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Nihat Dursun
2001/1 no 3 | pages 23 à 26
ISSN 1376-0963
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-pensee-plurielle-2001-1-page-23.htm
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Les obstacles
dans les relations interculturelles
La médiation et les missions
du médiateur interculturel
NIHAT DURSUN
Nihat DURSUN est médiateur culturel à la ville de Charleroi dans le cadre du Contrat de
Sécurité et de Société. Il réfléchit aux obstacles que rencontre la médiation culturelle en
milieu scolaire et professionnel ainsi qu'aux conditions d'une relation interculturelle tout en
précisant les missions spécifiques du médiateur.
I. En milieu scolaire :
L’école est un lieu de socialisation et de culturalisation des futurs citoyens et
elle joue un rôle irremplaçable dans l’accueil et l’insertion des enfants des groupes
minoritaires.
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démarches envers l’école. Ces difficultés sont basées notamment sur le manque de
communication et la méconnaissance de la culture de la société dans laquelle ils
vivent, du fonctionnement de l’école et du système scolaire belge : les réseaux, les
types d’enseignement, les types d’écoles…
Par exemple, en Turquie, surtout en milieu rural, les enseignants et les par-
ents sont assez proches. Dans les villages de 50 à maximum 300 habitants, tout le
monde se connaît et les relations entre personnes sont très familiales. L’instituteur
est bien accepté, il est connu comme un membre du village. Les contacts entre par-
ents et école (instituteur) peuvent se produire à tout moment de la journée, c’est-à-
dire que les parents se permettent d’aller trouver l’instituteur chez lui, se permettent
de lui poser des questions dans la rue, et l’instituteur peut aussi faire les mêmes
démarches envers les parents ou «veli»1 de l’enfant.
Par contre, en Belgique, les contacts entre l’école et les parents ne se
passent pas de la même manière. Le seul moyen d’obtenir des renseignements est
de participer à la réunion de parents organisée ponctuellement, ou de rencontrer
occasionnellement l’institutrice, quelques minutes avant l’entrée en classe. Cette
démarche est rendue plus difficile par la méconnaissance de la langue et de la cul-
ture de l’autre qui empêche une approche mutuelle.
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Personne responsible de l’enfant vis-à-vis de l’école, qui peut être son oncle, sa tante, son grand
frère, et qui est davantage scolarisée que les parents.
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sion que les modèles, que leur société a éliminés ou tente encore d’éliminer, sem-
blent réapparaître au travers des attitudes et comportements des personnes
d’autres cultures : soumission de la femme, intrusion de la religion dans la société…
d’où la crainte de perdre les acquis de la société moderne, alors la culture de l’autre
perce comme un antimodèle.
En conclusion : dans une société réellement interculturelle, chaque groupe
social doit pouvoir entrer dans des conditions d’égalité, quels que soient sa culture,
son mode de vie ou son origine, et l’interculturel ne doit pas aboutir à un modèle de
société qui uniformise les valeurs de représentation sous des dehors de respect des
différences. Parce que, si c’était le cas, l’interculturel ne serait qu’un «travail de
deuil paradoxal sur le mode de la dénégation, face à une composante qui, dans
l’autre, serait disparue ou en voie de disparition».
Cette composante, nous l’avons appelée l’altérité radicale. «Pour le dire sim-
plement, dans tout autre il y a autrui - ce qui n’est pas moi, ce qui est différent de
moi, mais que je peux comprendre, voire assimiler - et il y a aussi une altérité ra-
dicale, inassimilable, incompréhensible, et même impensable. Et la pensée occi-
dentale ne cesse de prendre l’autre pour autrui, de réduire l’autre à autrui. Réduire
l’autre à autrui est une tentation d’autant plus difficile à éviter que l’altérité radicale
constitue toujours une provocation et qu’elle est ainsi vouée à la réduction et à l’ou-
bli dans l’analyse, la mémoire, l’histoire». 2
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J. Baudrillard et M. Guillaume, Figures de l’altérité, Paris, Descartes et Cie,1994.
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