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L’unité dans la diversité

Le monde vivant n’a pas fini de nous étonner par la diversité de ses formes, avec 1,7
million d’espèces recensées et de nouvelles découvertes chaque jour. Mais toutes ces espèces
possèdent le même code génétique, avec les mêmes 4 bases composant les acides nucléiques,
et les mêmes 20 acides aminés constituant les protéines. Cette unité est aussi manifeste au
niveau supérieur : les espèces ne sont pas réparties au hasard dans les écosystèmes, mais
forment des communautés qui par le jeu des compétitions, prédations et associations
exploitent au mieux les ressources disponibles dans le milieu. La diversité semble être une
assurance de survie en cas de fortes variations du milieu.
Peut-on imaginer que nos sociétés humaines s’inspirent de ce mode d’organisation ? On
compte 6,7 milliards d’humains répartis en 193 Etats, soit en moyenne 35 millions par Etat.
Depuis 2007, plus de la moitié de ces humains vivent dans des villes. Le PIB par habitant
varie d’après le FMI de 138 à 113 000 dollars US en 2008 (moyenne environ 8 000), soit un
rapport de 1 à 800 (1 à 200 en éliminant les pays extrêmes). S’ajoute à cela une grande
disparité de revenus à l’intérieur de chaque pays. En dépit de ces inégalités, on observe une
tendance à la diminution du nombre de victimes de conflits armés, sensible depuis la
deuxième guerre mondiale (http://www.humansecurityreport.info).
Pour éviter le retour d’un conflit mondial, la communauté européenne s’est réalisée
progressivement, les pays adhérents acceptant de mettre en commun une part de leur budget
(actuellement environ 1% du PIB) pour faciliter leur développement et réduire l'écart entre les
pays (et secteurs d’activités) les plus riches et les plus pauvres. Elle a d’ailleurs pris comme
devise « Unie dans la diversité ». L’unité concerne un projet de société qui respecte la dignité
humaine et favorise la liberté et la solidarité.
La politique agricole, qui absorbe 42% du budget communautaire, a été le moteur et le
banc d'essai de la construction européenne. De moins en moins unanimement acceptée, elle
est devenue au fil des temps une source de conflits aussi bien budgétaires que politiques. Elle
est pourtant essentielle pour élaborer une philosophie politique, économique et sociale propre
à l’Union Européenne. Une politique agricole « solidaire » se développe pour valoriser la
diversité des exploitations, des plus grandes aux plus petites, et assurer aux paysans européens
en situation précaire les moyens de se reconvertir pour vivre dans la dignité. C’est
particulièrement vrai pour les pays nouvellement intégrés de l’Europe de l’Est comme la
Roumanie, qui comportent à côté de quelques très grandes exploitations issues des kolkhozes
une majorité d’exploitations familiales de quelques hectares.
Notre compagnie a proposé une réforme de la PAC à l’opposé du laisser-faire pour
assurer à la fois une nourriture saine, abondante et accessible, un environnement de bonne
qualité, et des revenus suffisants aux agriculteurs grâce à des outils de régulation des marchés.
L’agriculture européenne est diverse par ses systèmes de production, qui vont de
l’agriculture intensive à l’agriculture biologique. Elle peut valoriser les produits de ses terroirs
quand les producteurs savent s’organiser. Elle pourrait, sur l’exemple des solidarités intra-
européennes, proposer une réflexion et une contribution à des solidarités plus larges en
direction des paysans pauvres du tiers monde, en recommandant des mesures leur permettant
de vivre de leur terre, pour limiter l’exode rural et ses conséquences négatives sur l’emploi,
les salaires et les conditions de travail, qui se répercutent dans les pays riches sous forme de
délocalisations.
L’unité dans la diversité, c’est aussi le reflet de notre compagnie : nous avons des
formations, des expériences et des opinions fort diverses, mais nous avons une confiance
commune dans la démarche scientifique et dans la valeur de la personne humaine. Toutefois,
nous ne croyons plus comme au temps des Lumières que le progrès des connaissances
entraîne nécessairement le progrès humain, mais qu’il peut être orienté dans ce sens par une
politique judicieuse fondée sur des valeurs partagées. C’est dans ce sens que nous allons
célébrer notre 250ème anniversaire, placé sous le thème de la solidarité et du partage.

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