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Paul Dorveaux

Les délibérations de la compagnie des marchands apothicaires -


épiciers de Paris (suite) (1766-1766)
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 18e année, N. 68, 1930. pp. 97-108.

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Dorveaux Paul. Les délibérations de la compagnie des marchands apothicaires - épiciers de Paris (suite) (1766-1766). In:
Revue d'histoire de la pharmacie, 18e année, N. 68, 1930. pp. 97-108.

doi : 10.3406/pharm.1930.9875

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_1930_num_18_68_9875
Lies Délibérations Je la Compagnie

des Aiarcnanos Apotnicaires-Iipiciers Je Paris

(Suite.)

Dispenses d'apprentissage (suite).

1765, 18 juin.

En l'assemblée des anciens Gardes Apoticaires convoquée par bil


lets à la manière accoutumée, Messieurs les Gardes ont fait lecture
d'un arrest du Conseil d'Etat du Roy en datte du 4 du présent mois,
rendu en faveur des Sieurs Folloppe et Lauron, aspirans à la maît
rise d'apoticaires. Cet arrest est obtenu sur la requête présentée à
Sa Majesté par les dits Sieurs Folloppe et Lauron, munis de délibé
rations du Corps lesquelles portent son consentement à l'obtention
de la grâce qu'ils demandoient d'être relevés du défaut de brevet
d'apprentissage, en soutenans par eux les examens et faisans le chef-
d'uvre requis par les Statuts. Il a été observé après la lecture de cet
arrest, que les deux impétrans ont entre autres choses conclu par
leur requête en offrant en outre de payer les droits ordinaires et ac
coutumés, comme et ainsi que les doivent payer les apprentif s de la
ville de Paris, et que le Roy dans son arrest prononce pareillement à
la charge par eux de payer au Corps des Marchands Apoticaires les
droits ordinaires en pareil cas, outre les autres droits et frais de ré
ception. Que des termes aussi précis mettent lesdits Sieurs Folloppe
et Lauron dans la classe des apprentifs de Paris et ne les assujettis
sent qu'à payer au Corps les sommes que payent les véritables ap
prentifs de Paris; que c'est ainsy que la Compagnie des Apoticaires
par ses délibérations, et les sieurs Folloppe et Lauron par leur
requête, ont entendu demander la grâce de la dispense du brevet
d'apprentissage. Qu'ils y ont tellement compté les uns et les autres
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qu'il a été mis en avant par Messieurs les Gardes lors de la délibé
ration, qu'en faveur de cette grâce les dits sieurs Folloppe et Lauron
offroient au Corps des Apoticaires un présent de 500 1. chacun pour
être appliqué au Cours et Cabinet de Matière Médicale et à la Biblio
thèque du Jardin, ce qui n'avoit pas peu contribué à déterminer la
Compagnie dans sa délibération pour les admettre par cette voye.
Que, cependant, M" les Gardes avoient appris de Monsieur le Lieu
tenant général de Police luy même, qu'il falloit que les Sieurs
Follope et Lauron payassent en plein les 2.000 1. comme les payent
les gens sans qualité qui se présentent pour être reçus Marchands
Epiciers à la faveur de l'ancien arrest du Conseil de 1746. Que cet
arrest n'avoit d'application qu'aux Marchands Epiciers et nullement
aux Apoticaires que cela ne peut jamais regarder. Que si les Sieurs
Folloppe et Lauron étoient tenus de payer chacun les 2.000 1., ils
ne donneroient plus chacun les 500 1. qu'ils avoient promis de donner
par forme de présent pour un établissement aussi utile au public,
qu'il est honorable pour la Compagnie, et qu'il étoit à craindre que
les difficultés qu'ils ont essuyées l'un et l'autre de la part de plusieurs
confrères lorsqu'on les a proposés pour être immatriculés ne se
renouvelassent et même ne s'accrussent par la suppression de ce
présent promis de leur part, ce qui indisposeroit certainement contre
eux un grand nombre de confrères. Pour quoy M" les Gardes prioient
la Compagnie de s'expliquer et de leur indiquer la conduite qu'ils
doivent tenir.
La matière mise en délibération, la Compagnie a autorisé Messieurs
les Gardes à se retirer incessamment devant Monsieur le Lieutenant
général de Police à l'effet de lui exposer des motifs aussi déterminans
que le sont ceux déduits cy dessus, et de lui représenter que le texte
littéral de la requête des Sieurs Folloppe et Lauron, et le prononcé
de l'arrest du Conseil rendu en conséquence ne pouvant les assujettir
à payer plus grande somme que celles que payent les apprentifs de
Paris, la Compagnie attend de la protection de ce Magistrat, qu'il ne
donnera pas à l'arrest plus d'extension pour la somme qu'il n'en
exprime lui-même par son prononcé, et que conséquemment les dits
Sieurs Folloppe et Lauron ne doivent payer au Corps que les sommes
que doivent payer les véritables apprentifs de Paris auxquels le dit
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arrest les assimile parfaitement. Fait au Bureau les dits jour et an


que dessus.
(Signé :) Taxil, C. Pia, Pia, Poullain, Chilhaud, etc..
(Ibidem, f° 44 r°.)

1765, 8 août.

Réhabilitation de Laurent-Charles de Laplanche.

Nous soussignés, Gardes en charge, en conséquence de la convoc-


quation par nous faite de l'Assemblée générale des Maîtres de nôtre
Corps par billets en la manière accoutumée et de la personne de
Mr de Laplanche, nôtre confrère, après avoir duement invité Mr de
Laplanche de prendre séance à son rang, avoir voix deliberative et
jouir de tous les droits, honneurs et prérogatives dont jouissent et
doivent jouir tous les Maîtres, lecture faite de la sentence du dix-
huit juillet dernier, avons rayé du Registre des Délibérations celles
concernant Mr de Laplanche aux termes de la sentence cy après ins
crite ainsi qu'il est ordonné par icelle sur le même Registre. Suit la
teneur de ladite sentence :
« A tous ceux qui ces présentes lettres verront, Alexandre de Segur,
Chevalier, Seigneur de France et autres lieux, Conseiller du Roy en
ses Conseils, Prévost de Paris, salut. Sçavoir faisons que sur la re-
queste faite en jugement devant nous à l'audience de Police du Châ-
telet de Paris par Mr Ulcot procureur du Sieur Laurent Charles de
Laplanche, Maître Apoticaire à Paris, demandeur au principal contre
le Corps et Communauté des Maîtres Apoticaires Epiciers de Paris,
et en exécution de nôtre sentence par deffaut du 27 juillet 1764, def-
fendeur à l'opposition y formée par requête verbale du quatre aoust
suivant, deffendeur encore à la requête du six décembre dernier et
demandeur suivant celle du 6 février aussi dernier et en exécution
de nôtre sentence du 22 dudit mois par laquelle pour être fait droit
aux parties, nous avons ordonné que les pièces et dossiers des parties
seroient mises en nos mains pour en être délibéré. Ledit Sr de Laplan
che encore demandeur contre les S" Demoret, Couzier, Bataille, Tre-
vez, Santerre, Mitouart et Laborie, cy après nommés aux fins de la re-
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quête présentée à nous le vingt octobre dernier et de l'exploit d'ass


ignation fait en conséquence de nôtre ordonnance le vingt-quatre du
dit mois par Dageraud, huissier à verge, controllé le vingt-cinq dudit
mois par Duclos et présenté le vingt-sept par M" Cornillier contre
M" Gomel procureur des dits Corps et Communautés des Maîtres
Apoticaires Epiciers de Paris, deffendeurs au principal opposants à
l'exécution de nôtre dite sentence du vingt-sept juillet de l'année
dernière, demandeurs suivant leurs requête verbale d'opposition y
formée, et suivant leurs autre requête verbale du six décembre sui
vant deffendeurs; à celle du six février dernier, et encore 4e dit
Mr* Gomel procureur des dits S" Demoret, Couzier, Bataille, Trevez,
Santerre, Mitouart et Laborie, Maîtres et Marchands Apoticaires Epi
ciers de Paris dont ledit Sr Demoret, premier garde sorti de charge et
les autres, ainsi que les associés dudit Sr de Laplanche au Cour public
de Chymie et à la Thériaque deffendeurs aux requêtes et exploits des
20 et 24 octobre dernier.
« Parties ouïes: Ensemble noble homme M" Souchet Debuisseaux,
avocat du Roy, après qu'il en a été délibéré sur les pièces et dossiers
des parties; nous après avoir été délibéré sur les pièces et dossiers
des parties, faisant droit sur les conclusions des gens du Roy, disons
que dans huitaine à compter du jour de la signification de nôtre pré
sente sentence, à la requête des Gardes en charge, l'Assemblée géné
rale des Maîtres Apoticaires sera convocquée en leur Bureau en la
manière ordinaire et accoutumée, en présence du commissaire Lau-
monier qu'à ce faire commettons lors de laquelle Assemblée les dél
ibérations des 20 may, 22 juillet et 8 aoust 1763 concernant la partie
d'Ulcot seront rayées du Registre des Délibérations, comme aussi
ladite partie d'Ulcot duement invitée prendra séance, aura voix deli
berative suivant son rang de réception et généralement jouira de
tous les droits, honneurs et prérogatives dont jouissent et doivent
jouir les Maîtres dudit Corps, tant pour le présent que pour l'avenir;
comme aussi disons que ladite partie d'Ulcot sera réintégré dans le
Cours de Chymie et la Société de la Thériaque, pourra faire ses
démonstrations publiques ainsi que les autres associés dudit Cours
et que les répartitions de la Thériaque ainsi que les honoraires des
examens et réceptions des Maîtres et aspirants à la maîtrise et gêné-
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L'hygiène au début du XVIe siècle


d'après le titre gravé du Banquet de la Cour et de la Noblesse
de Louis Lobera d'AviLA

Revue d'Histoire de la Pharmacie PI. VII


DÉLIBÉRATIONS DES MARCHANDS APOTHICAIRES-ÉPICIERS DE PARIS 101

ralement toute autre répartition si aucunes luy sont dues luy seront
constituées en totalité à quoy faire les Gardes en charge seront con
traints, quoy faisant ils en seront et demeureront bien et valabl
ement quittés et déchargés, à l'effet de tout ce que dessus débouttons
les parties de Gomel de leur opposition à nôtre sentence du 27 juil
let 1764, leurs faisons deffenses de plus à l'avenir exécutter des dél
ibérations pareilles à celles dont la radyation a été cy dessus ordonnée
sans en avoir préalablement demandé et obtenu l'homologation, sur
le surplus des demandes mettons les parties hors de Cour, condam
nons Louis Demoret une des parties de Gomel en dix livres de do-
mages et interests envers la partie d'Ulcot, et les parties de Gomel à
tous les dépends, lesquels demeureront compensés jusques à due
concurrence avec ceux dont la condamnation a été prononcée à leur
profit, par nôtre sentence du 28 aoust 1764; disons, en outre, que la
lettre du 14 mars 1763 dont est question écrite par Louis Demoret
une des parties de Gomel sera supprimée en totalité et les termes
injurieux répendus dans les mémoires respectifs des parties seront
pareillement supprimés, et sera nôtre présente inscritte sur le Re
gistre des délibérations des parties de Gomel, ce qui sera exécuté
nonobstant et sans préjudice de l'appel, en témoin de ce nous avons
fait sceller ces présentes données par Mr le Lieutenant général de
Police tenant le siège le vendredy 19 juillet 1765 et délivré pour
seconde grosse, collationné par Morisset, signé Jardin, sçelé et signifié
aux protestations et réserves de se pourvoir par appel contre ladite
sentence à M" Ulcot procureur à domicile, le 6 aoust 1765, signé
Brunet. » Et ont signé.
(Signé :) Mayol, Bert, Lapierre.
(Ibidem, f° 45 r°.)

1765, 16 décembre.

Dispense d'apprentissage.

En l'assemblée de M" les Anciens Gardes Apothicaires convoquée


par billets en la manière occoûtumée, M" les Gardes ont fait lecture
à la Compagnie d'une lettre de M. le Lieutenant Général de Police
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par laquelle il leur fait part d'une requête présentée au Conseil du


Roy par le Sr Toussaint-Jean-Augustin de Guienne, tendante à obte
nirde S. M. un arrêt de son Conseil qui le dispense de brevet d'ap
prentissage à Paris et luy permette de se pourvoir par devant les dits
S" Gardes pour être examiné par eux et reçu maître apoticaire à la
résidence de Saint-Germain-en-Laye, après avoir aussi entendu la
lecture du brevet d'apprentissage dudit Sr de Guienne à la fin duquel
est le certificat dudit Sr Lefebvre maître apoticaire de Vitry-le-
François et les certificats de feu M. Genand, nôtre confrère, chez
lequel il a demeuré trois ans et demy et celuy de la veuve Dalier
chez laquelle il a demeuré aussi pendant l'espace de quatre ans, tous
lesquels certificats attestent sa probité ainsi que sa capacité.
La matière mise en délibération, la Compagnie, d'une voix una
nime, a consenti que M" les Gardes procédassent à l'examen et
autres actes probatoires que doit subir ledit Sr Toussaint-Jean-
Augustin de Guienne, si ils y sont autorisés par un arrêt du Conseil
conforme aux conclusions de la requête du suppliant, et ont signé
les dits jour et an que dessus.
[Signé :] Le Bel, Paris, C. Pia, Pia* etc.

(Ibidem, f° 46 v°.)

1766, 7 janvier.

Création d'une bibliothèque et d'un cabinet de matière médicale.

En l'assemblée de Messieurs les Anciens, convoquée par billets en


la manière accoutumée, Messieurs les Gardes ont représentés à la
Compagnie que le projet formé depuis quelques années d'établir un
Cabinet de Matière Médicale et une Bibliothèque dans leur maison
rue de l'Albalètre avoit jusqu'icy souffert quelque retardement par
le défaut de fond suffisant pour parvenir à son entière exécution.
Que les frais de construction du bâtiment destiné à ce Cabinet
avoient été payé par moitié des deniers de la Compagnie, l'autre
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moitié l'ayant été de ceux de la Bourse commune de l'Apoticairerie


et Epicerie.
Que les mémoires du menuisier, du serrurier, du vitrier et du
peintre ont été depuis payé avec une somme d'argent qui leur avoit
été remise provenant des dons faits par plusieurs Anciens et quel
ques Modernes pour être employez à cette destination.
Qu'il s'agit maintenant de consommer un projet aussi utile aux
Elèves et aux Amateurs, qu'honorable au Corps en garnissant les
armoires des médicamens tirez des trois règnes, ce qui doit faire le
principal objet sans négliger absolument ce qui est purement d'his
toire naturelle lorsque les occasions favorables s'en présenteront.
Qu'à l'égard de la Bibliothèque elle renferme déjà plusieurs bons
livres de la profession donnés par quelque-uns des Maîtres qui ont
désiré de contribuer à commencer cette collection, et qu'il n'est plus
question que de l'augmenter d'année en année par de nouveaux
achats de livres à mesure qu'il se trouvera des fonds pour cela.
Qu'ils ont actuellement entre les mains une somme de près de deux
mille livres à employer, provenante tant des mille livres qui ont été
donné par moitié par Messieurs Foloppe et Lauron nos confrères en
faveur de leur réception que des autres sommes données par les
différents maîtres reçus dans le courant de l'année passée qu'ils sont
prests de remettre cette somme entre les mains de Mr Bert, garde
en charge, et de M. Pia le fils, ancien garde, qui jusqu'à présent ont
bien voulu donner leurs soins à la formation de cet établissement
avec un zèle et une application et un désintéressement qu'on ne peut
assez louer.
Mais que ces deux Messieurs désireroient avoir pour adjoints deux
autres confrères nommés avec eux par la Compagnie, tant pour les
soulager dans ce travail qui exige de grands détails qu'afin que la
Compagnie puisse être instruite de l'employ qui sera fait de ces
deniers par quatre de ses maîtres qu'elle auroit choisis, qui auroient
toute sa confiance et qui lui en rendroient le compte le plus exact
lorsqu'elle l'exigeroit.
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La matière mise en délibération, la Compagnie, d'une voix una


nime, a approuvé le compte qui vient de lui être rendu par Messieurs
les Gardes, a remercié Monsr Pia le fils et Monsr Bert des peines et
soins qu'ils ont bien voulu prendre à l'occasion de l'établissement
dudit Cabinet de matière médicale et de ladite Bibliothèque, les a
prié de continuer avec le même zèle et leur a donnés pour adjoints
dans ce travail Messieurs Vassou et Tassart nos confrères, pour con
jointement avec eux faire aux conditions les plus avantageuses au
Corps les achats de drogues simples pour le Cabinet, et des livres
pour la bibliothèque qui consisteront en ouvrages de chimie, de
pharmacie et d'histoire naturelle, pourquoi elle les authorise à faire
l'employ de ladite sommes et des autres deniers de recette qui leur
parviendront tant des libéralités de tous les confrères qui voudront
bien y contribuer que de ce qui sera donné par la suite par les réc
ipiendaires à venir, dont lesdits sieurs Bert, Pia, Vassou et Tassart
rendront compte tous les ans à la Compagnie tant en recette qu'en
dépense en justifiant des quittances des dits achapts, la Compagnie
se réservant de prendre ultérieurement les mesures et les arrange
mentsqui lui paroitront les plus convenables relativement aux jours
que le Cabinet sera ouvert au public et à ce qui sera observé pour
en avoir par les confrères la liberté de l'usage et de la communic
ation.
Fait et délibéré en nôtre Burau les dits jour et an, et ont
signé.
(Signé :) Taxil, Barbe, Le Bel, Pia, Poullain, Cessac, Couzier, De
moret, Terrier, Richard, C. Pia, Gillet, Bert, Mayol, Pia, Lapierre,
Bellier.
(Ibidem, f° 47 r°.)

1766, 20 janvier.
Le 20 janvier suivant, en vertu de la délibération cy dessus, Mes
sieurs les Gardes ont assemblé au Bureau de la Compagnie Messieurs
Vassou et Tassart et leur ont fait lecture de la délibération qui les
nomme adjoint à Mes" Bert et Pia le fils pour employer les fonds
destinez par cette délibération à former une Collection de Matière
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Médicale ainsy que des livres relatifs à l'une et l'autre pharmacie


pour former une Bibliothèque. Messieurs Vassou et Tassart ayant
entendu laditte lecture ont remercié la Compagnie du choix qu'elle
avoit fait de leur personne pour un établissement aussy utile qu'ho
norable et ont accepté leur nomination et ont signé avec nous.

(Signé :) Vassou, Tassart, Bert, Lapierre, Pia.


(Ibidem, f° 47 v°.)

1766, 24 avril.

Legs de bienfaisance.

En l'assemblée de Messieurs les anciens Gardes Apothicaires con


voquée par billets en la manière accoutumée, Messieurs les Gardes
ont dit qu'un particulier désirant donner à sa Compagnie des mar
ques de son zèle et de sa reconnaissance, auroit remis entre leurs
mains une somme de deux mille quarante livres pour achepter un
contrat de rente perpétuelle produisant cent livres de rente que ses
intentions étoient que cette rente soit affecté spécialement à soulager
un ou plusieurs confrères qui se trouveroient dans l'indigence, et
qu'il nommoit pour jouir de cette rente la dame Savy, veuve de Mons
ieur Savy, ancien garde, après la mort de laquelle il laisse Messieurs
les anciens Maistres de décider des veuves ou des confrères qui de
vrontjouir de la ditte rente.
La matière mise en délibération, Messieurs les Anciens, après avoir
remercié le confrère de sa générosité et du bienfait qu'il a fait au
Corps, ont pour se conformer aux intentions du Bienfaiteur nommé
d'une voix unanime Made Savy, veuve de Mr Savy, ancien garde, pour
jouir sa vie durante de la rente que le Corps a acquise, se réservant
le droit aprez le décêz de la ditte dame Savy de nommer un ou plu
sieurs confrères, ou leurs veuves, qui seront dans le besoin pour
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jouir de la ditte rente de cent livres. Fait et délibéré les dits jour et
an que dessus.

(Signé :) Poullain, C. Pia, Paris, Gillet, Taxil, etc.


(Ibidem, f° 48 r°.)

1766, 3 juillet.

Poursuites contre un Pontoisien.

En l'assemblée des Anciens Gardes Apoticaires convoquée par bil


lets en la manière accoutumée, Messieurs les Gardes ont dit qu'assisté
de M. le Commissaire Bourgeois et de Me Magni, Procureur au Châ-
telet et du sieur Simoneau, huissier et accompagné de M" les Gardes
Epiciers* [ils] se seroient transportez le cinq du mois de mars chez
le sieur Lefrançois Deschamps marchand épicier, place Maubert, pour
y faire procéder à la saisie des marchandises du commerce d'apoti-
cairerie qui s'y trouveroient, que le Sr Deschamps s'est opposé à la
saisie, prétendant être pourvu d'un privilège et avoir été reçu au dit
état et privilège par sentence du Baillage de Pontoise du six février
dernier et en requérant où l'on voudroit passer outre qu'il en fut
référé, que ces oppositions et réquisitoire avoit donné lieu à une
ordonnance sur référé de Mr le Lieutenant Général de Police du six
de ce mois qui a ordonné qu'il seroit surcis à la saisie pendant deux
mois, pendant lequel temps le sieur Deschamps poursuivroit sa ré
ception pour être reçu sy faire se doit; que par un arrêt du 10 mars,
la Cour du Parlement a reçu le Corps des Apoticaires apelant de
cette ordonnance avec deffenses de passer outre à l'exécution d'icelle,
que par exploit du même jour cet arrêt a été signifié au sieur Des
champs avec assignation au Parlement et a été dénoncé à MM. Bel-
leteste, Leclaire et Maquart, doyen et professeurs de la Faculté de
Médecine à ce qu'ils n'ignorassent les deffenses portées aud. arrêt et
n'eussent au préjudice d'icelles à recevoir le Sr Deschamps apoticaire
ny lui donner aucune maîtrise ny certificat quelconque sous les pei
nes y portez et autres de droit, qu'ils ont été instruits par une signi
fication qui leur a été faitte le 15 que nonobstant cet arrêt et les signi-
DÉLIBÉRATIONS DES MARCHANDS APOTHICAIRES-ÉPICIERS DE PARIS 107

fications et dénonciations d'icelui, le Sr Deschamps a obtenu le 14 de


Mr le Grand Prévost des lettres d'apoticaires privilégiez en consé
quence de la démission du Sr Lesbaupain et comme ayant été reçu
maître apoticaire en la ville de Pontoise le six février dernier et jugé
capable d'exercer l'art de pharmacie sur le certificat de la Faculté de
Médecine du dit jour quatorze mars, les dites lettres enregistrées au
greffe de la Prévôté de l'Hôtel par sentence du même jour, que cra
ignant que ces lettres ne préjudiciassent à l'apel de l'ordonance du
six mars il a cru devoir communiquer les pièces de cette affaire à
Mr Aved de Loizerolles, avocat, qui les a examinez et en a conféré
avec eux conjointement avec Monsieur Sohier procureur du Corps
des Apoticaires, que Monsr Aved considère l'affaire sur deux objets,
le premier qui concerne l'appel de l'ordonance du six mars et le
second qui a pour but d'empêcher s'il se peut que le Sr Deschamps
ne jouisse de l'état d'apoticaire dont son incapacité doit !e priver,
que sur le premier objet il estime que l'on doit se flater de faire in
firmer l'ordonance attaquée, que les lettres obtenues depuis par le
Sr Deschamps de Mons' le Grand Prévôt qui luy ont conféré le droit
de tenir boutique d'apoticaire ne peuvent avoir un effet rétroactif et
£melliorer la cause du Sr Deschamps ni changer l'état de la ques
tion, que pour décider si l'ordonance du six mars a bien ou mal jugé,
il faut s'y reporter au moment où l'on a entrepris de saisir le Sr Des
champs, qu'il est incontestable qu'alors le Sr Deschamps n'avoit au
cun droit pour faire le comerce d'apoticaire, que cette seule réflexion
justifie que l'ordonance qui en prononçant un surcis a jugé que le
Sr Deschamps avoit pu faire le comerce d'apoticaire et même le pou-
voit faire jusqu'à ce qu'il eut un droit acquis sans contravention et
sans être dans le cas d'être saisi, a mal et irrégulièrement jugé et
qu'on ne doit rencontrer aucune difficulté à la faire réformer. Qu'à
l'égard du second objet dans lequel l'on se propose d'empêcher le
Sr Deschamps de faire le comerce d'apoticaire attendu son incapacité,
Mr Aved a estimé que si cette incapacité est certaine, que si le Corps
des Apoticaires est en état de l'articuler et la prover, s'il en est ainsi
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ordonné, il est aussi nécessaire d'interjetter appel de la sentence du


Baillage de Pontoise du six février dernier portant réception du
Sr Deschamps à l'état d'apoticaire, qu'en démontrant l'incapacité du
Sr Deschamps il pense que l'appel de cette sentence ne doit pas plus
éprouver de contradiction que le premier, et qu'il le juge d'autant
plus nécessaire que indépendemment de ce qu'il peut donner occa
sion à Messieurs du Parlement de réformer les abus des réceptions
de cette espèce, c'est l'unique moyen qui peut faire anéantir l'effet des
lettres de privilégié accordées au Sr Deschamps, lesquelles lettres ne
luy ont été accordées singulièrement que parce qu'il avoit été reçu
apoticaire à Pontoise, qu'il est donc question d'autoriser les Gardes
Apoticaires à interjetter aussi appel de la sentence du six février, et
leur donner à ce sujet tous les pouvoirs nécessaires.
Sur quoy, après avoir mis la matière en délibération, la Compagnie,
en confirmant les pouvoirs cy devant donné à M" les Gardes, les a
de nouveau autorisé à suivre l'appel interjette de l'ordonnance de
Mr le Lieutenant Général de Police du six may, comme aussi à inter
jetter appel de la sentence du Baillage de Pontoise du six février der
nier portant réception du Sr Deschamps marchand épicier à Paris
à l'état et profession d'apoticaire, et pour le soutien de cet appel arti
culé que le Sr Deschamps est incapable de faire ledit état, qu'il n'a
jamais travaillé chez aucun maître apoticaire, qu'il a seulement été
garçon chez Mr Montaut, marchand épicier, des dits faits offrir la
preuve en cas de déni, engager Mr Aved de Noiserolles à dresser s'il
le juge nécessaire un mémoire, le faire imprimer si besoin est, solli
citer l'affaire et faire à ce sujet ce qui parroitra convenable. Fait au
Bureau les dits jour et an.

(Signé :) Poullain, Barbe, Richard, Le Bel, Demoret, Gillet, Terrier,


Bellier, Bert, Lapierre.
(A suivre.) P. C. C. : Dr P. Dorveaux.

Le Gérant ; E.-H. Guitard Imprimerie Spéciale de la S. H. P., Toulouse

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