Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
de Po·rla - Sor.bonne·
TU!Nl,S Sœ T~D~
11981
)\
\ \
•
").','> (
.
( "\. l, '
A Il (Il A t1 ·~::.A/(.
« ... Rien n'est plus décevant que cette histoire du Maghreb dépourvue
de chronologie et qui s'écrit à coup d'épée. On a beau s'en défendre, on
ne peut faute de documentation, s'évader de l'histoire-batailles. Aussi
quand se présentent d'autres avenues, est-on peut-ltre excusable, comme
le vieux SJLtNE, de laisser quelque peu .son 4me divaguer ... ».
.
.A.V.A'N T - 'PR.OPOS
m'étau promis d',éerire au moment ,où j'abordai ce ,sujet, mr· .le ,c onnilt
w,,irie· ,la ,.ivs exlwrtallan de mon riegrettl rl!lJl1re· U,i-Prannftll.. Mon
intention prlmilin· érœ:t pourtant 4"évolllfr sur ,lts traces de témlnfflt
lt:istorlen de r .occûlMt mJUUlman, afin ,d , contribut,. comme,,, ,,.fit si
,l>it.n pour r Ândalus, por.trtm excentrique da .lointain Mag/1,l!b,. à l1Nr
le voile. ,d ''o b,curitl ,,. d'itmblf que le dbmueme,u·du ''"'"' avait., ,dë sikle
M alkœ,. .oprls les jours éclatant, tle Cart/,age et F'èr• brillante dt lltHM
., t de .Byzan.u, jetl ,ur· l, ,is.0;p ,' 8 la Bnbirfe·. Apporter ainsi toute lti
rlartl 1111 l''épo:q,œ fatimide, ,ette plriatl, tlt. son his.toir~ mwulman'I.
..., ..a..1;·
,,_. - ..,u--ment
1'1-,,,IC"f'"C"_ .... 1....-...•- . , mconnae
__ _ _ _ 111M:t,;W11:.:, _ dnon. méconnut:, t~llt-: ,,. a_
· i~,,•M
.... "
,~pu,
"~t
ma secrlte et .rrande' ,ambition~
Ce-,,: t. unwl' A,-,,
.--....1..·,· · . ci-, u, _, tltau,-11-#
, .,on -·'-·- .· 'IPA•f . . fir__ ..J J_
__ _~ _ ""'.:, p-,w pres-,,ne au cn,a; ,, w. fflDJ.'WICme
i .. . . . . . . _ _
qu'à l"dt:le dnxllme de .rllvent'ure·/ a fimith, dans un autre ptq& dl, , ,,,,,,..
arabo-islam·ique, r Egypte., le califat dt, E,ifant1 de .Fa·tima allaJt ,l âe si
g,an4 et Ml cl,.lliMtion. si é.clatan1e, , ., lJU8 les .1im,0 ""'1Ps ,n sont ai,...
iowrl'laai pour I'histo.ir:e abondants. et lloqwnts., Je m''étals donc fixi
potlT t4dleJ d l'.issue 1 tle mon dsm·ier entre,tien avec le· cl'Ubre historien
~ ,tle /"Es.pagne musu·lmane., taat ,en dœminanl sw' le Pont-
Ale.-~ -"'-e 1 lis lflMli., ~
_ _ AUn:cul 1111
'!il' _ -,- _ ·' - Se.tne.
..,_: lf;I, _ :t ,de .fiî,ire·
. . . RU. . . ,nb'e·
de l".1..~· v; . ~.1.-t:--·
· CG_r::-1:..,~~;-:-: "'1H(UC;.J.
dU' Mogl,reb un ou,,a,ge' complet~ Mais en voici enfin,i .t.reize· ans apris,
J ~ t une JHlrti•. Ct,~st qwjusqutici:~ ni le t1mp1 ré1eni à la rechtrc.•
., n t11111t ,d t tordes. la· aer;itutl,1 de la v,e, ni la documentation si tlWltt ~
,œ m:tont' 8Ul/i pour coniu.lr~ .d· bon.port man premier demin., C'est qu,
}flslemtn·t la· moyens m?ont toujoura. fait défaut pour·fJOS&er ,l,&.i r.mmt
mllÎS dremmt da ,tlt,maiM ,de l.'1,1.àrK~ intulti,e ,, .t lu lrunilns dt I" .x..
1,apo•-,·IOn:,
,~ I
··- - ..1 Ci '"""
- -1 ·• .Je.- ,,,,--,..,,..:- " -,
rlC' . _ U,wre
~ . .
e . "' ....l .., , .:Ï.l . . ...~
,S0 ttrJ,:;,, aermDlf1,r·cr:f.,
g
Aussi ai-je bien peur aujourd'hui, au bout de cette marche longue
et pénible, que de tels moyens ne fassent encore trop longtemps difaut,
jusqu'aux instants ultimes d'une vie qui est toujours aussi courte qu'lphl-
mère, aux yeux de l'homme qui mldite et qui cherche.
Il n'en demeure pas moins nécessaire cependant, pour l'intelligence
de ce livre consacrl_à l'ltude de l'histoire politique et des institutions,
et intitulé en conséquence « Le califat fatimide au Maghreb», de le
considérer comme ltant le deuxième volet d'un diptyque dont le premier
n'est autre que l'ouvrage de la thèse complémentaire intituliprécisément :
« Les Commencements du Califat fatimide au Maghreb».
10
principale, se prisente en effet comme une base solide à l'ensemble de
l'idifice et aussi sous la/orme d'un prologue naturel au ricit que j'ai fait
tk l'histoire du Califat fatimide. L'ouvrage du cilèbre cadi d'al-Mu•/zz
Abü l;lanifa a/-Nu'man s'ordonne en effet dans l'idition que J'en donne,
d'une manilre logique, comme la première moiti/ d'un tout, d'une mime
tmvre disposie ainsi en tkux volumes.
Cependant, mon intention primitive n'a au tkmeurant rien perdu
de sa valeur d'engagement ni d'espirance. Aussi suis-je toujours awsi
risolu, après avoir meni tant bien que mal à son terme I'itutk de l'histoire
politique et des institutions, à achever la mise en ordre des ilimmts qui
restent pour icrire l'autre partie sur la vie quotidienne.j'espère donc ltre
en mesure de ne pas Jaire attendre trop longtemps désormais le tableau
de« la vie au Maghreb à /'/poque des Fatimides».
11
- -
PROPOS DE SOUTENANCE
18
fiables, sans risque d'erreur : textes sunnites franchement hostiles aux
Fatimides, parfois nettement tendancieux ; textes kharijites truffés de
données légendaires et encore plus hostiles aux Fatimides; textes isma'-
iliens, à priori suspects, puisque donnant une version officielle des évi-
nements et des faits ?
Il a fallu pourtant, s'alleler à interroger tous ces textes, en s'armant
au préalable de toutes les armes qu'impose la critique historique. et I'é-
vertuer ainsi, à ne recueillir que les renseignements vrais et précis. Ce-
pendant, il a fallu 5ouvent se résigner à n'écouter qu'un «sonde cloche »,
à se croire bienheureux, d'avoir mis la main sur telle ou telle information
jugée aussitôt inestimable et précieuse. Il a fallu souvent faire confiance
à al-Nu'mân dont j'ai dit tout à l'heure tout le mérite. Homme de loi
scrupuleux et honnlte, témoin de son époque, bien placé ainsi pour ob-
server de près le déroulement de son histoire, le célèbre cadi d'al-Mu'izz,
qui fut pour moi le guide le plus sûr durant cette longue marche, est sans
doute digne de foi. Néanmoins, l'information de nos s<n1rces est re,stée
insuffisante au gré de la vérité, de toute la vérité.
li serait bien vain de s'en consoler, en prenant à son compte celle
assertion un peu trop commode qui dit qu'en histoire, il n'y a point de
vérité absolue. li n'en demeure pas moins, que l'exigence de vérité a été
pour moi une sorte d'obscession, tout au long de celle lutte tumultueuse
qui m'opposait à mes sources. Souvent, le doute s'emparaissait de mes
fiches. Un grand nombre d'entre elles tombait entre mes mains, comme
des feuilles mortes, inanimies, sans ,ie. L' Echeveau devenait d'un coup
difficile à débrouiller et tout sombrait à nouveau dans l'obscurité des
siècles.
Aussi dois-je refaire ici sur ce livre que je soumets à votre jugement
certaines résenes. Non seulement il y manque l'étude de certains aspects
de la ,ie sociale écmwmique et intellectuelle qu'il me reste à faire, mais
surtout il n'offre qu'une image de la vérité. C'est certes l'image que l'on
est en mesure aujourd'hui de pouvoir donner au point où la documentation
permet d'a"iver objectivement, impartiellement. Mais il n'en demeure
pas moins qu'elle n'est qu'une forme de vérité, celle qui est tout simple-
ment possible de donner aujourd'hui.
J'ai toutefois été, peut-ltre, un peu trop favorable aux Fa/imides,
je dirais presque pro-fatimide. Je ne m'en cacherai point. Mes sympathies
vont à ces monarques Si•ites quoique je me défende d'avoir été contaminé
par leur «hérésie», ou touché par leur da'wa. Cette sympathie, ils la
méritent bien du reste, et sans aller jusqu'à répéter les conclusions que
14
}~ai donné d ce livre ,et' que je ne sau,ais rappeler ici, je me perm,t.trai,
messieurs" 4'expliq11tr les rouons àe md sympdt/ïie.
Evin.cis ,lu Califat,; ,Jnutré, di, pouva,ir. persécutés. leurs partûœu'
o,ppritnh en: Orient longtemps sous les O,mayades ,p uil les .A.bbauitks~
les Patunides tllffflllaient la CtllUë' des «Justes»,~ n,,fo.rcent ltcsl.iffle,
llil'~lill:, r-
Atl.f~'Ï" ..... _ , _6 o.. r-{!IQU"
l'e-: ·~ ,..,es aunlité.s
I _ "l'MIW- _ 4,
__ _ ,C,..,...,
M'IP'n, ... JI a
t l#
-0 _ tenacjtilt ,&,
. ...i _'ti": . et
,;,;15,o-...,1! _
15
.
:a,
• !1 lltl ii 11 11 !1 91fjl• 11 11 , 11 • iiti! IÎI 11 ii i
~
•
......... . ~, .. ... ,.. <!l ~•• t • b
t t
"'
; !!! ii ~ tl i l i · ·· · ·iil ~ l l i i l ! l1 1i1i, lii if! .. Il Ili ial
i
'""""
• Il 'Il 1li •
f C . ;;,
,
q '1
C b
·L ,
i
;;, ' i &. d
1 IJ•!l!!liii!a . . . i i ! . l ! l l ! l i i ! ! I C ....
r' ·, l 1 1'i F ll [i ! i ! . Il!!!. !li ili ÎI • !J I!!! !I ill 11 • 11!1
m. r
..
J iii 91 li Ili
...... '"~ ·· -~ ·· · .. ••• J
h S.
...
VeyeUes .. a, 1, a. , ü.
1
\',l wt d •mmow 11: de nombreux autres cherche.u n après luit d,o,n t •que}...
1
. , _t les
·•.
ft--_A~i . . meun.
.. .. d''u.ne
. . info,
. nnation
~ -· m
. -com
. p-lète· e ins:
... .-1 . utlsa.nunen·
____ ____ _t
cri11 iq~
De ces documents, l'Iftitâlr a/-Da•wa du cadi al Nu•man est la
pièce capitale achevé en 346/958 sous le règne d'al-Mu'izz par l'un des
plus hauts dignitaires de l'Etat, l'ouvrage constitue sur les commen-
cements de la Prédication ismà'ilienne et l'avènement des Fàpmides
en Ifriqya l'unique source de base. Son auteur qui fut en grande partie
le témoin de l'époque en question a le mérite d'avoir utilisé des textes
d'archives contemporains des faits relatés. Ainsi les transformations
profondes politiques et sociales créées dans le pays des Ber~res
Kutama par l'apostolat du Dà'i Abu 'Abd Allah, les étapes de l'inva-
sion de l'Ifriqya et de la chute du régime sunnite des Aghlabides, les
6vénements dominants qui marquèrent les règnes des quatre premiers
califes fatimides se 1'6vèlent à nous sous l'éclairage dire d'une informa-
tion dense et précise dans la trame d'un récit articulé et continu.
20
-- - - -
~ et des ...n...
-.:m!i.1111,
Ull!li...... 1 Ofteme,11rts m·.t...r:._ IH,I& l''bi""ï!i~!to"'Ife
U!!ial',1,-
•.. . . ' & 111;1 -- po
' -liti-q11.•• ·.•
\l,.ll ;: . ù-:il :....
!LUilti..
' ,Qlll,D iMl'i'Ïi' '1, • . 1 . . _1. . .,, l!!!Î!
nuance~ ou &: coni.ger les donn6es des sources sunnites. :Parmi ceJles. .
Cl,. les chr,oniques d·Orient et d'Occident, toutes postfrieures à l'époque
qui nous occupe, sont SU'dout..indJspeosa.bles dans. les pages. qu"e.lles
con.tiennent. sur la « dynasûe~obaidite »· à l'histo,ire poUtiquc. lb.a..al-·
Ap'·r,. Maqôzi qui le co.pie,. Nuwayri,, Ibn Khaldln. et Ibn al-K.alib
co,ntri.buent .à donner une tœm.e à peu près comp,Jète et ininterrompue
des événements m.arquan·ts. d,epuis l'ent_,ée d.u Da.-=i Abü·eA:bd Allah
·. J·rncn 11'a·.u 11.-\orpeu, U,""l"at.M•
en Ifi·n·qya _ _ , . . . . ·~ . .· ·g_,C~
111M
__ ii'• • . ur 1- - ·t·i";e_L
e ·ca. 1
_ _ ..:l,i l - f tl. .li, ' a· co
·-·. nfro....t·~tion.
p
· .o
H ,. _ _ _ _ Ull,CI,/ _ _ __
11.
origines des Fatimides sur lequel la plupart de ces chroniqueurs, sauf
Ibn K.haldOn qui adopte à cet égard une position critique suivi en cela
par Maqrizi, rapportent des données incertaines et des jugements
contestables, de telles sources sont en somme pour l'histoire politique
dignes de foi. C'est surtout pour ce qui touche à la vie religieuse en
Ifriqya sous les Fapmides que leur objectivi~ peut être mise en doute,
tant est tendancieuse leur manière de pœsenter les faits à propos du
conflit entre le §i'isme et la sunna.
Mais l'hé~ie ismi'il.ienne ainsi dénoncée dans les chroniques
sunnites l'est plus sys~matiquement dans d'autres sources sunnites
complémentaires, les ouvrages de biographies. Le défaut majeur des
« Tabaqat » d'Abu l'Arab (mort en 333/945) et d'al-ij:ubnl (mort en
371/981), du « Riya,! al-Nufüs » d'al-Mililci (mort après 4S0/1058),
des «Madiirik» du cadi 'lyicj (mort en S44/l 149) ou des « ma'iüim al-
'lmam» d'Ibn NiAi (mort en 837/1433) est en effet de ternir d'une ma-
nière outrancière la mémoire des ~i'ites : le récit des persécutions subies
par les juristes malékites, le tableau des méfaits et des abus du pouvoir
§i'ite sont trop chargés d'atrocités, de détails surprenants et d'app~
ciations invraisemblables, pour être tout à fait véridiques. Pourtant
ce défaut ne diminue guère la valeur de ces recueils, pleins de rensei-
gnements variés et précieux, qu'on chercherait en vain chez les chroni-
queurs sur les institutions, le fonctionnement de l'administration, sur
certains aspects de la vie sociale et économique. Certes, l'aperçu qu'ils
donnent de la vie intellectuelle est-il forcément incomplet et parce que
la pieuse attention de leurs auteurs n'est portée que sur les juristes
malikites, les dévots et les ascètes et néglige presque totalement les
hanifites et les autres courants de la pensée religieuse et profane ; mais
de nombreuses données des « Tabaqat » pour ne citer que cette source
contemporaine des faits et la plus ancienne, touchent à l'occasion des
questions religieuses ou de droit, à l'histoire politique et sociale et
apportent ainsi d'heureuses précisions sur des évènements sèchement
signalés pour les chroniqueurs.
Non moins p~euse que ces biographies de savants, la littérature
du fiqh est indispensable à l'historien de l'Ifriqya comme des autres
pays de l'Islam. Pour l'époque fatimide, les ouvrages de fiqh ismi'ilien
sont ceux des cadi al-Nu,nin : les « Dd'iI'im », l'« IqtÎ/iir » ou le
« Kitiib al-Himma ». Leur consultation est au moins utile pour saisir
par une confrontation avec le droit malikite et surtout l}.anifite, comment
s'est élaboœ en Ifriqya même et grâce à al-Nu'min le fiqh ismi'ilien.
22
"·"- _.._ ,.___.._ - ,e J 11 · x.~
!. .__AUwa J•-ai.;:..-:qHaa Wl""I. "• 8
'-GDCa ~ . aa 11UI S!UDDi•a.a
~
d
1YilJaiG
1~
.
1"" t...:"'\1- . . ~...1-~.
Pl"UII..Uw.
. · -; MW'
,(--l ··a _ _ ..
wana de :Sa{l.n'ln. les fragments, q_ui nous sont ·parvenus do recueils ha-
.ai&tes d 11Alad bœ .al..Furlt (7) et d',D,Haytam aJ..Qaisi (8) ou de 1'6poque
ziride Ocs,« Nawlcl'ir » d''l bn Abl Zayd'.) ne l'est pu :moim : on pcu.t.y
glaner m.aintl d6tails po·uvant incéreu.er la p6riode :fapmide.,
....
Les quelques pages consacrœs au Maghreb par al-lstahri mort
en 934/322 ne pr6sentcnt pas d'intérêt particulier mais une autre œuvre
géographique Je Kitab al-MaJiilik wal-Mamiilik d'lbn }:lawqal offre
l'a\'antage exceptionnel de donner une ~ption de ·l'Jfriqya telle
que l'auteur.l'avait vue à l'époque q~ nous étudions. Bion qu'il ait
rédigé son « routier » probablement ven 367/977 sur la base de celui
d'al-lstabri Ibn l;lawqal fait œuvre originale dans les sections relatives
au Maghreb et à la Sicile, en y consignant le fruit de sa propre expérience
et le r6sultat de son observation personnelle (10) C'est en effet au cours
du voyage qu'il entreprit tout jeune encore en 331/943 et qui le mena
en Ifriqya, qu'il recueillit ses notes sur cette contrée. Poussé par le
« désir ardent de connaître », le goOt de l'aventure l'attrait des longs
voyages et des lointains pays autant qu'intéressé au profit du négoce
et à la fortune des grands marchands, Ibn l;lawqal ne se bome pas
heureusement à noter les détails purement géographiques et nous
fournit des données historiques abondantes et précises, des rensei-
gnements sur la vie sociale et économique d'autant plus précieux qu'ils
ont été pris sur les lieux mêmes par un observateur avisé.
La.description de l'Jfriqya.par Ibn l;lawqal valable pour l'ensem-
ble de l'époque fâpmide permet de mieux saisir l'étendue du boule-
versement créé dans ce pays, le triomphe de la cause 'alide nourrie de
l'aspiration latente du clan berbère, l'établissement d'un pouvoir soli-
dement fondé sur la puissance des Kutâma, l'implantation de la doc-
trine si 'ite isma'ilienne, aux dépens de l'orthodoxie sunnite. I.e mérite
de cette description confrontée avec celle d'al-Ya'qllbî est donc d'aider
à mesurer à travers les modifications subies par les traits de l'lfriqya
depuis le début du X• siècle, l'influence et la portée du fait !i'ite, à
mieux connaître la nature et les caractéristiques de la civilisation fâti-
mide.
Moins amples sans doute que ceux d'lbn l;lawqal, les dévelop-
pements consacrés par al-Muqaddasi au Maghreb sont aussi impor-
tants pour notre sujet. Bien qu'il ait rédigé son ouvrage en 375/985
sa description de ce pays demeure valable pour l'époque fatimide.
Sans avoir fait semble-t-il, comme Ibn l;lawqal ou al-Ya'qllbi le voyage
ifriqyien al-Muqaddasi n'en est pas moins précis, ni moins sOr. Il af.
firme avoir négligé de reproduire les données fournies sur Je Maghreb
par ses prédécesseurs et s'être appliqué à faire œuvre originale. La
documentation qu'il réunit est assez riche : les informations qu'il
recueillit en interrogeant les pélerins, les voyageurs ou les ~ d a
sont abon.dantes et 'V,ari6es :, d6tails, sur la situation politique, la.·vie
'. ni--
.1:;;
.1.,~uoi,,.,,,, ~ ·1 - - ........" ~ ..,. , d-e ·1, ......... :: - - - ·t l"a·.......; -!.....ë, - - m --......Ci'!'ale
usa~ .es, p.ruuwll,O ' ·.· Il ,a::u,usaDa •, ' ti,,iù.Vl!LG CO,r m......·
1 - -, · -
lm 1 . '.Ï I
géograph,e andalou écrivait~,vers 1068,. :n1.a pas été pro.fond·! mm·t mar-
,quf .par le d6part ,des Fapmides pour 'Egypt~ rawnement et. la se...
,cessio,n d,es Ziridesf ni enco1re s.uffisamment altéré par rinvasion bila..
lienne.. Au surplus n",ayant ·po.int quitté son. pays al-.Blkri. n'en es.t pa_
moins bien renseign6 et aon. information est .aussi étendue que s.are •
·pour rédipr son « routier ,» enrichi sans doute de do·nnées ori~nates.
et fraiches recueillies par lui personneUemen.t. auprès. d~informatems
ven.us de la Berbérie, il .a com:pilé ]e K·i tib << al-Masilik wal-Mimalit »
du ICairouanais M:ut;.amma.d b. Yuauf aJ.. .warraq.,i qui fuyant l'lftiqya
:li."1ite. s;6tait 6M à Cordoue sous Il règne d "al-Hakam Ainsi basé n..
1ur u . source ifriqyjennc contemporaine des falts obs.erv6s par son
auteur, rœuvre d'.al-Bakri ,co.mp*e heureusement la dooumen'tation 1
fournie par Ibn Uawql1 po'Ur la mem . époque, sur rhi1 t-0ire politique 1
niques. d~at..R aqiq, d'.Ibn §addid ou. dtlbn Sam·.; :n.o us y avons aussi
pané de no.mbreux détails lûst-ori,q11es et. ethno,graphiques, des .ind.i-
cation1 inédites .sur certaines villes. ,co.mme InpoU ou. Mahdiyat
A) L'EVOLUTION POUTIQUE
26
]'Orient » que désordre et confusion : des révoltes éphémères allumées
dans Je sang et éteintes dans le sang, au cours de luttes intestines pour
Je pouvoir instable des gouverneurs, telle la révolte d'Abd al-Rat)man
b. l;labib al-Fihri contre l;fanuila b. ~afwan, ou celle de l;labib b.<Abd
al-Ral)miin contre son oncle al-Yiis b. l;lablb : des soulèvements du
« Aund » menés par les chefs d'éléments originaires du Sim ou du
l;luriisiin que les gouverneurs n'arrivent pas à domestiquer, tels celui
d'lsa b. MOsii al-ijuriisiinl contre Mut)ammad b. al-M'at ou celui de
Tammam b. Tamim contre Mut)ammad b. Muqiitil aJ-•Akkf ; des
troubles politiques, sociaux et religieux entretenus par les Ber~res
baritites, iba4ites et ~ufrites qui, sous le masque de conflits religieux,
peipétuent leur insoumission atavique aux envahisseurs orientaux.
Autant d'évènements sanglants qui jalonnent ce VII[e siècle et illustrent
l'état d'instabilité et d'agitation dans la province ifriqyienne (14).
Pendant les cent années suivantes l'Ifriqya semble avoir trouvé
son équilibre sous l'autorité ininterrompue des banO 1-Aglab. Non que
les troubles, les guerres intestines et les represaions bien caractéristiques
de l'état de « titna » inhérant à l'existence des dynasties musulmanes
m6diévales, aient subitement cessé ou que la turbulence du « Aund »
ait été brusquement vaincue ; mais les Emirs ont réussi en dépit de
toutes les vicissitudes à mater des rebellions graves et meurtrières, telle
celle de Mansür al-Tunbudi (15) et à sauvegarder leur trône. Recon-
naissant une suzeraineté abbasside de façade l'Etat aglabide jouit d'une
indépendance effective qu'incommodent rarement les rapports de
vassalité à l'égard de Bagdad. Organisé autour du clan arabe mucjarite
et s'appuyant particulièrement sur la branche tamimite à laquelle ap-
partient la famille régnante, il acquiert, parmi les autres Etats du bassin
m~terranéen de Byzance à Cordoue, prestige et puissance, grâce à la
conqu!te de la Sicile, réalisée sous Ziyadiit-Allab I. Cette puissance
qu'illustrent la stabilité relative du régime, la solidité indéniable de
son armature, sous les règnes de ses successeurs atteint son apogée
lors de l'accession d'lbriibim Il au trône, en 875/261 (16).
27
On serait tenté, au rapport de la plupart des chroniqueurs qui
s'étendent àl'exceptiond'Ibn al-A!ir sur le récit des crimes d'Ibrâhlm
Il de trouver dans ses vices, sa cruauté et son penchant maladif pour la
violence et le meurtre une des causes de l'affaiblissement de son pou-
voir. Les abus du despotisme minent certes l'autorité des monarques
et usent leur régime. Ibn Khaldun qui souligne les méfaits de cet Emir
n'a-t-il pas dans ses « Prolégomènes » établi que de tels abus sont un
des facteurs d~terminants de la décadence des Empires? Il n'est pour-
tant pas d'exemple qu'une dynastie musulmane médiévale n'ait point
eu son monarque sanguinaire. Il est même fréquent de voir le même
monarque - c'est précisément le cas d'lbrâhim II passer de l'état de
folie meurtrière à celui de piété et accomplir ainsi après les actes les
plus horribles des actions pleines de vertu. Ibrahim Il nous apparait
néanmoins sous les traits d'un grand souverain, fin lettré, énergique
et animé d'un zèle guerrier qui le faisait redouter de ses voisins chré-
tiens de la Sicile et des Duchés de la Péninsule Italienne. Aussi est-il
bien excessif d'attribuer à sa conduite - fut-elle si néfaste - une
influence certaine sur le mal qui s'empare de l'Etat dès 880/266 : c'est
alors le péril tulunide contenu non sans peine par l'armée aglabide
mais qui révèle la faiblesse du « ~d » dont les qualités guerrières
se sont émoussées depuis que les prédécesseurs d'Ibrahim II ont réussi
à l'assagir.
Une dizaine d'années plus tard en 888-9/275, l'émeute dite d'« al-
darahim » (17) provoquée par une réforme monétaire pourtant judi-
cieuse met à jour rimpopularité de !'Emir dont l'autorité soutenue
surtout par la garde nègre est tenue en échec par l'agitation de la masse
citadine, la « 'àmma ». Le régime ne pouvant plus se faire obéir, c'est
le signal d'une crise qui ne tarde pas à éclater en 893/280.
C'est alors l'année fatidique, celle où l'édifice aglabide se met à
craquer avant de s'écrouler, seize ans plus tard en 909/296, sous les
coups répétés des Berbères Kutâma. Des événements marquants re-
tiennent à l'attention des chroniqueurs cette date capitale. C'est d'abord
l'entrée du Di'i Abù Abd'Allah en lfriqya qui, hébergé à Ikpn chez
les Saktân, soulève les tribus de la Petite Kabyle contre Raqqâda et
déclenche une révolte que Ibrahim li évite d'affronter et dont nous
exposerons plus loin le déroulement (18). Au surplus c'est à ce moment
même où le Da'i pénètre dans le pays des Kutâma que le« gund » arabe
de Belezma est décimé par Ibrahim II. Sur les démêlés de cet Emir avec
les maîtres de cette forteresse, l'Iftitâ/.1 (19) nous apporte en plus des
donn6es des autres chroniqueurs - ,surto,u t du « Bayin >> ·- quelques
P-..C....::'
· : i-~ T
~
. .'- Bai'D':u.;, M
,.,.:"'!l)OBS
1
•
• , ·.·. ::::,.::11,. ~ .m
·. :
~ua. !a.....,..t
1w111"'on d'es 'I·amim
1i U I ~ ~ -~~~. s'h
'll n a ... 1 ·.·i_
.. .! t·;_. IJI.AGB
ÇUIJ,en·
1. . .1
1 ,C ,,,L....
- ·•
Ayant échoué à ,réduir,e le,u r ,attitu.de séditieuse par 1a force, ce fut par
I... .r
QI. _u• q·H~~ .le. succesa.a:ur
,ifj'ê
Cllllo!I _ , . d··· l'A
. . . . ~ ~P.111'i.in
· ·, bu-1- u~.1
_ llJ'lill, ..!!!~, lbr
_ _ _ ~ilf--1i~~ ·n _ C111i.i1.18~ ·à· !I.QJ.
' ·. _,m ~~- c
, h : - ' -,
sous .le règne de. Ziyidat Allah :1 lo.rs de Ja, rebeUion .tfe Man,0:r al--
T ·nnbudi à deux dolgls de :sa chute. :Mais cette fois ce ne:sont pas seu-
lement des éléments factieux du «: pnd » qui s'agitent, ce sont des
.p opulations citad·ines. et rurales qui entrent aussi en dissidence ~ Tunis
·d .•,abord avec le Cap Bon puis La, ribus1' Béja et le Gammouda; 'bientôt
1
29
que le calife abbasside al-Mu"tac,tid saisi d'une plainte des Tuniaoia
rappelle son vassal à une conduite plus humaine. Il n'en sévit pas moins
contre les Natùsa en allant à Tripoli en expédition punitive contre le
gouverneur de cette ville, son cousin M~ammad b. Ziyidat Allah,
Mais, eff'ray6 par les succès de la propagande ti'ite chez les Kutlma
et le prestige grandissant du Dâ'i qu'il évite de combattre en se bornant
à lui adresser avec son astrologue Ibn al-Mu"tasim (22) des menaces
verbales, il manifeste un retour à la pil:té et à une vie vertueuse ; puia
pressé par le .calife al-Mu"ta4id, il finit par laisser le pouvoir à son fila
Abü-l'Abbls ('AbdAllah Il) et partit en guerre contre les Chrétiem,
en Sicile en juin 902/289.
Ainsi, tandis que le péril ti'ite se précise à l'Ouest, c'est vers l'Est
que le souverain aglabide s'en va combattre dans une région d'où
aucun danger sérieux ne pl:se sur son royaume. Bien qu'al-Nu'min
souligne la crainte qu'inspirait le Di'I à Ibrlhim II et fasse longuement
état des sentiments pro-!i'ites de l'Emir et de certains membres de sa
famille et dignitaires de son entourage, on a du mal à admettre une
telle explication à une décision aussi paradoxale. On ne saurait ac-
cepter, non plus, l'explication à une décision aussi paradoxale. On ne
saurait accepter, non plus, l'explication manifestement erronée qu'en
donne àlbn al-Atir : selon le chroniqueur oriental, Ibrahim II s'étant
mis en pénitence voulut accomplir le pélérinage : pour éviter de verser
le sang des Musulmans en traversant l'Egypte tulunide par la force, il
s'avisa de passer par la Sicile(?), dans l'intention de remplir ainsi avant
l'obligation du pélérinage celle du Aihiid. Mais que !'Emir ait cherché
en se mettant en campagne en Sicile à exploiter la politique d'énergie
et d'hégémonie qu'il avait adoptée dans la partie orientale de l'Ue et
en Italie meme ; qu'il ait songé, animé du zèle d'un fervent« muilhid »
ou emporté par l'élan de sa toute-puissance à la poursuite de desseins
grandioses, marcher non pas tant sur Byzance-comme l'indique à tort
Ibn al-Apr-mais plutôt sur Rome des Papes, cela est plus probable.
C'est sans doute dans l'espoir de redresser une situation défectueuse
par la vertu du « Aibâd » et le retentissement de quelque éclatante
victoire qu'Ibrahim 11 entreprend son expédition contre l'ennemi
chrétien (23).
La conqu@te de la Sicile sous Ziyldat Allah I avait certes ramené
la paix intérieure en lfriqya et permis de réaliser l'édification d'un Etat
solide. Mais cette expédition d'Ibrâhim ll décidée à un moment inop-
portun puisqu'elle éloigne du pays des troupes nécessaires à sa défense
30
- -
31
Quelque doute subsiste, en d6pit des précieuses observations de
O. Marçais ou de T. Lewicki, sur l'identification exactè des
«Afllriq» (28). Le mot «Afâriq» ou «Afllriqa» au singulier « Afriqi »
ou « lfriqi »semble désigner non seulement « les Afres romanisés et
christianisés» c'est à dire les descendants « des indigènes romanisés
de la province Africa propria (Proconsulaire)» mais également ceux
d'anciens colons latins établis dans le pays et « africanisés».
La définition du terme « Rûm » (29) est plus nette. Il s'appliqnc
aux Byzantins et aussi à d'anciens Romains« al-ROm al-Quâdâum ».
T. Lewicki note judicieusement qu'il est attribué dans un sens plus
large à toute population de langue romane.
Bien que l'apport ait été assez important, on peut inférer que la
durée de la conquête plus d'un demi - siècle, la résistance farouche des
Berbères et les conflits politico-religieux ont rendu pénibles son isla-
misation et son arabisation. Dans ces conditions les rapports d'hostilité
entre les Arabes et les autochtones ont dO empêcher leur interpéné-
tration profonde ; le brassage ethnique qui a aussitôt suivi d'autres
conquêtes de l'Islam, celle de l'Espagne par exemple exceptionnel-
lement rapide et réussie.
A l'avènement des Aglabides, avec la constitution d'un Etat et
l'établissement d'un régime moins fragile que celui des gouvemeun
qu'ébranlaient sans cesse les troubles et le renouvellement des titulaires,
l'état démographique de l'lfriqya subit quelques modifications avant
de devenir vers la tin du 9eme siècle, tel que le décrit al-'Ya q übi dans
son « Kitiib a/-Bu/diin ».
Il faut remonter au« premier muhallabide » Yâzîd b. l;Iiitim pour
«sentir» se dessiner un changement : avec l'envoi de Yazid à Kairouan
en 772 / 1SS le calife abbasside al-Man$ûr devait songer à Hôter à la
province maghrébine son caractère de province Omayade, d'autant
plus qu'à l'autre bout du Maghrib c'était un émirat umaiyadequi s'éri-
geait dans l'Andalus depuis 756 / 138. On sait que lecontingent arrivé
avec Yazid b . l;liitim au secours de Kairouan se composait d'éléments
appartenant au ~d du Sam du 'Iraq et du ijuriisiin. On pourrait en
déduire que le nouveau gouverneur abbasside et ses successeurs mu-
hallabides devaient s'appuyer essentiellement sur une milice iraqienne
et hurasanienne et que le gros du tund de l'époque Omaiyad était
démobilisé ou établi dans diverses régions du pays, dans les garnisons des
places fortes ou sur des terres reçues en dotation. En outre, durant
32
ce dernier quart du VIII• si~c l'agitation politico-religicuse « fitna »
entretenue par les Berbères en lfriqya s'essouflait et tirait à sa fin, pour
laisser place à des rebellions non moins virulentes, celles du tund con-
tre l'autorité des Emirs aglabides. A cette époque qui fut selon l'ex-
pression significative de certains chroniqueurs celle de la « dynastie
des Mahiliba » commencèrent la stabilité de la situation et l'organi-
sation du pouvoir dont héritèrent les Banll-1-Aglab à la tête d'un Etat
que les Muhallabides auraient pu fonder si les successeurs de Yizid
avaient été aussi énergiques que lui et d'une conduite aussi bonne que
la sienne.
Toutefois la stabilité sociale dont témoigne al-Ya•qnbI ne fut
effective qu'après la conquête de la Sicile : le « #Und» était à peu près
domestiqué et un contingent important se nxa dans l'Uc conquise. Les
Berbères, associés à cette conquête comme ils le furent auparavant
à celJc de l'Espagne étaient à peu près soumis à l'intérieur du pays au
contenus à l'Ouest et au Sud du Royaume dans les zones périphériques,
la Petite Kabylie, l'Aurès et le Nafusa. L'islamisation et l'arabisation
de la population citadine et aussi rurale étaient en développement
notable ; dans les cités : Kairouan, Tunis, Sousse, Sfax, Gabès ; dans
les régions rurales : Je Z.ab, les Hauts-Plateaux, le Gammouda, le
$atfüra, la Ôazirat Abi Sarik... Bien qu'al-Ya'qlibi nous offre l'image
d'une mosaique ethnique où les éléments se trouvent juxtaposés diffé-
renciés les uns des autres et disposés en groupes sociaux homogènes, ne
peut-on imaginer qu'un processus de brassage se rot amorc6 parmi les
populations d'un pays soumis enfin à une autorité centrale durable,
au sein d'un Etat organisé ? Ne peut-on concevoir un tel brassage
surtout dans les quartiers populeux autour des Souks aux foules grouil-
lantes, à Kairouan à Tunis ou à Sousse ? Il semble plutôt que la classi-
fication démographique fournie par le géographe traduise bien une
structuration de fait observée et reproduite fidèlement : le cosmopo-
litisme « ablât » des centres urbains qu'il signale par exemple à Gabès,
à Kairouan, à 'fubna (32) et qui implique la cohabitation d'éléments
ethniques divers appartenant d'une part aux Arabes, de l'autre aux
non-Arabes « 'AAam » - soit des non-Arabes originairu du pays
«•apm al-Balad » (des Berbères, des« Aïariqa » et des« ROm ») soit
des non-Arabes originaires du ij:urasin (des éléments du «#Und»
fix6a dans le pays) -, semble exclure tout rapport de fusion entre des
noyaux demeurés compacts et étanches· (33).
Ainsi al-Ya'qübi distingue nettement les UD8 des autres ces divers
noyaux, aveç une prédominance de 'tel élétncnt ou de tel autre scion
33
la ville ou la région : à Kairouan il énumère des Quraylitcs ; des Arabes
issus de la plupart des fractions des Rabra, des Mudan et des Qa\lt!n ;
des non-Arabes originaires du ij:urisin ; des éléments du « tund »
jmmigrés avec les gouverneurs Omeiyades ; des non-Arabes du pays,
Berbères, ROm et autres. A l'Ouest, des Arabes étaient les maitres
des places fortes. Quelques données de l'lftita/J confument à cc sujet
les renseignements fournis par le g6ographe ou les complètent : les
BanO Mâlik, fraction des Tamim, commandaient à Belezma (34) ;
les BanO ·Abd at-~amad fraction des Sulaym tenaient la garnaison
de Mila (35) ; dans cette meme ville les Banü Abi ij:anzir (36), une
famille arabe issue des Rabra et comme sous le nom d'al-sina#ifa,
étant originaire de Sinpr, de Diyar Rabra, avaient une situation en
vue et s'allièrent au Di'i. A Sétif, les Banü 'Usl!Qa (37) fraction des
Asad b.ij:uzayma exerçaient le commandement au nom des Aghlabides.
A Maüâna la population se composait d'Arabes SaniAira (38). Dans
te Zab, des gens des Banil l,)abba habitaient Maqqara (39) ; mais à
Tobna les Arabes comme les non-Arabes (Berbères, Afiriqa et ROm)
se trouvaient représentés ; à Bagàya vivaient des tribus du « tund »,
des ij:urâsaniens, et des descendants des ROm (40). Dans le Qastiliya
la population était form6e par des non-Arabes Chretiens (ROm et
Afllriqa) et Berbères (41).
De précieuses indications d'al-Nu'mi'in s'ajoutant à celles d'al-
Ya •qubi montrent que d'importants noyaux Berbères se sont main-
tenus dans certaines régions rurales et montagneuses au Nord-Ouest
et à l'Ouest du pays : des Uzdita autour de Béja (42) ; des Nafza
autour de Titis et une autre fraction des Nafza non loin de
MaUi\rul (43) des Muzàta dans les environs de Belezma (44) ; des
K.arawfàya fraction des Zanâta et des Makllita Huwwara dans la ré-
gion de Qasr al-Ifriqi (45) ; les Banil Urdim, les Banil Huras, les Banil
U!rli et les ~dgaylin aux environs de Tifa§ et Guelma (46) ; des Mad-
gara à Bagliya (47) et des HuW\vara, les BanO MliAin et les Banil Ma'id
dans la région de Titïs (48).
Un 6quilibre social semble s'être établi à travers cette coexistence
des éléments aborigènes (Berbères Afllriq et ROm) et allogènes (Arabes
et Hurasaniens) à la faveur de la pacification réalis6e dans la deuxième
moitié du 98 siècle. On peut même penser qu' un début de malaxage
ethnique ait dO exister dans des cités marchandes et industrielles comme
Kairouan, Tunis et Sousse. La description des souks que nous donne
Ya).lya b. 'Umar dans son traité de hisba tels qu'il les a vus, avec les
34
foules de chalands et. 1',activité intense d.'artisans et ide commerçants
liés .à coup sOr· beauoo·up pitus par le lien œœmun ·d u. travail et ,d a
1
yacle ·et. abbasside, établis dans les grandes villes comme Tunis
et ICaiJ'iouan ou.dans dGS région.siagricoles. au Cap Bont a.u Z&b, à Béja
,ou .à,Satfme. A .Kairouan par exemple al-Ya'qibi énumère dans rordre
la Qmal. les. Mu4ar1 ln bbl a puis les Qabdn,. Un tel ordre·corres-
pondait sans doute à une .hiérarchie naturelle au. sein d·'un Etat arabe
don·t. les. muvcramt; des ?amimrtes favorisaient les. Mudarite.s ,et où
1
C) U PROSPERITE ECONOMIQUE
36
caravane.a de:marchands et de voyageurs parcourant des routes,lipu-
téea ~.11 . lllnl
~
. . .. .. .· .J, '1abtir.
.. .. . 1 .·. des .· : ~ ~ " r6gu.like
1ft'\!IH!HAft,f t,o
W~'l,ll,g,l,\,GU!
·:n '. s ·~ma
.· s
.
1 - .·.,
.· . 11
.. . .
'R D10.
• •
_
• l ll
••
_,, Tlli;,IL'V _ - ~ _ ~ _ ~-
quis ·par :la lon:e « •uwa »t. fut pour SIi nouveaux-maitres une terro
de « Saril » et tout a.u moins jusq,u'tau milieu du ·v i(I siêcle so:us le
.IO\IYelDC'.IK abbasside 'Abd al :R al)mln b.. ]:labfb une «·péplnièro :»
d'esclaves (6.1). Bien que des contradictions aien,t entaêhé so.n atatut
que lcs juriaioa. Dl Vont plus pouYOÙ d'sormais définir avec œ.rtitude 1
:milieu du XI• siècle. par leur maoiire ·de vivre, rlfriqya dont rée.o:nomie·
S'1
deviendra fortement« b6douine » (62). Mais la population des Arabes
qui se sont fixés dans cc pays, sous les Omeiyades puis les Abbassides
n'était pas comme ces grands pasteurs Hilal et SUlaym des b6douina
« airâb ». Venus surtout de Syrie, de Palestine, de Mésopotamie...,
ils étaient plutôt des sédentaires portés à peupler de grandes cités mar-
chandes où à habiter des agglomérations urbaines au milieu de vastes
régions agricoles pour cultiver la terre et la vivifier.
D'ailleurs, les éléments nomades des contingents tribaux établis
en Ifriqya se sont sédentarisés du fait de la conquête elle-même et en
vertu de la nature citadine de la civilisation musulmane. « L'Islam,
en effet, - le regretté W. Marçais l'a remarquablement exposé -
s'affirme dès son apparition comme une religion citadine. Son fonda-
teur et le petit nombre de ses premiers adeptes appartiennent à ta
bourgeoisie des cités du l;lidjaz... Les Musulmans depuis leur appa-
rition sur la scène de l'histoire ont fait figure de bâtisseurs de villes...
Si les contingents des armées musulmanes à l'époque hérolque des
grandes conquêtes comportent une majorité de nomades, les cadres
s'en recrutent parmi les populations du l;lidjaz, les agriculteurs de
Médine, les commerçants citadins de la Mecque et de Ta'if. Ces négo-
ciants avisés, ces organisateurs de caravanes fourniront aux masses
des combattants nomades leurs états-majors et leur intendance... Ils
deviennent naturellement les premiers gouverneurs des villes conquises
et y organisent la masse hétéro~ne des envahisseurs suivant un type
de vie qui leur est familier : la vie urbaine» (63).
L'influence des Musulmans sur 1'6conomie de l'Ifriqya conquise
devait être à cet égard bénéfique puisqu'ils l'orientaient dans son sem
naturel hérité de l'époque antique. Economie urbaine et rurale sous
les Romains (64), elle l'est donc restée sous les Arabes : ta plupart des
centres de l'Antiquit6 ont retrouvé sous un nom à peine arabe leur
aspect de cités actives et prospères. A côté des centres d6chus, d'autres
ont pris une importance considérable : Madldlra (65) non loin de
Sefetula, Tunis aux environs de Carthage. Le développement urbain
s'est beaucoup intensifié avec les Arabes : Kairouan et Sfax sont deux
fondations entièrement arabes. Déjà vers la 1in du vm• siècle Kairouan
dont Yazid b. l;lâtim aménagea les marchés et où il mit en place les
divers métiers prenait figure de métropole (66). On imagine à travers
les Af.tkâm al-SQq de Yal,ya b. 'Umar, les quelques descriptions malheu-
reusement trop brèves des géographes ou les ouvrages de biographie,
l'essor économique de cités telles que Kairouan, Sousse, Tunis, Tobna
38
.
et les cent.tes urbains du Qastilliyya. On trouve dans ces textes (67) les
traces de l'activité intense des marchés avec leur animation quotidienne
et leur multitude grouillante, des bu.ars où s'entassent les chalands,
des divers métiers avec leurs artisans groupés en corporations et ins-
tallés au travail dans des échoppes presque identiques, devant les-
quelles s'attarde la foule bariolée des « süqa ». On y découvre de
nombreuses indications sur une production industrielle variée : du
textile à l'orfèvrerie en passant par la cordonnerie, la sellerie, la natterie
la sparterie, la poterie, la verrerie... Sur un commerce prosp~re : du
grand au petit négoce, des affaires que traite le grand commerçant du
bazar ou le riche marchand d'esclaves aux transactions quotidiennes,
des échanges courants avec la campagne voi~ine au trafic organisé &'tee
des pays proches ou éloignés : l'Andalos et la Sicile par voie maritime
de Tunis, de Sousse et de Kélibia ; l'Egypte, le Maghrib extr@me ou le
Soudan, par de simples convois ou de grandes caravanes. Le dévelop-
pement de cette acti'tité commerciale dont il faut surtout souligner
l'importance des échanges avec le Soudan où étaient écoulés les pro-
duits manufacturés des soules et qui alimentaient le marché de l'or (68)
- Le Qastilliyya en était un centre aussi important que celui de Sigil-
massa - et des esclaves, a contribué à enrichir l'lfriqya aghlabide. Lea
magnifiques monnaies frappées par les Emirs et dont M 'Abdul-Wahab
conserve une belle collection, sont un témoignage éloquent de cette
richesse (69).
Lea mêmes textes nous révèlent également Que l'économie rurale
a hérité elle aussi de l'économie antérieure : l'agriculture, l'oléiculture,
les cultures arbustives ont gardé avec le développement de la vie rurale
leur importance de l'époque antique (70). Lea ressources du sol et du
sous-sol étaient sans doute exploitées selon des techniques ancestrales
qui n'avaient point évolué, et la production ; semble-t-il, était moins
abondante qu'à l'époque romaine, mais le paysan du Cap Bon, du
Sahel ou de la région de Béja n'a pas moins travaillé sous les Aghlabides
avec énergie et succès : il a fait fructifier de nouvelles cultures intro-
duites avec la conqu~. dont celles du p&:b.er, du prunier, du pistachier,
de certaines variétés de dattes (71) ; il a pu bénéficier de travaux hydrau-
liques entrepris par les Emirs soit pour assurer l'utilisation des ouvrages
hérités des Anciens, soit pour les développer et mettre en place de nou-
velles installations, réservoirs d'eau et canaux d'irrigation, puits à
« fouggara », où les techniques anciennes et orientales ont été asso-
ciées (72). Cette prédilection des Emirs, comme de leurs successeurs
les Fatimides pour les travaux hydrauliques que le fait religieux ne
39
suffit pas à expliquer n'a pas été sans rapport avec un souci d'ordre
économique. L'essor de l'économie rurale devait leur assurer en eff'et
des revenus abondants. On en possMe quelques témoignages avec les
renseignements, du Bayiin et I'lftitlil.t, par exemple, sur le rapport de
leur fiscalité, pour Tobna, Qastiliyya et Gafsa, sur les richesses dont
disposaient Ibrahim Il ou Ziyàdat Allah lll, sur l'importance du butin
realis6 par les Si'ites (73).
Ainsi donc, l'économie de l'lfriqya au moment où ce pays trouvait
quelque calme politique et un équilibre social, a connu un essor dft
surtout à l'association naturelle d'une tradition anti'{ue et d'une in-
fluence orientale, au contact harmonieux de ce qui restait de la civili-
sation latine avec l'apport arabo-islamique (74). Lorsque les Fatimides
prendront possession à Raqqada du trône d6serté par Ziyad.al Allah JJI,
ils hériteront de cette prospérité à laquelle ils donneront, une impulsion
nouvelle.
40
lui, Kairouan qui s'&.it beaucoup dévclopp6c depuis l;laasin b. al-
Nu"min et Miisi b. Nupyr prit figure de cité musuhnane.
La formation avec l'avènement des Aghlabides d'un Etat organisé
lié aux Abbassides, mais pratiquement autonome, ne manqua pas de
favoriser le rayonnement de cette ville promue au rang de capitale.
L'Ifriqya qui s'&.it mise à 1'6<:ole de l'Orient pour en recueillir et as-
similer les apports culturels par les voies de la « ril;lla, du pèlerinage
ou de l'immigration n'en était plus au stade initial de l'emprunt et de
la simple imitation (80). L'étude des sciences religieuses, l'enseignement
de la langue et de la grammaire l'intérêt pour les controverses doctri-
nales, le goOt de la prose d'art et de la poésie se développaient si bien
que Kairouan pouvait dès le milieu du IX9 siècle tirer quelque gloire
de sa propre contribution à l'essor culturel arabo-islamique. Il est à
peine nécessaire de rappeler ici la célèbrité de son 6<:ole de « fiqh » liée
à celle d'un Asad, d'un Sa\lllün ou de tant d'autres juristes non moins
brillanta. L'ampleur des études juridiques, le renom des maitres étaient
devenus tels que des Andalous abrégeaient leur « ril;lla » et se suffi-
saient de l'enseignement Kairouanais (81). A travers l'antagonisme
qui opposait le malikisme et le bana.fisme (82), les polémiques et les
rivalités qui dressaient les uns contre les autres les représentants du
premier rite soutenus par la «•Amma » et ceux du second qui avaient
les faveurs des Emirs et de la« ija~$8 » (83), l'engouement de certains
juristes et de quelques hauts personnages pour le mu'tazilisme (84),
on imagine la vigueur et l'intensité d'une vie intellectuelle dont les
ouvrages de biographie illustrent assez l'aspect religieux (85). Des
grammairiens, ~tes, épistoliers, astronomes, astrologues, médecins,
musiciens, venus d'Orient ou originaires du pays, il ne nous reste au
point où est notre documentation que des noms et quelques rensei-
gnements biographiques insuffisants.
Sur l'activité et le rôle du« Bayt al-1:fikma » fondé par lbrâhim Il
à Raqqida vers 878/264 on ne possède non plus que de maigres indi-
cations (86). Cette institution créée sans doute pour imiter celle des
Abbassides eut l'avantage de faire de cette ville, presque un siècle
avant la « bbra » des Umayyades (87) et la « Man~üriyya » des Fiti·
roides (88), non seulement la résidence des Emirs et de la « 68'f& »
aghlabide mais aussi un foyer de culture. Autour du monarque biblio·
phile et mécène non moins méritant qu'ai 1:fakara II (89) ou
al-Mu'izz (90), qui s'évertua à attirer à sa cour les lettrés et savants
basdadiens et dont on sait la grande prédilection pour l'astrologie et
41
l'astronomie, les sciences profanes devaient !tre cultiv6es, non sans
quelque éclat (91). Parmi l'élite intellectuelle qui fréquenta le « Bayt
al-l;likma » sous les règnes d'lbrihim Il et de ses successeurs ·Abd
Allah Il et Ziyàdat Allah m et dont certains se mettront au service
du premier calife fatimide citons : le mathématicien po~te épistolier
et également faqih Abu-1-Yusr lbrâlüm b. Mu~mmad al-Saybini
al-Bagdàdi (92) ; les littérateurs Abii ôa<far Mubammad b. Abmed
b. Hàriin al-Bagdàdi (93), al-Fa4} b. 'Ali b. Zufr (94) et Mw,ammad
b. Mul;lammad b. AI-Farat al-Bagdadi (95) ; le philosophe Abii Bakr
b. al-Qammildi (96) ; les médecins lsl}àq b. 'lmràn, son fils •Ali, ls);tâq
al-lsrai1i, Ibn ijunbuz al-Yünàni, Ziyàd b. ijalfùn (97); tes astrologues
Hamdis et Ibn al-Mu'ta~im (98) ; le musicien et lettré Mu'nis
al-Bagdàdi (99).
Un aspect de la civilisation arabo-musulmane s'est parti~
ment épanoui en Ifriqya au 98 siècle, c'est l'art aghlabide (HlO). L'archi-
tecture religieuse en est la mieux connue, grâce à des études exhaustives
qui y ont décel6 une double influence orientale et antique et en ont
montré « la robustesse et la forte personnalité » (101). Les fouilles de
Raqqàda n'ont pas encore révélé la richesse décorative de l'architecture
civile, la splendeur de l'art mobilier qui ont dil bénéficier du goilt do
certains Emirs pour le faste et les résidences somptueuses. On peut
néanmoins penser que dans les palais de la « Samana Ifriqyienne »
aux jardins garnis de pi~s d'eau et les demeures princières d'al'Ab-
bassiyya qui émerveilleront les rudes montagnards Kutàma, ainsi que
dans les constructions d'utilité publique, a fleuri un art aussi vigou-
reux que celui des fondations pieuses (102).
Tel est sommairement dessiné au seuil de l'étude qui nous préoc-
cupe le tableau de l'Ifriqya avant l'avènement des Fàpmides. Il ressort
de cette vue d'ensemble sur « le pays et les hommes » quelques traits
dominants :
L'Ifriqya est parvenue au vme siècle au terme d'une phase tran-
sitoire où se sont aff'ront6es la force vacillante de la civilisation antique
qui la nourrissait depuis l'éclipse carthaginoise et la puissance encore
jeune de la civilisation arabo-musulmane qui s'est acharnée à s'y im-
planter. Sans doute cette transition a-t-elle été amère et longue, tant
le choc fut brutal entre les Berbères et les conquérants arabes ; les
convulsions politiques, les troubles sociaux, les conflits juridico-reli-
gieux qui secouaient l'Orient musulman, depuis le milieu du VIIe sjèc}e
42
ont eu certes leun prolongements en Ifriqya ; ce pays a néanmoins
fini par admettre la nouvelle religion sa langue et sa culture et la ma•
nim de vivre qu'elle implique. Puis le« ai«le de l'émirat» a 6té 1'6-
poque de l'épanouissement auquel la sur.eraineté formelle des Abbu-
sides et la « tutelle orientale » ont offert un cadre favorable. Siège d'un
émirat orthodoxe, l'Ifriqya a apporté alors une contribution notable
à la civilisation arabo-islamique et s'est donnie quelque gloire parmi
les pays du Bassin M6diterranéen.
De cet épanouissement les Fitimidea tireront le meilleur profit.
Da cueilleront en effet le fruit au moment où il aura bien mOri. Lors-
qu'il prendra la fuite, le dernier Emir, incapable de défendre un régime
en décomposition, leur laissera un Etat organisé, avec ses rouages
administratifs et la plupart de ses agents éprouvés, une flotte intacte,
un pays prospère, d'énormes richesses. La curieuse deatinie de l'lfriqya
lui vaudra alors de servir au triomphe de la cause 'allde et à la réalisa•
tion des promesses du li'isme ismi'Ilien. En devenant le siège de l'anti•
califat fàtimide, elle sera en dépit d'amms vicissitudes le berceau de
sa puissance et le premier foyer de sa civilisation.
43
•
PREMIERE PARTIE
HISTOIRE POLITIQUE
.
Cbapltn 1
L'AVENDŒNT DIS FA.TIMIDES EN' DRIQYA
1- tl ii -
• ll.lRi
o.a..a.-
_1 . ~ -
des·. r
-n2.a-u-
•~ :
48
-
.IJasanid.es ot J;lusaynides, ,à œlle. des partisans d'lbn a~ljanafiya et
de son .Ais Abll Kilim ne firent qo'daiblir .le mouvement permettant
,aux, .califes ,Omeiyades, ,d 'avoir raison en 62SJ66 de la. ,révolte d•aJ.,
Mubtir' 81-Jaqai q,ui s'est réclamé d 'Ibn al-Jjanafiya, comme des
tentatives tragiques do Zayd.b.'' ~ Zayn al-'1Àbidin etde son fils Ya_by.a.
m 740/122 et 743/12S (S).
Cependant la branche bllimite des BanD-1-cAbbis a,s,u.•au moment
où les Ome.iyades étaient à.leur·d6cUn,, tirer tout le parti de œs dissen-
sions apri!s avoir fait reconnaitre leur dro,it à l'imam,at par AbO Hâlim,
b.. M'ubammad b~ al-·l;lanafiyaf; som le .r èpa de Sulayman, b. 'Abd al-
Malik et stietre assuré le co.ntrôle du ·mouvement anti-Omeiyadc et
.l'appui du Jj:urisin., ils, purent sans tr,o,p de difficuiœs renv,crser .les
Omciya.de1 et s'emparer du po·uvoir aux dépens des prétendants de la
'branche FitJm,ide.
...:1 ...... cA
Avec· . ,l'. a1,
.,,.ç.,.___
gçmen· ·t· ~ _' bb· .........:~... · 1- c .il i.:...t1... · •; av ·~· ·t
~ .· ~ s , JA, l'\.UUÇ:S:, qw _·_ .·. 'aten · _
- ""
pay11·
mèn=mcat leur opposition au ç]an Omeiyade, se so,nt vas encore ·exclure·
du califat ·mais ce,tte fois par une branch.e·du,clan hasimite. Aussi cette
1
colke d~a1~·M an,or. c~est parmi les partisans de OaYar al~~diq que
le ti,sioe ,s''est en1a1é dans un tournant décisif de son. histoire. avec la
1
naissance de l.a secte extrimiste ismacilieune qui po:rte e ,D.om de, son
fils l'imam Ismi,t et ,qu~:il a. subi une tra·nsformation profonde1
.
1
Ayant ,6chou6 ,comme parti arabe dans sa lutte armée contre le·
clan 0 .mejyade, le ticisme était d.even.u un,e secte politico..re:li,gieuse
larpment ouverte aux é.léments m6contents,, M·awali. Na.,b athœns et
Aram6ensd,ontrislamisation légitimait a·u,besoin rasp.iration à Ja.juatiœ
sociale. et .à rtigalité av,oc les. J\.rabes. D av,ai,t donné ,aimi nais&anœ.,
:lon de la r6volutioa d'a~Mubtàr' at..Iaqafi ,à K.ufa à. l'idée du, Mahdi.
,te ,atteBdu » (8) dont lu mission devait etre de· «:remplir le mo,n u de
Jusüee·
~ " comme i'-~I a çtç li d'"'101qw
.t ,L .remp~ " "té
· ·_. ». -M.· . aa.~s 1a
1~
I ,ormatio11
r_ • de
. · wverses,
A'~
49
divisaient le §i'isme en plusieurs sectes hostiles les unes aux autres, la
prise du pouvoir par le clan abbasside aux dépens des prétendants de
la branche Fatimide puis l'échec des Abbassides à réaliser les promesses
d'égalité et de justice sociale propres à l'idéal §i'ite et à mettre à ex6-
cution la réforme sociale et économique de la société musubnane,
avaient fini par créer un climat favorable à la prépondérance de la
tendance entrémiste. C'est alors dans la lignée hussaynide que ce §i'isme
révolutionnaire a trouvé ses partisans les plus fervents, les isma'iliens(9)
Il ressort de la confrontation des documents analysés d'une ma-
nière exhaustive par Bernard Lewis que le septième Imam Isma'il a pu
avant sa mort survenue peu de temps sans doute avant celle de son
père Ôa'far al-$âdiq, vers 762/145 jeter les bases du mouvement isma-
élien avec l'aide du da'i Abu-1-ij:attàb. Puis c'est son fils Muhammad
le premier Imam « caché» (mastür) qui en a élaboré la doctrine et
organisé la« da'wa » grâce à l'aide d'al-Mubarak, Maymùn al-Qaddah
et surtout, de son fils 'Abd Allah b. Maymün (10).
Avec Muhammad b. lsmi'il, le premier Imam« caché» (maktüm
ou mastO.r) va commencer au début de la deuxième moitié du vm•
siècle le« cycle d'occultation» (satr) qui s'achèvera vers la fin du IX•
siècle par la« manifestation» (ZuhO.r) du Mahdi. C'est pour l'historien
le cycle du mystère, la période la plus confuse et la plus irritante aussi,
tant il lui est difficile de saisir quelque vérité à travers des sources aussi
abondantes que contradictoires (11).
Dans quel ordre de succession certain l'imamat a-t-il été transmis
durant cette longue période-jusqu'à un siècle et demi-qui s'étend de
la mort d'lsma'il à l'avènement du premier calife Fatimide 'Abd Allah
al-Mahdi (12) ? L'imamat est-il effectivement sorti de la filiation de
Husayn pour passer dans la famille de Maymùn al-Qaddah ? Le Mahdi
est-il donc un 'alide authentique ou simplement un descendant d'al-
Qaddah ? Ainsi s'est posé le problème des origines des Fâtîmides,
suscitant chez la plupart des auteurs sunnites des opinions contradic-
toires et passionnées, des affirmations officielles, tendancieuses et même
extravagantes (13). Chez les auteurs ismaéliens eux-mêmes, de pro-
fondes divergences subsistent et tandis que des ouvrages de « ZA,hir »
destinés au commun affirment formellement qu'al-Qa'im, le deuxième
calife fiµmide est le fils d'al-Mahdi, certains textes ésotériques« batïn »
réservés aux initiés infirment cette paternité du Mahdi et le rattachent
à une ascendance non alide mais maymunide (14).
50
On ne fera -:pas id reumen des •. ourœs. sunnhes. et des thàses au-
jounl'hui. vieilles de Silvestre de Sacy., de Casanova., de Goeje ou. du
n..:·-
ru, u-~ .M· ~..... -ur
·.· a!.u.10 ·. ·,. m": •·.·
celw· ..il....s
...· , uc:• ·..SO
--ur --- ·1=,i!I1ama.
· 'œ8 - - ""·c-1
.::lie
..· . DDCS
· · - ..it.. ftll·r ·de·
....A!:·L...... r--
1:;iiLUUl~
52
I'« isticla'» correspond à un fait dont l'historicité est acquise : la per-
Kcution des prétendants fapmides par les califes Abbassides les met-
taient clans l'obligation d'agir clandestinement et de confier l'imamat
pendant la période de « Satr » à Jeun «dépositaires» (mustawcla') ou
«preuves» (l:lufta).
Cela al-Mu"izz, lui-même, l'atteste, en commentant une lettre clans
laquelle le di'i d'une circonscription orientale« a prétendu, rapporte
le cadi-al-Nu'min, que l'imamat était passé de l'un des Imams à
Maymiln al-Qaddiih, à un Tel, parmi des gens d'origine inconnue
dont il a cité les noms ... » Dieu, dit al-Mu'izz, n'a remis l'imamat, en
cas de nécessité, entre les mains de ceux qui parmi les Ahl al-Bayt l'ont
reçu, sans appartenir à la filiation continue d'al-l;lusayn, qu'à titre de
dépôt et non d'une façon permanente chez eux, jusqu'au jour où l'ayant
droit peut le revendiquer et le reprend d'entre leurs mains ... « En effet
ni le permanent (mustaqar) n'est comme le dépositaire(mustawcla'),
le mandant (wakil) comme le mandataire (muwakkal), ni le légataire
(wafi) comme le tuteur (al-mu$8 'alayhi)... » S'il en fut ainsi pour nos
proches des Ahl al-Bayt comment peut-il soutenir formellement que
l'imamat est passé d'une manière légitime à des gens aussi éloign6s de
nous que ceux qu'il a cités tels que Maymiln al-Qaddih et d'autres ... »
Oui, dit al-Mu'izz, le possesseur du droit, )'Héritier d6signé de l'imamat
($81,ib al-l;laqq) est bien le Fortuné (al-maymiln), le Béni (al-mubirak)
l'heureux (al-Sii'id), celui qui allume qâdih) l'étincelle de la vérité et
fait jaillir la lumière de la Sagesse telle est l'opinion de quiconque le
pense, elle est la bonne » (20).
Sans doute al-Mu'izz réfute-t-il, en distinguant entre le « perma-
nent» et le «dépositaire», l'idée que l'imamat ait pu «échoir» légi-
timement, à une branche des Ahl al-Bayt autre que celle d'al-l;lusayn,
encore moins à la famille d'al-QaddAb : mais en évoquant Maymiln
al-Qaddab ou al-Mubarak, l'affranchi de l'imam Isma'il, ou Sa'id,
qui serait le Mahdi lui ml!me ou son oncle Sa'id al-ijayr, il a recours
à une interprétation parabolique relevant de la science ésotérique
« bàtin ». Ce texte du « matiills » et la lettre d'al-Mu'izz au di'i du
Sind étudiée par S. M. Stem témoignent en fait que le doute qui pesait
sur les origines des Fatimides, déjà vers la fin du 9 8 siècle, n'était pa~
l'apanage des milieux sunnites mais touchait ml!me des missionnaires
isma'iliens. Que Abd 'Allah b. Maymün al-Qaddah ait d'ailleurs succédé
ou non à Mw,ammad b. Isma'il, que le Mahdi soit un alide authentique
ou un descendant d'al-Qaddiih, il serait vain de dénier à la famille
53
d'al-Qaddih son rôle primordial, non seulement dans l'élaboration
de la doctrine ismi 'ilienne - dont on examinera dans un autre chapitre
les lignes essentielles (22) - mais surtout dans l'organisation et la
conduite du mouvement durant cette ~riode de ·« satr » à Küfa, dans
la Basse Mésopotamie, en Perse, puis en Syrie et au Yémen. Si les
sources ismi'liennes qu'exploite - prcsqu'exclusivement - lvanow
sont avares de renseignements sur cette famille, les ouvrages sunnites
- qu'on ne peut à priori négliger - fournissent une masse de données
qui, passées au crible de l'examen critique, autorisent toutefois à affir-
mer l'importance de leur rôle historique.
Il s'agit pour les imams« cachés» et l'organisme supreme de la
« da'wi » dirigé par la famille d'al-Qaddih d'expliciter l'échec des
Abbassides à réaliser la réforme sociale et économique inscrite dans
cet idéal de justice et d'égalité que le !i'isme s'était donné depuis la
révolte d'al-Mubtar à Küfa. Ainsi la prédication ismaélienne com-
mencée et dirigée par M\Ù}ammad b. lsm'iil à partir de Médine même,
pendant les dernières années du règne du calife al-Manfûr (754-755
136-158) s'est-elJe développée vers la fin du VIII• siècle, sous le règne
d'al-Ra!id (786-809/170-193), loin de cette ville d'où l'imam avait
disparu, à travers la Perse, la Basse Mésopotamie et la Syrie. Le mou-
vement s'étendit plus aisément à partir de Salamiyya dans ces régions,
parmi les masses (mawali) nabathéennes et araméennes sous le règne
d'al-Ma'mün (813-833/198-218) et dut s'intensifier à la faveur des
premiers signes de décadence apparue dans l'édifice colossal de l'Em-
pire à partir du règne d'al-Mu'tafim (833-842/318-227) (23).
Le demi siècle 1.1ui va suivre verra l'isma'ilisme se propager plus
hardiement depuis son nouveau foyer de Salamiyya, à travers Je monde
musulman divisé en circonscriptions de prédication ou« ilôts » (tuzur)
et gagner ainsi le Yémen, al-Yamima al-Bat,.rayn, l'Egypte,JeSindet
le lointain Maghreb (24). Ce sera enfin pour la da'wa ismi'ilienne une
époque favorable que marquera jusqu'au règne d'al-Mu'tadid (892-279
279-289) un affaiblissement progressif du pouvoir des califes Abbassides
amoindri par la puissance grandissante des Emirs turcs, J'autonomisme
des ~arides, des Tahirides, des Tulunides (25), et surtout par les
troubles politiques et sociaux. C'est en effet sous l'imam al-l;lusayn
b. Al}mad que l'ismâ'ilisme est entré dans sa phase active révolution-
naire, au moment ou naquit le mouvement Qarmate vers 877/264
tandis que la révolte des « Zandj » éclatée depuis 868/255 venait d'é-
branler l'ordre social établi dans l'empire abbasside (26). Le mérite
54
nMent à L. . M'assignon (l'n d'av·o ir vu le p,remier,. en mettallt t•a,cœnt
,surlescausesdtordœ social et économique, le lien essentiel entre risma'c.
iliSD1e et .le Q.mmatismc ·« mouvement social de réforme et de justiœ
,gali.taire ».En .fait :le mouvement Qarmate de Ja région du Kiifa n.'a 1
:t)aœdân Qarmat et son beau frère ëAhdi.n (28.) ont agi en aJiumant
Je feu de la rébe·llion, suivan·t les co.nsipes reçues de SaJ.amiyya, pour
1
5S
l'ascendance alide du Mahdi on peut y trouver une raison détenninante.
Mais est-œ une raison suffisante pour expliquer de telles dissensions
au sein du mouvement ismli'ilicn, au moment oùsa brancheQarmate
entrait en guerre contre les Abbassides ? Certes la question de l'imamat
avait souvent suscité la discorde au sein de la famille si'ite avant et
apr~ ta naissance de la secte ismli'iliennc. Mais la déviation Qarmate
semble duc à des causes surtout politiques. On verra au chapitre suivant
comment le Dâ'i Abu 'Abd Allah et son f~re Abu-l'Abbü animés par
une ambition politique, rejetteront l'autorité du Mahdi et feront douter
de l'authenticité de son imamat. Peut-être l'attitude de l;lamdlin et de
son beau frère serait-clic plus claire si clic était examinée à la lumière
de l'évolution politique du mouvement ismli'ilicn :
A l'époque où le Mahdi accédait à l'imamat à Satamiyya en pleine
tourmente Qarmatc la cause ismâ'ilicnne venait de connaitre au Yémen
et en Ifriqya un su~ notable sur lequel le cadi al-Nu'man s'étend
à souhait dans son « lftitiil) al-Dtfwa » en se gardant bien de souffler
mot de « l'infidèle » l;lamdan : sept ans avant la fondation par le chef
Qarmatc de son asile retranché « Dâr al-Hi~ » à l'Est de Kufa, Ibn
l;law§ab le da'i du Yémen qui était arrivé en 881/268 chez tes §i'ites
Banü Müsâ dans la région de 'Adan Lâ'a, fondait le sien sur le Ôabat
Maswar en 883/270 et engageait la lutte contre les dynastes de $an'â,
les Ya'furides (:3). Déjà, avant la mort de l'imam al-l;lusayn b. Al;unad,
Ibn l;law§ab dont l'action victorieuse lui valut le surnom de « Man~ür
al-Yamam » était parvenu à constituer dans te pays le noyau d'un Etat
ismâ'ilien et un centre actif de la « Da'wa » d'où des missionnaires
étaient envoyés à al-Yamâma, à al-Ba]].rayn, en Inde, au Sind, en
Egypte et au Maghreb (34).
Quant à Abu 'Abd Allah qui, apr~ un stage de formation au~
d'Ibn l;law§ab, s'était rendu au pays des Kutlima en 893/280, il avait,
déjà au moment où l;lamdan rendait le nouvel Imam vers 898-899
285-286, entrepris son apostolat et consolidé ses positions à lkAân
son « Dar al-HiAfa » avant de 1.ancer le flôt de ses partisans berbères
à la conquête de l'Ifriqya aghlabide.
Ainsi tandis que l;lamdân rompait avec le Mahdi, Ibn I;law§ab
et Abu 'Abd Allah lui demeuraient fidèles et œuvraicnt l'un et l'autre
en son nom à la fondation du califat Fâ\imidc. Mais en déclenchant
l'insurrection contre les Abbassides sous le règne agité d'at-Mu'tadid,
avec l'accord de l'imam al-1:fusayn b. Ahmad, l;lamdan et 'Abdlin ont
dA songer à fonder cet anticalifat en Irak même (36). On peut penser
que le Mahdi, voyant al-Mu'tadid redresser la situation et écarter le
danger tulunide en Syrie a reporté les espérances des Fiµmides sur
Ibn l;lawsab au Yémcn où plus vraisemblablement sur Abu 'Abd Allah
au Maghreb - où la fortune avait jadis souri aux Idrissides (37), leurs
couaina l;lasanides - et s'est mis au risque d'entrer en conflit avec les
chefs Qarmatc à freiner leurs ambitions et à contrecarrer leurs projets.
En agissant ainsi, le Mahdi a été pour le moins perspicace puisque
peu d'années apm sa fuite de Salamiyya « le mouvement Qarmate de
Basse Mésopotamie, noyé dans le sang, cessa politiquement en 909/
294 » (38), tandis que son Di'i Abo 'Abd Allah conduisait ses troupes
à l'assaut des dernières forteresses aghlabides. C'est cc triomphe de la
da'wa ismaélienne en Ifriqya que couronnera en 910/297 la création
tant revée de l'Etat Fatimide que nous allons maintenant exposer.
58
A·. .1·it ·l tê « ·mub·tasi.b » à na,ra,. ou « muca11Im.» q,ui. selon Ibn.
Khald·iin « s'était acquis cc titre po.m avoir enseigné les doctrines.
des lmamiens (Duoclécimains) » (44) o·u ·un soufi.qui ,é tait- a·u rapport
a~ '.d lf ·al·.ç~àli
..ï-- : a.c:r.;
uc u - .. "'b ·/A·) .. .. ·"d'A
,-t·J:•- VOiSJJl
1 . · '·. bru.
... -Ali
· .-- . • • de
, , DUISIODnmte -- • ·K:.:r..r.
11
•-.w.a 'J
n
ma6lisme sans doute au,·COD.t act de son voisin Abü eAli, Abu ·eAbd AIJ'all
prêta serment en m,m e temps ,que son "frère Abu-~Abbis ,entre les
mains de Firüz, bean-·père de cet A.bû ëAJ.i et ·« missionn.aire en chef'·»
11
59
gneusede YU', Ibn I:Iaw§ab après s'être mis en contact, à 'Adan Abyan
avec des commerçants si'ites, les banü Müsa, gagna la région qui lui
avait été prescrite, celle de 'Adan lii'a au Nord-Ouest de $an'i. Leur
propagande demeurée secrète durant deux années, devint publique
après la mort du dynaste Ya'furide de $an'â, en 893-4/270. L'un et
l'autre ne tardèrent pas à remporter d'importants succès militaires qui
leur valurent de conquérir une grande partie du pays ; l'action victo-
rieuse d'Ibn I:Iaw§ab surnommé ainsi« Mansür al-Yaman » lui permit
de fonder sur le « pbal Maswar » un « Dâr al-Hi~», lieu d'asile
retranché, pour les partisans, et créer une forte communauté ismaé-
lienne. Lorsqu'il reçut Abu 'Abd Allah qu'il avait jadis connu à Kufa,
Ibn l;law§ab l'attacha à sa compagnie et le fit participer à son activité
et à ses incursions. Mais cet apprentissage devait être de courte d ~
puisqu'un an à peine après son arrivée, Abü 'Abd Allah se joignait à la
caravane des pèlerins de 892/279 et se rendait à la Mecque pour entrer
dans son destin maghrébin.
L'installation d'Abu 'Abd Allah chez les Kutiima (SI)
Flanqué, selon l'usage dans les missions ismaéliennes d'un assis-
tant, un yéménite du nom de'Abd Allah b. Abi-1-Malit,if - qui sera
du reste rappelé après un bref séjour à Ik!ân à cause de la maladie de
sa mère et remplacé à son poste par Ibrahim b. lst,âq al-Zabidi (S2) -,
voilà donc Abu 'Abd Allah, aux Lieux Saints pour y nouer contact
avec les pèlerins berbères venus du pays des Kutima. Sa rencontre
avec eux a lieu à Mini et n'a sans doute rien de fortuit. Dans le groupe
qu'il aborde deux membres qu'une grande fraction Kutamite, les
Ôimla, acquis au si'isme par un effet de la propagande d'al-J:lulwâni
et portant noms, l'un de l;lurayt al-Ôimli, l'autre de Mûsi b. Makàrim,
entretiennent leurs compagnons des mérites de 'Ali AbQ 'Abd Allah
renseignés sans doute sur leur présence au pélerinage se joint à eux et
développe à son tour le même thème tant et si bien qu'il sont saisis
d'admiration et deviennent ses auditeurs assidus. Au départ, Abu
'Abd Allah qui s'assigne comme destination l'Egypte est de leur convoi,
à leur grande joie. Ils le traitent en hôte selon leur coutume généreuse
et avec beaucoup d'égards, tant ils sont conquis par son vaste savoir.
Chemin faisant, il recueille à bâtons rompus des renseignements sur
leur situation politique et sociale utiles à sa mission et ne révèle rien
de ses véritables intentions. Lorsque la caravane touche Mi,r, Abu
'Abd Allah feint d'être parvenu au terme de son voyage et de compter
s'y fixer pour exercer le métier de « mu'allim ». Ses compagnons
60
Kutlma lai offrent cle se· rendre dans le·ur pay.s où ils .lui promettent
·une ,carrière brillante et ·une situation. plus arv.an'tagcuse.. Il se laisse
prier :mais leur insistance ,est: telle qu'il acceple emin leur proposition.
Les K:atima qui :n.e cachent pas, leur fierté. d'avo·ir :recrut6 un
« n1,u•a0im.» aussi savant, le courvren't de leur sollicitude~.Puis on re-
:p rud la ro,ute, et o.n suit. la voie principale par Tripoli ,e t Qastiliyy.a 1
d'Elvira puis .à Bo,ugie. .D.,est .probable· q,u"'e.lle ait eu la. charge secrète
de répandre la cause li'=ite en Es.pa,gne Musulmane avant de se trans•
porter à Bougie et que Jja·mdiln~ cité pa,r aJ. .N1tmin .sous. le surnom
d'al·Andalusi et la K.unya d 'Ab'El'Abd Allah, ait été un agent ismaélien
auq.uel échut, .à la mort d'al-1:f ulwini, 1a mission de propagande·parmi
les Sumits et les,Kutima~Ce sera non loin de:Bougie p:réoisément qu,il
accO'mpapera - on l v,erra. ,(:54) - Abo cAbd Allah ,dont on. pense,
sachant l'or:gaoisa'lion minutieuse des renseignements et des contacts
seaets dans la ·« dacwa » ismicilienne, qu' il devait ,a ttendre l'anivée,.
Ce ,q;ui laisserait croil'c également qu'il ai't ét.é en rclati.on avec le centre
de la.« da"a » à Salamiyya - ou avec :Ibn l;Jawlab au Yémen - et
à l''originc de la rencontre d.",Abu 'Abd A]kût .à Mini. avec les deux
Kutlmi:tes li~tes,t Son tlls.ëAH et .ses dellX.,petits fi~ls Oaëfar et Yab.ya.
,auront dans l'Etat Fi.p mi4e; une sit·ua.tion de premier pla:n qui aera
exposk dan:s un. a'Utre chapitre (55)..
81
Après un jour de repos à Su~ir. le convoi reprend sa route vers
le territoire des Kutâma. Al-Andalusi et ~-Warfaüümi accompagnent
le Dâ'i tandis qu'Abil l:{ayyiln affaibli par le poids de l'âge ne peut se
joindre à eux. On arrive au pays un Jeudi le 3 Juin 893 / 14 Rabi• Il
280. On se dispute l'insigne honneur d'héberger Abil 'Abd Allah, au
grand étonnement de tous il sait où il doit se fixer et son choix se porte
sur la petite citadelle d'Ikpn dans la « vallée des meilleurs Hommes »
(faU al-Abyir), chez les Saktan la tribu de l:{urayt et de Milsâ.
La tradition ismailienne donne à ce choix un caractère sacré et
le justifie par un hadi! !i'ite : le Mahdi émigrera loin de sa partie à une
époque pleine de vicissitudes et de troubles au cours de laquelle ses
défenseurs sont les meilleurs des hommes dont le nom dérive de la
racine« Kitman » (56). Mais les raisons qui ont dO pousser l'organi-
sation centrale de la« Da'wa » à Salamiyya à choisir pour l'envoi d'un
missionnaire au Maghreb le territoire des Kutàma étaient plutôt d'or-
dre politique et social. En s'informant au fil de la conversation auprès
des pèlerins Kutama sur la situation de leur pays le Dâ'i, Abil 'Abd
Allah devait posséder déjà, - on s'en doute - les renseignements
voulus confirmés ou précisés par les indications de ses compagnons
de route. A l'époque où le Dâ'i débarquait au Maghreb, trois dynasties,
- si on exclue l' Andalus ou l'Emirat umeiyade pouvait certes in-
téresser les visées ismâ'iliennes mais que son éloignement et le peu
de succès qu'à dO y trouver au IX8 siècle la propagande §j•ite rendaient
peu favorable à une entreprise insurrectionnelle (57)-, se partageaient
cet immense pays : les Idrissides dans sa partie extrême à Fès, les
Rustémides au centre à Tlhart et les Aghlabides dans sa portion orien-
tale en lfriqya. Le royaume des Idrissides fondé par un rejeton li'ite de
la branche l;lasanide était à cause de cela peu propice à l'expansion de
la secte ismâ'ilienne-Celui de Tâhart, tenu par des ennemis héréditaires,
les« maudits ijawâriJ » et fondé sur une doctrine rivale solide, présen-
tait le terrain le plus réfractaire à la prédication ismâ'ilienne. Quant à
la monarchie aghlabide, elle avait l'avantage d'être vassale des Abbas-
sides. La détruire c'était porter un coup décisif aux « usurpateurs »
et leur arracher une province de l'Empire pour restituer aux enfants
de Fâµma le califat dont ils avaient été exclus.
Dans ce royaume d'élection donc, le pays des Kutama, - la Petite
Kabylie d'aujourd'hui - région excentrique située sur sa bordure
Nord-Ouest offrait à travers sa zone montagneuse peu accessible et
ses hautes plaines fertiles, un cadre idéal à l'action du Dâ'i Abu 'Abd
Allah.
82
lk.Ain,, petite citadelle perchée sur une mo,ntagne· de la ·chllne des
Babors au nord·de t'·actuelle localit6 de Chevreuil constituait un « .lieu
d'asile» bie.n retnutdté,. au--dessus d~e haute régi,on agricole ''ten-
dant au nord de Bil.liana, enb'e ·Sétif·e t Mi1at et couverte·de nombreuses
aggloméra.dons rurales où. s'étaient. fixées les diff!rentes fractions des
K .u liDla.(S'8). Ce vaste terrlto·ire s''étalant sur cinq journées e11 longueur
et ·trois en largeur et dœstant de di·x. journées de Raqqida éc:bappait à
tout. contrôle du pouvo:ir· ceo!tral ou des forteresses Yoisina .Belezma,
S6tif et 'Mila, dont les.« maîtres»· (a~\1:ib) ne .reconnaissaient am. so.u...
v,erains, Aghlabides au n.om <lesquels. Us exerça·ient leur gouvemement
·qujuno aut,orilé fictive~ Les Berbères Kutama qui. le peup]aient exclu""
sivement :se R])artissaient en.plus:icuts.·tribus, noyaux et clans auxq ue'l.s 1
il advenait d'être d·ressés les uns contre les autres par des querelles.
tribales, et.ne subissaient d~a-utre loi que.celle de la.<< Ôami.c.a » excrc6e
.. leurs D0ta·b)/lllil! «·.n.AJLi
par
._, _. • .: ·· ~ . .J. L.ft ;
• _· . ._1._ • • .. , - ·1. ·A11·
b.1"r. - "'~,.."" et
•. ~ .: •• , - «·. . cUlaffl·a-·:t·» Lenrrpw··!C!lil!i!!llfll'IIA
" -"w.:1 1 - - ~ ~~w·1""'"
- • - : ·j .r :_ ·,w,""""
·IA& . ~'°'. 1
.d,•il!l"l.Hft
.l&pu, (..· -'è.A),
' .""' •' al-Hasa·n.
-- - .. - b Hirln
I
- , J"eune
- bn.~l!lftC doui· ~
V,U,,Ui,,U, - -
À~
ral~Aft uç:
d
·-· e•
- iA,&OV,11,11,,
des plus importants noyaux JC.utamites!! ·ies Apa (66) qui co.nb6lent 1
avec les èUmla toute la rôgion a.u sud..Est d 'Ikjan• .Abu ZltJ qui se fait 1
un ,affr.anchi rdu << :m aitre » de la vile Mü.·s i ·b. al91Abbâs (&8) .• Celui-ci
.a -~.., ,q._- ue·
···.· . 1.ç,-u.u
-- pp
- -
. on. -.t.al.
« l'·C-··-"'en . » 1r14
~ ...,b~u-· ,à, ·r t·:Ka:'ft
,e~ et _- . q·u. 'i :a_w·.-
1
. ~~v .les
_ Kuf!:.e1.m a· .-.-.,
es·
entré: à .M ila et se trouve à rauherge de F8Ilpwn. Il ordo,nne à son
aff'ranchi d'amener ce ,client doBt il ne .fau't pas négliger le cas", Mais
Farjawn se: fait un scrupule ,à propos de so-n hôte et le fait .Prévenir
à temps pour qu'il écha,ppe aux .recherches (69). Tel qu.'al-N:u.i::min
le raconte, l'incident .mon.b e que le gouv,emeur de Mi1a n'éprouvait
pas encore de la présence de cet onomtal à lklan d,'·mquiétudes sé.-
rieuses~ On comp-rendrait. mal autrement, même en admettant, l.es
1
81
me venu d'Orient. On se le décrit rejoignant Ik~ân sain et sauf sur sa
mOle blanche (70). On s'interroge sur sa doctrine qu'il faut tenir secrète
« amr maktüm. On s'étonne que quiconque l'embrasse n'en révèle
jamais rien à personne, rot-ce même à ses intimes ou à ses proches, et
se borne à répondre : tâche d'arriver et tu trouveras la certitude (71) ».
Cette formule devient le leitmotiv de ses fidèles qu'il appelle ses
«frères» (Ibwiin) et qu'on désigne désormais, non sans quelque note
élogieuse, du surnom de leur chef spirituel, les « orientaux » (al-
Maliriqa). Séduits par leurs mérites plusieurs de leurs contribules
arrivent de tous les coins du pays à Ikpn, adhèrent à la« da'wa » et
retournent chez eux. Certains s'établissent à Ikpn où les« croyants»
les hébergent et sub,..iennent à leurs besoins. Le Dâ'i assure pour ses
adeptes un enseignement oral « sama » et ainsi se forme autour de lui
la communauté berbéro-ismii<ilienne des Kutiima (72).
Parvenu à ce stade de son évolution, l'apostolat du Dâ'i provoque
des réactions religieuses parmi les Kutâma. L'adhésion à sa cause est
loin en effet d'être unanime, et il se trouve parmi les Saktân et les autres
tribus tant d'impénitents, dit al-Nu<man, dont l'âme ville s'obstine
à ne renoncer ni à ses péchés ni au privilège de commander dans le
monde d'ici-bas, pour médire des fidèles du Dii'i, les accuser d'impiété,
d'hérésie et d 'hypocrisie et déclarer que cette doctrine qu'il faut garder
secrète n 'a sans doute« à cause de cela», rien de bon et doit être con-
traire à l'Islam. En se développant, la prédication d'Abu 'Abd Allah,
se crée donc des adversaires : elle ne peut souffrir l'existance d'une
autre doctrine rivale et pour triompher elle doit s'imposer à tous. Deux
communautés religieuses sont alors sur le point de s'opposer l'une à
l'autre.
A ce moment les inquiétudes de Müsâ b. al-'Abbâs se précisent.
Cet « oriental » n'a-t-il pas toute l'allure d 'un rebelle qui sort de la
communauté« bâri~ » ? Aussi le gouverneur demande-t-il aux Saktân
d'envoyer cet homme à Mila pourqu'il l'interroge sur sa doctrine et
le confronte avec les « 'ulamâ » de la ville. Mais ils répugnent à lui
livrer leur hôte et repoussent cette proposition. [I en vient aux menaces
et leur fait craindre d'éventuelles représailles du souverain Ibrahim II.
C'est peine perdue. Abu <Abd Allah a trouvé des défenseurs dévoués.
Ils ne sont pas hommes à abandonner leur protégé, à trahir celui qui
est sous leur toit. Désespérant de se faire obéir, le gouverneur tente
de dresser contre eux d'autres tribus Kutamites mais, la solidarité
tribale déjoue la manœuvre. Ibrahim II ne tarde pas à être alerté de
66
la si.taatlon tl·Ouble·cré'-e da.ns.cette provinoc éloignée de son royaume .
ri ..t-.:t_..pour·
~ çç.u
_ 1
· s,~.w
.....ilormer
ir. ·· · . ·. u ,i.;Abd
s·· ·u· r- ..Ab ·. · ..·'·. AU-ah
. à- M - .... b, . a I.. ' A
.. 1-usa ....·bb-·
·. -as. qua..,,
1
1
. - , , .. • 1 .. . . .
tructio.ns. pour or,p niser une rencontre discrète entre e1.1X, Le gou-
vemeur établit le con.tact avec Ahü êAbd Allah par· ltenuemise de l*··un
da,Saktin qui .arrange reotrevue.~Le Dii reçoit l'en·voyé d'Ibrihim .I I
avec courtoisie, lui a,ccordc le traditionnel « ·1·aman.», puis écoute les
termes de son œessap: dont.voici .la t.ene·ur :.« r'Emir demande à Abu
.··· _:.·. ··'1 ..Allah
IICAbdl 1
.~··.I 11· q· ' ......nti' on pe·ut b1··~n l'an1~m
•r11•U.'iif. ,m
.·: .Mlwr 0 ~ Ui;. · . . :· , -. _.'..'._ . · ·1 . ...
1. ..,. et l,11o PO"Uil:!~
-,. ..._.; ·. · , 1~ .' s' xpo·~r
,- ·-à •!,,li;~ ! . l l 0
'IJiiii ·.. . J> .: .. ~ '
perche qw lui est tendue, ca·r il n~.aura p,1.us d''excuse po,u r sa défense
,et. ,q'U.''il se le tienne pour dit. Puis. de 1',averdssemen t; Je souverain ,e:n
vien·t auix menaces : si le·rebene persiste·dans so·n égaremen.t. .il se mettra
lui-mkne en.·ma,che contre lu.1j à la tête de tous ses valeureux soldat·s;
,des protecteurs. de so·n. trône et de tous les hommes de son
1
·r o
·: y
' .. .· -. a · m<
· u e
. ». (7S
.·. ' ·1·
~,
67
---- -- ·- - .... ,_. . - -- -· -- -- -
68
Bakr et de'Umar. Non, répond •Ali, par Dieu, je n'adopterai que celle
de ·Ali b. Abi Tilib, ou tu y consens ou je te rends ton acte de nomi-
nation » (82). - Par Dieu, lui dit Ibrahim, c'est la conduite la plus
vertueuse, adopte-la ; je ne pense pas du reste que tu puisses y par-
.
verur ».
Al-Nu'miin voit aussi dans l'anti-malikisme de l'aristocratie
aghlabide une preuve de l'attitude pro-§i'ite qu'il prête aux princes et
aux dignitaires de l'Etat (83). Il insiste sur leur hostilité à Sal)nüns
désigné aux fonctions de cadi par !'Emir M~ammad b. al-Aglab
pour satisfaire la « 'âmma » à la suite de son conflit avec son frère-
Mmad, et rapporte ces faits significatifs : au lendemain de la mort du
célèbre juriste maJilcite, ses disciples se concertent pour demander, à
l'occasion de la prière funèbre dirigée par !'Emir lui-même, l'attribu-
tion de sa charge à son fils Mul;lammad. Mais pour déjouer-
cette manœuvre, les princes et les dignitaires décident de ne pas par,
ticiper à la prière devant le cercueil transporté à la « $abba » : Sortie
de leur résidence d'al-Qa~r • al-Qadim, ils s'arrêtent ostensiblement
à al-Hârüniya manifestent au passage de !'Emir, leur intention de ne
pas se joindre à son cortège et avec son assentiment ne font pas cettt
prière derrière lui (84).
69
du même genre attribués à lbn'Aqib al-Layµ et affirme que ces poésies
étaient connues des lettrés Kairouanais, que le poète Abu-1-Yusr
les a récitées devant le Dâ'ï après son entrée à Raqqâda, en présence
des faqih et qu'Ibn 'Abdün s'est étonné d'avoir vu se réaliser de telles
prédictions (87).
Bien que les monarques de !'Antiquité et du Moyen-Age aient
eu un goOt marqué pour l'astrologie et les prédictions relatives au
vicissitudes du temps et que l'engouement d'lbrahim Il pour cela ait
été fort grand on ne peut reconnaître à ces poésies à coup sOr apo-
cryphes, quelque valeur historique.
L'historicité de la poésie de Mul}ammad b. Rama(,lan est en re-
vanche indéniable (88). Ce poète originaire de Nafta et acquis au
si'isme consacre ses vers à la mémoire des Belezmites, péris dans le
guet-apens arrangé par lbrâhïm II et dont on a vu plus haut l'incidence
néfaste sur la défense de l'Ifriqya. Il évoque les malheurs endurés par
les victimes de la perfidie du «tyran» qu'il couvre d'invectives. Il
annonce l'avènement attendu du Mahdi et la chute imminente des
Aghlabides, des Abbassides et des Umaiyades d'Espagne. Réfugié
chez les banü Mâlik à Billizma, il échappe à la colère du souverain
qui en dépit de ses satires souhaite le voir à la cour et lui promet l'amân.
Ce poète atteindra le règne du Mahdi qui le nommera cadi à MUa où
il finira ses jours (89).
Enfin al-Nu'mân rapporte la prédiction de l'ascète Ya'qüb b.
al-Mu4ii (90), un prince agb.labide propriétaire foncier dans la région
de ôamma, concernant le site de Mahdiyya, et souligne la similitude
entre cette littérature prophétique relative au Mahdi et celle consacrée
à la venue du Prophète MuJ;iammad, en citant Umayya, b. Abi 1-$a)t,
Waraqa b. Nawfal, Zayd b.'Amr, As'ad b. Karib et ijâlid b. Sinan (91).
Le caractère légendaire de ces récits et poésies prophétiques trai-
tant de « l'atente du Mahdi » paralt évident. Quant aux affirmations
d'al-Nu'mân sur les sentiments §i'ites de l'aristocratie aglabide elles
sont pour le moins suspectes. Du reste, passés au crible de la critique
historique, ces longs développements ne sauraient servir à expliquer
l'absence de réaction de la part d'lbrâhim Il, après la rencontre né-
gative entre son astrologue et Abu 'Abd Allah. Les raisons en sont
plutôt d'ordre politique : on peut situer cette entrevue approximati-
vement en 895/282, deux ans après l'arrivée du Dii.'ï chez les Kutiima
et presque sept années avant la première intervention de l'armée
70
aglabide en 902/289 (92). C'est à la crise qui secouait alors l'Etat
aglabide et dont un aperçu a été esquissé plus haut qu'il faut rattacher
ce souverain mépris d'Ibrâhïm II pour le rebelle des Kutâma et sa
négligence du danger qui se dessinait à l'ouest de son royaume.
En 895, l'Ifriqya venait de perdre-rappelons-le-avec la destruction du
« !und » de Bclezma la puissante garnison tamimite qui contrôlait
les redoutables Kutâma. Elle sortait à peine de la terrible révolte qui
avait embrasé le Gammouda, les régions de Laribus et de Béja
et surtout Tunis et le Cap-Bon, et réduisit Ibrahim II à se retrancher
avec sa garde nègre dans Raqqâda (93). Durant les années sui >'antes
mises à profit par le Dâ'i pour soumettre à son autorité l'ensemble des
Kutâma, !'Emir va etre préoccupé par l'insubordination des Arabes
de Tunis et leurs doléances adressées à la cour de Bagdad. Aux objur-
gations d'al Mu<taC,id,il répondra en marchant sur Tripoli pour tuer
son cousin désigné, pour son malheur, à sa succession par le calife
abbasside et massacrera sur son passage les {Jari~tes. Il enverra son
fils Abü-1-'Abbas sévir encore contre les Nafüsa en 897/284, les Banü
BallJt à Biskra en 899/286, puis réprimer un soulèvement en Sicile en
'100/287 (94).
Si d'autre part, Ibrâhim Il s'attardait,après le retour de son mes-
sager, à aller - ou à envoyer un de ses généraux - s'emparer du rebelle
et châtier ses partisans, c'est parce que rien ne pressait encore : le
Dâ'i était loin en 895 d'avoir fait l'unanimité des Kutâma sur son nom,
les chefs des diverses tribus Kutâmites n'avaient pas encore dit leur
mot et les places fortes Mita, Sétif, Billizma étaient toujours gouver-
nées par les mêmes familles arabes vassales.
71
d'une brève relation suspecte et teintée d'lbacµsme, celle d'al-Warriq
conservée par Ibn 'ldari (96) et de donn6es décousues transmises par
Ibn al-Apr, Nuwayri, Ibn Khaldün, Maqrizi,d'après al-Raqiq qui a
sans doute copié al-Nu'mii.n (97). A force d'élaguer et de pratiquer des
coupes sombres dans la version originale, ces chroniqueurs ont fini
par en détruire l'ensemble et embrouiller le chercheur. Avec l'lftitiil),
on retrouve le fil conducteur, le récit s'articule, les faits s'enchaînent
et cette période sort de la pénombre où elle était confinée. On a vu le
Dâ'i s'assigner après les premiers succès de son apostolat une tâche
temporelle et l'exprimer clairement à l'envoyé d'lbrâhim II. Prendre
le pouvoir pour le compte de l'Imâm al-Mahdi, tel est le but avoué de
sa mission. Le mouvement de révolte qu'il anime se développe et la
réaction du pouvoir central tardant à venir, son prestige va grandis-
sant. Aussi les gouverneurs des places fortes inquiets du danger, et
certains chefs de tribus jaloux de leur autorit6, doivent-ils compter
sur eux-memes et se liguer pour rem6dier à la situation. Une coalition
est formée qui groupe avec Mllsi b. al-'Abbas, 'Ali b. 'Uslllpet l;layy
b. Tamim respectivement gouverneurs de Mila, Sétif et BDlizma, les
chefs de plusieurs fractions Kutâmites : Fat);i b. Yat,ya, pour les
Masalta ; Mahdi b. Kinawa, pour les Lahi~ ; Far)J b. Ôirii.n, pour les
AUii.na ; TamJm b. Fa)JI, pour les Lafâya ; enfin Ziyad al-MatüsJ,
pour les Matllsa (98). Mais les Sakt!n apportent au Dil'i, réduit à
se cacher et à ne plus se montrer qu'aux Croyants, un soutien sans
réserve et sont déterminés à le protéger,au besoin,par les armes. Les
chefs de la coalition, craignant d'engendrer la discorde parmi les tribus
et de susciter un conflit sanglant entre la branche des Ôfmla, à laquelle
se rattachent les Saktan et le reste des Kutâma, ne peuvent se résoudre
à l'usage de la force et ont recours à la ruse. Ils décident d'envoyer une
délégation auprbs d'un notable des Saktii.n, Bayii.n b. ~qlii.n pour
tenter de le dresser contre le Dii'i. Sans oublier de lui offrir quatre
chevaux et cent têtes de bétail, ils lui font la proposition alléchante de
l'élever au rang de chef supreme des Kutâma et des Arabes,s'il les
débarasse de cet intrus qu'ils accusent d'avoir altéré la religion, divisé
la communauté des Kutama et détruit leur unité.
Sans prendre effectivement le parti du Di'i, le notable Saktanien
ne peut admettre l'abandon d'un hôte qui s'est mis sous la protection
de ses contribules et propose, en réponse, de le confronter avec les
'ulamâ'. Les coalisés qui n'escomptent aucun résultat d'une pareille
confrontation tentent un coup de force pour s'emparer du Dâ'I. Sous
prétexte de conduire les 'ulama', de nombreuses troupes composées
72
de cavaliers et. ide fantassias, marchent. 'Sur lkiâ.D. et se présentenl. à
l'Est d.c la :m ontagne, dans la vallée du sa]ut. « Wâdi 'I-Nâpt.» à la
lisière ,d.'·uue: .foret d teuphOlîbe ,« tltllt ». :Fixés, sur.· lems m·tention .
belliqueuses les Saktan les attaquent ·v.igome.usemen't. Tout le clan
des Gimla répond .à rappel de guerre et les principaux auxiliaires du
na,« aw:Uyi » s'iUustRnt au mm.bat, L~ennemi 1est mis en d6route ;
sortis victorieux de ce premier engagement, les fidèles d'Abu éAbd
AUah redoublent ,de vigilance·.. Les coalisés ne se tiennent pas pourtant
pour battm et ne désespkmt pas de créer des dissensioas parmi les.
Saktin .. Ils ren.ouve·llent leun ,oft'res à .Bayân et l'exhortent à ·refaire
l."unil6 de la comm·uu.a.uté. Dt font appel à la solidarité·berbère contn
:rmtrus, candamment ,cette doctrine :secrète pr&:h& par ce «.diable
d."oriental » ,que des =-uJama montagnards ne sauraient confondre· et
.dénoncent son.impostur-e. Bayin qui n'a pas cadté son hostili.16 à Abu
cA. :·.Jbd
- · -AU~
a -'' --:t 111:!A:
·. .h1
~ · lai _-· _
"'11:!!~A
~
....nn,vatrn~
,vl,,P" _
.- . Ç.lll,v.a·"""" .
s'-·~·
... M,M&l;Q; ._..
d-. 14.u.av~
1~
~, _
~ " 1ilb. ·,..1-
~ .,G'l'lll@",f ti!H" Wl!G,
·~ ~
,qu·t.n s"est résilD' à émiper·,. pour mieux s'.abriter des forces liguées
contre lut Mais en acœ:ptan't Î'ule offert par·:les ôalmin et la protec-
tion.de -ur ·chef al--8asan b. Hirln il .n;a certainement pas. fait ·ua
ma1nais, calmil (99),
Perchée sur.·le rocher qui lui donnait son nom,. la citadelle de Tizrtlt
était peut..&tre moins dfflicilemeo.t accessible que celle d1lclin, elle
présentait en. revanche;,l'avantage de permettn: une prise directe· sur·
le territoire des ·t ribu qu'til restait à maitriser·lomlemm.t. ·: les Aitioa,
:Mata-sa• .Lahita, latiya et Oimla. (I.00).... Ele se ttoovait,.au surplus
postée en sentinelle à.quelqua li.eu.es de .la :place forte ajlabide la ·plus
proche, :MDa, ,qu'°elle étomfera progressivement et qui tombera la pre-
milJ.re.. Quant à ses no,aveawc p.rotcctcurs,. les Ôalmiu, le D.i 1 pouvait 1
co .· pter sur Jeun fore.a et leur générosité : at. ..f:1.asaa,1leur chef, ·CÜ.
posaiit, ,on ra VU;, d''llllc forhllle considérable et itait venu adh6rer à
la da~, parmi les tout.premiers (1.01).
78
Voici donc Abu 'Abd Allah, parti d'Jk!ân avec la plupart de ses
adeptes, laissant à la tête de ceux qui ne peuvent le suivre un de ses
lieutenants, al-1:fakam b. Nâsib. A Tazrùt, les« croyants» des Ga§mân
leur réservent un bon accueil, et comme cela est de règle dans la com-
munauté ismâ'ilienne à sa formation, - ce que tolère du reste la géné-
rosité coutumière de la tribu, - leur offrent l'hospitalité et subvien-
nent à leurs besoins. Les « mu'minun » viennent de partout, leur ap-
porter vivres et ressources. Al-l;lasan b. Harun qui héberge lui-même
le Dà'i met largement sa fortune à contribution. Les fidèles affluent
à Tazrût, s'y fixent et se tiennent sur pied de guerre. La position du
Dà'i s'en trouve consolidée et sa cause attire de nouveaux fidèles dont
Bayân ce meme notable saktanien qui a contribué à provoquer son
départ d'lk!âo. La situation de la communauté berbéro si'ite, devenue
un moment critiQue, se rétablit ainsi dans son nouveau foyer de Tazrùt.
Ce qui ne tardera pas à ranimer l'hostilité des éléments de la coalition.
Une seconde manche va donc opposer au Dâ'i et à ses adeptes les
forces liguées auparavant contre lui. Le scénario sera presque en tous
points identique : on s'efforcera de diviser les Gasmàn, en dressant
un de leurs notables contre le Dâ'i. On agitera le spectre de la guerre
civile et de la dislocation de la communauté Kutâmitc. On fera appel
à la solidarité contre l'étranger, et ne pouvant s'en remettre à l'arbi-
trage de « 'ulamâ » au savoir rudimentaire, on en viendra aux
armes (102).
Avoir recueilli le Di'T n'a pas été sans faire d'al-l;lasan b. Hârün
le point de mire des Kutâma. La présence d'un hôte aussi illustre sous
son toit n'a pas manqué non plus de le désigner au respect de ses con-
tribules, de lui valoir leur considération et de l'élever ainsi au rang
le plus éminent. Cela, son frère aîné, Malµnûd b. Hâriln, ne le vit pas
toutefois d'un bon œil et en conçut la plus vive jalousie. Les éléments
de la coalition anti-si'ite, inquiets donc de voir le Di'i bénéficier de la
solide protection des Gasman, et ayant eu vent du ressentiment éprouvé
par Ma.timild, ont vite remarqué le parti qu'ils pouvaient en tirer :
exploiter la rivalité entre Mabmûd et son frère,dans l'intentiondecréer
des dissensions parmi les Gasmân et isoler ainsi leur protégé. Ils dé-
cident donc, d'envoyer un des leurs exciter Mabmûd contre le Dà'i, et
confient cette tâche à un chef des Lahi$8, Mahdi b. Kinâwà, lié
à Mabmüd par le voisinage et l'amitié. La démarche du Lahisicn n'est
point couronnée de succès : Mabmûd qui ne manque pas pourtant
d'animosité à l'égard d'Abu 'Abd Allah répugne à susciter un conflit
74
sanglant au :sein de son 11oupe et .Pœfère la ,su,g esti.on. déjà avancée
par Bayin b~ Saqlàn de le confrontc.r avec les« cu1ami (103) »~
'Mahdi parvient à ,c,onvaiocre les Siiens de·ropportunité d UJ1.e telle 91
confrontation ~ une .Po.ig ée .de ,guerriers choisis parmi les plus braves
saisir·ont cette occasion. pour· ,a.ppr,ocher te Daci· et le tuer ;, mais ,on
.Pre·ndra s-o-·m
- ·. - ·. .. po·11, .. n• p<!iiC' re·to·mbe'r da·ns<- l'te~ r co
.' ·.• ·. · .:1. ·, ~··· 1• ... • ~ : )~ • • - -mm
~ -: 1 -- ise a-vec· les
••• : •• .
1
-.Lill1""'1U· ·.. · '.. 11: . .··._ ...· . ·
76
skmna.hcs,et les Doyens de la ·Co,mmunauté.,lui propcsèrent de le·cacher
.en
1 ·- - ·,I~fl!=e·u s:n.·
·. un 'IU,!li. so.-
' ·.u s . : nne
' bo - - · ·., , d,
a-gr.de
- ~ : ù 1-1. at·...__..i·
- •o ~__ait- l'issue
I.Çlll;,Ul, - - de
- la bataille~,
'
qui soulèverait les montagnes ,s''offmnt à leur vue (109), Puis on s'or!!!!
pnisa .pour le combat. Chacun ·mît à.la disposition de la ,commuaauté
ses ressources e,t ses armes pourqu.''on :s·'êqwpi't uniformément, Après
av,oir écarté les in,valides ,et tous ceux.qui ne pouvaient porte.r les armes\t
et ali.gaé sept œnt œ.valicrs et deux mi]le fantaasios, Abu:cAbd Allah
établit ,son. camp, à, rmtérieur de tranchées qu'il fit rcreuser hors de
- -•,, au
Tazru . 'bord u.c
..._ .,,..oi
. ,...u....w
..1 1111"=
1, .· •. ,
.t'ft.. . c1 ·110 1\
.1i,,~.:u:ü
, .. 11..1. ..· , , 1i ·.·
Voici donc le ·n ,11,. se ·heurtant a.u dernier obstacle dressé SUI son
chemin par. les l{utâ.ma réfractaires à, sa pr6iicatio:n~ S,u r ]e point. de
livrer une bataille engageant le so.r t de la jcu:ne comm.unau1' li'J.tc,
il évi.te d'affro,nter un ennemi beaucoup p·tus puissant quf: lui. et tœte
d'abord de di.viser la coali.ti,on. c·est au cbe:f des, La1p.ya,. ·F:al}l b. Niib
__ ~· ·' . ·..p·, ét'a~t·. 'lu;
cto,nt· le- cam
_ . __ i.... p
_ -.. p·.r.n,;h,e du, sien q· u'il 1' w,vlse
-::- ·J us
.RI V1!i;I_ _ - .liaJre :d'.es
_ _ :-' ...
_ _ _ . _ _ 0 d
. e: , - ,"'. - -.,
remplir œtte missio,n.. Le'Ur choix ;se porte sur un des leun qui avai.t
1
avec Fal)J des liens d''al:iance e't d"amiûe, Sahl b . Birkâs. Le Dâ.1 lui
donne ses instructions, ,et renvoie donc 'lr-ouver le chef des La.Jiy.a.
.•..·.. .o--t·re. "'~,on
Co ___m"'· --1oc
--··- .u-,IA'li w
·t·e r
,..l,q; ______ 1111• .~1 -u
a ~""' n'en vo,-,.uo
1q•· ~· qu'
. a- I'art:·11an · · ··
de cette «fi.tua » - cet « oriental » qui a altéré la religion. - · et rq ui
• .t....,-·mie_ . 'U''o
,~iu1 q, _n.. le_ livrlt
_ _ po ._ur c:Y, __ la uerre·
L~ter 1 _ . ,- _ l .inv, . I."o-b> -•ga
. _. o.· ..q·ue. ,g· ·; .- ---ti·.o·_. ·n
S
· . ' a· h
r1·s1am, que chacun, serait libre d'adopter ou d'.abj urer {1.12). Ebranlé!
1
par les arguments,. Pa1)1 demande à cossulter les aut.res chefs, de Ja.
coalition. Mais ceux~i., entraîn,és,pa-r Far)} b. Ôir,i n, s'obstinent à exiger
qu'on l.cur ·remette. le. .na,', Fabl ne peut q,ue se ranger à .la décision
de la majorité e· dépit de·so.n penchant. pour la :modération~ et :Sahl
,s~en reto,umc donc aup.rès du :na, :pour lui. rend·re c:ompte· en présence
des DO:YeD.St du résultat .nésatif ,de sa démarche.
Fixé sur l'intention de l'ennemi. Abu'Abd Allah décide de ne pas
laisser aux tribus liguées contre lui Je temps de s'organiser et de passer
à l'offensive, et prend l'initiative de les attaquer séparément. Laissant
les Muzâta établir leur camp au Sud-Ouest de Tiizrllt du côté de
Malüsa, les éléments des villes et les Kutâma de la région de Sétif
dresser le leur, du côté des Masalta au delà de Malüsa, il se porte au
Nord-Est vers Mila, pour harceler les ~~na, les Lataya, les Ôimla,
les Malilsa, les Danhiila, les Oasmiin de SaUa, les Ursiya et les élé-
ments venus de Mila même (113). Au premier accrochage ses troupes
ne subissent aucune perte, tandis que l'ennemi perd un cavalier. Le
lendemain l'engagement est plus meurtrier pour l'adversaire mais sans
aucun dommage pour les partisans. Au troisième jour, à l'issue d'un
combat acharné au cours duquel Oazwiya s'illustre et reçoit la blessure
qui le rendra aphone (114), la victoire d'Abu 'Abd Allah est totale.
Mis en déroute, les éléments de Mila regagnent cette ville, et ceux des
tribus retournent à leurs emplacements d'origine. Le quatrième jour
le Dâ'i attaque et bat les Kutâma de la région de Sétif. Le jour suivant,
il inflige aux Muzâta une lo"\Jrde défaite et réalise un butin si important
que vingt chameaux sont vendus pour un seul dinar et qu'un chameau
est changé contre cinq têtes d'oignon. Ainsi victorieux, ses partisans
rentrent à Tiizrüt, chargés de richesses aussi abondantes que variées
enlevées à l'ennemi : outre les chevaux et le bétail en grand nombre,
une grande quantité d'objets de valeur ravis aux éléments venus des
villes, des selles et des mors incrustés, des vêtements d'apparat, des
armes, des étendards, des tambours, etc (115).
78
sur l'ensemble des fra cti o n.s Kutâma et à. maitriser·1es.derniers éléments
récalc·tran'ts.
chef le Doyen des Doyens Abu M'i1sâ. HitiiR b. Yilnus -,)et les ban.il
c;rn·-.Ill-. ~,-.e:5
-. -_ es
111 .
. - i!!•u
~ -Js 1.
.
Yibid:ir•as
. Y-~ . p.. a_
---
-·rmi -- 1aç-s_ Kutima ~ _ -- - ..(ll8). t continuait .'.. :1
___ - ·à ·.u.
"'.... ...,f·
les arm.es contre Abu 1Abd Allah. Des. troupes §i'ites furen:t chaQées
de: le rédui·re et le· forcèrent ,à se réfugier dans la résion de Sétif. Il solB 1
pomt d'all'tre asile~ le chef d6c:bu des M'asilta finir,a par sa.gn.er l 'lfriqya
et arriver - o.n .le ·verra plus loin ( 20) - à Tunis au~ès de, 1'Emir
aglabide Abd AUaht Il, au printem.p1 de l'année 902/28,9·;!
,1:
Kutima sur toute rétendne de leur payst entre Sétif et. Mita d'Ou~.t
1
en Est, les. Babors et BHliz~ du. Nord au Sud~ So:n pouv,oiir n'était
.P lu cont.esté que dans les pJaœs fortes. e·t Jeuis environs où ·s1'étaient
reti1:és les. éléments réfractaires au..li'jsme 122). 1
(
19
Ainsi, l'année 902/289 était à peine commencée, que le missionnai-
re isma'ilien, arrivé huit ans plutôt à DcAan, finissait de mener à bout
l'étape préliminaire de la mission qui lui avait été confiée à Salamiyya.
Etape dure et longue, parsemée d'embftches dont certaines furent de
taille à lui barrer définitivement la route. Mais.Abu 'Abd Allah sut,
à travers les obstacles qu'il eut à vaincre, forger parmi les Kutama,
la force qui allait lui permettre d'affronter sans tomber la puissance
des Aghlabides. A peine, le premier acte touchait-il à sa fi.n, que le
second - qui fut aussi le dernier - s'ouvrait sur une scène de victoire :
la prise de Mila (123).
80
modestie et de se1 qualités p ~ 4uc :par r.tuœtion qu.~il 'leillait
à. leur usurer, au.coms de séaoces d'·exhonations et de: lima'= (1.26.),.
de le·u r înculQ.uer ,ce sens de ·1a fratcmit6 - bien caractérisûq,ue de· la
monde islamique, mais souvent .l poré et ouhlié· au sein de. la .soci6t6
musulmane lraditio.nncUe et conscrvalriœ..auq.u l la propagande li,te
peohant réplité ·sociale :redonda. toute sa .·v•gueur. A.ussi les 6.dèla
rivalisèrent-ils au sein de ~te société d'« lbwins. (127) ·» à se com-
porter·d~uc maniin: irréprochable et à acqu!rir l.ous les mérites en
se .mettan·t avec abnégation et ferveur au serv.iœ de. la communauté.
1
. . t à U.w
.,,_ ,c. onsacran.'
~
.àM!I œ'iwl!res pliAH!C!IÏN!' se ·t:_.......,..._.t 1· •
·.·. :y,; , ' w~, . ·. UVUIU ' une' act ·'";ii..i';;1,.Jl. .... "'al..
' . .. lT&IG som. C
vieillies uns faillir à leur zèle ·p ieu purent acœdcr au rang de mission,.
l'.l8iœ (J 28)~
81
laissa à la garde de ses « Doyens ,. les contributions ven6ea par lea
Croyants et la part du butin devant (( échoir en fa~» à l'Imim. li n'en
prélevait jamais rien pour lui-même, n'y avàitjamais acœs et ne pou-
vait guère voir ces fonds conservés en dépôt par les Doyens j~u'à
l'arrivée du Mahdi auquel
. . . ils seront remis».« N'acceptant rien de la
part de ses fidèles en dépit de leurs instances, le Di'i ne disposait pour-
assurer sa subsistance d'autre ressource que ce que son Maître auto
risait à prendre par les lettres qu'il lui adressait. Il advenait que cette
permission tardât à lui parvenir et qu'il se trouvât dans la g!ne, il
se rabattait alors sur ce qu'il possédait et le vendait discrètement pour
subvenir à ses besoins, tandis que d'importantes sommes étaient lais-
sées à son gré, entre ses mains (130) ».
82
m- la dnelofteweaD de rbwmec.iioa berWro-irite Juqu'à
la cbate des Aplabides
La prise tle Mild et la riposte aglabide
Les pages consaër6es pat' les chroniqueurs sunnites, au conflit
sanglant qui opposa dès le début du l()e si~e les Kutima, soulevés
parle Di"I isma'ilienaux foroes de la dynastie aghlabide donqaientde
cette 6poque troubl6e, avant la découverte de l'lftitiil), une vue somme
toute assez compllrte. N6anmoins, leurs r6cits manquant souvent de
continuité, de précision ou de rigueur dans la chronologie, et présentant
en plus de nombreuses lacunes de fréquentes contradictions, ne suffi-
saient pu à mettre en lumibre les causes profondes du bouleversement
que connut le Maghreb avec le d6clenchemeot de l'insurrection ber-
béro-li'ite (133).
La relation de r lftltdl) dont on a souligné ailleun (134) l'inesti-
mable valeur en y ramenant celles d'lbn al-Atir, Maqrisi, Ibn Khaldün
ou Nuwayri,etenla confrontant avec la version différente d'Ibn Idiri,
permet heureusement de retracer d'une façon à la fois détaillée et plus
ample, les événements qu'on va exposer.
Occupé jusqu'au début de l'ann6e 902/269 à établir sa domination
sur les Kutima, le Di'i, rappelons-le, n'était pas encore entré en lutte
efi'ective contre lesforoes aghlabides: son soulbvement n'avait provoqué
aucune réaction arm6e, ni de la part du souverain qui régnait alors en
lfriqya, IbribimII- on en a vu plus haut (135) les raisons, ni dans les
places fortes voisines tenues par de faibles prnisons. La région de
Mita-la place aghlabide la plus proche de 'Iizrüt-s'était déjà exposée
depuis l'khec de la coalition aux incursions des troupes li'ites. Abo
'AbdAIJah, bien renseigné sur l'évolution de la situation en lfriqya
ne devait plus attendre que le moment favorable pour se lancer à l'as-
saut de cette forteresse. L'oc:casion n'allait pas tarder à se pr6senter.
En février-mars 902, Ibrihim Il abdiquait en faveur de son fils 'Abd
Allah Il qu'il venait de rappeler de Sicile. Moins de trois mois plus
tard, au début du mois de juin.il s'embarquait à Sousse, conduisant
lui•m!me une expédition en Sicile (136). Les chroniqueurs soulignent
l'importance des efi'ectifs engagé$, et al-Nu'niàn précise que !'Emir,
pour s'assurer un large recrutement offrit dix dinars de solde par
fantassin et le double par cavalier (137). Informé sans doute de cette
événement, le Di"i dut s'en réjouir et juger la situation opportune pour
s'attaquer à MJla.
83
Il avait auparavant pris le soin de se faire des partisans parmi
sa population. Ainsi le chef arabe des banll Abi ijanzJr, appelés aussi
al-Sanâtir& parce qu'ils étaient originaires de Sinpr dans le Diyir
Rabi'a-al-l;lasan b. Al)mad (138) ~t venu à Tizdlt . adhérer ïecrè-
tement à la « da"wa » et renseigner Abll ·Abd Allah s~ l'état de la
forteresse.
.
Vers la fin,de l'cté, probablement au dcbutde septembre/Sawwil
tandis qu'lbrihim Il, après avoir pris Taonrune pcnctrait en Calabre,
le Di'l investit Mila. Mllsa b. at-·Abbisà la tete de la garnison appuy6e
par les élcments Kutima qui s'y étaient refugics - dont Fa]µ b. Nllh,
Farl;l b. Ôirin, YOsuf b. Mal;imOd et Wazra b. NaJr - eJîectua une
sortie, mais se fit battre. Au cours de l'engagement, Fa)µ fut tué. Les
troupes du Di1, après s'~tre emparé des faubourgs, mirent le siqe
devant la citadelle où toute la population s'était retranch6e. Milsl
tenta d'abord de résister, mais jugeant la partie perdue, se résigna à
entrer en contact avec le Di'i par le truchement d'al-l;lasao b. Al)mad
dont il avait su l'adhésion au !i'isme. Il obtint l'amio et la forteresse
se rendit. Mais son fils Abü Ibrahim reussit avec quelques compagnons
à se faufiler à la faveur de la nuit pour se rendre en lfriqya. Les chefs
aUan,iens furent exécutés - semble-t-il - sur l'instigation d'Abü
ZAki leur contribule. Quant à Miisi b.at-·Abbâs, le Di'l donna des
instructions pourqu'il ne rot pas inquiété et le fit remplacer dans ses
fonctions de gouverneur par l'oncle d'Abü Zaki, Abil Yüsuf Maknùo
b. i;>ubâra. Puis il retourna avec ses troupes à Tâzrùt (139).
La première forteresse agh]abide tomba donc S11DS difficulté aux
mains du Di'l, eo dépit de son caracùre inexpugnable attesté par
al-Ya•qübi qui y signale « deux citadelles l'une au-dessus de l'aiv
tre (140) ». Défendue par une garnison plus solide, elle aurait pu sou-
tenir un siège plus long dans l'attente de renforts agh]abides. Lanouvello.
de sa chute fut de toute façon reçue à Tunis où rcsidait le nouveau
souverain Abd 'Allab Il, comme un cri d'alarme. Abü Ibrahim dont la
fuite avait été, semble-t-il. manigancée par son frère lui-meme, arriva
auprès de l'Emir, pour l'inciter à 'lancer une expédition contre le Di'l.
'Abd Allah Il, qui auparavant n'avait pas jugé urgent de donner suite
aux instanœs du chef des Masilta, Fat)) b. Yal;lya, ne pouvait plus,
après un tel événement négliger le cas du rebelle si'ite. Valeureux soldat,
aguerri par l'exercice de nombreux commandements eii Sicile, il avait
assez d'expérience militaire pour bien mesurer la gravité du danger
et ne pas le minimiser. Tl était du reste parvenu, depuis son ~aion
84
au t.r6ne, presque six moia plutôt, à redresser une situation défectueuse
grlce à son 6nergie et à sa conduite vertueuse et juste. Aussi sa riposte
ne M: ftt-elle pas attendre (141).
-- .
Ayant pr<ddé au reautemcnt et offert d'apprkiables soldes,
l'Emir constitua une . arm6e do. 12.000 hommes,. entre cavaliers
. et fan-
tassins, cncadr6e de ses meilleurs officiers, suffisamment 6quip6e et
approvisionn6e. Il plaça à leur talc son fils Mul;iamad, surnommé
Abü l;lawil (142)parcequ'illui arrivait de plisser l'œilen fixant quelque
chose du regard. Ce prince, comme la plupart des membres de sa famille
auxquels les Emirs réservaient exclusivement - ou presque - le com-
mandement des arm6es, 6tait un cavalier intrépide, versé dans l'art
militaire.
Suivi de ses compagnons d'armes auxquels s'6taient joints Abo
Ibrihim, Fat!) b. Yal;iya et d'autres guerriers Kutamiens, tous riche-
ment par6s de leurs vatements d'honneur et de leurs armes, dotés de
montures 6quip6es de selles et de mors incrustés, le général aghlabide
quitta Tunis avec son arm6e, au début du mois d'octobre 902/du·l·
Qa·da 289, peu de temps avant la mort de son grand père lbribïm Il
devant Coeenza et prit la direction de Sétif, via Bagaya. Avant d'y
parvenir, il double ses dfectifs, en stipendiant les tribus dont il traver-
sait le territoire, et en couvrant leurs notables de ses largesses. Les
Bann Tamün et les Bann •uslllfa respectivement Maîtres de Bclezma
et de Sétif vinrent à sa rencontre et renforcèrent ses rangs avec leurs
troupes. 11 ravagea le pays des Ma!rls, leur·faisant payer ch~remcnt
leur ralliement au DA1, puis se mit en marche sur Tazrüt (143).
De son côté, Abt1·Abd Allah avait donné l'ordre d'arrêter Mllsi
b. at-·Abbis,accusé d'avoir envoyé son fils Abü lbrïbim au~ du
souverain aghlabidc, pour solliciter son intervention. L'ex-gouverneur
de Mila fut détenu non loin de cette ville à Kuprma, chez les banü
Ôulima, une fraction des Lataya. Mais lorsque les soupçons qui pe•
laient sur lui se v6rifi~rent, il fut cx6cuté et son corps jeté dans une
fosse. A l'approche d'Abü l;lawil, le Di'i sortit de Tazrüt et marcha
à sa rencontre avec toutes ses troupes. Le premier choc eut lieu en plein
hiver à Malllsa au Nord-Ouest de Tizrtlt où le général aghlabide ve~
d'établir son camp à l'intérieur de tranch6es. Stratège habile, il avait,
depuis son départ de Bat&ya, adopté une tactique prudente : il faisait
creuser à chaque étape un fossé dont il entourait son camp pendant
la nuit et disposait ses troupes scion un ordre précis, chaque unité à
sa place habituelle. Les fantaRSiM se tenaient à l'intérieur des tranch"8,
bou~er à la main, derrière la cavalerie, tandis qu'un millier de cava-
liers placés tout autour à l'extérieur en auuraient la ~ juïqu'au
lever du jour. Il maintint ce dispositif de combat durant son offensive
à travers le pays des Kutàma, et ainsi; ion àrmœ se trouvait-constam-
ment en état d'alerte. Se heurtant à un adversaire bien entrainé et for•
tement équipé, AbQ ·Abd Allah battit en retraite au bout d'une journœ
de durs combats et fut harcelé par Abn l;lawil jusqu'à la tombœ de
la nuit. Les deux années établirent leur camp non loin l'une de
l'autre (144).
Le lc:ndemain, Abü l;lawâl attaqua le Da'i et le força de nouveau
à battre en retraite. Mais une violente tempete de neige l'empkha de
le poursuivre et d'exploiter son sucœs. Le Dar se replia à la faveur
de cette tcm~e sur Tizriit qu'il évacua aussitôt pour aller se
retrancher dans lkAln beaucoup moins vulnérable. Lorsque les
chutes de neige curent cessé Abü l;lawâl reprit son offensive. Il incendia
Tazrilt et occupa Mila, abandonnœ par sa population; La campagne
se déroulait en décembre 902/janvier 903. Gené par le mauvais temps,
le général aghlabide ne se hlta pas de marcher sur Jkpn, difficilement
accessible dans sa région montagneuse, et établit son camp dans les
faubourgs de Mila, à Dubür al-Qibla, à côté d'un verger, connu par le
nom de Müsâ b. al-·Abbls (145).
Puis Abü l;lawal autorisa Abü Ibrahim à se rendre à la t!te d'un
important détachement de cavalerie à KuAama, dans les environs, pour
y enterrer les restes de son père, l'ancien gouverneur de Mila. Des
éléments §i'ites qui surveillaient un convoi de ravitaillement l'accro-
chèrent. Un engagement eut lieu qui coüte la vie à son frère Abïr•fqal.
Des renforts furent dépechés sur les lieux par le Di'i comme par Abo
l;lawâl. Les combats poursuivis, jusqu'à la tombœ de la nuit, prirent
fin à l'avantage des §i•itès, qui, après avoir harcelé la cavalerie aghlabidc
jusqu'à proximité du camp se replièrent vers IkAan. Cette nuit là,
l'annœ d'Abü l;Iawâl, surprise par cet échec, fut saisie d'affolement
et la confusion s'installa dans son camp. Son chef, en dépit de son sang
froid ne parvint pas à y ramener l'ordre. Aussi se résigna-t-il·à dé\carn-
per et à se replier à la lumière des torches, vers Ôirnla en direction de
l'Ifriqya. Le lendemain, les troupes du Di1, renonçant à le poursuivre,
se contentèrent de piller ce qui restait de son camp. Puis tandis qu'Abll
l;lawâl regagnait Tunis, les Kutama s'en retournèrent à leurs agglo-
mérations, et les habitants de Mila chez eux (146).
86
,,....,.._ re~-=·... •d'U ~ ~1. ·a A\la'L.:..S- telle lm ta· ra~nP ar
'1..,Gl,ll!i:r ,1 111,111,1~ . pJ,l,WHN l§MIIIUI\M;t, _., Nuèmï·
_ _nt
_ _ q· _ _ _~ ; _,y
laisser passer,·ia mauvaise saiso,n, puis marcher sur IkAan et :la prendre
d"assauL D venait en elret.de.prouver sa sup6riorité miHlaire à .Malüsa,,
,et la suatégœ: qu'il app,liqœit tout au. long de son offensive, s',était 1
88
tigateu.r de œt a11aS1inat. Selon l'autre, les« fati » auraient agi de lem
propre chef dans l'espoir d'obtenir ses faveurs en lui donnant l' occuion
d'accéder au trône (1SS).
Qu'il ait, oui ou non, armé les bras des assassins de son père;
Ziyidat AJJah s'empressa, dès le lendemain, en prenant la situation
en main d'adresser un message à Abo H.awil dont il redoutait l'insu-
bordination, pour lui enjoindre, au nom de leur père, de rentrer
d'urgence en Ifriqya. Le porteur de cc message, son affranchi FutOb
al-ROml, fut chargé également, s'il voyait Abo l;lawil tarder à exécuter
les ordres, d'en remettre un autre aux principaux officiers de l'armée,
où le nouvel Emir leur annonçait la mort de son père et leur ordonnait
de s'emparer de la personne de leur chef. Abll l;lawil reçut le message,
tandis qu'il livrait bataille au Dii. Ce fut sans doute pour répondre
à l'injonction paternelle, qu'il décida brusquement de rompre le com-
bat, de se cantonner derri~re ses tranchées puis d'opérer sa retraite à la
faveur de la nuit. Aussi ne s'attar~-t-il pas à Sétif et reprit-il aussitôt
le chemin de l'Ifriqya. Lorsqu'il arriva à Belezma, le maitre de cette
place forte, l;layy b. 'Iamlm, l'informa de l'assassinat de son père et
lui offrit asile et protection. D6clinant la proposition du chef tamimite.
Abn l;lawil préféra poursuivre sa route. Mal lui en fut, car il n'avait
pas encore atteint Bagaya que ~ b. al-Rul,lànl, nanti d'instructions
écrites de la part de Ziyâdat Allah, vint à sa rencontre à lat~ d'un
corps de troupes, mais pour prendre le commandement de l'armée,
l'arr!ter, le ligoter et Je faire transporter par le « barid » à Tunis où
l'attendait une fin tragique (JS6).
En effet Ziyidat Allah m se hlta de le mettre à mort ainsi que la
plupart des membres de sa famille dont il fit exécuter vingt neuf per-
sonnes, en une seule fois, à Ôazlrat d'al-Kurit (aujourd'hui l'ile plane)
à quelques milles au Nord de Tunis. N'ayant d'autre souci que d'aqc-
œparer le pouvoir, en éliminant tous les concurrents éventuels, et
aveuglé par folie meurtri~re due probablement à sa maladie (cette
angoisae « 4Iqal-Nafs ou neurasthénie « malabOnya ») dont il était
atteint (157), le nouvel Emir ne se rendait pas compte, qu'avec l'exé-
cution d'AbO l;lawil, il débarrassait le Dà'i du seul adversaire à sa
taille. Nul doute qu'AbO H.awàl, s'il n'avait pas été empêché de livrer
le combat décisif, devant Iklan, aurait pu vaincre Abü·Abd Allah et
triompher de l'insurrection Kutimite. L'armée aghlabide avait en lui
cc qui avait fait défaut aux troupes de la coalition, à savoir, un chef
unique, intelligent et brave, rehaussé du prestige de cette « hayba »
89
que savaient porter les commandants fiers de leur courage et de leur
Mng royal. Fortement 6quipée, elle combattait avec l'an: et la lance,
selon un art inconnu des Kutàma et disposait ainsi d'une nette supé-
riorité (158). Au surplus, elle était bien encadrée par des officiers rom-
pus au métier des armes et aguerris en Sicile et inspirait 1.a crainte,
tant par l'importance de ses effectifs que parce qu'elle était« la force
de l'ordre» (•askar al-Sultan) (159).
Mais avec la perte d'Abu l;lawâl, cette armée se trouvait privée
de son valeureux capitaine. Ziyâdat Allah m ne pourra plus désormais
aligner que des troupes sans âme, sans le chef authentique qui sache
autant qu'Abù l;lawâl dresser son plan de campagne, éonduire ses
hommes et les organiser pour la bataille. Les armes aghlabides ne con-
naîtront plus qu' une série de défaites, qui de revers en revers consom-
meront la ruine du régime et mèneront l'Etat à sa chute.
Quant au Di'i, la Providence lui facilitait décidément la besogne.
Il se remettait à peine de ses émotions, que la nouvelle du coup de
théâtre, survenu à Tunis arriva pour le soulager et réjouir la commu-
nauté §i<ite. La menace que faisait peser sur elle le général aghlabide
s'estompait. En outre, l'avènement «attendu» du Mahdi était immi•
nent. L1mam auprès duquel des émissaires s'étaient rendus pour l'in-
former des succès de la« da<wa » et de la prise de Mita avait déjà quitté
son foyer de Salamiyya en direction de l'Egypte, mais avec l'intention
sans doute - comme on le verra plus loin - de se rendre au Maghreb
pour y fonder le califat fapmide (160).
90
Son grand )>6re Ibrahim II. avant de s'embarquer pour la Sicile,
avait destitué le cadi malékite '!si b. Misldn et l'avait remplacé par. un
jmiste t,anafite Mut,ammad b. Aswad al-Saddini. Son père 'Abd Allahil
était de teodaooe J.ianafite avec un penchant pour le mu'tazili~e que
lui avait enseigné son maltre'Abd Allah b. al-AIIIU, éminent dia!~
ticien et habile controversiste. 11 avait également une forte prédilection
pour les opinions et les spéculations des juris consultes sur le droit, le
« 'ilmal-Futyi ». Aussi avait-il offert la charge de cadi, à Abü'Abd
Allah al-Buplli, dont il admirait la maitrise en oette matière et qui la
déclina. Il y avait donc maintenu al-$8.ddini avec les plus grandes
faveurs et des pouvoin étendus, lui accordant les fonctions « de cadi
et de gouverneur de Kairouan » et le chargeant aussi de surveiller la
conduite des agents du gouvernement et des peroepteun de l'iln-
pôt (163) ». Les juristes malikites et la plèbe, la «'amma » (164) dont
ils interprétaient généralement l'opinion, ne cacdaient pas leur désap-
probation à oet Emir mu'tazilite. Aussi Ziyidat Allah s'empressa-t-il,
dans un souci de popularité, de révoquer al-Saddini et de désigner un
cadi malikite, }.limas b. Marwin b. Simak al-Hamadani et de faire
broder sur ses Etendards l'inscription suivante : triomphe par la grâoe
d'Allah, de !'Emir Ziyidat Allah b. 'Abd Allah qui observe la« sunna »
du Prophète d'Allah (16S). Puis cherchant à se poser en champion du
sunnisme, et surtout, à s'attirer le soutien de l'ortodoxie malékite
farouchement hostile au §i'isme, il fit réunir, chez son vizir Ibn al-Sa'ig
un conseil de faqih malikites qui, assimilant la lutte contre le Di'i au
« Ai,bid » de la guerre sainte, prononcèrent l'anathème contre lui et
exhortèrent la population à le combattre . Enfin il fit partir en Irak un
ambassadeur, Abü-1-}.lasan b. l;latim, chargé de présents pour le calife
al-Muktafi dont il sollicitait la bienveillanoeet l'agréement. Néanmoins,
pour se conaoler de l'appréhension que lui causait l'insurrection Kuta-
mite, il s'abandonna à la mollesse d'une vie de plaisirs, et se livra à ses
joyeuses libations, à ses frivolités et à sa débauche (167).
Cependant le Di'i attendait la fin d'hiver 903-904/290-291 pour
reprendre l'initiative des opérations. li lui fallait, avant d'affronter
de nouveau les armées aghlabides enlever Sétif, la plaoe forte la plus
proche d'Ikpn, après Mila, et qui, depuis la chute de oette dernière,
genait ses mouvements et constituait une base pour les troupes en-
nemies. Elle était entour6e d'une solide muraille antique qui la fermait
aux Kutima soumis pour y entrer, au versement d'un humiliant tribuL
Au surplus, elle demeurait réfractaire à toute infiltration !i'ite, alors
qu'à MDa, Abü'Abd Allah avait pu se cr6er des soutiens. Ses« maitres »
91
•Ali b. l;laf, et son frère Abtl l;labib, issus d'une famille arabe des bantl
Asad b. 'ijuzayma mais plus connus par le nom de leur mère«'Usltltp
une berbère sans doute, vouaient au Di'i une haine implacable. Ils
avaient, on l'a vu, contribué à-animer la coalition anti §i•ite et venaient
d'appuyer l'offensive d'Abtl l;lawll en participant à ses deux exp6-
ditions contre lkl!n (168). · :.
Ce fut donc au ~but de l'annœ 903/291, probablement au prin-
temps, qu'Abu 'Abd Allah lança une première attaque contre Sétif.
Investie pendant quarante jours, elle lui opposa une résistance vigou-
reuse, et les troupes d'lbn 'Uslllla combattirent sans défaillance hors
des remparts. Le Dâ'i dut lever le siège et se replier sur lkAan, Après
un répit d'un mois, passé à regrouper toutes ses forces, il revint à la
charge. Ibn •uslllp livra de durs combats, à l'extérieur de la ville, puis
ftécbi.t et se retrancha dans la citadelle. Quelques jours plus-tard il
périt ainsi que son frère Abü ijabib. La situation dans la forteresse
ne tarda pas à se ~mposer et Diwtld b. l;lubisa un notable lahi,ien,
qui s'y était réfugié lors de la fitna, et qui, après la mort des lbn'Uslilla
prit le commandement, finit par céder aux avances de ses frères §i'ites ;
ayant obtenu !'aman, pour lui comme pour la population à l'exoeption
des éléments qui méritaient d'être exécutés, il livra la ville et embrassa
le ~'isme. Abü'Abd Allah fit raser cette muraille qui venait de lui don-
ner tant de peine, et sans doute pour que Sétif ne servit plus de basé
aux troupes aglabides dont il avait à redouter encore );offensive. Puis,
ayant placé un gouverneur §i'ite à la tête de cette ville il regagna
lklin (169).
92
Parvenu à la liaiffl du territoire kutlmite, il décida de prendre ses
quartiers, dans cette forteresse antique, perchée sur une montagne
d'acœs difficile. Mais n'osant pas attaquer le Di'I pendant l'hiver,
il y "journa six mois. Il commit ainsi une lourde erreur tactique, lais-
sant à eon adversaire, pourrant impressionné·P!U' la présence de forces
auasi considérables à deux journées d'lkPn le temps de se préparer
soigneusement pour la bataillc (171).
Au début du printemps de l'année 905/292 Abll 'Abd Allah ob-
servait toujours une attitude défensive. Le général aglabide dont Ica
effectifs s'étaient renforcés, notamment de la garnison de Tobna com•
mandée par Sayb b. Abi 1-SaddAd, se résolut enfin à marcher sur Iklin.
Lorsqu'il atteignit Kabllna, dans le territoire des AUina il se heurta
à un important détachement de la cavalerie ~i'ite envoyé en reconnais-
&ance, et se hasarda à l'attaquer sans m!me avoir établi son camp,
t6moignant une fois encore de son ignorance de l'art militaire. Profitant
de cette erreur le Di'l lança toutes ses forces dans la melée. Le choc
fut d'une violence tellc que pour l'évoquer le chroniqueur compilé
dans le «Bayiin», vraisemblàblement al-Raqiq, a choisi sa plus belle
plume (172).
Surprise, sans avoir été disposée en ordre de bataille, et forc6e
de combattre en désordre, l'armée aglabide fut battue à plates coutures.
Ibn H.abafl dut se résoudre à la fuite, et livrant ses arrières aux cava-
liers Kutima, il conduisit ce qui restait de ses troupes décimées à
Bagiya. De !)Ctte ville, il écrivit à Ziyidat Allah pour l'informer de sa
défaite, puis sans attendre les instructions de !'Emir, il ramena en
Ifriqya les débris de son armée tandis que Sayb reprenait le chemin
de Tobna avec le reste de sa garnison (173).
Cette victoire rapporta aux Kutima un butin considérable : le
trésor de guerre ; des armes ; des mors dorés ; des vêtements de soie
et tant d'autres objets précieux. Quelques émissaires dévoués en por-
tèrent la nouvelle ainsi que des présents, dont des dinars aglabides,
au Mahdi arrivé entre temps au Maghreb et réfugié on le verra (174)
à S~missa au moment où Ibn H.abalI faisait peser de Constantine
wie lourde menace sur lklin (175).
93
crainte, n'allaient plus les effrayer aprœ la déroute d'Ibn }.labalf. D'ail-
leurs, l'lfriqya retentit de l'exploit du Di'I, et Ziyldat Allah qui s'6tait
hlté de déménager de Tunis et des 'installer à Raqqida, en février-man
905/Rat-ra Il 293, éleva des remparts autour de cette viUe résidentielle,
auparavant entourée seulement du fo~ et des portes aménagées par
lbribim Il (177). Alarmé par la puissance croissante du Di'i, l'Emir
remit son armée sur pied, dès le début de l'année suivante 90f,j293, en
confia le commandement à MudliJ b. Zakariyi et Atimad b. Masrür
al-Hil et l'envoya se préparer dans la base militaire de Laribus, à
marcher sur lkpn. Mais les deux officiers se mutinèrent le 8 avril
90(,/10 Gumida Il 293, rebroussèrent chemin ven Kairouan tentàrent
sans résultat de l'occuper et périrent tragiquement (178). Quant à
Abü ·Abd Allah, enhardi par la cuisante défaite qu'il inftip à Ibn
}.labafi, il jugea le moment venu d'entreprendre l'invuion de l'lfriqya
et se mit, afin de dégager sa route vers le cœur du pays, à déployer
soli offensive, au Sud vers la province limitrophe du Zib. Il disposait
d'effectifs bien équipés avec les richesses saisies à l'ennemi, suffisam-
ment nombreux et approvisionnés pour effectuer des opérations d'une
grande envergure. Il avait renoncé pour lever ses troupes à l'usage
habituel de l'inscription sur « diwan » institué au début de son apos-
tolat à l'intention de ses partisans. Il se bornait désormais, à indiquer
par écrit, le jour et le lieu de rassemblement aux missionnaires et aux
chefs responsables des Kutama qui recrutaient les contingenta tribaux,
et à faire crier par des hérauts qu'il était interdit de ne pas répondre
à l'appel de guerre (179). Parmi les forteresses qu'il lui fallait réduire,
les plus proches, Belezma et Bagiya au Nord-Est des contreforts de
l'Aurès, et Tobna plus au Sud dans le Hodna, étaient les mieux forti-
fiées. Tobna était en outre le chef-lieu du Zib et l'une des villes agla-
bides les plus riches et les plus grandes, après Kairouan. Son impor-
tance était telle que Ziyàdat Allah y dépkba, pour la tenir, certains
de ses plus hauts dignitaires : il confia la charge de gouverneur à son
\li~b al-l;lasan b. Abmad b. Nâfid surnommé Ab0-1-Muqiri• : le
commandement de la garnison renforcée et abandamment équipée
à Sayb b. Abü 1-Saddad dit Sayb b. al-$agir et ijafà~aal-·Absi ; le
service de renseignement « babar » à Mubammad b. Qurhub ; le
service des pensions et des soldes «"aJ.i» à Yabya al-Qa,ri. Au surplus,
l'ancien chef des Masilta, ennemi irréductible du Di'i et guerrier in-
fatiguable, en dépit d'une blessure qui l'avait affaibli, vint à la ttte des
61éments ber~res insoumis, apporter son concours à la défense de
la ville (180).
94
Apm quelques incursions effectuées par ses hommes contre
Tobna. pour en éprouver le système défensif et en reconnaître la région,
Je Di1 lança un appel à la 'guerre, rassemble toutes ses troupes et
envahit le Zâb. Investie, Tobna tenta derrière son enceinte de soutenir
le s~ge. Mais Jes Kutama, habitués depuis la conquête de Mila et Sétif,
aux combats de rempart et dot6s d'engins de guerre appropri6s, s'ar-
mèrent d'un engin mobile et s'attaquèrent à l'enceinte. Ils parvinrent
à pratiquer une brèche dans une de ses tours et à pénétrer dans la ville.
Les guerriers et les responsables eurent le temps de se retrancher dans
la citadelle, ouvrage antique, en pierre de taille élevé à l'intérieur de
la cité. Le Dii'i s'empara de la ville, mais soucieux de s'attirer la sym-
pathie des masses ifriqyiennes, il fit épargner la population composée,
en grande partie de commerçants qui échappèrent ainsi, au massacre
et au pillage systématique des conquêtes parlaforce ('anwa). Assiégée,
la garnison éprouva des difficultés à assurer sa défense et ne put ac--
tionner le mangonneau dont elle disposait . Après s'être concerté avec
Sayb Abü-1-Muqâri'se résigna à demander l'amii.n. Abü Zâkï répondit
à son appel, pour le leur donner en son nom. Mais prudent, Abü-1-
Muqiiri exigea dans de belles paroles émaillées d'une citation poétique,
l'amin du Dâ'i en personne. Celui-ci mis au courant par AbQ Zâki,
le leur accorda.
96
c\)4 ,• </
~ .
.
... ···.··· .
Cl lr \
.
..a.tli--~., •~ il. ~~u~t:ua
1a- uc;1"'~ ~ · _ u. .. _· _ i •·e u
· "~ 1 ~--,.i-
-- ~ ..,
U'G w,n;u-: iL-;•
_ d:.·0 ~ ......,.,qç
1
u.um __·m· "'"""" s·I"-.=::""-,
1·• ~ _,.-;--
_1l,Ull5iUII .I N!
.m ent 6quip6s et ap,provisionnés. Puis il plaça .à. leur tete Hiriin al.-
Tubni et 1'envoya probablement vers la fin de. l'a·utomne 906/293
1
tures. Dans la melée Hirün trouva la mort ai'nsi Q.u 'un gra.nd :nombre
1
de. .ses .soldats, et tandis que les dé.bris de son armée rentraient l Bagiya,.
Gazw.iya retoumut victorieux à Ikjin, avec beauco,u p de butin (J..86) .
Ces événeme·nts eurent lieu p.robablement ,au printemps,de l'.um6e:
907/294. Le g.ouvemeur de Bapya écrivit à .Z iyidat Allah ru pour
l'informer de la triste nouvelle.. Le coup fut .rude po,llf l;Emir qui dut
se résoudre à. en.p .ger les préparatifs pour fahe face Jui-même à l,in-
v.asion imminen.te (l :87)•.
Quant au Di1, il passa Je reste ,de la. belle. saison à po,ursuivre ses
-uccès.. Avant de marcher droit sur Bapya. il s;,attacha à pousser des
colo·ones assez profondémeot.dans sa..ré.gion et au Nord Est de Belezma
,d
._ s
.· a
. 1~.
' n
-
_:an, al.en
_ , .to:urs
. . de
~ la. CJ~tad
_•_ :_-
111~ .de· TiM·
Çll"" s· ·que ~
Ir'.. -....lait
" " " __ ~ lliU-
-,t:11,r,nio.n.
u.Jlinl,D- . UftA d
: e
qUl ; ~ .se
'·. ......ilii - nit_ d''
11.1;,.0IIN - o
·.. b•emr
Il, . . ~'· :,; .à.·. bon
11·... w ·...· · d'
;i'lin.mpte ·. 'uti
'1.· -.-- -
s re.11Mftt.lanemen
ll!'Ïiè• • - . - ts. •..Le
-- . 1.
97
li~tes Le.ur chef 6crivit .a n Di., pour demander à cc mettœ sous son
autorité. u:ne colonne Kutimite·1. colD.tll8Dd6e par M'aktadis a1~0imi
se présenta. aussitôt, devant la ·cltade11e~ .Mais la .samiso,n s.~étanl re•
tranch6e avec.la population1 le.lieutenant licite attendit 4uelques Jours
puis rebroussa.chemin.sans résultat@, Le Di<y envoya une autr-e colonn.e,,
conduite par Yüsuf b. ~lab a1-0ala1ni qui fut plus.heureux que SO·D 1
98
...
présents pour l'' Emir et une proclama:tion destinée à rassurer :ses sujets
ffriypiens ; le texte de la letœe d·u.catire ,do:n t des cop.ies furent établies,
qour -tre leus suries chaires d.es mosquées, .est 6,p le.ment co.nserv6
dans I'Iftiti~ et co·ntient Apeu pris les. ·mlm.es thèmes dévoJoppn plus.
haut : défense de l'Isl.am contre l'hbmie licite ; condamna.don ·de la.
rébelli.o n conduite par l'hir6tique (al~6irilf) ; exaltation de .l a vertu
1
lever los troupes répüères ·des, « tonds.» et envoyer des agents. recru-
·t eun dam les ·provinces du royaume (1 99). Il s'installa sous une tente
1
des. ta1 dl pike.s d'or,, à. l'aide d'un bo~ et en. offran·t le CODICDUt Dl
1
91
cinquantaine de dinars, à chaque soldat engagé. Il sortit de ses coffres
privés les précieuses réserves d'armes, d'équipements et de vêtements
d'honneurs, afin d'en doter ses officiers, ses principaux dignitaires et
les membres de sa famille, et se munit de larges étendards et de pavil-
lons brodés (200).
Ces préparatifs achevés, Ziyâdat Allah, accompagné de plusieurs
faqihs Kairouanais, quitta R.aqqâda dans le courant d'octobre 907/
début de l'année 295, et se rendit à Laribus pour y prendre ses quartiers
d'hiver, en attendant d'envahir le territoire des Kutâma. Soucieux de
satisfaire l'aristocratie, il prit, de Laribus même, la décision de des-
tituer le cadi malikite J:limas b. Marwan et de le remplacer par un
juriste );lanéfite Ibn Ôirnil (201 ). Puis cédant aux instances de ses
conseillers, il modifia son plan de campagne : il renonça à son projet
de marcher, en personne, sur Ik!ân, confia le commandement de l'ar-
mée à son cousin Ibn Abi-1-Aglab avec la mission de surveiller les
mouvements de l'ennemi et d'assurer la défense de l'Ifriqya, propre-
ment dite, puis regagna Raqqada, escorté des membres de sa famille
et des dignitaires de son entourage. A son retour, des postes de guet
furent créés, près de cette ville et à l'Ouest de Kairouan, hors de « Bib
Salam » où des équipes de vigilance, armées, plantèrent des tentes
pour y camper en permanence.
Ainsi donc, Ziyâdat Allah réagissait, enfin avec énergie et mobi-
lisait toutes ses forces, pour contenir le péril §i'it.e. L'friqya retrouvait
un regrain de confiance, tandis que l'année, cantonnée à Laribus,
attendait l'ennemi de pied ferme. Cependant de mauvaises nouvelles
ne tardèrent pas à arriver à Raqqâda : reprenant leur offensive les
Kutâma venaient de s'emparer de Bagâya (202).
100
donc dans le courant du printemps de l'année 908/29S, il la dirigea
contre Bagiya. U s'était assuré auparavant des dispositions de ses
habitants à entier sous son autorité. Il reçut, mSmc, des propositions
tcritcs, par l'intermédiaire de certains de ses partisans originaires de
cette ville dont Ibn al-Mazili, 'Abd Allah al-Radam et l;Iammüd al-
Qafir (204). Ainsi il la prit, sans coup férir, après avoir accordé !'aman
à sa population. Puis il en remplaça le gouverneur qui avait eu le temps
de s'enfuir à Laribus, par son lieutenant Maknün b. J;)ubâra, y laissa
une garnison de cinq cent cavaliers et reprit le chemin d'lklan (20S).
La chute de Bagiya plongeait Ziyadat Allah dans la consternation
et le mettait dans une grande perplexité. La tactique prudente et sans
faille du Da'i désorientait également ses conseillers : certains d'entre
eux pensaient qu'une intervention d'lbn abi-1-Aglab, pour reprendre
Bagiya s'imposait. Pourtant Ibn al-$a' ig s'y montrait hostile : une
telle opération était à son avis inopportune puisque cette forteresse
Inexpugnable, située non loin des bases de l'ennemi était d6jà tombœ
entre ses mains, et que ses habitants s'étaient de plein gré soumis à
son pouvoir. Un mouvement de l'année aurait été efficace, s'il avait
été pour l'cmp&her d 'y prendre pied. Elle était aussi, selon lui, dange-
reuse, puisque l'ennemi ne manquerait pas de porter secours à sa
prnison et d'attaquer avec toutes ses forces, et qu'lbn Abt-1-Aglab,
serait de la sorte contraint soit de lui résister et de risquer un revers
soit de se retirer et de s'exposer à une défaite.
Convaincu par de tels arguments - du reste judicieux (206) -
et surtout par le réconfort de ses commensaux qui s'ingéniaient à le
consoler en se livrant avec lui à de joyeuses libations, Ziyidat Allah
se résigna à envoyer des renforts à Laribus et recommanda à son g6-
n6ral de n'en bouger qu'en cas de n6cessité impérieuse (207).
101
laimot la garnison se retrancher derri~e l'enceinte de la ville, il se
dirigea vers la citadelle de MaUi,oa ( = citadelle de Busr) (209), se
borna à eo razzier le pays d'alentour et rebroussa chemin vers Ikjin.
Mais le Di'i oc tarda pas à le ren.,.oyer, à la tete d'un autre détache-
ment de cavalerie. Lorsqu'il arriva à Bagaya, il apprit que les habitants
de MaUi,Da s'étaient retranchés dans la citadelle de Busr. Il se dirigea,
d'abord, vers Tebcssa puis remonta vers MaUaoa et alla attaquer
les Malzuza une fraction des Nafza au pied de la « Montagne des
Meules» (Ôabal al-Ma~). l'actuel Djebel Ouenza. l:Jafâp, alerté
vint à leur secours. Uoe mêlée furieuse s'en suivit où l:Jafâp trouva
la mort avec plusieurs de ses soldats. Et tandis que les survivants se
réfugiaient dans la citadelle, Abü Mudayni regagna Jkgio (210).
Les deux opérations suivantes, réalisées à la même époque, dans
le courant de l'été, furent aussi fructueuses. Mettant à profit une que-
relle sanglante entre les Kamtâya, une fraction des Zanâta, et des
habitants de Q~ al-Ifriqi, le Dii'i poussa au Nord-Est de MaUAoa
dans la région du cours supérieur de la Medjerda, une colonne com-
mandée par un de ses lieutenants le Saktanien Al;lmad b. Sulaymio.
Celui-ci atteignit QaJr al-Ifriqi battit les éléments ennemis, les pour-
suivit jusqu'à Tubrâ!iq, l'antique Thubursieum Numidarum, pilla
les campements des Makli.ta et des baoO 'Amr, non loin de Tifil, la
Tipasa des Anciens, puis retourna à lkpn (211).
Effrayé de voir les troupes §i'ites razzier son territoire, sans la
moindre réaction d'lbn Abi-1-Aglab, le gouverneur de Tifll lshâq
b. Salis abandonna son poste et rejoiognit lkpn. Le Dâ'i put aussi
rallier à sa cause deux notables de cette ville, par l'intermédiaire d'un
§i'ite, originaire de MaUana, acquis de longue date au §i'isme et qui
le renseignait sur la région. Ils l'incitèrent à envoyer une garnison
occuper la forteresse dont un des habitants Habib b. Lifa venait d'y
être désigné par Ziyidat Allah pour remplacer le gouverneur déserteur.
Le Dâ'i confia cette tâche à un de ses missionnaires le Saktanien Sülât
b. al-Qiisim qui s'y rendit avec cinq cents cavaliers. Ibn Lifa eut le
temps de s'enfuir à Laribus, et Sulât entra dans Tifil sans coup
férir (212).
Ce missionnaire ne tarde pas à obtenir le ralliement des habitants
de Guelma et de leur chef l:Jalfùn b. Yal;lya et envoya, dans cette ville,
son lieutenant Uklid b. Sunbul avec trois cents cavaliers. 11 reçut éga-
lement l'adhésion d'éléments des Banü 'Urdim et des Banü Huril
qu'il incita à se transporter à lkgin (213).
102
La prflence d.11·une pnûson de deux cents hommes, à T.ifil, donna
l'occasion au génual aglabide de se mettre en action ·: conduisant une
puistaDte co,lonne, il quitta Laribos et fi.t l·oute ven ,cette: forteresse
que $uJit s'11,cmpressa d\\vacuer pour battre en ·retraitet Ibn Abt:..J..Ailab
réoccupa donc TifU. .Quant à ;,ulit, il .r cjoipit Uklid à Guelma, puis.
retourna à IkPn, sur les o,r dm.du Di1,. avec tom ses ho:mmes (214)·.
La d.omiirc opération décidée par .le Da,., au cours ·de dm fté
de.Pannée 908/29.5, fut.une expéditio·n pwrltive dllis la réponde Bône
contre les Awraba. coupables d'avoir rejeté son autori·t j et tutl..leur
« muqiddam »· li4iœ ij'a-61 al-Awribi. Les troupes tutanrites,. partagées
en trois co:lonncs .razzièrent leur :p ays et ramcm.èr,cmt à Ik,p n beaucoup
de buûn (21S).
L it .. 'MA°l!I'"' -
R r-.:,Wll n ..... :..1. - ·o·•.-...·
UC' ,
z,:r.r.
,r~~nwr.t
..1... ·,1111
~J'rUJ,i~,
JI,
.. ··-,••,. i,'e. V'fl11nH~
~ '°"n"'H'5
,_
IU
J..-,A"I''• uc
.i... .n.:_
.U UT s; .·
,désormais libre, il. ·ne .restait au'à vaincre le .dfflùer obstacle, rarmêc
d'.Ibn Ahi-1-AsJab, à Laribus. Cet ,obstacle" le Di1 fort prudent, 11'osa
pas :rattaquer de front. Aussi dut-il mener l'inv.asion. de l'lfriqya pr,e>
prement dite., Ran tout. d.' uu traite, mais en ·trois tem,ps ·sucœssifs
s.'6talant · ur 11ne pêrlode d'envir,on sept mo.is (21'8).
La première 1otrensive se déroula, ver.s la fin de 1œtte saison estivale,j;
Le Di1 tenta d'atteindre.la région de Kairouan, par le Gammouda.où
.il cheréha à ,attirer ·son adversaire (219) Quittant, en.eft:et, Ikpn..avec
1
1..,..ha
J.A,
·1 ·-m
- -
· ......
HUI 1 d
' e
lll;il,l,A.uÇI!
...t... -- - ..· .aL. ·t-. l"
1...,. ts-, ·1- ... ,i"i:+n,,.i ....,1--e,IK!imaBILIIDJ.'eD .· ~:.- - , l'""l..,....,..,.:,â!i,S·
' ' a.man 1, , ... Gfl.i11U 1 ·d-e' ~
~- -
-soldats
' --
le .leur :accordirent à son insu et. se firmt ,ouvrir·lea. portes, Dès, q,u~ils
furent dans la cit6 les ltulâœa ,&e livdrmt au massacre et au :p ilap,
1.03
Informé de ces abus, le Dl'i en fut tr~ afilgé, et dut se lever pour ré-
tablir la situation. Il donna l'ordre aux Doyens, de réparer ces méfaits
et de châtier les coupables (221).
Ainsi, les Banü U§nü et les Banü $adgiyin, deux fractions des
Huril qui s'étaient auparavant soumis aux si'itcs, se rallièrent à Ibn
Abi-1-Aglab. Pour les punir le Di'i poussa vers leur territoire au Nord
de Tifi!, une colonne commandée par ôazwiya et Abü Makdül. Les
deux lieutenants gagnèrent Qa~r al-lfriqi, abandonné par ses habitants
puis Tubrà§iq d'où ils s'arrangèrent pour surprendre les éléments en-
nemis et les décimer. Ils repartirent vers Guelma avant d'être rejoint
paru.ne colonne aglabide commandée par Ibn al·Hamadini venu dans
la région pour châtier les Banü Urdim ralliés aux §i'itcs. Le Di'i, ren-
seigné sur le mouvement des troupes ennemies, dépêcha au secours
des Bann Urdim cinq cents cavaliers qui les aidèrent à repousser les
assaillants. Puis, un autre détachement !i'ite composé d'aüaniens et
de Ôimliens, les uns commandés par Maknnn b. J;>ubira, les autres
104
par Abl Matdt\l etrectua we inscunion puniti., ·e ·victorie·use: coot.re
!es Banü Milio, des Huwwira de· ndtin. (dans k: Haut-Tell), q ui 1
tait. l"lfriqya en imoi.. s·il n'a pas osé poursuivre ,· on avance au~
de Gafsa, le Di'i n'en a pas moins effectué une op6ration spectacu-
laire, et donné la preuve qu'il était bien vivant, toujours assez fort
pour tenir son adversaire en haleine et meme submerger Raqqàda.
Du reste, avec tant de richesses saisies à Qastiliyya et Gafsa, le bilan
était somme toute satisfaisant. L'automne tirait en outre à sa fin, et
la saison hivernale n'est gum propice aux rencontres d6cisives. Son
retour à lkjiin n'était donc qu'un rq,it (231).
Cela, le gm6ral ag)abide le comprit fort bien. D'abord, surpris
par le mouvement de son adversaire, vers Qastiliyya il s'apprêtait à
faire route pour lui couper le chemin de Raqqàda, quand il apprit
qu'il s'était replié sur ses bases, ne laissant qu'une faible garnison à
Bagiiya. Aussi jugea-t-il le moment opportun de tenter une op6ration
dont il devait caresser le projet depuis le printemps : ra'fir cette forte-
resse à l'ennemi. Il quitta donc Laribus vers le début de décembre/
Rabi'i I et marcha sur elle avec toutes ses forces (232).
Alerté par son lieutenant Abll Makdill, le Di'I fit aussitôt battre
les tambours, et l'appel de guerre retentit à travers les massifs monta-
gneux des Kutima (233). n dut se rendre dans la localité des Saktân
pour endiguer le flot de ses partisans qui déferlaient en direction de
Bagàya. Toujours prudent, il se gardait bien de jeter tous ses hommes
à la rencontre de l'armée aglabide, au pied de l'Aurès et par surcroît,
au commencement de l'hiver. Il ne pouvait, néanmoins, se résigner
à perdre cette forteresse dont la chute lui aurait porté un coup très
rude : elle aurait refermé la voie de passage vers l'lfriqya, et permis
à son rival, dont il avait mesuré le mordant à Dàr Madyan, d'établir une
tête de pont afin de contre-attaquer à loisir, dès le retour du printemps
Il choisit donc douze mille cavaliers, plaça à leur tete Abll Mudayni
et lui enjoignit de dégager Bagàya à tout prix, en lui recommandant
toutefois, en cas de retraite de l'ennemi, de ne pas dq,asser le « Défilé
des Gènevriers » (Fa#Aal- 'Ar'àr) (234). En attendant l'arrivée de cette
colonne de secours, Abü Makdül et ses hommes subirent l'assaut des
troupes aglabides devant les remparts. Soutenus, par trois cents guer-
riers des Madgara conduits, par l;làrit al-Madgari ils réussirent, à
force de courage et grâce à l'héroisme d'hommes comme ôazwiya et
RaAâ b. Abi Qatta, à tenir tête jusqu'à la tombée de la nuit. Ibn Abi-1-
Aglab retourna alors à son camp, à al-Qirbiit, tandisqu'AbüMudayni,
parvenu à Kur§a de l'autre côté de Bagàya, y établit le sien. Mais,
découragé par la résistance inattendue de cette place et l'arrivée de
renforts, le général aglabide ordonna la retraite vers Laribus avant
106
le lever du jour,~ Abi Mwi.ynt le poursuivitjmq·u'àFaBat-cArccir
1
il. pu. encore touché à sa fin que le Dl, .achevait les prépar,atirs. miJi... 1
pour la bataille : il pla.ça les baon Na.b iü, à raile. droite, les ban.a
'Y aniwa, à. :ranc puche, les M.aliisa et les Masilta,I .au œntre, et à
1
10'1'
à son poste de commandement, sur une éminence de terrain « Kudya »
il se mit à surveiller le déroulement des combats. La bataille fit rage
durant de longues heures, et d'innombrables soldats des deux camps
y trouvèrent la mort. Vers la fin de l'après-midi, le Dl"l vit l'ennemi
faire une lourde pression sur ses troupes qui commençaient à ftfchir.
Avant de donner les forces gardées en réserve, il eut recours à une
habile manœuvre. Il donna l'ordre, aux Doyens,d'envoyer un corps
de fantassins, s'embusquer dans une gorge, entre les djebels Zafrane
et Faha dite « al-Ma',lâra » afin d'attaquer, par surprise, la cavalerie
adverse (240). Ils choisirent cinq cent soixante dix guerriers qui, torse
nu et munis d'un bouclier et de deux lances, s'engagèrent dans cette
gorge. Ils se heurtèrent à un groupe de soldats aglabides qui tentaient
d'effectuer la même manœuvre à l'endroit dit « Gurra al-Bay',lâ »,
à proximité d'un jardin d'amandiers sur la route Laribus-le kef. Ils
les mirent aussitôt en déroute et accrochèrent la cavalerie aglabide(241 ).
Alors, le Dâ'ï lança ses forces de réserve. La débandade ne tarde pas
à s'emparer de l'armée ennemie qui se replia en désordre. Ibn Abi-1-
Aglab, suivi de ses officiers et des réguliers ifriqiens se retira par la
montagne d'al-l;larrâqin ( = Djebel Maiza) ; les Luwàta, Karantiye
et Maklâta s'enfuirent par la route de Ha!Ir Mams ; les nègres et les
divers éléments ifriqyiens par celle de Kairouan ; Mal;tbOb b. ·AbdOn,
avec les Huwwâra et les Nafsa, en direction des banü Bafir. Les
Kutâma harcelèrent les fuyards, tuant et pillant, et ne retournèrent
à leur camp qu'après le coucher du soleil, avec de nombreux prison-
niers et beaucoup de butin. Le lendemain, dimanche 20 mars, la ville
fut prise par la force et livrée au pillage. Cette fois, le Dâ'ï ne fit pas
de quartier ; la population qui s'était obstinée, à résister avec Ibn
Abi-1-Aglab, fut passée au fil de l'épée. Même les réfugiés à l'intérieur
de la mosquée n'auraient pas fchappé à l'affreux carnage (242).
Bien qu'il ait infligé au général aglabide une défaite cuisante, le
Dâ'ï ne se hâta pas de suivre les traces de son adversaire. Bien renseigné
sur la situation du pays, il n'ignorait pas que Ziyâdat Allah disposait
encore de ressources suffisantes pour reconstituer son armée et assurer
la défense de son trône. Il devait appréhender que l'Emir n'abaissât
pas de sitôt les armes et redouter même qu'il n'utilisât sa puissante
flotte pour se replier en Sicile, ou résister, en acheminant des renforts
à Sousse et Tunis. On ne saurait expliquer autrement sa lenteur, ni le
mouvement qu'il effectua après sa victoire vers le Sud-Ouest en direc-
tion de Gammouda. Quittant en effet Laribus le lundi 20 mars, il laissa
entendre qu'il se dirigeait vers le Gammouda ou le Qastiliyya mais
108
se rendit. en, rait à :D uaa (actuellement Hanilf Dugp = rantiquc
1
.. plus qu''à s'enfuir en Orient. Craignant un·e réaction, hostile de. ses
:sujets 'Kairouanna·is,, il prit la précautio,n de faire annoncer publique..
me-nt un tri.o m,pke de son année à 'Laribus~ Des prisonn.·ers fufient
exécutés,. pour l''ocœsion. et leurs tltes portées en s,fgne de v.ictoire
,à travers les rues de Kairouan et d ''al-QQr .al....iQadtm. Puis il s'occupa
à p.r fpa·rer ses ba.1ages et, alertant les memlmes de sa fudDe ainsi q ue 1
un piège et lui cD.fit de vifs :reproches~ Ibn aJ-Sa'îi e:Ut 'beau se discul·
1
per, e·•était peine perdue. .Ziyidat AUah .lit. ,charger ses 'trésors; ses
armes et se ',efl'"ets les plus précieux, et veilla a·u transport de sa fa.·mUle
et de ses esclaves .fav0,rites . D..se CO·nstit.ua, en p16vision d.'"éve-ntuelles
1
110
des flnts,contraires, vers Tripoli où il, 6choua alors,que,ZÏ!Jâdat A.Hab
•· fi "'t
y ,~ :oumm"'t·e:ncore~ Cel
i!liJ,:"'
_- _m..,- a., 1_w.. aecoiua, _.... ses .r.-..,·aveun mats , ··ni -par 'u-.td e , er
aux. intrigues de sou cnto·urage et le iit exécuter ,(250). .
Dès qu.'eUe ap.pri', le lundi. matin, la fuite de Ziyidat Allah. ·ta
pl6be Kmrouanaise se rua vcn Raqqada~ Cette résidence, des E.mir:s
et de leur «·b&ffll » fui, alors, livrée ,au pillage.. ,Allkhée, par :1'·a·ubai.ne,,
la r:acaUle des environs/accourut pour assouvir ses appéti'ts de rapin.e.
Tout y·passa.jusqu''aux.ganûtmes des portes. . Le ne·de la ·ville se pro-
longea. jusqu~à :rarrivée des troupes li1ites (251 )t
En œs moments de dâordre et de confusion, alon que .l'édifice
labo,rieusement mis ·en plaœ .P81' . -, premiers Aablabides. s"i;roulait,
Ibn.Abl-1-Ailah tenta de ·prendre le pouvoir abandonné,par son cous.in"
Entreprise certes banale, ,e t tentative désesipérée que connaissent les
œ.gimcs :mourantsj .Mais :le cou.p de. œ dernier prétendant au tr8ne de
ses ancetres, aurai\ ,a u moins,, s~il avait r6uui, permis à la dynastie de
survivre encore le temps de :ne pas s''éteindre sus g]oire;; Ce général
à qui le co~ge n'avait. pas fait détaut, tout au long· de sa ca.m.pagne 1
de
_ Lar _-~1~~'b~ irHI 1u.
li ·~
G.. r nre'-UV'A .""' ,ap· -L.,, ,:•,.... bo··nt,IM'II
. ,...,-w ~~_!
&!tA ~A....r.rll:-&.i 1
_ _·.. ·l™ ... 't .AL
IQ.r ~ d' 'A1P' ûil7.:y==:...I 111 """~' dl
· UICII.I · ~--e
·::.
ce qUl,. ava-1"t ·t an
•. ·1 •· •· • , -- t m
, . 1· 1.~~... nqué au .lill
1 .', • -
i r... ot
:
1
. . Ern ;.... d.-'..t'--oi•
1 - Ullll, t, ÇnçJ;,il:!i"'" e
-1
--1. d 'a•--ud_ . . •- a ._"""~ D a·· m·v·a
l'l,a ! · - -. · . ·
111
Il passa alors par Silyana et atteignit !'Oued al-Rami à l'Ouest de
Kairouan, au bord duquel il campa. Le lendemain mercredi les juristes
et les notables de Kairouan allèrent à sa rencontre. Lorsqu'ils arri-
vèrent dans la plaine de Barüqas entre Ôalülà et Hammim al-Suridiq,
sur la route de Laribus, ils fureµt attaqués par les bandes huwwarites
de Mat,büb b. 'Abdün et durent rebrousser chemin. Ils écrivirènt au
Di'i qui leur fixa le jour et le lieu de rencontre : samedi à Saquiet-
Mams, non loin de Kairouan.
112
Quelques 1U1MCS seulement ont donc suffi à cet obscur mission-
naire ismi"i.lien de Koufa. pour anwitir l'Etat des Banü-1-Aglab et
conduire ses partisans montagnards de la Petite Kabylie, aux portes
de Kairouan. La dynastie des Fatimides voyait eff'ectiveinent le jour.
un an déjà. avant l'arrivée officielle du Mahdi que le fid~le Di, ira
chercher à Siplmissa, L'Ifriqya entrait ainsi dans une nouvelle époque
de son histoire (2S9).
113
Chapitre Il
115
saluer quiconque l'aborde, et baiser la main de. quiconque baise la
sienne. Négligeant aussi les richesses abondantes héritées des Aihla·
bides, il s'astreint à une vie simple, voire !lUSt6re, Il donne. l'ordre de
recenser les biens de Ziyidat AJ.)ah, ses armes, ses montures, les ~
claves de son gynécée dont il réserve le droit, à leur nouveau mattre
1~ Mahdi et dont il confie la garde à leur ancienne matrone. Il charge
un ancien fonctionnaire aglabide, A\)mad b. Farrilb al-'fubni, dit« le
bossu » de la gestion de ces biens (3). Le premier souci du Di"i, en
réorganisant l'administration, est de revêtir du cachet si'ite les insti-
tutions du nouvel Etat. Aussi les charges de gouverneur de Kairouan
et d'al-Qa$f al-Qadim sont-elles confiées respectivement à al-l;lasan
b. Abrnad b. Abi ijanzir, ce notable.arabe de Mila. converti au !i'isme
et à son frère l;lablb. Il attribue les fonctions de « qAdi-1-qudlt » à un
juriste lcairouanais originaire du ôund de ijurüin et acquis depuis
longtemps au !i'isme, Mul)arnrnad b. 'Umar al-MarwarrOdI qu'il in-
vestit, le 1er Ramadan 296/24 Mai 909. Il donne l'ordre de célébrer
solennellement la prière du Vendredi et désigne des prédicateurs à
Raqqada, à Kairouan et dans les mosquées des autres villes du pays.
li prescrit de prononcer l'invocation aux noms du Prophète, de ses
Proches, de 'Ali, d'al-l;lasao, d'al-l;lusayn et de Fitima ; l'appel à la
prière, la monnaie dont il confie la frappe à Abü Bakr le philosophe,
connu sous l'ethnique d'Ibn al-Oammildi, l'ancien fonctionnaire
aglabide (4), les insignes de souveraineté, portent eux-mêmes, la
marque §i'ite. Les thèmes développés dans la proclamation d'arnin
sont également imprépés de doctrine !i'ite: la victoire est revenue aux
Auxiliaires d'Allah (les §i'ites) sur ses ennemis (les sunnites), aux dé-
fenseurs de la vérité, sur les partisans de l'erreur ; le pouvoir est sorti
des mains des Usurpateurs, pour retourner à ses possesseurs
légitimes (S)... Cependant le nouveau régime s'installe sans encombre.
L'imao accordé à la délégation des juristes et notables lcairouanais
qui foot montre d'un loyalisme entier, l'exhortation des populations
à l'obéissance, la discipline des conquérants Kutirna qui observent,
bien que frustrés d'un énorme butin, les consignes d'ordre et de sécu-
rité, tout cela assure un retour rapide à la vie paisible, dans tout le
pays. M&ne en Sicile où Ziyldat Allab aurait pu ac réfugier et tenir
en 6chec les envahiAeurs grloe à sa puissante flotte, l'autorité des
nouveaux maitres de l'Ifriqya est reconnue sans difficulté. Le Di1
manifeste d'ailleurs uoe sollicitude particulière à l'égard des popu-
lations de la grande lie, leur pays Otant un territoire de guerre sainte,
et promet de leur envoyer des renforta (6).
116
A·a.sur.plus. la dilfusion del1prlnci,pes.du li'lsme parmi 1me popu•
:lalion fortmuent impr6gnée de ·m alikino, • fait uns violenœ. I..e Di,
·a·
~ f t~ lll l +UC ii'.., wlilld\âl~j)...... D~... k- flaftil,U-.rili d!l'il,.._. ...1....
11'1,,';I.,.. [.à- .....i
~ B1
u.Uaa:.l . .&LIJl...,..i..,. _ .U....-........, : .· ~ .. UG; .,...·..-uaalua
1 1
ntlli _.,
~ ~'liilll• !
~1i1 1
des.,a flainl.. Fon de ao11 ascendant sur le Di, - · d'un m1 plus Jeune·
que lui - de:la maitrise .que lui conllnm.t :aa ranuti.on. doctrinale ·e t
IOD ex~ p& ieDCC
· 1d
.:e · . co11troverse,. ·a··. cutend. ,. ,en .a. mpo-sa:nt :so.n autc.n·lic;1
· a -
torieuse 1qui venait d'en :faire:· e maftre· de r.llriqya'.I ,qu;il nliétait q:ue le
lietiœnanit du v6riu.ble maitre du pay1,. le Maldi .impeccable, au nom
duque11 1·•1i av11t ü;uy11:~ et ,qu"'attenua.it
~ --L ..1 .....: )
·,- ~vacant par .mï,.., fui.-1e
e tr·uA ne, lai".,,..,&
de rEmir ai)abide. Ses yeux sont demeura, ·1.oum,68 vers .le Maghreb
__.....·me. .· u-",u le M •~-1,
ÇA.gr.;: r ·
hd"', :.,-...1
wi1a.t-;· p1.. ........,.. ~ l , W J It_-· .de
.:;. ~;n;+a----· . _:.t•:v1.1Çp."t
n...:--+ sep - t· an - s. p,u -·•na
't-61 était venu.,guetter·la victoire de se& partisans (8).. D mi ·restait donc
pour mener l bo . · · . noe .:,_ wa sa ·1on,gue nusslon, .:1.a luùlr m m • .,I,..,• 11Jul
_'· ·_tm1e 1,..,.
,f•
'""l'r,eu.ve ::
marcber· _ _ sur____ SJ,Jri;l~Jt.,
-~ - .... - ·O U•
.. '& le· ,'M.· ,··d,"'l 8;:V. tu
a
'. ·, h 8 1=
;t. t··:.
f o. '&TG IQU,p
~
il'ill!U,1. ,-1 · - . . .. • e
,lt · """'UU.~w
11w'1i,
~_n:-·...1l'IÏ:P A,
111
en triomphe en Ifriqya.
118
avec Jo gouverneur <Jsi al-~tllirl qui s'installa à FostAt en jumida Il
19.l/Avril-Mai 9()5; l'incitaient à ~c;her hors d'Egypte un abri plus
• Ce M au;milieu dol'~ de r&DJI~ 90S flue-l'Imim se mit en route·
~ -l'Jfriqya (IS). . · · ·
De cette dkiaion capibùe du Maii·di·de pgner 1~ Maghreb, apràs
avoir Jaissé entendre à son entourage, depuis le départ de Salamiya,
que le Yémen était le terme de leur émigration, les données de l'Iftitâ/J,
recoupent et vmfiant lo témoignage de Ga'far, offrent une explication-
plausible. Que le Mahdi, Ion de sa fuite précipitée devant le Qarmate,
ait d'abord pens6 au Yémen, l'implantation de la da'wa isma'ilienne,
dans ce pays autorise, à ne pas en douter : le missionnaire Ibn {law~b,
y opérant en relation avec le yéménite Ibn al-Fa4i, dans des conditions
qu'on a examinées longuement ailleurs (16), avait depuis 268/888-9
assuré à la cause•atide d'éclatants succès. L'imam et le chef de la di'wa,
son Di'i cl-du•at, Firilz étaient donc en droit de songer à s'y transpor-
ter pour y proclamer l'anti-califat fatimide (17).
Mais cette intention du. Mahdi était-elle aussi ferme et le choix
dh Vémen. amsi précis, CQIµme invitent à la, croire Ga'far et al-Nu<m!in 7.
La lu,mi~re f~ite pai: rIftitâ/J· sur le.s conditions historiques dans les
quelles eut lieu cet~ émigration à l'aube du toe siècle, ainsi que sur
le$ progrès de ~ pr~ication isma'illienne au Maglµ-eb, permet d'a-
vancer que.les projets politiques du ~ahdi n'avaient pas été encore
nettement arrêtés, et que pour le choix de sa destination, il devait à
cette date, hésiter entre le Yémen et le Maghreb ou m!me pencher
en favew de ce dernier P8J1 (18). · · ·
F.n Orient où le mouvement isma'illien avait à faire face à la puis-
sance encore solide de la dynutie abbasside et à l'hostilité irréductible
des Qarmatea, le Yémon était loin de présenter, aux yeux du Mahdi,
lea conditions politiques et sociales - voire économiques - favorables
à la fondation, puis à l'ctpansion d'un Etat isma'ilien. Du reste, l'au-
torité du dà"i Ibn J;lawiab, sur ce pays, 6tait partagée avec son com-
pagnon ·Ah b. al-Fa4,l qui contrôlait sa région natale d'al-Ganad et
dèvait déjà, an 'sU de l'imam et son missionnaire en chef Firilz, mani-
fester·des.dîlpôaitions à. la ·disside~ce (19).: . . . .
.. . .. .. ... . .. : .· .
~ . . .. .· . . . .
Au Maprob on revanche, la dynastie aglabide t!tait en d6compo-
sition, et le Di'i venait au moment où le Mahdi quittait la Syrie, d'a-
chever de soumettre les Kutima à son autorité, de ravir_la premi~re
119
forteresse ennemie, Mila. et de tenir en 6chcc la premi6rc ann6c: ajla·
bide lancée à l'assaut d'Iklin, Les messagers kvtamitcs qui faisaient
partie· du convoi au d6part de Salamiya 6taient venus 118111 doute an-
noncer au Mahdi les succès de sa cause, dans Jcur pays, et l'asamer
du soutien efficace de ses fitilllcs berbères. Lorsqu'un an aprh son
d6part, le Mahdi sc cachait à Ramla, sa da'wa sc consolidait au
Maghreb, chez les Ktltama : le Da, reprenait Mna, repoussait une
deuximne cxp6dition aglabide, et la situation sc d6tmorait davantage
à Raqqida, avec l'assassinat de l'Emïr·Abdallah Il par son fils Ziyldat
m. Les nouvelles de tels 6v6ncmcnts quf parvenaient au Mahdi de-
vaient l'inciter à tourner d6sormais, ses yeux vers le Maghreb. Les
d6veloppcments victorieux de la da'wa, la d6cr6pitude du régime
aglabide, le soutien des puissantes tribus Kutima, la richesse du pays.
son 61oignemcnt des bases de la puissance abbasside et des foym
d'agitation qannate le d6signaicnt donc aux yeux de l'Imlm, pour
l!tre le berceau de l'Etat tant r!v6 des Fatimides. Le Y6men, où Firilz,
qui 6tait hostile au choix du Maghreb, l'avait pr6œd6 et n'allait pas
tarder à le trahir avec Ibn al-Fa41, ne pouvait lui offrir autant d'avan-
tages politiques sociaux et 6conomiqucs (20). Lorsqu'il apprit à FostAt
la chute de Sétif entre les mains de ses ûd~les ber~rcs, vers la fin de
l'annœ 291/904, l'Imim avait d6jà compris que la fortune lui souriait
au Maghreb. Ses d6~16s avec le g6niral' abbasside Mu\larnmad b.
Sulayrnio et le gouverneur 1si al-Ntliarl survenant quelques mois
plus tard, achcv!rent simplement de le d6cider à prendre le chemin
de l'lfriqya (21).
A quelques 6tapcs, à l'Ouest d'Alexandrie, au lieu dit al-TIJ)Ona,
la caravane dans laquelle le Mahdi et sa suite voyageaient sous le
d6guiscment de marchands, fut attaquœ par des brigands. Le Mahdi
perdit quelques bagages rcnfennant notamment des livres qui conte-
naient la science des Imlms ; ces livres seront rccoUVl'és par son fils
AbO·I-Qisim lors de la premi~ exp6dition qu'il conduira contre
l'Egypte en 301/913-914 (22). Quant à Ab11-t-·Abbis, il reçut au nez
une blessure qui lui vaudra le surnom de« balafr6 » (al-Mabtnm) (23).
.
A Tripoli, le &6jour du Mahdi et de sa suite se passa d'abord sans
incident, Parvenu ainsi, à l'cxtr6mi~ orientale du royaume aglabidc,
l'imam qui comptait se rendre à IkPn se fit devancer par les Kutamitea
et 'Abll-1-Abbis. Mais, prudent et soucieux d'6prouvcr le r6scau des
renseignements aglabidca et de s'informer sur la aituation dans la
capitaie ifriqyieone, il leur ordonna d'aller à Kairouan, sans doute en
120
million d'espionna,e .avant de Je rejoindre à n,an. Ces piéœutiona
n'6taient pu, d'ailleurs, superflues. Averti de l'entrée do Mahdi dans
son royaume, Ziyidat Allah avait ordonné des redlcrcbcs. Ab6-l·
'Abbis fut appréhend6 et soumis à la question. Mais il Dia connaitre
le Mahdi et fut jet6 en prison. Toujours bien reoseign6, l'Irnlm ne
tarda pu à apprendre la cruelle rn6saventure d'Abij-1-'Abbls. Il s'em-
pressa de quitter Tripoli, aprh s'etre concilié le gouverneur par ses
cadeaux, et gagna Qaspiiya (24).
De cette ville, il n'avait plus qu'à parcourir quelques étapes pour
p6n6trer en territoire qutamite. Mais reoooÇ8Jlt à se rendre à J:klin,
il prit la route Sud en direction de la capitale du lointain Tifilelt,
SiliJmilla. Cette d6ci&ion lui fut impos6e, affirment ôa<far et
al-Nu'rnao, par l'arrestation d'Abü-1-Abbls : s'il allait à Jkpo, les
soupçons qui pesaient sur le fràre du Di"i s'en trouveraient vérifi.68.
Ce fut donc, sembJe-t-il, pour ne pas l'exposer à la mort qu'il résolut
de manger de destination (25).
Cependant, une telle explication est loin d'!tre convaincante.
Metne en l'admettant à la rigueur, la volte-face du Mahdi n'en parait
pas moins surprenante. Aussi faut-il en chercher les raisons, à la lu-
miàre des donn6es substantielles de l'Iftità(i, dans l'6volution de la
situation politique à Raqqàda et à Ilciio (26).
Au moment où le Mahdi entrait en Ifriqya, au dibut de l'au-
tomne de l'ann6e 291/904 Ziyàdat Allah lançait entre les Kutima sa
premillre exp6dition. Fortement 6quip6e et placée 60US les ordres d'un
membre de la famille royale, Ibn };{abdl, l'arm6e aglabide s'6tait mise
en marche et était parvenue à Constantine aux portes du territoire
kutimlte (27). En dépit des sérieux revers subis d6jà par Abil l;fawll,
la puissance militaire des Aghlabides 6tait encore intacte. Les places
fortes du « limes», à l'exception de Mila et de Sétif, ton1b6e, aux
mains du Di1, étaient encore tenues par les garnisons aglabides.
Bélezma, Bigaya, Constantine, Tobna contrôlaient donc les voies
d'acœs à lkPn et faisaient peser, sur le pays des Kutima, une menace
encore lourde. Ainsi le r6gime !i'itc demeurait fragile, malgré quelques
bnllants succès et les conditions n'étaient gu~re favorables à l'6tablis-
sernent de l'lrnim, oi à sa « manifestation » dans la montagne
berbm (28).
.
Habitu6 à n'agir qu'avec prudence, le Mahdi ne prit sans doute
• d6cision qu'aprà avoir sQremcnt réfléchi aux dangers qu'il en-
121
courrait, en allant à Ikjln. L'anutatioo d'Abu-1-'Abbil n'était pro-
bablement qu'un prétext.e commode pour couvrir :acs·· véri~b)oJ ap-
préheasiona (29) . · ·· · ' · ··
. .. . . . .
Ne pouvant dans de telles conditions gagner Ik!in, ni à ·fortioii
rester à Qastiliya où il sé savait à la portée des gens de Ziyidat Allah,'
le Mahdi avait à chercher à l'extérieur du royaume aglabide, mais au
Maghreb même, un refuge où il ptlt attendre, en sécurité, l'issue de la
lutte entre son fidèle lieutenent et les Aghlabides. Au bout de ce vaste
pays, les Umaiyadès d'al-Andalus avaient quelque influence, et le
pouvoir détenu par les Idrissides l}asanides, dans le royaume de Fès
rendaient le Maghreb extreme inhospitalier au prét.endant •aJidede la
branche busaynide. Quant au Maghreb central, contrôlé par les tnôus
bari#it.es du groupe Zaniita et la dynastie hérétique dea Rustumidea
de Tahart il lui était aussi interdit que l'Ifriqya sunnit.e ; seul, le petit
royaume midrarite du Tafilelt pouvait, avec sa position géographique
excentriquè, lui offrir un abri provisoire (30). Sa capitale SiAlimlssa,
quoique sous l'autorité d'un dynaste hérétique al-Yasa• b. Midriirétait
une grande cité aussi importante selon Ibn }.lawqal que KairouaQ (31).
Célèbre par sa prospérité et l'urbanité de sa bourgepisie commerçante,
centre caravanier enrichi par le commerce de l'o( et des esclaves sou-
danais (32), Si!ilrnàsa hébergeait alors une colonne. iraquienne tlo~
sante où le Mahdi ne pouvait manquer de se faire - ou d'avoir fait
déjà - quelques partisans dé'toués. Lorsqu'en quittant Qastiliya,
il fit route vers cette ville le Mahdi fit donc un choix nécessaire, mais
aussi heureux..Il y r6sidera, en sécurité à peu près cinq ana (33).
122
principale ven SilH:mlaa. 11n1 pager par .le paya.del X.utlma . .Aba"'œ..
Qlsun -6h ,d·~M·u·naBm (39), un OOIDIDClÇlmt birousoais d~~rigme
bilbnite, quo le Mahdi avait converti!t a:vec IOll père· .à. ,Sili,Imisla ,e t
qui avait pour misaioD· d1aidcr J.e. Di, .à nconnakn à rimam qu'D
n·'av.ait jamail vu, lai tenait 6plement compagnie (40)i Effrayées par
lo déploill'DIDl ,de tant de forca,. les tribus herbèra dé&ertkent les
dliona ·q.u.e r8.f1Dic li,te ~ait uavoner, Le dler· des Zaolta;,
Mubammad b. u·uar vint ,à Tobna à la rencontre du Di'I,. pour l as- 1
.
"ftiiie.nu·•· u· ,ilÙ11
'.aI a,v&~ a...:., . ~ -
...... a cmq ans p1us w1. ~ .
1 :a....
... d .
· an1 1,..• CB;pt ..• · . '.nti•dr;1:....:...-
: •ta1e ü .u . a.1.-i1 .~, •-·
m
M'àhdi y avait lo°' une ·1,ene ma.ison et s'y était:.instaDê, sans attirer
mr lui le-moû:tdre soupçon. D avait pu acq)llêrir* en1uitei par ses pr6-
ieDts la.consid&ation du dynaste al-Y asa~q.ui le tr.a ita ,co.JIYeDablement
jnsqu•au. jour où, ayant 6t6 inform6 de son ·identité ·p ar une lettre de
Ziy,i dat AJlalw.t puis de l"approche des troupes du Di,, ·I dut dum.pr 1
124
:Mais son pauap par ltll•· revatit un caradite particuliètemeot 1
'111
décrit au moment où il quittait Si1ilrniesa «clans la pl&ùtude de l'lge,
11DS le moindre~ blanc (60) ». Nos sources iama'iliennes le pr'6-
lelltcnt, évidemment, sous le meilleur jour mettant en relief aon courage
et sa ténacité, aon babi.lcté et sa prudente 11sc1ae. Lea textes 11unnites
ue lui dénient pas du reste les qualités qui. on l'a w plua haut, lui.ont
valu au lendemain de aon accession à l'imamat et tout au long de aon
émigration, d'avoir raison de tous les obstacles. On l'a vu agir mystb-
rieusement certes, mais en toute occasion d'une manià:e sQre et claiJ'o
voyante. Ayant dO assumer la lourde direction du mouvement i.srnt•
ilien, il pouédait, au moment où il prenait le pouvoir à Raqqida avec
la pleine mâturité de l'âge, une certaine maîtrise de l'art de gouverner.
De son exp«ience politique, il saura, tout au long de son règne qui
couvrira un quart de siècle ou presque, tirer Je meilleur profit pour
venir à bout, en dépit des multiples vicissitudes, de sa tâche non moins
lourde de calife. Il parviendra non sans peine certes, mais avec sucœs,
à asseoir dans Je pays, une autorité fondée sur une doctrine que l'or-
thodoxie maudissait. Il laissera, à sa mort, ua pouvoir solide,. un Etat
calme et prospère et son m6rite aura été d'avoir su fonder la dynastie
dont avaient tant r!vé ses anc!tres et qui allait développer au Maghreb,
puis en Egypte, sa formidable puissance (61).
Le lendemain de son arrivée à Raqqida, le vendredi 21 rabi' li
297/7 janvier 910 le Mahdi fut proclamé officiellement calife dans les
mosquées de Kairouan, de Raqqida et d'al-Qa$[ al-Qadim. L'invo-
cation fut également prononcée, en sa faveur, dans les provinces du
royaume, par des missionnaires dépêchés pour la circonstance : un
premier rescrit prescrivait l'appel de la Bénédiction de Dieu, sur le
Proph~, •Afi, Fapma, al-l;lasan, al-l;lusayn, les Imams de la descen-
dance alide, et reprenait Ja formule déjà mise en usage par Je Di"i,
en faveur de ·Abd Allah Abll Mul;!ammad al-Mahdi bi<JJah, l'Emir
des croyants ; le second rescrit, rédigé sous forme d'une proclamation
publique, rappelait la titulature œlifienne du Mahdi et mettait, surtout,
en relief la restauration de l'imamat dans la descendance du Prophbte,
et de son légataire « wa~yy » (62).
L'avènement du Mahdi fut accueilli, si l'on en croit al-Nu<min,
dans l'enthousiasme populaire : des délégations venues de toutes les
régions du pays lui apportérent l'hommage des populations. L'arrivée
au palais des femmes de sa famille qui se cachaient à Tripoli, aoua la
garde du missionnaire Abü Ôa'far al-UazarI, le remplit d'aise, et de
nombreux pohtes, dont Sa·dtm al-Warifnl ao complurent à prononcer
80n éloge (63).
126
U - . L'or,tlnlMUlolt 1M I.'Etat .l l'iœ (~)
l).ans ·sa proëlama:tion d·1·nvestiture, ·1e
M~di. lais.sait entend;œ
1.ue sa politique allait être modé ée, mais ferme. n couvr-ait de sa.·bien- 1
D.OUI, ont 'laiu6, :sur· los services créés ou. remis 1e 1t plaœ; et sur leun.
titulaires,. ,d ~ indications qui permeUront, Je mo1111Dt venu., d."a-
1.. .... -...11.....-
uu.l-um ; "'quu,
·1·.La.......il.... • . .. •
·. : cette orp1HMtioD adm,nntrab-ve
~ 1 .. ..
'\, ,~v, 1• 1
UI. - La . - aw
. ~ . con,pu.at,on J,,.. n:I'- ~ fi ,l.
..uu -1 et • son .·.r:it:r.e
,,,;j_
.A.~.IJ.·...
;;...•• "'LL::~ e-·t·
1· t'rLSU~· '•u•fin·. H"~PÎnu~
. fit;..,, ... .1&1:o , .....,... {~)
\00
128
à travers nos documents, principalement l'lftiliib et la Sirat (}a'far
est quelque peu ffligmatique. Le rang qu'il occupait dans la hiérarchio
de la Da<wa à Salamiya semble avoir ~ de quelque importance, à
cause de sa bonne connaissance de la doctrine isma'ilienne. Tandis que
son frère était envoyé en stage de formation au Yémen, puis au
Maghreb pour y exercer son apostolat, Abl1-1-'Abbis, lui, demeurait
à Salamiya dans l'entourage du Mahdi et auprès du missionnaire en
chef, F1rilz et devait etre ainsi suffisamment renseigné sur les convul-
sions qui avaient accompagné et suivi l'accession du Mahdi à l'imamat
et connaitre, la vérité à propos de ses origines et de celles d'al-
Qi'im (7S). Il se trouvait, on s'en souvient (76), aux côtés du Mahdi,
lors de sa fuite, peu de temps avant l'entrée des Qannatcs à Salarniya.
A Tripoli, il se voyait désigné pour devancer le convoi en compagnie
des messagers kutamitcs et se rendre, avant de gagner ~n, à
Kairouan, sans doute en mission d'espionnage. Arret6 par les agents
de Ziyadat Allap, il parvenait à cacher son identité et s'en tirait en
allant se faire oublier dans une prison aglabide jusqu'au jour de la
mutinerie de Mudlil b. Zakariya, en tumida Il 293/avril 906, dont il
profita pour s'évader et aller s'abriter à Tripoli. Acreté, de nouveau,
pendant le séjour dans cette ville, de Ziyidat Allah en fuite vers
l'Orient, il devait réussir encore mais non sans peine cette fois à cacher
sa parenté avec le Di'i et retrouver sa liberté, avant de rejoindre, peu
de temps après, son frère entré triomphalement à Raqqida (77).
Ces quelques lignes illustrent combien le sort avait su etrc favo-
rable à Abil-1-'Abbis. Au moment où il retrouvait l'ancienne capitale
des Aghlabides, sous la bannière victorieuse de son frère, il pouvait,
non sans raison, croire à ,sa bonne étoile et prétendre à jouer un rôle
de premier plan. L'ascendant qu'il avait sur le Di'i, sa bonne connais-
sance de la doctrine isma'ilienne, son cxpérience en matière de contrc-
versc, l'y prédcstinaient (78). Au surplus, il ne manquait ni d'ambition,
ni de caractère. Lorsqu'il eut à gouverner l'Ifriqya, conjointement
avec AbQ 2'.akJ, durant la longue expédition de Sililrnissa, il le fit avec
une sévérité excessive. La population kairouanaisc souffrit de ses abus,
et les juristes malékites dont certains étaient pers6cut6s jusqu'à la mort
en pâtirent particulièrement (79).
On conçoit, aisément, tout le ressentiment que l'ambitieux Abll-1-
'Abbi& et l'ardent Abll ZikI ne pouvaient pas manquer d'éprouver
en perdant, après l'avènement du Mahdi, le rôle prépondérant qu ils
commençaient à jouer dans le nouvel Etat. De leur côté, de nombreux
129
Doyens, habitués à être associés par le Da.'i à l'exercice du pouvoir
et, outrés de la manière de gouverner de leur nouveau chef, prenaient
également ombrage de son prestige et de sa forte personnalité. Quant
au Dà'i, Abü-1-·Abbàs fit sur lui pression, tant et si bien qu'il finit par
le corrompre et le dresser contre son maître. Renié par ses principaux
partisans, ceux-là-mêmes qui venaient de le porter au trône, et ne
pouvant compter, par surcroit, sur une population évidemment hostile
le Mahdi devait être vulnérable. Avec l'appui de son frère et des chefs
Kutiima, Abü-1-·Abbàs le tenait, en fait, à sa merci. Il y avait donc de
bonnes chances pour que le complot fOt couronné de succès (80).
Pourtant, les conjurés manquèrent au départ de décision, retenus
soit par la gravité de leur entreprise, soit au contraire par leur certitude
de gagner la partie. D'abord on chercha simplement à intimider le
Mahdi. Sur l'instigation d'Abü-1-'Abbâs, le Dà'i se chargea de lui faire
les premières remontrances : en bon conseiller, il se permit de critiquer
les privilèges dont le souverain comblait les Kutà.ma, habitués par lui
à une politique plus rigide et plus austère. Puis, sous prétexte d'avoir
su les gouverner, il en vint à l'engager, à se décharger sur lui, des res-
ponsabilités du pouvoir pour mener dans son palais, une vie paisible
loin des soucis de la chose publique (81). Averti de ce qui se tramait
contre lui, le Mahdi se garda bien de brusquer les choses et s'arma
de prudence. Il fit à son lieutenant une réponse cordiale et ne lui mé-
nagea pas sa bienveillance coutumière. Ainsi, Abü-1-'AbbàS crut avoir
marqué des points. Il intensifia sa propagande parmi les miwonnaires
et les Doyens et se mit à émettre des soupçons sur l'.authenticité de
son imamat. Dés lors, la conjuration allait se développer rapidement
et prendre une tournure inquiétante pour le premier souverain fatimide.
« Le Doyen des doyens » (82), Hàrün b. Yünus al-Arbibi osa, un jour,
douter ouvertement de son impeccabilité de « Mahdi » (83). Cette fois
la réaction énergique du souverain ne se fit pas attendre. Le chef
masàlta fut exécuté. La plupart de ses contribules passèrent dans le
clan rebelle. Un seul doyen, Abü l;lalifa, suivi de quelques partisans
demeura fidèle à l'lmiim. ôazwiya, qui trahissait les conjurés et le
tenait au courant du développement du complot, prit alors le com-
mandement des esclaves et des éléments loyalistes (84).
Cependant, Abil-1-'AbbàS et ses complices hésitaient à engager
l'épreuve de force. Le directeur du « barid », lui-même, Ibn al-Qadim
trempait pourtant dans leur conspiration, et les soutenait, en puisant
dans les fonds de Ziyàdat Allah, qu'il avait détournés et dont il crai-
130
.p ait.la confiscation.(85). ·:ns s·"attardaient à .multiplier les riwûons chez
Abtl Zilcl'dont la.jalousie· à r~gard. de Gazwiya avait avivé l.'hostilité"
te ne se décidaient point, quoique unanimes .à vouloir ,auente.r à la vie
du Mahdi11 l . mettre leur· ·pro·et à tûcution (86.)..
Donc le :souverain e·ut largement 'le tem.ps. d'arrêter .les mesures
nooessaircs, ·pour déjouer Io complot·~ D sut ,garder,. aux moments, les
plus critiques, tant de sans: froid; et inspirer a·wc compirateun tant
de cram.te respectueuse.~qu'' il n'eut guère besoin de redoubler de vigi.-
1
portant sa« ,camisa » à reavers; pour avoir· passé trois, n·uits eons6,..
... _,.._.. "- 'L.ft .z-kl· (87)'
CUti:VCS, ~ i .n uu ~~ •- ·.. ..
Donc" l'.i nd~on des conjurés le;UJ" fut .fatale. Le Mahdi.eut toute
:latitude pour se dêbarasser des ·meneurs~ n commença par éliminer 1
à son compte quelques propos eHo,gieux. U·n œ·1 hommage n'a pas
certes à surprendre,. L'homme Q.ui. avait su fo,rger,. chez les ICutima
une force capable de dé·tnüre l'Etat ag]abide et de porter. enfin. au
1
.131
Décapitée avec l'élimination d'Abii ZJkI, puia du Di'i et de son
fr~re, la conjuration fit long feu. Leurs principaux complices furent
pourchassés et tués. Ainsi furent ex6cutés, quelques mois plus tard Ibn
al-Qadim le ~âh.ib al-barid, Mubammad b. Abu Sa'id al-Mm, le con-
trôleur des marchés et trois autres dignitaires Muhammad b. Abo
RaUal al-Bagi'I, Abll-1-Wahb b. Zurara aI-·Abdari et Mubammad
b. Ali Ayyùb (90). Le Mahdi pouvait se réjouir d 'avoir su lever un
obstacle de taille sur le chemin du pouvoir absolu, et que rien de sé-
rieux ne menaçait désormais son trône.
132
habilmumt que de coutume, ,•abstint de les aftmnter et, ,atfe:ndlit leur
· .·m d·_..ains ·1ei,.... ri·,V'.3·-•v
reto
·. · .· . À .
n,·1V Al'G .po
,w,,lil!I .
1
pmmÏel' groupe~, Quelque 'temps plus tard, il 6.t subir le menie· sort. à
un second gr,oupe. D d:onna des instructions pour rechercher et edcuter
'loDS ceus ,quï avaio.D.t ·pris part. à r6m.cute (9S). Par ailleurs ,des pour-
suites furent engagées conue les é-léments q,u i n'"avaient pas tremp6
dans, rmsunectio.n.. Ds furent amtés el Jetés en prison. Une vingtaine,
d'entre eux &Umvront jusqu'au ·l igne d,.~Mansür (96),,É,CeJ.ui-d :les
mettra en liberté apris :sa vict-0ire sur AbO Yazid et leur .a:ssipera
l,Em,te comme :lieu d,'exil (97).
L~émnte rtls Klllrouan. (98)
L'incident d''a l..Qaff al-Qadim tradui18ÏI; DOD ,se~ 1
ulement une
....__
rup-·. 1.ua.u ..._ .,il!iill! ,l,'I L -.ill!iift'l\111 A ,n l.,1-L!.JI__ .+ 1- fl .. .:1111 aniN!':
JC~tr..._ 'f --
~ft.'liilli,
Ç6'1.U IIIJi!nlill gl31J~wi .-fJ.P-UIUIRI .... l.ç. :i L U ~ ;; p IUiii'
1 ,~11,1jill UDiHI
al-Nu~ln. ,en massacra envirtJrD. '700 (99), plus d'' un millier d,'ap.rês.
un autre chroniqueur (J.00). Le gouverneur at..]J,asan b. AQ.mad b.
Abl Uam.1r ,(10 Il. ramena le calme, et les ,juristes d.e la dti conduite
par le cadi ~M'arwarrildl (1.02) pré.sentàcnt leUIB excuses ,au M,aàdi..
Les meneurs n'ltant pu connus, aucune samction immédia'te. ne fut.
prise., Mais, pJus,.tard, selon ·une vcnion d.• aJ,-Nu~n, les biens de
certains juristes,:furent saisis et certains autres 'furent mis à mort (103). 1
Selon une autre versio,n rapportée ·par le mer. auteur (104), ce.rtains
des usassbts qui,, Ion de cette émeute, s•,6taient acham6s sur lea
K.utima, :furent dkou\te11S. Pourtant ils ne firent l'objet -d"aucunc
1
inculpadon, parce que les preuves co.ntte eux,faisaient défaut et qu'.il eOt
été illégal de tes.edcuœr:, conformément à la loi de I'exoté.riquç (.105).
Toutefois, ,des, .sources sunnites hoquent de 'leur côté, longuement,
les pen6cution1 endurées ·par les juristes, duran't ,les .années q:ui suivirent
l'tœeute de 1Cairouan1 L~os.tilit6 des faJribs ,malikites au li'isme,. et
leur ascendant sur la popuJa.tion de Kairouan.qm seront retra,~ 1 plus
loin (105) les désignaient forcément, aux coups de la œt,ression que
de tels troubles ne manquaient pas de .susciter, Quoiqu~il en .m t, l"ordrc 1
134
un jeune· garçon de banû-MIW&IDit: des Urissa, coDD.u sous le nom
de K.ldû b. mu:eidt. prétendirent q,ue· le Di, était ,eneore en. vie el
s''.cmparircnt de Mile (l lfi). Une premitre année,. conduite par Bantil
b. al-Uasan al-.Malûai (117) fui miee en déroute par les rebelles, ren-
forcés par la défection de nombreux contribules. Ce cuisant revers
incita le· Mahdi à réagir plus 6nergiquemen1. Son fils et h6ritier· pré-
S0&11p-u.a, · · u•·1
- -'W!'ll"ll.....:.r, A'LA -'""<.-l~, • ,"utur
_n,;ilfill. m !le =~--
, .· ·- al.1Q-·:• -..:w, I"" ....1i -n. ·de
. 6 -.u 1 . · 22
--
'1,ii
li!i,• •· se
.-·. ·. AU,g ft"ll,~t,·
. . .u.a
135
Tandis que l'arm6e ae dirigeait vers Tripoli au début de pmida I
mi-d6cembre 912, une tlotille de 15 unités prenait part, également, à
cette campagne. Mais Tripoli opposa une vive r6sistance ; les
Huwwira, assurant le ravitaillement de la population, par voie ma-
ritime et les bllteaux fat.imides ayant été brtllés par la flotte ennemie,
le si~e se prolongea 6 mois (125). Abü·l-Qisim défit les Huwwlra,
coupant ainsi les vivres à la population. La ville finit par se rendre.
Les notables qui avaient organisé le soulèvement furent exécutés, et
leurs biens saisis. Les habitants, en dépit de l'amin qui leur fut con-
senti, furent astreints à verser une lourde contribution de 400.000 D
pour couvrir les frais de l'expédition, somme que ij:atn b. lsbiq b.
al-Ward qui faisait ses premiers pas, au service des Fapmides, fut
chargé de lever (126). Puis Ab0-1-Qisim confia le gouvernement de
la cité au lahifien Abo Mudaynl b. Kiniwa assisté du malusien l;lubisa
b. Yüsuf, le frère de ôazwiya et retourna à Raqqida (127).
u révolte tk Sicile (128)
Lors de la chute des Aghlabides, les Siciliens se débarrassèrent
d'al·l;lasan b. Rabal;l qui les gouvernait, au nom de Ziyidat Allah Dl,
et le remplacèrent par un gouverneur, à leur convenance, Ali b. Abtl-1-
Fawaris (129). Le Di, qui, en s'en souvient, s'était empressé, d~ son
entr6e à Raqqida, d'adresser l'amin aux habitants de l'île, et de mon-
trer à leur égard une sollicitude particulim-e dut maintenir ce gouver-
neur à son poste (130). Le moment n'était pas, en effet, opportun pour
imposer en Sicile, comme en Hriqya le nouveau régime ii,te. Ainsi
ses habitants reconnurent sans sourciller l'autorité des nouveaux
ma!tres de l'Ifriqya (131).
Quelques mois apr~ avoir pris possession du trône aglabide, le
Mahdi jugea de bonne politique, de confier le gouvernement de la
Sicile à l'instar des autres provinces de son royaume à l'un de ses
Au'1liaires. Mais soucieux de ménager les grandes familles arabes
de l'lle, il porta son choix sur le gouverneur de Kairouan, al-l;lasan
b. Abi Uanzir, ce descendant des Arabes Sanalira rallié très tôt à la
cause §i'ite à Mila (132).
Jbn Abi ij:anzlr débarqua à Mizara le 10 l>lll-l;laüa 297/19 aont
910, en meme temps qu'un cadi acquis à la doctrine li'ite, Isbiq b.
Abü-1-Minbiil (133). Presque deux ann6es durant, al-l;lasan gouverna
la grande ile avec énergie, la soumettant meme à un régime de terreur,
tout en poursuivant les incursions dévastatrices de ses prédeœsseurs
136
..
la C0.iU~i-11·
1 • . . on
'*"'....1:.-.ti ·.· '· U~
..fi. son
.. : · pou11.:ojr _.. marq
1 -
· ·uA' P' aiit,Hl!if .fa·
:_'li"~
• _. _ :_ .rup
1,'1' . .:_ 1.1· ·... · ..,,._
!. :1,1.u:'-ai a~
i\.1'1 · ·•w ~- aç
. - · .: 1 • ~~, 1
••
138
1:afB~ya be.rbke des lCutima eut pour ,effet, on. l.' a w plus baut (ISO),
de :-, odiler ptofo ·d6meat l"i6quilibre poliûquc qui ri"était en&n établi,
au ,._. atido en Afriq11e d.u Nord.. Des 'trois dynasties qw ,jwuqa"
alors s'' ~ent partag6a le pays et avaient cœxist6 sans hcurt en d6pit
de leurs r6simes différents - les Alhfabides sunnites à. l'Est. les J ~
aides li., tes, à. l'Ouest ,et au Magrib œntraJ, les lludémides baréiitcs
- aueune ·ne ,sarvécut à l 'extrao,rdinaire ,explos1on. La ·Berb6rie, toute
entière, basculait sous Ja, tutelle dei Fatimides,
En ,effet, ,au moment où. le M,ahd:i prenait le pouvoir à Raq:qida,
son. autorité ·ne :1'arretait pas aux. frontières du 'territoire aglaJbide que
le Di1 venait de conquérir .Elle ,s ''éœndait. plus à l'oueit, d'un.e façon
précai.Rt il est.vrai, :à l''ancie.n royaume de Tahan et avait meme englo-
bé momentanémen;t, une large portion du Maghreb e;xtreme jusqu~à
9ililmissa où le Mahdi venait de. se «manifester» après la chute dea
Banii Midr.a r. Bn somme, non seulement l;.lfriqya :mais rcnsemblc du
Maghreb se trouvait, désormais, à la merci des redoutables contin-
gents kutamites.
:Puis, rinstaDation. au Magbrib d~uo. ,califat hér:étique.~aspirant à
liiég!m,onie sur le Monde :musulman 't-out enticri créait,. igalc,ment,
un bouleversement dans la situatio.n, politique de 1;Empiœ islamique
,e't, a:ppelait la Berbéric à une nouvelle ,destin6c ; Ja puissance fapmide
aJJait constituer une·double et lourde menace, l'une, en Occident m&mej
pour les, Umaiyades d.·Espagne,, rautre, à l'Est pour les ,Abbasside1. 1
UV la ·p:.n,
· M...1i d
.:a·- · _ _ .'U M
1 ·
'.>. a
-~·e,au; ,w:u a
ni..,-1... .·.u,
. Mi!
Ul'l,e ffl;ft"'"UR;I.IJUi_
_ 1~V:L& ·~
:..tt... .. ..tle DGl,.:;1
. . .t....:-,1lliDlili,
~
11 · ·, · __ e·t aucun év'EDA,fl'l~nt
· __ . . .· 1 - _ _ ,_~ ~ .'
grave :n*,avait marqué leurs rapports avec rune ,ou I'·a:utre. ·des trois
dynasties qui. en. oecu:paient rimmense territoire (151). De le-ur ,c6té,
les Abbassides 'D e so soucjaico.l guère,, depujs longtemps, du. sort de
l'Afrique du Nord et se!contentaient d.'une suzerainetê commode sur
les Aghlabides. 'D6so,rmais, le calife de Ba,gdad el à l''a utre bout de
l~mpire Islamique son :rival le: calile. de Cordoue devront compter;
l'un aatant que rautre, avec leur ennemi commun rimâm isma'itien,,
6œbli à. Raqqida.
En Q ~ t en J
nP.il"i.ft1n,i ftllaA ·
_,- • J '- ,.
. 1nqya e·~at ,apmi
J- -1!l': '- '"
·- ,. œ UÇIJUÇr
"'de ...1 ... -.:.... ~
s1'au.1gna..
:..
189
outre, l'obligation sactéc du Aibid lui imposait aussi de poursuivre en Si-
cilcet en Calabre la lutte que IIC8 préd6œsscurs n'avaient point ocwd'en-
trctcnir contre Byzance, le premier souverain fatimide devait donc
fournir de sa puissance une dmionstration con,aincante à l'Ouest,
à l'Est, comme au Sud de ses Etats, et faire, soutenir ainsi, à ses arm6cs
une guerre inlassable sur un triple front. Aussi prit-il soin, en organi-
sant le gouvernement des différentes provinces de son royaume et en y
affectant les formations militaires «'askar », de confier à sca meilleurs
officiers le commandement dans les zones de guerre. Il attribua la
Sicile à Ibn Abi :ijanzlr, chargea du Maghreb ôazwiya et Dawwis b.
Sülat, le premier à Bagiya, le second à Tahart et plaça la zone Sud
jusqu'à Barqa sous Ica ordres de }.lubisa b. Yusuf le frère de
ôazwiya, avec comme point d'attache, la base de Tawzar, dans le
Qastiliya (1 S3).
Surtout, le Mahdi ne s'occupa pas uniquement, aprh avoir pria
possession des domaines conquis en son nom par le Di'i, d'y conso-
lider son autorité et d'éteindre, comme on l'a vu plus haut (1S4), les
foyers de la r6bellion allum6e en différents points du pays. Il s'attela,
d!s les débuts de son règne à r6aliser ses vis6es d'expansion. Du reste,
ni le maitre de Cordoue, 'Abd al-Ral)min lD, ni celui de Bagdad,
al-Muqtadir bi'llah, n'ignorait l'ampleur du danger fatimide. Il im-
portait au futur al-N~ir de mettre son royaume à l'abri des cavaliers
kutima qui pouvaient, alors, d'un jour à l'autre reprendre leur marche·
irr6sistible à travers le Maghreb et continuer leur pouss6e jusqu'aux
portes d'al-Andalus. li lui fallait, surtout parer aux raids oue la puil-
sante flotte ifriqyienne 6tait en mesure d'effectuer contre les côtes
andalouses et emp&her, le rebelle Ibn l;laf,nn de recevoir l'aide du
Fatimide. Aussi s'empressa-t-il peu de temps après son accession au
trône de Cordoue, « de se rendre à Alg6siras pour inspecter sa propre
flotte et donner des instructions pour le lancement et l'~uipement de
nouvelles unit6s et l'établissement d'une surveillance permanente du
littoral andalous (ISS).
De son côté, al-Muqtadir, rapporte al-K.indi (IS6), recommanda
à son représentant en Egypte Abll Man,11r Takln, de se préoccuper
du Maghreb et de s'en protéger soigneusement .Ce dernier attribua à
son lieutenant Abü-1-Namr AJµnad b. sarn, le commandement dans
la province de Barqa, et le mit à la t!tc d'importantes troupes Abll-1-
Namir prit position dans cette r6gion tenant en respect le général
fatimide }.lubisa b. Yusuf qui, parti de la place de Tawzar a,ait ~
tré profondmient le désert Lybien (IS7).
140
la 'r ldts 4u Mahdi 1111 l''Antlalus. (J.58)·
M• le calife fatimide 6wt~il v,raiment de taiUe à dléfier, a·u dé.but
de son ri,gae., rwi ou Pautrc de ses dcUl riv·aax 'l Pouvait-il bien qu,'il
disposlt de troupes suffisantes et 'bien agprries, ,et dtune puissante
.marine héritée des AgJdabidcs, se h.awder à co,trepnmdre la eonquete
de l'Andalus ou celle de l'E&YPte. ta·ndis que sur :ses p:ropres posse.s-
aiom ac multipliaient les séditions, et qu.'il Jui, faUait maiutcuir1 so·us
10n. joua, une popwatio,n hostile au nouveau dgime ? O:rtes,
l'Andalua éllit alors une,,proie. bien tentante : le œplc de l"Emir 'Abd.
.AJJah y ·couchait .à.·sa ln. en. pleinte tourmente ; 'le pouvoir de la ·mai-
son umaiyade a•y tronv.ait conaidérablemen't amen•, affaibli par
,la. di11idence de vastes territ:oires, et min6 par de :fréquentes rév·oltes,
Le lr&le de Conloa avairt maintes fois cha·nœ16,., so·us. 'le poids de· la
plus arave rebellion q·u'il ait jamais coDDU., depuis .Abd at. .R.al)min
1
--
e s.
O""'-""'
a ,a,imh
qu•·a n"avait pas manq11E d"envoyer' ,à Cordoue même, ·tel. so,n. fidèle
1
Abil Ga,.ar al-Ba.p iidi (.159), devaœnt le tenir au. couran.t de la situa-
tion défectueuse Qui y:rOgnai~. o~ameun Ib · {'laqlln n'avait pas.·tardé,
à lui faire parvenir·, dn son intr,onisation à Raqq.~ un messap, d',aw
bédien.ce et à faire prononcer en sa faveur rinvocation :rituellet Jtinvi-
tanl, ouvertement, à venir porter le· coup de ,g rlœ à l'Etat çord;ouan.
Que le Mahdi ait eifecUvement toDP à envabir rEspqne muul-·
1
plu avmél ont déjà remarqué rattrai1 particulier que cet O.r imt avait
aercé Dis t6t sur l'esprit du pœmier souverain fapmide:,, ne comicW-
141
rant la conquête du Maghreb oriental que comme une simple étape de
la longue marche qui devait le conduire à travers la Lybie, l'Egypte
et la Syrie au cœur même de l'empire abbasside (160). On reviendra.
plus loin, sur la valeur qu'il convient d 'accorder à de telles affirma-
tions, lorsqu'on examinera les deux raids effectués, à quelques années
d'intervalle, par les troupes fatimides contre l'Egypte. On est en me-
sure de souligner, d'ores et déjà, que seuls des obstacles d'ordre int6-
rieur avaient empêché le Mahdi d 'entreprendre la conquête du royaume
andalou. De graves soucis, l'assaillaient en effet, à l'époque où le Dâ1
poussait les colonnes de ses fidèles Kutama au delà de Tàhart et de
Ténès, dans le courant de l'année 910. Ce fut, à Ténès même, que le
Di'i et ses principa.u x lieutenants devaient concevoir le projet auda-
cieux de l'assassiner et se concerter p('ur tisser la trame du complot
dont Abll-1-·Abbis s'était fait l'animateur et dont on a exposé plus
haut le déroulement (161). On a vu, dans quelles conditions périlleuses
le Mahdi finit par avoir raison des conjurés et comment dut-il se dé-
barasser de ses Auxiliaires les plus éminents, ceux-là-m!mes qui ve-
naient de conquérir pour son compte les possessions aglabides. On a
vu aussi quelles difficultés furent suscitées par l'assassinat du Di'i,
surtout, l'ampleur du mouvement de sédition qui éclata aussitôt à
al-~ al-Qadi.m, à Kairouan, à Tripoli, en Sicile et gagna le pays des
Kutima où l'apparition d' un pseudo-Mahdi au berceau même de 1a
Da"wa, ébranla sérieusement le prestige de l'lmim fatimide. Cette
dégradation de la situation sur son propre territoire, principalement
dans te Z.ab, 1a Petite Kabylie, fit, à coup sOr, obstacle à la réalisation
de ses projets sur le Maghreb extrême et I' Andalus..
142
ron fait ccnains historiem, que les Fati·mides, ont toujours eu depuis 1
-i·.amu
. ,qw." SC 1,,.-...,:
.
1t3
avança sur ses traces jusqu'à Barqa où il étendit son camp. Puis le
nouveau commandant ijayr al-Mallfüri désigné pour remplacer Abll-1-
Namir marcha sur cette ville afin d'en déloger l;lubisa, mais une
rivalité inopportune ne tarda pas à l'opposer à son lieutenant
un certain ·Abd aJ.•Azlz b. Kulayb al-Oarüi; cc qui permit à l;lubàsa
de les battre tous deux et de les refouler l'un et l'autre vers Fostàt.
Sans dater a\'CC pdcision la prise de Barqa par l;lubàsa, al-Kindi la
raconte a\'ant d'autres événements placés sous l'an 300;'912-913. Nos
autres sources s'aœordent généralement pour situer cette conquetc
en 901/début 914. Le Di"i Idris notamment contredit al-Kindi sur
divers poin~. Selon sa version, le Mahdi lança ses troupes sous les
ordres de l;lubisa et de Mùsa b. ·Abd al-Ral_unan al-Wâdini le lundi
24 Ôumàda IJ/301/23 janvier 914. Après avoir occup6 sans ccmbat
Syrte et AAdabiya. les deux généraux firent le 8 ralab/7 février leur
entrée à Barqa sans avoir livré bataille. Idris parle aussi d'un retour
d'Abù-1-Namir sur Barqa, de renforts envoyés par le Mahdi au secours
de l;lubisa sous le commandement de Sulayrnin b . Kifi al-Olmli et
de •AfïQin b. Kardùs enfin d'une victoire complète de ces colonnes de
secours sur les troupes égyptiennes (168).
Quoique d'une chronologie incertaine, les faits tels que les présente
al-Kindi sont plus pausibles. On comprend mieux qu'après avoir reçu
dès 297/910, le commandement dans la zone de guerre orientale
«rndriq», l;lubisa ait cherché à pousser ses hommes en direction de
l'Egypte et qu'il ait aussitôt engagé les hostilités avec les forces enne-
mies stationnées à Syrte. On peut du reste en harmonisant certaines
données d'al-Kindi avec les précisions fournies par Idris, penser que
les hustilités longtemps poursuivies de part et d'autre sans résultat
notable aient enfin abouti lorsque l;lubisa reçut les renforts n ~
saires à la prise de Barqa au milieu de l'année 301. Cette ville conquise,
la route d'Alexandrie était désormais libre, et le moment venu pour
le Mahdi d'entreprendre l'invasion de l'Egypte.
Effectivement le calife fatiroide équipa une puissante armée et en
confia le commandement à son fils et héritier présomptif, Abü-1-Qiaim
qui s'ébranla de Raqqida en direction de l'Egypte le jeudi 15 dlll-b.alp
301/13 juillet 914. Faisant route par Gabès, il atteignit Tripoli le 7
rnul,arram 302/2 aollt 914. Après une halte de six jours il poursuivit
sa marche jusqu'à Syrtc d'où il écrivit à l;lubisa pour lui demander
de l'attendre à Barqa. Mais désireux d'inscrire à son nom une conqu!te
qu'il savait à sa portée, ce dernier prit les devants en m&nc temps que
•
144
ses lieutenants Ibn Kifi. 'Afiqiin et 'A.mir b. Yüsuf et après avoir pris
al-l;lunayya (169) ~acuéc par l'officier abbasside Abü-1-Dalfii, fit
son cntrec à Alexandrie le 3 ~afar 302/28 aoüt 914 (170).
Cependant, ayant quitté Syrie, Abü-1-Qisim atteignit Agdiibiya
le 1er pfar/6 septembre, puis Barqa le 7 rabi' 181/30 septembre. JI confia
Je gouvernement de cette place à un kutiiroite de la tribu des Malilsa
connu par sa kunya d'Abü Diwüd et rejoignit enfin l;lubiisa à Alexan-
drie le 15 rabi' 11/7 novembre (170).
Un mois plus tard, aprk avoir donné un gouverneur et un cadi
li'ite à Alexandrie, Abü-1-Qàsim prit l'offensive en direction de FosJat.
Entre-temps des renforts abbassides arrivèrent dans cette ville sous
les ordres d'al-Qasim b. Sima. d'Al;lmad b. K.aygalag et d'Abü Qibus
Mul}ammad b. l;lamalc. Le gouverneur Abü Man,ür Takin établit
son camp à al-ôïza à Dar al-Sâl;lil et se tint sur pied de guerre. Précédé
de son avant-garde commandée par Hubâsa et ses trois lieutenants
déjà nommés qui s'avancèrent jusqu'à ôawf al-Billawr, Abü-1-Qisim
fit étape à l;lasa. Puis les troupes faµmidcs se regroupèrent à al-Naririya
et établirent leur camp sur les bords du Nil à 6 milles des forces égyp-
ticnnCà, le mercredi 22 Ôumida 1er/14 décembre. Le lendemain Abll-1-
Qisim prit son dispositif de combat, plaçant à l'aile droite les Malilsa
et l'aile gauche les Ôirola et arriva au contact de l'ennemi. Après 7
joun de combat incert.ùns, Abü-1-Qasim campa à trois mille seulement
des troupes égyrticnnes. Mais manquant de vivres. il fit mouvement
vers al-Fayüm que des éléments avancés de son armée mirent à sac.
Là, il tua les pillards et accorda !'aman à la population. Puis quittant
al Fayüm le 15 jumada 11/5 janvier 915, il rebroussa chemin s'arrêtant
à al-Urbus, ~afa et al-Haramayn où il accrocha des troupes ennemies
cl arriva enfin à Ar<j al-ijamsin où il établit son camp. Là, il livra
bataille à l'ennemi, ayant placé au centre les Ôïm.la à l'aide gauche
les Aüiina et les éléments ifriqyicns, à l'aile droite• Malüsa et le
reste des magbrebins et à l'arrière garda les Lahi'8. Mais l;lubasa battit
brusquement en retraite laissant Abll-1-Qasim dans une position dif-
ficile. Toutefois ce dernier parvint à se dégager au bout de durs combats
et se retira vers Alexandrie où il arriva le S raJab/24 janv icr. Et tandis
qu'il s'y reposait de ses peines, d'importantes forces abbassides com-
mandées par l'affranchi, d'al-Muqtadir, Mu' nis se mirent en route ven
l'Egypte. Tenu en échec par les seules troupes égyptiennes, Abü-1·
Qisim n'était sans doute pas en mesure d'affronter le général abbasside
qui arriva à Fos!it le 15 ramacpin/3 avril. Il se résigna donc à rentrer
145
'
en lfriqya et fut de retour à RaQqàda le dimanche II dul-qa•da 302/28
mai 915 (171).
146
Mu'izz (176), le Mahdi s'avait bien qu'il n'était pas alors en mesure
de conquérir l'Egypte. Il vculait simplement affirmer par sa Prédication
<< da'wa » le témoignage d'Allah contre les Abbar.sides et fournir sans
réserve tout l'effort dont il était capable. L'opération se serait donc
réduite dans l'esprit du souverain fatimide à une simple démonstration
de fc.rce destinée à confondre l'ennemi, à faire valoir le droit des Alides
au califat, et à exprimer ainsi leurs visées sur l'Empire islamique.
Les principaux objectifs de l'expédition sont d'ailleurs définis
d'une manière explicite par son chef dans un poème de sa composition
adressé d'Alexandrie au Mahdi (177), ainsi que dans le prône (178)
prononcé par lui dans cette même ville après la prière de la rupture
du jeQne, le 30 rama4in 302/18 avril 915. Sur le ton de la jactance
chère aux poètes arabes, Abü-1-Qasim exalte l'imamat du Mahdi et
proclame ses visées sur l'Egypte, la Syrie, le ij: uràsan et les « deux
lraks » ainsi que sa conviction de voir bientôt se réaliser la promesse
d'Allah, par des conquêtes menées glorieusement sur les bords du
Nil, du Tigre et de !'Euphrate. Puis en s'adressant à la population
d'Alexandrie, Abil-1-Qasim invoque pour justifier son entreprise des
raisons doctrinales courantes dans la propagande des missionnaires
isma'iliens : il compare la situation dans laquelle il a trouvé la commu-
nauté orthodoxe à celle des Juifs et des Chrétiens au début de l'Islam,
et son rôle à celui du Prophète. Sa mission consiste à restaurer la re-
ligion musulmane, à réformer la société corrompue, par un retour au
Coran et à la Sunna et à veiller à l'observance rigoureuse des pres-
criptions coraniques (179).
En dépit de son insuccès sur le plan militaire, cette première ex-
pédition contre l'Egypte ne fut pas sans procurer effectivement au
Mahdi les avantages qu'il s'était promis en matière de propagande.
Le prestige de la cause fatimide y gagna sans doute, sur les bords du
Nil comme dans les autres possessions abbassides également
convoitées.
14'1
pour y rétablir l'ordre. Mais la ville lui opposa une résistance si vive
qu'il n'en vint à bout qu'apr~ 18 mois d'un siàge particuliàrcment
rigoureux. Sa chute eut pour etret de oontraindrc la population de
Ltlbiya et de Maràqiya à se réfugier au mois de Sawwàl 304/avril-mai
916, à Alexandrie où le nouveau gouverneur de FostAt, Oukl al a'war
dép&ha des rcnfots (181).
Barqua reconquise, rien n'empechait Je souverain faµmide apm
l'échec de la révolte de Sicile et les sucœs de son général mi.knasien
Ma$âla b. l;labüs au Maghreb extr!me, d'enueprendre une seconde
tentative oontre l'Egypte. Placé de nouveau à la ~te de troupes nom-
breuses et bien équipées, son fils Abtl-1-Qisim quittait donc Raqqida,
le lundi 1•1 dtl-1-Qa'da '306/S avril919 et reprenait la route d'Alexandrie.
Lorsque l'avant-garde de son armée commandée par Sulaymin
b. Kil.fi atteignit LObiya et Mariiqiya, la population d'Alexandrie affolée
se bâta de fuir. Sulaymin y fit son entrée sans ooup férir le 9 $8far/3CY7/
11 juillet 9()1), pendant qu'une vaste panique s'emparat de FostA~ aban-
donnée par une bonne partie du « Jund ». Le gouverneur Ouki et le
préposé au baril.~, al-l;lusayn b. AJ,.mad al-Mâdirii'ï s'évertuàrcnt de
recruter de solides troupes et d'assurer la défense d'al-Ôiza où la cita-
delle du pont occidental fut oonsolidée et où furent aménagées des
tranchées. Mais Oukii mourut aussitôt dans son camp établi a al-Ôiza
où arrivàrent en revanche des renforts avec Abü Qiibüs Muliammad
b. l;lamak et Jbrahim b. Kaygalag. Le nouveau gou'iemeur Abü
Man$ùt Takin ne rejoignit pourtant son poste qu'au milieu de !a'bin/
janvier 920.
Entre-temps, au lieu de marcher sur Fostat alors vulnérable,
Ab0-1-Qiisim s'attardait à Alexandrie pour y concentrer toutes ses
forces et attendre la flotte qui venait en renfort sous le commandemeot
de l'esclavon Sulaymân et Ya'qtlb b. ls11aq b. al-Ward (18~). Il se borna
à envoyer ses troupes d'avant-garde sous les ordres de Sulaymin b.
Kâfi occuper et piller al-Faiyüm et al-A!münayn. De cette opération
qu'au rapport de certains chroniqueurs (183) il aurait dirigé lui-m~me,
le général fatimide devait penser tirer un double bénéfice : pourvoir
largement, et aux dépens de l'ennemi, au ravitaillement de son année
et surtout priver Fostat des vivres qui lui parvenaient du Sud par le
Nil et en assurer ainsi le blocus.
Mais les événements allaient se dérouler autrement que n'avait
pu le prévoir Abtl-1-Qâsim. La riposte abbasside attendue fut éner-
gique. Une flotille tarsiote vint au secours des Egyptiens sous les ordres
148
de l'affranchi Tamil. Elle rencontra la ftotle fapmide au large do
Rosette. Aid6 par un vent favorable qui fit ~houer de nombreuses
unités ennemies, Tamil remporta une victoire totale, le dimanche 18
sawwil/ 12 mars. Quelques jours plus,.tard, il faisait une arrivée triom-
phale à Foslit où Sulayman et 117 capitaines faits prisonniers furent
trainés ignomineusement. Ce désastre eut pour effet de contraindre
Abtl-1-Qlsim à prolonger son inaction à Alexandre où il attendait
semble-t-il, au rapport d'lbn Khaldün (184) une off'ensivo des troupes
qarmates d'Abll Tihir al-ÔannibI contre l'Egypte. Mais ce furent
des ttoupes ennemies commandées une fois encore par l'aff'ranchi
Mu'nis qui vinrent à sa rencontre. Le général abbasside arriva à Fos!it
le jeudi 3 mul)arram 308/25 mai 920. Il établit son camp à al-Ôiza et
envoya Ibrahim b. Kayplag prendre position à al-A!munayn. Un
engagement qui opposa à al-Mabi'i, une colonne fatimide commandée
par Fa~ b. Ta•laba à des troupes abbassides sous les ordres de
Mut,ammad b. Tug# se solda par une victoire de ce dernier.
Puis Abll-1-Qisim se décida à quitter Alexandrie où nW1quèrent les
vivres et fit mouvement vers le« Sa'id » le 10 rabi' JerrJO juillet. Il
se rendit maitre des provinces d'al-Faiyllm et d'al-Aimunayn d'où
il délogea les troupes d'lbn Kaygalag. Mais Mu'nis évita longtemps
d'aff'ronter son adversaire dans un combat décisif, effectuant contre
lui de simples escarmouches et laissant la peste et l'inertie réduire ses
forces. Et quand vint le mois de Mul:iarram 309/mai 921, il confia à
Tamil le soin d'aller massacrer la garnison fatimide à Alexandrie que
commandait Ibn Ta'laba et s'apprêta à aller attaquer l'armée ennemie.
11 occupa al-Fayüm au mois de '8far tandis qu'Abü-1-Qâsim n'osant
pas livrer bataille se rendait à Tahnàmat et Aqni, puis se repliait vers
Barqa et rentrait en Ifriqya. atteignant Mahdiya au début de raAab
309/novembre 921 (18S).
149
l'intention des OrientallJ{, les appelant à se soulever contre les <t Infi-
dèles » et à soutenir la juste cause des descendants de Fiitïma. Il comp-
tait ainsi obtenir par la propagande les fruits qu'il désesp6rait de ré-
colter par l'usage des armes (186).
L'expansion fatimide au Maghreb extrlme (187)
La stratégie du souverain fapmide consistait, on l'a vu, à pc usscr
ses armées tantôt à l'Est tantôt à l'Ouest de ses domaines de façon à
tenir sous sa menace ses deux rivaux, !'Abbasside et rumaiyade.
Toutefois sa politique d'expansion au Maghreb Occidental, après
quel1tues fulgurants succès remportés aux dépens des dynastes ~hides
de Nakùr (188) et Idrissides de Fès (189), se trouvait bientôt contre-
carrée par l'énergie et l'habileté du monarque andalou ·Abd-al-
RaJ,.m!n Jil Qui venait deux années à peine après l'avènement du
Mahdi d'aooéder au trône cordouan. La lutte d'influence, longue et
patiente qui, après 1'6chec de la première tentative d'Abü-1-Qisim
contre l'Egypte, allait opposer au Maroc la monarchie hispano-Umai-
yadc et le califat fatimide, Uvi-Provençal l'a retracée dans quelques
pages si denses qu'il est superflu d'en refaire le récit ici (190). On se
bornera donc à rappeler brièvement les principaux événements sur
lesquels s'est arrêté l'éminent historien en insistant en revanche à
l'aide de la relation inédite du Di'i Idris, sur certaines phases de
l'action vigoureuse menée par l'héritier du trône fatimide au Maghreb
central pour dompter le chef des Zanàta M~ammad b. ijazar.
Au lendemain de son avènement, le Mahdi avait pris soin on l'a vu
plus haut (191), de maintenir coQte que coQte son autorité sur le terri-
toire de Tahart. JI disposait ainsi d'une base commode pour étendre son
Mmogénie en Berbérie Occidentale. Dans le courant de l'été 304/917,
alors que s'estompait le souvenir du premier revers essuyé par ses armes
en Egypte et que venait d'6chouer la révolte légitimiste de Sicile, il dé-
cida de charger le chef maiknasien Ma~la qui gouvernait la province
de Tahart de partir en campagne au Maroc. Le dynaste ~ide de
Nakùr, Sa·id b. Siilil) fit les frais de l'expédition. Il fut tué et sa capitale
conquise le Jeudi 3 m~arram '305/26 Juin 917. Mais peu de temps
après le retour de Ma~iila à Tàhart, un fils du Salihide, Sali1) encoura-
gé par ·Abd al-RaJ,.man ID sous le protection duquel il s'était mis put
retourner à Nakùr et y tuer le gouverneur si'ite (192).
La riposte fatimide se fit attendre. Le Mahdi entreprenait alors
sa seconde tentative contre l'Egypte, dont on connait le déroulement
150
peu flatteur pour ses. armes.. Au mo,ment même orà la campagne· tour..
nait au bord. d.u Nil en :Faveur de :i•ennmi abbasside,, il crut bon pour
son ·p·-~ti~P. défaillan
- .a~~ · t uÇ
...1 ;oo.-r
- - "".g - :.- -.. pnœe_-.,_
'll'@ftr~dre
-.
1
~
1. e à- 1
- V'HI. D !v_ ·'0
. .· · es
- -.t··. ·M--· ~
J:lli_~.1 - s''
i ~a . "
ç'...
sama ex.ploiter à son profit !"hostilité irréd.uotible des Zanita .au pou-
1
voir' des Fatimides, et la haine atavi,que ·v,ouée par eux à leurs AuxUiai-
·res Kutima. Au dé.bu.t de l"aJ1Dée 31.2/924 Ma$11a reçut rordre de
mener une ,cxpédition ·punitive con.tre les M'agr.iwa, la. branche la pl.us
1 1
!Dl
De cette place forte, il s'occupa à soumettre les tribus de la petite
Kabylie et du Hodna. Il chargea l'affranchi Ôa'far b. 'Ubayd surnom-
mé ~u'lOk (195) de conduire un corps de troupes kutamites jusqu'à
la citadelle de 'Uqii.r pour y punir les Muzita, les Kiyâna et les Kam-
lân alliés aux 7.aniita. Puis il donna l'ordre à Ali b. l;lamdün de fonder
M'sila dans le pays des Kamlân et de s'y installer avec ses troupes et
aux Karoliin de rejoindre son armée à Tâhart.
Le 26 !umâda II Abü-1-Qâsim reprit sa route vers l'Ouest, passa
le mois de ra!ab dans le pays des l;luwwara puis traversa Je territoire
des ~anbâ!a et s'arreta vers le milieu de !a'ban/ octobre à l;lâ'it l;lamza
où des 7.anâta conduits par leur chef Mu~'ib b. Miita vinrent se sou-
mettre à son autoritè et bénéficier de son pardon et de ses largesses.
Vers la fin de rama4ânfNovembre, l'armée fatimide fit mo~eroent
vers la citadelle de l;lamma dans le territoire de Tâhart où des Zanâta
s'étaient retranchés avec leur chef Abdallah b. Tabâdalt (Ibn ij:azar).
Mais Abü-1-Qâsim ne put arriver au contact de l'ennemi qui s'était
empressé d'abandonner la citadelle et de s'enfuir. En pépit du mau-
vais temps qui commençait, il décida de poursuivre son offensive, se
porta vers le pays des Matmâta et des Zabraqa et campa à Wâd al-
Swâni (Süq lbrâhim) pendant une partie du mois de sawwiil/décembre
et tC'ut le mois de cjü-1-Qa'da/janvier 928. Les Matmata demeurant
sourds à ses sommations, il résolut et les attaquer en plein hiver le
mardi 3 cjü-l-~aUa/29 janvier ayant confié à son lieutenant ij:afil b.
lslJ.iiq la tâche de surveiller les hommes d'lbn Tabâdalt retranchés
dans la citadelle d'al-Qarbüs et de les emp&her de preter main forte
à leurs alliés ; Abil-1-Qâsim eut raison des Matmâta au terme de durs
combats, tandis que ij:aJD tenait en échec Ibn Tabâcjalt el le contrai-
gnait à battre en retraite et à s'enfuir. Ayant réduit les Mapnita, Abil-
1-Qâsim se porte vers la citadelle de Zabraqa (agit en berbère) le
vendredi 6 cjul-l;laUa/ 1er février 928. JI campa un mois environ à
Hüd b. Midas. Puis il se rendit à al-'Urqüb et atteignit enfin Tâga§mat
non loin de Zabraqa, le samedi 13 m~arram 316/8 Mars 928. Là,
l'année fapmide prit son dispositif de combat et le mardi suivant se
porta à l'attaque de cette citadelle inexpugnable entourée de tranchées.
Un corps de troupes commandé par ij:ah1 b. Ya'qub prit position sUr
une montagne voisine pour opérer une diversion et faire obstacle à
l'arrivée de renforts. On coupa du bois pour en combler les tranchées
et on mit en action les mangonneaux et les lance-pierres ; les
archers (196) lancèrent leurs flèches à l'intérieur de l'enceinte et des
tra'taux de sape furent entrepris pour pratiquer une brèche dans le
152
rempart et provoq,uer l'écroulement d."une partie du. mur. La po,pula-
tioo de. la citadelle opposa une résistance farouche· aux aaauta rép6tés
des troupes assiégeantes.. Les combats se pomsmirent pendant la
nuit ; la okadeUe .ne céda que le lendemain au d6bul. du jour et. fut 1
153
Miisa b. Abi 'Àfiya parvenait en 315/917-928 à reprendre lïni-
tiative des hostilités, mettait à mort al-Haüâm et en pourchassait
ses frères et les autres parents idrissides protégés par les ùumira et
entreprenait de pacifier le Nord du Maro~ et de l'Oranie. Mais, durant
les années suivantes la situation évolua inopinément en faveur de
l'Umaiyade qui, après avoir accru son prestige par l'adoption du titre
califi.en et du surnom d"al-N~r li-din illih, fit occuper par son général
Faral b. 'Ufayr le port de Ceuta, le2 rabi ter319/2S mars931,disposant
dès lors d' un solide point d'appui sur la côte marocaine bien mieux
placé que Mélilla en face et à quelques milles du port militaire espagnol
d' Algésiras. Cela eut pour effet d'inciter Müsa b. Abi-1-'Àfi.ya à répudier
l'obédience fatimite et à reconnaitre désormais celle du calife umai-
yade (200). ·
154
~ Malztlj ,et Byzance ~· les· inwrsions fatln1ide.s ., n Calabre
Le :reto,u r de la Sicile sous le joug, :fa.pmide, ,apds l'éct.ec de la
nwoltc légitimiste d''l bn Qurhub (201) rendait caducs les accords
que œ dernier av.a it conclus avec Byzance: au :s·uJet de la Calaluc~ Il
i·mportait du reste· a·u nouveau maitre. de rifriqya de r-eprendre à son
compte la politique:.agressive de ses préd6cessems,. les demi.ers souve-
rains a&labides:t e,t d'exiger I.e versement du tribut pour ,cette pr-ovinœ
byza·ntine, qui entre-temps avait été supend·u. Le rétablissement de
l'ordre en :Sicile :mettai·t ,donc fin à ta ·trêve ,en. Italie méridio.nale dont
les populati,ons se "toyaieot. de n,ouveau. exposées aux incursi,on,s mu..
sulmanes q u~. les avaient déjà maintes fois épro-u, 6es cruellement.
Le pmnier raid entrepris contre le Calabre· ,à partir de .r lfriq)'a
aussit6t après la. pacification de la grande par A.bu Sa'i d al~:J}ayf~, ne
eut :lieu dans le courarot. de l.'été 306/918. Les troupes fa1timidcs s'em-
1
n les pJaça sous les o,rdres de son chambellan Oacfar· b. -=ubayd dit
:su~Jûk. Cehû..ci se rendit à Palerme où il passa J'bi,,,er de rannée 312/
924-925.. Puis H traversa le déttoi · de Messine « .aJ-·~d.w.a~l·ubri » et
attaq'Ua. ]a Calabre le 1et muharram 313:/23 mars ·925. Il ,c onquit
Bn,1zzane et plusieurs autres localités, poussa ,ensuite ses voiliers dans
le golfe de Tiarante et débarqua ses trojupes en tern, d'Oran.te.. Là,
Ga'far prit d'tassaut, O.r ia au dfbut de juillet, y œusaera quelques,
milliers de ,combettards et réduisit en. ,captivité 11ne dizahlc· de milliers
de personnes dont un patrice q,ui versa pour lui...mime et pour la. ville
une ranço.n de SOOO mi1qals. Puis ayaot,conclu une trev,e ,e t pris comme
garams un certain .Léon, ,~ ue de· Sicile et le stratège de Calabre, n
regagna Palenne le .25 rabr 11/20 juiUet,, d''.où H :fanna le Mahdi de sa
·vict·oire. Eoûn ,OaY.ar arriva à M'ahdiya ·un .mois et demi plus tardt le
11 Gmnida 11/3 septembre al'ec d'é,nonnes ri,chesse.s (204).
Cette· campape retentissante du chambellan. fa1imide incita Ja
cour de·Byzanœ à conclure .avec:celle de Mahdiya un ·traité. qui, pcn•
155
Amari, confirmait les accords de Calabre et cewi: qu'avaient pas•
Ibn Qurhub. Une tentative d'alliance entre le roi Siméon lè de Bulgarie
et le Mahdi fut ensuite déjoué par Romain Laoépène qui, pour apaiser
le Fatimide, dépêcha à Mahdiya des présents et la promesse de verser
le tribut annuel pour la Calabre (20S).
Mais le retard apporté au paiement de ce tribut provoquait
aussitôt une riposte du souverain fatimide qui, rompant la treve renvo-
yait ses troupes à l'attaque de la Calabre. Ainsi, pendant l'été 315/927
une flotte de 44 navires quittait Mabdiya, sous les ordres de l'esclavon
~bir et passait en Sicile. Renfoncé par des unités siciliennes, S4bir
remettait les voiles en direction de l'Apulie où il prenait d'asaaut
Tarente le 15 Aumâda fl/17 aoOt, massacrait les combattants et rame-
nait de nombreux captifs à Palerme (206).
L'année suivante, au mois de Rabr Il 316/Mai-Juin 928 le m&ne
S4bir auquel un autre capitaine Al)mad b. Sama était venu pr!tcr
main forte, se porta de Palerme vers les principautés longobardes du
côté de la Mer Tyrrhénienne, où il s'empara de nombreuses places
maritimes dont al-Girin (Les Grottes) et Qal'at al-Udab (La forte·
resse au bois). Puis, ~bir alla bloquer successivement Salerne et
Naples dont les habitants durent lui verser, pour avoir la paix, d'im·
portantes contributions en or et en draperie de soie, el retourna à
Palerme aprês avoir perçu également le tribut pour le Calabre (207).
L'été suivant, ~bir qui croisait dans la Mer Ionienne avec qua-
tre navires, rencontra fortuitement le stratège qui en commandait
sept. Ce dernier fut battu et l'amiral fatimide encouragé par ce succès
alla débarquer à Termoli qu'il prit d'assaut. li ne devait rentrer à
Mahdiya au terme de sa lc,ngue et victorieuse campagne qu'au moi~
de !a'bân 318/Septembre 930 (208).
le tribut pour l'année 319 tardant à parvenir à Mabdiya, des pré-
paratifs furent entrepris pour mener contre l'Italie méridionnale une
expédition punitive. Mais des émissaires du Stratège arrivèrent à la
cour avec de riches présents et sollicitèrent une suspension des hosti•
lités qui leur fut accordée. Cette tr!ve de\. ait se prolonger jusqu'à la
mort du Mahdi, le tribut ayant été, dès lors, payé régulièrement (209).
Ces succès répétés de la marine fatimide donnaient la preuve de
sa force et démontraient GUC les successeurs des Aghlabides étaient
autant qu'eux déterminés à assurer la suprématie de l'Jalam en Sicile
et à assujettir la province byzantine de Calabre au paiement du tribut.
156
Préocx:upés par l'impérialiune bulgare, Byzance laissait au souverain
ifriqyicn les mains libres en M6diterran6e centrale pour subjuguer les
Pouilles et la Calabre où le pouvoir impérial était maintenu d'une
façon précaire. Aucune rencontre importante ne vint donc opposer
les flottes byzantine et fatimide tout au long du r ~ du Mahdi.
Celui-ci mit à profit cette situation pour fortifier dans le port
de Mabdiya une marine dont la puiuance ira se dé\eloppant jusqu'au
rbgnc d'al-Mu'izz li din Allah, Elle pc1mettra alors au quatrième
calife fatimide de se mesurer victorieusement avec son rival byzantin,
le glorieux Nicéphore Phocas.
A Ab1l Sa'id al-Ôannibi succéda son fils Sa'id sans avoir reçu
l'agrément du Mahdi. Loin d'améliorer ses relations avec l'lman1, le
157
nouveau chef qarmate s'appliqua à consolider la politique de rappro-
chement avec Bagdad qu'avait préconisée son ~re et qui trouvait en
la personne du vizir 'Ali b. 'Isa, à la cour d'al-Muqtadir, un chaud
partisan. Mais Sa'id ne tarda pas à être détrôné au profit de son frère
Sulaymiin plus connu par sa kunya d'Abü Tâhir, sur l'instigation du
Mahdi. Dès l'année 30'if917-918, le souverain fatimide retrouvait donc
sur la branche qarmate dirigée désormais par un chef à sa dévotion,
sa haute autorité d'imam de la communauté isma'ilienne (213).
Le renversement de Sa'id eut lieu à p0int nomml. Le Mahdi s'ap-
prêtait à renvoyer son héritier présomptif à la tête de ses années sur
les bords du Nil, et devait compter, si l'on en croit Ibn Khaldün (214),
sur un appoint qarmate pour mener à bien sa seconde tentative contre
l'Egypte. A défaut d'une marche effective des troupes d'Abü Tiihir
contre Fostiit une recrudescence de l'agitation qannate au cœur même
de l'empire abbasside, au moment où l'armée fat.imide envahirait la
province égyptienne n'était pas à dédaigner puisqu'elle neutraliserait
les forces ennemis. Abü Tiiihr ne fut pas en réalité en mesure de prêter
main forte à l'armée d'Abü-1-Qiisim qui, on l'a vu, dut enfin battre en
retraite de~ant le général abbasside Mu'nis al-tJiidim (215).
En revanche le retour des Qannates dans le giron isma'ilien et le
soutien que leur chef Abü Tiihir n'allait plus ménager à la cause fati-
mide eurent pour effet de rallumer la rebcllion vénéneuse qui depuis
trop longtemps infectait le cœur du royaume abbasside. Avec l'appro-
bation sans doute de son maître l'imam al-Mahdi. Abü Tiihir multi-
pliait désormais ses coups retentissants contre les caravanes de pèle-
rine et défiait impunément al-Muqtadir gui, impuissant à lui faire la
guerre, se bornait à lui adresser réprimandes et n1enaces, Au surplus
les raids successifs entrepris par les Qarmates durant les années 31S-
3l9/927f928, dans la région de Koufa, la tiédeur mise à les combattre
par le général abbasside Yüsuf b, Abï-1-Sii~ soupçC'nné par certains
historiens de symi>3thies 'alides, la prise par eux de la Mecque
en 317/929, les exàs qu'ils y commirent, le transfert de la Pierre Noire
à Hagar leur capitale, que le Mahdi semble pourtant avoir blâmé sévè-
rement, contribuait à prouver si besoin en était, le déclin du califat
orthodoxe, au moment où grandissait à travers le Monde Musulman,
le prestige du califat faµmide.
Le Mahdi et l'évolution de la prédication isma'ilienne au Yén,en
Lors de la proclamation du califat fatimide à Raqqada, l'autorité
de l'imam isma'ilien sur ses adeptes au Yémen était aussi p~ire que
158
su.r les Qarmates. La prédication isma'ilienne dans ce pays se trouvait
en regression et traversait depuis la fuite du Mahdi de Salamiya une
crise grave. Celui-ci avait pourtant, on s'en souvient (217) - songé
en quittant la Syrie huit ans plus tôt, à aller s'établir au Yémen. On a
examiné plus haut les raisons qui avaient pu l'en dissuader et l'inciter
à se rendre au Maghreb, tandis que le Dâ'ï en chef Firùz le trahissait
et s'enfuyait précisément au Yémen. Les résultats obtenus par la
« da'wa » dans ce pays n'étaient point en effet rassurants.
159
La situation demeura confuse jusqu'à la mort du Mahdi. De plus
en plus amoindrie, la communauté isma'ilienne yéménite se réduira
à quelques noyaux qui vivront dans la clandestinité au nord-ouest et
au sud de ~an'a. Elle ne trouvera sa vigueur qu'au milieu du 5em•/l l eme
siècle, avec la fondation de la dynastie ~ulaybide sous le règne d'al-
Mustaofir billab par le missionnaire 'Ali b. Mul;>ammad al-
$ulaybl (222).
L'tZUvre du Mahdi
Le premier souverain fatimide mourut à Mahdiya au début de la
nuit de lundi à mardi le 15 rabr lè/22/3 mars 934, d'une courte ma-
ladie, à l'lge de 63 ans. Son héritier présomptif Abü-1-Qisim qui reçut
le serment d'allégeance des missionnaires et des hauts dignitaires de
la« bissa » crut nécessaire de garder sa mort secrète, le temps d'asseoir
son autorité et ne la rendit publique que 100 jours jours plus-tard (223).
A la veille de s'éteindre le Mahdi pouvait se féliciter d'avoir mené à
bon terme sa double tAche d'imam et de calife. Il avait su, lorsque 37
ans plus-tôt il accéda encore bien jeune à l'imamat, faire front avec
courage et fermeté à l'ennemi abbasside et aux dissidents qarmates qui
refusaient de le reconnaitre comme chef de la communauté
isma'ilienne. Il avait dQ ensuite endurer patiemment les vicissitudes
d'une émigration longue et pénible. La « da'wa » qui sortait alors de
sa période s6culaire « d'occulation » (satr) connaissait sous son égide
un essor rapide au Yémen et surtout au Maghreb.
Puis souverain énergique et habile, le Mahdi avait su depuis la
proclamation du califat élever sur les bases de l'ancien royaume agla-
bide un Etat solide et poursuivre tout au long d'un règne de 24 années
une politique uniforme : il avait pacifié ses propres domaines et tenu
sous sa coupe ses sujets arabes, berbères et chrétiens ; contenu la me-
nace bari#ite et réduit les boita et autres tribus hostiles à son r6gime.
Il avait aussi à l'extérieur de ses frontières ordonné un combat inlas-
sable pour intimider en même temps que l'ennemi chrétien, le Roi des
Rüms, ses deux rivaux musulmans, !'Abbasside et l'Umaiyade.
Au surplus, la fondation de la place maritime de Mahdiya était venue
doter le jeune Etat fatimide de sa capitale propre et d'un bastion (224)
destiné à en assurer la sauvegarde et à servir d'instrument à sa politi-
que de prestige et d'hégémonie. Désormais, l'empire fatimide se trou-
vait engagé dans la première phase de sa longue histoire.
160
Chapltre Ill.
1
lllr
et général. Le royaume dont il devenait le maître était pacifié, prospère
et puissant. L'édifice que le Mahdi avait soigneusement construit
était appelé à durer. Aucune menace ne semblait peser sur son exis-
tence, ni à l'intérieur même du pays, ni en dehors de ses frontières.
Aussi, devenu calife, al-Qa'im se bornera-t-il à gouverner conformé-
ment aux règles instituées par le Mahdi et à poursuivre la même poli-
tique d'hégémonie tant à l'égard des Abbassides que des Umaiyades
d'Espagne. L'Ifriqya vivra pendant la plus grande partie de son règne
dans un calme qu'accuse le silence des chroniqueurs habitu& à relever
surtout les événements sanglants et les troubles (3). Retiré dans son
palais de Mahdiya, si éprouvé par la mort de son père« qu'il ne monta
plus à cheval» - dit-on - sauf en deux occasions, al-Qi'im mènera
une vie austère et paisible. Suffisamment instruit par les récits prophé-
tiques et eschatologiques du « 'ilm al-l;ladatan » et du « c1afr » (4),
et comme détaché du monde, il attendra, aux dires des chroniqueurs
isma'iliens, l'avènement du DaUal qui Qevra assombrir les dernières
années de son règne et atteindre le « m~allâ » de Mahdiya. Le calme
et la tranquilité interne dont l'Ifriqya aura joui pendant presque dix
ans seront alors troublés par l'explosion soudaine de l'insurrection
bari!ite, et le DaUâl des prédictions prendra la figure humaine de
l'Homme à l'âne, le rebelle nukküri. En l'espace de quelques mois, la
dynastie fatimide en arrivera à deux doigts de sa perte. Ravagée par
les hordes berbères de l'Aurès, l'Ifriqya, elle, sera mise à feu et à sang,
et souffrira des pires exœs de la guerre.
162
E~pédition au Maghteb at:rlme.
A sa mort, le Mahdi avait laissé ·une slituatio.n. défectueuse, l.a
vo)te...faœ de MDsi b Abi 1~rAfiya, passé sous l.'o.bédienœ des Umai~
.....:a.... avait.
yAUÇs, ~ -
notable d. . é._11~..autontrg·
- -:mentnmnu. .. ..1.. d
ra1UDJ
es iD •
--, au ·M_-.aroc.,
-des
Aus.sitôt monté ·sur le ltône·* al--Qi' ilm s''e~pressa de mettre .sur pied
1
-- - "e
à'mur ....Ï. - 1
-an.
- -cer
- - con·
- -......,.
r,,.;.; œ- - pays
- - o·u.·il'' .av.
_!i_c -ssuye..t.. d-
- - u;i;t e_ -:e_·C--
·c.. __ _. _-__:1te
ODstan · : s U,Çl.ai~,
...ïJ:J'.'! •· -
1 8-3 1
1 ·.· .• .•
l'officier $âlliJ. b. Nan<, placés à la tete de l'armée égyptienne réussi-
rent à dégager Alexandrie qu'avaient occupée les officiers Kutimites
Ya'i§ et Abü Taznit le 6 lumida I 324/1•• avril 936. Ya'il fut tu6 et
al-Matnnm fait prisonnier Et tandis que Balkam et les troupes fati-
mides se retiraient à Barqa, l;lasan b. Tugi regagnait al-Oiza victo-
rieusement (9).
164
passor·pour le fils du Mahdi et son héritier .lésitime ; le faux pos1Ju]an·t
rut l' UV
u,"'- (par ..,a p··
. Al...;;sans
mM!'U ·_ ' . et
. 'l''auto ·1'"•"'
.IÇ '.d'
: a
1
-·1,• "fU
n;; ,...Jm ·1-.LA
• _.·
...·b
1wU1
_.· • ·[
i. ,l Tnpo,
· ·'l·· · · ;l i (.._ 1.. 3)
1·. ,.,
r
L'ag,.italion f,arijïiie·
La conqu!te de 11friqya par .le Di'1 Abil esAbd Allah avait.entraî-
1
courant ,de: ]"année 323/935, ·un. 'b elt,èœ zé -~te du ,groupe des Ban0
lfra·n eonnu ,sous ,sa ku~ya d' Abo Yizid et ·se réclamant de l'Mdsie
:barii;i.te,. y entamait publiquement sa :p rof)lpnde contre le ~
si~itc, Assisté d,!i·un sayb iblcjite· (un n.ukka.rite aveugle de Tozeur),
AbD"'Ammar,.il se·posait.en ,censeur des mœ:urs,. :r1eprenait .à son CO·mpte
1
la prédication t)âripte, fl6trissait ~Ali b.. .Abi Ti.lib,. la n.çait. conm ·ses
partisans. les accusation · de « k.ufr », e,t ap,pelait les tribus a1- ·Oibid,t
Mù au CO·u rant de œ d6but dtagitation dans le Qa:sit1iya,. ,aJ...Qâ.~im
donna l'ordre au ,gouvemeur· de œ·tte ·pr,o,vince d'·a ntter' le rebelle
Celui-ci fut app .•·.: r6h.end6 et jeté en p.rison.. Mais l'imam .nukkarite A.bii
! l - l
Swni.~ avant d'aUer s''établir,. au.bout d'un an ,chez les.bana K.amlin 111
185
fâµmide. Ils eurent le temps, pendant de longues ann6es, presque une
décade, de grossir les rangs de leurs partisans et de se préparer à d6-
clancher leur puissante insurrection.
On possède sur cette insurrection, en plus de donn~s abondantes
des sources connues, sunnites et iba(jites, quelques études partielles
m:entes qui ont le mérite de reposer sur un dépouillement complet
des documents (15). On s'en trouve donc réduit à mettre largement à
contribution la matière substantielle de ces études. Mais aux documents
connus vient de s'ajouter un texte §i'ite encore inédit : la relation du
Dâ'i Idris qui démarque, dans le volume V de son « 'Uyün al Abbir »
une chronique fatimide contemporaine des é~énements, qui est peut-
être l'œuvre que leur a consacrée le Cadi al-Nu'mll.n (16) et dont l'es-
sentiel a été compilé par l'historiographe des Sanhà!a al-Raqiq, et à
travers lui, par des chroniqueurs postérieurs tels que Ibn al-Ath" ou
Ibn ljaldün. La découverte de ce texte apporte une masse abondante
de détails, une foule de notations précises, qui permettent d'établir
une chronologie rigoureuse, d'éclaircir les points obscurs, d'expliquer
certains retournements de situation, de suivre à souhait le déroulement
des événements à travers un récit soutenu et cohérent.
Telle qu'elle se dégage de ce texte, la figure du rebelle a beaucoup
de relief. Au moment où il déclanche l'insurrection et lance ses hordes
berbères à la conquête des cités ifriqyiennes, Abo Yâzid n'a pas moins
de soixante ans. Au seuil de la vieillesse, il semble avoir gardé vigueur
et ténacité, et le poids des ans n'a pas l'air d'avoir entamé son énergie
ni son audace. Rien pourtant, dans ses origines ni dans sa jeunesse,
ne le destinait à cette prodigieuse carrière. Il naquit vers 270/883-84
au Soudan, où Kaydâd, son père, un commerçant berbère de Tozeur,
chef-lieu du Qastiliva, faisait de fréquents voyages, L'enfant, qui reçut
le nom de Mal)lad, grandit auprès de sa mère Sabika, une concubine
berbère, à Gitoun Zanâta, non loin de Taqiyus et Toz.eur, Le jeune
Mal)lad, qui recevra plus tard la kunya d'Abü Yâzid, fréquenta les
nnkkâtites et suivit l'enseignement de leur lmâm, Abü'Am.mâr, l'a~eu-
gle, Il aurait séjouné à Sïgilmâssa et à Tahart avant de retourner, dès
la naissance de l'Etat fatimide, au Qasµliya, où il vécut du métier de
« mu'allim », maitre d'école, métier propice à la diffusion de ses id6es
hostiles au régime établi, Lorsqu'il se réfugia, à la suite de ses démêlés
avec les autorités de Toz.eur, dans les monts de !'Aurès, Abü Yâzid
entreprit ouvertement sa propagande, conseillé dans l'exercice de sa
rniMion par le iayb aveugle (17),
166
Dans cette contrée, la tàche du rebelle devait etre particulièrement
facile. Il n'avait point de mal, sans doute, à soulever les tribus
de I'Aurès contre un pouvoir central dont elles ne sentaient nullement le
poids. Abü Yâzld avait beau jeu à allécher ces rudes montagnards
menant une vie austère par le pillage des cités et des riches campagnes
de l'Ifriqya, Os étaient assurés qu'ils allaient combattre des infidèles
et, par conséquent, disposer licitement de leurs biens et faire un énorme
butin. Au surplus, leur tâche était juste : renverser les usurpateurs
'alides, les ennemis de la vraie religion ; substituer à leur régime illé-
gal un pouvoir fondé sur le libre choix, conformément au consensus
de la communauté berbère « tamâ'a » et aux principes des bari~is-
me (18). Ainsi doté d'un idéal politico-religieux et animé par la ·a~a-
biya du clan Zanâta, traditionnellement opposé au clan rival des Ku-
tâma des montagnes de la Kabylie, le mouvement conduit par Abü
Yizid ne tardait pas à rassembler de nombreux adeptes stimulés,
moins par leur zèle religieux, que par leur tendance naturelle à la vio-
lence, à l'agitation et au pillage.
Quelques années, six ou sept ans, suffirent à Abü Yâzld pour orga-
niser son armée. L'insurrection commença dans le courant de l'été,
vers la fin de Ôumâda 1° de l'année 322/fin Janvier 944, par des raids
contre la place forte la plus proche, Bagâya (19). Au début, le chef
rebelle se borna à attaquer les domaines situés dans la campagne de
Bagiya, pour faire du butin. Il saccagea ainsi des châteaux. dont l'un
appartenait au gouverneur $ülât b. Maluwwal. Auss;tôt l'appât du
pillage fit grossir les rangs de ses partisans, ce qui l'enhardit à tenter
un coup de force contre la place forte. N'ayant pas pu venir à bout de
la résistance de la garnison, il manqua de peu de s'en emparer. D'au-
tres opérations locales fructueuses accrurent son audience et finirent
par inquièter le pouvoir central. Aussi le gouverneur de Tobna, Kab!ln
b. T~!lla, reçut-il l'ordre de se porter au secours de Bagiya. Cet offi-
cier kutamite tenta d'intimider certains chefs de tribus aurassiennes,
leur enjoignant en vain de lui livrer leur protégé. D faillit tomber dans
un guet-apens au cœur de la montagne, et n'eut d'autre ressource que
de se retrancher dans Bagiya. Sur ce, Abli Yiizfd multiplia ses incur-
sions et ses assauts contre la forteresse.
Les insurgés accentuant leur menace sur Bagâya, des troupes
kutamites recrutées à Mila, Sétif et Billima, et renforcées des éléments
de TiAJs, des Huwwâra et des 'Urfa!üma, marchèrent sur l'Aurès avec
les hommes de Kab!ln. Plusieurs combats eurent lieu au mois de
167
Sawwal 332/mai-juin 944 au bout desquels Abu Yizid réussit à tenir
en échec des détachements lrutamites commandés par l'aUanien al-
Husayn b. Maksin et le malusien Abu Duqal, et à les refouler dans
Bagiya. Il battit également d'autres renforts Kutama placés sous les
ordres d'un chef des Ôimla, du nom de Baddin, mais ne put s'emparer
de la forteresse (20).
168
mit à mort le pr6dicateur de la mosqu6c et sé'.it contre les li'ites et les
agents du gouvernement sans épargner la population, tuant et pillant
en dépit des engagements d'amin contract~ auparavant (23).
Mais le déclenchement de la révolte, la riposte d'al-Qâ'im se
faisait attendre. Le souverain dont les sources soulignent l'attitude
résignée, motivée, dit-on, par de sombres prédictions, devait compter
au début sur les kutâma pour tenir en échec les insurgés et leur faire
barrage autour de Bagaya. Sans doute aussi était-il pris de court par
l'audace et la rapidité de mouvement du chef rebelle. Mais la chute
de Laribus achevait, s'il en était besoin encore, de le tirer de son inertie
et appelait des mesures militaires urgentes. Les troupes dont il dis-
posait, bien équipées et organisées, suffisaient, au reste, pour arr!ter
l'invasion et écraser la rébellion. Pourtant sa réaction manqua d'éner-
gie comme de clairvoyance. Au lieu de déclancher une centre-offensive
vigoureuse et de lancer ses forces considérables, de front, à la rencontre
de l'ennemi, al-Qâ'im observa une attitude défensive et timide. Il eut
l'idée fD.cheusc, alon que le flôt des hordes aurasiennes s'abattait sur
le pays, de répartir ses troupes en différents points stratégiques, les
réduisant ainsi à stationner et à attendre l'envahisseur, morcelant
aussi son effort et laissant au rebelle l'initiative des opérations. Donc,
tandis qu'AbQ YAzid fonçait sur Laribus; al-Qâ'im se bornait à envoyer
un détachement de cavalerie tenir garnison à R.aqqâda, le 12 dü 1-
hiüa. Dix jours plus tard, son lieutenant et compagnon favori ij:altt
b. Ishaq se rendait à Kairouan pour en assurer la défense à la t!te d'un
millier de soldats. Le 10 muharram 333/24 aont 944, un corps d'armée
placé sous les ordres de l'esclavon Bu§râ allait cantonner au Nord,
à Béja, opérant ainsi un mouvement de divenion pour tenter de pren-
dre de flanc les positions des rebelles. Deux semaines plus tard, un
deuxième corps d'armée s'ébranlait de Mahdiya sous le commande-
ment d'un autre esclavon, Ma!yQr, et allait camper, dernier bastion
sans doute, sur une hauteur du nom d'al-Kudia al-1.tamra, à quelques
étapes de la capitale. Cependant la garnison kutamite de Bagiya par-
,cnait à quitter cette place forte et à regagner Mahdiya après s'!trc
emparée à Maüina du butin que les rebelles y avaient entreposé (24).
Mis au courant des dispositions militaires d'al-Qâ'im, Abn, Yâzid
qui s'apprêtait à marcher sur Kairouan, vit le risque qu'il courait de
ac laisser déborder sur ses arrières par Bu§ra. Il devait donc, avant de
poursuivre son offensive, déjouer la manœuvre du général fatimide et
faire mouvement vers Béja. Ayant pris soin de se décharger du butin
189
et des approvisionnements laissés à l'abri au château d'lbrahim b. Abi
Salâs à Laribus, il poussa sans tarder ses colonnes légmes vers l'ennemi.
Busra qui l'attendait de pied ferme, lança toutes ses forces dans la
bataille. Au bout de durs combats, Abü Yâzid vit ses hommes faiblir
et se mettre à fuir, talonnés par les soldats de Busra, il pressentit la
débâcle. 11 eut aussitôt l'idée audacieuse de foncer, juché sur son âne
et brandissant son gourdin, à la tête de ses troupes de garde, sur le
camp de Busra dont il se rendit maître. Affolée, l'armée fatimide se
débanda et son chef battit en retaitre vers Tunis, abandonnant Béja
que les Berbères enlevèrent le mercredi 12 mu):larram 333/4 septembre
944. Conquise de vive force, la ville fut livrée au carnage et au pillage
pendant trois jours et trois nuits (2S).
Le vieux chef rebelle avait eu chaud ! Il s'acharna d 'autant plus
sur Béja qu'il faillit y essuyer un revers dont les conséquences pour son
mouvement auraient été bien néfastes. Ce premier contact avec l'ar-
mée ennemie, quoique victorieux, l'incitait à la prudence et lui démon-
trait combien la puissance fatimide était redoutable. Il sentit donc le
besoin de renforcer ses rangs et de susciter chez l'adversaire l'épou-
vante et le désespoir. Il appela sous sa bannière toutes les tribus ber-
bères dont de nombreux éléments affluèrent à Béja, et, lâchant la bride,
il laissa ses hommes tuer, piller, incendier, et semer l'effroi parmi les
populations (26).
170
battre les 'Berbères et .à le1 :repousser. Mais il ne tuda pas à perdre le 1
tombre· 944, .il se retira avec son fr.ère cAm·m.i r et :B dra à. Sousse, où,
r'Pondaot aux ordres d'al-Qi'lm, il tint garnison. (28,) ..
Cependant Abû Yizid se ra.pproohait de·Kairouan"'..Ayant franchi
la Medjerda, il établit s·o n œmp à Fal)f Abu $iliih,. la p lain.e de ltactucl 1
q.u11e _ ca
__ _ _ du . -· ,. ··p.· e- - il', l!i,i<J.IA!!!,ï';tua.g,
__ 0D, D - ênn lie•
u t-.an.
,.,.,:!!! __ t. ,C
til'i!l...,... iin,,r_ l. . ., ·e.avra
"I.J., ru , b
.i1~i'jln1lb
_ . ';/ , .-·n.
_ :1 'liïrir
W.lU
chef' d.e s Zawila,, d~aller les atta,q uer à Marpd Sarik,. l'observatoire
fo:rtülé qui .stlrigeait :non loin de 1~a,ctuel ,centre·d'E·nfidav.i le·., Al-SLwm
1
Ca revers du.t tant éprouver Abn Yizid qu'il ·se décida à mal"Cher
1
sur Kairouan..sans .Plus tarder.. Aprk 1~étape d -· Saqwet T'u obnil (:29) 1
et celle de Bat]Jimis, 'J,e. chef rohcHe n ,étai.t plus qu;à dix milles de la 1
de Kairouan
. .__ ., e·t le
_ leud
. . e·mai D.- lundi •, t cam
. . ,. il_ v 1n --·per à. l'Est
_ . de.. Raqqâd
_. . a c-
l '11
1
de son entourage, ijalil se d6cida alors à affronter Abü Yazid, à la
hauteur du pont de la porte de Tunis. Mais avant meme de parvenir
au contact de l'ennemi, il rebroussa chemin pour aller s'enfermer dans
son palais avec ses officiers et les dignitaires. Un détachement berbère
commandé par Ayyüb b. ijayrin se chargea d'établir le si~e autour
du palais, tandis qu'appréhendant l'arrivée de Maysllr, le gros de
l'année retournait au camp à la tombée de la nuit.
Pressé de capituler aux termes d' un engagement formel d'amin
pris par l'officier berbère, ijalll se résigna cette nuit-là à se rendre avec
ses compagnons. Ayyüb le conduisit au camp d'Abü Yizid qui le fit
mettre sous bonne garde. Mais la captivité de l'infortuné ijalil ne dura
qu'un jour. Abü Yâzid le fit mettre à mort le surlendemain mercredi,
sur le conseil d'Abù 'Ammar l'aveugle, soucieux de donner l'exécution
de son prestigieux adversaire en exemple de sa puissance et de son
triomphe (31 ).
Avec la reddition du général fatimide et sa mise à mort spectacu-
laire, en meme temps que ses compagnons, au milieu du camp, le chef
rebelle était désormais maître de Kairouan. Affolés par la violence
des Berbères qui s'étaient mis aussitôt à saccager et à sévir contre la
population, les notables accoururent au devant du vainqueur pour
implorer !'aman. Abll Yazld se fit longtemps prier, et avant de leur
accorder satisfaction, s'assura de leur loyalisme et de leurs bonnes
dispositions à combattre dans ses rangs et à soutenir son parti. Il
donna donc à ses troupes l'ordre de cesser le pillage, et sur le conseil
d'Abü 'Ammâr, traita les K.airouanais avec ménagement dans l'in-
tention d'obtenir leur adhésion à sa cause en dépit de leur hostilité à
sa doctrine (32).
La chute à bon compte de la grande cité ifriqyienne était, pour
le chef bari~te. assurément une grande victoire. Mais, en dépit de son
importance, elle n'était point décisive. Quoique sérieusement ébranlé,
la puissance fatimide était encore assez redoutable, avec le solide ré-
duit de Mahdiya et l'armée de Maysur. Aussi Abll Yizid prit-il soin,
avant d'engager l'ultime bataille, d'exploiter, à l'extérieur oomme à
l'intérieur du pays, ses succès militaires : il d é ~ à Cordoue une
ambassade conduite par de zélés juristes malékites pour informer le
Calife andalou qu'il se mettait sous son autorité et reconnaissait son
imamat. D reconnaissait en effet tout le bénéfice qu'il avait à tirer d'un
appui d"Abd al-Rahman m, ennemi déclaré des Fatimdles et cham-
pion de l'orthodoxie au Maghreb : il pouvait ainsi consolider son
172
pouvoir sur un pays attaché au sunnisme et s'assurer, provisoirement
tout au moins, l'alliance de l'orthodoxie contre l'ennemi commun.
Cette d6marche cfl'octuée avec succès auprès du souverain umaiyadc
n'était pas sans produire une impression favorable sur les Kairouanais
qu'elle incitait à b6nir le combat contre les §i'itcs bien qu'il fut mené
par le tenant d'une doctrine hérétique. Les juristes de Kairouan n'eu-
rent du reste aucun mal à justifier, sur le plan doctrinal, le soutien à
un rebelle, fut-il hérétique et maudit, puisqu'il s'insurgeait contre un
régime ni moins hérétique ni moins maudit (33).
De cc régime abhorré contre lequel ils se dressaient désormais
les armes à la main, les Kairouanais devaient penser qu'il était mori-
bond. Abü Yazid qui, au contraire, ne minimisait point la force de
son adversaire, demeurait dans son cantoMcmcnt à Kairouan et tar-
dait à aller affronter Maysür. La défection des Banil Kamlào vint à
point nommé pour l'enhardir à reprendre l'offensive. Ces éléments
Huwwira qui avaient été transférés au Zâb dans la région de Mahdiya
lors de la fondation de M'sila, puis incorporés dans l'armée de
Maysür, n'attendaient que l'approche de leurs congénms en révolte
pour se retourner contre les Fatimides. Ils vinrent donc grossir les
troupes d'Abil Yizld et le renseigner sur les forces et les positions de
l'ennemi. Ils l'engagèrent surtout à ne pas temporiser et à lancer une
attaque massive et fulgurante pour prendre de vitesse son adversaire
et le battre sous l'effet de la surprise (34).
Laissant le commandement, à Raqqâda, à son fils Fai,il assisté
d'Abu 'Ammar, et le gouvernement de Kairouan à son lieutenant
Yadras, un chef des Muzâta, Abü Yàzid se mit donc en marche le
mardi' 8 Rabr I 28 octobre 944 (3S). Il fit route d'abord vers ~ r al-
Mugira et campa à 17 miles, auprès de la citerne, sur la route
de Mahdiya. Le lendemain, il obliqua vers Baqlüt à la rencontre de
Maysür et arriva bientôt au contact de l'armée ennemie. Le général
fatimide qui avait établi ses positions à l'abri des ruines antiques, fut
surpris avant d'avoir pris son dispositif de combat. Harcelée sur un
champ de bataille incommode et combattant en désordre, son armée
ne tarda pas à se disploqucr. tandis que ses troupes se débandaient,
les Bcrbms se rendirent maîtres du camp et remportèrent ainsi une
victoire facile. Lui-memc, point de mire des Banü Kamlân, fut aussitôt
fondroyé par une fl«:hc tirée à la tête ; son cadavre fut écorché et sus-
pendu honteusement à un olivier, et sa tete envoyée, pour etre montrée
en signe de triomphe, à Râqqada, dans les Aurès et le Zab (36).
173
Pour Abü Yàzid, c'était en effet le triomphe. Ne venait-il pas
d'écraser la dernière armée régulière que l'ennemi était en mesure de
lui opposer ? La route de la capitale était désormais libre. Sa marche
victorieuse qui, en l'espace de quelques mois, l'avait porté de son
repaire montagneux de !'Aurès au seuil de Mahdiya, allait donc tou-
cher à sa fin, et le chef rebelle était en droit de s'énorgueillir de tant
de gloire. Grisé par le succès, hissé subitement de sa condition médiocre
de maître d'école à deux doigts du trône fatimide, il quittait déjà sa
défroque de laine et son âne pour se parer de soie et monter un cheval
de race, encourant volontiers les reproches que lui adressait ses parti-
sans les plus doctes, toujours attachés à la vie dépouillée et austère
des adeptes de l'ibaf,iisme (37).
174
Ce dernier ne put endiguer le flot berbère et, au bout de combats fu-
rieux, fut contraint de se retrancher dans le ribàt au bord de la mer.
Abü Yizld s'empara donc des faubourgs et atteignit le « mu~allà » en
vue de la porte de Mabdiya tandis que la bataille faisait rage devant
la porte d'al-Fatl) et tournait à l'avantage des Fatimides. Ayant appris
le recul de ses hommes, il quitta le mu~allà et fit mouvement vers la
porte d'al-Fath où les combats devaient se poursuivre jusqu'à la fin du
jour. Mais au lieu d'exploiter son succès du faubourg et de prendre
pied au muplla pour faire pression sur la ville, Abu Yazid s'en
retourna camper à ijirbat ômayyil, Ce premier assaut se soldait donc
par un ~ec.
Après une semaine de répit, il se rapprocha de Mahdiya et trans
porta son camp, le 12 Ôumâda 11/30 janvier 945, à Tamüt, où il amé-
nagea des tranchées et entreprit le blocus de la ville. Quelques jours
plus tard, le vendredi 22, Abu Y azid lança un nouvel assaut, mais il
se heurta à une vive résistance des troupes fatimides et dut, après de
furieux combats devant la porte d'al-Fatl:t se retirer vers Tamüt (44),
Ce n'est qu'un mois plus tard, presque jour pour jour, qu'Abü
Yâzid effectua sa troisième tentative avec la participation des kairoua-
nais, le lundi 22 Rapb, C'est donc trois jours plus tôt, le 19 de cc mois,
que fut tenue la fameuse réunion des faqih à la mosquée de kairouan,
après la prière du vendredi, pour proclamer la guerre sainte contre les
Fatimides et répondre à l'appel d'Abu Yazid, Les données précises
fournies par Idris, al-Nu'man et la Sira de ôawdar (42) aident à loca-
liser avec certitude cet événement que les renseignements des sources
sunnites ne permettaient pas de bien situer chronologiquement. Celles-
ci, en revanche, le Bayan ou le Riyii(J al-Nujùs (43) par exemple, donnent
une description pittoresque de la sortie solennelle des Kairouanais
avec armes, tambours et drapeaux multicolores couverts d'inscriptions
pieuses. Ces paisibles citadins qu'enflammaient les prêches de juristes,
animés de beaucoup de zèle, mais non point ignorants des choses de
la guerre, devaient payer chèrement leur ardeur excessive : laissés à
découvert sur le champ de bataille, ils furent taillés en pièces. De nom-
breux faqih périrent pieusement. Cette sanglante rencontre eut lieu
à Dar Qawwim, près du village de Lulyâna (Juliana ?) (44). Les trou-
pes fatimides, qu'une proclamation émouvante d' al-Qa'im lue par le
cadi al-Marwarrlldi avait appelées à combattre avec acharnement,
firent preuve d'héroïsme et y battirent l'ennemi à plate couture. Abü
Yazid échouait encore une fois devant Mabdiya (45).
175
D&ormais le siège allait devenir de plus en plus dur pour les ha-
bitants de la ville, mais lasser en meme temps les hordes berbères
habituœs à ne combattre que pour faire du butin. Les tribus se disper-
saient à travers le pays pour razzier et le prestige d'Abü Yazid com-
mançait às'émousser. Les populations exc6dœs parlesexactionsdela
soldatesque, tentaient de se soulever. Ainsi les Uadila de la région
de Béja répudiaient son autorité, mais Ayyüb, soa fils, n'eut aucune
peine à les remettre sous le joug tandis que des Muzita et des Urfal-
lOma détruisaient une colonne de secours formœ de Kutima, non loin
de Constantine, à al-Saref al ~mar (46).
171
d6loger la ville d'où les habitants, exœdés, s'en allaient nombreux
chercher refuge en Sicile, à Tripoli, en Egypte, voire sur les rivages
by7.antins.
Cependant la lassitude gagnait le camp d'Abll Yâzid. Les Banil
O§ir de la région de Bagaya firent défection et passèrent dans les rangs
des Fipmides. Les éléments du Aund de Laribus qui, avec leur chef
Ibn Abi Salis, s'étaient ralliés aux rebelles au début de la campagne,
suivirent leur exemple, en pleine bataille, Je dimanche 4 Safar 334/14
septembre 945. Ainsi la débandade s'emparait des rangs d'Abü Yizid.
Les Berbères qui s'étaient ralliés autour de sa bannière se dispersaient,
et il ne pouvait guère compter que sur un petit noyau de fidèles. Inca-
pable désormais de gagner la bataille de Mahdiya, il dut quitter son
camp de Tamllt et se retirer vers Kairouan dans l'intention d'y re-
grouper ses forces pour tenter de poursuivre la lutte (50).
177
De son côté, le souverain fâtmrlde cherche aussitôt à tirer profit
de la retraite de l'ennemi. Trop faible pourtant pour le poursuivre et
marcher sur Kairouan, il devait tout au moins s'efforcer de protéger
les places fortes qui venaient de reconnaitre son obédience et d'accéder
librement au pays de ses auxiliaires Kutima. Peu de temps donc après
la levée du siège de Mahdiya, la lutte s'organise de part et d'autre pour
occuper les points stratégiques : Abü Y azid dépêche à Tunis un corps
de troupes sous les ordres de deux lieutenants, un Huwwarite, 'Iya4
b. AJ;imad et un K.amlanien, Masnawayh b. Bakr, qui devancent l'offi-
cier fatimide 'Ammarb. 'Allet s'en emparent, le 10 safar 334/21 sep-
tembre 945. Puis les Berbères rencontrent le détachement fatimide à
$altân localité qui porte à coup su,r depuis l'époque antique le nom
d'une peuplade berbère, les Banu $altân (probablement la zriba ac-
tuelle) (52). Défait, 'Ammar b. 'Aü doit battre en retraitre vers le
Djebel Ressas où il cherche un asile provisoire, puis se rend dans le
Béjaoua et le $atfiira pour recruter des troupes. Ayant grossi ses rangs,
il retourne attaquer Tunis d 'où il chasse les Berbères, battus à plate
couture sur les bords de la Medjerda, le mercredi 5 Rabi' 1/15 octobre
945. Mais il doit abandonner la ville désertée par ses habitants, et se
retirer vers Sousse avec 3.000 chameaux capturés chargés de
vivres (53).
Ce revers ne décourage point Abü Yazid. Il envoie aussitôt des
troupes reprendre Tunis, puis Béja où la garnison fatimide est décimée
et son chef, 'Uqblin al-Gimli, tué. Les Berbères razzient le Béjaoua et
la région de Tunis, réduisant les femmes en captivité, et regagnant
Kairouan chargés de butin. Leurs exactions avivent la haine des
Kairouanais qui s'enhardissent à fomenter un complot contre Abo
Yazïd. Deux de leurs notables s'assurent la complicité d'un officier
berbère, 'Ali b. Badr al-I;l~ri, et des Banu Biyyâqa, pour assassiner
le chef bari!ite. Mais celui-ci évente la conspiration et l'étouffe. Puis
aidé par son fils Faql, il tente, par des mesures de justice, d'épaiser la
colère des Kairouanais, exaspérés par le nombre sans cesse croissant
des captives et les excès de la soldatesque (54).
178
Sicca-V6néria. Puis il incendie Laribus, dévaste la r6gion, et rejoint
AyyQb, le fils d'Abll YazJd, en garnison à Béja (SS).
Parvenue à ce stade de son développement, la r6volte baritite,
on le voit, marque le pas. Mais, s'il ne peut s'emparer de Mahdiya,
l'Homme à 1'4ne impose sa loi au reste du pays que ses hommes livrent
à un pillage systématique. Timor6, son adversaire continue à observer
une tactique défensive. Il se borne à lancer, à partir de Mahdiya, des
opérations en direction de Sousse et Tunis destinœs à surveiller les
voies d'accès au Cap Bon et à protéger les convois de ravitaillement
qui les parcourent. Les riches bourgades de cette presqu'tle ont en
effet, dès le début de la r6volte, manifesté une vive hostilité aux Ber-
~res pillards, et mente, les éléments berbères fixés depuis fort long-
temps dans la r6gion se sont transportés auprès d'Abü Ya.zid et se sont
installés à al-Qqr al-Qadim (56). Aussi la presqu'ile est-elle devenue
à ce moment l'enjeu d'une lutte acharnée entre les belligérants, aux
environs de Sousse et de Tunis. Et les bordes baritites sont d'autant
plus empressœs de combattre au Cap Bon qu'elles n'ont plus, ailleurs,
de quoi satisfaire leur avidité de butin. Cette lutte s'intensifie de part
et d'autre vers la fin de l'automne (94S). C'est ainsi qu'un corps de
troupes berbères, commandé par un officier noir Sulaymin al-Aiami
al-Aswad razzie le Cap Bon. Les populations de certaines citadelles,
comme les Bantl ZuW, n'obtiennent l'amàn qu'au prix de fortes ran-
çons. Un autre officier berbère, un chef zawlia, Ayyüb b. ijayrtn, en
poste à Tunis, se rend, lui aussi, dans la presqu'ile, et avant de regagner
Kairouan, pille et dévaste tout sur son passage (57).
Cependant une colonne fatimide, forte de 100 cavaliers Malüsa
sous les ordres de }.iasan b. •Ali, et grossie de la garnison de Sousse
commandée par son frwe ·Ammar b, "Ali, d~e deux détachements
berbères, l'un au bord du wadi 1-Raml (aujourd'hui oued }.iammàm,
entre Zagbouan et Bou Ficha), l'autre près de l'auberge Sukl dans la
r6gion du djebel Su•b (aujourd'hui le Zagbouan), et fait beaucoup de
butin. Puis, après avoir campé à Man:iel Diwud, les deux fr~res se
dirigent vers Tunis, lis saisissent un convoi important de ravitaillement,
anéantissent des éléments bariiites, et reprennent la ville (SS).
La riposte d'Abll Yazld est immédiate : trois détachements
quittent successivement kairouan sous les ordres de Yadras, un chef
Muzita, de Mllsl, un chef Sanhaia, et de Ayyüb, le chef Zawila ; ils
se regroupent sur les bords de l'oued Miliane où les rejoint Sulaym!n
1'79
« le noir», arrivant du Cap Bon. Puis toutes ces troupes marchent
sur Tunis. l;lasan b. •Ali sort à leur rencontre et leur inflige une lourde
défaite à Uandaq Maymûn.
Tenu en échec dans la région de Tunis et aux portes du Cap Bon,
Abrt Yazid remporte ei. revanche quelques succès à l'Est sur les routes
de la Petite Kabylie et de M'sila dont le Seigneur •AJi b, l;lamdrtn
s'était mis en marche en direction de Mahdiya - d~ qu'il apprit la
levée du siège - à la tête de fortes troupes, C'est à son fils Ayyrtb, en
poste à Béja, qu'incombe la tâche de couper au gouverneur du .2ib sa
route vers Mahdiya, Celui-ci, après avoir grossi ses rangs chez les
UzdaJa à Sétif, à Constantine, chez les Louata, puis au pays des Banü
Hurd où vint le rejoindre la garnison de Sicca-Vénéria sous les ordres
de Trtban Ibn Abï Salas, avait établi son camp à Balta, au bord de la
Medjerda (non loin de l'actuelle localité de Souk el-K.hémis). C'est là
qu'Ayyrtb le surprend à l'aube d'une journée brumeuse, sans qu'il ait
pris son dispositif de combat, ll n'a aucune peine à le battre après
s'être emparé de son camp. Couvert de blessures, le seigneur de M'sila
s'enfuit dans la montagne où il trouve la mort en tombant dans un
ravin (S9).
Puis Ayyrtb tourne ses armes contre le général fitimide J;lasan
b. •Afi qui arrivait de Tunis pour faire sa jonctio!l avec Ibn l;lamdlln.
Le combat longtemps indécis, finit par tourner à l'avantage de
Fatimides, et Ayyilb doit battre en retraitre vers Kairouan où il arrive
au début de Rabi' II 334/novembre 94S (60).
Mais Abrt Yazid ne pouvait laisser le Béjaoua entre les mains de
l'adversaire sans affaiblir davantage ses positions déja éprouvées par
l'abandon de la région de Tunis. Il y renvoie aussitôt le même Ayyrtb
à la tête de troupes importantes. l;lasan b, 'An se retranche cnez les
UzdiJa. Ayyilb l'attaque en force dans une zone montagneuse, près
de la localité de Qifila où il dresse son camp. Il essuie d'abord quelques
revers, mais il finit par rétablir la situation en sa faveur, et, grioe à la
défection du chef Uzdila Ai}mad, surnommé al-Kamin, contraint
son ennemi à battre en retraitre vers la Petite Kabylie (61).
Ainsi donc Ayyrtb reprenait possession de Bajaoua et coupait à
son adversaire la route de Tunis et de Mahdiya. Néanmoins le général
fâtimide sut mettre à profit cette retraite forcée en pays kutâma en
reconstituant son armée, notamment avec des éléments Kutiima et
Muzita. Il établit son quartier général à Constantine, d'où ses hommes
180
drectukent de fruduemes incmsions coll/tre les, Huwwlra de l"AurèL
Ces attaques conduila avec succès par les auxiliaires des Filimides
au binxau. mime- ·de-la -rêv,olte buil1te n'''taient pas san,s inquiéter
Ablt Yazld1Aussi. se htfà-t...il d'envoyer contre u ·asan b<t -=Ali d.c fortes
troupes. sous le commandement de ses deux 61s Fa4l e.t Yazld. Mais
l'officier fa'lifflide put leur lenir dte. pui·s, reprenant l"ofleosive, il les
refoula et s~em.para.d,e·Tijis et de ~ya. (62);;.
1 1
_- -'ftl/[11,
po !!ltion conn~•t
.it'!IHU __ A-1 l_""s- ftÏ·
0 ~- so
I"""""· ·'. ·_ U.U.l ~""""Q\t _'U_.~ll!""il'ln
H~Jêi~lfléil! A· '
- e~o
~
1r• ~ - ni p. a·, r' terre .
a 1, _ _
111.1, _ . 1,
'181
Cependant la seconde phase de la rébellion l)arilite allait s'achever
devant les murs de Sousse comme la premi~ devant oeux de Mahdiya,
un an et demi auparavant, par un échec retentissant. En effet, tandis
qu'Abü Yazld poursuivait le sihge de Sousse, un 6vénement d6cisif
eut lieu à son insu dans la capitale : le souverain régnant, al-Qi•im,
mourut, laissant le trône à son fils lsml'il qui allait aussitôt s'attacher
à écraser la révolte (65).
182
Chapitre IV
184
Isma'il n'asaume aucune charge civile ni militaire, n'a point l'occasion
d'accomplir son apprentiS888" de souverain et n'acquiert aucune
e~rience des affaires du royaume.
Cet effacement ne risquait-il pas de l'handicaper s6rieusement
le jour où il aurait en mains les destinées de la dynastie ? N'était-ce
pas, de la part d'al-Qà'im, hasarder l'avenir de l'imamat que de laisser
celui de ses fils sur lequel s'était porté son choix, totaleQient dépourvu
d'expérience politique, de ne lui donner guère le moyen de faire ses
preuves, de découvrir sa personnalité et d'en imposer aux princes
évincés du trône ? Les qualités de cœur et d'esprit qu'Isma'il manifes-
tait d~ son adolescence, surtout cette abnégation, ce détachement des
biens terrestres, le sens du devoir que les chroniqueurs s'accordent à
lui reconnaitre, le disposaient sans doute aux yeux de son ~ à assu-
mer convenablement, le moment venu, les responsabilités les plua
lourdes et suffisaient à le désigner pour les hautes tAches qui l'atten-
daient. En tout cas, en faisant de lui son successeur déjà au moment
meme où il enterrait le premier Calife de la dynastie, al-Qa'im ne pou-
vait avoir inspiration plus heureuse : celui à qui son hérolsme allait
valoir le titre d'al-M~ilr saura en effet mériter la confiance de son
pr6d6œsseur et montrer que celui-ci ne pouvait transmettre à de meil-
leures mains l'héritage si prcmis du Mahdi.
Si Isma'il eut à souffrir de sa désignation comme héritier pré-
somptif, son accession au trône est pour lui une épreu,,e plus pénible
encore. Au moment où il en hérite, ce trône est plutôt chancelant et
les assises de l'édifice fatimide patiemment élevé sur les ruines de l'Etat
aglabide, bien ébranlées sous les coups répétés de ces hordes berb«es
bari~tes qui, déferlant des montagnes de l'A~. s'étaient abattues
sur le pays comme des nuées de sauterelles. En moins de deux années,
le royaume s'en est trouvé réduit au périmètre de sa capitale Mahdiya.
Une autre ville seulement, Sousse, est parvenue, au prix des pires souf-
frances, à défier les envahisseurs et à les tenir en échec devant ses murs
imprenables. Parcourue en tous sens par des montagnards faméliques
avides de butin, saccagée, ravagée, la riche Jfriqya ne présente plus,
au rapport des chroniqueurs, ni un champ cultivé, ni un toit debout.
Partout les hommes sont massacrés, les femmes réduites en captivité,
les bourgades incendiées. Le pays gémit sous la coupe d 'Abü Yâzid (4).
Les tenants les plus farouches de l'orthodoxie, ceux-là même qui, à
Kairouan, s'étaient alliés aux ijari!ites considérés comme gens de la
Qibla, pour combattre les Fatimides classés comme « majOs », des
185
paiens en dehors de l'Jslam, en sont réduits aujourd'hui à prier pour
la chute de l'Homme à l'i.ne, ce boiteux maudit, et tournent les yeux
vers l'invincible Mahdiya (5).
C'est donc un royaume en ruines, occupé par les rebelles berbbres,
dont les destin~ échoient aux mains du successeur d'al-Qii'im. La
dynastie dont ses ancêtres, les enfants de Filtima, ont tant r!vé, et qui
a fini par voir le jour après tant de vicissitudes, se trouve en péril, tout
près de sa perte. L'ennemi héréditaire, les maudits bawtrit, campent
à quelques lieues de la capitale et étouffent la ville de Sousse. La situa-
tion est critique, presque désespérœ.
Le règne effectif d'lsmâ'il commence le jour m!me où son père,
sentant sa mort prochaine, le fait proclamer officiellement héril!er
pnsomptif. C'est le 7 Ramacjan 334/12 avril 946 que la cérémonie
solennelle a lieu à la cour (6) : al-QA'im ordonne à Oawdar d'apporter
le texte de l'engagement pris lors de l'enterrement du Mahdi. Jl le fait
remettre aux Doyens, et le Doyen en chef, ~awlilt, leur en donne lec-
ture deux fois de suite conformément aux prescriptions du souverain.
Puis, ap~s avoir reconnu à Oawdar les droits de «dépositaire» que
l'imam lui avait conférés, les Doyens écoutent ~wliit procéder à une
dernière lecture et pr!tent serment en faveur d'Isma'll. Ils se proster-
nent et acceptent la désignation faite par al-Qa'im, qui est aussitôt
communiquée aux provinces et aux îlots de la Da'wa fatimide. Cette
désignation équivaut à une véritable intronisation : Isma'il va désor-
mais prendre en mains les affaires de l'Etat au nom de son père, encore
souverain régnant. Contre toute prévision, aucune réaction hostile ne
se fait jour parmi ses oncles et ses frères. Lorsqu'il se rend à la Grande
Mosquée, trois semaines plus tard, pour prononcer la butba à l'occa-
sion de la F!te de la rupture du Jeline, ses fils, ses f~. les autres
princes du sang, les auxiliaires, les dignitaires et ses esclaves lui font
escorte en grande pompe (7).
Donc Isma'il n'attend pas la mort de son père pour entamer
avec ardeur la tâche qui l'attend : il s'empresse d'envoyer par mer des
vivres aux habitants de Sousse, épuisés par les rigueurs du siège. Il
ordonne à l'esclavon secrétaire R.a§Iq d'équiper les unités disponibles
de la flotte et de rallier Sousse sans tarder. Ces renforts atteignent leur
destination la nuit du 11 Sawwiil 334/16 mai 946, deux jours avant
qu'al-Qii'im ne rende le dernier soupir. Mais Isma'il cache la mort de
son père comme celui-ci avait caché celle du Mahdi, par peur de trou-
186
blcl, maia amtout de crainte qu~AbO Yazld n'en 'tire pr,o fit, Il n:1 l"an-
noncera ,que 10flqu.'1U en aura 'terminé avec le rebelle.t D s'abstiendra
d'ailleurs,de prendre le ·titre cati.tien et .ne changera rien au.:inscriptions
d- et des
ftllftftiftG.;illlilt
1IMi9 . U V ~ •, _. d La pn•Ul,Ç
~~'ll!Ali
J..- .pu
i . l'Ul!=a'l'IW'
. ra;
--~ 1 • i'VU!iilf-11'1. . . à·. •.*-.
· bl~i,w,11
. .. 1~ '.Ul!Jii;
'1 11'-ViUUll~-.li 1 _ •••
célarie au nom d',aJ.Qa,m, ,et 10,uœs ·1es. lettres, et les kri11 o·ffici.cls,
restefiont libeRls à ,~adresse d•al-Qi•im jrusqu'.au jour oà le jeune sou;;j,
1 M'Gwt:itA• Vi-lctoneux,
. . ~-~ d
veram,
• sumommç -..t. ,D
...J"' .· 8U\'1ua, 'Î-.
,IÇ çw.ffl
. . ra, 1.-Ri· .I~CU ..1.-lm
la révolte (8). 1
187
Il : La contre-offensive d'al-Man~llr et le fin d'AbQ Yu.Id (11)
188
Cet 6chec cuisant qui codte à Abü Yazld des pertes considmtbles
dont notamment ·AU b. Badr al-l;l~ri, le plus en vue de ses officiers,
achève de lui aliéner les esprits des habitants de Kairouan. Excédés
par les méfaits des Berbères, les Kairouanais ne craignent plus de crier
leur colère devant la demeure d'Abü ·Ammir l'Aveuglc, et de mani-
fester en faveur des Fatimides: Ils deviennent meme menaçants.envers
!'Aveugle et ses congénères. Au reste, l'effervescence populaire
s'accroit lorsqu'on apprend la défaite d'Abü Yazid, et quand celui-ci
arrive en fin de journée devant la porte d'Abll 1-R.abi•, il la trouve fer-
mée et doit passer la nuit extra muros. 11 en est réduit le lendemain à
user de subterfuges pour délivrer Abü •Ammir, puis, se retirant de
Kairouan, il va dresser son camp à Kudiat al-Sa'"ir, à deux journées
sur la route de Sbiba (15).
La Bataille de Kairouan :
A peine informé de cette victoire de ses armes, Ismi<fi décide do
partir à la poursuite du chef rebelle. li confie à ôawdar le chambellan,
avec les clefs des magasins du Trésor, tous les pouvoirs, le palçant
ainsi à la tête du palais royal et de tout le pays (16), et il se transporte
aussitôt à Sousse. Une délégation d'auxiliaires conduits par Ziyidat
Allah b. ·Abdallah b. al-Qadim l'y rejoint, venant de Kairouan pour
solliciter sa clémence envers la population de cette, ille et l'inciter à s'y
rendre et à y renforcer son Parti. Il charge Kabün de l'y précéder avec
cinquante cavaliers, l'aman et la promesse de son pardon. Les notables
de la ville s'empressent d'aller à sa rencontre le jeudi 23 Sawwil/28
mai 946, au lieu même où il élèvera Man~üriya. Ismi"il les reçoit avec
magnanimité. Des femmes et des enfants d'Abü Yazld, laissés
à Kairouan, sont à leur tour triatés avec mansuétude et conduits à
Mahdiya (17).
Quant à Abll Yazid, bien que battu a
Sousse et chassé de
Kairouan, il ne se considère pas pour autant comme vaincu. S'il a,
certes, perdu de sa superbe, il garde, en dépit de son âge avancé, une
incroyable énergie et la force du nombre. Il sait cependant qu'il va
~rmais avoir affaire à forte partie. Jusqu'ici il n'avait eu à comba-
ttre que des troupes sans âme, menées par des officiers apeura comme
Maysür ou ij'alil. Son rival, qui pourtant avait fait auparavant ses
preuves sur les bords du Nil et dans les montagnes du Maghreb, s'é-
tait étrangement borné à lui opposer ses lieutenants sans jamai,
quitter son palais de Mahdiya. Sans l'obstacle des fortifications de la
189
capitale, sans l'anarchie de ses hommes assoi.ff'és de pillage, il en aurait
fini depuis longtemps déjà avec ces Fitimides ex6ctis. Maintenant il
va affronter un jeune émir bouillant, plein d'ardeur combative, prtt à
payer de sa personne sous son parasol qui en fait le point de mire de
la bataille (18). Si l'ennemi ne dispose encore que de faibles effectifs,
il a dbs lors à compter avec œ rival vaillant et tenace, et aussi la force
de son prestige croissant.
Aussi Abü Yazid commel)ce-t-il, avant de reprendre l'offensive,
par lancer des raids de reconnaissance dans la plaine de Kairouan :
son fils Fa(jl réussit un coup de main contre un groupe d'auxiliaires du
village d'al-Ôazira. Puis, le lundi 27 Sawwil/1 juin 946, un détache-
ment berbère tend une embuscade à une colonne fatimide et la d6cime.
Son commandant, Kabün, qui venait de se distinguer devant Sousse,
y trouve la mort. Ces revers d6couragent les montagnards d'Ifriqya
qui s'apprêtaient à rallier le camp fatimide tandis que les Berbères
affluent à nouveau vers Kairouan à l'appel du chef rebelle. Mais
Ismâ'il creuse des tranch6es et attend l'ennemi de pied ferme.
Aprbs s'être rapproché de Kairouan et avoir établi son camp au
village·de Mams, Abü Yazid marche sur son adversai.re dans la nuit
du vendredi 2 [)u 1-Qa'da/S juin 946. A l'aube, tandis que ses hommes
se d6ptoient autour des positions fatimides, il se lance à l'attaque des
tentes du campement royal. D'abord surprises et débord6es, les trou-
pes fâtimides finissent par trouver leur dispositif de combat et repous-
sent les premiers assauts. Mais, le jour se levant, les Berbères revien-
nent à la charge et pensent ne faire qu'une bouch6e d'un ennemi lar-
gement inférieur en nombre. Les hommes d'lsmii'ü ne tardent pas à
fl6chir, totalement submergés ; certains s'enfuient vers Kairouan
tandis que d'autres tentent de chercher refuge dans leurs campements
derrière le foss6. Cependant Ismâ'îl, conduisant sa garde slave et s'a-
britant de son parasol, tendu au-dessus de sa tete par un esclavon, se
bat comme un lion. Il réussit, grâce à ses charges imp6tueuses, à se
frayer un chemin à travers la mêl6e et parvient à proximit6 d'Abû
Yazid. Sabre au clair, il fonce sur ce dernier qui ne doit la vie qu'à sa
fuite pr6cipit6e. Encouragés par le comportement hérolque de leur
chef, les Kutiima se regroupent et luttent opiniâtrement autour de la
fameuse citerne de la porte de Tunis, ou Bassin des Aghlabides, dont
ils défendent l'accès à leurs adversaires. D6concertés par la résistance
inattendue et 6prouvés par la soif, les Berbères lâchent prise en pleine
canicule et se dispersent pour regagner leurs campements à Mams (19).
190
Dans le camp fatimide, l'alerte a été bien chaude. Brave, mais
aussi stratège remarquable, en dépit de son ignorance de l'art militaire,
lsmà'tl va s'attacher désormais à briser les assauts répétés des
rebelles. S'abritant derrière le fossé, adossé aux murs de Kairouan et
ravitaillé sans difficulté de Mahdiya, de Sousse et du Cap Bon, il va
user l'extraordinaire énergie de son vieil adversaire au bout d'une lutte
qui ne durera pas moins de deux mois et demi, avec des alternatives
de revers et de succès, et qu'on n'hésite pas à qualifier d'épique.
~ le lundi suivant, 5 Oil l-Qa'da/8 juin 946, Abn Yazid attaque
de nouveau aprl:s s'être rapproché encore de Kairouan et avoir dressé
ses campements sur le Saraf al-At,mar, la colline rouge, entre la grande
cité et le village d'al-Ôazira (Ôazirat Abü l;lamama) (20). Mais
Isma'il s'abstient de sortir de derrière ses tranchées et refuse le com-
bat, faisant figure d'assiégé. Les Berbères obliquent donc vers la porte
d'~ram où le slave Qudam (Mudam ?) à la tête des esclavons mar:
kusiens (Markusiyün) (21) leur oppose quelque résistance. Ils revien-
nent à la charge le lendemain et mettent le feu aux aires aménagées
devant les portes ·A$ram, Salam et Tunis et où sont amassées les r6-
coltes de cette plaine fertile du F~ al-Dawwarin. Isma'il doit leur
livrer un combat difficile jusqu'à la fin de la journée. Les engagements
se poursuivent les jours suivants avec des fortunes diverses. Ismà'tl
consolide la garnison de Bab A$ram par les éléments du lund
de Laribus conduits par leur chef Ibn Salâs et qui s'entourent d'un
fossé. Des renforts arrivés du lund du Cap Bon sous les ordres
d'Abdallah b. Zulàl se postent devant la porte de Tunis et aménagent
également un fossé autour d'eux. Une rencontre sanglante a lieu le
mercredi 14 Oil 1-Qa'da/17 juin 946 devant Bab Tunis dont les Berbè-
res tentent de forcer l'entrée. Sur les ordres d'Ismii'il, l'officier kutiima
al-l;lusayn b. Maksin traverse la ville à la tête d'un détachement de
cavalerie et effectue une sortie en trombe par cette porte où il redresse
ainsi la situation. Le lendemain jeudi, 2. 240 cavaliers du ~d de
Tripoli sous les ordres d'un officier kutama du nom de Mufarril vien-
nent grossir les rangs fatimides, et le slave Muti' arrive de Sousse avec
des approvisionnements et des armes. Aussi Abü Yazid se heurte-t-il
à une résistance plus vive lorsqu'il attaque encore, le lundi 19 Oü l-
Qa'da/22 juin 946, devant la porte de Tunis où les slaves, conduits
par Busra, se distingueront. Effectuant une diversion, Ismà'il tente de
s'emparer de ses campements et le contraint à battre en retraite (22).
Se rendant compte de la vanité de ses tentatives, le chef rebelle
change de tactique : il renonce à prendre d'assaut le camp adverse et
191
se met à lancer des raids dans la région de Sousse et de Mahdiya, des-
tinés à intercepter les convois de ravitaillement et à alarmer les soldats
lrutâma sur le sort de leurs familles. De nouveau les incunions des
Berbères éprouvent les faubourgs de la capitale, mais ôawdar empê-
che les familles des Kutama de céder à l'affolement et lsmà'il envoie
dans la prcsqu'tle de ôamma des troupes qui finissent par y rétablir
la s6curité (23).
192
toutes leurs forces. Mais, dbs l'aube du jeudi, Ismâ'il lance une offen•
sive vigoureuse après avoir pris son dispositif de combat : il a placé à
son aile droite les lfriqyiens ; à sa gauche, les ùihip et les Ôimla ; au
centre, les Banù BanW, et autour de lui, ses « esclaves » ('abid) et les
auxiliaires de sa garde. Tout d'abord les Berbères. avantagés par le
nombre, exercent une vive pression sur l'aile droite qui fléchit, puis se
rabattent de tout leur poids sur le centre où la mêlée fait rage. C.Cpen•
dant lsmà'II à déjà chargé avec ses esclaves en direction du poste de
commandement d'Abll Yazid et, faisant preuve d'une grande bra·
voure, enfonce les rangs berbères et aide ses hommes à rétablir la
situation. Bientôt, il arrive en vue de son adversaire qui se résigne à se
retirer devant lui. Les Banù Kamlàn tentent de s'accrocher à leurs
positions auprès de Jeurs campements mais finissent par lâcher pied.
Dès tors, l'armée d'Abü Yazid se replie en désordre ; les rebelles pren·
nent la fuite vers l'ouest, abandonnant leur camp, et sont poursuivis,
l'épée dans tes reins, sur une longue distance. Les vainqueurs font un
grand carnage et s'emparent d'un butin énorme. Toutefois l'affaire a
été chaude, et, sans leur ténacité et l'audace de leur chef, les troupes
fatimides auraient été écrasées par les Kamlân, les Huwwàra et autres
hordes berbères... Mais enfin, Ismà'il respire : ta dynastie est sau\'ée.
Et il n'est que ce détail, noté par te chroniqueur, pour illustrer tout le
sens de cette victoire : soulagé, le jeune souverain, sans quitter sa selle,
se prosterne pour rendre gloire à Dieu. Sur le champ de bataille, jon·
ché de cadavres, les enfants ramasseront des milliers de têtes dont
chacune rapportera une prime d'un quart de dinar (26).
A peine de retour sous ses tentes, lsmà'ïl, à qui cette éclatante
victoire vaut déjà le surnom honorifique d'al-Man~ûr Billah, dépêche
à Mahdiya trois de ses « esclaves », témoins oculaires de la bataille,
pour porter à ôawcjar une lettre de victoire. Le lendemain, il fait dis-
tribuer aux nécessiteux de Kairouan par son Cadi, Mul;lammad b.
Abi 1-M~ûr, d'importantes sommes d'argent, et charge Ôa'far, le
chambellan, de diriger ta Prière du Vendredi à la Grande Mosquée et
d'annoncer au peuple, avec la nouvelle officielle de la victoire, une
amnistie fiscale pour l'année en cours : tous les citoyens, les tributaires
compris, se trouvent exemptés de toutes les contributions légales et
spéciales, et l'Etat s'engage à ne percevoir, tes années suivantes, que
la dîme et la ~daqa en nature, conformément aux dispositions de la
Loi et de la Sunna du Prophète. Ces mesures opportunes, destinées à
favoriser la reprise des activités agricoles et commerciales ruinées par
193
la guerre, produisent le meilleur eft'ert su les Kairouanais et rassurent
les populations qu' une lourde politique fiscale avait contribué à ren-
dre hostiles aus Fatimides (27).
194
même la constater pour aller en rendre compte à son maître qu'inquié-
tait le déchaînement des hordes berbères dans le voisinage de ses pos-
sessions (30). Du reste, avant de partir vers l'ouest après deux mois de
répit, le troisième Fâtimide veut immortaliser le sou'tenir de sa vic-
toire retentissante : il trace, sur l'emplacement de ses campements,
délimité par le fossé, la ville de Sabra-Man$üriya, et donne des instruc-
tions pour en hâter l'édification et l'aménagement à l'escalvon Qudim
qu'il charge de gouverner Kairouan pendant son absence.
195
et War#ilàn. Avant de se remettre à leur poursuite par la route de
Biskra, le samedi 1 Ôwnida 1/28 novembre 946, le souverain fatimide
reçut à Tobna une délégation de notables Kutiima qu'il chargea, note
son biographe Abu Na$r, d'aller dans leur pays enrôler une armée de
70. 000 cavaliers et 30. 000 fantassins (?) pour en renforcer ses rangs.
Puis, à l'étape de Qastiliya (33) - une journée après Tobna - il est
rejoint par le gouverneur de M'sila, Ga'far b. ·Ali b. l;lamdün, qui
avait succédé à son père, tué, on s'en souvient, près de Béja en com-
battant Ayyüb, le fils d' Abü Yazïd. Ôa'far lui livra un jeune illuminé
originaire de Kairouan où son père était orfèvre, capturé dans l'Aurès
où il s'était proclamé Imam sous le nom califien d'al-Nii~ir li-din Allah
et s'était fait de nombreux adeptes. Il le fit exécuter et mettre
en croix (34).
Lorsqu'il toucha Biskra, al-M~ür apprit que le chef rebelle
avait changé de destination et obliqué vers l'ouest pour aller se retran-
cher chez les Banü Birziil dans le massif de Salat. De vastes étendues
désertiques dont aucune armée n'avait encore jamais traversé les lan-
des stériles et sablonneuses l'en séparaient désormais. D'abord décidé
à le talonner, il dut se rendre aux objections de ses officiers et fit demi-
tour vers Tobna, s'attachant sur sa route à tuer des Sadrata qui avaient
soutenu la cause des rebelles.
A Tobna, le Fatimide ne s'attarda point cette fois. Ayant renoncé
à atteindre le Salat par les landes désertiques et les monts du Zab, il
résolut de s'y rendre par le nord de Hodna en suj,,.ant la voie romaine
dont la rocade sud emprunte aujourd'hui le tracé sur une longue dis-
tance, de Barika jusqu'au delà de M'sila (35). li se remit donc en mar-
che le mardi 11 Ôumada l/8 décembre 946. A Maqqara, il se trouva
subitement à proximité de l'ennemi. Abü Yazïd, sans doute tenu au
courant des mouvements de l'armée fatimide depuis son départ de
Biskra, avait en effet quitté le Salat vers le nord de la dépression du
Hodna où il comptait la surprendre et la battre. i I vint donc se poster
sur des hauteurs fortement accidentées, à l'ouest de M'sila, et attendit,
au lieu-dit 'Ayn al-Südan.
Dans le bas-fond où il venait de s'engager, le mercredi au lever
du soleil, al-Man$ür se hâta de dresser son camp et de prendre son
dispositif de combat : à l'aile droite, il plaça les Ôimla et les ùihi$a,
à l'aile gauche, les Malüsa et les A##iina, au centre, l'élite de ses auxi-
liaires avec les slaves de sa garde et les réguliers du #und de Barqa, et
légèrement en retrait sur ses deux flancs, les éléments du #und du Cap
196
Bon. Quant à Abü Yazid, il prit l'initiative des combats et de l'émi-
nence de terrain où il avait son poste de commandement. se mit à suivre
des yeux les charges meurtrières de ses cavaliers Birzâl et Kamlân
contre l'aile droite de l'armée ennemie. Bientôt al-Man~ür vit la dé-
bandade se mettre dans ce flanc et beaucoup de ses hommes mordre
la poussière. il détacha un peloton du centre pour soutenir cette aile
chancelante. Abü Yazid fit porter alors sa pression sur l'aile gauche
qui fléchit à son tour. Mais al-Man$Ür se ressaisit et. selon une tactique
qui lui avait réussi auparavant, fonça à fond de train avec ses cavaliers
en direction de son adversaire. Une fois de plus son audace s'avéra
payante : il réussit, au bout d'une mêlée furieuse, à redresser la situa-
tion en sa faveur et força Abü Yazid à se retirer sur les Hauteurs du
mont 'Uqâr. Et tandis que les rebelles se repliaient à la fa..,.eur de la
nuit vers le Salat, al-Man$ür retourna dans ses campements à la lu-
mière des torches après avoir fait subir à l'ennemi des pertes considé-
rables (36).
Néanmoins l'affaire avait été chaude : de nombreux soldats
Kutàma restèrent sur le terrain. Dans la lettre de victoire adressée à
son gouverneur de Kairouan, Qudam, il en cite les plus valeureux.
Toutefois des bruits alarmants coururent dans la capitale ifriqyienne
sur son compte, décrivant cette bataille comme un revers cuisant pour
ses armes. Dans sa réponse, Qudâm na manqua pas d'en faire état, et
le souverain dut le rassurer et souligner le caractère sacré de sa tâche,
quel que rot le danger auquel il düt s'exposer.
Au lendemain de cette rencontre, le Fatimide se rendit à M'sila
auprès d'Ibn l;lamdün. Le seigneur des Magrâwa retrou<,a l'occasion
de le féliciter, et pour le faire et prouver son loyalisme, dépêcha dans
cette ville son propre fils Ya'qub qui fut traité avec beaucoup
d'égards (37).
Après un répit de deux semaines, al-Man$iir quitta M'sila et fit
route vers le djebel Salat, le jeudi 27 Ôumâda I/24 dècembre. Il s'arrêta
sur les bords de l'oued Oba (aujourd'hui oued Chellal) pour faire ses
préparatifs de combat et pénétra dans le massif par le flanc oriental.
Il alla planter ses tentes près d'une source potable au cœur de la mon-
tagne. Mais Abll Yazid avait de nouveau pris les devants et s'était
réfugié dans les landes sablonneuses qui s'étendent à l'horizon, au
pied du Salat. Sans faire cas des objections de ses officiers, al-Man~ür
se lança à sa poursuite. Bientôt son armée eut à souffrir de ce pays
stérile et sauvage, épuisant ses réserves de vivres et d'eau. Le manque
197
'
Entre temps, son allié Mul)amroad b. Uazar (40), qui lui avait
écrit lorsqu'il se trouvait encore à l;Iâ'it l;Iarnza pour lui indiquer le
lieu de refuge d'Abù Yazid, entra en conflit armé avec ce dernier : des
Kamlân pillèrent un marché des Magrâwa à Tarnazrat. Il s'ensuivit
des combats où, d'abord victorieux, Abü Yazid fut battu et contraint
dt se retirer dans le Salat auprès de ses partisans Birz.a.l (41 ).
198
les Huwwàra du Hodna (Huwwarat al-ôadlr), et alla planter ses tentes
dans le massif montagneux de Ukka (de la chaîne du Hodna) non loin
de M'sila qu'il se mit en état d'investir. Il ne devait guère se douter
qu'en remontant vers le Nord-Est sur les instances de ses officiers
Kamlan, il allait droit à sa perte (42).
199
d'Ibn l;law§ab qui avait émigré du Yémen et qui assista à cette bataille,
devait célébrer dans son fameux poème en « ba » à la gloire d'al-
Man~ür (45).
Ce revers incita Abü Yazid à se retrancher davantage dans les
forteresses naturelles du 'Uqar. Al-Man$ùr se redonna un répit de
deux semaines puis reprit l'offensive le vendredi 1er Ramadan 335/26
mars 947. Partie de M'sila, l'armée fâtimide alla établir son camp au
pied du massif montagneux, au« fort des rochers» (qal'at al-l}iAara),
à six milles des positions ennemies, puis se lança le lendemain à l'assaut
de ce massif au relief redoutable. Al-MaD$ür arriva au contact des
rebelles au bout d'une ascension périlleuse à travers les rochers et les
précipices. D'abord les combats se déroulèrent en sa faveur et l'enne-
mi dut laisser ses campements et se retirer vers les cimes de la monta-
gne, autour des citadelles de Sikir et de Kiyina. Les troupes fatimides
détournèrent leur attention vers le butin et al-M80$ür, vivement con-
trarié par le comportement de ses hommes, fit mettre Je feu aux cam-
pements abandonnés. Mais les rebelles avaient eu le temps de repren-
dre haleine et de revenir à la charge. Aidés par le relief, ils prirent l'a-
vantage avant la fin du jour et l'armée fatimide fi.nit par se replier,
sous une avalanche de pierres, vers sa base du Qal'at al-l;ligâra (46).
Al-Man$ür vit donc tourner court sa première tentative contre
les positions ennemies solidement accrochées à cette montagne inac-
cessible, et se résigna à laisser s'écouler le mois de Rama4an sans effec-
tuer la moindre opération mais sans rien perdre de sa ferme détermi-
nation d'en finir avec son terrible adversaire. En attendant de mettre
la main sur lui, il fit fabriquer à son intention une cage montée sur
deux roues et renfermant deux compagnons, un singe et une guenon.
Cependant, une incursion que Ziri b. Manâd et le slave QaY$ar
avaient entreprise contre les Huwwara du ôadirwân (au nord des
chotts, dans le site de l'actuel Bordj Rhcdir, à 15 km environ des rui-
nes de la Qal'a des Beni l;lammiid) était couronné de succès : ces tribus
qui avaient hébergé Abu 'Ammâr !'Aveugle, furent sévèrement châ-
tiées (47).
Avant de remonter à l'assaut du Kiyina, al-MaD$ür reçut des
renforts lrutâma conduits par le slave Ôafna, le jeudi 7 Rama(jin/1 ••
avril. Quelques jours plus tard, il fait aménager un musalla à Qal'at
al-l;liAiira pour la prière du « 'Id al-Fitr », puis il se rendit, à la tête
d'un important détachement de cavalerie jusqu'au pied de la forteresse
200
de Kiyiina pour en examiner les voies d'accès et étudier le site où ils
allaient engager l'ultime bataille. Enfin il oélébra solennellement la
Fête de la Rupture du JeQne et prit soin, dans le deuxiOme sermon, de
faire allusion à son accession au califat et à l'imamat après la mort de
son père al-Qii'im qu'il venait de rendre publique dans une lettre ad-
ressée à ôawdar, à Mahdiya. Dès le lendemain, le 2 Sawwâl 335/26
avril 947, il s'ébranlait avec tous ses hommes et prenait position au
pied de la citadelle. La chasse au chef rebelle entrait dans sa phase
finale (48).
Au début, al-Man$ür se borne à déployer ses troupes en vue des
rebelles pour les intimider, et pendant trois nuits consécutives se tient
ostensiblement sur le pied de guerre afin de prévenir toute attaque
surprise. Puis après avoir bloqué rigoureusement les voies d'aocès de
la forteresse, il se met à creuser un large fossé de défense autour de son
camp et à faire couper au pied de la montagne les oliviers et tous les
arbres fruitiers. les assiégés réagissent par de brèves sorties, et de sim-
ples escarmouches se déroulent ainsi pendant deux semaines. Le mardi
17 Sawwiil/11 mai, al-Man$ür lance une vigoureuse attaque contre le
piton méridional, et tandis qu'une manœuvre de diversion était menée
du côté Nord-Est par un corps d'armée sous les ordres des deux slaves
Qay$ar et Safi•, avec l'appoint des ~anhiia de Ziri b. Manad, les as-
sauts se succèdent, parfois la nuit, acharnés, notamment les vendredi
20 et samedi 21/14 et 15 mai, jusqu'au jeudi 11 [)ü l-Qa'da/3 juin. Ce
jour-là, une colonne fatimide commandée par les deux slaves Târiq et
W~ menaient à bien une autre manœuvre contre une forteresse voisine
« Qal'at Sikir » dont les habitants, en majorité des Huwwâra, se ren-
dirent après avoir obtenu l'amân {49).
La reddition de cette citadelle fut un coup rude pour les rebelles
qui réagirent le jour même, dès la tombée de la nuit, par une violente
attaque en trois points : l'aile droite commandée par FaC,l, le fils d'Abü
Yâzid fit une vive pression sur les positions des ~anhata et des Malllsa
qui fléchirent ; mais l'aile gauche, conduite par le chef des Zawila,
Abù Sulaymân Ayyüb, se heurta à une vive résistance des Ôimla et des
Lahi$a, tandis qu'Abü Yazid était tenu en échec par les slaves et les
auxiliaires devant l'entrée du fossé. Leur tentative tournant court, les
rebelles durent enfin décrocher et réintégrer leur forteresse.
Al-Man,ür reprit l'initiative des combats le mardi suivant. 16 dul
Qa'da /8 juin après avoir reçu, par son lieutenant W~if la reddition
d'une autre forteresse du 'Uqâr, tenue par les Masrâta. Et les assauts
201
se multiplièrent sans résultat décisif pendant le reste de cc mois et tout
au long de Dü l-1:{aUa ; mais l'étau se resserrait de plus en plus sur
Abù Yazid dont les partisans se laissaient gagner par la lassitude.
Entre temps, le chef rebelle dépêcha son fils Fa<Jl auprès d'une frac-
tion des Magrâwa commandée par un fils de Mu~ammad b. ijaz.ar,
Ma'bad, pour les appeler à son secours. Ce dernier n'hésita point, en
dépit des objurgations de son père e1 de son frère al-ijayr à se mettre
en état d'insurrection dans le Zab. Mais il ne tarda pas à essayer un
échec devant Tobna, tenue par Y~kur le slave, et sa tentative était
vouée à l'échec (50).
Dès les premiers jours du mois de M~arram, la chaleur devenait
de plus en plus accablante mais al-Man~ür décida de jouer son va-
tout, et le jeudi 21 M~arram 336/12 aoOt 947, il déclancha une offen-
sive générale sur les deux fronts, de concert avec Qa~ar et Ziri. l.a
bataille fit rage et les deux parties subirent des pertes considérables.
Le lendemain vendredi, les combats furent aussi acharnés. Des élé-
ments spéciaux, environ trois cents soldats, des slaves et des zawilites,
du corps de l;{asan b. R.wq réussirent à esclader la forteresse et à y
entreprendre des travaux de sape. Le samedi, la bataille reprit avec la
même violence. Soumis à une avalanche ininterrompue de pierres et
éprouvés par la chaleur, les assaillants se laissèrent gagner par le dé-
couragement et faillirent lâcher prise, sans la ténacité de leur chef.
Celui-ci, un moment débordé et isolé à la portée des rebelles par un nuage
de poussière et dans un terrain difficile, put se ressaisir et ramener ses
hommes à la conquête de la forteresse, piton par piton, puis réduit par
réduit. Enfin les assaillants se rendirent maîtres de la forteresse au
sommet du Kiyâna et acculèrent Abü Yazid et ses partisans dans un
fort antique au rempart imprenable. AI-Man~ùr les soumit à un tir
nourri de flèches et de projectiles et fit mettre le feu tout autour, à la
tombée de la nuit, afin de poursuivre les combats et de les empêcher
d'échapper à la faveur de l'obscurité. Les rebelles se défendirent farou-
chement, repoussant les offres d'aman, et refusèrent de livrer leur chef
et de se rendre. A la fin de la nuit, ils tentèrent une sortie désespérée,
emportant dans leur flot Abü Yazid et son vieux maître aveugle, Abü
'Ammâr. Ce dernier trouva la mort dans la mêlée, ainsi que Yadras,
le chef muzata et de nombreux autres officiers, tandis qu'Abü Yazid
parvenait à échapper à travers les rochers et les précipices parmi les
fuyards. On le découvrit au lever du jour, effondré dans un ravin, gra-
vement blessé, et on le transporta dans un état piteux devant
al-Man~lir qui donna des ordres pour le tenir sous bonne garde et
202
soigner ses blessures... Le souverain lui réservait en effet une captivité
« dorée », comme il devait de lui dire quand il l'interrogea, deux jours
plus tard, sur ses desseins de rebelle. Il pensait lui faire sentir ainsi
tout le poids de sa faute en même temps que le mépris majestueux qu' il
nourrissait pour sa personne. En fait, al-Man~ür avait l'intention, en
épargnant sa vie, de garder bien vivant le trophée de son éclatante
victoire et de le montrer en chair et en os à son retour triomphal en
Ifriqya. Mais le prisonnier mourut de ses blessures dans la nuit du
mercredi au jeudi 28 Mutiarram/ 19 août. Qu'importe ! son vainqueur
en conservera tout de même une image qui aura l'apparence de la vie ;
son corps écorché et sa peau empaillée, il le fit garder dans deux caisses.
Quand viendra le moment de l'exposer aux insultes des foules, on le
fera hisser sur un chameau, tenu en équilibre par un homme en croupe,
tandis que deux singes, l'un juché sur son épaule, l'autre suspendu à
son cou, s'amuseront à lui administrer des claques et à lui tirer la
barbe (51).
Dès le lendemain de cette ultime bataille, le dimanche 24 Mul;tar-
raml 15 aoftt, al-Man~ùr adressa au gouverneur de Kairouan, le slave
Qudâm, une lettre de victoire. Puis il choisit le jour même de la mort
d'Abü Yazid pour faire annoncer, avec la prière du Zuhr, qu'il accé-
dait effectivement au califat et s'attribuait en conséquence le titre sou-
verain d'Amir al-Mu'minin. Il donna l'ordre à ôawcjar le slave secré-
taire, d'expédier des documents officiels dans ce sens à tous les gou-
vemews des provinces du royaume, notammant à son régent à
Mahdiya, « •amil lfriqya », le slave ôawcjar, en prenant soin de pré
ciser à ce dernier de faire inscrire désormais sa titulature cali6enne
sur les bandes d'écriture exécutées sur les pièces du "tiraz », et de
faire frapper à son nom les monnaies dites « man~ürî » (52).
Après quelques jours de repos sur les lieux mêmes de sa victoire,
al-M~ilr regagne M'sila le samedi 2 Safar/23 août (53). En route
ses lieutenants, les slaves Qay~ar, Safi' et Bu!ra, se chargèrent, avec
l'appoint des ~nha!a de Ziri, de disperser sans peine des bandes ber-
bères regroupées autour de Fa41, le fils d'Abü Yazid, et Ma·bad b.
Mutlammad b. ijazar, et qui tentaient de harceler les arrières de l'ar-
mée. C'est dans cette capitale du Zab où il séjourna dix-sept jours
pour préparer son retour triomphal en Ifriqya, que le souverain fati-
mide devait recevoir avec générosité les Banü Kamlân. Ces agents
irréductibles de la révolte étaient venus solliciter !'aman et apporter
enfin leur soumission (53).
203
Ainsi le moment est venu de clore ce long récit de l'aven-
ture d'Abll Yazïd par quelques mots de conclusion.
La légende et le geste épique des montagnards berbères ont sans
doute contribué à dessiner les traits de ce personnage étonnant. Hom-
me de légende ou d'épopée comme il en surgit, à travers les siècles,
dans les montagnes de la Berbérie, mais aussi homme d'histoire qui,
on l'a vu, a manqué de peu de renverser un empire et d'en élever un
autre, de la même façon que, dans ce pays, naissent et meurent les
empires. Il faut d'abord retrouver - on ne saurait trop y insister - à
l'origine de l'insurrection, l'explosion des forces ataviques de la ·a~-
biya zénète à laquelle se rattachait ce chef ifranide, et qui demeurait
foncièrement hostile à celle du clan Kutâma, clef de voOte de la puis-
sance fatimide. Il faut également ne point minimiser, comme on l'a
fait dans certaines études assez récentes (54), l'influence du facteur
religieux : il s'agit bien d'un réveil de la doctrine bari!ite, d'un sursaut
extraordinaire de cette vieille hérésie implantée chez les tribus berbè-
res du Qastiliya et du Sumita. du Zib et de l'Aurl:s, là où la proga-
pande réformiste du maitre d'école et de son guide spirituel, l'aveugle
Abu 'Aromir, devait trouver naturellement une large audience. Der-
nier sursaut, cette fois de grande envergure en tout cas, destiné non
plus à combattre un gouverneur ou à mettre en échec des troupes d'ex-
pédition, m.ais bien à effacer un régime d'infidèles « kuffir », pour lui
en substituer un autre selon la «juste» doctrine. L'échec de la révolte
ne devait-il pas porter en effet le coup de grâce au barifisme en Ifriqya
où il n'allait plus jamais redresser la tête, même aprl:s le départ des
Fatimides ? Qu'Abii Yazïd ait donc été l'apôtre de la cause bari!ite
chez ces Berbères Huwwiira, Kamlan, Birzal et autres Muzita, cela,
on ne peut se borner à le noter au passage, les propos que ce chef de
révolte tint au lendemain de sa capture, devant son vainqueur, le met-
tent en relief. D'aprl:s le texte de leur conversation qu'a gardée le chro-
niqueur §i'ite, et dont rien ne doit infirmer a priori l'authenticité, on
voit Abü Yazïd faire état sans ambages de ses desseins. Au souverain
qui lui reprochait d'avoir fait prononcer la formule rituelle d'insultes
à l'adresse de 'Ali, il répondit par une dérobade significative : « Dieu
m'en garde ! Comment aurais-je insulté 'Ali, alors que nous sommes
son parti qui l'avions soutenu contre les gens du Sam» {SS).
D'ailleurs le chef rebelle n'y cache point qu'il s'était dressé con-
tre un régime injuste en réformateur qu'animait le zèle de sa foi pure
et juste : « S'il s'était insurgé, ce fut pour le compte de l'Islam, en dé-
204
fenseur de la « vraie religion » (li'l-lslâmi mu\ltasiban). Et le souve-
rain de lui retourner l'accusation : « Mais c'est toi qui as déformé
l'Islam, changé la loi de Mul}ammad et anéanti sa communauté !» (56)
Antagonisme doctrinal donc, et mouvement de réforme religieuses
Cela sous-tend toujours chez les insurgés réformateurs un dessein
politique précis : la conquête du pouvoir. Si bon nombre des partisane.
d'Abü Yazïd ne s'étaient ralliés sous sa bannière que poussés par l'a-
vidité du pillage, lui, ses fils, son vieux maître Abü <Amma.r, ses lieu-
tenants, Yadras le chef des Muza.ta, Abü Sulayma.n, Ayyüb le chef des
2.awila et les autres agitateurs Kamla.n, ne convoitaient pas unique-
ment les richesses des cités ifriqyiennes de l'Etat, mais davantage le
trône de Mahdiya et les hautes charges échues aux chefs Kutama. Ne
fit-il pas battre monnaie, en souverain devenu maître de Kairouan? (57)
Il est vrai qu'il avait aussi alors « averti le calife de Cordoue qu'il re-
connaissait son autorité et se soumettait à lui, acceptant sa qualité
d'imam » t58). Ce n'était là au fond qu'une démarche habile pour
rechercher en même temps que l'alliance opportune du monarque
andalou, le soutien d'une orthodoxie toute-puissante. Au reste, Abü
Yazïd a su, on l'a vu, donner la mesure de son habileté politique, de
ses qualités de chef militaire et de stratège, d'homme doué pour gou-
verner ses congénères et les mener à la réalisation de ses projets ambi-
tieux. Al-Man$ûr, l'apostrophant, en témoigne indirectement : « Et
aussi tu te dépeins comme homme de raison et d'intelligence supé-
rieure, et tu té crois fait pour entreprendre les guerres et conduire les
années, manier les affaires de gouvernement 1» (59).
Abü Yazid se voyait effectivement élu pour mener à bien sa mis-
sion politico-religieuse d'ibtisa.b. N'avait-il pas commencé à s'insur-
ger, dans le Qaspliya, en censeur des mœurs, agissant pour prescrire
la pratique du bien et proscrire les actes blâmables ? Il l'affirme pour
justifier devant al-Man$ilr sa rébellion contre le régime d'al-Qa'im :
« Il y a ces procédés de la << gabelle» avec tous les abus auxquels ils
donnent lieu au préjudice des musulmans ! Je me suis dressé pour
dénoncer cela dans l'intention de réformer l'état (politique et social)
des populations » (61). Comme tant de prédicateurs qui, en pays
d'Islam, se lèvent pour redresser les torts et ne tardent pas à déclencher
un vaste mouvement de révolte, le vieux maître nukkarite du
Qaspliya, de grosse laine vêtu et juché sur un a.ne gris, était parti en
guerre contre le pouvoir tyrannique. Moins heureux toutefois que ne
205
devait l'être, un siècle et demi plus tard, à l'autre bout de la Berbérie,
dans le Soûs, le faqih de Tinmallal' il n'en a pas moins laissé, dans les
Annales du Maghreb, le souvenir d'une aventure prodigieuse (62).
206
Qu'une fois parvenu à Tâhart, le monarque ifriqyen n'ait point
songé à pousser ses colonnes encore plus loin vers l'ouest, il n'y a pas
lieu de s'en étonner. L'envie ne devait certes pas lui manquer d'aller
au Maroc faire montre de la puissance retrouvée des Fatimides, et
prouver à son rival umaiyade que de nouveau il avait à compter avec
elle. Mais il venait à peine de sortir son royaume de la tempête, et du
reste une grave maladie, le même mal sans doute qui l'avait quelque
temps auparavant réduit à l'inaction dans le pays des ~anhâ!a, le
cloua à son lit pendant vingt jours et l'immobilisa à Tâhart. Aussi se
contenta-t-il, quand il eût recouvré sa santé, de se diriger vers le sud,
le dimanche 8 Rabi' Il/27 octobre 947, chez les Luwata, pour les châ-
tier et les ramener à l'ordre. Tandis qu'il approchait de leur territoire,
ces tribus se hâtèrent de décamper et de s'enfuir dans les régions dé-
sertiques.
L'armée fatimide s'arrêta une douzaine de jours dans le pays des
Luwata, et le souverain eut tout le loisir de visiter les ruines de magni-
fiques châteaux-forts antiques élevés sur trois montagnes et d'adnùrer
ces vestiges grandioses de l'époque byzantine où des inscriptions lati-
nes qu'il se fit traduire célébraient les exploits du stratège Solomon en
cette Mauritanie, sous les règnes de Justinien et de sa «femme»
( = «mère» ; sic : mater castrorum) l'impératrice Théodora (64).
Puis, le samedi 18 Rabi' Il 336/6 novembre 947, al-Man~ür re-
broussait chemin vers l'Ifriqya. Il arriva au pays des Kutâma au bout
de deux semaines de route, après s'être arrêté seulement un jour à
M'sila. A Sétif en revanche, il séjourna un mois. Un fils d'Abü Yazid
du nom d'A)Jmad, y vint lui apporter sa soumission et fut traité avec
bonté. Il prescrivit aux Kutâma de désigner 14. 000 familles destinées
à se fixer à al-Man~üriya pour en accroître le peuplement et passa ses
loisirs à effectuer de longues randonnées dans la région et à "isiter les
monuments antiques, notamment la citadelle de la ville. Puis il se ren-
dit dans la deuxième grande cité du pays, Mila, où il attendit neuf
jours, le temps d'être rejoint par les Kutâma devant émigrer en
Ifriqya (65).
Dans la nuit du lundi 17 ôumada 11/3 janvier 948, le souverain
fatimide reprit sa route. A l'étape de Sbiba, il fut accueilli par les no-
tables de Man~üriya et de Kairouan qui étaient accourus à sa ren-
contre, et fit distribuer à ses principaux Auxiliaires des vêtements
d'apparat pour faire une entrée triomphale.
207
Ennn, le jeudi 27 Ôumada II 336/13 janvier 948, al-Man$Ür put
mettre le pied dans sa nouvelle ville« la Victorieuse» (al-Ma~üriya)
que son esclave Qudam avait édifiée à son intention, après un an,
deux mois et vingt-sept jours d'une longue et glorieuse campagne (66).
Ce retour devait être fêté en grande pompe : le lendemain de son
arrivée, le monarque reçut au cours d'une cérémonie solennelle les
hommages de ses sujets conduits par le cadi Ibn .Abi 1-Manillr et les
hauts dignitaires de l'Etat, puis se déroula en sa présence une parade
pendant laquelle la population eut à s'amuser du spectacle burlesque
de l'Homme à l'âne hissé à dos de chameau dans sa dépouille empaillée
et livrée aux facéties d'un singe et d'une guenon (67).
208
meme sort de Oamllnis. Enfin, après s'etre arrêté un jour dans
l'ancienne capitale de la Byucène dont il admira les monuments, il
arriva à Gafsa le samedi 19 Sa'ban/4 mars 948. Cependant les rebelles
a'&ient déjà repli6s vers leurs repaires montagneux des massifs de
l'Auris et du Zib (69).
Ainsi Facjl adoptait la tactique qu'il avait vu réussir à son pire et
pensait donner autant de fil à retordre au souverain fatimide. Mais
al-M.an$ilr n'était pas homme à se laisser rebuter par les diflicult6s de
cette petite guerre qui l'astreignait à pourchasser dans des régions
sauvages un ennemi tantôt insaisissable, tantôt tenace et mordant.
Aussi se lança-t-il de nouveau sur les traces des rebelles, poussant sans
Msiter ses colonnes vers le Nord-Ouest de la Grande Sebkha d'al-
Takmart. Des éléments Yafran, Kalala, Barawiya, Saddad, Urïmt et
Wasfm furent harcel6s et d6faits dans les massifs de Tarsuwàn (dans
le d6sert de ~tiliya) et d'lya§ (dans celui du Zab). La citadelle de
Tamagra et un ch!teau du chef milcnasien Bi.Ir b. Mllllfllr furent dé-
mantel6s, des demeures des Banü Maniwa, des Magrawa, ravag6es•
Enfin, le lundi 28 Sa"ban/13 mars 948, al-Manfûr mit le si~ devant
la redoutable forteresse de Miiwas, aux confins d6sertiques du Zab,
où s'étaient regroup6s des partisans intraitables de Fa41. L'oœasion
s'offrait à l'héritier du trône de faire ses débuts militaires. Son pire lui
confia le commandement des troupes d'assaut, et le jeune Ma'add -
il n'avait alors que dix-sept ans - fit preuve, en dépit de son inexpé-
rience, de grandes aptitudes. La forteresse fut conquise de vive force,
et sa chute porta un rude coup à Fa<,11 qui avait pris la précaution de
s'enfuir sans laisser de reste dans les landes impraticables du désert.
Al-Man'1lt" se contenta donc de cette victoire dont il annonça la nou-
velle au gouverneur de ManJOriya en m!me temps que son intention
de regagner cette ville via QastlliYa. Il devait y rentrer le mardi 14
Rama<,tan 336/28 mars 948 (70).
Le vendredi suivant al-Mll!lfilr quittait Mll!lfüriya pour la capi-
tale du royaume, Mahdiya. Il fit une entrée triomphale le lendemain
samedi après presque deux ans d'absence. Avoc la F!te de la rupture
du JeOne se présenta bientôt pour lui l'occasion d'effectuer sa premi~re
sortie publique de souverain. Il veilla à donner un éclat particulier à
la pribre qu'il dirigea en plein air sur le « mUJalla » : son fils et héritier
présomptif, ses oncles, ses frères, puis ses autres fils, lui faisaient dans
l'ordre une escorte royale à la tête de ses arm6es, en grande pompe,
209
jusqu'au terre-plein extra muros ; quand il eOt achevé la prière, il pro-
nonça les deux sermons rituels, en prenant soin d'y annoncer« de vive
voix » la mort de son père al-Qi'im et son accession au trône. Puis il
fit procéder, pour clore la cérémonie, à une ample distribution de vi-
vres et d'aumônes (71).
210
l) La lutte d'i,ifluence hispano-fiitimide au Maghreb central et
utrlme
Le déroulement de l'insurrection bari~te avait fourni, on s'en
souvient, au calife andalou al-N~ir. l'occasion de reprendre plus
librement sa politique d'expansion au Maroc et de s'immiscer même
dans les affaires intérieures de l'ffriqya en offrant à Abü Yazid son
aide et son« patronage moral». Toutefois la réaction vigoureuse d'al-
Man$ür et ses premières victoires devant Sousse et Kairouan avaient
empêché la maître de Cordoue d'intervenir militairement, et la tenta-
tive de son amiral Ibn al-Rumâl)is avait tourné court ; puis celle de
son vassal mikoassien l;lamid b. Yasal contre Tahart avait été rendue
aussi vaine par l'arrivée dans cette ville du souverain fatimide en per-
sonne, à l'issue de son triomphe dans le Nord du Hodna (74).
Le redressement de la situation dans le royaume fatimide était
donc de nature à inciter al-Nqir à reconsidérer ses desseins relatifs à
l'Ifriqya, à renoncer en tout cas aux visées que l'obédience d'Abü
Yazld n'avait pas manqué de lui donner sur ce pays. Ainsi se borna-t-il
à consolider son expansion au Maghreb extrême où il s'appliqua à
imposer son autorité aux Idrissides Banü MuJ.iammad et à maintenir
sous sa protection ses vassaux Zanata et Miknassa. Son influence y
devait tant se raffermir qu'il finit par occuper Tanger en 339/951 et
s'assurer ainsi, après la possession de Ceuta, celle d'une seconde base
maritime sur la côte maghrébienne (75). Mais la réaction fatimide à
laquelle il s'attendait sans doute et qui tardait à se produire - al-
MaD$tlr mourut du reste moins de deux années après ces événements
- allait être, dès les débuts du règne d'al-Mu•izz, violente et specta-
culaire. La lutte d'influence hispano-fatimide au Maghreb connaitra,
on va le voir, avec le quatrième calife de l'ffriqya, ses moments les
plus âpres.
2) L'évolution des relations avec l'Orient musulman
Le second calife al-Qi'im avait jugé plus rentable, après l'échec
de la troisième tentative de conqu!tc de l'Egypte effectuée en
324/935-6, d'adopter une politique d'amitié à l'égard de l'émir Mu-
J.iammad. b. Tuü qui présidait désormais avec fermeté aux destinées de
ce pays, et de réaliser par la propagande ses desseins expansionistes
sur cette province de l'empire abbasside. En effet, la détérioration
rapide de l'autorité califienne à Bagdad depuis l'assassinat d'al-
Muqtadir favorisait un rapprochement entre Mahdiya et Fostat dont
211
le maître, paré à partir de 327/938-39 du surnom honorifique d'Iblid,
ne couchait pas son intention de s'ériger sur les bords du Nd et en
Syrie en souverain indépendant (76).
Si ron en croit le texte d'un message d'al-Ql'im à l'Emir 6gyp-
6en, conservé par Ibn Sa'id (77), les arguments de sollicitude et de
persuasion s'étaient avérés plus efficaces que ne l'avaient été les armes
et mettaient Ibn Tuü dans de bonnes dispositions, telles qu'il envisa-
geait de reconnaître la suzeraineté du calife fatimide. Du reste, la lutte
que l'lbfid avait à soutenir en Syrie contre Ibn Ra'iq qui tentait, avec
l'agrément du souverain abbasside al-Ri4I, de mettre la main sur ses
possessions, contribuait à l'inciter à répudier l'autorité de Batdad et
à se soumettre à celle du monarque ifriqyien en acceptant sa qualité
d'imam et en prononçant la butba en son nom. On avait meme songé
de part et d'autre, selon le même chroniqueur, à sceller ce rapproche-
ment en mariant la fille de l'lb!Id au fils d'al-Qa'im, le futur
al-Man$ilr. Mais la mort d'al-R.i(Ji, le 7 Sa"ban 3'29/7 mai 941, était
venue mettre fin à la tension entre Fostat et Bagdad, et l'lhsid se vo-
yait confirmé dans ses fonctions d'émir par al-Muttaql. Cette norma-
lisation des rapports entre le calife abbasside et son vassal avait com-
mandé à ce dernier une attitude expectative et explique la réserve qu'il
avait gardée jusqu'à sa mort en 334/946 à l'égard du Fatimide qui de-
vait à son tour mourir, la même année, à quelques semaines d'inter·
valle.
Finalement rien de notable n'était venu modifier cette situation
à l'époque où al-Manf(lr prenait le pouvoir et consacrait toua
ses efforts à écraser la révolte barilite. Cette révolte vaincue, le succes-
seur d'al-Qa'im n'entreprit d'ailleurs aucune action militaire contre
l'Egypte dont le gouvernement était échu à un fils de l'Iblid, Abll
1-Qisim Unu~ (78).
Néanmoins al-Man~lir ne devait pas perdre de vue, en dépit de la
crise grave mais passagère que traversait son royaume, les développe-
ments de la « da<wa » fitimide en Orient. Il reçut, au moment même
où il acculait les rebelles dans leurs repaires du Zab, en 335/946, un
émissaire venu d'Irak le mettre au courant des activités de deux agents
ismi'iliennes, Muoammad b. AlI al-Ôani\1 et Fa(Jl b. al-'Abbas. De
sa lointaine lfriqya, le souverain fatimide suivait sans doute avec le
plus grand intérl!t la conjoncture politique dans les possessions de son
rival abbasside qui semblait évoluer d'une manière favorable à ses
desseins (79).
212
D'abord, à Bqdad m&ne, le pouvoir califien sans cesse amoindri
depuis al-Mu'tadid (279-239/892-902) s'était particulièrement dégradé
sous al-IU4I, al-Muttaql puis al-Mustaldi, et se trouvait, sous al-Mup•
quj régnait depuis 334/945, réduit à une forme de pouvoir théorique.
L'autorité effective, détenue à partir du califat d'al-RaQI par l'Emir
a1-•umara• était enfin passée en 334 entre les mains du Buyidc Mu•izz
al-Dawla (80), désormais le véritable maitre de l'Etat abbasside. Mais
les Buyides qui étaient des li<itea ·alides - quoique zaydites - n'al-
laient-ils pas renverser les usurpateurs abbassides ? Quels rapports
allaient-ils avoir avec l'autre califat §i•ite des Fatimides ? Il ne semble
pas que des contacts aient eu lieu entre Mu•izz al-Dawla et al-ManJùr
et nos sources sont totalement muettes à ce sujet. En fait, les Buyides
s'accommodaient aussitôt de l'existence du califat abbasside au sein
duquel ils se contentaient d'accaparer le pouvoir et de faire de l'Etat
oc que les Barmkides avant eux avaient été sur le point de réaliser, un
état persan, proprement buyide (81).
Les Fitimides ne tarderont donc pas à se trouver en conflit poli-
tique avec oes §i<ites qui sans doute voyaient qu'ils n'avaient rien à
gagner à substituer à un califat faible, entièrement à leur merci, un
califat fort dont le contrôle leur 6chapperait sil.rement. Mais là encore,
oc sera au sucoesseur d'al-Man,or, son fils al-Mu'izz, de mettre en
œuvre les moyens de la propagande, puis ceux des armes, pour arra-
cher aux « usurpateurs », par la conqu!te de l'Egypte, de la Syrie et
des lieux saints, une large portion de leur empire.
En revanche, al-Manfilr eut le temps, avant de mourir, de redon-
ner en partie à l'imamat ismi'ilien dont il assumait l'héritage, le poids
qu'il avait cessé d'avoir auprès de ses adeptes Qarmatcs et au Yémen.
Dans oc pays surtout, le mouvement de la da'wa isma'ilienne avait
décliné rapidement depuis la mort du Mahdi. Le premier calife fati-
mide avait eu en effet, on s'en souvient la malencontreuse idée de con-
fier les destinées de la da'wa. après la mort d'lbn l;law§ab, le fameux
ManJ\lr al-Yaman, non pas à un fils de cc dernier, mais à un de ses
principaux auxiliaires, le missionnaire 'Abd Allah b. 'Abbàs al-Sawuri.
L'autorité de cè dernier fut aussitôt contestée par le plus ambitieux
des fils d'lbn };law§ab, al-l;lasan, qui finalement le tua, abjura
l'Isma<jlisme et se mit à en pourchasser les partisans. Beaucoup d'entre
eux furent tués. D'autres, dont son frère ôa'far, émigrèrent en Hriqya
où règnait al-Qi'im. Mais à son tour, al-l;lasan fut tué par Ibn al-
'Arli, Emir de 'Ayn Mul)ram, et son fief, Miswar, occupé par son
213
lieutenant Ibrahim b·Abd al-J:lamld al-Siba<J. Celui-ci reconnut l'au-
torité des Abbassides et s'attacha à étouffer la da<wa isma'i.lienne dont
sonpère avait été pourtant un des agents les plus 7.élés aux côtés d'Ibn
J:law!ab. Réduit à la clandestinité, le mouvement survécut à la répres-
sion dans la zone montagneuse de Miswar, et ses chefs Ibn al-'fufayl
puis Ibn RabJm devaient garder un contact plus ou moins continu
avec le centre de la da<wa en Ifriqya sous les règnes d'al-Mantür et
d'al-Mu<izz (82).
Quant aux Qarmates, ils n'avaient point cessé, après la mort du
Mahdi, de reconnaître l'imamat fatimide. Mais leur chef Abll Tihir
al-ôannabl, qui avait eu l'audace, après avoir ravagé la Mésopotamie,
coupé les routes du Pélerinage, de s'emparer de la Meque le 8 Dû
1-J:laüa 319/12janvier 930, et d'emporter la Pierre Noire dans sa capi-
tale de l'AJ:isa, semble n'avoir gardé, avant de mourir en 332/943, que
des liens bien fragiles avec le chef de la Communauté isma•ilienne de
l'époque, le calife al-Qii'im. Pour le remplacer à la tête du mouvement
qarmate, ce dernier dut entériner la désignation de son fr«e Alµnad,
en attendant que son 1i.ls aîné $iiblir fut en âge de lui succéder. Dès
lors Alµnad n'eut d'autre aspiration que celle d'évincer son neveu,dllt-
elle entraîner une rupture avec le chef de la da'wa isma•ilienne, et
tandis que la dynastie était mise en péril par la révolte bariAite, le mou-
vement qarmate se trouva scindé en deux tendances, l'une groupait
autour de Sabür les partisans de l'Imamat fatimide, l'autre, animée
par son oncle Abmad, de plus en plus hostile aux Fat.imides et préco-
nisant un rapprochement politique avec les Abbassides, plus précisé-
ment avec les véritables maîtres du pouvoir à Bagdad, les Buyides.
Habilement, al-Man~ür s'évertua à empêcher l'éclatement du
mouvement et à maintenir son autorité spirituelle également sur .
AJ;unad et les représentants de sa tendance détenteurs du pouvoir à
l'AJ:isa. Ce fut notamment sur son injonction qu'Al;tmad se décida à
restituer la Pierre Noire aux Mecquois en 340/951. Mais la tendance
hostile aux Fatimides n'allait pas tarder, sous le règne d'al-Mu<izz, à
devenir prépondérante et à entrer en conflit ouvert avec eux, dès l'avè-
nement du successeur d'AJ:imad, son fils al-l;lasan al-A·~am (83).
214
successeur eAtflf s•éta.it .avéré incapable d."'y 1naintenir 111·ordre, et les
.musulmans, s'y ,6taient bienlôt ·trouvés dans, une situati.on :si faib!e ,que
les inidàles. avaim:t refusé impunément de verser le ·tribut fixé lors de
la trevc.., :Puis,la ré.volte d ''Abo Yazid. avait aidé à détériorer dans 1t.nc
l'autorité,rdu ,gouverneur ,à un point tel ,q11e « les h.ab.itan.ts s'emparaient
,de :force de: tout navire, se œontraienjt en armes dans .les mosquées, et
ne s'abstenaient d.'aucun. acte r6pr6ltensible » (84)@ Dono :la conf'uion
,6tail deven.ue telle que les prineipales1 famines mem.b·res de la
,cc 1a.-maca », les Banu 1-Tabarl, ·1es BanO MacJOtJ, les ·aanu Raji. b.
Ab"' Mana. les Banii 'Abdün, ne redoutaient plus de se mettre· o·uve.rtc-
:m.en.t. en 6tat. de révolte. I ..es Baml J. .fabari emen.t même l'audace, le:
jou.r de la rupture ,du Jeftne de. 33S/24 avril 947., d'attaquer le gouver-
1
21&
Constantin VU Porphyrogénète qui, depuis 944, après l'exil de Romain,
asumait seul la responsabilité du pouvoir, venait d'avoir en 338/949
avec le calife de l'Andalus al-Nqir, un 6change d'ambassades destin6
à renouer de bonnes relations et à consolider le rapprochement hispano-
byzantin aux dépens du maltre de l'Ifriqya. Le basileus et le monarque
de Cordoue avaient en effet intér!t à s'entendre contre leur ennemi
commun, le souverain fâtimide, pour agir avec énergie, l'un en Sicile,
l'autre au Maghreb central et extr!me. Tandis qu'al-Nqir annexait
donc Tanger en 339/951, Constantin VU confiait à l'un de ses patrices
le soin de conduire avec le concours du stratège du thàme de Calabre,
une expédition contre les possessions fit.imides de Sicile. Les troupes
grecques se concentrèrent à Otrante. Ibn al-Kalbl informa al-ManJilt'
de la situation et demanda des renforts (88).
Selon une information de l'anonyme « KJtdb al-'Uyun » le souve-
rain veilla en personne aux préparatifs entrepris à Mahdiya pour ~ui-
per la flotte et expédier un corps de 7. 000 cavaliers et 3. SOO fantassins
sous les ordres du slave FaraA (mul)allâd). Celui-ci atteignit Palerme
le 24 Mul}arram '340/2 juillet 951. A ces renforts, Ibn al-Kalbï adjoi-
gnit ses propres troupes. Puis, ayant fait acheminer ses effectifs jus-
qu'au port de Messine, il débarqua à Reggio que ses habitants s'étaient
empressés d'évacuer. Il dirigea donc ses colonnes contre Geracc qu'il
investit rigoureusement. Finalement cette ville dut verser un impor-
tant tribut, de livrer des otages, et l'armée musulmane leva le siège
pour se porter au devant de l'année grecque. Mais le Patrice renonça
à sc battre et se retira vers Bari. Al-l;lasan alla alors assiéger Casiiano
qui sc rendit au bout d'un mois de r6sistance, contre paiement d'un
tribut, puis s'en retourna à Messine prendre ses quartiers d'hiver (89).
Avec le retour du printemps, al-l;iasan se remit en campagne. Il
traversa de nouveau le détroit et marcha sur l'armée grecque qui s'6-
tait avancée jusqu'à proximité de Gerace. La rencontre eut lieu le jour
de la Fête des Sacrifices, le 10 t)ü 1-l;laüt '340/8 mars 952. Les grecs
furent battus à plate couture et les Musulmans revinrent alors mettre
le siège deyant Géracc dont les habitants s'engagèrent, pour obtenir
la paix, à payer tribut. Puis al-l;lasan conquit de force Petrecuccia et,
ayant accepté une trêve demandée par les Grecs, il regagna Reggio où
il édifia une mosquée et imposa aux chrétiens d'en respecter le carac-
tère sacré de lieu de culte et d'asile (90).
Quelque temps plus tard, au mois de Mul)arram 341/juin 952, un
ambassadeur de l'empereur Constantin VU arriva à M8Qfilt'iya pour
216
conc1uœ la paix ,et remettre au souverain, ,de ,pr6ciem, cadeau. Al~
.Mantor le rcçat en p:ande pompe!et le cluqea de· porter au·buileu
« da :pt'8en.ts encore phu.beaux et ,plus ridles., pro:~) à ltro •Yoyés
à dm ·rail,•• pui. dana. Ill tnaors-qui àaient à la prde • o.~
le chambellau,. à, Mahdiya ,('9'1).
um r~All'w
·_v_:11..... - lt-
avec 1· .·1aç1:1ü.
1L.t..:· • 1o:.r sa .maison.
e r .~.~mpw,
"" "' - la p,upart
et 1 1
' d
,· es ~
_
"'
sioaaaims et auxiliaires (92).
La nouvelle f&idence ne cessa d'etre agrandie d .em1 bê1Ue·jusqu•à
sa mort.. ·Peu à peu,,les services de.l'administration. yfurent tran:sf&68
et de nombreux kairouaoais, négociants et bo·~ vinrent s*'y ber.
Aussi. Maœariya :n ·a1Jait-elle pas tarder--· surtout.sous le ·l igne d''al-
9
. - ! ~ ~
,..,..,n--h-
M.u &:- à· '-"'I. 'li't.,...,Q.f - d-
IUIIUÇ 1,.,..,
•__ • : .if,,.'"''""·• 8'1"8n..1ie
UII• 19,11;. Mm•-.ï•
U , .· ·~ ..:ne .Ul:ii
-...1 a.1.., ...YJU. ~ 1a ia!aa....,
.Il- ... l~...._
mai• aussi ville admini· traâ,,e· et cit6 commerçante~ ~ pendant lel
dernières annass du rèsne. de· son fondate.ur; elle~6tai.t ~ ~ le sym.
·t,ole vivant de la résurr,ect1on.de la.dynastie.. -
A la veille:d'y disparaître,. .Isml.'11 ,al-M.an1nr _po·uva:it s''°enorguei1-
li.r d',avoir su en peu de temps, remettre. sur ses rails. la. machine fati·
mide~ D. avait su sans br·oncher porter le. fardeau des responsabilités
et- endure
. -- - r' ,*91
~C ·- · MO'.... - une o-~··
- l'ini!f""--u.en - les fatt,êni1~ d ;, - . l n l l ~· ~ . . i11--,b1- .
O ~ . cc IRIP~ !IV. "- O
- • . . n.
1,a vu, au fil du récit dont~ da1 Idris n,o,us a gardé cotte ptéciieuse
compilation, .amm6 d.'u.ne foi inébranlable dans la.victoire de sa c8'u.e.
La révolte 6cras6e. il n'en a pu. moins, con.tinu6 ,à mani:Cester 'le mime
dévoùlmcnt profond pour le peuple dont Allah lui. a conA6 la charp1 1
le m!me amour pom ,cette« r.a1 iya » qu•u est pcr-suadé d'avoir sa.uwc
d''utn. péril œrtain, l'héraie barilite. Au11i.p6nétté de sa nussion spiri-
tuelle q,ue de so,n r6le. ·temporel, &JDi,I ~Maa,üt n'a. pas cesé. ,en
lmn:P5 de suem, comme après ,sa victoire.~d"oliir l'uemple d'un sou-
·verain de droit div.in, celui de l'imam impeccable,. préoccup6 de la
cond·mte des,Affaires ,de l'Etat mais.également soucieux de .faire triom-
pher :la cause, séoDlain de· ses ancetres fitimides.
2J7
Ne tarissant pas d'éloges sur son compte chaque fois qu'il en
évoque le souvenir dans ses propos au Cadi al-Nu'mln, son fils et
successeur al-Mu"izz n'h~te pas à le comparer à David dont
Salomon, comme lui-tneme, n'avait fait que développer l'œuvre colos-
sale (93). Et s'il fallait « voir en l'Homme à l'lne » une manibre de
grand homme, un personnage à la mesure de l'auteur de « la Légende
des sihcles » (94), la gloire d'al-M~Qr qui, au pml de sa vie, finit par
l'abattre, n'en serait que plus ~latante. Assu~ment, il est peu de mo-
narques musulmans qui, au Moyen-Age, aient fait montre d'autant
d1lérolsme que le troisième Calife fitimide.
218
Cha.p lue V
- ·o~ "•l!iJn,tllï
LE
, -~ " " '-IEtl'lt
1 •·• ~
l'i ' .. ~ ~ .. ~ E nJ.lwni'·Q··. :y-:-.-A
...
~ &' .ft.J&i&Y-.ILl.lll' ·
1 ~
·. ~
-1. . .. . . . , ·• -. ._ •
220
-
221
Du reste la voie à suivre est toute trao6e depuis le règne.du Mahdi.
Il s'agit de reprendre l'effort d'expansion, contrarié surtout par la
révolte barilite, ven l'ouest au Maghreb meme, et également en direo-
tion de l'Egypte ; donc continuer à regarder vers Cordoue et le trône
des ennemis héréditaires, les Umaiyades d'Espagne, et intensifier la
lutte contre leur infiuence au Maghreb extrême, mais aussi ne pas per-
dre de vue Bagdad et le trône des Abbassides usurpateurs. li s'agit en
fait de renouer avec la politique de prépondérance des Fitîmides,
fondée sur la légitimité exclusive de leur califat comme sur le devoir
sacré de faire le lihad à l'infidèle - l'infidèle étant en l'occurrence
l'empereur de Byzance et le dar al-lihad, la Sicile et la Calabre.
Au moment où il proclame son accession au trône de ses ancê-
tres, le jeune souverain a par conséquent arrêté son programme. Du
haut de sa cliaire, il en définit les lointaines perspectives sous la forme
d'une éloquente invocation : « Mon Dieu. soutiens-moi de Ton assis-
tance, ouvre-moi la porte de Ta victoire sur Tes ennemis, qui vivifiera
Ta religion, qui rendra puissante la nation de Mul,ammad Seigneur
des Envoyés. Accorde-nous de visiter son tombeau et de monter sur
sa chaire, de descendre dans sa maison, d'accomplir le pélerinagc à Ta
maison sacrée, de faire avec nos drapeaux la station aux Lieux Saints
illustres. Tu nous as donné, à nous et à nos défenseurs, une nouvelle
puissance ; Tu nous as soutenus, eux et nous, par Ton assistance ; Tu
nous as honorés par la victoire ; Tu nous as fait triompher des oppres-
seurs ; Tu as fait se courber devant nous la tate des rebelles. Déjà au-
paravant avait eu lieu l'aocomplissement de la promesse faite à nos
pères et à nos ancêtres. Or ce que tu as promis ne peut etre une fausse
promesse ... » ( 11).
La pacijiaJtion de la zone montagMUSe de /'Auris :
Le premier soin du jeune souverain, au lendemain de son intreni-
sation, est de restaurer l'autorité califienne dans la région montagneuse
de l'Aurès, refuge des tribus Huwwara, qui avaient été les soutiens
acharnés de la rébellion bari~te. Quelques semaines suffisent pour
achever les préparatifs de l'expédition, et déjà, au début de l'année
342/953, les colonnes Kutâma s'ébranlent de Man$ùriya, conduites
par al-Mu'izz en personne (12).
Lorsqu'elle atteint Laribus, l'armée fitimide entre en campagne.
Une colonne.commandée par le sanbali Buluggin b. Ziri attaque et
disperse des éléments Kamlân et Malila retranchés dans le mont
222
ôanla au sud de Bapya. Puis al-Mu•izz établit son quartier géQéral
dans cette place forte d'où ses troupes se mettent à parcourir en tous
aens la région montagneuse de l'Aurès et ffiluisent les tribus insurgées.
Enfin les Huwwira lui apportent leur soumission, et le chef des
Magrawa, Mul}.ammad b. U:azar, qui avait succédé, au commande-
ment de cette importante fraction Zanata, à son fri:rc Ma'bad tué, on
s'en souvient, aprà l'édicc d'Abtl Yazid, se résout à son tour à recon-
naitre son autorité.
Satisfait de son premier succès militaire, al-Mu'izz regagne Mao-
$Üriya après avoir confié à son affranchi Qay$8r le gouvernement de
Bagaya et la mission de pousuivre la pacification de l'Aurès. Cet offi-
cier esclavon devait s'acquitter au mieux de sa tâche. Il ne tardait pas
à obtenir le ralliement des chefs Huwwira et Zanata. Conduits à Mao-
$üriya, ils furent honorablement accueillis, surtout Mul;iammad b.
Uazar, et comblés de cadéaux.
Cette campagne de l'Aurès, men~ avec d~ision au moment
opportun, porta ses fruits. Désormais aucune menace sérieuse n'allait
peser sur l'lfriqya du côté de l'Ouest, et au surplus cette expédition
victorieuse rehaussait singuliàrement le prestige du jeune calife aux
yeux des populations ifriqyiennes comme chez les Berbères de
l'ouest (13).
223
honneurs, -à MllD,fGriya, leur seigneur Ztrl b. ManAd, ·et de le combler
de faveurs avant de le renvoyer dans ses possessions avec la mission
d'exercer le pouvoir en son nom sur le vaste territoire qui s'6tcnd de-
puis les confins du ZAb jusqu'à la limite de Tib.art (14).
224
Donc, sous 1a plume d'al-Nu<mân, 1a lutte hispano-fatîrnide pré-
sente deux aspects complémentaires : l'un militaire, l'autre de propa-
gande politique et doctrinale, qu'il convient d'examiner simultanément
pour mieux déceler 1a signiJication exacte et la portée des événements
qui vont se dérouler en Berbérie occidentale.
225
visées sur l'Espagne musulmane, à longueur de séance, et en présence
d'un émissaire officieux du monarque andalou arrivé chez un haut
dignitaire à Man~ùriya, al-Mu'izz ne se faisait pas, en vérité, beau-
coup d'illusion sur leur réalisation immédiate. Les agents qu'il entre-
tenait en Espagne même l'incitaient sans doute à la prudence ou le
renseignaient sur l'importance des effectifs militaires dont disposait
son rival pour faire face à toute agression venue d'Ifriqya. Il n'igno-
rait pas non plus les efforts que l'Umaiyade déployait pour maintenir
son influence au Maroc et y faire obstacle à une offensive des années
fatimides, ni les préparatifs qu'il avait entrepris dans les ports de la
côte orientale pour la défense du littoral andalou (21 ).
Pour passer à l'action, al-Mu'izz n'avait donc pas encore les mo-
yens d'entreprendre par le Maghreb extrême la conquête de l'Espagne
musulmane : l'entreprise était hasardeuse et risquait même d'aboutir
à un échec cuisant. Il savait néanmoins qu'il pouvait, sans trop de
dommages, lancer une expédition navale qui intimiderait son rival,
jetterait l'effroi parmi les populations, et prouverait qu'il était en me-
sure de défier l'adversaire chez lui et de le tenir à sa merci grâce à sa
redoutable marine.
En donnant l'ordre, peu de temps après l'attaque de son courrier,
à son gouverneur de Sicile, al-l;lasan b. 'Ali, de conduire une puissante
expédition maritime contre le territoire même d'al-Andalus, al-Mu'izz
entendait faire aussitôt une démonstration de force et marquer que
désormais le royaume de Cordoue devait vivre sous la menace d'une
invasion.
Lorsque la flotte fatimide atteignit la terre andalouse, Ibn al-
Kalbi jeta son dévolu sur le port d'Alméria. En choisissant d'attaquer
la principale place maritime de la côte orientale, il visait avant tout
la destruction des bâtiments de la marine espagnole qu'il savait y trou-
ver a.ncrés. Il incendia donc tous les navires et les chantiers de cons-
tructions navales, puis ses troupes de débarquement opérèrent une
descente dans la ville abandonnée par ses défenseurs au massacre et
au pillage. Enfin, chargée d'un important butin et de nombreux cap-
tifs, l'escadre fatimide regagna victorieusement ses bases d'Ifriqya et
de Sicile (22).
Quant au souverain espagnol, le caractère spectaculaire de ce
raid de la marine fatimide risquait de susciter la panique parmi ses
sujets et de porter une grave atteinte à son prestige s'il tardait à laver
226
t•,affr:on't~ D confia aussit6t à so,n affranchi ôilib la tlche d aller, à hl 1
que Gilib se heurta à une vive .résistance aux 1endroit1 de la côte q,u'il
1
plus loin. (24),. et q-ui. avait pour but d''ouv.rir un second. front en Sicile
et ,de disperser :les forces navales du Fiiimide a·u moment :mêmce ,o,ù,
Gihb deva·it. ,attaquer les po:rt.s ifriqyiens, lo'Uma 1court ésalementi
Du reste·, sans minimiser les dangers de la riposte .anda1o,use,.
al-Mu;zz s'attacha ·s·urto·ut,, aJrmme on le ·verra, ,à livre,r bataille .aux.
Grecs.. Devant. 'l'émissaire d.'al-Ni,ir, .à M·a · JOriya, venu demander·
une trive « pour p.réserv,er [e sang des .adeptes de :l+Islam »,, il en tire
un témo1gnage. de sa solUcitade en\iers les Mus:wmans, et met l'accent,
d UBe part sur son acbamemen.t ,à combattr-e les ch'rétiens., de rautr,e
91
Sur
--- so:n
_· .so:u1_ .d· e
C
_ :m
___..c-a
· . J
·:
iç.u, ·D·"' . . A·.,n
D'P.Ï" .les -d:·a-·1ou
,--_-s _p,ar
-~.-,ce· .q· -_:.._ .a._p.·p.· ft.....,=.e.nnent à Ja·.
_u'ils A,1. 11!,.,1! _ __ _ _
Seulement al-Mu'izz n'en est pas dupe. Dse rend compte que son
adversaire cherche à le dérouter par une correspondance ininterrom-
pue et se montre intraitable. Suffisamment renseigné par les espions
dont il disposait en Espagne musulmane sur les difficultés qu'éprou-
vait al-N~ir à avoir raison des successeurs de Ramiro II dans les ro-
yaumes chrétiens de Léon et de Pampelune, il doit sans doute trouver
228
le moment favorable à l'intensifiacation des hostilités, et proclame
donc, en présence de l'émissaire andalou, sa résolution de ne pas dé-
sarmer (28).
Dans l'attente d'une reprise des combats, les préparatifs vont
bon train des deux côtés, en lfriqya comme en Espagne musulmane.
On fait prononcer de part et d'autre, dans les mosquées de Cordoue
et de Man$üriya, des malédictions contre l'adversaire. Cependant
presque deux années s'écoulent avant qu'al-Mu'izz ne passe à l'offen-
sive. Cette fois c'est une opération terrestre de grande envergure qtte
le souverain fatimide décide d'entreprendre en direction du Maghreb
extrême et de l'Andalous.
Les chroniqueurs attac.b.és à retracer les hauts faits fournissent
sur cette expédition retentissante des renseignements abondants (29)
Quelques détails complémentaires d'al-Nu<man, dans ses « maga-
lis » (30), précisent les objectifs : tenant compte de l'éloignement du
Maghreb extreme, de son relief, en partie accidenté et coupé, et d'un
itinéraire particulièrement difficile, al-Mu'izz fait appel, pour le re-
crutement des troupes d'expédition, à des volontaires de guerre sainte.
Les jeunes Kutâma s'enrôlent en masse et manifestent en l'occurrence
beaucoup d'enthousiasme (31). Satisfait de leur empressement à le
servir et de leur bonne tenue, il fait puiser largement dans son trésor
de guerre pour leur distribuer d'importantes soldes, un équipement et
un armement suffisants. Avant le départ, il les passe en revue, et les
propos qu'il tient à cette occasion révèlent sa résolution d'étendre son
hégémonie à l'ouest de ses Etats. D'abord le souverain prend soin de
féliciter les jeunes recrues pour le 7.èle qu'ils apportent au soutien de
la cause de la famille fapmide. Il lea éclaire ensuite sur la tâc.he qui les
attend. Il ne s'agit pas pour eux de repousser une agression ou de pré-
venir une menace, encore moins de faire du butin et des prisonniers.
La ric.b.esse et la puissance de la dynastie sont telles qu'elles la mettent
à l'abri du besoin et des convoitises de l'ennemi. I.e but de leur expé,.
dition est donc l'accomplissement du devoir sacré du Aïhiid. Il leur
incomble ainsi de faire la guerre à quiconque prétend au califat, se
donne une titulature califienne et s'oppose à l'autorité de leur Imam ;
car Dieu a réservé le califat à la famille des descendants du Prophète
(par sa fille Fâpma). Il prescrit par conséquent à ses Auxiliaires d'en
combattre l'usurpateur. Enfin, al-Mu'izz recommande aux Kutama
de fraterniser avec les slaves sur le champ de bataille et félicite les
Huwwira et les Kamlin qui, après leur soumission, se mettent loya-
lement au service de la dynastie (32).
229
Si l'on ~ute al-Nu'amn, le prétendant au califat qu'al-Mum
entend châtier est le prince midrarite de Si~âssa, Ibn Wàsiil. Pour-
tant le souverain fatimide ne le désigne pas nommément. Qu'il ait
pensé, en s'adressant aux Kutâma, à cc dynaste qui venait d 'adopter
le titre de calife et le surnom correspondant d'al-Sâkir Billah. il n'y a
pas lieu d'en douter. Mais ses propos n'en concernent pas moins le
monarque régnant en Espagne musulmane qui, lui aussi, s'était arrogé
le droit au califat et avait ainsi usurpé un bien dont Dieu a doté exclu-
sivement la famille fatimide (33).
230
l'avait en effet supplanté dans leurs faveurs, le seigneur des Banü lfran
avait conçu un vif ressentiment et s'était mis à invoquer la tutelle des
Umaiyades. Il est possible qu'effrayé par l'arrivée de ôawhar dans la
province dont il assumait le gouvernement, l'lfranide ait jugé oppor-
tun d'afficher des sentiments de fi.délité à l'égard des Fatimides et de
recevoir leur général avec les égards qui lui étaient dus ; ce qui expli-
querait l'attitude loyale que lui prete Ibn Khaldün au moment
où ôawhar se trouvait sur son territoire (34).
Cependant ce dernier qui avait reçu de son maître des instructions
précises pour se débarrasser de son ancien vassal, ne manqua pas de
trouver prétexte dans un incident qui opposa des soldats de son arriè-
re-garde à des éléments ifranides en mal de pillage, pour ordonne-
l'arrestation et la mise à mort du chef des Banü lfran. lfgan, la rési-
dence princière que celui-ci avait fondée à l'ouest de Tahart, fut donc
saccagée, et son fils Y eddou, réduit en captivité. Ainsi sa fin tragique
et le rétablissement de l'autorité fatimide au Maghreb central portaient
un premier coup sévère à l'influence que le calife umaiyade s'efforçait
depuis longtemps de maintenir en Berbérie occidentale (37).
Puis ôawhar marcha sur Fès dont le maitre AJ:unad b. AbI Bakr
b. Sahl al-Oudami reconnaissait également le « protectorat » des
Umaiyades. Mais il se heurta à une vive résistance devant les murs de
cette ville et préféra décamper pour se rendre dans le Tafilelt. Dans la
capitale de ce pays, Siiîlmàssa, le dynaste midrarite, Mu}.!arnmad b.
al-Fat}) b. Wasül, avait abjuré le bariiisme pour embrasser le mali-
kisme et se proclamer calife (38). Selon une précision d'al-Nu'min, le
Midraride prit peur lorsque l'armée fatimide s'approcha de Sililmâssa
et tenta de s'enfuir, mais la population que des émissaires de ôawhar
avaient exhortée à l'obeissance l'en empêcha, se saisit de sa personne
et le livra au général fatimide qui s'empara ainsi de la ville sans coup
férir.
La reconquête de la capitale du Tafilelt qui interrompait une fois
de plus l'existence de la petite dynastie midraride, constituait pour le
souverain fatimide un succès considérable. En effet, l'échec de la ten-
tative de fonder un second califat orthodoxe non loin du premier,
l'umaiyade, qu'il s'acharnait à détruire, donnait s'il le fallait, une preu-
ve de la prépondérance du seul califat légitime à ses yeux, celui dont
il assumait la charge. L'événement signifiait donc que désormais lui
seul s'érigeait effectivement en « prince des croyants» (amir al-
Mu'minfn) de l'est à l'ouest de la Berbérie, en attendant d'étendre son
231
empire au reste du monde musulman. Aussi s'empressa-t-il de faire
frapper monnaie en son nom à Si~lmiisa pour remplacer celle qu'lbn
Wasü) avait fait graver au sien, avec cette inscription appropriée :
« Que la gloire de Dieu soit vénérœ » (taqaddasat •izzatu'llahi) (39).
Lorsqu'il reçut à Man~üriya les nouvelles pièces d'or, rapporte
al-Nu<miin, il en fit distribuer aux dignitaires de son entourage pour
rendre grâce à Dieu et invoquer sa bénédiction (40). Du reste la con-
qu!te de Si!ïlmiissa, centre caravanier d'une activité intensepourle
commerce des esclaves et de l'or soudanais, assurait au souverain fati-
mide le contrôle du second marché de l'or en Berbérie, le premier se
tenant dans son royaume même, dans )a province de Qastiliya. Elle
ajoutait ainsi aux richesses de son empire une source de prospérité
supplémentaire dont son rival umaiyade se trouvait dès lors privé (41).
Si l'on en croit certains chroniqueurs, ôawhar poursuivit sa mar-
che victorieuse à travers le Tafilelt et le Süs jusqu'à l'Océan Atlanti-
que (42) d'où il fit envoyer à son maître des poissons vivants dans des
jarres remplies d'eau. Puis le général fatimide remonta vers Fès qu'il
investit. Il l'emporta d'assaut grâce à la bravoure des contingents
Sanbap, le 20 Ramacjan 348/24 novembre 9S9. Ibn AbIBakret plu-
sieurs princes idrissides furent faits prisonniers et le gouvernement de
leur ancienne capitale confié à un officier fatimide (43).
Après la chute de Fès, toutes les autres villes du Maroc septen-
trional, à l'exception de Tanger et de Ceuta, ne tard~rent pas à tom-
ber entre les mains du général d'al-Mu•izz. Il ne restait donc à celui-ci
qu'à conquérir ces deux esclaves umaiyades pour achever l'annexion
du Maghreb extrême et excercer ainsi une menace directe sur l'Espagne
musulmane. A Cordoue, les nouvelles parvenues de la Berbérie depuis
la fin tragique de l'Ifranide Ya<Ja b. Mul;lammad étaient en effet de
plus en plus alarmantes. Le souverain andalou dut se résigner à voir
le Maroc basculer rapidement sous le joug fatimide, mais il se hâta
d'intensifier les préparatifs de défense sur la côte méridionale, notam-
ment à Alméria et dans sa région où il dépecha d'importantes trou-
pes de renfort (44).
Toutefois l'année 348/début de 960 ne s'était pas encore écoulée
que déjà le général fatimide prenait le chemin du retour vers l'Jfriqya.
Auparavant, il avait tenté en vain, selon Ibn <J:dâri, seul à en faire men-
tion (4S), de s'emparer de Tétuan et de s'aventurer jusqu'au détroit
de Ceuta. Quoi qu'il en rot, ôawhar ne semble pas pourtant avoir eu
232
alors comme objectif imm6diat d'entreprendre la conquete des deux
places maritimes marocaines, Tanger et Ceuta, tenues par des troupes
andalouses, et de pousser par con~uent plus haut, vers l'Espagne
musulmane, son arm6e ..,ictorieuse. Une telle entreprise exigeait sans
doute une préparation minutieuse, des effectifs en nombre suffisant,
et surtout l'intervention conjuguée de la flotte fapmide. Or cell~i
devait etre maintenue, à cette qx,que, sur le front oriental, en Sicile
et en Calabre, pour faire face à la flotte byzantine, en dépit de la treve
de cinq ans intervenue en 346/957-958, entre al-Mu<izz et Cons-
tantin VII. Du reste ce dernier mourut précisément en 959 tandis que
ôawhar poursuivait son offensive victorieuse au Maroc. Son fils
Romain I qui lui succéda sur le trône de Byzance préconisa aussitôt
une politique de redressement militaire grâce aux efforts de l'énergique
ministre Bringas et à l'ardeur du nouveau Domestique Nicéphore
Phocas. Seulement suspendues à l'Est, les hostilit~ risquaient donc
de reprendre contre les Grecs qui retrouvaient tout leur mordant sur
le front asiatique, face aux J:{amdanides, comme en M6diterran6e,
vis-à-vis des Fifimides (46).
D'ailleurs le souverain fapmide était en droit de se sentir large-
ment satisfait de la campagne fructueuse de son général. Son objectif
primordial, qui consistait à annexer les territoires du Maghreb extre-
me et à les soustraire à la tutelle andalouse n'était-il pas atteint, et le
prestige de son rival umaiyade sérieusement entamé 7 Aucun obstacle
de taille ne barrait désormais cette longue et difficile route vers
l'Espagne musulmane, et c'était beaucoup. Les puissants contingents
des Kutâma n'avaient dès lors qu'à attendre le moment opportun pour
revenir à la charge.
Reçu en triomphe à Man$0riya, Ôawhar ramenait en Ifriqya de
nombreux captifs dont plusieurs princes idrissides ainsi que les deux
rebelles de Fès et de SiAiJ.miissa, Ibn Abi Bakr et Ibn Wiisül. Les Idris-
sides furent traités avec clémence et générosité à cause de leur appar-
tenance à la Communauté Ji•ite. Quant à Ibn Abi Bakr et Ibn Wiisul
ils furent internés dans un vestibule du palais califien après avoir été
traînés ignominieusement sur des chariots fabriqu~ à leur inten-
tion (47).
Dans ses « mafa/ls », le Cac.li al-Nu<miin consacre quelques pages
interessantes à l'affaire de Sililmlisa et à la captivité d'Ibn Wislil l48).
Le prisonnier comparut plusieurs fois devant le calife fiipmide. Ce-
lui-ci cherchait, en l'interrogeant, à savoir les raisons qui l'avaient
233
incité à renier son imamat et à usurper le pouvoir en s'octroyant le
titre d'amir al-Mu'minîn. L'hostilité que les Berbères du Tafilelt
vouaient aux Fatimides semble, d'après les renseignements fournis
par Ibn Wasül, avoir été motivée par des considérations d'ordre, non
pas politique, mais doctrinal : en somme, al-Mu'izz était accusé dedé·
former la religion, de nier la prophétie de Mu}:tammad, et de s'ériger lui-
même en prophète. Les Midrarides, affirme al-Nu'm.iin, ne s'étaient
donc soulevés contre les Fatimides que parce qu'ils ignoraient lavé-
rité sur leur doctrine et qu'ils avaient une idée erronée de l'imamat
d'al-Mu'izz (49). D'ailleurs le célèbre faqih paraît s'être donné pour
tâche, au cours des entretiens avec le prisonnier, de le « convertir» et
de le« sortir de la voie de l'erreur ». C'est un homme, dit-il au souve-
rain, qui a lu les ouvrages de la « 'amma » (les Malikites), et qui, sem-
ble-t-il, croit, à cause de son tempérament de Berbère, qu'il n'y a point
d'autre vérité que celle qui lui était parvenue ; j'ai remarqué qu'il se
laissait convaincre, quittait le chemin de l'erreur et revenait à la vérité
quand on la lui expliquait clairement » (50). Enfin al-Nu'man insiste
longuement sur le repentir d'lbn Wasül mais ne dit rien du sort qu'on
lui fit. Quant à ses partisans, à SiAitmiissa. ils ne tardèrent pas, après le
retour de ôawhar en lfriqya, à mettre à mort le gouverneur qu'il leur
avait donné et à en désigner un autre à leur convenance, du nom de
Mun~ir b. Mu}:tammad b. al-Mu'tazz. Mais pour s'épargner la co-
lère du souverain fatimide, ce Mun~ir dut se rendre, en campagnie
des notables les plus en vue de Si~lmiissa, à Mall$üriya où ils appor-
tèrent leur soumission et implorèrent la clémence du calife. Celui-ci
eut la sagesse, après les avoir sévèrement blâmés, de leur accorder son
pardon et de les renvoyer dans leur pays, comblés de ses faveurs (51).
Quelques mois seulement après le retour triomphal de ôawhar,
l'lfriqya apprenait la mort du calife d'al-Andalus, 'Abd al-Ral}man li,
survenue le 15 octobre 961/2 Ramadan 350, et l'accession de son fils
al-Hakam au trône de Cordoue (52). L'événement paraissait favoriser
l'intrusion fatimide en Espagne musulmane dont al-Mu'izz caressait
le projet depuis une décade. Mais celui-ci avait à ce moment toute son
attention portée sur le front Est où les hostilités avec les Grecs venaient
de reprendre depuis la conquête de la Crête par Nicéphore Phocas,
le 6 mars 961/15 Mul}arram 350. La guerre avec Byi.ance allait désor-
mais l'occuper de longues années durant lesquelles il se contentera,
au Maroc, de maintenir sous son autorité les territoires conquis aupa-
ravant par son général ôawhar (53). Aussi se bomera-t-il à suivre de
loin l'évolution de la situation à l'Ouest, par l'intermédiaire des agents
234
qu'il entretenait au Maghreb extrême et en Espagne même. De son
cô~, le nouveau calife de ce pays, al-l;lakam II al-Mustan~ir Billah,
mettra à profit ce répit pour retrouver progressivement au Maroc l'es-
prit offensif dont son père avait fait preuve une dizaine d'années aupa-
ravant. Sa politique nord-africaine, à laquelle Lévi-Provençal consa-
cre quelques pages denses dont on va reproduire la substance avec
d'importantes données complémentaires puisées dans une source iné-
dite, les« Ab/cam » d'Ibn Sahl, se poursuivra, non sans succès, jusqu'au
départ définitif du souverain fâtimide pour l'Egypte (54).
A son avènement, al-l;lakam Il héritait des deux places maritimes
de la rive marocaine, Tanger et Ceuta, qui avaient échappé à l'offen-
sive victorieuse du général fâpmide. Son premier soin fut de renforcer
la seconde dont il fit achever les remparts en 3S 1/962. Puis il dispensa
les habitants, par rescrit, du paiement de toutes les contributions et
taxes spéciales prélevées par le fisc cordouan. Il veilla également, afin
de s'assurer le loyalisme des Berbères de la « 'idwa », à resserrer les
liens de clientèle avec les tribus perméables à l'influence umaiyade et
à ne pas ménager les largesses à leurs chefs. A l'intérieur même de son
royaume, il s'attacha, aussitôt après son intronisation, à consolider le
pouvoir de l'orthodoxie et, pour s'opposer à la propagande fatimide,
à pourchasser les partisans de l'hérésie si'ite et les agents de son rival
d'Ifriqya (SS).
A ce titre, le procès - qu'lbn Sahl est seul à rapporter - d'un
missionnaire d'al-Mu•izz, un certain Abü 1-ij'ayr, jugé et exécuté à
Cordoue au début du règne d'al-ijakam Il, illustre singulièrement la
ferme résolution du souverain espagnol de prévenir avec une extrême
vigueur toute tentative d'infiltration §i'ite dans son royaume. L'agent
fatimide se voit imputer le crime de lèse-foi (zandaqa), s'appliquant à
l'hétérodoxie mise en action contre la süreté de l'Etat. Aussi est-il
accusé en même temps de s'écarter du « ma(jhab d'al-Andalus », le
malikisme, en affichant ses préférences pour la doctrine « maudite »
(mal'üna) des maîtres de l'Ifriqya, et d'organiser à l'intérieur du pays
un vaste mouvement de propagande en faveur des Fâµmides en pro-
pageant leur doctrine, en méconnaissant la légitimité du califat umai-
yade et en préparant un soulèvement à Cordoue pour le compte de
l'anti-calife al-Mu•izz. Parmi les témoignages retenus contre cet Abn
1-ijayr, les plus importants retracent des faits d'ordre politique : on
l'accuse d'avoir mené une propagande active dans plusieurs villes,
notamment à Ceuta ; souhaité lever une armée de S. 000 cavaliers afin
235
de prendre al-bbra d'assaut et de s'emparer du pouvoir pour le com-
pte de son maître ; de s'être réjoui de la victoire de ôawbar au Maghreb
et de la prise de Fès ; d'avoir enfin prévenu publiquement de l'en~a-
bissement imminent de l'Andalus par les troupes du gméral fatimide
Le prooès, comme les développements qu'il connut, notamment
l'intervention du calife pour approuver la condamnation à la peine
capitale de l'agent fatimide et donner l'ordre de l'exécuter sans appel,
défrayèrent la chronique dans la capitale andalouse. Le bruit donné
à cette affaire serait un indice de la panique qui devait s'être emparée
de la population cordouane au lendemain de la mort de ·Abd
al-Ral;unan III tandis que les troupes de Ôawhar constituaient, depuis
la conquête de Fès, une menace sérieuse aux portes d'al-Andalus. La
réaction vigoureuse de l'orthodoxie officielle et l'intervention person-
nelle du successeur d'al-N~ir révèlent les inquiétudes des Umaiyades,
leurs appréhensions de voir ôawhar enlever d'assaut les enclaves de
Ceuta et de Tanger, puis lancer les légions Kutima sur leur royaume.
Cependant la vigilance dont al-l;la.kam Il fit preu,e dès son acces-
sion au trône et l'habileté de sa politique marocaine n'allaient pas
manquer de donner leurs fruits tandis que s'estompera au fil des an-
nées le péril fipmide. « A force d'intrigues, de distri.butions d'or», il
finit par ramener dans la mouvance umaiyade les Zanita et leur nou-
vel émir, Mu):iamrnad b. al-.ijayr, le petit-fils du seigneur des Magriwa,
Mu):iammad b. ijazar, qui s'était, on s'en souvient, rallié aux
Fatimides. Irréductibles, trop marqués par l'influence bariAite pour
accepter de bon gré la tutelle des Fitimides, les puissantes tribus
boita n'attendaient en effet que le moment opportun pour se soule-
ver contre le maître de l'Iifriqya et reconnaître l'autorité du souverain
wnaiyade. Au surplus, ce dernier pouvait aisément mettre à profit
l'évolution décisive que subissait à cette époque la politique extérieure
de son rival d'lfriqya et qui laissait au Maroc le champ de plus en plus
libre à l'expansion andalouse (56).
En effet, préoccupé depuis la fin des hostilités avec les Grecs, en
3SS/96S-66, par les succès militaires des Qarmates en Syrie, leur offen-
sive en direction de la vallée du Nil, leur tendance à renier ouvertement
son imamat, al-Mu•izz portait toute son attention sur le royaume ih-
sidite d'Egypte dont il méditait la conquête (57). Il consacrera ses
efforts, on le verra plus loin, dès que Kafour aura pris le pouvoir à
Fostit, et surtout à partir de la mort de ce dernier, à préparer la fa-
meuse expédition de 358/969 que commandera son capitaine favori,
238
ôawhar, et qui lui ouvrira la route de l'Orient. C'est précisément le
moment que choisirent les Zaniita pour relever la tête et favoriser la
progression de l'expansion umaiyade au Maghreb extrême. La lutte
d'influence que, depuis quelques décades, se livraient les empires umai-
yade et fatimide dans ce pays, connut alors sa phase ultime, avant le
départ définitif d'al-Mu<izz pour l'Egypte.
Des éléments Zanita bariptes, conduits par leur chef Abù ijazar
se soulevèrent dans le courant de l'année 358/968-969, au Zib, et effec-
tuèrent quelques attaques fructueuses dans la région de Bigaya tandis
que l'expédition d'Egypte se déroulait victorieusement. Al-Mu'izz
se hâta de marcher en personne contre les rebelles, mais ceux-ci se
dispersèrent et se retranchèrent dans le massif montagneux de l'Aurès
dès que Je souverain atteignit Bagiya. Aussi dut-il rebrousser chemin
et regagner sa capitale après avoir confié à son lieutenant Buluggïn
b. Z'ui, Je chef Sanhâgien, le soin de les pourchasser. Harcelé pendant
quelques mois, Abü ijazar se résigna à se rendre à Man~ùriya pour
se soumettre et solliciter sa grâce ainsi que celle de son compagnon
aba4ite, Abù Nüli, en Rabi' II 359/février-mars 970 (58).
A la même époque, l'émir des Zaniita, MuJ:iammad b. al-ijayr,
multipliait les incursions dans la province de Tahart. L'agitation qu'il
entretenait ainsi impunément au Maghreb central finit par inquiéter
le souverain fatimide qui s'apprêtait à transporter le siège de sa dynas-
tie en Egypte, et ravivait la rivalité traditionnelle qui opposait les
Zaniita aux $anhaga, chargés, depuis la fin de l'Ifranide Ya'la b.
MuI:iammad, de gouverner le territoire de Tihart et de les tenir en
respect. Le seigneur Zirî b. Manad confia à son fils Buluggin la tâche
de les attaquer sur leurs propres possessions à l'ouest de Tâhart, non
loin de Tlemcen. La rencontre eut lieu le 15 Rabi' II 360/16 février
971, et tourna à l'avantage des $anhap. Les Zanata subirent de lour-
des pertes, laissant sur le champ de bataille les cadavres de dix-sept
émirs ; leur chef, MuJ:iammad b. al-ijayr, préféra se tuer de sa propre
épée. Al-Mu'izz célébra solennellement cette victoire retentissante,
puis annonça la bonne nouvelle à ôawhar, en Egypte, lui adressant
en même temps les têtes de 3. 000 guerriers Zaniita ainsi que celle de
leur émir MuJ:iammad b. al-ijayr (59).
L'appoint des $anhâga permettait donc au calife fatimide, au
moment où il se préparait à quitter l'Ifriqya, de dresser un solide
rempart contre les menées subversives des Zanata, et de faire contre-
poids au soutien qu'ils n'avaient pas cessé d'apporter à la cause umai-
237
yade. Son hégémonie se serait ainsi maintenu au Maghreb en dépit
du fléchissement passager qu'elle venait de subir si une circonsantance
capitale n'était venue aussitôt lui porter un coup très rude : la défec-
tion du gouverneur de Msila, Ôa'far b, 'Ali, et la mort de Zïri b.
Manâd qui s'ensuivit.
La famille de Ôa'far, les Banü l;lamdün (60), avait accédé, on
s'en souvient, dès la fondation de la dynastie, à l'aube du Xè si~le
au premier plan dans la hiérarchie de l'Etat fatimide. Son père et son
grand-père s'étaient distingués au service des Imams, et le prestige de
la famille n'avait pas cessé de s'accroître dans leur ville de M'sila, la
capitale du Zâb, que le calife al-Qâ'im chargea 'Ali b. .l;famdnn de
construire, en 325/927. Elevé à la cour, à Mahdiya, ainsi que son frère
Yaf:iya, sous la garde paternelle du chambellan Gawdar, Ôa'far fut
le frère de lait d'al-Mu'izz, puis succéda à son père 'Ali comme gou-
verneur à pleins pouvoirs, à M'sila. Honoré et ménagé par le souve-
rain, il ne manqua pas pourtant de concevoir de plus en plus un vif
ressentiment au fur et à mesure qu'augmentaient la puissance et la
gloire de son voisin d'Achir, Ziri b. Manâd, l'émir des Sanha~. Une
forte rivalité finit par l'opposer à Ziri quand celui-ci se vit ajouter, en
plus de ses vastes possessions, le gouvernement de Tahart et les apa-
nages de l'Ifranide Ya'la b. Muf:iammad, ex;écuté par ôawhar lors de
son expédition triomphale de 347/958-959. Depuis, de nombreux dis-
sentiments se produisirent entre lui et le fils de Z-lri, Buluggin, que ses
succès militaires contre les Zanâta désignaient de plus en plus aux
faveurs d'al-Mu'izz. Le calife, rapporte Ôaw<Jar, dut s'imposer la
peine de tenir une séance spéciale pour eux deux, afin de trancher leur
différend et de les réconcilier {61).
Bien plus, le même ôaw<Jar laisse entendre que Ôa'far ne cachait
plus, sans doute vers les années 357-358/967-68-69, sa tiédeur, voire
une certaine animosité à l'égard d'al-Mu'izz. Une lettre du calife à son
chambellan donne lieu à le croire : <<Il faut - écrit-il - que tu recom-
mandes instamment à Ôa'far la fidélité personnelle et que tu lui de-
mandes d'observer cette fidélité avec tout ce qu'elle comporte néces-
sairement pour lui d'obligation à obéir à nos ordres » (62).
D'ailleurs le gouverneur de M'sila abusait de ses attributions et
ne versait au Trésor qu'une faible partie des revenus de la province
ôaw<Jar, auquel al-Mu'izz se plaint de la mauvaise gestion de son pro-
tégé, lui conseille de le destituer ; mais le calife préfère user de patience
et lui garder sa confiance à cause de la situation privilégiée acquise
238
par sa famille. Il écrit à ce sujet à son chambellan : « Dis-lui que le
devoir, pour celui qui est dans une situation pareille à la sienne, est
d'accueillir les faveurs avec reconnaissance et de déployer tout son
zèle pour accomplir les efforts louables et les actes agréables qui en
sont le gage, comme il le sait bien... Qu'il ne laisse prise contre lui à
aucune accusation d'incapacité ou de gaspillage qui nous amènerait
à l'interroger là-dessus et à lui demander compte. Qu'il fasse en sorte
de ne pas descendre l'échelle par laquelle son père s'est élevé jusqu'à
notre satisfaction et qu'il lui a laissée après sa mort ... » (63).
239
de M'sila (Ôumada II 360/avril 971). Faisant mine d'aller à sa rencon-
tre, il prit la route vers l'ouest avec sa famille, ses troupes et ses riches-
ses, et se rendit chez les Zaniita qui lui firent le meilleur accueil (66)·
La réaction d'al-Mu'izz ne se fit pas attendre. Il enjoignit à Zlri
de poursuivre le traitre et de le châtier. Le chef des Sanhâia attaqua
les Zaniita et leur protégé en Rama(jiin 360/juillet 971, dewc mois à
peine après sa défection. Mais les Zaniita et leur chef al-ij:ayr
b. Mul)ammad b. al-ijayr, qui avait à venger la mort de son père,
l'attendaient de pied ferme. Les Sanhiip subirent une lourde défaite.
Quant à leur chef Ziri, son cheval ayant fait une chute, il tomba awc
mains de ses ennemis qui le mirent à mort. Y~ya b. •AlJ, le frère de
Ôa'far, fut chargé, avec des notables Zaniita, de porter sa tete au sou-
verain umaiyade al-ijakam Il. Puis, à son tour, Ôa<far passa
en Espagne ; les dewc frères et leur suite y furent accueillis avec les
plus grands honneurs ; al-ijakam Il les reçut à Madinat al-2'.ahra avec
le plus grand apparat, le 25 ()u 1-Qa'da 360/19 septembre 971 (67).
On devine avec quelle amertume le souverain fatimide accueillit
dans sa résidence de Man~üriya, coup sur coup, la nouvelle de la dé-
fection d1bn ijamdün, puis celle de la perte du fidèle et dévoué émir
des Sanhip. Ne risquait-il pas, en effet, de perdre, au moment de
quitter définitivement le Maghreb, le bénéfice des efforts soutenus
qu'il avait déployés depuis son accession au trône pour y imposer sa
loi awc Zaniita et y anéantir l'influence de !'Ennemi traditionnel, les
Umaiyades d'Espagne ? Une riposte immédiate s'imposait donc, d'au-
tant plus que le nouveau chef des Sanhâia, le fils de Ziri, Buluggin,
avait hâte sans doute de venger la mort de son père. Aussi dépêcha-t-il
des renforts à Achir afin que Buluggin se mit aussitôt en campagne
contre les Zaniita (68).
Dès l'automne de la meme année 971/fin 360, ce dernier marcha
d'abord contre les tribus du Hodna et du Zib. Il fit un carnage de
Muziita, Huwwiira, Nafza et Zaniita vivant autour de Tobna, M'sila,
Bagaya et Biskra. Puis il se porta vers l'ouest, dans la région de Tihart,
massacrant sans pitié les Zaniita dont il poursuivit le chef, al-ij:ayr b.
Mul)ammad, jusqu'au Tafilelt. Il put enfin s'emparer de lui et le tuer,
mais il dut interrompre cette irrésistible campagne pour rentrer en
Ifriqya où le souverain fatimide, à la veille de partir pour l'Egypte,
allait, on le verra plus loin, le combler d'honneurs et en faire son suc-
cesseur pour tout le Maghreb (69).
240
Ainsi, pendant vingt ans, du jour de son intronisation jusqu'au
moment de quitter la Berbérie, le calife fat.imide al-Mu'izz ne cessa
point, on l'a vu, de poursuivre avec acharnement la lutte entreprise
d~ la fondation de la dynastie contre la monarchie umaiyade
au Maghreb extreme. C'est sous son règne que la rivalité ~ vive qui
opposa, d~ les débuts du Xè siècle, en Occident musulman, le li'isme
triomphant des imams d'Ifriqya et l'Orthodoxie malikite des deux
califes de l'Andalus, fut marquée par les actions militaires les plus
éclatantes, tels le raid spectaculaire d'Alméria en 9SS et la randonnée
triomphale de Oawhar en 958/346. Et c'est beaucoup plus à cause de
ses visées impéria1istes que par la ténacité de ses deux rivaux, al-Nâfir
et al-Mustansir, que ce conflit politico-religieux connut au milieu du
sHJCle ses moments les plus âpres. Depuis le début, le Fit.imide vit
tout le parti qu'il pouvait tirer d'une adhésion entière des $anbilla à
sa cause. Il sut resserrer les liens de clientèle qui les rattachaient à sa
famille et mettre à profit le vieil antagonisme tribal qui opposait ce
peuple s~entaire, fixé au Maghreb central, aux nomades Zauita, pour
subjuger ces derniers, faire pièce aux Umaiyadcs et étendre son hégo-
monie à l'ouest de sou royaume jusqu'aux portes de l'Andalus. Les
$auhilp ne tardèrent pas eu effet à devenir, après les Kutima, le fer
de lance de la puissance fat.imide eu Berbérie. C'est naturellement à
eux, qu'après avoir exploité à souhait leur force cousidérable pour
maintenir bien haut son prestige aux dépens de Cordoue, qu'al-Mu'izz
dut s'en remettre, avant de partir en Egypte, pour tenir en son nom ce
Maghreb qu'il quittait pour toujours.
241
sa revanche sur l'ennemi fatimide. Les Grecs rompirent donc la treve,
encouragés sans doute par le succès de leurs armes sur le front orien-
tal, face aux l;lamdanides de Syrie, et reprirent l'initiati'le des opéra-
tions en Calabre et en Sicile (70).
Dans le courant de l'année 344/95S-56, alors que la flotte fatimide
opérait en Méditerrannée occidentale contre l'Andalus, sous les ordres
d'al-l;iasan b. 'Ali auquel venait de succ&ler en Sicile, depuis deux
ans, son fils At.imad, une flotte grecque commandée par le Capitaine
de Vaisseau, le« Protocarabos », Basile, débarqua à Régio ; de là les
troupes grecques effectuèrent des incursions fructueuses contre les
positions musulmanes en Sicile, notamment à Termini et à Maz.ara,
détruisant des mosquées et tuant beaucoup de musulmans. Une esca-
dre fatimide arriva en renfort d'Ifriqya sous les ordres du frère d'al-
l;lasan, 'Ammar b. 'Ali, qui hiverna à Palerme puis passa à l'attaque
aux premiers jours du printemps. Bientôt, au début de l'année (345/15
avril 956 - 3 avril 957), son frère al-l;lasan qui venait d'effectuer une
descente victorieuse à Alméria, le rejoignit en Calabre (71).
D'abord les Grecs, commandés par le stratège Marianos, s'en-
fuirent devant eux et les deux frères semblent avoir eu le dessus selon
la chronique de Cambridge (72). Un seul vaisseau musulman fut pris
par les Grecs, mais sera restitué, rapporte al-Nu'min. Puis l'escadre
d'al-l;lasan fut prise dans une violente tempête qui la décima. Plusieurs
vaisseaux s'égarèrent, sur lesquels périrent de nombreux guerriers. Ce
désastre encouragea les Grecs qui s'emparèrent de douze navires mu-
sulmans près de l'ile d'al-Rahib; ils infligèrent de lourdes pertes aux
musulmans et firent un grand nombre de prisonniers. Ils prirent égale-
ment une forteresse sur la côte sicilienne, dont ils réduisirent la popu-
lation en captivité. Mais al-l;lasan tA.cha de redresser la situation,
équipa une autre escadre et partit en expédition contre la Calabre.
Elle fit naufrage à son retour ; le commandant 'Ammir b. 'Ali se noya
pendant la nuit ; son cadavre fut découvert au matin au milieu des
débris des navires ; il fut transporté à Palerme où on l'enterra (73).
En dépit de ces dures pertes subies par ses armes, Ibn al-Kalbi
réussit à tenir en échec les Grecs et les empêcha de dépasser la Sicile
et d'atteindre la côte ifriqyienne. Leur offensive, conjuguée avec la
riposte de la marine umaiyade de l'année 345f9S6-S1, et qui avait pour
but, affirme al-Mu'izz, au rapport de son biographe le Ca~
al-Nu'min, de toucher Mahdiya, tourne finalement court, au moment
242
mime oil 6cJloue,nt lems alliés espagnols., Soucie.me u ·ns doute de· :m .
1 1
, ,· _- ~lKii... ~....-:~o
d.,one u;;;.11..11,, .· ;!PA .... _.-..· ·p. ourl'IfrinVfl
n"' •a-rAC ~ ""I.J' -
- Un pa.· ....:i"tê p·o
_ __ _ _ u I'"""'"' .
:rte
.··.··- ur- d.-.'' un message
1
-- ·
impériaJ et chargé. de conclure la paix,, s'cmbarq·ua 4plement pour ,sc,
rendre· à Manfilriya (75) 1. .
,143
indirectement quelques renseignements utiles à sa politique orientale.
Le patrice - ajoute al-Nu'min - fut intimidé par l'appareil pom-
peux déployé pour l'accueillir et frappé d'admiration pour l'attitude
majestueuse d'al-Mu'izz et la dignité de ses propos. Après un bref
séjour à Mllll$0riya, il repartit pour Byzance, porteur d' une missive
califienne en réponse à celle qu'il avait transmise (78).
Conclu pour une période de cinq ans, le traité de paix reconnais-
sait donc la tutelle fatimide sur la province byzantine de la Calabre. Mais
en parlant de pacte entre al-Mu'izzet l'empereur de Byzance, al-Nu'mio
laisse entendre que cette ambassade de 346/957 aboutit à un accord
plus large, dépassant les limites d'une simple ttfve. Les événements
qui allaient se dérouler au Maghreb et en Syrie pendant les années
347/958 et 9S9 donnent à penser que, par cette ambassade, chacun
des deux souverains obtenait une liberté d'action, l'un contre
les l;lamdinides d'Alep, l'autre contre les Umaiyades d'Espagne.
Constantin VII devait juste avant de mourir, en 347-8/9S9, réorga-
niser la stratégie des thmies du front oriental, tandis que, de son côté,
al-Mu'izz lançait l'expédition retentissante de 347/958 sous le com-
mandement de ôawhar.
L'affaire de Crite (79) :
Cette treve fut rompue avant terme, en 349/960, dans des condi-
tions que le célèbre cadi al-Nu'min expose avec précision et clarté,
complétant heureusement les maigres données transmises par les chro-
niqueurs. La rupture eut lieu sur l'initiative du calife fâpmide en réac-
tion contre la reconquete par Byzance de l'lle de la Crète, sous le règne
du successeur de Constantin VII, Romain Il (80).
Conquise par une bande d'aventuriers venus d'Espagne musul-
mane au début du IX• siècle, après la révolte du Faubourg de Cordoue,
sous le Règne d'al-1:fakam I0 , la Crète devint le siège d'une petite dy-
nastie fondée par le chef de ces émigrés andalous, Abü l:laf$ 'Umar
al-Ballüti, qui, auparavant, essaya en vain de se fixer avec ses compa-
gnons d'infortune à Alexandrie. Depuis lors, pendant plus d'un siècle
et demi, les Byzantins tentèrent plusieurs fois sans succés de reprendre
l'lle. Cc n'est qu'après la mort de Constantin VIl, en 348/9S9, que le
nouveau Domestique et futur empereur Nicéphore Phocas, guerrier
animé d'une foi ardente et qui fut l'artisan du redressement militaire
de Byzance, entreprit enfin d'envahir cette possession byzantine et
d'en déloger ses occupants musulmans (81).
244
D'importantes troupes grecques débarquèrent donc en Crète le
IS Ôumida II 349/13 juillet 960, et ne tardkcnt pas à mettre le sibge
devant sa capitale Chandax. Cette ville leur opposa une résistance
acharnée et ne capitula que p~s de huit mois plus tard, le IS M~arram
JS0/6 mars 961. Entre-temps, les Musulmans de l'Ue demandèrent
secours sucoessivement aux ll)§idites et aux Fatimides (82).
Bien qu'appartenant à la Communauté abbasside et reconnais-
sant l'autorité de Bagdad, les Crétois dépendaient pratiquement des
Ib!idites dont ils étaient donc en droit de réclamer la protection et une
intervention militaire contre Byzance. Les émirs de l'lle avaient tou-
jours entretenus de bonnes relations avec les souverains égyptiens,
leur envoyaient de riches présents, et des bateaux crétois, chargés de
vivres et de marchandises, ravitaillaient régulibrement l'Egypte. Mais
l'lblidite Abü'l-l;lasan •AJi n'était pas en mesure d'assister efficacement
les Crétois ; soucieux de ménager ses forces pour faire face au péril
Qannate en Syrie, il se borna à lancer quelques navi.res en mer en
direction de la Crète. Un haut fonctionnaire de son entourage qui
était en relation avec al-Mu'izz - pcut~trc le vizir Ibn ICillis - écrivit
au calife fatimide pour le solliciter d'intervenir en faveur des Crétois
et dirigea ainsi sur al-Man~ùriya la délégation crétoise qui était venue
à Fostlt (83).
~tte démarche égyptienne, al-Mu'izz l'exploita habilement au
bénéfice de sa politique orientale et précisément en rapport avec ses
propres visées sur l'Egypte. Dana la réponse qu'il fit à son correspcn-
dant, le souverain adressa à l'Ib!idite une proposition d'alliaooc con-
tre Byzance assortie de conditions favorables aux Egyptiens qu'il lui
tenait à cœur de gagner à sa cause. Il prit soin, néanmoins, de pr6ciser
qu'il considérait sa propre intervention militaire en faveur de la Crète
comme l'acoomplissement d'une mission sacrée que Dieu lui avait
confiée, mais qu'on ne saurait lui faire grief s'il s'abstenait, puisque
le devoir de protéger cette île incombait à l'Emir d'Egypte : d'abord
plus proche de son pays que de l'Ifriqya, elle était surtout un centre
de ravitaillement pour son royaume et appartenait, comme ses pro-
pres possessions, à la Communauté abbasside. Toutefois al-Mu•izz
s'ingénia, tout en exhortant non sans ironie, l'lb!idite à s'acquitter de
son devoir de jihld, à dissiper ses craintes et à l'assurer des bonnes
intentions qu'il nourrissait à son égard : les navires égyptiens qui par-
ticiperaient à une action conjuguée contre les byzantins n'auraient
rien à redouter de la part de la flotte fafimjde. Ils seraient traités comme
245
s'ilJ-en faisaient partie et les combattants égyptiens auraient les memes
droits que les lfriqyiens au partage de butin. Enfin il s'engagea à envo-
yer sa flotte à la rencontre des navires égyptiens non loin d'Aleu.ndrie
et à proximité de la Crète, au port de Tu,nba en Cyréanique, et il fixa
le rendez-vous de cette rencontre au début de Rabi• II 350/juin
961 (84).
Quant à l'envoyé des Crétois, il fut reçu en audience avec une
grande sollicitude par le souverain fâpmide. Il décrivit la détresse de
ses compatriotes qui, abandonnés à leur sort, se mettaient sous sa
protection et l'appelaient à leur secours. Mais pour mieux plaider sa
cause, il s'efforça d'intéresser le calife à la conquête de l'lle et d'en
démontrer l'importance stratégique pour la politique d'expansion des
Fatimides : située à proximité du territoire byzantin et de l'Egypte,
la Crète permettrait non seulement de contrôler aisément l'accès ma-
ritime vers l'un ou l'autre pays, mais de s'assurer aussi la possession
d'une base idéale pour la conqu!te de Byzance et de l'Orient. Cet in-
térêt stratégique de l'lle qu'accentuaient ses richesses en matériaux de
construction navale, en minerais, et toutes sortes d'engins de guerre,
ne poU'tait laisser al-Mu•izz insensible aux arguments judicieux des
Crétois. Il n'hésita pas en effet à prendre la décision de secourir les
Musulmans de l'lle et fit part à leur envoyé de sa détermination de
réaliser leurs espoirs : l'ordre de préparer la flotte avait déjà été donné,
et si les Crétois s'étaient empresser de demander son appui, les na"ircs
fâpmides auraient volé à leur secours beaucoup plus tôt. Enfin, s'e-
vertuant à ne motiver son intervention que par l'obligation du tihàd,
sans pourtant cacher ses visées expansionnistes fondées sur la promesse
que Dieu fit de rendre les descendants de Fàµma maitres de toute la
terre, al-Mu<izz invita l'ambassadeur des Crétois à séjourner en
lfriqya jusqu'au départ de la flotte et dépecha en Crète une délégation
conduite par deux Crétois pour annoncer à sa population l'heureuse
nouvelle de l'arrivée imminente de la flotte fatimide {8S).
Dans l'attente de lancer cette expédition maritime, le souverain
fipmide prit l'initiative de rompre la trêve avec Byzance. Il dicta, en
présence des dignitaires de l'Etat, une lettre destinée à Romain II pour
lui signifier la rupture du pacte établi quatre années plus tôt avec son
père Constantin VII. Dans cette missive dont le texte a été conservé
également par al-Nu•man dans ses « mafiills », al-Mu<izz propose à
l'empereur de lever le si~ge de Chandax et d'évacuer l'ile, ou d'assu-
mer, s'il s'y refusait, la responsabilité de la rupture de la paix et la
246
reprise de la guerre. Pour justifier son attitude, le souverain fatimide
ne s'embarrasse pas d'arguments faisant appel au coran ou à l'histoire
byzantine : son geste en faveur des Crétois était d'autant plus légitime
que ceux-ci s'étaient mis sous son autorité en s'adressant à lui. Meme
si la Crète faisait partie de l'empire abbasside, cela ne saurait ôter aux
Fatimides le droit d'intervenir contre Byzance car leur devoir était de
pallier à la faiblesse des Abbassides. Du reste, la Crète et le monde
tout entier leur appartenaient par la Volonté de Dieu. L'empereur
devait donc, selon al•Mu'izz, renoncer à occuper la Crète et ne pou-
vait s'estimer en droit de s'y maintenir, l'ayant conquise de force et
usurpée à la faveur de la carence abbasside. Définissant ainsi ce qu'il
considérait etre la voie de la Vérité, le souverain fatimide invita enfin
Romain JI à s'y conformer et à respecter le pacte qui les liait, et lui fit
endesser la responsabilité d'une reprise éventuelle des hostilités (86).
Telle qu'on vient d'en exposer la substance, la relation du ca9i
al-Nu'min se borne, on le voit, à raconter la phase diplomatique du
conflit engagé entre les Fatimides et Byzance à propos de la Crète.
L'intervention militaire a-t-elle eu lieu ? L'auteur des « maplis » n'en
souffle mot et les maigres indications des chroniqueurs sont à ce sujet
imprécises et douteuses.
La flotte fitimide, on le sait, devait se joindre aux navires égyp-
tiens en Cyrénalque en juin 961. Or la conquete de la Crète s'était
achevée trois mois plus tôt avec la chutte de Chandax le 6 mars 961.
D'autre part, l'envoyé des Crétois était venu à Man~üriya durant le
siège de leur capitale qui donnait l'impression de devoir se prolonger
bien après le dur hiver de l'année 960-961. On peut donc en déduire
que le souverain fatimide fut pris de court par les événements,
et qu'ayant appris, au début du printemps la prise de Chandax, tandis
qu'il préparait l'expédition maritime, il renonça à envoyer sa flotte en
Crète. Si la flotte flµmide qui était à l'époque très puissante, s'était
rendue au secours des Crétois, un tel événement, quelle qu'en eilt
été l'issue, aurait eu un retentissement tel qu'il est impensable qu'il,
ne laissât point d'écho dans quelque source arabe ou chrétienne.
D'ailleurs al-Mu'izz ne semble pas avoir été bien pressé de livrer
la bataille de la Crète. Trop habile pour minimiser les forces déplo-
yées par Byzance, il n'a sans doute pas voulu se hlter d'engager sa
flotte si loin de ses bases d'Ifriqya et de Sicile. Dans l'immédiat, l'avé-
ncment servait singulièrement sa propagande en Egypte qu'il songeait
à envahir et où il cherchait à se rapprocher de l'aristocratie et des
247
anirs. Son premier soin ~ t donc, en attendant l'évolution de la situa-
tion, d'en tirer rapidement le meilleur bénffice en s'adressant à l'lblld
et à Romain Il de manière à affirmer son rôle de d6fen.seur de l'Islam.
248
Un autre corps de troupes, plac6 sous les ordres du cousin
d'A\tmad, al-l;lasao b. 'Ammlr, mis le siège au mois de Rapb
352/juillet-aoOt 963, devant Rametta, forteresse imprenable dont les
habitants demandèrent secours à Byzance (88).
L'offensive fat.imide co1ncidait avec une intensification de la guer-
re sur le front syrien entre les Byzantins et les l;lamdanidcs. Auréolé
de sa victoire en Crète, Nicéphore Phocas avait pris le commandement
d'une puissante expédition contre les possessions de Sayf al-Dawla
en 351/962. Après avoir emporté d'assaut Anzarbus et Hiérapolis, il
mit le siège devant la capitale des l;lamdànides, Alep, dont il s'empara,
à l'exception de sa citadelle. Puis le Domestique se replia et regagna
Byzance avec de nombreux captifs et beaucoup de butin (89).
Ses exploits en Syrie achevèrent de le couvrir de gloire et de le
désigner à la succession de Romain II, l'année suivante, en 352/963.
Dès son intronisation, le nouvel empereur reprit en direction de la
Syrie son offensive irrésistible, mais s'empressa également de porter
assistance à ses sujets de Sicile. Il équipa une importante escadre qu'il
dirigea sur la Grande Ile sous les ordres de son général Manuel et du
commandant Nikétas, entourés de nombreux patrices. Le corps expé-
ditionnaire byzantin dont les chroniqueurs soulignent la puissance en
l'évaluant à près de 50. 000 hommes, débarqua en Sicile non loin de
Ramena et s'empara sans difficulté de Messine et de 'Iermini au mois
de Sawwal 353/octobre-novembre 964 (90).
De son côté, le souverain fatimide dép&:ha des renforts en Sicile
sous le commandement de son meilleur amiral, l'ancien gouverneur
de l'Ue, al-l;lasan b. 'All. Celui~i fit sa jonction avec les troupes de
son fils Ahmad et tenta de se porter au secours de son neveu al-l;lasan
b. 'Ammar qui risquait d'être pris à revers et écrasé par l'armée byzan-
tine devant Rametta. Mais il s'attarda à livrer bataille près de Termini
et al-l;lasan dut affronter avec des troupes nettement inférieures en
nombre et insuffisamment équipées, la puissante année de Manuel
Phocas.
L'officier kalbite répartit ses hommes en quatre colonnes ; tandis
que l'une d'elle devait lll.aintenir .le blocus autour de la forteresse afin
d'empêdler sa garnison d'effectuer aucune sortie, et que deux autres
avaient pour tâche de défendre l'accès vers Rametta pour ses deux
vallbs, la quatrième colonne avait à subir sous son commandement,
le choc au contact de l'armée ennemie. Au lever du jour, à la faveur
249
du mauvais temps, al-l;{asan attaqua son adversaire qui engagea la
bataille sans avoir pris son dispositif de combat. Surpris par le mor-
dant des troupes musulmanes, les Byzantins, qui s'attendaient à n'en
faire qu'une bouchée, finirent par céder et se replier en désordre. En
battant en retraite ils culbutèrent dans une « fosse » (l;lufra), une vallée
profonde et étroite à laquelle la bataille doit son nom, et furent massa-
crés par milliers. Plusieurs patrices y trouvèrent la mort ainsi que leur
chef Manuel. Après s'être emparé du camp ennemi, al-l;{asan resserra
l'étau autour de la forteresse qu'il enleva d'assaut. Ramatta subit le
même sort que Taormine ; abandonnée par ses habitants, cette forte-
resse inexpugnable fut repeuplée de musulmans transférés des autres
régions de l'ile. Du reste, ces deux places fortes ne tarderont pas à être
détruites (358/969) lorsque leurs habitants refuseront de couper le
bois destiné aux chantiers de constructions navales (91).
Les débris de l'armée grecque réembarquèrent à messine en di-
rection de la Calabre. A\lmad b. al-1:fasan qui tentait de leur couper
la route de la retraite, lança à leur poursuite les unités de sa marine.
Les vaisseaux grecs furent rattrapés et détruits au cours d'une bataille
navale qui se déroula dans le détroit de Messine. Le commandant de
la flotte, Nikétas, fut tué. Après cette éclatante victoire, le chef kalbite
soumit plusieurs villes de la Calabre et imposa aux populations chré-
tiennes le paiement du tribut avant de regagner Palenne. Dans le camp
musulman, la joie était telle que le vieil amiral al-l;{asan en mourut
le 18 t)Q 1-Qa'da 354/15 novembre 965 (92).
Cette bataille de Sicile qui suivait la rupture du pacte aussitôt
après la reconquete de la Crète, s'acheva donc par un triomphe des
armes fatimides. Le désastre subi par son corps expéditionnaire incita
Nicéphore Phocas à traiter avec al-Mu'izz. Valeureux guerrier, il mesura
après cette déroute, la puissance du souverain ifriqyien à sa juste valeur
et chercha à nouer avec lui de bonnes et durables relations en envoyant
à M~üriya un émissaire nommé Nocholas. La paix retrouvée en
Sicile et en Calabre, l'empereur la mit à profit pour s'illustrer contre
les Bulgares et poursuivre ses succès en Syrie, tandis qu'al-Mu'izz
portait aussitôt .ses regards sur l'Egypte (93).
250
son « lftital, al-Da'wii » que non seulement le di'i Idris, mais aussi
les chroniqueurs suruùtes, ont souvent démarqué (94), sans ses « ma-
lilis », ce travail n'aurait jamais vu le jour. Le mérite essentiel du
c:6lèbre faqih isma•ilien est de nous avoir permis d'éclairer singulière-
ment la phase magrébine sur laquelle on no savait que peu de choses
à travers des sources squelettiques et indigentes ; car l'intéret de l'œu-
vre d'al-Nu'min, qui mourut aussitôt après le départ d'al-Mu<izz
pour l'Egypte (95), ne concerne précisèment que cette époque obscure
qui décourageait toute recherche historique. Donc, avant sa décou-
verte, l'histoire de la dynastie ne commançait à sortir de l'ombre qu'à
partir du moment où nous sommes arrivés, avec la conquete
de l'Egypte et le transfert de l'Etat dans ce pays. Dès lors les Fatimides
cessaient d'appartenir à ce Maghreb lointain et terne, et, avec leur
apparition, à l'Est, dans le « prestigieux » ma§riq, la documentation
devenait abondante et la lumière soudain d'autant plus vive que les
chroniqueurs de la tradition orientale leur consacraient désormais de
longs et riches développements (96).
Ainsi l'histoire des Fatimides n'était suffisamment connue que
dans sa phase égyptienne. Pour les quelques années qui intéressent
notre sujet, soit de 358 à 362/969 à 973, les historiens disposent en efl'et
depuis longtemps d'une matière satisfaisante destinée à mettre en
relief la conquete de l'Egypte et l'installation des Fatimides dans cette
province de l'empire abbasside. Aussi, dans cette partie du règne d'al-
Mu'izz, un peu plus de quatre ans, l'expédition d'Egypte constitua-
t-ello l'événement capital et absorbe toute l'attention des chroniqueurs
orientaux, depuis Ibn Zill!q jusqu'à al-Maqrizl (97).
Mais lorsqu'on examine leurs diverses relations, on s'aperçoit
que la source fondamentale est Ibn Züliiq que compile Ibn Sa'id dans
son « Mugrih », Maqrizi dans ses « Ui1a1 » et dans son « ltti°ii1 », et
que copie également le da'i Idris dans ses « Uyün al-a/}biir ». Mort en
387/991, al-l;lasan b. Züliiq a l'avantage, comme le cadi al-Nu'miin,
d'avoir été contemporain des événements qu'il rapporte. Egyptien,
cet érudit que distingue son goüt marqué pour l'histoire, autant que
l'Andalou Ibn ij:ayyi.n ou son compatriote Maqrizi, se révèle un témoin
oculaire et impartial, et nous laisse sur les quatre années pendant les-
quelles ôawhar occupe son pays et le gouverne jusqu'à l'arrivée d'al-
Mu'izz, de pr~eux renseignements. Grâce à lui, on possède depuis
longtemps une vue bien nettre du bouleversement politique et social
provoqué par l'irruption des Fatimides sur la scène orientale. Ce sont
251
donc de larges extraits de son œuvre importante - qui compte notam-
ment une sira de ôawhar, une autre de Mu•izz, et le « Kit6b fa44'il
Misr » reproduits par Maqrizi et Idris, que nous allons surtout mettre
à profit pour exposer le développement de la politique orientale d'al-
Mu'izz jusqu'à son établissement dans sa nouvelle capitale sur les
bords du Nil.
On n'a pas oublié comment, dans les premières années de son
règne, le calife fatimide al-Mahdi tenta à deux reprises, mais sans
sucœs de conquérir l'Egypte, et laissa échapper l'occasion propice
d'envahir l'Espagne musulmane qu'une situation défectueuse, à l'ad-
nement du jeune émir 'Abd al-Ral;tman m, rendait une proie facile.
Lorsque, avant de mourir, le Fatimide s'aperçut de l'opportunité d'é-
tendre son autorité au Maghreb extrême et éventuellement à l'Espagne,
le monarque cordouan, devenu calife, avait déjà consolidé son pou-
voir et mis son pays à l'abri du péril §i'ite (98). Après al-Qi'im et al-
Man~ür, enti~ement absorbés par la révolte bariAite, ce fut dans le
sens inverse que le quatrième calife, al-Mu'izz, engagea immédiate-
ment sa politique extérieure : son premier objectif fut, au contraire,
le Maghreb occidental et l'Andalus, et on ne le voit diriger ses regards
vers l'Egypte et l'Orient que pendant les dernières années de son règne
en Ifriqya.
AI-Mu'izz ne parait pas, en effet, avoir eu oomme al-Mahdi, les
yeux constamment braqués sur l'Orient d'où ce dernier avait émigré
et où il avait hite de retourner en conquérant. Ifriqyien de naissance,
formé au Maghreb, il est, comme son père al-Man~ür, profondément
attaché à ce pays dont les problèmes politiques et sociaux lui sont bien
familiers. Si effectivement les deux premiers souverains fatimides sem-
blent étrangers à ce pays et agissent comme tels, sous l'attraction de
cet Orient dont ils gardaient une vive nostalgie, le troisième et le der-
nier calife, eux, sont des magrébins, autant que les émirs aglabides ou
les monarques de souche berbère, qui du XI0 au XIV0 siècle, gouver-
neront l'Afrique du Kord (99).
Lorsqu'il porte son attention sur l'Orient, al-Mu'izz est parvenu
à l'apogée de sa puissance. Il est le maitre incontesté de toute la Ber-
bérie et de la Sicile, et son prestige n'a rien à envier à celui de son rival
espagnol ni à celui de l'empereur des chrétiens. Son renom dépasse
largement les frontières de son royaume à l'Est où il eclipse sans peine
les dynastes qui tiennent les provinces dissidentes, l'Egypte, la Syrie
252
ou le tJurisin, et aussi son rival de Bagdad, Je calife abbasside. D 'ail-
leurs, plus d'un demi-si~e s'est "°ulé depuis les deux raids infruc-
tueux d 'al-Qi'im contre l'Egypte ; alors, en d~it du faible al-Muqta-
dir, l'~ergie des Abbissides n'était pas encore totalement épuisée,
et dans un s\lr&aut de vigueur lem général Mu'nis eut raison de son
adversaire fitimide. Mais depuis, leur puissance a sensiblement décliné
avec la dislocation de leur empire. Les califes abbassides ont fini par
perdre tout pouvoir effectif au ~éfice des émirs Buyides devenus,
dbs 334/94S, les véritables maîtres de Bagdad (HlO). Le contemporain
d'al-Mu'izz, al-Muti', n'est plus qu'un simple jouet entre les mains
du Buyide Mu'izz al-Dawla. Dans les provinces autonomes de Syrie
et d'Egypte, le pouvoir de ses vassaux. n'a pas tardé non plus à se dé-
composer. Après des débuts étincelants, les l;lamdinides, affaiblis, ne
sont plus arrivés à contenir les assauts répétés des Byzantins contre
leurs possessions (101). Quant aux lbS1dites, leur puissance n'a pas
survécu à l'énergique Mu.tiammad b. Tuü, mort en 335/946. Ses suc-
cesseurs n'ont en fait, exercé qu' une autorité fictive, laissant de force
le trône de Fostit à un eunuque abyssin, le fameux Kafour. Celui-ci
a poursuivi une carri~e médiocre, troublée de révoltes et de complots
aux dépens des héritiers légitimes d 'Ibn Tuü. Et c'est au moment où
la mort de l'Ib§idite Abu'l-l;lasan 'Ali en fit le maître exclusif
de l'Egypte que le souverain fatimide commença à manifester ses vi-
sées sur ce pays. Mais Kafour ne régna qu'un peu plus de deux ans,
jusqu'à sa mort le 21 ôumida 1357/29 mai 968 (102).
253
Du reste, bien avant d'envoyer ses armées contre l'Egypte, le
calife fapmide avait pris le soin d'intensifier ses contacts sec,ets avec
l'aristocratie ib!ldite. Ses missionnaires « travaillaient » depuis long-
temps le pays où la propagande isma'ilienne avait été très active, on
l'a vu sous les règnes d'al-Mahdi et d'al-Qi'im Seule la crainte de per-
dre son trône empêchait K.afour de répudier l'allégeance abbàsside et
de proclamer la suzeraineté d'al-Mu'izz dont il reçut mes émissaires
avec faveur. Les dignitaires de l'Etat ne cachaient plus leurs sentiments
pro-fatimides et se mettaient en rapport avec le souverain ifriqyien
pour l'inciter à conquérir leur pays (103).
254
Ce durcissement de l'attitude des qannates à son égard, puis leur
pénétration en direction de l'Egypte par la Syrie méridionnale, eurent
pour eft'et, à coup sOr, de pousser al-Mu'izz à activer les préparatifs
militaires en vue de les devancer sur les bords du Nil. La mort
de K.afour vint donner le signal que son royaume était maintenant à
la merci des qarrnates et que, pour les Fatimides, l'heure d'envahir
l'Egypte et de marcher à nouveau sur l'Orient avait enfin sonné.
La campagne fut organisée avec soin. Le souverain veilla minu-
tieusement à ses préparatifs. Dès l'année 3SS/96S-66, Gawhar se ren-
dit en Petite Kabylie, chez les Kutâma, et dans d'autres régions du
Maghreb, pour lever des troupes et percevoir les redevances dues par
les Berbm'es; il ne devait en revenir qu'au mois de Mui;larram 3S8/fin
décembre 968, ramenant hommes et argent (106). Le gouverneur de
Barqa, Afla\l b. Nilib, reçut l'ordre de faire creuser des puits et d'a·
ménager des étapes sur la longue et difficile route du désert lybien.
D'autres part une grande activité fut déployée au port de Mahdiya ;
le directeur de la marine, « MutawAlli al-Bal)r », l;lusayn b. Ya'qi1b,
dont le père Ya'qüb b. lsi;lâq b. al-Ward, un frère de ijalil, fut amiral
sous al-Mahdi et al-Qa'im, se fit pourvoir en matériel nécessaire à la
construction de navires et à l'équipement maritime. Il se hâta de mettre
en chantier des vaisseaux de guerre dans l'arsenal qui pouvait contenir
plus de deux cents bateaux et abriter de grandes quantités d'après et
d'approvisionnements. Il fit construire notamment sur autorisation
du calife, dix « ~andal » du modèle des grandes barques. Les habitants
de certaines forteresses de Sicile, dont Agrigente, Taormine et Rametta
furent contraints de couper le bois pour alimenter les chantiers de
constructions navales (107).
Pour le financement de l'expédition, al-Mu'izz eut recours à des
moyens extraordinaires ; il se rendit lui-mSme en 357/967 à Mahdiya
et ramena du palais de ses pères SOO charges d'or (108). Le préposé au
Trésor à Man$ûriya, l'esclavon Nu'8yr, fut envoyé comme préfet à
Tripoli où il réalisa, en un an, sur les finances de la province, d'impor-
tantes 6conomies destinées aux dépenses de l'année de terre et de la
flotte (109). Le chambellan Gaw<far, de son côté, apporta une impor-
tante contribution : il versa au trésor de guerre « tout l'argent qu'il
avait amassé à la suite des heureuses mesures qu'il avait prises en ven-
dant des produits des magasins de l'Etat et en faisant rentrer l'arriéré
des impôts ; à cela il ajouta encore ce qu'il offrit de sa propre fortune
pour faire une œuvre pie ; cette somme atteignit le montant de 122.000
255
dinars» (110). D'autre part, db son retour de sa tournée au Maghreb,
Gawhar eut la haute main sur les finances du royaume afin d'en con-
trôler la gestion en tenant compte des sommes n~ires à sa cam-
pagne. De cette manière une réserve liquide de 24.000.000 de dinars
fut contituée. Le calife fit entasser les caisses d'or dans son palais à
Man,ilriya puis les préposés aux finances en dressèrent l'inventaire et
les disposèrent dans les chambres fortes solidement verrouillées (111).
En plein hiver de l'année 3S8/969, Gawhar s'installa au camp
suburbain de Raqqada, au milieu d'innombrables troupes, presque
100.000 hommes disent les chroniques (112), et avec un trésor de guerTe
de plus de 1000 caisses d'or. Tombé malade, il reçut plusieurs fois la
visite du souverain qui lui témoigna de grands éprds. Des instructions
furent données aux princes du sang et aux dignitaires de l'Etat pour
l'accompagner, le jour du départ, en mettant pied à terre et en mar-
chant de chaque côté de son cheval. Les gouverneurs, eux aussi, reçu-
rent l'ordre de l'accueillir pied à terre et lorsqu'à Barqa, le fier Aflall
b. Nüib lui offrira 100.000 dinars pour qu'il l'en dispensât, il se heur-
tera à un refus et se verra contraint de marcher à la hauteur de son
étrier (113). Puis al-Mu<ïzz se rendit au camp où il passa quelques
jours pour lui faire ses adieux. Enfin le départ eut lieu, le samedi 14
Rabi' l 3S8/6 février 969. Ce fut un jour grandiose. Entouré des princes
et des dignitaires, le souverain tint à accompagner son général. Celui~
baisa la main de son maitre, se prosterna jusqu'à dq,oser ses lèvres
sur un sabot de son cheval, puis se mit en route. Derri~re lui s'ébranla
la puissante armée dans un nuage de poussi~ si épais « que l'horizon
s'en trouva obscurci» dit le poète Ibn l{anï, « et que la lumière du
soleil en fut éteinte» (114). Ob qu'il fut de retour dans son palais
al-Mu'iu s'empressa d'ôter son habit et de le faire porter à ôawhar
en signe de sa haute estime (l 15).
Lentement, à la tête de ses lourds contigents, le général fapmide
s'avança en direction d'Alexandrie et n'atteignit les confins du royaume
ib&idite qu'au bout d'une longue marche de presque trois mois. A
Fostat, la population s'agita lorsqu'au mois de Ôumâda li/avril-mai,
le bruit de son arrivée imminente se répandit avec persistance ; les
nombreux adeptes de la da'wa isma'ilienne s'apprêt~rent à l'accueillir
en brandissant les drapeaux que leur avaient distribués les missionnai-
res afin de lui prouver la soumission des habitants éprouvés depuis
longtemps par l'anarchie et la disette. Quand l'armée approcha
d'Alexandrie, le vizir Abü ôa'far b. al-Furit, que des émisuires de
256
ôawhar avaient contacté secrètement, tint conseil avec les dignitaires
et les notables : leur assemblée finit par écarter toute attitude belli-
queuse et pencher pour des négociations avec l'adversaire. Une délé-
gation fut désignée et son chef, un 'alide de la branche ijussainide,
Abü ôa'far Muslim b. 'Ubayd Allah, fut choisi à dessein, en raison
de sa parenté avec la famille fap.mide, pour aller porter à ôawhar leur
soumission et conclure avec lui un traité garantissant la sécurité des
personnes et des biens. Le départ de cette délégation eut lieu solennel-
lement à al-Ôiza, le lundi 18 Ra~b/6 juin, en présence d'une foule
considérable de dignitaires, de juristes et de notables. AbQ Ôa'far et
ses compagnons rencontrèrent le général fap.mide à Tarüta, non loin
d'Alexandrie, qu'il venait d'occuper sans combat apr~ avoir accordé
!'aman à sa population (116).
Rédigé avec soin et à l'avantage des Egyptiens par ôawhar lui-
même qui avait exercé auparavant, déjà sous le règne d'al-Mantür,
les fonctions de secrétaire de la Chancellerie, « kâtib », le traité de
capitulation dont Ibn Zülaq a conservé le texte intégral (117), présente
un intér!t double : c'est d'abord un témoignage éloquent de la propa-
gande habile par laquelle le général d'al-Mu'i.zz entendait gagner à la
cause fip.mide la population du pays, marquée par l'orthodoxie sun-
nite ; c'est aussi une définition de la politique qu'il comptait appliquer
au cours d'une phase transitoire, en attendant la consolidation du
nouveau régime.
Le premier souci du général fatimide en s'adressant aux Egyptiens
est de calmer leurs appréhensions. Une suite favorable est donnée à la
démarche effectuée aupm de lui par leur délégation dont il cite les
membres : Abü Ôa'far Muslim b. Sarif, Abü Isma'il al-Russi, Abü
1-Tayyib al-Hilimi, Abu Ôa'far Al}mad b. Nqr et le cadi en chef Abü
1-Tihir. L'amân qu'il consent à leur accorder concerne les personnes
et les biens, s'étend à l'ensemble du pays et témoigne de la bienveillance
du calife al-Mu'izz à leur égard. Du reste, l'obéissance qu'il est en
droit d'exiger d'eux, n'est destinée qu'à assurer leur propre sécurité et
leur bonheur. Ainsi ôawhar se garde bien de trahir dans son écrit les
visées impérialistes de son maître et maquille ingénieusement l'objec-
tif de l'expédition : son but n'est pas de subjuguer le pays mais de pro-
téger les Musulmans de la domination et de l'avilissement en les met-
tant à l'abri de la menace qarmate et du péril byzantin. Les Musul-
mans d'Orient sont depuis longtemps exposés aux méfaits des qarma-
tes et des Grecs en raison de la carence des Abbassides. Aussi la tâche
257
de l'année fatimide consiste-t-elle à combattre l'ennemi afin de d6livrer
les Orientaux de la terreur, de leur permettre d'accomplir le ~erinage
en sécurité, et de rétablir l'ordre et la paix (118).
Pour mieux rassurer la population, ôawhar fait état des instru~
tions califiennes l'engageant à étendre la justice, à faire triompher le
droit, à redresser les torts, à défendre l'opprimé et à agir avec bonté et
mansuétude. Il annonce également des réformes bénéfiques propres
à améliorer la situation sociale et économique du pays : remettre les
routes en bon état et les rendre sOres en éliminant le brigandage ; veil-
ler à l'acheminement des vivres et des provisions ; modifier la frappe
de la monnaie en supprimant la fraude et en lui affectant un titre supé-
rieur identique à celui de la monnaie du type« man$ùri » (119) ; abolir
les contributions extraordinaires. Mais de toutes les mesures qu'il se
propose de prendre, celle qui institue la liberté du culte est de nature
à produire le meilleur effet sur la population. ôawhar promet aux
Egyptiens une tolérance religieuse totale : chacun est libre de suivre
la doctrine à laquelle il appartient, on continuera donc à s'acquitter de
ses devoirs religieux comme par le passé selon l'usage établi par les
Compagnons du Prophète, les « tàbi'ün n de la génération suivante et
les faqihs des différentes écoles juridiques. On observera le Coran et
la Sunna dans l'accomplissement des obligations de l'appel à la prière,
de la prière, du jeûne, de la dîme, du pèlerinage et du !i]lâd. L'Islam
est en effet une voie « sunna » unique et une même loi « wi'a » à sui-
vre par tous (120).
En s'engageant à être aussi tolérant, ôawhar, non seulement dis-
sipe les craintes des tenants de !'Orthodoxie, mais aussi réfute indirec-
tement les accusations portées contre les Fatimides coupables à leurs
yeux d'avoir altéré la religion et introduit dans l'exercice du culte main-
tes innovations réprouvables. Rien de ce qui touche à la doctrine is-
ma'ilienne ne transpire sous sa plume. Sans doute cache-t-il ses véri-
tables intentions, mais le moment n'est pas de prêcher les croyances
ismâ'iliennes ni d'imposer les pratiques culturelles en vigueur depuis
déjà une soixantaine d'années en Ifriqya.. Son souci primordial est de
ne pas choquer une population attachée au sunnisme. Il se home donc,
en renouvelant !'aman de manière à en souligner le caractère bienveil-
lant, à glorifier les Imams défunts et son maître, !'Emir des Croyants,
al-Mu'izz li-din Allah . D'ailleurs il n'exige de la part de la population
rien d'autre que l'obéissance et un accueil loyal le jour où il franchira
le Pont du Nil et atteindra les lieux bénis où il dressera son camp. En
258
oontre-partie, il fera honneur aux engagements qu'il vient de prendre
devant sept témoins instrumentaires dont les membres de la déléga-
tion déjà cités, à l'exception d'Abu Ôa'far Alµnad b. Na$r, et trois
autres notables qui sont Mul;lammad b. Muhallab b. MuJ;iammad,
·Amr b. al-l;lârit b. Ml$lmmad, et le fils du cadi Abü Tàhir, Abü
Ya'la Mul;ismroad (121).
Traités dignement et comblés de faveurs, les membres de la dél6-
gation s'empressèrent pourtant de prendre congé de ôawhar lorsqu'ils
apprirent la réaction hostile, à Fostât, des éléments de l'armée ~i-
dite. Averti également de leur attitude, le général fatimide voulut se
délier de ses engagements, mais il dut se raviser, sur les intances d'Abü
ôa<far. Il tint néanmoins à faire reconnaître par le Cac,ii en chef que
l'usage des armes serait licite, « l;ialàl », s'il se trouvait forcé d'y avoir
recours.
Le 8 Sa"ban/28 juin, la délégation était de retour à Fostat. Accueilli
en grande pompe par le Vizir Ibn al-Furàt, son chef, Abü Ôa'far, lui
remit l'acte d'arosn. Le vizir en donna lecture en présence des digni-
taires et des notables. Mais les officiers ib§idites et kafourides refusè-
rent de l'approuver et se mirent aussitôt en état de guerre après avoir
désigné comme émir l'un des leurs, Nal;lrir ôuwayzân. Ils rassemblè-
rent leurs troupes, dressèrent leur camp à al-Gazira, prêts à résister à
l'armée fiµmide et à lui barrer l'entrée de Fostât,
Lorsqu'il atteignit al-Ciza, le 11 Sa'ban/1 er juillet, ôawhar ob-
serva les troupes ibsidites, en état d'alerte sur l'autre rive du Nil. Il
ordonna à son lieutenant Ôa'far b. FalàJ:i b. Abi Marzüq, un Kuti-
mite, de traverser à la tête d'un détachement, et de leur livrer combat.
Puis il se replia vers le village de Saliqàn d'où il comptait traverser à
son tour aprês s'être emparé des bateaux venant du Delta, des ports
de Tinnis et de Damiette. Battus par Ibn Faial,, les éléments il}sidites
se débandèrent dans la nuit du lundi 16 Sa'bin/6 juillet, et se retirè-
rent en direction de la Syrie (122).
· Dès le lever du jour, Abü ôa<far adressa un message à Ôawhar
au nom de la population restée en dehors de cette tentative de résis-
tance, pour le .féliciter et solliciter de nouveau l'aman. Le général fati-
mide répondit favorablement et chargea un émissaire de brandir un
drapeau portant une inscription au nom d'al-Mu'izz et de faire le
tour de la ville en signe de paix, en compagnie du Préfet de Police de
la Cité, 'Ali b. al-ijusai.n b. Lu'lu'. Le lendemain mardi 17 Sa•ban/7
259
juillet. il fit ,on entrée solennelle à Fost!t- Il fut accueilli à al-Oiza
même, en grande pompe, par Abu Ôa'far et les autres « draf» de
souche ·alide, le Vizir Ibn al-Furit, le corps des Cadis, des Faqihs et
des t6moins instrumentaires, les principaux négociants et les rep~
sentants de la plèbe. Tout le monde mit pied à terre, à l'excep-
tion d'Abll Ôa'far et du Vizir, pour défiler un à un devant lui et le
saluer. Puis, par vagues successives, l'armée traversa le pont tendu
entre al-Ôïza et Fostat et établit son camp au nord de la ville. C'est là
qu'imitant le geste du calife al-Man~ûr qu'il avait vu fonder Sabra
al-Man$llriya au lendemain de sa victoire sur Abll Yazid, il traça l'em-
placement d'une nouvelle cité qu'il dénomma aussi M~iiriya et qui
sera bientôt appelée al-Qahira. Il entreprit aussitôt d'en creuser les
fondations afin de construire le palais califier et d'en élever les rem-
parts (123).
Le vendredi suivant, le 20 Sa'bin/10 juillet. fomit à ôawhar l'e»
casion d'effectuer sa première sortie officielle. Il se rendit sous bonne
escorte à la mosquée de 'Amr pour y accomplir la prière. Auparavant.
le Ca4i de l'armée, •AJi b. al-Walid al-llbili (124), y avait procédé à
des distributions d'aumône « ~adaqa » aux nécessiteux. Le sermon
fut prononcé par un certain Hibat Allah b . A\)mad qui suppl6a le
prédicateur en titre, 'Abd al-Sami' aI-·AbbassI. Il porta pour la œr6-
monie des vêtements blancs et prononça l'invocation en faveur du Ca-
life al-Mu'izz en lisant un texte rédig6 à dessein, sans doute
par ôawhar lui-même. La formule met en évidence le nom et la titu-
lature du souverain fatimide et se borne à une mention gén6rale des
Imams en attendant l'inclusion, quelques semaines plus tard, des noms
de 'Ali, Fatima, I;lasan et J;Iusayn. Elle contient une allusion à l'hég6-
monie fatimide sur le monde musulman, avec citations coraniques à
l'appui, et exalte l'effort déployé pour accomplir l'obligation du
lihad (125).
Du camp même, où il venait de s'installer parmi les soldats,
ôawhar s'attela sans retard aux tâches qui l'attendaient .Son premier
soin fut de réorganiser l'administration : il rétablit les anciens fonc-
tionnaires mais fit assister certains d'entre eux par des agents maghr6-
bins ; ainsi le vizir Ibn al-Furiit fut maintenu à la tête des services de
l'Etat ; le cadi Abü 1-Tiihir conserva également ses fonctions. Quant
au responsable de l'impôt foncier, •AJi b. Yal;lya b. al-'Aramram.U
dut exercer sa charge en association avec un officier kutimite Rap•
b. Sülat ; la juridiction de la « bisba » fut attribuée à un nouveau titu-
laire Abu ôa'far al-ij:uriisiini. Certaines taxes impopulaires furent
260
abolies et les biens séquestrés ill6galement sous l'ancien r6gime furent
restitués à leurs propri6taires. L'ancien atelier mon6taire tülünide fut
remis en 6tat pour frapper une nouvelle monnaie, dite « monnaie rou-
ge » en raison de la perfection de son titre-or, et la substituer à la mon-
naie en cours, d6préciée depuis longtemps ; des instructions furent
donn6cs pour lever l'impôt dans la nouvelle monnaie ; cette mesure
accentua les difficultés 6conomiques déjà aggravées par la famine et
une s6rliercsse prolongée ; les prix accusèrent une hausse sensible et
le muotasib dut sévir contre les marchands de bl6 et les meuniers (12S).
Cependant l'ordre et la sécurité furent rapidement rétablis. Le
gén6ral fitimidc tint au début à assurer personnellement la juridiction
des « maùlim » ; les séances hebdomadaires eurent lieu le samedi en
présence du Vizir, du Cadi en chef AbQ Tihir et des juristes les plus
6minents ; la charge fut ensuite restituée à son titulaire AbQ 1:si b.
Muriid (127). La tol6rance religieuse promise dans le traité de capitu-
lation fut observée d'abord scrupuleusement. Ainsi la rupture dujeQne
se fit, au camp de l'armée fatimide, scion la pratique isma•ilienne du
calcul ; la prière solennelle en commun eut lieu au camp meme et fut
dirigée par le Ca<ji de l'armée ·AII b. al-Walid. Mais, à Fosf.ât, le ca4i
Abü Tâhir se conforma à la tradition sunnite : ayant guetté en vain
l'apparition du croissant de la nouvelle lune, il prescrivit le trentième
jour de jeQne et la fete canonique ne fut donc célébrée que le lende-
main ; la prière en commun eut lieu à la mosquée du •amr, et le ser-
mon fut prononcé par un hi~imite (128).
Cette attitude du cadi ne manqua pas d'irriter ôawhar qui enten-
dait exercer l'autorité spirituelle et temporelle au nom du calife fati-
mide sur une meme et unique communauté. Courant donc le risque
de remettre en question la tol6rance qu'il s'était engagé à instituer, le
général fatimide commença aussitôt par interdire la lecture de la sou-
rate « Exalte le nom de ton Dieu » (129) au cours de la prière du ven-
dredi et la s6ance du « takbir » qui avait lieu à la fin de cette prière.
Quelques mois plus tard, le 8 lumida I 359/samedi 19 mars 970, il
accomplit la prière du Vendredi à la mosquée d'Ibn Tulin où ; pour
la première fois, la formule « Venez à la meilleure des œuvres » fut
ajoutée à l'appel de la prière, le « qunut » (station prolongée) introduit
dans la seconde inclinaison « rak·a » et la « basmala » prononcée au
début de chaque sourate et du sermon. Le 26 du meme mois, les mo·
difications dans l'exercice du culte furent 6tendues à la mosquée de
·Amr {130).
261
V i La conquête de la Syrie
et la guerre contre les Qarmatcs
262
mouvement le 18 mu\larram 359/1 décembre 969, marcha sur Ramla
que tenait l'Emir ib§idite appuyé par le chef qarmate ibn Gazwân (134).
ôa'far mit à profit le désordre qui régnait dans le pays et les dissen-
sions entre les officiers ib~dites pour isoler les forces d'ibn T .iü. Ce-
lui-ci réclama en vain le secours de ses lieutenants de Damas,
de Tibériade et de Jérusalem, que des messages de Ôa'far avaient in-
cités à faire dissidence. Dès lors les forces unies ibsidites et qarmates
stationnées à Ramla n'étaient plus en mesure de tenir devant l'armée
fâpmide. ôa'far n'eut aucune peine à les battre. Faits prisonniers,
Ibn Tuü et Ibn Gazwan furent envoyés à Fostât puis déportés en
Ifriqya. Après la prise de Ramla, ôa'far marcha, au mois de rapb
359/mai-juin 970 sur Tibériade où commandait un mamlouk Kafouride,
Fâtik. Ayant réussi à dresser ce Fatik contre son maître, un autre offi-
cier kafouride, Mulbam, il s'empara sans difficulté de cette place
forte (135).
Dès qu'elle atteignit donc les faubourgs de Damas, dans les pre-
miers jours de cju'l-l;liUa, l'armée fatimide se heurta à une vive résis-
tance. Encadrés par des éléments du « Aund » qui avaient refusé de
déserter avec leur chef, et animés par quelques notables dont Abü
1-Qâsim b. Abi Ya'la, al-'Abbâssi, les habitants tentèrent de livrer
bataille en divers points aux portes de la ville, notamment à al-Sam-
masiya. Mais, sévèrement battus le jour de la fête des Sacrifices, samedi
10 du 1-l;liUa 359/14 octobre 970, ils se résignèrent à capituler. Loin
de faire preuve de masuétude comme son chef à Fostât, ôa'far laissa
ses hommes sévir contre les vaincus. Des notables venus lui demander
263
l'aman furent malmenés et deux d'entre eux furent tués. Enfin le géné-
ral fatimide fit son entrœ dans la ville le vendredi 16 du'l-l;liBa 3S9/20
octobre 970. Il accomplit la prière publique dans la mosquœ d'Omar
puis se retira dans ses campements extra-muros. Cependant de nom-
breux soldats berbères qui ne purent s'empêcher de se livrer au pillage
furent rués par la foule. En guise de chitiment, ôa<far imposa à la
population une lourde contribution de guerre (137).
La conquête de Damas semble avoir grisé le chef k:utAmite. Imi-
tant le geste de Gawhar aux lendemains de la prise de FostAt, il fit
construire un palais sur l'emplacement de son camp et donna l'ordre
à ses troupes de bâtir des maisons et d'aménager des marchés. Son-
geait-il ainsi à faire pousser aux portes de Damas une cité identique à
celle du Caire 7 Emulation naturelle sans doute, ou plutôt envie que
l'officier kutamite ne manquait pas de concevoir à l'égard du général
favori d'al-Mu<izz. D'ailleurs Ga<far ne tarda pas, dès la prise de Da-
mas, à adresser son courrier directement à M~llriya au nom du
calife fatimide, entendant prouver ainsi son indépendance à l'égard
de Gawhar. Vivement irrité, al-Mu•izz le lui retourna tout scellé et
lui intima l'ordre de n'écrire désormais qu'au nom et par le truchement
de Gawhar dont il ne devait pas oublier qu'il n'était que le lieutenant
et qui commandait en chef toutes les troupes d'expédition {138).
264
A'ffi:. l'instrusion des forces berbères en Syrie sous la bannilirc
fipmide et leur campagne victorieuse, la menace que le maitre du
Maghreb tendait à faire peser sur la capitale abbasside se faisait plus
lourde encore, et incitait donc les forces antagonistes au sein de l'em-
pire abblsside, buyides, ))amdinides et qarmates, à s'allier contre
l'ennemi commun. Dans cette alliance avec les Qarmates, Buyides et
l;lamdanides trouvaient assurément leur compte. Elle pr~ntait l'a-
vantage de mettre les Qarmates, ces rebelles irttductibles, avec ces
autres hér6tiques ismaélitns, ces hordes berbères venues du lointain
Maghreb.
A Damas : l'officier kutimite ôa'far b. Falab semble avoir été
surpris par l'offensive des Qarmates dont il minimisait manifestement
la puissance. Il avait commis l'imprudence de disperser ses efforts et
d'envoyer ses troupes combattre les Grecs dans les régions septentrio-
nales de la province syrienne, à Antioche, à Tibériade et dans te terri•
toire d'Alexandrctte où ses hommes, placés sous les ordres de son
afl'ranchi FutO.I), subirent de graves reven et durent battre en retraite
vers Damas (141).
De sa nouvelle base du Caire, le général fipmidc ôawhar, qui
devait mesurer toute l'importance de la force qarmate, s'était empressé
d'envoyer en Syrie les renforts que son maitre al-Mu•izz avait dépê-
chés du Maghreb sous le commandement de Sa<ada b. l;laiyin. Il confia
à ce dernier le soin de tenir la place de Ramla pour fermer la voie d'ac-
cès principale vers l'Egypte (142).
Quant à ôa•far b. Falib, faisant fi des Qarmates, il alla à leur
rencontre sans avoir entrepris les préparatifs néceMaires. Aussitôt le
combat tourna à l'avantage des troupes qarmates qui taillèrent en
pi«es les Berbères, tulircnt leur chef et reprirent Damas. Pris de pani-
que, le corps d'armée en garnison à Ramla se replia sur le port pales-
tinien de Jaft'a où son chef Sa'ida disposait d'unités de la flotte prêtes
à gagner, le moment venu, la côte égyptienne (143).
Donc la tentative des Fatimides de pénétrer au cœur de l'empire
de leurs rivaux abbassides tournait court. Avec la défaite d'lbn Falil;i,
le retour de Damas sous l'obédience qarmate empêchait les Kutama
de prendre pied en Syrie. Pis encore, la route de l'Egypte s'ouvrait
sans aucun obstacle devant les hommes d'al·A·$1Ull. Désormais la
lutte qui devait naturellement opposer les forces fatimides et abbassi-
des allait se r6duire singulièrement à un affrontement entre ôawhar,
265
prudemment retranché dans sa nouvelle base au bord du Nil, et le
chef des Qarmates que sa victoire devant Damas rendait encore plus
mordant.
De sa capitale ifriqyienne, Ma~üriya, le calife fâµmide al-Mu•izz
suivait sans doute avec inquiétude le déroulement de la campagne
syrienne. L'affront infligé à ses armes par les « renégats » qarmates
risquait de porter une grave atteinte à sa double qualité de souverain
et de chef impeccable, lmâm, de la communauté isma'ilienne. Décidé-
ment les dissidents qarmates se mettaient en travers de sa route vers
Bagdad. Bien pis, ils exerçaient désormais une menace bien vive sur
ses nouvelles possessions des bords du Nil. ôawhar était certes de
taille à tenir tête à al-A'$am et disposait de troupes assez fortes pour
réister victorieusement aux visées qarmates. Néanmoins les revers
subis par ses armes en Syrie pouvaient causer à la da'wa fàtimide en
Orient de graves préjudices et compromettre sa politique d'hégémonie
à l'égard du rival abbasside.
Que le souverain ait songé, autant que son arrière-grand-père, le
Mahdi, depuis un demi-siècle déjà, à quitter l'Ifriqya dès que ses par-
tisans auront conqui l'Egypte, de nombreux indices autorisent à le
penser et les historiens n'ont pas manqué, on l'a vu, de les relever avec
insistance. Il est nécessaire toutefois d'expliquer autrement une telle
intention à la lumière de l'attitude politico-doctrinale de la prédication
fâtimide à l'égard des Abbâssides considérés, autant que les Umaiyades
d'Espagne, comme des usurpateurs, détenteurs illégitimes du pouvoir
sur tous les musulmans de la terre. Il est surtout indispensable de lier
le départ définitif d'al-Mu' izz pour l'Egypte, non pas tant à la con-
quête de cette province de l'empire convoité, mais plutôt aux revers
essuyés par les armes fatimides devant les dissidents qarmates.
C'est donc au revirement des Qarmates, marqué par leur abjura-
tion de l'ismâ'ilisme et l'entrée de leur chef al-A'$am sous l'obédience
des Abbâssides qu'il faut imputer - on ne saurait trop y insister - la
décision prise par al-Mu'izz, aussitôt après la fin tragique de son offi-
cier kutâmite ôa'far b. Falâl) et dès qu'il se rendit compte de la gra-
vité de la poussée qarmate en direction de l'Egypte, de rejoindre son
loyal affranchi ôawhar sur les bords du Nil et de transporter dans sa
nouvelle capitale du Caire le siège du califat de ses ancêtres.
Tandis qu'à la veille de quitter définitivement l'Ifriqya, al-Mu'izz
veillait en personne au déroulement des préparatifs et s'évertuait à
266
régler le problème délicat de sa succession au gouvernement du
Maghreb, Gawhar s'apprêtait à faire front, sur les bords mêmes du
Nil, aux troupes qarmates. Plus prudent que son lieutenant Ibn Falal;l,
et à coup sftr mieux averti des choses de la guerre grâce à une longue
expérience de l'art militaire, Gawhar s'en tint à une stratégie qu'il
avait vu mettre à l'épreuve avec succès par al-Ma~ùr au cours de sa
campagne contre Abü Yazid (144).
•
Loin de s'aventurer à la rencontre de l'ennemi sur les vastes éten-
dues désertiques du Sinal ou plaines du Delta où les montagnards
lcut!ma se seraient placés en fâcheuse posture au contact de troupes
mieux habituées à se mouvoir et à combattre dans le désert, le général
d'al-Mu,zz préféra s'enfermer dans sa nouvelle base et livrer combat
à l'intérieur des tranchées au pied de l'enceinte fortifiée fraichement
élevée, comme al-Man~ür sut le faire à Sabra, sous les murs de Kai-
rouan, pour briser les assauts répétés du rebelle barijite.
Les places de Tinnis et d'al-Qulzum répudièrent l'autorité fati-
mide dès que la poussée qarmate en direction du Delta se fit sentir
après la prise de Ramla, d'où le lieutenant de Gawhar, Sa'âda
b. };laiyàn s'était hâté de se replier sur la base maritime de Jaffa (14S).
Dès le début de l'année 361, les troupes d'al-A'~am, grossies d'é-
léments tribaux arabes, notamment des Tayy et des 'Uqayl, parve-
naient jusqu'à al-Faramà et envahissaient la basse vallée du Nil En
quelques semaines, l'autorité des nouveaux maître de l'Egypte était
réduite à la capitale du pays et à la nouvelle cité bâtie à la lisière orien-
tale de la vieille ville. Le vendredi Je• Rabi'I/22 décembre 971, les
troupes qarmates atteignirent le Caire d 'où, abrité derrière le fossé qui
barrait à l'est l'accès vers la ville, Gawhar leur livra un combat incer-
tain qui se poursuivit pendant toute la journée du samedi. L'engage-
ment décisif commencé dimanche, au lever du jour, devant les tran-
chées, tourna au désavantage des Qarmates dont le chef, al-A'~am,
dut battre en retraite, laissant les charges de son convoi à la merci des
pillards 'Uqayl et Tayy (146).
En vérité l'échec du Qarmate devant les remparts du Caire était
d'autant plus cuisant que la « fitna » grondait dans sa capitale d'al-
A1,tsà' où son abjuration de l'isma'ilisme et sa reconnaissance de la
tutelle abbasside n'avaient pas manqué d'aliéner à sa cause une im-
portante fraction des tribus qarmates demeurées fidèles à la da'wa
ismà'ilienne. Les partisans de l'imamat fàtimide qui avaient soutenu
267
avec z:hle le parti d'al-ôannlbt et combattu pour le triomphe de la
cause des Imams d'Ifriqya au cœur même de l'empire abbasside, ju-
geaient le moment venu, sans doute, de réagir contre la politique aven-
tureuse d'al-A·fllDl et se laissaient facilement gagner à cet eff'ct par les
exhortations des missionnaires que l'imam n'avait point cessé, à coup
sOr, d'entretenir au Bahrain. Aussi le chef qarmate s'empressa-t-il de
regagner sa capitale pour y redresser une situation que sa défaite de-
vant la Caire risquait de détériorer flcheuscment (147).
268
VI : La d6signation de Buluggin b. Ziri, chef
des ~anhap, comme lieutenant en lfriqya
et le départ d'al-Mu'izz pour l'Egypte
269
Dans ce pays difficile à gouverner, où la population arabe et ber-
bère, en dehors des Kutama et des slaves, piliers de la dynastie, et de
quelques familles arabes dévouées aux Fatimides, n'avait pas cessé de
nourrir pour le régime des sentiments d'hostilité dont nos sources
biographiques se complaisent à souligner la vivacité, Ôawdar n'au-
rait donc trouvé, assure al-Mu'izz, « ni appui ni soutien, personne
pour l'aider sincèrement à venir à bout des désordes causés par les
ambitions des gens et leur mauvais naturel. .. » (153).
En outre, le témoignage de ôawdar est d'autant plus précieux
qu'il permet de préciser et de corriger en partie les informations inco-
hérentes des chroniqueurs sur les conditions qui avaient entouré Ja
désignation de Buluggin à la tête du royaume. L'allure du récit selon
lequel al-Mu'izz aurait convoqué tour à tour Ôa'far b. 'Ali al-
Andalusi, préfet du Zab et Buluggin b. Ziri - ou Ziri son père - pour
proposer à l'un et à l'autre le gouvernement du Maghreb et écouter
leurs conditions, en trahit le caractère manifestement suspect. Proba-
blement arrangé par un historiographe ziride de manière à mettre en
valeur le mérite de Buluggin et à rabaisser en conséquence son rival,
qui y fait figure de seigneur arrogant et ambitieux, ce récit est sans
doute destiné à expliquer la forfaiture de ce dernier et son passage au
service des Umaiyades d'Espagne, par les honneurs et la prééminence
accordés à !'Emir des Sanhap (154).
Que le souverain fapm.ide ait songé à porter son choix sur le puis-
sant seigneur de M'sila pour lui succéder à la tête du royaume ifriqyien,
le prestige attaché au nom de Banü J:lamdün et le propre mérite de
Ôa'far autorisent à croire les sources qui l'attestent. Toutefois rien ne
semble moins certain que cette intention prêtée à al-Mu'izz d~ qu'on
l'examine à la lumière du témoignage original que la Sira de ôawdar
laisse sur la détérioration de ses rapports avec le gouverneur du Zab.
L'eOt-il eue jamais, compte tenu du rang singulier dont pouvait se
prévaloir le descendant de cette illustre famille qui, de surcroît, fut son
frère de lait et avait été élevé avec lui à la cour de Mahdiya, al-Mu'izz
n'aurait sans doute pas manqué de se raviser à la suite de la victoire
remportée par Buluggin sur les Zanata en rabi• II 360/février 971 ( 155).
Déjà les démêlés de Ôa'far avec son souverain à propos de la
gestion financière de la province qu'il gouvernait avec pleins pouvoirs,
et surtout la présence à la cour de M'sila, au su d'al-Mu'izz lui-même,
d'agents umaiyades, avaient vivement irrité le calife, et ôawdar, qui
270
pomtan.t le proté.pait, se vit dans 1~obligation de conseiller sa desti-
·htdon. Imputés à to·ut. autre dignitaire q,ue. le Se.i_gneur· pri.vittgié de
M.~sna,.des,griefs aussi graves q_uc l'accusation d'in1telligenœ avec l'en-
- ~ 1·· sii-m
œm1~ aunuen 1w.u à:' provoq·
·. · . ,H~AP ·sa
·. · disft!t4~ ~ on
·•, >,6,1, ~"""""' ·sm"' l"'l!H, ~. .B:,.~·en
_ i:1W- ~A1 ll!!'!Cli p•:.,~,
,_: > iœ,
Qacrar entrietenait avec ses voisins Zanita, rebeles. irréductibles à la
1dynastie fipmite, des rapports d•amiu6 propres à susciter la colère d.u
souverain (156).
Ce sont deux sources ifnqyiennes contemporaines des événements,,
compil&s ·par rhistorien. andalo·u Ibn ·1:1.ayyân dans son précieux
«muqtdbis », les dhroniq,ues perdues de Y'ü·s.ur·.a }...War.r.iq et du.célèbre
médecin q~uannais :Ibn al-Gauir, qui revàlent nettement la.gravité
de ,cette collusion de O.ac·rar b. ~ Ali a111eç les chefs des Zanita M.agriwa,,
les Banü. Uazar. L~autarité im ·en:se acquise aux dépens des .Z anita
pu l''.Bmir des $anbata, Ziri. b Manid ,e t son fils B,u luéiin, dont les
apanaps couvraient, depuis l'avènement d'alLMuçizz, avec leurs terri.-
to,ires du Titteri, la province de I ,i hart et de vastes.é'kndues du Hodna,
avait eu pour effet immédiat au Maahreb central même·, de porter
ombrage au prestige de· leur voisin, le seigneur de M''sila. Oacfar, qui
ne pouvait que: vok d'' uo ma:uv.ais œil s''aœroitre·J/ à la limite de ses
domaines. la. puissance des maitres d.'.Achir, œnçut en tdmt envers
ZkJ et son fils un ·ressentiment d'autan.t plus ·vif que leurs hommes
eff.eetua·ient jusque sur son territoire des.incunions contre .l\cs Magrawa.
et d autre.s Berbères du .Zâb, les .M11Zita, les Huwwira ,et .les Nafza., et
11
_L..__ de
camaient 81DSI,., ·SOUS, pr~te
;o L .A ~
·_ · Cuiatïer
•
·d . ~bus
.. CS tri ·.: aOSti
L _. •d
~] CS ·à· la · ynas.,
tie, le pl·us grave préjudice à son pouvoir (l5·'7)~
L~irn;mitié qui l;op_posait.ouvertement à l'Emir des $anhila dev.int
si violen.tc qu'elle mut ·par inquiéter le souverain fipmide. ·C'est par-
ticulièfremeut. à Buluiiin, le fils aînê de Ziti,. qui commandai.t les tr.o,u~
·pas Sanhiia, que. Oa.Tar v·ouait rhostilité la. pl.us v.ive~ et les, dissen~
:m•~ ..i··s qm"' les· ,w
_, · 1. • .,àcsa~
......'"'°
. ••• . te·nt·. l, un
11 · •- l"au"'
. ,. conu-e · ·- 'loi '.L..
1;141. · nt. s~
... .:: c ·1 nom·breu.ni.
êffll.... qu
· 1
" &!1-
271
les $anhala et n'hésitait plus à défier ouvertement l'autorité de son
souverain dont plusieurs lettres-réponses à Oawcjar attestent la vive
irritation. .. (l S9).
Selon al-Warriq, la victoire de Buluüïn sur les Magriwa acheva
de prouver la forfaiture du seigneur de M'sila. En tuant en effet
MuJ;tammad b. al-ijayr, Buluüïn put mettre la main sur la correspon-
dance compromettante que Oa'far b. •Ali entretenait avec cc dernier
pour le renseigner sur les effectifs et les positions des $anhip et l'in-
citer à les combattre. En outre, Buluggln récupéra un cheval de race
dont al-Mu'izz avait fait don à Ga'far mais que celui-ci avait osé offrir
au chef des Magriwa, et en informa aussitôt le souverain fipmide. Il
ne restait plus dès lors à Ga'far qu'à fuir la colère du souverain et à
gagner sans tarder le pays de ses alliés Zanita, avant d'aller à Cordoue
reconnaître officiellement l'autorité de ses nouveaux maîtres umai-
yadcs (160).
Comme on le voit, la détérioration progressive des rapports du
seigneur de M'sila avec le calife fapmide, jusqu'à la rupture inévitable
à cause de son intelligence avec les Umaiyades et de sa collusion avec
leurs affidés Zanita, laissait le champ libre à Ziri et son fils Buluggin
pour prétendre à la lieutenance en Ifriqya. D'ailleurs la mort de 1lri
survenue, on le sait, au combat contre les Magrawa, aUS6itôt apm la
défection de Oa'far, imposait au choix d'al-Mu'izz son fils promu
Emir des $aobip et valeureux soldat couvert de gloire dans une guerre
sans merci livrée à l'ennemi Zanita.
Cc choix, somme toute logique, dans un pays où la cause des
Fapmides a pu triompher et se maintenir gricc au soutien des Berbères
sédentaires Kutima et $anhap, s'imposait d'autant plus que la •a$8·
biya des Kutima s'étant émoussée au service de l'Etat depuis un demi
si~e et surtout dans la lutte contre les tribus barigitcs ralliées sous la
bannibre d'Abü Yazfd. C'était désormais aux $anhala, dont la puis-
sance était demeurée intacte et la force de 'asabiya toute vive, d'exer-
cer leur domination sur l'Ifriqya pour le compte des Fipmidcs, et de
tenir en échec au Maghreb central, les turbulents Zanita, en attendant
l'heure propice de fonder en Berbérie leur propre dynastie. Homme
politique averti, le monarque fatimide devait avoir, en confiant les
destinées de son royaume à ce chef berbère, le pressentiment de cette
issue fatale ; n'aurait-il pas répliqué à son grand-oncle Abü Talib
Abmad, fils du Mahdi, qui lui reprochait d'ajouter foi aux propos et
272
aux promesses du Buluggïn : « sache, mon oncle, que le pouvoir ré-
clamé par ôa'far dès le début est bien le même que Yüsuf finira par
obtenir, car avec le temps il deviendra indépendant, mais au départ
cette attitude est plus convenable et plus élégante aux yeux des hom-
mes de bon sens et (un souverain) qui quitte ses états ne saurait faire
mieux » (161) ?
En tout cas, guerrier éprouvé, digne successeur du prestigieux
Ziri b. Manâd à la tête des nobles et fiers $anhâ~a, seniteur désinté-
ressé de la cause fatimide, plein de zèle et de dévouement, Buluggin
forçait l'estime, voire l'admiration du souverain qui le voyait paré des
qualités propres au vice-roi. Ne venait-il pas de donner encore la preu-
ve de son mérite en vengeant son père, faisant un carnage de Zanata
et pourchassant les fuyards jusqu'au lointain Tafilelt avant de retour-
ner à la base d'Achir, au début de l'année 361/octobre 971. Du reste,
al-Mu•izz devait hâter les préparatifs de son départ définitif et régler
sans tarder le problème de sa succession. Les nouvelles parvenues
d'Egypte étaient mauvaises : ôawhar invitait instamment son maître
à le rejoindre car les qarmates avaient repris Damas, tué Ga•far b.
Falal;i et marchaient sur le Caire à l'époque même où Buluggin triom-
phait des Zanâta et rentrait à Achir. Aussi al-Mu'izz s'empressa-t-il
de mander ce dernier à Man~uriya où il arriva, sans doute au printemps
361/avril 972, avec deux mille chameaux destinés au convoi ro-
yal (162).
Le souverain établit aussitôt son camp en dehors de la capitale,
et en attendant de préparer ses efTetts, ses trésors, les diverses fourni-
tures et tout le matériel énorme qu'il devait emporter pour un voyage
sans retour, il se transporta le lundi 21 §awwal 361/S aoftt 972, pour
un séjour de détente à Sardaniya, station de plaisance à une journée
de Kairouan, célèbre pour sa forêt de cédratiers, ses fruits et ses fleurs.
C'est là qu'avant de prendre la route de l'Orient, quatre mois plus tard,
il fin.i t par trancher le problème délicat de sa succession au
Maghreb (163).
Réorganiser le gouvernement du royaume de manière à n'y ins-
taller qu'un lieutenant « balifa », investi certes de tout le pouvoir poli-
tique nécessaire au maintien de l'autorité fitimite, mais « flanqué» de
hauts dignitaires placés à la tête des principaux services de l'Etat et
véritables maîtres, donc, de l'administration, désignés par lui-même,
tel devait être le souci primordial du souverain. En effet, al-Mu'izz
n'entendait sans doute pas doter son lieutenant de toute la puissance
273
qu'il incarnait lui-même et qui l'eut incité naturellement à se défaire
aussitôt des liens encombrante tutelle pour s'ériger en « monarque »
indépendant. Aussi n'est-ce pas tant l'attitude scrupuleuse du chef
berbère que le souci somme toute légitime qu'avait al-Mu•izz de limi-
ter son pouvoir, que laisseraient évoquer, s'il fallait les retenir, ces
propos prêtés à Buluggin par les chroniqueurs et qu'il aurait tenus en
acceptant l'offre souveraine : « 0 notre maître, G'accepte) à condition
que tu désigneras à ta guise les cadis et les percepteurs de barii! que
tu choisiras, et remettras les « renseignements » (babar) à quelqu'un
en qui tu auras confiance. Tu m'adjoindras à eux, et, obtempérant à
leurs ordres, je punirai comme il faut tout réfractère à leur autorité.
Eux seuls exerceront le pouvoir etje ne serai que leur serviteur» (164).
274
Bu1uggîn accompagna a1-Mu'izz jusqu'à Gabès. C;est aux envi-
rons de cette dernière étape au sud du pays, au seuil des vastes contrées
désertiques du Fezzan et de la Tripolitaine que le vice-roi d'lfriqya
prit congé de son suzerain, le jeudi 11 rabi' I 361/20 décembre 972, et
regagna aussitôt Man~iiriya (167).
Quant au dernier souverain fatimide d'Ifriqya, il reprenait la
route vers le nouveau siège de sa dynastie, vers une nouvelle destinée.
Mais c'est désormais une autre étape de l'aventure des Fatimides qui
allait commencer. La page ifriqyienne de leur histoire était tournée ou
presque. C'était en effet au tour de leurs alliés berbères, non point les
Kutâma à la force émoussée au fil des ans, depuis l'aube de ce 100
siècle, mais à leurs congénères Sanhâla Zirides, à la &asabiya encore
vigoureuse, de prendre la relève, d'abord à l'ombre de la bannière
blanche de leurs anciens maîtres, ensuite au sein d'un émirat autonme,
pour leur propre compte (168).
Après avoir abrité donc les premiers jours du califat fatimide,
l'lfriqya devenait, avec « l'épopée ~nhalienne », le siège de la pre-
mière dynastie entièrement berbère qui, comme celle des Fâpmides
n'allait pas durer moins de deux siècles.
275
DEUXIEME PARTIE
L'ORGANISATION DE L'ETAT
.
Chapitre I
L'ORGANISATION POLITIQUE
279
que le triomphe de sa cause lui opposait de prendre pour le gouverne-
ment du pays. Progressivement donc, l'Ifriqya se fit, non sans soubre-
sauts, aux innovations de ses maîtres §i'ites et s'en accomoda tant bien
que mal pendant le quart de siècle que devait durer le règne du Mahdi.
Avec son successeur, al-Qâ'im, un durcissement se fit sentir jus-
qu'au moment où l'explosion bariAïte vint balayer l'édifice qui, en
dépit de ses bases précaires, avait pu tenir, et manqua de peu de le
détruire totalement. Par la collusion passagère entre l'hérésie bari~te
et le sunnisme malikite, Kairouan tenta alors de restaurer l'ancien
régime.
Toutefois, avec le triomphe du troisi~e calife, al-Man~r billàh,
le train de l'etat fatimide ne tarda pas à se remettre sur ses rails. Ma-
gnanime et clairvoyant, le vainqueur d'Abû Yazid se garda de prendre
des mesures draconiennes et d'accabler le pays ruiné par la guerre. Sa
modération produisit le meilleur effet sous le règne de son successeur
al-Mu'izz li-din Illâh, qui eut toute latitude pour ranimer le régime
établi par le Mahdi mais si éprouvé par l'éclipse bari~te. Sans heurter
l'opinion d'une population réputée fidèle au malikisme, il sut, en ral-
liant à sa cause les juristes l)anafites, diffuser largement la doctrine
et le culte isma•iliens et bâtir sur de solides bases les institutions de
l'Etat qui, dès avant son transfert en Egypte, put acquérir une puis-
sance considérable.
On mesure toute la difficulté à entreprendre l'étude de l'organisa-
de l'Etat fatimide dans un cadre chronologique aussi restreint, la pé-
riode sur laquelle porte notre sujet ne dépassant guère un demi-siècle,
si l'on excepte le règne d'al-Man$ür et une partie de celui d'al-Qâ'im,
marqués par la révolte bariAïte. La mise en place d'institutions propres
au califat fatimide, qui doit remonter naturellement à sa fondation
par le Mahdi, n'est entreprise en vérité d'une manière systématique
qu'un demi-siècle plus tard, sous le règne d'al-Mu'izz. L'organisation
de l'Etat est seulement commencée en Ifriqya, et elle ne devait trouver
sa forme caractéristique et achevée que beaucoup plus tard, en Egypte,
avec al-'Aziz (365-386/975-996) (2), puis sous le gouvernement, -
d'une longueur exceptionnelle - d'al-Mustan$ir (427-487/1036-1()1)4).
On est donc souvent tenté de déborder le cadre ifriqyien, trop étroit,
pour rechercher, dans la période égyptienne, l'image d'un état nette-
ment structuré, et d'utiliser ainsi, pour la connaissance des rouages
administratifs à l'époque ifriqyienne, des témoignages probants et des
280
dvu:u. · . p--'-c
ft'i'!irnées . 1 ~ . -'*5eS. m·. 1is·- t,...W__.n.~
\1 . ' , 0 1
\1,!!."
IU . 1- -_- S·- d- 0-- ·u 1Aar
et· :s.·an ~Ji t- 11Jil'W11P'
_ . &és _ _ _ _1 . 1 ,! une•· ,;:,,1,.,·Yiet
à·.. _ _ · 1i,w,··e
i;;IIU, r-
111 11
sociale déterminée.
Cette tentation est d.' autaot ·p lus vive qu'on est iicnseigné avec
me :préci.si,on suffisante :sur le m&anisme: des institutions, .fatimides
en Egypte~ O·n se gardera œpenda-nt d.1·y œder et de dévier du sujet,,
bien 1qu.1·on ne dispose pour l''é poque q:ui no·us oooupe que d•une docu...
men·tation. bien indigente.. Les indiœtio.os _glanées dans les .sources
sunnites de 1'.histohe ifriqyfenn.e· sont trop mai,gres po·u r apporter nn:e
:lueur suffisante sur le mécanisme..des düîéren-b services de l 1Etat :: rien,
·si 1'on excepte dlf'abondantes ·informatto,ns s,ur la vie religieuse dans les
o·u vraps biographiques des « ·Tabaqit » don·t les :pieux aiuteur.s s'·a tta-
chen.t à déno.n œr les. innovations culturelles. et à flétrir le réglme li~œ
maudit, n.'y permet. de connaitre exactement la nature des tmnc1forma-
tions :introduites dans, le système souvemementa!I. et la hi,&arcbic so-
et·a1··e.
Le Souverain :
282
des consciences revet donc une signification particulière : il est « le
Pôle des égarés, le soleil des comtemplateurs, ... la lumière parfaite, la
lampe de la Sagesse» (6) « Il voit par la Lumière d'Allah et possède
de véritables dons de physionomiste et de réelles facultés de divina-
tion » (7). Le caractère sacré de sa personne contribue à lui donner
aux yeux des fidèles une signification mystérieuse quelque peu énigma-
tique ; les poètes panégyristes se complaisent à l'élever à un rang sur-
humain et lui attribuent des qualités que l'on ne reconnait habituelle-
ment qu'aux prophètes (8).
Autant que les souverains abbassides et umaiyades de son époque,
le Fatimide dispose de toutes les prérogatives califiennes définies dans
les traités de droit public (9). Ses attributions souveraines lui confèrent
la haute main sur l'administration civile et militaire ; il exerce lui-
même l'autorité qu'il ne délègue qu'à des agents élus parmi les servi-
teurs les plus dévoués. Tous les fonctionnaires de l'Etat ne sont res-
ponsables que devant lui, n'exercent les charges qui leur sont confiées
qu'à titre précaire, sont soumis à un contrôle rigoureux et, le
cas échéant, châtiés avec une sévérité exemplaire.
Calife et Imam, son autorité spirituelle et temporelle déborde le
cadre étroit de son royaume et s'étend à l'ensemble des croyants qui,
dans le monde musulman, forment la communauté isma'ilienne. Thé-
oriquement, il est le titulaire légitime du califat, l'Abbasside de Bagdad
et l'Umaiyade de Cordoue n'étant que des usurpateurs. L'universalité
de son autorité englobe la terre tout entière dont Dieu a promis de
faire hériter les descendants de Fatima (10).
Descendant spirituel du Prophète, l'Imam fatimide est le calife
de Dieu comme l'est le Prophète lui-même. Il est même le Prophète de
son époque (11), que Dieu a élu pour établir sa Loi et être le lien entre
Lui et ses créatures. La vénération que sa personne sacrée impose aux
adeptes de l'ismâ'ilisme est si profonde qu'elle prend la forme d'une
véritable adoration vouée, après Dieu et son Prophète, à lui-meme
comme à toute son ascendance. Les formules d'invocation les asso-
cient donc, dans le meme élan de ferveur religieuse. Dans le sermon
qu'il prononce au lendemain de sa victoire sur Abü Yazid, le troisième
calife, al-Man~tlr, en donne un exemple éloquent : « Louange à Allah
maître des mondes ! La récompense est à ceux qui le craignent. Que
ses bénédictions continuelles, croissantes, grandissantes, persistantes,
se répandent sur Mul)ammad et les saints membres de sa famille, les
Jmams bien conduits, les nobles seigneurs, les purs et les pieux» ! (12).
283
De l'amour incommensurable qu'il inspire aux fidèles découle
l'obligation d'obéissance aveugle et de dévouement inconditionné à
sa personne. Il est l'unique détenteur de la vérité et le seul qualifié pour
la faire connaître aux initiés comme à la masse des croyants. « Réser-
voir » de science, il est surtout le dépositaire de la doctrine des « Ahl
al-Bayt » élaborée par ses prédécesseurs depuis ôa'far al-~diq et
consignée dans les livres pieusement conservés (13). Possesseur de la
$agesse divine « l;likma », qui se transmet par un effet de la Grâce
d'Allah d'un lmàm à un autre, il est seul qualifié pour faire de la Parole
de Dieu une interprétation correcte (14). Aucune possibilité, donc,
pour des divergences de vue, la vérité étant une et indivisible. Ses pro-
pos sont en la matière, le fondement du droit que les juristes élaborent
en le consultant ; il revoit et corrige les ouvrages qu'ils composent,
procède éventuellement à des controverses avec les savants de
la « •àmma », et s'attache à démontrer lui-même l'erreur de certaines
opinions mu'tazilites et malikites (15). Doté d'une vaste culture, il
manifeste également une grande prédilection pour les sciences pro-
fanes, la philosophie, l'astronomie, la médecine, la géométrie, la phy-
sique (16). Mais son souci primordial est d'étendre à l'ensemble de
son royaume l'application de la Loi ismà'ilienne dont il est le déposi-
taire et le garant, et de veiller à ce que le comportement social de la
communauté dont il est le chef soit conforme aux règles rigides de la
croyance et du culte ismà'iliens (17).
Cependant, bien que pénétré du caractère singulier de son rôle
spirituel, l'Imàm est un homme comme tous les autres hommes. Il se
défend de prétendre à la prophétie et récuse les propos mensongers de
ses détracteurs de la « 'amma », les malikites, dont les accusations
démesurées et fantaisistes déforment la signification réelle de sa mis-
sion. De telles accusations sont si répandues à travers le Maghreb que
l'on voit al-Mu'izz s'ingénier à en dénoncer la naiveté et à intensifier
la propagande destinée à la « vulgarisation » de la doctrine isma'ilien-
ne (18).
Monarque également imbu de la plénitude de sa puissancet empo-
relle, le calife fatimide n'entend pas régner sur ses sujets sans les gou-
verner, et veille à exercer lui-même et sans partage le pouvoir qu'il
détient. Au Da'i Abü Abdallah qui lui conseille de se cantonner dans
le rôle de directeur suprême que lui confère sa dignité d'lmim, et de
le laisser gouverner le pays en son nom, le Mahdi réplique par une
mesure significative de son autorité absolue : il le fait assassiner et
284
s'attelle en personne aW( affaires de l'Etat. ôawdar et al-Nu•man nous
donnent d'al-Mu•izz l'image d'un souverain modèle, sérieW(, surmené
même et accablé par le poids de ses charges multiples (19). Al-Mll11$ür,
de son côté, est l'exemple même du souverain actü, énergique, tou-
jours décidé à être à la hauteur de sa tâche suprême de commandeur
des croyants,« amir al-mu'minin ». Il n'hésite pas à conduire lui-même
ses soldats pour accomplir le devoir sacré du !ihad ; prêt à payer de
sa personne, il combat le sabre à la main sur le champ de bataille et
fait preuve d'un héroisme extraordinaire. De cette bravoure, il tire
une fierté légitime et chante sa gloire (20) :
« Je suis le pur, le victorieW(, de la race d'At,mad .
... Je traverse les déserts et je parcours les sables et je me jette dans
tous les dangers.
Je veW( par là gagner la satisfaction d'Allah et donner la gloire à
la dynastie de la famille de !'Envoyé.....
285
A 1kAân comme à Raqqada, pendant sa régence de courte durée,
Abu 'Abd Allah se fait appeler « al-Sayyid », fait montre de simplicité
et de modestie et s'abstient de toute marque extérieure de souverai-
neté (23). Avant l'arrivée du Mahdi à Raqqàda, pendant cette période
transitoire, il s'attache à souligner le caractère provisoire de son gou-
vernement, en attendant la venue du nouveau maître du pays. il se
borne donc à indiquer le changement de régime et à réaffirmer le tri-
omphe de la cause 'alide. L'invocation prononcée lors de la prière du
vendredi ne fait pas mention du nom du Mahdi, mais met en relief,
après celui du Prophète, ceux de 'Ali, !'Emir des croyants, (amir al-
mu'minin), d'al-J:lasan, d'al-J:lusayn et de Fàtima al-Zahrà (24). La
première monnaie qu'il frappe est également significative de ce régime
transitoire : sur l'une des faces de la pièce, il fait imprimer, au lieu du
nom de l'Imàm, la formule : « La Preuve d'Allah a atteint son but»,
et sur l'autre : « Les ennemis d'Allah se sont dispersés». La seconde
monnaie, connue sous le nom d'« al-Sayyidiya » par attribution à son
titre et pour la distinguer de la monnaie califienne que frappera le
Mahdi, porte une nouvelle formule : « Louange à Allàh, Seigneur des
Mondes » (25).
Les autres formules similaires introduites par le Di'i ne compor-
tent non plus aucun emblème de souveraineté. Il fait graver sur les
armes : « réserve pour la voie d'Allah», sur la pierre précieuse de
l'anneau qu'il porte à son doigt : « Remets-t-en à Allah, tu es dans
l'évidente vérité» et sur son cachet officiel : « Que s'accomplisse l'ar-
rêt de ton Seigneur, en vérité et en justice. Nul modificateur à ses ar-
rêts. II est l'Audient, !'Omniscient ». Il fait inscrire enfin sur les cuisses
des chevaux : « C'est à Allah qu'appartient l'empire » (26).
Avec l'arrivée du Mahdi, prend fin ce régime de transition et
s'instaure celui, bien spécifique, du califat. Le nouveau Maître du
pays est accueilli par les juristes et les notables de Kairouan en qualité
de calife et d'imam (27). Le premier rescrit sorti du palais califien, au
lendemain de son entrée officielle à Raqqida, a trait à la principale
prérogative souveraine, qui signifie, à l'intérieur de son royaume com-
me à travers l'ensemble du monde musulman, le retour du pouvoir à
ses possesseurs légitimes, les descendants du Prophète par sa
fille Fa.lima : on va invoquer dès lors Allah en faveur des Fatimides
du haut des chaires des mosquées en Ifriqya et, plus tard, dans toute
la Berbérie, en Egypte, aux lieux Saints et à Damas. La formule de
l'invocation portera désormais le nom de l'Imàm régnant, et mention-
nera sa titulature officielle (28).
286
Celle que le Mahdi prescrit, après l'appel de la Bénédiction
d'AlJih sur le Prophète, sur 'Ali, Fatima, al-J:lasan, al-I;lusayn et les
Imams de la descendance 'alide, est conçue en ces termes : « Seigneur,
que Votre bénédiction soit sur Votre serviteur 'Abd Allah Abü
Mu!Jammad al-Mahdi bi'lliih, l'Emir des croyants, comme elle fut sur
ses ancêtres, Vos lieutenants guidés et dirigés dans le droit chemin par
un effet de Votre grâce, et qui, dans l'exercice de leur charge et en ren-
dant la justice observaient la Vérité. Seigneur, de même que Vous
l'avez élu pour l'investir de Votre pouvoir, choisi pour être Votre lieu-
tanant, et désigné pour être le gardien vigilant et le pilier de Votre
religion ainsi qu'un asile et un refuge pour Vos sujets, puissiez-Vous
de même le faire triompher de Vos ennemis rebelles, guérir par lui les
cœurs des croyants, lui faire conquérir la terre, à l'Est comme à l'Ouest,
contre les rebelles injustes, Dieu de tous les êtres, Maitre de l'Uni-
vers » (29) !
287
reuses règles de bienséance déterminent, sous la forme d'un idéal mo-
ral, la façon de se tenir en présence de l'Imi.m et de se comporter à
table, ainsi que la n~ité de s'habiller avec élégance, de se parer
même, et de se parfumer avec soin.
C'est la manière de saluer !'Imam qui est la plus révélatrice de
l'attitude hiératique qu'il doit observer dans sa vie publique. Distant
et hautain, il fait figure de monarque inaccessible, et les honneurs
qu'on est tenu de lui rendre sont semblables à ceux qui reviennent à
Dieu. Il faut se prosterner devant lui, « su~d », et toucher la terre de
ses lèvres, « taqbil a1-ar4 », pratique que les tenants de l'orthodoxie
désavouent, la prosternation devant s'adresser uniquement à Dieu.
Sachant quelle hostilité les juristes malikites réservent aux innovations
introduites dans le culte et quelle sainte colère peut susciter en eux une
telle pratique, al-Nu•mân s'ingénie à distinguer entre la prosternation
marque d'adoration vouée à Allah, donc obligation religieuse, et ce
geste qui consiste à « baiser la terre», simple marque d'honneur que
la dignité suprême de l'imamat impose (33).
Quiconque se présente donc devant l'Imâm, précise al-Nu•man,
doit le saluer, puis sc prosterner en déposant ses lèvres sur la terre.
Avant de s'incliner pour « baiser la terre», il doit prononcer la for-
mule : « Que le salut soit sur vous, ô Emir des croyants, ainsi que la
Miséricorde et les Bénédictions d'Allah», en se tenant devant l'Imâm
de manière à ce que celui-ci puisse le voir. S'il est à une distance où il
peut entendre l'Imâm répondre à son salut, il ne doit se prosterner
qu'après que l'Imâm a fini de le saluer. Dès qu'il a fini de baiser la
terre, il se redresse pour présenter le cas échéant sa requête.
Réglée minutieusement, semble-t-il, dès les commencements de
la dynastie, l'étiquette de cour ne diffère guère des usages en vigueur
à Bagdad ou à Cordoue, à l'occasion des audiences régulières et des
réceptions exceptionnelles que comporte l'activité officielle du souve-
rain. C'est dans un appareil grandiose et minutieusement organisé
que le Mahdi« sc manifeste » solennellement à l'armée de ses partisans
venus le délivrer à Sililmassa sous les ordres du Dâ'iAbü 'AbdAllih.
La cérémonie, telle que la décrivent un témoin oculaire, Ôa<far le
chambellan (34), et al-Nu'mân (35), qui se réfère à coup sûr aux règles
du cérémonial élaboré depuis la fondation de la dynastie, se déroule
sous l'auvent d'une tente royale. Le Mahdi est assis sur un trône. Son
fils et successeur, le futur al-Qâ'im, encore enfant à l'époque, se tient
debout à sa droite, ceint de son sabre et touchant le trône. La garde
288
fto..llàèmloat1eomt,°*6c 1dee,,....vs :d!cifisine dli64ieone attacà6s,iUl
8CJ1Viœ,de l!'Jmirir;-èt qui,garderont dans ,PEtat:raag, dc :WB.clip
tai1'9; rL,; .plus en' vuoti'eilllc èwc;' TaiJib,.dwp i:icpuis Sewniya, •
r ~ o n, G'41-Qi'im. at1:üent.dobolllt au-doasous, de oalui,.eï,..à1w
distance de deux pas. A gauche du trône, à deux pas également;. tlt
Muslim, orfèvre originaire de Grèce, acheté à SijiJrnissa. Au dessous
cterlili sel tlmheût, à :dn>ite et ài galldié du tr6nej Abu Yà'qlb le major-
demo1lJltj~t'a, v.n·~lave ·achet6 pat ·le Dâ'i Abt1 ~Abd· Alllh,à lkpn1ret
SMldal, ·,lni,jewie;eunuquo originaire d'Alop; acfleth à SjAiJrnjjlssa;:abil•
c,an.·d"oui:tenant un bt«ntail,challSO'moudlr.8-ot.l'agjtaot. au'!dossus-cio
laltete-a l'Im4m:·Quant:au l;lqib Oa'far,'il·est postéà.l!entnse do,li
..,., ·appuyé Sur 10ll' satire..A ·une •distanœ do dellX' ceints'. coudœa ide
la,1ifflte; le Difi Abo •Abd·AJJih,'cacorté;de mille·huisaima ~ ,en
deQg. 1a11!is,1~ , r zl!ge..d'inttodm·les·m.iuionm~ 1111.lcl offidtn qia1
s'avancent jusqu'au chambellan pour saluer l'lrnim p ,! J ·,,,, ,. , ,
290
Aux r6c:cptions officielles, les califes fipmides se montrent assis
sur un trC,ne dont l'usage remonte également au Mahdi. Celui-ci appa-
rait, pour le premier contact avec ses partisans, à SiAilmissa, assis sur
un trône, « sarir », dressé sous l'auvent de la tente royale (43). C'est
également sur un trône qu'al-Mu'izz reçoit en grande pompe, en 968,
dans son palais d'al-Bal).r, l'ambass_lldeur Nicholas, envoyé de l'empo-
reur de Byzance, Nicéphore Phocas (44). Toutefois le souverain savait
apparaitre, au besoin, à ses partisans, dans un appareil plus modeste,
les jambes repli6es l'une sur l'autre, sur des matelas et des tapis de
feutre, « lubod », simplement vetu d'une longue robe à manches am-
ples, « lubba », enveloppé d'une pib d'étoffe, « kisi' », et uniqi»-
ment préoccupé par son travail absorbant (4S).
Quoique d'un usage traditionnel comme insigne principal de la
souveraineté, le sceau royal (biitam) est, chez les monarques fapmides,
un emb~me bien caractéristique de leur autorité calificnne. Soucieux
de se distinguer par une titulature appropriée à leur doctrine, ils font
graver sur leur anneau d'or, sous forme de devise, une légende (x) allu-
sive au triomphe de leur cause. Elle est, pour le Mahdi, emprunt6e au
Coran : (46) « C'est par le triomphe qu'Allah, trà glorieux, lui assure,
que triomphe l'Imam AbQ Mul)ammad ».
Elle est, pour al-Qii'im : « Avec le soutien de l'Eternel triomphe
l'imam AbQ' 1-Qiisim ». Pour al-Man,nr, la formule porte plus nette-
ment la marque de la doctrine isma'ilicnne : « Pour le triomphe de
l'Esot6rique et de l'Exot6riquc, triomphe l'Tmim AbQ' l-Tihir » Bofin
la devise d'al-Mu'izz est : « A la cause d'AJliih Unique et Omnipotent
appelle l'Tmiim Ma'add » (47).
Le nom du souverain et sa titulaturc figurent également sur Ica
étendards, « alwiya », remis aux généraux lorsqu'ils partent en expé-
dition, et sur les bandes d'6criture brodées au fil d'or, cx6cut6es par
Ica esclaves brodeurs chargés du « µriz ». La majesté des Imams et la
légitimité de leur pouvoir s'expriment ainsi dans ces bandes d'6criture
qui ornent leurs vêtements de soie et de brocart, de même que les nattes
fabriqu6es par leurs esclaves nattiers. Ces inscriptions conventionnelles
d'inspiration isma'ilicnne et conformes aux prescriptions du souverain
O<lCUpeot un large espace sur l'étoffe ou la natte brodée (48).
Enfin, deux autres symboles de souveraineté, le tambour,« tabl »,
et l'mntail. sont des insignes caract6ristiqucs chez Ica Fipmidn.
291
L;WF. . ,-dsaa'>.IM.. .,.,-:kl; ,~ flabc:;Jhttoi>t: :•dclr, ~ ,Cil des
Eari.,er«tMotc!-u&··Mahdi,qlli~111i.;8111't<.tie·,~ ~ • !au,,Mapreb,-
et..prcmcnt:à~ eQr dlwaeiiu.Quoaœiqrioono (49)., ' ':'j . I · 1" ; . :, ,
,' ' .~· ··) , ( '. ,' . ) .. 1.
,, ...
,• , •.•. ;•
J1 ,, ., ,. ,, • . · 1 ·I '• , .,. , .,,. ,,,
... ,, ·: ,·· . :. ,,J .,. ,;. .
• ' • • . , . ' . •: ,
,,.....,iture..; ...:1 , .... 1 . • • ,,· ,· , , • . , ,.,· , 1 · ., 1•• ••.. ,: . 11 ..•• •, 11• • • • • •
· ~ ·. -,- ,, 1 • i • .•• ' ... 1 : '" • • • • • • • '
t· • ,· .;
2tJ
'd6iilgnélraoD'IIICCieatutl lecalltfip rDlea abmm.:~rles
1ftJbs· ii1ièi-bas. A cet actè 'de d&ignatioD,r ahc;un ,mortlll'nd peut, t,lirtt-
cipei' puis:qu1il émlitc d'ime dk:i.!ionl divine.: n,·sùffira, d"en 1ddnncr,
·entre âutres tfflloi8Jlages,' oelui-ci; que 1fournit !Jê.câlirc ·lli-Mu"izz èlen's
1
11ék,querif sermon qu•ii prononce. ~~-<:é!~rcr>li 'F!t~ lties'S:icrifi.OCS
\te ' l'annéc 3-41/953, et rendre publique•la· mort' ii'al-Man,0r (54)!-' D
'appelle ie!s 'bbl&lictions d'Allah suf ~ Prophète et Id IÎn!tns en·c;8
tefmcs' '. J Qu·n 11c_s répande rur
lc!i'-lmàms bien dîrf~ de ~ fa.m ûfc!,
Jloblcs et pjcux, ~u·n Ï choisis p();ur le ~lifat J a ~ pourilmiutifR,
t ::;~~~:::~ea:~eila~:;;i::i=:i::::.~:
g-, lo1decnw-lmim.~,JjU11ayn b. Abmad,,
:~n~t,t
k ·4kipa.J (!Q!Jl~ son
MICCc:IK11t((llld .naM&'ala', l·~):etJlinvmtit...df1la:dlat&c1A'h6rlr
tièr prfsoimptif~fcu , de, ,t1miw :avaoti r1a1mort.· ll ·li t..1Xmnaitra par
~ ·sa-d~~~,'ètflt.~œrse:rmCJitpodrlul~ .~ - ~ - ~ ~ ~
La ffl:Onnaisaancc de son imamat par ses partisans en Bcrbérie
out lieu à Sililmissa au lendemain de sa libération par Je Dâ'i AbO
·Abd Allib Prèsenté, ·1ors de la c6r6monie aux fidèles impatients de
voir la face du « Mahdi attendu», c'est une manière de prestation de
serment qu'il reçoit et dont le Di'i organise Je d6roulement : « Que
notre Seigneur ordonne à celui qu'il voudra de ses esclaves de se tenir
bora de l'auvent de sa tente. Je me tiendrai moi-rneme à la t!te des
troupes et je ferai avancer ceux qui m6ritent d'être pdsent6s les pre-
miers, dix par dix. Je les confierai à ce serviteur et il les fera avancer
pour saluer notre Seigneur, puis ils s'en retourneront. Lorsque les
missionnaires, puis les chefs de corps auront terminé, je ferai avancer
ceux qui sont au-dessous d'eux, cinquante par cinquante, puis cent
par cent, puis cinq cents par cinq cents, puis je farai défiler le reste de
l'armée en procession solennelle devant notre Seigneur jusqu'à ce que
tous aient pu regarder la face de notre Seigneur et aient complètement
achevé de Je saluer » (S6).
La prestation du serment d'allégeance, « bay<a », prend ici la
forme d'une simple remise de pouvoir par le Da'i à son maître, au nom
duquel il avait accompli son apostolat et conquis le royaume. Abil
·Abd Allah se borne à porter à la connaissance des missionnaires et
de la masse des fidèles que c'était bien lui le Mahdi dont ils attendaient
la « venue », leur Imim, le Maître de leurs destinées et leur guide dans
le droit cbcmin.
= ~ali'.!~.:O~~·=~
pâi
1;,e~:~::·s':no~homttics
A1bli. »
(al-Man'$iir
du «' V'ICtor'icttx
~~:: bi illah'), et ses ati:olJl.
reiit füi' i,ttsènter ltun hommages à l'occasion Ide son accession aa
pouvoir ,(71);' Püis a1-Man~i écrit au Oouvcnicur du Royaume pour
,et lui ~ c des.i~tn,Jcqopt po.ur -.non-
,à tla~" ~ , pa)'.S (!l ~ ~ti\ÎO? d c,soq
~nnaicctlcs~brqdip.d1.1;,T~
, ,rcn.d, 9,pt'.~ IU\.F<l~ Kjout,~lU\ ,a DplJi·
vcllc c,pitalc,, ,nriya, ,P,. Mahdiya,. où .il dirige ~ t·1"
~QO\l;l, c&lxcr)Pr~e;de·1 a.~~ureduJeOpe.Ç'cst~l .i;doU-
t=~il=;~~~o~:~a;;~~~=
d'investitw"c, il se borne, en !voquant la tt:bclliOll ,et son~ à ,~-
horter les fid~lcs à l'obfüsanoe et à la reconnaissanoe de p souvcrai·
î,cf6(72):'(!l.,,l 1/ •.J
' cxprcssc:,.duquau-iè.mcipalifeal-M'u'iu:,
information, curieuse de sot
bioaraphc
'im (73). Cc sqait son grand-phe qu~
P.OU[,J!J ·r ICjl d1sscnsions au sein de la famille ri1lmiélc à prOf!C!f
$1~ .~c. ~i;nmauda à son fils al-_Man~ilr, alors hfritier dhiguf, ~e
cJ:i,oiür_!e jeune, Ma'a.,df:I pour assure r sa propre suo.!ession.
et de Son ordre » (74). Proclamé officiellement héritier présomptif
« pour l'imamat et le califat)> (75), le futur al-Mu<izz ne tarde pas à
acœder au trône de ses ancêtres à la mort de son père survenue aussi-
tôt après sa désignation publique, le 29 !awwil 341/19 man 9S3. Mais
il observe la tradition instituée par al-Qi'im en gardant, - certes,
pendant trois mois seulement - cette mort secrète. C'est en la rendant
publique qu'il se proclame imam et calife de la meme maniàre que son
père l'avait fait après sa victoire sur Abü Yazid : il annonce son acces-
sion au trône dans Je double prône qu'il prononce à l'occasion de la
F!tc des Sacrifices, cette célébration servant, en l'occurence, en mani-
festant sa souveraineté, de cérémonie solennelle d'intronisation (76).
L'entourage politique du souverain :
Telle qu'elle d6coule du dogme même de l'imamat, la conception
du pouvoir dans la dynastie fat.imide suppose une organisation dirigée
et contrôlée exclusivement par le souverain. Aussi, le système admi-
nistratif mis en place dès le début du r~gne du Mahdi parait-il très
centralisé, le monarque étant le mécanisme régulateur de l'Etat, et le
palais caJifien le centre géométrique de toute l'activité politique.
Dans un tel système, les titulaires des divers services dépendent
donc, dans l'exercice de leurs fonctions, directement du chef de l'Etat
et doivent se conformer strictement à ses instructions. Ces fonction-
naires qui composent le corps des dignitaires de l'Etat (ripl al-mam-
laka), appartiennent aux trois classes principales qui forment la so-
ciété fipmide : les Arabes, les Ber~res et les Slaves, et constituènts
dans l'entourage du souverain, trois clan.s qui se partagent les charge,
civiles et militaires et que ne manquent pas d'opposer l'émulation ou
d'inévitables rivalités.
L'inventaire des charges détenues par des Arabes révèle, avec la
faiblesse numérique des agents de souche arabe, la repugnance des
Fit.imides à s'attacher les services de l'aristocratie ifriqyienne demeu-
rée, dans sa majorité, fid~le à l'ancien régime. Si l'on excepte quelques
familles acquises au §i'isme dès les commencements de la prédication,
tels les Banü J:lamdnn, les Bano 1-Kalbi, les Banii Abi ijanztr, et quel-
ques Orientaux qui ont lié leur fortune à celle du Mahdi à l'époque de
son émigration en Berbérie, tels Abü ôa'far al-BagdidJ, on ne relève
que quelques noms de fonctionnaires arabes ayant servi sous l'ancien
régime et maintenus dans leurs fonctions par le Di'i, puis par le Mahdi,
pour assurer la continuité de l'activité administrative (77).
298
Les Slaves, au contraire, se trouvent à la tete des charges civiles
et militaires les plus importantes. La place qu'ils occupent dans l'E&at
est d'autant plus marquante que dallJJ le régime antérieur cet élément
n'avait eu à jouer rôle notable (78). Esclaves ou affrancllis, leur fidélité
aux imams est à toute 6preuve. Leurs Maitres leur confient les charges
palatines dans leur service personnel, les admettant dans leur entou-
rage familial, comme ils leur attribuent les plus hautes fonctions dans
l'administration du royaume. On les voit, avant m!me la naissance de
la dynastie, vivre autour du Mahdi tout au long de son tmigration,
attadlés exclusivement à son service, ex6cuter les besognes les plus
ordinaires, mais accomplir aussi les missions les plus délicates et veiller
sur sa personne avec un dévouement sans pareil (79). De leurs mérites,
de la sincérit6 des sentiments d'amour qui les lient aux imams, on pos-
&Me de nombreux t6moignages, et leurs Maitres eux-dmes, tel al-
Mu<m dans certains de ses propos consign6s par son biographe al-
Nu'm!n, les traitent avec bonté et affection, et ne leur mwgent ni
leur estime, ni leurs faveurs (80).
Pourtant, ils ne tiennent dans la hitracllie de l'Etat que le second
rang. Le premier appartient aux Kutima, ces tribus berbères de la
Petite Kabylie qui ont assuré le triomphe de la cause fâpmide. Les
Jmims reconnaissent leurs hauts services, exaltent leurs mérites, van-
tent leurs qualit6s guerrières et leur dévouement constant en d6pit de
toutes les vicissitudes. Ils sont aux yeux d'al·Qâ'im « comme les apô-
tres de Jésus et tes auxiliaires (an~r) de Mutiammad » (81). Pour al-
Mantllr, ce sont « les hommes de la mission, les défenseurs de la dy-
nastie » (82). Quant à al-Mu'izz qui pratique une politique nettement
« berbériste », il les couvre d'éloges et les comble de bienfaits (83).
Toutefois, aucun de ces trois clans ne constitue une forœ politique
susceptible de jouer un rôle pr6pondérant dans l'Etat. Dès la fonda-
tion de la dynastie, le Mahdi prit soin de juguler tout mouvement d'op-
position pour exercer un pouvoir sans partage. On l'a vu tour à tour
Rduire le parti berbère en décapitant les chefs de la conjuration, le
Di'i, son frère, et Abü ZakI, et écraser l'aristocratie ag)abide de Kai-
rouan et d'al-Q8$r al-Qadim (84). Personne, dans l'entourage du sou-
verain, aucun groupe, n'est en mesure de contester son autorit6. Seuls
les princes de la famille fâpmide ont latitude pour intriguer et ne crai-
gnent pas de s'opposer à l'Imim régnant dès qu'ils se voient exclus de
la succesaion à l'imamat et évinc6s du trône. Pendant les lon-
gues ann6es où le secret est gardé sur sa désignation à la succesaion de
299
MHI. père.,caùekMJd ,aimië&lia,mar, aYCC,l'i-1:itadc, ·kt~titel
etibintriguea, ,abManfQr ·oolti soumir~dcll'lnimltit
que:-lui v.ouent,JCS occ:MIS et5Ci frirl,s,ct,dont il• plairit·awc:aaa •
*ltt amertume (&5): Al,.Mu'm, lui auui, doi tia«roater,l'b.Oltilie6 del
-.p..dulpalai,,.. a.ni pourtaht 1sc,itouwlr jaIWUl ·dans>t'obtip.doa
d'avoir .m:oun à .la for:œ pour lè5 ramener l la railon (86)i 1
' 1
t, .. Dans cc systime de "?u':m:cment flUC Je '°"ivcraiq diriac ~9t"
;~c;.:ku~~~~~I:::::::~=~~~:;;~;:
~:~!=~t;i1~J~~ ~~~~~.~~\~~nlà ~';~;/:.~
comfflcnœmenb, la part assez large da11s la ption des aJfaires ~ la
jeune éommunautC be~bu~l·ltc. Leur rtorp.niutiQD co. m,t (Of'19'-·
~ons potitico-militaires conduites par des « chefs resi,>0nuÎilcs ~ @o-
q ~in} et des « miuionnai.m • {du'it) ap ~ «doyem,,-
(ma'uyib) avait don~ lieu, on l'a vu, â la formation autout du Dl'~
d'un v&itable « Conseil des Doyen• de la Communauu! • usocii l
l'~œ dc;l'_autorilé.(87).. ,,1 ' , , ,,. !, .1,: .. r• ,.,'I
::l~~=r~~l~io~;:~::::u:l~ i r : ' =
de'1eur retirer le,Trbor de la oommunaut~ dont ib ~ t . . ~ dé~i·
t•ifrSj, 11~\11 portant bmbragÙt suscitant en eux un vir(C"Cn.îj~t1(.,)1
Le oomplot que trament aussitôt les Doyens traduit leur violeute
302
apparait à l'origine comme une fonction strictement «domestique»,
dont le titulaire ne reçoit aucune délégation d'autorité de la part du
souverain. Tiche protocolaire en somme, elle correspond beaucoup
plus à une dignité, une haute distinction, certes, qu'à une charge im-
portante dans l'appareil de l'Etat. Aussi la dignité est-elle, comme le
note Ibn 'ldiri, attnl>uée à quatre serviteurs à la fois.
1A formlltion du ,izirat :
303
" Corole&doublun.•sn.puiwow,pour~dclr·iau.nom;im,...,
Dârquc·et coifferlea-scrvices•de li.Etat, ·le.L>a'i AbQ ~Abd·Allü a! du.~
daa,à lt remplir. allX. c:ô~ du Mahdi. O,:acmt,.eo ,sollldl.e, le rang et: la
ftmcûon ·dc·premief· ministre.de déléglltion (wazir .tafwï4) (lOi)· qalit
d<:111• avec tes pleins. pouvt>ira-lorsqu'il doœaode ·à ,l'lmim .de-rqn•
sans gouverner. Mais Œ'~ dt. la coo,j~a.tiort ,a,pour oftèt inmaédiat
de consolider l'absolutisme du Mahdi. Dès lors, le souverain, unique
d6eeo~urdu pouvoiril'*F la•"tOloot6 de Dieu, Vlllgou11ernslan1·dèvoir
4UWguer 8C8 prérogativbsi ,ni cntiètemeat, nr,en partie, à un,hàut per,.,
sonnaie de 'IOD entburagu; -sorte ·de vbir appblé·à .dMeniP après lui1ta
rtsftt duipouvolr·e.éctitff·c:t à,:dirlp ·dinictmneat 1'admioiilratioo
.. .., ' 'I 1' , , J 1;,I ,•, '• .' ;, / ,,, •:I ''. q ;''/ I 1 q ·: 1.' ; ') 1: ::- : '.,, ,,,
. ·,
clu ruyau.me: •
~'.î~:~ ···
1
1
... ,. . .,.cm. . . up_. ... ~11 .... ... . ~ - .. .4. . µ1d-~
· ;I : -·~ ; -' d.'~~t ' · ·.ué.iiù'~~-
-
'i:_.:~;.i~,~'.;~ · tb 11 1
soc
titre de vizir. Cependant, te développement rapide de l'empire et de
sa puissance, en dépit de l'éclipse barigite, et ta complexité croissante
des charges administratives, mettront le dernier calife dans la nécessité
de s'assurer le concours de techniciens éprouvés, notamment pour
l'organisation des finances. Al-Mu'izz fera appel à la compétence du
fameux Ibn Killis qui sera en Egypte le premier vizir de la dynastie, et
dont il utilisera les services déjà en Ifriqya, sans pourtant lui conférer
ni les prérogatives, ni le titre de vizir (IOS).
Ainsi les conditions seront réunies surtout à l'époque d'Al-Mu'izz
pour la création du vizirat, la fonction se trouvant déjà répartie entre
les divers services publics. La période ifriqyienne s'achèvera toutefois
sans que l'institution ait vu le jour, et le dernier calife fatimide
d'Ifriqya préférera jusqu'à sa mort en Egypte continuer à gouverner
seul et à se passer, en dépit de sa lourde tiche, des services d'un pre-
mier ministre. A peine éprouvera-t-il, comme ses deux prédécesseurs
immédiats, son père al-Man~Or et son grand-père al-Qi'im, le besoin
de compter d'une façon particulière sur un de ses serviteurs slaves,
l'eunuque ôawdar, pour être au courant de ses desseins, l'assister
dans l'administration du royaume, assurer comme auparavant la liai-
son entre le palais et les divers offices de l'Etat, et participer par ce
biais à la direction des affaires (106).
Ce sont les fonctions officielles de ce serviteur qui, à partir du
règne d'al-Qa'im, prend progressivement, avec des attributions de
plus en plus importantes, le pas sur les autres agents de l'Etat et finit
par remplir un rôle de premier plan équivalent à celui d'un vizir, que
nous allons maintenant définir afin d'étudier avec précision la forma-
tion, en Ifriqya, du vizirat fatimide.
Déjà sous le règne du Mahdi, Ôawdar se distingue au service de
l'héritier présomptif, le futur al-Qâ'im, qui lui confie, pendant son
absence de Mahdiya en 218/910, lors de son expédition en Petite Ka-
bylie, l'intendance de son palais. Devenu souverain, al-Qi'im le charge
de la direction du Trésor Public et des Magasins des étoffes et des
vêtements (107).
Ôawdar commence donc sa carrière dans l'administration des
finances où ses hautes responsabilités de « nii~r fi bayt al-mâl » lui
confèrent à coup sür un rang éminent parmi la domesticité du souve-
rain. Dans l'Etat organisé et fort duquel hérite al-Qâ'im, les attribu-
tions financières à l'échelon le plus élevé ne manquent pas en effet de
305
destiner leur titulaire, quand il est un serviteur particulièrement dévoué
et compétent, à occuper les premières places dans l'appareil adminis-
tratif (108).
306
rabt fi pmr al-umùr), faisant de lui son lieutenant à Mahdiya et dans
tout le pays, et lui laissant les clefs des chambres fortes du
Trésor» (112).
307
régions ne veulent pas que quelqu'un exerce une surveillance sur les
affaires des gouvernements provinciaux dont ils ont la charge.
Le souverain reproche à Oaw<lar sa négligence en des termes qui
trahissent le caractère précaire de la charge qui lui est conférée : « T'i·
magines-tu que je t'ai mis simplement comme gardien de la porte du
palais» (116) 7 Quelles tâches incombent exactement à Oawdar resté
à Mahdiya que Man,üriya n'a pas encore détrônée de son rang de
capitale 7 Est-il investi d'une autorité effective qu'il doit exercer de
façon permanente '?
Bien que sa délégation de pouvoir doive se limiter à une période
déterminée et prendre fin avec le retour du souverain, Gawdar con-
serve ses fonctions à Mahdiya dont il assure le gouvernement avec les
pleins pouvoirs. Le souverain l'engage à y maintenir l'ordre avec éner-
gie et fermeté : « Ce n'est pas ainsi par Allah qu'on maintient l'ordre !
Il ne doit pas y avoir dans tout Mahdiya et dans l'ensemble des dis-
tricts qui sont autour de toi, pas la moindre chose, pas le moindre
atome, que tu n'en aies connaissance, que tu ne t'en préoccupes et que
tu ne prennes une décision à ce sujet » (117). ·
Les fonctions de Oawdar intéressent donc l'ordre public : le sou-
verain lui laisse la haute main sur la police de Mahdiya et de sa région.
Mais son autorité ne parait pas s'étendre à l'ensemble des provinces
du pays où les pouvoirs de sécurité incombent sans doute aux gouver•
neurs. Oawdar remplit en somme le rôle de chef de la sOreté dans
Mahdiya, et fait figure de « préfet de la ville», (~l}.ib al-madina), dé-
tenant en même temps le droit de justice administrative et les pouvoirs
de police (118).
Avec l'accession d'al-Mu'izz au trône, la charge de Oawdar subit
une évolution rapide qui lui donne sensiblement le caractère d'une
institution organisée et stable. Après avoir confié le gouvernement de
Mahdiya à son lieutenant Nll$<lyr le slave, Oawdar ne tarde pas à re-
joindre à Man,üriya le nouveau souverain qui le loge auprès de lui
« dans le Dâr al-Bal}.r », à l'intérieur de son palais béni, conformément
à l'habitude (des Imams) d'habiter avec leurs affranchis» (119). Dès
lors, les contours de sa fonction se précisent. C'est son rôle original
de « saf"tr » qui se fixe sous la forme d'un office central de coordination
coiffant les divers services publics et établissant la liaison entre eux et
le palais.
308
Sa fonction consiste à « centraliser » les rapports et requêtes éma-
nant des hauts fonctionnaires et à les communiquer au souverain. En
guise de réponse, celui-ci lui envoie des « rescrits », (tawqlj, qui con-
tiennent ses décisions, ses conseils ou ses ordres. ôawc;lar se charge de
les transmettre awt intéressés et de veiller à leur exécution. Son secré-
taire et rédacteur de sa Sira, le slave Abll •Ali al-Man$ür al-'Azizî
al ôawc;lari, décrit ainsi la tâche concrète de son maître : « l'ustàd
faisait des extraits de leurs lettres concernant les points sur lesquels il
était nécessaire de demander une décision, il laissait un blanc sur le
rouleau de papier entre chaque extrait, et sous chacun d'eux, l'imam
al-Mu•izz bi dinillah écrivait de sa main ce qu'il fallait faire, Il en fut
constamment ainsi jusqu'au jour où il partit pour l'Orient» (120).
309
L'administration centrale : Chancellerie, poste et renseignement.
La Chancellerie :
Dans un état où comme on le voit le souverain assume en personne
la direction politique des affaires et s'assure le concours de simples
exécutants pour veiller à la bonne marche des services publics, l'ami-
nistration est très centralisée et peu compliquée. Dotée dès le début de
la dynastie, par le Mahdi, des rouages indispensables à l'exercice du
pouvoir civil et à la gestion des finances, elle demeure, jusqu'à la fin
de la période ifriqyienne et en dépit de la puissance croissante de l'Etat
sous le règne d'al-Mu'izz, peu développée. N'ayant encore ni la lour-
deur ni la complexité excessives qui la caractériseront en Egypte, elle
n'en paraît pas moins active, et fonctionne régulièrement sous la main
d'un personnel qualifié recruté parmi des serviteurs aussi :zélés que
dévoués à leur maître.
Cette administration, qui portait un nom également en usage à
Cordoue à la même époque, « al-bidma » (122), et comprenait divers
bureaux appelés « dawawin », avait son siège dans la résidence cali-
fienne (diir al-mulk) ou al-i)aQra al-'aliya) (123). Après avoir utilisé
les services ag)abides installés à Raqqada et à Kairouan à proximité
de la Grande Mosquée, le Mahdi fit construire des locaux pour l'ad-
ministration centrale dans sa nouvelle capitale, Mahdiya, non loin de
son palais, probablement à l'intérieur de l'édifice appelé la Cour des
Comptes (dar al-mui)asabiit) (124). D'autres bâtiments furent ensuite
aménagés dans la cité d'al-Man~ùriya, devenue à son tour capitale du
royaume sous al-Man~ùr puis al-Mu'izz (125).
Une multitude de fonctionnaires dont le recrutement devait être
agréé par le souverain, les kuttab, travaillaient dans ces bureaux et
recevaient des soldes, « rizq », à un taux variable, « rasm », selon leur
rang dans la hiérarchie administrative. Leurs mérites étaient appréciés
du monarque qui se faisait un devoir, pour rendre grâce aux employés
décédés, de fournir officiellement le linceul, et de nommer, s'il y avait
lieu, leurs enfants aux postes qu'ils avaient occupés (126).
Parmi les services centraux, celui de la chancellerie ne semble pas
avoir eu, dans l'Ifriqya fiitimite, l'importance ni le rayonnement qu'il
a pu connaître dans d'autres monarchies, celle des Umaiyades
d'Espagne par exemple (127). Aucun nom célèbre n'y a encore illustré
la fonction si brillante de la Kitaba, ni donné à l'art épistolaire tout
l'éclat qu'il allait y revêtir un siècle plus tard avec des lettrés aussi
fameux que 'Ali b. Abi 1-Ri#iil, Ibn R.asiq ou Ibn Saraf {128).
310
Pourtant, au début du règne d'al-Mahdi, le premier qui ait exercé
la fonction de scribe et porté le titre correspondant de Kâtib, paraît
avoir j oui d'une grande notoriété littéraire à son époque. Plus connu
par sa Kunya d'Abü 1-Yusr et le surnom d'al-Riyâc,ti, « le mathémati-
cien », il a pour nom Ibrahim b. Mul)ammad al-Saybânî al-Bagdâdî.
Responsable de la chancellerie sous les Aghlabides, il s'était empressé
de passer au service des nouveaux maîtres du pays et avait accompa-
gné, on l'a vu plus haut, le Dâ'i, lorsqu'il se mit en marche sur Si#il-
mâssa pour y délivrer le Mahdi. Dès qu'il prit le pouvoir à Raqqâda,
celui-ci le maintint dans ses fonctions (129).
311
chefs Jcutama, apportant au souverain le secours d'un esprit clairvo-
yant et ferme et d'une longue expérience politique. Intelligent, éloquent
et pourvu d'une grande culture, il fut, à la tête de la cllancellerie, un
secrétaire parfait. Ses mérites et son dévouement lui valurent de deve-
nir aussitôt le personnage le plus influent dans l'entourage du Mahdi
qui lui ajouta, on va le voir, les attributions du Barid. Il devait conser-
ver ses hautes fonctions pendant de longues années, jusqu'à sa mort,
sous le règne du troisième calife Isma'il al-Man,11r (133).
C'est dès lors au slave, ôawhar, le futur conquérant de l'Egypte,
qu'échut le service de la chancellerie dont il garda la direction sous le
règne d'al-Mu'izz. ôawhar prit part à la campagne contre Abü Yazid
et se trouva chargé par al-Man~ür, en sa qualité de secrétaire, « kiitib »,
de rédiger et d'envoyer dans toutes les provinces les documents offi-
ciels (134). Dès le retour du souverain en lfriqya, il fut placé à la tête
du « diwan al-rasii'il » institué en même temps que d'autres offices à
Mansuriya, nouvelle capitale et résidence c.alitienne. Mais nous n'a-
vons que de maigres renseignements sur le fonctionnement de ce ser-
vice. Généralement, le monarque notifiait au « diwan al-ra.si 'il » ses
décisions, ses instructions et ses réponses aux rapports et requêtes
émanant des agents de l'Etat, sous forme de billets écrits de sa propre
main ou « rescrits », (tawqI'). Ces notes brèves servaient à la rédaction
des écrits officiels que le chef de la chancellerie se chargeait également
d'adresser à leurs destinataires dans les services publics de la capitale
et des circonscriptions provinciales. La tâche essentielle de Ôawhar,
comme l'attestent quelques données de la Sira et_ des Matalis (136),
consistait ainsi à établir les diplômes d'investiture ('ahd), les actes de
nomination ou de dotation territoriale (mamür), les lettres d'ordre,
les brevets et toutes pièces officielles (kitâb ou si~).
Ces attributions purement techniques différent donc de celles de
Ôawdar dont nous avons examiné plus haut le rôle de « transmetteur »
à la tête d'un office similaire. Responsable en titre de ce rouage fonda-
mental de l'Etat qu'est le « diwan al-rasii'il », donc de la correspon-
dance régulière du monarque avec les hauts fonctionnaires de l'admi-
nistration centrale et régionale, et de l'établissement des actes officiels
auxquels elle donnait lieu, Ôawhar disposait d'une autorité adminis-
trative permanente. Son rôle considérable de « grand commis » le
désignait à assumer d'autre charges d'ordre civil ou militaire, celles-ci
étant souvent interchangeables. C'est en effet en sa qualité de kiitib
qu'il fut également appelé à mettre de l'ordre dans les finances, puis
à commander les armées (137).
312
Les quelques pièccs de chanœllerie dont le texte nous est parvenu
laissent penser que l'art épistolaire qui fleurira en Egypte et dont té-
moigne la correspondanœ du calife al-Mustan$ir (138) ne s'était pas
suffisamment développé, et que les règles ne s'en étaient pas encore
fixées dans le moule rigide qui caractérisera la technique et la manière
des scribes égyptiens, un Ibn ijayran ou un Sirazi (139). Ainsi, l'usage
en Ifriqya du paraphe ou signe de validation ('alâma), écrit de la main
propre du calife (bi batti 1-yadi §-!arifa n-nabawiya) n'est pas cer-
tain (140). L'adoption d'une formule constante de doxologie ne sem-
ble pas non plus avoir été courante. L'expression pieuse de la l}am-
dala, « louange à Dieu Seigneur des mondes », (al-l,tamdu lillâhi rabbi
1-'âlamin), qui, à la suite de la basmala introduisait la correspondance
d'al-Mustan$ir, et qu'al-Maqrizi identifie au paraphe califien, existe
sur quelques documents ifriqyiens. Une variante de cette formule,
dont d'eitceptionnelles circonstances expliquent l'emploi, figure en
tête d'une lettre adressée par al-Qâ'im à l'un des principaux clans ku-
tamites, les LahI$a, pendant le siège de Mahdiya par Abû Yazid, pour
les exhorter à combattre l'ennemi et à dép&her des renforts ; elle com-
porte une addition à la bamdala : « et le bonheur supreme est réservé
aux gens pieux», (wal 'aqibatu lil-muttaqin) (142). En revanche, tous
les textes des pièces que nous connaissons portent la basmala. Le pre-
mier document officiel établi sur l'ordre du Mahdi au lendemain de
son entrée à Raqqâda porte la basmala suivie de la formule « et dont
on cherche l'assistance», (wa bihi nasta'inu) (143). Une lettre de vic-
toire dictée par al-Man$ûr à son secrétaire Gawhar et expédiée depuis
son camp du Djebel Kiyâna où il venait de triompher d'Abû Yazid,
à son lieutenant à Man$ûriya, le slave Qudâm, commence de la même
manière (144).
313
Comme en témoignent plusieurs rescrits, lettres et sermons, con-
servés dan.s la Sira de Gawdar, les Magalis d'al-Nu<min, ou les 'Uyùn
al-A.bbiir du Da'i Idris (146), et dont la rédaction devait requérir, avec
une vaste et solide culture, une parfaite connaissance de la doctrine
isma'ilienne, la correspondance officielle fatimide était, en partie du
moins, de la composition sinon de la plume des souverains eux-mêmes.
Al-Mu'izz tenait à répondre en personne à toutes les lettres qu'il rece-
vait d'Orient et d'Occident (147). Bibliophile et lettré, ayant une gran-
de dilection pour les sciences et les arts, ce monarque déployait une
activité intellectuelle intense et aimait apporter sa collaboration à
l'élaboration des ouvrages que composait son cadi et biographe al-
Nu'man (148). Son père, écrivain, poète et orateur d'une éloquence
prodigieuse, avait un goOt aussi marqué pour les livres et la science.
Ses livres et ceux de ses Pères les lmams comptaient parmi ses trésors les
plus précieux (149). Ni al-Qa'im ni al-Mahdi ne manquaient non plus
de goOt pour la culture. En quittant précipitamment Salamiya pour
le Maghreb, ce dernier eut soin d'emporter dans ses bagages des « li-
vres qui lui appartenaient et renfermaient de nombreuses scien-
ces» (150).
L'intérêt personnel que des monarques aussi attachés à la culture
et dont on a pu mesurer tout le souci d'exercer eux-mêmes leurs attri-
butions souveraines, portaient à leur chancellerie, ne saurait donc
surprendre. Leurs lettres officielles et leurs sermons devaient d'ailleurs,
à l'époque où la dynastie allait touver en Egypte toute sa puissance
et l'Etat une solide organisation, leur servir de modèles et favoriser
ainsi le développement et l'épanouissement d'un art. épistolaire vi-
goureux.
314
fut pris, après avoir vécu quelque temps dans la clandestinité, et exé-
cuté vers la fin de l'année 299/912. Le barid passa dès lors entre les
mains d'al-Bagdidi qui devait en garder la charge jusqu'à sa mort (153).
Cet homme de confiance du Mahdi, qui, rapporte ôa•far le cham-
bellan, avait hérité« de tout ce qui était sous l'autorité d 'lbn al-Qadim,
la d1rection de tous les diwâns et des finances » (154) et dont on vient
d'évoquer le rôle prépondérant dans l'échec de la conjuration (155),
dirigeait, depuis les débuts de l'année 298/911, un service nouveau, créé
dès quele souverain eut vent de ce qui se tramait contre lui, une sorte de
bureau de renseignements, {diwân al-k~f), destiné à des tâches de « po-
lice secrète» qui correspondait à certaines attributions spéciales du
« $âl;ùb al-band». Le rôle d'al-Bagdidi consistait à coup so.r, au dé-
part, à surveiller les conjurés, à se renseigner sur leurs activités sub-
versives, puis à arrêter avec le souverain les mesures nécessaires pour
déjouer le complot. La conjuration étouffée et les conspirateurs mis
hors d'état de nuire, sa tâche se réduisait désormais à s'informer sur
l'attitude de la population à l'égard du nouveau régime dont la doc-
trine n'allait pas manquer de susciter de vives réactions, surtout parmi
les juristes, les dévots attachés à l'orthodoxie malékite, De nombreux
agants de renseignement (~i)ib al-babar) placés sous ses ordres avaient
pour mission de contrôler à kairouan comme dans les divers chefs-
lieux des provinces, l'observance des pratiques cultuelles introduites
depuis la conquête du pays par le Da'i ; ils dénonçaient les réfractaires
que le cadi ou le gouverneur se chargeait de châtier sévèrement, et
dont les auteurs des tabaqat se sont complus à décrire le martyre(! 56).
315
Comment l'institution a-t-elle évolué après la mort de ce haut
fonctionnaire ? En vérité nous n'avons dès lors que de très maigres
renseignements. Quelques données de la Sva de ôawoar suffisent
cependant à prouver que la surveillance politique ne s'était pas relâ-
chée sous les règnes d'al-Man~llr et d'al-Mu•izz et que le service de
l'information secrète avait été maintenu dans le royaume fatimide.
C'est à Ôawoar, scmblc-t-il, qu'en échurent les importantes attribu-
tions : il pouvait contrôler les courriers (furaniq) qui allaient et ve-
naient entre Man~üriya et Mahdiya et les divers chefs-lieux des pro-
vinces, et saisir toute correspondance suspecte échangée par des mem-
bres de la famille fatimide qui intriguaient contre le souverain. Il sc
tanait au courant des propos hostiles que certains d'entre eux faisaient
circuler à Mahdiya et en informait le calife (159). Les agents de ren-
seignements dont le gouvernement central disposait à travers le pays tra-
vaillaient probablement sous ses ordres. Ainsi les activités subversives
d'un espion que les Umaiyades d'Espagne entretenaient à M'sila,
auprès de gouverneur du .lâb, Ôa'far b. ·Ali, lui étaient signalées en
même temps qu'à al-Mu<izz (160).
316
III : L'Organisation provinciale
317
cantons de la province ifriqyienne est loin de correspondre à un dé-
coupage administratif du pays. Même combinés au mieux avec les
données complémentaires dues à deux autres géographes à l'informa-
tion aussi silre, Ibn ijawqal et al-Bakri, et les indications relevées dans
les textes biographiques, les renseignements qu'elle fournit ne sau-
raient suffire à l'établissement d'une liste complète des circonscrip-
tions provinciales (169).
On ne saurait dresser, dans ces conditions, que d'une manière
approximative une carte administrative de l'Ifriqya divisée en districts
exactement délimités. Il y a lieu d 'inscrire, au centre de ce schéma, une
küra principale, celle de Kairouan, la capitale du royaume étant suc--
cessivement Raqqiida, Mahdiya, puis Ma~üriya, Elle était limitée à
l'ouest par trois circonscriptions s'étendant du nord au sud, celles de
Lorbeus (al-Urbus, antique Lares ou Laribus) (170), de Sbiba (Sabïba,
antique Sufes ou Sufibus) (171) et de Gammouda (Qammùda, antique
Thacamuda) (172) dont le chef-lieu paraît avoir été transféré vers le
milieu du X0 si~le de Madkür à Ôiimùns al-Siibün. Cette derni~e
kilra touchait à celle de Gafsa (Qafsa, antique Capsa) que prolon-
geait vers le sud-ouest le district de Qasµliya avec Tozeur (Tawzar ou
Tuzar, antique Tusuros) pour chef-lieu (173), Au Sahel, c'est à dire la
façade maritime de l'Ifriqya centrale, correspondaient les deux impor-
tants districts de Sousse et de Sfax (Süsa, antique Hadrumète, et Safâ-
bus, antique Taparura) (174). Sur le litoral encore et dans la partie
méridionale du royaume, la province de Gabès (Qabis, antique Taca-
pas) (178), puis celle de Tripoli (Tarâbuls) que bordait celle de Barqa,
aux confins du territoire Ifriqyien, sur la route d'Egypte (176), Quant
à la partie septentrionale, en deçà et au delà de la vallée de la Medjer-
da,jusqu'au bord de la mer, elle se partageait d'ouest en est en quatre
grandes küras : celles de Béja (Ba~, antique Vaja), grenier du
pays (177), de Satfüra (chef-lieu Bizerte, Banzart, antique Hippo-
Diarrhytos) (178), de Tunis (Tünus) et de la presqu'ile du Cap Bon
(Ôazirat Abi Sarik) dont le chef-lieu était Manzil Biisü et qui compor-
tait, selon Muqaddasi, douze cantons (179).
Ces quinze küras couvraient ainsi la partie orientale du royuame,
celle qu'al-Nu'miin appelle le pays de l'Ifriqya (Bilâd ifriqya) et qui
correspond approximativement aux trois provinces de l'antiquité
latine : la Byzacène, au centre de l'Africa, la Proconsulaire dans sa
partie septentrionale, et la Tripolitaine dans sa partie méridio-
nale (180). L'autre moitié, celle des zones montagneuses de l'ouest,
que al-Nu'mân appelle le pays des Tribus (bilâd al-Qabâ'il) et qui,
318
couvrait à peu près le territoire de l' ancienne Numidie, se partageaiet
elle aussi. en Kuras. La plus vaste d 'entre elles qui portait une
appellation régionale, était celle du Zâb qui comprenait plusieurs
cantons (na~iya, plur, nawâlµ") et avait M'sila pour chef-lieu, Les au-
tres étaient désignées par le nom de leur chef.lieu ou de la principale
place forte régionale. C'étaient tout d 'abord, à l'ouest de la circons-
cription de Lorbeus, sur la région montagneuse du Haut Tell où cou-
lent le Mellègue et l' oued Meskiyana, la küra de Marmatanna et de
Meskiyana avec Meskiyana pour chef-lieu (181). Plus au sud, celle de
Tebessa (l'abassâ, antique Theveste) (182) limitrophe des provinces
de Gammouda et de Gafsa, et qui touchait à l'ouest, au pied du massif
de !'Aurès, celle de Bagàya (Bagaya, antique Bagai) (183). Plus au
nord, celle de Qa~r al-Ifriqï et de Tifech (l'ïfiis, antique Tipassa) (184).
La région des Hauts plateaux du Constantinois et celle de la Petite
Kabylie comptaient au moins une küra chacune. Quant aux vastes
étendues du Maghreb central, elles dépendaient, en dehors des apana-
ges des Sanhâ!a zirides {185), de l'ancienne capitale des Rustémides,
Tâhart, devenue chef-lieu d'une importante province, la plus éloignée
à l'ouest du royaume (186). Au delà de Tâhart, les deux grandes capi-
tales régionales, Fès et Sililmâssa, étaient gouvernées pour le compte
des Fatimides chaque fois qu'elles retombaient sous leur domina-
tion (187). Enfin la grande île de Sicile formait une immense circons-
cription administrative séparée, placée sous l'autorité d 'un gouverneur
résidant à Palerme, sa capitale provinciale (188).
Selon al-Nu'mân, c'est aux principaux chefs Kutâma que le pre-
mier souverain fatimide confia le gouvernement des diverses provinces
du royaume. Des raisons politiques dont on a exposé plus haut la
substance, l'incitèrent néanmoins à placer de hauts dignitaires arabes
à la tête des circonscriptions de Kairouan, de Sicile et du Zâb (189).
La règle suivie dès lors par la dynastie dans le gouvernement des pro-
vinces était celle de l'Istikfâ' (190) qui conférait aux gouverneurs le
droit d'exercer les pleins pouvoirs. Délégués personnels du monarque,
ils exerçaient en somme, en son nom, une autorité absolue sur leurs
circonscriptions respectives et disposaient de troupes armées cantan-
nécs dans le chef-lieu. Les larges attributions militaires, judiciaires,
financières et religieuses qu'ils détenaient leur assignaient une double
mission essentielle : faire régner l'ordre et lever les impôts. Certains
d 'entre eux possédaient des pouvoirs si étendus qu'ils faisaient figure
de véritables vice-rois, tels les Banü l;lamdün du Zâb et les Bani\ 1-
Kalbi en Sicile.
319
Le royaume fatimide ignorant le systme de la ferme des impôts
((jaman) à l'exception de la province de Barqa qui fut donnée à ferme
probablement au début du règne d'al-Mu•i.zz, les gouverneurs admi-
nistraient leurs circonscriptions territoriales sans contrat, « de con-
fiance», (bi'l-'amàna}, précise Ibn l;lawqal (191). Non tenus de 'terser
au préalable une somme déterminée au Trésor de l'Etat, ils prélevaient
sur les revenus annuels des küras toutes les dépenses publiques (émo-
luments des agents locaux, soldes des troupes stationnées sur le terri-
toire et autres frais de gestion) et n'acquittaient donc que le surplus
qui constituait effectivement le produit des impôts (192).
Ce régime de gestion autonome, qui laissait aux préfets l'avan-
tage substantiel de ne pas débourser d'avance des sommes considéra-
bles qu'aurait exigé l'affermage des impôts, favorisait les abus de pou-
voir et incitait les agents du fisc à déployer tout leur zèle afm de tirer
des contribuables des fonds assez importants pour couvrir les dépenses
d'administration et verser au Trésor un surplus appréciable, Maintes
fois décriées dans nos sources sunnites, ces contributions, dont on ne
va pas tarder à examiner la nature, semblent avoir lourdement pesé
sur les épaules des Ifriqyiens sous les règnes des deux premiers califes,
al-Mahdi et al-Qâ'im, et contribué dans une large mesure à renforcer
la cause des rebelles baritïtes (193).
Aussi le dernier calife, al-Mu<i.zz, se montrait-il particulièrement
vigilant à l'égard des gouverneurs dont il exigeait un dévouement total
à la dynastie, mais dont il ne tolérait aucune forme d'oppression. Son
biographe et cadi al-Nu'màn rapporte longuement les propos édifiants,
les considérations morales et les réflexions qu'il se plaisait à formuler,
quand il s'adressait à des préfets, sur l'importance de leur charge, les
devoirs qui leur incombaient et les qualités dont ils devaient se
parer (194). Al - Nu'mân insiste surtout, dans de nombreuses
« séances », sur les conseils de bienveillance et de douceur que le sou-
verain se souciait de prodiguer verbalement ou sous forme d'instruc-
tions écrites aux gouverneurs des diverses provinces du royaume.
Lorsqu'il louait leur zèle, leur fermeté ou leur esprit d'économie il
s'attachait également à vanter les vertus de clémence et de justice et
les exhortait à traiter leurs administrés avec bonté et ménage-
ment (195).
Quand elles étaient excédées, les populations accablées par les
exactions adressaient des plaintes au souverain sous forme de p6titions
ou par l'intermédiaire de délégations qui étaient reçues au palais en
320
audience solennelle. Ayant fait procéder au préalable à des enquêtes
pour 6tablir le bien-fondé de leun accusations, le monarque tenait en
l'occurence des propos pour flétrir les injustices commises et condam-
ner les abus qui étaient aussitôt réprimés. Dès qu'un gouverneur était
reconnu coupable de graves méfaits, il n'hésitait pas à le destituer de
ses fonctions (196)· Mais les abus engendraient parfois des troubles.
et les mesures de bienveillance et d'apaisement s'avérant inefficaces,
le souverain se voyait contraint de dépêcher des troupes pour rétablir
l'ordre (197).
De ce souci constant qu'avait al-Mu•izz de maintenir sur toute
l'étendue de son royaume une ferme autorité excluant toute forme de
tyrannie, on possède de nombreux témoignages dont il n'y a aucune
raison de mettre en doute la véracité. Le dernier souverain fitimide,
qui exerçait une étroite surveillance sur l'activité de ses préfets et se
rendait quelquefois dans les provinces pour s'informer sur place de la
situation, paralt tout pénétré de la haute mission pour laquelle Dieu
l'a élu, celle de régner avec justice et d'en répandre les bienfaits sur ses
sujets. A ôawdar qui lui signale les abus de certains gouverneurs, il
écrit : « Allib sait que nous n'acceptons pas cette oppression et cette
injustice pour aucun de ceux qui sont soumis à notre obéissance... Si
nous déchainons entre nous des sentiments d'hostilité, si nous nous
faisons hair nous-mêmes de la population et si nous nous exposons à
la haine d'Allib Grand et Puissant, nous aurons réalisé les espérances
de nos ennemis. Qu'Allah nous préserve de n'avoir pas dans notre for
intérieur pour la nation sur laquelle AJJib nous a ordonné de veiller,
d'aussi bonnes intentions que celles que nous manifestons publique-
ment» (198). Une politique aussi avisée ne manque pas d'avoir, sur
les gouvernements des provinces, un effet bénéfique, assurant, dans
un royaume qui se remettait des souffrances de la guerre, la bonne mar-
che de l'administration régionale, Et c'est en partie au bon fonction-
nement de son organisation provinciale que l'Etat doit sans doute la
stabilité et la richesse qui firent la puissance de la monarchie fiµmide
sous le règne d'al-Mu'izz.
321
•
Chapitre D
L'ORGANISATION FINANCIERE
323
attendit, avant de pénétrer à Kairouan, que le Di'i Abo ·AbdaUab se
rendit maître de l'Ifriqya et que l'Imam fut délivré de SiliJmasa puis
installé sur le trône des émirs déchus, à Raqqada (3). Le service des
soldes et pensions,« diwan al-'ata' », à ·AbdOn b. l;lubasa, un Berbère
Kutimite qui fit « enregistrer les affranchis et les fils d'esclaves et les
candidats qui s'étaient empressés de s'inscrire, dressant ainsi de lon-
gues listes » (4).
Il est un cinquième service financier que l'lftitlil) aJ-da•wa est seul
à mentionner et qui fut mis sur pied, semble-t-il, indépendamment du
diwan al-bari! ; selon al-Nu'man en effet le Mahdi fit installer un ser-
vice des biens fonciers et de liquidation « cpya• » qui appartenaient
aux émigrés avec Ziyiidat AUah et qu'il avait confisqués (5).
324
« mip- Ifriqya » ou « qapbatuha » (8), pour devenir également une
grande cité de plus en plus florissante tout au long du règne
d'al-Mu'izz (9)..
•
' ~ lors l'administration centrale ·des finances va comprendre à
Man'11riYa de nombreux rouages, connaitre une organisation de
plus en plus complexe et porter l'appellation plus générale de « dïw!n
al-Man~ilriya » qui semble devoir désigner plus précisément un service
central - l'équivalent de la Cour des Comptes de Mahdiya - grou-
pant les divers services financiers (10). Le Trésor Public, « Bayt al-
mal », attesté à Mansuriya comme auparavant à Mahdiya. était-il
distinct de ce diwan qui aurait correspondu plus pr6cisément à une
Direction générale du fisc comprenant plusieurs bureaux spécialisés.
Certains doc;uments de la Sira de Ôawdar, quoique peu clairs, autori-
sent à le croire (11). Ainsi sous le règne d'al-Mu'izz, le bayt al-mil, à
M~Qriya, était placé· sous la haute autorité de l'eunuque ôawdar
qui avait exercé la meme charge à Mahdiya sous le règne du second
calife al-Qi'im « ~ a-ilayhi al•naiara fi bayt al-mal» (12). Quant au
diwan, il.~rait, sous le meme souverain. .clestiné plus spécialement à
recueillir les fonds provenant de la gestion des dom.aines califiens et
se confondre - du moins dans un de ses rouages annexes - avec le
« diwan al-4,iya' » institué par le Mahdi à son av6nement. Ainsi les
domaines « 4,iya' » ou « manazil » alimentaient, entre autres ressour-
ces, la cassette particulière des monarques fatimides qu'il y a lieu donc
de confondre avec un des rouages du « Diwan » à Man~Qriya, comme
en témoignent certains documents de la Sira de ôawdar. L'exemple
le plus typique est celui des domaines « manazil » du slave M~ar ;
officier des plus en vue sous le règne d'al-Mu'izz, précepteur de celui-ci
puis gouverneur de Tripoli doté d'une large autorité sur les territoires
orientaux du royaume de Tripoli à Barqa, Muiaffar encourut la colère
du souverain et fut exécuté en même temps que son congénère Qa~ar.
Ses domaines devinrent naturellement propriété de son maître, le ca-
life al-Mu'izz. Administrés par ôawdar qui avait la haute main sur la
gestion des biens califiens, « l'argent qu'ils rapportaient allait dans le
Diwan de Man~Qriya, puis fut inclus par lui dans la masse globale de
ses réponses consacrées à l'entretien des esclaves» (13).
.
En somme, il ressort des diverses indications relevées dans nos
sources, notamment dans la Sira de ôawdar, que le « Diwan » attesté
uniquement à M~ilriya. désignait le service central des finances qui
groupait sous le contrôle de Ôawdar, dont on a vu quelles étai~nt les
32~
hautes fonctions équivalentes à oelles d'un vizir, le Trésor Public pro-
prement dit, « bayt al-mil », les offices du fisc, « dawiwln al-~biya »,
et le Trésor particulier des Imams, sorte de cassette royale, la
« ba~~iyat bayt al-mil» des califes umaiyades d'Espagne (14).
Quelques années avant d'entreprendre la conq~te de l'Egypte,
al-Mu'izz porta une attention personnelle et particuli~re à la gestion
du Trésor Public, afin de s'assurer les fonds n#:a:ssaircs au financement
de l'expédition (15). Enfin, peu de temps avant de lanoer ses troupes
vers Fostit, il fit venir à Man~üriya vers la fin de l'année 967 l'escla-
von NU$llyr qui avait la haute main sur l'administration de Mahdiya
et lui confia la direction du Servioe oentral des finances, « Diwin », en
remplacement de Gawhar envoyé dans les provinces de l'ouest pour
rassembler « troupes et argent » (16). A son retour du Maghreb oen-
tral, le futur commandant de l'expédition reprit ses fonctions à la tête
des rouages financiers sous l'autorité de l'eunuque Gawdar, tandis que
NU$llyr était envoyé à Tripoli comme préfet chargé surtout de réaliser
sur les finances de la province des économies substantielles pour sub-
venir aux besoins de l'expédition maritime commandée par l'amiral
kalbite de Sicile, Al;lmad b. al-l;la.c:an (17).
Le départ de Nu~yr. puis de Ôawhar, de l'administration des
finances semble en avoir altéré le bon fonctionnement. Aussi le souv~
rain fatimide, privé de leurs services au « Diwan » de Man~üriya se
plaint-il de la mauvaise gestion des finances à son chambellan Gawdar,
en ces termes pleins d'amertume : « Nous nous étions reposé, ap~ le
départ de N~ayr sur Gawhar, et nous avons trouvé en lui et avec lui
tout oc que nous désirons. Mais depuis que Gawhar est parti, les affai-
res ont été négligées, chacun a suivi le naturel sauvage de sa passion,
il n'y a plus eu de Trésor ni de gardiens du Trésor, plus d'esclaves,
aucune situation dont on pOt connaitre ce que l'on désirait» (18).
Comme on le voit, il suffisait que des agents « spécialisés » tels
que Gawhar ou NU$llyr fussent appelés à d'autres fonctions pour que
la gestion des finances s'en ressentit. Et quand on songe aux ressources
considérables fournies par les impôts et les taxes. aux revenus des bou-
tiques appartenant à l'Etat, à l'importance des redevances qui frap-
paient la commerce intérieur et extérieur, on s'explique aisément com-
ment al-Mu'izz a eu recours aux services du cél~re vizir juif Ya'qllb
b. Killis déjà en lfriqya, avant de le placer quelques années plus tard,
en Egypte, à la tête de l'administration des finances. le faisant assister
dans l'exercice de sa tâche par le Kutamite 'Uslùi b. al-l;lasan (19).
326
Mais la compétence et les attributions de ces hauts fonctionnai-
res, également celles des nombreux agents du Trésor « ijuzzin » ap-
paraissent mal définies. On peut en revanche remarquer qu'ils étaient
tous, à l'exception de quelques agents arabes ou berbères kutamites
utilisés soit dans le cas des premiers à cause de leur expérience des
affaires de l'Etat, soit dans celui des seconds pour obéir à des mobiles
d'ordre politique, des esclaves « 'abid » ou des affranchis « mawali »
d'origine chrétienne, des esclavons donc qui, comme en Espagne
musulmaneàlameme époque, obtenaient les commandes de l'appareil
administratif et dirigeaient particulièrement en lfriqya les services
financiers (20).
327
al-Higa », en l'occurence la capitale du royaum~ fipmide, Mahdiya
puis M~üriya (22).
Pourtant il n'y a pas lieu dé confondre· le·« bumus » avec;· une
autre co~tribution isma'ilienne, celle du «'dtnir al-hÎ#ra » (dinir dé
l'émigration) et le « dirham al-fitra » ·(dirham de l'adhésion) institué
au Bahrain par le chef qarmate ijamdin et probablement perçu par
le Da'i Abu 'AbdalJah, si l'on s'en rapporte au témoignage d'une lettre
circula.ire de l'Aghlabide Ziyadat AIJih IIl, lue du haut des chaires
des mosquées pour dénoncer le caractère messianique du §i'isme et
l'illégalité de sa fiscalité (23).
Le « dinar de l'émigration » que chaque partisan de l'isma'ilisme
versait à l'imam, était destiné pendant la période d'occultation à sub-
~ aux besoins. des adeptes quj ,émigraient d!=$.diff'~n!5 «ilôts»
vers les « dir al-higra >>,.av noni.bi'e d~uels. Ikpn,. ch~ ,les Klitayna,
. Kabylie (24)..
en. Petite ' .. · . . . ... ·.: .. . .. . ... : .. . :· ... :.. .·.·
· · . Quant au « dirham ·de l'adhésion·» qu'il faut' distinguer..de l'aU- :
mône légale de la .rupture -du jetbie ·« ~ » qu,i est la m!me '<bµis le'.
fiqh isma'llien et le fiqh sunnite, il devait être vené par le néophyte au·
moment de son adhésion à la doctrine isma'illenne (25)•
..
Mais si la perception du« dinar al-hi#ra » et du « dirham al-fitra ».
n'est pas attestée à Iktàn qui fut pendant les quinze années de l'apos-
tolat du Dà'i, le « dir al-hiAra » des «fidèles» (mu'miniln) kutima,
celle des « maginim » est en revanche nettement mentionnée par al-
Nu'min dans son « lftitâl) al-Dtfwa ». Dés. qu'il s'assura du triomphe
parmi les montagnards berbm-es de 1a Petite Kabylie de 1a cause
qu'il
était venue proclamer au Maghreb, le Dà'i institua en effet pour le
compte de l'imam une contribution de ce nom sur les biens de chaque
membre de la communauté calculée au taux de un cinquième sur ses
revenus. Les fonds ainsi recueillis et desquels le Di'i ne prélevait rien
pour lui-même, étaient confiés à la garde des «doyens» qui durent
les remettre au Mahdi lors de son passage à Ik!àn, quelques· jours
avant son en·trée officieUe à Kairouan (26).- · · . .
.' ·-
C'est toutefois dans ses ·« ./)a'iiim al-Iskµn »· comme· dans son
« Kita~ ql-Himma » qu'al-Nu'man s'attache ·à démontrer le caractère
légal de cette contribution du « bumus » distincte de l'aumône légale
de la z:akat : « tous les croyants doivent verser le cinquième de tous
les b.iens qu'~ ont réalisés, en tout temps, à l'imam de l'époque - de
~8
la descendance du ProphMe- conformmient à la prescription d'Allah,
en pius de l'aumône légale « zakit » sur leurs biens» (27). Le célèbre
juriste s'applique à·trouver dans le fiqh. si'ite des fondements juridiques
à cette contribution du « l)umus ». L'aumône légale étant interdite au
ProphMe et à sa famille des « Ahl al-bayt », Dieu leur a accordé en
compensation le « bumus » car la « ~qa » ou « nkit » est destinœ
à « laver les péchés des fidèles » (28).
En effet c'est dans la tradition !i'ite recueillie et conservœ par
l'Imim Ôa'far al-$àdiq que le cadi d'al-Mu'izz puisse forcément les
l;iadlt qu'il cite à l'appui de ses thèses. Même « les perles extraites de
la pêche des huitres et l'ambre sont soumis à cette contribution du
« bumus » et également le métal précieux, le fer, le plomb, le cuivre et
les tr6sors découverts sous terre » (29). · ·
. .
Puis c'est bien siu dans l'exégèse !i'ite, cette interpr6tation parti-
culière du Çoràn, le « ta'wil », cultivœ' depuis Ôa'.far al-$àdiq par les.
Imam~ isma'i)iens et les juristes qµi ont élaboré le fiqh selon la doctrine
dont les lml!ms SO.nt, çlaos lew omniscience, les détenteurs exclusifs,
que l'auteur des« Dtfaim al-Islam» trouve les preuves les plus solides;.
la sourate al-Anfàl n'est-elle pas en effet explicite sur cette conception
du « butin » (ganima) propre à la doctrine §i'ite : « (les croyants) t'in·
terrogent, (ProphMe) sur le butin, réponds : le butin est à Allib et à
l'Apôtre... ». « Quelque chose que vous preniez en butin, sachez que
le quint (en) appartient à Allib, à !'Apôtre, aux Proches (de celui-<:i),
aux orphelins, aux pauvres, aux voyageurs... » (30).
Et ces propos qu'al-Nu'màn attribue à Ôa'far al-$idiq (31), Imam
et aussi célèbre juriste, miule de Malik et d'Abü l;lanlfa, viennent à
point sous sa plume étayer la thèse qu'il développe longuement : « Le
« bwnus » (quint) nous revient de droit, à nous les Ahl al-Bayt, à l'ex-
clusion des autres gens, et nous recevons en plus notre part des quatre
cinquièmes du butin r6alisé dans les combats auxquels nous partici-
pons... ». Nous en afl'ectons à nos orphelins, à nos pauvres et nos vo-
yageurs... 32).
Ainsi·donc,·précise al-Nu'màn, l'expression« le quint appartient
à Allàh » implique que le croyant doit rechercher la satisfaction d'Af.
lah et Sa récompense. C'est en fait au Prophète que le «quint» doit
revenir, de son vivant, et après sa mort, à l'imam de sa descendance
qui en affecte à ses proches et aux méritants parmi les membres de sa
famille et qui en dispose à sa guise l33).
329
Après le Coran et la Tradition §i'ite, la philologie sert également
à appuyer la thèse du cadi d'al-Mu•izz. Le substantif « Gunm » ne
signifie-t-il pas« Kasb ». soit tout bien réalisé par le fidèle. « Ganima »
a donc un sens beaucoup plus large que celui de butin et englobe tout
ce que possède le croyant (34).
Dieu ayant prescrit à son Prophète de percevoir la « ulrit »,
celui-ci et les Imams sont en outre tenus d'astreindre ses serviteurs à
verser l'aumône légale. Toutefois le Prophète et les Imims après lui
n'ont pas à contraindre les croyants au versement du « bumus » qui
leur revient de droit et qu'ils sont libres de percevoir ou de na pas per-
cevoir. Ce sont les croyants qui doivent obéir à l'injonction divine et
s'en acquitter sans nulle contrainte de la part des Imams (35).
Selon le droit isma"ilien, le « quint » revet donc le caractère légal
d'un impôt canonique aussi obligatoire que la zakat dont il se distin-
gue et auquel il s'ajoute sous la forme d'un versement unique, tandis
que la « zakit », elle, est une contribution annuelle. N'est-ce pas là
une innovation« bid'a » que l'orthodoxie malilcite à laquelle l'Hriqya
était restée attachée ne pouvait admettre ?
Aussi al-Nu"man parait-il soucieux, on le sent à travers ce long
développement du « Kitdb a/H-imma », chargé de répétitions, d'asser·
tions habilement élaborées à partir de versets coraniques et de l)adits
rapportés par Ôa'far al-Sadiq, de défendre la théorie §i'ite du
« bumus » et de convaincre ses contemporains. Car s'il est bien cer-
tain que les adeptes de l'ismarilisme désignés par l'expression << les
Croyants» (mu'miniln) s'acquittaient volontiers du « bwnus », il est
en revanche tout à fait improbable qu'une aussi lourde contribution
ait englobé l'ensemble des populations ifriqyiennes profondément
marquées par le mililcisme (36).
EOt-elle été étendue par les monarques fipm.ides à tous leurs su-
jets ifriqyiens, les faqihs malékites n'auraient sans doute pas manqué
de décrier cette innovation impopulaire comme ils ont dénoncé tant
d'autres pratiques du culte isma<ilien, et leurs biographes, Abil
1-'Arab, Miliki, 'Iyi(I, se seraient évidemment empressés de relever
de tels abus et de les condamner (37).
Du reste, al-Nu"min semble admettre implicitement que la per-
ception du « bwnus » accablait les « croyants ». Ne parait-il pas bien
soucieux en effet de les inciter à endurer avec patience et courage toutes
330
les épreuves que leur fidélité aux Tmiims pourrait leur imposer ? L'é·
preuve qui les frapperait dans leurs biens n'est-elle pas la moins dure
de toutes celles que le dévouement aux Tmams doit leur susciter ? AJ.
Nu'min se complaît à ce propos, à relever divers exemples de
« mi\lna » dont ceux de Ali, d'al-l;lasan, voire celui du sacrifice d'Ab-
raham et de son fils Ism~l (38).
331
mieux renseigné, le directeur du T~r Public en ,personne, Abtl, 1-
I;lasan b. AbI •Ali, et confirmé en '360/970-971 par un autre haut fonc-
tionnaire aussi bien renseigné, Ziyldat Allah b. al-Qadim, le directeur
de l'impôt foncier, le chiffre que donne le célbbre géographe dont on
connait les sentiments pro-fatimides, était loin de correspondre, en
dépit de son importance, au revenu habituel de l'Etat. Lorsqu'on songe
qu'en cette année-là même, le pays venait tout juste de sortir d'une
guerre de quatre années qui l'avait ravagé et ruiné, un tel revenu pa-
raît bien considérable dans un Etat troublé, désorganisé, et réduit un
moment à la seule enceinte de sa capitale, Ne devait-il pas être beau-
coup plus important auparavant, puis après, notamment sous le règne
d'al-Mu'izz; surtout au cours des dernières années qui couronnaient
une longue période de stabilité politique intérieure, de conquêtes au
Magreb extrême, en Sicile et en .Cala\,re, et de prospérité économique ?
Aussi faut-il interpréter les propos tenus par Ibn al-Qadîm au
géographe oriental comme une ·simple confirmation du reqseignemcnt
que le directeur du Trésor Pu.bile lui avait fourni quato~ années a~
paravant, ~ ·admettre que le produit de la fiscalité avait· ~nsiblement
augmenté à une époque où le souyerain fàpmide venait d'ent!q>rcn-
drc la « marche» sur l'Orient et s'apprêtait à transférer le si~ge de son
Empire sur les bords du Nil.
Certaines indications de la Sira de Ôawdar donnent à croire en
effet que la perception des impôts et taxes diverses procurait au Trésor
des ressources beaucoup plus importantes que ne le laisse entendre le
témoignage d'Ibn l;iawqal. La seule province du Zàb que gouvernait
Ôa'far b. l;iamdün avec les pleins pouvoirs pouvait rapporter à l'Etat
plus ou moins de 70.000 dinars par an (42), Celle de Tripoli, où l'es-
clavon N~yr fut envoyé comme préfet après avoir exercé les fonc-
tions de directeur du Trésor à Mahdiya puis à Man~tlriya, permit de
réaliser sur les finances d'une année assez d'économies pour subvenir
aux dépenses de l'expédition d'Egypte et pourvoir notamment aux
frais de l'expédition maritime conduite en fin hwwal 359/début de
septembre 970, d'abord par le gouverneur de Sicile, Ab,mad ,b,
al-l;Iasan, puis par un autre officier de marine de la famille kalbite,
son cousin al-I;lasan b. 'Ammir (43).
Caractérisé par sa simplicité sous la régence du Da'i Abll
Abdallah, le sys~me fiscal allait devenir de plus en plus complexe avec
la fondation du califat et le développement de l'Etat en deux temps.
:132
d'abord tout au long du règne du Mahdi, puis sous celui d'al-Mu'izz,
marqué, on l'a vu, par une reprise de la politique de prépondérance et
d'hégémonie à l'ouest comme à l'est du bassin méditerranéen.
333
lées qu'on imposa en effet aux propriétaires ruraux des diverses cir-
conscriptions territoriales, une contribution (magram) appelée
« tacjyi' » qu'on prétendit etrc l'arrière du« taqsit » (4S).
Un régime fiscal non moins accablant semble avoir été institué,
ou plus exactement maintenu, en Sicile dont le statut foncier fait l'ob-
jet d'opinions aussi contradictoires que celles que les juristes ont émi-
ses à propos de l'Ifriqya ou de l'Andalus. Les pffi:ieuses consultations
du juriste malikite ifriqyien al-Diiwudi, mort en 401/1010 portant sur
une réalité « que l'écoulement des siècles a consacrée », nous appor-
tent par bonheur quelques renseignements précieux sur le système
fiscal en vigueur dans la Grande De aux 9° et 10° siècles (46). Le terri-
toire n'en ayant pas été, semble-t-il, assujetti au « quint», ni fait l'ob-
jet d'aucun partage entre les soldats, ni été laissé à la disposition des
Musulmans qui seraient venus s'y établir conformément à la procédure
adoptée par le calife Omar pour le sawiid de l'Iraq et l'Egypte, le ré-
gime de la propriété paraît y avoir été basé depuis la conquête sur le
droit de plus fort, comme en témoigne le cas d'Agrigente que concerne
une consultation significative d'al-Dàwudi (47).
Aussi la distinction classique entre terres de « 'anwa » et terres de
« tu}q » est-elle inexistante dans la réalité, et les occupants du sol sont-
ils astreints à s'acquitter de l'impôt foncier « barà# » en plus de la
taxe de capitation personnelle « #jzya 'alii 1-Ôamà#im ». Agrigente
par exemple était « inscrite dans le registre des impôts, tous les hom-
mes versaient chaque année la taxe de capitation personneJJe et chaque
propriété rurale était assujettie au tribut et devait appartenir en toute
propriété au trésor de la communauté musulmane» (48). Du reste, la
Sicile fut soumise entre 32Sf936 et 329/940, sous le règne d'al-Qii'im,
à de lourdes impositions par son gouverneur ijalD b. Isoaq b. al-Ward,
qui s'y signala par ses excàs de pouvoir. Général d'armée et aupara-
vant maître des finances du royaume, « $4bib diwan al-magrib »,
:ijalD réduisit sans merci plusieurs forteresses dont Agrigente,
Taormine, Rametta, Aci, qui s'étaient soulevées et avaient brfilé les
registres d'impôts. Pour les châtier, le général fitimîte leur imposa de
si lourdes contributions que les populations agricoles se résignèrent
en grand nombre à abandonner leurs possessions et à se refugicr en
territoire chrétien (49).
De telles impositions punitives ainsi que les contributions de
guerre versées par les provinces excentriques du royaume qui souvent
334
rejetaient l'autorité de l'Etat mais ne tardaient pas à revenir à l'o~is-
sance par la force et à payer en conséquence de lourds tributs, consti-
tuaient un apport non négligeable pour le Trésor do l'Etat. Ainsi
Tripoli qui s'6tait soulevé en 300/912-913 sous le règne d'al-Mabdi,
puis dut œcler au bout d'un siège rigourcwt, aux troupes kutimitcs
placées sous les ordres de son fils, le futur al-Qà'im. Celui-ci fit ex6-
cutcr les notables qui avaient organis6 le soulèvement et frappa les
habitants d'une lourde contribution de 400.000 dinars qu'il chargea
le mente ijalll, tripolitain d'origine, de lever (50).
335
Mais ces impositions non canoniques, en d6pit de leur .r6duction
ou de leur suppression momentanœ, ressuscitaient toujours dans l'or-
ganisation financière des Etats musulmans, tant elles étaient une source
d'appoint considérable pour le Trésor. Aussi sont elles attest6es sous
les Fatimides comme le sont à l'époque médiévale dans les autres pays
de l'lsliim, sous les Abbassides ou les Umaiyades d'Espagne : droits
de marché frappant le commerce intérieur et l'artisanat dans les cen-
tres urbains actifs et florissants, Mahdiya, Sousse, Kairouan.
M~llriya surtout (56) ; droits-d'octroi ou de péage (mariifid) (57),
dixièmes perçus dans )es ports sur les importations en provenance de
l'Espagne musulmane et des pays chrétiens (58) ; droits perçus sur )es
exportations vers l'Egypte et le Soudan (59) ; taxes de portes, notam-
ment à Mahdiya et à Man,üriya dont les cinq portes procuraient cha-
cune la coquette somme de 26.000 dinars par jour (60) ; gabelles sur
les matériaux de construction, Je corail, les légumes, le sel, le poisson
et diverses autres denr6es. De toutes ces redevances extra-légales, mu-
ldls, magiirim, lawizim, ~iliit, le trésor recueillait des sommes énor-
mes (61).
336
tous les excès quand les gouverneurs voulaient en commettre afin de
grossir les revenus de leurs régions.
Sans doute y en avait-il assez qui, pressurant les populations cita-
dines et rurales, les réduisaient à en appeler au souverain lui-même,
voire à s'insurger. Ainsi des troubles éclatèrent dans la région de TlfaJ
et de Qa$r al-Ifriqi, où la situation se détériora tant qu'al-Mu'izz dut
y envoyer des troupes pour rétablir l'ordre (65). Mais si l'on en croit
al-Nu'mân et l'auteur de la Sira de Ôawdar où sont exposés des mé-
faits commis par les préfets slaves, les Zàydan à T"ûü, Balab à Funduq
Raybin, Safi' à Qasr al-Ifriqi et autres rabi', le souverain fi timide s'est
toujours défendu de leurs injustices (66). On le voit tantôt répriman-
der sévèrement un gouverneur pour avoir levé de lourds impôts, tan-
tôt en destituer un autre coupable d'excès semblables, et condamner
sans ambages le recours à l'oppression fiscale. Mieux encore, on voit
al-Mu'izz affirmer maintes fois dans ses réponses à ôawdar qui prend
soin de l'informer des abus d'autorité dont le barld le tient au courant,
son souci de n'alimenter son trésor que par des perceptions légales et
d'encourager les activités économiques qui procurent aux caisses de
l'Etat des redevances substantielles mais justes (67).
En réalité, s'il paraît à travers la Sirat de ôawdar, préoccupé
d'assurer une bonne gestion financière et de garnir suffisamment les
caisses de son trésor en vue de réaliser les grands desseins que ses ance-
tres avaient toujours formés, al-Mu'izz n'en paraît pas moins soucieux
de ne récolter qu'un argent licite « mil l;ialâl ». Le souverain fâtimide
admet, oh bien sQr ! sans illusion aucune« que les hommes n'adorent
que le solide et que ce que nous sommes obligé de dépenser, il serait
bien étonnant que cela vienne de l'eau de mer» (68), mais c'est sans
doute avec sincérité qu'il s'exclame pieusement dans une réponse à
ôawdar : « Puisse-t-il n'y avoir dans nos trésors que des sommes d'ar-
gent licites dont la réunion soit pour nous un motif de récompense
aux yeux d'Allah et de confusion pour nos ennemis en ce mon-
de ! » (69). Et c'est aussi sincèrement qu'il recommande une politique
fiscale avisée et clémente et s'insurge sévèrement contre les exactions
dont ses agents se rendent coupables. Il est particulièrement intolérant
à l'égard de cet 'Abd Allah b. R.âfiq qui, à peine investi du« rab'» de
Mahdiya « wa §ùrata,ha », se croit autorisé à commettre des excès sur
la population de la cité qui mérite le régime le plus juste, en lui impo-
sant des taxes arbitraires et iniques, et il ordonne à ôawdar de le ra-
mener dans la voie droite : « Dis-lui que nous ne lui permettons pas
337
de pareils agissements et que nous sommes mécontents de le voir agir
ainsi, que nous préférons qu'il se fasse aimer des gens plutôt que d'aug-
menter les sommes qu'il rassemble ... Allah sait que nous n'acceptons
pas cette oppression et cette injustice pour aucun de ceux qui sont
soumis à notre obéissance... S'il n'y a pas d'autre moyen que celui-là
d'accroître les fonds du Trésor, qu'Allah ne les rassemble pas» (70).
Quoique la perception en numéraire semble avoir prévalu dans
l'organisation de la fiscalité fatimide, les prestations en nature n'en
tenaient pas moins wie place importante dans le produit des contribu-
tions rurales et des droits prélevés sur le commerce et l'artisanat Le
Da'i Abu 'Abdallah, on se le rappelle, avait refusé à Tobna le produit
de la dîme « 'mur» en s'écriant : « mais la dîme ne doit être prélevée
qu'en nature, et cela c'est du solide 1 » (71).
Entreposées dans des silos « ahra' » et des magasins (baz.â'in), et
gérées sous le contrôle direct de Ôawdar dont on a vu les multiples
fonctions à la tête de l'appareil administratif, les diverses marchandi-
ses servaient à la consommation du palais califien et de l'armée
et étaient au besoin vendues pour compléter le financement des expé-
ditions (72).
Et c'est en partie grâce à ses silos où d'importantes quantités de
vivres avaient été stockées en prévision des malheurs attendus avec
l'apparition du « daüâl » maudit, qui prit dans l'histoire le visage de
« l'homme à l'âne», que Mahdiya put supporter les rigueurs du siège,
lors de l'insurrection bariiite (73).
D'autre part, le Trésor privé des monarques fatimides s'enrichis-
sait comme c'enétait la coutume dans les dynasties musulmanes d'Occi-
dent et d'Orient au Moyen-Age, de cadeaux en nature et espèces. Bien
mieux, cette coutume qu'ils avaient de recevoir les dons les plus variés,
et qui traduisait aussi les sentiments d'attachement affectueux, voire
de vénération, que dans leur ferveur religieuse les adeptes de l'isma'i·
lisme nourissaient à leur égard, était devenue dans la société isma'i-
lienne une véritable tradition.
Ainsi, lorsqu'ils venaient rendre compte à l'Imâm de leurs activi-
tés dans les divers ilôts du monde musulman, les missionnaires lui
apportaient de riches présents que lui adressaient ses fidèles « awà-
liaires » (awliya') (74). Les hauts dignitaires de l'Etat, eux aussi, se
faisaient un devoir d'offrir au souverain des cadeaux coutumiers. C'est
338
ainsi qu'on voit l'eunuque slave Ôawdar dont on sait te rang éminent,
surtout sous al-Mu'izz, faire don à son maître d'importantes sommes
d'argent pour faire œuvre pie : sur une somme de 10.000 dinars qu'il
envoya une fois à al-Man~ùr le calife n'accepta que 1.000, mais il de,.
manda de les consacrer à la fabrication de « flambeaux dorés légers de
voyage, en bois plein et d'excellente qualité, de sabres avec leurs bau-
driers originaires de Mahdiya » (75). Quant à al-Mu'izz, il accepta le
don que lui fit son fidèle serviteur au moment où il « s'occupait active-
ment de faire partir des troupes pour l'Orient et était obligé pour cela
à des dépenses » (76). En tout cas, les Imams considéraient les dons
qu'ils recevaient comme des offrandes à Allah et ne manquaient pas
en l'occurrence d'invoquer la bénédiction d'Allah en faveur de leurs
partisans bien zélés (77).
Du reste les monarques fàtimides apparaissaient, à travers les
quelques renseignements que nous pouvons glaner çà et là dans nos
sources isma'ilienncs, bien attentifs à garnir suffisamment leurs cof-
fres. Parmi les qualités que les auteurs isma<iJ.iens inscrivent au compte
de l'Imam, on relève en effet le sens de l'économie. « Al-Mahdi, rap-
porte al-Nu'min, ne gaspillait ni ne négligeait la moindre petite somme
et il ne laissait pas engager des dépenses qui n'étaient pas jus-
tifiées » (78). Quant à al-Mu'izz, il se plaisait à apprécier les qualités
d'économie chez les agents de l'Etat. Dans une de ses réponses
à ôaw<Jar conservées dans la Sira de ce dernier, le monarque fàtîmide
félicite son fidèle serviteur pour sa bonne administration et ajoute :
« et nous sommes certain que si tu trouvais moyen d'emmagasiner du
vent sans parler d'autre chose, tu le ferais, mais sans l'enlever à ceux
qui y ont droit » (79). Dans une autre, il déplore le gaspillage auquel
se livraient les princes du sang et l'aristocratie : « Or, auprès de nous,
il n'y a personne qui économise l'argent. Au contraire tous sont des
gens qui aident à gaspiller et à dépenser » (80).
En revanche, les biographes des Imams vantent leur générosité et
s'étendent sur le récit de leurs largeresses. Le premier souverain al-
Mahdi Billàh était très généreux et c'était, rapporte al-Nu'màn, « un
des traits du « Mahdi » que les récits prophétiques avaient jadis sou-
ligné» (81). A Raqqada, al-Mahdi venait de prendre possession du
trône dlabide ; le nouveau directeur du Trésor lui présenta, au rap-
port d'al-Nu'min, un bilan des pensions pour le mois de ramadan
s'élevant à 100.000 dinars et qu'il avait trouvé lui-même énorme. Le
Mahdi lui répondit : « Si je pouvais atteindre mes droits par la grâce
339
d'Allah et réaliser mes espérances, je ne voudrais pas de toutes ces
soldes pour un seul de mes auxiliaires » (82).
Les califes fâtimides, comme les autres monarques musulmans,
faisaient honneur en effet à la coutume de combler de faveurs leurs
fidèles serviteurs et n'hésitaient pas à puiser dans leurs trésors pour
distribuer d'importantes gratifications en espb::es, des vêtements à
broderies taillés dans les tissus de fabrication officielle au tiriiz
de Mahdiya ou de Man~üriya, des nattes brodées, des tapis et autres
riches présents (83). Et en des occasions exceptionnelles, telles les fêtes
données par al-M~ür puis par al-Mu'izz lors de la circoncision de
leurs enfants et de tous les enfants de leur âge, dans tout le royaume.
Celle de l'année 962 sous al-Mu'izz lui a coûté, on s'en souvient, des
sommes énormes, la Sicile à elle seule ayant absorbé la bagatelle de
500.000 dinars (84).
340
caœet de l'ordre nouveau dont il venait d'assurer le triomphe à la
tête de ses partisans berbères de la Petite Kabylie. L'ancien directeur
de l'atelier de frappe mon~ à Kairouan, Abil Bakr b. al-Oammildi
surnommé le philosophe, fut, on le sait, comme bon nombre des hauts
fonctionnaires aglabides, maintenu dans ses fonctions. Abü ·Abdallah
s'empressa de frapper une monnaie qui signifiât le changement de ré-
gime intervenu en Ifriqya : « Il donna l'ordre de frapper un dinar mais
sans y inscrire le nom de personne. En revanche il fit remplacer les
noms sur l'une des faces de la pièce par la formule« la Preuve d'Allah
a atteint son but» et sur l'autre face la formule« les ennemis d'Allah
se sont dispersés » ; quant à la date de frappe, l'année 297, elle fut
inscrite dans la bande circulaire. 11 fit frapper ensuite une autre mon-
naie qui fut appelée « al-sayyidiya » par attribution au surnom
d'«al-Sayyid» (le maitre dont les Kutima l'avaient doté dès le début de
son apostolat à ft#an, et où la formule « louange à Allah Seigneur des
mondes » futsubstituée aux précédentes (88).
341
Avec la fondation de Mahdiya devenue le si~e de l'administra-
tion centrale du royaume, un atelier monétaire de création fàtimide
vit donc le jour et fut probablement aménagé dans un des bâtiments
de la Cour des Comptes où étaient regroupés les services financiers.
Néanmoins les émissions de l'atelier de Kairouan continuèrent tout
au long du règne du Mahdi, car la célèbre cité conserva jusqu'à l'ap-
parition d'al·M~ûriya à ses côtés et à ses dépens, son rang de mé-
tropole et de ville marcliande la plus active du royaume. Il fallait donc
ne point nuire à ses activités économiques, elles-mêmes sources de
revenus considérables pour le Trésor par les redevances auxquelles
elles étaient assujetties, y garder en état de fonctionnement l'ancien
atelier monétaire afin de satisfaire les besoins importants en espèces
des clients, marchands de petit et grand négoce, agents de change et
autres particuliers de grosse fortune, et de procurer ainsi à l'Etat une
bonne sourcè supplémentaire de revenus.
En effet, si la fabrication de la monnaie était comme partout ail·
leurs dans le monde musulman, le monopole de l'Etat qui en réglait
en conséquence l'émission et la circulation, la frappe des espèces, elle,
était libre, « en ce sens que moyennant une rétribution définie, les
ateliers monétaires (...) frappaient pour les particuliers, sans limita-
tion, les métaux que ceux-ci leurs confiaient» (91):
Cet état de l'organisation monétaire ne subit aucune modification
notable sans doute tout au long du règne d'al-Qa'im, si ce n'est
le changement apporté forcément aux légendes, et celui de l'écriture,
plus significatif du durcissement des tendances politiques et doctrinales
du successeur du Mahdi, par l'introduction des caractères du coufique
dit qarmate, dont les succès de la cause isma•ilienne avaient répandu
l'usage à la même époque, en Orient, avec le développement de la puis-
sance des Qarmates du Ba.l)rayn au sein de l'empire abbasside (92).
Mais avec la grande perturbation que connut l'Ifriqya peu de
temps avant la mort d'al-Qii'im, pendant l'extraordinaire flambée du
mouvement b~ite sous l'impulsion du rebelle mukkarite, le fameux
« homme à l'âne », la vie de la dynastie fut totalement paralysée et
l'économie profondément altérée. C'est sans doute afin de pourvoir à
ses dépenses militaires et civiles au moment où il escomptait déjà bâtir
dans Kairouan conquise, l'Etat bari#ite dont les chefs berbères de son
entourage, en particulier son maître-conseiller, l'aveugle Abil •Ammàr,
caressaient depuis longtemps le rêve, autant que pour illustrer le triom-
phe de sa cause et se donner une allure de chef d'Etat, qu'Abtl Yazid
342
fit frapper monnaie dans l'atelier de la ville métropole. Portant la date
de 333/94S et la mention de Kairouan, le dinar qui nous est parvenu
atteste par le choix de légendes appropriées aux doctrines politico-re-
ligieuses des ijari~tes. l'intention du rebelle de se hisser au rang de
chef d'Etat et d'instaurer ainsi l'ordre que sa cause s'était en vain effor-
cée d'implanter dans le pays depuis la 1ere moitié du 2• siècle de l'Ho-
~ (93).
Enmettantfin à cesintentionschimériqucsde l'«homme à l'âne»
(94), le successeur d'al-Qâ'im, son fils Isma'il al-Mantür, qui avait
oontinué à battre monnaie au nom de son père, donna, du lieu
même de sa victoire dans la lointaine province du Ziib, des instructions
à qudiim, gouverneur de Kairouan, de perpétuer l'événement en ins-
crivant son nom sur les monnaies ainsi que sur les bandes brodées du
« tirâz ». Ces premières pièces d'or frappées à l'atelier de la nouvelle
capitale Man,ilriya qui s'éleva tandis qu'il pourchassait Abil Yazid,
étaient des quarts de dinar appelés précisément « rubii'I mantOri »
pour illustrer son triomphe sur le rebelle (95).
I.e nouvel atelier émit des sommes considérables. C'est qu'al-
Man8'r héritait à son avènement d'un trésor vide. I.e pays ravagé par
les hordes bari~tes huwwiira, kamliio et autres MU7.âta, insatiables
pillards, l'administration désorganisée, la vie économique détériorée
et les impôts ne rentrant plus, les ressources de l'Etat s'étaient amoin-
dries en conséquence, et il fallait donc que le nouveau souverain remé-
diât incessamment à l'impécuniosité de son Etat. Aussi dut-il puiser
dans les réserves de la dynastie entreposées à Mahdiya et émettre d'im-
portantes quantités d'espèces pour satisfaire aux dépenses régulières
du budget : il fit frapper simultanément à Mahdiya et à Mantüriya et
pendant les douze mois de l'année sans discontinuer, comme en témoi-
gnent les pièces qui nous sont parvenues et qui portent non seulement
l'indication habituelle de l'année d'émission mais aussi celle du
mois (96).
Au surplus, comme pour inaugurer au sortir d'une sombre époque
une ère de restauration politique et de redressement économique, les
monnaies d'al-Man$ür présentent des caractéristiques techniques qui
indiquent un changement notable dans la tradition locale de la frappe
monétaire et fixent désormais le type de la monnaie proprement fati-
mide : le module devient supérieur à celui des espèces émises antérieu-
rement, la calligraphie plus soignée et la disposition du formulaire
épigraphique recherchée, plus savante. L'usage de la légende double
343
sur chaque face, l'une centrale, l'autre périphérique, est abandonné
pour celui des inscriptions circulaires centrifuges qui va !tre désor-
mais spécifique des es}*CS fiµmides en Ifriqya puis en Egypte (97).
Sous le règne d'al-Mu•izz, glorieux monarque qui sut étendre son
hégémonie à l'ensemble de la Berbérie puis à l'Egypte, la Syrie méri-
dionale, le J:lipz et le Yémen, le dinar fatimide put rivaliser de valeur
et de prestige avec celui des Abbassides ou meme celui des Basilels, et
sa renommée dépassa les frontières du bassin méditerranéen vers
l'Afrique noire « bilid al-südin » au sud, et au nord jusqu'aux loin-
taines contrées normandes et slaves. AI-Mu•izz fit battre monnaie non
seulement à Man~üriya, Mahdiya, Palerme, mais aussi à Si#ilmisa,
grande cité du Tafilelt, et sur les bords du Nil dans l'atelier de Fostat
et celui de sa nouvelle capitale, le Caire (98).
La grandeur de la dynastie étant parvenue à son apogée sous l'au-
torité du dernier souverain fatimide en Ifriqya, les espèces émises à
son époque commencent donc à illustrer la prépondérance de l'anti-
califat en Occident musulman et à porter témoignage du triomphe de
la cause ·alide et à affirmer les prétentions des descendants de Fatima
sur l'empire d'Orient et leurs visées expansionnistes dans l'ensemble
du monde musulman.
Du reste, al-Mu•izz, dont on sait combien il était soucieux dïllus-
trer les attributs attachés à sa qualité d'imam et de faire honneur donc
aux hautes responsabilités que sa charge suprême lui imposait dans
l'exercice personnel du pouvoir et la parfaite gestion des affaires « tiusn
al-tadbir », sans jamais négliger la moindre parcelle des choses de
l'Etat, prêtait un intéret singulier à la « sikJca. » dont il pos~ait au
demeurant une bonne connaissance aussi bien technique que théori-
que : une contestation s'étant élevée une fois à Mahdiya au sujet de la
frappe à l'atelier monétaire, entre N~. le secrétaire directeur du
trésor Public, et •A11ü~ le monnayeur « al-sakkiik », qui était accusé
de fraude sur le titre des monnaies et proposait, pour !tre disculpé,
d'!tre soumis à une expertise sur le titre des CSJ*CS retirées de la cir-
culation (ghalla), al-Mu•m intervint personnellement pour clairer
ôawdar sur la manière de régler l'affaire : « sa proposition, dit-il, au
sujet de l'expertise du titre des pièces retirées de la circulation, est
inacceptable, car il sait ce qu'il prélève dans les pièces rognées retirées
de la circulation (ghalla) et il ne laisse de cela aucun témoin qui puiS'lc:
l'accuser. Mais c'est sur la monnaie qui circule dans le public que doit
344
porter l'expertise, car c'est là-dessus que s'exerce la corruption. En
effet le changeur (litt. : le commerçant) accepte de recevoir des pièces
rognées comme si elles étaient bonnes ('ala 1-jüda) et il est l'objet de
complaisances (yusamallu) dans d'autres affaires, car le bénéfice est
partagé entre les deux.. Fais lui donc savoir cela et mets-le en garde
contre la faute qu'il commet. Fais venir Badr, écoute ce qu'il te dira
à ce sujet, puis informe-nous de ce que tu auras appris de leurs décla-
rations à l'un et à l'autre... » (99).
Réprimer les falsifications auxquelles pouvaient prêter la liberté
de la frappe, et la transformation donc de l'or et de l'argent du client
en pièces régulières, de manière à assurer l'émission et la circulation
de monnaies de bon aloi, n'était-ce pas en effet la condition essentielle
pour doter l'Etat de finances saines et favoriser les activités économi-
ques suivies et fécondes ? N'était-ce pas ainsi le moyen le mieux indi-
qué de grossir les droits de l'Etat sur les transactions commerciales et
singulièrement le droit de frappe dont le taux devait être déjà aussi
important que oelui en vigueur à Fàs au XIV• siècle et qui à coup sîlr
procurait au Trésor Public de Man$tlriya des recettes aussi considéra-
bles que celles qui sont attestées pour le compte du Trésor Cordouan
à la même époque par le géographe Ibn l;lawqal (H>O) ?
Telle apparaît donc l'organisation financière dans le régime des
institutions de l'Etat fatimide, rigoureuse et centralisée sous le contrôle
effectif d'un monarque avisé, actif et rompu aux tâches du pouvoir et
de l'administration. La solidité du système financier dans celle de tout
l'appareil de l'Etat n'était-elle pas une condition nécessaire à la pour-
suite de la politique d'hégémonie inaugurée par le Mahdi et à la réali-
sation des grands desseins qu'al-Mu<izz nourissait et dont il ne se ca-
chait point depuis son accession au trône de Ma~üriya ?
345
Chapitre Dl
L'ORGANISATION MILITAIRE
347
plus au nord vers l'ouest, sur les Babors et le Djurdjura-, ne diffère
que peu de celle que les Byzantins avant eux, et plus loin encore les
Romains, avaient conçue aux mêmes fins de protection des territoires
administrés de la Berbérie Orientale. Les Arabes en effet n'ont pu à
leur tour maîtriser les hordes berbères des montagnes et du désert qui
ne cessaient jamais d'avoir des yeux fixés d'avidité sur les richesses de
l'lfriqya qu'en « réactivant » en quelque sorte les lignes de défense du
«Limes», érigé d'abord au 1•r et au 3è siècles sous l'empire de Rome,
ensuite relevé, consolidé et développé sous celui de Byzance. Surveillés
par les garnisons qui tenaient la chaîne de citadelles et de places fortes
implantées dans leur pays, les Berbères sédentaires et nomades se rési-
gnaient à reconnaître l'autorité toute théorique des maîtres de l'lfriqya,
mais ils attendaient toujours l'occasion de reprendre le chemin tradi-
tionnel du « rezzou » pour fondre sur les cités prospères de l'Est et
leurs riches domaines et lever ainsi l'étendard de leurs révoltes chroni-
ques ou « burüA 'ala'l-,u!tân... )>
348
Ainsi couverte d'un réseau de places fortes sur les rivages de la
mer, dans les solitudes du Hodna, sur les plaines du haut plateau nu-
mide, au milieu des steppes de Gammouda, au seuil des massifs mon-
tagneux de l'Auros ou des Badors, la province romaine d'Afrique,
puis celle de l'empereur byzantin Justinien et de ses prestigieux géné-
raux Bélisaire, Solomon ou Troglita, gardait encore en bon état, à
l'aube du siècle qui nous préoccupe, celui de la « flambée fati-
mide » (6), l'extraordinaire infrastructure de constructions militaires,
dont les puissantes citadelles offraient aux nouveaux maîtres du pays
un admirable système de défense contre les Berbàres irréductibles des
montagnes et du désert. Cela allait bien sQr dispenser les Fatimides,
comme auparavant les Aghlabides, de l'aménagement à l'ouest du
pays «civilisé» d'ouvrages défensifs, forteresses et châteaux forts. n
leur suffira d'élever au cœur du Zab, non loin de l'antique Zibi, au
pied des monts du Hodna, sur les apanages traditionnels des Kamlan et
autres Huwwara, une nouvelle ville fortifiée M'sila, qu'ils confieront
à une famille arabe d'auxiliaires favoris, les Beni l;[amdün et qui aura
pour rôle de surveiller les mouvements des tribus Zanâta et de les tenir
en respect, de bâtir aussi sur le massif du Titteri, la puissante capitale
de leurs alliés $anhâ~ Talqâta et leur chef Ziri b. Manâd, Achir, d'é-
riger enfin sur la presqu'île du cap Africa, le redoutable bastion mari-
time de Mahdiya, première capitale de leur empire, pour qu'ils croient
avoir mis leur royaume à l'abri des vicissitudes du temps, et leur puis-
sance en état de s'ébranler vers la réalisation de leurs grands desseins
et l'accomplissement de leur rêve ancestral : le triomphe de la cause
des enfants de Fâtima (6).
349
murs ou protégées par des citadelles, et de ces forts qui gardaient tes
principaux points stratégiques, sur les voies de passage entre l'Ifriqya
et la Petite Kabylie, entre elle et le Zâb, les Fàtimides éprouvèrent aux
commencements de leur prodigieuse aventure, à leur bénéfice et à celui
de leurs soutiens berbères les Kutàma de la Petite Kabylie, toute l'im-
portance militaire. C'est effectivement lorsque cette ceinture défensive
de l'Ifriqya eOt craqué, tenue qu'elle était par des garnisons insuffisan-
tes ou vaguement contrôlées par l'autorité centrale des Emirs, que
l'artisan de leur fortune, le Dà'ï Abü Abd Allah, put gagner sans obs-
tacle, on l'a vu, à la tête de ses fidèles Kutàma, Laribus, dernier bas·
tion au seuil de l'Ifriqya et y porter le coup de grâce à la dynastie mo-
ribonde des Aghlabides (7).
Mais dès que le califat fiitimide eût été érigé en lieu et place du
royaume aglabide, la fonction logistique du Limes subit sous l'impul-
sion de la politique impérialiste des nouveaux maitres de la Berbérie
une modification notable. A la notion de couverture anti-berbère se
substitue dans un ordre arabe certes, mais essentiellement berbère
parce que puisant toute sa force matérielle au départ dans le réservoir
d'une force berbère, celle des Kabyles Kutàma, la notion de défense
anti-zénète. Désormais le Limes devra servir dans un régime théocra-
tique bâti pour le triomphe, dans la Berbérie tout entière, de l'imamat
~i'ite de tendance isma'ilienne, à la défense de la cause politico-reli-
gieuse 'alide épousée par les Sédentaires Kutàma contre le mouvement
bàrilite toujours aussi vigoureux chez les Zanàta Nomades et leurs
congénères semi-nomades et montagnards du Qastlliya, de l'Aurès, du
Zâb et autres régions désertiques du centre et de l'ouest de la Berbérie,
les Huwwàra, les Muziita, les Bunzal et autres Louata. Dans le duel
religieux à coup sûr, mais aussi politico-social qui dressait comme par
atavisme l'un contre l'autre deux groupes sociaux au cadre également
étroit, où s'opposaient en quelque sorte selon un rythme déterminé
par le déroulement de l'histoire, deux formes de vie« ma'à~ » immua-
bles depuis les temps préhistoriques, celle des nomades et semi-no-
mades des landes sablonneuses et des steppes, et celle des montagnes
et de leurs hautes plaines fertiles et peuplées, le Limes allait donc con-
server ses propriétés défensives, cette fois-ci uniquement contre le groupe
zéoète du Qastffiya, de l'Aurès et du Zâb, celui des nomades et semi·
nomades, et au profit de l'autre groupe adverse de la Petite Kabylie et
du Titteri, celui des montagnards Kutàma et $anha~, il va surtout.
désormais remplir un rôle presque nouveau de stratégie offensive où
les constructions militaires antiques qui continueront à abriter certes
350
1es ,gamtSons d.es m,~
li ""' ....-'L. ...._... mlli
~--- ",wres
• ~; vont _ d.l.-
_ pouvorr - _ .serva dl
·, c:sormais --_e 1 i 1 _
1( : L;ar.mée :fatimide
·rent en ,œuvr·e :pour mamtenk sur cette terre ho-stile· des, Berbères la
prése:nce de: .l"',onlre arabo-:islamique,. Il 1était par conséq~t aussi
nécessaire. aux 'Fitimides que ,ce:la ne le· fut aux Romains. ·tout d."abord
puis amc By.mntins;, e:nsuite a.ux ·« Wulit » et « Emirs », à eux surto-ut,
qui d·tcmblée entraien.t ,e·n scène au .Maghreb dans l1fintentio.n ar.rêtée
et avouée de le :soumettre tout entier à leur pou.voir, en attendao.t d"'é·
'tendre leut hégémonie ,à );eu.semble du :mo.ode musulman, de tenir en
t\espect les tribus berbères hostiles. faute d,e ne pouvoir les assujetir ni 1
351
également ceUe minuscule mais importante des Midrarides de Sitil-
mâssa, une double tâche s'imposait à la sollicitude des nouteaux mai-
tres de l'lfriqya : défendre efficacement contre les incursions des Ber-
bères hostiles les territoires conquis et administrés par eux, et en même
temps parachever la conquête de la Berbérie de manière à maintenir
les immenses étendues de l'Ouest, sous leur domination. Car théori-
quement, et comme de plain-pied, les frontières de ce premier califat
que l'Afrique du Nord allait abriter - anti-califat plutôt, comme on
le sait, revendiquant la légitimité du pouvoir au sein du monde mu-
sulman dans la descendance du Prophète par sa fille Fâpma, donc
universaliste et impérialiste - devaient englober la totalité de la Berbé-
rie. L'empire qui s'érigeait ainsi à l'aube du IOè siècle au Magrheb sur
les apanages des trois dynasties déchues, devait couvrir en somme
toute l'ancienne province byzantine d'Afrique avec ses quatre grandes
subdivisions : la Tripolitaine, la Byzacène, la Numidie et la Maurétanie.
En fait l'autorité effective des Fâpmides qui commençait plutôt
en Cyrénaïque (Barqa), s'arrêtera, d'une façon quasi permanente au
seuil de la Maurétanie, à la limite de la province de Tahart. Au-delà
vers l'ouest, elle sera sans cesse contestée par les irréductibles Zaniita
de la puissante confédération des Magrâwa (11).
352
situation privilégiée de la famille des Bantt I;Iamdttn qui régnait sur ce
territoire du Z!b s'expliquait en somme par le rôle de « marche mili-
taire >> qui était dévolu dès la fondation du califat à cette province
excentrique et à sa nouvelle capitale M'sila (14).
Déjà sous les Wulit et les Emirs, le Z!b jouait un rôle de marche
militaire de premier plan. G. Marçais l'avait noté le premier, avec beau-
coup de pertinence, lorsqu'il distingue dans la Berbérie décrite par le
géographe oriental al-Ya'qttbi, deux régions administratives, celle
d'Orient couvrant l'Ifriqya. administrée et« civilisée», et celle d'Occi-
dent, correspondant aux vastes territoires du Hodna et du Zab sur les
confins désertiques, à l'ouest du royaume (15).
C'est que la t!che primordiale, pour les souverains fitimides,
dans la défense du royaume, était, comme on le sait déjà, - mais on
ne saurait trop insister là-dessus - d'élever un puissant barrage sur la
route.du désert à l'ouest de Kairouan. Il fallait fermer la voie de péné-
tration naturelle qui, à la limite méridionale de l'ancien royaume nu-
mide, empruntant le défilé d'el-Kantara, (antique Calceus Herculis)
véritable bouche du Sahara (foumm e~-$al,tra) et remontant à l'Est et
au Nord par les vallées de la Mcskiyana et du Mellègue, offrait aux
tribus du désert une ouverture sur les riches provinces de l'Ifriqya (16).
Donc, en plus des forteresses qui, dans l'Afrique romaine, puis
byzantine, fermaient en avant d'El-Kantara la porte du Sahara, et
dont on comptait surtout la puissante base du Lambèse (Lambaesis)
qui avait sans doute perdu à l'époquequi nous préoccupe de l'impor-
tance du rôle militaire que lui conférait la présence permanente des
légions romaines - dont la fameuse légio m Augusta, par exemple
« qui pendant deux si~lcs, y monta la garde à l'entrée du désert» (17)
- les Fâµmidcs prirent le soin qu'on connait d'élever la ville forte de
M'Sila après qu'Abn' 1-Qâsim, le futur al-Qi'im, eQt contraint les
turbulents Kamlân et autres Huwwira à aller se fixer à plus sQrc dis-
tance de Mahdiya sur la route de la capitale à Kairouan.
Ainsi, M'Sila, érigée non loin de Zabi, à l'ouest de Larnbaesis
suc-ddait à celle-ci dans co rôle de base de protection contre les tribus
du désert dont la menace d'attaques dévastatrices allait d'autant plus
peser sur le pays qu'il était désormais aux mains d'ennemis orientaux,
ces 'Alidcs, aussi maudits que les Emirs déchus, et les populations sun-
nites de leur royaume qu'honnissaient également les Ber~rcs ijawari!,
Huwwira. Birz!l Muzita et autres Zanita,
353
A M'Sila et sans doute dans les autres provinces excentriques
constituées en marches militaires, le Gouverneur civil, tel Ibo J;lamdün
dont on a vu les prérogatives extraordinaires de préfet « à pleins pou-
voirs » (mustaldiyin) exerçait également l'autorité militaire que déte-
nait à l'époque byzantine dans les confins militaires, tout le long du
limes, les chefs de « Limitanei » ou corps d'année sédentaires « can-
tonnés dans les Casta et les villes du Limes (18) ».
Le pouvoir d'un Ôa'far b. l;lamdüo était-il ainsi dans l'organisa-
tion politico-militaire des provinces du royaume fapm.ide l'équivalent
de celui que cinq siècles plus tôt Byzance consentait à ses ducs provin-
ciaux avec des attributions et un rôle analogue, un Troglita en Tripo-
litaine par exemple, ou un Guntarith en Numidie (19)?
Quoique les indices de similitude apparaissent évidentes au fil du
raisonnement intuitif, on ne saurait se risquer à aller à de telles com-
paraisons, le pays dftt-il etre le mame et si peu changeant comme l'on
sait, et les conditions sociales et les raisons d'ordre stratégique dusseot-
elles y etre semblables. C'est que la documentation dont oo dispose oe
suffit pas à permettre le passage sans la moindre erreur du stade de
l'évidence intuitive à celui de la vérité historique dftmeot établie et
prouvée. Si en effet, les historiens de la Berbérie antique ont le bonheur
de posséder les « Strategika » attribués à l'empereur Maurice et
!'Anonyme sur la Tactique, documents remarquables de précision,
des récits aussi détaillés que le« De Bello Vandalico » de Procope ou
certains textes poétiques aussi vivants et pittoresques que la Johaonide
de Corripus, les Historiens de la Berbérie médiévale, eux, soot mal-
heureusement condamnés, faute de textes techniques, à extrapoler,
bon gré mal gré, sinon à rafistoler des bribes d'information incohé-
rentes et de reoseignemeots décousus et de s'ingénier ainsi à harmo-
niser d'aussi pauvres matériaux au fil d'un récit homogène et soutenu
qui approchât la vérité des faits et des choses (20).
Autant qu'on peut eo juger toutefois, selon les maigres indications
glanées dans nos sources, le rôle et les pouvoirs du gouverneur fipmide
dans les marches frontières ('imll) étaient politico-militaires. .Exer-
çant donc dans leurs circooscriptioos les fooctioos civiles et militaires,
ils devaient ooo seulement administrer les territoires soumis à leur
autorité, mais aussi veiller à leur dèfeuse, et ainsi occuper les villes
fortes y entretenir des garnisons suffisantes pour les protéger, sur-
veiller les mouvements des tribus établies dans leurs zones de comman-
dement et celles qui transhument, prévenir leurs desseins et les tenir
354
constamment en respect. En temps de guerre, leur rôle essentiel con-
sistait à renforcer les ranp des années d'expédition au moment de
leur passage par les marches frontim, ou à dépêcher des renforts
vers des régions menacées ou des villes assiégées pendant les périodes
de trouble (21).
Les préfets ayant donc à remplir un rôle essentiellement militaire,
sans compter leurs charges civiles et fiscales dans leurs provinces res-
pectives, surtout dans celles des confins militaires du Sud et de l'Ouest
du royaume, la fonction militaire semble donc avoir été prépondé-
rante dans l'organisation de l'Etat. Cc sont en cfi'et des guerriers, tous
ces chefs KuUma, qui se partagent au moment où s'organise le califat
dès l'installation du Mahdi à Raqqâda, les provinces de la Bcrbérie (22).
Le Dâ"i Abü Abd Allah les avait familiarisés au sein de la petite com-
munauté berbéro-li'ite d'Ikpn avec les tâches administratives et fis-
cales et la gestion des affaires publiques. Tous ces chefs de tribus de-
venus « les Doyens » (ma!ayib) hissés en une qninµine d'années au
rang de « du'it » (missionnaires) et de « muqaddam » (chefs respon-
sables) aux responsabilités étendues à tous les aspects de la vie de la
jeune communauté, ont une « vocation » essentiellement militaire, au
moment où ils acc:Ment aux fonctions gouvemorales. Ainsi s'est-il
créé une confusion significative du caractère militaire de l'organisation
provinciale, entre les prérogatives purement civiles du préfet et celles,
militaires, que lui conférait sa qualité de commandant de sa circons-
cridtions territoriale « qi'id (23) ».
355
ou dans l'Etat umaiyade de l'Andalus qu'il est, ma foi, superflu d'en
rappeler ici les caractères d~rmais classiques (26). ·
Toutefois, les nouveaux maitres de la Berb6rie avaient à tenir
compte de leurs desseins expansionnistes et de la structure ethnique
propre à leur armée formée de contingents berbères Kuta.ma, et adap-
ter ainsi à des conditions particuli~res l'organisation militaire de leur
Etat. De nouvelles règles ont par conséquent régi d~ les commence-
ments du califat fâpmide l'organisation de l'armée. C'est au Dâ•i Abù
Abd Allah que remonte, on le sait, la conception et la mise en oeuvre
d'un système politico-militaire original dans lequel les Kutâma pou-
vaient donner toute la mesure de leur puissance numérique et de la
force de leur clan tribal. Missionnaire isma'ilien rompu aux tâches de
l'action subversive et formé à bonne école au Yémen auprès de Ibn
I;Iaw§ab (27), Abtl Abd Allah avait su regrouper les Kutima en sept
fractions constituées en formations militaires dont chacune était com-
mandée par un chef responsable ou « muqaddam », afin de mieux les
plier aux nécessités de la subversion en Petite Kabylie, ainsi qu'aux
exigences de la guerre d'usure qu'il allait devoir entretenir contre les
Emirs Aghlabides. Ces« muqaddam », dits aussi« Doyens » (maliyib)
exerçaient ainsi sous son autorité et cellé supr!me de l'imam, le Mahdi
attendu, le pouvoir politique et militaire au sein de la jeune commu-
nauté berb6ro-si'ite.
Et ce sont bien sept corps d'année totalisant, selon une informa-
tion incertaine reproduite par Ibn 'ld!ri 300. 000 hommes que
Kairouan vit arriver de la résidence voisine des Emirs, Raqqada, aban-
donnée ·par Ziyiidat Allah m (28). L'organisation dés contingents
Kutâma en Asba', sept fractions tribales puis sept corps d'armée, s'est
à coup sQ.r maintenu tout au long du demi-siècle de la période ifri-
qyienne, dans l'armée mobile ou armée d'expédition, comme dans
l'armée territoriale ou sédentaire basée et fixée dans les confins mili-
taires.
Il y a lieu à ce propos, de retrouver dans la formation de l'armée
fatimide la distinction classique entre armée mobile et armée territo-
riale. Car depuis le début du !Oè siècle, la composition de cette armée
semble avoir comporté deux éléments distincts par la tâche qui était
dévolue à chacun d'eux : d'une part les troupes d'occupation propre-
ment dites, qui, fixées et sédentarisées, formaient les garnisons dans
les provinces militaires du royaume ; de l'autre, les troupes mobiles de
358
pacification ou d'exp&iition qui intervenaient dans les foyers d'agita-
tion ou traversaient, sur leur passage en direction du Maghreb e,i:-
treme, les zones montagneuses ou désertiques, apanages des Berbères
du groupe bnata qui demeuraient hostiles aux Fatimides et irréduc-
tibles. Les troupes mobiles d'intervention, repliks vers la Capitale, ou
celles d'exp&iition reparties vers leur destination, il incombait alors
aux contingents cantonnés dans les places fortes de tenir en respect
les Berbères bari~tes (29).
Quant au commandement des formations Kutamites, il devait
revenir de droit, après avoir été assuré par le Di'i, à !'Imam pour le
compte duquel le missionnaire isma'ilien avait mené son apostolat.
Le Mahdi « manifesté» et le califat proclamé, c'était en effet au sou-
verain d'exercer désormais les pouvoirs militaires, car le commande-
ment supretne « qiylda » est dans l'organisation du Califat. l'une des
prérogatives essentielles du calife, auquel incombe le devoir sacré du
~d. Ce en quoi le califat hérétique des Fltimides ne diffère point du
califat orthodo,i:e des Abbassides ou des Umaiyades d'Occident. Du
reste, les califes fatimides, comme les califes abbassides ou umaiyades,
eurent à assumer en personne la charge de la « qiylda » pour étouffer
une révolte, conduire une expédition punitive ou mener une campagne
de grande envergure. Ils se déchargeaient souvent dans la pratique, de
l'exercice de cette prérogative sur la personne de l'héritier présomptif
ou de l'un des dignitaires les plus en vue « wu!üh » et le commandant
en chef« qi'id » sur lequel portait le choix du souverain se trouvait
ainsi hissé de plain-pied au sommet de la hiérarchie IDJ1itaire.
Ainsi donc le commandement suprtme ne parait pas avoir cons-
titué sous les Fitimides, comme c'en était Je cas dans l'organisation
militaire de tous les Etats musulmans du Moyen Age, une institution
aussi nettement hiérarchisée que celle du commandement militaire
dans l'Afrique byz.antine, sous le règne de Justinien (30). Point de
« magister militum » au m!me titre qu'un Bélisaire, un Solomon, un
Germanos ou un Trog)ita. Point non plus d'hypaspistes ni de dory-
phores, corps d'officiers attachés au service du commandement en
chef, «liés à sa personne par un serment de fidélité (31) »,et« formant
près du Général une sorte d'Etat-major (31) ».
. .
Toutefois l'encadrement des troupes ne devait pas etre en principe
dift'érent de celui de toutes les armks, à l'époque antique comme au
moyen Age. Les dift'érents corps de troupes avaient leurs chefs particu-
357
liers placés sous l'autorité suprême du général en chef« qi'id » : un
commandant pour les troupes d'infanterie « raUa)a », l'équivalent du
« magister peditum » ; un autre pour la cavalerie, etc....
358
tation de fournitures en abondance. La devise que les souverains fati-
mides semblent s'!tre donnée en effet dans l'organisation de leurs ar-
mées pendant la période ifriqyienne, au cours de laquelle le rôle mili-
taire des Kutlma fut prépQndérant, a été de bien payer le soldat kutii-
mite et m!me de le payer largement (34).
Cependant on ne po~e que peu de détails sur la marche du
diwan al •at1', dans les maigres glanures qu'on est réduit, faute de
documents techniques, à piquer çà et là dans nos textes. Bn vérité, le
rôle de ce service dans l'administration centrale fatimide ne devait
~re différer, en gros, de celui que la tradition militaire établie dans
les Etats musulmans depuis l'époque omeiyade, et qui remonte à coup
so.r au «califat» d'Omar, au moment des grandes conquetes, avait
consacré en Occident comme en Orient. Effectuer l'inscription des
CQlltingents tribaux selon la filiation du nasab, déterminer leurs sol-
des. fixer les différentes modalités de recrutement et veiller à leur appli-
cation, voilà en quoi consistait grosso-modo, dans l'organisation tra-
ditionnelle de l'armée, le rôle du service des pensions dont on va tenter
de caractériser le fonctionnement propre à l'organisation militaire des
Fipmides,
La plupart des soldats qui servaient dans l'armée fatimide, sous
forme de troupes régulibres, étaient des Berbbres Kutàma, donc natifs
du pays, mais de souche non arabe. On sait en effet que les Fatimides,
à l'inverse de leurs prédécesseurs les Aghlabides, se passaient du ser-
vice des Arabes tant dans le cadre supérieur des officiers que dans les
rangs du simple soldaL Cependant, au fur et à mesure que les assises
de l'Etat s'affermissaient, la conscription d'abord limitée aux Kut!ma
« awliya » (les Auxiliaires) s'étendit à l'ensemble du royaume hérité
dos Aghlabides c'est-à-dire à l'Ifriqya proprement dit, et on se mit
ainsi, dbs le rbgne du mahdi, à lever des troupes dans les provinces
(kuwar) où les t!ches de commandement militaire et de gouvernement
allaient rester désormais, comme on vient de le voir, l'apanage des
«Doyens» Kutiima, les« Cheikhs» de la communauté isma•ilienne (35).
D est toutefois permis d'affirmer que la population civile ne four-
nissait à coup so.r que peu de recrues à l'armée fatimide. Les levées
d'hommes les plus importantes continuaient à se faire dans le réservoir
de la Petite Kabylie chez les « Partisans » de la cause ·alide, les Kutiima,
leurs voisins imm6diats de la Grande Kabylie, les Zuwiwa, puis chez
les autres « auxiliaires » de la seconde période, ceux des montagnes du
3S9
Tittcri, les ~anhaga Tallit& de Ziri b. Manàd. Tenus à l'écart des res-
ponsabilités politiques ei militaires par un régime auquel ils étaient
restés hostiles et qui le leur rendait fort bien, les Ifriqyicns étaient pra·
tiquement « exemptés du service» et se trouvaient ipso facto épargnés
par la conscription, mais probablement assujettis en revanche, à la
contrepartie sous forme de taxe de conscription (36).
560
d'autant mieux que l'un et l'autre avaient utilisé des documents d'ar-
chives (39). Selon le Bayin donc, Abtl 'Abd Allah « procédait à la levœ
des Kutâma par enrôlement sans diwan. Il se bornait à écrire pour cela
aux chefs des tribus qui recevaient les engagements spontanés de leurs
contribules, ne faisant appel en l'occurence qu'à leur sentiment d'o-
~issance et d'attachement à sa personne. Il se suffisait de faire men-
tion dans les notes circulaires qu'il leur adressait de cette formule laco-
nique : rendez-vous tel jour, à tel endroit. Puis un héraut s'avançait
devant lui et· criait : « il commet un péché, quiconque ne répond pas
à l'appel de guerre 1 » et les Kutâma de déferler tous de leurs monta-
gnes vers le point do rassemblement (40) ».
Ce mode de mobilisation par appel qui répondait fort bien à l'é-
poque où Abtl 'Abd Allah ayant fait autour de lui pour le compte de
son Imam l'unanimité des Kutâma, organisait ses hommes pour les
mener à la conquete du royaume aglabide, semble avoir été pratiqué
uniquement pendant ccrte période qui s'étendait de l'annœ 289/902,
marquœ par la conquete de Mita, jusqu'à l'annœ fatidique de 296/909.
Aussi l'information contradictoire (41) qu'Jbn 'ldari emprunte
cette fois-ci à Mul.iammad b. Ytlsuf al-Warriq dont tout le récit est
truffé de données légendaires ou tendancieuses parce que puisées dans
la relation aba4ite de l'apostolat du Da'i ou arrangées pour mieux
décrier un régime que le célèbre polygraphe Kairouanais avait fui, à
Cordoue, à la cour d'al-l;lakàm al-Mus~ir, trouverait une explica-
tion convaincante, si elle ne concernait que la période antérieure éga-
lement longue de sept ans (282/895-289/902) durant laquelle le mis-
sionnaire isma'ilien s'attache à « convertir» les Kutama et à les rallier
à la cause qu'il pr&hait à partir de son Dàr al-Higra installé à Ikpn
puis à Tazrtlt. On conçoit fort bien que le Di'l, à cc moment-là de
son apostolat, ait astreint ses fidèles au service militaire en instituant
un diwin pour les inscrire et en contrôler le recrutement. Tel
un « Ôund » les Kutima ralliés à sa cause devaient à coup sdr figurer
sur un « registre de contrôle », leurs effectifs vérifiés et leurs soldes
régulières déterminées. C'est ce qui ressort précisément d'une précieuse
indication d'al-Nu'min qui note en deux occasions similaires (42) que
lo Dà'I, rompu à la technique de l'organisation subversive à laquelle
il s'était exercé auparavant auprès d'Ibn l;law§ab au Yémen, édifia une
citadelle (Qasr =- castellum) à Tizrtlt qu'il érigera on foyer d'émigra-
tion (Dàr al Hltra) pour ses fidèles, et qui devint au moment où il
devait tenir tete à la coalition des tribus réfractaires à son apostolat,
3&1
une base pour servir à la guérilla en Petite Kabylie, puis contre les
places fortes aglabides et les « forces de l'ordre» qu'il devait s'atten-
dre à affronter aussitôt. Du reste, la coalition défaite et la première
année aglabide lancée contre lui battue, Abü ·Abd Allah se réinstalla,
on s'en souvient, à IJclan, apr~ la destruction de Tazrilt par le géné-
ral aglabide Abu l;lawil, y édifia également un « castellum » (q~r)
qui devint à son tour le « Dar al HiAfa » des croyants et une base pour
organiser la résistance aux expéditions aglabides, et mener l'invasion
de l'Ifriqya.
Tel un tund en effet, régulièrement inscrit sur un diwin et par
conséquent toujours disponibles à chaque moment où reprennent les
hostilités, les fidèles Kutâma, en tant que « !und » ou « $id » (trou-
pes régulières), à la différence des « l;iu§lld » ou « al;l§ad » (troupes
simplement enrôlées), avaient reçu en « dotations » (iqta•) les proprié-
tés immobilières et foncières (dllr, pluriel de dir) attenantes au cas-
tellum édifié à Tizriit (43).
Aussi le statut des Kutâma ain.si regroupés en formations poli-
tico-militaires n'est-il pas sans rappeler celui des« !und »ou« aiJ]ad »,
ces anciens << soldats colons » et leurs descendants établis dans le pays
à l'époque des gouverneurs omeiyadcs et abbassides, puis tout au
long du siècle de !'Emirat aglabide ? Les vétérans de souche arabe ou
persane qui s'étaient fixés dans les régions montagneuses hérissées
d'établissements gamisaires avaient été dotés d'une organisation mili-
taire semblable, à coup sllr, à celle qu'à I'« époque» d'Abll ·Abd Allah,
les Kutâma allaient connaître au seuil do leur entrée dans l'histoire de
l'Ifriqya musulmane. En outre, le statut des Kutâma ne manque pas
de similitude avec celui des <~Limitanci » ou troupes de frontières, ces
« soldats d'une espèce spéciale, soldats colons» dont parle Cagnat (44),
à qui, à une époque plus ancienne, des terrains étaient concédés dans
le voisinage de la frontière, à charge pour eux de les mettre en culture
et de les protéger par les anncs.
Ayant donc bénéficié sous le commandement du m•i, de fiefs
(Iqta'), les Kutâma devaient en conséquence le service militaire perma-
nent. Il semble pourtant qu'ils n'aient perçu pendant toute la période
qui prkôde la fondation de la dynastie, une quinz:aine d'années, au-
cune solde régulière, lorsqu'ils étaient appelés sous les armes. C'é-
taient alors des volontaires « mutatawwi•a » qui sans doute« restaient
sous les drapeaux » pendant le déroulement des opérations, puis réin-
tégraient leurs foyers sur le massif montagneux: des Babors en temps
362
de paix, chargés chacun de sa part de butin. Ce n'est qu'à partir du
règne du Mahdi qu'ils deviennent proprement des soldats et des ca-
dres d'une armée régulière dotée d'un diwan « aAnad ». Dès lors, le
service militaire allait être pour eux sous les quatre califes fatimides,
un véritable métier, leur rôle historique les ayant fait hisser sous le
coup de baguette magiqued'Abll ' Abd AJlah de leur condition ancestrale
de pauvres paysans obscurs, à cell~ de conquérants glorieux, de
« faiseurs d'empire (45) ».
Il est donc permis de tenir pour sore l'institution du dlwin de
l'armée déjà à l'époque du Di'I sous une forme rudimentaire répon-
dant au départ au besoin du recensement des partisans kutimites et
de la détermination des effectifs des sept formations militaires. Dans
cette organisation appropriée à la nouvelle structure sociale et politi-
co-militaire des Kutâ.ma, le recours à l'appel de mobilisation était
rendu nécessaire par les conditions de vie propres à des tribus monta-
gnardes dispersées sur toute l'étendue de la Petite Kabylie.
365
« l'homme à l'tne » et où il rendit publique la mort de son ~ al
Qa·im, le valeureux monarque en vint après avoir évoqué le combat
acharné qu'il livra à son adversaire, à célébrer le dévouement des« Au-
xiliaires » (awliyâ) de la première heure en ces termes (SS) :
« 0 hommes de notre mission, défenseurs de notre dynas-
tie Kotâma I Louez Allah et soyez Lui reconnaissants de la
faveur par laquelle Il vous a distingués... Il vous a guidés, alors
que les autres étaient dans l'erreur, vers Sa religion, vers la
défense de Sa vérité et vers l'obéissance à Son ami, qui est le
signal de la bonne voie ei flambeau dans l'obscurite, le bien
solide qui attache à Allah. Il vous a donné d'être les premiers
à L'aider et à vous appliquer à Lui obéir, à vous mettre à l'om-
bre de Sa dynastie, à vous illuminer de la lumière de Sa sagesse...
Mon Dieu. j'ai été satisfait des Kotâma parce qu'ils se sont
laissés conduire par Toi, parce qu'ils ont patiemment supporté
le malheur et l'adversité pour Ta cause, par dévotion à nous et
en pleine conscience de notre mérite, pour s'acquitter de l'ob-
ligation qu'Allah a imposée aux hommes envers nous, pour se
faire bien voir de Toi en nous obéissant ... ».
Ce furent d'abord tes Saktin et les Ôirnla qui constituèrent te
premier corps d'auxiliaires« Awliyà », le noyau d'une sorte de milice
ou d'année de «partisans» qui défendit au cœur du pays kabyle la
cause du Dà'I. Deux fractions tribales en revanche, tes Masâlta et les
LahI~a, réfractaires à son apostolat, rallièrent autour d'elles les élé-
ments hostiles à l'intrus, ce nouveau chef venu d'orient« al-ma!riqi »
et furent commandées tour à tour par un Saktanien qui prit ombrage
de la situation en vue obtenue par le Dâ'i au sein de son clan, Bayân
b. Saqlan, un lahi~ien, redoutable guerrier, F~I b. Nul) et un masilta,
l'irréductible ennemi d'Abü 'Abd Allah, Fatli b. Y~ya. Les autres
fractions, les AUana, Lstiya, MalOsa, Matilsa, ôa§m&n et Danhaja,
se mirent progressivement sous l'autorité du Di'i, jusqu'à ce que mt
réalisée autour de lui l'unité de tous les clans kutamites qu'il organisa,
on le sait, en sept formations militaires selon une conception propre
à la doctrine isma'ilicnne où s'exprime la valeur symbolique du nom-
bre SEPT si chor aux lsma'iliens, dits aussi « Septirnains (S6) ».
Après avoir emporté la dynastie aglabide, le raz de marée kutâ-
mitc s'étala aussitôt à l'Ouest vers T&hart, Fès et Sijplrnissa, puis à
l'Est jusqu'aux bords du Nil. En faisant son entrée officielle, Abll 'Abd
366
Allah déploya, on l'a vu, ses sept formations kutimitcs, et la vue des
redoutables montagnards de la Kabylie berbère acheva de remplir
d'effroi le cœur des « citoyens» arabes des Kairouan. D6crivant les
sept armées « sab'a 'asikir », le chroniqueur à qui Ibn Ida.ri (S7) em-
prunte son information, parle de trois cent mille hommes, entre cava-
liers et fantassins. Or à cette époque, Abü Abd Allah pouvait aligner
trente à trente cinq mille hommes environ, à raison de quatre à cinq
mille par formation. Une indication précieuse d'al-Nu'mân corrobore
cette estimation approximative (S8). Selon l'auteur des MaA,ilis, l'ar-
mée fiipmide comptait en 934 au moment où se déclenchait la révolte
bàrijite, soixante dix mille hommes dont on peut estimer l'élément
kutimite à cinquante mille, le reste comprenant les Slaves, les Zawilites
et le contingent arabe, lui en moindre proportion, dans une dynastie
à ossature berbère.
B) Les Slaves (S9)
Eux aussi sont considérés par les Imams comme des Auxiliaires
de la première heure. Déjà en quittant Salamiya, le Mahdi est entouré
d'une garde composée d'éléments chrétiens, sans doute d'origine slave,
voués corps et Ame au service de leur maître. Esclaves ou affranchis,
ils tiendront le haut du pavé dans la hiérarchie militaire dès la fonda-
tion du califat, et fourniront à l'armée fiiµmide son corps d'élite qui
aura pour tâche soit d'encadrer les Kata'ib, soit d'assurer sur le champ
de bataille la garde de l'lmiim, et auront ainsi l'insigne privilège de
combattre à ses côtés. On les a vus ainsi tenir ce rôle prééminent dans
l'organisation de l'armée fatimide tout au long de la campagne menée
par al-Man$ür en personne contre le rebelle barigite, « l'homme à
l'âne». Le plus célèbre d'entre eux, ôawhar, conduisit les armées
fatimides à l'Ouest comme à l'Est, et se couvrit de gloire par la recon-
quête de Fès et de Si!funiissa, puis dix années plus tard par l'annexion
de l'Egypte, de la Syrie et des lieux saints, donnant enfin naissance à
l'empire dont les descendants de Fatima avaient tant rêvé, à travers
trois siècles chargés d 'épreuves amères et de lourdes vicissitudes « mi•
J,ian ». D'autres officiers non moins valeureux, dont $àbir Maysür,
contribuèrent à porter bien loin le renom des armes fiiµmides
de Mahdiya à Byzance, des bords du Guadalquivir en Occident à ceux
du Nil aux portes de l'Orient et jusqu'à Damas et Bagdad. Certains
d 'entre eux s'illustrèrent aux côtés d' al-Man$ûr à la poursuite d'Abü
Yazid après que d'autres de leurscongénères, dont Maysür, eussent tr•
ouvé lamort en livrant aux hordes du chef b~te un combat désespéré.
387
C'est en eff'et autour d'al-Manfilr, tout au long du oombat achar-
né qu'il livra pour chasser les rebelles bari#ites de Kairouan, les con-
traindre à la retraite dans les confins désertiques du Zib et leurs re-
paires des montagnes du Hodna, et enfin étouff'er leur révolte en cap-
turant leur chef, que les Slaves donnèrent toute la mesure de leur dé-
vouement à leurs maîtres, les Imams fâpmides, de leurs qualités guer-
rières et de leur maîtrise de l'art militaire. Ceux d'entre eux que désigne
l'appellation « al 'abid », les Esclavons, sous la plume du chroniqueur
qui relate la sira d'al-Man$ilr (60) et qui les distingue ainsi d'autres
esclaves, noirs ceux-là, les Zuwaylites, combattaient à part sous les
ordres de leur congénère al l;la$an b. Ra!iq al Raybani, fils de Rdiq
surnommé al Katib, qui avait battu Abü Yazid devant Sousse, et eiœ-
cutaient spécialement, pendant la guerre de siège, des besognes diffi-
ciles, de sape et de démolition qui requéraient bravoure et habileté. Le
terme« 'abid » s'applique ainsi à coup stlr à la masse des esclavons de
peau blanche et d'origine chrétienne, au nombre de trois cents environ,
dans les rangs.de l'armée d'al Man$ilr, tandis que leurs congénbres
qui avaient accédé aù grade d'officier étaient désignés, qu'ils soient
encore de condition servile ou qu'ils aient été aff'ranchis, par l'épithète
« badim », le serviteur de son maitre !'Imam, ou « 'abd », son esclave,
ou« al $aqlabi » le slave. Quatre d'entre eux se distinguèrent en même
temps que l;lasan ibn Ra§iq en conduisant les troupes à l'assaut des
forteresses des montagnes du Hodna où s'étaient retranchées les for-
ces rebelles d'Abü Yazid, celles de Kiyyiina, de Sâkir et de 'Uqiir. Cc
sont !afi' Tariq Wasü et Qay~r. Ce dernier se signala avec Ziri b.
Manad à l'attention d'al-Man~ür autant par le courage que par le
sens de la stratégie, et fut nommé, aussitôt après l'extinction de la
révolte, gouverneur de la marche frontière de Bagâya, tandis qu'un
autre officier slave de même rang, Muzaffar, fut élevé à la maine di-
gnité dans la province militaire de Tripoli. Ils devaient ainsi se parta-
ger le pouvoir dans les confins militaires du royaume, l'un à l'Ouest,
l'autre à l'Est, et leur puissance devint telle qu'al-Mu'izz en prit om-
brage et les fit exécuter- Quant à Sail' il se vit confier par al-Mu'izz
l'insigne honneur de porter son parasol dont on sait que les monar-
ques fâtimides se servaient pour se faire reconnaître, aussi bien de
l'ennemi que de leurs propres troupes, sur le champ de bataille (61).
D'autres officiers slaves eurent également l'oeçasion, lors de la
campagne contre Abü Yazid de se couvrir de gloire et d'accéder en
conséquence au plus haut degré dans la hiérarchie militaire sans pour-
368
tant y faire une ôarrÎm: aUssi brillante que celle de Ôawhar. Ainsi
Bu!ri, qui fut défait par Abü Yazid à Béja ne tarda pas à prendre sa
revanche et contribua activement à le mettre en déroute devant
Kairouan. Qudim son con~nère livra à Abü Yazid un combat achar-
né à la tête d'un corps de troupes slavonnes appel6cs « al-Mark!Uiyün »
(les Marcusiens ?) pendant cette bataille de Kairouan également,
devant Dib ~rim. C'est à lui qu'ai Man$0r confia avant de reprendre
sa marche vers l'Ouest sur les traces d'AbO Yazld, avec les hautes
responsabilités de gouverneur de Kairouan, le soin de bâtir la nouvelle
ville d'al-Man$0riya, élev6c sur l'emplacement même de la bataille
aux portes de la grande cit6 ifriqyicnne (62).
Qu'ils aient ét6 officiers, souvent de haut grade, commandant les
troupes ou formant un corps d'élite, assumant la garde du monarque
au milieu du champ de bataille en compagnie des «Doyens» Kutima
et intervenant dans la mel6c aux moments critiques pour redresser une
aile qui fléchit ou faire pencher la balance en faveur de leur camp,
qu'ils aient ~ simples soldats d'infanterie op6rant au centre et sur les
deux ailes ou affectés pendant la guerre de siège à des tâches pr6cises
de sape et de démantèlement, ou qu'ils aient exercé des charges aussi
particulières que oelles de sergent recruteur et de porto-parasol, les
Slaves ont toujours ét6 pour les Fiµmides des auxiliaires de valeur et
des serviteurs fidèles qui vouaient à leurs maîtres une affection et un
dévouement sans partage. Etant l'élément sur lequel les lmâms pou-
vaient compter beaucoup plus que sur les Kutima eux-memes, ils
étaient choisis avec le plus grand soin et « recevaient une formation
sp6ciale (63) ». Ceux d'entre eux qui étaient eunuques vivaient dans
l'entourage du calife, group6s au palais, qu'ils aient occup6 des fonc-
tions civiles ou militaires. Ces esclaves slaves, eunuques ou non, « pro-
venaient [ en majorit6 ] des Balkans en particulier de la côte dalmate,
et étaient fournis par Venise ou par les razzias arabes ou par les prises
lors des combats avec les Byzantins dans les rangs desquels se trou-
vaient des Slaves (64) ». Certains d'entre eux, qui étaient déjà au ser-
vice des lmims à Salamiyya en Syrie, proviendraient du Khorassan où
ils étaient vendus par les Bulgares de la Volp voisins des Slaves.« Il y
avait sans doute chez eux une sorte d'esprit de corps et de solidarité
raciale, mais du fait de leur isolement dans la masse ifriqyienne, oc
sootiment était beaucoup moins dangereux que la ·~biya berbère ou
arabe (6S) ». Aussi étaient-ils plus dociles et disciplinés et se compor-
taient-ils au service des Jmims avec un loyalisme sans faille.
389
Les Slaves constituaient ainsi une classe sociale appartenant à
l'aristocratie fatimide et occupant dans la hiérarchie administrative,
militaire et civile, un rang non moins important que celui des « ma·
§ayb », les Doyens des Kutàma. Bien que leur rôle militaire ait été
inférieur à celui de ces derniers, il semble qu'ils aient joui au Palais et
dans l'Etat d'une plus grande considération que leur conféraient leurs
liens de clientèle et d'attachement affectif à la personne de l'Imàm.
Sans s'appesantir d 'ores et déjà sur l'étude de leur groupe comme il
reste à le faire sous l'angle de la vie sociale, on se bornera enfin à noter
la condition privilégiée qui leur était faite dans le régime fâtimide.
Aux yeux de la loi isma' ilienne qui leur conférait un statut juridique
spécial non conforme à leur condition servile, les esclavons étaient
assimilés à des hommes de condition libre. Cela était vrai, tout au
moins sous le règne d 'al-Mu'izz qui, dans une consultation juridique
en réponse à son cadi al-Nu'màn qui leur contestait le droit d'héritage
invitait le célèbre magistrat à leur accorder les mêmes droits que les
citoyens de condition libre. En guise d'argument, le calife établit une
distinction fort subtile entre le statut de l'esclavon et celui de l'esclave
tout court ; le premier, même non encore affranchi, s'étant hissé au
service des Imams et par son adhésion à leur doctrine, au rang de cito-
yen de condition libre, le second étant en revanche la propriété maté-
rielle de son maître (66).
Aussi le rôle et le rang des Slaves, particulièrement dans l'orga-
nisation militaire de l'Etat, étaient-ils aussi importants qu'en Espagne
musulmane à la même époque, tant à cause de leur valeur militaire
que de leur dévouement exemplaire à un régime somme toute impo·
pulaire, voire abhorré par la population ifriqyienne attaché à la pure
orthodoxie malikite (67).
370
incombé les tâches de leur enrôlement et de leur instruction, sous le
règne d'al-Mu"izz (69). Mais l'usage des esclaves noirs zawilites à des
fins domestiques et militaires, remonte au début du règne du Mahdi.
C'est lui qui, aussitôt installé sur le trône de Raqqàda, prit à son ser-
vice les esclaves noirs et blancs d'origine chrétienne qui avaient servi
les Aghlabides (70). Bien que n'ayant plus avec les nouveaux maîtres
de l'lfriqya la même importance qu'avec les Emirs, qui en revanche,
et à l'inverse des Fàtirnides, n'employaient les Slaves qu'en très petit
nombre (71), les Soudanais Zawilites continuèrent à être appréciés
comme troupes d'infanterie, pour leurs qualités de rebustesse et d'en-
durance. Un corps de Zawilites prit part à la première expédition
d'Egypte conduite par le futur al-Qa'im bi Amrillah. Faits prisonniers
par l'armée victorieuse de Mu'nis, ils furent passés par les armes ainsi
que les Kutima, tandis que les captifs arabes d'origine ifriqyienne,
des éléments des Ôunds de Barqa de Tripoli ou de Sicile et des Kai·
rouanais « eurent la vie sauve (72) ».
Les tâches qui incombaient aux: Zawilites dans l'armée étaient
bien entendu des plus dures. On les voit au fil du récit de la campagne
contre Abü Yazid, entreprendre des actions particulièrement dange-
reuses, telle l'escalade des murs d'enceinte sous une grêle de flèches et
de projectiles divers afin d'y effectuer des brêches ou du moins d'en
saper les fortifications. C'est à eux: et au reste des esclaves de peau
blanche de recevoir sur les lignes avancées du centre « qalb » les char-
ges répétées de la cavalerie adverse.
Simplement armés sans doute, tenant Je bouclier « daraqa » d'une
main et de l'autre le pic ou la lance « rumb. », ou aussi uniquement
munis de l'arc tout en se mettant à couvert derrière un bouclier rudi-
mentaire de forme circulaire, une espèce de rondache dite aussi « da-
raqa », les Zawilites constituaient dans l'infanterie des troupes de choc
par excellence destinées à supporter tout le poids de la bataille au dé-
but de la mêlée (73).
D) L'élément arabe :
Ce sont les éléments des Ôunds ifriqyiens ou plus exactement de
ce qui en restait après la décomposition du régime aglabide. Dynastie
arabe, celle des Aghlabides ne comptait, on le sait, dans le service
civil et militaire, ni sur les Slaves ni sur les Berbères, et n'employait
donc que des Arabes de préférence des Mu4arites, étant eux-mêmes
371
des Tamimites, donc des 'Adninites. Le régime fatimide que soutenait
le ~biya berbère des Kutima, négligeait en revanche l'élément arabe
et son organisation militaire comme on vient de s'en rendre compte
reposait uniquement sur deux forces prépondérantes, celle des KtJtima
en premier lieu, puis celle des Slaves.
Aussi l'élément arabe est-il forcément minoritaire dans l'armée
fatimide et n'y joue-t-il aucun rôle particulier. Les contigents ifriqyiens
d'origine arabe que la conscription dans les diverses circonscriptions
territoriales du royaume (kuwar) fournissait à l'armée fâtimide, sont
désignés par Je terme « al-iunüd » ou par « ahl Ifriqya ». Nos sources
les distinguent nettement des Kutima, des esclaves« 'abid » d'origine
slave et soudanaise, et du reste des Maghrébins « baqiyat al-magi-
riba », sans doute ceux dont l'origine arabe ou berbère n'est pas net-
tement établie pour le diwiln (74).
Pourtant, tout à fait au début du règne du Mahdi, les Arabes
étaient encore nombreux à servir dans l'armée fatimide. Certains
« iunds » des marches frontières du royaume atlabide n'attendaient
que la chute du dernier Emir pour passer du côté du Dà'i et se mettre
donc au service de l'Imam que l'Ifriqya savait à SiAiJmiissa, prêt à en-
trer à Raqqàda sur les traces de son Dà'i et de ses partisans Kutamites.
Les Banu ijanzir du Ôund de Mila, les Banil Malik de celui de Belevna,
les Banü Salàs de Laribus, la garnison de Tobna et son chef
Abu'lMuqari', n'hésiteront pas, on l'a vu au moment de l'invasion de
l'Ifriqya par Abü Abd Allah, à répudier définitivement l'autorité des
Emirs qu'ils ne reconnaissaient plus de reste que d'une manière très
théorique depuis la mort d'Ibrahim II. Puis d'autres « Ôunds » ne
tardèrent pas à intégrer en partie sQrement l'armée fatimide et à lui
apporter désormais leur concours. Ce sont notamment des éléments
importants des Ôunds de Barqa et de Tripoli, qu'<'n retrouve aux
côtés des Kutima sous les ordres d'Abû 1-Qàsim, Je futur al-Qà'im,
lors des deux expéditions d'Egypte, et plus tard sous le commande-
ment d'al-ManfQr à la poursuite d'Abil Yazid et de ses hordes bàri-
gites (75).
Lors de l'expédition conduite par le même Abil 1-Qiisim contre
les ZJinàta du Maghreb central en 315/937, les Ifriqyiens, autrement
dit les Arabes des différents apàds du royaume se regroupèlcnt à
Laribus sous le commandement de l'un des officiers arabes les plus en
vue dans l'armée fatimide sous les règnes du Mahdi et d'al-Qi'im,
372
.ijalD b. lsl,tiq, un tamimite du Ôund de Tripoli, oe fameux ijalD qui
se laissa étrangement capturer par Abü Yazld à Kairouan. Ils étaient,
si l'on en croit le chroniqueur, quarante mille, chiffre paraissant de
prime abord fortement exagéré, mais qui à la réflexion peut etre con-
sidéré comme sOr, à une époque où la chute du régime ailabide con-
sommée et oubliée, les éléments des anciens Ôunds démembrés réap-
paraissaient sous les drapeaux d'une armée dent l'ossature était certes
constituée de Berbères Kutima, mais qui n'en avait pas moins besoin
de leurs services pour accomplir les grands desseins expansionnistes
des nouveaux maitres du pays (76).
Du reste le Mahdi n'avait-il pas cherché à affaiblir le parti ber~
en faisant assassiner le Dâ'i et son frère et en m!me temps certains
chefs Kutimites dont l'ardent Abd 2.iki et en réintégrant dans leurs
fonctions civiles et militaires certains membres de la famille ailabide
et quelques dignitaires de l'ancien régime demeurés dans le pays ?
Cependant cette tentative du Mahdi d'« arabiser» sa politique inté-
rieure par une attitude bienveillante à l'égard des grandes familles du
Ôund tarnimite qui composait le noyau de l'aristocratie aglabide au-
tour des Emirs devait faire long feu aussitôt après le double meurtre
du Dl'i et de son frère. L'insurrection d'al-Q~r al-Qadim indiquait
bien au premier monarque fipmide qu'il ne pouvait réellement comp-
ter sur l'adhésion des Mu4arites, encore moins sur les éléments Agh-
labides et leurs contribules de la lignée tamimite (77).
En revanche, les Fatimides obtinrent le concours d'autres grandes
familles arabes qui servirent sous leurs bannières la nouvelle dynastie
avec 7.èle et loyalisme. Les plus illustres d'entre elles furent les Banü
l;lamdiln de M'Sila et les Band 1-Kalbi de Sicile. ÔUdamites d'origine,
donc de ce pays béni de la da'wa isma'ilienne, le Yémen où le Di'i
Ibn l;law§ab rendit en fin public l'apostolat en faveur du Mahdi atten-
du (78), ils furent de précieux Auxiliaires de la première heure, d'abord
f;lamdün alias Abil 'Abd Allah al-Andalusi, espion isma'ilien et com-
pagnon du Di'i, puis son fils 'Ali auquel Abü 1-Qisim, le futur al-
Qi'im, encore héritier présomptif confia la tâche d'édifier M'Sila,
nouvelle capitale du Zib, et ville fortifiée à tenir en respect les noma-
des 2.anlta. 'Ali s'y installa à la tete d'un !und composé d'éléments
'Aglsa et d'esclavons et qui devait plus tard se distinguer au combat
contre Abd Yazid (79). Les successeurs de 'Ali, ses fils Ôa'far et Yal,lya,
le premier gouverneur de la marche frontière à pleins pouvoirs; ren-
dirent d'éminents services à la dynastie jusqu'aux dernières années du
373
règne d'al-Mu'izz lorsque, on l'a vu, les deux frères répudièrent l'au-
torité des Fatimides et soutinrent le parti des Zanata contre leur voisin
et rival !'Emir de Saobap Ziri b. Manâd, avant de passer en Espagne
musulmane (80).
Yéménites d'origine également puisque Kalbites, les Banil 1-
Kalbi jouèrent un rôle militaire considérable au service des Fatimides
en Sicile et dans la lutte contre Byzance. Leur ancêtre 'Ali b. Abi '1-
l;lusayn ne manqua pas, dès la chute des Aghlabides qui répugnaient
à employer les Kalbites, et l'arrivée au pouvoir de nouveaux maitres
arabes d'Orient des 'Alides dont le prestige avait été si grand depuis
longtemps déjà au Yémen et chez les Kalbites émigrés en Iraq et en
Syrie, l'occasion d'offrir ses services et ceux de ses contribules
en Sicile et Calabre (81). Mais l'artisan de la fortune de cette famille
sous les Fatimides fut son fils l;lasao, haute figure de la campagne
contre Abü Yazid dont il sut tenir les troupes en échec à Tunis dont il
était gouverneur, et au cours d'opérations de diversion et de harcelle-
ment entre le Cap Bon, Béja et le pays des Kutama, destinées à appu-
yer la défense de Mahdiya assiégée. Al-Man~ilr sut apprécier à leur
juste valeur ses qualités de courage et de dévouement en lui confiant
ainsi qu'aux membres de la famille kalbite le gouvernement de la Sicile.
Dès lors, al-l;lasao, secondé de son frère 'Ammar, allait s'attacher à
pacifier la région orientale de la grand'ile où il réduisit les citadelles
imprenables dont Taormine et Rametta, et à reprendre les incursions
de la marine fatimide dans les apanages byzantins de la Péninsule
Italienne. A sa mort survenue peu de temps après la prise de Rametta
en 354/965, le commandement échut à son fils Al.unad auquel son cou-
sin l;lasan b. 'Ammâr prêta main forte dans la poursuite de la lutte
contre les Byzantins (82).
Tout au long de son règne al-Mu'izz continua à l'instar de son
père al-Man$ùr à couvrir les Kalbites de Sicile de ses faveurs comme
en témoigne la Sira de Ôawdar. Ces propos du monarque fatimide,
tenus pour célébrer la mémoire de l;lasan b. 'Ali, et que rapporte Je
rédacteur de la Sira, illustrent la haute estime dont jouissaient les Banü
'l-Kalbi à la cour de Man$üriya, auprès du souverain et dans son en-
tourage. « Vantant donc le zèle de l;lasan et ses sacrifices pour la cause
d'Allah», al-Mu'izz demande à Ôawdar d'exprimer en son nom à
A}.>mad sa sollicitude envers toute la famille des Banil'l-Kalbi et ajoute :
« Fais-lui part des sentiments que nous éprouvons pour eux tous.
Qu'Allah ne les prive jamais de la faveur dont ils jouissent là-bas tant
374
qu'ils vivront ... l;iasan a laissé à sa postérité une gloire et une illus-
tration dont la moindre parcelle vaut le plus considérable des honneurs
qu'il a obtenus de nous. Qu'Allah les aide à élever la construction sur
les bases fondées par leur père, afin qu'il leur fasse réaliser les espoirs
que nous avons mis en eux, grâce à Sa force et à Sa puissance ... (83) ».
En dépit donc du concours considérable que continuaient à appor-
ter à l'année fatimide des contingents des anciens Ôund ifriqyiens, et
certaines grandes familles de l'aristocratie arabe, le rôle de l'élément
arabe dans une armée essentiellement berbère et slavonne, donc étran-
gère à la population de l'Ifriqya. semble s'être amenuisé progressive-
ment au fur et à mesure du développement de la puissance de la dy-
nastie, notamment après l'échec de la révolte d'Abü Yazid, tout au
long du règne d'al-Mu'izz.
V : Les expéditions
Rien ne semble a priori distinguer l'organisation militaire sous
les Fatimides, dans la préparation des expéditions, l'équipement, l'ar-
mement,·la composition des corps de troupes pendant le déroulement
des opérations ou le dispositif de combat sur le champ de bataille en·
rase campagne comme sous les murs des places fortes et citadelles
inexpugnables, de ce qu'elle était auparavant en Ifriqya même et dans
le reste de l'empire islamique, ou à la même époque en Espagne mu-
sulmane par exemple. Levi-Provençal a traité d'une manière exhaus-
tive ces questions techniques, à l'aide d'une documentation assez four-
nie en somme pour l'Andalus, mais qui fait malheureusement défaut
à propos de l'Ifriqya (84). On se bornera donc à renvoyer le lecteur,
pour une vue d'ensemble complète, à ces pages magistrales de son
Histoire de l'Espagne musulmane, pour ne consigner ici que les mai-
gres glanures recueillies dans nos sources, quand elles caractérisent
proprement l'armée fatimide.
C'est le camp suburbain .de Raqqâda d'abord, ensuite ceux de
Mahdiya et de Man~uriya, qui servaient de points de concentration
des troupes, quand le monarque décidait de lancer une expédition de
grande envergure, ou simplement punitive. On sait malheureusement
peu de choses sur le nombre exact et la qualité des troupes régulières'
comme on ignore les effectifs et la nature précise des recrues qu'on
enrôlait pendant les campagnes. On apprend seulement que des offi-
ciers slaves se rendaient dans les provinces du royaume, y compris le
pays des Kutima. en sergents recruteurs chargés d'en ramener les
375
« l;ni!üd », destinés à pourvoir l'infanterie et la marine. Les Kutima
toutefois acceptaient les engagements souvent sans aucune force de
contrainte et les jeunes Kabyles affluaient à l'occasion sous les dra-
peaux, pleins de zèle et de l'ardeur des n6ophytes (8S).
Rassemblées au camp suburbain, les troupes étaient alors soi-
gneusement équipées et pourvues d'un armement suffisant. Les prépa-
ratifs pour l'organisation de la colonne de marche et du convoi étaient
menés bon train et aussi avec soin. Puis, le jour du départ, chaque
formation kabyle ayant été dotée de ses cadres, de ses timbaliers et de
ses porte-drapeaux, l'armée s'ébranlait, non sans solennité, parfois
même en grande pompe, sous les ordres de son chef, un officier supé-
rieur slave, l'héritier présomptif ou le monarque en personne (86).
Essentiellement berbère et slavonne, l'armée fitimide compor-
tait une majorité de cavaliers. Certes, les Kutima. guerriers monta-
gnards habitués à combattre à cheval, possédaient leurs propres mon-
tures, mais l'administration de l'lllmée, outre le règlement des soldes
et des traitements des officiers, devait s'occuper des effectifs et des
munitions et par conséquent assurer à une cavalerie aussi nombreuse
la monture et le harnachement et un armement approprié. Les services
de l'armée entretenaient probablement pour cela des haras militaires,
tandis que les selliers de Kairouan et do Sousse, puis de Mahdiyya et
de ManJQriyya, fournissaient à coup sQr les selles et les harnachements
dont on ne connait pas précisément le type, mais dont on présume
qu'il y avait, à côté de selles et de harnachements ordinaires, d'autres
réservés aux officiers supérieurs et qui étaient incrustés de pierreries et
garnis de fils d'or et d'argent (87).
L'armement du cavalier comportait la lance « rumb » pour le
combat à la charge « ti'in », l'épée dont l'usage devenait nécessaire
pendant les mêlées furieuses au moment où la bataille faisait rage
« ~lid », et l'écu « daraqa », bouclier en cuir destiné à le protéger des
coups d'épée ou de lance de l'adversaire ainsi que de ses flèches. Ainsi
le cavalier Kutamite disposait au début, lorsqu'il combattait les forces
ag)abites, d'un armement très simple ; mais la cavalerie Kutàma n'al-
lait pas tarder, - et les escadrons esclavons n'allaient pas tarder sous
les califes - à se doter d'un armement plus lourd. Habitué, au cœur
de sa Kabylie natale à galoper à bride abattue parfois sans selle et
n'ayant recours au combat qu'à la lance ou à l'épée, ignorant même
l'usage de l'arc, encore moins celui de l'arbalète, le cavalier ubi$8 ou
Ôimla, devenu sous le califat« soldat de l'ordre» et professionnel de
376
la guerre, se fit aussitôt au port du casque, de la cotte de mailles et à
l'iquipement d'apparat (88). Il se distinguera toutefois tout au long de
la période qui nous occupe, par sa maîtrise de l'art iquestre, innée
forœment comme cliez tout bédouin nomade ou s«lentaire, mais
aussi acquise par un dressage et une initiation propre à la tradition
iqucstre de la race berbère. Le cavalier Kutimite disposera en outre
de terrains d'exercice en champ clos à Raqqida à Mahdiya ou à Sousse,
où des hippodromes « maydàn » ou « ma1•ab » étaient aménagés pour
l'entralncmcnt des cavaliers, les évolutions iquestrcs en groupe et les
passes d'armes (89).
Au demeurant, la cavalerie kutimitc devait sa réputation à sa
légèreté et à sa rapidité. Se conjuguant avec l'adresse exceptionnelle
du cavalier, la fougue naturelle et la souplesse de la monture, de telles
qualités en faisaient une armée redoutable. Au reste, le Berbère en
général a toujours compensé la vulnérabilité de son iquipemcnt par
l'extremc mobilité de son cheval et sa rapidité ainsi que par sa maitrise
incomparable au maniement de la lance ou du sabre (90).
Quant à l'infanterie, composée de fantassins kutimites et autres
maghrébins berbères ou arabes, d'esclaves d'origine chrétienne ou
soudanaise, elle jouait dans l'armée fâtimide, comme dans toute autre
armée dans !'Antiquité et le Moyen Age, un rôle primordial au cours
des opérations de siàge, des campagnes de grande envergure, et au
moment de la mêlée dans les batailles rangées. Les fantassins « raüa-
la » archers ou arbaltien, à coUVCit derrière leurs boucliers ronds ou
rondaches, appelés également « daraqa » ont eu toujours pour tâche
de recevoir au premier moment de la bataille, les cliargcs de la cava-
lerie adverse, en visant de leurs tirs meurtriers, aussi bien le cavalier
que sa monture (91). Mais au contact de l'adversaire, le soldat piéton
usait de la lance ou de la pique. Des corps spéciaux de fantassins
étaient aff'ectés au maniement des mangonneaux, des balistes et des
tours mobiles employés pour effectuer des brèches dans les murs d'en-
ceinte pendant les guerres de siàgc. Certain.s piétons, des esclaves préa-
lablement entraînés à coup so.r, opéraient comme sapeurs mineurs
dotés d'outils spéciaux dont on peut présumer qu'ils étaient la pioche,
le pic et la barre de mine (92).
Pour assurer les iquipements et l'armement des troupes, les ser-
vices de l'armée disposaient de magasins où étaient entreposées les
fournitures nécessaires. Il y en avait surtout de tm importants
à Mahdiya, qui dépendaient de l'intendance maritime et que gérait un
377
Slave sous l'autorité supérieure de Ôawdar. Vivres, approvisionne-
ments, munitions, ne trouvaient pas assez de place dans les immenses
magasins et entrepôts souterrains « 'ahra' » de Mahdiya, et l'intendant,
le Slave Safi, s'en trouva réduit à envisager d'emmagasiner les vivres
dans la mosquée proche de l'arsenal (93).
378
,On retrouve certes dan·s la description des campagnes fijimides
la vicillc coutume d''al-,K.arr wal-Farr ou« aharps de cavalcrict sui·-
vies de brusques replis. sur·tarain p'lat~ et les procédés tr•diüonnels. d·e
la guerre de plaine (9S) », .mais c'·est la tactique des com1bats, de barci-
lement et, de poursuite· à traven monts. ,et vallées et des op6mtiou de.
1
silge a.atour des forteresses et. des citadeUes en .fo,rme de nid d'aigle
qui hérissaient .les massifs m.onta,gncux de la ·nerbérie depuis l'Anti-
q:uité·..
Quant ,au d.ispositif de combat« ta11i'a »; il. observ.ait ta ro.rm:u1e
classique œractérisée par l"obli.gation où so trouvait le chef de riarmée
« q~1d » ,d.établir au p,réalable son œmp sur un terrain favorable dont
la .géographie devai.t pouvoir lui offrir une positio.n .av.antage.use s.ur
œDe de: .radversaire.. sur.pmes saas avoir dressé ses, cam:pemen·ts., de
mauike à assurer la garde. de son convol et. de tenir les corps de trou~
pies. en. bon orme et prits on cas d'alerte à se mettre sur pied d.e guerre,
'bien. de puiuaotes, arm6es. se:sont trouvées, bousculées rapidemcnit ·tail-
lées en. pikes, par 4uelques milliers de cavaliers, rapides au bout d,e
quelques. charges furieuses effectuées sur leurs flancs et leurs ani6rës. .
D. n'a 1u fall.u à coup sir au Di:~ plus d'une dizaine. de milHers de 1
Lots.que emin :1:es. doux adversaires se· trouvaient en. contact,. l'·or-
dre de bataille observé demeur.ait également fidèle au schéma ,classique
,qui consistait ,à répartir les corps d'armée sur quatre positions symé-
triques par rapport à une position. cen.trale préalablement. ehois1e par
3'19
le commandement en chef et où il devait se poster, de manim à con-
trôler le d6roulement des opérations. Ces quatre positions étaient
invariablement les suivantes : « al maymana » ou aile droite, et « al-
maysara » ou aile gauche étaient les deux positions lat6rales ; « al
taira » ou « al-muqaddama » ou avant-garde en position de recon-
naissance ou de ligne avancée ; « al-siqa » ou l'arrière-garde compo-
sœ de piétons chargés d'assurer les arrims de l'armée et de parer ainsi
aux tentatives d 'encerclement et autres mouvements tournants ; en.fin
« al-qalb » ou centre où se tenaient les troupes d'élite g6n6ralement
mon~, autour du général et des officiers de sa garde. Les exemples
de ce sch6ma que nous relevons ici illustrent le rôle pr6pondérant des
Kutima qui supportaient le poids de toutes les batailles livrées par
l'armée fatimide.
Lors de l'expédition de l'année 31S (99), conduite par Abil 'I-
Qisim le futur al Qa'im, l'armée fatimide qui comprenait les troupes
Kutama, celles des ôunds ifriqyiens, des esclaves (des esclavons et
des noirs) et d'autres éléments divers, se regroupa à Laribus puis fut
rejointe à Bagaya par des contingents tribaux auxiliaires provenant
des Muzita, Kuwwara, ~addina, 'Alisa et autres éléments originaires
du Titis et de Qa,r al-Hriqi. Lorsqu'il parvint au contact des Zanata,
al-Qa·im adopta le dispositif suivant : au centre les Ôimla ; à l'aile
gauche les Aüana et les éléments ifriqyiens ; à l'aile droite les Malüsa
et le reste des Maghrébins ; à l'arrim-garde, les Lahi~.
Quant au dispositif observé par al-Man~tlr à la bataille de
Maqqara (100), il comportait, quoique sensiblement le ml!me, quel-
ques variantes dans la répartition des corps d 'armée, compte tenu du
caractm décisif de la rencontre où les deux adversaires s'affrontaient
en.fin au bout d'une longue et pénible poursuite, jetant ainsi dans la
balance le poids de toutes leurs forces. Le monarque fatimide cons-
cient de l'enjeu de la bataille, s'ingénia à élaborer un plan de bataille
inhabituel : ayant placé à l'aile droite les Ôirnla, les Lahi~ et le ôund
de M'Sila avec leur chef Ôa'far b. 'Ali, il les fit appuyer de l'esclavon
Bu!rl à la tete d'un corps de ses congénères ; et tandis que l'aile gau-
che était composée uniquement de Kutimites, des Maltlsa et
des AApna, le centre fut occupé par les corps d'élite formés des prin-
cipaux Auxiliaires Kutiroites et des officiers slaves, soutenus par le
Aund de Barqa ; une autre disposition originale compliquait davan-
tage le plan de bataille : l'aile droite fut soutenue sur ses arrims par
un contingent du Aund du Cap Bon, placé légèrement en retrait, tan-
380
dis qu'une autre formation du meme jund disposant comme la pre-
mière d'un étendard et d'un tambour, occupait une position similaire
derrière l'aile gauche (101).
'tout au long de sa campagne contre l'« homme à l'âne», al-
Man~ilr commençait par se poster au centre au milieu des Doyens
Kutima et de sa garde slave, et se couvrait de son parasol qu'un offi-
cier slave était chargé de tendre au-dessus de sa t!te. Il n'hésitait pas
ensuite, au beau milieu de la melée, à charger sabre au clair et à payer
de sa personne, tandis que les escadrons de cavalerie qui l'entouraient
opéraient par raids successifs aussi rapides que ceux de la cavalerie
ennemie, berbère elle aussi, habituée comme elle à charger ainsi, légère
et très mobile, selon une tactique traditionnelle mise à l'épreuve aupa-
ravant avec succès depuis l'Antiquité, contre Rome et ses légions,
puis Byzance et sa cavalerie cuirassée (102).
Le dispositif de combat subissait des modifications notables quand
il s'agissait de la guerre de sibge, comme l'indique le récit de la bataille
du djebel Kiyyana, refuge ultime d'Abtl Yazid et de ses partisans ba-
rijtes (103). Pour investir une forteresse ou une citadelle « qara »
d'accès aussi difficile que celle de Kiyyana, de 'Uqâr ou de Siqir, tou-
tes haut perchées sur les monts du Hodna, les troupes assiégeantes
commençaient par couper toutes les voies de communication avec
l'extérieur, et, le cas échéant, creuser un fossé au bas de la montagne
tout autour de l'ouvrage fortifié, de manière à l'isoler entièrement et
emp&her ainsi l'arrivée de renforts ou l'entrée de convois de ravitail-
lement. Entre temps, les récoltes étaient incendiées et les arbres frui-
tiers abattus. Puis, l'épuisement des assiégés s'étant fait sentir, des
sapeurs s'attaquaient au rempart, tandis que se déroulaient de durs
combats où les adversaires échangeaient une grêle de fl~es et de
projectiles divers. Lance-pierres « •arrada », mangonnaux « manla-
niq » et tours mobiles servaient aux assiégeants à affaiblir la défense
sur Je rempart, tandis que des corps spéciaux s'acharnaient à forcer
les portes en y mettant le feu. Enfin, Je moment venu, les assiégeants
se lançaient à l'assaut de la citadelle et y pénétraient de vive force.
Non moins meurtrière que la bataille rangée en rase campagne,
la guerre de siège dans des régions au relief accidenté et coupé était
plus pénible, et les victoires emportœs ainsi sur les berbères de la mon-
tagne étaient d'autant plus retentissantes qu'elles rétablissaient l'au-
torité centrale dans des régions où elle était souvent conttstée ou tout
381
simplement répudiée. Celles que, par exemple, al-Man~ûr put enfin
inscrire à sa gloire apr~ les défaites cuisantes subies par les armes de
sa dynastie face au fameux rebelle barilite, ont inspiré aussi bien les
chroniqueurs que les poètes. Le monarque victorieux, dont on sait
que l'éloquence était prestigieuse, ne manqua pas de les célébrer lui-
même, en prose et en vers aussi. Dans une pièce de belle facture con-
servée dans la Sira de Ôaw(lar, il chanta ainsi son héroisme (104) :
« J'ai changé le safran et son parfum pour la rouille d'une cotte
de mailles des plus solides.
N'as-tu pas vu que j'ai troqué la vie de séjour tranquille contre
les marches de nuit, et les couches mœlleuses contre les chevaux
aux flancs maigres ?
Les chevaliers d'une bravoure à toute épreuve, qui ne connais-
sent pas les haines, fondent sur l'ennemi comme les lions des ca-
vernes.
Montrez-moi un chevalier qui puisse me remplacer et affronter
comme moi le combat, lorsque les sabots des chevaux, frappant
le sol, soulèvent la poussière dans la vallée.
Je suis le pur, le victorieux de la race d'AI:tmad.
De mon sabre, je tranche les têtes sous les camails des casques».
382
En réalité cette vocation maritime attestée au moment même où
leur dynastie voyait le jour, les Fatimides l'héritaient de leurs prédé-
cesseurs sur le trône de Raqqiida, les Emirs Aghlabides. Ceux-ci possé-
daient déjà, on l'a vu plus haut {106), une marine de guerre que la con-
quête de la Sicile et le Aihiid contre Byzance et ses sujets de la Sicile
Orientale et de l'Italie Méridionale avaient rendue de plus en plus
puissante. La flotte des Emirs, basée notamment à Sousse, Tunis et
Palerme, était demeurée intacte lors de la fuite de Ziyâdat Allah III
qui préféra emprunter la voie de l'abandon et se mettre en route vers
l'Orient de ses Protecteurs Abbassides, au lieu de prendre celle de
l'honneur qui l'aurait conduit dans la Grande Ile voisine, bastion
naturel et apanage des grandes familles arabes du Ôund, pour y con-
tinuer la lutte contre les Berbères montagnards d'Abtl 'Abd Allah {107).
D'ailleurs la Sicile ne devait pas tarder à entrer en dissidence, on
le sait, contre les nouveaux maîtres de l'Ifriqya, mais le premier sou-
verain fâpmide avait pris soin déjà, en s'installant sur le trône
de Raqqada, d'organiser la flotte de guerre dont il disposait sur le
littoral ifriqyien pour entreprendre vis-à-vis de la Sicile une politique
offensive qui finit par la mettre à la raison. C'est cette flotte déjà con-
sidérable et dont la puissance allait s'accroître pour devenir sous le
dernier Fiipmide d'Ifriqya la plus redoutable de la Méditerranée (108),
qu'on va maintenant tenter de décrire en dépit des maigres informa-
tions glanées dans nos sources.
Il est à déplorer que les chroniqueurs ne se soucient guère, lors-
qu'ils évoquent les expéditions maritimes, de faire suffisamment état
de la nature des unités navales ou de leur armement. C'est bien rare
s'ils se préoccupent d'indiquer au passage leur nombre, pour ne donner
de l'intérêt qu'aux rencontres maritimes qu'ils évoquent de la même
manière qu'ils le font pour celles qui se déroulent sur la terre ferme. Il
n'y a guère d'importance sous leur plume en somme, qu'aux événe-
ments sanglants, au carnage donc, au spectacle édifiant des cadavres
qui jonchent le champ de bataille, ou des têtes ramassées par les en-
fants pour recevoir une prime ou piquées sur une lance pour être mon-
trées en guise de trophée.
La seule description qui nous soit parvenue de la flotte fiitimide
est due à deux poètes, le fameux Ibn Hiini et son contemporain al
Iyylidi. Elle est malheureusement trop générale et les notations d'or-
dre technique sont assez obscures et insuffisantes à la fois. De quelles
dimensions étaient les unités navales ? Comment étaient les vaisseaux
383
de guerre de type $alldal dont il est fait mention dans la Sira de
Gawdar (lO'J) ? De quelle sorte de bateaux les chantiers de construc-
tions navales équipaient-ils les escadres qui effectuaient les expédi-
tions maritimes contre l'Espagne musulmane ou l'Italie méridionale
et livraient bataille à la marine byzantine ? Sur tout cela les sources
restent muettes et n'étaient certaines indications précieuses de la Sira
de Gawdar sur les arsenaux, les approvisionnements pour la marine,
les constructions de navires avec du bois de Sicile, on se serait trouvé
réduit à retracer autrement l'lùstoire des victoires emportées par la
flotte ou de ses défaites - encore de l'histoire-bataille ! - à défaut
de pouvoir donner quelque idée précise d'une organisation maritime
dont on ne doute pas qu'elle dQt être complexe et assez importante
pour assurer le bon fonctionnement d'une marine aussi puissante.
La première escadre armée par les Fatimides et placée sous les
ordres d'un auxiliaire arabe Ibn Abi ij'anzir eut pour tâche délicate
de combattre en 300/912 les insurgés de Sicile qui diposaient d'une
flotte plus importante commandée par Mul)ammad b. Qurhub, le fils
même du chef de l'insurrection Ahmad b. Qurhub, et fut par consé-
quence détruite à son port d'attache Larota. Mais la flotte fatimide ne
tarda pas à être reconstituée et permit au Mahdi, non seulement de
remettre à la raison les Arabes turbulents de Sicile, mais aussi de re-
prendre les incursions victorieuses de ses armes en Italie Méri-
dionale (110).
Puis, fortement équipées et jugées désormais assez puissantes
pour entreprendre des expéditions de grande envergure, les unités
navales de Sicile et d'Ifriqya mettaient quelques années plus tard le
cap sur Alexandrie pour aller prêter main forte à l'armée d'al Qâ'im
qui, pour la deuxim1e fois, envahissait l'Egypte. Battue pourtant à
Rosette et ses deux capitaines, l'esclavon Sulaymân et l'arabe Ya'qQb
b. lsl)âq faits prisonniers, elle était de nouveau rapidement constituée
et allait désormais connaître un développement considérable, tout au
long du rbgne du Mahdi et sous celui de son successeur Al-Qa'im (111).
L'affaiblissement qu'elle ressentit avec l'amoindrissement notable de
la puissance fatimide sous les coups répétés que lui porta le rebelle
bâri~te Abü Yazid, ne devait être que de courte durée. L'autorité du
troisième monarque al-Mantür n'était pas en effet encore bien rétablie
sur tout le territoire du royaume que déjà il se préoccupait de dépêcher
en Sicile un de ses meilleurs auxiliaires arabes, al-l;laun b. 'Ali al-
Kalbi, pour y redresser une situation compromise pendant la révolte
384
de l'homme à l'Ane et remettre l'escadre de la Grande De sur pied de
guerre contre Byzance. Dès lors la marine fitimide retrouvait avec le
second souffle de la dynastie, un regain de vigueur. Renforcée tout au
long du ràgne d'al-Mu'izz, sa puis,.ance allait enfin atteindre son apo-
gée dans le conflit qui opposa le dernier Fiitimide d'lfriqya à son rival
musulman de Cordoue, al-Ni~ir et à son allié chrétien, l'empereur de
Byzance. A ce moment-là, vers le milieu du Xè siècle, surtout après le
raid spectaculaire d'Alméria et le succès retentisAAnt remporté dans
les eaux de Messine, la Méditerranée était bel et bien un lac musulman,
sous le pavillon blanc des unités fiitimides (112).
Pour développer une telle puissance sur toute l'étendue de l'im-
mense façade maritime de leur empire en Occident musulman, soit
depuis la côte de la Grande Syrte, jusqu'aux portes de l'Andalus, à
Tanger et Ceuta, et encore sur tout le littoral de la Sicile, jusqu'aux
confins du « dAr al l,ibid » en Calabre, il fallait aux Fitimides une
infrastructure maritime encore plus solide et plus importante que celle
qu'ils avaient héritée sur place de leurs prédécesseurs les Aghlabides.
Ne devaient-ils pas constituer un front de mer beaucoup plus vaste
que celui du royaume des Emirs, afin d'assumer la défense du littoral
au nord comme à l'Est et vers le Sud-Est, non plus en Berbérie Orien-
tale et en Sicile uniquement, mais aussi désormais sur la bordure médi-
terranéenne de tout le Maghreb ? Ne leur fallait-il pas en effet parer
aux attaques surprises de la marine umayade ou de la byzantine, et
par conséquent relayer constamment les quelques ports d'attache sur
le littoral septentrional de la Berbérie, et leurs bases en Sicile ? (113)
Dœ lors que les nouveaux maitres de la Berbérie avaient à éten-
dre leur hégémonie à la Méditerranée occidentale, les places maritimes
du Sahel regardant la Sicile et l'Italie Méridionale et utilisées aupara-
vant par les· Aghlabides au 9è siècle et meme plus tôt au Sil par les
Wulit Omeiyades et Abbassides, s'avéraient insuffisantes. Tunis, qui
d!s la fin du 7ème, après que l;iasin b. 1-Nu•miin l'eQt conquise, avait
pourtant joué un rôle considérable avec son nouvel arsenal « dir al-
fini•a », où mille Coptes amenés à dessein d'Egypte se consacrèrent
à la construction des unités navales : « depuis ce temps-là, Tunis, se-
lon le géographe cordouan al-Barn (114), n'a jamais cessé d'envoyer
des navires musulmans sur les côtes des ROm afin d'y porter le ravage
et la dévastation. Quant au port de Sousse, doté lui aussi d'un arsenal,
il tint an rôle de premier plan au 9è siècle et demeura la principale
bue pour les expéditions maritimes jusqu'au début du toem•, sous le
385
règne du Mahdi. Dès lors il appartiendra à la place qui portera le nom
du premier Imam d'Ifriqya, son fondateur, de servir de bastion in-
comparable à la redoutable marine fâtimide et d'klipser par co~
quent Tunis, Sousse aussi, et a fortiori toutes les autres places de se-
cond ordre qui, comme Lamta ou Hergla, constituaient des relais sur
la façade orientale de la Berbérie.
388
Conçue donc comme un bastion, un « retranchement » destiné à
abriter la dynastie de tout péril venant de la terre comme de la mer, et
aussi comme une base maritime pour des opérations de grande enver-
gure; Mahdiya devait être, quoique capitale d'un empire et par consé-
quent siège de gouvernement, une ville de caractm essentiellement
militaire. Sur un emplacement assez réduit en forme de main tendue
sur les flots et ne se rattachant au continent que par un isthme dont la
largeur n'excède gum la portée d'une flèche, les travaux allèrent bon
train. Entrepris le samedi S du'l-Qa'da 303/11 mai 916, ils étaient ache-
vés en moins de trois années en 306/918-919, pour que la nouvelle
place maritime servît d'ores et déjà à armer l'escadre qui allait prêter
main forte à la deuxième expédition d'Egypte, la première ayant échoué
surtout parce que l'armée fiµm.ide se trouvait trop éloignée de ses
bases et avait par conséquent manqué de ravitaillement et d'équipe-
ments. Le souverain ne s'y installa précisément que deux ans plus
tard, après le départ de l'expédition terrestre et de la flotte (118).
Aussi la ville ne comprenait-elle alors que des ouvrages militaires,
et les quelques 6difices civils néces.wires au longement de la famille
royale et de l'aristocratie, à l'administration centrale, et à l'activité
religieuse et économique. Résidence princim donc, et cité maritime
marchande, mais surtout port de guerre, la nouvelle capitale évacuait
ainsi, le soir venu, sa populace vers les faubourgs, après que celle-ci
eOt vaqué à ses occupations pendant le jour. Elle se retranchait der-
rière son épaisse muraille qui l'enserrait, épousant le rivage sur trois
façades, du Sud-Est vers le Nord-Ouest, et barrant également l'isthme.
Trop e:xigQe, la surface de la presqu'lle fut élargie de manière à
« avancer 1a construction dans la mer (119) ». Sur le terrain ainsi ga-
gné furent bâtis la Grande Mosquée, la Cour des Comptes, et deux
palais séparés par une vaste place, l'un orienté vers l'ouest, dit palais
d'al-Manira (du Fanal) aux fenêtres d'or, ou palais du Mahdi, l'au-
tre tourné vers l'Est et dit palais d'al-Qa'im. Les marchés et les quel-
ques édifices civils voisins de la Cour des Comptes achevaient de com-
poser la cité proprement dite, et les ouvrages militaires occupaient
le reste de la presqu'De (120).
De ces ouvrages, c'est certainement sur la muraille que le souve-
rain fitmùde fit porter tout le soin des constructeurs, soucieux qu'il
était de préserver « les Enfants de Fitima des vicissitudes du Temps
(mihan) (121 ». Ici la légende contamine l'histoire. Et al-Nu'min lui-
~ e se sert des données de l'histoire pour justifier les pr6dictioos
387
qui s'attachent à la fondation de « Mahdiya la Blanche», le dlr al-
hiira des Fidèles (122). « Il la fit construire, nous dit-il, en pierre de
taille et la dota de portes en fer massif' ... Lorsqu'il en contemplait
l'enceinte et les portes et observait l'émerveillement des gens devant
une telle œuvre, il s'exclamait : « Tout cela, c'est une r6serve pour un
seul moment d'un jour 1» Et il en fut comme il l'avait prédit, car lors-
que Mab}ad le maudit atteignit Mahdiya, il s'antta un moment de-
vant ses remparts et ce fut son dernier regard sur la ville jusqu'au jour
où son cadavre se balança du haut de son enceinte (123) ».
388
Un autre document aussi pr6cieux. la Sira de Oawdar, offre l'a-
vantage de regarder de plus pris l'am~agement du port au sud de la
presqu'ile, et un peu plus loin vers l'Est du côte de la pointe, de l'arse-
nal ou plus exactement de6 deux arsenaux. avec leurs dépendances,
silos, citernes et magasins de l'intendance maritime. Mais il faudrait
tout d'abord trancher la question de l'origine de ce port et celle do
l'emtence d'un seul arsenal ou de deux à la fois.
Sur le prOIDier point, G.. Marçais nous dit (129) qu'« on s'accorde
pour y voir (il s'agit du port) un cothon (port artificiel) phénicien. Il
n'est pas douteux du moins, précise-t-il, qu'il fut utilisé par les Fili-
mides et prot6g'6 par le rempart de la ville ».
Que le bassin rectangulaire où fut am~gé le port ait également
servi d'abri aux galères antiques, cela est fort concevable sur une côte
qui fut largement ouverte à l'inflUtnce phénicienne et plus tard à celle
romaine puis byuntine. N'a-t-on pas découvert « par 40 ~tres de
fond les restes d'une galère antique en provenance !'Athènes, chargés
d'objets d'art et de matériaux de construction et coulée vers le début
du I•• siècle avant notre ère ? (130 » Toutefois al-Nu'min nous affirme
en témoin occulaire que le Mahdi « fit avancer la construction dans
la mer afin de creuser le port qui pénètre dans la ville et communique
avec la mer par une passe dotée d'une chaine pour le fermer (131 ». Et
al-Bakrl qui reproduit Mul,ammad b. Yüsuf al Warrlq, autre témoin
oc:ulairc précis et digne de foi, note aussi : « et le port en est creusé
dans le roc vif {132) ». Ne peut-on inférer de ces deux précieux témoi-
gnages que le port, une création toute fatimide, fut am~agé dans le
terrain ainsi remblayé et gagné sur la mer de manière à etre protég6
par la muraille I Les deux tours réunies par une voOte et reliées par la
d!atnc longue d'une qninuine de ~ qui en verrouillait l'entrœ.
ne confirment-elles pas le caractère défensif de l'ouvrage maritime et
aa création purement fatimide dans une place conçue et réaJiséc d'une
pi.Occ, tel un « blockhaus » de Kairouan pour jouer le rôle do
réduit {133) ?
Quant au second point, c'est al'Nu'min qui autorise à le poser.
Le célbbre cadi est seul à attester dans son « maAilis » l'existence do
deux arsenaux (134). Il ne pet.met malheureusement, ni d'en dater
respectivement la construction, ni d'en localiscf l'emplacement avec
exactitude. Il se borne à rapporter que sous le règne d'al-Mu•izz, les
deux arsenaux de Mahdiya étaient devenus trop étroits pour contenir
389
toutes les unités de la puissante marine. Le souverain que cela pr6-
occupait, fut bien heureux d'apprendre la d~uverte, dans l'arsenal
de Sousse, de sept citernes antiques enfouies sous terre, allment6es
par un bassin et d'une capacité suffisante pour assurer le ravitaillement
en eau des habitants et des navires. Il donna aussitôt l'ordre de.rcs-,
taurer cet ouvrage hydraulique et d'.élever une mosquée sur les lieux.
Si le premier arsenal que mentionnent nos sources, et dont il est
facile de reconnaître aujourd'hui à l'œil nu l'emplacement. un peu
plus loin que le port à l'Est. vers la pointe de la presqu'Ue, est bien
celui dont la construction remonte au Mahdi, on est en revanche bien
embarrassé pour localiser avec précision le site du seoond. On peut
cependant en supposer l'existence à partir du ~ e d'al-Qi'im, car on
imagine mal qu'al-Man~ür qui délaisse Mahdiyya pour sa nouvelle
résidence élevée auprès de Kairouan - ou que son successeur al-
M u'izz précisément qui favorisa davantage l'abandon de Mahdiya en
faveur de la nouvelle capitale - ait songé à aménager un deuxième
arsenal dans l'ancienne capitale délaissée. Du reste le texte d'al-
Nu'miin laisse entendre que l'existence des deux arsenaux ait été an-
térieure à l'époque d'al-Mu'izz. Que la fondation du second arsenal
revienne à al-Qi'im, cela est fort probable. On sait en effet quel intéret
ce monarque attacha aux expéditions maritimes contre les ~ s
de Sicile et de l'Italie méridionale. Il n'est pas d'ailleurs impossible quo
l'une des excavations qu'on aperçoit encore plus à l'Est, à l'extrémité
de la presqu'De, ait abrité ce second arsenal qu'il y aurait lieu d'iden-
tifier au Diir al-Babr (maison de la mer) attesté deux fois (13S) dans le
riyi.;1 al-nuftls de Miiliki et une fois encore dans la Sira do
Ôawdar (136) où il est fait mention deux fois du« dir al sina'à » (ar-
senal) (137). A moins que le Dàr al-Babr n'ait été l'arsenal principal
construit par le Mahdi et que le second arsenal dont parle al-Nu'màn
ait été précisément celui dont il est question dans la Sira et près duquel
se trouvait une mosquée où Safi, directeur des magasins de la marine.
songea, au risque de s'attirer la colère du souverain, à emmagasiner
les vivres qui lui étaient expédi6es (138).
Il faudrait noter, quoiqu'il en soit, l'importance de l'arsenal cons-
truit sous le Mahdi, qui pouvait abriter deux cents navires ·et était doté
de deux galeries voQt6es assez spacieuses et longues pour contenir le
matériel naval, agrès et approvisionnements, et l'abriter ainsi du so-
leil et de la pluie. Ces deux galeries constituaient sans doute les maga-
sins de l'intendance maritime « bui"in al-Balu», dont il est question
390
dans la Sira de ôawdar et qui étaient devenus insuffisants aux besoins
de la flotte sous le règne d'al-Mu<ïz.z (139). D'autres magasins placés
sous la direction d'un autre haut fonctionnaire d'origine arabe. sans
doute Abroad b. Mubamroad al-Tallas avoisinaient le Dir al Bal)r. La
Sira de ôawdar nous le montre aussi préoccupé que son coll~ Sin
de trouver assez d'espace dans ses magasins pour entreposer un maté-
riel considérable, toutes les fournitures nécessaires à l'équipement
des unités navales (140).
Ouvrage de guerre, le Dlr al-Bal)r constituait une zone interdite.
Placé sous l'autorité supérieure de Ôawdar, puis sous celle de son
lieutenant à Mahdiya, l'esclavon Nu~yr prHet de la ville, il abritait à
coup stu, en plus des prisonniers dont il se trouve mention dans le
Riyi4 al-Nuf'Qs (141), les armes et les mentions pour la marine. Seul
Nu~yr y avait droit d'accès et al Mu'izz nous apparait, dans la Sira,
bien soucieux d'en défendre l'entrée, fnt-ce au directeur du magasin
de l'intendance en personne. « Laisse la maison sous ta dépendance
comme elle l'est - écrit-il à Ôawdar, - et que ni lui (Ibn al-Tallâs) ni
un autre n'y mettent la main ou le pied (142) ».
Servant à la fabrication et au dépôt des armes et de magasins pour
le matériel de la marine, l'arsenal et sans doute aussi le Dlr al-Bal)r
étaient essentiellement de vastes chantiers pour les constructions na-
vales destinées aussi bien à la marine marchande, qu'à celle de la guerre.
Le bois nécessaire à la mise en chantier des vaisseaux et que le pays ne
pouvait fournir en quantité suffisante, était importé de Sicile, dans
des conditions qui demeurent assez obscures en dépit de certaines in-
formations précieuses du « kitib al-amwil » d'al-DiwudI et de la
Sira de ôawdar dont il ne serait pas superflu ici de donner la subs-
tance (143).
391
quantaine d•annœs sur les ordres des gouverneurs fatimides notamment
ceux de la famille Kalbite à partir du règne d'al-Manfilr. La rccon-
quete de Taormine et de Rametta fut l'ultim°'effort fourni par les
Musulman$ pour soumettre la partie orientale de la Grande Ile et ses
forteresses imprenables (144).
Il semble que dans ces conditions particuliw de guerre continue
dans de vastes régions montagneuses iohabit6es ou abandonn6es par
leurs habitants fuyant vers l'Est. une véritable corvée ait été instituée :
la coupe du bois. Déjà sous les Aghlabides, comme l'atteste le Kitib
al-Amwil d'al-Diwudi, les colons qui s'étaient futés dans des forte-
resses conquises comme Agrigente « sans avoir été autorisés ni cmp&-
dlés par le pouvoir central furent astreints à couper le bois destiné
aux chantiers de constructions navales (145) ». Ils s'y refusaient du
reste, « alléguant que s'ils étaient tenus de faire la guerre aux Infidèles,
ils n'avaient pas à couper le bois (145) ». Sous les Fàtimides. ce sont
les populations chrétiennes tributaires qui étaient soumises à la corvée
de la coupe du bois oomme en témoigne la Sira de ôawoar (146). C'6-
taient, à n'en pas douter, des bOdlerons qualifiés dans l'abattage des
bois de futaie et de taille, sachant couper les troncs d'arbres et les pro-
parer pour etre véhiculés jusqu'à bon port. Besogne d'autant plus
pénible qu'elle était forcée, et ne leur procurait aucun gain matme1,
la corvée du bois les incitait à un véritable exode vcn les territoires
administrés par Byi.ance. Leur émigration préoccupait lo gouverneur
de l'lle Al;unad b. al l;lasan al Kalbi, et les instructions que le calife
al-Mu'izz lui adressa à ce sujet, lui recommandant le plus grand zèle
et tenant sur le compte des coupeurs de bois des propos sans aucuno
aménité, n'en trahissent pas moins, sur le ton de l'acrimonie, beau-
coup de souci. C'est que l'Etat avait besoin de bois. Les quantités quo
la Sicile procurait aux chantiers de constructions navales étaient si
insuffisantes, que Ôawoar en était réduit une fois à faire don de piàcel
de bois de son magasin personnel à l'arsenal, pour-compléter les mlts,
les vergues et autres parties extérieures des navires de guerre, une au-
tre fois à y remettre toute une bonne cargaison d'un de ses bateaux de,
commerce (147).
Dans une place maritime de l'importance de Mahdiya, les res-
ponsabilités de la marine de guerre devaient inoomber à un haut fODC>
tionnairc possédant la compétence et Ica prérogatives d'un amiral
Celui qui en exerçait la dlarge sous le règne l'al-Mu'izz avait le titre
de « lilùb al bal)r » ou de « mutawalli'l-batlr » (le chef de la marine).
Ayant autorité sur tous les ,oflicim do marine CJU1 commandaient. ·1es.
unit& de la flotte, il 6tait .lai-m!JDe. sous 1~autorité supériow.e de
Gawdar ·pws dl, son lieutaaat à Mahdiya, l'esclavon Nu,a,)T, qui
détenait ainsi Ica pouvoirs, civBs ,et mUi'.taiœs dam la place: (148),
Le titulaire de la ·tharae sous le règne d 'al~M·u~izz était an offici.cr
de souche uabe du nom de Jjusayu b. Yaeqilb. C'étai.t un marin de
canière, formé so-us, fcs o.rdns de son. pore.Y 1.1qDb b. Is\liq, frère du
célàbre ltJ.aJil b. Jsha,q et commandant. de· la .ft,ott.e fatimide .sous :10 ~
gnc: du Mahdi. Originaire du Gund.de Tripoli, il était. entré en m!me·
temps que Ualil.au service des Fa.tim·ides, animé comme lui du ràle ,et
du l.oyalisme des auxiliaires de la première:heun.• en d\épit de son ap-
partenance à la lignée tamimite., comme les anciens ·maitres du pays.
Yat:qOb fut fc ·premier à cxerœr les fonctions, de: chef' de: la marine ,à
Mahdiya. C~est à çe titre qu'il ço,mmanda la premibre escadre qui prit
part à la.deuxième compagne d'"Egypte conduite par l'héritier du trône
le·:futur al~Qâ'.im.. Lors de la première expédition, d faisait aussi. partie
du corps des ,oflicicn qui composaient l'état-major d'Abu'l.,JQasim.
qui lui confia Je som, avan:t de nntœr au Maghreb,. de coBeder le pr~
dtlit du ha.rai d.u Fayyum, Mais au cours de la dewd-àme expédition~
Yacqob fut à la tete de;son escadre le œalbemeux adversaire de l'ami-
ral. abbasside TarnU qui commandait les unitês de la flotte. de Tarse~
1
1~ -~, escadre
~,IJI . . _ _ ·d' :~ ,. :.,..., .à
Çill,.I UJIW a. cq_,ûb_ flu.
,Ji'W"Aff.Mai _ Y·.·. ·
• , b~~1."';. 11o_ •-pn
_ _ .:'s. l!IMM
~·;n51"'
HA
~ _ q· ·s..o ~~ u,d..,.
/l'I
'&I,
8911
de la flotte fatimide était passé aux officiers de la famille Kalbite qœ
les états de service de leur chef al l;lasan b. •Afi pendant la rébellion
barilitc, avaient désignés à la èonfiance d'al-Man,ùr et de son succes-
seur al-Mu•izz. Cependant un partage des responsabilités.semble avoir
eu lieu entre l;lusayn b. Ya•qüb et l'Emir Kalbitc Abmad b. al l;lusayn.
le premier exerçant le commandement de la flotte basée en Ifriqya
m!me, plus précisément à Mahdiya, tandis que le second détenait avec
les pleins pouvoirs civils et militaires, dans la Grande Ile, la charge de
chef de la marine sicilienne (150).
En dehors des Banü'l-KalbI, d'Ibn Abi ij'anzir, d'Abtl Sa·id al
J;>ayf et de Ya'qüb b. Isl,liq, on ne relève aucun autre nom d'officier
de marine de souche arabe au service des Fatimides. Que les Kutima,
des montagnards, aient été à l'écart des postes de commande de la
marine, cela ne saurait surprendre. Professionnels de la guerre sur la
terre ferme, les Kutâma laissaient ainsi le champ libre aux quelques
officiers de carrière d'origine arabe et surtout aux Slaves qui furent
nombreux à conduire les unités navales en expédition contre le « pays
dos Rüm ». Ôa<far b. ·ubayd, Sulaymln, Mas·ud et le fameux Sabir
entre autres, surent faire honneur au pavillon fatimide et contribu!-
rent à assurer à la marine de Mahdiya la suprématie en Méditerran6c
occidentale (150).
Les Ribiit
n reste enfin à définir brièvement le rôle des n'biJ (IS2) dans l'or·
ganisation du gihad maritime à l'époque qui nous préoccupe. On n'est
pas sans ignorer l'importance de ces ouvrages militaires de la côte
orientale de l'Ifriqya appelés aussi « QuJùr », pluriel de « ~ » dans
la défense du littoral, et l'activité intense dont ils étaient les foyers, à
la fois religieuse et guerrière, notamment sous les Aghlabides. Les
dévôts qui y tenaient garnison « murlbitin » étaient, aussi, avertis des
choses de la guerre et se faisaient les animateurs ardents de la guerre
sainte « #ibid» dans laquelle ils s'engageaient comme en témoignent
leurs- biographies conservées-pieusement dans les ouvragés de tabaqat,
notamment le riyicj al-nufils; en moines guerriers avec la ferveur du
croyant (1 S3). ·
Etaient-ils devenus brusquement réfractaires au !ibid depuis quo
le pays était tombé entre les mains des hérétiques ~i'ites ? Certaines
biographies du Riyicj attestent encore au début du lOè siàclc la parti-
cipation de dévots à une activité militaire dans les « ribil » du
Sahel (IS4). Il semble, cependant, que leur activité guerrière sc soit
considérablement ralentie, dès l'arrivée des Fatimides au trône de
Raqqada, avant de disparattre tout à fait avec l'installation et la con-
solidation d'un régime qui se trouvait en état d'hostilité réciproque
avec l'orthodoxie à laquelle ils restaient profondément attachés. On
en a vu un grand nombre former, avec les juristes malikites de Kairouan
les plus zélés, .un corps de troupes pour se joindre aux forces d'un au-
tre régime hérétique, celui du bariAite nukkirite Abo Yazid et prendre
une part active à la rébellion. Anéantis au cours d'une rencontre par-
ticuliàrement meurtriàre pendant le siàge de Mahdiya par l'homme à
l'Ane, ils devaient payer bien chez l'ardeur de leur ùle anti-§i<ïte (155).
En fait l'activité défensive des dévots sur la façade orientale du litto-
ral ifriqyien jadis ai inten!e sc trouva sensiblement amoindrie par la
chute du régime sunnite des Aghlabides et ne tarda pas à connaltre
une extinction totale avec le triomphe de la cause fitimide au Maghreb.
Ce sont d'authentiques guerriers, des professionnels de la guerre, les
montagnards de la Kabylie, qui, tenant garnison dans les « ribit »
anciens et nouveaux tels celui de Mahdiya, prenaient dès lors en char-
ge avec l'obligation du #ibid, la défense du littoral.
395
.
•
••
Chapitre IV
L'OBGAN:ISATION IUDICIAJBR
I - La judicature :
397
au « qa41 » et à son titulaire dans la société ifriqyienne vis-à-vis de
l'hostilité persistante des juristes malikites et de leur influence sur une
population demeurée fidèle en somme à l'orthodoxie.
Il importe toutefois de rendre compte, même en les esquissant à
grands traits, de l'ampleur des transformations suscitées par l'instaJJa-
tion d'un anti-califat dans la vie religieuse du pays, afin de mieux saisir
les aspects nouveaux de la fonction judiciaire, de préciser tes préroga-
tives spéciales qui lui sont désormais attachées, ainsi que le rôle extra•
ordinaire que le CiQi en chef, personnage officiel de premier plan. est
appelé à jouer au service des nouveaux maitres du pays, les Jmims
fatimides.
C'est que de nouveaux textes, ta plupart de la plume d'auteurs
Jsma'iliens, ou même d'un seul écrivain, le célèbre cadi al-Nu"mi.n,
sont venus à une époque récente enrichir la documentation historio-
graphique et surtout biographique dont on disposait jusqu'alors, et
qui n'apportaient sur le lOè siècle qu'un seul ~lairage, forcément
tendancieux, celui de juristes et de chroniqueurs partisans ou défen-
seurs zélés de la Sunna. L'~lairage des documents !i'ites, quoiqu'aussi
tendancieux parœ qu'il procède d'une tendance non moins partisane
et apologétique, a le mérite tout au moins de permettre de nuancer, de
corriger, voire de réviser entièrement des thèses élaborées un peu trop
hitivement sur la base d'une information naturellement suspecte.
Ainsi la lumière s'est faite plus correctement, non seulement sur l'his-
toire politique sous les règnes des Imams, mais surtout sur l'histoire
des idées et l'évolution du sentiment religieux dans un pays que les
affrontements d'ordre doctrinal et les confl.its politico-religieux avaient
déjà bien éprouvé avant « l'explosion §i'ite ». Maints aspects de la vie
religieuse et l'intellectuelle se révèlent sous un jour nouveau, depuis
qu'en effet ne tient plus sur le visage de la réalité, le maquillage soi-
gneusement appliqué par l'information sunnite.
La première thèse qu'il y aurait lieu de revoir avec minutie, mais
qu'on peut, en attendant de pouvoir le faire dans un cadre plus appro-
prié, évoquer ici dans ses grandes lignes, est œlle un peu trop souvent
répétée et réaffirmée, et qui a trait au confl.it !i'isme - snnnisme dont
Kairouan fut le théâtre au IOè siècle. Certes, les répertoires biogra-
phiques, tels les« Tabaqat » et le Riyi4 al Nu.fils, ou de compilations
historiographiques, tel le Bayi.n al-Mugrib, avaient incité les clier-
cheurs à recueillir des matériaux où il est fait étalage des pers6cutions
398
•
suhios par de pieues perso,nnos, des ·juristes, dêvots et autres
« ;S9Jibun »,. devenus~ sous la plume -ferven.te et l'imagination ,exaltée
do leurs biographes., de riritahles 1mu1yn de la foi (.1).
que· tes layb, de Médine r&V.a ient pour la doetrine li1 itc et sel, doctes
représenlants, un Oa''far al $idiq par exemple 7
lrriqya (~ Que l'on n'aille· d,one pas gonfler· outte· mesme rantago-
1•
400
•
sur leurs é ~ .kairouanais (9). Ne faut-il paa rappeler que déjà avant
la fin du l lè ~e. l'enseignement du fiqh selon le madhab « iraqois »
~ t largement prodigué à Kairouan par Ibn Farrub qui avait écout6
AbQ l;lanlfa lui-meme (10) ? Et comment minimiser le rôle de premier
plan qu'avait jo~ au début du illè siècle Asad b. al-Furit (11) dans
la diffusion de l'enseignement d'Abn Hanifa ? Sans doute est-il néces-
saire de mettre en valeur l'influence directe des maitres m6dinois do
l'école de F,,stat, d'un Ibn al Qisim ou d'un Ibn Wahb par exemple,
sur les lfriqyiens qui se rendaient en Orient pour accomplir le pèleri-
nage et «écouter» le tladit et le fiqh « en ~ fi talabi'l-'ilm ». Mais
il ne faudrait pas minimiser pour autant oelle des disciples d'AbO
l;lanifa sur oes memes occidentaux avides de savoir et appliqués à
« consigner » leurs notes pêle-mêle sous la dictée des M6dinois comme
des Iraqois. N'est-il pas bien difficile de distinguer nettement où. ni
comment établir un clivage bien net dans les matériaux recueillis par
un Asad par exemple, entre la tradition m6dinoise et l'iraqoise 7 (12)
N'est-il pas plus probant d'attendre le milieu du illè siècle pour
parler avec Sal;IIllln, maître au rayonnement incomparable (13) et cadi
prestigieux, d'une élaboration prkise du fi.qh malikite dans la fameuse
mudawwana selon le modèle du Muwatta ? Mais que sait-on au juste
de la tradition « iraqoise » à Kairouan à l'époque de SabnOn ? D y
avait bien des juristes de premier plan qui représentaient alors la ten-
dance banafite, continuaient l'enseignement d'Asad selon la tradition
purement iraqoise et qui formaient une Ecole non moins solide autour
do leur chef de file Sulaymân b. 'Imran (14).
Ne peut-on pas mieux se rendre compte par un examen historique
rigoureux des données biographiques recueillies dans les « Tabaqit »
et glanées dans le Bayân de la réalité exacte de la vie religieuse et in-
tellectuelle qui se présenterait ainsi autrement que sous le signe d'une
prépondérance absolue du madhab de Màlik ? La thèse largement
admise de la suprématie du malikisme à Kairouan au 9eme siècle, re-
lève en réalité - disons-le sans ambages en attendant de mieux l'ex-
pliquer le moment venu - d'une vue un peu trop schématique accr6-
ditée par tout le bruit que des biographes enthousiastes ont fait sur le
nom de Sal;IIlün et par l'auréole exceptionnelle dont ils l'ont entouré
aux yeux de la postérité en Orient comme en Occident musulman,
La fragilité d'une telle thèse est de plus en plus évidente à mesure
que se précisent non seulement les traits de hautes figures l,uméfites
comme celle de SulaymAn b. 1mrin, mais aussi leur rôle juridique et
401
social. On p~e aujourd'hui un fragment d'un Kitib ._ adab al
Qi4I wa'l-Qa4i' (15) », ouvrage volumineux de la plume d'un qadi
banatite, un disciple de Sulaymin b. 'bnrin du nom de Haytam al
Qaysi. Quoique d'allure théorique, ce document inciterait à croire que
le madhab d'Abtl l;lanifa était beaucoup plus répandu dans le pays
que ne le JaiMCDt penser les auteurs de biographies et qu'il était par
conséquent « suivi » dans d'autres provinces du royaume dont celles
de Tunis et Béja. Du reste, l'antagonisme si violent qui passe pour
avoir opposé d'une façon radicale juristes maJiJcites et juristes baoa-
fites, semble avoir été gonflé démesurément par les biographes mali-
kites attachés à glorifier les §aybs de leur Ecole. Car en dépit des polé-
miques que suscitaient inévitablement la spéculation sur le droit ou
les rivalités naturelles engendrées par la convoitise des charges juri-
diques, le pays vivait, au moment où le califat fâtimide y voyait le
jour, à l'abri de la contrainte religieuse ou des conflits de doctrine qui
auraient mis aux prises les adeptes des deux Ecoles rivales, comme
l'atteste al-Muqaddasi en ces termes (16) :
« Je n'ai jamais vu entre deux clans meilleure entente et moins
fréquent sectarisme que chez eux (les Ifriqyiens) entre Malik:tes
et l;lanatites, et à ce propos, j'ai même recueilli de leur bouche des
histoires surprenantes qu'ils tenaient de leurs ancêtres : ils di-
saient notamment que c'était une année un l)anafite et l'année
suivante un malikite qui remplissait les fonctions de juge ... ».
De telles considérations préliminaires même aussi longues sur les
caractéristiques de la vie religieuse et intellectuelle en Ifriqya à l'aube
du lOè siècle, ont l'avantage cependant de préciser la nature du con-
texte confessionnel et juridique dans lequel l'appareil judiciaire fiti-
mide fut mis en place. C'est au moment où le pays atteignait au bout
d'un si~e de stabilisation de l'ordre sunnite, un degré d'épanoui&-
sement de l'esprit et du cœur dans le giron de la Communauté ortho-
doxe, que se produit le choc ~i'ite. Il reste donc à voir brièvement,
avant de passer à l'examen de l'appareil judiciaire proprement dit, à
la lumim: de cette perturbation, comment, sous l'angle du droit, l'or-
dre nouveau s'est adapté à l'ordre préexistant.
Il y a encore une thèse couramment admise, celle de la cassure ou
de la rupture, qui ne résiste plus à un examen exhaustif de la documen-
tation dont on dispose aujourd'hui, enrichie par les traités juridiques
de la plume d'al-Nu<min (17) dont l'étude comparative avec des re-
çuejJs de droit malikite, se révèlerait à ce titre assez édifiante. Sans
402
trop nous éloigner du contexte de l'étude institutionnelle, on peut
simplement souligner ici qu'en dépit d'une divergence indéniable sur
divers points de dogme, le fiqh fatimide élaboré, comme on va le voir
en définissant le rôle du cadi, en lfriqya même, s'écarte si peu en somme
du fiqh malikite, et qu'en dehors d'une opposition certaine sur le ri-
tuel et des questions de pratique culturelle, le système juridique, thé-
orique et pratique, que définit le célèbre juriste et cadi des Fatimides,
en prenant soin de concilier la doctrine Isma'ilicnne et l'orthodoxie
« épouse » le milieu sunnite et s'harmonise en somme avec les ten-
dances fondamentales du droit malikite (18).
Dans l'Etat fatimide, la fonc:tion judiciaire garde le prestige qu'-
elle avait acquis à Kairouan sous les Aghlabides. Le ca4i y figure en
e.ffet parmi les dignitaires les plus en vue dans l'entourage du souve-
rain. On le placerait volontiers dans ce nouveau régime dans la caté-
gorie sociale de la b~~ formée de la famille 'alide, des missionnaires
« du'at » et des Auxiliaires « awliya ». Il ne se situe plus comme aupa-
ravant sous les Aghlabides à mi-chemin de l'aristocratie du pouvoir
et du sang et la 'amma qui englobe grosso modo le reste de la popu-
lation dont les juristes de son rang pas.saicnt pour être les représen-
tants vis-à-vis de l'Emir. C'est désormais un personnage « officiel »
dont le rôle et les attributions sont étroitement liés à son activité in-
tellectuelle dans laquelle la spéculation sur le droit et l'élaboration
d'un système juridique conforme à la doctrine de l'Etat mais égale-
ment adapté au milieu ifriqyien, tiennent une place importante.
Aussi n'est-cc plus, s'agissant des cadis fitimides, dans les réper-
toires biographiques généraux d'un Abu'l-·Arab, d'un ijulsni ou d'un
Milikl, ni dans les recueils spéciaux de la littérature relative au
« qa4i' » et au cadi, ni dans les traités de consultations juridiques
« A\lkam » qu'il faut s'attendre à trouver une foule de renseignements,
une profusion de détails comme on en récolte heureusement à propos
d'un Asad, d'un Ibn ôanim (19) ou d'un Sal;lntln. C'est plutôt dans
les compilations d'historiographes ti•ites comme celle d'un Idris - et
en partie aussi sunnites, comme celle d'un Ibn "Itjari - et dans les
ouvrages d'al-Nu'min lui-même, qu'il faut chercher les données né-
cessaires à la définition précise du « qa4a' » dans le régime fiµmide,
à la description de l'exercice de la fonction judiciaire dans ses aspects
les plus caractéristiques de l'ordre nouveau instauré par un califat
« hirétique », à la détermination ex.acte enfin de l'importance politique
et sociale singulim du cadi fapmide.
403
Le cadi en chef (20).
404
-
d"al.Nu~âa ...., «·depuis longtemps acquis, au ii4;ismc et :se fondait en
matike de fiqh 1111 :les, propos des lmlms (22) ».. Abû cAbd AHah, le
dota du pouvoir de nommer les cadis et 'les juges des aatrcs villes ;
l:''imcription en tete de ses lettres et r-escrits 6tait ,« de la part
1
410
C'est al-Nu'min lui-metne raconte comment cette charge lui fut
confiée (40) : al-Man~r le fit venir à Man$uriya, de Tripoli dont il
était ci(jï. A peine arrivé, il se rendit au Palais pour rcœvoir l'inves-
titure. C'était un vendredi. Le Calife lui offrit des vetements d'honneur
(bala'a 'alayhi) fabriq~s dans les manufactures royales. L'ayant
investi solennellement, il lui donna ordre de se rendre sur le champ à
Kairouan - MaD$uriya n'ayant pas encore de mosquée cathédrale
- pour y diriger la prière du vendredi, au « mas~d al Aa.mi' » et y
prononcer le prêche (la ijutba). Al-Man$ûr le fit escorter par des offi-
cien de la garde royale, du palais califien ou« al Qa$r al a'iam », qui,
sabre au clair, lui tinrent compagnie tout au long du trajet, aller et
retour. Plus tard, sans doute quelques jours après, le souverain en-
voya une note, prescription écrite ou « tawqi• » au service de chan-
cellerie « diwan al·rasi'il » où un rescrit de nomination « •ahd » fut
établi, désignant al-Nu'min ci4ï de Manouriya, de Mahdiya et des
autres villes de l'Ifriqya et de ses provinces.
L'exercice de la fonction judiciaire va dès lors comporter une
t4c.be nouvelle d'ordre didactique. Sa haute charge le désignant à
remplir auprès de l'Imiim le rôle de théoricien de l'Ismâ'ilisme, il lui
incombera donc de composer des traités du fiqh selon la doctrine des
Imams et d'en vulgariser le contenu par un enseignement public « du-
rûs al l)ikma ». Les cours « sama' » avaient lieu après la prière du
« '8$r », puis dans une salle spéciale, se tenaient des séances de con-
troverse. Ce « matlis al l;likma » ne devait pas tarder à devenir une
véritable institution, sous la forme d'un centre d'études et de propa-
gande, que les Sunnites appelleront« Dâr al-Ismâ'iliya (41) ».
Grand-Ci4ï et faqih officiel de la dynastie, c'est en collaboration
étroite avec l'Imâm, qui est seul à détenir la sicence selon la doctrine
des Ahl al-Bayt, que al-Nu'mân se met à élaborer le fiqh et à composer
les traités qu'il destine à l'enseignement et à l'usage des cadis régio-
naux, des gouverneurs et des étudiants. C'est en consultant régulière-
ment al-Mu'izz, qui l'éclaire de ses conseils et contrôle le contenu de
ses ouvrages, que le Grand-Câ.41 rédigera ses principales œuvres théo-
riques, dont le« Da'à'im al-Islâm », le « Kitàb al-Himma », et« Asrâr
al Ta'wil ». C'est al-Nu'mân lui-même qui évoque dans divers passa-
ges de son « Kitâb al-majillis wa'l-musiiyarât », son activité de faqih,
écrivain et vulgarisateur de la doctrine des Imams et le soin que al·
Mu'izz apportait à collaborer à cette œu\'rc de son ci4I. Celui-ci ayant
intitulé un abrégé de la doctrine du Ahl al Bayt, de sa composition,
411
« Kitiib al dlniit », l'imam lui recommanda d'en modifier le titre en
celui plus approprié de « Kitiib al-ibtifàr l i ~ al iithlr 'ani'l-ayimma
al athir ». Lorsqu'il avait rédigé les réponses aux « masail » qu'on lui
adressait, al-Nu'miin prenait la précaution de soumettre son travail
au contrôle d'al-Mu'izz qui souvent le corrigeait. Mais c'est surtout
à propos d'exégèse coranique selon la doctrine ismi'ilienne, « ta'wD »,
qu'al-Nu'min consultait son maître, seul qualifié pour faire une in-
terprétation exacte de la Parole divine (42).
Une étude assez récente, excellente mais brève à dessein, a mis en
valeur la portée de l'élaboration par al-Nu'man de cette façon d'un
système juridique et doctrinal à l'usage de l'Etat et orienté dans le sens
d'une conciliation des thèses de l'ismi'ilisme avec celles de l'ortho-
doxie kairouanaisc (43). Il nous appartiendra d'examiner d'une ma-
nibre approfondie cet aspect de la vie religieuse par une étude compa-
rative du fiqh fi.timide et du fiqh de l'école malikite de Kairouan. On
se bornera à souligner ici qu'à la lecture du « Da'a'im al isliim » par
exemple, les oppositions doctrinales entre les deux parties ne sont pas
aussi flagrantes que ne le donnent à croire les répertoires biographi-
ques des savants kairouanais. S'il y a divergence totale sur la défini-
tion de la foi, ou le dogme de la« wilaya (44) » (adhésion aux Imams)
par exemple, de nombreux points de contradiction ne concernent en
revanche que des questions mineures, sur le rituel et la pratique cultu-
elle. Si par exemple la formule de l'appel à la prière constitue un point
délicat de friction, il n'y a point de désaccord sur le « quntlt » ou invo-
cation pendant la prière du lever du jour ($ubl} ou fair) (45). Si on
s'oppose à propos du versement de la zakiit et de son emploi, il n'y a
au contraire aucune divergence sur sa fixation (46). On pourra con-
troverser sur l'opportunité de reculer le<<'8$r » ou de ne pas le reculer,
et les !i'ites pourront condamner le qiyim ramadan, ces prières bid'a
selon eux, introduites par le calife Omar, cela ne saurait constituer de
leur part une altération (tabdil) de la religion (47).
Il y a lieu, cependant, de ne pas inscrire cette tâche à laquelle
s'attèle le Grand-Ci(li, s'évertuant de codifier le fi.qh fatimide et à le
vulgariser,,·uniquen:IOllt ,au.·compte d!bne politique' do,modération- et
de réalisme. C'est surtom ·dans i'intentioil de ·faire d'un systmne juri-
dique: et doctrinal homogène et- dàir, un 1Ji6Ü'WDent de politique par.
faitomeot ·adapté aux desseins impérialines de ·l'Etat fifim.ido soua le
règne d'~u'iu. Son ambition -démesurée et ses buts d'cxpami~
niamc et d'hégémonie, aToués ,et mposés longuemont dans la co~
pondaaco qu'il éclbangca avec son 'rival, l'umaiyadc de Cordoue (48),
412
dans sa fameuse lettre au chef Qarmate al-ija.,;an al A'sam (49) et dans
celle qu'il adressa à Romain II empereur de Byzance (SO), incitaient
en effet al-Mu'izz à mettre l'universalité du dogme isma'ilien au ser-
vice de son impérialisme.
.
Ainsi s'explique l'intérêt que le monarque fàtimide portait aux
livres de fiqh que le Grand Ci4i composait sous sa haute direction.
Pour lui en eft'et, comme le note judicieusement Madelung (51), la
doctrine est un instrument de la politique. Mais, tandis que le réalisme
et la raison d'état incitèrent le Mahdi à prendre position contre les
idées trop fantastiques de ses partisans à son sujet, les buts politiques
d'al-Mu'izz et sa conception ambitieuse de l'imamat l'incitaient tout
au contraire « à exagérer son propre rang religieux jusqu'au culte de
la personne (52) ».
Ces desseins expansionnistes, cette conception universaliste de
l'imamat, al-Nu'min savait bien qu'il les servait par la mise en forme
d'un système juridique accessible et de caractère universaliste. Habi-
lement donc, mais toujours savamment, le Grand-Cà4i élaborait un
MiJice remarquable dont on mesure d'autant mieux la valeur et la
portée historique, que l'esprit hésite toujours, à moins d'être touché
par la grâce d'une illumination extraordinaire, à se risquer dans les
didales de la doctrine ismà'ilienne, encore moins dans le labyrinthe de
la Sagesse des Imams « l;tikmati'l-Ayimma (53) ». On pouvait - on
peut toujours - rejeter le dogme du Grand Cadi fàtimide sur « la
n6cessité de l'imamat dirigé par Dieu (54) », comme on était en droit,
dans la Métropole du malikisme occidental, de considérer son idée du
« sens intérieur (SS) » comme une spéculation horible, mais on ne
pouvait, sans verser dans l'extrémisme des Guliit, ou s'obscurcir la
vue des voiles de l'imitation servile « 'a~'ib al-taq!Id », l'accuser d'a-
voir fondamentalement quitté le terrain de l'Islam.
413
livres, notamment dans le kitib al-maplis wa'l-musayarit, et égale-
ment dans les répertoires biographiques, rappelle-t-il dans ses traits
essentiels celui que les biographcs se sont attachés à nous laisser d'un
Sal)nün par exemple (56).
414
des institutions publiques, le « bayt mlil al muslimin (60) » par exem-
ple, ou le constat d'apparition du croissant de la nouvelle lune, « irti-
qib al-Hilil (61) », n'étant pas conformes au droit §i'ite, disparaissent
dans l'exercice de la fonction judiciaire sous les Fatimides.
Quant à la procédure (62), les maigres indications dont on dispose
laissent penser qu'elle ae présentait guère de différence acve celle qui
était en vigueur sous l'autorité du Grand CâQi malikite. Il ne semble
pas cependant que le Grand CâQi §i'ite ait été assisté de conseillers
faqlhs, l'Irolim étant seul habilité à guider son jugement. Aucun édifice
spécial en outre ne paraît avoir été attribué au cadi pour la tenue de
ses audiences. Aucune pompe non plus ne devait sans doute caracté-
riser l'appareil de la justice que la nature de la fonction astreint à de-
meurer de tout temps simple et dépouillé.
Le Grand cadi et le pouvoir :
On connaît la pieuse coutume qui, pour le juriste pressenti par le
souverain en vue d'assumer la charge de Grand-Ci4I, consistait à
décliner la proposition et à ne l'accepter qu'après bien des réticences
ou sous conditions garantissant l'indépendance de la magistrature à
l'égard du Pouvoir. Les biographes de Sal;mün s'accordent à présenter
l'auteur de la Mudawwana comme le type du magistrat indépendanl
et à mettre en évidence les conditions qu'il n'hésita pas à poser et aux-
quelles l'Emir aglabide dut consentir. Ils se plaisent à relever l'excla-
mation fameuse du célèbre faqih à l'adresse de sa fille Khadija, le
jour de son investiture : « aujourd'hui on m'a coupé la tête, san.s cou-
teau (63) » 1
Le Grand-CiC,i §i'ite qui offre encore la même image de simpli-
cité et de modestie, en plus des qualités techniques et morales qu'on a
passées en revue, est en revanche dans une dépendance totale du Pou-
voir. Il cesse d'être le porte-parole de la 'âmma, le censeur du Palais,
écouté du. souverain (Jultan) et craint de l'aristocratie. Rien ne sub-
siste de l'autre image du cadi indépendant que sa liberté d'apprécia-
tion et sa franchise d'expression dressait souvent contre les abus du
pouvoir d'un Emir despote, lui conférant aux yeux de la population un
grand prestige. Des traits singuliers dessinent désormais la figure du
Grand-Ci<µ, devenu dans l'Etat fatimide un personnage officiel, un
des dignitaires les plus en vue dans l'entourage de l'lmâm, un homme
de foi« engagé» au service d'une cause dont il s'érige en défenseur et
qui doit s'imposer en dépit de l'hostilité de la population. Mais si ce
415
rôle particulier ternissait tant soit peu la réputation du Orand-Ci(ji
fàpmide, avant que al-Nu<màn ne fOt investi, celui-ci aura eu le mérite,
théologien consommé qu'il fut, fin lettré aussi et fonctionnaire aux
qualités techniques et morales reoonnues, d'avoir su etre aussi repro-
sentatif que le plus célèbre des juristes malikites et garder à la haute
charge du qaQa sa dignité et son lustre.
416
Bien que 11. fonction paraisse :se confondre depuis l'époque atla-
bide ,avec œlles du « • b al mqllim » et du ·« .mu.\ltasib » ou « li)Jib
abklm al.40q ,(~7) »·,, le i,e.Jdm semble: avoir été ·un o·fficier de justice
d • 4,,:,H et i~-!.1..- l I', "' •· t SOUS '1,-~ ·dAn-n,
.JI--- 'W
...l!-..J....._
LJOJfliltrau,,·
i< .
e ... pou~ua,iç , . -. 1·0 11, a9HIIBD l
-a
· ~~~ IWL:._
d'U Grand Ciôl et ·dom le pouvoir se limitait à des litips mineurs et à
des contestations, peu, importantes, mais son .rôle· essentiel. consistait à
trai'Cer' des abus de,pouv.oir comm1ls,pat' les pr,éfets et ]es,ageo.ts d.u.fisc.
Aussi ntest-il pas sans rappeler-celui de la mqistrature· du « radd »
,qui était. susiblement d.ilrérente de ceDe des mqilhn e~.existait à la
:meme époque: en. Es1p ape: m,usuirna·ne (68). La :Sira de Oa.wdar n.ous
montre .à deux reprises ·1e blkhn dans le, district du Ca:p, Bon eoqu8ter
sur des abus (69) :
« Ne laisse ·pas ,œ t ftre :mEprisable fa.in= :la loi dans œs,domaùles
(manazil) - écrivait aJ. .Mu',ZZ: à Oaw4ar à, propos des. abus, de
1
U lladtl'al410f8l'lm
t'""il
~p - 6..._
.tj, G1~~1C!~ ,1,LÇU
1
~L-.o_ mm
J••",-i=..IJ
~:~=on
._.:LUU,;i,U _ ·..
_ _ _ ' çu~
...:IJ .....-s. un·
~ \laU _ . .11'\QH:Sli
! r-,o- ~~ ((' ·m
O'ft 1.1W _._a
. .pK:i""
lis », appartenait dans l'Etat fi,f.imide au Graad-C14,I q·ui se réfêrait à
l'lmlm avant ,de prononcer· ses décisio.ns. En fait t•mstitution préexis-
tait à. l',a vktement des Flpmides sous la .forme d'une ·magistrature
secondaire dépmdant du. qaéJi:1 et ooncemaot les activités du marchê
« sllq » (négoce:, artisanat . u) ,et remon.te à Saboû.n. C'est. ]e célèbre
ci4i de Kairouan qui le premier en. effet, se des-saisit de son pouvoir
de d6œsion. sur des alfa.ires mineures ne portant. que la somme; de 20 1
'ft.:..,..,
~u.ug;,. "'.-:11"'•·u_r· d. "un
......... en· '~a,~ l . • •
,- ·d, e
. · ses UJ.
• •• •.
-·- tt~ un· J~un'
- .,. ··.p~··•I e
.Ï! set ! . : "n• d-e· .rvi.._..., ·. taft'i
~Mi, . . ..·.. ri,li'n1"'te·
Q ,i"l'll'Îl,,.he
-_ - · ~ 1- _ . ,
418
de taxes 6crivirent aux souverains pour se plaindre de ce que le préfet
avait fait arreter l'un d'entre eux parœ qu'il avait fait appel devant lui
contre une injustioe. Le ciicµ de la localité lui aussi adressa au monarque
des lettres pour décrire la situation et lui exposer les causes qui l'a-
vaient motiv6e. Al-Mu•izz chargea Ôawdar de recommander au pré-
fet des mesures de douceur et de saines résolutions à prendre (76).
Divers passages des maplis nous montrentcombien al-Mu•izz se
complaisait à s'ériger en juge des maplim (77). N'était-ce pas une pieuse
sunna de •Ali que d'kouter personnellement les plaignants et de leur
rendre justioe. Aussi le souverain portait-il un intérêt particulier aux
requêtes en abus de pouvoir qui lui étaient adress6es directement ou
par le truchument du Grand-Cieµ .Il ne manquait jamais, nous assure
al-Nu'm!n, de prendre les décisions qui s'imposaient pour redresser
les torts, n'h6sitant pas le cas 6chéa.nt à révoquer un gouverneur cou-
pable d'injustioes.
Lorsqu'il aura conquis l'Egypte, Ôawhar imitera son Maitre et
pdsidera lui-meme des audianoes spéciales en grande pompe pour
connaitre des spoliations et divers abus. Et, le rejoignant quelques
ann6es plus tard sur les bords du Nil, al-Mu•izz se fera un devoir par-
fois de s'occuper en personne du « radd al maiiJim (78) ».
419
d~igné sous l'appellation de « $il;üb al stlq ou $il;üb a\lkam al sOq i,.
L'analyse de ce traité et des affaires sur lesquelles portent les décisions
de ce magistrat, indique que la fonction englobe le négoce, l'artisanat,
l'édilité et la morale publique, qui échappent ainsi à la compétence du
cadi par la nature civile prononcée des oppositions qui y· ont trait, et
la procédure expéditive que leur solution exige.
L'organisation des métiers dans le SDq et la surveillance de leur
activité remonte, on le sait, au gouverneur Muhallabide Yazid
b. l;{itim (80). Pendant près d'un si~e donc, de ISS à 234, date de
l'investiture de Sal;mùn, le contrôle des silq de Kairouan relevait du
Wiili, comme l'atteste du reste l'introduction du traité de Ya\lya b.
'Umar où celui-ci souligne « l'obligation qui incombe au « wàli » de
surveiller l'activité du suq et de s'attacher à contrôler les poids et mo-
sures et à vérifier la valeur de la monnaie en circulation (81) ». Lors-
qu'il fut investi de la charge de Grand-CiiQi, Sal;mün prit à cœur d'as-
sumer lui-m!me les prérogatives d'i\ltisib attachées originellement à
la dignité cadicale, de surveiller donc, en personne, la régularité des
transactions commerciales, de proscrire les actes blâmables, de re-
dresser les torts, de prononcer les peines légales et de veiller à l'éxécu-
tion des sanctions. Après lui, ne daignant pas connaitre des affaires
mineures, et surtout ayant du scrupule à se soustraire à l'usage d'une
procédure canonique rigoureuse, le Grand-CiQi préféra se d6cl>arger
de la surveillance du sllq sur un magistrat auxiliaire, le oal,ib al sOq (82).
C'est de cette manière que s'opera à coup so.r le détachement de
la juridiction des « al.tkim al stlq » de l'institution-mère du qicji, et
l'on peut imputer cette séparation sans grand risque d'erreur à l'un
des deux cadis l)anafites Ibn 'Abdo.n ou Sulaymin b. 'Imrin, plus
soucieux que leur prédécesseur malikite de préserver dans l'exercice de
leur haute charge les attributs du prestige et de la dignité (83).
Le magistrat continue aussitôt après l'avànement des Fitimides à
porter le titre de « bikim al sllq ». Mais bientôt apparait pour le d~i-
gner l'appellation« mubtasib », inexistante auparavant sous les Aghla-
bides. On s'explique mal toutefois les raisons de son apparition dans
le nouvel Etat. Est-elle purement accidentelle à une époquo où le déve-
loppement des institutions califiennes l'avait consacrée dans l'Etat
abbasside, ou plus précisément à l'autre bout de l'Occident musulman,
en Espagne, ou n'est-elle pas au contraire consécutive à une spéciali-
sation accentuée des rouages juridiques dans le système étatique mis
en place avec la proclarnation du califat fatimide ?
420
Il semble en tout cas que c'est avec l'organisation de la police
urbaine et la mise sur pied d'un service spécialisé de la slu'eté, dit « dt-
win al kdf» (proprement : service des enquetes), l'infl6clùssement du
rôle du cadi.en çhef vers des t!chcs de propagande doctrinale, que les
pouvoirs du mal;ltasib sont devenus distincts de ceux qui caractérisent
la juridiction du radd al-ma.i,âlim, moins larges et plus spécialisés. Ce
sont du moins des attributions de cette nature que parait exercer le
magistrat appelé « mul;ttasib » dont il est fait mention sous les Fiti-
mides (84).
La justice répressi,e
En théoricien du droit public, Ibn Khaldlln a défini dans sa« Mu-
qaddima (8S) », de la manière qui lui est chère, nette et ooncise, com-
ment la justice répressive de la « §urta » échappe naturellement à la
compétence du cadi, en matière civile et criminelle, pour relever d'une
juridiction spécialisée, celle de la !urta : l'accusation « tuhma » n'é-
tant point du reMOrt du droit strict du « !ar' », où ne compte gue la
preuve testimoniale « bayyina », seule la reprcssion des délits nettement
définis et constatés par la condamnation à des peines légales, l;ludQd,
appartient au cadi. Il revient au « ~l}.ib al-!urta », qui tient son auto-
rité, non point du cadi, mais directement du souverain, d'instruire les
affaires criminelles, de dresser l'acte d'accusation et d'appliquer les
peines arbitraires que le maintien de l'ordre, la sécurité des personnes
et de leurs biens et l'intérêt public exigent en vertu des contingences de
la politique « mülib al-siyisa (86) ».
Or dans un régime dont la légitimité était contestée par l'ortho-
doxie et ses tenants, les juristes de l'école malikite, le maintien de l'or-
dre était la préoccupation essentielle du monarque et les contingences
d'une politique autoritaire appelaient la mise sur pied d'une juridic-
tion répressive aussi expéditive que rigoureuse. Aussi la responsabilité
de l'ordre public incombait-elle directement au Souverain qui confiait
l'exercice des pouvoirs de police au Gouverneur de la ville. Déjà sous
les Aghlabides, le chef de la police « était sous les ordres » de
!'Emir (87). Il y aurait lieu donc de penser que la §urta, sous la forme
d'une institution aussi caractérisée que celle qui existait en Orient dans
l'Etat abbasside ou en Occident dans l'Etat cordouan, n'a pas connu
le m!me développement ni la rneme importance en Ifriqya. Scion les
quelques attestations que l'on peut glaner dans les textes biographi-
ques, le chef de la police« ~l;ub al !urta » fait figure d'un simple agent
de l'ordre plaoé sous l'autorité du prince ou du gouverneur (88).
421
C'est celui-ci qui, dans l'Etat fitimite, agit en v&itable maître de
la Cité, et possMe en quelque sorte les pouvoirs du lieutenant criminel
du prince, ayant toute latitude pour prévenir ou réprimer toute atteinte
à la sQreté de l'Etat, à l'ordre et à l'intérêt public, poursuivre et châ-
tier à son gré les délinquants, connaître des crimes dont l'eiàstence est
simplement soupçonnée « tuhma » et prononcer selon une proc6dure
arbitraire des peines sévères de prison ou de mise à mort (89).
C'est du moins sous ce masque de fer qu'à travers des informa-
tions dont les auteurs cachent mal le caractère tendancieux, se l'éwle
à nous sous le règne du Mahdi le gouverneur de Kairouan : d'abord
Ibn Abi ij'anzir, coupable de persécutions qui? eurent à pâtir les sa-
vants malikites ; puis, et surtout, Abu Si'id al J;>ayf, peint sous les
traits d'un véritable tyran qui fait régner la terreur dans Kairouan (90).
Les forces de police placées sous les ordres du gouverneur étaient
réparties dans des postes de garde implantés dans les différents quar-
tiers de la ville,« ma\lris »ou« rab•». Le commissaire« ~bal ma\l-
ri~ (91) » ou « ~lpo rab' al-madina-wa-!uratihii (92) », avait recours,
pour effectuer ses « rondes » de police, à des meutes de chiens et à des
avertisseurs sonores ou troupes « büq » pour faire respecter les con-
signes de sécurité. Un texte de la Sira de Ôawdar révèle que le com-
missaire de police à Mahdiya « percevait également des taxes, droits
de marché, amendes, et recueillait ainsi des sommes pour le
Trésor (93) ».
Du reste les contingences de la politique sous le règne du Mahdi
exigeaient une telle rigueur dans l'organisation des pouvoirs de police,
que le premier Fitimide dut mettre sur pied un service spécial de sft-
reté ou « diwan al kasf », destiné au « renseignement», à cff'ectuer
donc des enquêtes secrètes sur les personnes soupçonnées de menées
subversives ou coupables de délits d'opinion, et à pourchasser les
« opposants» au régime dont le châtiment pouvait aller jusqu'à la
peine capitale. Son titulaire, Abu ôa<rar al-BagdâdJ. sut apporter au
Mahdi, à un moment particulièrement critique, celui où se tramait
encore un vaste complot dans le camp de ses partisans eux-mêmes, un
concours précieux grâce auquel la conjuration fut étouffée et tous les
conjurés mis hors d'état de nuire (94).
422
CONCLUSION
428
musulman tout en.tier~ Aussi. le d6clanchement de la force berbke
liCj,te est-il un hlénement capital, un. moment exceptionnel dans, rhis-
'toirc de la Bcrb6rie : la naissanœ, du califat tant, revé par les dcscen-
1
· du Pr
............. ts
u.rL11 _)
·· op1..Jj.-
• -.11vw, les
1 _- •
- l'...-ts d. PUJt1~'A
· . .V1Ua11 :_ 1
1 ~m,a,1 •I .. . ~,,,_..
DIJ·•~.lll!GDll!A -.u 01"-Aftd
M W d. '! linft J
A
: ~,.., • 1 ~MIMI .
empheF
Lorsqu'oo, évoque la puissance de œt empir~ c'est en Bgypte
q~'on .a .tendance à en plaœr le. centre, el c''est.une erreur.. Ca.r on oublie
facilement que ,son apope :se situe. au Maghreb mime sous le .règne, 1
inlassable effort de· co,nq·uite a. _porté son fruit., Leurs ·premières ten-
tatiwm infructueuses contre l'Egypte .ne tes ayant jiamais détournjs de
leur objectif primordial de ,destituer les usurpateurs Abbassides. ils
1
42&
leur pouvoir dont étaient imprégnées leurs institutions religieuses, les
Fitimidcs n'ont pas gouverné le pays avec moins de bonheur que leurs
prédécesseurs Aghlabides. Ils surent par la centralisation et la stabilité
de leur Etat, l'organisation sévm de son appareil administratif et fi-
nancier, le fonctionnement rigoureux de leurs institutions, accroître
leurs revenus, intensifier les activités économiques, favoriser l'essor de
la vie intellectuelle et artistique et accentuer en somme le développe-
ment de la civilisation en Ifriqya. C'est meme dans ce pays, en Occi-
dent, ou pourtant leur « passage » devait à peine dépasser un demi-
siècle, que leur propre civilisation, qui allait rayonner de tout son
éclat sur les bords du Nil aux portes de l'Orient, commença à s'épa-
nouir et Mahdiya d'abord, puis aussi Man$1lriya, en po~rent long-
temps de vivants témoignages.
La drame des FI.timides en Ifriqya, s'il en fut, ne réside ni dans
l'anti-§i'isme des Ifriqyiens, ni dans la redoutable menace t)ariJite que
les turbulents Berbms du groupe zénète faisaient peser sur le trône de
Mahdiya, mais dans l'inaptitude de la Berbérie à réaliser les grands
desseins de leur politique impérialiste. Ils disposaient certes des res-
sources inestimables du clan Kutama. Or la force du clan, qui est
l'organe constitutif du pouvoir, s'use irrémédiablement, et celle des
Kutama ne tarda pas à se « consumer dans une immense flambée».
Leur reve ancestral de détrôner leurs ennemis héréditaires de souche
omeiyadc et les usurpateurs de la branche abbasside pour dominer
ansi le monde islamique, les aspirations séculaires de leurs partisans
et les espoirs immenses qu'ils mettaient dans la « manifestation » du
Mahdi, commandaient leur politique d'hégémonie et de grandeur.
Leur dynastie se donnait à sa naissance des dimensions universelles.
Or le pays qu'un sort étrange désignait pour leur servir de royaume,
n'était pas à la hauteur de leur prodigieuse destinée. Assurément,
l'Ifriqya, la Berbérie tout entière, n'était pas à la taille des Fàtimides.
« Pays de sel», note avec pertinence E. F. Gautier, pays de monta•
gnes et de landes désertiques, « immense ruban long de 3. 000 km es
large à peine de 150 km, ni plantureusement fertile, ni d'élevage facile.
ni de grande industrie, le plus grand désert l'entoure et le pénètre de
son influence». D'immenses solitudes, de l'inorganisé, la désolation à
perte de vue. Quelques centres urbains. Les grandes cités se comptent
sur les doigts d'une seule main. Pays à peine cultivable, à peine habi-
table, « tout se passe comme si la malédiction des pays de sel avait
pesé sur le Maghreb, depuis le commencement des âges».
429
En Berbérie, la ~graphie a donc toujours commMdé l'histoire.
L'unité au Maghreb est réalisée avec une facilité déconcertante, « seu-
lement elle ne tient jamais ». « L'Etat maghrébin est un Etat champi-
gnon qui pousso en une nuit et moisit en une matin6c ..• ».
Ainsi l'incapacité foncière du Maghreb à abriter un empire dura-
ble y explique la précarité de la dynastie des Fatimides et sa dum:
singulièrement courte. Terre de tribus, de principauûs, de royaumes
éphémères ou de vassalité, la Berbérie n'était pas une terre de Califat.
Telle est l'image du Califat fatimide au Maghreb, comme nous nous
sommes évertué à la rendre, aussi fidèle quo possible à son histoire.
Est-elle aussi réelle, sans tache aucune ? Ce livre no donne-t-il pas, en
dépit d'une documentation directe et du progrès qu'elle a permis do
réaliser dans nos connaissances sur une époque particulièrement obs-
cure, seulement une illusion de l'histoire ?
Si on se limitait à l'observMce très stricte do la méthode histori-
quo scientifique où seuls le document stlr, la pièce d'archives, doivent
faire foi, si le jugement ne devait, en matière d'histoire, se fonder quo
sur le témoignage infaillible comme la décision juridique on droit ca--
nonique « bnkm » uniquemont sur la preuve testimoniale « bayyina »,
il faudrait renoncer à écrire l'histoire de la Berbérie médiévale, l'his-
toire tout court.
Toute œuvrc historique n'est au fond qu'une approche de la vérité.
Ne doit-on pas souvent se suffire, en guise de vérité démontrée, des
données immédiates de l'évidence intuitive, de l'interprétation, de
l'extrapolation ? Y a-t-il vraiment en histoire une vérité absolue ?
Au demeurMt, si telle n'est pas l'image tout à fait réelle du Califat
fatimide au Maghreb, même si ce livre, qui prétend en retracer l'his-
toire, n'en donne qu'un reflet évocateur, une esquisse suggestive, ces
longues années de recherches et d'efforts n'auront pas été des années
perdues.
430
. -
NOTES ET REFERENCES
.
U)
(1)
(l)
(4)·
(S)
(6)
(7)
,(1)
00)
(11)
(12) Voir surtout E.l. t (AbO •Ul,eyd al Bakr!) pp. 1'9-161) par Uvi-Pr~.
(13) La biblloaraphie sur la conquete de l'Hriqya e.t cxœptioDDCllement abon-
dante, maia d'in6gale valeur. Auai cat-il aupcdlu d'en d , - ici une lille
cmaustivc, on te bornera donc à sianaJcr les sourc:es principales et ICI «udCI
les plus s1lres et les plus ru:entcs.
1° Ibn ·Abd al l;Jak•ro, Fut1ltl Mi,r, trad. française de A. Oalcau, Conquetc de
l'Afrique du Nord et de l'Espagne. Alaer 1942, nouv. M Ala,er 1948.
:ZO Ibn •Jdari, Dayan I , 1-92, trad. 4-129.
3°R. Brumchvig, Ibn 'Abd al-l;J•k•roet lac;onquetede l'AfriqueduNordpar
Ica Arabes, ~ude aitiquc, dans AIEO, Alaer1 VI, 194~71 pp. 108-lSS.
4° G. Marçais. La Ber~ie mus11lmanc et 1 Oricot au a1oycn AJ,a, Paris
1946, pp. l 9-S7 ;
5° B. Uvi-Provcnçal, Arabica Occidcntalia li : Un DO!Pau r6c:it de la coo-
quetc de l'Afrique du Nord P1:f lCI Arabes dans Arabica I (l lS4) pp. 17-43 ;
60 H. Djait, La wiliya d'lfnqiya au Il~. VIU~ siè.:le, dans SI (tue. XXVII
et XXVIII), 1967, pp. 77-121 et 80-107.
(14) Cf. sur l'instabili~ du pouvoir des gouverneurs omciyadea et Abbuaidea et
la précarité du réaimc de la wiliya, Djait, ibid., pp. 82-87.
(IS) Pour les détails sur ce soulèYement, voir H .H . Abdul Wabab, Un IOIUDaDt
clans l'histoire agblabite : l'ÎDSWTCCtion de Mansour Tonbodhi, IClpeur de
la MohaDJDINlia, dans R.T., XXXI-XXXII (1937). pp. 243-352.
(16) Sur l'ensemble de l'époque •tlabide, voir E I I (Asb]ablda) pp. 25S-2'1,
par O. Marçais et Scbacht,-Iftitlb, p. 134 à 218.
(17) Sur cette affaùe. voir surtout Bayln, p. l:Z0.121, et VOlldlirheydce, 2SI .
(18) lftitlb, à partir de f 30.
(19) Ibid., I 64.
(20) Ibid., l 6S, 66, 67.
(21) Ibid., I 28, 64.
(22) Ibid., f S3, S4.
(23) Ibid., t 70.
(24) Ibid., ch. 14.
(2S) Ibid., ch. IS, 16.
(26) Ibid., § 146.
(27) Ibid., f 149.
(28) Voir Lan,ue romano, p. 417-418.
(29) Ibid., 419-426.
(30) Voir Buldin-Pays 8-208 sqq ; Bcrbaic m1111!lmancL.6?-76 ; d . G. Marçaia,
La Bcr~ie au X~ 9i6cle d'aprèa EI-Ya•qQbl dam KA 1941, 40-61.
(31) Ba)'ln, 78-79.
(32) Buldin-PaYs. 10/214-215.
(33) Cf. Lanaue Romane, 417-419 ; cf. Berbme mmolnMno, pp. 70-71.
(34) Iftitlb, f 36, 64.
(3S) Ibid., f 47.
(36) Ibid., 1134.
(37) Ibid., f 15S.
(38) Ibid., 1 134, et Buldb-Pays. 10/211.
(39) Buldln-Pays. 10/214-215.
(40) Ibid ., pp. 71-215.
434
(41) lllid.,pp. 10(211 ,
(42) Ibid.
(43) Iftitlb, ch. XXDI.1161 Ill ch. xxvn, 11•.
(44) l'.bld.,1'3.
(U) lhid..,1191.
(4') lbid.,11'2,19>.
(47) JWd.,164.206.
(48) lbôd.,116'.2(ll .
~) =~=~t=~=u~r ~:ÎÉ~
(*l~~la~~leet~~~
~ m . p p. 131-1n.
Ab bulides,etlW'leuriDIIDNClloaauda)utdu~duMabdi,damlfli.
rab.tSS,216,290,291.
(SI) Voo&rbc:yden(t&bbuamêaJo,iquc:dslafasnilltadlllbt).
(S2) lftitlb.fS7.
(Sl)VO!lderbc:ydea(lableau~ue).
(S4) lftitlb.llS7,
(SS) Ibid., f61.
(S6) VODderbc:ydea,pp.'3,63, IOl, 16S, l7J .
(S7) lbkl., IOJ.
(SI) Ibid., 166,etlftitibf161, Ui2, U0, 164.
('9) Pourwe11l)ONd'enaaablclW'l'~delalledl6riell'~IIIDI
nou.oc,.upeettpkme,,t10U1lelAtlabidcletlc:aZiri<b,YOll'Bcrbaie
: : = ; d : ~ ~ ~ ~· ~·~· 603-6U. PourleXü . . . D0-
(60) BuldlD,. , pp. 71,71. - &, d6pi1 da
~ . PllillaB~~~
Cf. P.Bourde.
la c:ultun
(63) W. Marçais, !'Islamisme et la ,ic urblioc, p. 86 sqq ; - cf. Berbéric musul-
mue, pp. 8$-86.
(64) En dehors de S. Gsell et de Rostoviscff, on tro~ d'lntaasantes iricisiom
sur des zones limitées dans les études : Capitaioc Le Bœuf, La coloniaatioo
romaine de !'Extrême-Sud tunisien, dans R.T. ano'e 1903, p. 3S2 5'lq_; -
Dr Carton, Un pays de colonisation romaioc, l, La domaines imptriaux,
dans RT, aooée 1902, p. 24 sqq., 16S sqq.
(6S) Steppes, pp. 9-10.
(66) Beyin, p. 78 ; - Warekat, I, pp. 4~1.
(67) La publication de l'ouvraac de Ya\lyi b. 'Umar doot nous avom acllew et
mis au point l'édition en collaboration avec le rqrett6 savant tunisien H.H.
Abdul Wahab, est projp-ammœ par la S1D dans wie collection sp6ciale
intitulée Bibliotbeca Africa. Elle ne saurait tarder d6sonnais.
(68) Voir Or musulman, pp. 143-160, sur Qastiliya (djcrid) pp. 1,0..151 ; sur
Siiilmasa, p. 150 (cbague automne partait la caravane de l'or ; 400. 000
dinars par an) ; -cf. Oeniza, pp. 570-S71 (sur l'exportation de l'or au Xlè :
0
« nous voyons de plU5, un courant incessant d'or et d argcnt s'écouler vers
l'Orient. On peut dire en vérité que les m6taux pr~ieu,c étaient l'un des prin-
cipaux bicm d'exportation du pays ... " ; - voir aussi Idris li, pp. 674-676
(commerce avec le Soudan) et pp. 668-674 (commerce avec l'EOPIC-et l'O-
rient).
(69) Voir Waralcat I, pp. 42M36.
(70) Surtout Buldan-Pays, 10/213.
(71) Voir Idris li, pp. 62U30, où sont rec;ueillica les donnh:t des IOUl'CCS juri-
diq_ucs et surtout géographiques ; - Il nous a suffi de dresser une l~e des
frwts mentionn6s par S. Csell dans son Histoire antique de l'Afrique du
Nord, et une autre liste des fruits cit6s par les sources arabes, de comparer
les deu,c listes et de remarquer l'introduction par les conqua-ants, proba-
. blement Syriens et ijurisaniens, des dattiers de l'Irak, du prunier, du pis-
tachier et du pkher (dont l'oriaine persane eat attest6 eo latin : « Penica
arbor » et en allemand : « Pfirsche ) "· Prunier : duraqin durriq ; pistachier :
fustuq, noms également persans.
(72) Les A!lebidcs ont utilisé des ouvraaes romains et introduit également en
Ifriqya une technique bien particul~re. celle des bassins jumelés (bas;sin de
dkantation et réserve, avec souvent un troisimle organe : le bassin de pui-
sage) e,cemple : les bassins d·AbO lbrihim Abmad, construits de 8'9 l 863.
Voir Solignac, surtout pp. 126-181.
(73) lftitil,1, § 160, ch. XX,§ 167, ch. XXIX, t 203 ; - Beyln, p. 141.
(74) Cf. Warakat I, IS-19.
(7S) Cf. W. Marçais, Comment l'Afrique du Nord a été arabi*, dans A.l.E.0.,
IV, 1938, pp. 1-23 et 19S6 pp. S-17.
(76) Voir Bayin pp. 80-81 ; - Waralœt 1, pp. 137-138, 141.
(77) Cf. Espasne, Ill, 488-501.
(78) Vair Waralcat 1, 141- 146.
(79) Ibid., pp. 146-lSO, 269-271.
(80) Ibid. , pp. 64-74.
(81) Cf. Espagne Ill, pp. 466-476 ; - Talbi, pp. 320-322, 32S, 327-337.
(82) Voir surtout Idris Il, ch. XI, pp. 687-700 ; - Muqaddasi-Pellat, pp. 40-45.
(83) RiyiC, REi pp. 129·137.
(84) Riy14 REI pp. i37-139 ; - Idris p. 698, note S3.
(85) Voir dans Idris II le ch. XI qui, quoique c ~ l l'Ifriqya ziride, da>ordc
laraanmt sur les deu,t siècles pr~ents, un npos6 d'ensemble sur la Yic
religieuse. Ce tableau géDa"al utilise d'une manière exhaustive les mat6-
riaux des r6pca toircs bioaraphiques ifriqyieus (Tabaqlt RiYld, Ma'al.im.. )
- voir en particulier Riyl(j - REI, pp. 122-141.
(86) Cf. l'ex~ exhaustif sur cene institution dans Warakat Il, pp. 192-219 ; -
sur l'institution abbaside, voir El 2 I (Bayt.aJ l;lilcma) p. l 17S, par D.
Sourde!.
(87) Espaane 11, pp. 130-140 ; - III, pp. 488-SOI.
(88) Idris, Il, pp. 425-427.
(89) Espaane ru, pp. 493-SOI.
(90) Iftillb, Introduction p. 3, n• 2 ; - voir amei IUJIC'&.
(91) Warakat 1, pp. 222-22S.
(92) Ibid., pp. 244-247 ; - voir aussi lftitll), § 63.
(93) Iftltll), § 275, note 3 ; Chambellan, pp. 320-321 ; - Sira, p. 184.
(94) Warakat 1, pp. 243-244.
(95) Baytn, p. 136.
(96) Warabt 1, pp. 251-252 ; - lftitl.b, I 225, note 1.
(97) Warakat I, pp. 233-236 ; - 237-239 ; 257-258 ; 241·242.
(98) Warakat 1, pp. 252-254 ; lftitil) § 53 note 1.
(99) Vonder beyden 206.
(100) Architectun:, pp. 9-36.
(101) Ibid., pp. 9-26.
(102) Ibid., pp. 26-28.
437
•
PREIIIERB PARTIE
HISTOIRE POLITIQUE
Chapitre 1
...
.t39·
~
(11) B I (Fatimides) pp. 870..871 ; - cf. les deux interprétations difrmntes de
V. Ivaoow et de B. Lewis dans Rise pp. 233-258, Lewis 126-131, pp. 83-163,
et surtout tableau p. 162.
(12) Iftitib. ch. XXVII, § ISO ; - K.ùf pp. 196-198 ; pp. 65~7 (d'après Zahr
al-Ma'lol du di 'l Idris), pp. 37-38 (d'après Glyat al Mawllld).
(13) E I (Fatimides) pp. 870-871 ; - voir dans Bayin, P.· 158 Je curieux témoi-
lD&8C attribué à al-1:lakam Il, le calife umaiyade d Espagne dont on sait le
profond attachement au Malikisme mais aussi les vastes conoaissaoccs et
la pr6dilection pour la science et !\:!econnait l'authenticité du nasab <allde
du Mahdi (wahwa mallbab al-S al Mustao$ir billab al-'Umlwl).
(14) Cf. Das Imamat, pp. 60, 70, 77 ; - Rise pp. 31, 37, 140 ; - Lewis 33-38 ;
- Dans Heterodox isma•îlism p. 12 sqq., prenant pour base des extnuts
d'une lettre adrcssœ en 354/965 par al-Mu•izz au dà'i du Sind et conserwe
dans 'Uyün al abbàr d'Idris "lmid al dln, ainsi qu'un passage du Kitàb al
Malllis wal maslyarit, S.M. Stem démontre l'existence au IVè/Xè siècle
d'une ou plusieurs doctrines hétérodoxes touchant au rôleau à l'origine des
Fatimides et de puis longtemps déjà profcssœs à l'intérieur de l'Isma•ilisme :
certains cercles isma•iliens n'auraient en effet pas reconnu le Fatimide comme
Imam mais seulement comme lieutenant du qa'im attendu et auraieot sou-
tenu, tout en admettant que la lieutenance fQt finalement retoum6e à la
ligue 'alide, qu'à Mubammad b. Ismà'll avait sucœdé non un 'alide mais
'Abd Allah, b. MaymQn al Qaddlb.
(IS) Voir Lewis, pp. 33 sqq, 126 sqq, pp. 160-163.
(16) Iflitib, ch. XVII,§ ISO.
(17) Voir§ Il Le règne du Mahdi, la conspiration du Dl'I et de son frire AbO'l-
'Abbls et leur fin tragique. ·
(18) Iftitib § ISO ; - Chambellan pp. 287-288 ; - Gateau p. 385.
(19) Sir&, pp. 19, 91-92, 106-107.
(21) Maillia f• 341 sqq.
(22) Voir n• partie L'organisation de l'Etat fatimide ; ch. IV l'orpoisltioo
judiciaire: La Judicature; - sur l'oripne et le rôle de MaymQn al Qaddlb
et de son fils Abd All~J voir E.I. (suppl. Isma'iliya) pp. 107-109 ; E.J.
(Kannates) 813-818 où Massignon note que MaymQn al Qaddlb était« IDl
client du clan makhzumi (Quray!), originaire de la Mecque, th6ologieo
CODDu, rlwi autorisé des V• et VI• Imams Blqir et Sldiq et que « son fils
'Abd Allah rlwi de $ldiq mourut en 201 en prison à KQfa sous al-Ma'mQo ».
(23) Tandis que de Sacy pense que le mouvement isma'ilien exprime la réaction
IIOlitico-religieuse des Persans contre l'hé~monie arabè et le pouvoir de
l'Islam, _que son organisation est l'œuvre de 'Abd Allah b. Maf!DOn
al Qaddal) et que le carmathisme n'en est qu'une ramification, Massignon
le ramène à des origines sociales et économiques dans la Basse Mésopotamie
et la Syrie. Ces observations sont con1inn6es par la tMse de B. Lewis doot
il convient de résumer les idées essentielles sur les origines de l'isma'ilisme :
l) naissance du mouvement dans l'entourage de Ôa'far al $âdiq, de soo fils
Ismi•D et de Mul)ammad b. Isma'il, grâce à l'action d'Abil .1-Uatiib, de
MaymOn al Qaddàb et de son fils 'Abd Allah.
440
~ cf. Révolution 'abbisside, pp. 303-307. .
5) Suc:œs de la propagande isma'ilienne parmi les musulmans non-arabes,
Penans et Araméens dont l'isma'ilisme que nouriS1CDt des id6es reçues du
christianisme et de l"iranisme, exprime la rœction révolutionnaire politico-
sociale contre le pouvoir des Abbassides.
(24) lflilib, c:h. I et 11, surtout § 16 et 17.
(25) Voir sur les conditions historiques de la constitution de ocs dynasties pro-
vinciales et les événements marquants, Laoust pp. 131-132.
(26) E.I. IV (Zandj) 1281-1282, par Massignon ; - Laoust pp. 131-133 ; - voir
aussi E.I. D (Karmates) p. 813-818 où Massignon dffinit le rapport entre
mouvement qarmate et la révolte des « Zandj » ; - voir surtout Fiitimiden
p. 34 sqa.
(27) Ibid. ; voir la définition que Massignon donne mouwmcnt qannate au sens
strict : « nom appliqué aux llJ'OUpements insurga d ' Arabes et de Nabathéens
qui s'organisèrent en Basse Mésopotamie après la guerre servile des Zandj
à partir de 264/877, sur les bases d' un communisme initiatique. Une propa-
poœ active répandit leur association sccréte parmi les agglomérations de
travailleurs paysans et ouvriers ». Et au sens large : « Cette dénomination
de « Karmate » désigne l'ample mouvement social de réforme et de justice
égalitaire qui a ébranlé le monde musulman du lXè au XII siècles ... le mou-
vement accaparé et canalisé par une famille d'ambitieux, la dynastie des
lsma'iliens qui fonda l'anti-califat fatimide en 297/910 ».
(28) Jbid., où Massip:ion précise que l'insurrection commence avec l;lamdln
Kannat aux enVlrons de Wiisll ; en 277/8'JO il fonde à l'Est de KOfa un dâr
al-Hidjra (lieu d 'asile retranché) pour ses partisans ... ; - Laoust, 140.
(29) lf'till\l, § 16, 17, 142, 161 et ch. XCI ; - Itti'U p, 113
(30) ffiillb Ch. XVII§ ISO ; - Itti'~ p. 223-227 ; - Laoust pp. 140-141.
(31) Voir E.I. II (Kannates) pp. 813-818, où Massill!on essaie de montrer dans
quelles conditions eut lieu l'élimination de l;lamdin puis de •Abdln :
« .l;lamdin et son beau-frère •Abdln (mort en 286/899) paraissent défendre
des chefs secrets résident hors de Sawad, le sahib al Zuhur qui aurait investi
l;lamdân et le $1.bib al-naqa' qui aurait supprimé 'Abdin pour lui substitua'
Dhilaawayh al-Dindani » ; - voir surtout Itti'lz pp. 223-224 ; - Laoust
p. 141 ; - Fl\imiden, p. 34 sqq.
(32) Iftilib § ISO ; - Itti"IZ p. 227 ; - Rise p. 75 sqq.
(33) Iftilib ch. let U, surtout f 14, 15, 16.
(34) Ibid., § 17.
(3S) Ibid., ch. vm, IX, X, XI, XIII ; - Laoust p. 140.
(36) Cf. ltti'i; pp. 209-213 ; - Fltimiden p. 34 sqq.
(37) Sur l'insurrection des l;luanides à M6dine en 169/786, « l'affaire de F•kbkh »
et l'émigration de Idris b. 'Abd Allah au Maghreb pour y fonder la dynastie
n
des Idrissides, voir E.I. II (Fakhkh) p. 47 : - E.I. .(Idrissides) 478-480 ;
- Gautier pp. 274-291 ; - surtout Berbérie musulmane pp. 116-129 : -
voir aussi E.I. II (FAs) p. 76-82 ; Lévi-Provençal, La Fondation de Fès,
dans A.I.E.0., Alger IV, 1938, p. 23 sqq ;
(38) E.I. II (Karmates) pp. 813-818 ; - cf. Laoust pp. 141-142 ; - Itti~ pp.
228-237 ; - cf. Fitimiden, pp. 34-45. ' '
(38) B.I. II (Xarmat;es) pp. 813-818 : - cf. Laoust pp. 141-142 ; - Itti'U pp.
237 ; - cf. Fltimlden, pp. 34-45.
(39) m.
ffiillb. ch. § 21, 28, 29.
(40) Iftitlb1 § 28 ; l'ouvr• d'al-Nu'min est la ~ source arabe, à no~
COIIIIIUSSIIIIC, à mentionner Tala ; - sur 'Jbala à l'époque antique, voir
441
surtout l'CIICiellcnle DOlice du capitaine Wlnld« dalll R.T., anob, tlM, pp.
S22-.S27 ; - sur Ahl al Bayt, VOU' Iftillt,1 aurtout124.S et d . E. I I (Ahl al-
Bayt) pp. 165-266 et auui E.I I (Ahl ai KJsl') p. 272, par Trlttoa.
(41) lftitlb. § 29.
(42) lftitil, O133 ; - sur le rôle de la renne berbère dans l'orpniwtion de la
sociéte1 tribale, Lévi-Provençal, R~ons sur l'empire almoravide au cMllut
du Xllè mcle, dans Islam d'Occident, Paris 1948, pp. m-254.
(43) lftitlb, Introduction ; 2, lnt~t blosraphlque, A. Biasraphie du Dl<i AIIG
'Abd Allah ; - ibid. ch. IV.
("4) lftitil), O30 ; - E III (lthnl •asbariya) pp. m.-600 ; - Sur le problàne ai
~lexe de la formation des diff'mntes sectes li<ites et de dl:Yeloppeoaeat
de l'unamisme, voir surtout Laoust, p. 31 ; les deux ptanièrcs sectes « de
tn,e imunite fondant la cla-olution de l'imamat sur un texte et une ~sna-
uon testamentaire faite par l'imam investi en faveur de son succcs.,c:ur •
apparaissent vers 716 à la mort d 'Abll Hl.!im 'Abd Allah fils de MubaDUNd
b. al l;Janaflya, Ce sont : les Kaisaniya o u Mubtlriya et les Rlwandiya ; -
voir aussi p. 67-69, « la succession de Ja•far al $idiq et l'imarnisme • et la
formation des deux sectes rivales musawiya et 1-oa'a sariya (duodécimains)
et isma"ilifB ; - voir aussi p . 80-92, « la succession de M1ba al Kl;un et
la th6olo11e irnamlte • ; - voir aussi p. 1-46-1.SI « l'irnamimie, lea Jhmdl-
Dides et les Buyides » et particuli«emcnt « la litla'ature imamite » p. 1'41-
151.
('4$) Oateau, p. 380 ; - Cbarnbcllan p. 281 ; - d. B I I (Alla 'Abd Alle!Ml
Shi'i) pp. 106-107.
(46) Iftillt,, I 30.
(47) lhkl, 1 l!0-1.SI.
("8) Ibid. 1 30 ('ffl'I la ftD).
("9) Ibid. ch. I et U. t 3-26.
(!O) Voir plus loin ch. n: L'odyuée du Mahdi ; - voir auai lftitib. IDlrodoc-
tion : B. Biographie du Mahdi.
(.SI ) lftitlb : le ra:it a'~ sur les ch/ IV et V de la I en partie, et le ch. VI (143-
46) de la lb partie.
(S2) Ibid., 1 31 et 32.
(S3) Ibid. t 311.
(54) Voir plus Join memo dlapitre note 109.
(.SS) Voir plus loin ch. V aur le rqne d'al-Mu"izz ; L'lntelllific:edœ de la luuc
contre l'E,pape umaiyade et l'bqanonie fllimlde du Mqhreb (.-en la
fin).
(S6) lftltl1), 1 "4, et note 3 en particulier.
(S7) Sur la pro~ li<ite en Espasne musulmane, voir l'ffilde irnportallle clc
MabmOd ' Ali Ma~kl « a l Taiayya' fl'l-Andal!15 mundui-fatb bal1I nihlyat
al-Dawla al umawiya, dans R.I.E.E.I., Madrid n 1964, pp. 93-14.s ; - ef.
Dacbraoui, TcotatiVe d'infiltration i i'ite en Espagne musulmane ,oua le
rètJne d'al-8•1:am n, dans AJ-Andalu~ 1958.
(SI) L 'lftitil) est le meilleur document que no ua poae6dons à nos joun aur la
morpbolOIÎ.,t~ale des K utirna. D l.,.~u de dlstingucr !(.ois aroupea cen-
traux : les uiiwa, lea Mullta et les . Le aroupe des Ofm1a comprend
6 fractions principales : les ~i,.l:S Aill11a, les La\Aya, lea Maloaa, les
Danblie, Jcs Urissa, fbt6cs entre et Mila. Le aroupe des Masllta com-
pmid trois fractions principales fix6cs autour de ~ tif ; les Alise, les Mairis
et les Zuwlwa. Quant au aroupe des IAbiw, il coatobe les Ma!CIJa, toua
fba au Sad du pa)'I jusqu'aux çOQftDa du territoire de Bal wu+ A dildqulr
l TizrOt l a ~ o et leurs voisina lea Danblia apparent. -,,1, t.U au
aroupe da · - Cl. la claaiflcatlon dca tn'bul Kutan. l trawn 1'111.
toue qu'en donne Ibo Khaldun dans Berbà'es I, p. 291 sqq.
(5) E 16 I (AbQ'J.khatllb al-ma'ifirl) p. 128 ; - cf. auul LaOUII p. 10-n.
(a>) Ba)'ID, pp. 124-129 ; - lfliiab, 1109.
(61) a . E I I (·~iyya), p. 701702, par Gabrieli ; - Yves IAC01tc. Ibo K.bal-
doun, Paris 1966, pp. 123-t ST ; - surtout E II Rote11tbal, Polilical thousht
in medieval Islam, ch. IV : the theory of the Powcr-State ; Ibo Khalduo's
ltUdy o r civilisatioo, pp. 14-109, Clrnbrid,e, 19SI.
·--t
(62) Voir~ chapitre : La main-mise d'AbO •Abd Allah aur l'enecmble des
Kutlrna ,
(63) lfti1lb. 145, et 1 ....
(64) Ibid., 146.
(65) Ibid.
(66) D,id.
(67) Ibid., 147 ; - aur la c:i1e1ues romaiues et la eaux lberuwlea de Mita, en
latin Milcv ou Milevum, qu'il c:oavient de traduire par « la ville aux mille
naiae&IIX », - on trouve la s~abe ev dans Genève, Evian, Genova, Evier
- voir aussi Lucien Jacquot, Caverne miraculeuse de Sidi Bou Yahla et
le culte de Mithra, dans Extrait du R.ccueil des Notes et DIIP!OO'N de la
~ an:b6ologique de Comtantine. vol. XJII, 1909.
(A) Voir supra, Iotroductioo oote 3S.
(6') lflilll), f 47.
(70) Plutôt « p:Île » C()IHHVJ l'iodique al-warrlq dans le récit 16aeodaire COlllefW
par Ibo <Jdlri, « bqla Mbbl », voir Bayln p. 125.
(71) Iftitat,, .....
(72) D faut entendre par « uml' » l'emeilMUll'DI oral de la tradition lf<IID ;
voir Iftiiab. 1 49 ; comparer avec: le semi" al J:litma, emeiSDaDCDt de la
doc:triDe isma"ilieone auur6 par le Cadi sous le rigne d'al-Mu•i7.z, dans
Iftilll), Iotroduction : le Cadi al-Nu'Dlio ; - voir aussi plus loin, .U partie :
l'Orpolution de l'Etat fliïmlde, ch. IV, l'orpnlation judlc:ialre (la judi-
cature).
(73) lftlllb. • Sl.
(74) Ibid., ch. lVI, f 3 ; - Warûat, pp. 2 2-2 4.
(7S) Iftillb, I S4.
(76) Ibid., I SS.
(77) Pour Nuwa)'l1. voir l'lndicatioa de De Slaoe clw Bwb6NI II. p. 11, note
6. -A"mll. p. 445.
(78) Iftlll1), lntroduclion : valeur documentaire de l'Iftlllb.
('19)
(IO)
Ibid.."·
Ibid.
(Il) Ibid.
(12) Ibid., 1 S7 ; - voir &lllli supra, Iotroducdon DOie 2.
(13) lfti1lb. 1 S7 (lin).
(14) Ibid. I S8.
(IS) Voir DotallDINilill Tablqlt pp. 197, 213, 231 : 1Uy14 288 et 1UJ10.RB1 pp.
129-139 : (Ma<tllm n p. " : - Voodcr tie,den p. 131. noce 3).
(16) Jftltat,, f 5.
(17) Dlid., • a,, a. 63.
(88) lbid.1 § 64, 6S, 66.
(89) Ibid., § 61.
(90) Ibid .• § 68 ; - voir Supra, Introduction, note SS.
(91) Sur tous ces personnages identifiés, voir les notes dans Iftitlb, § 68.
(92) Supra, Introduction : de la d6cadcnœ à la chute de la dynastie.
(93) Ibid.
(94) Ibid.
(9S) Iftitib, ch. VIII,§ 71-78, ch. IX,§ 79-83, ch. X,§ 84-93, ch. XI,§ 94-106 e,
ch. XII,§ 107-114.
(96) Bayin, pp. 124-129.
(97) lftitib, Introduction : valeur documentaire de l'lftitlb ; - voir aussi supra
Introduction : Les sources.
(98) Iftitib, § 72 ; - li y aura trois temps dans la coalition : c'est d'abord un
Saktanien Baydn b. Saq/6n qui l'animera. Ensuite cc sera au tour d'un Lahi-
sien, Mahdi b. Klnâ,ra, de prendre la tfte du mouvement d'opposition au
Da'i ; après l'assassinat de cc dernier, c'est le chef des Masilta Fatb b. Yab~
qui sera l'imc de la coalition. Le chef berbère prdCTa du reste une hostilit6
irréductible au Da'i jusqu'à sa fin tragique à Tobna : voir infra note 181.
(99) lftitib, § 73, 74, 7S, 76, 77, 78, 79, 80 : récit de la première tentative hostile
au Da'i et son demi-succès puisque le Da' i est contraint à abandoruier
Ikiin pour chercher refuge à TiizrOt.
( 1110) lftitlb, § 81 ; - voir aussi supra, memc chapitre ,note SS.
(101) Supra l'apostolat d'Abu 'Abd Allah et ses répercussions, note 6S.
(102) lftitib, § 82 et 83.
(103) "Ibid., § 84, 8S et 86.
(104) Ibid., § 87 ; - voir à propos de « tabldm» arbitra,e. et de « muniiara •
contro-, une situation similaire dans le coollit qui oppoea 'Ali cc
Mu'âwiya. Laoust, pp. 11-12.
(105) lftitib, § 91.
( 106) Ibid., § 92.
(107) Ibid., f 93.
(108) Ibid., 1 94.
(109) Ibid., f 96.
(110) Ibid.,§ 98.
(111) Ibid., § 100; - c'est l'argwnent qui porte le mieux ,ur la fibre -111e d'œ
berbère kabyle, montagnard sédentaire ataviquement hostile au babàe
nomade. en l'occurencc. le Muzlita.
( 112) Ibid. ; - d . à propos d'une telle tendance r6clamant la toléranœ reliaieusc
et la libre opinion, l'attitude hanafite à l'époque d'AbQ l;(anüa et celle de
son contemporain Sufyân al Tawri, Laoust pp. 85-87 ; Il ne faut pas toute-
fois voir dans cette tendance une attitude doctrinale particulière, mais ·UD
comportement tactique du Dii'l à un moment difficile de son apc>IIOlat.
(113) Iftitlb, § 102 et 103.
(114) Ibid.,§ 104.
(I IS) Ibid., § 106.
(116) Bayin, p. 128 : wa 'aqAma hidl l~ayb fi barbin ma'a qawmihi wa 'bUli
'ammihi muddatan min 1a/xf'atl a'wamin » ; - Iftitib, § 70 et J 11 : la dlslo-
catioo de la caolitioo est consomm6c dcuit ann6cs aYUt la prise de Mita,
444
eo 289, et le départ d'lbrahim li en expédition contre la Sicile· chn!ticnne
eo 289 wtane:nt, soit en 287, sept annœs donc al)RS l'entric du Da'i dans
le pays des Kutilma.
(117) Utitil), § 107 ; sur l'iqa\â' cf. l'article de Cl. Cabco, dans Anna!es ESC, Vlll,
1955, pp. 22.53 : l'évolution de l'lqta' du IXè au XIIlè siècle.
(118) Iftitil), i 109 ; -voir aussi supra ~ e chapitre : l'installation d'AbO 'Abd
Allah chez les Kutlma. note 59.
(119) lftitil), f 110.
(120) Voir infra, La Prise de Mila et la Riposte aèlabide ; - voir aussi lftitil),
§ 111.
(121) lftitil). 1 110.
(122) Ibid., f 113, 114.
(123) Ibid., Cb. XIV.
(124) Cf. à cc sujet la conduite morale du Mahdi Ibn TOmart, dans : Levi-Proven·
ça! Notes d'histoire almohadc, ll : Ibn TOmart et•Abd al Mu'min, Je« faldh
du Sus » et Je « flambeau des A.bnohades », dans Mmiorial Henri Basset, li
(PIREM, t. XVIU), pp. 21-37.
( 125) Cf. sur ta soci~é communautaire et èaaalitairc des Qannates, E. I. II (Kar.
mates) p. 813 ; - Fltimidcn, pp. 34-35.
127) Voir supra,~ chapitre, note 71 ; -cf. Sire p. 207, note 451, sur le pacte
de fraternité ; - cf. sur l'idèc de fraternité propre à l'idèal des lsma'iliCDS,
et les « lkbwin al Safi' », Marquet, surtout pp. 94 sqq : « Il faut obtenir
l'unaoimité, l'accord des âmes, le ralliement des cœun ; il faut U!CI' de lo-
yauté et de sincérité, manifester de la confiance à son prochain, s'aimer les
uns les autres, s'entr'aidcr. bannier au contraire les mensonges ... on a besoin
de l'aide de ses Frères pour se sauver et alla- au Paradis ... ».
(121) Voir supra. ~ chapitre note 42.
( 129) ffiitil), § 123.
(130) Ibid., ; - cf. sur la conduite des missionnaires, Marquet, pp. 122-12'4.
(131) Apud Bayln, p. 128.
( 132) Cf. Utitil), f 111, les propos tenus par le chef des Masllta à 'Abd Allah Il
pour l'inciter à combattre le Dii'i.
(133) Utitil), Introduction : L'invasion de l'Ifriqya et la chute des Aahlabida.
( 134) Ibid. : valeur documentaire de l'lftitil).
(135) Supra, Iotroduction : De la décadence à la chute de la dynastie.
(136) lftitlb, f 70.
(137) Selon le système des pensions ('alâ') en vigueur dans l'orpnisation miJi.
taire à l'époque médiévale, la solde du cavalier était de 1000 dirhans et celle
du fantassin de 500 ; - cf. l'article de Cl. Cahen dans E 1 1 ) f.ta') pp.
751-752, par Cl. Cahen ; - cf. Djait, La wilaya d'Ifriqya au IU/V é siècle,
dans S.l. 1967, pp. 112-113.
(138) lftitil), f 134.
(139) Ibid.,§ 135.
(1 40) Buldln-Pays, pp. 11-12/214.
(141) Iftitil), f 136.
(142) Ibid., où l'auteur explique ainsi que le prince ne louchait pas. li y a donc
lieu de rejeter Je surnom d'al Abwal et l'appellation d'lbn al-Al,lwal adopth
par les sources sunnites.
(143) lfiitlb, Ot. XV,§ 138.
(14t) Ibid.,§ 139.
44&
<t<U> Ibid., t 1.eo ; - d. 1a delc:ripeioa mmudeule de Mlla litu6e 1 " tm o.-
de Coostanlille 1111' la route qui conduit de cette ville l Djicljclll et 1ur l'iti-
n6rairc de Cirta l CiuÇU) (Djanila) et l Setifis {86ti0 abondamment
d'eau, et ses nombreux Jardins (palmiers, atronnlcn, grcnsdicn,~
elle ...) lui foot t()ltjoun une mapi= ceinture, dam Lucien Jacquot, ~
Ca'.aDC minlcuJeule de Sidi Bou-Y ' ot lo c:ulle de Mitbn, Cœliludno.
1909.
(146) Iftitlb, t 142.
( 147) Ibid., t 143 et 146.
(148) Ibid., t 70.
(149) Ibid., l 146.
(150) Ibid., t 142.
(1Sl) Ibid., ch. XVI.
(IS2) lbld., l 14'.
(1S3) Ibid., 1 144.
(IS4) cr. 1o ridt peu coblrcnt de œue u ap6ditioa, dus Var.de.bu,-. 292.
(ISS) Iftitah.1146.
(1S6) Ibid., 1147.
(1S7) Ibid., 1146, DOie 1 ; - d . aussi Warûal, pp. 23S-236 ; - L 'Emir• &IMit
aoigner IIDS doute par lo ~ m6dcc:in AbO Ya'qQb lablq b. Sula,m1D
al-brl'lll, venu d'Orient IC fixer l Raqqlda ; Bayln, p. 141.
(IS8) Voir Iftitlb, t 111 ; d'apm lo pr6cieux dmoipqes fourni par le c:bd de
Masllta, Fatb b. Yabya, qui pour persuader l'Emir 'Abel Allah II l laDC1r
une ex~tlon contre le Dl'I vante la 1upaiorit6 de l'arm6c qlabide qus
lui conl'àe l'art de combattre l l'an: et à la lance iDCODDu des Kv11ma L'ar-
m6e qlabide c:ompreD&it sans doute un cocps de f1Dtanin• arcba:s cmtratn6e
et adroits dont le rôle 6tait d'entamer l forte distanœ l'ennemi et de briser
lei charges roudro~tcs de la cavalerie advenc. La tactique des Kvtlma
conforme aux tradition, ,-,iàes del Berbàea, c:omistait co effet l laDC1r
leur cavalcric léaùe qui o pérait par raids sucœuifs trà rapidea et• -
(17'1~!~~p(iq~ief'r!r.:.~i=.::=::=
wmme 6tape ultioc 49.M l'od:fu',: du Mahdi.
.ml.$II
(l76)Ifti1Q,cb.XX,f U51·164.
(IT7)1bid..,fl49.
(171)1bid.,f l' l . - l ; - Ba11D,PP.l)J. l40.
(l"J9)Voirhlfra. L'orp.,,iatkm tnllitairt : l'imtitutioa du di""'al'a\fl'; -
ll\nl.l;l,f1,1 , P01el .
(ll0)1Ntl.b.fl6 1,16l.
( l l i )Jbld.,fl64.
( l ll)Ibid.
( IIJ)Ibid.,cb.XXl.
(114)Ibid.,fl6'.
(IU) Ibid... ch. XXII tt XXJll .
(IN')Ibid.,fl67.
( 111)Ibid.(b du D.
( IU)Ibôd.,116' .
(1'9Jibôd.,IL69.
(ltoJ lMd., ch. XXIV tt XXV, 1170- 17'.
(191 ) Sutled6c.oura,rmea1 4Wùs1ans,aridcl'Emirttdc10G~«..-
~ ..!;~=:r~~=~~:.
142, 14:J..144.
(192)!i!~~=~;~~l~'!r.9=:.-,~-
( 1 9 ) ) ~ o i r ~ u : : ~ ~ ~ ~ . i ; :.~~u'mlod'apNI
(IM)Ibid.., fl7S,aoctl . ·
(l,S) Ibld.,fln.
(IK) Ibid.,f l16t1 IIOlt 1.
( 1'7)Ibid.,IIT1·181.
( IN)Ibtd.,ftl l .
( 199) l bid.,f lll ; -Bayla, p. 144.
(ll)O)Ba)'IA,p.140.
(.l01Jlftitl.b,f1U.
(20l)Voir111rMl--dewiellaaœ8a)'IDl44.
{Ml) lftillb,cb.XXV1 .
(207) Ibid., § 187, 188.
(208) Ibid., ch. XXVII.
(209) Ibid., § 189 et 190 note 2 ; - il s'agit du chef' arabe Busr b. Ar111 qui en lit
la conquete. Voir surtout les prkisiom dans Balai, p. 14.5.
(210) lftitib, § 190.
(211) Ibid.,§ 191.
(212) Ibid., § 192.
(213) Ibid. ,§ 193.
(214) Ibid.,§ 194.
(21.5) Ibid.,§ 195.
(216) Ibid., ch. XXVIII.
(217) Voir infra, _l,'or~tion militaire : Le syslànc d6fcasif et la lipc de cou-
verture anta-baritite.
(218) cr. Vonda' beydcn, pp. 310-308 : l'invasion kotaroienne et la chute de la
dynastie.
(219) Le DA'i cberchc à attirer son advcnairc dans une région steppique pour
mettre sa cavalerie 1 ~ en meilleure posture et avoir aiDai l'avanta,e sur
l'arm6e ennemis plus lourde ; - voir sur le rôle de la cavalerie, infra, L'or-
ganisation militatte : Les exp6ditions.
(220) lftitib, 1 196 ; - cr.
supra, m&ue chapitre note 67.
(221) Cf. le comportement induisent du DA'i à Toboa, Iftitib, l 164.
(222) lftitlb, § 197.
(223) Ibid., § 198.
(224) Ibid., I 199.
(22.5) Ibid., § 200 et 20 t.
(226) Ibid., ch. XXIX.
(227) Ibid.,§ 199 ; - Bayin, p. 14S.
(228) Mouvement de diversion en direction de Djcrid dans la double Intention de
prtvenir toute ~tualité d'agitation bariiite et d 'occuper une ~ l i prœ-
l>à'e ; voir lftitib, Introduction, l'invasion de l'lfriqya et la chute des Aab-
labides.
(229) Iftitib, § 202.
(230) Ibid., 1 203 et 204.
(231) Sur l'importance de cette conquete du djcrid et le d6courag,e111cnt qu'eUc
sll!cita dans le camp atlabide, voir Bayln, p. 145.
(232) lftitib, § 20.5.
(233) Recours exclusif à l'appel : voir supra. ~ chapitre : la conq~te de
Toboa, note 179.
(234) Iftitlb, § 20S et 206.
(23.5) Ibid.
(236) Ibid., Ch. XXX.
(237) Ibid., § 'Jl:YT.
(238) Ibid., § 208.
(239) Nous avons examiné sur place le site de la bataille sur la plaine de Lorbeus,
villaae situé à 626 m. d'altitude au pied du Djebel de ineme nain.
448.
,.;OMJ__
1,ol,ï-"') "!"'Ïi- - i - •, _ ___!,-,-~-·L, -
'-iollvi&lme
- et dont
Cmnm5CD que~-~
, pr6cède
sur_j •-•DlP
efa --- _ un ,corps ;•--'.'"L-.-Z.
uc ·L-•-.!tri...
..:1....
an::ncn
_· .attaques, penitant ]a, mllêe dmmtn1 les,ranp de .riofamerie ad-
U.l-lUUV
- - - d-
(256) L"iosumction et Jla ~papn4e du. Di'i destioics à ins~' le œlifat ·f11,i ...
:mide visau . rent ,CSKDüe1!lemeot _l porter ,atteinte au ~ _w oir ~ murpaumrs
._bbisîda ,c nt œ qu'entend rap.p e]a .AbD cAbd Allah. en rmsant allus~oo.
~·~ ...... A
' --
b
IMIM !lll'IM'II ·,
,- t..=,- ·~·~ -
UIIN/.l.~11
:11:'Ji. 1 illi""in
1
-_. -- ·'1"~1
(;257)
. -
UlllMIJI
- - '· .-__, ~ .~,- .
i2.58)
\. T ~ L 1.
.u.11~, li 221.
- •
QD) D. ne s''a,git pas en effet d'une substl utJoo _pUN et _sim.P!e d''u oe dynastie à
une ,a utre; .mais d•une: houlevenement (ond~tal. p .,0Voqu4 J)M' le triom•,
-'"'- d"'~...... ,.J":"'-.,..::.., 1:-"-Ll.! nntl!I! 'i i'iAr les ib ........1..1.,-.-.ill'! ,A ... ]a 'P ~·e 'Il' ...·~ vu ...
s;m'~ ~n:r:'i~~tJq~;b .r~t.~ro~ms:&n~~=
,~ Î I I I A
ve1 Bmt.
Chapitre Il
450
(41) lftitlô, § 248.
(42) Bayin, p. 1.53 ; - Berb6rie musulmane pp. 11.5, 134.
(43) On voit Rapparattre le compallllOn du Dl'I dâign6 sam doute par Ibn
l;law!ab pour l'assister à Ikpo tout au loog de son apostolat, et prendre lo
cas 6chéaot sa plaœ ; s'il est bien curieux qu'après avoir perdu sa traœ, oo
oe le retrouve qu'à Tahart, au moment où le Dll'i se rend à Sîi.ilmllsa ; -
voir supra ch. r, note .52 ; - d. Iftitib, 1 32, oote 2.
(44) La date précise est dans Bayin p.1.59.
{4S) Iftitib, I 249.
(46) Ibid.,§ 250.
(47) Chambellan pp. 311-312.
(48) Iftitll,, § 2.51.
(49) Ibid., § 2.52 ; - Baylo p. 1.54 : garnison de .500 hommes ; - 'Uy1lo F" 8 :
mcotioone uniquement le nom du gouverneur.
(50) ffiitib, § 2.58.
(.51) Ibid., XXXVII.
(.52) •uy11n r• 8 ; - Chambellan p. 319.
(.53) lftitll,, § 261.
{.54) Ibid.,§ 262.
(.SS) Ibid.,§ 264 ; - 'Uy1lo r• 6 ; - Chambellan pp. 319-320 (Muttam,1 l e ~
et le cadi MarwaoOdl vioreot à Tabart à sa reocootre).
(.56) Voir infra, Ilè partie : Le Gouvernement central, le souverain.
(.57) Bayin, p. 1.58.
(.58) Ibid.
(.59) Officiellancot c'est à Raqqllda que commeoce le Rgne d'al-Mabdi billlh.
Toutefois sa« manifestation» (iuhOr) en tant qu'Imam eut lieu à Sijilmisa
puis à Iklao.
(60) ffiitab, § 259.
(61) Cf. E.I Il (Fitimides), p. 882.
(62) Voir le texte et la traduction de l'invocation dans Iftitàl), § 26.5 ; - voir sur
la hiérarchie du l)udOd al dia et la place du W8'ÏYY eo 3è position aprà
Allah et le Prophète (oatiq), Sira p. 52.
(63) Iftitàl), § 272 et 273.
(64) Voir Infra, llè partie : L'organisation de l'Etat fatimide, Remarques Jrili•
minaires.
(6S) Iftitàl), § 266 ; - cf. la hiérarchie selon les Il)wlo de Safl• qui est celle des
hma'ilieos, dans laquelle les « mu'miouo » sont les croyants ùma•ilieos qui
coofesseot par la langue, en attendant de croire par le cœur pour rue appel~
« tiddiqOn ». Quant aux « muslimOo »1 ce sont ceux qui coofesseot eo pa-
roles et doutent dans leur cœur, c'est-a-dire ceux qui h~tent à embrauer
l'isma'ilisme ou ceux qui le subissent : Marquet pp. 121-122.
(66) Iftitll), § 265.
(67) Infra Ilè partie : l'organisation de l'Etat fitimide ; - Iftitll) § 27.5.
(68) ffiitah, ch. XXXIX, § 278-288.
(69) Ibid., § 261.
(70) Ibid.,§ 278.
(71) Baylo, p. 161.
(72) Iftitib, 1 27.5.
451
(73) Bayan, p. 163.
(74) Ch. XXXIX.
(75) Voir supra ch. I : Les oriaines des Fi\imides, notes 16 et 18.
(76) Voir supra ch. II : L'odyss6e du Mahdi.
(77) Iftititl, § 243.
(78) Ibid., ; - Tabaqlt pp. 199-210 ; - 'UyQn r• ,.
(79) Tabaqlit pp. 214,216 ; - cf. Idris - REi pp. 1'44-1S2.
(80) cr. Berbères n, S21-S23.
(81) Voir sur la réorganisation sociale des K.utama et les « Doyens (mali'ib),
(82) lftititl, § 123.
(83) Iftitili, § 280 et 282.
(84) Iftitlb, § 283.
(8S) Iftitlib, § 286.
(86) Ibid., § 287.
(87) Ibid., § 28,.
· (88) Ibid.,§ 286 ; - cf. Bayin, p. 163.
(89) E.I I( Abo Muslim) p. 18 ; - cf. Révolution 'Abbâslde, pp. 32' sqq. ; -
Laoust pp. 61-63.
(90) BaYin, pp. 167, 169.
(91) Iftititl, ch. XL.
(92) Ibid., § S1 et 289.
(93) Ibid., § 283 et 890.
(94) L 'lftitli1) ne donne pas le nom de l'émissaire. S'agit-il du gouvaueur de
Kairouan?
(95) Iftilib, § 291.
(96) Ibid.
(97) Ibn l;fammado, p. 37-38 atteste le fait. C'est à notre connaissance le seu 1
chroniqueur avec al-Nu'min qui le signale.
(98) lftitib, 292.
(99) Ibid.
(100) Bayiin, p. 166 : plus de 1. 000 hommes.
(101) Ibid.
(102) Supra Ch. li : Les mesures gouvernementales prises par le Di'i ; - Iftitàb,
§ 223,
(103) et (104) Iftitlb, § 293.
(105) A noter ce souci de s'en tenir en matià'e d'interpr&tion de la lari'a au
« i:ahir » (exotérique) pour ne pas indisposer la population au~ au sun-
nisme et hostile à une interprétation ésotérique «halin» de la loi ; - voir
à ce sujet dans E.I ll(Fàlimides) p. 879 l'excellent raccourci de M. Canard
sur la politique religieuse sous les premiers califes et les références bibli~
graphiques ; - voir aussi l'introduction (p. XVII) de Wabid Mirza à son
édition du Kitlib al-lqtisàr du Cà,;11 al-Num'in, Damas 19'7 ; - cf. infra
le développement sur la judicature dans le dernier chapitre consacré à l'or-
pnisation judiciaire, surtout le début intitu16 : « le contexte rclillieux et
mtcllectucl ».
452
(106) Au dernier chapitre, infra : l'orpniaation judiciaire.
( 107) Mais indisposés, les Kutâ111& déjà ulœrés par l'assassinat du DA'l et de son
frùe, ne tardèrent pas à entrer en rébellion dans leur pays : BayAn pp. 166-
167 ; - cf. infra (immédiatement) l'aventure du rebelle al-Miwatnal! dans
le pays des Kutama.
(108) Al-Nu'man passe sous silence ces év6ocments ; pour lui le rôle politico-
militaire du Dl'i prend fin avec l'avènement du Mahdi. Aussi ne rarle-t-il
de lui qu'à propos de la conspiration dans laquelle il trempa et où i eut une
fin tragique.
(109) Bayln, p. 160.
(110) Bayln, pp. 161-162 ; -mais les détails prœis sont dans •uy0n fO 9.
(t t t) Les Saddina ne sont pas mentionnés dans "UyQn ; en revanche ils sont cités
dans Bayin p. 162, awc les Zanata qui 1 sous la plume d'Ibn 'ldiri, englo-
bent donc les quatre fractions tribales cit6cs dans -UyQn : Usflna, Mafna,
Madhana et Sabâra.
(t 12) 'UyQn signale la prise de Téoès sans précision de date ; - BayAn p. 161
signale l'arrivœ du Dl'i à Ténès vcn la fin du mois de Du'l-1:Jaiia 297.
(113) BayAn, p. 166.
(t 14) Voir Iftitib, § 294 où est donnœ l'orthoaraphe execte du nom du rebelle
gr4ce à l'indication de la fraction tribale à laquelle il appartient.
(115) Ibid. ; - cf. aussi Bayln p. 166 où le rebelle est appelé KldO b. Mu'arik et
où le soulèvement est expltqué par le ressenticment éprouvé par les Kutâma
à l'issue de l'émeute de Kairouan.
(116) BayAn pp. 166-167 indique que le rebelle peut étendre son autorit6 à toute
la proVlnce du Z!b.
(117) L'indication précise sur cette première expédition malheureuse diris6e contre
le rebelle se trouve dans 'UyQn f• 11 ; - Baylo, p. 167, sig!)ale la forfaiture
d'un officier fatimide pgoé par le mouvement : Solllt b. Ganda.
(118) Puisque des doutes ont ét6 émis sur l'imamat du Mahdi par les col\Ïurés, il
était donc tout naturel que les Kutima eussent l'idœ de se donner
un « mahdi » à leur convenance qui fOt respectueux de leurs privilèges et de
leur autorité, que le calife fatimide s'était attaché à amoindrir dé1 son avè-
nement et plus tôt eocore dès son passaae à IkAAn avant son entrœ officielle
à Raqqlda.
(119) Al-Nu'min et Ibn 'l!lirt sont d'accord pour placer l'ex&:ution du rebelle à
Raqqada. Mais dam "UyQn, ibid., où la relation est plus détaillœ, le rebelle
fOt exécuté à Iklàn mente par le futur al Ql'im.
(120) Iftitall, § 29S.
(121) Successivement gouverneur à Mila, puis Bàgiya au fur et à mesure que ces
fortecesses tombaient sous les coups des Kutlma, et enfin à Tripoli aprés la
chute des Aah)abides, voir Iftitib, § 13S, 18S, 186, 286.
(122) Surtout BayAn, p. 163 et Ber~ II, p. S24.
( 123) Ces ~tails sont dans 'UyQn f• 11 et Dayan p. 168.
(124) Immédiatement après son retour de l'expédition contre le pseudo-Mahdi
al-Mi!twatnatï chez les Kutarna.
(125) Voir surtout BayAn, p. 169.
(126) Les détails précis sont dans TîtAnl, p. 242.
(127) 'UyQn, ibid.
( 128) On trouve bien entendu dans Storia dei Musulmani di Sicilia, de M. Amari,
2è 6d. revue par Nallino, au volume II, un rœit détaillé de ces évi:nements
que nous utilisons larsemcnt ici, sans négliger toutefois de noWl reporter
453
aux sourœs utili.96es du rate par Amari et Vasiliev, dans Bysanœ et les
Arabes, tome Il, La dynastie mac6donienne, Extraits des sources arabes,
trad. M. Canard, auquel nous nous réfüons tgalement. On complèt«a
notre infonnation par l'apport de quelques textes isma'iliens dont le •uyQn
al-Abbir du Di1 Idris et la Sira de ôawllar.
(129) Vasiliev, p. 231 (Apud Nuwayrl) ; - Storia Il, pp. 16S-166.
(130) lftiti\), § 232.
(131) Vasiliev, ibid. ; - Storia Il, p. 167.
(132) CUytln fO 9 : « GoUVCl'Deur de la Sicile, de la Cala,bre et de la Grande
Terre ... » - Storia Il, 168.
(133) Vasiliev, § 144(Apud Ibn al Alir SOUi l'UMC296) ;-Storia il pp. 168-169;
- sur Ibn Abl Minhàl, voir surtout Tabaqlt pp. 225, 231, 233, 240 ; -
Bayin, 182.
(134) Vasiliev, Ibid. ; - Bayin, 168 ; - Berbms II, 521 ; - Storia Il, pp. 169-
170.
(135) Storia II, p. 171.
(136) Iftitlb, § 295.
(137) Bayin, ibid. ; - Kllrnil, pp. 142-143 ; - Berbères Il, pp. 524-525 ; - cf.
Storia II pp. 172-175.
(138) Supra, Introduction, l'Etat dmiographique et l'équilibre social, note 56.
(139) Surtout Bayin, ibid. : Ibn Qurhub se cache en vain dans une grotte pour
~ister aux pressions que ses compatriotes exeroècent sur lui pour qu'il
prenne leur commaodc:meDt.
(140) A la menie époque le calife •abb1$Ide venait de refuser à Ziyidat Allah m
l'entrée à Bat!dad et de le renvoyer au Maghreb avec la promesse bien vainc
de l'aider à reconq~rir son royaume j voir Iftitib, ch. XXXV, surtout t 242
et 241 ; - voir Storia Il, pp. l7S-l7o.
(141) Le c:Utail sur les étendards et les v~tements d'apparat noirs est dans Bayin,
168 ; - cf. Storia Il, p. 176.
(142) Il s'agit de la prernim expédition d'Egypte de 301-302/914-915 : voir quel-
ques pages plus loin.
(143) Bayinp.171 ;-Berbèresll,525 ;-Storiall,p.177.
(144) K!mil VI, 142 ; - Storia lI, ibid.
(145) Bayin p. 174 ; - cf. Storia II, pp. 178-181.
(146) Ces c:Utails pm:is sont dans Bayin, ibid. ; - cf. Storia Il, pp. 182-183.
(147) Nommé 9ouverneur de Kairouan aussitôt après sou retour de Sicile, il se
distingue en sownettant les Kairouanais à un régime de terreur. La Mebdi
le laisse sévir, asseoir son autorité ébranlée par la conspiration, l'émeute
d'al Q~r al Qadlm et de Kairouan et autres troubles. Voir sur lui et ses abus
de pouvoir, surtout Bayio, pp. 183, 184, 185, 186 ; - voir sur lui en Sicile,
Storia Il, pp. 184-188.
(148) Silim b. Ra!id, d'abord lieuteoant d 'al J;)ayf, fut dé6iané par ce dernier
pour le remplacer à la ~te de l'fle qu'il gouverna cependant 11 ans, de 925
à 936. Cf. sur lui le jugement peu ftatteur d'al·ManfOr dans Sira, p. 104 ;
- Storia II pp. 188-189 et pp. 214-221.
(149) Sur ce thème en général voir E.I Il (Fitimides) p. 873 ; - M. Canard,
l'impérialisme des Fatimides et leur propagande, dans AIEO, Aigu VI,
167 sqq.
(150) Supra, ch. I : la main mise du Dâ"I AbO ·Abd Allah sur les Kutlma.
(151)cr. Espagne musulmane II, La politique nord-africaine de ·Abd al R•broln
m pp. 80-83.
454
isma'llienne et l'accueil favorable qu'ils racrvaleot aux conquâ'anta maghré-
bins conduits par l:lublsa, puis le futur al-Qi"im, voir les poànes, dans
Wulât, pp. 289-290.
(173) Cf. l'opinion de M . Canard dans E.I II (FatiDlÏdes) p. 873 : « Dans aucune
de ces opérations (les trois expéditions) le Fatimide ne semble avoir ~é aidé
dilibérément par une action entreprise de leur côté par les qannates de
Bal)rayn, contrairement à l'opinion soutenue par de Goeje » ; Canard ren-
voie à l'article de Madelung qui, en effet, nie dans Fatimiden p. 46 sqq.
l'existence d'une collaboration entre les Fatimides et les Qannates. Bn réa-
lité, à l'époque où il lançait la preDlÏère expéditio,!l, le Mahdi avait de bons
rapports avec le chef des Qarmates Abu Sâ'id al-GaunAbl. Ce n 'est que plus
tard, après l'échec de sette expédition ,que ces rapports se sont détériora
avec l'assassinat d'al Gannâbi ; voir à cc sujet, infra, mbDe chapitre : Le
Mahdi et le mouvement qarmate.
(174) Sur les corps d'archers turcs et leur utilisation tactique à une époque etus
basse, sous le règne de Saladin, voir Antoine Boudot-Lamotte, Contribu-
tion à l'étude de l'archerie musulmane, Damas 1968, pp. X-XI, 34 ; - sur
l'inexpérience des Kutima à combattre à l'arc, voir 5upra, Chapitre I, note
1S8.
(17S) Bayln, p. 172.
(176) Le témoianaae est dans •Oyen f 0 19.
(177) Poème de 18 ven dans 'UyQn fO 4.
(178) Ibid., fO 14 (fin) - 17 (d6but).
( 179) « KitAb-illihi wa sunnati nabiyyjhi » : cc sont sans doute da raison
de propagande qui ont incité le futur al-Ql"im à supprimer l'expression que
les Isma•iliens avaient l'habitude d'adjoindre confonnément à leur doctriDe
à toute référence à la sunna du Prophète. La fonnule isma•ilicnne courante
proclame l'observance du Livre de la Sunna et du Prophète, et de la Sira da
Ahl al Bayt, confonnément au badil al-taqalayn ; Voir à cc sujet lflitlb,
§ 24S ; - E .I I (Ahl al Bayt) pp. 26S-266 et ibid. (Ahl al Kisâ) p. 272.
(180) Le Da'! Idris relate les deux expéditions dans une meme récit, alon que les
chroniqueurs sunnites distinguent nettement entre elles ; on peut toutefois
établir un repére pour le début de la deuxième expédition, dans CUyQo, au
r•
milieu du 17.
(181) Wullt, p. 292 ;-surlarcconquete de Barqa par AbCl Mudayni, voir Bayiu.
pp. 173, 17S ; - Iftitlb, § 29S.
(182) ltti'i;, p. 103 ; - Berbères II, p. S26 ; - CUyQo, f0 30 ; - Wullt, p. 294,
(183) Berbères, ibid., ; - ltti'~. ibid. ; - Wullit, ibid. ; - Dans Bayin, p. 181-
182, c'est Sulaymàn b. Kifi qui précéda Abu l'Qasim à al-FayOm et 1 al-
Almiloayn.
(184) '!bar IV, p. 89 ; - Le renseignement n'existe pas dans les extraits traduits
par de Slane dans Berbères Il.
(18S) Wulit, pp. 294-29S ; - 'UyQo, r• 17-18 ; - Bayin, p. 18S.
(186) Le texte de la réponse du futur al Qi'im à la lettre de Mu'nis se trou~ dans
CUyQn, f 0 18-19 ; - Quant au poème en rime b qu'il a com~ et qui lui
valut une réponse sur le m&ne mètre et la merne rime du céfèbre épistolier
et poète ~Oli, il est signalé dans Itti'li, p. 99 ; Arib b. Sa'd en donne un
extrait dans Mahdi, pp. 177-178 ; - Sur les partisans des Fa\imides eo
Egypte pendant les deux expéditions, voir les précieux renseignements dans
Wu!At, pp. 291-292, 296.
(187) lftitab, § 29S et 297.
(188) Espagne I, pp. 247-248 et II, pp. 91-92 ; - BayAn pp. 176-178 ; - Bakri,
pp. 90-99.
456
( 189) Voir E.I. n (ldrisides), p. 480 ; - Bcrb6rie Musulmane, pp. 121-125 ; -
Espaanc, Il, pp. 81-82.
( 190) Espagne Il, pp. 78-110.
(191) Supra, meme chapitre : Les expéditions punitives dans le Maghreb Central.
(192) Espagne, n, pp. 91.92; - Bayan, pp. 179-1so.
( 193) E s ~ II, pp. 93-94 ; - Berbères II, pp. S26-S27 ; - Bayin 179, 183 ; -
Bakr1, pp. 9S-96.
(194) Il y a quelques indicatiooa sommaires sur cette expédition dans BayAn, pp.
191-193 ; - Bcr~cs Il, pp. S27-S28 ; - ltti'~. pp. 104-lOS ; -
Ibn l:{ammado, pp. 25-26. Le ffi:it le plus complet et Je plus détaillé est dans
<\Jy0n, fO 19-28.
(19S) Voir Supra, meinc chapitre, L'odyss6e du Mahdi : Ôa'far b. 'Ubayd, dit
Su'IOJc, esclave d6vou6 du Mahdi et charp par lui de convoyer les femmes
du harem ; - voir sur lui, Chambellan, p. 286, note 3.
(196) CUyOn, f• 2S : le corps d'ar<:hen qui participe à cette expédition appartient
allll éléments réguliers des Ôund Ifriqyicns qui étaient plaœs sous le com-
mandement de Ualll b. lsl;liq.
(197) BayiD, p. 193.
(198) CUyQn, fO 28.
(199) Espagne, II pp. 94-9S.
(200) Ibid., pp. 9S-97 ; - Bayin, pp. 199-200, 201-202, 204 ; - Berbères Il, S28,
où l:famld b. Yll$1ll est appelé Allmcd b. Islitcn ; - ' UyOn, f 0 29.
(201) Supra, meme chapitre : La moite de Sicile.
(202) Vaailiev, p. 103 (apud Chronique de Cambridae) ; - Storia II, p. 200.
(203) BayAn, pp. 187-188 ; - Vasiliev, ibid., ; - Storia II, p. 201. Le nom com-
plet de l"officiu slave est cité ainsi uniquement dans 'UyOn, fO 29.
(204) BayAn, p. 190 ; - Clwnbellan, p. 286-287 ; - Vasiliev, pp. 103-104 (apud
Chronique de Cambridae) ; - Storia Il, pp. 201-204 ; - CUyOn, f• 20.
(20S) Storia II, pp. 204-206 ; - cf. E .l Il (Fatimides), p. 873.
(206) CUyOn f• 29 ; - Baylin, p. 192 i. - Vasiliev, p. 231 (apud Nuwayni), p. 104
(apud chroruque de Cambridge,, p. 223 (apud K itib al CUyOn), Storia Il,
p. 207.
(207) BayAn, p. 193 ; - Vasilicv, p. 104 (apud Chronique de Cambridge) ; -
Storia Il, pp. 207-210.
(208) Bayin, p. 194 ; - Vasiliev, ibid., ; - Storia, p. 210.
(209) •uy0n, r• 29.
(210) Voir supra, Chapitre I, note 31, et chapitre Il : L'odyssœ du Mahdi.
(211) Cf. Mahdi, pp. 211-212 ; - Fatimiden, 46-48 ; K.a!f, 200-201 ; - Laoust,
142.
(212) Le récit le plus complet de la carriùe d'Abo Sa'id al Ôannibl est dans ltti'N,
pp. 214-221 et 'Thar IV, pp. 88-90.
(213) Laoust, ibid. ; - Filimiden, ibid. ; - Mahdi, pp. 21S-218.
(214) Supra, meme chapitre, note 184.
(21S) Supra, même chapitre : La deuxième tentative contre l'Egypte. note 180.
(216) Sur les événements bien connus des années 31S-316 qui JD&rquèrent la grande
offensive qannate dans la région de Koufa, et que ponctuèrent leurs raids
spectaculaires contre les caravanes de pèlerins, Je récit le plus détaillé et le
plus suggestif de la collusion entre le chef qannate et les Fatimides d'lfriqya,
est dans Itti'i:i, pp. 239-247 ; - voir dans Ka!f l>P· 212-213, le texte de la
lettre de meoacea adressée par Abo Tihir au Calife 'abblsside.
457
(217) Supra, memc chapitre : L'odya6e du Mahdi, note 17.
(218) lftitib, § ISO ; - Ka!f, pp. 207-211, 213-216.
((219) KaJf, pp. 214-21S.
(220) Il s'agit du fameux faqih isma•ilien auteur d'ouvrages de blltin et aUS$i poète,
Oa'far b. Man$0r al Yamao : voir sur lui surtout Sira 193-194, note 429 ;
- Mu'izz, pp. 268-272.
(221) Kalf, pp. 216-219.
(22) Ibid., pp. 219-221 ; - oo possède sur la dynastie des Suler~ un OUVf88D
en langue arabe bien documenté et digne de confianœ de ~usayn J;{amdlnl
et J;lasao Sulayman MabmOd, intitulé : « Al~ulaybi~n wal baraka al
ïatimiya fi'l-Yaman », Caire 19SS, que nous avons utili96 awc profit dans
la thèse compl6mentaire.
(223) Voir 'UyQn, f• 32; -Iftitib, 0297, notedel'analy,eet note 4du texte arabe.
(224) IDitlb, § 296 ; - voir Infra : L'Organisation militaire, la marine fitimide.
Chapitre Ill
(1) Sur AbO Yazld, la bibliographie est abondante. Aussi se bornera-t-on à mi-
voyer à l'article de Le Tourneau, « La moite d'AbO Yazld au Xè si«le »
dans cr, n• 2, 19S3, qui utilise d'une manière exhaustive les chroniques
sunnites et les sources iba,;lites. Les sources isma6ilieoncs ont été mises à profit
par S.M. Stern, dans B.I I (Abo Yazïd), pp. 167-168. Mais nous nous réf6-
rerons pour le détail à la chronique du Dâ'i Idris 'UyQn al-Abbir, dans Stem
a donné un résumé.
(2) Voir supra, chapitre II : L'odys.1':e du Mahdi.
(3) Dans Bayâo, par exemple, l'histoire d'al-Qi'im n'occupe que trois ou quatre
P88'C5 ; dans I tti'â;, à peine deux ; c'est AbQ Yazld qui intéresse les c:hroni-
qucurs, aux dépens du souverain fatimide.
(4) Voir les détails sur Je deuil d'al Qi'im dans Bayin, p. 208 • - sur Je 'ilm al
badatan, le Ôafr et les récits prophétiques dans la littérature ii'ite, voir Iftitib,
§ S6, 60 et cf. B.I., m (Malil;lim) pp. 200-201, B.I., I (Djafr) p. 1022, B.T., m
(Al-Mahdi), p. 118.
(S) Iftitib, 0 298 ; - Kimi1, VI, p. 238 ; - Berbères 11, p. S29 ; - Vasiliev, p.
231 (apud Nuwayri) ; - Bayâo, p. 209 ; - ltti"âi, p. 108 ; - Storia II, pp.
211-213.
(6) Voir Bayin, pp. 209-210 ; - ltti'U, ibid. - Berb«cs, ibid. ; - cf. Espagne
pp. 100-102.
(7) Bayin, p. 209 ; - Ittt..ai, ibid. i,- ~bèrcs, Il, p. S30/ Cc n'est pu l'avia do
l:lasan Ibrahim l:lasao, et Taba :sarar ,qui dans Mahdi, pp. 181-186, affirment
que la 3è expédition contre l'Egypte a été Janœe par le Mahdi Jui-mbnc peu
de temps avant sa mort, et fondent leur affirmation à tort sur le récit d'al-
Kindi dans Wulât, pp. 300-302. Lisant mal le texte d'al-Kindi, les deux cbct-
cheurs égyptiens commettent une grosse erreur et coofoodent le chef d'une
faction du Gund égyptien avec un hypothétique officier du Mahdi, du nom
de J;faba!i b. Abmad. En fait ils font un contrsens sur le mo~ « mapriba » et
l'interprétation de la phrase suivante : tumma oazaia 'l-.3aytânu bayoai-
iuodi fata farraqu firqatayni : fa kana 'ala abli 'l-larqi minhum bablcawayh
wa 'ala'l-maiariba l:labdl b. Abmad, wa'itama'at kullu firQ§tin •ala qittili'l-
'ubra ... ». Il s'agit bien, on le voit, d'un conflit au sein du Ound égyptien.
(8) Wulat, p. 305.
(9) Ibid., pp. 30S-307.
458
-
459
(3S) Dans 'UyQn, p. IS : le mardi 12 nuits molues de Rabl' 1• ; - dans Balcrl
p. 31, le 10 du mbDc mois. Mais dans les tables de Cattenoz, le mardi tombe
le 8 d u marne mois.
(36) 'UyQn, pp. 14-15 ; - Révolte, p . 115.
(37) ' UyQn p .. 16. - Sur l'austérité et le rigorisme moral du barilismc à ses débuts.
voir E.I. Il (Kharidjite), pp. 9S7-961 par Levi Della vida.
(38) 'UyQn p . 15 ; -Balcri p. 31 mentionne al Abawayn où fut tué« Maysara ,, .
(39) 'UyQn, pp. 17-18 ; -Tiiinl p. 325 ; - cf. Sira p. 128, n• 263.
(40) 'UyQn, p . 18.
(41) 'UyQn, pp. 19-20 ; - Sur la plaine de TarnQ\ à 6 miles de Mahdiya où campe
AbQ Yazld et les prédictions qui s'y attachent, voir Bakr! p. 31 ; - Bayin
p. 219.
(42) Iftitlih, § 293 ; - Sira pp. 78-80 ; - 'UyQn, p . 20.
(43) Baylin, pp. 217-218 ; - Riyâc;I-REI X, pp. 80-87.
(44) lftitAh, ibid. ; -TiiAni, p. 371 ; - Bayàn, p. 218.
(4S) Le texte du sernom d'al-Qâ'im prononcé par al-Marwarril!li existe dans
pp. 20-21, et Sira, ibid.
(46) 'Uyun, p. 21.
(47) Ibid.
(48) 'UyQn, f• 22-23 ; - Bayàn, p. 2 18 : Bataille de Wiidi 1-miQi.
(49) 'UyQn, ibid. ; - Révolte, p. 118.
(SO) 'UyQn, p . 25.
(SI) Révolte, p. 119.
(52) Zone agricole dans la région de bgbouan ; - Les habitants arabes du Cap
Bon expulsèrent de leur pays les Berbères qui s'y étaient fixès depuia lon~-
temps et qui se rallièrent à la cause d'AbQ Yazid : voir 'UyQn p. 29 ; - L',.
xistence des BanQ Saltlin dans la mlme région est attestée, avec la graphe,
SalatAn dans Riylic;I-REI, p. 170.
(53) 'UyQn, fOO 27.
(S4) 'UyQn, p. 28.
(5S) Ibid., p. 29.
(56) Ibid. - C'est à al Qll$r al Qadhn que se fixèrent les KutAma au lendemain de
la conquête du pays. A leur tour les Berbères d'AbO Yazld s' installèrent dans
la memc ville résidentielle, chassant les Kutlma comme ceux-ci en avaient
dologé les éléments de l'aris tocratie aâlabidc.
(57) Ibid.
(58) Ibid., p . 30.
(59) Ibid., p. 31.
(60) Ibid. ; - Révolte, p. 1 JO.
(61) 'UyQn, p . 32.
(62) Ibid.
(63) Ibid., pp. 32-33.
(64) Sur les malheurs endURS par Sousse pendant le siége, cf. Bakrl, p . 35 ; -
voir aussi John Hopkins, Sousse et la Tunisie Orientale médiévale, dans C.T.
n• 31, 1960, pp. 89, 94.
(6S) Al Qi'iro mourut le 13 Sawwlil 334/ 17 mai 946. Voir l fti~1 § 300;- Bayin,
p. 218 ; - Itti'az, p . 126 ; - Kâmil, p . 317 ; - voir dans Maililis pp. 24 sqq.
COJllDletlt Al-Mu•izz évoque la révolte d'AbO Yazid, glorifie al-Qi'im et les
combattants morts pour la cause 'Illide.
460
Chapitre IV
(1) C'est l'ouvrage isma'ilien de « bâlin », Kitâb al-Azhâr » du da•i l;Jasan al
BahrOiî, éd. Adel Awa, dans Jsma•li Se!ection, p. 334, qui nous ~ e t d'é-
tablir cette date approximative. AI-Man$Or mourut en effet fin Sawwal 341
à l'âge de 40 ans 1 mois et 21 jours ; - le Bayân donne deux dates : l'année
299, p. 167, et l'année 302, p. 218 ; - Ibn l;lammâdo1 p. 39, donne les deux
dates du Bayi!n ; - Itti"ai p. 129 donne trois dates : ,01, 302 ou 303.
(2) Infra, Dè partie, ch. I : Investiture.
(3) Sira, pp. 89-90.
(4) Cf. Divers témoilPJllaes sur la sombre époque d'AbO Yizid dans Magalis,
pp. 409, 424 ; - Manâqib, p. 60.
(5) 'UyQn, p. 26.
(6) 'UyQn, p. 33 ; - ffiit11), § 299 ; - 7 ~ ; - Sira pp. 53-$6, note 35 ; - cf.
Ba)'ln, p. 218 ; - Ibo l;Jammido, 21/37 ; - Berbères, Il, p. 535.
(7) 'UyQn, p. 38.
(8) Sira, p. 62.
(9) Sira, p. 77 ; - Selon le Kitâb al Azhar, de Adel Awa, <>e· cit. p. 189, al-
M~ur (non le cadi al-Nu'min) a composé un ouvraae iolltulé « llbilt ima-
mat mawllna 'Ali b. Abl Tlilib ».
(10) Sira, p. 90.
(Il) Révolte, pp. 120-123 ; - 'UyQn, pp. 26-86.
(12) 'UyQn, p. 38.
(13) Ibid.
(14) Ibid., p. 39 ; - Tigânl, pp. 27-28 ; - Berbères ID, p. 209.
(15) 'UyQn, p. 40.
(16) Sira, p. 62.
(17) 'UyQo, p. 41.
( 18) Voir sur le parasol, insijPIC de souverainet6, infra, llè partie, ch. I : Titulature
et marques de souveramet6.
(19) 'UyQn, p. 42 : le texte donne la leçon « qaryit bwns », soit un « b » au lieu
d'un « m » .Est-œ la leçon exacte ?
(20) Bakri, p. 54.
(21) 'UyQn, p. 44, donne la leçon Qudam ; - cf. Ibo l;Jammëdo p. 25/43 donne
une leçon « Mudim » appropriée à l'onomastique slavonne ; - Berbèia II,
p. S37 donne Merah leçon fautive ; - Qudlim et Markll!iyOo sont-ils des
transcriptions arabes de noms latins ? Que siSDÎfierait donc, dans ce cas,
l'attribution à Marcus dans « MarkaliyQo ? ».
(22) 'UyQn, r•·4S.
(23) Ibid., p. 46.
(24) Ibid., p. 47.
(25) Sira, pp. 63-65 et note SS : les P,récisioos apportées par le di'i Idris dans
'Uyun p. 49. expliquent donc la difflcult6 notée par M. Canard au sajet d'une
patation exacte de la bataille. L'explication proposée par H.H. Abdul Wahab
et consistant à corriger « yawm » en « sOq » (consi~ dans Sira, p. 233,
dans Additions et Corrections) est 6videmment erronée.
(26) 'UyQo, p. SO.
(27) Sur le cad,i Ibn abi'l-M&niOr (variante MaD$0r), voir infra llè partie, ch. IV,
sur L'organisation judiciaire : lj_ cadi en chef, note 32: - sur ôa•far le cham-
bellao, connu sous le nom de ua'far b. 'Ali ,voir supra, ch. Il L'odyllS6e du
481
Mahdi ; voir aussi infra llè partie, ch. I, sur l'organisation politique : la
dignité de la biilba, notes 91 92, 98, 99 ; - A noter la ~ dans la
hiérarchie de l'Etat du ragg de Ôa'far sur celui du cadi en chef. Auteur de la
Sira qui porte son nom, Ga'far, fidèle serviteur du Mahdi depuis son acœs-
sion à l'imamat, teoait en effet auprès des Imams le rôle d'un serviteur privi-
léfié et sans doute un haut rang dans la hi«archie isma'iliennc ; - d. sur
lw les appréciations judicieuses de M. Canard dans Chambellan, p. 323 ;
- sur la fiscalité fatimide, voir Infra IIè partie, Cb. Il, sur l'orpoisatioo
financi«e, Les ressources du Tr~or Public : les impôts et le fisc.
(28) 'UyQn, p. 54.
{29) 'Uyilo, ibid. ; - Espaaoe Il, p. 104 011 Lévi-Provençal mentionne '::"Jel'CmeDt
l'ambassade coodwte par AyyOb. Aucune information o'y est do sur la
teotative d'ioterventioo de la marine wnaiyade sous les ordres de soo fameux
commandant Ibo al Rumlibis que seule la source isma•ilieooe signale,
(30) •Uyilo, p. SS ; - cf. Sira, p. 88 où Ôaw!lar signale à une date iodétennin6c
une ambassade byzantine aupr~ d'al-Mansilr qui est probablement la meme
que celle signalée par le dâ'i Idris. A ooter tout de meme que la lettre contc-
oant la référence à l'ambassade est insérée par le rédacteur de la Sira à un
endroit qui correspond à la fin du ~gne d'al-Man$0r ; - M. Canard signale
cette ambassade de l'aoo6e 33S/946 dans B.I Il (Fitimides), p. 873.
(31) 'UyQo, p. S4-SS ; - cf. sur la fondation de Mansuriya et soo développw,eot
Idris II, pp. 425-427.
(32) 'UyQo, p. SS-S6.
(33) Ibid., p. S6 situe Qastwyya à une étape de Tobna sur la route de Biskra. De
quel castellwn antique s'agit-il ? - Voir Essai d'identification par Stem,
dans « Three North-Africao Topo~&hieal ootes », in Arabica 1954, p. 34!1,
« Castrum near Roman place, M cita ».
(34) 'UyQo, ibid.
(3S) Voir la région du Hodna, Idris Il, pp. 482-486.
(36) 'UyQn, pp. S7-S8 ; - ce sont les combats évoqués dans Sira pp. 71-74.
(37) 'UyOo, p. S8 : eo fait l'Emir des Mairiwa Mubarnmad b. U:uar a ~ un
de ses fils Ya'qOb à M'Sila pour faire acte de loyalisme ; -cf. Ibo J;lammido,
p. 28-47.
(38) •Uyun, p. 60.
(39) Ibid., p. 61.
(40) L'hostilité du Seigneur des Matriwa à Abo Yazid, chef des Infra, trouve soo
explication dans l'opposition ancestrale au seio du aroupe ~te cotre deux
clans tribaux rivaux. L'Emir des Magrawa, le clan qui détenait au seio du
groupezénète les attributs de la souveraineté« sulta », « riyisa »ou« siyida »
prit sans doute ombrage de la réputation de chef acquise par Abil Yazid et
ce la gloire qui rejaillissait aiosi sur la branche rivale des Ifrao.
(41) •uy0o, p. 62 ; - cr. Berbères lll, p. 232, 011 est évoqué brièvanent le conllit
entre Abil Yazid et Ibo ijazar.
(42) 'UyQo, ibid,
(43) •uyan, Ibid. ; - Révolte, p. 121.
(44) •uy0o, ibid signale que la ville antique de Udna à laquelle toute la régioo du
Hodna doit à coup sQr son oom, était tornb6e en ruines. Le JDbne reoseigoo.
DXot est dooné par Bakri, p. 144 et Ibo ):larnmido p. 31/SO ; - d. Idris D,
pp. 48S-486.
(4S) 'UyQo, p. 63.
(46) Ibid., p. 65.
462
(47) DJid., p. 6' .~- Le ml.me remeipement, sur l'action de Ziri et de OaMU
1
· con·trc les Huwwara de Gad1rwin se trouve dans Ibn l:lammâdo -p. 32/52 ;
à noter Ja ·simiHt~~e ~ .'lf:~.Z!· ridt. d'.l bn Uammldo et ,celui que. · dl1' Idris.
donne de la. batwUe. de K 1Yana•.
( 48) Le t·exte. de dOU!lt sermons.se,g:our~.•~ dam '*UyQn p.. 17..ff ; - · voir. dus Sira
p. 6' la .l ettre d''al-Mantar à u .arwdaf
·(49) ·' IJyQot p .. 70..Tl"
(,0) Ibid~, pp .. 71-14~
(.5 l) Ibi4~, pp" 1+1,:, :- :n,nu ·amm1.do pp. 34 ~5/~ . - Berbàa.m;, p... 2.i 1 :
-Strap~A-7~
,(.12) Dam ~u,an ftt77•19; la lettre .de victoire. Q.u i. ,oontîeat le .r &H _de la demiète
bataille ; ........ .
1 • 1 • ,._p. 85. al..Manltlr :P,ocmJlae SOD aœeasiOD of&cielle au ,cali.-
. •
[~t -=.
='"1 ibid.~ P. •. ~' inscr.1p~ion de . ~ la ti't.u lat~ califie~.1.10 sur. les .· ~. p.Œèces du.
îll'lz ,ec les .monatcs ; -votr aUSSi sur le derruer re:nse;j~t e.t les dloeu-
.r mnts ~el! œ·6bnm.t ,la vict,olre. Sin. Pl'··74,. 7~ et. 88 ;, - ~~ l;J'~do
pp•. !6/S7 où 11 .faut cornsw Turaz tndu1t par ordoœuœs eJI Turu pt-une!
de Tnz.
(53') CU'v~u ·.·· • a~
Ro, ,pp .G<"f ~ -
. V"'Of ,i Bet-L~
.. ~ A 1 m
·
, • 211..:212.,.
t p·p.·,
(.54) Voir· notamment JUvo.k~ p. 114 • -cf. dans. Berbé .. rie mu,ulma.ne, p.pp_• ,..,1.,0..
151. oo G. Marçais mi't l 'aœent.sU.r les raisom poliûco.-sodaks de la ribellion ·:
« le reH,gjion ·OU la ,d6fense du pays :SCFW"tït de lritextes i ces sursauts de jac..
quer.ie».
(·c:a
.;,.,, uyQ.1ii,. p ...s· nu t ·- -· La
01 "'
· . -"' '11'"
H,ïJhilque d.!l!AbQ y· az
L : .
· d· . se ,;g~ç, .1.w-.:..ii--
- ..u'.1-- !!i1T111~ à ,.,. ......il.
t. · 11 alt1tuu.ë·
des, Uariiitcs arntmeunmeat à la. s6cessioli de Harlra. c',e st4~ avaot
racœptation ,~ l'arbittaae.par •>;JJ, lorsqutil:s combattaient dam SCI, f ~ I
coen: M·uCfiw~ et ses pam~ les. 8'DS du Aim " sur œs év6oemcnts, vo.tt
B.I.. D (Kharidjites) pp,.. 157..PSI\, par Lm Delta V,d ··.' et Laoust. pp. 1l-l4·..
(S6) -UyO.n; ihid.
(S1) Waratat, PPœ43M31.
(58) Bs.,_pe Il, pF 1041 note .l F
(59), CU)"Dn. P r 8,l ~
,(60), lbi.d •• p. 80.
(6 J)i a. ·ur r ·ve ,tare du Mahdi Ibn. TOmart 1~ar.liele ,de livi.-:Proveoçat:,, « Nota.
,d,i!i • toire ...ll....ofiade
. _ AQ..U _ _ _ .. . . T, ',,,,_d
;; Ibn ....i...t· CA1:....1I
·~.MA,1, • !!.oil, m M
...:UU .-~ ...;. le
··. "U.;.~lll!PQI,. __ .
raldh
. .
d· u. . 9n..
uS ·e t
c « lambeau da Almohades », dam. Man.orial Henri 'Basset D,. 'P IHE~ L
xvmr, pp.. .21-.J1.
(62) ~yant, pp. 87-88~
('3) Berbères DI. 23,I,.,232;. et li.• p,. 539 : - · ef: Espagne Il;. p. 102.
(64) ·su-yen,, ibJd. ;-cf. ~bèra Il, S40 1et ·1. ~41 où est J:lm!timm4e.l t ~:p üon
latine.. U ·s•ag,t ·t n fut de la feJRme de J'ostœnum et .non de .sa. 8*e.. Solomon
a. donc ·poussé ses. colonnes all$Si loin a·u confins du MQhreb œntralj au
Sud de 'Ti.hart :, - ic f•.sur la J)al'1ification du Mqbnb ,central par loionmn,
surtom .Diehl, Li'Vlie I, ieh. 3, pp.. 51..9,3,
(65) CUyDD, P.P1r. 88~8 bis..
(6') lb" d..:t p. 88 bis.
(67) Ibid. :.. - cf.. Ibn Uammado;. PP~ 'J6e37/51·S8.
(68) --uy&a, ,~ 1., ~ - Berbères p. S41 e1 u:. m.p. 212
(8,)1CU~ pp, 89·-"1~
(70) Ibicl,1·pp. gl-94.
,(71) Le texte des deux sermons se trouve dans •u,o:a p ,~ et Sn pp. 8047'.
483
(72) 'Uyun, p. 91.
(73) Iftitill;l, § 299 ; - Ibn l;lammâdot pp. 39-40/~I ; - ltti•â; p. 129 :
fin !awwill et 23 !awwâl ; - La fin sawwiil tombe le 19 mars 9S3 .
(74) Voir supra, memc chapitre note 29.
(7S) Espagne II, pp. 106-107.
(76) Wulilt, p. 306 ; - voir aussi E.l. II (lhkshibidcs) p. 486--487 par Ch. Becker.
(77) Voir Mu'izz pp. 70-71.
(78) Sur Je conllit entre Ibn IU'iq et l'IblJd, la confirmation de ce dcmicr comme
Emir d'Egypte par al-Muttaqi et sur son sua:esseur son fils ·UnuiOr, voir
l'excellent rM:COurei dans Wulât, pp. 307-312.
(79) Cest Ibn l;lammido p. 31/Sl qui donne les noms des deux missioanaira
isma'iliens.
(80) Sur les Buyides eo gâlâ'al, et en particulier au sitjet de la mainmise de Mu"izz
al-Dawla sur l'Etat abbasside, voir E.I I (Buwayhides ou Buyidcs) pp. 1390-
1397 par Cl. Cahen.
(81) Ibid. ; - cf. Laoœt pp. ISO, 164.
(82) •uyan, p. 101 ; - ~ f pp. 218-219.
(83) Itti'âi pp. 24S-246 ; - 'lbar IV, pp. 89-90 ; - Laoust pp. 142-143 ; - Sous
l'année 339, Bayiln, ~- 220, attribue ~angèrement au Fatimide al-M'•OfOr
la restitution de la Pierre Noire aux Mecquois, au coun d'un voyatllC qu'il
aurait effectué en Orient !
(84) Sire, p. 102.
(8S) Ibid., note 184; - Vasiliev, p. 1S8 (apud Ibn a1:A1Ir) ; - Storia II, pp. 240-
243.
(86) Sira pp. 103-104 ; - cf. Storia Il pp. 243-247.
(87) Vasiliev, ibid. ; - cf. Storia Il, pp. 279-280.
(88) Sur 1'6cbaoge d'ambassades entre Cordoue et Bynnce en 338/949, voir Elpa•
gne II, 146-147 ; 149-IS3 ; - Sur l'offensive byzantine de 339 en Sicile, voir
Vasiliev, ibid. ; - Storia II, p. 280.
(89) Le Kitib al •Uyon wa'l-l;ladil'iq, dans Vasiliev p. 224, signale qu'ai ManfQr
dirip lui-mente l'envoi des unitâ de la marine en renfort à Ibn al Kalbi ;
- sur les év~ents de 340/9Sl, voir Vasiliev p. IS8 (apud Ibn al Allr), p.
IOS (apud chronique de Cambridge) ; - Storia II, pp. 280-281.
(90) Vuiliev, p. IS9 et pp. 160-161 (apud Ibn al Alir) ; - Babèrcs II, p. 3SI ;
- cf. Storia II, pp. 281-286.
(91) Sira, p. 88 ; - Vasiliev, p. 224 (apud Kitlb al-'UyQn).
(92) •Uyan, p. 100.
(93) MaJilb II. pp. 43-44.
(94) Révolte, p. 123.
Chapitre V
(1) Maiilis II, pp. 467-468 et S38-S39 ; - cf. la sollicitude du Mahdi à l'égard
de son petit-fils al-Man$Or dans Maiilis, pp. 616-617.
(2) Ibid. II, pp. 467-468.
(3) Ce sont Ma'add (al-Mu'izz li-dln illlh), J;laydara HiJÎl11, Tihir et AbO 'Abd
Allah al J;lusayn : voir ltti'i;, p. 133.
(4) Le texte d'al-Nu'mln est reproduit dans 'Uyun, pp. 87-88.
464
(6)
(1)
(8)
(J)
(Hl)
(tJ)
(12)
(Il,)
(14)
(1.5)
(Uij
(l7)
(18)
465
(19) Mdilis I, p. 256 ; - cf. la conception isma'iliennc de l'bnamat, à propos
de la désignation de 'Ali comme wqiyy, dans Da'a'im, pp. 21-26 ; - cf.
développement similaire sur l'imamat de 'Ali désigné conune Wll$iyy, dans
Kitab al Azhar. in : Adel Awa, Isma•ili Selections, pp. 226-227 ; - La COD•
ception isma'ilienne de l'îmamt est affirmé dans diverses proclamations
officielles et les sermons prononcés par les souva-ains fatimides ; cf. notam-
ment Iftitil), § 268 ; - Sira pp. 83-84 ; pp. 115-116 ; - 'UyQD, pp. 68-69
et 9S-96.
(20) Voir certains aspectS de la propagande fltimide en Espagne musulmane,
dans F. Dachraoui, Tentative d'infiltration li'ite en Espagne musulmane
sous le ~gne d'al-IJakam IL in AI-Andalus, fasc. 1, 1958, pp. 100-101.
(21) Espagne Il, pp. 96-97 et pp. 104-107.
(22) Ibid., p. 108 ; - lftitlh, § 302 ; - Malilis I, pp. 239-241 ; - cf. Storia IL
287.
(23) Bcrbêres Il, p. 542.
(24) Infra, m!me chapitre : L'affaire de Crète.
(2S) Maiilis V, pp. 242-247.
(26) Espagne m. p. 70, note 1.
(27) MaAâlis I, pp. 248 sqq ; - Les accusations port6es par 'Abd al-R.atunin m
contre le résime fatimide et que réfute al-Mu'izz ne sont pas sans rappeler
celles que le dynaste de Siliimâsa Ibn WâsQI formulait sur le compte de
!'Imam d'lfriqya et que celui-ci s'attacha à ~futer en présence d'lbn W1$ul,
lors de sa captivité à M8°'uriya ; voir à ce sltjet : Ibid. Il, pp. 355 sqq et
572 sqq.
(28) Ibid. I, pp. 284-285 ; - Sira la résistance des royaumes de Léon et de Pam-
pelune aux tentatives d'expansion umaiyades, voir Espagne Il, pp. 65-77
•
(29) Voir Bayin, p. 222 ; - Berbères II, pp. 543-544 et m, pp. 214-21s.
(30) M•ialis IL pp. 24 sqq.
(31) Voir infra Ilè partie, chapitre III sur l'organisation militaire ; La structure
ethnique de l'armée, les Kutima.
(32) MaAllis Il, p. 32.
(33) Ibid. Il, pp. 35S sqq, et surtout pp. 497 sqq, où Mu'izz associe dans l'erreur
et l'éP.J°ement l'Umaiyade d'Espagne, le dynaste de Sililmisa et !'Emir
Idriss1de de Fèi ; le souverain expose longuement les avantages de l'o~is-
sance aux Fatimides que Dieu a élu pour 80uvemer, la légitimité de leur
pouvoir et l'illégitimité de celui des Umaiyades. Ce sont, dit-il, les ennemis
de notre aleul le Prophète, ceux qu'il avait chassés et sur lesquels il avait
appelé la malédiction divine ; ce sont le parti du diable, ses soldats. alors
que nous sommes le parti d'Allah. Dieu a promis la victoire à ceux qui sont
de Son parti ... le parti du Prophète et de ses descendants, les Purs ... ».
(34) Sur ce juriste et cadi espagnol originaire de Jean qui fut secrétaire du cadi
de Cordoue AbQ Bakr b. Maniur avant de devenir plusieurs fois ca4i, no-
tamment à Grenade où il mourut en 1093, voir Espagne m, p. 80.
(35) Bayi!n, p. 221 ; - ltti~ pp. 134-135 : « 'alil matialluhu wa $ira fi rutbati
1-wizira ».
(36) Berbères III, p. 214.
(37) Sur le sort traaique de Ya'll et de son frère, MeAllis Il, pp. 64 sqq.
(38) Espagne Il, p. 109 ; - cf. sur lui la note que nous avons donnée sous le
titre de « la captivit~ d'Ibn Wislll le rebelle de Siiilrntsa », dans cr 1956,
n• 15, pp. 29S-299.
(39) Berbères Il, p. 543 et I. pp. 264-265 où l'auteur reproduit une citation d'Ibn
l;Jazm dont le texte difl'à"e de la courte notice que celui-ci dOIIIIC dans Naqt
466
ail,.~, p. 1,. .~ -"' ~ !9S1:, ot, les pikes fnppks ,par lbJ1 Wlstù IODt
appelées « maPq,11 llkiri.:,a »·.
(40) Malaüs ·o, p. 2"~
(41) Or mw.uJrnan, ~ lSO
(42} l'tû~ Pm 135 ; - Berbkes :n·, p. 543~
(43) Berbkes Il, .PP· 54.3..544. ;-Selon M'ailHs U. 28, ~ -q , la ,Q,ellion d"Abmad
b ~t,'.l Bakr 1C Oll'ID1fflÇ8 __sous al Q.a'im qui le dl:fif ,èt le garda prisonnier.
AJ..MaDIOr le rmût en. iberté et lui accot.da grlee. Quand de nouveatJ .l'Jd...
1
risside r6pufdia rautonté des Fitimides pour reconnaitre cellé dos, umai..
11- ·sommeil troubl~ Ses a~h.....lDj·: · ·
.,-~ de Cordoue
'11.111!11.;11a.e . . . ,..al..Mo'izz
. ____en ,......
..."" w . . l'-'Y.J.'~ a u m
.1 1 ~ t lonqu~il le ·v it à pnoux ,devan·t lul à Mantnriya implorant soa
J)ardOD ..
(44) Es_pa,;ne.Il, p. l 10 ; ---- M'alUs, pp. 326.--f fl ..
(45) llayan, P·.. 221.
(46) Sur-~ dort de redrasc.meau mUitain entrepris pu rampenur Omstan-.
,(47)
lTa~~:~s:e.~•fi:~ji:mioire
tin VII. , ,oir. surtout le chap,J.tre m de 1•6tude exhaustive coQS&Cr6e am
468
(80)
(.81.)
(,12)
(:83)
(84)
(15)
'~
(8,7)
(88)
(89)
(9G)
(91)
('2)
(9-3)
(97)
(91)
489
(99) On sait qu'al-MIUlfllr naquit à Mahdiya d'une mà'e d'origine servile« Umm
walad », Karfma, d'aprb Ibn l;Jammado, pp. 21/37. Quant à al-Mu'izz, il
naquit à Mabdiya d'une mère à coup sOr d'origine servile elle aussi, une des
trois « umm walad » de son P«C al-MIID$1lr sipuil6cs dans ltti"h p. J33.
Ces deux monarques sont donc ifriqyicns par la naissance et par le sana m
patrie.
(100) Voir E.l I (Buwaybides ou Buyides) par Cahen pp. 1390 sqq ; - d. sur
l'attitude iœfiante et hostile d'al-Mu•izz à l'égard des l;Jamdinidcs, voir
ltti'lz, pp. 141-142.
(101) Voir C&nard, op .cit. ch. m.
(102) Voir E.I. (lkhshidides) pp. 486 487) par C.H. Becker, et E ..I. Il (Klftlr
al Ikhshidi) pp. 663-664 par N. SOBERNHEIM.
(103) E.l Il (Fatimides) p. 873 en particulier référenœ à G. Wiet, l'Espagne
arabe, t. IV de l'Histoirc de la Nation Egyptienne ,147 sq, et M. Canard.
l'impérialisme des Fatimides et leur propagande, dans AIEO VI, 167 sq.
- Voir aussi Wafayat II, pp. 326-327 ; - Kamil VII, pp. 31 et 66-68.
(104) Supra, Ch. II : Le Mahdi et le mouvement qarmate, et ch. IV, 2 : L'~olu-
tion des relations avec l'Orient musulman.
(JOS) Voir 'Thar IV, pp. 89-90 ; Fitimiden, pp. 62 sqq ; - cr. Mu"izz, 103-106.
(106) Voir Idris l, p. 29 ; - cf. Sira, p. 179-180 ; note 402, et aussi p. 213, note
467.
(107) Voir Ber~es Il S46 et Itti'U p. 138, à pro~ de l'amâla.aemcnt des puits
sur la route d'Egypte ; - sur les préparatifs à l'arsenal de Mahdiya, voir
Sira pp. 146-147, note 325 ; - sur l'approvisionnement en bois sicilieo,
voir Amwil, p. 436437 et Sira p. 183, note 408 : - cf. Lombard, Une carte
du bois dans la Méditerranœ musulmane au Vllé/Xlé sià:le, dans AESC.
1959, pp. 242 sqq.
(108) Le voya,e du monarque à Mabdiya pour en remmcr les fonds destinés à
l'cx~tion est sianalé dans Sira p. 213, note 467 ; - voir aussi Kilmil VII,
p. 66 : citation d'Ibn Tagrl Bard!.
(109) SirL, p. 179-180, DOie 402.
(1 JO) I'>id., p . 137.
(111) C'est le monarque lui-~mc qui laisse entendre que Ôawhar a eu la haute
main sur les finances de l'Etat afin de mieux préparer l'expédition d'Egypte,
voir Sira, p. 179; - Sur le trésor de guerre constitué pour l'cx~tion voir
Jtti'i;, pp. 138-139, et p. IS8 ; - cf. Mu•izz, p. 277.
(l 12) Voir témoignage d'lbn 'Abd al Uhir, dans ltti•ii, pp. 161-162 ; - cf. Wa-
fayat l, 327 ; - Kimil VII, p. 31, et en note, citation d'lbn Taari-Bardi, et
aussi pp. 6S~ et diverses citations en notes.
(113) Wafiyilt I, 327 ; - voir sur lui aussi Sira p. 141, note 30S.
(114) Diwan, p. 16, début du fameux poàne en rime « 'UyQn ».
(1 IS) Wafiyilt, ibid.
(116) Itti'ii, p. 148.
(117) Apud Itti'az, pp. 146-153.
(118) Ibid., 149.
(119) Ibid, ISO ; -cf. Sira, p. 88, note JS4 ; voir Jnf'ra, Ilé partie, ch. II, IUI' l'or-
aanisation financiàc : IV. Le monopole de la fabrication monitaire.
(120) Sur cette tolérance religieuse motivœ par des raisons d'ordre politique,
voir E.I Il (Fitimidcs), p. 879 ; - cf. Infra Ilà partie, ch. IV sur l'orpni-
sation judiciaire : le contexte religieux et intellectuel.
(121) Itti'ii, p. IS3.
470
( 122) n,:4., pp. 1~156..
{1.23) 'Ibid.. PP~ t.S7-l.581o
,( 124) Ibi~., PP~ Hil a . 17(). c•est l\a seule fo~s ,cjepuis la fondation de la cb'nasde.
#. f_
,a m- 'd,e o-ù_, 1_
·i -" · ·= - d
r. "t m.en""on.
w"' 1111 . u ,q1·..r..
y, -0 .- ui.nd'•• n..
v111 ne YOI·1_ pas ,a. ' mso:n . w
Ji-,
IOJII
__ a-~r
vtn-11 t fo:n _ _ ~~ en
souAa~ ..~ ~; t· - -- Bo tr-
pl,V. y·.· -
~. Ill! un
_;t..::r.11 ~ ï - .=-.Ar
c ~ d :-,
~!liil!!!F •
1.
'..t."ol·utinn
c: '1 'li,Y _ _ ""1M
des iosti.tulEODI de )1!tat. 1'
(J 2S) lb~ ~lï r,,. J63~
(12') Ibid~, PP~ lM-165.
(127) Ibid.~p.. 165.
(128) Ibid.
(.121) ·1b1d., P~ 168 JJS, : - voir·sur·le .ritu.cl de la ·prià'c selon la doctrm.c iisma'·i-
lie ~ _0a·a~ .PP·· 189 :sqq et. en panicutier pour 1a._ p -iffe du \.'~dredi,.
pp. i 16-221 ; - illr les divcrsm:es,~ec .f r.Uuel suuni.~ voir Id-ris. ll, P01.
73.7..740,. -
(130") ltdc1~ p. 170 -1ur Pappel ~ .'• priae
1
; la docuine i'sma~Her.me, voir SC!1~
Da.' a~ pp. 172-1'78 et poor rlfriqya, lfi11itli1 1 225 et Idris .REX IX, pp.
.l *·14S ; - cf.. ldm If, PP~73S-'736 et. Piqh D1. Ht 1
(131) B.I II (Faz.lma) pp.. 8f]. .8~ pam: W. Mon·t ~.r,: .W.a tt;,- Sm: les M'WTa_~
•uqayl du poupe de •Amir b .. ~~·a, ·v01r; Ibn Uazm, O,robara,, pp. 260-
26.4-ot 21'l-21S et. EJ Il 1(DJmriat al-•Arab) p. 562.
(132) 1bar· IV[I p. 5'0 1
;l'ui•ai,. pp., 1·73:,; 24·1-248.
-
l 15..
(148) 1:ttru,,pp•. 18:J..,194..: - _En fait resœdïe fi:lffl.!i:de avait 6t6 ·p ac6e sous les
r::.:T~~~~ef!t:11 ~=:&:·t •~q~i:nw;~~:~~ 1
idcm.en't : voo Sir-., P· 136 note 2..94..
(149) Voir sur la situation en Egypte dans. r,atœnte de rarrivte d'al-Mu'.ljzz,
It1ii'ii, PP·~ 184-18S.. .
1,, 1JLJ•o··)· S'
LI,=· =4ili.
- P· tL-A
\l!I , u-tll!
(151) n,[d., PPt 164-:mc;s.
{152) Cf.. Ibid... pp. 15-Ui..
(:1.S3) lb.id.~ p. 164•.
471
(IS4) Cf. Idris 1, pp. 42-43.
(155) Ibid., pp. 30.31.
(156) Sira, pp. 187-188 et 197-199.
(1.57) Muqtabis, pp. 33-36.
(1.58) Sira, p. 152.
(1.59) Ibid., notamment pp. 153-IS4 et 200.
(160) Apud Muqtabis, pp. 35-36.
(161) Idris I, p. 43.
(162) Ibid., pp. 37-38 ; cf. Sira, p. 222 sur l'usage de ces chameaux pour lo trans-
port, lors de l'expédition d'Egypte.
(163) Idris I. pp. 41-42 ; - sur Sardàniya, ibid., n, p. 431.
(164) Ibid., 1, p. 43.
(165) cr. Ibid., p. 44.
(166) Ibid., p. 45.
(167) Ibid., p. 46.
(168) Cf. Ibid., p. 38.
DEUXIEME PARTIE:
ll0RGANJS4TION DE L'ETA:r·
(l)
(2)
(3,)
(4)
(5)
(6)
(7)
(1)
,(9)
(10;)
(Il)
4?3
(12) Sira, pp. 82-83.
(13) Chambellan, p. 29.5, note 2 ; - Iftitlb, § 1.51 ; - Sira, pp. 20, 77, 12.5 ; -
Malalis, pp. 226-228.
(14) Maiilis II, p. 42 : La « sagesse» se transmet par un effet de la grâce diviDe
d'un Imam à un autre. Chaque Imam est le dépositaire de la « sasesse ».
- Sur le « ta>wn >>, Ibid., pp. SS sqq, et pour une élaboration d'une exégme
isma'ilienne du Coran ,pp. 277-278 ; - cf. Laoust, sur Ta'Wil et Tanzll,
pp. 390-392 et pp. 418-419 sur l'imam dépositaire de la Loi ; - E.L IV
(Ta'wil) pp. 740-741, par R. Paret.
(IS) Malilis, pp. 26.5 sqq et 272 sqq, 220 sqq, 388 sqq.
(16) Ibid., pp. 148 sqq, 132 sqq, 160 sqq, 234 sqq, 3.51 sqq, 391 sqq, 403 sqq.
(17) Cf. sur l'évolution de l'attitude d'al-Muaizz et la r6forme de la doctrine,
Das Imamat, pp. 93 et 101.
(18) Sira, p. 18 ; - Mdàlis Il, pp. 3SS sqq, où Mu•izz dmonce la naiveté des
croyances r6pandues chez les Midrarides au Maghreb extrême ; - sur l'im-
portance de l'œuvre de vulgarisation de la doctrine, Ibid., pp. 194 sqq, 288
sqq, SOS sqq.
(19) ~ira, pp. 17, 161-162 ; - Malilis II, pp. 67 ,s9q et p~i~ ; voir en ~
her Ibid., pp. 409 sqq, un aperçu de l'actlVlté quottd1ennc d'al-Mu0 J.ZZ :
« Le matin le monarque sc rend à son « mallis », il reçoit les dignitaires de
son entourage, les fonctionnaires, jusqu'à midi ; c'est la gestion des affairca
de l'Etat, « tadbir ». Puis il prend son déjeu11C1', accomplit la prière de iuhr,
sc retire dans c:es appartements pour se reposer (il fait une sieste !) puis se
lève pour faire la pri6rc du •asr. Ensuite il retourne à son « maA]is » po;ir
la gestion des affaires de l'Etat jusqu'à la tomb6e de la nuit. Puis il rentre au
Palais où le rejoignent ses intimes. Il consacre alors chez lui une bonne l,)M•
tie de la nuit à l'étude et à la composition d'ouvrages de sciences [ reli11eu-
scs]. Pendant les jours où il sort pour le contact avec le peuple, il se rend
dans la rue à cheval ,en d6but d'après midi et rentre en fin de journée au
Palais pour tenir conseil ; - cf. dans Iui'âi, pp. 136-138 le tableau qu'il
brosse de son activit6 devant les « Doyens » des Kut3ma reçus en audieoœ
dans ses appartements privés, pour une journée d'un froid rigoureux.
(20) Sira, pp. 72-73 ; - Les poèmes dont on trouve divers extraits dans 'UyQn
sont excellente facture et attestent les talents littéraires du monarque dont
les sermons sont le témoignage le plus éloquent.
(21) lftitih, § SS.
(22) Chambellan, pp. 311 et 318.
(23) lftitlb, § 32, ch. XIII, en particulier§ 116 et 121, et aussi§ 227.
(24) Ibid., § 22.5.
(25) Ibid., et Bayin, pp. ISI, IS9.
(26) Iftitlb, ibid.
(27) Ibid. § 264.
(28) Ibid., § 26.5.
(29) Ibid.
(30) Sira, pp. 83-84 ; - Itti<iti, p. 163.
(31) Cf. Espagne II, pp. 110-117.
(32) Hiroroa, pp. 38-41.
(33) Ibid., pp. 104-106.
(34) Chambellan, pp. 317-318.
(3S) Iftitlb, § 2.51.
474
·voir MailHs IL,1'P'~244-254 pour r ~ e de 346/917-9$1,et aussi Stc:ru;,
,A n Embass.y of the By,zantine Em~or to the Fa·Umi4 CaUph al~Mu'•
'B yzandon. XX, !950~ en particulier pp.. 224-25'.S ; - ,cf~. Sin pp. 189-19()"
Dote 422~ - -
Malili& lt pp.. 554-664 et ltt1•az p1.. 13$.13'5.
Mal!Hs .l lt pp. 3 JS..320 pour rlfriqya ;. - .Les Ifri~s suaoiites avaient
cn effet rbabitude de célébrer en ~·œse la ~Allrâ, ·Y'oir Idris ll,. 689ili .note .1.4 t,
- Pour la œ~bration de ,cette. rare en ES)'J»e dans Je. deuil. voir It.ti1ai, .PP·
197..-198 ; - Pour une 'We d"ensembte sur la cl11ibrati.on de œtœ ftie,, B.I I
('Asbura) pp. 726-.727,, par 'Wens·inet et Ph. Marçais.., ·
(39) -U~m. __PP·~. ?!··34.•.
fl·-6~, dt~b~,i tkn, .dëS ~ta, ~o~i~~. ·par al-ManJQr ;
....... Pour Mu.~..Maiihs,111 pp. 440.442 ~ - vorr a1m1 Sir, pp. 11.1~ 121.
(40) Ibo aam.n,1d0,t pp. 45/69: - ,cf. :Idris Il, p. 51 Oï, !ilote 10; - · Le marbre db
1
·C Otnffl à Mahdiy:a ,est couservi; au Mus6e ·du B.anto, ; - sur remp oi du. taa
en EaYPt·e, voir M~Canard .Le œr6.moaial fatimide et le ,œrémonaH. by.mn-
ün. Byza.ntion. XXl,, 19SI, en particulier pJl. ~ ·l92m
(41.) Dm ~~do+ Pf'~· 14-!~/2.·7-28~ 17~·] 2 i ::-- •ç~n, z ·~~l63~ ~D 11ammld.o~
~ 41./11 it ........ et. pour I Egypte k. tahm·al nuiaH . s. "·· Ma&ued, Le Pa- J
4'15
('6) Ibid., p. 317 et lftititl, 1259.
(S'T) Chambellan, p. 319 et Iftillb, I 261 et 262.
(58) lftitlh, § 265.
(59) Ibid.,§ 266-268 ; - cf. sur la hia-ardlie entre« Mu"miDOn »et« musJimlD »,
Marquet, pp. 120-122 : « ceux qui confessent œ 9uo leur révtle le 16gis)a-
teur ... œ sont les mu'minun, c'est-à-dire les 1sma•illeos ; ceux qui confessent
cela en paroles et doutent clans leurs cœun, co sont les « musJimOn » qui
~tent à embrasser l'isma"ilisme, ou le subis9ellt.
(60) lftitlb, § 272-273.
(61) Si.ra, pp. 44-45 et 51-52.
(62) Chambellan, pp. 286 et 303-304.
(63) Supra, ch. 1, 1 : les origines des Flµmides.
(64) Iftillb, § 294.
(65) Madelung, Das Imamat, surtout pp. 67-68, 80-81, et 90 sqq.
(66) Si.ra, p. 54.
(67) Ibid., p. 55.
(68) Malllis Il, pp. 424 et 466-467 ; - voir la traduction des deux passages dans
lftillb, § 299, en note.
(69) Rise (apud Zahr al-ma°lnl du c1a, Idris), pp. 79-80.
(70) Ibid ; - voir aussi Sir& pp. 53-54, note 35 ; - La proclamation selon Bayin
p. 218 et Berbùes II, S35, eut lieu peu de temps avant la mort d'al-Ql'im
en rama4an 334/avril 946 ; - Le da•i Idris donne une date prkise, le 7 ra-
madan, dans 'UyQn p. 33 : « wa fawwacja 'ahdabu ilayhi wa 'aw'aza ilayhi
bi waf1yatihi ». Il indique également comme le « secret » a 6té lm sur la
daignation d'al-M&11$1lr pour que celui-ci prenne en mains la direction des
o~ations militaires contre Abo Yazld. Le futur Imam inaugure ses acti-
Vlla officielles en diriaeant la prière de la fete canonique de la rupture du
jeQne au mu,alla et en prononçant les deux sermons traditionnels.
(71) 'UyQn pp. 85-86.
(72) Ibid., pp. 94-97 et et Sira, pp. 80-87.
(73) Maillis Il, pp. 467-468.
(74) Ibid. I, pp. 1$2-153.
(75) Iftillb, § 300 ; - selon Bayin, p. 221, et Itti'U p. 131, la désignation eut
lieu en 340/952-9S3 ; - selon •uy0n, p. 88, au moment où al-M~ rentre
de sa campagne contre Abo Yazld. al-MBn$0r était dt,ià héritier présomptif
désigné ; - voir supra, ch. V, note 5.
(76) Sira pp. 111-122 ; - voir Ibid., pp. 106-108, la lettre par la~! aupara.
vant al-Mu'üz annonça à ôaw!lar la mort de son père et lui da de la
tenir secrète.
(77) lftillb, § 225, 275 et 277.
(78) Sauf dans la domesticité palatine ; selon Bayin, pp. 147-148 et surtout lfti-
tlb § 213 (texte arabe) où l'auteur signale que Ziyâdal Al.Jah m se fit aœom-
pqner lors de sa fuite en Orient par 1. 000 esclavons dont chacun portait
une ceinture contenant 1, 000 dinars.
(79) Chambellan, p. 286 et passim, en particulier pp. 291-292, à propos de la
question à laquelle fut soumis Ôa'far suspendu par \es mains, et p. 308 à
propos du supplice du fouet et autres séVJces.
(80) Voir Sira pp. 15-16 ; - Malilis Il, pp. 4 sqq, tS sqq, 45S sqq.
(81) Sira, p. 79.
(82) Ibid., p. 86.
476
417
notion d'assistance ou de suppl~ce, dans wizira, Muqaddima, pp. 236-
237 ; - sur la notion de wislta et le vizirat d'cx6cution « tanf"JII », voir Mi-
wardi, al-At)lcim al Sulliniya, p. 23, puis pp. 25-26.
(111) Muq_addima, p. 239 ; - cf. Espagne Ill, pp. 19-20 et D . Sourde!,« wizir » et
« ba&ib » en Occident, pp. 753.754.
(112) Sira p. 62, et •uy0n p. 36, où la délégation de pouvoir« ball, <aqd et rabt,.
est nettement a.ffirm6e ; c'est une forme du « tafwi(j » telle que le définit
M!wardl.
(113) Sira, p. 75.
(114) Ibid., p. 91.
(115) Ibid., 127-128, 134-135, 171-172, et en particulier p. 100.
(116) Ibid., p. 101.
(117) Ibid.
(118} Cf. au sujet de ces attributions en Espaane Musulmane à peu prà à la m!me
époque, Espagne W, pp. 158-159.
(119) Sira, ppp. 125.
(120) Ibid., pp. li et 125-126.
(121) Ibid., en particulier pp. 149-150 : « L'ustadh Jawdhar était un homme tris
circonspect qui ne prenait jamais une décision petite ou grapde sans avoir
procédé à un examen attentif et à une consultation de l'imam ».
(122) Sira, pp. 86 et 117 (texte) ; - cf. « la kil.id.mat al-Khilifa » dans Espagne Ill,
p.22. .
(123) « Dir al-Mulk » - Man$Oriya, Ibid., pp. 84 et 139 du texte arabe; - « al
l;lal;lra al 'aliya » = Mahdiya, ibid., p. 50 du texte.
(124) Architecture, p. 78 ; cf. Idris Il, p. 449.
(125) Cc sont sans doute les bitiments du « Diwin al Man$0riya » mentionnés
dans Sira, p. 116 du texte arabe, autour du« Die al-lmira » que mentionne
Idris Il p. 427.
(126) RusOm, cité avec wa;i'if Ibid., p. 175 ; - Sur la fourniture officielle du
linceul pour un fonctionnaire décedé, Sira, pp. 156 et 174 ; - le traitement
d'un fonctionnaire « rasm » décédé continue à etre versé à son fils qui était
un petit enfant, Ibid., p. 119 ; - rusum, pluriel de « rasm », synonyme de
rizq, quoique « rizq » soit raervé aux soldes des militaires, est cité avec
« waià'if», Ibid., 175 ; - cf. à propos du remplacement d'un gouverneur
déœdé par son fils à la tete de la même circonscription territoriale, Mala·
lis Il, pp. 600 sq ; - Dans Sira, p. 156, remplacement d'un lcâtib décédé par
ses deux enfants. Voir en général sur les kuttab et des renseignements divers
sur l'activité du service de la chancellerie, Sira p. 170 : 6alaf al kitib ; p.
180 : Naiif al-rayl;lini ; p. 182 : ~ilib b. Bahrim ; ~- 206: Lettres officielles
établies au service de la chancellerie ; p. 74 : les billets sont rédigés par le
souverain, mais les lettres sont établies par le Katib.
(127) Cf. Espagne m. pp. 22-29.
(128) Voir Idris Il, pp.J84-785, sur Ibn Abi'l-Rilil, pp. 792-794 sur Ibn lldlq et
794-796 sur Ibn Saraf.
(129) Supra Introduction, note 92 et Ch. Il sur le règne du Di'J et le règne du
Mahdi : W. L'expédition de Siiilnwa, note 36.
(130) Sur l'institution lfriqyieen, voir Supra, Introduction, note 86 ; - Sur l'ins-
titution bagdadienne, voir E.I I (Bayt la 'Sikma) p. 1175, par D. Sourdel.
(131) Cf. Bayin, p. 163, et Warakat, pp. 244-246.
(132) Bayin, 163, où il est indiqu~ que al Ba&d!di entre en Espagne sous le règne
de l'Emir ·Abd Allah ; - cf. Chambellan, pp. 320-321, sur son séjour l
Sijilmisa auprès du Mahdi, et son entRe à son service,
478
(133) Dayan, 169, où il est indiqué qu'ai Ba&dldi conserva ses fo~ons jusqu'à
sa mort ; comme le titulaire de la charge après lui fut uawhar sous
al-Man$0r, on peut en dèduire qu'il mourut sous le règne de ce monarque.
Du reste, dans Chambellan p. 321, il est attesté qu'al-Ba&dâdl continua à
jouir d'une situation favorable sous al-Qâ'im et al-MUl$0r ; mais on perd
sa trace sous al-Mu'i7.z.
(134) Sira, pp. 74, 166.
(J3S) Sira p. 99 (texte) : attestion du tenne « manJor ». - Ibid., p. 9S (texte) :
attestation de« siAill » et de« ldtab », et p. 142 (trad.) ; - Ibid. p. S 1 (texte) ;
- « sililllt » ; Ibid., p. 42 (texte) : « tawqi' » de la plume meme d'al-Qa'im ;
- Ibid., p. 72 (texte) : « ruq•a » de la plume d'al-Mansur ; - lftitah, § 26.5
où est attesté le premier « tawqi' » sorti du diwàn al-Rasâîil sous le Mahdi.
(136) Maiâlis II1 p. 203, où est attesté le diwàn al rasâ'il sous al-Man$0r, avec le
terme « 'and ».
(137) Cf. pour les attributions de Oawdh8;t_ à la !!te d'un service similaire, le« di-
wan al tawqi• », Sira pp. 10-11 ; - uawhar fut appelé à diriger les finances
du pays avant de conduire l'exptdition d'Egyl)te, lbid., p. 179 ; - Pour une
vue d'ensemble sur la carrière du célèbre officier fatimide d'origine slave,
voir E .I Il (Djawhar al-Sildlll) pp. S01-S08) par Monès.
(138) Voir Correspondance de l'imam Al-Mostançir, èd. Masued, eu particulier
les considèrations de l'èditeur sur la valeur littèraire de l'ouvrage, pp. 23-24.
(139) Sur Ibn ijayrân, surtout Kamil J;lusayn, Fi adab Mi$r al Fatimiya, pp. 323-
325 ; - sur Sirâz.i (al-Mu'ayyad fi 1-din hibat Allah), Ibid., pp. 326-328, et
son autobiographie èdit6e par Kamil Husayn, sous le titre, Sirat al Muayyad
fildin da•il-Du•at, plus connue sous la dèsignation « al Sira al Mu'ayyadiya ».
(140) Aucune mention de la 'alama dans cette forme attest6e dans les pièces de la
correspondance d'al-Mustansir ne figure dans les documents officiels et
pièces d'archives dont le texte a étè conservé dans la Sira de Oaw!lar, les
Maialis ou l'lftitab d'al-Nu'mân. Son apparition date sans doute de l'é-
poque égyptienne avec la naissance de l'art épistolaire après la fin du règne
d'al-Mu•izz qui constitue le moment de transition entre l'étapa ifriqyiennc
et celle égyptienne dans le développement des institutions de l'Etat. - Cf.
sur l'usage de la •alama en lfriqya, mais l'époque ziride, Idris Il, p. S26 et à
une époque plus tardive, celle des l;lafsides, Brunschvig. La Berbérie Orien-
tale sous les l;laf$ides, II, pp. 61-64.
(141) Déjà en lfriqya les Fâtimides manifestaient une dilection dans leur corres-
pondance officielle pour la « l;lamdala » qui constitue aussi l'expression
terminale de leur formule d'invocation, comme l'atteste Ibn l;lammâdo
(texte) p. 11 : « wa 'iibiru da'wâna ani'l-l;lamdu lillahi rabbi'l-'âlamln » ;
- l ftitiib, § 228 « basmala » suivi de« l;famdala »,et§ 253,263,267, « };lam-
dala » aprés « amma ba'du » ; - Sira, p. 4S (texte) « wa lillahi 1-bamdu
al-harndu lillahi », au début du sermon, et Ibid., p. SS (texte) « al bamdu
lillAhi bamda Wcirin li an'wnihi », et Ibid., p. S6 (texte),« al bamdu lillah.i
rabbi'l-·âlamïn ».
(142) 'UyQD, p. 16.
(143) lftitil), § 166.
( 144) 'U)'Qn, p. 77.
(14S) Notamment le sermon où al· Man$ur rendit publique la mort de son pére al-
Qà'irn, dans Sira (texte) pp. SS-60.
(146) "UyOn, ibid., al Mansur dicte lui-meme le texte de sa lettre ; - Dans Sita,
p. 42 (texte),« tawqi• bi-hatti'I-Qa'irni bi arnrillah », et p. SI (texte)« ruq•a
bi hatti'l-Mansur b1llab » et p. 72 (texte) « bi batti yadihi » ; - Tous les
billets p~ntés par Oaw!lar à al-Mu'izz lui sont retournés avec la réponse
au verso, de la main même du souverain, comme par exemple, Ibid p. 98
479
(teltte) ,cc al-iawlb •aJi Zahri'l-ruq'a, bi battihi » ; - bans Maialis n. p.
413, al-Mu•izz dicte au scrible la lettre destinée à Romain II, empereur de
Byi.anœ.
(147) Sira p. 17.
(148) Mdilis II, pp. 220 sqq, 228 sqq. 266 sqq ;
(149) Sira pp. 76-77.
(ISO) Ownbellan, p. 29S.
(ISI) Pour une vue d'co.eu,ble sur cette iustitution, voir E.I 1 (Barfd) pp. 1077-
1078, par D. Sourde!.
(IS2) ffiitil;,, § 239, note 1, 27S, note 2 et 286.
(153) Bayin, pp. 167 et 169.
(IS4) Chambellan, p. 320.
(1S5) Supra, ch. m sur le rèa:oe du Mahdi : ID. La conspiration du Dl'i et de son
frère Abu'I··Abbas et leur fin tragique.
(156) Riyi,J REi J'P· 126-129, - cf. Tabaqit pp. 230-233 et en particulier p. 232
où est mentionn6 Sahib al Hadar. Et voir aussi une attestation dans Mani·
qib p. 230.
(157) Tabaqit, p. 239.
(158) E.I I (Barld) 1077-1078, par D. Sourdel.
(159) Sira, pp. 149-lSO et 159-160.
(160) Ibid., pp. 187-188.
(161) E .I , Ibid. ; - des courriers « al faraniq » ou « al-farioiq », il y a trois
attestations dans Sira (texte) pp. 99, 116 et 12S.
(162) Bayin, p. 164 et •UyQn, p. 10 ; - Chambellan p. 28S, sur l'usap par le
Mahdi à Salamiya, de pigeons voyagwrs.
(163) Attestation du terme« 'amal », par exemple dans Sira p. 129 et lftillt;,, § 274 ;
- « KOra » est attesté dans Majalis Il, p. 600, dans la m&nc signification
ci.ue dans Tabaqiit p. 142, ainsi que dans Sira p. 99 et •UyQQ p. 1S, où il est
c,té avec « iqlim ».
(164) « Balad » attesté par exemple dans Iftitit;,, ibid. et Sira (texte) p. 94, p. 130 ;
- « aldf» est synonyme de 'ifiq, dans Sira p. 51 (texte) et 'UyQn, p. 86,
par exemple.
(165) Maillis Il, p. S26 ; - Le sens dOllllé ainsi au terme oabiya se trouve attesté
dans 'UyQQ p. 1s à propos du Zib et dans Sira p. 69, ainsi que dans Iftitit;,,
t 274.
(166) Miquel, § 19, note SI et passim.
( 167) Voir Muqaddasi-Pellat, introduction pp. VDI-IX et texte p. 4 ; toutefois le
~aphe oriental avoue n'avoir pas mis les pieds en Espagne. D a en re-
vanche parcouru une partie de la Berbérie, mais qu'on ne saurait désip,er
avec p récision.
(168) Ibid., pp. 4/ S.
(169) Ibid., 4-10/S-11 .
(170) lftitit;,, t 28 ; -cf. pour tous les toponymes qui suivent le premier chapitre,
« Le pays et les hommes », dans Idris Il.
(171) lftitil;,, t 219.
(172) Ibid., t 211 ; - cf. Steppes, pp. 9-10.
(173) Ibid., § 38.
(1 74) Ibid., § 2 14 pour Sousse ; sur Sousse, Sfax, Idris II, pp. 442, 44S, 4S4-4.SS.
480
(171)Idris It pp,, 417-4IO.
(17')Ibid., pp., 4111--46,3..
(J77)Ibid.. ppj 437-4:n~
(17')lb .d.,, pp.. 43'"437,~
(179)Afuqaddai-Pdlt, 'PP- 20/21 ; -Sur BUlu1 'v oir AWol . , ,Wabab,.Villes.arabes
· dis~~?~ l-J!~ ; -:-- mr l e ~ e ~ u l ~.~u Cap~'- ~
atn6rat, 1dns n, 4,39-442 et .E .I Il (DJamat .·. PP 531--Sltt par Mona.. 1 · .• 1~
L1~r?3i~ tior rovind~~t. PP~-~ ~,1. 1'8ftÏCaUer pp, 97-91, le, tabtclu
da cucoascr_p __om amnimstrativa, sous los Wdt.
en
(181) Iftitlb. 1 19', note 2..
(IQ) Ibid , I l!N>. note ,i f
(J.IJ'.). Ibid~, 164, ·note 2~,
(1.14) Dmt. §, J92, note 2..
(1.U)
.·.1~
1( .v,
=•irde-r:==~-:::s~·~~,1~r1dc
,~.u ,
'll'Ji 'I'
~~ nu. ,rr
..... M. . ·&
..............) pp,. ~
e -rt., 11:.41'1, ..:·.AJ1 .
1 ~ ., · , par a·· .,
~ e l. Idris~.
(187) ,B.~ :I V (Sid!mDIU),pp. 4J'M 2J. par G. S. CoHn et &I.. IV (Fu) pp. ~ .
par G~Yvcr,.,
&fila' ·- ~
(tg,i:)i Dm :l;lawq~. p,., M ; -... et. Sh"a, Ibid.
(112), Mlwardf11 op., dt p .. 3,:1,.
(l lJJ cr.
Berb!rie.· musulmaae. pp., 142/0147,~
,(194) Mal:llis Il,, PPt 17'·sqq. 526' ICICL .584 sqq~
109!) .l'l,id.~pp, 65 sqq, 5If i1'1\'.L 602t
(19') 'Ibid.,, PP+ 17 14q.
('.191) S&a pp.. 1,0..134 et: 139,.1• •
( J.98) lb"dtf p. .172.,
Chapltn D
481
(4) lftitiib, Ibid, et Bayin, Ibid.
(S) lfti~. Ibid.
(6) Ibid.
(7) Sira pp. SI et 12S.
(8) Muqaddasi Pellat, pp. 4/S et 12/13.
(9) Ibid., 16/17 et Idris Il, pp. 425-427.
(10) Sira, p. 17S.
(11) On comparera avec profit le développement qui va suivre avec les donn6es
qu'on peut recueillir sur la définition et la marche des rouaacs du Bayt al-
mll, l'origine du diwan, son développement dans les Etats islamiques, son
fonctionnement et son rôle dans l'organisation financière, dans deux articles
importants de la nouvelle Mition de !'Encyclopédie de l'Islam : Bayt al-mil,
pp. 1176-1183., par N.J. Coulson, Cl. Cahen, B. Lewis et R. Le Tourneau ;
et Dlwân, pp. 332-339, en particulier pour la pmode du califat, pp. 337-3$6,
par H. L. Gottschalk.
(12) Sira (texte) p. 39.
(13) Sur le « diwln al 4iya' », m!me chapitre, note S ; - à propos de Muiaffar
et du produit de ses manizil, voir Sira pp. S7 et 17S.
(14) Sur les offices du 6sc « dawâwln al-iibiya », voir dans E.l les articles :
'Âmil, l, pp. 447-448, par DOrl ; Bayt al-mil, 1, 1176-1183, par Coulson,
Cahen, Lewis et Le Tourneau II, 146-163, par Cahen, Hopkins, Inalcilc,
Rivlin, Lambton, Qureshi, Saran et Burton-Paae ; Djahbadh Ik.!92-393,
par Fischel ; - sur la « hassiyat bayt al-mal », rouage financier s l'Etat
wnaiyade de l'Andalus, voir Espagne III, pp. 34 et 44-46.
(IS) Voir Supra, ch. V, sur le rè1111e d'al-Mu'izz : La Politique orientale d'al·
Mu'izz et la conq~te de l'Egypte.
(16) Supra, Ibid., note 106.
(16) Supra, Ibid., note 106.
(17) Supra, Ibid ., note 109.
(18) Sira, pp. 179-180.
(19) B.I. II (Ibn Killis) pp. 422-423, par C.H. Becker ; - E.I Il (Fi\imides) en
particulier pp. sn- et 879 ; - cf. Sira, pp. 20 et 214 note 469, à propos de
'Usloi.
(20) Sira, pp. IS-16 ; - Espagne II, Pl.'· 122-130 et III, pp. 178-179. Cf. sur l'ori-
gine des Slaves au service des Fiittmides et les renseiBDCIDCnlS sur la plupart
de ceux que nous mentionnons dans ce travail, l'étude importante de Hrbd::,
Die Slaven in Dicnstc der Fatimideo ...
(21) Voir Da'a'iJn, 1.'P· 287-318 : Kitiib al-zaklt, en particulier, pp. 297-298 et
306-310 ; - Himma, pp. 66-73.
(22) Voir Chambellan, p. 283, le témoignage de Ôa'far al-l;lliil> : « les mission-
naires arrivaient chez nous [ à Salamiya avant l'émigration du Mahdi J eo
tout temps et nous aP,portalcot de tous les pays argent et présents, ainsi que
les redevances des différentes provinces des croyants, ,~ produit du quint et
leur propres offrandes gracieuses » ; - cf. Ibid., p. 282, l'importance des
.fonds cach~ par le Mahdi dans un passage (souterrain) d'une longueur de
12 milles creusé dans la campagne de Salamiya ; - l'irnportaoce des dons
apport~ par les missionnaires des divers ilots " iuzur » en visite à
ManiOriya, est attestée dans Maillis II, pp. 9S sqq, 2S7 sqq, 378 59,q, 46S
sqq, et 493 sqq ; - cf. ibid., pp. 47S sqq et 491 aqq, sur l'orpnisatJoo des
ilots.
(23) Ifti~, t 173, note 1.
482
(24) Sur rorJlnisatton dl ,cette fiscalit, propre · · la comœ~autë) isma11Umne...
celle des Isma·ciiuem Qarmates en J t ~. mais, qui. dmi:t à coup s6r en
•
Vlluem" u.a:m tous les « 1·1ots.» .,llSDl8c·111ees,,
.d ...., • .. I tti. .az. p,p.• 2• J""
v,011r "" - :1--,. 0111.
" .."1 :.. a.es 111 •
(40) Voir BerWrie: musulmane.. B~ Les, eau.ses du. divorce : la pobrdqrue ftsclle,.
pp. 142-14,7.
(41) 'Hm Uawqali P~ 94. ~ - cf~ Idris U, p,, tiOB~
(42:} Slra, p;> :1:,a.
(43), fl..:.d . J"7ft
iu.& .1-1 p!I -,. 7 .i
(SJ) fli_ffl-·231 et passim 1 ; _ ., Tabaql1, pp,. 232t 233, 239 ; ........ .R~.l .d
4.83
(S4) °UyQJI, Ibid
(SS) Ibid., p. SI.
(.56) Bakr[, p. 25 ; - Sin p. 142, Dote 310.
(57) Ibo J;Jawqal, p. 94.
(58) Ibid.
(59) n
Ibid., et p. 94 ; - Cf. Or Mu,nlmao, pp. 1S0-1S1 ; - RiylC, (lm. 2153,
p. 68 : trafic entre Busora, Kairouan et le Soudao.
(60) Bakr[, ibid.
(61) Idris Il, pp. 614-615 et Ica notes e t ~ ~
(62) Ibid., p. 615 note 65.
(63) Ibid., pp. 614,607,641 et les notes et~aences ; - Sin pp. 139-140, note
302, 141-142 no tes 307 et 310, 149 note 336 et 171-172 note 385 ; - M•illia
n. pp. 14 aqq, 458 aqq, 526 aqq.
(64) Sin p. 197 note 435.
(6S) Ibid., pp. 130-131 et 139-140.
(66) Ibid., pp. 186-187.
(67) Ibid., pp. 171-172.
(68) Ibid., p. 138.
(69) Ibid.
(70) Ibid., p. 172.
(71) Baylo. p. 141.
(72) Sir1, p. 137.
(73) °UyQJI p . 22.
(74) Siri, p. 224 - Maillis Il, pp. 95 sqq.
(7S) Sira, pp. 137 et 66-68.
(76) Ibid. (document n• 7).
(77) Ibid., p. 138.
(78) Iftitltt, I 27S.
(79) Sira, p. 17S ; - vo ir aussi p. 139 l propos de l'esprit d '6cooomie dont fait
preuve $10.
(80) Ibid., p. 138.
(81) lftitlb, Ibid.
(82) Ibid.
(83) Sir•, pp. 88, 162-163, 194-19S, 210-212.
(84) Maillis Il, pp. 254-262 ; - ltti'ii, pp. 13S-139.
(8S) Les ètudes de J. Farrugia de Candia sont dans la Revue Tunlsleooe 1936,
pp. 333-372 ; 1937, pp. 89-136, 1948, pp. 103-131. - H .W. Haard, The
rnisrnatic bistory o f latc dcdicval North Africa •. .
(86) Warakat, pp. 397-476, en particulier pp. 436-444 ; - On consultera avec
profit ègalemcnt la prtcieuse ètude de P. Balo1, Moomia Islarnlquca rares
fatirnitcs et ayoubites, en partjçuljer pp. 327-341.
(87) Supra, Iè partie, ch. Il, La Règ,cnœ du Dl'l Abu 'Abd AJl•b
(88) lftilil.), 1225 et Bayio p. ISI.
(89) Iftitlb, § Z1S et Bayio p. IS9.
(90) Warakat, pp. 437-438.
(91) Bnrosdlvia, Berbèrie Orientale •.• Il, p. 73.
484
l92) 'W ildbt. p .. 431..
(93,) Ibkl•.pp 43944.t..
(M) Cf.
(95)
R.6vo- :PP~ 106,.10&.
-u,an, 1, et Siri p" 81;.. ·note 1.54.
p,.
(91)· Wankat~ p. 44.1 ..
(f1) ~ p.. 441
(18), Bd~ pp.. ~J..4,44;;
(99) Sira, pp. 134.1.3~'..
(100) a4 a1-:M ~ a1 Qawba aJ...Mllllta.bikat pp. 77-71. Sur Je taux du ,droit de.
, ~:r-' ·l.. .c -cs,
f.raffl'le: - .au
- .·XIV
·.·' ... ·· ... ..1.4.-~t ...li-
v, qm• ,;uil uÇi «.,, ;il pom . vv' pour 11, ~ m. , ·1uu .ou.,
· I l ,.. · 1· JIWli ,.,. .... d ....... _ • 111o
~ut ~ Ill :m .·
r- _ ....-- .otnS, ..1... 3u.o
. ~ _ ..·_ï[ii'• œnt' po
·l!,g. _ _ _ ur- l"-•·~
.· ·.-- ..-t », .,J ~~, . .,i'iaàn, _. m
'i,iil... i::2· .· '' , . ·pp,.
- - · ..,....., ..il"\
'2:A .... .,
·et ·I bn. l;lawq~ p. l ···.
(0
(2)
(3)
(4)
,( J)
(5)
(9)
·(H))
(1.1)
ADI::
'W!lliJI
(12) Supra, 1ore partie, Ch. 1, La politique« siylsa » d'Abtl ·Abd Allah, notes
129 et 130.
(13) cr. à P."opos des ugions militaires à une époque relativemmt pbus haute;
le 8è s,ècle, Djalt, op. cit. pp. 115-119.
(14) Supra, Ilè partie, ch. 1, L'organisation provinciale, notes 189, 190, 191 et
192.
(I') G. Marçais, La Berbérie au IXè siècle d'après al-Ya'qQbl, pp. 53-54.
(16) cr. Cagnat, pp. 683 sqq ; Sehulten, L'Afrique Romaine, dans Extr. RT, pp.
65-67 ; Diehl, pp. 244-245.
(17) Schulten, op. cit., p. 6'.
(18) Cagnai, pp. 713-714.
(19) cr. Dichl, pp. 126-137.
(20) Les Strategika (attribué à l'empereur Maurice), èd. Scheff'er, Upsal, 1864.
à la suite de Tactica d' Arrien ; -Anonyme, Trattè de la tactique,~- Kocbly
et Rüstow, Griechische Kriegsschrifsteller, t. ll, 2 Abt Leipzig, 1885 ; - Pro-
copius, De Bella Vandalico, ~- de la Byzantine de Bonn ; Guerre vandale,
~- Haury, 1905, Trad. presque intégrale dans Dureau de la Malle,
L'Algérie, histoire des guerres des Romains. des Byzantins et des Vandales.
Manuel algérien, 1852, Corripus, Johannis, dans Mon. Germ. m. 2, par
Partsch, 1879.
(21) Voir pour le ZAb et les pleins pouvoirs dont disposaient les Bano l;JamdOn,
gouverneurs de la ugion, Sira, pp. 197-198, note 435.
(22) Iftitâb, § 274.
(23) Ibid., § 123.
(24) Sur cette institution en général, E.I (Djund) p. 616, par D . Sourde!;- pour
les 8è et 9è siècles, en lfriqya et la comparaison avec l'époque antique, cl.
Djalt, op. cit., XXVII, pp. 108-110, et XXVIII, pp. 91-92.
(2S) Sur l'institution en ga,éral, E.I I (•At!') pp. 751-752, par a. Cahen ; -
Djait, op. cit. XXVII, pp. 110-115 ; - La mise en place d'un dlwin al'ati'
par le Mahdi est attesté dans Irtitâb, § 275 et Bayân, p. 159 qui en mentionne
le titulaire : un b:rbère Kutamite, 'Abdün b. l;{ubilsa.
(26) Espagne I, pp. 48-49, et Ill, pp. 5, 67-68.
(27) lrtitâb, § 30.
(28) Bayiln, p. 149.
(29) C'est le rôle qui devait incomber aux garnisons de M'Sila de Tahart et aussi
au Sud-Est du royawne, à celle de Tripoli. On peut le comparer à celui des
places fortes qui dérendaient l'lfriqya aglabide contre les montagnards de
l'Aurès et de la Petite Kabylie, Bâgâya, Belezma, Sétif et Mila, comme s'ac-
cordent à nous le monter Ya'qObi et al -Nu'man. Voir à ce propos. Supra,
Introduction, « de la décadence à la chute de la dynastie » et aussi en partie :
l'état démographique et l'équilibre social».
(30) Diehl, pp. 116-137, en particulier pp. 122-129.
(31) Ibid., p. 123.
(32) Cf. E .I I ('Alà') pp. 751-752, par Cl. Cahen, E.I li (Djund) p. 616, par
D. Sourde! et E.I Il (Djaish) pp. 517 (522, par Cl. Cahen).
(33) Hupra, m!me chapitre, note 25.
(34) Maiilis II, p. 595.
(35) Irtitlb, § 123.
(36) Dans Rlyi<,1-REI, 193.S, p. 169, où un certain Abo Razln tente d'obtenir
pour deux. dinars, d'itre relâché par l'enrôleur da Soud•n•is qui le recrute
486
- cf. I'Andalus, à la même époque, comment les habitants des· srandes
villes pouvaient « moyennant finances, se soustraire à la dure obligation de
l'istinflr », Espagne Ill, p. 71, note 1.
(37) Sur les desseins expansionnistes nourris déjà lors de la fondation du califat
par le Mahdi, et qu'al-Mu•izz affirme avec vigueur dès qu'il acœde au trône,
voir Supra, 1ere partie, ch. V, l'avènement d'al-Mu'izz et en particulier le
sermon qu'il prononce pour rendre publique la mort de son père.
(38) Iftitll), § 161.
(39) Ibid., Introduction : V. Valeur documentaire de 1'Iftiti1) ; - cf. E.I 1 (Abo
Yazld) p. 168 et E .I l (Abo 'Abd Allah Al Shi'i) p. 107, l'opinion de S.M.
Stem sur la parenté entre la venion d'al-Nu'min et celles des historioara-
phea postérieurs.
(40) Bayin, p. 138.
(41) Ibid., p. 128.
(42) lftitil), § 80 et 107 sur l'édification d'un qll$r à TlzrOt et l'attribution des
« maisons » attenantes (dur) en dotations ; - Ibid. § 142, sur le même fait
à}Wn.
(43) Voir sur cette tenninologie et la différence entre iund, « aAnld » et « l)u-
!tld » ou al)U.d, Espagne Ill, p. 68, note 1.
(44) Cagnat, p. 742 ; - cf. à propos des « limitançi » ou troupes de frontière,
co~ s~iaux organisés par Justinier, Dichl, pp. 133-137. - Cf. pour les
similitudes et les différences avec l'Ifriqya d'aprœ la conquête musulmane,
Djait, op. cit., pp. 109-110, et sur le système andalou des« kuwar muianna-
da », EsP88J)e 1, pp. 48-49 et ID, pp. 68-69.
(45) Cf. Oautiér, pp. 3S0-3SS sur le « sens de la victoire Kutlma ».
(46) Espagne m. p. 68.
(47) Riylô-REI, 1936, p. 80.
(48) Ibid., 1936, pp. 169-170 ; - Manlqib, pp. 224-22.s et 240-241.
(49) Voir aussi Sira p. 186 sur le slave Rabi' recruteur de matelots et les abus de
pouvoir qu'il commettait.
(,0) MaAilis Il, pp. 10 sqq, 27 sqq, 193 sqq ; - Sira pp. 86-87.
(SI) Cf. pour l'Orient l'étude de Cl. Cahen, L'évolution de l'iq!I' du IXè au
Xlll siècle, dans Annales ESC, VIII, 19S3, pp. 23-S2 ; - Pour une compa-
raison entre le système syrien dont « le caractère le plus propre est que les
soldats du Ôund vivaient des revenus des districts - cinq en tout - aux-
quels ils étaient attachés, sans qu'il y eOt de centralisation préalable, puis de
redistribution par les pouvoirs publics», et le système occidental, celui e:n
vigueur en Espagne musulmane et que définit Uvi-Provençal avec les « Ku-
war muiannada » des troupes de Bali, et celui que connut l'lfriqya au len-
demain de la conquête, voir Djalt, op. cit. pp. 108-110. Encore que l'opinion
de notre collègue sur le système ifriqyien soit par trop rigide, fondée unique-
ment sur les données théoriques du fiqh. Sans doute que bien avant les
Almoravides, avec les Fatimides au lendemain de la conquête du royaume
aglabide par les KutAma, la pratique de la concession foncière eOt existé
au Maghreb. En tout cas, le Da'i l'introduisit en réorganisation de la vie
sociale des Kutâma selon la conception. isma'ilienoe de la communauté,
dans les« foyers d'émigration» (Dâr al Hiira) de Tâzrllt et lkiAn.
(S2) Becbères 1, pp. 291.293 et 11, pp. ,10-,1s.
(.S3) Oauticz, pp. 3S0-3SI.
(S4) Ibid., pp. 3,2-3S3.
(SS) Sira, pp. 86-87.
('6) Iftltll), 1 123.
487
(ST) Bayln, pp. 149-150.
(SS) Malllis, p. 648.
(S9) On consultera sur les Slaves qui ont servi les Fltimiclcs, l'&dc de Hebck.
Die Slawen in Dienste der Fatimiden, Archiv. Orientalni, XXI. 19S3, pp.
S43-S8 I ; - Divers renseignements sur eux dans les sources isma•lllcnnes,
notamment ChambcUan, pp. 286-287 et passim, Sira pp. IS-16 et passim ...
Malilis. passim, 'U)'QD, passim.
(60) Dans 'U)'QD. p. S6, uniqlll'ment sa kunya, : AbO Nan.
(61) Supra, II~ partie, au ch. I : Titulature et marqua de s o ~ notes
41 et 42.
(62) 'Uyun, pp. S4-SS.
(63) Sira, pp. IS-16.
(64) Ibid., p. '7, note 42.
(6') Ibid., p. 16.
(66) Voir Malilis II, pp. 4 aqq, IS aqq, 4SS aqq sur les slaves formant une cl•sse
sociale importante, au deuxième plan dans la ~:=;.r.~ les Kutlma ;
- Ibid., p. 308 sqq, sur leur statut juridique qui les • • ait à des hommes
de condition libre.
(67) Cf. sur la condition sociale des esclavons dans l'Etat umaiyade de l'Andalu,,
Espagne Il, pp. 122-130 et m. pp. 178-179.
(68) Sur l'origine des Noirs Zawilites, Sira, pp. 16 et IS7, note 3S2 ; - sur $andal
al Hadim al Aswad, 'UyQn, p. 18 ; à ne pas confondre avœ l'eunuque $an-
dal dont il est question dans Chambellan, p. 307 ; - 'UyQn, p. 7S ; « aJ.
'abid al-zuwayli.yin lfblb al l;lasan b. Rallq ».
(69) Sira, pp. 1'7-1'8.
(70) IftitAI), § 27S.
(71) Bn tr~ petit nombre dans l'administration civile et militaire, car les Aahla·
bides préféraient employer des Arabes du clan mucjarite. Mais les Sfaves
Wlient utilisis en grand nombre dans la domesticit6 palatine, comme en
taooigoage l'Iflit!l>, § 213.
(72) Wullt, p. 294 ; - Sira, p. 1S7, note 3S2.
(73) ~ m&ne chapitre : ~ C?tp6ditions1 sur le rôle ~ l'infan!ffle ; - voir
ausst 'U)'QD, p. 23 : description de l'altgoemeot de l'infanterie pour la ba-
taille.
(74) 'UyQn, p. 20 : « lunOd Ifriqya », « Kutlma,. et « 'Abld ».
(7S) Ibid., p. S7 : « Kutama », « al-'abld », « 'askar al Barqiyio », et aussi « Ôuod
al Ôazlra ».
(76} Ibid., p. 23 : « 'aslkir al-lund min ifriqya ».
(77) Iftitil), § 290, 291 et 292.
(78) Ibid., § 17.
(79) 'U)'QD, p. 21.
(80) Supra, 1- partie, ch. V, à propos de la dâÎIOation de Buluaio comme
viœ-roi, la forfaiture de Ôa'far et de soo frùe Ya1)yl et leur pass,F en
Bspagoe.
(81) Voir sur leurs services en Sicile, surtout Storia ll, Ch. X, pp. 237 sqq.
(82) Supra, 1.,.. partie, ch. V, Le d6vdoppe,nent COIIS8Cré à l'alraire de Crète et
à la guerre contre Byzanc;e.
(83) Sira, p. 196.
(84) Espagne, n. pp. SS-90 et suiv.
488
(8'} Le camp de R.aqqlda, dit aussi « al-Mal"ab » ou « al Maydan » est meD•
tionœ dans Bayin, p. 144 et Iftitih, § 290 ; - Mention des« bJod » Ku-
tamites dans 'ÙyQn, pp. 20 el 67 ; - sur l'enrOlement « bdd » sous les
Fltimides, en gén6ral, voir Riyad-REi, 193S, pp. 169-170, et ibid., 1936,
p. 80 ; - Maniqib pp. 224-225 ; - Sira, pp~ IS7 et 186; - Mais les Kutima
6taient souvent des volontaires : MaAAlis ll, pp. 27 sqq.
(86) Voir en particulier I\D' le d ~ de Oawbar, auin.,_ ion partie ch. V : La
politique orientale d'al-Mu"izz et la conquete de l'Ea;ypte, notes 112, 113,
114 et l lS.
(87) Bayin, p. 138 ; - Iftitlb, § 138 et IS9 (texte).
(88) Voir Iftitah, 1111 (texte), le tânoisnase du chef des Masll'-, Fatb b. Yabyl,
sur la manière de combattre des Kutima ; - Le port du casoue et de la
cotte de mailles est attest6 dans Sira, p. 73 ; - Dam ·u~ p. 2S, est attcst6
le port par al-Qa'im de la cotte de mailles « dir" », del 6cu (ou taraie) « da-
raqa » et du c:asque de m6tal à visière (bay~a).
(89) Supra, meme chapitre, note SS et en outre Mal'ab et Maydin, attesta res-
pectiYaMDt à Sousse dans Idris Il, p. 442, et à Mabdiya. Ibid., pp. 4'1 et
S13.
(90) Iftitlb, l l4S et IS9 ; - 'UyQn, p. 23.
(91) -UyQn, p. 23 : les rangs compacts de l'infanterie où les fantanins portent la
lance, l'arc, 1'6p6e et la rondache ; à noter que les pi~ons don! if est ques-
tion ici sont des 4!16ments de l'armte r6aulière ifriQY.ienne des Gund et non
des Kutima ; - l'usaae de l'arc par les Eltmcnts du Ound est attest6 encore,
ibid., p. 26.
(92) Ibid., p. 7S, sur le corps ap6cial des sapeurs ; - l'usaa,c dea tours mobila,
« dabbiba » est attest6 dans Iftitlb1 § 161, pendant le aiqe de Tobna, et
aussi dans 'UyQn p. 39, pendant le s1~ge de Sousse par Abo Yazfd ; - L'u-
sase des mangonnaux « manlanlq » est également attest6 dans Iftitih, § 162,
et 'UyQn, p. 2S ; - sur les balistes et lance-pierres « 'arrida », voir 2.1 I
('arrllda) p. 679 par Cl. Cahen.
(93) Sira, p. 1S4.
{94) Ibid., pp. 67-68.
{9S) Espasne m. p. 99.
{96) Iftitlb, § 1S9.
(97) Supra, 1.... partie, au ch. IV, La Bataille de Kairouan.
{98) ltti'ii, pp. 180 et 182.
{99) Supra, Jere partie au ch. II, L'expansion fltimide au Maghreb extreme.
{1(10) Supra, 1.... partie au Ch. IV, La fin de l'insurrection barilite, notes 3S et 36.
(101) Ibid., note 36.
(102) Diehl, pp. S8-6S et 366-367.
{103) Supra, 1ero partie ch. IV, La fin de l'insurrection barilite (fin du chapitre),
notes 48, 49 et S 1.
{104) Sira pp. 72-73.
{!OS) lftidb, § 232.
{106) Voir supra, l'introduction : L 'Ifriqya avant les Fltùnidea, sur la puissance
du royaume •*labide avec la conq~te de la Sicile ; - cf. sur la marine ifri-
gyienne aux 84! et % siècles, Berb6rie musulmane, pp. 62.(,7 ; - P. Scbag
Les exp6ditions maritimes arabes du Vlllè siècle, dans CT n• 31, 1960, pp.
73-82.
{107) Iftitlb, ch. XXXI.
489
(108) Voir supra,, ... partie au ch. V, ledh<eloppqner,tconsaaill'alfain: dl:
Crttcet l la 1uerncoo1re Byzance.
(l09)Sira,pp. l46-147.
(IIO) Supra, l""'partie,auch. 11 :lamolledl:Sicile.
( lll)Jftitlb,lbid.
( 132)Bakrl, p. JO.
(133)Gautkr,p. 347.
(134)Maplis ll,pp. 590-S92.
(13S) Tdris ll, p. 4,1,not•408.
(136) Sin1p. 20ll,notc460.
(l37) 1bid.,pp.lS4ctltl0\ll21 (tc,,tc).
(138)lbid.,p. lS4.
(139)1bîd.,pp. L02ct l l,(tc,,tc).
(140) Ibîd.,pp. 174ctenparticulier2Q9..2l0.
.-.
.
(144) 'Voir Amw.11, p. 43.1, l pr0p05. du tribul sur la ·k fTe. « gizya ca1i*l"iu4 » et de:
:r- ;ll·n -- - - -~-11, ....... - -, ........, -, · (( 5•· ~ -_
i1A ~ pm"IOBUÇ,Ue !i!lli!i Cll)l1 . .•IOlil -allf8 1"NI la
_ ,recon.q
,- a u ~ - · -'Ulle
<i!iiil , LA,t1-::ii:.&-,m, )) •
--__ '
- , -
de T•ormine;et de Ramctta a tti ex~ .P~tus :haut aui ch.. V c;le _lla l ere: par-·
t~ dans.ta. développements consacra.. rafîm de.Cnto ,e t à la lutte contre
Byzaaœ~ .
(14;5) Aœwll, P~436.
(146) ·sifa, p. m .1 ,:_.
( 14.' Ti ir:L~ ...._ . · n
' I 1.UI-U..:,; pif'" - - ec
HH), - i :7
A,]- •
( 148) lbid., PP~ 125·et 127@
<149)1•uy.1n. pp. 30.1 i.
,(150) S~t.ai. pp. 12'', .~27 ~)28-llJI'.: le.s _attr.ih·~ ti~_- - ~..de llUS&i-YD ~ .. _Y·_~~b ~
cr. llnd~, pp. 195-.196 au SiQJGt dG 1 :s1t.uatwn .acquu.c par les eanr.1...KaJbï
en Siette ot la, propos 6lo,peux tam par· ,d..M11.•'112 l leur 6gardm
(151) Voir supra. ch.. »~ Le Mahdi et Byza.oce : tes incunio,ns, fllimides en C.
:labre.
(.1.52) B.l. m (R:iblt) p~ J.23m... 1233 .JJar O. Marçais. · - Voir ,aussi. : O. Marçais
Note suc les ribats en Berbédt, dans :M:61anrps Î,enJ.Basset!I t. D, Paris I92S,
puis dans Mélanges d histoi11e et d"arch6ol,o.aie de r'Oœident :Musulmant 1,
1
~ABl
(10) Tabaqlt, pp. J.4.37.
(11) B.I I (Asad b. al-Furlt), p. 706, par O. Marçais.
(12) cr. Abdul-Wahab, op. dt., pp. 18·22 ; - ,ur les dlsciples de Mllik Ibn Wahl>
et Ibo al·Qlsim, voir E.I. m (Malik) pp. 218-223, par Sch•cbt.
(13) E.I. IV (Sal)nQn) pp. 66-67, par Krcnkow ; - voir en penic:ulicr, sur l'an-
seisnement du c&bre juriste et cadi, Rl)'l4, pp. 249-290.
(14) Tabaqat, pp. 180-183 et passim ; - Idris-REi, pp. 129-137.
(15) Manuscrit du fonds de la biblioth~ue de Kairouan non cataloaœ dont nous
donnerons prœhainemmt une 6diuon à la S.T.D. Tunis.
(16) Muqaddasi-Pellat, p. 43 ; - cf. Idris-REi, Ibid.
(17) Voir Ivanow, A Guide to itma•ili litte:rature, pp. 37-40.
(18) cr. Flqh, pp. 13-20.
(19) Tabaqit, pp. 43-44 et passim
(20) Pour une vue d'ensemble sur le qa!Ji• et la rn•gistratura qui s'y rattacbalt,
on consultera avec int6r!t le travail complet pour l'Orient, IDIUS insuffipn~
pour l'Occident, de E. Tyan, Histoire de l'organisation judiciaire en paya
d'blarn, 2 v., Paris, 1938, et les Notes sur l'histoire de l'Organisation Judi-
ciaire en pays d'Islam, donn= en compte rendu de cet ouvrage par Gaudo-
froy-Dernornbynes, dans REi 1939, pp. 109-147. Sur l'organisation judi-
ciaire dans le califat umaiyade de I'Andalus à la ~ ~poque • on dispose
d'une 4!tudc exhaustive et minutieuse dans Espagne Ill, pp. 112- 162. Sur le
rn&ne sujet en Ifriqya, à une ~poque relati1l'Clllellt plus basse, 1'4!poque ziride,
et à une autre plus tardive, celle des l;Jafsides, on possède des ~tudes fouill=
et précises dans Idris Il, pp. S48-S73, et Bnmschvig, La Berbaie Orientale
sous les J;{afsides, II, pp. 113-153. - On trouvera aussi des vues judlcieu-
et d'excellentes notes dans 1. Scbach·An Introduction to islarnic Law, p. 23
aqq et 49 sqq ; - on consultera enfin avec profit J. Hopkins, Medieva mus-
f
lim gouvernement, sur les institutions en usage en lfriqya avant les Hafsides
et en particulier sur l'organisation judlciaire,_l!l). 112 sqq ; cf. le compte ren-
du qu'en a donn6 D. Sourde!, dans Arabica VII, 1960, pp. 209-210.
(21) Malllis Il, pp. 126-131.
(22) Iftitll), 1 223.
(23) Ibid.
(24) 'UyQn, p. 6 ; - Bayln. p. 159 ; -Tabeqlt, p. 241.
(25) Tabaqlt, p. 240.
(26) &pape m. pp. 118 et 119.
(27) Bayln, p. 173 ; - Tabaqlt, p. 239.
(28) Dans 'UyQn, p. 5, le nom du rnissiOODaire AbO •Abd Al1eh Ôe'f'ar
b. Mul;!arnrned b. al Aswed b. el-Ha)1arn.
(29) Tabaqiit, ibid.
(30) Tebaqlt, p. 240. .
(31) Ibn J;{ammiido, pp. 21/38, et 39 (texte) ; - ltti'li, pp. 127 et 133.
(32) 'Uyuo, p. 50 ; - Itti'iii, p. 133 ; - Ibn J;{ammàdo, pp. 38/59 et 39/61 ; -
Idris-REi, pp. 1S1 et 164-165 ; - Idris n, p. 556.
(33) Idris n, Ibid., notes 222 et 223.
(34) Itti'i.i, p. 133 ; Tabaqit, p. 241.
(35) ltti'ii, ibid.
(36) Le cacji li'ite ~ t al-Nu'man et le cacji sunnite Abu'l-Tlhlr Mubarnrned b.
Ahmad al-Oubli, maintenu dans ses fonctions par Oawbar puis el-Mu'izz ;
Voir ltti'ai, pp. 147, 189 et 196.
492
JI' .
(Ci 1)
5.i~a!t=iS:~1:'~lWlia~=.c:::
a~ pour l"Espasne. musulmane, Nubibi. op.• oit p. 78., ·Gt pOur' l;Irriqya sous
~.~r~~kl':!~~ ~~ed=~e~.,1~f::.~.-; :tO::
l"ap~tien. d.u crois!Dt de la no1+velk lune aµ risque de eontr.arier le.· BDtrll.·
.faturude G,awhar -w vena·it ,de rame la oonqaete du ·pa;ya, ,et q,ni, ·dam, nou- ra
Y>elle ca;pitale ·q u'i' 6di~ l...e Caire, se fonde sor la 1!16thode du calcul pour
cWtmnmcr· le jour de la :rupture du jetlne..
,(62) a~ .p our· l'lfriqya. ldlri1 II, pp., 50-5'S et. ldris-RBI. pp. I61"·162..
(63) N.-cublhJ., _o.,~ cit.t pp. 29-30 :,·- cf'.. ,SlU' « Il: cadi et les Grands», .I U,U-REI
PP~ 163-J68.
('4) Cela d~oule du ICDI Jl'llme:de rexpreasion « qidPl-q,u cjlt,. dont :1 faut lnfl.
nr que re cadi en ,chef daillJ8Ît les titulains de la cllaqe cadicala dam Ill
d.1iff'trentcs mconscrir:·tïons provinciales ; voir à ce propot M11il11 D, pp.
203-2· I]
. . . ,
11
9,
_ 'l"A;,ft<Bh
Pu~.,
1"1 'Hi,
., ~
1
.•,
(iffl M:allJi-s ~ p,. 3l4~
;.;,.,I .. ...l I """'
~ Z.'I.
( " " 'IAk. ~~ ..
i°
493
(68) Espaaue Ill, eu particulier pp. 144-145.
(69) Sira, pp. 149 et 187 et oote 336 ; - cf. sur le rôle de ce maaisttat pour 111-
riqya eu particulier, Riyi~-REI, pp. 171-172 et d'uoc façoo générale pour
l'Orieot comme pour l'Occideot, Tyao, Organisatioo judiciaire II, pp. 34S-3SO•
.
(70) Scion Ma&ilis Il, p. 31S, le« radd al-Maialim » rclm du cadi qui eu ~fère
au calife ; - Sur la wi!Ayat al-M~lim créée par Sahouo, voir Tabaqat p.
141 où J;labib b. N~r est désigné ainsi : « $âbib Maiàlim Sal;1n0n » ; ~ voir
aussi Idris Il, p. S29 ootc 187, et H.H. Abdul Wahab, Afl al-J;lisba, p. 19.
(71) H.H. Abdul Wahab, op. cit., Ibid. ; - sur ce juriste, Tabaqat ,pp. 147-148
et sur le cadi 'Isa b. Miskio, Ibid., pp. 142-143.
(72) Bayao, p. 195 ; - voir aussi sur al-Tarazi, Tabaqit, pp. 130, 164-165, 230.
(73) Cf. Idris Il, pp. S48-S49, DOie 186.
(74) Si.ra, pp. 48-49.
(7S) Ibid., pp. 143-144.
(76) Ibid., pp. 139-140.
(77) Ma&ilis li, pp. 17-18, 3S-37, 31S.
(78) Itti'ii, pp. 16S, 191, 197 ; - Sur 'Ali «juge des mazâlim » doot les califes
fatimides se plaiseot à suivre l'exemple, surtout al-Mu•izz, voir MiwardJ
al-Abk!m al Sullâoiya, pp. 77-78 ; - Cf. sur la juridiction des maz.alim CD
lfriqya à une époque plus basse, sous les J;laffides Brunschvig, Babérie
Orientale Il, pp. 143-146 ; - sur la merncjuridiction à la memc époque dans
le califat umaiyadc d'al-Andalus, cf. Espagne III, pp. 140-JSI ; - on trou-
vera enfin uoe étude complète de cette juridiction daos l'Etat islamique, CD
Orient comme co Occident, chez Tyao, Organisatioo judiciaire Il, pp. 141-
288.
(79) Espagne Ill, P.P· 148-JSl et Lévi-Proveoçal, S6ville musulmaor au début du
Xllè siècle, voir Tyao, op. cit., 11, pp. 436-484 ; - voir plus m:emmeot, E.I
(Hisba) pp. S03-S06 par Cl. Caheo et M. Talbi.
(80) Dayan, p. 78.
(81) H.H. Abdul Wahab, NI al-J;lisba, p. JO.
(82) Cf. Ibid., pp. 18-20.
(83) Sur Sulaymao b. 'lmrin sumODUœ ij'ar1lfa, voir surtout Tabaqit pp. 180-
183, et sur Ibo 'AbdOo, Ibid., pp. 187-189 et passim.
(84) Riyà~-REI, p. 172 ; - Tabaqit, p. 230 ; - Bayio, 185.
(8S) Muqaddima, pp. 222-223.
(86) Ibid., p. 222.
(87) Idris REi, p. 170.
(88) Ibid., pp. 170-171 ; -cf. pour le califat umaiyade de l'Andalus, Espqoe m,
pp. 153-162 ; - pour uoc étude &én~alc sur l'iostitutioo, voir Tyao, op. cit.,
li, pp. 352-435.
(89) Idris II, pp. 519,527 et 528.
(90) Bayio, pp. 181, 183, 184-185, 186 ; - Tabaqit, pp. 216, 231.
(91) Tabaqit, p. 231 ; - Idris li, p. 527, oote 80.
(92) Sira, p. 171.
(93) Ibid., DOie 385.
(94) IDitib, § 275.
494
CONCLUSION
(1) Voir dans l'Avant-Propos comment nous envisageons de donner une suite à
ce livre.
(2) H . Monès, Le malikisme et l'échec des Fitimidcs en Ifrikiya, pp. 197-220.
(3) Ibid., p. 220.
(4) Gautier, p. 335.
(5) Ibid., p. 352.
495
.
-· •·u- - ,o-- G-n , a. nHlE
Bm ' . · . ·.· : ·]~
___ ..
1 :- _
·.
49'1
ABO YOSUF YA'KOB, m. en 182 h., Kitiib al-Uarâg (le livre de
l'impôt foncier), trad. Fagnan, Paris, 1921.
ABO ZAHRA, Mul,lammad, Abii l;lanifa 2• éd. Caire 1955.
ABO ZAKARlYY}:, Chronique d'Abou Zakaria, trad. Masqueray,
Alger 1878, et nouvelle traduction de R. Le Tourneau
sous le titre de Chronique, dans R.A., à partir du n° 104,
1960.
A.1.E.O. Annales de l'Institut d'Etudes Orientales de la Faculté
des Lettres d'Alger.
A'MAL voir Ibn al-8ati1>.
M. AMARl Bibliotheca arabo-sicula, textes arabes, Leipzig, 1857,
appendice 1975 et 1887.
Storia dei Musulmani di Sicilia, 2• éd. revue par Nallino,
3 tomes en 5 volumes, Catane, 1933-1939. Abrév. Stora.
AMWÂL voir AI-Diwudi.
ARCHITECTURE voir G. Marçais.
·AZIZI-ABO 'ALI MANSUR AL-, Sirat al-ustid Ôildar, éd. Kimil
l;lusayn et 'Abd al-Hidi Sacrra, Silsila ma/Jfiitât al-Fati-
miyyïn, XI, Caire 1954; trad. M. Canard, Vie de l'ustadh
Jawdhar, Publication de l'institut d'Etudes Orientales
de la faculté des Lettres d'Alger, Alger 1957.
Abrév. Sira (référence à. la trad.).
BAKRI ABO 'UBAYD, Description de l'Afrique septentrionale,
éd. De Slane, 2è éd. Alger 1911 : trad. De Slanc, ~ éd.
Alger 1913. Abrév. Bakri.
AL-BALAWI ABU MUl;IAMMAD 'ABD ALLAH B. MUl;IAM-
MAD AL MADINJ, Sirat Al;unad b. Tûliin, éd. H. Kurd 'Ali, Damas,
1358 H/.
P. BALOO, Monnaies islamiques rares fatimites et ayoubites, dans
Extrait du Bulletin de l'Institut d'Egypte, t. XXXVI,
1953-1954.
J. BARADEZ Fossatum Africac, Recherches aériennes sur l'organi-
sation des confins sahariens à l'époque romaine, Paris.
498
DAYAN voir Ibn 'fdiri.
·e·. .'BBL La religion musulmane en Berbérie, esquisse. d'bistoire
et de tociologie reli,gieuse, Paris 1'948,
M. B1!J-1IN Du régime des fiefs. militaires da:os l'lslamisme ·et princi-
1
....
..i1,ê n
-- ···-··- - - .
'.500
Textes relatifs à l'emploi du feu grégeois ch~ les Arabes
dans B.E.A., XXVI, 1946 pp 3-8.
Vie l'ustadh Jaudhar, Alger 1950. Trad. de la Sira de
Oawdar. AbRv. Sira.
Les travaux de Lewicki concernant le Maghreb et en
particulier les Ibil.c;lites, dans R.A. 103, 1959.
DT L. CARTON, Les antiques cités de l'Afrique du Nord, dans
Extraits de la Revue de Tripolitaine, An 1, n° m, Rome
1924. Abrév. Dt Carton.
ED CAT Essai sur la province romaine de Maurétanie Césarienne,
Paris 1891. Abrév. Cat.
H. G. CATIENOZ, Tables de concordance des ères chrienne et
hégiriennes, Rabat 1953.
CHAMBELLAN voir M . Canard.
CHEIKH B~KRI, Le Kharijisme berbère, quelques aspécts du
royaume rustumide dans A.I.B.O., XV. 1957, ,55-109.
. .
CH. COURTOIS, Les Vandales et l'Afrique, Paris, 1955.
Les rapports entre l'Afrique et la Gaule au début du Moyen
Age dans C.T., VI, 1954, pp. 127-145.
DA·AIM Voir AI-Nu'miin.
DABBI BugyaJ al-multamis fi ta'rit, rigii/ al-Andalu.r, éd. Codéra,
Bibliotheca arabo-hispana, m, Madrid, 1855.
DAS IMAMAT voir Madelung.
AL-DÂWUDI Kitiih al Amwiil, ms Escorial 1165. Extrait éd. trad.
dans Etudes d'Orientalisme dédiées à la mémoire de
Uvi-Provençal t. II, Paris 1962, par Abdul Wahab et
Dacbraoui, pp. 401444. Abrév. Amwiil.
DE MAS LATRIE, Traités de paix et. de commerce et documents
divers concernant les relations des Chrétiens avec les
Arabes de l'Afrique septentrionale au Moyen Age, '1 vol.,
l•• vol., Paris, 1866, avec une introduction paginée à
part 2• vol. Paris 1872, supplément et tables.
J. DESPOIS, la Tunisie Orientale : Sahel et Basse Steppe, Paris 1940
AbRv. Despois.
Le Djebel Nefoussa, Paris, 1935.
L'Afrique du Nord, Paris, 1949.
502
F. GABRIELI, Histoire et culture de la Sicile Arabe, dans la Revue
de la Méditerranée, Paris-Alger, mai-juin 1957, pp. 241-259
Arabi e Bizantini nel Méditerraneo Centrali, dans Bulletino
dell'lnstituto per il, nedio Evo e Archivio Muratoriano,
n° 76, Rome 1964, pp. 31-46. ·
GA'FAR, voir A. Sayy d Al-Ahl.
GA'FAR B. MAN$0R AL YAMAN (m lieu JV• s. H.) Asrar
al-Nufaqii, Extrait éd. et trad. dans lvanow Risc, texte
81-106, trad. 275-304.
ôAHSIYARI ABU 'ABD ALLAH Mlll;IAMMAD Kilâb el-Wuzarii
waJ-Kuttab. Le Caire, 1938.
L. GARDE'r, La Cité musulmane, vie sociale et politique, Paris, 1954.
A. GAT.EAU, La Sirat <Jtffar al-l;lajib (contribution à l'histoire des
Faµmidcs) dans Hesperis, 1947, pp. 375-396. Abré"·
Gateau.
M. GAUDEFROY-DEMOMBYNES, notes sur l'histoire de l'orga-
nisation judiciaire en pays d'Islam, R.E.l., 1939, 109-147.
C.R. de E. Tyan, histoire de l'organisation judiciaire en
pays d'Islam, J.A., CCXXXV, 1946-1947, 123-132.
Un magistrat musulman : le mul,ttasib, Journal des Savants
1947, 33-40.
E. F. GAUTIER, l'islamisation de l'Afrique du Nord, les siècles
obscurs du Maghreb, Paris 1927, 29 éd., le passé de l'Afri-
que du Nord, ses siècles obscurs, Paris 1937. Abrév.
Gautier.
GENlZA voir Goitein.
MJ. DE GOEJE, mémoire sur les Garmathes du Bal,train et les
Faµmides (Mém. d'Kist. et de Gégr. orientales, 1) Leyde,
1866.
S.D. GOITEIN, From the Mediterrancan to India : Docwnent on
the trade to India, South arabica and. East Africa from
the eleventh and twelfth centuries, The mediaeval Academy
of America, Cambridge, Massachussets Speculium XXIX,
April 1954, n° 2 part. l, 181-197.
Glimpses from the Cairo Gcniza on naval warfare in the
Mediterranieam and on the Margal invasion, Studi
orientalici in onore di G. Levi Della Vida, I, 1956, 393-408.
1ews and arabes, New York 19SS.
The Cairo Genita as a source for the history of Muslim
civilisation, Studia Islamica, m, l9SS, 7S-91.
The last phase of Yebuda Halevi's life the ligbt of the
Geniza papcrs, Tabriz quaterly, XXIV, 1954, 1-24.
La Tunisie du XJe siècle à la lumière des documents de la
Geniza du Caire, dans Etudes d'orientalisme dédiées à la
mémoire de Levi Provençal, II, SS9-519, Paris, 1962. Abrév.
Geniza.
GOLDZIHER, Islamisme et Parsisme revue de l'histoire des Re-
ligions, 43 (1901).
L. GOLWIN, Le Magrib central à l'époque des Zirides, Recherches
d'archéologie et d'histcire, Paris 1957.
PH; GOSSE. The history of piracy, trad. fr. par. P. Teillac, Histoire
de la piraterie, Paris, 1952.
R. GOTTHEIL, A distinguished family ofFâµmide Cadis (al-Nu'man)
in the tenth Century, 1AOS 27 (1907).
G. V. VON GRUNEBAUM, Medioval Islam, a study in Cultural
orientation, Chicago, 1947, trad. Odile Mayot, l'Islam
médiéval, Histoire et Civilisation, Paris, 1962.
si GSELL, Histoire ancienne de l'Afrique du Nord, 8 vol. Paris, 1913
1928. Abrév. Gsell.
Atlas archéologique de l'Algérie, Alger-Paris, 1911.
f.lAMM?J}I MU.l;IAMMAD B. M~LlK. KaJf asriir al Biifiniya wa
a!,biir al Qariimi/a Caire 19SS. Abrév. Ka~f.
l;IASAN IBRAHIM l;IASAN et TAHA Af.lMAD SARAF, Al-Mu'izz
Li-Dm Allah, Caire 1367 H/1948. Abrév. Mu'i.zz.
'Ubayd Allah al-Mahdia, Caire 1947. Abrév. Mahdi.
.l;IASSAN ZAKY MUl;IAMMAD, les Tulunides, Paris, 1937.
~
H . W . HAZARD, The :nllmismatic bistory of 'late œediev,al North
- ne.a,,
Afi "' N um:ismabc
~
--, ·-es, h-
. studi ,o ·g
._· , Tbe
, .-- - - - - - CID, ""~1
1 ·-__
~
U1BJS-- 1
A. m e r i
"' •
,505
IBN BASKUWAL, Kitiib al-sila fi ta'ri/J a'immat al-Andalus ... éd.
Codéra, Bibliothéca arabo-hispano, I-H, Madrid 1883.
IBN BASSÂM, al-l)a/Jira R maf:,asi11 ahl al-èJazira, l•"" partie, Vol.
I-Il, Caire 1939-1942 ; 4• partie, Vol. 1, Caire 134S.
IBN FAI;>L ALLAH AL-'UMARI, Masiilik al-ab1âr fi mamiilik al-
an!iiir, Encyclopédie en 27 volumes ; tome XVIl, ms. de
la Bibliothèque Nationale de Paris, n° 2527. Traduction
annotée de la partie géographique consacrée à l'Afrique
moins l'Egypte par M. Oaudefroy-Demombynes, Paris,
1927.
IBN ijALIJKAN, Wafàyiit al A'yiin ... éd. Caire 1948, tome 1. Abrév.
Wafayiit.
IBN I;IAMMAD (IBN J:IAMMADO), Histoire des rois obadydites ;
éd. trad. Vonderheyden, Publication de la Faculté des
Lettres d'Alger, 38 série, fasc. 2, Alger-Paris 1927.
IBN HA.NI', Diwan, Beyrouth 1326 H.
IBN AL ijATIB, Kitiib A'màl al-A'liim ; éd. Abdul Wahab dans
Centenario M. Amari Palerme 1910, pp. 427-494. Abrév.
A'miil.
Raqm al-Qulalfi naim al-duwal, Tunis 1316 H.
Al Qulal al-maw!iyya fi dikr al-a!Jbiir al-Marriiku!iyya,
Tunis 1329 H/1911, éd. Allouche, Collection des textes
arabes publiés par l'Institut des Hautes Etudes Marocaines,
VI, Rabat 1936. - Abrév. I;lulal Maw§iyya.
IBN l;IAWQAL, Al masàlik wal-mamà/ik, ou $ürat al Ar/, éd. J.H.
Kramers, 2 vol., Leyde 1938-1938 ; trad. De Slane, J. A.
3• série, Xlll, février mars 1942. Abrév. Ibn I;lawqal.
IBN l;IAYYAN al-Muqtabis fi al,har balad'al-Andalus, 1 v. éd. A. Ali
EI-Hajji, 1 v. Beyrouth 1965. - Abrév. Muqtabis.
IBN l;IAZM èJamharat ansàb al-'Arab. éd. E. Lévi-Provençal, .Col-
lection [)abii'ir al-'A rab, 11, Caire 1368 H/1948.
Kitiib Naq{ a/-'arus fi tawiirib al-bulafa', éd. G.F. Seybold,
Révista del Centro de estudios historicos de Granada
y su reino, tiré à part s.d. (préface : Tubingen, t •• octobre
506
__,,__
l3SO H,/193 ; ·trad.. O.. .Leco,mte :R.. E.I~, 1952, 75... 105·~
1
IBN . ·. AL-a
. . .~·· yn,U4 ~,1·a A rjuur
,i L,L:.. a- 1 a1immt1 ..
1 - '
...., rwtumJY)'.
"' •
· '"' 1..'11) i;iu. .,,(,..1 M ty6ns'Id~,.
1 . ( ), '
508
- Sur le retour des Zlridcs à l'obédience fatimide, A.I.E.O.,
XI, 1953, p. 2S-39.
L'Ecole Malikite de Mahdia : L'lmim al Mizart, M6mo-
morial E. Uvi-Provençal, tome 1, Paris, 1962, pp. 153-164.
JDRIS 'IMAD AL-DIN (sayyiduna), m. en 872 H., Zahr al-ma •inJ
cxtr. 6d. et trad. par Ivanow dans rise, texte, 47 sq. tr.
232 sq. ; •uyün al-a/)bar, ouvrage historique dans le voz.
V concerne les premiers Fatimides. Encore manuscrit.
Abrév. •uyün.
IDRISI Description de l'Afrique et de l'Espagne, 6d. trad. Dozy
et De Goeje, Leyde 1866.
JFilfAl;I voir AI-Nu<man,
ISTAURI Kitiib al-Masiilik, éd. De Goeje, Leyde 1870.
JTIJ•A.z voir MaqrizJ.
W. IVANOW 6d. de Sirat Ja'far al-J:lajib, Bulletin of the faculty of
arts of the univercity of Egypt. IV/2, 1936. Abrév. Sirat
Ga•far.
A creed of the fatimides, d'après le taj al-'aqlfid wa mtfdin
al-fawii'id de •Afi b. Mol;iammad b. al-walîd, Bombay 1936.
The alleged founder of Jsmailism, Bombay 1946 (the
lsmaily Society Series, h 0 1),
A guide to Jsmaili Literatur, Londres, 1933.
Notes sur l'Umm'I-Kitiib, R.E.J., 1932 ; Umm'I-Kitiib,
Dar Islam, XXJI (1935).
Risc Ismaili tradition conccrning le rise of the Fitimids),
Oxford 1942 (lslamic Rescarch Association Serics, n° 10).
Abrév. Risc.
The organisation of tbe fatimid propaganda, Journal of
the Bombay Brach of the RAS, Bombay, 1939.
L. JACQUOT La caverne miraculeuse de Sidi Bou-Yahia et le culte
de Mithra, Constantine 1909, dans Extrait du Recueit
des notices et mémoires de la Société arch6ologique de
Constantine, Vol. XLII.
CH. A. JULIEN Histoire de l'Afrique du Nord ; Tunisie, Algérie,
Maroc, Paris 1931. - Abrév. Julien.
509
KA.MIL voir Ibn al Apr.
M. KAMlL I:IUSAYN Fi adab Mlp al-Fiitimiyya. Le Caire, 1950.
Sirat a/-Muayyad Fid-din da'i d-difat (tarfamat !Jayiitih
bi-qt.lamih), Le Caire, 1949.
510
Histoire de l'.Espagne, musulmane., .3 vot1 Pari~~yde,
1'950-1'95,3.
Abr-év :Espagne. !!
o,n•en.·u-i.ùstyezny,.
11: · xxr
_ .- -_·,., 1:-:, · ., -101 ns,
~ · -·3.43· · ·•
1....i!.. ..:. . ~ - ·. de
Les • U-~UUJVJJS10D8 .~ ·..: ,t·t·J,h ~ düntt.
· _a. .'Iu... t-
1 ,~. ·. · . di"'
· av,i. S • . ]V~ 19.J~·'s:;
_amtca,,
. tu
1,
71-82~
- Notice sur la Chroni.que JblqU:e dtad-D.ar.lkd, Ro.gcnise
onentalistycmy, XI, 1936, 146-172..
Quelq1ues ·te·xtes inédits. m vieux berbère provenant d'une
chronique ibaqite an.onyme·,. RJ:t1 19~ cab. 3, Paris
193S, 21.s·- 2,s..
...--. Une chronique ibâgite ·« Kitab a·l Siyar » d,Abu. .l-cAbbas
A'b mad aI-Sanuoibi,, R.Jt.l ~ 1934, cah. 1, S9-78~
....... Une langue· romane o,ubliée de l'.Afrique du Nord : ,obser...
valions d un arabisant, .Rocznik orientalisticgny, XVII.
11
&,I l
Naval power and trade in the Méditerranean, A.D. 500-
1100, Princefon University New Jersey, 1951.
A. LEZINE Deux Ribiit du Sahel Tunisien, C.T. 1956, 279-288.
Le Ribât de Sousse, suivi de notes sur le ribât de Monastir.
Direction des Antiquités et Arts de Tunisie, Notes et
Documents, XIV, Tunis 1956 (c.r. par G. Marçais dans
C.T. 1956, 127-135).
Mahdia, Recherches d'archéologie islamique, Paris 196S.
512
•• .. A··..·u-,L" .u·.-e,I"',
, ·M
M t ..
ilii..1,,A~ ,.
il-,;wtl . fi ,. . .,_. IU·ZiM.tyya
~' ,- L, Ji , ,.,.,J~:
.: ( .n,n,R .
t ' 1 1.1.:111...1·
O.'i -,M CU.IAiLlJ'10
2 .
YO1.., ·Ca
!I
_· ;Jré~
Paria 1913..
- La BlrWrie au JX6, liacle d~apri& Bl Ya'qOb'I, dam RA.
1941,. pp,.. 41).f; 1..
La Berb6rie musulmane· et & .'"orient au Maym Age, Paria
1946. - A'brév·. Beribérie musulmane.
MARÇAIS GBOROJ!S, et POINSSOT (L.'), ; Objets kairouanail,
Notea et Documents,, xt :rasci, 1 et. 11•. 2 v0J. Tunis .1948- 1
1952.
0 • •• .... • ·r &Ta .ll'l4U
Pll.'l.l'li.~ ·.·· d
.....,ï"'uel · ~l"U
. .1-f'IL ,m:u. ..au
· ·. .l'm
. an-
. J
1•• -Ll~·_..'11... Tuaiai
.l'U;WIU~IUill-t . , ..·
Algérie, Muoc, Espagne·, Sicile', 2 vol,,, Paria :1926-1927 ;
. .. . nfL SOUi 1·t IAU M" . hnA . . 4tn-...:
rem&+.'Ci . .~ 1.- lit..._
dm•L'..,, .Paria
111 . YU :
. _ 'l.ftC~
7-,.,, 1
, .......
- t••itecll
A'-L~
\J.Jl;iY .. /··~hi·~~--
1 L i Q I ~ : ' UIU~U .· ~ ,~~
1'1.1\,', . ~ l i l &'' V,
1.19
G. MARÇAi$ et GOLVIN (L.), La Grande Mosquée de Sfax, Institut
National d'archéologie et arts, Notes et Documehts,
Vol. Ill (nouvelle série), Tunis 1960.
514
.:.. -
515
AL-NUBAHI KJtab a -Markaba aruJya foman ytUtal;,iqq al km/a
· wa'l-fityii, ~- Uvi-Provençal, Caire 1947.
AL-NU'MAN, Abü .l;lantfa, Dt:fiiim al-islom, l et u, éd. Fyzcc,
Caire 19Sl. - Abrév. Dt:fiiim.
Kitiib al Mafalis wafmJ1Siiyariit, ms. - Abrév. Maf4/is.
Kitab al-himma wa adab ittiba •ara'imma, éd. Kamil
Husayn, Caire. Abrév. fflimma.
Jftitiil;, al Daw'a, ms. éd. Dachraoui. - Abrév. lftit~.
OR MUSULMAN voir Lombard.
C. PALLU de LESSERT, Les colonies attribuées à César dnu
l'Afrique Romaine, dans Extrait des Mémoires de la
Société Nationale des Antiquités de France, t. LXXI,
Paris, 1922.
CH. PELLAT, L'Jmamat dans la doctrine de Ôihiz, dans S.I., XV,
1961, 23-52.
Le culte de Mu'iwiya au lllè siècle de l'hégire, dans S.I.,
VI, 1956, pp. 53-66.
G. C. PICCARD La Civilisation de l'Afrique Romaine, Paris 1959.
H. PIRENNE Histoire économique de l'Occident Médiéval, Bruxelles,
1951.
J. PIRENNE Les grands courants de l'Histoire universelle, JI, De
l'expansion musulmane aux traités de Westphalie, Neuf-
châtel-Paris l 9SO.
L. POINS.SOT Inscriptions arabes de Kairouan publiées par B. Roy
et P. Poinssot avec les concours de L. Poiossot, Publication
de l'Jnstitut de Hautes Etudes de Tunis, fJ, fuc. 1-11,
Paris 19SO et 19S8.
A. N. POUAK. La féodalité islamique, dans R.E.J., X. 1936, pp.
247-26S.
PROCESSION voir Canard.
E. QUATREMÈRE, Mamelouks (Histoire des Sultans mamelouks,
trad. Partielle de Maqrizi, 2 t. en 4 vol., Paris, 1837-1845;
vie du Calife fatimite Mo'iu:-Lidin-allah. J A., Wè suie,
no 2 et 3, 1836-1837.
516
N~Q'UAR.BMBIŒt M6moins .h,st,oriques sur la. dynastie des Califes
~ ...1- -
r.a1..;... .
.l,i 'PHu.UÇ3, 'V---:.. - ~ '-•o
""' d-~,- ffJ. .,cJ_&il&oJI
:..., 1 - A .- .~,1. ""'~·rie. a,a- ,Unt, - :I s~
-- .. - . , ;.J.U iMi,il - - :Il - .;J
6~
rA.friq,u~ romaine.
lt!VOLTE voir· Le ·Tourneau.
dVOLUTION ëABB.ASSlDE voir Cl.. Cahen. 1
XV
- _-,
·
1 1--0A
- av..
. .. . .. . .. , -
1 .. ., 1,
11.T
Esquisse d'une histoire du droit musulman, trad. Arin,
Paris 1953.
New sources for the history of Mut.iammadan theology,
Studia Jslamica, J, 1953, 40 seq.
Sur la transm_ss on de la doctr'ne dans les écoles juridiques
de l'Islam, A.1.E.O., 1952, 399-419.
The origins of Mol;tammadan jurisprudence, Oxford
1950, 2è éd. 1952.
A. SCHULTEN L'Afrique romaine, Trad. Dr Florence, dans Extrait
de la Revue lunisienne, Paris, 1903.
518
S. M. STERN An Embassy of the Byzantine-Emperor to tho fitimid
ijaliph al-Mu•itz, B.S.O.A.S. XVIl (1955).
(:fâtim b, lbrâhim on the history of the da'wa in yen1en,
oriens 1951.
lsn1a•iJis and Qannatians, dans !'Elaboration de l'lslan1,
colloque de Strasbourg, Paris 1961 , pp. 99-105.
STORlA voir Amari.
SOLI (as) m. en 355 H., Abbâr al-_Râdi wa'l-Muttaqi, éd. H,
Ounn.e, Londres 1935 ; trad. M. Canard, P.J.E.O., XJ-Xll.
Alger 1946-1950.
.
M. TALBI Quelques donn6es sur la vie sociale en Occident Musulman
d'après un traité de Hisba du XVè siècle, Arabica 1954,
Arabica 19S4, 294-306.
Kairouan et le malikisme espagnol dans Etudes d'Orien-
talisme dédiées à la mémoire de Uvi-Provençal. Paris
1962, I, 317-337. Abrév. Talbi.
TANNOijl (A1) m. en 384 H., Niswâr a -Mü/Jii4ara ( Kitâb Oami'at-
tawiiri/J), éd. Margolionth, C, Le Caire, 1921 ; 1 Damas,
1361/1942; VIII, Damas, 134 P/1930.
H. TERRASSE H,istc,>ire du Maroc, des origines à l'établissement
du protectorat français, 2 vcil., Casablanca 1949-19SO.
TIÔÀNI Ribla, éd. Tunis 1927 CV. Aussi : éd.· Tunis 1958 avec
index. préfacée par H.H. 'Abdul Wahab. Abrév. Tigâni
(renvoi à l'édition 'Abdul Wahab).
CH .TlSSOT Géographie comparée de la Province romaine d'Afrique,
t. 2, Paris, 188".
J. TOUTAIN Les nouveaux milliaires de la route de CAPSA à Tacape
d6couvorts ,par M. le capitaine Doncœur, dans Extraits
des Mémoires de la Société nationale des Antiquaires de
France, t. LXIV, Paris, 1905.
E. TYAN Histoire de l'organisation judiciaire en pays d'lslàm,
2 vol., Paris, 1938.
Institutions de droit public musulman, t. 1, Le Califat,
Paris 1954, t. Il, Sultanat ot calüat, Paris 1956.
519
·UYON voir •Jmid ad-Din.
A. VASILIEV ByzancoetlcsArabcs,éd.franc. 1, Ladynasticd'Amo-
rium. Il, La Dynastie macédonienne 2è partie, Extraits
des sources arabes par M. Canard, Bruxelles, 1930. Abrév.
Vasiliov.
M. VONDERHEYDEN, La Bcrbérie orientale sous la dynastie
des Danou t-•Arab, Paris 1927. - Abrév. Vondorbeyden.
WARAK.ÂT voir Abdul Wahab.
G. WEITT L'Egypte arabe (tom I". do Histoire de la nation qyp-
tionno par G. Hanotan), Paris, 1937.
F. WüSTENFED, Geechiste der Fatimidcn-Chalifcn, Gottigen, 1881
(A.K.G.W.O., 26-27).
YA·QOBI Kitiib al-bu/dan, 2é éd. De Gœjc ; Bibliotheca geogra-
phicorum-arabicorum, VII, Leyde 1892 ; trad. G. Witt,
Textes traduits d'autcun arabes, 1, Les pays, Caire 1937.
- Abrév. Buldan - Pays.
YAQOT Millam a/-buldân, 8 vol., Caire, 1906.
YAI;IYA B. ·UMAR, Abkâm al-SQq, les passages do œt ouvrage
rele~ dans le Mi'yar d'al Wanlarisl édités par M. A.
Mokki dans R. I. E. E. I. IV, 1956, pp. 59-151 ; ms, H;a.
Abdul Wahab.
E. de ZAMBAUR, Manuel de génœlogie et de chronologie pour
l'histoire do l'Islam, Hanovre 1927,. traduwon arabe par
Zaki Muhammad l;lassan Bey et l;laaion Abmad Mubam-
mad, I, Caire, 1370 H/ 1951.
H. ZAYYAT RépcrtoiJe des noms de vaisseawc et cnibarcations en
· Islam (Mr/lani al-màralclb wa s,efun fl'/:Jsliim), al-Malriq
1949. .
. . . ~
020
IND.B
·! . X.
.. .
A
Al' ~ .;1LL.:..
ni• nUDAA· ! 1-49
·1·, · .
A.J;.rr.Abbiisai ,: 263
(t.A bbassides(les)48-49-SO - S4-56 - ,62 -7-0 lll - 1.18- 1 ~
. 4
538
•Abd Allah b Tabiidalt Ibn Qazar : voir Ibn Qazar
'Abd Allah b Zulal: 191.
•Abd al-ma/ik b Marwan : 355.
'Abd al-Ra/:,miin Ill : 140 - 154.
•Abd al-Ra/µn,ân b Rustam : 63.
•Abd al Sami •al-'Abbiissf : 260.
' Aix/an : 55 - 56 .
•Abdün b l;lubiisa : 324 - 358 .
Abdulwahiib (H.H.) : 340
Abraham : 331.
Abü •Abd Allah : 52 - SS - S6 - 51 - 58 - 59 - (i() - 62 - 63 -
64 - 65 - 66 - 67 - 68 - 10 - 11 - 96 - 165 . voir Dïri.
A.bü ' Abd Allah al Andulsi : 61 - 62 - 65 - 11 - 373.
Abü Abmad (}<fJar b 'Ubayd : 118.
Abü 'Ali : 59 - 153.
Abü'Ammiir: 165-166 -172- 173-177-189-200 - 202-
204 - 205 - 342.
Abü Bakr : 68 - 69 - 98 - 116 - 292.
AbQ Bakr Ibn al-Gammûdi : 323 - 341.
Abü Diiwüd : 145.
Abü Duqal : 168.
A.bü Oa'far Abmad b Na,r : 257 - 2S9.
A.bü O<i'Jar A.l;unad b Sulayman : 102 - 137.
Abü Oa'far Al .Bafd&li : 128 - 141 - 164-298-311 -315 -408
422.
Abü (J<fJar Al Qazari : 118 - 126- 302 - 323.
Abü (J<fJar Al Qurasani : 2<,0.
Abü (Ja'far b al Furiit : 256 - 257 - 259 - 2<,0.
A.bü Oa'far b Sari/ ; 251.
Abü O<lfar Mus/un b 'Ubayd Allah : 257.
Abü Qafe 'Umar al BalliJII : 244.
Abü Qa/ifa : 130 - 132.
s2•
- ~-
525
Abü·l· Yu.sr : 311.
Abü Makdül : 104 - 105 - 106 - 107.
Abü Man$Ür Takm : 140 - 143 - 145 - 146 - 148.
Abü Mu,Jar Z iyâdat Allal, : 274.
Abü Mudayni: 75 - 101 - 102 - 106 - 107.
Abü Mu/ri/ : 153.
Abü Mul;rammad : 291.
Abü Muhriz : 333.
Abü Müsii Hiirün b Yünus : 79.
Abü Mu.slim al-fluriisiini : 131.
Abü Mu.slim Isma'il b Mansür : 90.
Abü Mu.slim Mansür b Isma'il : 105.
Abü NQ1r : 195 - 196.
Abû Nûb : 237.
Abü Qiibus Mu/;rammad b l;lamak : 145 - 148.
Abü Sa'id 'Utmr,n b Sa'id : 301.
Abü Sa'id al I;>ayf: 155 - 394 - 422.
Abü Sa'id al-Oanniibi : 146 - 157.
Abü Salaymiin b Uay riin : 168.
Abû Sasik : 177.
Abü Sufyân : 57 - 58.
Abü Sulaymiin Ayyüb : 188 - 201 - 205.
Abü 1a},ira/Oannabi: 149 - 158 - 214 - 254 - 257 -- 259- 260--
261 - 291.
Abü Tallb Al;unad : 272.
Abü Taznit : 164.
Abü Ya'/a Muhammad : 259.
Abü Yazid : 133 - 165, Passim.
Abü Yüsuf Maknûn b Qubara : 65 - 79 - 84 - 131.
Abü Ziiki : 95 - 122 - 123 - 124 - 125 - 128 - 129 - 131 -
132 - 135 - 294 - 299 - 316 - 373.
526
11ilm Zâki Tammam b M,larik : 6S - 1'.I' ·- ·84.
Achir : l164 - · 223. - 238 - 240 - 211 ........ 213 ..--- 349.
~Â.J.,,, .... .,41
6. . UI
·"'"" n1 7an w...
~ Adon Ui a· : S6 - 6.0.
·r.A.dnanltes (l,s) : 3,72 .
.Aj,ica· . l 18.
ir. Ar'IIJOII b Kardüs· : 144 -- 145..
Afriqw : 349 ~ 352 - 3S3
3.57... 1
528
'Ali b Qamdiin : 152- 164- 180- 238 - 240 - 373.
• Ali b Qusain b Lu'hl' : 259.
'Ali b '/sâ : 157 - 158.
'Ali b Mut,ammad al $ulaybl: 160.
'Ali b 'Umar al Ba/awl : 137.
•Ali b •Usliilâ : 72.
'Ali b Ya(lya b al-'Aramran : 260.
A/ides (les) : 49 - 147 - 221 - 353 - 364 - 374.
•Allii.f : 344.
Alméria : 194 - 226 - 232 - 241 - 242 - 385.
Altlburos (madeina) : 104.
Amari : 156.
Amaedara (Haidra) : 103.
•..fmir al Malnfin : 163 - 164.
'Âmlr b YfJ.nif : 145.
'Ammar b 'Ali : 171 - 178 - 179 - 242 - 374.
' Amr b al l;;lârit b Mut,ammad : 259.
Al Anbâr : 153.
Al Andalus : 62 - 122 - 139 - 140 - 141 - 142 - 206 - 226 -
227 - 228 - 229 - 230 - 234 - 235- 236 - 241 - 242 -
252 - 303 - 306 - 334- 351 - 356- 365 - 375 - 385•
.4ntloche : 265•
.4nzarbus : 249.
Apulie : 156.
'Aqil b Al Mrllzz : 289.
Âlabes (les) : 49 - 71 - 72 - 136- 298 - 347 - 348 - 359 -
365 - 371 - 372 - 384.
Aramiens : 49.
Al Urbus : voir Lorbeus.
ÂT(l al Qamsin : 145.
Asad b al Furât : 401 - 403.
529
A,'ad b Karib : 70.
Al A'1am : voir al l;ftUIIII al A',am (b Ahmad b &/id al Oanniibi)
'bkar Mukram : 125.
Al AJmiillayn : 148 - 149.
AJraf: 174.
A1ram : 191.
bsyrieru (les) : 292.
Atlas : 164 - 347 - 349 - 3Sl.
Atlantique (Océan) : 232.
A,riif : 21S.
Auris : 94 - 96 - 97 - 10S - 106 - 162 - 16S - 166 - 167 -
168-173-174-181- ISS-187-194-195 - 196-
204-208-209-210-220- 222- 223- 237-269-
319 - 347 - 348 - 349 - 350.
Awraba : 103.
'Ayn al Siidiin : 196.
'Ayn Mulpam : 213.
Ayyiib al Zawüi : 174 - 176 - 179.
Ayyiib b • A.li : 180 - 194 - 196 - 205.
AyyQb b Qayrlin : 171 - 172 - 179.
Az6ya : 79.
Al •Aziz : 280.
- 8-
530
Bagâya: 8S-89-93-94-96-97 - 100-101 - 102-103 -
lOS- 106- l07-121-12S- l3S - 140 - 1Sl -. 167 -
168-169-177-181 - 19S - 210-223-237-240-
319 - 349 - 380 - 368.
Bagdad: 71 - 110- 137 - 139- 140- 146- 1S3 - 1S8 - -
211-212-213 -2l4 - 222-24S- 2S3 - 264 - 266 -
282 - 283 - 287 - 288 - 367 - 393 - 404.
Batkam : 163 - 164.
Al Balp : 171 - 289 - 291.
Ba/pain
al Balpayn : 1S7 - 2S4 - 268 - 342.
Ba/Jtyâr : 2S3 - 264.
al Ba/cri : 318 - 38S - 389.
Balai, : 337.
les Balkans : 369.
Bal/a : 180.
Banlâs b al /Jasan al-Malüsi : 135.
Banü •Abdun : 21S.
Banü Abi Salas : 178.
Banü Abi Qanzir : 84 - 298 - 372.
Banü •Amr : 102.
Banü Asad b Qusayma : 92.
Banü Bal/il : 71.
Banü Bantâl : 193.
Banü BaJir : 108.
BanQ Birzâl : 196 - 197 - 198 - 204.
Banü Biyyâ4a : 178.
Banü Ciulifma : 8S.
Banü IJamdün : 223 - 238 - 270 - 298 - 319 - 349 - 353 - 373.
Banü Qazar : 271.
Banü !Jurâl : 102 - 180.
Banü •[Jnit : 63 - 79.
531
.Banil lfran : 165 - 231.
BanD •[sa : 151 .
.Banil Kamliin : 165 - 173 - 176 - 193 - 203•
.Banil Kidâs : 168.
.Banil /.•Abbas : 49•
.Banil 1-Aglal, : 113 - 115•
.Banil ·1-Kalbi: 214 - 241 - 274 - 298 - 319 - 373 - 374 - 394•
.Banil 1-Tabarl : 215.
.Banil Ma'iid : 91 .
.Banil Madûd : 215•
.Banil Malin : 105.
Banü Malik : 70 - 372.
BanD Manawa : 209.
Banü Ma•rut : 151.
Banü Mawa/nit : 135.
Banü Mldrar : 139.
.Banil Mu}µunmad : 163 - 211.
Banü Mûsa : 56 - 60•
.Banil Nabta.f : 107.
Bani1 Ralii b Abl Mana : 215.
BanQ $adgiyiin : 104•
.Banil sa•id : 168 - 195.
BanQ Saliù : 372.
BanD $a/tan : 178.
BanQ Sulaym : 188.
BanQ Tamfm : 85.
BanQ •urdfm : 102 - 104.
BanQ 0Ir : 177.
BanQ • Uslüfa : 85.
BanQ Wiùin : 168.
Banii Yanawa : 107•
.Banil Zuliil : 179.
532
Banzart : voir Bizerte.
Baq/flt : 173.
Barawlya : 209.
Barbf,n4.J : 171.
Bari : 216.
Bar/Ica : 196.
Jlarmlcûks (lu) : 213.
Barqa : 140 - 143 - 144 - 145 - 147 - 148 - 149 - 153. voir
cyniraique 163 / 164 - 196 - 255 - 256 - 274 - 317 -
318 - 320 - 325.
Barüqœ : 112.
Basile : 242.
!Jaira : 59 - 157 - 380.
Bassin des Aghlabides : 190.
Ba/il b Ya'a/a b Ba/il : 210.
Bayiin b $aqlân : 72 - 73 - 75 - 87 - ~6.
Béja: 71-169 - 170-176 - 177 - 178 - 179-180-194 -
196 - 318 - 369 - 374 - 402.
Bé}aoua : 178 - 180 - 181.
.Belezmites : 70.
.Belisaire : 349 - 357.
Ben Abi-1-$alt : 70.
.Berbires : 58 - 63 - 64 - 66 - 91 - 103 - 112 - 115 - 170 -
171 - 172- 173 - 177 - 178 - 189 - 190-191 - 192 -
193 - 194-195-204-220-223-234-235 - 255-
263 - 264 - 265 - 271 - 272 - 279 - 298 - 347 - 348 -
349 - 351 - 357 - 359 - 364 - 365.
.Berbérie : 63-64-150-225 - 231-232 - 241-· 252-272-
286-294-317-331 - 347 - 348 - 350-351 - 352-
139 - 204 - 205 - 289 - 353 - 354 - 355 - 356 - 379 -
385 - 386 - 407.
Billlzma : 63 - 70 - 71 - 72 - 76 - 79 - 85 - 89 - 94 - 96 -
91 - 121 - 167.
533
Bir l;lamiima : 208.
Birzal : 353.
Biskra : 71 - 196 - 240.
Bi!r b Man;ür : 209.
Bizerte : 178 - 318.
Bône : 103 - 194.
Bordj Khedir : 200.
Bou Ficha : 179.
Bougie : 61.
Bringas : 233.
Bruzzane : 155.
Bukka : 174 - 188 - 388 voir Ukka.
Bulgares (les) : 250 - 369.
Bulgarie : 156.
Buluggln b Ziri : 222 - 237 - 238 - 239 - 240 - 269 - 270 -
271 - 272 - 273 - 274·- 275
Bunza/ : 350.
Burkiin : 295 - 302.
Busr : 102 - 103.
Busra : 169 - 170 - 171 - 191 - 203 - 289 - 369.
Buyides (les) : 213 - 214 - 253 - 254 - 265.
Byzacine : 209 - 318 - 352.
By::ance : 140 - 155 - 157 - 194 - 210 - 215 - 222 - 227 -
233-234-~1-W-™-lli-~-W-m-
249-289 - 291 - 316 - 347-348 - 351 - 354 - 367-
374 - 381 - 385 - 392 - 413.
Byzantins(les) :™-~9-250-253 - 348-349-351-369 -
374.
-c- ·
Cagnat : 362.
Caire : 47 - 262 - 264 - 265- - 266 - 267 - 268 - 273 - 344 -
379.
534
Calabre : 84 - 137 - 140 - t,53 ,- 155 - 156 - 157 - 187 -
210-216 - 222-233-242-243 - 244-248 - 250 -
303 - 332 - 374 - 385.
Cq/caus Herculu, : Yolr. al l(qntara._
Cambridge : 242.
JF de Candia : 340.
Cap Afrlca : 349.
Cap Bon : 71 - 171 - 177 - 179 - 180 - 191 - 196 - 197 -
318 - 374 - 380 - 417
Capsa : -voir Gafsa.
Carthage : 348 - 386.
Casano,a : 51.
Cassano : 216.
Centa : 154 - 211 - 232 - 233 - 235 - 236 - 38S.
Chal/al (oued) : -voir Uba (oued).
Chandax : 245 - 246 - 247.
Chélif : 153 - 349.
Chevreuil : 63.
Chine : 348.
Chrétiens (les) : 147 - 162 - 187 - 214 - 228 - 390.
Cirta : 348.
Contantin VII : 216 - 227 - 233 - 241 - 243 - 244 - 246.
Constantine: 92 - 93-96-121 - 176 - 180 - 194- 348- 349·
Constantinois : 319.
Cordoue : 361 - 385 - 404 - 412.
Co"lpus : 354.
Cosenza : 85 - 87.
Coptes (lu) : 38S.
La Crlte : 234 - 244 - 24S - 246 - 247 - 248 - 249 - 2SO.
Crétois (les) : 24S - 246 - 247.
Cyrénaique : \40 - 143 - 144 - 145 - 147 - 148 - 149 - 1S3 -
163-164-246-247-2S5-256-274 - 317 - 318 -
320 - 32S - 3S2 - 371 - 372 - 380.
-D-
536
le Domestique : 249.
Dougga : 109 - 111 - 168.
Druzes (lu) : 48.
Dubùr al Qibla : 86.
/)uJJar al Malusl : 135.
Dugga : voir Dougga.
l)ukil al a•war : 148.
-E-
Egypte: 54 - SS - 56 - 60- 90 - 110 - 111 - 119 - 120 -
126 - 133 - 137 - 140 - 141 - 142 - 143 - 144 - 145 -
147 - 148 - 149 - 150 - 154- 157 - 158 - 161 - 163 -
177-210-211 -212-213-222-235-236-237-
239-240- 241-245-246-247-248-250-251 -
m-253-~-255-E-lli-~-w-m-
269-271-273-274-280-281-286-287-289-
304- 305-310-312-313-314- 318-326-332-
334-336-344-365- 367- 371-372- 384-385-
387 - 393 - 409 - 419.
Egypte (Haute) : 146.
Egyptiens (les) : 245 - 253 - 257 - 258.
Elvira : 61.
Enfidaville : 171.
Espagne: 61-70-128-138-139-141-154-162-187 -
~-m-n3-m-ns-m-m-m-~-
232-233-234-235-239-240-241-244-248-
252-266-270-310-311 -316-326-327-331-
331 - 336 - 363 - 370 - 375 - 384 - 405 - 417 - 420.
Espagnols (lu) : 228.
Euphrate : 147.
- F-
Fa4l b aJ-•Abbas : 212.
Faefl b Abt Yazid: 173 -
174 - 178 - 180 - 190 - 201 - 202 -
203 - 208 - 209 - 210.
537
Fatl a/-•ar•ar : 97 - 106 - 107.
Fafl al-Qimiir : 208.
Faha : 107 - 108.
Fa/;,/ b NOi;, : 77 - 79 - 84 - 366.
Fat,, ..4b0 $iili/:I : 171.
FaJ» al-Dawwiirln : 191.
FaJ» al-Riy81;, : 97.
Fanal : 393.
Farat : 216 - 239.
Farat b •ufayr : 154.
al Farama : 267.
Farfawn : 6S.
Far/;, b <'Jiran : 72 - 77 - 84.
Fiis : 317 - 34S.
al Fât/:1 : 125 - 174 - 175.
Fât/:1 b Ta'laba : 149.
Fât/:1 b Yal;,ya : 72- 76 - 79 - 84 - 85 - 95 ,- 366.
Fatik : 263.
Fâtlma : 48 - 51 - 62 - 116 - 126- 150- 186- 225 - 229 -
~ - ~ - ~3-~6-~1-m - ~ 3 - * - ~ -
3s2 - 367 - 387.
Fatimides (les) : 47 - 48, Passim.
Faubourg de Cordoue : 244.
al-Fayüm : 14S - 146 - 148 - 149 - 393.
Fès : 62 - 122 - 150 - 151 - 154 - 163 - 206 - 231 - 232 -
233 - 236 - 319 - 351 - 358 - 365 - 367.
Fezzan : 27S - 370.
Firi1z : S9- 118 - 119- 120- 129 - JS9.
Fizara : 262 - 263.
Fostat :* - 401.
Fulay/:1 b Mul;,ammod : 178.
Funduq Rayl;,iin : 337 - 417.
538
--=
-· -
Futü/.i : 26S. · ··
Futfil) al-Rllmi : 89.
Fyzu : 48.
(';abaJ MQ4WQT : S6 - 60.
Gabù : 144 - 275 - 318.
Ciadlr Uumm : 292.
- G-
539
Gazwiya: 78-97-104-105-106-107-112-115-128-
130 - 131 - 135 - 136 - 140.
Gautier E F : 365 - 386.
(Jawgar : 184 - 186 - 189 - 192-201-203 - 217-220-221-
238-239 - 269- 270-272-281 - 285-295-296-
297- 305 - 306-307-308-309-312-314-316-
lll -m- lli-326-337-338 - 3~ - ~ - 3 U -
378 - 382 - 384- 391 - 392- 393 -417 - 418 - 419.
al (Jawgari Abu •,411 al Mansur al 'Azlzl) : 309.
(Jawj al-Billawr : 145.
Gawhar : 230- 231 - 232- 233 - 234- 236- 237 - 244- 248 -
251 - 252-255-256-257-258-259 - 260-261-
262 - 264- 265-266-267-268-269 - 271-273-
287 - 312 - 313 - 326 - 367 - 369 - 379 - 419.
Gayt : 290.
Gayllin : 59.
Gaza/a (Mont) : 223.
al (Jazira ((Jazirat Abu J:[am4ma) : 190 - 191 - 259.
(Jazirat Abi Sarfk : voir Cap Bon.
(Jazirat d'al Kuriit : 89.
Génes : 162.
Gérace : 216.
Germanos : 351.
(J;,nJa : 60 - 65-72-73-78-86-145-168-193 - 196 -
201 - 366 - 376 - 380.
al Giriin (les Grottes) : 156.
Gitoun Zanata : 166.
,4/.(Jiza : 145 - 146 - 148 - 164 - 257 - 259 - 260.
Goeje : 51.
Grande lie : 249 - 274 - 334 - 382 - 383 - 385 - 392 - 394.
Grande Seb/cl,a : 209.
540
Grec, (lu) : 216 - 'JZ1 - 228 - 233 - 234 - 236 - 242 - 243 -
251 - 262 - 265.
la Griœ : 289.
Gudaa/q,livlr ; 367.
Our/amltes (les) ; 373.
Guelma ; 102 - 103 - 104 - 348.
ôranilra ; l 54.
Ound ~ Uur8s4n : 116.
Gvntarith ; 354.
(;IITTa al Bay(/6 ; 108.
- H -·
541
Qalil al A.wrâbl : 103.
Qalil b I ~ : 136 - IS1 - IS2 - 162 - 164.
(lalflJn b Yabya : 102.
al ]Jalwa,ü : 97.
1Jamd6ni : 48.
IJamdœ1itts (lts) : 233 - 242 - 243 - 244 - 249 - 253 - 2S4 -
262 - 26S.
]Jamdan Qarmat : SS - S6.
(;{amdün b SimiI/c b Mœuiir al c'Judàml : 61.
]Jamfd b YQ1al : 1S4 - 206 - 211.
al ]Jamlr : IS3.
]Jdmma : IS2.
Hammilm al $urUü/ : 112.
]Jammud al QQlir : 101.
Hamza al Malazzl : 97.
Qandaq Maymiin : 180.
Hanlir Dllgga : 109.
al Haramayn : 14S.
Uarllltts (lts) : 71 - 18S - 343.
1Jari1 al Madgarl : 106.
Hllriln al-HuwarI : 13S.
HdrQn al-RaJfd : 47.
HârQn al-Tubni : 97.
HarQn b Ytinus : 6S.
al Hârlbliya : 69.
al ]Jarriiqin : 108.
A.l ]J4san : 48 - 116- 126 - 260 - 286 - 287 - 331.
.41 l;l4san al A.•sam : 214 - 2S4 - 262 - 264 - 26S- 266 - 267 -
268 - 269 - 413.
A.I /Jéhan b A.~ : 84 - 133.
542
l;!Q31111 b A"1nad b Abl Uanzir : 112 - 116 - 136 - 137 - 138 -
140 - 315 - 384 - 394 - 422.
Al l;!asan b Afamad b Niifid : 94 - 96.
Al l;;lasan b•Afi: 170-171-179-180-181-194-242 - 260.
Al l;;lasan b •Ail b Abi 1-l;;lusayn al-Kalbi : 215 - 216 - 224 - 226 -
241 - 242 - 243 - 248 - 249 - 374 - 384 - 394.
Al l;!asan b •Ammar : 249 - 250 - 268 - 332 - 374 - 375.
Al l;!asan b Faraf b Hawlab b Ziidii11 : 59.
Al l;!asBn b Hariin : 65 - 73 - 74 - 75 - 87.
l;;lasiin b-1-Nu•man : 385.
al l;;lasan b Mu/J(unmad b Qiisim al IJaftam : 153 - 154.
al l;;Iasan b Rabiih : 136.
al l;;lasan b Raliq al Ray}Jani : 368 - 370 - 418.
l;!asan lb11 Tufl : 163 - 164 - 262 - 263.
l;!asanides (les) : 49 - 57 - 62.
HàJimites (les) : 48.
l;!alir Mams : 108.
Haut Tell ; 100 - 104.
Hauts Plateaux ; 100.
Uawiiril : 62 - 66 - 353.
Qayr al Man,ari : 144.
al Qayr b l;;lazar : 202.
Hay/am al Qaysi : 402.
Qayy b Tamfm : 72 - 89 - 96.
Hibat Allah b Alamad : 260.
Hiirapolis : 249.
Qiliiz : 344.
l;!imlis b Marwii11 b Simak al Hamadiini : 91 - 100.
Ulrbat Omayyil : 174 - 175.
Hlrgla : 171 - 386.
Hippo-Diarhytos : voir Bizerte.
548
Hodna: 94-152-196-199 - 211-240 - 271-347-348 -
349 - 353 - 368 - 378 - 381.
]Jubiisa b Yusuf : 136 - 137 - 140 - 143 - 144 - 14S - 146.
HQd b Miàâs : 152.
al Hulwiini : S7 - S8 - 60 - 61.
al ]Junaya : 14S.
Hurii1 : 104.
Quriisiin : 49 - 147 - 253.
]Juray/ al-Ôilnli : 60 - 61 - 62 - 6S.
]Jusain b Qalaf al Mar1idi : 274.
al QuJani : 400 - 403.
al ]Jusayn: 48-SO- Sl - S2- S3 - 116 - 126-260 - 286-
287 - 288.
al ]Jusayn b A.ti,nad : S4 - SS - S6 - S8 - S9 - 293.
al ]Jusayn b A.(rnrad al Madira'i : 148.
al ]Jusayn b Maksin : 168.
al Husayn b Yaq•ub : 2SS - 393 - 394.
Huwwara de Kiidriin : 97 - 104- 108 - 13S - 136 - 1Sl - 152 -
153 - 164 - 16S - 167 - 173 - 181 - 193 - 194 - 199 -
200 - 20l - 204-222-223 - 229 - 240-27l - 349 -
3S0 - 3S3.
Huwwarite MaJ.,büb b ·A.bdiin : 107.
[biidites (les) : 79 - 198.
Ibn •.4.bdiin : 70 - 419 - 420.
Ibn Abi-al-Man#ir : 408.
-1-
544
Ibn Al •A,ti : 213.
Ibn Al ,4J·a1 : 57.
Ibn Al Atir : 72 - 83 - 166.
Ibn AI-Fatll : 119.
Ibn Al FOl/l : 59 - 120 - 159.
Ibn Al Furât : 110.
Ibn Al Gammiidi : 116.
Ibn Al Hama(/iini : 104 - 110.
Ibn Al JJanafiya : 48 - 49.
Ibn Al Khatib : 68.
Ibn Al Ma/J1w! : 408.
Ibn Al Mazili : 101.
Ibn Al M1lta,im : 67.
Ibn Mu(lalibi : 285.
Ibn Al Qadi1n : 130 - 132 - 274 - 323 - 333.
Ibn Al Qâsim : 401.
Ibn al Rommât1a : 239.
Ibn al Rumâ/Jis : 194 - 211.
Ibn al Sii'ig : 90 - 91 - 100 - 101 - 109 - 304.
Ibn al-Tufayl : 214.
Ibn •Aqib al LayJi : 70.
Ibn Ba/Jr : 407 - 408.
Ibn Barda' a : 210.
Ibn Bistâm : 11 O.
Ibn Farnm : 401.
Ibn Oazzâr : 271.
Ibn Gimàl : 100.
Ibn Qaba!i : 92 - 93 - 94 - 121 - 379.
Ibn l;{a/1fin : 140 - 141.
Ibn Hani' : 239 - 256 - 290 - 383.
Ibn Hii!im : 408.
Ibn /fawqal : 122 - 228 - 318 - 320 - 331 - 332 - 336 - 345.
545
. ···--- .
546
IbrlJhim b ' Abd al f;lamid al Siba'i : 214.
Ibrahim b <'Jalib : 124.
Ibrahim b Habali b ' Umar al Tamimi : 92.
Ibrahim b Isl;,iiq al Zabidi : 60 - 123.
Ibrâhim b K.aygalag : 148 - 149.
Ibrahim b Tùbân b Salas : 168 - 170 - 177 - 191.
Idris : 403.
Idrissides (les) : 57 - 62 - 122 - 139 - ISO - 211 - 233 - 3SI -
/jgan : 231.
lfriqya : 47 - SS - S6 - 51 - 61 - 62 - 63 - 70 - 71 - 79 -
86 - 87 - 88 - 89 - 92 - 93 - 94 - 96 - 98 - 100.
lfriqyiens(les) : 137 - 193 - 227 - 228 - 246-318 - 320 - 336 -
360 - 372 - 401 - 402 - 410.
Jt,.fid : 212.
11,.fidites (les) : 24S - 2S3.
Iktân : 56 - 57 - 60 - 62 - 63 - 64 - 6S - 66 - 67 - 73 - 74 -
77 - 80-81-82-86-87-88-89-91-92 - 93 -
94-96-97-98 - I00 - 101-102-103 - 104- IOS -
106 - 107 - 112- 120-121 - 122 - 12S - 128-129-
13S - 286 - 289 - 294 - 328 - 341 - 355 - 360 - 361 -
362 - 40S.
Jltân : 176.
'lmiid al Din Idris : 143 - 144 - ISO - 166 - 175 - 192 - 19S -
217 - 314.
'lmrân b Abû l;lalid b Abü Salam : 128.
' Jmrân b Al;,mad : 333.
Inde : 56.
lonknne (Mer) : 156.
Iraq: 57 - 91 - 146 - 147 - 212 - 311 - 334 - 374 - 400.
lqttt' : 149.
lraqlms : 228.
547
Jraqois : 401.
'lsii al-Nü!ari : 110.
'lsii b. Miskin : 417.
ls/Jâq b Abi-1-Minhiil : 91 - 136 - 406 - 408.
ls/Jâq b Qalijà : 168.
ls/Jâq b Saliis : 102.
lsmall : 331.
Isma'il : 296 - 297.
Isma'il al M~iir : 49 - 50 - 51 - 53 - 57 - 182 - 183 - 184 -
185 - 186 - 335 - 407. voir al-Man#}r.
lsnu{iliens (les) : 50 - 66 - 366.
Italie : 15S - 156 - 248 - 383 - 384 - 385 - 390.
lvanow : 48 - 51 - 52 - S4.
'lyiiF) : 330.
'lyii4 b Al;,mad : 178.
Al-lyyiidi : 290 - 383.
-J -
Jaffa : 265 - 267.
Jérusalem : 110 - 263.
Juifs (les) : 147.
Justiniana Zabi : 349.
Justinien : 201 - 349 - 357.
- K-
Kabüna : 93.
Kabün b Tasüla : 167 - 188 - 189 - 190.
Kabyle : 376.
Kabylie (Petite) : 57 - 62 - 113 - 134 - 137 - 138 - 142- 152 -
161 - 167 - 177 - 180 - 194 - 255 - 299-305- 319-
328 - 341 - 350 - 356 - 359 - 362 - 363 - 364 - 367 -
376 - 39S - 400.
548
K4dü b ...fu'arik : 135.
Kafour : 236 - 253 - 254 - 255.
Kairouan: 91 - 94-99- I00-103 -108 -109 - 110 - l i l -
112.
le Kairouanais: 105- 109- 175 - 176- 177 - 187 - 189 - 194 -
371 - 400 - 407 - 408.
Kola/a : 209.
Ka/bites (les) : 374.
al Kamin (Ahmad) : 180.
Kamliin : 152 - 153 - 164 - 176 - 181 - 193 - 194 - 197 -
198 - 199 - 204 - 205 - 222 - 229 - 349- 353.
Karantaya : 102 - 108.
Karima : 183.
Kasserine : 104 - 105.
Kaydiid : 166.
Le Kef : 107 - 108 - 348.
Khadija : 415.
Khorassan : 369.
al Kindi: 140 - 143 - 144 - 146 - 163.
Kiyiina : 152 - 187 - 200 - 201 - 202 - 368 - 381.
Koufa : 113 - 158 - 264.
al Kudia al-1:famra : 169.
Kudiat al-Sa'ir : 189.
Kûfa: 49 - 54 - 55-56 - 58 - 59 - 60.
Kutiirma : 85 - 86 - 87.
Kunya : 61
Kuria : 106.
Kutiima : 55-56 - 58 - 59 - 60 - 61 62-63 - 65 - 66 - 67 -
70- 71-72-74 - 76-77-78-79-80-81-82-
83 - 84 - 86.
Kutamites (les) : 60 61 - 65 - 66 - 120 - 357 - 372 - 380.
549
-L-
Lifa : 159.
al Labidi : 363.
Lahisa (les): 72 - 73-74-75- 76-88- 145-193- 196 -
201 - 297 - 313 - 376 - 380.
Lamâya : 135 - 153.
Lamboesis : voir Lambèse.
Lambèse : 353.
Lam/a : 110 - 138 - 188 - 384 - 386.
Lares : voir Laribus.
Laribus : 58 - 71 - 80 - 92 - 94 - 100 - 101 - 102 - 103 -
104 - 106 - 107 - 108 - 109 - 111 - 112 - 151 - 168 -
169 -170-177-178- 179- 191-222- 318- 319-
324 - 348 - 350 - 372 - 380.
Latiiya (les) : 72 - 73 - 76 - 77 - 78 - 79 - 85 - 366.
Uiwii b $ü/Jiin : 76.
Ugis Ill Augusta : 353.
Uon : 228.
Uvi-Provença/ : 150 - 235 - 363 - 375 - 419.
Lewis: 48 - 50-51 - 52-55.
Lieux Saints : 60 - 221 - 222.
Umes : 90 - 348 - 350 - 354.
Londres : 48.
Larbeus : voir Laribus.
Lauata : 176 - 180 - 207 - 350.
Lübiya : 148.
Lulyiina : 175.
Libye : 142.
-M-
M(!add : 208 - 209 - 219 - 220 - 291 - 1.97.
Ma'adid (Djebel) : 199.
550
- .·•=-
551
Mala.sa : 73 - 75 - 78 - 85 - 87 - 88 - 107. - 145 - 179 -
196 - 201 - 366 - 380 - 405 - 406.
Malzuza : 102.
Mamloulc : 262.
Mamour (Prince) : 51.
Mams : 190.
Al M'amQn : 54 - 311.
al-Man.ira : 387.
al-MtJII/Ür : Passim.
Man#ir al-Yaman : 56 - 60 - 213.
Al M~ür b MOII/Ür al Huwwiiri : 170.
Al Mansuriya : Passim·
Manyiila : 107.
Monze/ Diiwud : 179.
Manzil Bii1ü : 318.
Maqqara : 196 - 380.
Al Maqrizi: 72 - 83 - 251 - 252 - 313.
Mariiqiya : 148.
Marçais (Georges) : 331 - 353 - 388 - 389.
Marcuskns (les) : 369.
Marianos : 242.
Marku.fiyQn (les) : 191.
Marmatanna : 58 - 103 - 107 - 168 - 178 - 195 - 319 - 348·
Maroc: 150 - 151 -1 53 - 154 - 163 - 206 - 207 - 21 l - 226 -
230 - 232 - 233 - 234 - 235 - 236.
Marsa l-1:Jarez : 227.
Marwan : 225.
Marwanldes (les) : 225.
al-Marwarrüdi : 116 - 124 - 133 - 175 -315-404-405 - 406 -
408.
Ma,lila b Qabüs b Muniizil b Bahlül : 134 - 148 - 150 - 151 ·-
153 - 154.
552
Masalta (les) : 65 - 72 - 76 - 78 - 79 - 84 - 94 - 107 - 366.
Masnawayh b Bakr : 178.
Masriita : 201.
Massignon : 48 - SS .
Ma'süd : 290 - 394.
Ma'sfld b Gâlib al Wa,üli : 155.
mafmiita : 152 - 153.
Matüsa : 72 - 366.
Maurice (l'empereur) : 354.
Mauritanie : 207 - 352.
Mawiili : 49.
Mâwiis : 209.
al Miiwafnafi : 134 - 135.
al-Maydiin : 132.
Maydara : 103 - 104 - 105.
Maymûn al-Qaddiih : 50 - 53.
MaysQr: 163 - 169 - 171 - 172 - 173 - 174 - 189.
Mâzara : 136 - 215 - 242.
Mecque (la) : 59 - 60 - 158 - 214 - 292.
Mecquois : 214.
Médine : 54 - 399.
Médlnois : 401.
Méditerranie (mer).
Méditerranéen (Bassin) : 382.
Medjerda: 102- 171 - 178 - 180 - 318 - 349.
Melila : 153 - 154.
Mellègue : 168 - 319 - 348 - 353.
Meskiyana : (oued) 107 - 319 - 353.
Mésopotamie : 214.
Meu/ne: 155 - 216 - 249- 250 - 385.
553
Meules (montagne des) : 102.
Midrarides (les) : 352.
Miknassa : 1S3 - 211.
Mi/a: 63 - 65 - 66 - 67 - 70 - 71- 72 -73 - 76 -78 - 79 -
80 - 83 - 84 - 85 - 86 - 87 - 90 - 91 - 95 - 116 -
120 - 121 - 13S - 136 - 167 - 207 - 361 - 372.
Mi/eu : 349.
Miliane (oued) : 179.
Mina : 60 - 61.
Miskiyiina : 103 - 107.
Misr : 60.
Miswar : 213 - 214.
Mossoul : 264.
Moulouya : 163.
M•sila: lSl - 152 - 164 - 16S - 173 - 180 - 196 - 197 - 199 -
~ - ~ - ~ - m- ~ - ~ - ~ - m- ~ -
270 - 271 - 272 - 316 - 319 - 349 - 3S3 - 3S4- 373 -
380.
Mu'iiwiya : 48 - 22S. .·
al Mublirak : SO - S3.
Mu,Jariles (ks) : 371 - 373.
Mudaw{Jira : 1S9.
Mudlit b Zakariyii : 94 - 129.
Mufarrit : 191.
Mul)(mrmad (le Prophète) : 70 - 20S - 222 - 234 - 283 - 293 - 299
Mul)(mrmad ler : 311.
Mul)(mrmad Abü l;lawâl : 8S.
Mul)(mrmad al Nafs al Zakiya : 49. ..
Mul)(mrmad b ' Abdun : 21S.
Mul)(mrmad b Abü Rattal al Bagà'i : 132.
Mul)(mrmad Abü Sa'id al Mili : 132.
Mu/;,Olnmad b al Fat/., b W6.Jül : 231.
~54
Mul;,ammad b al J.lasan al Saybâni : 400.
Mul)ammad b al-Qayr : 236 - 237 - 239 - 240 - 271 - 272.
Mul;,ammad b al Nafti : 406 - 408.
MuJ;,ammad b A.li al (JaniiJ., : 212.
Mul;,ammad b •A1uda : 264.
Mul;,ammad b A.swad al-$addini : 91 .
Mul;,ammad b Gazwiya : 105.
M~nadbQazar : 123 - 124 - 134 - 150 - 151 - 195 - 198 -
202 - 223 - 224 - 230 - 236.
Mu/;,atnJnod b 'lmrim : 406 - 408.
Mul;,ammad b lsl;ùiq : 135.
Mul;,ammad b lsma~il : 50 - 51 - 53 - 54 - 57.
Mul;,ammad b Muhallab b Mul;,ammad : 259.
Mul;,ammad b Ramat)an : 70.
Mu/;,anunJJd b Sulaymiln : 118 ....a. 120.
Mul;,ammad b Tutl : 149 - 163 - 211 - 212 - 253.
Mul;,ammad b •Umar : 405.
Mul;,ammad b Ytl'lii : 135.
Mul;,ammad b Yünif al-Kindi : 143.
Al Mu'izz : Pa.uim.
Al Mu'izziya : 248.
Al Mul,tiir : 54.
Al Mllktafi : 55 - 98 - 99 - 118.
Mulham : 263.
Mirnis : 145 - 149 - 158 - 253 - 371.
Al Munta,ir b Mul;,ammad al Mu'tazz : 234 - 241.
Al Muqaddasi : 317 - 318. :.·
Al Muqtadlr: 110 - 137 - 140 - 143 - 145 - 149 - 157 - 158 -
211 - 393.
Murra (lts) : 262 - 263.
Müsii b •A.bd al R.al;,man al Wiidini : 144.
Müsii b A.bi 1-' Afiya : 151 - 153 - 154 - 163 - 206.
555
Müsa b AJ.,mad (,•oir Abû Sa'idj.
Mûsa b Al-'Abbas : 65 - 66 - 67 - 72 - 84 - 85 - 86.
Mûsa b Mak.iüim : 60 - 61 - 62 - 65.
Musai/a : 171 - 175.
Mu,'ib b Mâta : 152.
Muslim : 289.
Al Mustak.fi : 213.
Al Musta,qir Billoh : 160 - 235 - 280 - 313.
al Mu't(J,(jid: 54 - 55 - 56 - 57 - 71 - 213.
Mu'ta.rim : 54.
Mu'tazz-b Mul)ammad b Mtdriü : 1SI.
al Muti' : 191 - 213 - 253 - 264.
al Mutt(U/i : 212 - 213.
M11+affar : 149 - 325 - 368.
Muzata : 76- 77 - 78 - 151 - 152 - 153 - 168 - 173 - 176 -
179 - 204 - 205 - 240 - 271 - 343 - 350 - 380.
- N-
Nabat/rln,s (les) : 49.
Naf:,a (les) : 108.
Nafta : 58 - 70.
Nafüsa (les) : 71.
Nafza : 58 - 102 - 240 - 271.
Nafzawa : 146.
Nabil Bahlül : 171.
Nal;,rir C:uwayzan : 259.
Nakür : 150 - 151 - 163.
AI-Nâjir : 140 - 194 - 211 - 224 - 227 - 228 - 236- 241 - 385.
Na;if al Royl)iini : 324 - 344.
Al Napjr : 58.
Nefousa : 347.
558
Niclphore Phocas : 157 - 233 - 234 - 244 - 248 - 249 - 250 -
290.
Nicholas : 291.
Nikltas : 249 - 250.
le Nil : 145 - 146- 147 - 148 - 151 - 158 - 189 - 212 - 236 -
2il - 253 - 25S - 258-m - ~ - W - ™-3ll -
344 - 365 - 366 - 367 - 419.
Niqiiwus : 195.
Nizar b al-Mu'izz : 289.
Nicholas : 250.
Al Nu'man : Passim.
Nwnidie : 319 - 348 - 352 - 354.
Al Nü!ari : 110 - 119 - 120.
N,qayr : 2SS - 308 - 324 - 326 - 332 - 391 - 393.
Al Nuwayri : 68 - 72 - 83.
- 0 -
0ccldent : 221 - 241 - 243 - 293 - 311 - 314 - 335 - 338 -
338 - ~ - 353-357 -3~ - ~ - W -38S - ~ l -
420 - 421.
Omar: 264 - 292 - 333 - 334- 355 - 358 - 359 - 412.
Omeiymks (les) : 48 - 49 - 35S - 357 - 399 - ~S.
Orank : 154.
Orante : lSS .
Oria : ISS - 303.
Orient : Passim.
Orientaux (les) : 6S - 150 - 2S8 - 298.
Otrante : 216
Ouargla : 165.
- P-
Palerme : 87 - ISS - 156-216 - 242 - 250-289-319-344 -
383.
557
Pampelune : 228.
Paris : 48.
Patrice : 216.
Le Plninsule : 141 - 230.
Persans (les) : 364.
Perse : 54 - 316.
Petite Kabylie : (voir Kabylie).
Petrecuccia : 216.
Pont du Fahs : 171.
Les Pouilles : l S7.
Prince Mamour : voir Mamou,.
Procope : 354.
- Q-
558
Qarmate: 54 - 56 - 57 - 118 - 119 - 129 - 146 - IS3 -
SS -
158-159 - 213- 214 - 236-262-264-265 - 266 -
267 - 342 - 379.
Qaryat al lfirbatayn : 69.
Q~ira : 153.
Q~r : 78.
Q~r ·Ali : 192.
Q~r a/-lfriqi: 102- 103-104- 151 - 194- 319- 337 -380-
418.
Q~r al-Mugira : 173.
Al Q~r al-Qadim : 69 - 109 - 110 - 116 - 126 - 132 - 133 -
142 - 179 - 295 - 299 - 373.
Q~r al-$abn : 115.
Q~r lfalaf : 171.
Q~r Ribot : 388.
Qastiliyya ; 58 - 61 - 68 - 105 - 106 - 107 - 108 - 121 - 122 -
140-165-166- 168 - 192-196-204 - 205- 208 -
209 - 232 - 318 - 350 - 352.
Qay1ar : 200 - 201 - 202 - 203 - 223 - 325 - 368.
Qirbat : 106.
Qudâm (Mudâm) : 191 - 195 - 197 - 203 - 208 - 313.
Al Qulzum : 267.
AI-Qii.s : 115.
Qu.san/iM ; voir Constantine.
Q,qiir Qafsa : 208.
- R-
RabàJ:, : 243.
Rabi' : 417.
Rabtii al l;lasan b Al;unad : 84.
Rabi'ii de Milo : 112.
559
Al Riiji : 212 - 213.
Rata b Abi Qatta : 106.
Rata' b $ülat : 260.
al Rahib : 242.
Rametta : 249 - 250 - 255 - 334 - 374 - 392.
Ramiro II : 228.
Ramla : 110 - 118 - 120 - 263 - 265 - 267 - 268.
Al Raqiq : 72 - 93 - 166 - 360 - 386.
Raqqa : 110.
Raqqiida : Passim.
Al Raiid : 54.
Raiiq al-R.ayhani : 174 - 186 - 188 - 368 - 388.
Reggio : 155 - 216 - 242.
Ribâf : 110.
Al Riyiidi (AbQ-f. Y11sr) : 311.
Romain I : 233.
Romain II : 244 - 246 - 247 - 248 - 249 - 413.
les Romains : 348 - 351.
Romain lAcépène : 156 - 216.
Rome : 348 - 351 - 381.
Rosette : 149 - 384 - 393.
Rustémides (les) : 62 - 122 - 123 - 139 - 319 - 3SI.
les Rüm : 385 - 394.
-S-
AI-Sa'iida (la porte de .. ) : 132.
Sa'iida b lfaiyün : 265 - 267 - 268.
$abiira : 134.
Sobt,a : 69 - 151.
Sabiba : voir Sbiba.
Sobika : 166.
560
$iibir : 156.
$âbir Maysur : 367 - 394.
$abra : 187 - 195 - 2(,() - 267.
$iibür : 214 - 254.
Sacy (Sil,estre de ...) : 48 - 51.
Saddad : 209.
$addfna : 134 - 151 - 380.
Sa'dün al Warlini : 126.
Sadriita : 195 - 196 - 198.
Sofa : 145.
Safiiqus : ,oir Sfax.
$a/far/des (les) : 54.
Safi' : 201 - 203 - 290 - 337 - 368 - 378 - 390.
$iifi al-Iqriqi : 418.
Salta : 78.
Sahara : 353.
Sahel : 137 - 318 - 385 - 386 - 394.
$ii/.tib al-Badr : 58.
$iit,ib al Barid : 100.
$iit,ib al ]Jaqq : 53.
$iit,ib al-(fariil Ibn Bisfiim : 110.
Sahl b Birkâs : 77.
al-$abn : 125 - 131 - 294.
Sa/.tnun : 69 - 401 - 403 - 410 - 414 - 415 - 417 - 419 - 420.
Sa'id al-Oanniibi : 157 - 158.
Sa'id al-(fayr : 53.
Sa' id b $iilil) : 150.
Sainte Agathe : 155.
al-Siikir Bi/lah : 200 - 230 - 368.
les Saktiin : 64- 65 - 66 - 67 - 72 - 73 - 75 - 87 - 106 --:- 366.
Salam : 191.
561
Sii/imiyün : 68 - 117 - 118.
Sa/amiyya: 52-54-55-56 - 57-61-62-80-90- l 19 -
120- 129- 157 - 159 - 289-293-302- 314-323 -
367 - 369.
Salat : 196 - 197 - 198.
Salerne : 156.
$iilib al-Rul;,iini : 89.
$iilib b Naft' : 164.
Salim b Abi Rii!id : 138 - 153.
Salim b <'ialbum : 68.
Saltqiin : 259.
Salsa (vallée) : 391.
$altiin : t 78.
Sam : 204.
al Sammasiya : 263.
San'a : 56 - 58 - (i() - 159 - 160.
al Saniitira : 84 - 136.
$andal : 163 - 174 - 289 - 370.
$anhiita ; 152 - 164 - 166 - 187 - 198 - 199 - 201 - '207 -
m-lli - 230-232 - 237 - 238 - ~ - ~ 1 - ~ -
210 - 271 - 272-273 - 274- 275 - 319 - 349 - 350-
J(i() - 374.
Saqbaniiria : voir le Kef
al Saqqati : 419.
Saqukt Mams : 112.
Saqukt Tubnii! : 111.
Saquir : 381.
Sara/ al-Riihib : 153.
$ardiiniya : 273.
al Sare/ al-.Abmar : 176 - 191.
$alfüra : voir Bizerte.
Sati/ voir Sétif
562
• ••
$awlat : 186.
Sayb Abu 1-Muqari' : 95.
Sayb b Abi l'Saddiid : (dit al $a;ir) 93 - 94 - IOS.
Say/ al Dawa/a : 243 - 249.
Al Sayyidiya : 286.
Sbeitla : 208.
Sbtba: Ill - 125 - 168 - 189 - 195 - 207 - 318.
Sedrata : 165.
Sétif: 63 - 65 - 71 - 72 - 76 - 78 - 79 - 85 - 88 - 89 - 90 -
91 - 92 - 95 - 120 - 121 - 151 - 167 - 180 - 207 -
348 - 349.
Séttfis : voir Sétif.
Seybouse : 349.
Sfax: 138 - 318.
Sicca Veneria : 107 - 179 - 180 - 348.
Sicile : Passim.
Siciliens (les) : 136 - 137 - 138 - 164.
Sidi Aissa : 198.
Sililmiissa : 93 - 105 - 113 - 117 - 121 - 122 - 123 - 126 -
128 - 129 - 134 - 139 - 141 - 1SI - 161 - 166 - 198 -
230-231 - 232 - 233-234 - 285-288-289-291-
294-302 - 311 - 317 - 319-324- 341 - 344- 352-
•
358 - 366 - 367 - 372.
les Si'ltes : 56 - 86 - 88 - 104.
Silyana : 112.
Sim/on 1"' : 156.
Sinaï : 267.
Sind : 53 - S4 - 56.
Singar : 84.
Sirilzi : 313.
Sitifis : voir Sétif.
Slaves (les) : 191 - 298 - 299 - 367 - 368 - 369 - 370 - 371 -
372 - 394.
563
So/omon : 207 - 218 - 348 - 349 - 357.
Soudan : 124 - 166 - 366.
Soudanais : 371.
Souk e/-Khémis : 180.
Le Soûs : 206.
Sousse: 83 - 108 - 110- 115 - 138 - 171 - 174- 177 - 178 - -
179 - 181 - 182 - 185 - 186-188 - 189-190 - 191-
192- 194-211 - 227 - 318 - 336-368 - 376-377-
383 - 385 - 386 - 388 - 390 - 393.
Stern : 48 - 53.
Syrie : 54 - 55 - 57 - 61 - 118 - 119 - 142 - 145 - 147 - 157 -
159 - 212 - 213 - 236 - 242 - 243 - 244 - 245-249-
2~-lil- ~ 3 - ~ - 255 - ~ - ~ - ™ - ~ -
266 - 268 - 302 - 344 - 36S - 367 - 369 - 374.
lu Syrtes : 38S - 386.
Syrte : 143 - 144.
Sugmor : S8 - 61 - 62 - 6S.
Sukl : 179.
$ülàt b al-QiiJim : 102 - 103 - 297.
$iiliit b Maluwwal : 167.
Sulaymân al-Ajami al-Aswad: 179 - 180.
Sulaymân b 'Abd al Ma/ile : 49.
Sulaymon al-<iannàbi : 1S3 - 1S8.
Sulaymân b 'lmriin : 401 - 402 - 420.
Sulaymân b Kiifi : 144 - 148 - 149.
$u'lük (Gà'far) : 302 - 303.
Sumota : 58 - 165 - 204.
les Sumota : 61.
Süq al-A~ : 174.
Süsa : voir Sousse.
Le Sils al Aq1a : 317.
564
-T -
Tabarka : 227.
Tabassa : voir Tebessa.
Tabriifiq : 102 - 348.
Ta/art : 77.
Tâfilelt: 117- 121 - 122- 123 -231 - 232-234 - 240 - 273 -
344.
TagaJmat : 152 - 153.
Taha A/:lmad Sara/ : 51 .
Tâhart :
Tahirides : 54.
Tahnâmat : 149.
al Tahüna : 120.
Taiyib : 289 - 295.
Takmart : 209.
Tala : 58.
Ta/lµi : 98.
al-Tallas : 39 l.
Talqiifa : 349 - 360.
Tamazra : 209.
Tamazrat : 198.
Tamil : 149 - 393.
Tamim b Fal,/ : 72 - 418.
Tamimites : 96 - 372.
Tanger : 211 - 216 - 224 - 232 - 235 - 236 - 38S.
Taormine : 84 - 248 - 2SO - 2SS - 334 - 374 ~ 391 - 392.
Taparura : voir Sfax .
Al Taqafi : 49.
Taqiyus : 166.
Tarabuls : voir Tripoli.
Al-Tarazi : 418.
.566
Tarente : 1SS - 156.
Tariq : 201.
Tariq Wasif : 368.
Tamüt : 175 - 177.
Tarsiotes (les) : 243.
Tar.fuwan : 209.
Tariiga : 257.
Tiisadsuq : 88 - 348.
Tiisü/a : 79.
Tliwalt : 134.
al-Tawr : 128.
Tawzar : 140 - 143.
Tayy : 267 - 268.
Taza : 163.
Tlizrlit: 57 - 65 - 73 - 74- 75 - 76- 77- 78 - 81 - 82 -
83 - 84 - 85 - 86 - 87 - 360 - 361 - 362.
Tebessa : 96 - 100 - 102 - 103 - 168 - 319 - 348.
Tell : 348.
Tines : 128 - 134 - 141 - 142 - 206.
Termlni : 242 - 249.
Termoli : 156
Tituan : 232.
Thacamuda : voir Gammuda
Thagaste : voir Tasadsuq.
Thiodora : 207.
Th/veste : voir Tebusa.
Thuhunale : voir Tobna.
11rubursfcum Numidarum : voir TabrllJlq.
Tibiriade : 118 - 263 - 265.
TlfiiJ : 102 - 103 - 104 - 319 - 337 - 348.
Tifech : rolr TifoJ
7îfi.J : 96 - 97 - 98 - 151 - 167 - 181 - 348 - 380.
566
1Yfi,iJ ·voir Tilis.
:
T1gire. : 147~
Tinmallâl : 206.
Tinnis : 259 - 267 ·- 268.
Tlptwa : ,olr .Tf(as
T1:tteri : 198 ....... 223 - 27.I - 349 - 350 ....... 360,.
Tltman : 237.
Tobno·: 93··- M·- 9.S ~ 96
1
., , ......... ios . . . . . 121. - 123 -- t34 - 1.s3. ·~
16S ·- 16,7 - 195,·- 1.96 ·- ·202 - 208 - 240 - 333 - 3..38 -
1!A.O ·-
~
"I .IA .._.
~ 7 JU\
uu ,_.. ]·. ·7. 2_,-, · 11
·- Y -
y°"'" W : 151..
Yabya .al-Qa,r,i .: 94.
569
Ya.bya b 'Ali : 238 - 240 - 373.
Ya.bya b Sulayman : 96 - 105.
Ya.bya b 'Umar : 419 - 420.
Ya'iJ : 164.
Ya'la b Mu}µunmad : 223 - 230 - 232 - 237 - 238.
Al Yamiima : 54 - 56.
Ydqüb b AI-Mut/â : 70.
Ya'qüb b Isl)aq b Al-Ward: 148 - 162 - 188 - 197 - 255 - 384 -
393 - 394.
Ydqüb b Ki/lis : 326.
al Ya'qübi : 84 - 353.
a/-Yasa' b Midriir : 122 - 123 - 124.
Ya.fleur : 202.
Yazid (b Abi YaziâJ : 181.
Yazid b Qiitim : 420.
Yeddo11 : 231.
Yémen: 54-55-56-57-59-61-118-119-120-129 -
158-159-160-200-213- 344- 356-361- 373-
374.
les Yéménites : 374.
Yunus (b Ziri) : 199.
Yümf al •Alliisi : 76.
Yüsuf b Abi-1-Sii§ : 158.
Yüsuf b Malµnüd : 84.
Yüsuf b $aq/ab al Cia.fami : 98.
-Z -
/e Ziib: 68 - 92-94- 137 - 142-153 - 164 - 165 - 173 -
180 - 187 - 194- 195-196 - 202-203-204.
208 - 209-212- 223- 224-237-239-240-270-
271-316-317- 319-332-333- 343-349-350-
353 - 360 - 368 - 373 - 378.
Ziibl : 349 - 353.
570
Zabraqa ; 1S2 - 1S3.
Za'fraM : 107 - 108.
Zaghouan ; 171 - 179.
al Zahra : 236.
~iilim b Mawhüb ; 263 - 264.
Zaniita; 63 - 76-102- IOS-122- 123 - 124-134 - 13S-
141 - 1S0 - 1Sl -1S2 - 1S3-1S4-160-164-167-
194-210-211 -223-236-237-238- 239 - 240-
241 - 269-270 - 271 - 272-273 - 349 - 3S0-3S2-
3S3 - 372 - 373 - 374 - 380.
Zandj : S4.
Zawila : 168 - 171 - 201 - 20S - 370.
les Zawilites : 360 - 367 - 368 - 370 - 371.
Zayd.in ; 163 - 337.
Zayd b 'Ali : 49.
Zayd b 'Amr : 70.
Zayn al·'Âbidin ; 49.
Zibrawayh b Mahrawayh : SS - 118 - 1S7.
Zirib Maniid: 164 - 198-199 - 200-201-202-203-224 -
2M -237-238-~-2M- nt - m - n 3 - ~ -
360 - 368 - 374.
Ziyad al Matüsi : 72
Ziyad b Ualfùn : 122.
Ziyiidat Allah : 87 - 88 - 89 - 90 - 91 - 92 - 93 - 94 - 96 -
97 - 98 - 99 - 100 - 101 - 102 - 104 - 107 - 108 -
109-110-111-112- llS - 116 - 117-120-121 -
122 - 123 - 127 - 129 - 130- 136 - 183 - 304- 314-
323 - 324 - 328 - 341 - 3S6 - 383.
Ziyiidat Allah al Tubni : 97.
Ziyiidat Allah b 'Abd Allah b a/-Qadim : 189 - 332.
Zriba : 178.
Zubayr : 98.
Zuhr : 203.
Zurm-a b A~d : 408.
les Zuwawa : 79 - 3S9.
571
•
- -· 1
AVANT - PRO.POS 9
. ·o-P-co·s n,,r:- so·· u..,..I:'
PR1.. .
1
·, .. - ·.· . 1-_' ."..i " •d·A·lY
, ' ~
•r:c
l'· L
.r·1._ ·.. · ... ~ ,-1, ·.
i
li il• I! + il I' & ,t .. - !i ,, .... 13
TA.BLE DE TRA.NSLITÉRA TION. . . ... . . . ..... .... . ... . .. . 17
/ltlTRODUCTTON 19
PR:EMlE.RE .P A.R'T IE
~ e po.'li·uque:
Histo1r, " .... . . . .. . .. ,. .. .. .... . . . .. . ...... . 4S-· 2.7S.
' !! i i!
513
Pages
574
-~- - - - .. - ~-- ._
IV·. · -
L
- .-
:!!An,t·-'-du
1 M.11&. 1 ÇV · · ·· M-,1..d·t" 'W"iL-'
. .'. - .$1.,..1'11 1·,e~1·n11t:1,
Jl.ll =,,i.-'m •. j , Il - ... ~ , . t. i "'' . ·i · . .. Il • + ..... 1.24
pa
--· · -'J , des
1v S .·. ,· . - _a
. ·) Kutim ·1' i .
1 !il -1! •i I I! Ili ·• •
•
1 Ill Il !! -Il i •• !I I! àf, i! i •li !I • " ' • 't! i li •• • ... 134
- Le soulèvement ,de Tripoli ... ,....,... .. , .. . . .. ... .. , , 1.35
~ La révolte de S-icile .. ~ ... .. ~ .. ,,. ~ ~ œ • • •. • • ,. • ., • • ••• ,• • ,. l36,
"'
·v i - La polit1,q,ue:,extérieuredu Mahdi ~..... ~, ... ··~· 138
- L~impérialisme f âtimide ~ .. ~ .... ~ ....... ~ ... ,... . ... . 138
- Les ·visées du 'Mahdi sur l"Ancla1us ~ ~ . ... ,,.~ ..... 141
- 'L.èl ...... •è-re' ' •en
- p··. ..-'111P.1:UI , _ ·ta
· -y -w·" ' co-·
• Juo 1 .._ l'Eovt'I'•
a.au ·eÏ fi"ll'li1 !I .'
• . ._ I' ·. : -
1
I l . (I J . ~"' 1,42
- La deuxième tentaûv,e COD'l1re rEgypte,..•••.,•••• 1 14'7
~ L'"expansion fi\imide au Maghreb extrême ISO
. .·a..di'
--- .ÙI
- L,e M · ._'. et :B
- ,an.ce ~ ttes t mc:um,..ons ·r-.
ipmi. .. ~
da en. Ca.labre1 1
l i l i i l 11i i •l i i i l i i i l i iiiii • ~ i i ii !I • • • 11 • t• • • r1111 • •1 • 1i . 1i iil i l i i i 11i l5S
~ Le Mahdi et le mouvemen.t qannat:e: . . . . . . . . . IS7
- L'·œu.v.re·d-. u M-' L,d:''1" ..
-. ·.11.11.r ". if, . iï,. ii ·i..,. il! • • li ·i Ill • • !Il. 'fi • • . , • •• ,,I!! ... !Il 160
c·hapirre Troisième : le second calife fàtimide : Al-
Qâ'im Bi Amr Illiih et le déclenchement de
1'insurrection harigite .. . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . 161 - 183
- La politique extérieure d'al-Qâ'im :
- Expédition contre les Chrétiens .. . .. . . .. . .. .. .• 162
- Exp6dition au Maghreb extrême . . . . . . . . . . . . . 163
- Tcntative contre l'Egypte . .. . .. . .. .. .. .. . . . . .. .. 163
11 - La politique intérieure d'al-Qâ'im .. ...... ... ,. . . . 164
- l'agitation biiri!ite .... .... .. .. . .. .... ... . .. .. .. . 165
- la révolte d.Abu Yazid .......... .. .... .... .. . .. . 165
576
Chapitre Cinquième : lo dernier califefiitimido d'lfriqya
AI-Mu'izz Li-Din Alliih .. ....... ... ........ .. .... 219 - 275
DEUXIEME PARTIE
577
- La dignité de la f:iiA:lba .......................... . 301
- La formation du vizirat .................. ...... ... 303
- Le service des postes et des rcmeignemcnts .. . 314
Ill - L•organisation
. . prov1nct . 'ale ........................ . 317
578
- - ------=---""""-;-•--=•- --•r
579
AchM d'imprimer
sur lee press. de l1mprimerie Offldel.l e
de la R6publlque Tunisienne
1111
TABLE Del ILLlTSTRATl·ONS
Origine du cliché
« .1~·- · musuJl
tl.SSUS ,.
' rmans JUSqU" il' 3· I'' epOQ.UC'
.., 1
•m1· 'd· ·e :)>
f--a.t1c
thèse d,e Mme 'SKI K Oumm. el-Khir (a par.aître).
Pl.. 1X. Reliure du 11 ~ siècle·origine d·u cliché :: Musée National
du Bardo.,·
Pl. X. Plat en céramique (antilope).
Pl. XI. Plat en céramique (cavalier).
Pl. XII. Carafe d 'époque.
D - Notes
Pl. XIV, XV, XVI, XVII, XVIII. Notes établies par le
regretté H. H. Abudwwaheb sur le manuscrit de
I'« lftitah al-Da'wa » dont l'édition nous a servi de
thèse complémentai re à la présente thèse principale.
v. supra, Introduction, les sources p. 20.
.if l,.·If,-ow:/ _ ~ · i IG
, --
'.·· , ~',
. ' , e;,,t..,.
t
1~ ... ,, -'
1i7/~ ·
·' J.~
(G(
,
_ -.a,- . L
_-
if
·~~t.A
.· .
-
'... '· :
·-
'
: " . . .•
-
-- '
--:, ,.- - .. -
= .· ... .. .· ..;. •.
·I.A. .I -
, ,'41
- '6;{
'
':.·_ ". ,~· ' -~ _-_: --~
. .1 . . · {~ .
. .
'-~-=--
-
- ,... 1 ' :
_n i.
r,·
,.-,_..,
Xvn
~ ' ) ~ <P
Pl.
•
XVII•
fl . 4 .;L K.t ..f
- . -
• 1-· ,• ..
-
n\l..- .t;;
Îllii, .,J' ..
VII.,•
· ,· 'J-t.1
'W' · _
-.
. -
~ · ·.
-
H
· lrk.
'-
1
. ·· ' ... · -
· · . -:-
J 7' -
..
Jilil
""'""
·,' ~
' _, ,,;U,M - J-'
-
' · i!i ~ • ·. ·
4
t,&...
-
~
'' -
~M.L
~
Le:; ,-
'
, · ..-.. .·.·..
1 ' ' -
_JJ~
1 ' · .·
·t!r;•W-11 3/~JI
' '.·' -:- ' -
.
. ·. .
__ .. _ .·.·_-
' '
n ,, X-, v
Tl i• .·· 4 il
Pt X ··lll'
\ .....
\
• •'
Pl. XIV,
- .
--=~~--_- -,,.-=.-=--·. -· -- -- '
- -·-·--·- -- - -
ji . !1 I
'
it
ADDENDA ET CO RRJGENDA
Ces., erra ra .. *.dtjà bir.llonaues~nqu'cllc•ncportcn1que su rlccorP1
de l'ouvnge -soit les 430 prcmi«tt paau- onl t1~ abrtsêcs dtli~mcnt et
limit6es •in1i. le plu• sou~nt au~ erreurs qui dtformcnt le sen• du mot ou de la
phrase. AuS1i le lecteur voudra.1-il bi<:n p,cDdrc la peine, en nous uc,usant,dc
rttablir tui-l'flmlC. le rutc. en corripnt les rau rndc trarucription 1rà nombrcll5CS
(v. supra p. 17 ; table:au de tran,lîtmlion), ainsi que oclles non main, nombreuses.
d'orlho&raphe de ponctuation ou d'impression, que nous n'avont pas pu~,itcr.
en dq)it de muUiplcscorru:lions d'~preu,·n.
Jiinc
1: "" c'estçc~ uc
dontf11diltn<11à l'heurr ~:'ï,~i dit
nanœdcthèsc
de
lors la SOUie·
J2
"""
1urRome
Qul dAum
'""
surla R()f'llt'
Qudum
J2
""
~ulll
KaraW\AYI
.....
Huri•
a~~~ya
~lus
-~~
Satrurc L~:ui
"'"" ~~~r:
!::t!m
~i~ ..
con uft
«•a•r-J b ~
rd ioiwx.nc rclia"'11~. seul. ne
...
,~illes vieillie!
c'estal- l;l usayn
w~i
m",.
~:::-u:u:.n
mo~
Sacc:sscu,Jk SageMC . SitcLlc
1~-ns
R:..1a'~ ~:Wlab
"'
Sum31i
paru.:
"'
Sumâla
pa trie
~;.~~:, umaiyadc
°""""'
œnc
•=
ville
,mporun re
iles
~ d , 'e,1
cl&i;labid,u
~ )"~
nro1~
Kutama
r,ar folic
~ai1..1
f,~1i<l
à fil,.~""
Maû.la
Qarlm
~Sa~\1!
~=~
inms,:
nr,:r
~xb,ls.u "
Zirl
K idih
lign.:,
171 dcmièn
~"ful:a
m ~ r~"
B.iyan
~rnli'J
TamQ\
Bay.in
m
1~6 l\ Si·i~
~fp;,.rlo,rcbf:Ucsl:M:~
Sa.rik
queldrcl:M:llœberbo!rcsoa;u.
pcn1c1dont
Mik.O n
H amil.na
~~ Rag.i b. Abi M~na
M:~~
tnQRa)iib.AIJIÔln3
·Abtlon
AblHana Abl(ilna
:t~~"ï· l'Andalu,
Romain Il
«':imma ~
l'ht
oon,litue
d'aarè
cul1udlr,,
TDliln
"'"
1:1aua
d'amant
cnconfli11vcx:
,·onqu, oonq,us
Rahrain Ra,l}.rayn
Gawhar ôa11·1iar
dnlien,c1,combra11tc deilierad'unc:encombrantc
011f'(>Uil imposai!
.r:·~::;~;o,,_,
" ba1in ~
dnamibo.11, d·~1~1't...':u
'" 2i l' lmiimaflm
.,,,
l' lm§maiifini
'"
m ))
Sandal
f:~1~:I~ion
':
"'
,.,,
300
.
"
"
qu·aprt.h•rt~lion
s«nier,cndant
j~r61c
E;~
qu'aprbled<!clench,:n,cn1 dela
n!bellion
~t1e.pcndan1
J<>Utraucunrllle
"'""'
'" "~
))
SitllmJi
~lftwql .
llasan
Sa·id
Si~ilm;1,,..;
Fu
~:WQl'•
" (,jamanl f,Jamiinl
2~
",: ·-=
Na:zif
~~~~~,!,...._,,,,.l•lHsn
N11lf
dtr,cn~
dtteN.~I ,1....,., ,..k <"nmn1a ·1
]ip,e
-'"' - - -1- - - - - - - 1 - - - - - - - 1
m
H!
m ....
'"....
~
clairer
"'
r.i,
lesycwchbd'avidikour
"''=
Bun.!Jl
l'Andalou•
~-.
,
=~avillcme,ulixbsur
Bin!l
l'Andalu s
"' maoisc'es1lc1ac1ique mais celle qui prhaut c'est la
"'
1:l Kuwwiira
dhastation
tactique
Huwwtra
do!vutati'"1 ~
(mihan) (mit)an)
'"
~:: Safi
mcntiom ~.!:.u,ons
"'
~
-·
,•,i«le
d'al·Qhim
!elenir
<;1 • 1iècle
dont
d'Abu'I-Olsim
~tenir
.m""
"".,
l'êvaluation
ll '•i6c:lc
la •amma
Man....,.,.
l'C"lolu1ion
2' sitclc
""'""'
lui ,mlmcra.comc
'"
"'
~1olrenr1e11
Jcfoi
- .
'1
•
Dc:1\nQs • .
1 R "1lno(
I JJQlJ'.C JM - ,
~ I
L,É.
.,.
C fl 'L \F'AT -
)
E, -
D1 s .··. . B 8 A s s I D·Es
A.
1
...