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Tema 1.
Évolution de la didactique des langues. Tendances actuelles dans
la didactique du FLE. L’approche communicative.
Introduction
La didactique des langues étrangères suit, dans ses transformations, l’évolution de ses
deux piliers théoriques fondamentaux : la linguistique et les théories sur l’apprentissage. En
ce qui concerne la première, le déplacement de l’intérêt de l’objet langue conçu comme
système, à la langue comme outil de communication, avec la prise en compte des postulats de
la pragmatique, déterminera la nouvelle conception de l’objet d’apprentissage qui ne sera plus
l’apprentissage mémoristique de l’appareil formel « langue » mais l’acquisition d’un savoir
faire communicatif où les connaissances proprement linguistiques (phonétique, grammaire,
lexique) seront subordonnées aux besoins et aux enjeux de la communication. Quant aux
théories sur l’apprentissage, le passage du béhaviorisme au constructivisme, fera notamment
changer la conception du rôle de l’apprenant, replacé au centre des réflexions sur les
processus d’apprentissage. C’est ainsi que l’on verra, sous l’influence de ces changements,
évoluer les méthodologies dans le sens d’une intégration des aspects communicatifs et de la
participation active des apprenants. Nous envisagerons par la suite cette évolution à travers
ses étapes les plus importantes
1. La méthodologie traditionnelle1
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Dite aussi « méthode classique » et « méthode de grammaire/traduction ».
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proche des langues romanes qui en sont issues, mais le latin classique. La conséquence en est
la complexification croissante des livres de grammaire, qui se transforment en de lourds
traités théoriques dont l’apprentissage a priori prendra de plus en plus de place dans
l’enseignement. D’autre part, à partir de la Renaissance, le latin tend à devenir plus “chose
d’apparat” qu’instrument de communication. Aussi, est-ce la composition écrite littéraire qui
va finir par s’imposer comme principal exercice scolaire jusqu’à la fin du XIXe siècle.
Une nouvelle évolution intervient dans le second tiers du XVII e siècle, lorsque l’on va
tirer les conséquences didactiques du nouveau statut social du latin, remplacé par le français et
par les autres langues nationales d’Europe comme langue usuelle de communication, et
devenu par conséquent une langue morte et une simple discipline scolaire. La nécessité
nouvelle qui en découle d’enseigner le latin à partir du français provoque un remaniement
général de la méthodologie d’enseignement : désormais, la langue maternelle occupera une
place prépondérante dans la stratégie d’enseignement. Au XVIIIe, l’application de cette
méthode que l’on appellera plus tard de grammaire/traduction va finir par constituer
l’essentiel de la méthodologie d’enseignement du latin. Dans les classes de grammaire, le
procédé de mémorisation/restitution (apprentissage par cœur, puis récitation en classe)
conserve l’importance primordiale.
Ces deux processus fourniront l’essentiel des arguments pour la critique de la méthode
grammaire/traduction. Cette réflexion constitue par ailleurs l’une des composantes originelles
de la pensée didactique, et elle sera à la base des grands principes de la méthodologie que
nous envisagerons par la suite, la méthodologie directe.
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2. La méthodologie directe
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Parmi les sources qui se trouvent à l’origine de cette méthodologie, il faut également
parler du développement des recherches en psychologie (XIX e-XXe) et tout particulièrement
en psychologie de l’enfant, qui provoqueront dans l’enseignement un renouveau pédagogique.
Alors que par exemple la psychologie traditionnelle considère dans la perception la simple
impression que le sujet reçoit de l’extérieur, les recherches nouvelles mettent l’accent sur la
réaction du sujet à cette impression. C’est cette rupture entre la conception d’un sujet passif,
simple récepteur, et celle d’un sujet actif qui va permettre d’imaginer une nouvelle pédagogie
fondée sur la méthode active. Par ailleurs, la sollicitation permanente de l’activité de
l’apprenant entraîne une série de nouveaux principes pédagogiques, tels que :
— la prise en compte des capacités, des besoins et des intérêts des apprenants,
— une gradation cohérente des contenus lexicaux, qui prendra sa forme dans la
succession des centres d’intérêt,
— une progression des contenus grammaticaux du connu à l’inconnu, du concret à
l’abstrait, du particulier au général.
L’analyse des principes de la méthodologie directe montre donc à la base les principes
suivants :
c) le principe actif : il s’agit d’un principe central dans cette méthodologie. D’objet de
connaissance qu’elle était dans la méthodologie traditionnelle, la langue devient ici un moyen
d’action. La psychologie met à cette époque en évidence la nature réelle de l’apprentissage
chez l’enfant, qui est activité de découverte et de construction personnelles. A partir de là,
vont se mettre en place les trois autres grands principes de la pédagogie moderne : la
motivation, l’adaptation des contenus à l’intérêt, à la capacité et aux besoins de l’enfant et la
progression. Instructions officielles, écrits des méthodologues et préfaces des manuels
abondent de références à toutes ces notions : ils s’agit constamment désormais d’éveiller la
curiosité de l’enfant et de maintenir son attention par un enseignement varié et vivant.
Il faut également signaler que la conception de l’erreur est modifiée radicalement : alors
qu’elle était pour ainsi dire programmée dans la méthodologie traditionnelle (les « pièges »
obligeant l’apprenant à un effort d’attention et à un recours raisonné aux règles de la
grammaire), son utilité est rejetée par les méthodologues directs.
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Types de répétition :
?
a) répétition extensive : plutôt pour l’enseignement du vocabulaire. Elle est extensive dans la mesure où il s’agit d’une
révision périodique, échelonnée dans le temps.
b) répétition intensive : plutôt pour l’enseignement de la grammaire. Elle agit en un temps limité, celui nécessaire à la
réalisation d’un exercice grammatical, par exemple.
c) répétition ré-productrice : opposée à la répétition reproductrice (citation par cœur), la ré-production propose le
réemploi des formes linguistiques dans la production d’une phrase nouvelle.
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Or, la méthodologie directe a rencontré des problèmes dus non seulement à des facteurs
externes à la propre méthodologie, mais aussi à des facteurs internes tels que :
— l’insuffisance de la psychologie de l’apprentissage utilisée, qui n’est pas spécifique à
l’apprentissage des langues étrangères, puisqu’elle est en réalité constituée d’un mélange
empirique de méthode naturelle et de méthode active,
— l’insuffisance de la description grammaticale utilisée, le renouvellement scientifique
en linguistique étant à l’époque de l’élaboration de la méthodologie directe pris en charge par
lune linguistique historique sans application en didactique des LE. La grammaire des manuels
est certes simplifiée et graduée par rapport à celle de la méthodologie traditionnelle, mais
c’est toujours bien de la même grammaire classique et traditionnelle qu’il s’agit, normative,
souvent incohérente en raison du caractère hétéroclite de ses outils d’analyse et construite à
partir de la langue écrite.
— l’insuffisance de la description lexicale de la langue et l’absence de moyen
scientifique de gradation et de sélection lexicale, qui provoque dans les manuels une inflation
du vocabulaire.
— l’insuffisance de la description culturelle de référence, qui amène méthodologues et
auteurs de manuels à prendre comme fil directeur de l’enseignement culturel l’histoire
littéraire.
— l’insuffisance de la pédagogie de référence.
Cependant, l’apport de la méthodologie directe est très important : elle s’est constituée
en un ensemble très cohérent sur lequel les méthodologies suivantes, jusqu’à nos jours, ne
pourront opérer que des choix et des modifications limités. Le noyau dur de la méthodologie
directe va fonctionner comme une véritable matrice historique des méthodologies suivantes.
C’est bien entendu l’échec relatif de la méthodologie directe en milieu scolaire qui a mis
au jour, après la Première Guerre Mondiale, le besoin d’une nouvelle méthodologie. La
France de l’après-guerre n’est plus cette nation inquiète, ouverte sur l’étranger à la recherche
du renouveau. On assiste au contraire, après 1919, dans toute la pédagogie officielle, à un net
repli sur les valeurs traditionnelles de formation intellectuelle et culturelle. La méthodologie
directe, élaborée dans un contexte de spécification de l’enseignement des LE et sur la base
d’une priorité à l’objectif pratique, se trouve en contradiction avec la nouvelle politique
éducative, et elle sera délaissée par ceux-là mêmes qui l’avaient imposée vingt ans plus tôt.
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Les théories de référence de cette méthodologie ne sont plus les mêmes que celles des
précédentes : elle s’appuie sur une théorie linguistique précise (le distributionnalisme
américain) et sur une théorie de l’apprentissage par conditionnement (béhaviorisme 3). Elle
vise, comme la méthodologie directe, à privilégier l’oral, mais elle introduit l’idée de
progression par étapes minimales (step by step), se rapprochant de l’enseignement
programmé, et celle de l’apprentissage par stimulus-réponse sur des modèles à imiter.
L’exercice structural et l’utilisation du laboratoire de langues en seront les principaux
résultats.
3 ?
Cf. tema 2
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a) La linguistique distributionnelle.
— l´axe paradigmatique, ou axe vertical, sur lequel se situent les mots qui peuvent
remplacer un autre mot à un endroit donné de la chaîne parlée. Sur cet axe, la manipulation
linguistique de base est la substitution, qui permet la segmentation de la phrase en unités plus
petites (analyse en constituants immédiats) et leur classification en fonction de leur entourage
dans le corpus de l’étude.
— l´axe syntagmatique, ou axe horizontal, celui de la chaîne parlée. Sur cet axe,
l’analyse en constituants immédiats met en évidence des régularités combinatoires appelées
structures (patterns en anglais) et la manipulation de base consiste à passer d’une structure à
une autre, c’est la transformation.
Les concepteurs des cours audio-oraux vont utiliser cette analyse linguistique aux
différents niveaux de la sélection, de la présentation et des techniques d’exploitation des
contenus linguistiques :
blanche
ex : la voiture est jaune
rouge
verte
…
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b) la psychologie béhavioriste
Selon cette théorie, le langage n’est qu’un type de comportement humain et, en tant que
tel, son schéma de base est le réflexe conditionné, défini comme suit : dans une situation-
stimulus, se produit une réponse-réaction ; si celle-ci est renforcée, l’association entre le
stimulus et la réponse est alors elle-même renforcée ; cela signifie que la réponse sera très
probablement déclenchée à toute réapparition du stimulus.
Une telle conception des débuts de l’apprentissage élimine tout enseignement explicite
de la grammaire : savoir une règle de grammaire, ce n’est pas savoir la formuler, mais être
capable de l’appliquer avec un haut degré d’automatisme. L’essentiel du travail de
l’apprentissage va donc consister :
— en répétitions orales intensives aux fins de mémorisation des phrases modèles
d’introduction des formes linguistiques,
— en manipulations orales intensives aux fins d’automatisation des structures dans les
exercices structuraux (importance du laboratoire de langues pour l’écoute et répétition).
Or, la M.A.O. n’a pas vécu plus longtemps que la méthodologie directe. A
l’enthousiasme des débuts succède au bout de quelques années la déception : les exercices
structuraux ennuient les élèves, dont la motivation décroît rapidement ; le passage du
réemploi dirigé au réemploi spontané se fait rarement et difficilement ; la progression step by
step n’empêche pas les erreurs des élèves.
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A cela est venue très tôt s’ajouter la remise en cause des théories de référence de la
M.A.O., lancée par le célèbre article de Chomsky (“A Review of B.F. Skinner’s Verbal
Behavior”, 1959). Le schéma stimulus-réponse est selon Chomsky incapable de rendre
compte de la compétence d’un locuteur natif. Apprendre une langue, en effet, c’est acquérir
non pas un simple système d’habitudes contrôlées par des stimuli de l’environnement, mais
un système de règles permettant la production d’énoncés nouveaux et la compréhension
d’énoncés nouveaux.
5. La méthodologie audio-visuelle4
Cette méthodologie, qui se caractérise par l’association de son et image présentant une
série de dialogues en situation, est le fruit de recherches menées en commun dès 1954 par
deux équipes respectivement animées par le professeur Guberina à l’Institut de Phonétique de
l’Université de Zagreb et par Paul Rivenc au Centre de Recherches et d’Études pour la
Diffusion du Français (CREDIF) de l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud. Un
troisième groupe, dirigé par Raymond Renard, dans le cadre du Centre Universitaire de Mons
(Belgique) vient se joindre aux deux premiers à partir de 1960. L’apport de Guberina et de
son équipe (fondé sur des travaux portant sur la pathologie de l’audition et sur la rééducation
des sourds) a été très important dans le domaine de la perception et de l’apprentissage de la
parole.
Un des principes méthodologiques les plus importants est la nécessité de mettre l’accent
au tout début de l’apprentissage sur la perception auditive des énoncés et sur une
compréhension globale. Le contenu linguistique est déterminé à partir de l’élaboration de ce
que l’on connaît comme le français fondamental : il s’agit du résultat d’une enquête portant
sur la langue parlée recueillie en situation par enregistrement, suivie d’un établissement de
listes de vocabulaire fondé sur des critères statistiques, puis de la constitution d’une
grammaire pédagogique reposant elle aussi sur une analyse statistique de la langue parlée.
Tous les principes présents dans la méthodologie directe se retrouvent dans la MAV :
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Dite aussi méthode Saint Cloud-Zagreb ou SGAV (Structuro-Globale Audio-Visuelle)
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— le principe direct : il est toujours la clef de voûte sur laquelle repose l’enseignement
dans son ensemble. Dans la MAV, comme dans la méthodologie directe, le vocabulaire
s’apprend directement, ainsi que la grammaire. La mise en pratique du principe direct se fait à
travers un document de base fabriqué.
— le principe oral : face à la méthodologie active, qui avait marqué sur ce point un
certain retour, la MAV renoue avec la tendance à la méthode orale intégrale dans le tout début
de l’apprentissage. L’une des fonctions principales du support audio-visuel est en effet de
remplacer le support écrit, et la forme dialoguée du document de base vise en particulier à
faculter son exploitation exclusivement orale en classe, en fournissant aux élèves des modèles
réutilisables.
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Mais le passage des MAV à ce que l’on appelle les approches communicatives, ne se
fait pas du jour au lendemain. La MAV elle-même connaît une évolution interne que l’on peut
résumer en trois étapes :
— les MAV de première génération sont marquées par une intégration didactique
maximale autour du support audio-visuel (années 1960. Exemples : Voix et Images de
France, Cours de langue et de civilisation française.
— la troisième génération, celle des années 1980 se caractérise par des tentatives
d’intégration des nouvelles démarches didactiques dites notionnelles-fonctionnelles et
communicatives (Exemples : la Méthode orange, Archipel, Sans frontières). Cette troisième
génération marque la limite de l’affaiblissement de l’intégration didactique autour du support
audio-visuel, au-delà duquel il ne serait plus possible de parler encore de cours audio-visuels.
Si les images ne manquent pas dans les manuels postérieurs de FLE, elles n’ont plus rien à
voir avec l’image telle qu’elle était utilisée dans les MAV de première génération, où elle était
un élément indispensable d’approche et d’élucidation du sens. Ceci ne veut pas dire que
l’outil audio-visuel soit désormais obsolète, mais que la relation de l’apprenant à la langue a
changé. Dans le dispositif audio-visuel classique, l’apprenant était invité à se projeter dans un
échange dont la représentation était donnée à partir d’un support audio-visuel, à prendre place
dans cet échange, à adopter certains rôles, à user de la langue dans les formes correspondant
au contexte. Dans les nouvelles démarches, le moteur de l’apprentissage sera l’interactivité en
classe, à partir de supports variés déclencheurs de prise de parole, interactions que le
professeur aura à organiser, à gérer et à faire évoluer. Le centre de gravité s’est déplacé d’un
extérieur représenté par le scénario audio-visuel à des interactions et simulations générées en
classe.
Il faut sans doute reconnaître l’apport novateur que constitue l’introduction par les
MAV d’un langage oral employé en situation pour l’enseignement des langues étrangères.
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Des dialogues des premières MAV à ceux des productions pédagogiques récentes, on a certes
progressé dans l’art d’apprendre à communiquer. Les réalisations des années 70 orientées vers
les apprenants de niveau 2 qui marquent les premières utilisations en classe des documents
dits authentiques ont eu sans doute une importance capitale. L’emploi des documents
authentiques en classe est apparu lorsque les didacticiens se sont préoccupés des apprenants
qui étaient au-delà du niveau débutant. Pour ces étudiants, la simple progression et le
prolongement de la méthodologie employée au niveau 1 étaient inadéquats. Il fallait les faire
passer du maniement d’une langue prétendument neutre à des structures permettant
l’acquisition d’une compétence linguistique d’une plus libre expression. Faire entrer dans la
classe des messages sonores, écrits, visuels ou pluricodés appartenant à l’environnement
quotidien des Français était une manière de tenter de résoudre les problèmes causés par le
niveau avancé d’apprentissage.
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Nous noterons enfin que les approches communicatives récupèrent le rôle de l’erreur en
tant que ressource didactique, comme preuve de l’évolution du système intériorisé par l’élève
(l’interlangue, cf. tema 2) qu’il faut identifier, expliquer et traiter.
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Parmi les facteurs externes, le plus important semble être le contexte intellectuel de
notre époque, marqué par la crise des idéologies révolutionnaires et dans lequel toute volonté
de cohérence est suspecte de dogmatisme.
On peut donc signaler que l’approche communicative est entrée en déclin non parce que
ses principes auraient été contestés ni parce qu’une nouvelle méthodologie serait sur le point
de la remplacer, mais tout simplement parce qu’elle a été gérée comme ce qu’elle n’était pas,
à savoir, une méthodologie constituée. Les premiers à l’avoir remarqué et compris ont été les
enseignants, et c’est la raison pour laquelle on assiste chez eux à une montée de l’éclectisme.
Comme le signale Galisson, la prise en compte de la diversité et de la complexité des
situations d’enseignement/apprentissage et des problèmes qu’elles posent conduit les
nouveaux enseignants à lutter contre les effets réducteurs des méthodes. Le succès de
l’éclectisme sur le dogmatisme méthodologique est celui de la tolérance et de l’incertitude sur
l’assurance des corps de doctrines figées. L’éclectisme, revendiqué comme alternative aux
méthodologies successivement dominantes et comme réponse possible aux attentes, est donc
assumé et il se manifeste chez les enseignants par un refus délibéré de l’emploi de la méthode
ou du manuel tel que l’auteur le préconise. Contrairement à leurs devanciers, ils n’adoptent
plus un seul manuel, ils l’adaptent et le transgressent. N’étant plus nourris dans le respect de
la méthode et de son intangible cohérence, ils tirent parti de tous les matériaux dont ils
disposent. Dans la panoplie des moyens de subversion des manuels, la reprographie est la plus
sollicitée : c’est un moyen de libération de l’enseignant, c’est aussi un procédé de motivation
et de déroutinisation de l’apprenant, confronté, par son entremise, à des matériaux d’autant
plus stimulants (parfois) qu’ils sont inattendus.
— l’utilisation d’un métalangage dans les consignes des activités qui renvoie à l’activité
langagière des élèves. Peu nombreuses sont les consignes qui appellent à une activité de pure
manipulation de la langue, elles sont par contre normalement intégrées à des situations.
— le découpage des leçons en une multitude de micro-activités, très diversifiés dans
leur forme, associées le plus souvent à de supports tels que la BD, la photo, des plans, etc.
— des points de départ de leçon sous forme très souvent d’un dialogue, mais plus
souvent encore de micro-dialogues et de documents de toute nature qui sont l’occasion
d’induire une activité de l’élève.
— la difficulté ressentie par les auteurs d’intégrer de manière harmonieuse le travail de
systématisation langagière à des activités conduit à la création de cahiers d’exercices, où
l’activité d’exercices fait malgré tout l’objet d’un habillage situationnel, comme si on ne
voulait pas présenter un travail de structuration pure de la langue.
— cette pédagogie de l’activité est à mettre en relation avec une théorie de la motivation
dans l’apprentissage. En mettant constamment l’apprenant en situation d’agir avec/par la
langue, on veut le confronter au besoin de disposer d’un outil langagier structuré ; on veut
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faire en sorte qu’il soit ainsi demandeur d’informations, de savoir-faire qu’il pourra acquérir
dans les interactions en classe ou par la consultation du manuel, acquisition qui sera d’autant
mieux assurée qu’elle est liée à un besoin ainsi créé.
Bibliographie
BEACCO, J-C. (1995) « La méthode circulante et les méthodologies constituées », Le Français
dans le monde, nº spécial « Méthodes et méthodologies », pp. 42-49.
BÉRARD, E. (1991) L’approche communicative. Théories et pratique. Paris : Clé International.
GALISSON, R. (1995) « À enseignant nouveau, outils nouveaux », Le Français dans le monde,
pp. 70-78
LEBRE-PEYTARD, M. (1990) Situations d’oral. Documents authentiques : analyse et
utilisation. Paris : Clé International.
PUREN, C. (1988) Histoire des méthodologies de l’enseignement des langues. Paris : Clé
International.
— (1995) « Des méthodologies constituées et de leur mise en question », Le Français dans le
monde, pp. 36-41.
MOIRAND, S. (1982) Enseigner à communiquer en langue étrangère. Paris : Hachette.
SYMARD, Y. (1995) « Pratique grammaticale et approche communicative », Le Français dans
le monde, nº spécial, « La Didactique au quotidien », pp. 152-161.
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TABLEAU RÉCAPITULATIF
Introduction.
idée fondamentale à développer : l’évolution de la didactique des langues est étroitement
liée à celle de ses deux piliers fondamentaux :
- la théorie linguistique (t.3) : passage de l’étude de la langue à la prise en compte de tous
les paramètres de la communication,
- la psychologie de l’apprentissage (t.2) : passage de la conception de l’apprentissage
comme acquisition d’automatismes, donc passif, à celle de l’apprentissage comme
construction active et progressive.
2. Méthodologie directe.
à la base on trouve le principe direct qui implique l’acquisition de :
- la langue étrangère sans passer par l’intermédiaire de la langue maternelle
- l’oral sans passer par l’écrit
- la grammaire sans passer par l’explicitation de la règle.
donc, objectif pratique, d’où :
- priorité accordée à l’oral
- contenus de la vie quotidienne (vs exemples littéraires)
- textes suivis (vs phrases isolées)
elle subit l’influence des recherches menées en psychologie des enfants (XIX e-XXe), qui
révèlent l’importance de :
- capacités/besoins
- gradation des contenus lexicaux
- progression des contenus grammaticaux.
problème : insuffisance du cadre théorique de référence : la psychologie n’est pas spécifique
et à ce moment la linguistique demeure simplement historique et comparative (reconstruction de
l’indoeuropéen)
cependant contribution très importante qui se trouve à la base des théories didactiques
actuelles, ce qui fait qu’on la considère comme la matrice historique des méthodologies suivantes.
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6. L’ approche communicative.
issue d’une réflexion encouragée par le renouveau du panorama linguistique et
psychologique.
- passage d’un apprentissage formel à un apprentissage fonctionnel et pragmatique
(influence directe sur l’organisation des contenus)
- importance d’établir une relation courte entre acquisition et réutilisation des acquis.
- passage d’un savoir à un savoir-faire, d’une compétence linguistique tout court à une
compétence de communication intégrant des éléments linguistiques, discursifs,
socioculturels (t.6) et stratégiques.
- reprise de l’écrit par rapport à la méthodologie précédente
- centration sur l’apprenant, ce qui implique la prise en compte de ses motivations, besoins,
intérêts... pour la construction d’un enseignement significatif et fonctionnel
- importance de l’erreur comme manifestation de l’évolution de l’interlangue (t.2)
- façon d’envisager l’enseignement grammatical, toujours à l’intérieur d’emplois effectifs
et en essayant d’encourager la réflexion sur la langue.
- reconnaissance de la langue maternelle comme auxiliaire de l’apprentissage (pas
considérée comme source d’interférence, comme dans la méthodologie audiovisuelle).
(N.B : Pour chacun de ces points que je signale ici schématiquement, vous pouvez mettre à
profit les connaissances que vous possédez des autres thèmes).
Conclusion
pour la conclusion, vous évoquerez la situation actuelle de l’approche communicative et les
difficultés qu’elle pose.
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