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L’OPPOSITION PARIS/ROME

Il y a une grande distance physique entre Paris et Rome. Pour Léon, il y a aussi une distance
émotionnelle entre ces deux villes. Il mène littéralement deux vies différentes dans ces deux villes et a
une personnalité nettement différente de chaque côté de la distance. À Paris, c'est un homme d'âge mûr
qui vit dans le monde moderne, avec un mariage usé et quatre enfants fatigants, qu'il décrit comme des
"petits étrangers sauvages". Son statut de cadre supérieur chez Scabelli, un fabricant italien fictif de
machines à écrire, lui assure la stabilité et lui permet un certain luxe dans sa vie, mais il est incapable
d'en tirer une réelle joie. Il se traîne dans la routine d'une vie de col blanc de la classe moyenne
supérieure, mais n'a aucun lien avec qui ou quoi que ce soit.

En revanche, lorsqu'il est à Rome, Léon est l'amant d'une femme beaucoup plus jeune que lui, et il ne
cesse de dire qu'il essaie de retrouver sa jeunesse éphémère grâce à la vitalité de Rome. Et en effet,
Léon se comporte comme une version plus jeune et plus énergique de lui-même lorsqu'il est à Rome.
Soulagé, au moins temporairement, du fardeau de la vie familiale, Léon visite des musées, des galeries
d'art et des sites architecturaux, et prend des repas dans des restaurants et des cafés intéressants. Il y a
une nature ludique dans ses activités à Rome et un état de joie quasi-constant lorsqu'il y est - le
contraire de sa vie déprimante, banale et routinière à Paris.

Rome elle-même est une ville aux deux visages - ancien et moderne - qui font écho à deux aspects de la
personnalité de Léon. D'un côté, Léon trouve la splendeur de l'art et de l'architecture de Rome
romantique et rajeunissante, comme sa liaison avec Cécile, beaucoup plus jeune. D'autre part, Rome,
comme Léon, a dépassé ses jours de gloire. Les vestiges de ses anciens attributs s'effritent et sont
dispersés dans la vaste étendue de la ville moderne, un reflet approprié de Léon, qui commence à
montrer des signes de vieillissement, et dont la double vie l'a dispersé sur une vaste étendue
géographique. Ironiquement, Léon associe Rome à un sentiment de jeunesse, alors que son principal
attrait pour la ville réside dans les vestiges de sa culture ancienne.

Bien que Léon ne le perçoive pas, il a aussi une double vie à Paris, bien séparée par la Seine. Cécile le lui
explique lorsqu'il lui demande quelle partie de la ville elle veut explorer : "La rive droite, c'est ton travail,
la rive gauche, c'est ta femme, difficile de décider".

À un moment donné, Léon mélange les deux villes, lorsqu'il emmène Cécile, qui appartient à Rome, à
Paris, puis lorsqu'il emmène sa femme Henriette, qui appartient à Paris, à Rome. En résumé, nous
pouvons dire que pour Léon, Paris est comme Henriette - déjà ennuyeuse et terne, et Rome est Cécile -
jeune et dynamique.

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