Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Cours
Introduction au droit -ID-
M. Fadil
Sciences Economiques et Gestion
Semestre 1
Bachelor Groupes 3-4
1
Grand II L’Etat
L’Etat, toujours écrit avec un « E » majuscule, désigne la personne
morale de droit public ; il est une forme élaborée de la vie commune d'une
société humaine.
Par extension, il comprend l'ensemble des institutions et des
services qui permettent de gouverner et d'administrer un pays : ministères,
administrations déconcentrées ou décentralisées, etc.
Au sens étymologique, le mot « Etat » vient du latin status, qui signifie
forme de gouvernement, régime.
Il convient d’analyser, d’abord la définition de l’Etat, ensuite ses
différentes formes avant d’appréhender l’organisation des pouvoirs.
1- Définition
Selon R. Carré de Malberg (1861-1935), l’Etat est une communauté
d’hommes, fixée sur un territoire propre et possédant une organisation d’où
résulte pour le groupe envisagé, dans ses rapports avec ses membres, une
puissance suprême d’action, de commandement et de coercition.
L’Etat existe donc dès lors que sont réunis trois éléments : un territoire
défini, une population vivant sur ce territoire et consentant à un pouvoir de
commandement et de contrainte (pouvoir politique). Si l’un de ces éléments
manque, l’Etat n’existe pas.
2
A ce territoire, il convient d’ajouter le territoire maritime pour les Etats
ayant un débouché sur les mers ou océans (Etats maritimes) et s’étendant
jusqu’à 12 milles des côtes : les eaux territoriales où l’Etat a un droit de pleine
souveraineté (1 mille = 1 852 mètres).
On reconnait aussi à l’Etat une zone économique exclusive (ZEE) dans
laquelle il a un droit de gestion des ressources. Au-delà de deux cent (200)
milles se trouve la haute mer, propriété collective de l’humanité.
Le territoire aérien, quant à lui, il s’étend à la colonne d’air située au
dessus des territoires terrestre et maritime, à l’exclusion de l’espace extra-
atmosphérique.
3
Le concept d'État implique ainsi une organisation politique qui bénéficie
de la capacité de commander et de se faire obéir. Pour que cette organisation
puisse être obéie, elle doit être légitime et respecter les règles en vigueur dans
la société.
2-2-1- La confédération
La confédération désigne une association de plusieurs Etats
indépendants qui, par un traité constitutif, confient l’exercice de certaines de
leurs compétences, à des organes communs. Les Etats confédérés ne renoncent
pas entièrement à leur souveraineté.
La confédération finit souvent par éclater au profit de ses Etats membres
ou évolue vers la fédération ou l’Etat fédéral.
4
Exemples de confédérations :
- La Confédération des États-Unis d’Amérique de 1777 à 1789,
- La République Arabe Unie (RAU) constituée de l'Égypte et de la Syrie
entre 1958 et 1961.
- La Confédération de Sénégambie (1982-1989)
5
des pouvoirs dans lesquels le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir
judiciaire sont confiés à des organes distincts.
3-1- Le principe de la séparation des pouvoirs
Aristote (384 av. JC-322 av. JC), en Grèce, J. Locke (1632-1704) en Angleterre
sont à l’origine de ce principe. Mais, c’est à travers Montesquieu (1689-1755) que
le principe de la séparation des pouvoirs est mieux appréhendé.
Dans son ouvrage «De l’esprit des lois » (1748), Montesquieu essaie
d’identifier le meilleur système de gouvernement. Pour lui, le meilleur régime
politique où « il fait bon vivre [est celui où] le pouvoir arrête le pouvoir ». Dans
ce cas, tous les pouvoirs ne sont pas concentrés entre les mains d’une seule
personne, mais séparés.
Il insiste sur l’harmonie et l’équilibre entre les différents pouvoirs. Il
remarque que le principe de la séparation des pouvoirs assure la démocratie et
la défense des libertés des citoyens.
3-2- L’identification des trois pouvoirs
Trois sortes de pouvoirs sont à distinguer.
3-2-1- Le pouvoir législatif
Il est à la base de tous les pouvoirs. Il appartient au parlement (critère
organique). Celui-ci, assemblée délibérante, a pour fonction de voter les lois et
de contrôler le gouvernement (critère matériel). Il est composé de
représentants du peuple appelés parlementaires.
Le parlement peut comprendre deux chambres (bicaméralisme) ou une
seule chambre (monocaméralisme).
3-2-2- Le pouvoir exécutif
La fonction exécutive consiste à faire appliquer les lois (critère matériel)
par l’intermédiaire d’actes juridiques dénommés règlements.
A la tête de l’exécutif (critère organique), il peut y avoir un président de
la république, un roi, un empereur, un dictateur. L’exécutif peut être constitué
par une seule personne (monocéphale) ou deux (bicéphale) comme par
exemple un chef d’Etat et un chef du gouvernement. Selon les régimes
politiques, l’exécutif peut être nommé, élu, etc.
3-2-3- Le pouvoir judiciaire
Il est exercé par des juridictions (critère organique). Il y a des juridictions
de droit commun, des juridictions répressives et des juridictions
administratives. Il peut y avoir des juridictions d’exception.
La fonction judicaire (critère matériel) consiste à trouver des solutions
juridiques aux litiges qui sont portés devant elles en toute indépendance par
rapport au pouvoir exécutif et législatif.
6
Législatif Exécutif Judiciaire
Critère Le parlement Le gouvernement La juridiction
organique
Critère Faire des règles Exécuter les règles Faire appliquer les règles
matériel générales
Les décisions La loi Le règlement Les décisions de justice
Critère formel Voter la loi Prendre des Prendre des jugements et
règlements des arrêts
7
4- Les institutions politiques marocaines
Elles ont considérablement évolué sous l’effet conjugué de plusieurs
facteurs. Une double dimension les caractérise : l’une est la tradition arabo-
islamique, l’autre réside dans l’influence du droit moderne.
L’adoption par référendum en 1962 de la première constitution a conféré
aux institutions politiques marocaines une base juridique écrite et formelle.
Celles-ci sont bâties autour de l’institution royale.
L’actuelle constitution de 2011 est perçue comme une nouvelle étape
dans le processus de construction de l'État de droit et des institutions
démocratiques dans la mesure où elle a permis un relatif rééquilibrage des
pouvoirs, renforcé sensiblement les prérogatives du chef du gouvernement et
du parlement, et une clarification et précision d'un certain nombre de
principes pour une meilleure interprétation de ses dispositions : « Le régime est
fondé sur la séparation, l’équilibre et la collaboration des pouvoirs » (art. 1er
Const.).
8
constitution met fin à l’immunité contentieuse des dahirs réglementaires et
individuels (art. 118 Const.).
Le souverain possède des prérogatives propres qui lui assurent une place
de prééminence et d’autres partagées qui lui permettent la participation au
pouvoir législatif et exécutif. Dans ce dernier cas, il les exerce en accord avec le
chef du gouvernement grâce au procédé du contreseing.
4-1-1- Les compétences propres
La monarchie marocaine est une « monarchie active » dans la mesure où
le Roi règne et gouverne. Le« Roi acteur » persiste.
Le Roi préside le conseil des ministres (art 48 Const.) pour délibérer des
projets de loi ou de règlements ou encore des questions devant avoir son
accord (orientations stratégiques de la politique de l’Etat, projets de révision
de la constitution, projets de lois organiques, orientations générales du projet
de loi de finances, etc.) (art. 49 Const.). Il peut déléguer au chef du
gouvernement la présidence d’une réunion de ce conseil sous certaines
conditions.
Il est aussi le chef suprême des forces armées (art.53 Const.). Il nomme à ce
titre aux emplois militaires, peut déléguer ce droit et préside le conseil
supérieur de sécurité (art.54 Const.), instance de concertation sur les stratégies
de sécurité intérieure et extérieure du pays, et de gestion des situations de
crise. Il préside en outre le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (art.56 Const.)
et approuve la nomination des magistrats par ce dernier (art.57 Const.).
Il peut encore proclamer l'état d'exception lorsque l’intégrité du
territoire national est menacée ou que se produisent des événements qui
entravent le fonctionnement régulier des institutions constitutionnelles ; mais
le parlement n'est pas dissous au cours de cette période (art.59 Const.).
Ne sont pas non plus contresignés par le chef du gouvernement, la
nomination par le Roi de certains membres du conseil de régence (art.44 Const.),
l’exercice du droit de grâce (art. 58 Const.) ainsi que la nomination du président
de la Cour constitutionnelle et de certains de ses membres (art. 130 Const.).
Le souverain accrédite les ambassadeurs auprès des puissances
étrangères et des organismes internationaux. Les ambassadeurs ou les
représentants des organismes internationaux sont accrédités auprès de lui
Il signe et ratifie les traités à l’exclusion de ceux qui requièrent au préalable
approbation par la loi (exemples : traités de paix ou d’union, ou ceux relatifs à
la délimitation des frontières, etc.) (art. 55 Const.).
9
saisir le parlement (art.174 Const.) pour le même objet. Mais toute proposition de
révision émanant du parlement ou du gouvernement doit être soumise au
peuple par dahir et donc par le Roi.
Le Roi dispose enfin d’une liste civile (art. 45 Const.) et d’un cabinet royal. Il
est entouré de plusieurs conseillers qu’il nomme et révoque.
10
4-2- Le parlement : pouvoir législatif
La constitution de 2011 a accentué le caractère inégalitaire du
bicamérisme marocain en réorganisant le travail parlementaire et en réduisant
la contribution de la Chambre des conseillers à l’exercice du pouvoir législatif.
Il s’agit d’examiner la composition et l’organisation du parlement avant
d’étudier son fonctionnement et ses pouvoirs.
4-2-1-1- Le bureau
Il assure l’administration de la Chambre et la direction des débats : fixer
l’ordre du jour de l’assemblée, organiser les services administratifs et
financiers, établir le budget de la Chambre, etc.
Il comprend :
- un président, élu au début de la législature pour trois ans seulement,
qui représente la Chambre tout entière et gère les travaux de la Chambre en
toute neutralité ;
- des vice-présidents, également élus, dont le rôle est de diriger selon
leur classement, la Chambre en cas d’absence du président ;
- des questeurs, chargés de veiller sur les services administratifs et
financiers de la Chambre : établissement du budget, personnel, locaux,
matériel ;
11
- des secrétaires qui contrôlent la rédaction des procès-verbaux et les
opérations de vote, ainsi que le résultat des différents scrutins.
12
La constitution confère à l’opposition la présidence de la commission
chargée de la législation à la Chambre des représentants (art. 10 et 69 Const.).
4-2-2- Fonctionnement
Le parlement n’est pas un organe permanent. Il siège en sessions
divisées en plusieurs séances.
On distingue :
- Les sessions ordinaires, au nombre de deux par an. La première dont
l’ouverture est présidée par le Roi, se tient le deuxième vendredi du mois
d’octobre (session d’automne), la seconde, le deuxième vendredi du mois
d’avril (session du printemps). Leur durée est de quatre mois (art. 65 Const.).
- Des sessions extraordinaires peuvent se tenir à la demande du chef du
gouvernement ou du tiers des membres de la Chambre des représentants ou
de la majorité de ceux de la Chambre des conseillers. Elles prennent fin, une fois
l’ordre du jour épuisé (art. 66 Const.).
4-2-3- Compétences
Avec la constitution de 2011, le parlement bénéficie d’un renforcement
sensible de ses pouvoirs notamment grâce à l’extension du domaine de la loi et
des domaines dans lesquels la ratification des traités est soumise à son
approbation préalable.
Sa mission n'est pas que de gouverner en légiférant ; elle concerne aussi
le contrôle de l'action du pouvoir exécutif et l’évaluation des politiques
publiques (art. 70 Const.).
13
4-2-3-1- L’élaboration de la loi
Le parlement concentre l’essentiel du pouvoir législatif en dehors de
celui reconnu au Roi. Outre les matières dévolues au domaine de la loi par
d’autres articles de la constitution, celle-ci dresse la liste des matières dans
lesquelles le parlement légifère (art. 71). En procédant ainsi, le constituant
délimite le champ d’intervention de l’institution parlementaire et le protège
contre les risques d’ingérence du gouvernement.
Cette liste, substantiellement plus étendue que dans les constitutions
précédentes, inclut les libertés et droits fondamentaux , le statut de la famille
et l’état civil, les principes et règles du système de santé, les droits réels et les
régimes des propriétés immobilières publique, privée et collective, le régime
des médias audio-visuels et de la presse, l’amnistie, la nationalité et la
condition des étrangers, la détermination des infractions et des peines qui leur
sont applicables, l’organisation judiciaire, la procédure civile et la procédure
pénale, le régime pénitentiaire, le statut général de la fonction publique, les
garanties fondamentales accordées aux fonctionnaires civils et militaires, le
statut des services et forces de maintien de l’ ordre, le régime des collectivités
territoriales, l’urbanisme et l’aménagement du territoire, les règles relatives à
la gestion de l’environnement, le régime fiscal, des douanes, de l’émission de la
monnaie et le statut de la banque centrale, des transports, des obligations
civiles et commerciales, le droit des sociétés et des coopératives, la
nationalisation d’entreprises et le régime des privatisations, etc.
A cela s’ajoute le fait que le parlement vote aussi des lois-cadres relatives
aux objectifs fondamentaux de l’activité économique, sociale,
environnementale et culturelle de l’Etat.
14
tenue des séances du parlement, et les secondes peuvent être suivies de débats
ou sans débats. Les ministres sont tenus d’y répondre. Une séance par semaine
est réservée dans chaque Chambre aux questions des membres de celle-ci et
aux réponses du gouvernement (art. 100 Const.). Toutefois, la pratique qui en est
faite réduit leur portée : délai de réponse non respecté ou questions restées
sans réponse, etc.
La constitution a également rendu obligatoire la tenue de séances
réservées aux questions de politique générale et réponse du chef du
gouvernement (une fois par mois) (art. 100 Const.) ou à la discussion et à
l’évaluation des politiques publiques (une fois par an) (art. 101 Const.).
Un bilan d’étape de l’action gouvernementale peut être présenté par le
chef du gouvernement devant le parlement, à son initiative ou à la demande du
tiers des membres de la Chambre des représentants ou de la majorité des
membres de la Chambre des conseillers (art. 101 Const.).
15
gouvernement. En cas de rejet, aucune autre motion n’est recevable pendant
un délai d’un an (art. 105 Const.).
Parallèlement, la Chambre des conseillers peut présenter dans les
mêmes formes une motion d’interpellation qui pousse le chef du
gouvernement à s’expliquer devant la Chambre dans un délai de six jours. La
motion est suivie d’un débat sans vote et ne cause pas le départ du
gouvernement, à l’inverse de la motion de censure (art. 106 Const.). Elle perd
ainsi la faculté d’engager la responsabilité du gouvernement.
4-3-1- Composition
Le gouvernement est composé du chef du gouvernement, des ministres,
et éventuellement des secrétaires d’Etat (art. 87 Const.).
- Le chef du gouvernement
Dans l’actuelle constitution, le terme de chef du gouvernement succède
à celui de premier ministre avec des pouvoirs plus importants. Il est nommé par
le Roi et sur sa proposition, le Roi nomme les autres membres du
gouvernement. C’est également le Roi qui met fin aux fonctions d’un ou de
plusieurs membres du gouvernement, à son initiative et après consultation du
chef du gouvernement. Celui-ci peut demander au Roi de mettre fin aux
fonctions d’un ou de plusieurs membres du gouvernement et sa démission
entraine le renvoi de l’ensemble du gouvernement par le Roi (art. 47 Const.). Par
ces prérogatives, le Roi assure la codirection du gouvernement.
16
- Les ministres sont en charge de ministères, ont des budgets propres et
une autorité sur les services de leurs départements. Chacun mène la politique
gouvernementale dans le secteur qui est le sien (enseignement, agriculture,
santé, affaires étrangères, etc.).
- Les ministres délégués reçoivent délégation de pouvoirs pour s’occuper
de certaines affaires déterminées sous l'autorité du chef du gouvernement ou
de certains ministres.
Du point de vue protocolaire, ils sont placés entre les ministres et les
secrétaires d'État.
4-3-2- Attributions
Le gouvernement met en œuvre son programme, sous l’autorité du chef
du gouvernement. Pour y parvenir, il dispose de l’administration et supervise
l’action des entreprises et établissements publics (art. 89 Const.).
17
Grâce à la loi d’habilitation, il est autorisé par le parlement à intervenir,
pendant un délai limité et pour un objectif déterminé, dans le domaine
législatif. Les décrets-lois ainsi pris doivent être soumis à la ratification du
parlement (art. 70 Const.).
Contrairement aux constitutions antérieures, l’actuelle norme suprême
a défini et clarifié les compétences du conseil du gouvernement comme
instance de préparation des décisions et de délibération particulièrement , en
matière de politiques publiques et sectorielles, de l’engagement de la
responsabilité du gouvernement devant la Chambre des représentants, des
questions d’actualité liées aux droits de l'homme et à l’ordre public, des projets
de loi, décrets-lois, projets de décrets réglementaires et de la nomination des
secrétaires généraux et des directeurs centraux des administrations publiques,
des présidents d’universités, des doyens et des directeurs des écoles et
instituts supérieurs (art. 92 Const.).
19
Vade-mecum
9- L’Etat unitaire :
a- se caractérise par l’unicité de son organisation juridique et
politique ;
b- peut être centralisé ;
c- peut être décentralisé.
20
10 - Le Maroc est un :
a- Etat unitaire ;
b- Etat régional ;
c- Etat fédéral.
21
18- Le Roi est l’un des organes :
a- du pouvoir législatif ;
b- du pouvoir exécutif ;
c- du pouvoir judiciaire.
22
c- par la coutume.
30- La chambre des représentants et celle des conseillers ont les mêmes
pouvoirs :
Vrai ou Faux
31- La chambre des conseillers est :
a- une assemblée représentative du peuple ;
b- élue au suffrage universel indirect.
c- une assemblée représentative des collectivités territoriales ;
d- une assemblée représentative des catégories socio-
professionnelles.
23
c- 6 ans.
24
39- Le chef du gouvernement est nommé :
a- par le Roi ;
b- par la chambre des représentants;
c- par la majorité parlementaire.
25
b- par démission ;
c- par révocation par le parlement.
26
51- Peut recourir au référendum :
a- le Roi ;
b- les présidents des deux chambres du parlement ;
c- le chef du gouvernement.
27