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Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 60 (2012) 155–159

Article original

SociaBillyQuizz, un jeu pour l’entraînement aux habiletés sociales chez


l’enfant et l’adolescent : étude exploratoire
The SociaBillyQuizz game: A mediation for social skills training in children and adolescents
F. Pourre a , E. Aubert a , J. Andanson a,b , J.-P. Raynaud a,∗,c
a Service universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (SUPEA), hôpital La Grave, CHU de Toulouse, TSA 60033, 31059 Toulouse cedex 9, France
b Centre de ressources Autisme Midi-Pyrénées, hôpital La Grave, TSA 60033, 31059 Toulouse cedex 9, France
c Inserm UMR1027, épidémiologie et analyses en santé publique : risques, maladies chroniques, handicaps, 37, allées Jules-Guesde, 31000 Toulouse, France

Résumé
Contexte. – Le SociaBillyQuizz est un jeu thérapeutique élaboré pour servir de médiation à des groupes d’entraînement aux habiletés sociales
(GEHS) chez les enfants et adolescents. Il sollicite, de manière ludique, différentes dimensions : l’exposition, les cognitions, la communication,
l’imagination et l’expression émotionnelle.
Objectif. – Effectuer une étude exploratoire sur les effets d’un dispositif utilisant ce jeu avec deux groupes de six adolescents, l’un présentant une
anxiété sociale et l’autre un syndrome d’Asperger.
Méthode. – Durant des sessions de 26 séances hebdomadaires, les deux groupes participent à un programme comportant chronologiquement le
SociaBillyQuizz puis des stratégies cognitivo-comportementales. Les résultats sont mesurés par l’échelle de Rathus et la Fear Avoidance Hierarchy
pour le groupe Anxiété Sociale et par l’échelle de reconnaissance des faux pas et la Social Responsiveness Scale pour le groupe Syndrome
d’Asperger.
Résultats. – Ces moyens d’évaluation indiquent, pour les deux groupes, une progression significative des scores, corroborée, pour 11 des
12 adolescents, par un entretien clinique, six mois après le retest.
Discussion. – Ces premiers résultats suggèrent qu’un dispositif d’entraînement aux habiletés sociales intégrant le SociaBillyQuizz conduit à des
améliorations cliniques chez ces deux groupes d’adolescents. Des études complémentaires sont en cours.
Conclusion. – Le SociaBillyQuizz apparaît comme un outil thérapeutique flexible, attractif, développant la motivation et la cohésion du groupe.
De plus, il initie et semble faciliter l’apprentissage de stratégies cognitivo-comportementales.
© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Jeu ; Médiation ; Habiletés sociales ; Adolescents ; Syndrome d’Asperger ; Anxiété sociale ; Thérapies cognitivo-comportementales

Abstract
Background. – The SociaBillyQuizz is a therapeutic game designed for social skills training groups with children and adolescents. Using an
entertaining method, this media requests several dimensions: exposure, cognition, communication skills, imagination, emotional expression and
sign decoding. In this preliminary study, the setting includes two groups of six adolescents, one with social anxiety disorder and the other with
Asperger syndrome.
Objective. – To evaluate, in an exploratory study, the effects of a therapeutic device involving this game for these two clinically different groups
of adolescents.
Methods. – During 26 of 1 hour weekly sessions, two adolescents groups participate to a program including the SociaBillyQuizz and cognitive
behavioral therapies. The groups are moderated by two therapists. The SociaBillyQuizz is a board game for two to six players; its goal is
to collect points by answering instructions from the different thematic cards. There are four thematic cards: action cards (players have to do
something), brainstorming cards (players have to use their imagination and demonstrate cognitive flexibility), interview cards (players have to
express themselves about what they think or feel) and mystery cards (unexpected instructions). According to the groups’ clinical characteristics,

∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : raynaud.jph@chu-toulouse.fr (J.-P. Raynaud).

0222-9617/$ – see front matter © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.neurenf.2012.02.001
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some aims are specifically highlighted. In the anxiety disorder group, the cognitive dimension is privileged and in the Asperger syndrome group,
we emphasise the pretend, cognitive flexibility and theory of mind. The effects are measured by the Rathus Assertiveness Schedule and the Fear
Avoidance Hierarchy (FAH) for the social anxiety disorder group and by the Faux Pas Recognition Test and the Social Responsiveness Scale
(parent version) for the Asperger group.
Results. – These assessment tools indicate, for both groups, a significant increase of the scores corroborating the observed clinical effects. For
eleven of the twelve adolescents, a clinical interview 6 months after the retest shows a continuity of therapeutic benefit.
Discussion. – These early results suggest that a social skills training device featuring the SociaBillyQuizz produces clinical improvements in these
two groups of adolescents. In future researches, with control group and more complete follow-up, nature and effectiveness of its contribution should
be specified.
Conclusion. – In this preliminary study, the SociaBillyQuizz appears to be an interesting therapeutic tool that can increase implication, motivation,
participation and cohesiveness of the group. It also makes easier the cognitive-behavioural-strategies learning.
© 2012 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Keywords: Game; Mediation; Social skills; Adolescents; Asperger syndrome; Social anxiety disorder; Cognitive behavioral therapies

1. Introduction Initialement, notre démarche a été motivée par le besoin


d’intégrer au sein des groupes d’entraînement aux habiletés
Les groupes d’entraînement aux habiletés sociales (GEHS) sociales un jeu thérapeutique rassurant, régulateur, facilitant les
recouvrent un ensemble de stratégies essentiellement cognitivo- interactions et les apprentissages ciblés [16]. Ce jeu possède
comportementales, ayant pour finalité l’amélioration des davantage une fonction de médiation que d’outil didactique et
relations interpersonnelles [1]. Chez l’enfant et l’adolescent, de sollicite les dimensions cognitives, émotionnelles et comporte-
tels dispositifs thérapeutiques sont utilisés dans le cadre du trai- mentales des relations sociales.
tement de nombreux troubles incluant, entre autres, l’anxiété
sociale [2], l’autisme de haut niveau et le syndrome d’Asperger 2. Présentation du jeu
[3,4], d’autres troubles envahissants du développement [5],
l’agressivité [6], le trouble déficitaire de l’attention [7]. Les tech- 2.1. Description générale
niques utilisées recourent à des outils faisant consensus : jeux de
rôles, exposition graduée, restructuration cognitive, résolution Il s’agit d’un jeu de plateau (Fig. 1) dans lequel les joueurs
de problèmes ou modeling [8]. (de deux à six) obtiennent des points en exécutant les consignes
Plusieurs critères de bon fonctionnement de tels groupes ont figurant sur des cartes thématiques. À tour de rôle, les joueurs
été mis en évidence dans la littérature internationale : la cons- lancent le dé et avancent leur pion du nombre de cases corres-
cience des problèmes, le respect du cadre, la motivation des pondant. La couleur de la case d’arrivée indique la nature de
participants et leur implication [9,10]. la carte thème à piocher. Certaines cases comportent un visage
Lors des séances initiales auprès d’une population infanto-
juvénile avec difficultés sociales, la situation de groupe peut
s’avérer inhibitrice. Elle peut ralentir l’accès direct aux stra-
tégies thérapeutiques proposées. Par ailleurs, la généralisation
des apprentissages et la pérennité du bénéfice thérapeu-
tique impliquent, de la part des enfants et adolescents, une
adhésion au dispositif et une appropriation authentique des
stratégies proposées [9]. Ainsi, dans les groupes d’enfants
et d’adolescents avec syndrome d’Asperger, certains théra-
peutes s’appuient sur une présentation ludique des exercices
[11,12] et parfois des supports spécifiques sont créés pour la
circonstance [13].
À l’instar du jeu « Compétence » destiné aux patients schizo-
phrènes adultes [14], des jeux anglo-saxons tels que the Social
Skills Game ou Social Skills [15], ont été conçus dans l’objectif
d’apprendre des comportements sociaux positifs entre pairs dans
le cadre d’un entraînement aux compétences sociales pour des
enfants et adolescents. Il s’agit de jeux de plateau fonctionnant
selon le principe du question/réponse. Comme, à notre connais-
sance, n’existait aucune modalité ludique comparable en langue
française, destinée à une population infanto-juvénile, le Socia-
BillyQuizz a été élaboré et appliqué durant dix années auprès
de deux populations distinctes présentant une anxiété sociale ou
un trouble envahissant du développement. Fig. 1. SociaBillyQuizz ; illustration du plateau de jeu.
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souriant indiquant la possibilité de solliciter l’aide d’un autre 2.3. Principes de fonctionnement
participant. Le joueur réalise la consigne puis sa réponse est
validée par un binôme de thérapeutes qui attribue deux, un ou Le SociaBillyQuizz poursuit plusieurs objectifs généraux :
zéro point(s) en motivant sa décision. Il est important de préciser
que, contrairement à un Quiz de connaissances traditionnel, le • poser un cadre rassurant et attractif qui favorise l’implication
SociaBillyQuizz ne repose pas sur de « bonnes réponses » pré- et la cohésion du groupe ;
établies. Chaque joueur dispose d’un unique Joker qui lui permet • faciliter la verbalisation des contenus émotionnels et cog-
de se soustraire à une carte. Une partie dure généralement de 30 à nitifs, en développant l’auto-observation, l’auto-analyse et
45 minutes. l’intérêt pour l’autre ;
Selon la composition du groupe et les objectifs ciblés, les • acquérir certaines habiletés sociales actualisées au cours du
cartes sont sélectionnées avant le début d’une partie par les thé- jeu : respect des autres et des règles, expression verbale, usage
rapeutes. Ces derniers encouragent l’exposition, soutiennent les des communications non verbales, contrôle émotionnel ;
participants et peuvent interrompre le jeu à tout moment, pour • médiatiser un travail thérapeutique de type cognitivo-
lancer une discussion de groupe, puis le reprendre par la suite. comportemental, développé ultérieurement lors des séances.

2.2. Quatre catégories de cartes thématiques Cette médiation thérapeutique fédératrice contribue à
l’instauration d’un lieu d’expériences gratifiantes dans le cadre
2.2.1. Les cartes « Remue méninges » d’un « espace social transitionnel » [10].
Inspirées du brainstorming, ces cartes ont pour vocation
générale d’envisager des alternatives à une même « situation 2.4. Objectif de l’étude
problème » et de stimuler l’imagination en abordant des thèmes
concrets, évocateurs de situations susceptibles d’être vécues au L’objectif de cette étude exploratoire est d’évaluer l’impact
quotidien par les joueurs (exemples : comment réagir face à des d’un dispositif d’entraînement aux habiletés sociales incluant
personnes qui te taquinent ? Comment récupérer un objet prêté le SociaBillyQuizz sur deux groupes d’adolescents clinique-
à un copain il y a longtemps ?). ment différents : l’un présente une anxiété sociale et l’autre un
syndrome d’Asperger.
2.2.2. Les cartes « Interview » L’anxiété sociale renvoie à la présence de peurs prononcées
Sous la forme de questions journalistiques à vocation intros- et persistantes de situations sociales ou de performance chez des
pective, ces cartes incitent à parler de soi sous le regard des enfants ou adolescents qui s’auto-critiquent souvent et évitent
autres (sans se sentir jugé) et ainsi prendre conscience de ses de s’exposer au regard des autres [17–19].
pensées, de ses émotions (exemples : imagine que tu rencontres Le syndrome d’Asperger, se caractérise essentiellement par
un génie de la lampe, quels seraient tes trois vœux ? Quel est ton des interactions sociales altérées, des comportements et des
pire souvenir et pourquoi ?). centres d’intérêt restreints et répétitifs, alors qu’il n’existe par
ailleurs aucun retard significatif dans le domaine du langage ou
du développement cognitif [20–22].
2.2.3. Les cartes « Action »
Cette catégorie repose sur le principe de l’exposition à des
3. Méthode
situations sociales, avec une présentation ludique de la consi-
gne qui permet d’atténuer l’anxiété de performance. Plusieurs
3.1. Population
dimensions sont sollicitées : les communications non verbales,
l’expression émotionnelle, les comportements relationnels, en
Deux groupes de six adolescents (pour lesquels a été posée
s’appuyant sur de courts jeux de rôle (exemples : parle au moins
l’indication d’un groupe d’entraînement aux habiletés sociales)
une minute d’un livre ou d’un film de ton choix. Joue la scène
ont participé à 26 séances d’un dispositif auquel était intégré le
suivante : inviter un(e) copain(ine) à venir jouer chez toi).
jeu.
Le groupe anxiété sociale se compose de quatre filles et
2.2.4. Les cartes « Mystères » deux garçons ; le sex-ratio est inversé pour le groupe syndrome
D’un caractère aléatoire, les consignes saugrenues ou humo- d’Asperger. Dans le premier groupe, la moyenne d’âge est de
ristiques de ces cartes constituent la composante la plus ludique 16 ans quatre mois et dans le second de 15 ans deux mois.
du jeu et sont susceptibles d’inciter à entrer en relation avec
ses pairs (exemples : si un participant a le même âge que toi, tu 3.2. Critères d’inclusion
gagnes deux points. Si ta grand-mère est une ex miss France, tu
gagnes deux points). Les diagnostics sont fondés sur les critères de l’ADOS et
Il existe plus de 60 cartes par catégorie mais les théra- l’ADI pour le syndrome d’Asperger [23] et ceux du DSM-IV-
peutes, en fonction des besoins, peuvent aussi créer leurs propres TR pour l’anxiété sociale (phobie sociale). Ces adolescents ne
consignes sur des cartes vierges prévues à cet effet. présentent pas de retard mental et connaissent une scolarité en
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milieu ordinaire. Les adolescents et leurs parents ont été infor- Tableau 1
més des objectifs de l’évaluation et ont donné leur accord. Évaluation des effets d’un groupe d’entraînement aux habiletés sociales incluant
le SociaBillyQuizz.

3.3. Outils d’évaluation Score (moyenne et écart type) T0 T1 = 10 mois p value*

Groupe anxiété sociale


Les résultats sont appréciés par deux outils d’évaluation spé- Rathus –14,2 (7,1) + 7,5 (7,4) < 0,001
cifiques à la singularité clinique de chaque groupe. L’évaluation FAH peur adolescent 59,3 (4,2) 37,8 (6,1) < 0,001
a lieu avant le début des groupes et en fin de prise en charge FAH évitement adolescent 65,5 (6,1) 33,2 (7,2) < 0,001
FAH peur parents 57,7 (5,2) 40,5 (3,9) < 0,001
(26 séances, réparties sur dix mois), puis par un entretien avec FAH évitement parents 66,3 (6,3) 34 (5,8) < 0,001
parents et adolescent six mois après la fin des séances. Les Groupe syndrome d’Asperger
hétéro-questionnaires étaient administrés par des investigateurs Faux pas 4,3 (0,8) 8,5 (1,04) < 0,01
différents des thérapeutes. SRS 104,3 (19) 77,2 (15,3) < 0,001
Pour le groupe anxiété sociale sont utilisées : FAH : Fear Avoidance Hierarchy.
* Test de Student.

• l’échelle d’affirmation de soi de Rathus [24], qui comprend


30 affirmations représentant un échantillon de diverses situa-
tions sociales de la vie courante. La cotation va de –3 à cognitive pour le groupe « anxiété sociale », l’imitation, le déco-
+3 selon le degré d’accord avec l’affirmation de l’item. Le dage émotionnel, le faire semblant et la flexibilité cognitive pour
score total représente donc une somme algébrique ; le « groupe Asperger ».
• la Fear Avoidance Hierarchy (FAH) : [25], qui regroupe les dix
situations les plus anxiogènes pour l’adolescent, dont il éta- 4. Résultats
blit la liste conjointement avec les thérapeutes. L’adolescent
et les parents cotent chacun ensuite de zéro à huit l’intensité Pour le groupe anxiété sociale, les modifications notables
de la peur et celle de l’évitement (exemples : faire un exposé des scores à l’échelle de Rathus et à la FAH montrent de
oral devant toute la classe, dire à quelqu’un de populaire que meilleures capacités à affronter les situations sociales et régu-
l’on n’est pas d’accord avec ses propos, proposer une sor- ler les débordements émotionnels, ainsi qu’une nette diminution
tie à quelqu’un du sexe opposé ou encore aller trouver un des comportements d’évitement. Les résultats des adolescents
enseignant pour contester une note). et de leurs parents sont concordants pour la FAH (Tableau 1).
Pour le groupe Asperger, l’évaluation a été réalisée au Pour le groupe d’adolescents avec syndrome d’Asperger,
moyen de : l’amélioration du nombre moyen de situations de faux pas iden-
• l’échelle de reconnaissance des « faux pas » de Baron-Cohen tifiées témoigne d’une évolution favorable en terme de théorie
[26] : sensible au déficit en théorie de l’esprit, elle permet de l’esprit. La variation dans le score de la SRS s’observe
d’apprécier la capacité des personnes à détecter un faux pas, essentiellement dans les subtests compréhension, motivation et
c’est-à-dire une « gaffe » qui se produit lorsqu’une personne communication sociale.
dit quelque chose qu’elle n’était pas supposée dire, en réfé- Sur un plan qualitatif, les entretiens cliniques, six mois après
rence aux normes sociales. Dix histoires avec faux pas sont la fin des groupes, auprès des adolescents accompagnés de leurs
utilisées, ainsi que dix histoires contrôles ; parents témoignent d’une pérennité des améliorations obtenues.
• la Social Responsiveness Scale [27], qui consiste en un hétéro Un des participants n’a pu être contacté du fait d’un déménage-
questionnaire de 65 items, se centrant sur les caractéristiques ment.
distinctives des troubles du spectre autistique, au niveau des Les adolescents présentant une anxiété sociale se sont mon-
comportements de réciprocité sociale. Elle comporte cinq trés sensibles à la dimension ludique qui dédramatisait des
sous-échelles : la conscience sociale, les cognitions sociales, situations anxiogènes et atténuait les inhibitions. Les adoles-
la communication sociale, la motivation sociale et les manié- cents avec syndrome d’Asperger étaient rassurés par le cadre
rismes autistiques. La version Parent a été utilisée. réglementé et prévisible, le support visuel et motivés par l’enjeu.
Dans les deux groupes, les thérapeutes ont attribué au jeu
3.3.1. Déroulement des séances de bonnes qualités en termes de support à la socialisation et
Le déroulement des séances a été standardisé. La chro- d’adhésion des participants.
nologie d’une séance, identique pour les deux groupes,
s’est déclinée en trois phases consécutives : un moment
d’accueil, les activités thérapeutiques proprement dites et un 5. Discussion et conclusion
moment de conclusion. Le jeu a été utilisé d’abord sys-
tématiquement durant les six premières séances, puis une Les résultats obtenus suggèrent qu’un dispositif
séance sur deux pendant 12 séances, alternant alors avec d’entraînement aux habiletés sociales incluant le jeu SociaBilly-
des stratégies cognitivo-comportementales qui ont composé Quizz apporte un bénéfice thérapeutique chez des adolescents
l’intégralité du programme des huit dernières séances. Selon présentant un syndrome d’Asperger ou une anxiété sociale. Ces
les groupes, certaines dimensions des cartes thématiques ont conclusions favorables peuvent néanmoins être tempérées sur
été davantage accentuées : l’exposition et la restructuration le plan méthodologique :
F. Pourre et al. / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 60 (2012) 155–159 159

• on peut regretter que les instruments d’évaluation ne soient [8] Rodebaugh TL, Holaway RM, Heimberg RG. The treatment of social
pas identiques dans les deux groupes, mais cette différence anxiety disorder. Clin Psychol Rev 2004;24(7):883–908.
[9] Baker J. Social skills training for children and adolescents with Asperger
est imposée par la spécificité de chacun des troubles ;
syndrome and social-communications problems. Autism Asperger Publi-
• des réévaluations quantifiées six mois après la fin du groupe shing Company; 2003.
permettraient de confirmer la pérennité du bénéfice thérapeu- [10] Scapillato D, Manassis K. Cognitive behavioral/interpersonal group treat-
tique relevée lors des entretiens qualitatifs ; ment for anxious adolescents. J Am Acad Child Adolesc Psychiatry
• nous ne disposons pas de groupe contrôle ; 2002;41(6):739–41.
[11] Coucouvanis J. Super skills, a social skills group program for children
• dans une étude ultérieure, il serait souhaitable d’enrichir la
with Asperger syndrome, high functionning autism and related challenges.
palette des outils psychométriques utilisés notamment pour Autism Asperger Publishing Company; 2005.
l’anxiété sociale ; [12] Painter KK. Social skills groups for children and adolescents with
• de même, la comparaison des effets du présent dispositif avec Asperger’s syndrome: a step-by-step program. London: Jessica Kingsley
ceux de GEHS incluant de simples jeux de société permettrait Publishers; 2006.
d’apprécier plus spécifiquement l’efficacité du SociaBilly- [13] Beaumont R, Sofronoff K. A multi-component social skills intervention for
children with Asperger syndrome: the Junior Detective Training Program.
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Les GEHS représentent une aide majeure chez de tels ado- habiletés sociales (jeu de compétence selon Favrod) chez des patients
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[15] Berg B. The social skills game. Torrance: Western Psychological Services
pire des cas brimés par leurs pairs [28,29]. À la fois médiation et
(WPS) 2005.
instrument thérapeutique, le SociaBillyQuizz, intégré dans ces [16] Pourre F, Aubert E, Andanson J, Raynaud JP. A therapeutic game for
dispositifs, semble jouer un rôle favorable dans l’implication des social skills training group (abstract). Eur Child Adolesc Psychiatry
participants, la socialisation, ainsi que l’acquisition des straté- 2011;20(Suppl. 1):23.
gies cognitivo-comportementales. [17] Kendall PC, Comer JS. Childhood disorders. London: Psychology Press;
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1 Le SociaBillyQuizz n’est pas commercialisé actuellement. Dépôt légal

(Aubert, Pourre) INPI no 417162 du 19.05.2011.

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