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Les Etats-Unis d’Europe est-ce une utopie 

?
Mathys Buzulier
Aileen Lepage
Sacha Bélicard

L’organisation politique des Etats-Unis est bien rodée, certains politiciens européens ont donc
pensé à faire de cette organisation un modèle pour le continent européen, cela reviendraient à
faire de l’Europe les Etats-Unis d’Europe. Tout d’abord nous allons parler d’une organisation
politique radicalement différente avec un nouveau fonctionnement de l’Europe. Ensuite nous
verrons que cela peut-être une utopie fragile pour plusieurs raisons. Mais cette hypothèse est
aussi un programme à construire qui peut être promu par des centristes mais aussi des modérés.
Pour finir nous allons mesurer le poids des médias et des lobbies qui défendent et font la
promotion des Etats-Unis d’Europe.

Une organisation politique radicalement différente

Le président des Etats-Unis d’Europe, élu par les citoyens, dirige le gouvernement du continent.
Les lois sont débattues et votées par le Sénat, qui a deux sénateurs par État membre, et par la
Chambre des représentants, où le nombre de députés par État est proportionnel à sa population.

Les États-Unis d’Europe ont une seule diplomatie et une seule armée. Ils ont leurs propres impôts
pour financer leur propre budget.

Les États-Unis d’Europe supposent une organisation politique radicalement différente de celle qui
existe. C’est un état fictif que ses défenseurs considèrent comme un idéal souhaitable. Il s’agit
donc d’une utopie, comme jadis l’étaient le communisme ou la démocratie avant que ces
organisations théoriques et imaginaires soient tentées dans la réalité.

Une utopie fragile

L’utopie des États-Unis d’Europe, triomphante au milieu du siècle dernier, est aujourd’hui fragile, et
cela pour trois raisons.

1. Première raison : les partisans de cette utopie ont pour première motivation, comme jadis
Emmanuel Kant ou Victor Hugo, l’établissement d’une paix perpétuelle sur le continent européen.

Or, autant cet objectif suffisait hier à avoir le soutien de larges parts des populations encore
traumatisées par les ravages du second conflit mondial, autant aujourd’hui, la paix en Europe va
de soi pour des Européens qui, très majoritairement, n’ont jamais connu la guerre. Ainsi, lorsque
les partisans des États-Unis d’Europe ont mis en avant la paix comme argument en faveur du
"Oui" à la Constitution européenne lors du référendum de 2005, ils ont découvert qu’il était sans
portée sur l’électorat.

2. Deuxième raison : les partisans de cette utopie voient dans la naissance institutionnelle des
États-Unis d’Europe une fin en soi. Ils ont donc pour priorités des projets comme la création de la
monnaie unique européenne ou celle du Parlement européen.

À l’inverse, ils se préoccupent très secondairement d’apporter une réponse aux préoccupations
prioritaires des populations, comme le chômage ou la santé. On peut donc systématiquement
constater un immense décalage entre d’un côté leurs propositions politiques, "hors sol" et
obsédées par des institutions toujours plus parfaites, et de l’autre côté les attentes des électeurs.
C’est une des racines de l’angle d’attaque europhobe récurrent contre les "technocrates de
Bruxelles".

3. Troisième raison : puisqu’ils se focalisent sur la naissance institutionnelle des États-Unis


d’Europe, les partisans de cette utopie ont laissé ceux d’une autre utopie, appelée monétarisme,
doter la construction européenne d’un programme de gouvernement. Il s’agit, en substance, d’un
programme de déréglementation, de détaxations, de privatisations, et d’augmentation en tous
secteurs de la pression concurrentielle.

En d’autres termes, c’est l’application radicale, et erronée sur plusieurs points, de la théorie de la
concurrence pure et parfaite de l’économiste Léon Walras. Ainsi, lorsque les partisans des États-
Unis d’Europe ont demandé aux électeurs de voter "Oui" aux institutions de la Constitution
européenne de 2005, l’angle d’attaque des tenants du "Non" a été le principe de concurrence libre
et non faussée contenu par cette même Constitution.

Un programme à construire...

Les prochaines élections européennes, dont l’existence même est d’ailleurs une victoire des
partisans des États-Unis d’Europe, sont prévues pour juin 2014.

Si les tenants de cette utopie, qu’ils soient centristes ou modérés des deux rives, restent sur une
ligne ayant les institutions pour obsession, alors, ils seront battus par des extrêmes qui feront à
nouveau campagne contre le monétarisme : par exemple, ils attaqueront l’Europe en attaquant le
projet de traité euro-américain de détaxations.

Logiquement, les partisans des États-Unis d’Europe ne peuvent donc sortir gagnants de ces
élections que s’ils dotent enfin leur rêve institutionnel d’un programme complet de gouvernement
au service des citoyens européens.

... promu par des centristes et des modérés

En France, dans le débat politique, l’utopie des États-Unis d’Europe n’est revendiquée que par les
centristes et, plus largement, par les personnalités les plus modérées de la gauche et de la droite.

En termes de partis, ses défenseurs sont donc aujourd’hui le MoDem, l’Union des démocrates et
indépendants, l’aile gauche de l’UMP, et l’aile droite du PS. En termes de personnalités, cela
correspond à des figures telles que François Bayrou, Jean-Louis Borloo, Alain Juppé, et François
Hollande, avec pour ancêtres respectifs Jean Lecanuet, Valéry Giscard d’Estaing, Raymond Barre,
et Jacques Delors. Au demeurant, il est logique que cette utopie soit promue par des centristes et
des modérés.

En effet, la matière première à transformer consiste en une addition de pays qui, chacun fort de
son histoire politique, économique et sociale, ont construit leurs propres modèles en la matière.
Bâtir les États-Unis d’Europe suppose donc de faire converger ces modèles vers un modèle
unique, c’est-à-dire, intrinsèquement, de forger des compromis dans tous les domaines. Si votre
approche de la vie politique est binaire gauche contre droite, vous ne pouvez pas cautionner une
telle démarche.
En d’autres termes, l’utopie des États-Unis d’Europe est centriste et modérée par essence. De fait,
ce ne sont pas les centristes qui sont pro-Europe : c’est la construction européenne qui est
centriste. Inversement, si vous êtes d’extrême-droite ou d’extrême-gauche, votre approche
radicalement conflictuelle de la vie politique vous rend hostile à cette utopie: le FN de Marine Le
Pen et le Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon ont ainsi en commun de rejeter en bloc la
construction européenne.

Le poids des médias et des lobbies

La défense et la promotion des États-Unis d’Europe ne sont cependant pas la seule affaire des
partis politiques. Cette utopie a ses propres médias. Par exemple, la chaîne télévisée Arte est
construite tout entière sur une ligne éditoriale de combinaison franco-allemande de ses
programmes.

Plus significativement encore, la chaîne d’information continue Euronews diffuse sur tout le
continent dans toutes les langues européennes le même journal télévisé, avec pour ligne éditoriale
de donner au spectateur l’image d’États-Unis d’Europe qui existeraient déjà: Euronews traite ainsi
systématiquement les interventions de la Commission Européenne comme les médias français le
feraient du gouvernement de Jean-Marc Ayrault.

Cette utopie a par ailleurs ses propres lobbies. En particulier, le Mouvement européenne
international regroupe des associations et partis politiques de l’ensemble du continent européen se
donnant pour but les États-Unis d’Europe.

Conclusion

Pour conclure ce texte nous pouvons dire que le système politique des États-Unis à des
avantages mais aussi des failles. Nous avons d’ailleurs pu voir que ce système est une utopie
fragile et elle change aussi radicalement le système politique européen d’aujourd’hui, c’est aussi
un tout nouveau programme à reconstruire qui est d’ailleurs promu par des centristes et des
modérés. Ce système est aussi promu et critiqué par des médias comme Arte.

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