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E. Kant
Anthropologie du point de vue pragmatique
- IIe partie, E
Pour caractériser les êtres d’une certaine espèce, on les réunit avec d’autres, déjà
connus de nous, sous un seul et même concept. Par quoi ces êtres se distinguent sera
donné comme propriété qui permet de les distinguer.
Le concept de l’espèce la plus élevée est celui d’être terrestre raisonnable. Mais on
ne peut pas désigner aucun caractère, car il n’existe pas d’êtres raisonnables non-
terrestres ! Le caractère de l’espèce humaine est insoluble. Car la solution viendrait
de la comparaison de deux espèces d’êtres raisonnables : impossible.
L’homme a donc le caractère qu’il se crée à lui-même, car il a le pouvoir de se
perfectionner selon des buts qu’il a choisi lui-même. Il se conserve, lui et son espèce.
Il donne à cette espèce une pratique, un enseignement, une éducation. Enfin, il se
gouverne comme un tout systématique.
Mais la concorde est le but de l’homme, la discorde le moyen : il s’agit de
perfectionner l’homme par le progrès de la culture, au prix d’un sacrifice dans les
joies de la vie.
L’homme a une disposition technique, pragmatique et morale, ce en quoi il se
distingue des autres êtres vivants.
o La disposition technique : ce qui caractérise l’homme comme animal
raisonnable c’est la forme et l’organisation de ses mains. La nature a rendu
l’humain capable de toute manipulation et par là susceptible d’utiliser sa
raison.
o La disposition pragmatique : progrès de la civilisation par la culture (des
qualités sociales surtout). L’homme est susceptible d’avoir besoin d’une
éducation. Mais le caractère de l’espèce humaine se réside-t-il dans ses
dispositions naturelles ou dans les artifices de la culture ? La race humaine
n’atteint sa destination que par le progrès.
o La disposition morale : par nature, l’homme est-il bon ou mauvais ?
L’humanité en général a un caractère intelligible donc selon ses capacités
innées, l’homme est bon par nature. Mais penchant pour l’illicite. Donc c’est
toujours un progrès vers le mieux.
« L’homme est donc destiné par sa raison à former une société avec les autres,
une société à se cultiver, à se civiliser, à se moraliser par l’art et par les
sciences. ». Sa raison le destine à se rendre digne de l’humanité.
Voila pourquoi il faut donner à l’homme une éducation. Mais l’éducateur doit
produire chez l’autre ce qu’il a besoin lui aussi. C’est pourquoi l’homme dévie
toujours de sa destination pour finalement y revenir
o 1re destination physique : impulsion chez l’homme à maintenir sa race comme
race animale. A quelle période ? deux écoles : soit instinct sexuel dès 15 ans,
soit pas avant 20 ans (faculté d’exercer un métier …). Mais avant que fait-il ?
o Impulsion pour la science, prise comme une culture qui anoblit l’humanité.
Mais le progrès dans la science n’est que fragmentaire
o Impulsion pour la félicité.
Critique de Rousseau : dommages qu’ont causés le passage de notre espèce de la
nature à la culture ; la civilisation par l’inégalité et l’oppression mutuelle ; la
prétendue moralisation. Le problème de l’éducation morale pour notre espèce
demeure sans solution car mauvais penchant inné en l’espèce.
Même dans une république, animalité plus forte que l’humanité. Par exemple chez
les tout petits enfants, c’est la nature qui va vers la moralité par la culture, non
l’inverse comme le prescrit la raison. Une moralité ne peut pas être déduite d’une
culture morale amorcée par une culture historique.
L’homme attends une éducation qui viendrait d’en haut, rude et sévère (car vise le
Bien). L’espèce humaine doit et peut être créatrice de son bonheur, grâce au progrès.
« Le premier trait de caractère de la race humaine est le pouvoir de l’homme, en
tant qu’être raisonnable, de se créer pour sa personne et la société dans lequel la
nature le place ».
Le caractère d’un être vivant permet de connaître sa destination. Pour l’homme, c’est
s’employer soi-même à mener le développement du bien à partir du mal. Par
l’accroissement de la culture, les hommes ressentent plus vivement les maux qui font
aux autres.