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Presses Universitaires de France | « Ethnologie française »
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▍INTRODUCTION
À qui appartiennent gestes et savoir-faire ?
Productions, circulations, transformations
Arnaud Dubois
Conservatoire national des arts et métiers (HT2S-Cnam)
arnaud64.dubois@gmail.com
et Céline Rosselin-Bareille
Université d’Orléans rattachée au CETCOPRA (Paris 1 – Panthéon Sorbonne)
celine.rosselin-bareille@univ-orleans.fr
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■ Ni savoir, ni faire : savoir-faire
« On ne peut pas dompter ce métier » explique un verrier à une équipe interdisci-
plinaire de chercheurs qui lui demande de re-fabriquer un objet patrimonial afin
de documenter, à des fins de formalisations et à l’aide de différentes technologies
d’enregistrements1, les gestes techniques et savoir-faire qu’il met en œuvre dans cette 1. L’équipe était composée d’un
fabrication. L’artisan signifiait par-là trois choses. D’une part, il ne va pas de soi de ethnographe, d’une conservatrice du
patrimoine et de différents ingé-
donner en partage ses savoir-faire et gestes techniques, comme le montrent les nom- nieurs et chercheurs en robotique et
breuses discussions sur le droit à la propriété intellectuelle qui ont précédé son accep- sciences du numérique. L’idée était
de formaliser les gestes sous la forme
tation à se faire enregistrer. D’autre part, il n’est pas si simple de les encapsuler parce d’une enquête techno-graphique
qu’il y a toujours quelque chose qui échappe à la main fabricante. Enfin, l’artisan ne d’abord, puis dans une base de don-
nées ensuite, et enfin sous la forme
nous mettait-il pas en garde contre un risque de réification possible, le « domptage », de restitution numérique diverses.
dans le glissement d’un mode de la « connaissance-en-action » [Schön, 1983], du Les techniques d’enregistrement
savoir-faire « adaptatif » et « innovatif » [Chevallier, 1991] aux savoirs formalisés ? étaient multiples : prise de notes,
photographie et vidéo, numérisation
Les enjeux de propriété que soulève la contradiction entre la formulation du pro- de l’atelier, des outils et du corps du
fessionnel et les pratiques des chercheurs sont au cœur de ce numéro qui considère verrier.
que c’est dans l’analyse des changements de sphères d’activités et de systèmes de
représentations que se pose la question de la propriété des savoir-faire2 : du métier à 2. Ce faisant, les articles croisent
la formation ; de l’activité de travail au cadre juridique ; du domestique au marchand ; une littérature qui analyse la
construction sociale des savoir-faire
du travail au musée ; du faire au dire ; des pratiques illégales à leur normalisation ; et et se garde bien de leur essentialisa-
inversement. Qu’est-ce qui change lorsque les savoir-faire et les gestes techniques tion. Les travaux concernés ont
notamment traité des questions de
quittent la sphère dans laquelle ils ont été incarnés ? Comment sont-ils, ensuite, réap- tradition, de patrimonialisation,
propriés par les corps ? Nous avons invité les contributeurs et contributrices à décrire d’authenticité aux enjeux histo-
riques et sociaux forts [à titre
et analyser les dynamiques complexes de ces processus de circulation : « passage au d’exemple, HOBSBAWM et
droit » selon la formule de François Ost [2016], marchandisation, patrimonialisation RANGER, 1983 ; WARNIER,
ou formation, ainsi que les outils, les pratiques et les acteurs qui accompagnent leur 1994 ; WARNIER et ROSSELIN,
1996].
mise en propriété et contribuent à les institutionnaliser : auctorialisation, réification,
normalisation, expropriation, formalisation, mise en partage.
Pour intégrer ces différents processus, les savoir-faire doivent, au préalable, être
reconnus comme spécifiques à un individu ou à un groupe, devenant ainsi, par méto-
nymie, une marque apposée sur le groupe ou l’individu concernés ; leur définition
est ainsi à la fois exclusive et réductrice. Selon les secteurs, un savoir-faire peut faire
l’objet d’une protection soit parce qu’il est jugé comme étant traditionnel et, de
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ment individualiser ni totalement collectiviser. D’une part, le travail incarné par des
individus engagés dans un rapport sensori-affectivo-cognitivo-moteur aux matières
montre que celles-ci sanctionnent le mauvais geste avant même qu’un formateur
ou le collectif n’en évaluent la justesse [Marshall, 2017 ; Rosselin-Bareille, 2017].
Indéniablement, la dimension singulière des rencontres entre les corps et les matières
travaillées complexifie la transmission de savoir-faire qui sont aussi des savoir-être,
comme le montre Céline Rosselin [2009]. D’autre part, ne faut-il pas toujours s’y
prendre à plusieurs, agréger plusieurs gestes, pensées, intentions, les partager, pour
qu’ils construisent une efficacité à l’origine de la détermination sociale d’un savoir-
faire : comment savoir faire un objet de luxe sans, aussi, chacune des petites mains
au travail ? Ni collectifs ni individuels a priori, fruits de couplages « main-objet »
[Sigaut, 2012], voire « sujets-objets-environnements » [Rosselin-Bareille, 2019], les
gestes et savoir-faire sont toujours distribués.
Le savoir-faire, et c’est en quoi il nous a paru intéressant de le questionner, se
moque, voire se joue, des dichotomies et permet plutôt d’exprimer le règne du ni-
ni : ni toute pensée ni tout geste, ni décision ni exécution, ni matériel ni immatériel,
3. Le premier « Matières à savoir- ni tradition ni invention, ni individuel ni collectif mais voie médiane qui permet
faire : propriété, formation et circu- d’interroger ces dualismes et de s’intéresser à leurs relations. Dès lors, les savoir-faire
lation des savoir-faire » (Màp, CET-
COPRA, ANR VISA, 2L2S) a eu sont-ils une catégorie sociale ou une catégorie d’analyse ? Suite aux deux colloques
lieu à Paris en 2018 et le second « Propriété et Savoir-Faire3 » et au séminaire de recherche « Anthropologie des tech-
« Matière à Penser : savoir-faire et
propriété », co-organisé par les Uni- niques du corps4 » nous avons constaté le caractère fuyant du savoir-faire, au point
versités de Neuchâtel et de Genève de nous interroger : s’agissait-il d’une notion pertinente ? Et surtout, si pertinence il
en 2020.
y a, que permet-elle de comprendre ? Nous avons estimé qu’en passant par les ques-
4. Le séminaire s’est tenu de 2016 à
2018 au Musée des arts et métiers. tions de propriétés, nous pouvions interroger à nouveaux frais cet objet : en entrant
dans les savoir-faire et les gestes techniques par la propriété, nous retrouvions sa valeur
5. En maintenant la tension entre le
savoir et le savoir-faire et en prenant heuristique en ce qu’elle est une catégorie plurielle : juridique, économique, sociale
au sérieux le fait que ces deux mots et politique, qui fait sens pour les groupes sociaux. Ni savoir, ni faire, ni savoir sur le
existent distinctement dans la langue
française, nous maintenons la fécon- faire, ni faire savoir5, le savoir-faire contient toutes les idées sous-tendues par ces
dité qu’il y a à différencier ce qui expressions sans donc s’y réduire. C’est avant toute chose une catégorie sociale négo-
relève de la sémantique du savoir de ciée, revendiquée, parfois brandie6, jusqu’à sa mise en propriété donc, mais aussi tue
celle réservée au savoir-faire.
6. Le savoir-faire se charge d’un
dans un refus de reconnaissance, rendue secrète dans l’appropriation, dévoilée par
pouvoir de négociation entre les dif- étape dans la transmission, rendant difficile son accès [Chamoux, 1996]. En tout cela,
férents acteurs impliqués, par il est intéressant que l’anthropologie prenne en charge cette question centrale : à qui
exemple entre travailleurs,
employeurs et État [PARADEISE, appartient le savoir-faire ?
1987 : 45].
Introduction 7
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lique, relaté par May [2002]. Selon l’économiste politique, l’institutionnalisation de
la propriété intellectuelle, qui inspirera de nombreuses législations européennes, se
réalisent à Venise le 19 mars 1474, lorsque le Sénat promulgua un décret soumettant
les brevets à une loi générale. Dans un souci d’illustration, l’auteur retrace ainsi la
controverse opposant l’imprimeur Manuce, qui se vit délivrer un brevet sur le carac-
tère italique, taillé en 1501, au tailleur lui-même, Griffo. Les tailleurs Bailli et Griffo
étaient-ils purement et simplement des filous ? S’agissait-il de réelles tentatives d’usur-
pation, de malentendus ou bien de la conviction qu’en faisant, ils pouvaient posséder
le résultat de leur travail ?
Voyons, à titre d’exemple donc, les arguments que développe l’abbé de La Chapelle
pour défendre « son invention » : « Personne, avant 1774, n’a donné sur cette matière
aucun traité, qui dirigeât méthodiquement l’esprit et la main de l’ouvrier, donnât
toutes les proportions, les poids et les façons des pièces qu’il aurait à employer, lui
montrât à les mettre en œuvres, à les placer comme il faut, à les équilibrer parfaite-
ment, enfin à s’assurer d’une manière incontestable, sans aucun risque, et par un essai
très simple, du degré de confiance qu’il peut prendre en l’ouvrage de ses mains »
[1775 : xix]. Bailli fut « seulement » employé, « comme ouvrier », à partir d’un
modèle de « mon invention » poursuit le lésé, et des « leçons que j’ai bien voulu lui
donner » [Ibid. : xxxiv], « sous ma direction ». Puis est pointé du doigt, avec un grand
mépris, un ensemble d’incompétences : reproche est fait à Bailli qu’il ne connait
même pas l’orthographe [Ibid. : xxxiii], qu’il n’a aucune connaissance requise (phy-
sique, calcul, anatomie, mécanique, etc.) [Ibid. : xxxiv]. Ce serait à l’occasion d’une
réparation qu’il dût réaliser que Bailli s’estima « perfectionneur » [Ibid. : xxxv] de
l’invention si l’on en croit de La Chapelle. Il est alors comparé au savetier : « c’est
comme si un savetier se vantait, après avoir raccommodé des souliers, qu’il a perfec-
tionné l’art du cordonnier » [Ibid.] cordonniers dont on sait, grâce au travail d’Éric
Hobsbawm et Joan Wallach Scott [2006 : 35-36] sur l’engagement très politique de
ceux-ci, que le statut était déjà très « bas »7, qu’ils étaient méprisés bien que contrôlant 7. Hobsbawm et Wallach Scott rap-
les savetiers. C’est peu dire du statut accordé à ces derniers ! L’abbé dénonce donc pellent que le terme est de dérision
en français, comme en anglais
l’outrecuidance du tailleur : « la tête lui a tourné si fort qu’il a osé paraître devant [2006 : 36].
l’Académie des Sciences le 13 août 1774 » [1775 : xxxvi] et raconte que, de son côté,
il s’en est débarrassé en en formant un autre « beaucoup plus intelligent et docile »
[Ibid. : xxxvii], précise-t-il. La justification de la plainte de l’abbé repose sur un
ensemble d’éléments dont l’antériorité de l’invention, sa non remise en cause par la
tentative de copie, la connaissance et la maîtrise de l’ensemble du processus, mais
aussi de la supériorité de l’écrit sur la réalisation, du savoir sur le faire (du « penser »
8. La question de propriété intellec- sur le faire [Adell, 2011 : 9]) et du concepteur sur le simple ouvrier8.
tuelle ira grandissant avec les siècles Avec les auteurs et autrices de ce numéro, nous pensons donc pouvoir profiter des
laissant entrevoir particulièrement à
quel point « le droit n’est pas qu’un controverses, conflits ou litiges – entre le chercheur et le luthier [Buob9], entre blog-
épiphénomène des rapports geuses, youtubeuses, professionnelles du cheveu et de l’industrie cosmétique
sociaux », selon May [2003, p. 86].
[Bédinadé], entre les entreprises et les salariés [Bessy], entre différents acteurs impli-
9. NDÉ : Tous les noms d’auteurs
signalés ainsi sans date font référence qués dans un processus de patrimonialisation [Boulay], entre verriers musulmans et
aux auteurs de ce volume. hindous [Kaba] – pour mettre au jour différents enjeux concernant la possession des
savoir-faire. L’ensemble des contributions montre que posséder un savoir-faire ne se
décrète pas sous prétexte que l’on sait-faire. Cette attribution est le fruit de différents
processus – souvent, mais pas toujours, bordés par des mesures juridiques – impli-
quant de nombreux acteurs qui vont en déterminer la richesse, les contours, les lignes
10. Voir le texte de Moreno [infra] : de partage, les bénéfices escomptés. En ce sens, l’appellation « détenteur »10 utilisée
« membre d’une communauté qui dans le contexte de la patrimonialisation de l’Unesco [Van Zanten, 2002] tend à
reconnaît, reproduit, transmet,
transforme, crée et forme une cer- évacuer la diversité des positions occupées, et les inévitables tensions, conflits, frotte-
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taine culture au sein de et pour une ments au cœur de la détermination et de la reconnaissance de la propriété des savoir-
communauté. Un détenteur/por-
teur peut, par ailleurs, jouer un ou faire.
plusieurs des rôles suivants : prati-
cien, créateur et gardien. ».
Introduction 9
saurait donc usurper une industrie accusée d’être « blanche » et de poursuivre une
entreprise « esclavagiste ».
Dépossédés de leur savoir-faire « par le haut », c’est-à-dire avec leur prolétarisation
écrit Arnaud Kaba dans ce volume, les verriers Sheesshgarh musulmans de Firozabad
(Uttar Pradesh, Inde) déplorent aussi le vol de leur savoir-faire « par le bas », c’est-à-
dire par d’autres communautés musulmanes et hindoues. Les savoir-faire ayant été
transmis aux hindous via des solidarités amicales, leur dépossession est vécue de façon
très problématique du fait du contexte nationaliste. Les verriers musulmans racontent
alors à l’ethnologue les « trahisons » dont ils sont victimes.
Si le vol est une preuve de reconnaissance des savoir-faire de l’autre et de leur
valeur, les environnements professionnels sont aussi des lieux où la dépossession peut
être la conséquence d’un déni de savoir-faire. Hervé Munz évoque ainsi un sentiment
de « dépossession », de « mise à l’écart » jusqu’à une invisibilisation des professionnels
de la construction bois, en Suisse, lorsqu’ils ne peuvent plus exprimer leurs savoir-
faire multi-sensoriels du fait de la numérisation de tout un pan de leur activité. Ils
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insistent également sur l’« hyper spécialisation » et la division accrue du travail entre
« atelier » et « pose » qui s’ensuivit au détriment d’un métier choisi initialement parce
que « complet ».
Récits de dépossession, d’expropriation, de vol ou de déni de savoir-faire éclairent,
en même temps qu’ils construisent, une hiérarchisation des savoirs articulée à la strati-
fication sociale. Quel savoir-faire est donc digne d’être considéré comme tel,
conservé, préservé, protégé, et qui, voire quoi – une entreprise, une communauté,
un « peuple », un territoire, un pouvoir en place, une institution, une machine
[Carraro] ? – le possède ?
intellectualisation des savoir-faire n’est pas le propre du droit puisqu’elle préside égale-
ment à leur patrimonialisation ou à leur marchandisation. Depuis les années 1980-
1990, les managers considèrent en effet les savoir-faire comme un marché, dans le
cadre de transferts de technologies [Arora, 1995 ; Teece, 1981 ; 1998]. Dans ce
contexte financier, les entreprises et les industries ont donc tout intérêt à connaître,
identifier et traduire économiquement les savoir-faire de leurs ouvriers pour les inté-
grer aux « actifs spécifiques de l’entreprise » [Teece, 1998]. C’est donc très sérieuse-
ment et avec méthode que les entreprises se sont attelées à la protection de « leurs »
12. L’exemple de l’Institut des savoir-faire12 tandis que plusieurs institutions, dont les musées13, aiguillonnées, entre
métiers d’excellence LVMH et de la autres, par la notion de patrimoine culturel immatériel, ont commencé à penser à
future Maison LVMH/
Arts–Talents–Patrimoine qui va nouveaux frais l’intégration des gestes professionnels et des savoir-faire dans leurs
s’installer dans l’ancien Musée des politiques de conservation, de valorisation et de diffusion du patrimoine technique,
arts et traditions populaires est
emblématique de cette politique. retrouvant ainsi le sens de l’alerte lancée il y a près de trois-quarts de siècle par
13. Le nouveau programme du Bri- Claude Lévi-Strauss [1950] dans son introduction à l’œuvre de Marcel Mauss14. Les
tish Museum, « Endangered Mate- motivations à l’origine de ces différentes démarches se distinguent fortement quand
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rial Knowledge Programme » lancé elles ne s’opposent pas foncièrement. Toutefois, il s’agit à chaque fois de valoriser, de
en juin dernier ou encore le pro-
gramme européen « Representation capitaliser et de protéger, en transférant savoir-faire et gestes techniques – alors identi-
and Preservation of Heritage fiés comme dignes, représentatifs ou significatifs de la vie quotidienne, artistique ou
Crafts » dont le Musée des arts et
métiers est partenaire, prennent plei- professionnelle – dans les mondes non seulement du droit, de l’économie et du
nement acte de cette problématique. patrimoine, mais aussi de la formation. Chaque auteur et autrice de ce numéro
14. « Nous collectionnons les pro- montre comment ces transferts sont étayés par un ensemble d’outils et de pratiques
duits de l’industrie humaine ; nous qui formalisent les gestes et savoir-faire et, inévitablement, en les transformant
recueillons des textes écrits et oraux.
Mais les possibilités si nombreuses et [Baxandall, 1985 : 39], réinterrogent leur propriété.
variées dont est susceptible cet outil,
pourtant universel et placé à la dis-
position de chacun, qu’est le corps
de l’homme, nous continuons à les
ignorer. […] Des gestes en appa- ■ Formaliser les savoir-faire, normaliser le bon geste
rences insignifiants, transmis de
génération en génération, et proté-
gés par leur insignifiance meme, Que l’on s’intéresse aux relations entre tisserands, métier à tisser et ingénieurs dans
attestent souvent mieux que des
gisements archéologiques ou des l’industrie textile lyonnaise [Carraro, infra], entre menuisiers, charpentiers et pratiques
monuments figés ». de numérisation de leur activité productive en Suisse [Munz], ou que l’on considère
la « vitrinification » [Hainard, 1984 : 189] des gestes de l’artisanat marbrier à Tinos
[Moreno], la mise en propriété des gestes et des savoir-faire implique à chaque fois
d’introduire des règles rationnellement validées et partageables qui soient en capacité
de se substituer à l’instabilité et l’évanescence de chaque situation de pratiques. Cette
démarche demande alors tout un travail de mise en forme du savoir où s’inventent des
systèmes de représentation spécifiques et des modes d’exposition visuelle ou textuelle
nombreux et variés : encodage, carte perforée, vidéo explicative, scénographie,
numérisation, base de données, fiche de poste, mode d’emploi, recette, dessin,
schéma, mise en poème ou en chant, diagramme, graphique, etc. Les exemples
convoqués dans ce numéro nous montrent la diversité de ces formalisations selon les
nécessités respectives des différentes activités. Mais que reste-t-il des savoir-faire dès
lors qu’ils sont formalisés ? Deviennent-ils sources de prescriptions, voire de proscrip-
tions ? Les multiples formes que peuvent prendre les processus de formalisation d’un
savoir-faire s’accompagnent d’un processus de normalisation des gestes, qui, plus
qu’une interrogation du savoir sur le faire pose la question d’un savoir bien faire et
de sa « bonne » représentation qui induit elle-même une forme de prescription et en
retour peut produire un sentiment de dépossession de la part des sujets qui négocient
avec une machine, avec une nouvelle technologie ou avec une pratique de patrimo-
nialisation.
Introduction 11
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faire mais aussi met au jour une question centrale relative aux enjeux de propriété :
pourquoi cela tient-il tant à cœur (à corps ?) que le travail soit bien fait ?
La monotonie, le manque d’« épanouissement personnel », la perte du « plaisir »
évoqués sur le terrain de la numérisation de la construction bois [Munz ] exemplifient
le sentiment de dépossession à l’œuvre dans la formalisation des savoir-faire des arti-
sans15. Celle-ci relève donc en partie d’un processus de « désincorporation », non 15. Comme l’a en effet remarqué
seulement au sens littéral d’abolition des corporations et de recomposition des métiers François Sigaut [2009], il ne faut pas
négliger l’importance et la place du
dans le paysage révolutionnaire telles que décrites par Alain Cottereau [2004], mais plaisir dans un acte technique.
également au sens d’un transfert par lequel les savoir-faire incorporés par les artisans Récemment, Trevor Marchand
[2021] a aussi insisté sur cette
se trouvent comme encapsulés dans des mécanismes, des textes, des algorithmes, des dimension centrale du travail arti-
schémas ou des vitrines. Ils se figent, par ce processus, dans des figures normatives sanal.
qui excluent du champ des savoir-faire les engagements corporels individuels et spéci-
fiques produits dans la situation de production.
Dans le champ patrimonial, Francesca Cominelli, Marie Cornu et Jean-Louis
Tornatore [2021] proposent de considérer les musées comme des « communs » parce
que « le cadre normatif international (du patrimoine culturel immatériel) crée un
espace pour la reconnaissance des communautés et de leur rôle actif dans l’identifica-
tion, la création, la transmission et la sauvegarde du patrimoine ». Mais lorsque, par
exemple en Grèce, le savoir-faire localisé propre à une partie de la population mascu-
line, les marbriers, devient, par métonymie, celui de tout un village (Tinos) qui se
voit donc devenir propriétaire dudit savoir-faire, à qui appartiennent véritablement
les savoir-faire incorporés dans les scénographies [Moreno ] : au musée qui a produit
cette mise en situation ou aux communautés – et lesquelles (les habitants de Tinos ?
les familles de marbriers ? les marbriers seuls ? les experts et les apprentis ?) ? – qui
ont participé à cette patrimonialisation ? Et dans ce flou, quels gestes sont considérés
comme adéquats ?
Formalisation et normalisation du savoir-faire peuvent ainsi participer d’une poli-
tique de contrôle des corps ouvriers dans sa triple dimension biologique, psycholo-
gique et sociale, en ce qu’il y aurait des « bons gestes » que le travailleur devrait
respecter [Carraro ; Munz], où les savoir-faire éminemment sensoriels deviennent
des devoir-faire distinctifs [Giannotta]. C’est effectivement ce vers quoi tendent les
formations « gestes et postures » dispensées dans le monde du travail pour lutter contre
les troubles musculosquelettiques et dont les ergonomes, les sociologues ou les psy-
chologues du travail ont pu montrer les limites : il n’existe pas de « bons » gestes ou
de « bonnes » postures dans l’absolu ; il existe des activités situées qui échappent tou-
jours au travail tel qu’il est prescrit. Au-delà, ce sont aussi de « beaux gestes » qu’il
faut montrer dans les processus de patrimonialisation [Moreno ; Carraro] afin de
donner à voir et à penser, dans une logique finalement très kantienne, ce que serait
le savoir « bien » faire qui est conservé.
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[Munz] ou de diffusion [Buob]. Davantage qu’un changement d’échelle, nous pou-
vons nous demander, en reprenant Hélène Vérin et Pascal Dubourg Glatiny [2008],
si les processus de mise en propriété des savoir-faire ne sont pas des pratiques que
l’on pourrait qualifier de « réduction » ? C’est-à-dire un processus qui, en rapprochant
la connaissance avec l’action, fait entrer des savoir-faire, qui jusque-là étaient « frag-
mentaires, épars et désordonnées » [Ibid. : 14], dans une autre forme et les charge de
nouvelles qualifications et de nouvelles valeurs : la mise en poème de la construction
d’une tente devient un enjeu identitaire [Boulay], la mise en vidéos de la fabrication
d’un violon produit des rapports de pouvoir [Buob], la mise en ligne de techniques
d’allégement modifie la pratique de la marche [Boutroy] ou encore la mise en circula-
tion de recettes cosmétiques domestiques engendre un nouveau marché [Bédinadé].
À chaque fois, des opérations, des rassemblements, des mises en ordre, des codifica-
tions et des inventions paradoxales de gestes et de savoir-faire mettent au jour les
contradictions inhérentes à leur mise en propriété : éviter tâtonnements, jugements
et décisions qu’impliquent les gestes et savoirs routiniers du faire et leur succession
non linéaire dans l’activité productive. La mise en propriété des gestes et du savoir-
faire réduit alors par principe et au minimum l’obligation de faire les choix toujours
nouveaux qui s’imposent dans le quotidien de l’action des sujets sur les objets. Elle
crée ainsi une injonction à avoir des habitudes gestuelles dans une sorte de rationalisa-
tion de l’action efficace qui permettrait in fine de guider, d’abréger et de faciliter
l’exercice de l’activité et de sa représentation à des fins de marchandisation, de média-
tion ou de transmission. Suivant H. Vérin et P. Dubourg Glatiny, ne peut-on pas
finalement se demander si les réductions nécessaires à la mise en propriété des gestes
et des savoir-faire ne marqueraient pas « un souhait d’atteindre une sorte d’universalité
concrète » [2008 : 63] ? Celle-ci se déclinerait dans la tentative de « rendre accessible »
la multiplicité des cas particuliers et la diversité des savoir-faire et des gestes techniques
hétérogènes qui se font dans l’exercice particulier et situé de la pratique.
Le projet de réduction nécessaire aux processus de mise en propriété des gestes et
savoir-faire se préoccupe, en effet, aussi, et de façon paradoxale, de l’accroissement
des connaissances, de leur mise à disposition, de leur diffusion et de leur accessibilité
et participe en ce sens d’un idéal de démocratisation du savoir-faire et des gestes dans
une tension entre fécondité et codification et une méfiance à « l’égard de la rigidité
stérilisante des réductions » [Ibid.]. En effet, on ne brevète, formalise, normalise ou
numérise jamais toute la suite des opérations qui conduisent à la maîtrise et la pratique
d’une technique et d’un métier. Dans la codification des gestes et des savoir-faire, il
Introduction 13
est nécessaire de tenir compte des compétences et des règles de régulation des
conduites, des capacités individuelles à l’invention et à la maîtrise de l’action dont
disposent ceux qui connaissent le « faire ».
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dans ce volume. Quelques exemples illustreront la variété des situations.
Dans les interstices de la légalité au travail, se réalise la perruque quand l’ouvrier
soustrait pour soi des objets, des matériaux, et du temps de travail et se réapproprie
ses savoir-faire. Pour autant, la pratique n’est pas univoque quand elle se trouve sollici-
tée par l’encadrement, comme le montre Michel Anteby [2003] pour produire des
cadeaux de départ à la retraite notamment. Ce faisant, la hiérarchie entérine la posses-
sion de savoir-faire « à cet ouvrier-là » tout en les réintégrant subtilement au cadre
du travail. Sébastien Boulay montre ici comment la mise en patrimoine et la sauve-
garde de savoir-faire (le savoir fabriquer la tente et le savoir composer et interpréter
le theydîn) passent par une dépossession des détenteurs reconnus des savoir-faire, a
minima par un changement de régime de détention et de transmission, nécessitant
détournement du savoir-faire d’origine, négociations pour que l’éventuelle perte
subie soit compensée.
Les savoir-faire féminins autour des corps, décrits par Yvonne Verdier dans son
étude sur Minot [1979], après avoir été appropriés par des médecins gynécologues,
ont été l’objet de mobilisations fortes des féministes [Ruault, 2017]. Elles posaient
ainsi la question de l’expertise concernant les savoirs et pouvoirs sur les corps, réinter-
rogée aujourd’hui en matière de santé, notamment à partir de l’injonction faite aux
patients à devenir « acteurs » de celle-ci. On mesure bien là encore les possibilités de
réappropriation des savoir-prendre soin de soi et leurs limites. Sans donner aux nou-
velles technologies un rôle central dans ce jeu de (re)distribution des expertises, elles
donnent toutefois matières à penser la propriété des savoir-faire à plus d’un titre.
Ainsi, les « forums en ligne, en particulier lorsqu’ils sont centrés autour d’intérêts
partagés pour des cultures techniques, sont des espaces originaux qui contribuent à
questionner l’enjeu de la propriété des savoir-faire » [Boutroy, à propos de la marche
ultra légère]. Fondés sur la co-construction, la modificabilité et le partage gratuit de
bases de savoir-faire en libre accès, « les contenus sédimentés n’appartiennent plus
aux contributeurs, mais à un collectif informel et un site web qui en font un
commun », résistant ainsi « à l’appropriation privative des savoir-faire ». L’intention
n’est toutefois pas toujours suivie des faits car, au-delà des lignes de partage entre
sachant-faire et ne sachant pas faire, émergent aussi des situations qualifiées par les
acteurs de vol, qui, ce faisant, redéfinissent des propriétaires. En outre, les technolo-
gies numériques ne se mettent pas en place sans rapports de pouvoir et il faudrait
que le jeu soit joué unanimement pour que le savoir-faire et ses fruits ne soient
effectivement pas privatisés. Des tentes ultra légères se retrouvent ainsi sur le marché,
un film échappe à son réalisateur [Buob] ; les open source font aussi l’objet de stratégies
qui peuvent aller à l’encontre d’un intérêt commun [Bessy].
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elle-même, tandis que « le savoir-y-faire, c’est le savoir-faire en situation » et en ce
sens c’est un « savoir y mettre de sa personne ». Ces nuances interrogent : ce qui est
possédé en propre est-ce un savoir-faire ou un savoir faire quelque chose en situation ?
Nous sommes ici dans la sémantique de l’adresse telle que rappelée par Mauss :
« mais en français nous n’avons qu’un mauvais terme, “habile”, qui traduit mal le
mot latin “habilis”, bien meilleur pour désigner les gens qui ont le sens de l’adaptation
de tous leurs mouvements bien coordonnés aux buts, qui ont des habitudes, qui
“savent y faire” […] c’est l’habileté à quelque chose. Encore une fois nous sommes
bien dans le domaine technique » [1950 (1936) : 375]. « Savoir y faire » rappellerait
ainsi le « savoir ruser avec » ou, comme chez Geneviève Delbos et Paul Jorion [(1990)
1984], une expression pour désigner un « savoir se conduire », reconnu collectivement
sans pouvoir être précisément nommé. Mais si la nuance accorde une importance à
la situation, le « y » pourrait alors laisser place à ce qui dans l’activité échappe au
savoir-faire : l’unique, le singulier, le partageable, mais toujours transformé au cours
des processus. Et peut-être le versant individuel du savoir-faire.
Dans le passage de l’entreprise privée vers le musée public [Moreno], de l’écono-
mie informelle à l’économie formelle [Giannotta], de la sphère domestique à la sphère
marchande [Bédinadé], de la pratique à sa mise en images [Buob] ou encore de la
pratique individuelle à celle, collective, de l’entreprise [Bessy], il est donc aussi ques-
tion, en creux, « de porter son attention sur » ce qui échappe dans les enjeux de
qualification de la propriété des gestes et des savoir-faire et de considérer en quoi cet
empêchement est heuristique pour les penser, voire qu’il est une entrée privilégiée
vers ces « domaines de connaissances restreintes » [Marchand, 2009]. Ne pas avoir
accès à l’ensemble des transferts que subissent les gestes et les savoir-faire dans leur
mise en propriété, loin de cacher ces processus, met en avant l’importance qu’il y a
à privilégier les formes que prennent ces processus de transferts selon les contextes
dans lesquels ils sont produits. Comme l’a montré Arnaud Dubois [2019 : 16] dans
un autre contexte, cette attention particulière aux logiques de la dissimulation et de
la divulgation montre surtout que les savoir-faire sont distribués entre différents
acteurs et dans différentes sphères d’activités qui empêchent les chercheurs et les
acteurs eux-mêmes d’avoir un regard panoptique sur le sujet. C’est alors en s’intéres-
sant aux différentes dynamiques « des opérations interdépendantes de dissimulation et
de révélation, d’exclusion et d’inclusion » [Jones, 2014 : 54] de la mise en propriété
des gestes et des savoir-faire que l’on peut être en capacité de révéler leur complexité
et leur logique interne. Il s’agit ainsi d’éviter leur essentialisation et de « rendre » aux
Introduction 15
acteurs leur capacité à déterminer eux-mêmes « ce qui vaut » d’être protégé, exposé,
numérisé, formalisé, etc. Comment dès lors les processus de mise en propriété des
gestes et des savoir-faire et leurs contradictions sont-ils à la fois un moyen d’éclairer
ce que les sujets considèrent comme valant la peine d’être défendu et ce qui ne l’est
pas, les vecteurs par lesquels cela peut l’être, mais aussi un moyen de délimiter les
contours d’une identité toujours en train de se construire (par le groupe, par les
sujets) et d’être construite (par d’autres) ?
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