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Les sanctions des Nations unies et leurs effets
secondaires | Djacoba Liva Tehindrazanarivelo
Chapitre I. L’origine
des effets
secondaires : les
sanctions du
chapitre VII de la
Charte
p. 17-69
Texte intégral
1 L’on sait que les effets secondaires, objet de notre étude,
proviennent de l’application des sanctions prévues au
chapitre vii de la Charte. Le mot « sanction » n’est
toutefois mentionné nulle part dans la Charte, encore
moins dans son chapitre vii qui réglemente les actions
de l’ONU en cas d’atteinte à la paix et à la sécurité
internationales. Ce chapitre ne parle que de « mesures »
ou de « mesures préventives et coercitives ». Sur la base
de ce constat, et d’autres arguments que nous aurons
l’occasion de mentionner plus tard, certains auteurs
avancent que ces actions ne constituent pas des
sanctions au sens juridique du terme. Il s’agit seulement
pour ceux-ci de mesures politiques ou de mesures de
police. D’autres auteurs avancent au contraire que
celles-ci peuvent bien être des sanctions juridiques.
Étant donné que les développements qui vont suivre
prennent comme postulat le caractère de sanction des
mesures du chapitre vii de la Charte, comme le montre
l’utilisation des termes « sanctions des Nations Unies »
dans les différents titres de notre étude, la clarification
de la nature juridique de ces mesures nous paraît être
un préalable indispensable (Section I). Une fois cette
clarification faite, il s’agira alors, pour bien comprendre
comment les effets secondaires se produisent,
d’examiner d’une part le processus de déclenchement
des sanctions (Section II) et d’autre part les modalités
d’exécution des sanctions ainsi décidées, notamment les
obligations des Etats à cet égard, quelles que soient
leurs positions quant aux effets secondaires constatés
(Section III).
§ 1. La notion de sanction
3 Il n’est pas dans notre propos de s’attarder sur les
différentes conceptions de la sanction dans la théorie
juridique. Il s’agit avant tout de déterminer la nature
juridique des actions des Nations Unies pour le maintien
de la paix et la sécurité internationales, prévues au
chapitre vii de la Charte. De cette détermination
découlent plusieurs conséquences importantes pour
notre étude.
4 A l’analyse de la doctrine, on constate d’abord qu’il y a
plusieurs définitions ou conceptions de la sanction. On
peut ensuite remarquer que cette multitude de
définitions vient d’une différence de perception de la
place de la sanction dans un ordre juridique. C’est dire
que la définition d’une sanction est liée à la conception
même que l’on a du droit, c’est-à-dire du rôle accordé à
la sanction par rapport à l’existence du droit. La
définition que nous allons retenir sera alors celle basée
sur la conception du droit qui nous semble la plus
appropriée pour la société internationale.
B. La pratique
66 Dans la pratique, la majorité des actions coercitives du
Conseil est basée sur la constatation d’une menace
contre la paix et la sécurité internationales – ou de
menace contre la paix et la sécurité dans la région
considérée86. Ainsi, sur un total de dix-huit régimes de
sanctions imposées à ce jour par le Conseil de sécurité,
dix-sept sont basés sur une constatation de menace
contre la paix, un basé sur la constatation d’une rupture
de la paix, et aucun sur une constatation d’un acte
d’agression87.
1. Les sanctions basées sur la menace contre la paix
67 Il s’agit souvent de menaces provenant de situations de
conflits internes. C’est notamment le cas de douze
sanctions sur les dix-sept décrétées sur la base d’une
menace contre la paix. On peut classifier l’origine de ces
menaces de la manière suivante, tout en reconnaissant
que certaines situations rentrent dans deux ou plusieurs
classifications :
Notes
22. H. Kelsen, « Théorie générale du droit international public.
Problèmes choisis », RCADI, t. 42, 1932-TV, p. 124. Cet auteur
affirme : « Le droit est un ordre de contrainte... Si la société ne
connaissait plus la contrainte, le règlement des actions humaines
cesserait d’être du droit... Telle est en effet la forme essentielle de
toute règle de droit : unir deux faits, dont l’un est la conduite
socialement nuisible, “l’illicite (Unrecht)”, et l’autre, la sanction
(Unrechtsfolge) ». Et le même auteur de préciser : « Si on ne la
rapporte pas ainsi à l’acte de contrainte, à la sanction, la norme qui
prescrit l’acte socialement désirable peut encore avoir un sens
moral : elle n’a certainement plus le caractère juridique » ; ibid.,
p. 125.
23. Pour une analyse par des internationalistes de la relation entre
le droit et la sanction dans la définition d’un ordre juridique, voir :
G. Abi-Saab, « Cours général de droit international public », RCADI,
t. 207, 1987-VII, pp. 105-125 ; E. Giraud, « Le droit international
public et la politique », pp. 660-662 ; H. Kelsen, « Théorie
générale », pp. 124 et s. ; R. Monaco, « Cours général de droit
international public », RCADI, t. 125, 1968-III, pp. 313-316 ; M.
Virally, « Sur la prétendue primitivité du droit international », in :
Le droit international en devenir. Essais écrits au fil des ans, PUE,
coll. IUHEI, 1990, pp. 91-101 ; P. Weil, « Le droit international en
quête de son identité. Cours général de droit international public »,
RCADI, t. 237, 1992-VI, pp. 46 et 53-58.
24. M. Bourquin, « Règles générales du droit de la paix », RCADI, t.
35, 1931-I, p. 202. Pour cet auteur, le rôle de la sanction est plus
large que la seule coercition tendant au retour à la légalité parce
qu’elle tend aussi à parfaire et à préciser la règle juridique : « Que
la sanction ne soit pas un élément intrinsèque de la règle de droit,
mais simplement un adjuvant, un moyen extérieur d’en assurer la
positivité, nous avons déjà eu l’occasion de le signaler. Ce n’est pas
une raison toutefois pour en sous-estimer l’importance, car non
seulement elle consolide la norme et assure son efficacité, mais
bien souvent elle contribue à faire évoluer le droit, à dégager les
nonnes elles-mêmes, en obligeant ceux qui doivent l’appliquer à
des investigations plus approfondies, plus minutieuses et plus
nuancées » ; ibid., p. 202.
25. P. Weil, « Cours général », p. 53.
26. L. Cavaré, « Les sanctions dans le cadre de l’ONU », RCADI, t. 80,
1952-1, p. 199.
27. Il est d’ailleurs intéressant de noter que dans la majorité des
manuels et cours généraux de droit international public, la
question relative aux sanctions est traitée dans la partie consacrée
à l’application du droit international ou à la fonction exécutive du
système juridique international. A l’inverse, on remarque que chez
Hans Kelsen, qui considère la sanction comme une condition de
juridicité d’une norme, cette question est traitée dans la partie
relative à la validité du droit international ; « Théorie générale »,
pp. 124 et s.
28. R. Monaco, « Cours général », p. 314.
29. Ch.-A. Morand, « La sanction », Archives de philosophie du droit,
t. 35, 1990, p. 304.
30. M. Virally, « Panorama du droit international contemporain.
Cours général de droit international public », RCADI, t. 183, 1983-V,
p. 221.
31. Ch.-A. Morand, « La sanction », p. 305.
32. J. Combacau, « Sanctions », EP1L, vol. 9, p. 339.
33. Pour G. Abi-Saab, la contrainte est le premier élément d’une
sanction, entendue comme une mesure imposée « contre la volonté
du destinataire, ou du moins sans son consentement », ayant pour
but ultime « d’infléchir sa volonté pour le ramener à un
comportement conforme au droit » ; « Cours général », p. 300.
34. R. Monaco, « Cours général », p. 316.
35. G. Abi-Saab, « De la sanction en droit international. Essai de
clarification », in : Theory of International Law at the Threshold of
the 21st Century: Essays in honour of Krzytof Skubiszewski, Kluwer
Law, 1996, p. 62.
36. Il est à préciser que la fonction coercitive immédiate de la
sanction, qui est son premier but, ne l’empêche pas de remplir une
fonction préventive à long terme parce que l’existence ou la
prévisibilité même d’une sanction incite les Etats à ne pas violer
leurs obligations juridiques.
37. Entendue au sens large, tel que défini par G. Abi-Saab, à savoir
tous les moyens de pression et de contrainte et non le sens plus
étroit, employé quelquefois en droit interne, signifiant l’exécution
de la prestation exigée directement par la puissance publique ;
« De la sanction », p. 286.
38. Ibid., p. 63.
39. Ibid., p. 63. Voir aussi Ch. Leben, « Les contre-mesures inter-
étatiques et les réactions à l’illicite dans la société internationale »,
AFDI, 1982, p. 19.
40. L. Cavaré, « Les sanctions dans le cadre de l’ONU », p. 197.
41. Voir, outre les cours généraux cités dans les pages précédentes,
J. L. Brierly, “Sanctions”, read before the Grotius Society at the
Annual Meeting, May 14, 1931, pp. 67-84 ; L. Cavaré, « L’idée de
sanction », pp. 385-445 ; J. Combacau, Le pouvoir de sanction de
l’ONU. Etude théorique de la coercition non militaire, Pedone, 1974,
394 p. ; V. Gowlland-Debbas, Collective Responses to Illegal Acts in
International Law. The United Nations Action in the Question of
Southern Rhodesia, Martinus Nijhoff, 1990, pp. 461-465 ; Ch. Leben,
Les sanctions privatives de droits, pp. 17 et s. ; O. Shigeyoshi,
“International Law and Coercion”, Japanese Annual of Int’l Law,
vol. 27, 1984, pp. 12-26 ; L.-A. Sicilianos, « Bilan de recherches de la
section française du Centre d’étude et de recherche de
l’Académie », in Académie de droit international de la Haye, Les
sanctions économiques en droit international, Martinus Nijhoff,
2002, pp. 19-127.
42. R. Monaco, « Cours général », p. 313.
43. J.L. Brierly, “Sanctions”, p. 68. L’italique est de l’auteur.
44. L. Cavaré, « L’idée de sanction », p. 387.
45. P. De Visscher, « Cours général de droit international public »,
RCADI, t. 136, 1972-II, p. 15. Cet auteur remarque avec raison que
cette antériorité historique a incité certains théoriciens du droit à
voir dans le droit interne le modèle ou l’idéal du droit international
« parce qu’ils avaient coutume de raisonner sur la base de la seule
réalité du droit étatique et... ont vu dans les caractéristiques
communes aux divers droits étatiques le critère de tout ordre
juridique quelconque » (ibid., p. 15). Pour notre étude, cette
remarque implique qu’il faut se focaliser sur les fonctions
intrinsèques de la sanction. Il ne faut pas voir si les sanctions
existant en droit interne sont observées en droit international,
mais plutôt apprécier si les mêmes fonctions de la sanction sont
accomplies dans l’ordre juridique international.
46. ACDI, 1979, vol. II, 2e partie, p. 134, par. 21.
47. Ibid., par. 21.
48. Voir les articles 49 à 53 du Projet d’articles sur la responsabilité
de l’Etat pour fait internationalement illicite ; textes et
commentaires dans A/56/10, pp. 45 et s.
49. Ce que Charles Leben qualifie de « limites quant au domaine
sanctionné » dans le cadre de l’apport des organisations
internationales à la problématique des sanctions internationales ;
Les sanctions privatives, p. 105. On assiste toutefois depuis quelque
temps à une tendance des organisations internationales à réagir à
des faits qui ne sont qu’envisagés ou suggérés par leurs chartes
constitutives, élargissant ainsi les faits sanctionnables.
50. Sur cette « nécessité d’agir » ressentie par les Etats face à la
violation de leurs droits objectifs, voir Ch. Alibert, Du droit de se
faire justice dans ta société internationale depuis 1945, LGDJ, 1983,
pp. 582 et s. ; Ch. Leben, « Les contre-mesures inter-étatiques »,
pp. 59 et s.
51. Voir UNCIO, vol. IV, pp. 14 et s. Le Projet de Dumbarton Oaks
servait de base de discussions pour l’adoption de la Charte des
Nations Unies.
52. UNCIO, vol. XX, p. 812. Ce volume contient l’évolution du texte
de la Charte avec les propositions supprimées et celles ajoutées par
rapport au Projet de Dumbarton Oaks.
53. Certains peuvent douter de cette assertion en arguant, par
exemple, que ces recommandations ou décisions s’adressent plutôt
aux autres Etats qui participent aux actions coercitives des Nations
Unies. Pour nous, ces décisions s’adressent bien aux Etats
concernés par le différend ou la situation mettant en danger la
paix car, autrement, le paragraphe 3 de cette section B serait
inutile, voire absurde. On se trouverait alors dans une situation
illogique où le Conseil demanderait aux Etats, dans un premier
temps (par. 2), de prendre certaines mesures en vue de maintenir
ou rétablir la paix et, dans un deuxième temps (par. 3), demander
aux mêmes Etats de prendre d’autres mesures pour faire
appliquer les premières décisions qu’ils n’ont pas, eux-mêmes,
appliquées.
54. Art. 40 : « Afin d’empêcher la situation de s’aggraver, le Conseil
de sécurité, avant de faire les recommandations ou de décider des
mesures à prendre conformément à l’Article 39, peut inviter les
parties intéressées à se conformer aux mesures provisoires qu’il
juge nécessaires ou souhaitables. Ces mesures ne préjugent en rien
les droits, les prétentions ou la position des parties intéressées. En
cas de non-exécution de ces mesures provisoires, le Conseil de
sécurité tient dûment compte de cette défaillance ».
55. Combacau, Le pouvoir de sanction, p. 12.
56. Ibid.
57. Ibid., p. 11.
58. S/RES/660 (1990), 2 août 1990, par. 2.
59. S/RES/748 (1992), 31 mars 1992, par. 1.
60. S/RES/1267 (1999), 15 oct. 1999, par. 2.
61. Il arrive aussi que les injonctions qui suivent la constatation
dans le cadre du chapitre vii soient adressées dans la même
résolution imposant les sanctions. C’est le cas par exemple de
l’intervention du Conseil de sécurité dans le conflit frontalier entre
l’Erythrée et l’Ethiopie où le Conseil a exigé aux deux parties de
mettre fin immédiatement à toute action militaire, de s’abstenir de
toute action qui puisse exacerber les tensions, et d’organiser dès
que possible, sans conditions préalables, de nouveaux entretiens de
fond en vue de la paix, sous les auspices de l’OUA (S/RES/1298
(2000), 17 mai 2000, par. 2, 3 et 4). Immédiatement après, le Conseil
a imposé un embargo sur les armes et les matériels militaires
contre les deux Etats (par. 6). A noter que les demandes adressées
aux deux parties dans cette résolution sanctionnatrice reprenaient
celles déjà faites dans les résolutions 1177 (1998), 1226 (1999), 1227
(1999) et 1297 (2000), prises en dehors du chapitre vii.
62. On peut néanmoins dire que l’interdiction du recours à la force
– prévue par l’article 2, par. 4, de la Charte – recouvre l’obligation
de ne pas commettre un acte d’agression.
63. H. Kelsen, The Law of the UN, p. 294.
64. Ibid., p. 733. Le passage suivant est aussi souvent cité par les
tenants de cette position : “To interpret enforcement measures taken
in accordance with article 39 not as sanctions, but as measures to be
used by the Security Council at its discretion, would be in conformity
with the general tendency which prevailed in drafting the Charter;
the predominance of the political over the legal approach” ; ibid.,
p. 735.
65. Ibid., pp. 733-737.
66. H. Kelsen, « Théorie du droit international public », RCADI, t. 84,
1953-111, p. 17.
67. Ibid., p. 53. Les italiques sont de nous
68. Ibid., p. 54.
69. Combacau, Le pouvoir de sanction, p. 16. Les italiques sont de
l’auteur.
70. Ibid., p. 13.
71. Doc. SDN, A. 1921 P., pp. 736 et s. Pour une étude plus
approfondie des débats sur la question, voir J. Ray, Commentaire du
Pacte de la Société des Nations, selon la politique et la jurisprudence
des organes de la Société, Sirey, 1930, tome I, pp. 507 et s. Selon un
autre auteur, ce pouvoir de constatation individuelle de la rupture
du Pacte par les Etats était « un principe fondamental pour
l’interprétation de l’article 16... approuvée par l’Assemblée lors de
sa première réunion » ; O. Hoijer, Le Pacte de la Société des Nations.
Commentaire théorique et pratique, Editions Spes, 1926, p. 306.
72. Cf. J. Ray, Commentaire du Pacte, p. 507.
73. Les italiques sont de nous.
74. Cette affirmation n’est valable que dans le cadre des sanctions
des Nations Unies. En droit international général, seul le recours à
des réactions militaires est prohibé, en dehors des cas de légitime
défense. Le recours à des mesures de réaction non-militaires est
encore, sous certaines limites, tolérable car il n’y a pas jusqu’à
présent de règles générales protégeant les activités économiques
en dehors des obligations conventionnelles.
75. Cette position de principe est malheureusement non respectée
dans la pratique. Un exemple en est l’imposition d’une zone
d’exclusion aérienne par les Etats-Unis et le Royaume-Uni en Iraq,
et les bombardements continus que ces Etats avaient mené pour
faire respecter cette zone d’exclusion jusqu’à leur intervention
armée de 2003. Aucune décision du Conseil de sécurité sur la
situation en Iraq n’autorisait la création de cette zone, comme
l’affirmaient continuellement les Etats dans leurs critiques de ces
actions à l’occasion de l’examen périodique de la situation en Iraq
au sein du Conseil de sécurité. La Russie était même allée jusqu’à
proposer, au sein du Comité spécial de la Charte, une demande
d’avis consultatif à la Cour internationale de Justice sur la licéité du
recours à la force par des Etats en l’absence d’une autorisation
préalable du Conseil de sécurité ou en dehors du cas de légitime
défense (Cf. A/57/33, par. 140 et s.). La réussite de cette initiative
aurait pu éviter au monde la tragédie en Iraq au lendemain de son
invasion en 2003 par des Etats, sans une autorisation préalable du
Conseil de sécurité.
76. On verra tout de même que de nombreux Etats avaient décidé,
par le biais des décisions des organisations régionales, de mettre
un terme aux sanctions contre la Libye avant l’adoption d’une
résolution correspondante du Conseil de sécurité (infra, chapitre vi,
section III). L’on sait également que les Etats-Unis d’Amérique
avaient décidé de lever unilatéralement les sanctions qu’ils
appliquaient contre l’Iraq le 7 mai 2003, le jour même où ils
introduisaient un projet de résolution en ce sens auprès du Conseil
de sécurité. Le Président C. W. Bush annonçait ainsi : “Today I
removed the sanctions imposed by the United States against Iraq’s old
government. First, based on the authority recently given to me by the
Congress, I am suspending the Iraq Sanctions Act, which restricts the
export of certain equipment necessary for Iraq’s reconstruction.
Secondly, I am directing Treasury Secretary Snow to relax
administrative sanctions on American companies and citizens
conducting business in Iraq that contributes to humanitarian relief
and reconstruction” ; Joint Press Availability with President Bush and
President Aznar, The Cross Hall, 7 May 2003, copié le 10 juin 2003
du site de la Maison Blanche,
http://www.whitehouse.gov/news/releases/2003/05/iraq/20030507-
15.html.
77. C’est la sanction de l’exclusion prévue à l’article 6 de la Charte.
L’on sait toutefois dans cet exemple, où le Conseil de sécurité
recommande et l’Assemblée générale décide, que le Conseil peut
bloquer une procédure d’exclusion en utilisant son veto contre
l’adoption de toute recommandation en ce sens. Voir également la
suspension du droit de vote d’un Etat à l’Assemblée générale pour
cause de violation de ses obligations financières, envisagée par
l’article 19.
78. G. Cohen-Jonathan, « Commentaire de l’art. 39 », in J. P. Cot & A.
Pellet (dirs.), La Charte des Nations Unies. Commentaire article par
article, Economica, 1991, 2e éd., p. 665 ; M. Zambelli, La constatation
des situations de l’article 39 de la Charte des Nations Unies par le
Conseil de sécurité. Le champ d’application des pouvoirs prévus au
chapitre vii de la Charte, Helbing & Lichtenhan, 2002, p. 102.
79. Texte dans P.-M. Dupuy, Grands textes de droit international
public, Dalloz, 1996, pp. 261-264.
80. Dans bon nombre d’écrits de droit international, il arrive
souvent que l’on se réfère à un « article de la résolution 3314 ». Ce
mode de citation n’est cependant pas correct car dans les articles
(ou paragraphes) 1 à 4 de la résolution 3314, l’Assemblée générale :
1) approuve la définition de l’agression dont le texte est joint en
annexe ; 2) exprime sa satisfaction au Comité spécial qui a élaboré
cette définition ; 3) demande à tous les Etats de s’abstenir de tous
actes d’agression telle que définie en annexe ; et 4) appelle
l’attention du Conseil de sécurité sur la définition qui figure en
annexe et lui recommande d’en tenir compte, selon qu’il
conviendra, en tant que guide pour déterminer, conformément à la
Charte, l’existence d’un acte d’agression.
81. Cette question ne semble pas être réglée par la résolution 3314.
Les réserves des articles 2 et 4 tendent seulement à ne pas obliger
le Conseil de sécurité à constater une agression dès la commission
de l’un des actes énumérés dans le texte, et à ne pas l’empêcher de
déclarer comme agression un acte militaire qui n’y est pas inclus.
Par contre, il est difficile de déduire de ces réserves que
l’Assemblée générale a autorisé le Conseil de sécurité à voir une
agression dans des actes qui n’ont pas la même nature militaire
que ceux énumérés dans la résolution 3314.
82. Voir N. D. White, The United Nations and the Maintenance of
International Peace and Security, Manchester University Press,
1990, p. 47.
83. J. Combacau, Le pouvoir de sanction, p. 96.
84. B. Conforti, « Le pouvoir discrétionnaire du Conseil de sécurité
en matière de constatation d’une menace contre la paix, d’une
rupture de la paix ou d’un acte d’agression », in R.-J. Dupuy (ed.), Le
développement du rôle du Conseil de sécurité. Peace-keeping and
Peace-building, Colloque de l’Académie de droit international de
la Haye, Martinus Nijhoff, 1993, p. 53.
85. N. D. White, The UN and the Maintenance of International Peace,
p. 43.
86. Pour une analyse systématique du contenu pratique des
situations de l’article 39, jusqu’en 2002, voir M. Zambelli, La
constatation des situations de l’article 39, pp. 194 et s.
87. Situation au 30 janvier 2005. Nous ne décompterons ici que les
constatations suivies de l’imposition de sanctions, à l’exclusion des
constatations justifiant la création d’une opération de maintien de
la paix, par exemple. Dans ce décompte, il faut aussi noter que
certaines sanctions concernent le même Etat (Yougoslavie et
Libéria) mais comptées deux fois en raison de la différence des
motifs de leur imposition.
88. Constatations faites respectivement dans : S/RES/232 (1966) du
16 déc. 1966, S/RES/841 (1993) du 16 juin 1993, et S/RES/1132 (1997)
du 8 oct. 1997.
89. S/RES/418 (1977) du 4 nov. 1977.
90. S/RES/713 (1991) du 25 sept. 1991.
91. Respectivement, S/RES/918 (1994) du 16 mai 1994 et S/RES/1199
(1998) du 23 sept. 1998. A noter que dans le cadre de sanctions
contre la RFY/Kosovo, un embargo sur les armes et matériels
connexes était déjà imposé par la résolution 1160 du 31 mars 1998,
mais la qualification du conflit au Kosovo comme une menace
contre la paix n’a été faite qu’en septembre 1998.
92. Respectivement, S/RES/788 (1992) du 19 nov. 1992, S/RES/864
(1993) du 15 sept. 1993, et S/RES/1572 (2004) du 15 nov. 2004.
93. Respectivement, S/RES/733 (1992) du 23 janv. 1992 et S/RES/1493
(2003) du 28 juil. 2003.
94. S/RES/748 (1992) du 31 mars 1992.
95. S/RES/1054 (1996) du 26 avril 1996.
96. S/RES/1267 (1999) du 15 oct. 1999.
97. S/RES/1298 (2000) du 17 mai 2000.
98. S/RES/1343 (2001) du 7 mars 2001, avant-dernier alinéa du
préambule.
99. S/RES/660 (1990) du 2 août 1990.
100. Telle que proposée par l’Assemblée générale dans sa
résolution 3314 (Annexe, art. 3, al. a).
101. Qualifications faites respectivement dans S/RES/82 (1950) du
25 juin 1950 ; S/RES/502 (1982) du 3 avril 1982 ; et S/RES/598 (1987)
du 20 juillet 1987.
102. Pour une vue d’ensemble des sanctions imposées sous le
chapitre vii, avec les résolutions pertinentes, voir
http://www.un.org/News/ossg/sanction.htm (mise à jour
régulièrement par le Secrétariat de l’ONU).
103. S/RES/83 (1950), 27 juin 1980, dernier paragraphe.
104. Voir également les résolutions S/RES/752 (1992) et S/RES/757
(1992) sur la R. F. Yougoslavie ; S/RES/731 (1992) et S/RES/748 (1992)
sur la Libye.
105. Supra, p. 36. Voir à ce propos le point de vue d’A. Pellet,
« L’agression », Le Monde, 23 mars 2003 ; et l’analyse d’A. El-Amir,
“Beyond the Veto”, Al-Ahram Weekly, April 3-9, 2003.
106. S/RES/1472 (2003), 28 mars 2003, par. 3.
107. Il est à noter que la majorité des membres non permanents du
Conseil de sécurité dispose aussi d’un pouvoir de blocage parce
qu’une décision de fond du Conseil n’est prise qu’avec l’accord des
neuf de ses quinze membres. Ce qui fait que les cinq membres
permanents ont tout de même besoin des votes de quatre membres
non permanents pour faire adopter leur proposition de décision.
On sait toutefois que ce pouvoir de blocage est difficile à utiliser
dans la mesure où il suppose une position commune d’au moins
sept des dix membres non permanents du Conseil.
108. Voir à cet égard le rapport du Groupe de personnalités de haut
niveau créé par le Secrétaire général de l’ONU pour faire des
recommandations sur les mesures permettant de renforcer les
capacités de l’Organisation à faire face aux menaces du xxie siècle ;
A/59/565, 2 déc. 2004, p. 25, par. 41.
109. J. Combacau, Le pouvoir de sanction, p. 110.
110. C’est notamment le cas de l’intervention armée de l’OTAN au
Kosovo où les Etats membres de cette organisation a justifié leurs
actions, entre autres, sur le non-respect par la Yougoslavie des
résolutions 1160 (1998), 1199 (1998) et 1203 (1998), par lesquelles le
Conseil de sécurité qualifiait la situation au Kosovo de menace
contre la paix et prévoyait d’examiner les mesures additionnelles
ou d’autres actions nécessaires pour rétablir et maintenir la paix et
la sécurité dans la région. Sur les aspects juridiques de ces actions
de l’OTAN, voir M. Kohen, « L’emploi de la force et la crise du
Kosovo : vers un nouveau désordre juridique international ? »,
RBDI, 1999 (1), pp. 122-148 ; A. Pellet, « “La guerre au Kosovo” – Le
fait rattrapé par le droit », Forum du droit international, 1999 (1),
pp. 160-165 ; B. Simma, “NATO, the UN and the Use of Force: Legal
Aspects”, EJIL, vol. 10, 1999, pp. 1-22 ; S. Sur, « L’affaire du Kosovo et
le droit international : points et contrepoints », AFDI, 1999, pp. 280-
291 ; Ph. Weckel, « L’emploi de la force contre la Yougoslavie ou la
Charte fissurée », RGDIP, t. 104, 2000, pp. 19-35 ; D. H. Joyner, “The
Kosovo Intervention: Legal Analysis and a More Persuasive
Paradigm”, EJIL, vol. 13 (3), 2002, pp. 597-619.
111. M. Virally, L’Organisation mondiale. Armand Colin, 1972, p. 462.
112. L. F. Damrosch, “The Civilian Impact of Economic Sanctions”, in
L. F. Damrosch (ed.), Enforcing Restraint. Collective Intervention in
Internal Conflicts, Council on Foreign Relations Press, 1993, p. 300.
113. Ainsi R. Falk (« Les Nations Unies sous la coupe de
Washington », Le Monde diplomatique, fév. 1991, pp. 3 et s.) disait
que « la guerre n’aurait pas dû être permise, même sous forme de
menace comme ce fut le cas avec la date-butoir du 15 janvier... Il
n’est pas possible d’affirmer que le blocus aurait porté ses fruits à
tout coup, mais il était beaucoup trop tôt pour dire qu’il aurait
échoué ». Dans d’autres passages, le même auteur écrivait : « La
solution non guerrière – le blocus -–pouvait encore faire ses
preuves », et il est « incongru de la part de l’ONU de n’avoir pas
attendu, même si aucune solution diplomatique n’était encore en
vue ».
114. R. Ben Achour, qui n’est pourtant pas avare de critiques –
ajuste titre – à l’égard des sanctions contre l’Iraq, a reconnu cette
« inefficacité des sanctions internationales à réaliser la libération
du Koweït ». Voir « Les sanctions contre l’Iraq : quelle efficacité ? »,
in R. Mehdi (ed.), Les Nations Unies et les sanctions : quelle efficacité,
Huitièmes rencontres internationales d’Aix-en-Provence, Pedone,
2000, pp. 97 et s.
115. Dans cette résolution, le Conseil de sécurité, « Résolu à faire
pleinement respecter ses décisions...