totalement impossible. Le but est ici d’essayer de limiter l’im-
pact de la maladie et de ses conséquences sur la fonction alimentaire.
Les objectifs précis dépendent du bilan clinique initial et de l’état du
patient au jour le jour. Nous avons déjà évoqué la difficulté pour les
rééducateurs, mais aussi pour le personnel infirmier, d’un état variable
des fonctions cognitives et de la vigilance.
Le kinésithérapeute s’attache point par point à essayer de maintenir
les capacités résiduelles du patient le plus longtemps possible (Bleeckx,
2001 ; Cot, 1997 ; Ozsancak, 2005 ; Pouderoux, 1999 ; Sturm, 2006 ;
Vanderheyden, 2004 ; Woisard, 2003) :
204
Démence et dysphagie : une approche respectueuse et adaptée
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mettre une alimentation orale, même partielle, aussi longtemps que le
patient semble y trouver un certain plaisir. Une nutrition entérale com-
plète éventuellement les apports oraux.
205
Prise en charge pluridisciplinaire
7 Conclusion
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L’approche du patient dément dysphagique reste très délicate dans
ses concepts et ses méthodes. S’il est vrai que la quantité des prises
alimentaires conditionne l’état général du malade et son bien-être, le
plaisir de manger ou de boire doit également être intact pour que nos
actions soient justifiées. Une étude de Mc Horney (2000) présente un
outil d’évaluation de la qualité de vie et de la qualité des soins basée
sur quatre éléments principaux : le statut clinique décliné en terme
de mortalité et de morbidité, le coût des soins et l’utilisation qui en
est faite (efficience), la qualité de vie (en ce compris la fonction ali-
mentaire et le bien-être) et enfin la satisfaction du patient. Le suivi du
patient dément doit réellement être pensé en fonction de ces quatre
éléments. La réflexion de l’équipe médicale et paramédicale, ainsi que
les échanges avec la famille, conditionnent la mise en place de cer-
taines mesures comme l’adaptation des textures ou le placement d’une
sonde de nutrition entérale (gastrostomie ou jéjunostomie en fonction
des indications). Ce sont des éléments qui ne peuvent être pris à la
légère, et pour lesquels la réflexion doit inclure les paramètres cités
au même titre que les considérations éthiques.
Quoi qu’il en soit, on ne peut admettre de laisser le patient s’alimen-
ter, avec des risques de développer des pneumonies d’inhalation ou de
s’étouffer. La prise en charge rigoureuse, mais adaptée, dépend donc
d’un ensemble de facteurs qui doivent être appréciés dans le respect
des symptômes et des déficits de chaque malade. Malheureusement,
le dernier point de cette échelle d’évaluation, la satisfaction du patient,
ne peut se baser sur l’avis objectif du malade lui-même, du moins dans
la majorité des cas de démence. Le bons sens et l’humanisme sont
les qualités de toute intervention sur cette fonction. Le suivi n’est pas
figé, mais relève d’une adaptation permanente tout au long de l’évo-
lution de la pathologie.
206
Chapitre 15
La dysarthrie
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chez le patient dément
Myriam Babic
1 Définition de la dysarthrie
La dysarthrie est un trouble de la réalisation motrice de la parole,
séquellaire à des lésions du système nerveux central, périphérique ou
mixte (Darley et al., 1975).
La production de la parole nécessite :
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gris centraux.
• La dysarthrie hyperkinétique également due à l’atteinte des
noyaux gris centraux. Elle peut se traduire par des mouvements
involontaires rapides, non stéréotypés comme dans la maladie
de Huntington, ou au contraire, par des mouvements lents se
figeant au niveau oro-mandibulaire ou laryngé, entre autres.
• La dysarthrie mixte qui associe les composantes spastique et
flasque, comme dans la sclérose latérale amyotrophique.
208
La dysarthrie chez le patient dément
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rapeute ; en retour, il proposera l’amorce du nom du patient s’il a des
difficultés à s’en souvenir ou à l’initier.
On observera, à l’aide d’une batterie de langage, les productions
orales en langage spontané et en langage conditionné.
L’examen portera sur les aspects nécessaires à la production des
sons, des mots ou des phrases décrits ci-dessus. Les paramètres défail-
lants seront ciblés lors de la rééducation.
Il faut enfin souligner le fait que la population gériatrique dysar-
thrique et démente est, par définition, polypathologique. D’autres
maladies (diabète, hypertension artérielle, perte de l’acuité d’un ou
plusieurs sens, insuffisance cardiaque, maladie de Parkinson, etc.) com-
pliquent régulièrement la symptomatologie.
Voici, au travers des situations rencontrées dans la population géria-
trique, les points essentiels qui interpellent :
209
Prise en charge pluridisciplinaire
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La phonation : elle démarre avec l’attaque vocalique. La toux, quand
elle est possible, donne une bonne idée de la motricité des cordes
vocales. Ce mouvement brutal doit s’harmoniser lors de la phonation,
et il n’est pas rare d’observer un chuchotement, une voix spasmodique,
soufflée, rauque. Les dysphonies les plus fréquentes sont liées à l’hypo-
adduction et l’hyperadduction des cordes vocales.
Cette étape est particulièrement délicate, car le patient doit être
sensible à une proprioception fine et une synchronisation pneumo-pho-
natoire. Les manipulations laryngées, l’apnée, le soupir sonore, la tenue
vocalique sont propres à cette phase, quand c’est possible. S’ils abou-
tissent parfois à un juron, une onomatopée exprimant le ras-le-bol, le
but est atteint. Il va sans dire que les renforcements positifs gestuels,
vocaux, sont destinés à bon escient au patient.
210
La dysarthrie chez le patient dément
langue, sourire, claquer la langue, ronfler, gonfler les joues, etc.) doivent
permettre une production sonore. Pour certains patients, la répétition de
sons unisyllabiques précis, ciblant un phonème précis, est probante ; pour
d’autres, la répétition de mots usuels a plus de sens. Le téléphone utilisé
pour quelques mots ou la dictée orale de deux chiffres compris dans la
première dizaine est un moment de satisfaction. L’idée est d’augmenter
rapidement la production verbale par la majoration des capacités fines
des organes entrant en compétition dans l’expression orale.
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plusieurs des points décrits ci-dessus, il montre de grosses difficultés
à colorer son expression par les éléments suprasegmentaux, à savoir :
le rythme, l’accentuation, la hauteur. Il en est d’autres qui s’expriment
uniquement par la prosodie dans les registres à fort contenu émotion-
nel, comme la douleur, la plainte, l’agressivité ou encore, la satisfaction.
Pour y parvenir, ce sont surtout les variations de rythme, d’intensité,
de hauteur, sur des sons puis des mots qui seront retenus.
211
Chapitre 16
Intérêt de l’ergothérapie
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pour le dément
Charlotte Claux et Julie Metz
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(8) Accompagner le patient et sa famille durant la maladie.
214
Intérêt de l’ergothérapie pour le dément
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Nous classons les patients atteints de démence en 3 stades :
215
Prise en charge pluridisciplinaire
Démences légères
Démences profondes
Stades et modérées
et/ou
Activités et/ou
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Vie institutionnelle
Retour au domicile
• Évaluer le niveau
de dépendance et
proposer des aides
techniques ou des
aménagements du
domicile.
• Maintenir un maximum
d’indépendance et
d’autonomie en vue
d’un retour au domicile.
216
Intérêt de l’ergothérapie pour le dément
Démences légères
Démences profondes
Stades et modérées
et/ou
Activités et/ou
Vie institutionnelle
Retour au domicile
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personne.
• Maintenir l’aptitude
à se mobiliser dans
son environnement et
proposer des aides
techniques.
• Enseigner des gestes
ergonomiques et
facilitateurs.
217
Prise en charge pluridisciplinaire
Démences légères
Démences profondes
Stades et modérées
et/ou
Activités et/ou
Vie institutionnelle
Retour au domicile
III. Détente : En ce qui concerne les activités détentes, les objectifs
Séance vidéo, dvd de notre prise en charge seront identiques pour tous les
Promenades stades de la maladie.
Soins esthétiques • Diminuer les symptômes tels qu’anxiété, agressivité
Goûter et dépression.
Relaxation • Orienter l’attention du patient sur son ressenti.
Musique… • Valoriser l’image et l’estime de soi.
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• Favoriser le bien-être corporel.
• Dédramatiser les oublis mnésiques et augmenter
la confiance en soi.
• Susciter la communication verbale et non verbale
du patient.
218
Intérêt de l’ergothérapie pour le dément
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appropriées que d’autres :
219
Chapitre 17
Alimentation et prise
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en charge nutritionnelle
des patients souffrant
de démence
Hélène Lejeune
1 Introduction
Il est à présent clairement démontré que qualité de vie et statut nutri-
tionnel sont étroitement corrélés.
Plus nettement encore que chez la personne avançant en âge,
la perte de poids et la dénutrition protéino-énergétique guettent nos
patients déments. Il semble même que la dénutrition précipite le déclin
des personnes atteintes de démence vers des stades plus avancés
de la maladie. La dénutrition entraîne une altération de l’état général
caractérisée par une anorexie, une asthénie, un amaigrissement et une
aggravation de l’apathie.
La marche est rendue plus difficile du fait de la fonte musculaire
et la perte de masse osseuse, liée notamment à un déficit associé en
calcium et vitamine D, accroît le risque de chute. La dénutrition est
en outre associée à une diminution des défenses immunitaires et des
capacités de cicatrisation, ce qui favorise la survenue d’escarres de
Prise en charge pluridisciplinaire
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Dans les stades très avancés de la démence, ainsi que le préco-
nise la HAS (Haute Autorité de la Santé), lorsque la personne refuse
toute prise alimentaire ou présente de manière répétée des troubles de
déglutition, il faut parfois prendre, en concertation pluridisciplinaire, la
difficile décision de ne plus nourrir plutôt que de maltraiter. En effet,
nourrir à tout prix, par le biais d’une alimentation artificielle, pourrait
être ressenti comme une forme de harcèlement, et serait perçu par le
patient et les soignants comme une entrave et une contrainte totale-
ment insupportables (SFNEP, 2008).
2 La dénutrition
La dénutrition résulte d’un déficit d’apports alimentaires par rapport
aux besoins énergétiques.
Elle est diagnostiquée en présence d’une perte de poids supérieure
à 10 % en moins de six mois et d’une diminution de la masse corpo-
relle totale, en particulier aux dépens de la masse musculaire, avec
retentissement sur l’autonomie fonctionnelle (diminution des déplace-
ments, chutes) ou survenue de conséquences pathologiques (maladies
infectieuses) (Ferry, 2012).
Les facteurs de risque de dénutrition sont nombreux (http://www.
mangerbouger.fr/pro/social/agir-35/agir-aupres-des-personnes-agees/
reperer-la-denutrition).
222
Alimentation et prise en charge nutritionnelle des patients souffrant de démence
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• la constipation, très fréquente chez les patients parkinsoniens ;
• une polymédication (plus de trois médicaments par jour), engen-
drant entre autres un mauvais goût en bouche, une sècheresse
buccale et, pour la plupart des médicaments prescrits aux
patients atteints de maladie d’Alzheimer, de l’anorexie ;
• toutes les maladies, et surtout la récurrence de celles-ci et/ou des
hospitalisations, étroitement liées à la fragilisation de la personne.
Surpoids 25 à 30 > 28/29
Vigilance < 23
223
Prise en charge pluridisciplinaire
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3.1.1 Mesures anthropométriques
224
Alimentation et prise en charge nutritionnelle des patients souffrant de démence
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perte de poids significative (> à 5 % en 3 mois et > 10 % en 6 mois),
ou sur prescription médicale. Cette tâche peut être confiée à différents
acteurs de terrain (diététicien, soignant, personnel paramédical, ou plus
rarement médecin), pourvu qu’ils aient été formés à son utilisation.
Le questionnaire est divisé en deux parties. Le MNA « short form »
constitue le dépistage en soi et comprend six questions. Au terme de
ces six questions, on obtient un score sur 14 points. Si le score est
supérieur à 12, l’évaluation ne doit pas être poursuivie. Si, par contre,
le score est inférieur à 11, l’évaluation globale doit être complétée. Si
le score est inférieur à 7, la personne est dénutrie.
Les douze questions suivantes constituent le MNA « long form », ou
évaluation globale, et permettent, par leur pertinence, d’affiner l’éva-
luation nutritionnelle. Si le score final (intégrant le score obtenu au
dépistage) est supérieur à 24, la personne présente un bon statut nutri-
tionnel. Si le score est compris entre 17 et 23,5, la personne présente
un risque de dénutrition. Si le score est inférieur à 17, la personne pré-
sente une dénutrition avérée.
225
Prise en charge pluridisciplinaire
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3.1.5 Surveillance clinique de l’état d’hydratation1
• fatigue ;
• apathie ;
• sécheresse de bouche, langue « rôtie » ;
• soif ;
• urines très colorées et odorantes ;
• troubles du comportement, voire de la conscience (confusion).
1. www.mobiqual.org/outils/nutrition
2. Rio, 2011.
226
Alimentation et prise en charge nutritionnelle des patients souffrant de démence
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est bas, plus le patient est dépendant et nécessite une aide
au repas ;
(2) l’échelle de Blandford évalue les troubles du comportement
alimentaire chez les patients présentant une démence souvent
plus évoluée, et les classe en fonction de l’évolution de la
pathologie.
227
Prise en charge pluridisciplinaire
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4.3 Besoins en énergie et en protéines
Les besoins en énergie et en protéines chez la personne âgée sont
équivalents, voire supérieurs à ceux de l’adulte plus jeune. Ainsi, en
dehors de toute situation hypercatabolique, l’alimentation devra appor-
ter 35 kcal et 1,2 g de protéines par kilo de poids et par jour.
En situation de catabolisme, le besoin en protéines peut s’élever
à 1,5 à 2 g.
Toute restriction calorique chez le sujet avançant en âge consti-
tue un danger.
Les protéines sont indispensables, entre autres fonctions, à la
construction et à la réparation des structures cellulaires, ainsi qu’au
renforcement des défenses de l’organisme. Les protéines ne sont correc-
tement utilisées que si elles sont accompagnées d’un apport énergétique
suffisant, essentiellement sous forme d’hydrates de carbone : le rapport
glucides/protides ingérés (en grammes) doit être > 2,5, idéalement
proche de 3.
Les aliments riches en protéines de haute valeur biologique – à
savoir qu’ils contiennent les acides aminés essentiels – sont les viandes,
les volailles, les poissons, les œufs, le lait et les dérivés du lait.
Viandes, poissons, œufs, apportent en outre des lipides, du fer, des
vitamines A et B.
Les viandes hachées, plus faciles à mastiquer, présentent le désa-
vantage d’être riches en graisses saturées.
Les poissons gras (saumon, thon, sardines, maquereau, hareng)
sont également une source de vitamine D et d’acides gras essentiels
du groupe oméga-3 (n-3).
Le lait et ses dérivés (laitages, yaourt, fromages) constituent une
source importante de calcium. Chez la personne âgée, l’apport recom-
mandé en calcium est de 1200 mg par jour. Pour y parvenir, il est
recommandé, en France, de consommer 3 à 4 produits laitiers par
228
Alimentation et prise en charge nutritionnelle des patients souffrant de démence
jour. Enfin, consommés entiers (et pas écrémés) les produits laitiers
apportent en outre des lipides et de la vitamine D.
Le dégoût fréquent pour les produits carnés ou la difficulté à les
consommer (problèmes masticatoires ou de déglutition) peuvent être
contournés par l’ajout, dans les préparations, d’œufs, de fromage ou
encore de lait en poudre ou de lait concentré (flans salés ou sucrés,
légumes en gratin, potage et purée enrichis).
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4.4 Glucides
Les glucides sont des combustibles. Ils jouent un rôle très important
pendant la période de croissance et sont essentiels au bon fonction-
nement du cerveau et des muscles.
Ils doivent représenter 50 à 55 % de l’apport énergétique total (AET).
Bien que la personne avançant en âge soit généralement plus attirée
par la saveur sucrée, il faut encourager la consommation de glucides
complexes pour limiter l’hyperglycémie en rapport avec la propension
qu’a le sujet âgé à la dysrégulation de la glycémie.
80 à 90 % de l’apport en glucides doit être couvert par des sucres
complexes. On les trouve dans le pain, les aliments céréaliers, les
pâtes, le riz, les légumes secs et les pommes de terre.
L’idéal est de varier les sources de féculents et de préférer autant
que possible les féculents complets (pain gris, multi-céréales, complet),
plus riches en fibres, en vitamines (du groupe B) et en minéraux (fer
notamment).
Les fruits et les légumes sont un bon apport de sucres rapides. Ils
apportent en outre de l’eau, des fibres, des vitamines et des minéraux.
Il est recommandé d’en consommer à chaque repas, sous différentes
formes, pour atteindre 5 rations (2 rations de fruits et 3 rations de
légumes) par jour.
Les produits sucrés (friandises, garnitures sucrées, chocolat, pâtisse-
ries, desserts) ne sont pas indispensables à notre équilibre alimentaire,
mais chez les personnes âgées, ils n’ont pas de raison d’être suppri-
més, car ils sont une source de plaisir. Mieux vaut toutefois les intégrer
au repas plutôt que de les prendre de manière isolée.
4.5 Lipides
Les lipides ou graisses, source d’énergie, doivent représenter maximum
35 à 38 % de l’apport énergétique total.
229
Prise en charge pluridisciplinaire
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les produits frits et panés, les plats cuisinés, etc. Certaines huiles végé-
tales en contiennent également, notamment l’huile de palme ou de coco.
Les corps gras apportent en quantité variable des acides gras essen-
tiels (oméga-3 et oméga-6), indispensables au sujet âgé. Le rapport
idéal oméga-6/oméga-3 a été fixé par le Conseil supérieur de la santé
à 5,0 (Conseil supérieur de la santé, 2009).
D’un point de vue qualitatif, il faut idéalement favoriser la consom-
mation des acides gras riches en n-3 et réduire les acides gras saturés
(maximum 10 % de l’AET) et les acides gras riches en n-6 qui contri-
buent au risque cardiovasculaire. Des études récentes révèlent cependant
que l’origine des graisses saturées doit être prise en considération dans
une démarche préventive à l’encontre des maladies cardiovasculaires
(Waresjö, 2010).
Les acides gras trans sont des acides gras insaturés qui ne pos-
sèdent pas les avantages des acides gras insaturés cis. Ils sont présents
dans de nombreuses préparations industrielles (plats préparés cuits,
230
Alimentation et prise en charge nutritionnelle des patients souffrant de démence
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leurs en général l’anorexie et l’inappétence.
4.7 Hydratation
L’eau corporelle totale diminue avec le vieillissement. On observe une dimi-
nution de 0,3 litre/année de l’âge adulte jusqu’à 70 ans environ. Au-delà
de cet âge, la diminution serait plus marquée. Elle est liée à une diminu-
tion de masse maigre, avec laquelle elle est strictement corrélée. Chez la
personne âgée, la perception de la soif est ralentie, le pouvoir de concen-
tration des urines par réabsorption de l’eau « libre » par le rein diminue.
Il s’agit là d’une conséquence du vieillissement, et non pas de maladies.
Le risque de déshydratation est donc plus important chez le sujet
âgé, et le besoin minimum en eau augmente.
231
Prise en charge pluridisciplinaire
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• soit d’une augmentation des pertes en eau, notamment dans les
cas suivants : maladies fébriles, température ambiante élevée,
prise de diurétiques, de laxatifs, diarrhées, diabète décompensé,
fécalome et occlusion intestinale ;
• soit d’un accès rendu difficile à l’hydratation, et notamment en
cas d’anorexie, d’hypodipsie, de troubles de la déglutition, d’in-
continence, de coma ou états confusionnels, d’état grabataire, de
tremblement, de troubles cognitifs ou d’inattention de l’entourage.
232
Alimentation et prise en charge nutritionnelle des patients souffrant de démence
à boire sans soif par petites quantités et l’on tentera par la mise en
place de divers outils à mesurer la quantité consommée.
On sera par contre attentif à la quantité de sucre – d’autant plus
si la personne souffre de diabète – contenue dans les sodas, les bois-
sons réalisées à base de sirop, ou les boissons chaudes comme le thé,
le café, le lait chaud ou le cacao, parfois très sucrées.
On évitera autant que possible les boissons riches en acide phospho-
rique (sodas pétillants) pour ne pas aggraver les carences en calcium.
Le lait, les laitages, les potages, les jus de fruits, boissons nutri-
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tives, pourront servir de base à des enrichissements en cas d’apports
alimentaires insuffisants.
La tolérance à l’alcool diminuant avec l’âge, on sera vigilant face
à une consommation parfois abusive de boissons alcoolisées chez les
personnes âgées ; l’alcool, entraînant une somnolence, et par voie de
conséquence une diminution de la vigilance et un risque augmenté de
chutes, aggrave également le risque de déshydratation.
En cas de troubles de déglutition aux liquides, on prendra les
mesures préconisées plus loin dans ce chapitre.
4.8 Vitamines3
Les sujets âgés présentent de multiples facteurs de risque de défi-
ciences vitaminiques. Celles-ci sont essentiellement dues à des apports
alimentaires faibles, une destruction des vitamines par des techniques
de cuisson ou de conservation des aliments inappropriées, des besoins
augmentés pour des raisons physiologiques ou pathologiques, des per-
turbations de l’absorption et du métabolisme des vitamines, ou encore
des facteurs psychosociaux.
Les principales carences vitaminiques observées concernent les
vitamines du groupe B (B1, B2, B6, folates), C et D.
Celles-ci peuvent, de manière assez banale, entraîner une anorexie
ou une asthénie non expliquées.
Certains déficits en vitamines B (B1, B3, B6, B9 et B12) peuvent
très rapidement avoir pour conséquences des troubles psychocogni-
tifs, mnésiques ou des syndromes dépressifs pouvant déboucher sur
de véritables états démentiels en cas de déficit sévère.
Une déficience immunitaire peut être constatée en cas de carence
en vitamines B6, B9, C, D, E.
3. Ferry, 2012.
233
Prise en charge pluridisciplinaire
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Une supplémentation en vitamine D et en calcium chez les patients
de plus de 80 ans et/ou institutionnalisés (vitamine D : 1 000 UI/jour
pour les patients chuteurs, 700 UI/jour pour les autres ; calcium : 500
à 1200 mg/jour) est très régulièrement prescrite. Elle entraine une
réduction des chutes et des fractures (notamment du col du fémur)
chez les personnes souffrant d’ostéoporose. Les sites d’action mus-
culaires et neurologiques influencent l’équilibre postural, la vitesse de
la marche et le mécanisme de la chute. La vitamine D est également
active au niveau des fonctions cognitives.
Réduire la teneur en graisses et en cholestérol de l’alimentation des
personnes âgées est donc plutôt délétère.
234
Alimentation et prise en charge nutritionnelle des patients souffrant de démence
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disponibilité de 50 % par rapport
à celle de l’acide folique)
235
Prise en charge pluridisciplinaire
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ou d’une modification de la biodisponibilité due aux interactions médi-
camenteuses ou alimentaires. D’après plusieurs études, le zinc joue
un rôle bénéfique dans les fonctions immunitaires, dans la cicatrisa-
tion (escarres) et en cas de perte de goût. Il intervient également au
niveau des fonctions cognitives et de l’état général.
Le déficit en sélénium, associé à une augmentation du risque de
pathologies oxydatives, est très fréquent en institution. Le sélénium est
un antioxydant majeur qui entre dans la composition de nombreuses
enzymes. Il est aussi indispensable au métabolisme des hormones thy-
roïdiennes. Son rôle est connu dans la protection contre les effets du
vieillissement, dans le traitement de certaines maladies cardiovascu-
laires et de certaines maladies inflammatoires (polyarthrite rhumatoïde,
cancer).
La concentration en chrome est diminuée dans tous les organes du
sujet âgé. Le chrome se comporte comme un cofacteur de l’insuline et
aurait pour effet d’accroître la fixation de l’insuline sur ses récepteurs
périphériques. Un apport supplémentaire aurait montré ses effets dans
certains diabètes de type 2 graves du sujet âgé.
Ca P Mg Fe Zn Cu Se Cr
Catégories I µg/j
mg/j mg/j mg/j mg/j mg/j mg/j mg/j µg/j
Hommes
900 800 420 9,1 11 1,7 70 200 35
adultes
Femmes
900 800 360 19,6 8 1,2 60 200 25
adultes
236
Alimentation et prise en charge nutritionnelle des patients souffrant de démence
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5.1 Prise en charge de la dénutrition5
Afin de contrer la dénutrition, il est conseillé d’enrichir les aliments.
Ceci permet, sous un faible volume, d’augmenter la densité nutrition-
nelle de l’aliment. Le régime hypercalorique et hyperprotéiné est plus
communément appelé « régime enrichi ».
L’alimentation sera enrichie en protéines et en graisses par le biais
d’aliments communs, toujours présents en cuisine, tels que les œufs,
le lait, le lait en poudre, le lait concentré (éventuellement sucré), le
fromage (fondu, frais, râpé), la viande moulinée, les lardons, le beurre,
la crème, l’huile. Pour augmenter l’apport glucidique, on ajoutera aux
préparations des flocons de pomme de terre, des céréales instanta-
nées, de la confiture, du caramel, du miel, du chocolat, des biscuits
(petit beurre, spéculoos, sablés).
On pourra également utiliser de manière raisonnée les poudres de
protéine, des dextrines-maltoses, ou des poudres combinant l’enrichis-
sement protidique et calorique que nous proposent certaines firmes
commercialisant les suppléments nutritifs oraux.
En cas d’apports inférieurs à 50 % de la ration, on pourra, en
outre, proposer un supplément nutritif oral sous forme de berlingot à
boire ou de crème. Il est actuellement recommandé, pour remédier à
la dénutrition, de proposer un seul supplément nutritif oral par jour,
hyperénergétique et hyperprotéiné, apportant 400 calories et 20 g de
protéines pour 200 ml. On le choisira fluide, léger, digeste. Le parfum
sera adapté aux goûts de la personne. Il sera servi frais de préférence
(sauf pour les goûts café, chocolat, caramel, qui peuvent être réchauf-
fés). Ce supplément doit être présenté comme faisant partie intégrante
du traitement, et proposé durant un temps limité (idéalement 4 à 6
semaines maximum). Ouvert, il sera conservé au frigo 24 heures au
plus pour éviter tout développement bactérien.
5. Rio, 2011.
237
Prise en charge pluridisciplinaire
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ment, car le mixage engendre souvent une modification de goût au niveau
du plat. Plutôt que de mélanger tous les éléments dans un bol (texture
appelée « mixé bol »), on préfère la formule « mixé séparé », à savoir que
chaque élément est présenté séparément dans l’assiette, sans oublier la
sauce en quantité suffisante. L’idéal est d’ailleurs de fournir un supplé-
ment de sauce dans un ravier à part, à utiliser en fonction des difficultés
rencontrées par le patient à déglutir la viande.
Pour réaliser les textures modifiées, on privilégiera les aliments lisses,
sans grumeaux. On évitera les aliments qui se délitent en bouche en 2
phases, ceux qui, friables, s’émiettent en bouche (biscottes, aliments panés),
ceux qui collent au palais (peluches de cerfeuil, pâte feuilletée, peau des
tomates, madeleine) ou encore les aliments à petites particules (riz), ou
filandreux (poireaux). On évitera enfin les petits fruits à noyau (olive, cerise).
Afin d’obtenir une texture parfaitement lisse, il est utile de travailler
la granulométrie (finesse du grain) et la palatabilité du produit avec le
logopède.
On sera particulièrement attentif à la valeur nutritionnelle des plats.
En effet, il est difficile, par le biais de plats moulinés, d’apporter les calo-
ries et les protéines en suffisance. On utilisera donc fréquemment, dans
le cas où les prises alimentaires sont trop faibles, les enrichissements
naturels des plats ou les produits modulaires (voir ci-dessus) pour en
augmenter la densité nutritionnelle sans en augmenter le volume.
Il n’est pas rare non plus d’intégrer dans la préparation un liant (gélatine,
agar-agar ou autre produit liant commercialisé par l’industrie agro-ali-
mentaire) afin d’éviter que la préparation ne « relâche » dans l’assiette,
notamment en liaison froide au moment de la remise en température.
La créativité est de mise, afin de rendre appétissante cette assiette,
autant qu’on le ferait avec le menu du jour en texture normale. Différentes
formes, quenelles, emporte-pièces, pinces à glace permettent de dresser les
divers éléments de manière hôtelière dans l’assiette et d’éviter la lassitude
de la personne à laquelle le plat est destiné et des soignants amenés à le
6. Rio, 2011.
238
Alimentation et prise en charge nutritionnelle des patients souffrant de démence
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un verre à encoche nasale et on adaptera au besoin le type de cuiller.
En cas de troubles psychomoteurs, des couverts adaptés aux pro-
blèmes de préhension et différents ustensiles stabilisant la vaisselle ou
des sets de tables antidérapants peuvent être proposés.
Du fait de troubles de la déglutition, il sera parfois difficile d’hydrater
correctement la personne. Les boissons pétillantes, ainsi que les bois-
sons servies chaudes ou froides (à une température différente de celle
de l’intérieur de la bouche), augmentent les sensations au niveau buccal
et facilitent par voie de conséquence le réflexe de déglutition. Les bois-
sons (chaudes ou froides) pourront être épaissies à l’aide de poudres
épaississantes (vendues en pharmacie). Des eaux gélifiées et aromati-
sées prêtes à l’emploi sont également commercialisées en pharmacie.
Elles ont l’avantage de présenter une composition constante. Elles sont
cependant commercialisées sous un faible volume (souvent 125 ml),
ce qui ne permet pas toujours d’hydrater suffisamment la personne.
7. Rio, 2011.
239
Prise en charge pluridisciplinaire
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qu’elle connaît bien, elle accepte bien souvent de s’installer à table ; il
est important de lui présenter un seul plat et, si possible, un seul couvert
à la fois.
Grâce aux encouragements des soignants, à leur calme, leur dispo-
nibilité et éventuellement au toucher, la personne sera plus encline à
la prise alimentaire. Sa participation à la préparation du repas stimule
également son appétit.
Éviter tout heurt au moment des repas, proposer une alimenta-
tion non contraignante, n’imposant pas forcément l’installation à table,
ou le choix des aliments, ni l’ordre dans lequel les plats devront être
consommés, ou encore l’utilisation des couverts, a prouvé son effi-
cacité, même si cela exige de la part des aidants professionnels ou
naturels une formation, une compréhension, et surtout une organisa-
tion bien différente de celle qu’on nous a inculquée.
Permettre la déambulation au moment du repas est parfois la seule
manière d’éviter les conflits.
La personne, même si elle a oublié l’usage des couverts, n’en a
pas pour autant oublié comment boire et se nourrir. Elle parvient très
bien à porter l’aliment à la bouche avec les doigts, et à boire au verre.
Il est primordial de préserver sa capacité à se nourrir seule aussi long-
temps que l’évolution de la maladie le permettra.
L’aidant professionnel ou familial devra cependant être vigilant si la per-
sonne a tendance à mettre en bouche de très gros morceaux ou engloutit la
nourriture de manière trop rapide sans mâcher, risquant ainsi de s’étrangler.
Le concept du « finger food », « manger mains » ou « manger doigts »
en français, permet d’éviter la contrainte du couvert. Initié par une équipe
suisse, ce concept, s’il est bien conduit, permet à la personne de manger,
sous forme de petits aliments ou de bouchées à prendre avec les doigts,
tous les éléments du menu du jour et ce de manière autonome.
Il ne sera pas rare de travailler ce menu finger food en texture modifiée,
éventuellement enrichie, pour faire face à divers problèmes de dégluti-
tion et/ou de dénutrition, ou quand la personne mâche insuffisamment
240
Alimentation et prise en charge nutritionnelle des patients souffrant de démence
les bouchées. On évitera toutefois les bâtonnets qui peuvent blesser, les
décorations qui pourraient être mises en bouche ou avalées.
La contrainte essentielle à ce niveau est de respecter des normes
d’hygiène très strictes, telles que le lavage des mains du patient avant
et après avoir mangé, et un service sur assiette individuelle afin d’évi-
ter la contamination par les mains passant d’un plat à l’autre. De la
même manière, l’assiette doit être servie par un soignant ou un acteur
formé, accompagnant la personne lors de son choix.
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5.4 Prise en charge nutritionnelle des patients
atteints de maladie de Parkinson8
Il existe plusieurs questions autour de la nutrition dans un contexte
de maladie de Parkinson. Les sujets parkinsoniens présentent en effet
des risques particuliers de dénutrition, qui s’ajoutent à ceux inhérents
au vieillissement (voir plus haut). Le dépistage de la dénutrition doit
donc être précoce.
241
Prise en charge pluridisciplinaire
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ligner que l’absorption de protéines n’a aucun effet sur d’autres
traitements dopaminergiques sans levodopa.
6 Conclusion
Le dépistage systématique de la dénutrition et sa prise en charge
précoce permettent d’éviter d’accentuer le déclin fonctionnel chez les
personnes désorientées et/ou démentes. Une bonne connaissance de
l’évolution de la maladie, une observation attentive des comportements
alimentaires et le maintien aussi longtemps que possible d’une forme
de communication avec le patient permettent souvent de trouver les
clés d’une alimentation adaptée, suffisante, qualitative, savoureuse et
apaisante. Dans tous les cas, l’alimentation doit rester source de plaisir
et de réconfort.
242
Chapitre 18
La place de l’urologue
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dans le traitement
des troubles urinaires des
patients atteints de démence
Claude Hauzeur
1 Introduction
Les troubles de la miction chez les patients âgés et déments ne consti-
tuent pas une entité nosocomiale uniforme (van der Horst, 2004).
Les maladies du système nerveux central, les troubles métabo-
liques, la dégénérescence détrusorienne, l’obstruction urinaire basse et
les troubles sphinctériens, la perte de mobilité, constituent un ensemble
de facteurs qui contribuent à l’incontinence et/ou à la rétention urinaire.
Avec une meilleure compréhension de la neuropathophysiologie de
l’incontinence, la prévention et les traitements deviennent plus efficaces.
2 Physiopathologie de la miction
La miction, et surtout la continence, sont sous contrôle du cerveau via le
centre mictionnel protubéranciel (CMP), et un complexe post-synaptique
présacré, le noyau d’Onuf (figure 18.1.)
Prise en charge pluridisciplinaire
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Le lobe frontal et les noyaux de la base sont les principaux res-
ponsables de l’inhibition de la miction.
Une atteinte centrale provoque des perturbations du contrôle volon-
taire avec, le plus souvent, une vessie hypercontractile.
Une atteinte de la mœlle présacrée entraîne une vessie hypercon-
tractile associée à une dyssynergie vésico-sphinctérienne.
Une lésion sacrée provoque une aréflexie détrusorienne, éventuelle-
ment associée à une hypercontractilité du sphincter si lésion somatique
simultanée.
Noyaux
Vessie de la base
hypercontractile Hypothalamus Lobe frontal inférieur
–
+
–
Cervelet –
Centre mictionnel
protubérantiel (cMP)
Vessie
hypercontractile
+ dyssynergie
vésico-sphinctérienne
Noyaux d’Onuf
Aréflexie du détrusor (par ∑ + somatique)
(+ sphincter strié
tonique si pas atteinte
somatique)
244
La place de l’urologue dans le traitement des patients atteints de démence
3 Symptomatologie
Dans la maladie d’Alzheimer, comme dans les maladies atrophiques céré-
brovasculaires, il y a perte de contrôle du réflexe de miction : le « signal »
de la miction survient soudainement sur une vessie pleine, et cette sen-
sation imminente de devoir uriner est incontrôlable (Melchior, 1995).
Il existe une corrélation entre atrophie corticale et hyperactivité vésicale.
Mais classifier les symptômes sous le simple dénominateur d’une
instabilité vésicale conduit à des erreurs.
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Les principaux symptômes rencontrés sont :
• l’incontinence urinaire ;
• la rétention urinaire ;
• la nycturie, avec ou sans polyurie.
245
Prise en charge pluridisciplinaire
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Cette polyurie est souvent associée à l’incontinence, jusqu’à 26 %
chez la femme par hyperactivité vésicale et 64 % chez l’homme
par hyperactivité détrusorienne sur obstruction urinaire basse (Bing,
2007).
4 Traitement
Le traitement doit être multidisciplinaire.
Le rôle du nursing est primordial (surveillance du comportement,
aide à la mobilisation, hydratation adéquate, transmission des informa-
tions au médecin).
Objectifs
• Protéger la fonction rénale (éviter la surinfection, rétention)
• Améliorer la qualité de vie (éviter les affections cutanées, amélio-
rer le sommeil, diminuer le risque de chute et ses conséquences)
246
La place de l’urologue dans le traitement des patients atteints de démence
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5 Conclusion
Il s’agit d’un problème multifactoriel dominé par l’altération du cortex
frontal et la perte de l’inhibition volontaire.
Les troubles sont aggravés par les modifications physiologiques
liées à l’âge et les co-morbidités.
Le traitement doit être orienté vers le maintien d’une qualité de
vie satisfaisante.
247
Chapitre 19
Quelle anesthésie
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dans le contexte
d’une maladie d’Alzheimer ?
Daniel Jacobs
1 Introduction
Plusieurs études ont recherché un lien possible entre l’apparition d’une
maladie d’Alzheimer et les antécédents d’anesthésie générale. Aucune
d’entre elles n’a réussi à mettre en évidence de lien de causalité entre
l’anesthésie et la maladie. Toutefois, une étude récente montrerait
une relation possible entre le délai d’apparition des troubles neurolo-
giques et une exposition à l’anesthésie avant l’apparition des premiers
signes (Bohnen, 1994). Dans cette étude rétrospective, l’exposition
cumulée à différents types d’anesthésie (générale ou locorégionale)
dans les quarante années précédant le début de la démence a été
évaluée chez 252 patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Il exis-
terait une corrélation inverse entre l’âge de début de la maladie et
les anesthésies cumulées avant l’âge de 50 ans. Cependant, aucun
argument ne contre-indique l’anesthésie chez les patients atteints de
la pathologie.
Nous envisageons successivement les aspects spécifiques pour les
phases pré-, per- et postopératoires.
Prise en charge pluridisciplinaire
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Les traitements suivis par les patients atteints de la maladie d’Alzhei-
mer sont souvent nombreux et peuvent être très variés. Il existe peu
d’études sur les interactions entre les différentes thérapeutiques et les
agents anesthésiques.
Médicaments Ajustements
250
Quelle anesthésie dans le contexte d’une maladie d’Alzheimer ?
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Adrénaline, isoprotérénol, Augmenter la posologie
agonistes adrénergiques,
agonistes-bêta
251
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PARTIE 3
Thérapies
non médicamenteuses
Prise en charge
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comportementale
dans la maladie d’Alzheimer
par les aidants familiaux
La résilience, le théâtre de la relation,
l’empathie et les neurones miroirs
Jean-Pierre Polydor
1 Introduction
Les bases de l’aménagement du domicile, du « prendre soin de soi », des
méthodes pour nourrir, habiller la malade, assumer l’hygiène, etc., font
aussi partie de l’éducation des aidants familiaux, mais l’objet de cette
contribution se limitera à la gestion des troubles comportementaux par
des moyens comportementaux applicables par tout public, quel que soit
son niveau d’instruction.
Il est illusoire d’envisager l’éducation des malades eux-mêmes, vu
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les spécificités de la maladie d’Alzheimer. La vitesse de déclin des
troubles de la mémoire, mais plus largement cognitifs, n’a aucune
chance de se ralentir avec des méthodes non médicamenteuses et c’est
un certain abus de langage que de laisser croire qu’on puisse avoir
un impact sur l’évolutivité au travers de ces méthodes, comme l’art-
thérapie qui n’a de thérapeutique que dans l’apaisement transitoire ou
l’occupation des malades, ce qui est déjà assez bien. C’est donc l’ai-
dant qui est le cœur de cible de la démarche d’éducation.
Jusqu’à une époque récente, l’aidant familial apparaissait dans
le discours neurologique comme un supplétif. La pratique hospitalo-
universitaire parlait de façon formaliste « d’aide aux aidants », aide
sociale, soutien psychologique, etc. On jugeait inapte l’aidant familial
à participer aux prises en charge comportementales et on entendait
quelques responsables d’associations familiales dire que vouloir que
les proches s’occupent du malade était une trop lourde responsabi-
lité pour eux, que c’était leur faire porter un poids, et que c’était le
rôle de la société des professionnels d’effectuer la prise en charge.
Peu à peu, les associations de famille, puis certains neurologues
et gériatres, ont fini par se convertir à l’idée, de simple bon sens,
que l’aidant a un rôle incontournable et essentiel dans la prise en
charge du malade. Il a de fait un rôle thérapeutique pour les troubles
des comportements. Par une manière de faire adaptée, il réduira
la fréquence et les niveaux des crises, et agira sur les crises elles-
mêmes, plus que les médicaments qui ont peu d’effets et des effets
secondaires possibles importants. En ce sens, une méthode compor-
tementale pratiquée par les aidants familiaux est, en soi, une sorte
de psychothérapie.
Le monde médical n’a aucune légitimité éthique pour l’imposer à
des familles qui ne souhaitent pas s’impliquer dans ce type de stratégie
de la relation, qui voudraient conserver leurs habitudes, leurs schémas
et préfèrent déléguer cette prise en charge à des aidants profession-
nels. Les propositions de formation doivent se répéter à divers moments
clés de l’histoire de vie de ces couples malades/aidants. L’éducation
256
Prise en charge comportementale dans la maladie d’Alzheimer par les aidants familiaux
des aidants fait partie des droits1. Elle peut s’inscrire dans le cadre de
formations hospitalières, associatives, mais les neurologues libéraux,
au fil des consultations, distillent ces méthodes. Enfin, quelques livres
(Polydor, 2011) (plus précis que les fiches explicatives sur des mala-
dies et/ou leur traitement, distribuées par l’un ou l’autre laboratoire
pharmaceutique) sont en soi des référentiels très utiles aux aidants.
On conçoit que le nouveau système relationnel qui doit se mettre
en place dans le couple malade/aidant au bénéfice des deux n’est pas
naturel, les anciens schémas perdent peu à peu leur valeur. L’éducation
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des aidants est donc essentielle. Elle n’est pas univoque, elle doit
s’adapter à chaque cas, à ce que peut pratiquer chaque aidant : c’est
de la « médecine personnalisée ».
257
Thérapies non médicamenteuses
totale autonomie, car ils ont besoin d’un étayage social et affectif pour
assurer leur « métier d’aidant ».
Le but de l’éducation des aidants est donc de donner à chaque
élément du couple malade/aidant une meilleure qualité de vie, pour eux
en premier, mais aussi au bénéfice du coût social qui va devenir un
paramètre encore plus important. Si l’objectif est atteint, le prix de l’édu-
cation des aidants pourra être considéré comme un bon investissement.
Nombreux sont les moyens non médicamenteux : accueils de jour,
haltes-répit, aménagement du logement, aides sociales, méthodes de
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nature comportementale pratiquées par les aidants professionnels et
familiaux, etc. Leur premier objet est d’éviter ou de diminuer les troubles
neuro-psycho-comportementaux chroniques ou ponctuels (les crises).
Ce faisant, le but ultime est bien d’améliorer la qualité de vie du couple
malade/aidant. Si l’aidant familial a une charge moins lourde, il sera
plus « détendu », plus apte à s’occuper de façon adaptée du malade,
et il entre ainsi dans une « spirale vertueuse ». S’il voit les effets posi-
tifs des stratégies qu’il applique, cela les valide et l’incite à y adhérer
encore plus. De plus, l’impliquer le valorise et, retrouvant l’estime de
soi, il est moins enclin à sombrer dans la dépression.
C’est en 1945 que l’OMS introduit la notion de « qualité de vie
objective liée à l’état de santé ». Soixante ans plus tard, les échelles
de qualité de vie des aidants ne sont pas entrées en pratique courante,
elles ne sont réalisées que dans des cadres institutionnels ou pour des
études. Dans notre domaine, l’échelle de Zarit évalue la charge de l’ai-
dant (Zarit, 1987 ; Bocquet, 1996). Pourtant, ainsi que l’a brillamment
exprimé le Pr Pringuey dès 1995, « ces notions subjectives de qualité
de vie sont difficilement réductibles à une métrique » (Pringuey, 1995).
Elles surlignent les aspects négatifs et occultent la capacité de « trans-
muter le plomb du malheur dans l’or du bonheur ».
258
Prise en charge comportementale dans la maladie d’Alzheimer par les aidants familiaux
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troubles comportementaux.
3.2.1 La « stimulation »
L’efficacité de la stimulation cognitive n’est pas démontrée, et on
recommande aux familles d’éviter de placer le malade en difficulté,
sous prétexte « qu’on le rééduque en le stimulant ».
L’Institut universitaire de Sherbrooke (Québec) compare son pro-
gramme socioéducatif à un groupe témoin bénéficiant du soutien de
l’association Alzheimer. Il montre son efficacité sur les comportements
dérangeants, mais pas de mieux sur la détresse psychologique de l’aidant
(Hebert, 2004).
Citons d’autres méthodes… sans pouvoir être exhaustif.
Les premières tentatives basées sur l’évocation des souvenirs
remontent à près de 50 ans, avec une connotation psychanalytique de
type « life review ». Nous les reverrons au paragraphe sur la réminiscence.
Les « ateliers mémoire » ne se pratiquent pas en famille, ils sont
abandonnés dès que l’échec génère l’angoisse.
La « revalidation cognitive » mobilise les compétences restantes pour
réapprendre une tache (méthodes de récupération espacée, d’estom-
page ou d’apprentissage sans erreur).
259
Thérapies non médicamenteuses
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La maladie d’Alzheimer a des particularités, elle touche surtout des
âgés dont l’aidant est âgé avec des situations de vie diverses, elle a
des présentations disparates et c’est un processus évolutif.
Elle ne se prête donc pas à une méthode univoque de prise en
charge. Au fil du temps, il sera nécessaire de changer de manière de
faire, car l’évolution va de simples troubles de mémoire à une démence.
Ceci exige une connaissance par les praticiens de leur diversité, et d’être
capable de plasticité mentale pour en changer. L’évaluation de la validité
de ce qui a été mis en place avec l’aidant fait partie de toute consultation.
Nous prendrons pour exemples la « thérapie » par réminiscence,
qui reste classique, et deux méthodes moins répandues, la résilience,
et une stratégie de communication basée sur la théâtralisation de la
relation aidant/malade.
260
Prise en charge comportementale dans la maladie d’Alzheimer par les aidants familiaux
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par l’Inserm4. Les autres réponses sont le déni, la révolte ou la fuite.
Tuteur de résilience
Le tuteur peut être une personne de l’entourage, un psychologue ou
une association de malades, il est affaire de cas par cas. C’est en tout
cas une épaule sur laquelle s’appuyer, une écoute empathique, une
source de conseils, une joyeuse compagnie.
261
Thérapies non médicamenteuses
Repères apaisants
Les repères apaisants sont tous les éléments de l’environnement qui ont
une charge symbolique forte pour le malade en participant à lui donner le
sentiment de la familiarité, sentiment qui rend le monde plus prévisible.
Parmi les repères apaisants, un aidant est choisi comme « base de
sécurité », en gardant à l’esprit qu’on ne s’autoproclame pas en tant
que tel. Cet aidant choisi n’est pas forcément l’aidant familial, ce peut
être un proche, un intervenant, etc.
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L’éducation par l’explication
Expliquer la maladie est essentiel. Elle est connue de manière superficielle
et le public identifie la maladie d’Alzheimer soit comme une maladie de
la mémoire soit comme une démence, mais n’imagine pas la perte des
fonctions instrumentales et les troubles psycho-comportementaux. Sans
explication du processus, sans description des troubles à venir, pas de
représentation de ce qu’est cette maladie, et il est impossible de bâtir un
nouveau projet de vie. Chaque formulation est portée par une manière
chargée d’humanisme, directe et ouvrant la porte à une solution pratique.
262
Prise en charge comportementale dans la maladie d’Alzheimer par les aidants familiaux
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alimentaire ou d’hygiène, discours délirants, etc. On rassemble en une
méthode générale ces réponses éparses dans un « théâtre du quotidien »
(Polydor, 2014). Ce « théâtre » se base sur des faits neurologiques objec-
tifs. Il doit s’adapter à chaque couple malade/aidant et suivre l’évolution
de la maladie. L’empathie permet d’ouvrir une fenêtre dans son univers
et de cheminer avec lui, ce qui est de nature à le rassurer, car cela valide
son monde si incertain. Enfin, il suppose un engagement personnel fort.
263
Thérapies non médicamenteuses
Cette méthode permet d’être dans le réel pour gérer les contraintes
du quotidien et de cheminer avec le malade dans son univers pour
favoriser l’apaisement.
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changé de sens, il instille de l’émotion dans ce qui nous paraît être
des détails et manifeste indifférence pour ce qui nous semble impor-
tant. C’est une pièce de science-fiction.
Comment jouer une pièce dont l’acteur central improvise sans unité
de lieu ni d’espace, sans stabilité de la pensée, sinon celle de ses convic-
tions délirantes ?
Le premier principe est celui de l’ataraxie (Épicure), ou absence de
conflit ; la critique génère un cycle où l’émotion finit par déborder la raison.
Dans le théâtre, au-delà des mots, le ton de la voix, les postures
et les gestes sont des codes « qui font sens » pour illustrer le message
et exprimer les émotions qu’on veut communiquer au patient (apai-
sement, opposition…).
Cette méthode de la théâtralisation est pratiquée par Colette
Roumanoff (en complément d’autres techniques) dans ses ateliers.
264
Prise en charge comportementale dans la maladie d’Alzheimer par les aidants familiaux
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toucher de surfaces diverses, etc. Les échanges sont informels, sans
intervention de personnel médical ou social, ce qui favorise la spon-
tanéité et l’appropriation de ces activités. Ces méthodes, en cours
d’évaluation, favorisent un nouveau regard de la société sur la maladie.
Sur des aidants plus ouverts, plus détendus, les propositions d’édu-
cation à la prise en charge ont plus de chance. On les appelle des
jardins thérapeutiques.
265
Thérapies non médicamenteuses
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verbale résiste jusqu’à des stades ultimes, noyau dur de la capacité à
comprendre encore quelques brides du monde. Le geste est ancré au
plus profond de nous. Le malade sait émettre du sens par ses gestes et
sait le sens de ce que nous lui adressons. Ceci laisse espérer que les
gestes de la relation puissent suppléer une partie du déclin de la raison.
Ainsi que le dit Boris Cyrulnik, « La parole s’éteint, mais ils comprennent
encore » (Polydor).
Gregory Bateson, un pilier du mouvement de Palo Alto (Marmion,
2008), propose le concept de « double contrainte ». On peut adres-
ser simultanément, par les mots et les gestes, deux messages qui se
renforcent ou se contredisent. Le discours du corps joue ainsi un rôle
capital. La puissance des gestes peut même écraser la signification
des mots. Si on hoche la tête de bas en haut pour emporter l’adhé-
sion, en parlant joyeusement, avec conviction (paraverbal), et si on a
un ascendant sur le sujet (le docteur versus le patient), on peut affir-
mer à son interlocuteur que la maison est en feu, mais qu’on va sauter
du 3e étage ; il retiendra le message positif et acceptera l’idée folle de
cette évasion impossible.
On nomme méta-contexte la position de chacun dans la relation.
Il agit en changeant le sens. La position sociale joue un rôle, certains
âgés dominants vont garder leurs manières de faire dans une situation
de vie, la dépendance, où ils n’ont nul droit à l’autorité. L’inversion des
rôles pose problème, le même message émis par le père vers le fils ou
le contraire n’aura pas la même signification. Ceci introduit une com-
plexité supplémentaire, parfois une contradiction entre mots et gestes.
4.2.3 L’empathie
266
Prise en charge comportementale dans la maladie d’Alzheimer par les aidants familiaux
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sur ce qu’envisage de faire la personne qu’on observe, alors que le
geste est à peine ébauché. Pour les âgés, c’est essentiel du fait de leur
sentiment de fragilité. Pourtant, comprendre l’intention de son inter-
locuteur est plus complexe, car les codes, dans le monde occidental,
changent très vite selon les générations, et la société est multicultu-
relle ; certains gestes seront mal interprétés.
La compréhension de la composante émotionnelle associée au geste
est la troisième grande fonction des neurones miroirs. Elle permet un
ajustement à l’autre. Elle rejoint la prévision des intentions.
Cette troisième composante n’est quasiment jamais altérée chez les
âgés, à tel point que l’identification d’un intervenant qui a été agres-
sif chez une personne atteinte de maladie d’Alzheimer persiste même
aux stades avancés de cette affection.
Il n’y a pas une maladie type, une maladie immuable, un malade
type, un aidant type, mais une constellation de situations disparates.
Avoir intégré ces notions permet de formater un style de commu-
nication qui est adapté à chaque style de couple malade-aidant, il
autorise aussi l’adaptation de ce théâtre de la relation quand la maladie
d’Alzheimer évoluera. Il n’y a donc pas de dogme universel, mais
une trame générale, un canevas, sur laquelle chacun pourra tisser
son œuvre.
267
Thérapies non médicamenteuses
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Le contenu c’est du concret, car c’est une pièce « réaliste », même
si elle se passe dans un monde surréaliste.
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Prise en charge comportementale dans la maladie d’Alzheimer par les aidants familiaux
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classes sociales où l’on n’est pas habitué à ces familiarités). Offrez
alors l’opportunité de l’usage réciproque du prénom, en lui donnant
votre prénom. Vous lui redonnez une identité.
Être dans le concret et le présent et montrer ce dont on parle. Le
doigt est pointé vers l’objet dont on parle, on le regarde avec intensité.
Pour parler des gens absents, montrez des photos (si possible un visage,
une seule personne par photo). Servez-vous aussi de gestes symboliques,
sans ambiguïtés. Ainsi, s’il est temps d’aller faire une promenade, montrez
la porte du doigt ou apportez un objet clairement évocateur (manteau,
chapeau, clés de voiture, parapluie) pour illustrer le message verbal.
Le malade vit dans l’immédiateté. Communiquez donc autour du
quotidien accessible dans le présent, le repas en cours, la toilette en
cours, le chaud et le froid ressentis maintenant.
Pour conclure, au-delà du contenu « pratique » des mots, la manière
de s’exprimer peut rassurer le malade, lui dire que tout est normal,
qu’il est dans notre univers, qu’il prend part à cet univers, qu’il est
encore maître de ses choix.
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Thérapies non médicamenteuses
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5 Conclusion
Dans la maladie d’Alzheimer, l’éducation des aidants est encore très
formaliste, alors que la multiplicité des méthodes permet de proposer
des stratégies adaptées à chaque couple aidant/malade en fonction de
ses aptitudes, de ses besoins et de ses capacités. Plus encore que dans
d’autres maladies, cette éducation, souple et diverse, permet de main-
tenir le malade d’Alzheimer dans son lieu de vie avec un objectif de
bonne qualité de vie. Les aidants ont donc encore plus besoin de nous,
et sans doute avons-nous besoin, avec une grande modestie, de repen-
ser notre pratique. Le théâtre de la relation se fonde sur l’hypothèse
que les neurones miroirs restent longtemps fonctionnels chez le malade,
nous permettant d’instiller dans son esprit des états mentaux apaisés.
270
Chapitre 21
Le Cantou® : structure,
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fonctionnement, bénéfices
et formation du personnel1
Jean-Émile Vanderheyden,
Robert Devilers, Jean Beucken (†),
Edouard Behets et Ariane Thiroux
1 Introduction
La problématique liée à la personne âgée désorientée a littéralement
poussé les spécialistes en la matière à rechercher des alternatives à
l’hébergement classique. En effet, les structures d’hébergement ont dû
évoluer en fonction des besoins des clients, des pathologies ou han-
dicaps à combattre, des progrès de la médecine. L’apparition récente
d’un grand nombre de résidents âgés atteints de maladie d’Alzheimer ou
d’autres démences a conduit à mettre en place des nouvelles structures,
de nouveaux concepts et, en ce qui nous concerne en Belgique, des
structures que nous avons appelées « Cantous® » (appellation déposée
en Belgique). Cependant, le premier CANTOU (Centre d’Animation
Naturel Tiré d’Occupations Utiles) a été créé à Paris (Rueil-Malmaison)
à la fin des années 1970, par Georges Caussanel, voulant répondre à un
1. Note des coordinateurs : cet article est le condensé de deux articles parus dans la
première édition de cet ouvrage. Ils nous apparaissent fondamentaux, bien que nous
n’ayons pu obtenir une mise à jour des auteurs.
Thérapies non médicamenteuses
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création d’unités d’hébergement et de soins spécifiques aux personnes
âgées désorientées au sein d’autres entités institutionnelles :
272
Le Cantou® : structure, fonctionnement, bénéfices et formation du personnel
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mais aussi pour maintenir un contact avec le parent désorienté,
car l’affectivité de celui-ci demeure, même quand les troubles
du comportement empêchent de la percevoir.
(5) un projet d’accompagnement spécifique qui a pour but d’opti-
maliser la qualité de vie des résidents et de leur famille, dont
la qualité des soins reste un élément parmi d’autres.
Essayons maintenant, à partir de ces considérations, d’analyser
plus en détail ce type d’unités par rapport aux unités traditionnelles.
Des unités spécialisées sont fréquemment créées dans les maisons de
retraite afin de mieux adapter l’accompagnement de ce type de rési-
dents. Celles-ci développent des spécificités qui les caractérisent.
273
Thérapies non médicamenteuses
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ment dans la perte de poids, la marche, l’habillage, l’incontinence
fécale et urinaire, etc. ;
• absence de différence dans les performances cognitives ;
• absence de différence dans le taux d’hospitalisation ;
• moins de problèmes comportementaux ;
• réduction de la contention physique et chimique ;
• l’engagement social et l’implication dans un groupe structuré
contribuent à la diminution de l’agitation ;
• le mélange des sujets non déments et déments diminue le
moral et la satisfaction des sujets non déments ;
• la participation aux activités est plus importante en SCU pour
les déments.
Pour la famille :
• il existe un taux de satisfaction familiale plus élevé dans les
unités spécialisées dans la démence.
Pour le personnel :
• l’affectation du personnel de soin est plus stable, moins de
turn-over ;
• la formation du personnel sur la démence est plus importante ;
• la satisfaction dans le travail augmente chez les infirmiers des
SCU et diminue chez les infirmiers en structure non spécialisée ;
• la satisfaction dans le travail n’est pas associée directement
à la présence d’une SCU, mais aux facteurs qui en découlent
(supervision administrative, travail d’équipe, relation et proxi-
mité avec le résident, adaptation de l’environnement) ;
• la hauteur du salaire, la formation sur la démence et la stabilité
de l’emploi sont associés à un développement des soins corrects
et à des résultats (moins de contentions, meilleure continence,
participation aux activités).
274
Le Cantou® : structure, fonctionnement, bénéfices et formation du personnel
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a été une démarche importante pour attirer l’attention des instances
politiques en Europe, et notamment dans notre pays.
Durant ces dix dernières années, un certain nombre de pays européens
ont développé des programmes similaires et des structures similaires aux
SCU américaines. La commission européenne a consacré des subven-
tions pour l’éducation, la recherche clinique et expérimentale, ainsi que
la rédaction de recommandations dans la prise en charge des déments.
La prise en charge des troubles du comportement du sujet dément
varie malheureusement en fonction du pays concerné, de son contexte
et de l’organisation de son système de santé.
Alors que les unités spécialement adaptées pour personnes âgées
désorientées existent aux États-Unis depuis 1960 et se développent de
manière intensive depuis 1980, les SCU européennes se développent
timidement depuis les années 1990.
Citons quelques expériences intéressantes.
En Grande Bretagne : les petites unités dans l’ouest de Lothian, dont
le travail est basé sur la flexibilité et sur une prise en charge personnalisée.
L’objectif de ces unités de type familial est le maintien ou l’amélioration
de l’autonomie. Chaque structure est composée de 8 à 10 personnes.
Les conclusions de certaines études sur ces deux unités montrent la
qualité de la prise en charge, grâce à l’individualisation et la flexibilité
par rapport à la personne âgée démente, et la participation d’équipes
spécialistes en gérontopsychiatrie, surtout au moment de l’admission.
En Finlande : les unités de soins spécialisées de courte durée de
type familial, avec la présence d’un personnel qualifié dont le but est de
permettre aux familles de se reposer pendant quelques jours. Différentes
études montrent qu’il est possible de prévoir ce type de structures sans
aggraver l’état cognitif ou thymique de la personne âgée démente.
En Lombardie : le développement de structures pour la prise en
charge des déments sévères présentant des troubles du comportement.
Ces unités sont de type architectural « cantous » avec un personnel stable
et formé. Les résultats de plusieurs études montrent que l’autonomie et
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tion de la prise en charge permet d’éviter les principales complications
dues à l’hospitalisation dans un service classique, à savoir les troubles
du comportement, troubles alimentaires, trouble de la marche.
En Belgique : la notion de « cantous » trouve son origine dans l’évo-
lution des unités spécialement adaptées.
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Le Cantou® : structure, fonctionnement, bénéfices et formation du personnel
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familial.
Pour assurer l’aménagement et la stimulation d’un rythme de vie
normal au quotidien, le cantou propose des activités structurées et
compréhensibles par le patient, le maintien des relations sociales, l’en-
tretien et la valorisation des capacités restantes. La participation des
résidents, qui s’inspire de la dynamique des groupes restreints (cinq
résidents au minimum et quinze résidents au maximum), doit favori-
ser les liens avec la famille et l’entourage des résidents, de manière
à les impliquer dans le projet mené par l’unité, et permettre la forma-
tion d’une communauté de vie homogène.
Le concept « cantou » est un concept qui intègre très bien ces différents
modèles et permet de ce fait d’accompagner globalement, humainement,
la personne âgée, qui reste le plus souvent une personne malade, handi-
capée, mais qui doit rester également et jusqu’au dernier jour un citoyen
à part entière avec ses droits et ses devoirs.
Le concept « cantou » développe de manière cohérente les principes
des unités spécialement adaptées, dont les résultats sont qualitative-
ment intéressants. Le développement de telles structures permet de
garantir et de maintenir la qualité de vie, le confort et la dignité des
patients atteints de démence.
Le financement et les normes en personnel sont identiques dans
les cantous et dans les structures traditionnelles (maisons de repos,
maisons de repos et de soins). La particularité réside dans la pluridis-
ciplinarité des équipes et la polyvalence de ses membres. Les équipes
sont fixes et formées.
Le décret wallon précise en outre que le personnel doit avoir une
certaine polyvalence qui permet, tant à l’infirmière qu’au paramédical
ou à l’aide-soignante, d’apporter des soins et d’apaiser l’autre et d’as-
surer quotidiennement la coordination des activités se déroulant sur le
lieu de vie. Au moins un membre du personnel devra être présent en
permanence. Le personnel est tenu de participer à une formation per-
manente interne ou externe de deux jours par an.
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Thérapies non médicamenteuses
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nisés à l’intérieur de la maison de repos, mais dans un lieu distinct.
On entend par lieu distinct, un immeuble ou une partie d’immeuble
affectée exclusivement à l’unité.
Nous retrouvons :
Les espaces communs avec affectation précise : un lieu de vie unique
et polyvalent compose les espaces communs. Il doit avoir une super-
ficie minimale de 60 m² et comprendre un espace cuisine accessible
et adapté, une table unique autour de laquelle toute la communauté
de vie se rassemble, ainsi qu’un espace de repos avec des fauteuils.
Les espaces communs sans affectation précise : la législation ne
précise rien à ce sujet, mais on constate dans bien des cas que la
présence d’une circulation fermée, ouverte sur l’extérieur permet à la
personne désorientée de déambuler en sécurité.
Les espaces privés : les chambres des résidents sont de préférence
individuelles et attenantes au lieu de vie. Celles-ci peuvent entourer le
lieu de vie, ce qui permet d’éviter la présence de couloir.
La luminosité doit être maximale. Tout comme les chambres, le
lieu de vie doit être suffisamment éclairé naturellement et présenter
au moins une vue sur l’extérieur pour permettre au résident d’être en
constante relation avec celui-ci.
Les éléments de sécurité sont évidemment développés. Dans une
unité adaptée à l’hébergement des personnes désorientées, la mise
en place de systèmes de sécurité est très importante. Étant donné
les risques d’errance favorisés par la désorientation, une attention
particulière s’impose et l’accès vers l’extérieur doit être sécurisé
par un moyen technique approprié, mais garantissant une liberté de
mouvement aux résidents. De même, comme ils n’ont pas toujours
conscience de leur environnement, il faudra abolir l’emploi d’éléments
dangereux tels que des coins saillants, des cuisinières au gaz, etc. La
sécurisation des résidents désorientés passe également par un enca-
drement humain assuré par un personnel compétent et correctement
formé, qui fait preuve d’une grande capacité d’adaptation et d’un
investissement important.
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Le Cantou® : structure, fonctionnement, bénéfices et formation du personnel
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soins en est copié.
• Le « disability model » : les soins ne sont pas prioritairement
focalisés sur les affections du patient, mais sur les handicaps
et inaptitudes qui en résultent. Ils sont administrés par une
équipe multidisciplinaire, dont le médecin est un constituant.
Le mode d’interaction entre la personne âgée et le personnel
de la maison de repos ne se joue plus strictement de soignant
à soigné : il crée un lien de collaboration entre une personne
qui se conduit en accompagnateur et un résident âgé ayant
acquis un nouveau statut, souvent qualifié d’usager.
• Le « citizenship model » : le résident âgé est considéré, en tout
état de cause, comme un citoyen à part entière, ayant des
droits et des devoirs. Ce modèle lui offre la possibilité de main-
tenir, dans la mesure de ses possibilités, les activités normales
de la vie quotidienne. Des échanges intensifs avec le monde
extérieur à la maison de repos sont l’un des facteurs du main-
tien de son intégration sociale.
279
Thérapies non médicamenteuses
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• Le principe de participation : ce principe s’étend à tous les pro-
tagonistes de la vie communautaire : la participation des usagers
de la vie quotidienne selon un mode de vie communautaire ; la
participation responsable de l’entourage à la prise en charge des
besoins du groupe ; la participation responsable du personnel poly-
valent et stable à la prise en charge des personnes accueillies.
6 Objectifs de soin
Le traitement et la prise en charge de sujets atteints de démence
nécessitent la prise en compte des besoins spécifiques de cette popu-
lation. En effet, les objectifs et les priorités diffèrent considérablement
de ceux qui concernent les patients présentant seulement des incapa-
cités physiques, ou qui sont dans un état potentiellement réversible.
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Le Cantou® : structure, fonctionnement, bénéfices et formation du personnel
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avec un impact non négligeable. En ce qui concerne l’environnement,
il faut tenir compte de ses deux aspects sociaux et physiques. Le sujet
atteint de démence a besoin d’une architecture adaptée à ses besoins,
tout en tenant compte de la sécurité et d’une atmosphère évocatrice
du chez soi. L’homogénéité des patients permet d’éviter les éventuels
problèmes ou conflits qui auraient pu survenir si ces sujets étaient en
contact avec des pensionnaires non déments. Le bien-être psychique
est confirmé s’il paraît content, calme et qu’il participe à des activités.
6.2 La dignité
Dans la mesure du possible, la personne âgée démente doit garder sa
faculté de décision et sa place dans la société. Ces éléments font partie
intégrante du maintien de la dignité individuelle. Lorsque le résident
n’est plus capable de décider, sa dignité doit pouvoir être préservée.
Il faut, dans la mesure du possible, tenir compte de l’avis et des déci-
sions du sujet dément. Cette attitude permet de valoriser l’individu et de
promouvoir son respect auprès de l’équipe soignante. Il arrive parfois
que certaines décisions prises par le sujet aillent à l’encontre de sa
dignité (se déshabiller en public, etc.). Le dénouement de ce genre de
situation nécessite en général une grande sensibilité et beaucoup de
diplomatie de la part du personnel soignant. Parfois, le maintien de la
dignité va à l’encontre des règles de sécurité. La liberté de se déplacer
en est un exemple. En effet, le déplacement peut à certains stades être
à l’origine de chutes ou accidents, mais les contentions empêchent le
sujet de se déplacer et altèrent sa dignité. Il est important de recher-
cher des alternatives aux contentions (abaisser le lit, etc.).
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Thérapies non médicamenteuses
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Avec l’évolution de la démence, le patient perd progressivement ses
capacités fonctionnelles et profite de moins en moins des activités qui
lui procuraient du plaisir. L’individu devient moins capable d’initier des
activités en raison de ses déficits, en particulier praxiques et phasiques.
C’est pour cela que des programmes d’activités spécifiques font partie
intégrante de la prise en charge du dément dans les cantous. Animé
par le personnel pluridisciplinaire, le résident doit pouvoir participer à
l’ensemble des activités de la vie quotidienne dans la mesure de ses
possibilités. Les activités principales sont familiales, de la vie quoti-
dienne (ménage, cuisine…). Celles-ci insèrent de nouveau la personne
âgée démente dans la sphère familiale. Ces activités sont complé-
tées par d’autres plus ponctuelles, comme la musicothérapie ou du
cinéma. La musique combinée à une stimulation visuelle fait partie de
l’approche de prise en charge développée par le snoezelen. Ce type
d’activité diminue les états d’agitation ou d’apathie et améliore le sen-
timent de bien-être.
282
Le Cantou® : structure, fonctionnement, bénéfices et formation du personnel
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• se focaliser sur l’élaboration de liens entre les membres des
familles dans un but de soutien, de socialisation, de partage
des informations et des ressources disponibles ;
• procurer des informations aux familles familiarisées avec les
soins directs pour améliorer le confort du résident et le main-
tien d’une apparence décente (soins de manucure, cheveux…),
ainsi que de l’aide aux activités de base (l’aide aux repas…),
offrir le maximum de possibilités de visites ;
• encourager et former les familles intéressées à participer aux
activités, aux réunions de réflexion avec l’équipe des soignants
ou aux activités de groupe ;
• utiliser les possibilités et l’intérêt spontané de nombreuses familles
envers les autres résidents, pour favoriser ainsi des relations fami-
lières entre elles et le plus grand nombre possible de résidents.
283
Thérapies non médicamenteuses
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284
Chapitre 22
Attitude snoezelen
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dans les gestes
au quotidien
Projet de vie en résidence pour personnes
atteintes de maladie d’Alzheimer1
Vanessa Vanimpe
1 Introduction
Les lignes qui suivent relatent le cheminement professionnel et le souci
d’une équipe pluridisciplinaire2 d’accompagner plus adéquatement nos
aînés présentant une maladie de type Alzheimer. Elles sont également
le témoin de notre projet de vie institutionnel soutenu par l’équipe de
direction.
Rétrospective…
En juin 2000, nous avons inauguré un bâtiment flambant neuf
avec un étage sécurisé au coloris terne. Dans le même temps, l’équipe
de réactivation, déjà sensibilisée à la validation, souhaitait se former
1. Les photos de ce chapitre sont disponibles en couleurs sur la page web du livre qui
se trouve sur le site de l’éditeur : www.deboecksuperieur.com.
2. Maison de repos et de soin “No P’tit Nid”, à Gilly.
Thérapies non médicamenteuses
2 Snoezelen
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Sous l’impulsion des psychologues Cleland et Clark, les premières
cafétérias sensorielles sont nées aux États-Unis en 1966. Créé aux
Pays-Bas dans les années 1970 par Jan Hulsegge, enseignant et musi-
cothérapeute, et Ad Verheel, ergothérapeute, le néologisme snoezelen,
contraction des verbes snuffelen et doezelen, désigne respectivement
la stimulation des sens et le besoin de sécurité, de détente pour tout
public fragilisé.
286
Attitude snoezelen dans les gestes au quotidien
de son corps dans l’espace et que l’on peut éprouver, par exemple, un
sentiment de sécurité en se balançant sur un rocking-chair.
Le sens vibratoire renvoie aux vibrations que l’on peut percevoir
à travers le corps. Pendant la vie fœtale, l’être humain perçoit au
travers de son corps (ossature) les bruits et vibrations véhiculés par
le liquide amniotique. Cette sensibilité reste présente par la suite, et
c’est ainsi que l’on peut, entre autres, « se sentir traversé » par une
musique.
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5 Nos aménagements
5.1 En 2006
Après une formation et un « long » travail de réflexion, nous décidons
de collaborer avec le Club Théo Van Gogh afin de décorer les murs
des couloirs de l’étage sécurisé, en accord avec le snoezelen.
Trois thèmes, correspondant à trois couleurs (eau = bleu, lumière
= jaune, nature = vert) sont choisis.
Tout le monde participe à ce travail de décoration : nos aînés, mais
aussi les équipes de réactivation et d’entretien.
EAU
287
Thérapies non médicamenteuses
LUMIERE
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NATURE
5.2 En 2007
Nous participons à l’appel à projet de la Fondation Roi Baudouin.
Grâce au prix reçu, nous aménageons une salle blanche.
288
Attitude snoezelen dans les gestes au quotidien
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Matelas à eau avec vibration en fonction de la musique choisie,
projection d’images, fibres lumineuses, colonne à bulles,
aquarium « Black light » donnant une vision de profondeur.
5.3 En 2008
Opération Bravo.
Nous acquérons un aquarium « Black light » et une banquette, ins-
tallés dans une logette d’un des couloirs.
289
Thérapies non médicamenteuses
5.4 En 2010
Réaménagement du lieu de vie.
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« Coin » stimulation : la couleur orange « Coin » repos : la couleur chocolat
ouvre l’appétit et l’esprit. sécurise et apaise.
5.5 En 2012
Nous participons à l’appel à projet édité par l’Aéroport Bruxelles-Sud.
Nous obtenons un financement substantiel pour l’aménagement d’un
jardin sensoriel. Allier liberté et sécurité…
290
Attitude snoezelen dans les gestes au quotidien
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la création picturale… Les
cinq sens secondaires y
sont généralement sollici-
tés. Le thème développé
est défini au sein du groupe
séance après séance…
Coanimation psychologue
et ergothérapeuthe.
291
Thérapies non médicamenteuses
6.4 Zoothérapie
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dressé, accompagné de son maître. Sans danger,
les personnes âgées peuvent toucher, caresser,
bichonner et stimuler leur sens somatique.
292
Attitude snoezelen dans les gestes au quotidien
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Stimulation des sens visuel, olfactif, gustatif
(présence de plantes aromatiques) et tactile. Par beau temps,
rééducation, jeux et prise des repas au jardin.
6.9 Sorties
Organisation d’excursions, visites de musées, spectacles… Importance
de garder le contact avec le monde extérieur. Stimulation du sens ves-
tibulaire en regardant défiler le paysage…
7 Quelques « plus »
293
Thérapies non médicamenteuses
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7.3 Présentation des repas soignée pour tous
Un soin particulier est apporté à la présentation des repas, quelle que
soit la texture recommandée par la logopède. Étroite collaboration entre
la diététicienne et l’équipe de cuisine…
Expérience visuelle,
olfactive et tactile
294
Attitude snoezelen dans les gestes au quotidien
• le nom de la personne ;
• son régime alimentaire ;
• ses goûts ;
• sa date d’anniversaire ;
• quelques informations importantes sur le comportement
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• une illustration d’un sujet de conversation affecionné
295
Thérapies non médicamenteuses
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matrice (présidente de l’asbl Le Bien Vieillir à Namur)
Franck Pierret : directeur (résidence « la Knippchen » à Arlon)
Nous remercions la Fondation Roi Baudouin, la mutualité Solidaris (Opération
Bravo) et l’Aéroport Charleroi Brussels South pour leur compréhension de
notre projet et leur soutien financier.
296
Chapitre 23
Pratique psychologique
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auprès du couple
aidant-aidé pour améliorer
son fonctionnement et
sensibiliser le monde médical
à sa prise en charge
Charlotte Planquart
1 Introduction
Nous assistons aujourd’hui à un réveil des consciences quant au « travail
informel des aidants familiaux ». Ces derniers, représentant en France
3 millions de personnes, assureraient 90 % du soutien logistique et des
soins (Thérizols, 2016).
Le premier soutien que le paramédical peut leur apporter est de
reconnaitre et aider la difficulté de leur tâche. Car il n’est ni obliga-
toire, ni normal, de s’occuper corps et âme, jour et nuit, d’un parent
proche au détriment de sa propre santé, ou encore de se voir exposé
au risque de devenir maltraitant.
Les troubles neurobiologiques de l’aidé entrainent chez l’aidant
un remaniement psychologique et environnemental inévitable. Ce
Thérapies non médicamenteuses
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les aidés. Ils apportent des conseils précieux pour accepter ce « ménage
à trois » imprévisible, et parfois menaçant.
2 Compréhension
Témoignage 1
• Contexte de rencontre
En consultation en cabinet
• Antécédents
Mme R., 52 ans, a été élevée par sa grand-mère. À 45 ans, elle a du accompagner sa
mère en fin de vie pour une période de cinq ans. De par son vécu, cette période fut
propice au rapprochement et à la réconciliation. Elle a pu recréer un lien qui n’avait
pas pu s’établir dans son enfance. Son nouveau rôle d’aidante aurait, semble-t-il, réparé
et comblé des manques.
298
Pratique psychologique auprès du couple aidant-aidé
• Doléances
Mme R. se présentait avec beaucoup de colère et une difficulté d’accepter le départ de
sa mère. Bien qu’elle désirait objectivement dépasser le manque physique, elle présen-
tait des signes dépressifs et des troubles psychosomatiques.
Troubles neurologiques et troubles psychopathologiques
L’émotion était telle que Mme R. présentait une grande labilité de l’humeur en consul-
tation et hors consultation, passant du rire aux larmes. Elle ressentait un abandon et
un vide intérieur.
• Discussion
Nous avons pu travailler sur le sentiment d’abandon, ressenti comme le deuxième de
la part de sa mère. Mme R. a su en partie stabiliser son émotionnel et développer de
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nouveaux projets dans son quotidien.
Les motivations de Mme R. étaient profondes ; à travers cet exemple, on voit l’impor-
tance du lien antérieur à la relation aidant-aidé. Le passé rend compte de l’unicité de
la relation et nécessite une analyse psychologique.
Témoignage 2
• Contexte de rencontre
En consultation en cabinet
• Antécédents
Mme T., 62 ans, habitait Paris, en couple, près de sa mère et de sa sœur. Son fils et
son petit-fils habitaient en Belgique. Mme T. avait prévu de profiter avec son mari de
leur pied-à-terre dans le sud de la France à l’âge de la retraite. Il y eut quelques mois
d’hésitation, Mme T. ne voulant pas laisser sa mère dépendante et sans soutien suffi-
sant. Mais elle décida finalement d’emménager dans le Sud.
• Doléances
Manifestement, la mère et la sœur de Mme T. regrettaient ce choix. Mme T. souffrait de
ces critiques. Deux raisons l’auraient motivée à consulter, l’incompréhension face aux
critiques ainsi que le manque d’amour et de bienveillance de sa mère depuis l’enfance.
299
Thérapies non médicamenteuses
• Discussion
À nouveau, les liens antérieurs façonnent la manière d’être aidant. Nous avons tra-
vaillé sur le positionnement dans son besoin de jouir d’une retraite paisible au soleil,
tout en mesurant et en équilibrant son investissement auprès de sa mère, de son fils
et de son petit-fils.
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tique. Tous les sexes et tous les âges sont touchés et doivent pallier
aux manquements structurels de la famille.
Témoignage 3
Mlle X., 20 ans, a dû consulter pour des difficultés universitaires. Il lui était compliqué
de mener à bien son cursus en parallèle du soutien qu’elle amenait à sa grand-mère
dépendante à domicile. Ses parents vivaient à l’étranger et lui avaient confié l’organi-
sation du maintien à domicile.
Mlle X. n’avait pas conscience de son rôle d’aidante, il lui semblait tout simplement
naturel de pallier l’absence de ses parents.
Témoignage 4
Mr Y., habitué, était un grand joueur de scrabble et fréquentait un club de manière régu-
lière. Ce jeu offrait une sortie bihebdomadaire à son couple.
Sa femme ne sembla pas accepter le diagnostic de démence de son mari et refusa
de stopper les rencontres au club. Toutefois, les compétences de son mari ne lui per-
mettaient plus de maintenir un jeu et une relation satisfaisante. En définitive, Mr Y.
commença à souffrir de cette nouvelle position désavantageuse et finit par être exclu
par ses pairs.
Cet exemple révèle une généralité : garder les habitudes est toujours
décrit comme précieux pour l’aidant. Pourquoi les aidants s’entêtent-ils
300
Pratique psychologique auprès du couple aidant-aidé
dans cette voie qui n’est manifestement plus adaptée à l’évolution des
symptômes de la pathologie dont souffre l’aidé ?
J. Bouisson (2012) apporte un élément de réponse : « Notre parent
ne sera pas aussi bien soigné que par nous même, peut-être même
qu’il sera maltraité. »
En conséquence, l’aidant souffre, ne sait pas déléguer. Il s’isole, il doit
faire face à l’incompréhension de l’entourage due au fardeau (Boutoleau-
Bretonnière, 2009) qu’il s’inflige. Il a peur d’être mal jugé par le voisinage
(Bouisson, 2012), mais aussi, l’aidant peut développer une honte et une
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crainte de dévoiler aux autres les pertes psychiques de son aidé. La
moitié des aidants présenterait des signes de détresse psychologique.
Un constat corroboré par Joël Jaouen, président de France Alzheimer,
« les gens arrivent à nous épuisés, désespérés » (Thérizols, 2016).
Témoignage 5
• Contexte de rencontre
Mr M., 74 ans, cardiaque, effectue un placement temporaire de sa mère de 93 ans,
suite à une chute. Cette dernière ne peut momentanément plus assurer la gestion de
son foyer et rester seule auprès de son mari atteint de la pathologie de type Alzheimer.
• Antécédents
Mr M. s’occupe de sa mère en perte d’autonomie, de sa fille en arrêt maladie pour
affection psychiatrique et de ses trois petits-enfants.
Sa mère, elle-même aidante pour son mari, développe peu à peu des troubles cognitifs,
ceux-ci n’ont pas été évalués avant l’arrivée en maison de retraite. Les pertes cogni-
tives sont significatives.
• Doléances
Sa mère, très affaiblie, refuse d’être séparée de son mari, et refuse dans un premier
temps toute aide quotidienne dans le cas d’un retour à domicile. Mr M. semble épuisé
de chercher des solutions pour sécuriser ses parents et dit être dans une impasse et
ne plus savoir se projeter.
• Discussion
Nous avons pu évaluer les troubles cognitifs chez Mme M., accompagner Mr M. dans
la prise de conscience de la charge globale dans sa famille et de la nécessité de se
positionner et de déléguer.
Il a pu accepter de se positionner, de convaincre sa mère d’être aidée lors de son
retour à domicile.
301
Thérapies non médicamenteuses
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nouvelles problématiques, et les paramédicaux qui soutiennent et parti-
cipent à la prise en charge proposée par ces derniers. Il est essentiel de
comprendre, d’analyser en profondeur la psychologie de l’aidé, qui peut
subir et être déstabilisé par l’ascendance inconsciente de son aidant.
L’exigence, consciente ou inconsciente, de l’aidant déstabilise l’aidé.
L’aidé se trouve alors dans la difficulté des pertes réelles liées aux
symptômes et dans la peur de « mal faire », puisque l’évaluation de
l’autre et le jugement sont portés quotidiennement par l’aidant. La cli-
nique nous montre des attitudes et compétences différentes de l’aidé
qu’il soit en la présence ou en l’absence du proche aidant.
Or, l’aidé ne se limite pas à ses symptômes, il conserve une mul-
titude de ressources ; des ressources cognitives (plasticité cérébrale),
des ressources émotionnelles qui sont un puissant facteur de lien social,
mais aussi des ressources sensorielles et procédurales. Dans le cas
d’une démence sémantique, la conduite peut tout à fait être maintenue.
Si l’environnement de l’aidé s’adapte avec souplesse aux change-
ments liés à la pathologie, l’aidé peut jouir d’un équilibre temporaire en
intégrant ainsi le poids de la frustration et de la colère face à la perte
d’autonomie. Le maintien du lien social semble être le facteur le plus
puissant de stimulation des capacités et compétences pour l’aidé.
Les étapes d’un deuil ont été vulgarisées par les analyses de Kubler
Ross (1969) et de Hennezel (1995) (déni, colère, marchandage, dépres-
sion, acceptation). Ces étapes du deuil existent tour à tour et sont en
général initiées par une phase de déni.
302
Pratique psychologique auprès du couple aidant-aidé
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le couple aidant-aidé à des comportements maltraitants ou infantilisants.
Exemple 1
Mr G. assiste impuissant à la maltraitance psychologique et physique qui s’installe entre
sa mère et son père atteint de la pathologie de type Alzheimer. Sa mère refuse toute
aide extérieure pour se soulager, et refuse catégoriquement toute perspective de place-
ment de son mari. Mr G. analyse cette situation comme une inversion de l’ascendance
psychologique du couple parental, mais aussi la peur de la solitude de sa mère quant
à l’impossibilité de déléguer.
303
Thérapies non médicamenteuses
3 Éducation
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croyances et des schèmes, comme faire émerger le besoin de recon-
naissance dans ce travail informel, ou encore mieux analyser l’inversion
des rôles, sans oublier de rappeler la difficulté dans la prise de recul
envers la famille, berceau primitif, dans lequel les croyances sont les
plus ancrées.
L’essentiel dans cette « rééducation » est d’offrir la possibilité et
des espaces de valorisation et de parole aux aidants. Parler permet de
prendre du recul et de restructurer peu à peu les croyances que nous
avons, mais aussi l’environnement dans lequel nous évoluons.
L’objectif majeur de cette rééducation se trouve dans le passage d’un
état de « faire » à un état « d’être ».
La maladie dégénérative annihile progressivement toute construction
du mental pour ne revenir qu’à un état de présence du corps. L’aidant,
dans cette rééducation, peut assimiler l’importance symbolique de ces
transformations et peu à peu accepter de jouir de la présence de l’aidé
dans ce monde. Ainsi, il ne cherche plus à prétendre « faire faire » à
l’aidé ce qui n’est plus envisageable et, au-delà de tout, ce qui n’a plus
de sens.
Nous évoquons souvent cette référence qui est de prendre du plaisir
à être ensemble ; « ensemble, c’est tout ». Par ailleurs, nous avons
orienté notre travail et développé des ateliers auprès de l’aidant autour
de trois axes : prendre soin de soi, la place dans la famille et les liens
psychosomatiques.
En voici les contours : l’aidant doit en premier lieu entendre et
sentir ces quelques mots « prenez soin de vous ». L’aidant sait qu’il
doit déléguer, en a conscience, mais est retenu par des croyances
profondes dont nous avons évoqué les origines. Or, l’aidant ne peut
aider s’il est lui-même fatigué et fragilisé. L’action de l’aidant est
une course de fond, l’endurance est la clé ; des temps de répit et de
repos sont nécessaires. Le deuxième axe est de proposer une réflexion
autour de la place dans la famille ; la pathologie oblige l’aidant à
endosser des responsabilités et des charges qui ne lui appartenaient
pas jusqu’alors.
304
Pratique psychologique auprès du couple aidant-aidé
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soient justes et adaptées à la situation. Par ailleurs, reconsidérer sa
place dans la famille soulage les culpabilités générées.
Un moment redouté dans la prise en charge d’un aidant en perte d’autonomie est l’arrêt
de la conduite de la voiture par l’aidé. Cette privation est souvent retardée, mettant en
péril la responsabilité des aidants. Comment accompagner lorsque ce sont les enfants
qui dénoncent en premier le risque du maintien de la conduite et favorisent la rencontre
avec le médecin décisionnaire de l’arrêt ?
305
Thérapies non médicamenteuses
Trois axes :
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duel et offre le bénéfice de maintien des fonctions cognitives et
évite le morcellement identitaire (Cariou, 1995). Par ailleurs, il
est important de rappeler de coordonner et ritualiser le cadre
de vie puisque l’anosognosie favorise la prise de risques et
les risques de fugue. En ce sens, proposer un cadre ferme et
sécuritaire dans la prise en charge : planning hebdomadaire ou
mensuel régulier, aides et accompagnements réguliers, logement
sécurisé. Proposer un maximum de référents de vie, de prise
de contact avec structures municipales, agences de service à
la personne, milieu associatif, club troisième âge, CCAS, etc.
• Enfin, la prise en charge doit savoir s’adapter pour ne pas mettre
en échec l’aidé. En ce sens, les thérapies artistiques sont un
bon média puisqu’il n’y a jamais d’évaluation des compétences.
306
Pratique psychologique auprès du couple aidant-aidé
But
• Réunification identitaire (d’après les travaux de M. Cariou)
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Objectifs
• Accompagnement avant choix EHPAD/maintien à domicile
• Endroit sécuritaire pour favoriser l’expression d’un couple hors du contexte quotidien.
Minimise les affects de frustration de l’aidant
• Expression orale, temps de présentation de chacun. Favorise le lien social et le
partage de vécu
• Pas de mise en échec par le ressenti et valorisation de l’aidé dans son savoir-faire
• Création commune
307
Thérapies non médicamenteuses
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gagement total de l’aidant pour adapter ses manières d’agir envers
son aidé. Elle doit aussi s’inscrire dans des changements de compor-
tements durables à la maison. Les changements doivent être profonds
chez l’aidant, pour ainsi espérer voir l’évolution du comportement et
le maintien dans le temps.
Les médecins et paramédicaux doivent impérativement prendre
conscience des enjeux de l’aide aux aidants et recommander quatre
méthodes : l’information, la formation, l’art-thérapie et la consultation
psychologique.
• L’information permet de pallier les méconnaissances de la patho-
logie et de dédramatiser certaines peurs, par le biais de lectures,
conférences, ou encore émissions de radio ou de télévision.
• La formation permet de favoriser l’engagement de la personne,
d’expérimenter en groupe plus restreint, de travailler sur le
partage d’expériences et les résonances : formation des aidants,
café des aidants.
• L’art-thérapie utilise un média autre que la parole et mobilise
les sens. Le mental n’étant plus engagé, le média artistique
contourne certains schèmes, croyances et peurs. Le corps intègre
l’information à travers le sens, ce qui optimise la compréhen-
sion, favorise les changements comportementaux.
• La consultation psychologique auprès de l’aidant offre un travail
individualisé de prise de recul, et un travail précis sur la méconnais-
sance de la pathologie et sur la déculpabilisation. La consultation
peut aussi être orientée autour de tests neuropsychologiques. Ces
tests complètent l’évaluation clinique. Ainsi, quelques consultations
suffisent pour éclairer et analyser la situation. La consultation
offre aussi des clés et outils à appliquer au quotidien.
308
Pratique psychologique auprès du couple aidant-aidé
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l’aidant auprès des médecins nous semble essentiel. Ils ont l’oreille
attentive de leurs patients aidants et peuvent éduquer à de nouvelles
possibilités thérapeutiques.
Leur recommandation doit porter un sens profond. Ils ne recom-
mandent pas uniquement une écoute et une empathie, ils proposent à
leur patient un temps de répit compris comme un moment de dérespon-
sabilisation. Cette déresponsabilisation temporaire offre au psychique la
possibilité de se mettre en pause, de « vivre une crise ». L’aidant peut
ainsi restructurer sa manière d’aider en s’intériorisant et en considérant
les avantages à ne vivre avec l’aidé que « l’être », plutôt que maintenir
des comportements de « faire ».
Nous souhaitions par ailleurs mentionner une structuration psy-
chique état-limite inspirée de la description de M. Cariou1. Pour ce
dernier, la clinique actuelle met en lumière un fonctionnement psycho-
logique répandu, caractérisé par une apparence très lisse, induite par
un hyper-contrôle de soi (Chabrier, 2013). Or, un aidant qui a cette
structuration psychique se présentera au soignant en se considérant
comme allant bien : « Je viens pour mon aidé qui va mal, mais moi,
je vais bien. »
Une autre caractéristique de la structure état-limite que l’on peut
retrouver est le « faire » (qui est à distinguer des aidants dont nous par-
lions précédemment). L’aidant état-limite se lance dans l’action, et entre
dans un processus qui tôt ou tard le conduira à l’épuisement. Malgré
cela, il refuse de parler des difficultés qu’il rencontre dans l’exécution
de sa tâche. Le « parler » lui est étranger. De ce fait, il lui est impos-
sible de prendre de la distance et donc de se faire aider. Agissant par
rapport à l’extérieur, « je fais pour montrer aux autres », l’aidant de
structure état-limite s’affiche volontiers comme ayant « la situation en
mains » et semble parfaitement adapté aux conventions sociales aux-
quelles il paraît se plier sans difficultés.
309
Thérapies non médicamenteuses
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important pour lui d’être confronté à la fermeté du monde médical pour
l’amener à accepter une aide pour lui-même afin d’éviter d’en arriver
à des extrémités très dommageables, et pour lui, et pour son aidé.
5 Conclusion
Le couple aidé-aidant est confronté à des problématiques diverses ainsi
qu’à de multiples deuils. La perte d’autonomie impose d’accepter et
de repenser son fonctionnement psychologique et environnemental.
Cette situation implique une nécessité de changer et d’évoluer, tandis
que les bouleversements sont déjà nombreux.
Nous préconisons un travail global du couple, tant en commun
qu’en individuel. Les aidants s’adapteront et adopteront la « bonne atti-
tude » face à leur aidé et sauront mettre en place un foyer sécurisé
pour l’aidé, mais aussi créer un nouveau niveau de communication.
Pour ce faire, l’aidant doit en premier lieu apprendre à déléguer
et à s’appuyer sur une institution de santé communicante, solide et
consciente des enjeux de l’aide aux aidants et du besoin de fermeté
dont les aidants ont besoin.
Les professionnels de l’aide aux aidants ont conscience que c’est
un exercice qui nécessite du temps et une profondeur d’analyse pour
répondre avec justesse à chaque patient. Le monde médical peut ainsi
conseiller à chaque patient une prise en charge non médicamenteuse
et recommander l’intervention de psychologues formés à la psycholo-
gie clinique gérontologique pour accompagner leur action et répondre
à une prise en charge globale.
310
Chapitre 24
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et les visites de musée
pour les patients atteints
de troubles cognitifs
débutants à modérés
Josie Sabatier
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assuré, il est bien difficile de penser qu’ils ont ce sentiment d’appartenir
à la société, d’être reconnus et utiles, et surtout celui de s’accomplir.
Ils sont tournés à la fois vers le passé et vers cet avenir qui se rétré-
cit sans cesse.
Ils n’ont souvent plus la possibilité d’effectuer des activités qui les
feraient se sentir utiles et sont privés de stimulations sociales (aller au
marché, en ville, faire la cuisine…), mais aussi de stimulations senso-
rielles, visuelles, cognitives et émotionnelles.
Quand la maladie d’Alzheimer plus évoluée vient s’ajouter au
tableau, l’angoisse et la peur s’installent et viennent perturber l’at-
mosphère (gestes répétitifs, cris, déambulations ne nous facilitent pas
la tâche).
Alors, comment allons-nous faire revenir l’intérêt, le sourire, la
parole, l’envie, voire le désir, de participer aux activités proposées,
d’aller vers l’inconnu que nous leur proposons ?
Un véritable enjeu de distraire ce public, mais aussi d’effectuer des
ateliers adaptés à chacun et compatibles avec tous, qui les sortent
de leur isolement, les stimulent sans les mettre dans des situations
d’échec. Le même problème se pose pour tout animateur devant un
groupe : comment toucher chacun, l’intéresser, le distraire, faire qu’à
un moment donné de l’après-midi chaque résident puisse s’exprimer,
se sentir concerné, revenir dans la vraie vie, se sentir exister, malgré
les disparités des membres du groupe. Il s’agit d’une méthode semi-
directive, encadrée par des techniques, mais permettant un ajustement
à chacun. Il n’est pas question d’art-thérapie, mais c’est bien une thé-
rapie, car ces techniques agissent sur les angoisses et permettent ainsi
une meilleure adaptation comportementale.
Le premier impératif est d’accueillir chacun individuellement avec
le sourire et dans le calme, d’annoncer le programme, de l’instal-
ler confortablement en tenant compte des « inimitiés », d’accueillir
les retardataires sans impatience en reprenant les informations, de
veiller à ce que chacun puisse capter notre regard et nous entendre,
312
Les ateliers multisensoriels et les visites de musée
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notre pari si les sourires et les mines détendues apparaissent, consi-
dérés comme un marqueur comportemental de la réussite de notre
action.
Notre blouse « rose éclatant » est un signe fort qui les sécurise
et leur permet de savoir qui nous sommes, la chanson que chaque
atelier a choisie pour se retrouver chaque semaine (et aussi pour se
quitter) est le signe rassurant qui annonce la séance. L’habitude a été
prise au long séjour de l’hôpital de projeter à la télévision les photos
prises la semaine précédente, une manière positive de se retrouver et
de renouer le fil du temps.
Ambiance de travail
des Blouses roses
Stimulation de l’odorat
313
Thérapies non médicamenteuses
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Les souvenirs d’enfance sont toujours présents dans le cerveau,
accessibles par rappel, connectés entre autres au centre de l’odo-
rat. Nous savons que si nous stimulons l’odorat, nous activons les
mécanismes de l’évocation, d’une modalité de mémoire indicés à nos
souvenirs olfactifs liés à nos découvertes lors de l’enfance. Les per-
sonnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, malgré une fragilisation du
sens de l’olfaction, même si elles ne sont pas capables de nommer
les odeurs, éprouvent un ressenti à la stimulation olfactive. Ces odeurs
permettent de créer un espace intérieur, elles provoquent des sensa-
tions fortes, redonnent de l’énergie et, surtout, par leur instantanéité,
sont source de parole.
Certaines odeurs porteuses de souvenirs leur permettent un retour
sur elles-mêmes, une concentration mêlée d’émotions, une manière de
se retrouver, voire se « rassembler », pour retrouver leur enfant inté-
rieur. Je me rappelle toujours avec émotion de la réaction d’André
lorsque j’ai fait circuler un bouquet de violettes avec les feuilles bien
serrées autour des tiges (un bouquet d’enfant) et ses larmes de joie à
la « re-découverte » olfactive et tactile de ce petit bouquet qu’il fabri-
quait pour faire plaisir à sa maitresse à l’école ; « Ça ne va pas, André ?
Si, je suis heureux. »
L’idée nous est alors venue de constituer une valise sensorielle qui
deviendrait un outil pour l’animation de nos ateliers.
314
Les ateliers multisensoriels et les visites de musée
temps perdu. Du côté de chez Swann, lorsque sa mère lui propose une
madeleine à l’heure du thé :
« La vue de la petite madeleine ne m’avait rien rappelé avant que
je n’y eusse goûté… peut-être parce que, de ces souvenirs abandon-
nés depuis si longtemps hors de la mémoire, l’odeur et la saveur
restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre,
à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur
gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir. »
Quelles sont les odeurs qui correspondront au vécu et au res-
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senti de personnes d’une même époque, mais de régions, de milieux
différents (Blanc-Mouchet, 1987 ; Jaquet, 2010) ? À quelle forme d’uni-
versalité arriverons-nous ?
Comment fabriquer un outil qui respecte l’expérience intime de
chacun ?
315
Thérapies non médicamenteuses
l’école maternelle par le biais d’un mouchoir que la mère aura porté
sur elle quelques jours. L’odorat est le premier sens qui permet à l’en-
fant de construire les liens essentiels avec son entourage, le « doudou »
est l’objet transitionnel qui va le rassurer lorsqu’il est dans un milieu
étranger.
La maison aussi a une odeur (les odeurs de cuisine, de nourriture,
de lessive), la nature et les jardins lors de promenades (fleurs, fruits,
ou autres) : toutes senteurs qui de familières deviendront pour certaines
sécurisantes. Les odeurs renvoient aussi à la dimension spirituelle de
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l’individu dans une civilisation donnée : les parfums ont été sacralisés
depuis l’origine des temps (par exemple : l’encens).
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Les ateliers multisensoriels et les visites de musée
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Maty Chiva (1985), réactions réflexes significatives aux quatre saveurs
(acide, amer, sucré, salé) et qui sont pour la mère l’indication du plaisir
ou du rejet de son enfant lorsqu’elle teste un nouvel aliment. Avec les
soignants, nous établissons la liste de ceux qui ne doivent pas manger
de sucre (les quantités sont tellement minimes que la plupart du temps
tout le monde a droit à sa petite ration).
C’est ainsi que la senteur est devenue Flaveur. Ce mot désigne l’en-
semble des sensations perçues à partir de la bouche : goûts et odeurs
mêlés, sans distinction.
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Thérapies non médicamenteuses
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se connaitre et de mieux accueillir les réponses des résidents, puisqu’il
s’agit d’accompagner les participants et les aider à faire émerger la
conscience de leur propre corps, en référence aux 5 sens, puisque
l’odeur va faire resurgir les sensations visuelles, tactiles, auditives, gus-
tatives et olfactives. L’intérêt sera de proposer des objets et matières
qui renforceront ces sensations : tout le matériel est à disposition dans
une boite et un classeur.
Ateliers sensoriels
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Les ateliers multisensoriels et les visites de musée
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2011), l’animateur(-trice) de l’atelier ne sera pas en attente d’un résul-
tat, mais laissera émerger les émotions et aidera les personnes à les
formuler : il s’agit d’être attentif aux expressions, aux regards aux
sourires. L’empathie est de mise. Il s’agit de valoriser les capacités
persistantes, de contourner les défaillances, de proposer des activi-
tés faisant appel à la mémoire ancienne des participants, en résumé :
faire avec, mais pas pour, aider chacun à aller le plus loin possible
dans ses « re-découvertes » par une attitude d’écoute et de respect :
« Aide-moi à faire seul ».
Il est important avant chaque atelier de préparer le lieu où nous
intervenons, de proposer une « mise en scène » (nappe, disposition
agréable des objets) puis de s’être assuré du consentement de chaque
participant en se présentant et nommant chacun pour que tous se
sentent concernés.
Puis, c’est la senteur qui circule, anonyme sous la forme d’huile
essentielle, et il est toujours étonnant de constater que le décor pourtant
très évocateur ne met pas les participants sur la voie. C’est toujours
à l’enfant intérieur que nous nous adressons, avec pour consigne :
quels souvenirs cette odeur évoque en vous ? Souvent, nous n’avons
que des réponses timides et évasives : je suis enrhumé… je ne sais
pas. Si aucune indication ne vient, l’animateur parle en « je » (« quand
j’étais petit(e) »), afin de faire basculer la pensée vers l’enfance, les
visages s’ouvrent, les sourires s’épanouissent lorsque le mot est pro-
noncé. Comme le dit Bachelard : « L’odeur était restée dans le mot. »
C’est alors l’occasion de reprendre les idées, de les reformuler, afin
que chacun s’exprime, puisse écouter l’autre, éventuellement reprendre
ses idées en les adaptant à son vécu.
C’est le moment où se joue souvent la réussite de l’atelier, afin qu’il
ne s’agisse pas uniquement d’une relation animateur/animé, mais une
réelle conversation où les interlocuteurs s’écoutent et se racontent, où
l’animateur est seulement un membre du groupe. Le fait de poser des
questions ouvertes favorise grandement l’entreprise « Et vous qu’en
pensez-vous ? Comment était-ce ? », en évitant les formes négatives.
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Thérapies non médicamenteuses
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délicat), je suis ému, heureux, j’ai du plaisir ou je déteste.
• Je goûte : je croque, je savoure, je sirote, je retrouve mes per-
ceptions aux saveurs, j’aime ou pas.
• Je touche : je caresse, j’effleure (c’est doux, mou ou ferme,
humide, gluant, tendre, satiné).
• J’écoute et je chante : je bats la mesure, je me berce, je bouge,
je frappe dans mes mains. Le temps de la chanson est un
moment intense que la majorité des participants apprécie. Les
paroles, bien que lues, reviennent spontanément aux lèvres, je
me replace dans un temps donné de mon histoire.
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Les ateliers multisensoriels et les visites de musée
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ceptions oubliées, les puzzles fabriqués avec les photos se reconstituent
plus facilement, le moment de la chanson aussi est très important. Il
y a toujours un temps dans l’atelier où chacun trouve son compte,
s’exprime et montre son plaisir. Il arrive que des personnes engagent
des conversations avec des voisines auxquelles elles n’avaient jamais
adressé la parole… C’est là notre récompense.
Les ateliers sensoriels à départ olfactif et gustatif décrits ci-dessus
sont issus de la réalisation d’une valise sensorielle « À chacun sa
madeleine », conçue par le Comité de Valence de l’association Les
Blouses roses, en direction des personnes âgées et à déficit cogni-
tif (PASA) des EHPAD de la Drôme et du long séjour de l’hôpital de
Valence, dans lesquels interviennent les bénévoles de cette associa-
tion. Ce projet de valise sensorielle a reçu le soutien et le financement
du Conseil départemental, de la Caisse primaire d’assurance maladie
de la Drôme.
« Les Blouses roses, animation loisirs à l’hôpital » est une associa-
tion nationale française. Depuis sa création en 1944, l’association « Les
Blouses roses » a pour but de distraire les malades, enfants ou adultes, à
l’hôpital, et les personnes âgées en maison de retraite. Chaque semaine,
des milliers de bénévoles formés (à ce jour 4 700) animent des activi-
tés ludiques, créatives et artistiques partout en France, afin que toutes
les personnes âgées ou malades, quel que soit leur âge, puissent conti-
nuer à voir « la vie en rose ».
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Thérapies non médicamenteuses
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dents, ces seules images les renvoient à leur existence et ils finissent
par ne plus les voir.
Le constat de cette pauvreté culturelle, qu’elle soit musicale (la
musique ne se réduit pas à la chanson), picturale ou littéraire, si l’on
excepte les Fables de la Fontaine, nous interpelle.
La grande hétérogénéité des parcours personnels des résidents est
une difficulté supplémentaire, et si l’on évalue le nombre d’œuvres
du patrimoine rencontrées dans la scolarité de chacun à l’école de
la république et universellement connues, on trouve celles présentées
dans les manuels d’histoire où elles servaient à enseigner l’histoire de
France : Portrait de Louis XIV par Hyacinthe Rigaud, La liberté guidant
le peuple de Delacroix, Le Sacre de Napoléon de David, Le radeau de la
méduse de Géricault, Le serment du jeu de Paume… et bien sûr Mona
Lisa, L’Angélus de Millet et quelques gravures de Gustave Doré illus-
trant les fables de La Fontaine.
322
Les ateliers multisensoriels et les visites de musée
des œuvres d’art pour les élèves d’âge scolaire. Dans le cadre d’un
jumelage Zone d’Éducation Prioritaire (ZEP)/Musée, un « musée des
5 sens », sorte de musée idéal (en écho au « palais idéal du Facteur
Cheval » voisin) a pris place dans un appartement de la ZEP. Réalisé
avec les élèves et des artistes, il a été le point d’orgue d’une recherche
menée avec la conseillère pédagogique.
Appréhender une œuvre d’art avec son corps tout entier, et non pas
seulement par le regard, éprouver, ressentir, établir des passerelles dans
le vocabulaire relatif à chacun des sens, se raconter des histoires, se
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donner les moyens de comprendre en évoquant ses expériences, ses
acquisitions sensorielles, avant d’intellectualiser étaient les étapes de
la démarche visant à rendre libres les spectateurs devant les œuvres,
quels que soient leur âge, leur milieu social, leur histoire, leur culture.
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Thérapies non médicamenteuses
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Paolo Porpora, Fleurs et fruits et Fleurs et sculptures
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Les ateliers multisensoriels et les visites de musée
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pants en fonction de leur état, de leurs désirs, de leur projet de vie.
Arrivé en minibus, le groupe est accueilli dans l’Orangerie du musée,
pour une pause permettant de se familiariser avec le lieu, retrouver les
Blouses roses, se rafraichir le cas échéant. À chaque visiteur est attri-
bué un accompagnant qui sera le compagnon au cours de la visite.
Le groupe de 8 personnes au maximum se dirige vers la salle lente-
ment, on prend le temps de la découverte.
Dans la salle, c’est une odeur d’ambiance qui nous accueille :
Didier Michel, parfumeur spécialisé dans les liens senteurs-couleurs a
accompagné le musée dans la création du parfum « Paolo Porpora ».
L’ensemble de la salle offre au visiteur l’odeur des tableaux et
l’étonnement se lit sur les visages. L’odeur d’un JARDIN semble faire
l’unanimité, jardin fleuri de DEVANT, ou potager DERRIÈRE la maison
d’enfance ou familiale ? Les conversations sont lancées, pour un public
qui possédait un jardin dans sa grande majorité. Les histoires fusent sur
les plantations, les essences, les récoltes, les gourmandises. Chacun
s’installe sur un pliant derrière la table ou avec son fauteuil roulant qui
s’insère parfaitement sous la table.
Des éléments de chaque tableau sont reproduits en grandeur nature
et les contours sont rehaussés afin de permettre d’en suivre les lignes
et appréhender tactilement la forme des fleurs, des fruits, des éléments
ou des animaux présents dans les peintures. Le vase est reproduit avec
toutes ses décorations en relief, un élément d’osier tressé, une sculp-
ture en marbre de Carrare permettent de d’expérimenter le TOUCHER.
Les visiteurs sont très attentifs et concentrés pour suivre les dessins en
relief, ils échangent et partagent leurs hypothèses, leurs impressions.
Les éléments à interpréter sont présentés en lecture et en braille
sur la bande de lecture, un tracé tactile guide les doigts jusqu’à l’élé-
ment dont on doit deviner l’ODEUR, un bouton poussoir déclenche la
diffusion d’une odeur, lorsque la réponse est bonne le bouton-pous-
soir vibre. Cerise, lys, rose ancienne et pivoine déclenchent les sons
et les rires de satisfaction.
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Thérapies non médicamenteuses
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avec son corps, la vue étant plus faible pour une partie d’entre eux :
ils ont l’idée d’un jardin fleuri de roses, lys, ipomées, tulipes, pivoines,
habité de canetons, coccinelles, chardonnerets, il est temps de s’ap-
procher des toiles au plus près. Elles sont très grandes, avec de beaux
cadres dorés. C’est le moment d’exercer son REGARD. Chacun s’ap-
proche, évalue, reconnait à la vue ce qu’il a éprouvé avec les doigts ou
le nez, et tous apprécient les œuvres et les trouvent « belles ». L’émotion
se dégage lorsque les visiteurs découvrent chaque tableau dans son
ensemble : l’harmonie des couleurs, la sensualité des formes et leur
agencement, le désordre savant des végétaux, l’abondance des fruits
fraichement cueillis, la délicatesse des tracés, l’émotion est présente
et se manifeste par des exclamations, des sourires.
De l’émotion à la pensée : c’est le moment de reconstituer le
puzzle des perceptions, des sensations, des ressentis pour écouter une
histoire. Chacun se réinstalle confortablement pour écouter l’histoire
inventée qui reprend les informations sur l’artiste, son époque, l’Italie
et Naples, le jardin et ses éléments. Le groupe se laisse aller à savou-
rer le récit et, de temps à autre, des sourires, des hochements de tête,
des remarques et des remerciements montrent qu’ils ont apprécié la
séance. Les sourires sont là. C’était BEAU !!!!
326
Les ateliers multisensoriels et les visites de musée
qui s’intégraient le plus harmonieusement du monde aux massifs entretenus par une
troupe de jardiniers.
La plus grande fierté du signore Giardino venait de ses tulipes, les « Semper Augustus »,
très en vogue en Hollande il y a quelques années. Selon les saisons, il veillait avec un soin
jaloux sur les roses et églantines, les différentes variétés de lys, les boules d’obier, les aga-
panthes, les pivoines et œillets, hémérocalles, bleuets, ipomées ou autres roses trémières.
Le printemps était sa saison préférée quand son jardin reprenait vie, les cerisiers, pêchers,
poiriers, pruniers fleurissaient comme autant de promesses pour la saison à venir, seules
les nèfles étaient arrivées à maturité. La signora Cassandra, quant à elle, préférait la
saison des roses qu’elle cueillait par brassées munie de sa corbeille, et dont elle faisait
de somptueux bouquets odorants dans les vases précieux.
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Elle n’hésitait pas à parsemer les sols en mosaïques et les lits de pétales frais qu’elle
faisait renouveler chaque jour, comme ses ancêtres avant elle, puis venait le temps des
fruits luisants et juteux qu’elle disposait dans de larges coupes avant qu’ils deviennent
d’excellentes confitures, mais aussi les figues dont les feuilles traçaient de longues lignes
parfumées le long des allées.
Les jardiniers devaient veiller jour et nuit sur les variétés précieuses, faire la chasse aux
escargots et limaces et protéger les canetons qui en faisaient leurs repas. Les cocci-
nelles aussi avaient sa faveur et se régalaient des pucerons. Bien que gourmands des
fruits du verger, les chardonnerets étaient aussi les bienvenus, auxquels les chenilles
et papillons ne résistaient pas.
En toute saison, au lever du soleil, le signore Narcisso courait dans son jardin et n’en reve-
nait qu’à son coucher : vous l’auriez vu planté là, comme s’il avait pris racine au milieu
de ses fleurs. « À la saison des tulipes, le voilà devant la “Semper Augustus”…, il ouvre
de grands yeux, il se frotte les mains, il se baisse, il la voit de plus près, il a la cœur
épanoui de joie, il ne l’a jamais vue si belle, il passe à l’orientale, il revient à la Semper
Augustus, où il se fixe, où il se lasse, où il s’assoit, où il oublie de diner : aussi est-elle
nuancée, bordée, huilée à pièces emportées, elle a un beau vase ou un beau calice ; il la
contemple, il l’admire, il ne donnerait pas sa tulipe pour mille écus ? Il revient chez soi
fatigué, affamé, mais fort content de sa journée ; il a vu des tulipes. »
Lors des grandes réceptions qu’il organisait, le signore Narcisso aimait avant tout faire
visiter son jardin à ses invités, ceux-ci étaient contraints de le suivre et de l’écouter
raconter l’histoire de chaque plante, chaque fleur, chaque arbre. Mais si l’automne le
ravissait par les couleurs, l’hiver le prenait au dépourvu : plus de fleurs, les fruits tardifs
se faisaient rares, plus de couleurs, plus d’odeurs suaves, seulement l’odeur de la terre
mouillée. Aussi il se morfondait dans son salon près de la grande cheminée.
Il avait entendu parler d’un peintre fameux, Paolo Porpora, le peintre des fleurs, il le
convoqua dans sa demeure aux différentes saisons afin qu’il découvre ses variétés,
ses pensionnaires et tous les éléments de décoration, qu’il en fasse des croquis, qu’il
en note les couleurs : le rouge amarante, l’indigo des ipomées, le kaki des nèfles,
les textures : le piquant du chardon, le moelleux des pétales de roses, les consis-
tances : la mollesse des figues, la dureté du bas-relief en marbre, qu’il en enregistre
les sons : les battements d’ailes, les clapotis des fontaines, les pépiements des cane-
tons, les froissements des feuilles, les ramages des chardonnerets, les frôlements des
papillons, qu’il en note les formes, les senteurs, les saveurs, les émotions que procu-
rait ce jardin merveilleux.
Ce peintre avait travaillé longtemps avec les peintres flamands et avait acquis à leur
contact les règles des compositions des natures mortes avec la symbolique des élé-
ments représentés. Il était aussi très influencé par le Caravage et avait été séduit par
les contrastes de lumière qui faisaient son succès.
Paolo Porpora se mit au travail et, dans son style très personnel et inégalé en ces temps
baroques, il se fit plaisir et avec sensualité s’appliqua à rendre le contour délicat des
pétales de roses, les hampes fières de lys blancs odorants, le rouge du lys martagon, le
bleu des delphiniums, malicieux il raconta la joie des canetons, cacha des coccinelles dans
les boules d’obier, brossa le chardonneret guettant les papillons, inventa la chute du vase
chinois renversé par on ne sait quelle main maladroite, installa la récolte de fruits dans
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Thérapies non médicamenteuses
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Nous nous retrouvons dans l’Orangerie pour un petit goûter et
retrouver le lieu qui nous a accueilli, partager nos impressions, l’envie
de revenir.
Chaque visiteur reçoit une carte postale d’une peinture, souvenir
tangible de la sortie.
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Les ateliers multisensoriels et les visites de musée
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conversations avec les aidants, les partages ont fait de ces moments
des plages « hors du temps de la MR (S) ». Les capacités émotionnelles
des visiteurs et l’extrême confiance qu’ils nous font dans l’aventure nous
invitent à poursuivre dans ce sens, afin de permettre à un maximum
de résidents de vivre ces moments privilégiés pour eux, mais aussi
pour nous. Ceci rejoint d’autres observations dans ce type d’activités
muséales pour patients en déficit cognitif progressif (Niemantsverdriet,
2014).
329
Chapitre 25
Mnémothérapie,
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reviviscence
et maladie d’Alzheimer
Jean-Claude Broutart,
Philippe Robert, Daniel Balas,
Nicole Broutart et Julien Cahors
1 Introduction
La mnémothérapie est une thérapie non médicamenteuse de la maladie
d’Alzheimer, qui active et fait revivre fortuitement la mémoire des faits
anciens. Le patient se retrouve dans le miroir de son passé, sa per-
sonnalité renait dans toute sa richesse et l’apathie fait place à la joie
de la reviviscence.
La mnémothérapie repose sur la conjonction de deux caractéris-
tiques présentes chez la personne Alzheimer :
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et des faits récents qui ne sont plus encodés ni stockés par l’hippo-
campe : c’est l’amnésie antérograde. Tout se passe comme si le patient
Alzheimer ne pouvait plus prendre « appui » sur un passé récent qui se
dérobe. Ceci a bien sûr des conséquences dans les activités de vie quoti-
dienne et sur la motivation du patient à s’investir dans des projets futurs.
Donc, plus de passé, plus d’avenir, plus de projets, plus de moti-
vations : c’est l’apathie. La conscience est présente, mais semble vide.
L’arrêt de l’encodage-stockage de faits nouveaux agit comme un « arrêt
sur image ». Le film psychique qui se déroule en permanence est en
panne, réalisant sans doute un état psychique proche de la « perte
d’auto-activation psychique » (Laplane, 1990 et 2005). Cette vacuité
de la conscience témoigne de la différence qui existe entre le fait d’être
conscient et le fait d’avoir une conscience intentionnelle et motivante
des choses. Amnésie antérograde, perte de motivation et vacuité de la
conscience se conjuguent pour désespérer l’entourage et les personnes
Alzheimer et conduire au renoncement pour les uns et à l’isolement
mortifère pour les autres.
Et pourtant… un trésor de souvenirs anciens persiste : c’est la
mémoire rétrograde. Malheureusement, ces souvenirs sont difficilement
accessibles à un rappel libre, volontaire et autonome qui se trouve altéré
du fait des lésions et de l’évolution de la maladie. Toute recherche
volontaire du passé aboutit rapidement à un sentiment d’échec et à
sa conscience douloureuse. C’est donc à un mécanisme de mémoire
involontaire qu’il faut faire appel pour mobiliser cette mémoire des
faits anciens.
332
Mnémothérapie, reviviscence et maladie d’Alzheimer
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lontaire du « lâcher-prise » : montée progressive d’un épisode ancien
d’abord virtuel, puis factuel lorsqu’il surgit dans le conscient où il est
revécu au présent et dans la joie. C’est le processus de reviviscence. Il
faut donc inciter, susciter, laisser s’épanouir ce processus de reviviscence
et l’accompagner par un échange discret et une empathie partagée.
Chacun de nos cinq sens peut être utilisé comme stimulus déclen-
cheur. Nous avons choisi de privilégier le stimulus sensoriel musical
pour les raisons suivantes :
333
Thérapies non médicamenteuses
3 Protocole de la mnémothérapie
En préalable à toute thérapie, il faut un dossier médical complet avec
le diagnostic d’Alzheimer posé par un spécialiste, le nom du médecin
traitant et du médecin spécialiste, une évaluation cognitive et com-
portementale complète par un centre mémoire, la date des premiers
symptômes et la date de la confirmation du diagnostic, les traitements
poursuivis et en cours, l’imagerie médicale avec scanner ou IRM céré-
bral. Les critères d’exclusion sont les états confusionnels, les états
dépressifs majeurs et la notion de syndrome post-traumatique.
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En préalable à toute mnémothérapie, il faut donc rechercher l’exis-
tence d’un indiçage, c’est-à-dire d’une connexion reliant une musique
à un réseau mémoriel. Ce diagnostic ne peut être posé que devant le
surgissement de la joie de la reviviscence. C’est donc à une enquête
méticuleuse et patiente qu’il faut procéder dans tous les domaines
musicaux, de façon à constituer progressivement une « playlist » des
pièces musicales spécifiques à chaque patient, véritable « indice » de
réseaux mémoriels.
334
Mnémothérapie, reviviscence et maladie d’Alzheimer
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Actuellement, cette méthode fait état de plus de 1000 heures de séances
filmées avec un recul total de 7 ans. Plus de 150 patients ont bénéfi-
cié de cette prise en charge.
La mnémothérapie est régulièrement proposée aux patients hébergés
à l’accueil de jour de la fondation GSF Jean-Louis Noisiez (Biot-Sophia
Antipolis). Les patients sont pris en charge de manière individuelle.
Avec l’accord des patients et de leur famille, les séances sont entiè-
rement filmées.
Nous décrirons dans un premier temps les dix points essentiels
que nous avons notés au cours du déroulement habituel des pre-
mières séances (premier mois). Puis, nous décrirons le déroulement
des séances ultérieures, c’est-à-dire au delà d’1 mois et jusqu’à 2 ans
et plus avec des séances bihebdomadaires.
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Thérapies non médicamenteuses
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Lorsque le déclic émotionnel et mémoriel se produit, tout se passe
comme si une connexion s’était faite entre la reconnaissance d’un air
et la récupération au moins virtuelle d’un épisode oublié de sa propre
vie. La narration de celui-ci peut s’exprimer de façon précoce ou dif-
férée, dans la mesure bien sûr où il n’y a pas ou peu d’aphasie. Mais
l’aphasie elle-même n’est pas rédhibitoire : en effet, elle n’empêche
pas les paroles d’une chanson d’être retrouvées et chantées facile-
ment. Quant à la narration d’un épisode ancien, s’il n’est pas formulé,
il peut être esquissé (« revoir ce que je faisais ») et la gestuelle de l’ex-
pression faciale et du corps exprime parfaitement le bonheur retrouvé.
Donc, soudain, tout bascule : un air, une chanson, souvent les
refrains, sont reconnus et provoquent un déclic émotionnel et mémo-
riel. Celui-ci comporte, dans ses expressions les plus typiques, trois
manifestations qui se succèdent presque instantanément : l’étonne-
ment, l’acquiescement, la joie. C’est alors le temps du « lâcher-prise » :
sans y avoir été invité ni même sollicité, le patient fredonne l’air et
manifeste une expression d’apaisement ; il se laisse aller comme dans
un rêve éveillé et les paroles de la chanson lui reviennent parfois très
vite et souvent complètement. L’envie de fredonner et de chanter est
comme irrésistible. La joie est manifeste. Ces signes s’accompagnent
souvent d’expressions gestuelles d’impatience heureuse, d’attente sous-
tension : c’est alors la montée progressive d’un épisode ancien virtuel
vers son apparition en pleine conscience.
Le phénomène de reviviscence n’est pas constant, mais toujours
bouleversant par la richesse de ses détails, par le vécu au présent d’un
épisode ancien et par le bonheur qui l’accompagne. (« Ça surgit… C’est
vivant », « C’est mon frère qui joue de la clarinette… ») L’ensemble du
processus, qui va du déclic à la narration épisodique, constitue le pro-
cessus de reviviscence ; ce mot souligne bien que c’est comme une
renaissance qui s’est déroulée, d’abord inconsciente et émotionnelle,
puis consciente et cognitive. Ce processus peut alors donner lieu à une
narration souvent longue, riche et vivante d’épisodes anciens accom-
pagnée du bonheur de se retrouver et de communiquer.
336
Mnémothérapie, reviviscence et maladie d’Alzheimer
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de réminiscence, même surgissement d’un même épisode revécu. Bien
sûr, il ne s’agit pas de réplication pure et simple d’une séance à l’autre.
L’intensité des émotions, la précision et les détails d’une narration, la
richesse de l’analyse qui peut en être faite vont varier d’une séance à
l’autre et d’un mois au mois suivant, mais les fondamentaux restent les
mêmes. Ce qui demeure le plus troublant, et le plus prometteur dans
cette méthode de mnémothérapie, c’est la possibilité pour chacun de nos
patients de retrouver la joie de son identité et le bonheur de la revivre.
337
Thérapies non médicamenteuses
100 96,57
93,24 93,24
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83,25 76,59
80
60
40
20
0
1 2 3 4 5
Ces premiers résultats n’ont qu’une valeur indicative, mais ils sont
bien représentatifs de ce que nous obtenons régulièrement dans nos
ateliers de mnémothérapie.
Les critères de réussite des ateliers de mnémothérapie sont les suivants :
338
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12
10
6
1
Mnémothérapie, reviviscence et maladie d’Alzheimer
4
2
34
2
5
0
.P a.J o.X a.G i.T i.R I (1) I (2) r.A o.F o.G a.F e.H (1) (2) i.A r.L .G a.M e.M e.C a.M Fi.J u.M e.O .R* i.N .B* i.D .R*
Be G T R D B u. u. C R C C R .C .C P G Vi L L A P T L Be V Au V a
G G M
An An
339
Figure 25.2. Répartition générale des items par patient
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Thérapies non médicamenteuses
6 Discussions
Plusieurs éléments nous paraissent devoir être évoqués et discu-
tés pour mieux comprendre les mécanismes qui sous-tendent la
mnémothérapie.
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trouve correspondre point par point avec la « mémoire involontaire »
décrite par Marcel Proust dans toute son œuvre, et dont la « madeleine »
est restée le symbole (Proust, 1871-1922). En effet, la mémoire invo-
lontaire est le fondement de l’œuvre de Marcel Proust : « Mon œuvre est
dominée par la distinction entre la mémoire involontaire et la mémoire
volontaire », écrivait-il lui-même dans certaines correspondances. C’est
une expérience inattendue, non reproductible et bouleversante qui
débute par une sensation de joie intense et se termine par le surgisse-
ment en pleine conscience d’un épisode ancien d’une grande richesse
revécu au présent. Cette expérience est à l’origine de l’ensemble de son
œuvre À la recherche du temps perdu, pour deux raisons semble-t-il :
340
Mnémothérapie, reviviscence et maladie d’Alzheimer
• ensuite, son identification qui est loin d’être évidente et qui pose
au praticien le problème d’un biais important au cours d’une
étude qui se voudrait objective et non contextualisée.
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intériorisation et sa pudeur font qu’elle s’éprouve plus qu’elle ne se
prouve.
Néanmoins, il semble que l’on puisse lui décrire trois expressions
quasi simultanées (le déclic) :
341
Thérapies non médicamenteuses
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Proust, avec l’espoir d’une réciprocité féconde. La mémoire invo-
lontaire crée les conditions de la joie ; la maladie d’Alzheimer crée
les conditions de reproductibilité de l’imprévu grâce à l’amnésie
antérograde.
342
Mnémothérapie, reviviscence et maladie d’Alzheimer
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l’accès à des souvenirs autobiographiques de nature principalement
épisodique, c’est-à-dire précis, contextualisés dans le temps, accompa-
gnés de détails perceptivo-sensoriels et remémorés dans une position
d’acteur. » Notre travail se situe alors au niveau de la stimulation de
la voie directe.
Enfin, les résultats très récents en imagerie médicale sur la
mémoire musicale et sur le réseau cérébral par défaut semblent éga-
lement compatibles avec les résultats cliniques de la mnémothérapie :
343
Thérapies non médicamenteuses
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moration, souvenir, reviviscence.
6.3.1 La mémoire
C’est la faculté de conserver, par encodage et stockage, les sensations,
les concepts et les épisodes de notre vie sous forme d’engrammes
cérébraux. On « engrange » ces engrammes ; on met en « mémoire ».
6.3.2 La remémoration
La remémoration, le rappel, la souvenance, c’est la capacité de récupé-
rer de façon volontaire ou automatique les engrammes. Cette faculté
met à disposition de notre conscient le souvenir recherché : on a
« bonne souvenance ». C’est donc l’utilisation spontanée ou laborieuse
de réseaux mémoriels coutumiers. La remémoration est donc le rappel
volontaire d’un souvenir.
6.3.3 Le souvenir
Le souvenir est « l’objet mental » récupéré par le mécanisme volontaire
de la remémoration. C’est un outil mental indispensable à la mémoire
de travail pour comparer, évaluer, prévoir, décider et agir. Ces caracté-
ristiques sont donc cohérentes avec sa fonction : il est comme « épuré »
de la richesse « encombrante » du contexte et de l’émotion, il est un
peu flou, impersonnel, schématique. Il n’est pas revécu, mais revu de
façon un peu lointaine, comme à distance, en « spectateur ».
Par contre, il est tout à fait conscient : on peut le formuler par des
mots « et les mots pour le dire arrivent aisément » (Boileau, 1850).
Il correspond à la formule littéraire « je me rappelle », qui souligne la
nature volontaire de ce rappel, qu’il soit recherché consciemment ou
suscité subconsciemment (Agid, 2013).
344
Mnémothérapie, reviviscence et maladie d’Alzheimer
6.3.4 La reviviscence
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cause : c’est la réminiscence. Il s’agit donc d’un rappel involontaire,
inconscient, virtuel, non formulable : la réminiscence s’oppose donc
point par point à la notion de « souvenir ».
Tout a commencé bien sûr par la conservation neuronale des évè-
nements par encodage-stockage sous forme d’empreinte synaptique.
Donald Hebb (1949) l’avait supposé, Eric Kandel (2005) l’a montré. Ces
empreintes deviennent constitutives de notre cerveau et influencent le
cours de nos pensées et l’éveil de nos reconnaissances. Lorsqu’un stimu-
lus sensoriel est reconnu, il entre en phase avec l’empreinte dormante,
la réactive et diffuse vers les réseaux mémoriels qui lui sont connectés.
La réminiscence est cette activation, cet éveil involontaire et incons-
cient d’une empreinte neuronale du passé. Elle n’est donc pas un
« souvenir », mais l’éveil d’un souvenir, l’annonce d’un souvenir. C’est
une pensée inconsciente parfaitement précise, mais non formulable
part des mots : c’est une pensée sans mots (Laplane, 1990 et 2005).
On sent que quelque chose qui était mort vient de renaître ; on vient
de passer de la vacuité de l’oubli à la plénitude d’une présence annon-
cée et c’est ce qui explique sans doute son unique mode d’expression
perçue consciemment : la joie.
345
Thérapies non médicamenteuses
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« je vis, je revis, ça surgit, c’est vivant… ».
346
Mnémothérapie, reviviscence et maladie d’Alzheimer
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alors de moments de nostalgie : « il était gentil, je le regrette »… « je ne
verrai plus jamais cela »…, mais jamais cette nostalgie ne s’est trans-
formée en tristesse ou angoisse. Ce point empirique était essentiel à
confirmer.
347
Thérapies non médicamenteuses
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puisque la joie précède la résurgence explicite dans la plupart
des cas et que les épisodes revécus sont le plus souvent
d’une grande banalité, même s’ils ont fait l’objet d’une grande
émotion initialement (nous n’avons jamais réveillé des souve-
nirs de mariage, de naissance d’enfant ou autre événement
majeur d’une vie).
• Est-ce la simple reconnaissance d’une musique ou d’un chanteur ?
Il semble que non, puisqu’il peut arriver que la reconnaissance
n’entraîne ni joie ni narration d’épisode ancien.
348
Mnémothérapie, reviviscence et maladie d’Alzheimer
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psychologiques et sociétales pour le patient, les aidants et la totalité de
l’entourage familial, nous paraissent excessives et très démotivantes.
Ce que semble nous montrer notre travail, c’est la présence, même
à un stade très avancé de la maladie, d’une persistance de la capacité
émotionnelle et cognitive réveillée par la mnémothérapie. La mné-
mothérapie fait changer le regard que l’on porte sur les personnes
Alzheimer, à partir du moment où l’on sait que l’on peut réveiller chez
elles joie et bonheur grâce à leur mémoire rétrograde. Peut-être une
dénomination comme « blocage hippocampique évolutif » ou « amnésie
des faits récents évolutive » serait plus adaptée et rendrait mieux justice
et dignité à la personnalité encore très riche de ces patients.
349
Thérapies non médicamenteuses
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• Peut-on proposer un apprentissage ? Oui, grâce au phéno-
mène de familiarité permis par la mémoire implicite. On sait
en effet qu’il est possible chez les personnes Alzheimer de
réaliser un apprentissage par écoute de pièces musicales ini-
tialement non connues (Groussard, 2013 ; Samson, 2009 ;
Eustache, 2012 ; Schacter, 1999). Ultérieurement, elles peuvent
être progressivement reconnues et même chantées, mais avec
une certaine amnésie de la source témoignant du caractère
implicite de l’apprentissage.
350
Mnémothérapie, reviviscence et maladie d’Alzheimer
6.11.1 Indications
Chez la personne Alzheimer, quel que soit son stade.
La principale indication est l’apathie : en effet, celle-ci disparait
comme par enchantement et laisse place à la joie.
L’anxiété ou l’angoisse de la solitude semble également une très
bonne indication. On peut noter que ces effets durent pendant toute la
séance de mnémothérapie (au moins une heure) et que l’effet béné-
fique se prolonge de façon manifeste toute la journée.
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En revanche, il faut éviter autant que possible les états psychiques
d’inattention ou de somnolence, parfois en rapport avec des traitements
par neuroleptiques ou benzodiazépines, les syndromes confusionnels,
les syndromes dépressifs majeurs et bien entendu les syndromes
post-traumatiques.
7 Conclusion
La mnémothérapie est une thérapie non médicamenteuse de la maladie
d’Alzheimer, dont la spécificité consiste à déclencher le processus phy-
siologique de reviviscence. Le stimulus déclencheur utilisé a été dans
ce travail une écoute musicale imprévue. C’est l’indiçage d’un réseau
neuronal mémoriel qui semble être le facteur déterminant.
L’entrée en reviviscence se manifeste par un déclic émotionnel et
mémoriel, dont témoignent la joie de la réminiscence et l’envie irrésis-
tible de fredonner puis de chanter les paroles retrouvées. C’est alors le
temps du « rêve éveillé » et du « lâcher-prise ». Ce dernier va conduire
du rappel virtuel préconscient à son actualisation consciente, qui surgit
sous la forme d’une reviviscence d’un passé autobiographique qui était
oublié.
L’amnésie antérograde permet la reproductibilité quotidienne des
effets bénéfiques de la mnémothérapie, avec la même sensation d’im-
prévu pour le patient.
Cette succession de joie du vécu et de bonheur identitaire que
constitue la reviviscence nous paraît être une remarquable thérapie
de l’apathie. La mnémothérapie nous semble par ailleurs répondre au
souhait que formulait Madame Levi-Montalcini (1998 et 1999) : « Le
but d’une thérapie ne doit pas être d’ajouter des jours à la vie, mais
de la vie aux jours ! »
351
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PARTIE 4
Aspects médico-
légaux des démences
Problématique du permis
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de conduire à l’entrée
de la démence
Alain Du Verger
1 Introduction
Les normes minimales concernant l’aptitude physique et psychique
à la conduite d’un véhicule à moteur sont reprises à l’arrêté royal du
23 mars 1998.
L’état physique doit satisfaire aux normes médicales minimales.
Le candidat (personne qui sollicite un permis de conduire ou une
licence d’apprentissage, qui demande une prolongation du permis
de conduire, ou qui est titulaire d’un permis de conduire, mais dont
l’état physique ou psychique ne répond plus aux normes minimales),
s’il satisfait aux normes médicales minimales, peut alors signer la
déclaration d’aptitude physique et psychique figurant sur la demande
d’obtention du permis de conduire du groupe 1 (catégorie A3, A, B,
B + E).
Le candidat ne peut pas signer cette déclaration s’il pense présen-
ter un des défauts physiques ou affections repris à l’arrêté royal du
23 mars 1998.
Le candidat doit alors s’adresser à un médecin de son choix.
Aspects médico-légaux des démences
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2 Les critères médicaux et leurs normes minimales
pour les affections neurologiques
L’aptitude à la conduite est déterminée après un examen médical
approfondi qui peut faire appel à toutes les ressources de la médecine.
Les troubles fonctionnels des affections neurologiques peuvent
consister en :
356
Problématique du permis de conduire à l’entrée de la démence
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Le permis doit être restitué à l’autorité qui l’a délivré (administra-
tion communale).
Si, par la suite, l’état de santé satisfait à nouveau à ces critères,
le candidat peut récupérer son permis sur présentation d’une attesta-
tion d’aptitude à la conduite.
La validité du permis peut être limitée à certaines catégories de
véhicules à moteur ou limitée dans le temps en fonction des déclara-
tions du médecin.
Conduire alors que le candidat ne répond pas aux normes médi-
cales minimales est passable d’une peine en vertu de l’article 30 § 1
de la loi précitée, qui pourrait s’étendre à un emprisonnement de 15
jours à 6 mois et d’une amende.
Le juge peut en outre prononcer une déchéance du droit de conduire.
357
Aspects médico-légaux des démences
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cités fonctionnelles à conduire un véhicule à moteur en toute sécurité
est soumis à un examen régulier. La durée de validité ne peut excéder
cinq ans jusqu’à l’âge de 50 ans et trois ans à partir de cet âge.
Lors de l’appréciation de troubles sensitifs ou moteurs ou de
troubles de l’équilibre ou de coordination provoqués par une affec-
tion du système nerveux central ou périphérique, il est tenu compte
des conséquences fonctionnelles et de la progression possible de
l’affection.
Le candidat atteint d’une affection physique, psychique ou cognitive
de développement ou acquise, y compris celles qui sont consécutives
au processus de vieillissement, se manifestant par des anomalies impor-
tantes du comportement, des troubles du jugement, d’adaptation et de
perception ou qui perturbent les réactions psychomotrices du candi-
dat est inapte à la conduite.
Le candidat peut être déclaré apte à la conduite s’il n’a plus pré-
senté les troubles précités depuis au moins six mois. La durée de
validité de l’aptitude à la conduite ne peut excéder un an.
358
Problématique du permis de conduire à l’entrée de la démence
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La difficulté est d’importance et établir un diagnostic adéquat est
indispensable compte-tenu des implications qu’aura la décision du
médecin examinateur.
La plupart du temps, ce sont seulement quelques petits signes
prémonitoires d’un état démentiel qui attirent l’attention du médecin
légiste, et plus particulièrement quelques troubles cognitifs débutants
(trouble de l’attention, de la mémoire, de l’orientation, de la pensée),
voire quelques troubles de la conscience (rare).
La personne à expertiser est le plus souvent accompagnée (époux
ou épouse, enfant, etc.) et d’un certain âge.
L’examen pratiqué par le médecin légiste est un examen clinique
général, mais qui doit néanmoins impérativement comporter un examen
locomoteur, visuel et neurologique.
La mobilité des différents segments corporels sera étudiée, et
notamment la mobilité de la colonne cervicale, la mobilité du rachis
dorso-lombaire, la mobilité segmentaire des membres supérieurs et infé-
rieurs, mais aussi l’étude de la marche, des problèmes de coordination
motrice, de passage de la position assise à debout et vice et versa.
L’examen neurologique sera le plus complet possible, avec notam-
ment une étude des troubles cognitifs et de l’orientation temporo-spatiale.
Le système nerveux central sera également exploré par les testings
neurologiques habituels de dépistage et, de manière non exhaustive :
étude des nerfs crâniens, manœuvre de Romberg, épreuve de Barré,
manœuvre d’Unterberger, épreuve doigt-nez, diadococinésie…
Précisons également tout l’intérêt de la présence de l’accompa-
gnant pour l’hétéro-anamnèse.
En effet, bien souvent, on arrivera à suspecter les prémices d’un
syndrome démentiel sur base de la simple hétéro-anamnèse, qui confir-
mera la plupart du temps l’apparition de troubles de la mémoire, de
l’orientation, de la pensée, du comportement, de la concentration.
Le médecin légiste devra apprécier l’importance du degré de l’at-
teinte neurodégénérative.
359
Aspects médico-légaux des démences
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physique et psychique des affections nerveuses pour les candidats du
groupe 1 ou du groupe 2 (cf. supra).
Un avis défavorable peut être d’emblée adressé au magistrat en cas
de troubles significatifs du comportement, et notamment d’un trouble
marqué de l’orientation temporo-spatiale.
Un avis provisoire peut aussi être adressé au magistrat en stipu-
lant bien les suites qui seront à apporter à l’expertise.
Le candidat peut ainsi être confié aux soins d’un neurologue qui
aura la tâche d’informer régulièrement le tribunal sur l’évolution de la
pathologie neurodégénérative du candidat.
L’appréciation de la capacité à la conduite d’un véhicule automoteur
pourra donc être modulée en fonction de l’évolution de la pathologie
neurodégénérative.
Notons aussi que des mesures restrictives à la conduite, sans tota-
lement l’interdire, peuvent également être prises : conduite avec un
accompagnant, conduite de jour, conduite sur de petits trajets, conduite
en dehors des heures d’affluence, conduite par beau temps.
Nous savons l’évolution inéluctablement péjorative des affections
neurodégénératives.
Il importe donc d’être particulièrement rigoureux dans le rapport
d’expertise qui sera déposé au tribunal.
Le médecin expert doit éclairer le magistrat afin qu’il puisse prendre
les mesures adéquates en fonction de l’évolution de la pathologie du
candidat et interpeller aussi, au besoin et au moment opportun, le
neurologue traitant ou le médecin traitant.
Le tribunal peut également renvoyer le candidat chez le médecin
légiste pour une nouvelle expertise.
360
Problématique du permis de conduire à l’entrée de la démence
7 Conclusion
La problématique de l’appréciation de l’aptitude à la conduite à l’entrée
de la démence doit impérativement requérir d’emblée toute l’atten-
tion du médecin examinateur (médecin traitant, neurologue traitant,
médecin légiste), étant donné l’importance du suivi que va nécessiter
le patient (le candidat à la conduite au sens de la loi), car nous savons
que la pathologie neurodégénérative est inéluctablement évolutive et il
faudra décider si la personne est apte (et dans quelles conditions) ou
non à la conduite d’un véhicule automoteur.
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L’importance du diagnostic et du suivi (et donc de l’information
transmise au tribunal) est d’autant plus grande que les conséquences
(dangerosité du candidat) relèvent à tout le moins d’un intérêt de sécu-
rité publique dans le cadre de la conduite d’un véhicule automoteur.
361
Chapitre 27
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de la contention
Éric Lemaire
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ver sa liberté de mouvement ;
• la contention mécanique, utilisant un mécanisme pour restreindre les
mouvements d’une personne (sangles, ceintures, barres de lit…) ;
• l’isolement, c’est-à-dire toute forme d’écartement qui isole une
personne et la tient à l’écart de ses pairs et/ou des profession-
nels ; il s’agit du placement d’une personne seule dans une pièce
fermée à clé, quel que soit le nom donné à cette pièce ;
• la contention chimique, visant à administrer des médications
psychotropes à une personne afin de contrôler son comporte-
ment (antipsychotiques, benzodiazépines…) ;
• la contention posturale, se pratiquant dans le cadre de la
rééducation.
C. Cozon, F. Nourhasemi, J. Orvain et al., ANAES 2000, 1-41, en ligne sur http://www.
has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/contention.pdf.
364
Les aspects médico-légaux de la contention
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but thérapeutique ou de sécurité de la personne âgée qui présente un
comportement mal adapté ou dangereux ».
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Aspects médico-légaux des démences
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Le DHRIM (Données Infirmières du Résumé Hospitalier Minimum)
prévoit l’encodage des données relatives aux mesures de protection, à
savoir l’instauration et le suivi d’une contention physique (mesures de
contention utilisées afin de réduire la mobilité du patient telles que gilet
thoracique, ceinture abdominale, attaches de poignet et/ou cheville,
etc.), de même que l’instauration et le suivi d’une contrainte physique
(mesures d’isolement de types bracelet électronique et/ou unité de
soins fermée, visant à réduire la mobilité du patient à sa chambre, à
une unité de l’hôpital, etc.).
Ensuite, l’évaluation pluridisciplinaire permet la recherche des
causes du trouble objectivé, celles-ci relevant de trois ordres, à savoir
physiopathologique, psychologique, environnemental.
La question de la dangerosité du trouble pour la personne, ou pour
son entourage, est ensuite posée. Si la réponse est négative, la déci-
sion de non contention est retenue. Dans le cas contraire, les premières
interventions visent à traiter la cause du trouble et à rechercher des
alternatives à la contention. Si l’efficacité desdites alternatives et des
moyens mis en œuvre suffit, la contention est exclue. En cas d’échec,
la décision de contention se prendra selon un arbre décisionnel spé-
cifique, conforme à la loi du 22 août 2002 relative aux droits des
patients, c’est-à-dire, tout d’abord, en fonction du fait que le patient
est, ou non, médicalement apte à exercer ses droits.
En cas d’urgence, il est possible au praticien de l’art infirmier d’ap-
pliquer d’emblée une mesure de contention, selon les dispositions de la
procédure, et ce, avec une notification écrite et motivée dans le dossier du
résident, pour autant que cette décision fasse le plus rapidement possible
l’objet d’une concertation pluridisciplinaire, confirmant ou non la mesure.
Nous n’aborderons ici que le seul cas où le médecin et l’équipe plu-
ridisciplinaire en charge du patient considèrent que ce dernier a perdu
toute aptitude à émettre son désaccord.
Dans cette situation, le personnel soignant et médical s’adresse à
un éventuel mandataire ou aux membres de la famille du patient. Une
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Les aspects médico-légaux de la contention
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procédure décisionnelle2 :
CONSTATATIONS
ÉVALUATION PLURIDISCIPLINAIRE
Non Oui
Interventions
- Traiter la cause
- Recherche des moments à problèmes
- Recherche des alternatives
NON
DÉCISION DE CONTENTION
ARBRE DÉCISIONNEL
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PROCÉDURE DÉCISIONNELLE DE MISE EN PLACE DE LA CONTENTION
Information claire et complète du résident, de sa famille et/ou de son représentant
RÉSIDENT
Application Application
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Les aspects médico-légaux de la contention
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existantes en rapport avec la liberté du patient.
La Convention européenne des droits de l’homme stipule, en son
article 5, que « toute personne a droit à la liberté et à la sûreté. Nul
ne peut être privé de sa liberté, sauf dans les cas suivants et selon les
voies légales : (…) s’il s’agit de la détention régulière d’une personne
susceptible de propager une maladie contagieuse, d’un aliéné, d’un
alcoolique, d’un toxicomane ou d’un vagabond (…) ».
La Constitution belge prévoit également le respect de la liberté de
chacun, les articles 12, 22 et 23 précisant respectivement que la liberté
individuelle est garantie, que chacun a droit au respect de sa vie privée
et familiale et que chacun a le droit de mener une vie conforme à la
dignité humaine.
L’annexe de l’arrêté royal du 18 juin 1990, encore modifiée le
21 avril 2007, fixe la liste des prestations techniques de soins infirmiers
et des actes pouvant être confiés par un médecin à des praticiens de
l’art infirmier, ainsi que les modalités d’exécution relatives à ces pres-
tations et à ces actes, de même que les conditions de qualifications
auxquelles les praticiens de l’art infirmier doivent répondre. Cet arrêté
prévoit donc une exception à l’application de l’autonomie sous l’intitulé
« mesures de prévention de lésions corporelles : moyen de contention,
procédure d’isolement, prévention de chutes, surveillance » (annexe I,
rubrique 5 – sécurité physique), reprenant les mesures de prévention
des lésions corporelles, dont les moyens de contention et de préven-
tion des chutes.
La loi du 26 juin 1990 relative à la protection de la personne des
malades mentaux prévoit, en ses articles 2 et 3, que « les mesures de
protection ne peuvent être prises, à défaut de tout autre traitement
approprié, à l’égard d’un malade mental, que si son état le requiert,
soit qu’il mette gravement en péril sa santé et sa sécurité, soit qu’il
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Aspects médico-légaux des démences
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à des prestations de qualité répondant à ses besoins, et ce, dans le
respect de la dignité humaine et de son autonomie et sans qu’une dis-
tinction d’aucune sorte ne soit faite ». L’article 8 dispose en outre que
« le patient a le droit de consentir librement à toute intervention du pra-
ticien professionnel moyennant information préalable. Ce consentement
est donné expressément, sauf lorsque le praticien professionnel, après
avoir informé suffisamment le patient, peut raisonnablement inférer
du comportement de celui-ci qu’il consent à l’intervention ». En vertu
de l’article 14 de cette même loi, « les droits d’un patient majeur sont
exercés par la personne que le patient aura préalablement désignée
pour se substituer à lui pour autant et aussi longtemps qu’il n’est pas
en mesure d’exercer ces droits lui-même (…). Si le patient n’a pas
désigné de mandataire ou si le mandataire désigné par le patient n’in-
tervient pas, les droits fixés par la présente loi sont exercés par l’époux
cohabitant, le partenaire cohabitant légal ou le partenaire cohabitant de
fait. Si cette personne ne souhaite pas intervenir ou si elle fait défaut,
les droits sont exercés, en ordre subséquent, par un enfant majeur, un
parent, un frère ou une sœur majeurs du patient. Si une telle personne
ne souhaite pas intervenir ou si elle fait défaut, c’est le praticien pro-
fessionnel concerné, le cas échéant dans le cadre d’une concertation
pluridisciplinaire, qui veille aux intérêts du patient (…). Le patient est
associé à l’exercice de ses droits autant qu’il est possible et compte
tenu de sa capacité de compréhension ».
L’arrêté ministériel du gouvernement wallon du 8 décembre 2011,
modifiant celui du 23 décembre 2009, détermine les modèles types de
règlement d’ordre intérieur et de convention pour les maisons de repos
et les maisons de repos et de soins, pour les résidences-services et
pour les centres d’accueil de jour et/ou de soirée et/ou de nuit, ainsi
que pour les centres de soins de jour. En ses article 2 et 7, on relève
les procédures relatives aux mesures de contention et/ou d’isolement,
à savoir que « la procédure relative aux mesures de contention et/ou
d’isolement a pour but de garantir la sécurité des résidents qui pré-
sentent un danger pour eux-mêmes et/ou pour les autres résidents,
dans le respect de leur droit fondamental à une liberté de mouvement.
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Les aspects médico-légaux de la contention
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de soins. Ces mentions sont signées par un infirmier et contresignées
par le médecin traitant pour ce qui concerne les décisions initiales ».
À Bruxelles, un arrêté du 3 décembre 2009 fixe les normes d’agré-
ment auxquelles doivent répondre les établissements d’accueil ou
d’hébergement pour personnes âgées et précise les définitions de grou-
pement et de fusion ainsi que les normes particulières qu’ils doivent
respecter en ses articles 3, 133 et 151.
En Flandre, une circulaire ministérielle de la Communauté flamande
du 24 octobre 1990 relative à l’isolement des patients admis en hôpital
psychiatrique et dans les services de psychiatrie des hôpitaux géné-
raux précise que « la responsabilité de prendre ou non une mesure de
contrainte incombe en premier lieu au médecin en charge du traite-
ment. Les droits du patient sont garantis par des mesures de procédure.
Chaque service devant disposer d’une chambre d’isolement doit établir
un code de conduite interne en ce qui concerne la prise de mesures
de contraintes. Ce code de conduite doit définir en détail les circons-
tances qui autorisent la prise de ces mesures ainsi que les règles à
respecter en matière de chambre d’isolement. Un formulaire d’enregis-
trement est complété pour chaque mesure d’isolement ».
Enfin, il importe de rappeler que l’article 422bis Code pénal sanc-
tionne « celui qui s’abstient de venir en aide ou de procurer une aide à
une personne exposée à un péril grave, soit qu’il ait constaté par lui-
même la situation de cette personne, soit que cette situation lui soit
décrite par ceux qui sollicitent son intervention. Le délit requiert que
l’abstenant pouvait intervenir sans danger sérieux pour lui-même ou
pour autrui ».
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Aspects médico-légaux des démences
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tente, en « bon père de famille », soucieuse de ses patients.
Le tribunal de première instance de Mons4 a ainsi rappelé en 1998
que l’obligation de moyen concernant la sécurité des patients d’un éta-
blissement devait être appréciée avec rigueur et que l’établissement
était responsable, par exemple, en cas de placement incorrect d’une
contention, d’un mauvais aménagement des lieux ou encore de défec-
tuosité de matériel, etc.
Le tribunal de première instance de Gand5 a condamné un hôpital
et son personnel soignant pour la chute d’une patiente dépressive,
mais agressive, qui, n’ayant été que partiellement attachée et laissée
seule dans sa chambre, n’avait pas fait l’objet de mesures particu-
lières de surveillance qui, au vu de son état, auraient nécessairement
dues être prises.
Cependant, le tribunal de première instance d’Anvers6, qui examinait
le cas de décès d’un patient muni d’une ceinture de contention abdo-
minale, a rappelé que l’obligation de surveillance était une obligation
de moyen et qu’il appartenait donc avant tout aux parties demande-
resses, en l’espèce les héritiers, de démontrer que le personnel infirmier
avait commis une faute en relation causale avec le décès. En l’espèce,
la simple constatation que le patient était resté coincé dans sa cein-
ture de contention et était décédé ne pouvait être retenue d’emblée
comme une faute, dès lors que les mesures nécessaires avaient été
prises et des soins adéquats avaient été prodigués, notamment l’ad-
ministration d’une médication psychotrope préalable à la contention
physique. Le tribunal estimait qu’il n’y avait pas d’élément objectif de
nature à penser que le personnel infirmier devait s’attendre à la ten-
tative de sortie du patient de son lit et à la possibilité d’être asphyxié.
En outre, le principe de la responsabilité pesant sur le gardien
d’une chose peut également être invoqué par les parties demande-
resses, conformément aux termes de l’article 1384 alinéa 1er du Code
372
Les aspects médico-légaux de la contention
civil. Dans notre cas, les héritiers considéraient que la mise en place
de la ceinture de contention comportait un vice qui avait provoqué le
dommage et qu’il y avait un lien causal entre le vice et le décès. La
Cour de Cassation a estimé dans sa jurisprudence qu’une chose est
affectée d’un vice si elle présente une caractéristique anormale de
nature à causer un préjudice. De plus, si l’existence du vice est établie,
le demandeur ne doit pas en outre prouver l’existence d’une faute dans
le chef du gardien de la chose. Dès lors, le défendeur voulant s’exo-
nérer de la responsabilité doit prouver le cas fortuit, la force majeure
ou la faute de la victime. Or, toujours dans la même affaire, le tribunal
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avait estimé qu’il ne s’agissait pas d’un vice, au motif que la ceinture
de contention avait pour but de limiter partiellement la liberté de mou-
vement du patient, sans toutefois exclure complètement les possibilités
de mouvement et que, en l’espèce, la circonstance que le patient avait
été trouvé avec les genoux aux sol, la ceinture ayant glissé à hauteur
des aisselles, n’était donc pas un motif suffisant pour retenir quelque
caractéristique anormale.
Dans un arrêt de la Cour d’appel de Liège du 23 juin 20117, la Cour
devait se prononcer quant à la chute d’un patient, qui était parvenu
à forcer le châssis d’une fenêtre autorisant une ouverture limitée, et
avait considéré que le vice ne pouvait être confondu avec l’emploi
défectueux d’une chose parfaite en soi, le fait de la chose devant être
distingué du fait de l’homme.
La jurisprudence a également abordé à plusieurs reprises la sécu-
rité physique du patient.
Le tribunal de première instance de Bruxelles8 a ainsi considéré,
dans le cas de la chute d’un patient, partiellement paralysé, d’un lit dont
les barreaux n’avaient pas été placés des deux côtés, que le placement
de la mesure de contention s’imposait non pas en raison du compor-
tement du patient, mais bien des conséquences exceptionnellement
graves que pouvait avoir une chute eu égard à son état. Il s’agis-
sait d’une mesure de prudence élémentaire et justifiée, garantissant la
sécurité du patient sans entraîner des contraintes disproportionnées,
pouvant être comparée au port de la ceinture de sécurité automobile.
La Cour d’appel de Liège, dans un arrêt du 5 janvier 20129, a
retenu la responsabilité d’un hôpital pour faute du personnel infirmier
dans le cas du décès d’une patiente souffrant de démence, qui avait
été retrouvée décédée sur le sol sous son lit après avoir montré plus
tôt dans la journée des signes de désorientation et d’agressivité. Le
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Aspects médico-légaux des démences
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3 Complications liées à la contention10
L’utilisation des moyens de contention comporte de nombreux risques,
surtout chez le patient âgé. Il importe donc d’évaluer le rapport risque/
bénéfice avant d’instaurer ce type de mesure, évaluation restant encore
malheureusement non-systématique. En effet, bien qu’on puisse
admettre qu’un traitement soit à l’origine d’effets secondaires, ces
derniers ne doivent en aucun cas être supérieurs aux bénéfices dudit
traitement.
374
Les aspects médico-légaux de la contention
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divers types, à savoir physiques, fonctionnels, psychologiques et cogni-
tifs et, partant, la durée d’hospitalisation peut se voir significativement
allongée en raison des risques multiples inhérents à la contention, dis-
cutés ci-après.
Quant à la question du décès lié à la contention, on estime en
France que le nombre de décès imputable aux mesures de conten-
tion serait de 1/1 000 en institution pour personne âgée, la prévalence
française de la contention chez les plus de 65 ans étant estimée à 18
à 22 %, soit 3 fois plus élevée que chez les sujets plus jeunes.
375
Aspects médico-légaux des démences
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doivent être considérées comme prévisibles en raison de facteur(s)
de risque connu(s) et d’emblée identifiable(s) (patient désorienté ou
agité, par exemple).
À noter enfin que tout syndrome douloureux induit par la contention
pourrait être sous-évalué du fait de l’état de désorientation et d’agitation
très fréquemment présenté par le patient concerné par cette mesure.
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Les aspects médico-légaux de la contention
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La morbidité psychologique et émotionnelle induite par une mesure de
contention est également significative.
Le patient peut présenter de nombreux symptômes, tels que la
peur, l’humiliation, la colère (augmentant d’autant plus son agitation
et son agressivité), la sensation d’une perte de dignité, un sentiment
de fragilité, une altération de l’image de soi, voire la perte de l’estime
de soi, la peur de l’abandon.
Les conséquences psychologiques telles que la dépréciation de
soi, le repli sur soi, l’humiliation et la résignation peuvent aboutir à un
état dépressif, compromettant à son tour l’indépendance fonctionnelle.
L’utilisation des mesures de contention peut engendrer un état de
stress important et cette conséquence est d’autant plus importante
chez le patient ayant des troubles cognitifs sévères (maladie d’Alzhei-
mer, par exemple), car il sera d’autant moins capable de comprendre
et d’intégrer les mesures prises à son égard.
Quant au vécu du personnel soignant, il peut être marqué par un
sentiment de maltraitance, de restriction de liberté, voire de dérespon-
sabilisation envers le patient soumis à la contention.
Bien que souvent synonyme de sécurité, à la fois pour le patient
et pour le personnel infirmier, la mesure de contention induit parfois
des difficultés importantes pour le soignant en termes de conciliation
avec le respect, l’autonomie et la dignité du patient.
En outre, la mesure de contention peut être à l’origine d’une aug-
mentation du temps et de la charge de travail, ainsi que de la fréquence
de la surveillance d’un patient.
Enfin, il faut également envisager les répercussions négatives sur
l’environnement familial du patient, telles que la frustration, la colère,
la peine, la désolation, la tristesse et l’image négative de la personne
en fin de vie, parfois à l’origine d’un évitement, voire d’un éloignement
du patient par ses proches.
377
Aspects médico-légaux des démences
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ratoire associée à une libération massive de catécholamines lorsqu’un
individu se voit entravé et soumis à une contrainte physique significa-
tive. Le diagnostic de l’asphyxie positionnelle se base essentiellement
sur trois critères, à savoir une position corporelle entravant l’échange
normal de gaz, l’impossibilité de se libérer de cette position et l’exclu-
sion d’autres causes possibles de décès.
Dans le cas typique d’une asphyxie positionnelle, le moyen de
contention, classiquement de type ceinture abdominale, induit une com-
pression abdomino-thoracique fatale, survenant suite à des efforts de
sortie du lit par le patient, à telle enseigne que ce dernier se retrouve
véritablement suspendu par sa ceinture, restée solidarisée au lit. La
mécanique respiratoire s’en trouve significativement altérée en cas de
compression de la ceinture au niveau thoracique (typiquement sous
les aisselles) ou encore abdominal, au point d’entraîner le décès du
patient. Ce même mécanisme asphyxique peut par ailleurs compli-
quer toute position incompatible avec des mouvements respiratoires
efficaces, telle qu’une compression thoracique entre un matelas rigide
et les barrières de lit par exemple.
Des cas de décès par strangulation accidentelle ont également été
décrits, selon le même principe que la compression thoraco-abdomi-
nale, à la différence que la compression s’effectue au niveau cervical
et que le mécanisme de décès est une asphyxie par compression des
axes vasculaires carotidiens et jugulaires, le débit artériel subsistant
seulement dans les artères vertébrales étant insuffisant pour empêcher
l’ischémie cérébrale fatale.
Enfin, une asphyxie mécanique de type suffocation, telle que l’ob-
turation du nez et de la bouche par compression de la face contre un
oreiller ou un matelas souple, après immobilisation du patient dans une
telle position suite à des efforts de sortie du lit, a également été rencon-
trée dans certains cas.
378
Les aspects médico-légaux de la contention
4 Conclusion
Bien que fréquemment utilisé, le placement d’un moyen de contention
ne peut jamais être considéré comme un geste anodin et doit toujours
s’inscrire dans une démarche de soins.
S’agissant d’un acte relevant des prestations de soins infirmiers,
le praticien de l’art infirmier peut donc décider de son application sur
base d’un arbre décisionnel, sans prescription médicale, mais idéale-
ment en en référant au plus tôt au médecin responsable.
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La contention doit rester une mesure exceptionnelle et les causes
justifiant d’y recourir doivent faire l’objet d’une consultation pluridis-
ciplinaire, et ce afin de tenter de trouver soit une étiologie réversible,
soit une alternative à la mesure de contention.
Les mesures alternatives à la contention doivent être envisagées en
fonction du risque réel, en excluant toute démarche ou réflexe d’ordre
sécuritaire.
Si elle s’avère indispensable et inévitable, la décision de contention
doit être clairement documentée dans une procédure écrite, puis suivie
de manière rapprochée par l’équipe soignante, avec une évaluation quo-
tidienne de son utilité, de telle sorte qu’elle soit la plus brève possible.
Nonobstant les mesures de surveillance et la consultation pluridis-
ciplinaire, les accidents relatifs à la contention sont malheureusement
inévitables.
Les études ont démontré que les mesures de contention prolongées
dans le temps augmentent le risque de complications, notamment en
termes de chute, de durée d’hospitalisation, mais également de décès.
De même, l’utilisation d’une contention continue est associée à un
risque plus élevé qu’une mesure intermittente.
De ce qui précède, il est habituellement recommandé d’utiliser une
mesure de contention seulement en dernier et ultime recours, avec un
degré minimal d’immobilisation ainsi qu’une durée d’utilisation la plus
courte possible, et ce en entourant les patients concernés de mesures
de surveillance significativement plus importantes.
Sur le plan juridique, il appartiendra aux cours et tribunaux d’ap-
précier, pour chaque cas d’espèce, si une faute peut être retenue dans
le chef du personnel soignant en relation causale avec le dommage.
Il ressort cependant de l’examen de la jurisprudence que la sécu-
rité absolue n’existe pas, malgré toutes les précautions prises, et qu’il
n’existe pas de règle d’application générale puisque chaque patient
constitue un cas distinct.
379
Chapitre 28
Problèmes juridiques
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liés à la démence
Jérôme Claessens
1 Introduction
Au cours de l’évolution de la maladie, les personnes atteintes de
démence se fragilisent de plus en plus et perdent progressivement leur
autonomie, tant mentale que physique. Elles deviennent dépendantes
de leur entourage et elles perdent l’aptitude à exprimer leur volonté, à
prendre des décisions, à faire des choix.
Comment garantir la protection des droits et des libertés des malades
atteints de démence ? Tel est l’objet de ce chapitre.
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2.2 Systèmes de protection si la personne atteinte de démence
est mariée ou cohabite légalement
Le Code civil organise ce qu’il est convenu d’appeler le « régime pri-
maire », c’est-à-dire un ensemble de règles qui s’appliquent à tous les
époux, quel que soit le régime matrimonial qu’ils aient adopté.
Une de ces règles vaut également en cas de cohabitation légale.
382
Problèmes juridiques liés à la démence
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En effet, l’article 220, § 2 du Code civil dispose que, lorsque l’époux
qui est dans l’impossibilité ou incapable d’exprimer sa volonté n’a pas
constitué mandataire ou n’a pas été pourvu d’un représentant légal,
son conjoint peut demander au tribunal de la famille à lui être substi-
tué dans l’exercice de ses pouvoirs.
383
Aspects médico-légaux des démences
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La nomination d’un conseil judiciaire donne lieu à un système non
pas de représentation, mais d’assistance. Il est interdit à la personne
ainsi protégée d’accomplir une série d’actes juridiques (énumérés à
l’art. 513 du Code civil), sans l’assistance du conseil judiciaire nommé
par le tribunal.
Il s’agit de deux statuts juridiques de protection qui ont été
abrogés par la loi du 17 mars 2013 réformant les régimes d’inca-
pacité et instaurant le nouveau statut de protection conforme à la
dignité humaine.
Il n’est donc pas utile de s’étendre plus longuement sur ces deux
statuts juridiques qui appartiennent plutôt au passé, même si, par le
biais des mesures transitoires prévues par la loi du 17 mars 2013, ils
pourraient avoir des effets jusqu’au 1er septembre 2019.
La loi du 17 mars 2013, qui a également abrogé les régimes de
la minorité prolongée instituée par la loi du 29 juin 1973, et de l’ad-
ministration provisoire instituée par la loi du 18 juillet 1991, réforme
et unifie les statuts existants de protection des personnes majeures
incapables. Le statut qu’elle prévoit convient parfaitement pour les
personnes atteintes de démence : il convient, dès lors, de l’expliquer
de manière plus détaillée.
384
Problèmes juridiques liés à la démence
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3.1 La protection extrajudiciaire
Le régime de protection extrajudiciaire, désormais organisé par les
articles 489 à 490/2 du Code civil, permet à une personne majeure
qui est encore capable d’exprimer sa volonté de prendre des mesures
qui s’appliqueront lorsqu’elle ne sera plus à même de le faire. La per-
sonne détermine ainsi elle-même la manière dont son patrimoine devra
être géré lorsqu’elle sera devenue incapable.
La protection extrajudiciaire recourt à la technique du mandat. Il
permet à une personne (le mandant) de donner une procuration à une
autre personne (le mandataire), dans le but d’assumer la gestion de
tout ou d’une partie de ses biens. Le mandataire sera dès lors habilité à
accomplir, au nom et pour le compte du mandant, tous les actes prévus
par le mandat.
Le mandat peut être conclu sous seing privé, sans l’intervention
d’un notaire. Il peut toutefois être opportun de passer un acte notarié
à cet effet, afin par exemple de couvrir certaines opérations telles que
la vente d’un bien immobilier.
Le contrat de mandat devra être signé par le mandant et son futur
représentant. Il devra également être enregistré dans le registre central
tenu par la Fédération royale du notariat belge. L’enregistrement s’effec-
tue par l’intermédiaire du notaire, ou par dépôt de la copie du contrat au
greffe de la justice de paix du lieu de résidence de la personne à protéger.
La personne concernée peut déterminer la date à laquelle le mandat
prendra cours. Il peut ainsi prendre cours immédiatement, alors que la
personne est encore capable, mais le contrat peut également déterminer
qu’il ne prendra effet qu’à partir du moment où le mandant deviendra
incapable d’exprimer sa volonté.
Le juge de paix n’interviendra et ne décidera du sort du mandat
que dans l’hypothèse où un problème surgirait quant à l’exécution de
celui-ci. Si le juge de paix constate, à cette occasion, que le mandat
n’est plus dans l’intérêt du mandant, il peut le modifier ou y mettre un
terme et instaurer une protection judiciaire.
385
Aspects médico-légaux des démences
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3.2 La protection judiciaire
3.2.1 Caractéristiques générales
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les procédures, tant en demandant qu’en défendant.
Il existe toutefois une exception à ce principe concernant la gestion
des biens des personnes qui se trouveront dans un des états de santé
– dont la liste devra être établie par arrêté royal – réputés altérer gra-
vement et de façon persistante la faculté de la personne à protéger
d’assumer dûment la gestion de ses intérêts patrimoniaux, même en
recourant à l’assistance. Dans ce cas, sauf la possibilité pour le juge
de paix de procéder à une appréciation sur mesure, celui-ci ne devra
pas se prononcer expressément, pour ce qui concerne les biens de la
personne protégée, sur le régime qui sera applicable : la personne sera
en effet représentée lors de l’accomplissement de tous les actes juri-
diques et les actes de procédure concernant ses biens.
Enfin, aux termes de l’article 492/2 du Code civil, lorsqu’une per-
sonne protégée est expressément déclarée incapable d’accomplir tel
ou tel acte relatif à sa personne ou à ses biens, elle est, en principe,
soumise de plein droit un régime d’assistance : elle continuera donc
à accomplir ces actes elle-même, mais ne pourra plus le faire que
moyennant l’assistance (l’aval) de son administrateur.
L’administrateur ne pourra donc pas accomplir les actes que la
personne a été déclarée incapable d’accomplir, si la personne proté-
gée le refuse.
La personne protégée ne sera dès lors soumise au régime de la
représentation qu’à propos des actes pour lesquels le juge de paix
aura expressément décidé que la personne protégée sera représentée
par son administrateur. Dans ce cas, l’administrateur agit et décide à
la place et pour le compte de la personne protégée. Le juge de paix
ne pourra prendre une telle décision que si l’assistance dans l’accom-
plissement de l’acte ne suffit pas.
Une personne pourrait dès lors être soumise à un régime d’as-
sistance pour certains actes ou catégories d’actes et à un régime de
représentation pour d’autres actes ou catégories d’actes par applica-
tion des principes énoncés ci-dessus.
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de paix devra se prononcer expressément sur la capacité de la per-
sonne protégée d’accomplir une série d’actes, ou sur son incapacité
à ce propos.
Ces actes sont :
• le choix de la résidence ;
• le consentement au mariage ;
• l’intentement d’une action en annulation de mariage, ou une
défense par rapport à une telle action ;
• l’introduction d’une demande de divorce pour désunion irrémé-
diable, ou une défense par rapport à une telle demande ;
• l’introduction d’une demande de divorce par consentement
mutuel ;
• l’introduction d’une demande de séparation de corps, ou la défense
au regard d’une telle demande ;
• la reconnaissance d’un enfant ;
• l’exercice, soit en demandant, soit en défendant, des actions
relatives à la filiation de la personne protégée ;
• l’exercice de l’autorité parentale sur la personne du mineur ;
• la déclaration de cohabitation légale, ainsi que la fin de celle-ci ;
• la déclaration en vue d’acquérir la nationalité belge ;
• l’exercice des droits visés par la loi relative à la protection de
la vie privée ;
• l’exercice d’un droit de réponse ;
• une demande de changement de nom ou de prénom ;
• l’exercice des droits du patient prévus par la loi du 22 août
2002 relative aux droits du patient ;
• le consentement à une expérimentation sur la personne humaine ;
• le consentement à un prélèvement d’organes ;
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Par contre, pour d’autres actes, l’administrateur ne pourra jamais
intervenir (voir infra).
Toutefois, parmi les actes relatifs à sa personne qu’une per-
sonne protégée pourrait être déclarée incapable d’accomplir, il en
est quelques-uns à propos desquels elle conservera la possibilité de
s’adresser elle-même au juge de paix, au cours du régime de la pro-
tection judiciaire, afin d’être éventuellement autorisée à les accomplir.
Il s’agit de : la conclusion d’un mariage, l’introduction d’une demande
en annulation du mariage, l’introduction d’une procédure en divorce,
la reconnaissance d’un enfant et la déclaration de cohabitation légale
ou de cessation de la cohabitation légale.
Il appartiendra alors au juge de paix, dans ce cas, d’apprécier la
capacité de la personne protégée d’exprimer sa volonté.
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• acquiescer à une demande relative à des droits immobiliers ;
• disposer par donation entre vifs ;
• conclure ou modifier un contrat de mariage ;
• rédiger ou révoquer un testament ;
• poser des actes de gestion journalière ;
• exercer l’administration légale des biens d’un mineur.
390
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En effet, l’article 497/2 du Code civil énonce une série d’actes à
l’accomplissement desquels l’administrateur ne peut pas contribuer,
ni sous le régime de l’assistance, ni sous le régime de la représenta-
tion, même lorsque la personne protégée a été déclarée incapable de
les accomplir.
Il s’agit :
• du consentement au mariage ;
• de l’intentement d’une action en annulation de mariage ;
• de la fixation de la résidence conjugale ;
• du consentement à disposer du logement familial ;
• de l’intentement d’une action en divorce pour désunion irré-
médiable ;
• de l’introduction d’une demande de séparation de corps ;
• de l’introduction d’une demande en divorce par consentement
mutuel ;
• de la reconnaissance d’un enfant ;
• du consentement à la reconnaissance ;
• de l’opposition à une action en recherche de maternité ou de
paternité ;
• de l’intentement d’une action relative à la filiation ;
• du consentement à son adoption ;
• de l’exercice de l’autorité parentale sur l’enfant mineur de la
personne protégée, ainsi que des prérogatives parentales en
ce qui concerne l’état de la personne de cet enfant mineur ;
• du fait de faire une déclaration de cohabitation légale et d’y
mettre fin ;
• du consentement à une stérilisation ;
• du consentement à un acte de procréation médicalement assistée ;
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vitro à des fins de recherche ;
• de l’exercice du droit de refuser la réalisation d’une autopsie
sur son enfant de moins de 18 mois après son décès inopiné
et médicalement inexpliqué ;
• du consentement à un prélèvement de sang et de dérivés du
sang ;
• de la donation entre vifs, à l’exception des cadeaux d’usage
proportionnel au patrimoine de la personne protégée ;
• de l’établissement ou la révocation d’une disposition testa-
mentaire ;
• de l’exercice de droits politiques.
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Problèmes juridiques liés à la démence
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pourra refuser son consentement si l’acte envisagé porte préjudice aux
intérêts de la personne protégée.
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personne protégée :
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Seul l’administrateur devant exercer une mission de représentation
concernant la personne ou les biens de la personne protégée est tenu
d’établir un rapport d’entrée en fonction à destination du juge de paix,
au plus tard un mois après avoir accepté sa désignation.
Lorsque l’administrateur exerce une mission de représentation
concernant la personne, le rapport initial a pour objet de décrire le
cadre de vie de la personne protégée.
Lorsqu’il exerce une mission de représentation concernant les biens,
le rapport devra décrire la situation patrimoniale et les sources de
revenus de la personne protégée.
En outre, divers rapports périodiques sont prévus.
Pour ce qui concerne la personne, c’est le juge de paix qui déter-
mine, dans son ordonnance, le délai ou les circonstances dans lesquels
l’administrateur devra faire rapport, et les modalités de l’établissement
de ce rapport.
À défaut d’indication, il y aura lieu à établissement d’un rapport annuel.
En cas d’exercice d’une mission d’assistance, ce rapport pério-
dique devra établir le relevé des actes pour lesquels l’administrateur
aura assisté la personne protégée.
En cas d’exercice d’une mission de représentation, le rapport pério-
dique devra décrire le cadre de vie de la personne protégée, les mesures
prises par l’administrateur pour améliorer le bien-être de la personne
protégée et la manière dont l’administrateur a associé la personne proté-
gée à l’accomplissement de sa mission et a tenu compte de son opinion.
Pour ce qui concerne les biens, il y aura nécessairement lieu à éta-
blissement d’un rapport annuel.
En cas de mission d’assistance, le rapport annuel devra établir le relevé
des actes pour lesquels l’administrateur aura assisté la personne protégée.
En cas de mission de représentation, le rapport devra comprendre la
manière dont l’administrateur a associé la personne protégée à l’exer-
cice de sa mission, les conditions de vie matérielles de la personne
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diques, sauf que le rapport final relatif aux biens devra contenir une
liste des biens mobiliers en possession de l’administrateur aux biens
qui doivent être remis à l’ayant droit.
3.2.4 Sanctions
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3.2.5.1 Qui peut prendre l’initiative ?
La demande en désignation d’un administrateur peut être introduite par
toute personne intéressée ou par la personne elle-même.
Cela signifie qu’une personne qui se sait atteinte de démence peut,
au moment où elle est encore suffisamment lucide, demander elle-
même qu’un administrateur lui soit désigné.
« Toute personne intéressée » peut être le conjoint, le cohabitant
légal ou de fait, un notaire, un directeur de home, un assistant social,
un exécuteur testamentaire, un membre de la famille, un ami, un voisin.
Le procureur du roi peut également initier cette procédure.
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utile au juge de paix et peut comporter des suggestions concernant le
choix de l’administrateur à désigner, ainsi que concernant la nature et
l’étendue de ses pouvoirs.
La requête doit être signée par la personne qui prend l’initiative de
la procédure ou par son avocat.
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étant entendu que les raisons doivent alors en être explicitées dans
la requête et que le juge de paix doit estimer, par une ordon-
nance expressément motivée, que pareille impossibilité absolue
est avérée.
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Aspects médico-légaux des démences
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avant les autres parties à la cause.
Si la personne à protéger est incapable d’exprimer sa volonté et
que la personne de confiance demande, au plus tard le jour de l’au-
dience, à être entendue individuellement en chambre du conseil avant
les autres parties à la cause, le juge de paix y fait droit à moins de
faire connaître son refus par ordonnance motivée.
Le juge de paix s’entoure de tous les renseignements utiles ; il peut
désigner un expert médical qui donnera son avis sur l’état de santé de
la personne à protéger.
Le juge de paix recueille également des renseignements utiles
auprès de l’entourage de la personne à protéger, dont notamment les
parents de celle-ci jusqu’au deuxième degré, ainsi que les personnes
qui se chargent des soins quotidiens de la personne à protéger ou qui
l’accompagnent.
Le juge de paix peut en outre entendre toute personne apte à le
renseigner.
Enfin, le juge de paix peut se rendre à l’endroit où la personne à
protéger réside ou à l’endroit où elle se trouve. Il est dressé procès-
verbal de sa visite.
Le choix du juge de paix n’est pas libre dans le cas où il existe une
déclaration anticipée.
Tout majeur capable peut en effet faire une déclaration dans laquelle
il indique sa préférence en ce qui concerne l’administrateur à désigner
s’il était déclaré incapable. Cette déclaration peut également contenir
d’autres souhaits relatifs à l’administration.
En principe, le juge de paix suit le choix exprimé dans cette décla-
ration. Il ne peut y déroger que dans des circonstances exceptionnelles
et doit alors motiver sa décision.
400
Problèmes juridiques liés à la démence
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familiale.
En l’absence de toute indication, la préférence est donnée à un
administrateur familial plutôt que professionnel, par exemple le père ou
la mère de la personne à protéger, son conjoint ou un autre membre
de sa famille.
Le juge de paix a néanmoins la possibilité de donner la préférence
à un administrateur professionnel (avocat, expert financier, comptable,
notaire). Une situation mixte peut également être envisagée, soit confier
la gestion des biens à un administrateur professionnel et la protection
de la personne à un administrateur familial.
Enfin, un certain nombre de personnes ne peuvent pas exercer les
fonctions d’administrateur, comme celles qui se trouvent elles-même
sous protection judiciaire ou extrajudiciaire, qui font l’objet d’un règle-
ment collectif de dettes, qui sont en état de faillite ou qui ont été
déchues de l’autorité parentale. Cette exclusion frapperait également
les membres de la direction et du personnel de l’institution où réside
la personne protégée.
401
Aspects médico-légaux des démences
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3.2.5.10 La rémunération de l’administrateur
Les frais et honoraires de l’administrateur sont à charge de la per-
sonne protégée.
L’administrateur est un mandataire de justice et, en principe, le
mandat est gratuit.
Ce principe est appliqué lorsque l’administrateur est choisi dans le
cercle familial de la personne protégée.
Par contre, si l’administrateur est un professionnel, une rémunéra-
tion lui est due.
Cette rémunération peut être composée de trois éléments :
402
Problèmes juridiques liés à la démence
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malades mentaux, différentes dispositions mentionnent l’intervention
possible d’une personne de confiance. La loi relative à l’euthana-
sie du 28 mai 2002 réglemente une forme de déclaration anticipée
dans laquelle le patient peut désigner une ou plusieurs personnes de
confiance. Enfin, la loi du 22 août 2002 relative aux droits du patient
introduit également le personnage de la personne de confiance, comme
nous le verrons plus loin.
En matière d’administration provisoire, la personne de confiance
est entrée en scène à partir de l’application de la loi du 3 mai 2003,
qui modifie la législation relative à l’administration provisoire.
Le nouveau système de protection judiciaire des incapables majeurs
introduit également la notion de personne de confiance.
La personne de confiance complète le contrôle exercé par le juge
de paix. Le législateur a également voulu « humaniser » l’administra-
tion par l’introduction de la personne de confiance.
La personne à protéger ou protégée a le droit d’être soutenue,
pendant toute la durée de l’administration, par une personne de
confiance qu’elle a désignée personnellement.
La personne de confiance a pour rôle de servir de soutien personnel
à la personne protégée et de porte-parole, de contact avec l’adminis-
trateur et le juge de paix.
Cette personne de confiance veille à ce que la personne protégée
puisse mener la vie qu’elle souhaite avoir. Elle peut informer l’admi-
nistrateur des souhaits de la personne protégée.
Elle peut obtenir des informations sur l’administration et consulter
les rapports de l’administrateur.
L’intervention de la personne de confiance, qui doit être l’interlocu-
teur privilégié de l’administrateur, devrait augmenter la personnalisation
de la gestion par l’administrateur, car la personne de confiance connaît
l’environnement de la personne protégée et est susceptible de traduire
au mieux les désirs de cette dernière.
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Aspects médico-légaux des démences
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Une personne à protéger peut avoir plusieurs personnes de confiance.
Certaines personnes ne peuvent pas exercer la fonction de per-
sonne de confiance, comme l’administrateur de la personne protégée,
les personnes qui font elles-mêmes l’objet d’un régime de protection
judiciaire ou extrajudiciaire, les personnes morales ou les personnes
qui ont été privées de l’autorité parentale.
404
Problèmes juridiques liés à la démence
4.1 Principe
La personne âgée choisit librement son domicile et son lieu de résidence.
Si l’entourage estime que le placement d’une personne âgée dans
un home est nécessaire, et que celle-ci n’y consent pas, il n’y a – en
principe – aucun moyen légal pour l’y contraindre.
Si la famille d’une personne atteinte de démence veut la placer,
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son consentement est requis.
Dans le cadre du nouveau régime de protection judiciaire des
incapables majeurs, le juge de paix, dans son ordonnance, devra se
prononcer expressément sur la capacité de la personne protégée de
faire choix de sa résidence.
En cas d’incapacité de la personne protégée prononcée par le juge
de paix quant à cet acte, l’administrateur pourra intervenir à ce propos.
Toutefois, le changement de la résidence de la personne protégée
constitue un des actes à propos duquel l’administrateur sera tenu de sollici-
ter une autorisation spéciale du juge de paix avant de pouvoir l’accomplir.
405
Aspects médico-légaux des démences
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mesure et le malade pourrait être libéré. Dans la pratique, le service
social recherche une maison de repos et de soins où placer le malade,
et celui-ci est « libéré » par un placement dans cette institution.
La loi relative à la protection de la personne des malades mentaux
prévoit, à côté du traitement en milieu hospitalier, un système de soins
en milieu familial. La notion de « famille » est interprétée d’une manière
très large et peut comprendre une maison de repos ou une maison
de repos et de soins. Par cette voie, le placement d’une personne
atteinte de démence répondant aux conditions de la loi pourrait donc
être réalisé.
5 Le testament
Pour faire une donation entre vifs ou un testament, il faut être sain
d’esprit (article 901 Code civil).
La loi ne précise pas ce qu’il faut entendre par « sain d’esprit ». La
santé de l’esprit visée à l’article 901 est une notion juridique et non
médicale : elle vise la capacité d’intelligence et de raisonnement chez
l’auteur du testament. Celui-ci doit disposer de la capacité mentale
suffisante pour pouvoir comprendre le sens et la portée de l’acte qu’il
pose.
La notion de santé mentale en matière de testament et de donation
ne correspond pas à la notion de santé mentale en psychiatrie. C’est
ainsi qu’il a été jugé qu’une personne qui est malade mentale selon la
psychiatrie peut parfaitement faire un testament valable.
Il en résulte qu’une personne atteinte de démence – donc malade
mentale selon la psychiatrie – peut, jusqu’à un certain stade de l’évolu-
tion de sa maladie, faire un testament valide. Elle peut être parfaitement
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Problèmes juridiques liés à la démence
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l’absence de santé mentale.
Celui qui prétend que l’auteur d’un testament n’était pas sain d’es-
prit au moment de sa rédaction peut intenter une action en nullité
devant le tribunal de première instance.
Comme l’auteur du testament est censé être sain d’esprit au sens
de l’article 901 du Code civil, c’est sur celui qui attaque le testament
en nullité que repose le fardeau de la preuve. Cette preuve peut être
fournie par toutes voies de droit.
407
Aspects médico-légaux des démences
Cette preuve peut être apportée par toutes voies de droit. Plusieurs
questions peuvent se poser.
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En général, les tribunaux n’admettent pas l’usage des attestations
médicales post-mortem, mais il y a des exceptions.
Certains proches énumérés dans la loi sur les droits du patient ont le
droit de prendre connaissance du contenu du dossier du patient décédé,
par l’intermédiaire d’un praticien professionnel de leur choix, et à condi-
tion que, de son vivant, le patient décédé ne se soit pas opposé à ce
droit de consultation.
On admet que le désir de prouver la prétendue insanité d’esprit du
patient décédé dans le cadre d’une contestation basée sur l’article 901
du Code civil puisse être un motif suffisant pour accorder cette auto-
risation de consulter le dossier.
Le médecin qui détient le dossier médical n’est, cependant, pas
obligé de faire droit à cette demande. En cas de refus de sa part, il
reste encore la possibilité au juge de désigner un expert pour prendre
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Problèmes juridiques liés à la démence
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le testament a été rédigé, le médecin traitant du testateur a rédigé
un certificat médical dans lequel il déclare que, compte tenu de son
âge, le testateur était encore très conscient du temps et de l’espace
et qu’il disposait d’une capacité intellectuelle suffisante ; la cour a
considéré qu’il ne s’agissait pas là d’un certificat médical de complai-
sance. Il apparaissait, en outre, qu’en juin 2001, donc un an et demi
avant la rédaction de son testament, le testateur avait dû être hospi-
talisé, et qu’à cette occasion, on avait fait un test cognitif pour lequel
il obtenait un score de 26/30 (MMSE) ; lors d’une hospitalisation fin
2002, son score s’élevait à 23/30. La cour s’est basée sur un rapport
scientifique déposé dans le dossier pour en conclure que, jusqu’à un
score de 20/30, on parle encore d’une « démence légère » qui laisse
intact le libre arbitre. La demande en nullité du testament a été décla-
rée non fondée.
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Aspects médico-légaux des démences
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téristique fondamentale.
Pour rappel, sera nul de droit un testament rédigé par la personne
protégée qui en aurait été déclarée incapable, sans autorisation du
juge de paix ou sans respecter les conditions imposées par ce dernier.
6 La captation d’héritage
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Problèmes juridiques liés à la démence
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femmes, aux étudiants en médecine, aux dentistes et à ceux qui
exercent la médecine illégalement. La pratique récente l’a étendue au
personnel infirmier.
Le pharmacien qui, en principe, ne traite jamais le malade,
pourrait être considéré comme l’avoir traité, dans l’hypothèse où il
prescrit lui-même des médicaments, ou modifie la prescription du
médecin.
Le point de savoir si le personnel paramédical tombe égale-
ment sous l’application de l’article 909 du Code civil fait l’objet de
discussions.
Le médecin qui donne des soins palliatifs et le médecin qui pra-
tique l’euthanasie tombent également sous l’application de l’article 909
du Code civil.
Trois conditions sont donc exigées pour qu’il y ait présomption de
captation d’héritage :
411
Aspects médico-légaux des démences
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• les dispositions en faveur du conjoint, du cohabitant légal ou de
la personne vivant maritalement avec le disposant.
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Problèmes juridiques liés à la démence
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7.2 Quels sont ses droits ?
Le patient a droit à des prestations de qualité répondant à ses besoins
et ce, dans le respect de sa dignité humaine et de son autonomie et
sans qu’aucune distinction d’aucune sorte ne soit faite (article 5).
L’infantilisation des personnes âgées pratiquée par certains pra-
ticiens est donc en contradiction avec le devoir que ceux-ci ont de
respecter la dignité de ces patients.
Le patient a le droit au libre choix du praticien professionnel et il
a le droit de modifier son choix (article 6).
Dans les maisons de repos et dans les maisons de repos et de
soins, il arrive que le résident n’ait pas le libre choix de son médecin
traitant. Cette pratique méconnaît donc l’article 6 de la loi.
Le patient a le droit de recevoir, de la part du praticien profession-
nel, toutes les informations qui le concernent et qui peuvent lui être
nécessaires pour comprendre son état de santé et son évolution pro-
bable (article 7, § 1).
Le patient a le droit de se faire assister par une personne de confiance
ou d’exercer son droit par l’entremise de celle-ci. La personne de confiance
peut être un membre de la famille, un conjoint, un ami, un autre patient,
un praticien professionnel.
Une personne qui se sait atteinte de démence peut donc, en consul-
tant par exemple son neurologue, imposer la présence de sa personne
de confiance pour recueillir ces informations ou demander que ces infor-
mations soient recueillies par l’entremise de cette personne de confiance.
Il y a cependant deux exceptions importantes au droit à l’information :
413
Aspects médico-légaux des démences
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le praticien professionnel peut ne pas divulguer les informa-
tions aux patients si la communication de celles-ci risque de
causer manifestement un préjudice grave à la santé du patient,
à condition que le praticien professionnel ait consulté un autre
praticien professionnel.
Dans ce cas, le praticien professionnel doit ajouter une motivation
écrite dans le dossier du patient et doit en informer la personne
de confiance, s’il y en a une.
Cette exception thérapeutique vient à tomber dès que la com-
munication des informations ne cause plus le préjudice que le
praticien voulait éviter.
414
Problèmes juridiques liés à la démence
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pas être réanimé en cas d’arrêt cardiaque. »
Pour la validité de cet écrit, il est également très important qu’il
ait été rédigé au moment où l’auteur était encore à même d’exer-
cer lui-même ses droits. Afin qu’il n’y ait pas de doute à cet égard, il
est recommandé au patient, qui veut faire usage de ce droit, de faire
contresigner son écrit par un témoin qui atteste de sa capacité ; cela
peut être, par exemple, le médecin traitant, qui pourra aussi donner
les précisions nécessaires quant à l’hypothèse et à l’intervention déter-
minées. Au début de la démence, le patient serait tout à fait capable
de rédiger pareil écrit dans une période de lucidité, et le témoin, dans
ce cas un médecin de préférence, pourrait attester de cette lucidité.
Il s’agit d’une déclaration anticipée, que l’on nomme parfois « tes-
tament de vie ».
Il n’y a pas de registre central pour cette déclaration anticipée. Il
s’agit donc de s’assurer qu’en temps voulu, elle soit connue du pra-
ticien à qui elle sera destinée. Dès lors, il est recommandé d’établir
cet écrit en plusieurs exemplaires, d’en mettre un dans le dossier du
patient et d’en confier un exemplaire à une personne de confiance qui,
le moment venu, remettra le document au praticien en question. Il est
évident que tous ces exemplaires du même écrit doivent être signés
par son auteur et par le témoin de sa capacité.
Lorsque, dans un cas d’urgence, il y a incertitude quant à l’exis-
tence ou non d’une volonté exprimée au préalable par le patient, toute
intervention nécessaire est pratiquée immédiatement par le praticien
professionnel dans l’intérêt du patient. Le praticien professionnel en
fait mention dans le dossier du patient.
Le praticien professionnel doit également informer le patient s’il
dispose ou non d’une couverture d’assurance ou d’une autre forme
individuelle ou collective de protection concernant la responsabilité
professionnelle, ainsi que de son statut d’autorisation à exercer ou
d’enregistrement.
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Aspects médico-légaux des démences
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de consultation par l’entremise de celle-ci.
La personne atteinte de démence a donc intérêt à désigner son conjoint,
un membre de la famille ou un ami proche comme personne de confiance.
Le patient peut aussi désigner comme personne de confiance un
praticien professionnel, par exemple son médecin traitant. Si celui-ci
consulte le dossier, il peut prendre connaissance des annotations per-
sonnelles contenues dans le dossier.
Dans le cas où le praticien professionnel a appliqué « l’exception
thérapeutique », le patient ne peut pas exercer son droit de consulta-
tion lui-même, mais il doit désigner un praticien professionnel à cet
effet, par exemple son médecin traitant.
Le patient a même le droit d’obtenir une copie du dossier le concer-
nant ou une partie de celui-ci. Le coût en est déterminé par arrêté royal.
Sur chaque copie, il est précisé que celle-ci est strictement personnelle
et confidentielle. Le praticien professionnel refuse de donner cette copie
s’il dispose d’indications claires selon lesquelles le patient subit des
pressions afin de communiquer une copie de son dossier à des tiers.
Quid de la consultation après le décès du patient ? De son vivant, le
patient peut s’opposer à la consultation de son dossier après son décès.
Si le dossier ne comporte pas de trace de pareille opposition, le
droit de consultation après le décès du patient revient à l’époux, au
partenaire cohabitant légal et aux parents jusqu’au deuxième degré
(ce qui implique, par exemple, qu’un petit-fils peut voir le dossier de
ses grands-parents).
Ce droit de consultation doit être exercé par l’intermédiaire d’un
praticien professionnel désigné par le demandeur. Il est requis que la
demande soit suffisamment motivée et spécifiée. Le praticien profes-
sionnel, ainsi désigné, consulte également les annotations personnelles.
Le médecin conseil d’une compagnie d’assurance ne peut être le
praticien professionnel par l’intermédiaire duquel le parent du défunt
pourrait avoir droit à la consultation du dossier (avis du Conseil natio-
nal de l’Ordre des médecins du 25 novembre 2006).
416
Problèmes juridiques liés à la démence
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7.2.4 Le droit au soulagement de sa douleur (article 11bis)
417
Aspects médico-légaux des démences
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Pour ce qui concerne le patient majeur placé sous statut de protec-
tion judiciaire, il faut rappeler que dans son ordonnance, le juge de paix
devra se prononcer expressément sur la capacité de la personne proté-
gée à exercer les droits du patient prévus par la loi du 22 août 2002.
En cas de déclaration d’incapacité, l’administrateur de la personne
protégée pourra intervenir, mais il sera tenu de solliciter une autorisa-
tion spéciale du juge de paix à cet effet.
Il convient cependant de tenir compte de ce que, conformément à
l’article 14 modifié de la loi du 22 août 2002 (voir ci-dessous), l’adminis-
trateur ne peut lui-même représenter une personne placée sous le régime
de la protection judiciaire que lorsque celle-ci n’avait pas antérieurement
veillé à désigner, par un mandat écrit, la personne destinée à se substituer
à elle pour le jour où elle ne serait plus mesure d’exprimer elle-même sa
volonté. C’est en effet ce mandataire qui exerce alors au nom de la per-
sonne protégée ses droits du patient, sans qu’il ne doive, pour ce qui le
concerne, solliciter aucune autorisation préalable quelconque.
Par ailleurs, l’article 499/7, § 1er, alinéa 3 du Code civil prévoit une
importante dérogation à la nécessité pour l’administrateur de solliciter
l’autorisation spéciale du juge de paix lorsqu’il y a urgence à exercer
les droits du patient. Il n’est en effet pas pensable que l’administrateur
attende que pareille autorisation lui ait été conférée par le juge de paix
lorsqu’il est indispensable qu’il exprime son consentement à des soins ou
traitements urgents requis par l’état de santé de la personne protégée.
Mais il appartiendra dans ce cas d’informer aussitôt le juge de paix de la
manière dont il aura exercé les droits du patient de la personne protégée.
418
Problèmes juridiques liés à la démence
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Le patient peut désigner une personne pour se substituer à lui, pour
autant, et aussi longtemps, qu’il n’est pas en mesure d’exercer ses
droits du patient lui-même.
Cette désignation s’effectue par un mandat écrit daté et signé par le
patient et par le mandataire désigné. De la même manière, ce mandat
peut être révoqué tant par le patient que par le mandataire.
Il est donc conseillé à une personne atteinte de démence de dési-
gner, au tout début de sa maladie, un mandataire pour la représenter
quand elle-même sera considérée comme incapable de fait.
Il est conseillé de mettre ce mandat écrit dans le dossier du patient.
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Aspects médico-légaux des démences
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que le droit de plainte peut, par dérogation à la cascade explicitée
ci-dessus, être exercé par les personnes visées sans devoir respec-
ter l’ordre prévu.
7.3.2.4 Exceptions
Dans l’intérêt du patient, et afin de prévenir toute menace pour sa vie
ou toute atteinte grave à sa santé, le praticien professionnel, le cas
échéant dans le cadre d’une concertation pluridisciplinaire, peut déroger
à la décision prise par le représentant légal (interdiction et minorité
prolongée) ou un des représentants qui viennent d’être énumérés. Si
la décision a été prise par le mandataire désigné par le patient, il y a
deux hypothèses :
8 L’euthanasie
La loi du 28 mai 2002, dépénalisant l’euthanasie, définit celle-ci et
précise les conditions dans lesquelles elle peut être pratiquée, ainsi
que les procédures. Elle distingue deux hypothèses : une demande
actuelle par une personne qui est consciente, d’une part, et l’euthana-
sie, sur base d’une déclaration anticipée, chez une personne qui n’est
plus consciente, d’autre part.
420
Problèmes juridiques liés à la démence
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• le patient se trouve dans une situation médicale sans issue et fait
état d’une souffrance physique ou psychique constante et insup-
portable, qui ne peut être apaisée et qui résulte d’une affection
accidentelle ou pathologique grave et incurable.
421
Aspects médico-légaux des démences
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chiatre ou spécialiste de la pathologie concernée, en précisant
les raisons de la consultation. Ce médecin doit aussi être indé-
pendant tant à l’égard du patient qu’à l’égard du médecin traitant
et du premier médecin consulté. C’est le médecin traitant qui
informe le patient concernant les résultats de cette consultation ;
• laisser s’écouler au moins un mois entre la demande écrite du
patient et l’euthanasie.
422
Problèmes juridiques liés à la démence
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compte pour une euthanasie sur base d’une déclaration anticipée, car
elle n’est pas inconsciente.
Établir une déclaration anticipée rédigée comme suit : « au cas où
je suis atteint par la démence et que je ne peux plus manifester ma
volonté, je désire que le médecin pratique l’euthanasie » ne pourra, dès
lors, sortir aucun effet.
423
Aspects médico-légaux des démences
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du 2 avril 2003, l’officier de l’état civil est obligé de la réceptionner.
Par l’intermédiaire des services du registre national, l’administration
communale transmet au SPF santé publique, sécurité de la chaîne
alimentaire et environnement, une série d’éléments puisés dans la
déclaration anticipée. Les données reçues de la commune seront donc
enregistrées dans une banque de données.
Si un patient se trouve dans un état où l’euthanasie pourrait, éven-
tuellement, être appliquée en exécution de la loi relative à l’euthanasie,
le médecin traitant s’adressera au SPF santé publique afin de vérifier
si des données ont été enregistrées pour le patient concerné, dans la
banque de données en question.
Les médecins pourront consulter la banque de données 24 heures
sur 24.
424
Problèmes juridiques liés à la démence
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alinéa 1er, 4° ancien).
À l’heure actuelle, l’obligation subsiste, mais il n’y a plus de sanc-
tions pénales.
Par contre, le fait, pour un conducteur, de continuer à circuler en
voiture alors qu’il ne répond plus aux normes minimales est sanctionné
par l’article 30, § 1er, 4° nouveau : l’amende s’élève de 200 à 2000 euros.
L’usage de médicaments peut aussi influer sur le comportement
routier. L’annexe 6 de l’arrêté royal sur le permis de conduire précise
à ce sujet : « lors de l’établissement d’un traitement ou de prescription
de médicaments, le médecin contrôle l’effet du traitement, de chaque
médicament particulier, ou en association avec d’autres médicaments,
ou avec l’alcool, sur le comportement routier. Le médecin informe le
patient des conséquences possibles sur son comportement routier et
lui fait part de ses éventuelles obligations concernant l’utilisation du
permis de conduire. »
Face à un patient atteint de démence, il appartient donc au médecin
de déterminer à partir de quel moment l’évolution de sa démence le
rend inapte à conduire un véhicule.
En cas de doute, le médecin peut renvoyer son patient pour des
examens médicaux au CARA, un département de l’Institut belge pour
la sécurité routière, chaussée de Haecht, 1405 à 1130 Bruxelles
– tél. 02/244.15.52 – cara@ibsr.be.
La perte du droit de conduire un véhicule à moteur représente une
grave atteinte à l’autonomie du malade et peut le priver d’une grande
partie de ses contacts sociaux. Cela peut donc être source de dépres-
sion pour la personne atteinte de démence. Il y a lieu de respecter son
autonomie aussi longtemps que cela est justifié par rapport au danger
que pourrait courir et faire courir ce patient en conduisant un véhicule.
Après examen au CARA, il est aussi possible pour le conducteur,
dont il est avéré qu’il ne répond plus à toutes les normes minimales,
d’obtenir un permis de conduire assorti de certaines conditions (par
exemple, ne pas pouvoir se rendre sur les autoroutes et ne pouvoir cir-
culer que dans un certain périmètre autour de son domicile).
425
Aspects médico-légaux des démences
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munique ses doutes quant à la capacité de conduire de cette personne
au procureur du Roi (Bulletin du Conseil national, n° 056, p. 38).
Enfin, il faut aussi attirer l’attention sur les répercussions en matière
d’assurance automobile : si un conducteur sait qu’il ne répond plus
aux normes minimales pour continuer à bénéficier de son permis de
conduire et qu’il ne l’a pas déclaré à son assureur en responsabilité
civile, un grave problème financier peut se poser si ce conducteur pro-
voque un accident. En effet, dans ce cas, l’assureur dédommagera les
victimes, mais il risque de se retourner contre son assuré.
10.1 Définition
La maltraitance de la personne âgée est un fléau social, qui est encore
fort méconnu.
La maltraitance se passe aussi bien en milieu familial qu’en
institution.
Nous ne disposons pas de chiffres exacts en ce qui concerne sa
prévalence.
Il est également malaisé d’en donner une définition, car il y a de
multiples formes de maltraitance et, en outre, il y a des différences
dans la perception.
Le décret du 3 juillet 2008 du Parlement wallon, relatif à la lutte
contre la maltraitance des personnes âgées, entretemps intégré dans
le Code réglementaire wallon de l’action sociale et de la santé, donne
la définition suivante pour l’application du décret :
426
Problèmes juridiques liés à la démence
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criminels commis sur des personnes âgées par des auteurs qui
n’ont pas de relation de confiance avec la victime ne tombent
pas sous la définition de maltraitance de personnes âgées ;
• la maltraitance peut être le résultat aussi bien de l’acte que
l’absence d’acte. Il n’est même pas requis qu’il y ait une inten-
tion de nuire.
427
Aspects médico-légaux des démences
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Pour que ces faits soient punissables, une plainte de la victime
n’est pas requise. Si la victime dépose plainte contre l’auteur et si,
par la suite, elle retire sa plainte, il n’est pas mis fin à l’enquête : des
poursuites, suivies de condamnation, peuvent donc encore intervenir.
Il est toutefois peu probable que la protection du droit pénal soit
très efficace pour aider la victime, s’il n’y a pas d’autres mesures
envisagées simultanément. Si la victime dépose plainte, mais qu’elle
demeure toujours dans le même environnement familial ou institu-
tionnel, elle peut craindre des représailles de la part de l’auteur et sa
situation ne peut qu’empirer.
Un très long temps risque de se dérouler entre le moment de la consta-
tation des faits et de leur condamnation par le tribunal correctionnel.
428
Problèmes juridiques liés à la démence
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10.6.1 Contenu
429
Aspects médico-légaux des démences
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• le droit ou l’intérêt à sauvegarder doit être en péril imminent
et grave ;
• il n’existe pas d’autre solution moins dommageable au conflit
de valeurs que de procéder à la révélation.
Si, dans un cas pareil, le médecin ne fait pas primer son secret
professionnel, il n’est pas punissable ; ce principe découle de la juris-
prudence de la Cour de cassation.
Que se passe-t-il si et l’auteur et la victime sont tous deux patients
du médecin ?
Cette hypothèse peut se produire si la personne âgée réside chez
un de ses enfants.
En principe, le médecin est tenu au secret professionnel. Toutefois,
s’il estime que son devoir d’aide à la victime a priorité sur son secret
professionnel, cet état de nécessité lui permet de dénoncer les faits.
Enfin, il faut citer l’article 458bis du Code pénal, modifié le 17 juillet
2011, qui autorise les personnes tenues au secret professionnel ayant
connaissance de certaines infractions (attentat à la pudeur et viol,
homicide volontaire, meurtre et assassinat, coups et blessures volon-
taires, tentative d’administration de substances dangereuses, mutilation
d’organes génitaux, délaissement et privation d’aliments et de soins)
commises sur un mineur ou sur une personne qui est vulnérable en
raison de son âge, d’un état de grossesse, d’une maladie, d’une infirmité
ou d’une déficience physique ou mentale à en informer le procureur du
Roi à condition qu’elles aient examiné la victime ou recueilli les confi-
dences de celle-ci, soit qu’il existe un danger grave et imminent pour
l’intégrité mentale ou physique de l’intéressé et qu’elle ne soit pas en
mesure, elle-même ou avec l’aide de tiers, de protéger cette intégrité,
soit lorsqu’il y a des indices d’un danger sérieux et réel que d’autres
mineurs ou personnes vulnérables visées soient victimes des infrac-
tions prévues aux articles précités et qu’elles ne sont pas en mesure,
seules ou avec l’aide de tiers, de protéger cette intégrité.
430
Problèmes juridiques liés à la démence
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vulnérable le permettent, le médecin s’entretient de ses constatations
d’abord avec elle et l’incite à prendre elle-même les initiatives néces-
saires. Si cela ne nuit pas aux intérêts de la personne vulnérable et
qu’elle y consent, il peut se concerter avec les proches.
Si la situation le justifie, et pour autant que la personne vulné-
rable capable de discernement y consente, le médecin s’adressera à
un confrère compétent en la matière ou fera appel à une structure plu-
ridisciplinaire spécifiquement établie pour gérer cette problématique.
Si la personne vulnérable est menacée par un danger grave et
imminent ou s’il y a des indices graves d’un danger sérieux et réel que
d’autres personnes vulnérables soient victimes de maltraitance ou négli-
gence et que le médecin n’a pas d’autres moyens d’offrir une protection,
il peut avertir le procureur du Roi de ses constatations » (article 61).
Il faut souligner que le médecin ne peut pas avertir la police et qu’il
ne peut traiter qu’avec le procureur du Roi ou avec le juge d’instruction.
431
Aspects médico-légaux des démences
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10.7 Lutte contre la maltraitance des personnes âgées
Différentes ASBL ont, depuis plusieurs années, instauré un service télé-
phonique pour enregistrer des plaintes, offrir une écoute et donner des
avis. Elles ont fusionné dans l’ASBL CAPAM.
Liège 04/345.09.81
Tournai 069/56.04.39
Brabant wallon 02/387.59.00
Luxembourg 061/65.81.11
EPM’âge Charleroi 071/50.69.99
Urgedes Sambreville 071/72.62.89
432
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PARTIE 5
Perspectives
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et mondiaux de la maladie
d’Alzheimer en 2016
Priorité à la prévention
Jean-Émile Vanderheyden
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Indonésie 2015 États-Unis
Hommes Femmes Hommes Femmes
100+ 100+
95-99 95-99
90-94 90-94
85-89 85-89
80-84 80-84
75-79 75-79
70-74 70-74
65-69 65-69
60-64 60-64
55-59 55-59
50-54 50-54
45-49 45-49
40-44 40-44
35-39 35-39
30-34 30-34
25-29 25-29
20-24 20-24
15-19 15-19
10-14 10-14
5-9 5-9
0-4 0-4
7.5% 5.0% 2.5% 2.5% 5.0% 7.5% 7.5% 5.0% 2.5% 2.5% 5.0% 7.5%
436
Les aspects sociétaux et mondiaux de la maladie d’Alzheimer en 2016
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les 4 secondes…), répartis pour 30 % en Europe, 47 % en Asie, 11 %
en l’Amérique du Nord, 7 % en Afrique et 5 % en Amérique latine
(figure 29.2). Ainsi, pour l’OMS, la problématique des démences est
devenue – à l’instar du stress et de la dépression – une priorité en
santé publique, car son coût est estimé à 1 % du PIB mondial. Ce coût
élevé est dû aux caractéristiques de chronicité et d’handicap évolutif
nécessitant de plus en plus d’assistance. Autrement dit, le nombre de
personnes atteintes de démence devrait passer en Europe de 8 millions
en 2015 à 16 millions en 2050, en Asie de 19,6 millions à 63 millions,
et pour le monde de 47,5 à 135,5 millions (Figures 29.3 et 29.4). Sur
le plan des coûts annuels liés à leur prise ne charge, on passerait,
au niveau mondial, de 200 à 600 milliards de dollars (Prince, 2013 ;
Herzberg 2016).
Europe 30 %
Asie 47 %
Afrique 7 %
Amérique du Nord 11 %
Amérique latine 5 %
437
Perspectives
3,24
8,20
4,78
19,62
3,93
3,04
4,66
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47,47
4,73
16,02
11,74
63,16
8,68
12,35
18,78 135,46
438
Les aspects sociétaux et mondiaux de la maladie d’Alzheimer en 2016
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niveau d’études supérieures (hautes écoles) semble nécessaire, car
ces résultats favorables n’étaient pas marqués pour un niveau d’études
inférieures. Parallèlement, la prévalence des facteurs de risque vascu-
laire (hypertension artérielle, hypercholestérolémie, tabagisme…) était
diminuée, à l’exclusion du diabète et du surpoids en augmentation,
mais aucun de ces facteurs n’expliquait complètement la diminution
de l’incidence des démences.
Par ailleurs, dans une autre étude américaine réalisée sur 20 000 per-
sonnes de plus de 50 ans (Langa, 2016), l’incidence de la démence
chez les plus de 65 ans est passée de 11,7 à 9,2 % ! Des chiffres et une
évolution semblables sont aussi retrouvés en Angleterre, aux Pays-Bas,
en Suède et au Danemark (Crimmins, 2016 ; Brayne, 2016) : toutes
ces études viennent d’être dévoilées à Washington, en février 2016,
au congrès de l’AAAS (American Association for the Advancement
of Science). Cette amélioration est donc mesurée dans des pays à
revenus élevés, alors que la situation s’aggrave clairement dans les
pays à revenus faibles ou intermédiaires. On peut évoquer comme
raisons pour cette amélioration : une précision plus fine du diagnos-
tic grâce aux progrès techniques et médicaux, mais surtout un effet
manifeste de la prévention, de mieux en mieux diffusée et appliquée,
grâce à l’accès à des moyens diagnostiques et thérapeutiques plus per-
formants. À l’inverse, l’aggravation s’observe dans des pays en pleine
croissance démographique, où les conseils préventifs ne sont pas encore
bien appliqués.
439
Perspectives
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2009). Une bonne santé contrôlée par son omnipraticien et une acti-
vité physique quotidienne (minimum 3 x 1 h/semaine ; marcher 5 000
pas par jour, etc.) sont importantes pour l’avenir cognitif.
La prévention vise donc à stimuler le contrôle de tous ces fac-
teurs de risque et particulièrement à favoriser au mieux une bonne
réserve cognitive (figure 29.5), c’est-à-dire développer son intelligence,
et surtout les différents types de mémoire, par exemple procédurale,
topographique, sémantique…, par la réalisation quotidienne d’exer-
cices de gymnastique cérébrale. Un bon niveau d’études et une vie
sociale active, enrichissante au plan cérébral, sont évidemment aussi
bienvenues, comme le jardinage, bricolage et les voyages ou assister
avec intérêt à diverses réunions de famille, ou des conférences ou des
visites de musée… On comprend mieux ici que l’état dépressif est un
facteur négatif, comme l’utilisation passive et abondante de la télévi-
sion ou du fauteuil, ou encore de médications calmantes (sédatives).
Réserve cognitive
élevée
Estimation des fonctions cognitives
Éducation
Stimulation cérébrale
Jardinage
Réserve cognitive
basse Voyages
Bricolage
Âge
440
Les aspects sociétaux et mondiaux de la maladie d’Alzheimer en 2016
3 Use it or lose it !
Des publications internationales toutes récentes confirment l’efficacité
clinique, voire anatomo-fonctionnelle de ces mesures préventives : nous
en détaillons deux, parmi les plus intéressantes.
La première émane de plusieurs centres américains : elle a enrôlé
127 sujets atteints de MCI (Mild Cognitive Impairment), consistant en
une forme tout à fait débutante de maladie d’Alzheimer (trouble cogni-
tif léger sans démontrer l’ensemble des symptômes d’un syndrome
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démentiel) (Albert, 2010). Leur âge moyen était de 70,7 ans avec un
écart-type de 10,5 ans, avec 63 % de femmes. Chaque patient a été
soumis à un programme multidisciplinaire de « Brain Fitness » et évalué
par une batterie neuropsychologique concernant 10 domaines cogni-
tifs. Ils étaient stimulés par un programme de stimulation cognitive
personnalisée, un coaching pour une alimentation de type méditerra-
néen, la prise de suppléments en oméga-3, du fitness (en progressif)
et de la méditation pleine conscience (Fotuhi, 2016). Les résultats du
testing neuropsychologique réalisé après les 12 semaines démontrent
dans 84 % des cas une amélioration significative (p < 0.05) ! De plus,
parmi les 17 patients tirés au hasard qui ont eu, en outre, une éva-
luation par une IRM quantitative, 3 ont démontré l’absence d’évolution
atrophique de l’hippocampe, alors que 5 démontraient une aggravation
de l’atrophie, mais pour 9 autres (50 %), on a mesuré une augmenta-
tion de volume hippocampique de 1 à 8 % (Fotuhi, 2016).
Par ailleurs, une publication de la Mayo Clinic (Vemuri, 2016),
reprenant 393 sujets non déments (340 sains et 53 MCI) âgé de 70 ans
et plus, émanant d’une base de données propre avec imagerie céré-
brale, démontre une diminution de plaques amyloïdes cérébrales en
fonction d’un bon niveau d’études (>=14 ans) et d’un entraînement
physique et cognitif entre 50 à 65 ans, mais seulement chez les sujets
porteurs du gène APOE4. Des aspects personnalisés seraient donc à
envisager dans l’efficacité de la réponse aux stimulations cognitives.
Comprenons-nous bien, ces moyens préventifs n’empêchent pas
de développer une maladie d’Alzheimer ou apparentée – car l’origine
paraît bien plus génétique qu’environnementale –, mais au cas où une
personne est programmée pour ce type de maladie, les moyens préven-
tifs, et particulièrement la stimulation cognitive, permettront de reculer
de quelques années en général le début des troubles cognitifs. C’est
donc ce que l’on constate maintenant dans les pays à hauts revenus,
suite à des campagnes de santé publique développées depuis déjà de
nombreuses années. De plus, à force de « retarder », on peut penser
« éviter » les affres de l’affection (évoluée) avec ses pénibilités cliniques
et son fardeau financier pour les proches et la société.
441
Perspectives
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de dessins…), le snoezelen (dans une pièce adaptée à la stimulation
multisensorielle), la balnéothérapie et l’aromathérapie, ou encore les
mnémothérapies par révision d’anciennes photographies, de tableaux
célèbres… ou réécoute de vieilles ritournelles qui sont chantonnées par
le patient (Vindevogel, 2009 ; Broutart, 2013 ; Broutart 2014 ; Sabatier,
2016). Toutes ces expériences démontrent qu’un certain bonheur,
temporaire, mais aussi répétitif, peut être prodigué avec des résultats
comportementaux variables, mais non négligeables pour la qualité de
vie. Cette prise en charge non médicamenteuse a aussi l’avantage de
ne pas être « pathologie-dépendante », autrement dit disponible pour
toutes les formes de démence, alors que les médicaments sont souvent
liés à l’étiologie spécifique de la pathologie en cause.
Par ailleurs, il faut aussi prévoir de l’assistance, non seulement aux
personnes atteintes de démence et en perte progressive d’autonomie
aboutissant à la dépendance, mais aussi aux aidants-proches (conjoint,
enfant, neveu/nièce…) qui les prennent en charge au jour le jour, ce qui
est assez épuisant (Polydor, 2011 ; Pulsford, 2015). Avant de parler de
placement en institution, ce qui pose souvent des problèmes d’adap-
tation par changement des derniers repères utiles, il est intéressant de
prévoir des structures d’accueil temporaire, comme par exemple les
initiatives « Halte-répit » ou « Relais des Aidants » qui occupent les per-
sonnes démentes pendant une demi-journée par semaine, permettant
aux proches de souffler un peu et de s’occuper d’eux-mêmes.
5 Conclusion
Les données épidémiologiques concernant les troubles cognitifs évo-
luant vers la démence type Alzheimer et affections apparentées sont en
pleine progression dans le monde, alors que les investissements dans
la recherche les concernant spécifiquement y restent 10 fois inférieurs
à ceux consacrés aux cancers (Prince, 2013). Des efforts devraient
donc encore être réalisés dans ce domaine. En effet, le vieillisse-
ment manifeste des diverses populations mondiales grâce aux acquis
442
Les aspects sociétaux et mondiaux de la maladie d’Alzheimer en 2016
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ainsi que des structures d’accueil et assistance pour les patients et
leur famille. Ceci d’autant plus que les thérapies non médicamenteuses
commencent à être validées, du moins dans un mode d’application de
type personnalisé selon les résultats de l’étude ETNA3 (Amieva, 2016,
cf. chapitre suivant).
443
Chapitre 30
Les perspectives
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thérapeutiques
dans la maladie
d’Alzheimer : espoirs
et remises en question
Jean-Émile Vanderheyden
1 Introduction
Deux ans après un premier contact avec l’équipe des chercheurs appar-
tenant à l’Institute of Neuroscience (IoNS), pilotée par le Pr Jean-Noël
Octave, celui-ci nous a récemment accordé une nouvelle interview
au sujet d’une publication récente émanant du groupe de recherche
« Alzheimer-Dementia » situé dans la tour Pasteur sur le campus UCL
à Bruxelles. Un de leurs thèmes de recherche est le turn-over du cho-
lestérol dans les neurones (Vanderheyden, 2013), mais nous en avons
profité pour faire aussi le point sur les diverses perspectives thérapeu-
tiques dans la maladie d’Alzheimer.
Perspectives
2 Où en est-on ?
Depuis 1993, on sait que le génotype Epsilon-4 de l’apoliprotéine E est
particulièrement retrouvé chez de nombreux patients Alzheimer : cette
apolipoprotéine est abondante dans le cerveau, car il s’agit d’une pro-
téine transportant le cholestérol. Les GWAS (Genome Wide Association
Studies) ont également mis en évidence l’impact de l’apolipoprotéine
J et du gène codant ABCA7, un transporteur membranaire du cho-
lestérol. Les neurones sont très sensibles au turn-over en cholestérol,
particulièrement dans le contexte de la maladie d’Alzheimer.
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L’expression de la protéine précurseur de l’amyloïde (APP) réduit
l’activité synaptique – du fait de la baisse du turn-over neuronal en
cholestérol. On observe un effet identique si l’on utilise in vitro une
statine comme la mévastatine. Cependant, dans ces deux cas de
figure, une solution de secours est de stimuler la voie du mévalonate.
L’hypothèse de recherche peut être résumée comme suit : une APP
modifiée ou anormale n’exercerait donc plus cette régulation du turn-
over en cholestérol chez les patients, qui évolueraient alors vers une
démence particulièrement de type Alzheimer. Chez ces patients, il est
donc important de restimuler le turn-over en cholestérol, et on pourrait
le faire par des agonistes LXR (Liver X Receptor) et RXR (Rétinoic-X-
Receptor). Ces récepteurs, qui se situent au niveau nucléaire, favorisent
la transcription de certains gènes. Les agonistes LXR sont déjà connus
actuellement dans le traitement de certains cancers et ils passent bien
la barrière hémato-méningée, pouvant donc avoir un effet neuronal qui
reste à préciser.
446
Les perspectives thérapeutiques dans la maladie d’Alzheimer
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été mis en évidence.
Une étude complémentaire sur un grand nombre de cas est actuel-
lement réalisée à Cleveland (USA).
447
Perspectives
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des travaux encourageants, présentés entre autres lors de la réunion
de Montpellier par une équipe italienne, dirigée par G. Dell’Agnello
(Florence) (Vanderheyden, 2014) n’ont pas donné jusqu’à présent d’ap-
plication clinique, bien que les résultats de phase 2 démontraient une
multiplication par 1 000 du taux plasmatique du peptide Abeta suite
à une modification de l’équilibre céphalorachidien/plasmatique de ce
monomère, laissant penser à une moindre agrégation intracérébrale.
Plus intéressants, semble-t-il – car on en n’est qu’à des études de
phase 1 –, sont les premiers résultats obtenus avec les doses élevées
de l’Aducanumab (3 à 10 mg/kg), présentés à la conférence AD/PD
2015 de Nice (Vanderheyden, 2015). Cependant, des effets secon-
daires de céphalées et des images d’œdème cérébral localisé ne sont
pas négligeables à ces posologies, surtout chez les porteurs du géno-
type ApoE4 entraînant des « drop-out » jusqu’à 35 % des cas. Les
applications en clinique sont donc bien encore en attente.
Pour l’immunothérapie active, à envisager principalement par des
vaccins spécifiques, les recherches sont relancées depuis les décep-
tions antérieures liées à des effets secondaires cérébraux majeurs, mais
jusqu’à présent, aucun résultat intéressant n’a été publié. Cependant,
tout récemment, un vaccin anti-protéine tau vient d’accéder à un niveau
de phase II (Ondrus, 2016) et relance ainsi un espoir dans ce domaine.
448
Les perspectives thérapeutiques dans la maladie d’Alzheimer
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Tout récemment, l’étude ETNA3 (Amieva, 2016) apporte les premiers
résultats, concernant l’évaluation selon des statistiques médicales clas-
siques, des thérapies non médicamenteuses. Recrutés par 40 sites en
France (Bordeaux, Nice, Paris…), 653 patients externes souffrant d’une
maladie d’Alzheimer ont été suivis selon quatre « bras d’étude » : soins
usuels = contrôles ; thérapie cognitive en groupe ; thérapie de réminis-
cence en groupe ; réhabilitation cognitive individualisée. Les résultats
ne montrent aucun effet sur l’évolution de la maladie, mais seule la
réhabilitation individualisée donne lieu à une amélioration fonctionnelle
– retardant l’institutionnalisation de 6 mois – touchant surtout le com-
portement, l’apathie, la dépression et la qualité de vie.
449
Perspectives
8 Conclusion
La recherche fondamentale et le développement de nouveautés théra-
peutiques dans la maladie d’Alzheimer sont bien en cours dans diverses
directions. Cependant, les espoirs doivent tenir compte de nombreuses
difficultés d’avancer, vu la complexité de l’affection au niveau etio-
pathogénique et moléculaire. D’autre part, les effets secondaires des
traitements envisagés ne sont pas négligeables. Enfin, si l’approche
des formes familiales en hérédité dominante paraît plus facile, ces
formes ne représentent que 1 % des cas de maladie d’Alzheimer. Dans
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les formes sporadiques, un démembrement paraît indispensable pour
avancer, compte tenu de la mise en évidence de patients avec un
profil neuropsychologique Alzheimer sans marquage amyloïde signi-
ficatif et d’autre patients encore avec un marquage tau positif, mais
quasi asymptomatique, avant une amplification des symptômes lors
de l’apparition d’un marquage positif pour l’amyloïde.
450
Chapitre 31
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des tests génétiques
dans la maladie
d’Alzheimer ?
Philippe Lambert
2 L’apolipoprotéine E
Dans l’Alzheimer sporadique, la maladie pourrait se situer au confluent
d’une combinaison de gènes défavorable et d’un environnement délé-
tère. C’est ainsi qu’en 1993, les chercheurs américains Allen Roses,
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de l’Université Duke, à Durham, et Jonathan Haines, de l’Université
Vanderbilt, à Nashville, identifièrent un gène du chromosome 19 qu’ils
purent relier à la forme la plus courante de la maladie d’Alzheimer :
le gène codant pour la production de l’apolipoprotéine E (ou Apo E),
protéine participant au transport du cholestérol dans le sang et peut-
être, si l’on se réfère à des études in vitro, à la réparation des cellules
endommagées et à l’élimination de quantités excédentaires du peptide
bêta-amyloïde.
Le gène codant pour l’Apo E existe sous trois formes, dont la fré-
quence varie dans la population : les allèles ε2, ε3 et ε4. Il a été montré
que les détenteurs des allèles ε2 ou ε3 courent moins de risques d’être
atteints un jour de l’Alzheimer que les individus dont le patrimoine
génétique renferme l’allèle ε4, présent chez 40 % des malades environ.
3 Gènes et incertitudes
Depuis, les études GWAS (Bertram, 2009) ont mis en évidence d’autres
facteurs de risque génétiques, dont le fait de posséder un certain allèle
du gène de l’apolipoprotéine J (Apo J), protéine intervenant elle aussi
dans le transport du cholestérol, ou des variantes du gène SORL1
(Sortilin-related receptor, L DLR class), présent sur le chromosome 11
(Felsky, 2014). « De nombreux autres gènes candidats ressortent de
ces études, mais, pour l’heure, aucun n’a pris l’ascendant sur le gène
codant pour l’Apo E », indique le professeur Éric Salmon, directeur
médical du Centre de Recherches du Cyclotron (CRC) de l’Univer-
sité de Liège et directeur du Centre de jour interdisciplinaire pour les
troubles de la mémoire, au CHU de Liège.
Les facteurs environnementaux susceptibles de favoriser l’apparition
de la maladie d’Alzheimer ont été au centre de mille et un débats, qui
n’ont débouché sur aucune certitude. Tout au plus peut-on affirmer,
dans un autre registre, que l’âge est un facteur de risque, ainsi que les
traumatismes crâniens, lesquels peuvent occasionner des lésions mul-
tiples de nature à affaiblir les capacités générales du cerveau. « Mais,
452
Quel est l’apport actuel des tests génétiques dans la maladie d’Alzheimer ?
dans tous les cas, le schéma d’installation de la maladie est mal connu
et l’on ne peut proposer aucun programme de prévention, si ce n’est
une hygiène de vie pour se protéger des pathologies vasculaires, dit Éric
Salmon. En effet, preuve par l’Apo E, certains facteurs de risque qui y
sont reliés sont aussi en soi des facteurs de risque pour l’Alzheimer. »
Comme le fait remarquer notre interlocuteur, le problème est
néanmoins complexe, car, si des études épidémiologiques ont mis
en évidence que les statines peuvent réduire le risque, il se peut que
ce ne soit pas via leur action sur le métabolisme du cholestérol, mais
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par le biais d’une interaction plus directe avec des dépôts de peptide
amyloïde.
Une autre question est débattue : une forte réaction à un choc
émotionnel ne constitue-t-elle pas le signe d’une fragilité cérébrale
permettant de prédire un risque accru de développer la maladie
d’Alzheimer ? De même, la propension aux épisodes dépressifs pourrait
être le reflet d’une plus grande « réceptivité biologique » à la maladie.
4 Accompagnement psychologique
Des tests génétiques permettent de détecter si les gènes APP, PS1
et PS2 (formes familiales de l’Alzheimer) sont mutés, et d’autres, de
déterminer quel allèle présente le gène Apo E (formes sporadiques).
Se pose ici la question clé de la prescription de tels tests. Certes, leur
apport sur les plans de l’épidémiologie et de la recherche fondamen-
tale est réel, mais leur intérêt pour la pratique médicale proprement
dite est discuté. En outre, ils soulèvent d’importantes interrogations
d’ordre éthique.
Dans le cas de familles portant tout le poids d’une histoire d’Alzhei-
mer à travers plusieurs générations, des tests de détection des mutations
connues peuvent être proposés, en particulier aux jeunes adultes. Le
simple fait d’évoquer l’existence de ces tests n’est pas anodin, car l’in-
formation ainsi fournie peut engendrer le doute et le trouble dans les
esprits. Quel sera le poids psychologique de l’incertitude chez le sujet
qui préférera renoncer au dépistage ? Au contraire, la volonté de savoir,
qui en poussera d’autres à se plier à l’examen, est susceptible d’en-
gendrer des conséquences qui, en cas de résultat défavorable (50 %
de chance d’être frappé par la maladie), pourraient s’avérer très dom-
mageables pour leur qualité de vie, voire déboucher sur un suicide.
Il n’est assurément pas question d’occulter systématiquement l’exis-
tence des tests génétiques, mais, selon Éric Salmon, la proposition d’un
dépistage ne doit être formulée qu’après plusieurs séances de discussion
453
Perspectives
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5 Le projet DIAN
Jusqu’il y a peu, la recherche d’une mutation génétique dans le cadre
des formes familiales de la maladie d’Alzheimer n’apportait pas de
possibilité thérapeutique supplémentaire à la personne qui souscrivait
aux tests. Aucune mesure préventive particulière ne pouvait lui être
prescrite. Le principal intérêt de ces examens était de lui permettre de
réorienter son existence à la lumière de ce qu’elle aurait appris. Tenant
compte d’un risque élevé de développer l’Alzheimer, elle pouvait peut-
être décider de changer ses priorités dans les domaines professionnel
et familial. « C’était la raison essentielle qui pouvait justifier les tests »,
estime le professeur Salmon.
Aujourd’hui, la donne n’est plus tout à fait la même. En effet, alors
que les espoirs furent longtemps déçus, il existe désormais des molécules
prometteuses capables d’agir sur le métabolisme du peptide bêta-amy-
loïde. Le réseau DIAN (Dominantly Inherited Alzheimer Network), dont
les travaux portent sur les formes familiales de la maladie d’Alzhei-
mer, a initié des études cliniques spécifiques au cours desquelles des
sujets porteurs d’une mutation génétique susceptible d’induire l’affec-
tion se voient proposer de façon précoce, avant même l’apparition
de premiers symptômes, un traitement « anti-amyloïde ». Divers insti-
tuts de recherche implantés aux États-Unis, en Australie, en Europe,
en Asie et en Amérique du Sud sont partie prenante à ces travaux,
où deux molécules sont initialement testées : le gantenerumab et le
solanezumab. La recherche vise à déterminer dans quelle mesure l’ad-
ministration de tels médicaments peut enrayer ou retarder l’apparition
de la démence neurodégénérative.
Dans ces conditions, l’information issue des tests génétiques peut
avoir un impact qui dépasse de loin la simple annonce d’un risque élevé
de développer une démence. En effet, elle laisse entrevoir la possibilité
d’une action thérapeutique éventuelle de nature à faire obstacle à une
454
Quel est l’apport actuel des tests génétiques dans la maladie d’Alzheimer ?
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refuser demeurent deux options pertinentes et défendables.
Une autre raison pouvant justifier des tests génétiques dans les
familles à haut risque d’Alzheimer serait d’éviter la propagation de
l’affection aux générations suivantes. La déjà longue expérience des
tests génétiques dans la chorée de Huntington révèle cependant deux
éléments : d’une part, la majorité des personnes concernées préfèrent
se voiler la face et refuser de tels examens ; d’autre part, il est rare
que ceux qui se savent porteurs d’un gène muté renoncent à procréer,
partant sans doute du principe que le jeu de pile ou face mérite d’être
tenté. N’est-il pas dans la nature humaine de penser que « ça n’arrive
qu’aux autres » ?
6 Peu de demandes
Plus la recherche avance et plus il apparaît que l’éventail des gènes
impliqués dans l’Alzheimer familial, affection essentiellement monogé-
nique, ne se limite pas aux quelques gènes déjà connus. Par conséquent,
un test négatif n’exclut pas la présence d’une mutation non réperto-
riée qui tracerait la voie de la maladie. Autrement dit, le doute reste de
mise. « Procéder à une étude génétique complète, donc beaucoup plus
probante, supposerait que l’on puisse réaliser des tests sur un nombre
significatif de membres d’une famille, les uns atteints de la maladie, les
autres pas », souligne Éric Salmon.
Et le problème se corse encore quand on sait que, parmi ces
personnes de référence, certaines ne souffrent pas de la maladie
d’Alzheimer, alors qu’elles la développeront plus tard. Le raisonnement
vaut aussi pour des parents décédés, chez qui ne se serait dévoilé aucun
des symptômes de l’affection, du simple fait qu’ils seraient morts avant
d’avoir pu les exprimer. À cela se greffe l’éventualité qu’une maladie
d’Alzheimer débutant isolément chez une personne encore jeune soit
le fruit d’une mutation de novo, cas de figure extrêmement rare, ou
que cette personne soit un enfant illégitime.
455
Perspectives
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probabilité de souffrir de la maladie à 60 ans passe de 1 à 5 %, par
exemple, ne nous mène pas très loin en clinique. »
Cependant, ce test génétique concernant l’apoprotéine E pourrait
être utile dans le cadre du développement de la médecine personnali-
sée, c’est-à-dire avec un choix de médicament ou de thérapie orienté
selon le profil psychologique, métabolique ou enzymatique du patient.
Par exemple, une publication toute récente de la Mayo Clinic signale
une diminution des plaques amyloïdes cérébrales – objectivées par
l’imagerie – sur base d’un bon niveau d’études et grâce à un entraî-
nement physique et cognitif entre 50 à 65 ans, mais seulement chez
les sujets porteurs du gène APOE4 (Vemuri, 2016).
456
Chapitre 32
Apport
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des nouvelles technologies
pour l’évaluation
et la prise en charge de
la maladie d’Alzheimer
Philippe Robert
1 Introduction
Il est difficile aujourd’hui dans le domaine de la santé de ne pas évoquer
la place des nouvelles technologies. Ceci s’applique aussi à la prise
en charge des démences.
Avec le vieillissement de la population, la maladie d’Alzheimer et les
pathologies associées représentent un défi majeur de santé publique.
Dans la maladie d’Alzheimer, le stade démentiel est diagnostiqué quand
la symptomatologie cognitive et psycho-comportementale interfère avec
le fonctionnement social et entraîne une désadaptation du sujet dans
les activités de vie quotidienne (Dubois, 2010).
Parallèlement, les nouvelles technologies de l’information et de la
communication (nTIC) prennent une part de plus en plus importante
Perspectives
dans notre vie quotidienne et peuvent être un support tant pour l’éva-
luation que pour une aide directe des usagers.
Dans cette contribution sont proposés quelques exemples d’utili-
sation des nTIC au niveau de l’évaluation et de la prise en charge de
la maladie d’Alzheimer et des pathologies apparentées.
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Au niveau de l’évaluation clinique, il est de plus en plus nécessaire de
trouver des méthodes permettant d’avoir une évaluation la plus objec-
tive possible des déficits observés.
Ceci est important dans la pratique courante, mais aussi dans le
cadre de la recherche et des essais thérapeutiques. En octobre 2012,
l’équipe de recherche CoBTeK et l’association Innovation Alzheimer ont
organisé un comité d’experts lors du congrès du CTAD à Monaco, afin
de fournir les premières recommandations pour l’usage des nTIC pour
l’évaluation de ce type de pathologies (Robert, 2013).
Le comité d’experts incluait des gériatres, épidémiologistes, neurolo-
gues, psychiatres, psychologues, ingénieurs, représentants de l’industrie
et d’associations de patients.
Ces recommandations se divisent en trois grandes parties : les
cibles cliniques des nTIC, les conditions d’utilisation des capteurs et les
scores pouvant être obtenus, et enfin l’utilisation des nTIC au niveau
des essais cliniques.
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Apport des nouvelles technologies pour l’évaluation et la prise en charge
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informations correspondant aux activités de vie quotidienne de ces
sujets dans les 4 heures qui précédaient l’appel téléphonique. Les
performances obtenues étaient plus fortement corrélées avec les
résultats d’imagerie cérébrale que les tests neuropsychologiques
classiques.
Les recommandations soulignent l’intérêt de développer des outils
nTIC les plus simples possibles pour les utilisateurs, mais aussi avec
des scores facilement compréhensibles afin d’améliorer la validité éco-
logique des évaluations cognitives.
459
Perspectives
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2.2 Quel type de capteurs ?
Le tableau 32.1 résume les caractéristiques habituellement demandées
à des capteurs. La plupart de ces capteurs ont besoin d’être simples
et faciles à utiliser. Concernant les enregistrements audio et vidéo, il
est particulièrement important de développer des procédures d’ana-
lyse automatique, surtout quand ces enregistrements se font sur une
longue durée.
L’utilisation de ces capteurs est souvent discutée d’un point de vue
éthique : « Est-ce que cela ne change pas la vie des patients d’avoir
une caméra dans le salon ? »
Il existe en fait une grande variabilité individuelle dans l’accepta-
tion. Un facteur très important est que la personne et son entourage
comprennent pourquoi le capteur est installé et les informations qu’il
peut fournir.
Les recommandations indiquent qu’il est très important de fournir
à l’utilisateur un retour systématique sur les données qui sont collec-
tées. Il est important de conduire une réflexion éthique au cas par cas,
à chaque fois que les nTIC sont utilisées.
460
Apport des nouvelles technologies pour l’évaluation et la prise en charge
Caractéristiques
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• D’utilisation facile pour le patient et sa famille
• Maintenance facile
Types de capteurs
• Actigraphe
• Caméra vidéo 2 ou 3 D installée
• Caméra vidéo 2 ou 3 D portable
• Capteur audio
• Capteurs multiples
• Serious games
FORCES
FAIBLESSES
• Les défis des interfaces : les méthodes d’interaction ; fils et affichage (branchement de
fils et problème de connexions)
• Processus d’ingénierie pas encore mature
• Manque de compatibilité
• Utilisation difficile
• Effets secondaires (par exemple, vertiges quand la personne est confrontée à une
réalité virtuelle)
461
Perspectives
OPPORTUNITÉS
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MENACES
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Postface
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Les syndromes démentiels ont toujours existé. Qu’était le « géronte »
ridiculisé par les grecs anciens sinon un malade atteint de syndrome
démentiel ? Ces maladies ont toujours été fréquentes, au point pour
certains, d’avoir été abusivement confondues avec la vieillesse jusqu’à
une date proche ! Jusqu’en 1994, date d’apparition du premier inhibi-
teur de la choline-estérase, seuls s’intéressaient au sujet une poignée
de neurologues et une partie des gériatres…
Ces syndromes sont complexes. Leur diagnostic est trop important
pour la personne victime pour être expédié en une consultation rapide
par un homme seul. Le résultat du diagnostic ne peut se réduire à une
feuille d’ordonnance d’un inhibiteur de la choline-estérase, quelques
bonnes paroles et un rendez vous dans six mois, laissant la famille et
le malade à leur angoisse : que va-t-il se passer ? Quels obstacles à
la vie quotidienne vont surgir ? Que pourrons nous faire devant eux ?
La prise en charge de ces personnes malades et de leur aidant est
à tous les stades un travail d’équipe. Remercions le Dr Jean-Émile
Vanderheyden, le Pr Bernard Kennes et leur équipe d’avoir rédigé cet
ouvrage qui analyse tous les aspects de ce travail d’équipe depuis le
diagnostic précoce jusqu’aux stades terminaux d’apraxie et d’apha-
sie et le rôle et la place de chacun des acteurs de l’aide et du soin.
Cet ouvrage sera utile à tous ceux qui ne baptisent pas « Démence »
ou « Alzheimer » toute plainte mémoire, à tous ceux qui ne voient pas
dans tout sujet âgé hospitalisé en urgence et un peu confus un « bed-
blocker » dont il faut se débarrasser, mais à qui l’on fait perdre ses
capacités fonctionnelles par une prise en soin non « gérontologiquement
compétente », à tous ceux qui veulent faire de la « Maison de Soins » où
Démence et perte cognitive
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sonne. Cela ne concerne pas que les soignants.
Celui qui fait le ménage dispose d’un contact quotidien et d’un
poste d’observation, situé hors soins, privilégié. Le directeur est celui
qui peut le mieux motiver – ou hélas démotiver – une équipe. Le cadre
infirmier, s’il est compétent en gériatrie, assure un recours quotidien et
une formation plus que continue : permanente. Quand au médecin il
ne peut être sensé tout savoir. C’est à lui en premier de savoir quand
demander un autre avis, quand recourir au gériatre ou à l’évaluation
gérontologique globale, au neurologue, au géronto-psychiatre. C’est à
lui ou à son correspondant spécialisé de savoir demander l’avis et l’in-
tervention de l’orthophoniste, de l’ergothérapeute, du kinésithérapeute,
de la diététicienne, du psychologue, des services sociaux.
464
Postface
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Pour les plus de 75 ans, la présence de la seule compétence neuro-
logique et neuro-psychologique est insuffisante. L’avis gériatrique est
indispensable.
L’hôpital dispose-t-il d’assez de lits de gériatrie pour accueillir tous
les malades de son secteur lorsqu’ils ont besoin de soins hospitaliers ?
Dispose-t-il d’une équipe mobile gériatrique pour conseiller sur les
bonnes attitudes lorsque ces personnes ont besoin d’une hospitalisa-
tion dans un service d’une autre spécialité (orthopédie, cardiologie,
cancérologie, urologie, etc.) ?
La responsabilité directe de l’hôpital nous semble engagée quand
une telle personne malade, accueillie en urgence est dirigée vers un
« lit d’aval des urgences » où ni le personnel soignant, ni les médecins
n’ont de compétence, ni d’appétence pour ce soin, où la personne
sera accueillie comme un « bed-blocker », où le malade va perdre ses
automatismes et fonctionnalités en quelques jours, parfois en quelques
heures.
En institution médico-sociale, maison de repos et de soins (MRS)
en Belgique, Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées
Dépendantes en France (EHPAD), le travail en équipe pluridiscipli-
naire devrait être plus facile à organiser autour du cas individuel de
chacune des personnes accueillies. Chacun des métiers présents y est
indispensable. Chaque agent a son rôle propre, comme les auteurs le
précisent. Le conventionnement avec un service de gériatrie permet
d’assurer un accès permanent à la compétence.
Il ne faut jamais y omettre l’objectif animation, impliquant un ou des
professionnels mais aussi toute l’équipe. L’institution médico-sociale est
un lieu de vie où cette personne doit retrouver une vie sociale malgré
ses handicaps. Il n’est rien de pire que les établissements où dès l’ins-
tant où le résident a achevé d’être levé, lavé, vêtu, nourri, hydraté,
médicamenté, pansé de façon parfaite, la vie s’arrête au lieu de com-
mencer. L’ennui aussi est une maltraitance.
465
Démence et perte cognitive
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silence et aphasie ne signifient pas mort cérébrale. Les soignants expé-
rimentés savent utiliser les communications non verbales. Mais même
quand celle-ci disparaît à son tour, que tout contact semble perdu, des
retours imprévisibles peuvent survenir et questionner celui qui com-
mençait à faire passer la personne malade de sujet de soins à objet.
Ces malades comme tous les autres restent des personnes humaines
qui gardent toute leur dignité et qui sont à accompagner jusqu’au bout.
Le soin palliatif garde tout son sens à tous les stades de la maladie
incurable et de la vie.
Robert Moulias
Président de la Commission « Droits et Libertés »,
Fondation nationale de gérontologie, Paris
466
Bibliographie
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Wooltorton E. (2004). Olanzapine : increased incidence of cerebrovascular events
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Webographie
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• Service public fédéral. Santé publique, sécurité de la chaine alimentaire et
environnement :
http://health.belgium.be/eportal/Healthcare/healthcareprofessions/Nursingpractitioners/
EvidenceBasedNursing/functionaldomain/activityandexercices/physicalrestraint1/1907
5546?ie2Term=contention%20physique ?&fodnlang = fr.
2/ Les 4 tests (le test de Benton, le test des 5 mots de Dubois, le test de l’horloge
et le test de fluence verbale [catégorielle]) :
http://fmc31200.free.fr/MGliens/Neurologie/quatre_tests.pdf
• Échelle de Zarit :
papidoc.chic-cm.fr/12echellezarit.html
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EN BELGIQUE
Alzheimer Belgique
Écoute 24 h/24 et 7 jours/7
Tél. : +32 (0) 2 428 28 19
Site internet : http://www.alzheimerbelgique.be
Baluchon Alzheimer
Un service à domicile pour les familles dont un proche est atteint de la maladie
d’Alzheimer
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Baluchon Alzheimer Belgique ASBL
Chaussée de Wavre 1326, 1160 Bruxelles
Tél. : +32 (0) 2 673 75 00
Courriel : info@baluchon-alzheimer.be
APIA asbl
Aide aux personnes isolées âgées
Services proposés : garde-malade (adultes et handicapés), « senior-sitting »,
transport de malades, écoute et conseil pour problématiques juridiques, etc.
7 jours sur 7. Agit sur le territoire de Bruxelles et en Wallonie
APIA asbl – Alex Roland
Avenue des Déportés 15, 6140 Fontaine-l’Evêque
GSM : 0472 77 88 37
Tél. : +32 (2) 424 02 05 |
Site internet : www.apia.be
EN FRANCE
France Alzheimer
Site internet : http://www.francealzheimer.org/
N° d’appel gratuit : 0800 972097
494
Adresses utiles
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Rue Richelieu 41, 75001 Paris
Tél. : 06 47 77 70 08
Site internet : www. dft-france.org
Courriel : francedft@gmail.com
EN SUISSE
AU CANADA
495
Démence et perte cognitive
AU MAROC
EN TUNISIE
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Association Alzheimer Tunisie
496
Les auteurs
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Amire Anys : Psychiatre à la Clinique Sans Souci et au Centre hospitalier Jean
Titeca, à Bruxelles. Il s’implique particulièrement dans les psychoses et les
trouubles du comportement chez les patients parkinsoniens.
Babic Myriam : Logopède au Grand Hôpital de Charleroi depuis 1987, la sphère
orale est la zone essentielle de son intervention. Par conséquent, la communi-
cation et l’alimentation sont les deux pôles de son action. Actuellement, elle
travaille en gériatrie et en consultation de patients externes dans le service ORL.
Balas Daniel : Professeur de gérontologie à l’Université de Nice.
Behets Edouard : Pionnier du développement des cantous® en Belgique. Il est le
secrétaire général de la Maison de Mariemont asbl.
Beucken Jean (†) : Médecin généraliste, il pratiquait à Momignies, dans la botte du
Hainaut. Il est aussi pionnier dans le développement des cantous® en Belgique.
Bleeckx Didier : Il est ergothérapeute et kinésithérapeute de formation, spécia-
lisé en évaluation et rééducation des troubles de la déglutition de type adulte
et pédiatrique. Diplômé en santé publique et directeur adjoint pour le secteur
paramédical du Grand Hôpital de Charleroi, il profite de sa fonction pour orga-
niser la cellule dysphagie et participe au Comité liaison alimentation nutrition.
Il supervise des études dont l’objectif premier est la recherche de nouvelles
approches en rééducation et l’élaboration de produits adaptés à ce type de
déficit afin d’améliorer la qualité de vie des patients.
Bodart Christiane : Professeur des arts de la parole aux académies de Montigny-
le-Tilleul et de Mont-sur-Marchienne. Premier prix de diction, de déclamation
et d’art dramatique au Conservatoire royal de Mons. Poétesse, écrivaine dans
l’âme, professeur honoraire des arts de la parole, amoureuse des mots, demeure
membre de l’A.E.B., ne laissant s’assoupir les « formules à poèmes » : libres,
psaumes d’amour mystique et sonnets.
Broutart Jean-Claude : Ancien chef de clinique à la Faculté de médecine de Paris,
chirurgien orthopédiste, gérontologue. Depuis 10 ans, le Dr Broutart consacre
sa retraite à l’étude et l’accompagnement des patients Alzheimer. Sa pratique
des traitements non médicamenteux de cette maladie l’a amené à utiliser les
possibilités de reviviscence chez ces patients et à structurer une méthode
Démence et perte cognitive
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Claessens Jérôme : Licencié en droit de l’Université libre de Bruxelles, est actuelle-
ment juriste d’entreprise au sein des Cliniques universitaires de Bruxelles – Hôpital
Érasme, ce qui lui confère une expertise particulière en ce qui concerne les pro-
blèmes juridiques liés à la démence. Précédemment, a été avocat au Barreau de
Bruxelles durant 10 années, associé au sein de l’association Uyttendaele, Gérard,
Kennes et associés.
Claux Charlotte : Ergothérapeute ayant acquis de l’expérience en unité hospitalière
de gériatrie orientée vers la prise en charge des démences.
De Breucker Sandra : Elle est médecin spécialiste en gériatrie et chef du service
de gériatrie de l’Hôpital Érasme, à Bruxelles. Elle est chargée de cours en
gériatrie dans plusieurs hautes écoles d’infirmiers, d’ergothérapeutes, de kiné-
sithérapeutes et diététiciens. Elle donne également cours de nutrition dans le
certificat interuniversitaire de nutrition clinique. Elle prend activement part à
la défense de la profession du gériatre via la Société belge de gérontologie et
de gériatrie.
De Ro Delphine : Psychologue spécialisée en neuropsychologie, diplômée de l’Uni-
versité de Liège (ULg). Elle travaille dans une unité diagnostique et dans deux
services de psychogériatrie pour le CHU de Charleroi (Hôpital Vincent Van
Gogh, Marchienne-au-Pont). Elle travaille principalement avec une population
d’adultes et d’adultes âgés. Ses rôles sont le diagnostic des troubles cognitifs,
la remédiation de ces troubles au moyen de la rééducation neuropsychologique
ou de l’installation d’aides externes, le soutien et l’information aux patients et à
leurs proches, et enfin la formation de personnels médicaux et paramédicaux
sur les troubles cognitifs et les syndromes neuroévolutifs. Son sujet de prédi-
lection reste la démence en général.
Depris Claire : Est infirmière graduée depuis 1996, spécialisée SIAMU en 1997.
Après 6 ans consacrés aux soins intensifs elle s’oriente, en 2002, vers les
soins à domicile.
Devilers Robert : Infirmier gradué, directeur de nursing de maison de repos, il est
le secrétaire de l’asbl belge Cantous®.
Du Verger Alain : Médecin conseil expert agréé par le ministère et médecin légiste
agréé par l’État belge.
Hauzeur Claude : Urologue expérimenté pour les patients neurologiques au CHU
de Charleroi.
Higuet Sandra : Interniste-gériatre de formation, elle a travaillé 9 ans comme chef
de service de gériatrie à Nivelles, y a développé l’Hôpital de jour gériatrique
et y a ouvert une Clinique de la mémoire. Depuis 2013, elle dirige le service
498
Les auteurs
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développement du Programme de soins pour patients gériatriques basé sur
l’approche transdisciplinaire, au sein de la Société belge de gérontologie et
gériatrie, dont il a été président. Il est actuellement chef de service honoraire
de gériatrie et de psychogériatrie du CHU Charleroi et professeur honoraire
de l’ULB. Ancien maître de stage de la spécialisation en gériatrie, il a contri-
bué activement à la formation des spécialistes en gériatrie au sein de l’ULB.
Toujours actif, il est confronté quotidiennement aux problèmes de psycho-
gériatries pour lesquels il propose une approche globale transdisciplinaire et
holistique de médecine interne gériatrique.
Lambert Philippe : Il est journaliste scientifique. Il collabore à de nombreux maga-
zines et sites internet belges, français et suisses, avec une expertise particulière
dans la sphère des neurosciences et de la psychologie. Il s’intéresse égale-
ment à la cancérologie, à l’éthique, à l’astrophysique et à la cosmologie. Il
est l’auteur d’un essai intitulé Pilotes de Formule 1, l’épreuve des hommes
(Calmann-Lévy, 1993) et le coauteur d’ouvrages collectifs dans le domaine
des sciences humaines. Le Collectionneur de soupirs, son premier roman, a
été publié en 2015 aux éditions Weyrich.
Lejeune Hélène : Elle est diététicienne agréée par le SPF Santé publique. Après
avoir travaillé dans la grande distribution et dans le secteur hospitalier en tant
que responsable qualité et responsable des secteurs hôtelier et diététique, elle
s’est spécialisée dans la prise en charge nutritionnelle de la personne âgée, et
plus spécifiquement dans la prise en charge des personnes âgées désorien-
tées. Très active dans le domaine de la diététique en Belgique francophone,
elle coordonne, en partenariat avec la région xallonne, le Plan wallon nutri-
tion et bien-être des aînés. Elle travaille actuellement dans plusieurs maisons
de repos, et participe régulièrement en tant qu’orateur à diverses formations
ou conférences.
Lemaire Éric : Est médecin légiste et docteur en sciences médicales. Son sujet de
thèse de doctorat concernait la toxicologie postmortem, et plus précisément la
redistribution postmortem de substances psychoactives, mais il s’est également
intéressé à de nombreux sujets relatifs à la médecine légale clinique, notam-
ment la problématique de la contention et de la maltraitance en général. Il a
exercé ses fonctions d’expert judiciaire à l’Institut médico-légal de l’Université
de Liège jusqu’en octobre 2016, et se consacre actuellement à une formation
complémentaire en anatomie pathologique au CHU de Liège.
Massager Nicolas : Est neurochirurgien et professeur à l’Université libre de Bruxelles.
Il dirige la clinique de neurochirurgie stéréotaxique et fonctionnelle au sein
du service de neurochirurgie de l’Hôpital Érasme. Il participe depuis plus de
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Démence et perte cognitive
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du rythme circadien.
Octave Jean-Noël : Biochimiste de formation, il s’intéresse aux mécanismes
cellulaires et moléculaires qui conduisent au développement de la maladie
d’Alzheimer. En particulier, il étudie la fonction du précurseur du peptide amy-
loïde, à l’origine de la formation d’une des deux lésions caractéristiques de la
maladie.
Pepersack Thierry : Est interniste-gériatre et gérontologue. Il est professeur de géria-
trie à la faculté de médecine de l’Université libre de Bruxelles où il préside le
master de spécialité de Gériatrie. Il a été le président de la Société belge de
gérontologie et de gériatrie.
Planquart Charlotte : Diplômée d’État en psychologie clinique et en psychothéra-
pie et actuellement praticienne en Ehpad (établissement d’hébergement pour
personnes âgées), Charlotte Planquart a développé une expertise dans l’accom-
pagnement des aidants familiaux de personnes âgées en perte d’autonomie. Ce
domaine, encore peu exploré, est basé sur l’écoute attentive, la clarification des
émotions et du vécu permettant aux aidants de mieux appréhender le quoti-
dien. Des outils pratiques et créatifs sont mis à la disposition des patients. La
méthode de travail de Charlotte Planquart, basée sur la responsabilité et la luci-
dité, se décline sous forme de consultations en cabinet, ateliers et formations.
Polydor Jean-Pierre : Neurologue libéral, neuropharmacologue, il préside l’associa-
tion Alzheimer Trait d’Union (France) pour la restauration du lien social des
malades (Alzheimer, Parkinson) via, en particulier, la création de jardins théra-
peutiques dans les parcs publics. Il étudie la communication non verbale avec
les malades d’Alzheimer comme thérapie familiale non médicamenteuse. Il est
notamment l’auteur de Alzheimer, mode d’emploi (L’Esprit du temps, 2011),
destiné aux familles de malades.
Robert Philippe : Université de Nice Sophia Antipolis, directeur de Cognition
Behavior Technology (CoBTeK).
Sabatier Josie : conseillère pédagogique à l’éducation nationale dans la Drôme
pour les écoles maternelles, puis en arts visuels, retraitée, est la présidente du
Comité de Valence et déléguée régionale Rhône-Alpes – Auvergne des Blouses
roses. Elle est aussi membre de l’association Alzheimer Trait-d’Union (ATDU)
et anime les ateliers du jardin thérapeutique de Cannes consacrés aux malades
Alzheimer et leurs aidants.
Salmon Éric : Est neurologue dans le service de neurologie du CHU de Liège et
responsable de la Clinique de la mémoire. La clinique conventionnée propose
une réadaptation cognitive des patients avec détérioration cognitive débutante
500
Les auteurs
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Thiroux Ariane : Animatrice en maison de repos et cantous, particulièrement sen-
sible aux problèmes des déments.
Vanimpe Vanessa : Est psychologue et personne de référence en démence. Elle
fait partie de l’équipe pluridisciplinaire de la Résidence « No P’tit Nid » à Gilly,
MRS du CPAS de Charleroi, depuis 1999. Entourée de collaborateurs enthou-
siastes et dynamiques, elle veille particulièrement à l’amélioration de la qualité
de vie des personnes âgées en perte d’autonomie psychique, de leurs aidants
naturels et professionnels.
Vanderheyden Jean-Émile : Est neuropsychiatre à vocation neurologue. Il s’est par-
ticulièrement impliqué dans la prise en charge des maladies neurodégénératives.
Il a créé et dirigé pendant 20 ans une structure hospitalière multidisciplinaire
pour patients parkinsoniens. Il a collaboré, dès sa création, avec le labora-
toire de sommeil du CHU Vésale à Montigny-le-Tilleul. Actuellement, il se
consacre à une pratique privée et à la fonction de rédacteur en chef de la revue
belge bilingue Neurone/Neuron destinée aux neurologues, psychiatres et anes-
thésistes. Depuis quelques années, il est le président d’Actu-A : Association
carolorégienne trait d’union Alzheimer.
Vindevogel Jessica : Kinésithérapeute pour la résidence Quiétude au sein de l’ISPPC
depuis 13 ans, référente en soins palliatifs, elle attache énormément d’impor-
tante à la prise en charge des démences.
501
Index
504
Index
505
Démence et perte cognitive
506
Index
507
Démence et perte cognitive
508
Liste des figures
et tableaux
510
Table des matières
Sommaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Remerciements. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1 Problèmes sémantiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2 Problèmes diagnostiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
3 Problèmes thérapeutiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
4 Problèmes sociofamiliaux et philosophiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
5 Problèmes sociétaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
PARTIE 1
Aspects fondamentaux
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512
Table des matières
513
Démence et perte cognitive
PARTIE 2
Prise en charge pluridisciplinaire
514
Table des matières
515
Démence et perte cognitive
516
Table des matières
517
Démence et perte cognitive
PARTIE 3
Thérapies non médicamenteuses
518
Table des matières
519
Démence et perte cognitive
520
Table des matières
521
Démence et perte cognitive
PARTIE 4
Aspects médico-légaux des démences
522
Table des matières
523
Démence et perte cognitive
PARTIE 5
Perspectives
524
Table des matières
Postface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 463
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 467
Webographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 491
525
Démence et perte cognitive
Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 503
526
Questions de personne
ADRIEN J.-L., Batterie d’évaluation cognitive et socio-émotionnelle. BECS
Pratiques psychologiques et recherches cliniques auprès d’enfants atteints de TED
ATTWOOD T., Le syndrome d’Asperger. Guide complet - 3e édition
BRICKER D. (ÉD.), Programme EIS. Évaluation, Intervention et suivi auprès des jeunes enfants
de 0 à 6 ans. 1. Guide d’utilisation et tests (0 à 6 ans) - 2e édition
BRICKER D. (ÉD.), Programme EIS. Évaluation, Intervention et suivi auprès des jeunes enfants
de 0 à 6 ans. 2. Programme d’intervention (0 à 3 ans) - 2e édition
BRICKER D. (ÉD.), Programme EIS. Évaluation, Intervention et suivi auprès des jeunes enfants
de 0 à 6 ans. 3. Curriculum (3 à 6 ans) - 2e édition
CUDRÉ-MAUROUX A., Le personnel éducatif face aux comportements défis. Manuel de gestion
du stress dans l’intervention auprès de personnes avec déficiences intellectuelles
EMERSON E., EINFELD S. L., Les comportements-défis. Analyser, comprendre et traiter
EUSTACHE F., LECHEVALIER B., Langage et aphasie. Séminaire Jean-Louis Signoret
GÉRARD C.-L., Clinique des troubles des apprentissages. De l’évaluation neuropsychologique
à la programmation éducative
GRANDIN T., BARRON S., Comprendre les règles tacites des relations sociales.
Décoder les mystères de la vie en société à travers l’autisme
HAELEWYCK M.-C., GASCON H., Adolescence et retard mental
HENAULT I., Sexualité et syndrome d’Asperger. Éducation sexuelle et intervention
auprès de la personne autiste ? - 2e édition
HOLLIDAY WILLEY L., Vivre avec le syndrome d’asperger. Un handicap invisible au quotidien -
2e édition
HOWLIN P., BARON-COHEN S., HADWIN J., Apprendre aux enfants autistes à comprendre la pensée
des autres. Guide pratique
LANTERI A., Restauration du langage chez l’aphasique
LECHEVALIER B., PLATEL H., EUSTACHE F., Le cerveau musicien.
© De Boeck Supérieur | Téléchargé le 18/02/2021 sur www.cairn.info (IP: 196.70.103.231)