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A U TE U R V OLON TAIR E ME NT ANO NY ME

radicalement
Ordinaire

UN A PPEL P RESSANT À C U LT I V E R
LA JOI E DE L’ H UM I L I T É
radicalement
Ordinaire
AUTEUR VOLONTAIREMENT ANONYME
Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre :
Embracing obscurity : Becoming nothing in light of God’s everything
Anonymous
© 2012 • B&H Publishing Group
One LifeWay Plaza • Nashville, TN 37234 • États-Unis
Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés.

Édition en langue française :


Radicalement ordinaire : Un appel pressant à cultiver la joie de l’humilité
Auteur volontairement anonyme
© 2017 • BLF Éditions • www.blfeditions.com
Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France
Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés.

Une coédition BLF Éditions et JPC


Traduction : Anne Worms
Couverture : Sophie Rantoanina
Mise en page : BLF Éditions
Impression n° XXXXX • Sepec • Rue de Prony • 01960 Péronnas • France

Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible version
Segond 21 Copyright © 2007 Société biblique de Genève. Reproduit avec
aimable autorisation. Tous droits réservés. Les caractères italiques sont
ajoutés par l'auteur du présent ouvrage. Les autres versions sont indiquées
en toutes lettres sauf la Bible Parole de vie (PDV) et la Nouvelle Bible
Segond (NBS). Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés.

Coédition BLF
ISBN 978-2-36249-383-6 broché
ISBN 978-2-36249-384-3 numérique

Coédition JPC
ISBN 978-2-905253-29-3 broché

Dépôt légal 2e trimestre 2017


Index Dewey (CDD) : 248.84
Mots-clés : 1. Guide de vie chrétienne.
2. Vertu chrétienne. Humilité.
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION
Pourquoi choisir l’obscurité ?....................................................9

CHAPITRE UN
Un sur un milliard..................................................................... 13
CHAPITRE DEUX
Choisir ce qui nous définit...................................................... 23
CHAPITRE TROIS
Choisir l’humble roi................................................................... 41
CHAPITRE QUATRE
Choisir la vraie valeur............................................................... 57
CHAPITRE CINQ
Choisir le vrai succès................................................................ 73
CHAPITRE SIX
Choisir de servir........................................................................ 91
CHAPITRE SEPT
Choisir la souffrance..............................................................105
CHAPITRE HUIT
Choisir le mystère...................................................................121
CHAPITRE NEUF
Choisir les projecteurs...........................................................141
CHAPITRE DIX
Choisir l’espérance..................................................................157

Notes..........................................................................................167
À mon humble roi,
lui qui a toujours enseigné par son exemple.
Et à tous ceux qui, comme moi,
en ont assez de toujours rechercher
le regard des autres.
Introduction

POURQUOI CHOISIR
L’OBSCURITÉ ?
Quel est le lien entre vous, moi, un étudiant, un musicien,
une mère au foyer, un ouvrier au chômage, un pasteur et un
entrepreneur brillant ?
C’est simple : nous sommes tous ivres.
Pour notre défense, cette épidémie est tellement répandue que
la plupart d’entre nous ne savons même pas que nous sommes sous
son emprise. Nous sommes confus, aveuglés et errants comme des
marins à l’aube. Mais encore une fois, nous sommes tous dans
le même bateau, alors pourquoi s’en inquiéter ? Et pourtant, ce
poison insoupçonné qui touche tant d’entre nous est tout à la fois
en train de nous abrutir, de détourner notre attention du royaume
et de discréditer l’Évangile du Christ.
Oui, nous sommes bel et bien ivres morts. Ivres de ce désir
d’être connus, reconnus, appréciés et respectés. Nous avons soif
d’être « quelqu’un » et d’accomplir de grandes choses, de réaliser
nos rêves et de gagner l’admiration des autres. Devenir quelqu’un
– n’importe qui – pourvu qu’on ne soit pas rien.
Que vous soyez athlète, commercial, missionnaire ou fonction-
naire, n’avez-vous jamais ressenti ce besoin insatiable de célébrité ?

9
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

D’après vous, d’où cela vient-il ? Nous vivons dans une culture qui
accorde une valeur aux êtres humains en fonction de leur niveau de
notoriété. Et à présent, les Églises semblent suivre le mouvement.
C’est un problème vraiment sérieux. Sérieux à cause de son ori-
gine. C’est exactement le genre de tromperie que Satan – le père
du mensonge – fabrique et répand le mieux. Un mensonge pas
vraiment choquant, facile à justifier, à spiritualiser ou à expliquer.
Pourtant ce mensonge est aussi meurtrier que ces « gros péchés »
que nous n’oserions même pas évoquer.
Nous en sommes tous plus ou moins conscients. Nous devinons
bien l’ampleur de ce problème même si nous ne percevons peut-
être que la pointe de l’iceberg. Mais nous ne savons que faire, alors
même que notre dépendance nous éloigne de notre Créateur et de
sa mission pour nos vies.
Un problème évident se présente d’emblée : comment pourrait-
on aborder ce sujet sans se mettre aussi soi-même en avant ? Qui
voudra écouter une personne parler de notre besoin d’humilité,
quand cette même personne pose pour des photos, cherche à
étendre son réseau, organise des conférences et des séances de
dédicace pour son dernier livre ? Et même si quelqu’un réussissait
à quitter la lumière des projecteurs, qui aurait envie de « perdre »
autant de temps et d’énergie pour défendre un message avec si peu
de notoriété à la clé ? Ça serait pousser le concept un peu loin, non ?
Pour être honnête, c’est exactement ce que je vivais. Je perce-
vais bien le problème, mais je ne voyais pas du tout comment y
répondre sans gagner l’Oscar du plus grand hypocrite du monde.
Alors, comme tant d’autres, j’ai simplement choisi d’ignorer le
sujet (et de refuser d’en reconnaître les conséquences dans ma vie).
J’ai décidé de mettre de côté ce message. Mais, un peu comme
avec Jonas, Dieu ne m’a pas laissé le mettre de côté.
Mon choix de rester anonyme n’est pas une stratégie ou une
astuce pour essayer de vendre plus de livres. Croyez-moi, ce mes-
sage a anéanti toutes mes ambitions de carrière ! Je n’aurais jamais
pensé écrire un jour un tel livre : il est venu de Dieu et lui a été
dédié en retour. Pourtant, je suis certain que quelques sceptiques

10
P ourquoi choisir l ’ obscurité  ?

se demanderont si tout cela n’est pas un énorme canular. D’autres


s’étonneront de ce que je reste anonyme tout en utilisant des pro-
noms personnels, ma propre histoire et mes expériences1. Tout ce
que je peux répondre à cela, c’est que choisir l'anonymat ne signifie
pas disparaître de l’existence. Il s’agit plutôt de se faire volontai-
rement « rien » à la lumière de tout ce que Dieu et ses promesses
représentent. Pourquoi ? Pour le glorifier davantage. Parce que c’est
lui que nous devons mettre en avant, pas nous-mêmes. Mais ma
sincérité sera plus crédible si je vous explique un peu d’où m’est
venue l’idée d’écrire Radicalement ordinaire…
Tout a commencé un dimanche assez quelconque, alors que
j’écoutais l’orateur invité prêcher sur l’humilité du Christ. Il parlait
de l’esprit de service par opposition aux actes de service, de nos
tentatives dérisoires de « devenir quelqu’un », et d’un Dieu qui avait
tout et qui a pourtant choisi de n’être plus rien. L’Esprit faisant son
œuvre, j’ai été profondément bouleversé par son message. Si l’un
d’entre nous ose suivre notre roi serviteur dans sa souffrance, il doit
apprendre à lui faire confiance et à marcher sur ses traces. Je me suis
mis à chercher un terme pour englober tout ce qui chamboulait
mon univers. Soudain, dans un de ces rares instants de grâce, une
idée m’est venue à l’esprit : je devais choisir l’obscurité*.
Pendant quelques instants, j’étais satisfait de ma trouvaille.
Comme lorsqu’on se rappelle enfin les paroles d’une chanson qu’on
a fredonnée toute la journée. C’est alors que les mots ont com-
mencé à prendre tout leur sens. Choisir l’obscurité ? Quelle personne
sensée voudrait faire ce choix ? Et quelles en seraient les conséquences
pour ma vie ? Je résistais intérieurement mais en vain. Je savais dès
cet instant que je devais agir.
C’est ainsi que mon voyage a commencé – un voyage parfois
éprouvant – au cœur de l’humilité du Christ. Au cours de ce voyage
(que je suis bien loin d’avoir terminé), j’ai compris que ce message
ne s’adressait pas à moi seulement, mais à tous les disciples de
Jésus : le comédien, le politicien, la mère célibataire, le guichetier
de banque, le grand PDG. Puis j’ai senti que Dieu m’appelait à

*
L'expression « choisir l'obscurité » est la traduction littérale du titre original :
Embracing obscurity (NDÉ).

11
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

partager ce message, ce qui a provoqué le terrible dilemme men-


tionné plus haut : comment pouvais-je justifier un comportement
aussi hypocrite qui consisterait à écrire un livre sur une vie dans
l’obscurité et d’en récolter la gloire ?
Et pourtant, Dieu était résolu à ne pas me laisser tranquille.
Même si Dieu a dû en quelque sorte me tordre le bras pour
que je m’attelle à la tâche, le livre Radicalement ordinaire et l’idée
de l’anonymat sont enfin nés. J’ai rencontré toutes sortes de
difficultés logistiques liées à l’anonymat, comme le fait de devoir
garder le secret auprès de ma propre famille. Mais ma chair s’est elle
aussi montrée rebelle : les vieux péchés ont la vie dure. Je me suis
surpris à imaginer des scénarios au cours desquels j’étais reconnu
pour le travail que représente ce livre : j’étais « accidentellement »
démasqué, mon livre faisait partie des best-sellers… J’ai même un
jour rêvé avoir été reconnu par un mentor très respecté et honoré
sur mon lit de mort. De toute évidence, mon orgueil ne connaît
aucune limite. Alors que j’écrivais ce livre, j’ai beaucoup lutté. Et
ces luttes m’ont rappelé de façon bouleversante que nous avons
tous, moi y compris, grand besoin d’entendre ce message.
L’Église (là encore, je m’y inclus) a tellement imité les principes
du monde concernant le succès qu’il devient difficile de distinguer
les deux. Nous sommes dans une situation d’urgence, mais peu
d’entre nous s’en rendent compte. Et à moins de trouver l’antidote
rapidement, nous sommes condamnés à vivre et à mourir dans
notre aveuglement. C’est l’urgence de ce message qui m’oblige à
rédiger ce livre.
Dans les chapitres suivants, j’essaierai de me tenir à l’écart pour
laisser Jésus faire son œuvre dans votre cœur et votre vie. Au cours
de votre lecture et du reste de votre vie, je prie que vous découvriez
et que vous vous appropriez la joie incomparable, la liberté et la
raison d’être que nous trouvons en choisissant l’obscurité.

12
Chapitre un

UN SUR UN MILLIARD
Nous sommes devant toi des étrangers et des immigrés,
comme tous nos ancêtres. Nos jours sur la terre disparaissent
comme l’ombre, sans espoir.
1 C hroniques 29 : 15

L’homme ? Ses jours sont comme l’herbe, il fleurit comme la


fleur des champs : lorsqu’un vent souffle sur elle, elle disparaît,
et la place qu’elle occupait ne la reconnaît plus.
P saumes 103 : 15-16

Sept milliards vingt-cinq millions quatre cent vingt mille trois


cent quatre-vingt-dix.
C’est l’estimation la plus précise que nous avons de la popula-
tion mondiale au moment où j’écris ces mots2. Difficile de se sentir
important avec ça. Nous avons du mal à imaginer ce que représente
un tel chiffre, mais il nous arrive parfois de ressentir notre profonde
insignifiance. Essayez donc de vous tenir tout en haut de l’Empire
State Building à New York avec plus de huit millions d’habitants
vivant juste en dessous. Ou assistez à un match de foot au Stade
de France avec quatre-vingt mille personnes qui s’agitent autour
de vous. Sillonnez aussi les rues de Monaco où trente-huit mille
personnes s’entassent dans environ deux kilomètres carré. Si vous

13
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

êtes déjà allé à Disneyland au mois de juin, dans une grande galerie
commerciale en décembre, ou que vous avez essayé de faire du
shopping le premier jour des soldes, vous savez probablement de
quoi je veux parler. Il y a beaucoup de monde sur cette planète !
Vous est-il arrivé de vivre une expérience qui a fait voler en éclat
toutes vos convictions quant à votre propre importance ? Pour ma
part, cela s’est produit un vendredi après-midi, vers 15 h 30. Je me
trouvais sur une autoroute complètement engorgée. Si au moins on
avançait petit à petit… mais non ! On ne bougeait pas d’un pouce.
Les voitures en sens inverse avançaient doucement (les chanceux !),
et comme je n’avais rien d’autre à faire, j’ai commencé à observer
tous ces gens au volant de leur voiture, fatigués après une longue
journée de travail. Une femme vêtue d’une blouse en soie, visi-
blement nerveuse, se mettait du rouge à lèvres. Un sosie de James
Dean discutait au téléphone dans sa Camaro flambant neuve. Un
homme dans la trentaine chantait à tue-tête. Une dame asiatique
plus âgée était vêtue de l’uniforme d’un supermarché. Une maman
se disputait avec ses enfants. Et les voitures passaient… passaient…
et passaient encore.
Au bout d’une centaine de voitures, j’ai commencé à me sentir
un peu déprimé. Chacune de ces personnes avait une vie, un cercle
de connaissances, une famille… Elles avaient toutes une histoire
qui racontait leurs aspirations, leurs déceptions et leurs peurs. Pour
qui est-ce que je me prenais, à me mettre dans tous mes états à
cause des bouchons qui me retardaient pour je ne sais même plus
quoi ? Qu’est-ce qui pouvait bien me laisser croire – moi ou qui
que ce soit – que mon histoire, ma vie, était en quoi que ce soit
différente, unique ou importante ?
Avez-vous déjà vécu cela ? Une fraction de seconde durant
laquelle l’immensité de l’humanité vous réduit à un insignifiant
grain de sable dans l’univers ? Un moment où la foule génère en
vous un sentiment de désillusion, et vous vous dites alors : « Je n’ai
aucune importance ! ». Si vous n’avez jamais vécu cela, cherchez
une bonne occasion. Bien que ce soit une expérience plutôt
inconfortable à vivre, il est bon pour notre âme de se sentir parfois
insignifiant.

14
U n sur un milliard

Salomon le savait bien. Au premier coup d’œil, son livre de


l’Ecclésiaste a de quoi vous filer le bourdon, surtout pour les gens
d’un naturel optimiste.
Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est
vanité.
Quel avantage revient-il à l’homme de toute la peine qu’il se
donne sous le soleil ? Une génération s’en va, une autre vient, et
la terre subsiste toujours. Le soleil se lève, le soleil se couche ; il
soupire après le lieu d’où il se lève de nouveau. Le vent se dirige
vers le midi, tourne vers le nord ; puis il tourne encore, et reprend
les mêmes circuits. Tous les fleuves vont à la mer, et la mer n’est
point remplie ; ils continuent à aller vers le lieu où ils se dirigent.
Toutes choses sont en travail au delà de ce qu’on peut dire ; l’oeil
ne se rassasie pas de voir, et l’oreille ne se lasse pas d’entendre.
Ce qui a été, c’est ce qui sera, et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera,
il n’y a rien de nouveau sous le soleil. S’il est une chose dont on
dise : « Vois ceci, c’est nouveau ! », cette chose existait déjà dans les
siècles qui nous ont précédés. On ne se souvient pas de ce qui est
ancien ; et ce qui arrivera dans la suite ne laissera pas de souvenir
chez ceux qui vivront plus tard.
Ecclésiaste 1 : 2-11 –  Louis Segond

Je vous avais bien dit que c’était déprimant !


Mais attendez, ce n’est pas tout. Si l’existence de plus de sept
milliards d’autres êtres humains et la réalité du schéma cyclique
de l’histoire n’ont toujours pas réussi à vous convaincre de votre
insignifiance, lisez ce qui suit.

Un monde vaste… très vaste


Dieu n’a épargné aucun détail en créant des milliards d’espèces
qu’aucun être humain ne verra jamais. Les scientifiques ont fait
de leur mieux pour nommer, catégoriser, décrire et étudier toutes
les bestioles, les champignons, les bactéries et autres organismes
en tous genres qui vivent sur et sous terre. Mais ils admettent
volontiers qu’il est impossible de tous les compter. Les spécialistes
estiment que le nombre d’espèces de champignons pourrait s’éle-
ver à 1,5 million ; et même si des dizaines de milliers d’espèces

15
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

d’ascarides sont déjà connues, des millions n’ont probablement


pas encore été découvertes. La prochaine fois que vous secouerez
la terre avec vos gants de jardinage, imaginez les millions de bac-
téries qui vivent dans un seul gramme de poussière, représentant
plusieurs milliers d’espèces3.
En bref, une quantité considérable d’organismes vivent et
meurent sans jamais s'inquiéter de notre existence. Si cela ne
détourne pas votre regard de votre petite personne, alors peut-
être que vous devriez jeter un coup d’œil à l’étendue de l’univers.
L’avez-vous fait récemment ?
Lorsque Dieu a créé les cieux et la terre, il n’a pas regardé à la
dépense. D’ailleurs, l’immensité de ces derniers frôle l’exagération.
La terre elle-même est déjà impressionnante, avec son orbite
extrêmement précise, son atmosphère parfaitement équilibrée, les
lois de la nature et de la physique, ses diverses formes de vie et sa
biodiversité complexe. Mais la terre a une taille et une influence
négligeables lorsqu’on la compare à la grandeur des cieux.
Si notre système solaire était représenté sur une règle de trente
centimètres, notre soleil (qui a un diamètre plus de cent fois supé-
rieur à celui de la terre) serait plus petit que le point à la fin de
cette phrase. À la même échelle, notre galaxie, la Voie lactée, serait
plus grande que l’Océan Pacifique. Mais ce n’est pas tout ! Si nous
pouvions nous éloigner encore, nous nous rendrions compte que
Dieu a créé une quantité innombrable de galaxies. Innombrable !
Notre propre galaxie contient plus de cent milliards d’étoiles, alors
si on multiplie cela à l’infini4…
Une telle prise de conscience devrait donner un sens tout
nouveau au verset 4 du psaume 147 : « Il compte le nombre des
étoiles et leur donne à toutes un nom ». En Ésaïe 40 : 26, il est écrit :
« Levez les yeux vers le ciel et regardez ! Qui a créé cela ? C’est celui
qui fait sortir les corps célestes en bon ordre. Il les appelle tous
par leur nom. Son pouvoir est si grand, sa force si puissante que
pas un seul ne manque ». Et pourtant, la Bible dit : « Si tout cela
ne représente qu’un aperçu de sa manière de faire, le faible écho
qui nous en parvient, qui pourra comprendre le tonnerre de sa
puissance ? » (Job 26 : 14).

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U n sur un milliard

Alors ? Vous commencez à vous sentir petit ?


Si c’est le cas, vous êtes en bonne compagnie. Beaucoup
d’hommes et de femmes de foi ont appris à se faire tout petits à la
lumière de tout ce qu’est Dieu et de ce qu’il accomplit. Comme le
disait Thomas a Kempis :
Celui qui veut apprendre à servir doit d’abord apprendre à faire
peu de cas de lui-même […] « Bien se connaître soi-même et faire
peu de cas de soi est la tâche la plus haute et la plus utile. Ne rien
s’attribuer et, en revanche, avoir une bonne opinion des autres,
c’est une grande sagesse et une grande perfection5. »

Nous aimons l’idée de « perfection ». Nous pouvons tolérer


l’idée d’« avoir une bonne opinion des autres ». Alors pourquoi
rejetons-nous « la tâche la plus haute et la plus utile » qui consiste
à « faire peu de cas de soi » ?

La nature de l’obscurité
Notre problème, et celui de l’humanité tout entière, n’est pas
que nous manquions d’assurance comme la société nous le répète
encore et toujours. Notre problème est bien plutôt que nous
souffrons d’un sens surdéveloppé de notre propre importance.
L’idée de n’être qu’un parmi les milliards d’êtres humains à avoir
un jour foulé le sol de cette planète nous dérange, que nous en
soyons conscients ou non. Nous avons une opinion de nous-
mêmes tellement haute que le fait de vivre et de mourir en passant
inaperçu nous semble terriblement injuste. Pourtant, pour la
plupart d’entre nous, c’est à cela que Dieu nous appelle ! N’est-ce
pas ? Le dictionnaire définit parfois le terme « obscur » de cette
façon : « être relativement inconnu ». Cela résume bien ce que vit
l’immense majorité de l’humanité, non ? Même les rares hommes
et femmes qui ont laissé leur empreinte dans notre société – un
orateur passionné, un athlète adulé, un politicien dynamique, un
musicien doué ou un humanitaire dévoué – sont tout de même
« relativement inconnus » à l’échelle de la conscience mondiale et
surtout à celle de l’histoire. Même nous, les auteurs, ne pouvons

17
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

échapper à cette obscurité. À chaque fois que je me balade dans une


grande librairie, j’ai envie d’arrêter d’écrire pour de bon. Les mots
de Salomon m’obsèdent alors que je regarde fixement cette quantité
phénoménale de livres : « On n’en finirait pas, si l’on voulait faire
un grand nombre de livres » (Ecclésiaste 12 : 12) !
En fait, si nous prenons un peu de recul, nous comprenons que
nous vivons tous dans l’obscurité. Mais nous avons du mal à nous
le rappeler dans nos petits cercles d’influence. Il est facile de se dire
que nous sommes quelqu’un quand nous sommes connus au sein
de notre Église, au travail ou même à l’école de nos enfants. Quand
nous possédons un beau portfolio, une quelconque distinction
honorifique ou une plaque commémorative à notre nom quelque
part dans un petit parc, l’orgueil s’infiltre en nous et nous pousse
à vouloir plus : plus de reconnaissance, plus d’admiration, plus
d’influence, plus, plus, toujours plus. Peu de gens, moi y compris,
ont déjà essayé d’en vouloir moins.
L’obscurité peut prendre deux formes : elle peut être imposée
(par Dieu) ou choisie (par nous). Je ne sais pas lequel des deux est le
plus difficile. Tout ce que je sais, c’est que du point de vue humain
et plein d’orgueil, les deux peuvent vraiment nous tracasser. Nous
ne voulons pas être une personne lambda dans une foule. Nous ne
voulons pas être juste un énième individu qui vit dans un pavillon
de banlieue comme tant d’autres un peu partout. Et nous ne vou-
lons surtout pas mourir sans avoir laissé notre empreinte quelque
part… n’importe où.
Une poignée de gens vraiment « hors du commun » sur cette
planète seront immortalisés dans les livres d’histoire, parce qu’ils
ont changé le monde. Mais il y a peu de chance que l’un d’eux ait
une quelconque raison de lire les mots de votre humble serviteur. Je
peux donc me permettre d’ignorer ce groupe pour l’instant. En ce
qui nous concerne – nous, les 99,9 % de l’humanité, qui formons
la première catégorie –, notre lot d’obscurité nous a été imposé.
Malgré nos protestations et nos revendications, nos plaintes et
nos sautes d’humeur, nous ne serons tout simplement jamais un
Alexandre le Grand, une reine Élizabeth, ou même une Mère Teresa
ou un Billy Graham.

18
U n sur un milliard

Et même lorsqu’une forme d’obscurité générale nous est impo-


sée, nous devons encore choisir d’opter pour l’obscurité sur le plan
personnel – une humilité de cœur autant qu’une humilité de rang
ou de statut. Et je crois que c’est le message que Dieu a pour nous.
Un message qu’il a incarné aussi bien qu’enseigné.

Un sacrifice obscur
Nous entendons sans cesse parler des « grands hommes et
femmes » de la Bible, ces véritables « héros de la foi ». Mais je me
demande s’ils ne sont pas devenus célèbres simplement parce qu’ils
ont été immortalisés dans un document lu à travers le monde
entier. Réfléchissez un peu : si les vies de Joseph, Rachel, Jonas,
Abraham, Moïse, Néhémie ou même celles du roi David et de
l’apôtre Paul n’avaient pas été divinement archivées dans nos
Bibles, les connaîtrions-nous aujourd’hui ? Pas plus que d’autres
hommes, femmes et martyrs fidèles des civilisations anciennes et
modernes, qui reposent à présent sans nom sous terre. Une foi
exceptionnelle ne garantit pas une notoriété intemporelle. Prenons
par exemple la renommée du « jeune garçon » aux cinq pains et
aux deux poissons.
Vous connaissez probablement le miracle de la multiplication
des pains. La version « école du dimanche » donne à peu près cela :
un jour, alors que Jésus enseignait et guérissait une grande foule, il
se fit tard. Trop tard pour rentrer à temps pour le dîner, et les gens
affamés (y compris les disciples) commençaient à être grincheux.
Bien sûr, personne ne voulait rentrer chez soi et manquer une seule
parole de Jésus. C’est alors que le « jeune garçon » entre en scène.
Bizarrement, Jésus demande à Philippe où ils pourraient acheter
du pain pour nourrir une telle foule. André répond sur un ton
sarcastique :
— Hé ! ici il y a un gamin avec quelques miches de pain et deux
petits poissons. Ha, ha ! on n’ira pas bien loin avec ça !
Évidemment, Jésus savait précisément ce qu’il allait faire avec le
repas de ce garçon. Il l’avait su toute la journée. Il l’avait su toute
sa vie. Il allait nourrir des milliers d’hommes et de femmes.

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R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

Maintenant, pensez à cet enfant avec moi quelques minutes.


Non seulement il était assez mûr pour passer son samedi à écouter
un sermon plutôt que de traîner au skatepark, mais en plus il a
fait preuve de beaucoup de foi en donnant toute sa nourriture
sans aucune promesse de retour. Qui sait ? Il était peut-être un peu
contrarié de renoncer à son repas. Mais comme je suis certain que
les disciples ne l’ont pas maltraité pour le lui prendre, il a bien dû
finir par le donner de son plein gré. Et tout comme le fils qui n’avait
pas envie d’obéir mais finissait quand même par faire ce que son
père demandait (cf. Matthieu 21 : 28-32), ce garçon a clairement
obéi à Dieu, même si son cœur n’était peut-être pas complètement
disposé au départ (c’est rassurant, non ? Qui d’entre nous n’a jamais
eu ce genre de difficulté ?). Qu’importe sa première réaction, son
acte d’obéissance exigeait de sa part une grande foi ! Et pourtant,
son nom n’apparaît dans aucun Évangile, et il n’est plus jamais
question de lui ailleurs.
Vous a-t-on déjà posé cette question qui sert souvent à briser
la glace dans un groupe de discussion : « Quel personnage de la
Bible aimerais-tu être ? ». L’auriez-vous choisi ? Auriez-vous envie
d’être le « jeune garçon » ? Seriez-vous d’accord de rester anonyme
et d’offrir votre maigre ration à votre Sauveur, sans aucune pro-
messe de retour, ni aucune garantie de notoriété ? Désirez-vous
obéir à Dieu en le laissant accomplir ses miracles avec votre
modeste « déjeuner » ? C’est ce que signifie choisir l’obscurité : être
satisfait d’être « relativement inconnu » pour que Jésus soit, lui,
plus reconnu. Accepter d’avoir faim pendant un temps pour que
beaucoup d’autres soient nourris.
Je veux conclure ce chapitre avec un texte qui vous sera très
familier au fil des dix prochains chapitres. En lisant ces mots,
émerveillez-vous face à la majesté et à la splendeur d’un Dieu qui a
pu créer d’innombrables espèces en un mot. Un Dieu qui connaît
des milliards d’étoiles par leur nom et qui pourtant a choisi de
devenir « relativement inconnu » pour vous et moi.
Que votre attitude soit identique à celle de Jésus-Christ : lui qui
est de condition divine, il n’a pas regardé son égalité avec Dieu
comme un butin à préserver, mais il s’est dépouillé lui-même

20
U n sur un milliard

en prenant une condition de serviteur, en devenant semblable


aux êtres humains. Reconnu comme un simple homme, il s’est
humilié lui-même en faisant preuve d’obéissance jusqu’à la mort,
même la mort sur la croix.
C’est aussi pourquoi Dieu l’a élevé à la plus haute place et lui a
donné le nom qui est au-dessus de tout nom afin qu’au nom de
Jésus chacun plie le genou dans le ciel, sur la terre et sous la terre.
Philippiens 2 : 5-10

21
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

P our réfléc hir ensemble …


1. Vous êtes-vous déjà une fois senti insignifiant face au
nombre exorbitant d’êtres humains sur cette planète ? Un
moment où la foule vous a donné le sentiment d’être sans
importance ?

2. Pensez-vous que notre culture encourage les gens à se sentir


importants ? Si oui, comment ?

3. D’après vous, la plupart des personnes de votre entou-


rage manquent-elles d’assurance ou se donnent-elles trop
d’importance ?

4. Quelles expériences ici-bas sur la terre vous rappellent le plus


l’infinie grandeur de Dieu ? Qu’est-ce qui vous rappelle le plus
son sens du détail ?

5. « Si nous prenons un peu de recul, nous comprenons que nous


vivons tous dans l’obscurité. » Êtes-vous d’accord avec cette
affirmation ? Est-ce que l’idée de l’obscurité pour votre vie
vous rend mal à l’aise ?

6. S’il vous est difficile d’imaginer accepter votre obscurité,


quelles sont selon vous les racines de ce sentiment ? Quelles
croyances, expériences passées ou circonstances actuelles
contribuent à votre réticence ?

7. Comment définiriez-vous la différence entre une humilité


de rang ou de statut et une humilité de cœur ? Pensez-vous
qu’une soit plus facile à accepter que l’autre ?

8. Dans ce chapitre, j’ai affirmé qu’accepter l’obscurité est prin-


cipalement une question d’« être satisfait d’être “relativement
inconnu” pour que Jésus soit, lui, plus reconnu ». En quoi Jésus
pourrait-il être plus reconnu à travers votre obscurité ?

22
Chapitre deux

CHOISIR
CE QUI NOUS DÉFINIT
Nous sommes tous motivés par un profond désir de recevoir
des louanges.
C icéron

Je ne te demande pas de les retirer du monde, mais de


les préserver du diable. Ils n’appartiennent pas au monde,
comme moi-même je ne lui appartiens pas.
J ean 17 : 15-16 –  S emeur

L’index de ma main droite s’est figé en l’air, dans un moment


d’indécision. Devais-je cliquer ou simplement oublier que je
m’étais déjà senti coupable de gaspiller tellement de temps ?
Même à ce moment précis, il me semblait absurde d’hésiter pour
un simple petit clic. Après tout, ce n’était pas une question de
vie ou de mort. Loin de là. Alors pourquoi avais-je tant de mal
à le faire ?
J’avais envisagé de me « débrancher » des réseaux sociaux pen-
dant quelques mois. J’étais perturbé – et parfois même dégoûté –
par tout ce temps que je consacrais à rester en contact avec mes

23
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

« amis » (je dois avouer que la plupart ne m’avaient pas manqué


pendant quinze ans, et soudainement, je ne pouvais plus supporter
l’idée de me séparer d’eux). J’étais frustré face à mon manque de
discipline, et j’avais compris que ces sites étaient finalement deve-
nus – si j’ose dire – une sorte de péché virtuel. C’en était trop. Je
savais ce qu’il me restait à faire. Mais étais-je prêt à le faire ?
Ce matin-là, jour J de l’assaut contre Facebook, j’ai entamé
le processus comme souvent lorsque je me décide à obéir : à
contrecœur. Plutôt que de simplement annuler mon compte, j’ai
d’abord essayé de réduire ma liste d’amis. Encore une immense
perte de temps. J’ai passé une demi-journée à supprimer une cen-
taine d’« amis ». Mais j’ai vite compris que j’allais encore gaspiller
une semaine de ma vie rien que pour décider qui devait rester ou
partir. Alors j’ai fait le grand saut et cliqué nerveusement sur les
paramètres de mon compte.
Dans les dix minutes qui ont suivi, j’ai commencé à prendre
conscience de l’emprise de Facebook sur le monde, un peu comme
Dorothée qui découvre que le grand magicien d’Oz n’est en fait
qu’un imposteur. Alors que je cherchais à fermer mon compte, j’ai
été entraîné dans un labyrinthe de pièges destinés à me retenir. Êtes-
vous sûr de vouloir faire ça ? Pour quelles raisons voulez-vous partir ?
Vous inquiétez-vous de la sécurité de votre vie privée ? Aucun problème.
Il vous suffit d’activer vos paramètres de confidentialité. Vous passez
trop de temps sur Facebook ? Nous pouvons vous aider pour cela aussi.
Cela devenait de plus en plus sournois. Sur la page suivante, sont
brusquement apparues les photos de ceux avec lesquels j’avais le
plus discuté depuis l’ouverture de mon compte. Mais si vous partez,
vous allez manquer à mamie. Vous allez manquer à votre propre père.
Vos enfants ne sauront plus que vous existez. Comment pouvez-vous
les abandonner maintenant ?
Et moi j’étais là, le doigt suspendu au-dessus de la souris, face
à cette terrible décision. Je suis heureux (bien qu’un peu gêné)
d’annoncer qu’après avoir passé encore vingt minutes assis devant
mon ordinateur, je l’ai fait. J’ai cliqué sur le dernier bouton. Mais
la suite s’est révélée être une énorme déception profondément
humiliante. La dernière page s’est affichée sur l’écran : Pas de souci.

24
C hoisir ce qui nous définit

Si jamais vous voulez revenir, vous n’aurez qu’à vous connecter pour
réactiver votre compte. Quoi ? Juste se reconnecter ? Vous voulez
dire qu’après tout cela je n’ai même pas droit à la satisfaction de
l’irrévocabilité ? Au fond, j’espérais qu’ils soient furieux, vexés ou
quelque chose comme ça. J’attendais peut-être même quelques
larmes virtuelles. Cela aurait été un peu plus gratifiant s’ils avaient
été dévastés de me voir partir. D’autant plus que j’avais lutté avec
acharnement pendant des mois pour me décider. Mais l’indiffé-
rence du dernier adieu de Facebook m’a obligé de constater à quel
point ma présence était insignifiante sur le site.
Les conséquences de cette décision de me déconnecter des
réseaux sociaux m’ont affecté plus profondément que prévu.
Au bout de quelques jours je me suis surpris à me demander si
quelqu’un (à part mamie, mon père ou mes enfants) avait remar-
qué mon « départ ». J’ai aussi fini par comprendre que j’avais laissé
mon nombre à trois chiffres d’« amis » Facebook définir mon
identité. J’étais fier de recevoir des commentaires de la part de
connaissances que j’avais perdues de vue. Elles réagissaient à des
petits messages amusants et me faisaient des compliments sur
ma jolie petite famille ou sur mon relatif « succès » dans la vie.
Encore une fois, j’ai pu constater que l’étendue de mon orgueil
était sans borne. Au cours des mois qui ont suivi cette expérience,
j’ai ressassé cette question : quelles sont les autres choses que nous
laissons nous définir ?

Sous-titres et librairies
Dans le monde de l’édition, tout le monde est là pour gagner
un peu d’argent. C’est aussi vrai pour la plupart des éditeurs
chrétiens. Je ne suis pas en train de me plaindre du système, je
fais simplement un constat. Bien sûr, quand on y pense, c’est
plutôt logique. Quel éditeur pourrait continuer à exister en
publiant des livres que personne n’achète ? Peu importe qu’un
manuscrit soit pertinent, accessible ou convaincant. Si on sait
qu’il ne se vendra pas, on ne peut pas le publier. Les factures
prennent (presque) toujours le dessus sur la philanthropie. Donc
le travail d’un comité d’édition (les personnes qui choisissent

25
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

quels livres publier), est d’éliminer ce qui n’est pas vendable et


de trouver ces pépites qui sont commercialisables auprès du plus
large public possible.
Continuons avec les banalités : contrairement à ce que vous
a dit votre mère, la plupart des gens jugent bien un livre à sa
couverture ! En tout cas, ils le font dès qu’ils pénètrent dans une
grande librairie. N’est-ce pas votre cas ? Mais que recherchons-nous
exactement ? Qu’est-ce qui attire notre regard ? Tous ces beaux livres
reliés et brochés sont mis en valeur par trois éléments importants :
le design, le nom de l’auteur et le titre. Le graphiste crée le design
de la couverture. Quant à l’éditeur, il recherche deux choses : un
nom d’auteur reconnu et un titre accrocheur. L’un de ces éléments
réussira peut-être à accrocher le regard de Monsieur Tout-le-Monde
une seconde fois.
Dans la grande librairie de la vie, nous ne fonctionnons pas si
différemment. Nous savons que les autres nous jugent par notre
« couverture » et nous voulons vraiment, vraiment qu’ils apprécient
ce qu’ils voient. Nous voulons que leur regard soit accroché à ce
qu’ils voient. Pourquoi ? Peut-être parce que nous courons après
leur respect et leur admiration. Peut-être que nous avons une
tendance malsaine à « trembler devant les hommes » (Proverbes
29 : 25). Soyons honnêtes : peut-être que cela ne nous dérangerait
pas que les autres soient un petit peu jaloux de nous. Une mau-
vaise estime de soi, des priorités en désordre ou des ambitions
égoïstes peuvent aussi avoir leur rôle à jouer dans l’histoire. Nos
motivations personnelles sont souvent plus ou moins douteuses et
correspondent à notre tourment intérieur. Quel que soit notre rai-
sonnement, puisque nous n’avons pas autant de contrôle que nous
le voudrions sur le « design de la couverture » (notre apparence),
nous essayons de vendre le produit en mettant un nom prestigieux
ou un sous-titre tape-à-l’œil.
Est-ce que votre nom suffit pour impressionner les gens ou
a-t-il besoin d’un petit quelque chose en plus ? À moins d’être
Justin Bieber, Madonna ou Tiger Woods, votre nom en lui-même
n’impose probablement pas le respect que nous recherchons tous.

26
C hoisir ce qui nous définit

En cherchant à être « quelqu’un », avez-vous, comme moi et beau-


coup d’autres, adopté un sous-titre impressionnant ?
Vous ne savez pas de quoi je parle ? Alors quelle est la première
chose que vous êtes tenté d’évoquer lorsque vous vous présentez
à d’autres pour la première fois ? Quand vous cherchez à impres-
sionner quelqu’un ? Cela peut être très court, du style : « Salut, je
m’appelle Valérie, vice-présidente du secteur marketing et je suis
aussi maman ». Ou alors : « Bonjour, je m’appelle Laurent et je
viens de produire mon premier film ». Votre sous-titre peut être
court et simple, ou au contraire semblable à celui des sultans de
l’Empire ottoman qui ne faisait pas moins de 227 mots : « Soliman
Ier, Sa Majesté impériale, Grand Sultan, Commandeur de tous les
croyants et Successeur du Prophète du grand Dieu de l’Univers… »
pour faire court (bien sûr, vous et moi ne nous montrerions jamais
aussi vaniteux… n’est-ce pas ?).
Mais sérieusement, c’est quoi le vôtre ? En tout cas, moi je
connais mes sous-titres préférés. Ils ont évolué au cours des
années pour mettre en avant les différents rôles que j’ai remplis
et les postes que j’ai occupés. Mais pour être honnête, au cœur
de tous ces sous-titres, il n’y avait qu’une seule chose : moi. Même
lorsque j’y ajoute discrètement certaines de mes « compétences
spirituelles », rien n’y fait ! Au fond, je veux toujours autant
convaincre les autres que je suis quelqu’un. Que je suis impor-
tant. Que je suis engagé. Un désir d’être admiré, respecté, voire
envié… Je sais, c’est méprisable et c’est mal. Mais j’essaie juste
de me montrer honnête avec vous.
Parfois il nous est plus facile de voir notre propre péché quand
nous le voyons d’abord chez quelqu’un d’autre. Je ne sais pas
pourquoi, mais le fait d’entendre l’histoire d’un autre nous aide
parfois à mieux comprendre la nôtre. En gardant cela à l’esprit,
j’aimerais vous présenter quelques personnes que j’ai pu rencontrer
au fil des années. Il s’agit de personnes que j’ai connues ou avec
lesquelles j’ai discuté, afin de savoir à quoi ressemble, dans la
réalité, la course à l’admiration, à la reconnaissance ou à la gloire.
Je pense que vous vous rendrez vite compte que lorsque nos cœurs
sont mis à nu, n’importe lequel d’entre nous pourrait être à leur

27
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

place. Peut-être que vous aurez un regard neuf sur vos propres
motivations cachées, lorsque vous entendrez les histoires de ces
hommes et femmes ordinaires.
Souvenez-vous que tous les sous-titres ne mettent pas en avant
une réussite, mais ils révèlent tous une recherche. L’objectif à
atteindre est d’avoir une bonne image aux yeux des autres.

Max : l’aventurier des grands espaces


L’orgueil de Max est aussi difficile à repérer pour les autres que
pour lui-même, surtout parce qu’il ne se soucie pas le moins du
monde des standards actuels de réussite : les diplômes, le travail,
l’argent, etc. Il ne travaille que pour s’amuser, ne gagnant que le
nécessaire pour financer sa prochaine randonnée, son prochain
voyage vers une île lointaine, un safari ou une excursion en plongée
sous-marine.
C’est justement cette attitude insouciante face à la vie qui a
insidieusement permis à l’orgueil de s’infiltrer dans sa vie. Au
départ, Max ne se souciait vraiment pas de ce que les gens pen-
saient de ses choix de vie. Mais lorsqu’il s’est rendu compte que
d’autres l’admiraient pour sa vie de bohème et ses aventures pleines
d’adrénaline, il a d’autant plus continué à poursuivre ces choses.
Maintenant, son identité est tellement liée à la réputation qu’il
s’est créée, que l’idée même de devenir « un gars parmi d’autres »,
employé de bureau avec une famille à charge, lui fait peur.

Jules : un cadre prometteur


Vers la fin du lycée, Jules avait décidé de devenir pasteur. Mais
quand il en a parlé à ses parents, ils ont paniqué. Ils lui ont dit
qu’il devait poursuivre ses études et trouver un « vrai métier ». Alors
c’est ce qu’il a fait.
Suivant le conseil de ses parents, Jules a obtenu son master en
finance d’entreprise et a, en effet, trouvé un travail qui rapportait
bien. Dans sa profession, il est bien connu et très apprécié. On le
considère comme un « expert » dans ce qu’il fait et on le respecte.
Il possède une maison luxueuse dans un quartier huppé et peut
acheter de belles choses à sa femme et sa fille.

28
C hoisir ce qui nous définit

Jules aime toujours le Seigneur. Il est engagé au sein de son


Église et il est heureux d’avoir un revenu qui lui permet de se mon-
trer généreux envers les autres. Mais il commence à comprendre
que l’orgueil a pris racine chez lui depuis longtemps et qu’il a
grandi progressivement. La preuve : Jules sait qu’il ressentirait une
terrible perte d’identité si son travail lui était retiré, qu’il devait
se contenter d’un métier moins gratifiant et ainsi se passer de la
reconnaissance et de la richesse. Au fil du temps, il a laissé son
succès professionnel définir son succès personnel.

Lola : votre nouvelle meilleure amie


Nos sous-titres ne sont pas toujours liés à notre vie profession-
nelle. Lola vous avouerait elle-même qu’elle tire une grande partie
de son orgueil en étant l’amie de tous. Si quelqu’un ne l’apprécie
pas immédiatement, elle sera un peu complexée. Elle investit
beaucoup d’efforts pour se rendre aimable, et elle l’est. Lola fait
partie de ces personnes qui vous mettent tout de suite à l’aise. Elle
peut s’identifier à n’importe qui et s’adapte aux gens qui l’entourent
comme un caméléon.
Bien sûr, donner aux autres le sentiment d’être importants et
appréciés peut être un fruit tout à fait sain de l’humilité. Mais au
cœur de cette réalité, la motivation première de Lola n’est pas son
prochain. C’est elle-même. Elle en est venue à définir son succès
personnel à travers son succès relationnel – le fait que les gens
l’aiment, veulent passer du temps avec elle ou être ses amis.

David : pasteur d’une grande Église


Si vous demandez à David s’il est fier d’être pasteur, il vous
répondra « absolument ». Et sa fierté n’est pas totalement infondée.
L’apôtre Paul se vantait à juste titre d’être investi, avec ses compa-
gnons, dans l’œuvre du royaume « avec la sincérité et la pureté qui
viennent de Dieu, en [se] fondant, non sur une sagesse purement
humaine, mais sur la grâce de Dieu » (2 Corinthiens 1 : 12). Paul
mettait sa fierté en Jésus et il savait que, d’une certaine manière,
ceux qui s’engagent à vivre comme le Christ pourraient se glorifier
de son sacrifice. Paul savait que tout le bien qui est en nous, c'est

29
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

le Christ (cf. Galates 2 : 20). Ce n'était malheureusement pas le


cas de David.
Le pasteur David a implanté son Église dans une région où
il y en avait très peu. En dix ans, l’assemblée est passée de deux
personnes à presque deux mille membres. Bien entendu, David
a publiquement attribué cette belle croissance à Dieu. Mais, en
privé, il lui est arrivé d’expliquer que tout cela est dû à ses talents
d’orateur et de leader, ou même à sa « grande » foi. Si l’Église
devait fermer ses portes, David en serait dévasté. Sa réussite en
tant que personne, et aussi en tant que croyant, est intimement
liée au succès de « son » Église.

Liliane : entrepreneuse, mère et artiste


Lili confesse que son sous-titre « version longue » contient
d’autres éléments comme « amie sympa et créative », « maman
de l’année » et « équilibre de vie parfait ». Elle veut accomplir et
représenter toutes ces choses.
Lili n’a pas d’autre choix que de travailler. Mais comme elle
peut s’occuper de ses enfants tout en dirigeant une petite entre-
prise à son domicile, elle suscite l’admiration et parfois même la
jalousie des autres mères qui travaillent. Et pour être honnête, elle
ne cherche pas à être « juste » une maman, même si elle en avait
l’occasion. Cette citation, découpée dans un magazine, est affichée
sur son frigo :
Vous portez de nombreuses casquettes. Et même si je comprends
que le poids de toutes ces casquettes peut vous peser, soyez au
moins heureuse d’avoir quelque chose d’important à accomplir.

La parfaite façade se fissure parfois pour révéler des moti-


vations cachées. De temps à autre, elle ressent bien qu’il lui
manque quelque chose et s’inquiète de ne pas être la personne
merveilleuse qu’elle voudrait être aux yeux des autres et à ses
propres yeux. Dans ces moments, elle a l’impression de ne pas
en avoir fait assez.

30
C hoisir ce qui nous définit

Alex : futur footballeur professionnel


Alex est un jeune athlète qui représente parfaitement ceux qui
rêvent de devenir « pros », ceux qui veulent vivre de leur passion.
Même s’il est footballeur, l’histoire d’Alex ressemble à celle de
nombreux musiciens, danseurs, surfeurs, illusionnistes ou boxeurs.
Il désire vivement développer son talent, mais a aussi d’autres
motivations moins glorieuses.
Si on lui demande pourquoi il veut devenir professionnel, Alex
répondra d’emblée qu’il aime son sport. Si vous poussez la discus-
sion un peu plus loin, il ne niera pas que l’admiration des autres
envers ses actions ne le laisse pas insensible. L’argent, la gloire, le
respect et l’approbation des gens motivent aussi ses objectifs de vie.
Il est impatient de prouver à tous ceux qui doutent de lui qu’ils ont
tort : pour cela, il veut réussir. Il veut faire ses preuves.

Catherine : auteure et oratrice chrétienne


En tant qu’auteure et intervenante dans des conférences pour
femmes, Catherine passe une bonne partie de son temps à étudier
et à enseigner la Bible. De l’extérieur, vous penseriez peut-être
que cette gentille dame n’a aucun problème d’orgueil. Mais ce
qu’elle confesse ouvertement démontre qu’aucun de nous n’est
immunisé :
J’aime beaucoup ce que je fais – jusqu’à ce que j’entre dans une
bibliothèque et que j’y voie des milliers de livres couverts de
poussière. Ou que j’entende parler d’une autre grande conférence
où des douzaines de femmes pourront s’améliorer en faisant
exactement ce que je fais, et peut-être même mieux que moi.

Le fait de comprendre que ses compétences sont assez com-


munes révèle, chez elle, un aspect qui l’inquiète.
J’ai toujours pensé que je présentais humblement la parole de
vérité aux autres parce qu’il s’agissait d’un appel pressant de Dieu
pour ma vie. Mais ces derniers temps j’ai commencé à remettre
en question mes réelles motivations. Ai-je laissé le succès me
monter à la tête ? C’est tellement dur de se soustraire de l’équation
alors que les autres m’admirent pour mes réussites, si spirituelles
soient-elles.

31
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

Elsa : la jolie fille


Rappelez-vous que tous les sous-titres ne se rapportent pas
forcément à une réussite, mais toujours à un objectif. Elsa vise un
idéal superficiel, une des idoles les plus instables de notre société :
la beauté. Mais ne pensez pas qu’elle soit une adepte de la chirurgie
esthétique, comme celles que l’on voit sur les couvertures de maga-
zines. Elsa est une belle femme, peut-être même particulièrement
belle, mais elle reste une fille normale. Vous ne devineriez jamais
à quel point elle se préoccupe de son apparence.
Elsa n’a pas très bien réussi à l’école, mais elle affirme avoir très
vite appris que les jolies filles n’ont pas besoin d’être intelligentes.
Elle recevait toute l’attention dont elle avait envie, juste en étant
mignonne. Elle est donc devenue obsédée par les vêtements, le
maquillage et le look parfait qu’elle devait travailler chaque jour.
Après toutes ces années, elle lutte encore avec ce désir de paraître
belle aux yeux des gens dès la première rencontre. Même si cela
paraît « malsain », elle explique qu’elle voudrait que les gens soient
jaloux de son apparence afin qu’ils ne se préoccupent pas trop de
ce qu’elle fait ou de ce qu’elle pense.
L’orgueil peut prendre toute sorte de formes, n’est-ce pas ?
Alors je vous le demande à nouveau : quel est votre sous-titre ?
Bien sûr ces exemples ne recouvrent pas tous les sous-titres que
nous pouvons nous créer. Le vôtre est peut-être complètement
différent ou est un mélange de plusieurs d’entre eux. Si vous avez
du mal à mettre le doigt sur votre sous-titre, les questions suivantes
pourront peut-être vous aider. En les parcourant, réfléchissez à
votre propre histoire et à vos motivations personnelles.
• Quand vous rencontrez quelqu’un pour la première fois,
quelle est la première chose que vous voulez lui apprendre
sur vous, sur ce que vous faites ou ce que vous avez fait ?
• Si vous perdiez votre métier actuel (pas juste le poste que
vous occupez) et que vous deviez vous contenter d’un
travail moins valorisant, ressentiriez-vous une perte ou un
changement d’identité ?

32
C hoisir ce qui nous définit

• Sur une échelle de 1 à 10, à quel point l’admiration des


autres concernant vos actions présentes et passées est-
elle importante ? (1 = pas du tout important, 10 = très
important.)
• Comment est défini le « succès » dans votre secteur d’acti-
vité ? En d’autres termes, à quoi ressemblerait quelqu’un
qui « réussit » dans votre domaine ? Est-ce votre objectif
de « réussir » ? Si non, quel est votre objectif (si vous en
avez un) ?
• Sur une échelle de 1 à 10, à quel point le « succès » (tel
que vous le définissez) joue un rôle important dans votre
sentiment d’avoir réussi votre vie ? (1 = aucun rôle, 10 = les
deux sont quasiment synonymes.)
• Est-ce que votre identité est liée à une de vos relations (un
petit ami qui a la classe, une épouse particulièrement belle,
un enfant champion sportif, etc.) ?
• Si vous avez abandonné votre carrière pour vous occu-
per de vos enfants, ressentez-vous une perte d’identité ?
Quelles pensées ou émotions sont suscitées lorsqu’on vous
demande ce que vous « faites » dans la vie ?
• Si vous pouviez quitter votre emploi demain pour être
père ou mère au foyer, le feriez-vous ? Comment pensez-
vous que vous vous sentiriez ? Ressentiriez-vous une perte
d’identité ?

Une étreinte mortelle


Au départ, nous pouvons nous sentir bien au chaud et en
sécurité avec nos sous-titres auto-promotionnels, comme avec
une couverture bien douillette autour de nos épaules lors d’une
journée un peu fraîche. Mais la nature de l’orgueil est bien
entendu beaucoup plus néfaste, et même fatale. L’orgueil res-
semble plus à un anaconda qu’à une couverture douillette : sans
cesse, il resserre son étreinte mortelle jusqu’à étouffer toute trace
d’humilité, nous amenant à être complètement consumés par
nous-mêmes.

33
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

Cela me rappelle un autre serpent… une autre histoire d’orgueil.


Il est intéressant de remarquer que Satan a été banni du paradis
à cause de son orgueil, et qu’il a ensuite tenté d’entraîner Ève dans
ce même péché, en flattant son orgueil. Satan aurait pu utiliser
plusieurs autres méthodes pour amener Ève à désobéir au com-
mandement de Dieu de ne pas manger de ce fruit. Mais puisqu’il
a été lui-même déchu à cause de son ego, je suppose qu’il s’est dit
que le mieux était de s’appuyer sur sa propre expérience. Il s’est
peut-être dit : « Après tout, si je me suis fait avoir – moi qui suis le
plus important – qui pourrait résister ? ». Alors il a utilisé le désir
qu’avait Ève d’être elle aussi importante :
Le serpent dit alors à la femme :

— Vous ne mourrez absolument pas, mais Dieu sait que, le jour


où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme
Dieu : vous connaîtrez le bien et le mal.
Genèse 3 : 4-5

Et elle est tombée dans le piège : elle a tout avalé.

La femme vit que l’arbre était porteur de fruits bons à manger,


agréable à regarder et précieux pour ouvrir l’intelligence. Elle prit
de son fruit et en mangea. Elle en donna aussi à son mari qui
était avec elle et il en mangea.
Genèse 3 : 6

C’est ce péché qui a causé la chute de Satan et la nôtre. Depuis


ce jour dans le jardin, l’humanité s’est débattue avec l’orgueil.
Malheureusement, ceux qui suivent le Christ ne font pas exception
à la règle.
L’orgueil est un des derniers obstacles lorsque l’Esprit trans-
forme le croyant, crucifiant notre chair et unissant nos cœurs à
celui de Jésus. Bien sûr, l’orgueil partira, une bonne fois pour
toutes (gloire à Dieu !), lorsque, grâce au Christ, nous ressusciterons
à la vie éternelle. Mais si nous devons soumettre nos vies à Dieu
sur cette terre, le laisser décider de notre chemin et définir nos
objectifs, nous devons mener un combat perpétuel. Sa Parole est
claire à ce sujet.

34
C hoisir ce qui nous définit

Les versets suivants vous sont probablement familiers.


Malheureusement, nous avons tendance à survoler rapidement
les textes que nous connaissons bien. Avant de lire la suite, prenez
le temps de préparer votre cœur et votre esprit comme si vous les
lisiez pour la première fois. Demandez à Dieu de vous ouvrir les
yeux : existerait-il des liens entre votre propre orgueil (le vôtre et
pas celui d’un autre) et tout sous-titre malsain que vous avez entre-
tenu à travers les années ? Existerait-il un lien entre votre propre
orgueil et les objectifs de vie qui vous définissent partiellement ou
totalement ?

Craindre l’Éternel, c’est détester le mal. L’arrogance, l’orgueil, la


voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste.
Proverbes 8 : 13

Quand vient l’orgueil, vient aussi le mépris, mais la sagesse est


avec les humbles.
Proverbes 11 : 2

Les projets que forme le cœur dépendent de l’homme, mais la


réponse que donne la bouche vient de l’Éternel. Toutes les voies
d’un homme sont pures à ses yeux, mais celui qui évalue les
dispositions d’esprit, c’est l’Éternel. Recommande ton activité à
l’Éternel et tes projets seront affermis.
Proverbes 16 : 1-3

Tous ceux dont le cœur est orgueilleux font horreur à l’Éternel.


C’est certain, ils ne resteront pas impunis.
Proverbes 16 : 5

L’arrogance précède la ruine et l’orgueil précède la chute. Mieux


vaut être humble avec les gens modestes que de partager un butin
avec les orgueilleux.
Proverbes 16 : 18-19

Il est plein d’orgueil, celui dont l’âme n’est pas droite, mais le juste
vivra par sa foi […] L’arrogant ne reste pas tranquille.
Habakuk 2 : 4-5

35
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

[Jésus] leur dit :

— Celui qui accueille en mon nom ce petit enfant, c’est moi-


même qu’il accueille, et celui qui m’accueille accueille celui qui
m’a envoyé. En effet, celui qui est le plus petit parmi vous tous,
c’est celui-là qui est grand.
Luc 9 : 48

Mais lorsque tu es invité, va te mettre à la dernière place, afin


qu’au moment où celui qui t’a invité arrive, il te dise : « Mon ami,
monte plus haut ». Alors tu seras honoré devant [tous] ceux qui
seront à table avec toi. En effet, toute personne qui s’élève sera
abaissée, et celle qui s’abaisse sera élevée.
Luc 14 : 10-11

Que cela ne soit pas votre cas, mais que le plus grand parmi vous
soit comme le plus jeune, et celui qui commande comme celui qui
sert. En effet, qui est le plus grand : celui qui est à table ou celui
qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Et moi, cependant, je
suis au milieu de vous comme celui qui sert.
Luc 22 : 26-27

Cependant, la grâce qu’il accorde est plus grande encore, c’est


pourquoi l’Écriture dit : Dieu s’oppose aux orgueilleux, mais il
fait grâce aux humbles.
Jacques 4 : 6

À vous maintenant qui dites : « Aujourd’hui ou demain nous


irons dans telle ville, nous y passerons une année, nous y ferons
des affaires et nous gagnerons de l’argent », vous qui ne savez pas
ce qui arrivera demain ! En effet, qu’est-ce que votre vie ? C’est
une vapeur qui paraît pour un instant et qui disparaît ensuite.
Vous devriez dire, au contraire : « Si Dieu le veut, nous vivrons
et nous ferons ceci ou cela ». Mais en réalité, vous vous montrez
fiers de vos fanfaronnades. Toute fierté de ce genre est mauvaise.
Si donc quelqu’un sait faire ce qui est bien et ne le fait pas, il
commet un péché.
Jacques 4 : 13-17

36
C hoisir ce qui nous définit

Une autre sorte d’étreinte


Selon l’ordre même de Jésus, le monde ne devrait jamais définir
qui nous sommes, de la même manière qu’il n’a jamais défini qui
Jésus était. Notre étreinte devrait être d’une autre sorte.
De toute évidence, l’étendue de mon propre orgueil semble
infinie. À chaque fois que je pense en avoir fini, je trouve encore
d’autres manifestations de ce péché cancéreux, tapi dans les plus
sombres recoins de mon cœur. Et, un peu à l’image d’un cancer,
lorsque je pense être totalement guéri de l’orgueil il ne s’agit
souvent que d’une période de rémission. Dès que les conditions
s’y prêtent – un peu de succès, quelques compliments, un « ami »
flatteur ou un manque de redevabilité –, le cancer revient. Il ne
fait que ressurgir sans cesse sous une forme ou une autre. Nous
devons prendre des mesures radicales si nous voulons sérieusement
combattre ce péché profondément enraciné.
Alors, que pouvons-nous faire après avoir démasqué l’orgueil
dans notre vie ? Comment se libérer de son emprise ? Voici une
réponse en deux étapes. D’abord, nous devons accepter que nous ne
pouvons pas y arriver par nos propres forces. Rappelez-vous que c’est
le fait de vouloir être comme Dieu – omnipotent et parfait – qui
nous a conduits dans ce bourbier au départ. Nous devons plutôt
nous soumettre à celui qui s’est humilié jusqu’à la mort pour nous
sauver de notre autojustification et de notre péché.
Deuxièmement, nous devons suivre son exemple en nous
soumettant aux instructions de Dieu. L’antidote terrestre contre
l’orgueil, exactement comme pour tous les autres péchés, se trouve
dans la Parole. Résumons les versets que nous venons de lire. Selon
ces versets, si nous voulons nous débarrasser de notre orgueil, nous
devons :
• Craindre l’Éternel (Proverbes 8 : 13) ;
• Rechercher la sagesse (Proverbes 11 : 2) ;
• Recommander toutes nos activités à l’Éternel (Proverbes
16 : 1-3) ;
• Vivre humblement et faire le bien (Proverbes 16 : 18-19) ;

37
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

• Ne pas se confier en soi-même et vivre par la foi en Dieu


(Habakuk 2 : 4).
• Nous associer aux plus faibles pour l’amour du Christ et
chercher à se faire petit (Luc 9 : 48) ;
• Nous abaisser en nous contentant de moins que ce que
nous « méritons » (Luc 14 : 10-11) ;
• Servir les autres (Luc 22 : 26-27) ;
• Recevoir la grâce que Dieu nous accorde pour résister aux
mauvais désirs (Jacques 4 : 6) ;
• Ne pas nous vanter de nos projets, mais les soumettre au
Seigneur (Jacques 4 : 13-17).
Facile à lire, mais bien plus difficile à digérer et à appliquer !
C’est peut-être pour cela que mon cœur se réjouit vraiment d’ap-
prendre que des hommes et des femmes prennent cette maladie
au sérieux et choisissent d’y faire face. Plutôt que de minimiser la
gravité de la situation, ces saints passent à l’action.
J’ai récemment entendu parler d’un pasteur déterminé à se
laisser orienter par une étreinte d’un autre genre. Cet orateur,
auteur et pasteur bien connu a renoncé à son ministère lorsqu’il
s’est rendu compte à quel point l’orgueil s’était enraciné dans son
cœur. Voici un extrait de la lettre qu’il a écrite à son Église pour
leur expliquer pourquoi il avait décidé de s’absenter pendant
huit mois :
Je discerne plusieurs formes d’orgueil dans mon âme. Même
si elles ne me disqualifient peut-être pas en tant que pasteur,
elles m’attristent et ont détérioré ma relation avec [ma femme]
et d’autres personnes qui me sont chères. Comment puis-je
vous demander pardon, non pas pour un acte spécifique, mais
pour des défauts de caractère récurrents et leurs conséquences
sur tout le monde ? Je vous le dis maintenant et il est certain
que je le redirai : je suis désolé. Puisque je ne mets pas en avant
une action en particulier, je vous demande juste un esprit de
pardon ; soyez assurés que je ne fais pas la paix, mais la guerre,
avec mes propres péchés […] En trente ans, je me suis consacré
avec passion à la productivité de mon ministère public. Durant

38
C hoisir ce qui nous définit

cette absence, j’ai l’intention de mettre tout cela de côté […]


Je ne serais pas surpris de voir Dieu accomplir des choses
extraordinaires pendant mon absence 6.

C’est exactement le genre de résolution dont nous avons besoin


pour éliminer l’orgueil de nos vies.
Une fois que nous avons découvert notre orgueil, l’ignorer
mène à une mort certaine d’un point de vue spirituel, et parfois
éternel.
Quelles sont ces choses que vous laissez vous définir ? À quel
point l’orgueil joue-t-il un rôle dans vos choix de vie ? Ces ques-
tions ne sont pas faciles. Mais, comme nous le verrons, il est indis-
pensable d’y répondre si vous voulez revêtir le caractère du Christ.

39
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

P our réfléc hir ensemble …


1. Un « sous-titre » est une information que nous laissons nous
définir et que nous voulons faire connaître aux autres. Alors,
quel est votre sous-titre ? Si vous ne le savez pas encore,
relisez la liste de questions aux pages 32 et 33.

• Sous-titre 1 : _______
• Sous-titre 2 : _______
• Sous-titre 3 : _______

2. Quand vous communiquez votre sous-titre à quelqu’un,


quelle réaction souhaiteriez-vous vraiment recevoir ? De
l’admiration ? Du respect ? De la jalousie ?

3. Auquel des huit exemples tirés de la « vraie vie » vous identi-


fiez-vous le plus ?

4. Êtes-vous surpris par la relation qui existe entre les sous-


titres par lesquels vous vous définissez, et votre orgueil ?

5. Le plus important dans notre lutte contre l’orgueil est bien


sûr notre dépendance à l’Esprit de Dieu. Mais les Écritures
proposent aussi des mesures concrètes que nous devons
adopter. Relisez la liste de commandements des pages 37 et
38. À présent, écrivez trois aspects pratiques que vous devez
mettre en place pour combattre l’orgueil dans votre vie.

• Action n° 1 : _______


• Action n° 2 : _______
• Action n° 3 : _______

40
Chapitre trois

CHOISIR
L’HUMBLE ROI
Que votre attitude soit identique à celle de Jésus-Christ.
P hilippiens 2 : 5

Et tous le reconnaissent, le mystère de la piété est grand :


Dieu est apparu comme un homme.
1 T imothée 3 : 16

La vie terrestre de notre Seigneur était-elle si réussie ? Le


nombre d’âmes gagnées, de foules transformées en fidèles
disciples, de sermons écoutés ou de commandements suivis
étaient-ils si impressionnants ? Pas vraiment.
E lisabeth E lliot 7

Absurdifférent (adj.) : Combinaison des termes « absurde » et


« indifférent », décrivant l’état d’une personne chez laquelle la
« folie » divine est devenue si banale que cela ne suscite plus le
moindre intérêt ou impact.

Non, vous ne trouverez pas ce mot dans le dictionnaire, mais


je ne vois pas de meilleur terme pour décrire notre manière de
considérer aujourd’hui l’incarnation du Christ. Franchement…

41
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

L’Être Suprême ; celui qui a créé l’univers entier par sa seule


parole ; celui qu’aucun langage humain ne saurait décrire ; celui qui
a nommé les étoiles et peut aplanir les montagnes ; le Dieu que nul
homme ne peut regarder en face sans mourir ; la source de chaque
battement de votre cœur pendant la lecture de ce paragraphe ; le seul,
l’unique être omniprésent, omniscient, et omnipotent. Et ce Dieu-là
est devenu une masse cellulaire d’environ trois kilos et demi. Il était
fait de peau, de sang, d’ADN. Il a aussi connu toute la souffrance,
le chagrin et les faiblesses qui vont de pair avec ce corps de chair. Il
s’est fait homme. Et la plus faible forme humaine qui plus est.
Il n’y a vraiment pas plus impuissant qu’un nourrisson. Si vous
vous êtes déjà occupé d’un bébé, vous savez bien que son existence
dépend de la présence d’un autre être humain. Il ne peut pas se
nourrir, s’abriter ou se protéger du danger par lui-même. La survie
d’un bébé ne dépend que des capacités de la personne qui prend
soin de lui.
Voilà ce qu’a vécu Jésus – Fils du Dieu d’éternité, dans la peau
d’un homo sapiens, qui doit compter sur sa mère pour l’allaiter et
changer sa couche.
C’est absurdifférent.
Franchement, comment peut-on ne pas se rendre compte de
l’ampleur de tout cela ? Comment arrivons-nous à passer une
journée entière sans tomber à genoux, sans éprouver une crainte
pleine d’admiration face à cette vérité ? Qu’est-ce qui nous rend
si insensibles à l’incroyable phénomène d’un Créateur se faisant
créature ?
Une fois, j’ai entendu parler d’un voleur qui est entré dans un
magasin, en plein jour, sans le moindre déguisement. Il avait parié
que personne ne soupçonnerait un client lambda de venir braquer
la caisse. Bien qu’il ait finalement été arrêté, il a failli réussir son
braquage sur la base d’un principe simple : la normalité éveille
rarement les soupçons.
Je pense que c’est à cela que ressemble la stratégie de Satan
dans nos cultures occidentales. Plutôt que d’essayer de supprimer
toute mention de l’événement le plus extraordinaire, le plus divin

42
C hoisir l ’ humble roi

de toute l’histoire de la terre, il l’a laissé (peut-être même placé)


sur le devant de la scène. Vous vous demandez probablement :
« Mais pourquoi ferait-il cela ? ». À cause du principe du « voleur sans
déguisement ». Si ironique que cela puisse paraître, ce n’est pas très
difficile de devenir insensible à la splendeur de l’homme-Dieu
quand nous avons, chaque année, toute une longue période de
fêtes, plutôt épuisante, pour la célébrer. Nous nous laissons ber-
cer par l’idée que nous sommes tout à fait conscients de ce côté
incroyable du plan de Dieu d’envoyer son Fils dans le corps d’un
bébé. Après tout, c’est pour cette raison que nous organisons des
spectacles à l’Église, que nous échangeons des cadeaux, décorons
des arbres, chantons des cantiques de Noël et que nous nous
amusons dans la neige. Même si c’est une période de l’année où le
matérialisme est particulièrement flagrant, nous entendons tout
de même le véritable message de l’Évangile pendant un bon mois
chaque année. Ainsi, Satan n’a pas eu besoin de nous empêcher
de tomber en extase devant le côté absurde de cet événement. Il
nous a empêchés de nous plonger dans cette espérance glorieuse
qu’incarne la naissance du Christ en nous permettant d’y consacrer
toute une période de fête.
On ne l’appelle pas l’imposteur pour rien.
Ce qui me paraît tout aussi incroyable et qui révèle tellement la
nature de Dieu, c’est que Dieu a laissé tout cela arriver.
J’évite généralement de faire des courses pendant la folie des
achats de Noël. Mais parfois, je n’ai pas le choix. Lors d’une de
ces sorties, quelque chose d’apparemment banal a attiré mon
attention. Il s’agissait d’une crèche traditionnelle, placée sur une
étagère juste en dessous d’un grand panneau « moins 25 % ». Les
personnages habituels étaient présents : Marie, Joseph, deux ber-
gers, un nombre inexact de rois mages – qui, en plus, auraient dû
arriver plus tard –, et au centre un poupon, tout sourire dans son
étrange berceau. Juste à côté de cette scène se tenait un joyeux Père
Noël aux joues roses. Du haut de ses vingt centimètres, il semblait
regarder Jésus, l’air de dire : « Ho-ho, n’est-il pas mignon ? ».
J’étais là, pendant un petit moment, les yeux fixés sur cette
scène jusqu’à ce que j’en comprenne le message subtil : la naissance

43
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

de notre Seigneur, reléguée au même niveau que des marchandises


de Noël bradées et partageant le même rayon qu’un personnage
fictif (et plutôt ridicule) ! Je me suis éloigné rapidement en imagi-
nant presque qu’un éclair descendrait du ciel d’un moment à l’autre
pour désintégrer cet insupportable blasphème ! Mais bien sûr, il
n’y a pas eu d’éclair, et cela m’a aussi fait réfléchir. Quelle sorte de
Dieu permettrait que son œuvre de salut et d’amour fou devienne une
banale décoration de Noël pour magasin discount ?
Un Dieu incroyablement humble.
Pas un Dieu faible, pas un Dieu ignorant, pas un Dieu com-
plaisant ou tolérant de l’injustice. Mais un Dieu humble, un Dieu
dont l’humilité empreinte de justice et de grâce se manifeste non
seulement en ignorant notre impiété pour un temps, mais aussi et
surtout en envoyant son Fils, Jésus-Christ :
Lui qui, dès l’origine, était de condition divine, ne chercha pas à
profiter de l’égalité avec Dieu, mais il s’est dépouillé lui-même,
et il a pris la condition du serviteur. Il se rendit semblable aux
hommes en tous points, et tout en lui montrait qu’il était bien
un homme. Il s’abaissa lui-même en devenant obéissant, jusqu’à
subir la mort, oui, la mort sur la croix.
Philippiens 2 : 6-8 –  Semeur

Pour tenter de neutraliser notre absurdifférence (pourquoi


pas essayer ?), voudriez-vous bien relire ce texte encore une fois ?
Savourez chaque mot. Laissez-les prendre tout leur sens au plus
profond de votre âme.
Ne pas chercher à tirer profit de son égalité avec Dieu ?
Se dépouiller de ses privilèges divins ?
Prendre une condition de serviteur ?
Se rendre semblable aux hommes ?
Mourir de façon brutale et injuste ?
C’est une blague ou quoi ?
Comme si le fait de devenir humain n’était pas déjà assez
humiliant, il a choisi d’être le plus humble et le moins attrayant des
hommes. Réfléchissons à cela un instant. Si j’étais un dieu (disons

44
C hoisir l ’ humble roi

un dieu particulièrement plein de grâce) et que je décidais d’aller


sauver l’humanité en devenant une de mes créatures (ce que moi
je ne ferais honnêtement jamais !), je vous parie tout ce que vous
voulez que je me déroulerais un tapis rouge pour mon arrivée sur
terre. Mon but : montrer au monde entier le sacrifice pur et plein
d’amour que j’aurais accompli pour lui. Il y aurait des armées au
garde-à-vous et des parades en mon honneur. Et en ce qui concerne
ma mort… je serais euthanasié dignement sous les vivats de la foule
qui célébrerait mon nom.
Le modèle de Jésus, serviteur désintéressé et homme de souf-
france, ne cadre pas avec l’image que nous nous faisons inconsciem-
ment du Dieu-de-l’univers-fait-homme. Humainement parlant, à
quel point d’autres candidats au rôle du Messie seraient-ils plus
acceptables que « le gosse de Marie et Joseph » ?
Alexandre le Grand : Ce fils autoproclamé des dieux avait
conquis la plus grande partie du monde connu à l’époque, avant
l’âge de vingt-cinq ans. À trente-deux ans (presque l’âge du Christ
lorsqu’il est mort), Alexandre avait bâti un empire comme on n’en
avait jamais vu auparavant et comme on n’en a plus revu depuis.
Beaucoup le considèrent comme le plus grand conquérant de
l’histoire8.
Mahomet : Cet homme est classé premier parmi les personnes
les plus influentes de l’histoire9 grâce à ses succès exceptionnels
aussi bien dans le domaine religieux que séculier. Il a influencé
une très grande partie du monde, non seulement parce qu’il est
la figure humaine centrale de l’Islam, mais parce qu’il était aussi
très actif en tant que réformateur social, diplomate, commerçant,
philosophe, orateur, législateur et chef militaire.
Brad Pitt : Cet acteur célèbre a séduit le monde entier avec son
physique de rêve, son charme et sa générosité philanthropique.
Contrairement à Jésus dont la Bible nous dit qu’« il n’avait ni
beauté ni splendeur propre à attirer nos regards, et son aspect
n’avait rien pour nous plaire » (Ésaïe 53 : 2), Brad semble conserver
la faveur de toute une partie du monde simplement en ayant été
élu deux fois « Homme le plus sexy du monde ».

45
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

N’importe lequel de ces choix – ou même mieux, un cocktail


divin des plus grands personnages de l’histoire – semblerait plus
logique. D’accord, je ne suis qu’un être humain, mais même moi
j’aurais pu concevoir un grand homme d’action et d’influence avec
le génie d’Aristote, le physique de Samson, la célébrité de Michael
Jackson et la puissance militaire de Gengis Khan. Puisque Dieu se
consacre entièrement à l’honneur de son nom (cf. Ésaïe 48 : 11 ;
Ézéchiel 20 : 9), est-ce qu’une idole des foules, une superstar
n’aurait pas mieux fait briller la gloire de Dieu ? Pourquoi Dieu
n’a-t-il pas choisi cette option ?
Encore une fois, c’est peut-être précisément parce que la nor-
malité éveille rarement les soupçons.
De toute évidence, Dieu était en mesure de construire cette
machine capable de produire le Messie par excellence. Le corps
qu’il a choisi pour son Fils devrait donc nous interpeller. Et les
circonstances terrestres dans lesquelles Dieu a placé Jésus, le Messie
promis, le Rédempteur, devraient aussi nous faire réfléchir. Alors
allons-y.

Un gars de la campagne
Quand ma fille aînée avait environ trois ans, elle a traversé une
phase pendant laquelle elle demandait toujours à quiconque la
bordait de lui raconter un « souvenir amusant » avant d’éteindre
la lumière. Parfois, elle me demandait de lui raconter le jour de
sa naissance. Je lui donnais alors tous les détails dont je me sou-
venais concernant cette journée, des deux heures passées sur les
routes de montagne pour se rendre à l’hôpital, à sa grand-mère
mourante qui avait tenu à voyager quatre heures pour la voir venir
au monde. J’essayais de me remémorer pour elle le déroulement
de la journée, ses toutes petites mains, les manières claires dont
Dieu avait répondu à nos prières, dans les moindres détails, les
plus surprenants. Mais en dehors de ces quelques soirs où elle a
demandé à entendre son histoire, les détails de cette journée – aussi
bouleversants qu’ils nous aient parus à l’époque – se sont perdus
dans nos mémoires. Le train-train quotidien a fini par estomper
des souvenirs pourtant si intenses dans nos esprits pendant un

46
C hoisir l ’ humble roi

temps. Aujourd’hui, malheureusement, des mois peuvent passer


sans que j’aie une seule pensée pour ce jour bouleversant qui a fait
de moi un papa.
Je me demande si Marie et Joseph ont aussi connu cela.
Dans un cadre si étonnamment normal, si Jésus avait demandé
à ses parents de lui raconter le jour de sa naissance, Joseph aurait
sans doute soupiré avec un sourire un peu nostalgique et dit :
« Ah… oui ! Quelle journée ! J’avais oublié à quel point il faisait
froid cette nuit-là. Nous étions tellement fatigués et fourbus par
notre longue marche jusqu’à Bethléem. Ta mère et moi n’arrivions
pas à y croire quand elle a eu ses premières contractions ! Où
allions-nous pouvoir nous installer ? Heureusement que cet homme
a eu la gentillesse de nous prêter son étable. (Marie, comment
s’appelait-il déjà ?) Ta mère a été une vraie championne. Quelle
femme ! Et puis tout à coup, tu étais là, tellement minuscule.
Wow… Te tenir dans mes bras pour la première fois… c’est l’un
de mes plus merveilleux souvenirs, fiston. Oh et c’est vrai ! Des
bergers ont débarqué dans notre abri en criant : “Nous avons vu
des anges ! Où est l’enfant roi ?”. Nous n’avons jamais très bien pu
comprendre de quoi ils parlaient, mais nous avons toujours su que
tu étais un enfant à part. Quelle nuit, mon fils ! Bon, il est l’heure
d’aller dormir maintenant. Bonne nuit Jiji ».
Et, à part ces quelques fois où Jésus demandait à entendre ces
histoires, les petites lueurs divines qui jaillissaient de sa jeune vie, se
noyaient peut-être dans l’ordinaire du quotidien. Entre son retour
d’Égypte et son premier miracle à Cana (un intervalle d’environ
vingt-cinq ou vingt-six ans) nous savons simplement que Jésus
a grandi. La Bible nous dit que « Jésus grandissait en sagesse, en
taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes » (Luc 2 : 52).
Une prophétie d’Ésaïe précise : « Il a grandi devant lui comme une
jeune plante, comme un rejeton qui sort d’une terre toute sèche. Il
n’avait ni beauté ni splendeur propre à attirer nos regards, et son
aspect n’avait rien pour nous plaire » (Ésaïe 53 : 2).
La vie dans la famille de Joseph le charpentier était complète-
ment normale. Et au cas où vous l’auriez oublié, la normalité éveille
rarement les soupçons. De manière générale, leur vie était tellement

47
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

normale qu’ils ne réalisaient même pas qui était leur propre fils !
Comment expliquer autrement leurs réponses si peu enthousiastes
à tout ce qu’ils ont vu et entendu au sujet de la naissance de Jésus,
lors de sa présentation au temple ? Ou lorsqu’ils ont retrouvé Jésus,
faisant l’admiration des maîtres dans le temple alors qu’il n’avait
que douze ans ? Lorsque les bergers ont expliqué ce que les anges
avaient dit sur son nouveau-né, « Marie gardait le souvenir de tout
cela et le méditait dans son cœur » (Luc 2 : 19). Plus tard, quand
Siméon est entré dans le temple et a sans hésitation béni leur fils,
l’appelant le salut de Dieu, Marie et Joseph ont été surpris par ces
paroles (Luc 2 : 33). Et douze ans plus tard, quand ils ont trouvé
Jésus dans le temple, impressionnant des savants par sa sagesse, « ils
furent frappés d’étonnement » (Luc 2 : 48). « Ils ne comprirent pas »
quand Jésus leur expliqua qu’il devait s’occuper des affaires de son
Père, alors ils l’ont quelque peu réprimandé et sont repartis chez
eux (Luc 2 : 50). Curieusement, comment réagit Marie encore une
fois ? « Sa mère gardait précieusement toutes ces choses dans son
cœur » (Luc 2 : 51).
J’aurais pensé qu’elle serait un peu plus sûre de la messianité
de son fils, même au cours de ces premières années. Mais en
même temps, elle n’était qu’humaine. Et pour être juste, la
plupart des signes vraiment « spectaculaires » avaient été donnés
à d’autres, pas à elle (certes, un ange lui est apparu chez elle,
mais elle n’avait pas vu le chœur des anges apparu aux bergers la
nuit de la naissance de Jésus et l’étoile brillante qui a guidé les
mages). Mais sans trop nous attarder sur ce qu’elle avait vu ou
pas vu, une chose paraît évidente : les signes et les miracles dont
Marie avait été témoin pendant les trente premières années de la
vie de son fils étaient juste assez flous pour qu’elle continue à se
poser des questions. L’aspect miraculeux ne devait pas être assez
évident pour éclipser les réalités quotidiennes du soin donné à un
nourrisson et de l’éducation d’un petit garçon ou d’un adolescent.
Entre ces signes spectaculaires, bien du temps s’était écoulé. Bien
des choses ordinaires se sont passées. Marie et Joseph se sont
probablement demandé s’ils n’avaient pas finalement imaginé
ou exagéré la portée de ces signes divins.

48
C hoisir l ’ humble roi

Ne vous êtes-vous jamais demandé ce qui a pu se produire


entre la naissance de Jésus et les noces de Cana rapportées par
les apôtres ? Apparemment, rien d’assez important pour que les
Évangiles en parlent. On nous laisse imaginer les détails du début
de sa vie en nous appuyant sur ce que nous avons nous-mêmes
vécu, dans nos vies parfaitement normales. Jésus a grandi, sa voix a
mué. Il a probablement appris le métier de son père. Il est devenu
un homme. Un homme sage qui trouvait grâce aux yeux de son
entourage et de Dieu. Mais pour la plupart des gens, il n’était que
Yeshoua, le fils aîné de Marie et Joseph, un gars de la campagne, qui
aimait Dieu. Et puis son nom était tellement courant qu’il aurait
pu être n’importe quel Yosef, Lévi ou Yohanan ! Rien qui éveille
les soupçons de ses compatriotes juifs sur le fait qu’il puisse être le
Christ tant attendu, caché juste là sous leurs yeux.
C’était exactement ce que Dieu voulait.
Avez-vous déjà pris le temps de vous émerveiller du fait qu’envi-
ron 90 % de la vie de Jésus était très similaire à la nôtre ? Il a passé
à peu près trente de ses trente-trois années sur terre à vivre une vie
plutôt ordinaire : se soumettre à des parents pécheurs, mûrir, vivre,
travailler, construire des relations, étudier et enseigner les Écritures,
aimer les gens et aimer Dieu. Ce serait faire preuve de naïveté que
de croire qu’un Dieu – qui a si parfaitement organisé la naissance
de son Fils et son ministère public – aurait laissé la majeure partie
de sa vie au hasard. Non, cette longue période d’obscurité dans la
vie de Jésus a été planifiée aussi intentionnellement, et elle a tout
autant glorifié Dieu que son ascension vers la renommée et sa
disgrâce aux yeux du peuple.

Le caractère de Jésus
Jésus a donc grandi, comme vous et moi. Puis il y a eu Cana. Le
premier miracle de Jésus a marqué le début d’un voyage de trois ans
qui est, à juste titre, au cœur de l’attention de toute la chrétienté,
et pour cause. C’est à travers les récits de ces trois années de la vie
du Christ que nous en apprenons le plus à son sujet : sa passion,
sa raison d’être et son caractère.

49
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

Son caractère me fascine particulièrement ces derniers temps.


En lisant et en relisant les récits des Évangiles, de nouvelles facettes
de sa personnalité miroitent, comme des petites particules de mica
dans un bloc de granit. En écoutant les discussions de mon Seigneur
avec les pharisiens, les sadducéens et autres « personnages » religieux
reconnus à l’époque, je suis stupéfait de constater que Jésus n’est
aucunement intéressé par ce que les gens pensent de lui. Pire encore,
il semblerait parfois qu’il sabotait volontairement sa toute nouvelle
« célébrité » (comme on peut par exemple le voir en Jean 6).
Ses réponses aux orgueilleux étaient parfois pleines d’esprit,
parfois sèches ou même empreintes de sarcasme. Bref, il n’était
clairement pas là pour remporter les élections. Il ne recherchait pas
non plus l’attention des foules. Même s’il était obligé de passer la
plupart de son temps entouré de fans, on nous rapporte qu’il s’est
très souvent retiré de la foule. Jésus ne trouvait certainement pas
sa valeur à travers les louanges qu’il recevait. Il s’isolait souvent
pour échapper aux acclamations et se concentrer sur son Père et
sur sa mission. Une colline en Galilée, une barque sur le lac de
Génésareth, le Mont des Oliviers aux abords de Jérusalem… autant
de lieux pour fuir les éloges, les requêtes et les attentes de la foule.
Il se retrouvait seul, simplement pour être.
Au cas où nous l’aurions oublié, Dieu est fermement consacré
à sa propre gloire (lisez Psaumes 106 : 8 ; Ésaïe 42 : 8 ; 43 : 25 et
Ézéchiel 36 : 22 pour commencer). Remarquez que, dans l’obscu-
rité comme sous les projecteurs, chaque instant de la vie du Christ
était consacré à rendre gloire à son Père. Tant qu’il vivait dans
l’obscurité, Jésus lui rendait gloire en aimant et en servant Dieu,
ainsi que les personnes autour de lui. Et au cours de son soi-disant
« apogée », Jésus a rendu gloire au Père en aimant et en servant
Dieu, ainsi que les personnes autour de lui.
Voici comment le caractère du Jésus de la Bible est décrit :
humble, reconnaissant, juste, serviteur… sa seule ambition étant de
se soumettre à la volonté de son Père. Il brûlait d’amour pour Dieu
et pour les gens autour de lui.
Voici comment beaucoup de disciples de Jésus sont décrits
(qu’ils soient célèbres ou non) : orgueilleux, avides, pécheurs, égocen-

50
C hoisir l ’ humble roi

triques… notre principale ambition étant de nous libérer de toute


dépendance du Père (c’est-à-dire être autosuffisant). Nous brûlons
d’amour seulement pour nous-mêmes, et nous nous servons de
ceux qui nous entourent pour arriver à nos fins.
Jésus a rendu gloire au Père en devenant « rien » (Philippiens
2 : 5-11). S’il est notre modèle en tout, alors nous aussi nous
glorifierons notre Dieu en choisissant l’humilité de cœur pour
l’amour de Dieu et celui des autres. On nous dit : « Que votre
attitude soit identique à celle de Jésus-Christ » (Philippiens 2 : 5).
Et pourtant, en toute honnêteté, notre mode opératoire ressemble
de façon alarmante à un autre caractère que nous retrouvons dans
les Écritures : celui de Lucifer.

Des caractères opposés


Relisez avec moi Philippiens 2 : 6-8 :
[Jésus-Christ] qui est de condition divine, […] n’a pas regardé
son égalité avec Dieu comme un butin à préserver, mais il s’est
dépouillé lui-même en prenant une condition de serviteur,
en devenant semblable aux êtres humains. Reconnu comme
un simple homme, il s’est humilié lui-même en faisant preuve
d’obéissance jusqu’à la mort, même la mort sur la croix.

Maintenant, examinez ce qui suit dans les versets 9 à 11 :


C’est aussi pourquoi Dieu l’a élevé à la plus haute place et lui a
donné le nom qui est au-dessus de tout nom afin qu’au nom de
Jésus chacun plie le genou dans le ciel, sur la terre et sous la terre
et que toute langue reconnaisse que Jésus-Christ est le Seigneur,
à la gloire de Dieu le Père.

La vie de Jésus illustre parfaitement Proverbes 15 : 33 :


« L’humilité précède la gloire ». Non pas une gloire qui s’applique
essentiellement à sa brève vie terrestre, mais à sa vie après la mort,
pour l’éternité. Cela semble assez simple à première vue, mais en
pratique, notre chair ne voudrait-elle pas changer un des mots de
ce verset ? Nous préférerions lire reconnaissance suivie de gloire,
appréciation suivie de gloire ou encore célébrité suivie de gloire.
Cela ne paraît-il pas plus logique ? Mais à la source de ce désir de

51
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

transformer cette phrase, nous trouvons un caractère diamétrale-


ment opposé à celui de notre humble roi : le caractère de Satan.
Lisons ces textes qui décrivent le caractère de Lucifer :
Comment es-tu tombé du ciel, astre brillant, fils de l’aurore ?
Te voilà abattu par terre, toi qui terrassais les nations ! Tu disais
dans ton cœur : « Je monterai au ciel, je hisserai mon trône au-
dessus des étoiles de Dieu et je siégerai sur la montagne de la
rencontre, à l’extrême nord. Je monterai au sommet des nuages,
je ressemblerai au Très-Haut ». Pourtant, tu as été précipité dans
le séjour des morts, dans les profondeurs de la tombe. Ceux qui
te voient te fixent du regard, ils t’examinent avec attention : « Est-
ce bien cet homme-là qui faisait trembler la terre, qui ébranlait
des royaumes ? ».
Ésaïe 14 : 12-16

Voici ce que dit le Seigneur, l’Éternel : Tu représentais la


perfection. Tu étais plein de sagesse, tu étais d’une beauté
parfaite. Tu étais en Éden, le jardin de Dieu. Tu étais couvert de
toutes sortes de pierres précieuses – de sardoine, de topaze, de
diamant, de chrysolithe, d’onyx, de jaspe, de saphir, d’escarboucle,
d’émeraude – ainsi que d’or. Tes tambourins et tes flûtes étaient
à ton service, préparés pour le jour où tu as été créé. Tu étais un
chérubin protecteur, aux ailes déployées. Je t’avais installé, et tu y
étais, sur la sainte montagne de Dieu, tu marchais au milieu des
pierres étincelantes. Tu as été intègre dans ta conduite depuis le
jour où tu as été créé, et ce jusqu’à ce qu’on trouve de l’injustice
chez toi. À cause de la grandeur de ton commerce, tu as été rempli
de violence et tu as péché. Je te précipite de la montagne de Dieu
et je te fais disparaître, chérubin protecteur, du milieu des pierres
étincelantes. Ton cœur s’est enorgueilli à cause de ta beauté, tu as
corrompu ta sagesse à cause de ta splendeur. Je te jette par terre,
je te livre en spectacle aux rois.
Ézéchiel 28 : 12-17

La vie de Satan est caractérisée par l’orgueil qui a précédé son


humiliation (et le pire est encore à venir).

52
C hoisir l ’ humble roi

Le caractère de Jésus-Christ Le caractère de Satan


(Philippiens 2 : 5-11) (Ésaïe 14 : 12-16 ; Ézéchiel
28 : 12-17).
Est Dieu par sa nature même (v. 6) Est par nature créé par Dieu (Ézéchiel
28 : 15)
N’a pas revendiqué ses droits divins, bien qu’ils A revendiqué les droits divins, alors
lui appartiennent (v. 6) qu’ils ne lui appartenaient pas (Ésaïe
14 : 13-14)
S’est lui-même humilié, et a vécu sans éclat et N’a cessé de s’enfler d’orgueil dans son
sans honneur (v. 7) cœur (Ésaïe 14 : 13-14)
Est venu servir les hommes, ses créatures (v. 7) A cherché à dominer sur ceux qu’il
n’avait pas créés (Ésaïe 14 : 13-14)
Dieu Dieu
Ange est devenu Ange a essayé de devenir
Homme Homme
A choisi l’obéissance à la volonté de Dieu S’est rebellé contre la volonté de Dieu,
même si cela impliquait de vivre dans l’obscu- car la beauté, la sagesse, la position
rité et de mourir (v. 8) élevée et les privilèges qu’il avait reçus
ne lui suffisaient pas (Ésaïe 14 : 13-14 ;
Ézéchiel 28 : 12-15)

En conséquence… En conséquence…
Dieu l’a exalté (v. 9) Dieu l’a précipité à terre (Ésaïe 14 : 12 ;
Ézéchiel 28 : 17)
Tout genou fléchira devant lui, sur terre et La terre et le ciel se réjouiront de sa
dans les cieux (v. 10) destruction (Ésaïe 14 : 16)
Dieu est glorifié (v.11) Dieu est glorifié

Sa vie en bref Sa vie en bref


L’humilité suivie de la gloire L’orgueil suivi de l’humiliation

Ces différences de caractères entre Satan et Jésus vous parlent-


elles ? Quelle frustration de constater que, livrés à nous-mêmes,
nous continuons à chérir ce même orgueil qui a mené Lucifer à sa
perte ! Réfléchissons ensemble…
• Vous arrive-t-il parfois de rechercher les droits qui appar-
tiennent à Dieu (le pouvoir, l’omniscience, le droit de
juger des pensées ou des intentions des autres), même s’ils
ne vous appartiennent pas ?

53
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

• Est-ce que vous vous vantez ouvertement ou dans le secret


de votre cœur ?
• Cherchez-vous à contrôler ceux que vous n’avez pas créés,
pas forcément en les dominant, mais émotionnellement ou
spirituellement ?
• Vous arrive-t-il de vous rebeller contre la volonté de Dieu
pour votre vie (par exemple, en choisissant votre voie plu-
tôt que la sienne), parce que la position (déjà bien) élevée
qu’il vous accorde ne vous suffit pas encore ?
Si nous ne cessons d’imiter notre ennemi, nous pouvons en être
absolument certains : nous récolterons le même résultat, l’humilia-
tion ultime (et peut-être même éternelle). Il est peut-être temps de
nous réveiller et d’adopter une autre attitude de cœur.

Choisir l’humble roi


Dans un geste d’humilité et de grâce qui paraît complètement
absurde, Jésus-Christ est venu jusqu’à nous. Le Dieu de l’univers
est descendu sur terre dans le corps d’un nourrisson sans défense,
il a été élevé dans l’obscurité, et – au sommet de son « succès »
éphémère – la foule s’est retournée contre lui et l’a injustement
cloué à une croix comme un vulgaire criminel. L’Alpha et l’Oméga
a été volontairement soumis aux limites du temps et de l’espace,
tout comme nous le sommes vous et moi. Il a dû patienter dans les
files d’attente au marché aux côtés de ses voisins… Ses sandales se
couvraient de poussière quand il marchait… Il a sûrement ressenti
la pression de son travail. Il a peut-être déçu certaines personnes
et connu la douleur du rejet. Il a perdu des êtres chers et a dû faire
face à des gens qui le haïssaient profondément. Il a été incompris
et ses paroles ont été mal interprétées.
Il a fait tout cela par amour pour nous et pour sa gloire, les
deux étant – il est important de s’en rappeler –, magnifiquement
et éternellement entremêlés.
Avez-vous récemment pris le temps de vous extasier devant
l’humilité désintéressée de Jésus ? Pour ma part, je vous avoue

54
C hoisir l ’ humble roi

sans hésiter être trop occupé à poursuivre mes propres ambitions


– la liste des best-sellers, mes rêves d’avoir un jour une maison au
bord de la mer, et, de loin le plus important, me forger des abdos
en acier. Je n’ai pas le temps pour réellement et profondément
m’émerveiller, et encore moins le temps de laisser son caractère se
substituer au mien.
Mais maintenant que vous et moi avons (je l’espère) eu l’occa-
sion de nous émerveiller, cessons de vivre dans l’absurdifférence !
Prenons chaque jour le temps d’être ébloui par l’invraisemblable
plan de secours de Dieu. Laissons l’incroyable simplicité des
ambitions divines du Christ l’emporter sur nos rêves et nos désirs
terrestres. Brûlons chaque jour notre orgueil sur l’autel. Et alors que
nous apprenons à choisir notre humble roi, nous comprendrons
peut-être mieux notre véritable place dans ce monde : nous ne
sommes rien. Il est tout.

55
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

P our réfléc hir ensemble …


1. Si vous étiez un dieu et que vous deviez créer un messie pour
venir sauver l’humanité, à quoi ressemblerait votre propre
« cocktail divin des plus grands personnages de l’histoire » ?

2. Puisque Dieu avait le pouvoir de créer le meilleur messie


imaginable, les circonstances terrestres de notre Seigneur
Jésus-Christ devraient nous interpeller. Quelles sont les
deux ou trois choses qui vous frappent le plus à propos de la
naissance, de la vie et de la mort de Jésus ?

3. Jésus – le propre Fils de Dieu – a passé environ 90 % de sa vie


terrestre à vivre de façon étonnamment normale. En quoi la
vie de Jésus – une vie en grande partie ordinaire – change la
manière dont vous percevez la vôtre ?

4. Nous savons que Jésus a exercé son ministère de manière


visible pendant à peu près trois ans. Comment décririez-vous
sa personnalité au cours de ces années ? Qu’apprenons-nous
de son caractère à travers les récits des évangiles ?

5. Satan et son désir d’être le plus grand contrastent de façon


saisissante avec l’humilité désintéressée du Christ. Examinez-
vous honnêtement : auquel des deux caractères ressemblez-
vous le plus ?

6. Que devons-nous faire pour cesser d’imiter notre ennemi ?

7. Pouvez-vous imaginer des moyens concrets pour gagner


la bataille contre notre propre « absurdifférence », et nous
émerveiller plus souvent de l’incroyable acte de grâce de Dieu
– l’Évangile ?

8. Comment pourriez-vous laisser la profonde simplicité des


ambitions divines du Christ l’emporter sur vos rêves et vos
désirs terrestres ?

56
Chapitre quatre

CHOISIR
LA VRAIE VALEUR
Considérez, frères et sœurs, votre propre appel : il n’y a parmi
vous ni beaucoup de sages selon les critères humains, ni
beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles. Mais Dieu
a choisi les choses folles du monde pour couvrir de honte
les sages, et Dieu a choisi les choses faibles du monde pour
couvrir de honte les fortes. Dieu a choisi les choses basses
et méprisées du monde, celles qui ne sont rien, pour réduire
à néant celles qui sont, afin que personne ne puisse faire le
fier devant Dieu.
1 C orinthiens 1 : 26-29

Lorsque Dieu vous a appelé à suivre Jésus-Christ, il ne vous


flattait pas.
Non, moi non plus je ne considère pas qu’être qualifié de fou,
faible et méprisé est un compliment.
Cela peut paraître étrange de commencer un chapitre qui parle
de notre vraie valeur en tant qu’être humain, tout en rappelant que
nous faisons partie des choses les plus insignifiantes de ce monde.
Mais, je crois que vous comprendrez que c’est exactement de là
que vient notre vraie valeur. Après avoir verbalement malmené

57
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

les croyants de Corinthe aux versets 26 à 29, Paul poursuit son


raisonnement avec des paroles révolutionnaires :

Mais Dieu vous a unis à Jésus-Christ.


1 Corinthiens 1 : 30 –  Français courant

En d’autres termes, vous pourriez être stupide, faible, méprisé,


totalement inconnu. Mais si vous aimez et suivez Jésus, Paul
affirme que vous avez été uni à ce qui a vraiment de la valeur. Et
vous avez cette relation, non pas grâce à vos œuvres, mais grâce à
celles de Jésus. Vous n’avez plus à gaspiller votre vie à rechercher le
prestige éphémère qu’offre le monde. Au lieu de cela, vous possédez
instantanément une valeur éternelle en choisissant de prendre part
aux œuvres de Jésus. Paul poursuit ainsi :
Lui qui est devenu, par la volonté de Dieu, notre sagesse, notre
justice, la source de notre sainteté et notre libérateur, afin, comme
il est écrit, que celui qui veut éprouver de la fierté mette sa fierté
dans le Seigneur.
1 Corinthiens 1 : 30-31

Enfin une raison d’être fier !

***
Nous avons déjà beaucoup parlé de nos recherches de valeur
mal orientées – notre quête de succès, de richesse, de célébrité, de
pouvoir, ou notre désir d’être différent à tout prix. La question que
nous n’avons pas posée jusqu’ici est : pourquoi ? Pourquoi ce désir si
profond d’être « quelqu’un » ? Pourquoi nous sentons-nous si petits
à côté de nos sept milliards de voisins terriens ? Pourquoi sommes-
nous constamment en recherche de sens et de raison d’être, au sein
de tous nos exploits, notre notoriété, nos activités et nos relations ?
Ces questions n’auront peut-être pas de réponse précise de ce
côté-ci de l’éternité. Mais voici ce que nous savons : lorsque Dieu
a créé le premier homme et la première femme, il les a équipés
d’office avec une caractéristique qui les préprogramme, eux et tous
leurs descendants, à avoir profondément soif de Dieu et à le désirer.
Peu importe la distance qu’ils avaient mise entre lui et eux, Adam
et Ève ne pourraient se sentir comblés qu’en revenant à Dieu.

58
C hoisir la vraie valeur

Peut-être que notre désir d’être valorisé est lié à ce système d’auto-
guidage installé par Dieu. Se pourrait-il que Dieu ait implanté en
chacun de nous ce désir d’être valorisé, sachant que ce serait l’un
des éléments qui attirerait ses élus à lui ? Parce que la vérité c’est
que si nous voulons vraiment nous sentir précieux (dans le sens
le plus profond du terme), nous n’avons qu’à lever les yeux vers la
croix. Au Calvaire, nous comprenons que nous sommes l’objet de
la plus grande recherche de tous les temps, le trésor.
Récapitulons :
• Le Dieu de l’univers crée l’homme.
• L’homme rejette Dieu.
• Dieu se fait homme et nous sauve en vivant et en mourant
sans péché. Ceux qui se repentent et croient en Jésus sont
unis à notre précieux Sauveur (et reçoivent tous les béné-
fices de ses œuvres).
Ne laissez pas la simplicité de cette histoire d’amour vous rendre
insensible aux conséquences de cette idylle improbable. Nous
sommes l’objet de son désir. Nous, qui ne sommes que poussière, et
lui qui est tout et n’a besoin de rien.
Comme beaucoup de nos systèmes d’autoguidage (le désir
d’être aimé, de créer, de donner la vie, etc.), nous cherchons généra-
lement aux mauvais endroits avant de découvrir ce que notre cœur
désire réellement. Mais si nous détournions nos yeux de nos petites
personnes pour comprendre que notre vraie valeur est ailleurs – et
à quel point cette réalité est radicale –, nous cesserions de chercher
autre part qu’auprès du concepteur lui-même.

Une valeur exponentielle


Avez-vous déjà joué avec ces petites éponges magiques quand
vous étiez enfant ? Vous savez, ces petites capsules colorées que vous
faites tomber dans la baignoire, et qui… attendez… attendez…
attendez… POP ! Un petit chameau vert ou un pingouin violet
en mousse apparaît ! Qui aurait cru qu’on pouvait autant s’amuser
avec un peu de mousse colorée et une capsule transparente ? ! Ces

59
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

trucs sont géniaux ! Tout leur potentiel est caché là, juste sous nos
yeux, n’attendant qu’un premier contact avec l’eau du bain pour
exploser.
C’est pareil pour notre valeur. Chaque être humain, qu’il
choisisse ou non de donner sa vie à Dieu, a de la valeur : il a été
créé par Dieu (Apocalypse 4 : 11) et a été fait à son image (Genèse
1 : 26-27). Nous avons une vraie valeur simplement parce que
nous faisons partie des plans du seul « omni-Dieu ». Même les gens
comme Pharaon, le roi Hérode ou le roi Achab, tous connus pour
leurs actes vils et cruels, avaient une vraie valeur précisément parce
que Dieu leur avait attribué le rôle du méchant dans son histoire
de l’humanité, pour sa propre gloire (cf. Romains 9 : 17-18 ;
Colossiens 1 : 16).
Avant leur rédemption, chaque homme, chaque femme et
chaque enfant ressemblent en quelque sorte à l’une de ces petites
capsules magiques : chacun a de la valeur, mais aussi le potentiel
de devenir bien plus que ce qu’il est. Et c’est là que ça devient
intéressant : une fois que nous acceptons pleinement Jésus-Christ
comme notre Seigneur, nous sommes transformés par ce premier
contact avec l’eau vive. Et notre valeur explose ! Nous sommes
enfin ce que nous aurions toujours dû être : en règle avec Dieu.
Vous comprenez ? Toutes les différentes facettes de notre valeur en
Christ – notre salut, le travail du Saint-Esprit, l’amour de notre
Dieu, l’assurance de notre héritage et le but de notre appel – sont
comme un troupeau d’animaux fourrés dans une seule petite
capsule magique ! Lorsque nous capitulons et que nous acceptons
Jésus, tout le potentiel comprimé à l’intérieur est enfin libéré et se
met en mouvement.
Je sais, c’est une comparaison un peu étrange. Peut-être que
Romains 3 : 23-25 l’exprime mieux que moi :
Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu, et ils sont
gratuitement déclarés justes par sa grâce, par le moyen de la
libération qui se trouve en Jésus-Christ. C’est lui que Dieu a
destiné à être par son sang une victime expiatoire pour ceux
qui croiraient. Il démontre ainsi sa justice, puisqu’il avait laissé
impunis les péchés commis auparavant, à l’époque de sa patience.

60
C hoisir la vraie valeur

Dès que nous sommes « gratuitement déclarés justes » en


acceptant le don du salut en Jésus-Christ – lorsque nous cessons
enfin de fuir Dieu et acceptons simplement sa bonté imméritée
envers nous – nous trouvons notre valeur. Nous trouvons ce que
notre cœur désirait ardemment. En un instant, la vie, la mort et
la résurrection de Jésus deviennent nôtres par la foi.
Le monde court dans tous les sens pour trouver une valeur
durable, éternelle. Mais ses efforts sont inutiles. Seul Dieu possède
une valeur ultime et éternelle. Et la seule manière pour nous,
mortels, d’y accéder, c’est de joindre nos vies à la sienne. Au lieu
de passer nos journées à rechercher désespérément notre valeur, à
vivre dans la honte de l’échec et à regarder nos réussites temporaires
de valorisation de nous-mêmes nous glisser entre les doigts, Jésus
nous offre à tous sa vie pleine de sens. Nous ne pouvons rien faire
pour la mériter ; nous ne pouvons que la recevoir par la foi. Il est
la source de notre valeur.
Pour en revenir à nos petites éponges, le premier aspect de notre
valeur en Christ, c’est que nous ne sommes plus limités à un poten-
tiel. Nous ne sommes plus une capsule. La justice de Jésus-Christ
nous est accordée (quelle grâce !) dès que nous croyons. Nous
obtenons alors toute la valeur qui découle de notre justification à
travers notre substitut, et… POP ! Nous avons été baptisés dans
l’eau vive ; nous avons été libérés de la prison du péché, et nos vies
ont pris une forme bien plus valorisante : nous avons une nouvelle
vie en Jésus. Mais comme promis il y a plus que cela, bien plus.

La valeur à travers l’Esprit


Un autre aspect de notre valeur en tant que croyants est le Saint-
Esprit que Dieu a envoyé pour combler nos cœurs, une garantie
sûre jusqu’à ce que nous soyons au ciel. Il ne nous a pas donné son
Esprit parce que nous avions de la valeur. Nous avons de la valeur,
parce qu’il possède une valeur ultime et éternelle et qu’il habite en
nous ! Cet Esprit puissant nous permet de :
• Venir au Père pour être sauvés (Éphésiens 2 : 18 ; 2 Thessa-
loniciens 2 : 13).

61
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

• Être conduits dans la vérité (Jean 14 : 17, 26 ; 1 Jean


2 : 27).
• Connaître les grands secrets de Dieu et les bienfaits qu’il
nous a donnés (1 Corinthiens 2 : 10, 12).
• Être remplis de l’amour de Dieu et connaître son amour
pour nous (Romains 5 : 5).
• Être libérés du pouvoir du péché dans nos vies (Romains
8 : 2).
• Recevoir la puissance d’en haut pour entrer dans le dessein
de Dieu (Luc 24 : 49 ; Actes 1 : 8).
• Proclamer la vérité (Matthieu 10 : 20).
• Être convaincus que nous sommes enfants de Dieu et, de
ce fait, croire à ce qu’il nous a promis (Romains 8 : 14-16 ;
2  Corinthiens 1 : 22 ; Éphésiens 1 : 13-14).
• Obtenir de l’aide dans notre faiblesse (Romains 8 : 26).
• Recevoir des dons spirituels (1 Corinthiens 12 : 4).
• Produire du fruit spirituel tels que l’amour, la joie, la paix,
la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur et
la maîtrise de soi (Galates 5 : 22).
• Renouveler nos pensées et nos comportements (Éphésiens
4 : 23).
• Être unis entre croyants (Éphésiens 4 : 3).
• Aimer les autres (Colossiens 1 : 8).
• Avoir un esprit de force, d’amour et de sagesse (2 Timo-
thée 1 : 7).
• Être ressuscités des morts comme le Christ l’a été
(Romains 8 : 10-11 ; 1  Pierre 4 : 6).
Le Saint-Esprit nous donne la vie spirituelle et il demeure en
nous (Jean 3 : 6 ; 6 : 63 ; 14 : 16-18). Il est la preuve que Dieu vit
en nous (1 Jean 4 : 13) et il prie sans cesse pour nous (Romains
8 : 26-27). Est-ce que tout cela est bien clair ? À présent…

62
C hoisir la vraie valeur

Nous sommes appelés son temple.


1 Corinthiens 6 : 19

Comment la demeure de cet Esprit pourrait-elle n’avoir aucune


valeur ? Imaginez un instant : si le Saint-Esprit décidait de faire
de la décharge publique de Managua au Nicaragua sa demeure,
instantanément toute pourriture ou toute couche sale devien-
drait plus précieuse que tout l’or de tous les trésors du monde.
Et pourtant, il a effectivement choisi de venir habiter dans des
hommes, des femmes et des enfants – dont certains vivent même
dans cette décharge. Ainsi, leur valeur dépasse désormais la valeur
totale de tous ces objets à l’état neuf qui les entourent10. De la
même manière, nous avons nous aussi cette valeur inestimable
simplement parce que le Saint-Esprit habite en nous.

La valeur à travers notre union


Tout comme la fiancée fait la joie de son fiancé, tu feras la joie
de ton Dieu.
Ésaïe 62 : 5

Car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de


l’Église qui est son corps et dont il est le Sauveur […] Christ a
aimé l’Église. Il s’est donné lui-même pour elle afin de la conduire
à la sainteté après l’avoir purifiée et lavée par l’eau de la parole,
pour faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tache,
ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irréprochable… Ce
mystère est grand, et je dis cela par rapport à Christ et à l’Église.
Éphésiens 5 : 23-32

En temps normal, je mettrais plutôt en garde contre le fait de


trouver notre valeur dans n’importe quelle relation. En particulier
chez un conjoint, ou cette illusoire « âme sœur » qui, selon nous,
confirmerait notre valeur. Mais ici, c’est parfaitement justifié (et
même nécessaire) pour nous de trouver notre valeur chez un autre.
Cet « époux » peut nous donner notre valeur et il le fait. Nous pou-
vons être très fiers de lui appartenir. Il est bien meilleur que n’importe
quel casanova hollywoodien beau parleur, à l’apparence soignée et au
sourire ravageur. Voyez à quoi ressemble votre fiancé céleste :

63
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

Et au milieu des [sept] chandeliers quelqu’un qui ressemblait à


un fils d’homme. Il était habillé d’une longue robe et portait
une écharpe en or sur la poitrine. Sa tête et ses cheveux étaient
blancs comme de la laine blanche, comme de la neige. Ses yeux
étaient comme une flamme de feu, ses pieds étaient semblables
à du bronze ardent, comme s’ils avaient été embrasés dans une
fournaise, et sa voix ressemblait au bruit de grandes eaux. Il
tenait dans sa main droite sept étoiles, de sa bouche sortait une
épée aiguë à deux tranchants et son visage était comme le soleil
lorsqu’il brille dans toute sa force. Quand je le vis, je tombai à ses
pieds comme mort. Il posa alors sa main droite sur moi en disant :
— N’aie pas peur. Je suis le premier et le dernier, le vivant. J’étais
mort et voici, je suis vivant aux siècles des siècles. Je détiens les
clés de la mort et du séjour des morts.
Apocalypse 1 : 13-18

Il faut reconnaître que certains hommes ont du mal à se réjouir


de cette analogie du Christ comme mari de l’Église. Mais consi-
dérez ce que je vais vous dire. Si chaque fois que vous rencontrez
votre « bien-aimé » et que sa splendeur éblouissante vous faisait
perdre connaissance, n’auriez-vous pas une bonne raison de vous
en vanter ? Si votre conjoint s’exprimait avec l’autorité des vagues
déferlantes, si ses yeux flamboyaient comme une flamme ardente,
si une épée à double tranchant sortait de sa bouche… personne ne
vous en voudrait de penser que vous êtes « quelqu’un ». En réalité,
vous seriez effectivement quelqu’un simplement parce que vous
lui appartenez.
Jésus nous appelle sa fiancée. Voici malheureusement encore
un fait auquel nous, ses bien-aimés, sommes devenus « absurdif-
férents ». Savourez ces vérités : il vous désire, vous recherche, vous
purifie et se réjouit en vous ! Il remue ciel et terre pour être auprès
de vous. Il est allé préparer votre demeure, et il attend impatiem-
ment votre arrivée.
Est-ce qu’un fiancé parfait et tout-puissant se donnerait autant
de mal pour quelqu’un qui n’a aucune valeur ? Là encore, nous
constatons que notre valeur est implicite à cause de la réalité du
grand amour que Jésus-Christ, notre fiancé, nous accorde.

64
C hoisir la vraie valeur

La valeur à travers notre héritage


Un de mes bons amis a été adopté quand il n’était qu’un
bébé. Un couple de chrétiens engagés et pleins d’amour l’ont
accueilli chez eux et ont fait de lui un membre à part entière de
leur famille. Ils lui ont donné un nom, ont changé ses couches,
ont payé son appareil dentaire et ses études. Ils lui ont donné
tout l’amour qu’ils avaient. Même pendant sa crise d’adolescence,
ils n’ont jamais remis en question leur engagement parental. Et
puisqu’il est vraiment leur fils à travers l’adoption, il est aussi
désigné en tant qu’héritier sur leur testament. Mon ami et moi
avons discuté de sa situation et avons constaté combien tout est
grâce au sein de son adoption. Lui, qui n’avait aucun droit sur
leurs possessions, bénéficie désormais de tout ce qu’ils ont et tout
ce qu’ils sont.
Mais ce n’est pas tout ! Le plus fou, c’est que Dieu vous a adopté.
Il vous a donné un nom, vous a réconforté, éduqué et pris soin de
vous. Et parce que vous êtes vraiment son fils ou sa fille, il vous a
aussi inscrit sur son « testament » en tant qu’héritier au même titre
que votre frère divin, Jésus-Christ. Pouvez-vous seulement vous
rendre compte du fait que tout n’est que grâce dans votre situation ?
Vous qui n’aviez aucun droit vis-à-vis de Dieu, vous bénéficiez
désormais de tout ce qu’il est et de tout ce qui lui appartient.
Vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions :
« Abba ! Père ! ». L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit
que nous sommes enfants de Dieu. Or, si nous sommes enfants,
nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu et cohéritiers de
Christ, si toutefois nous souffrons avec lui afin de prendre aussi
part à sa gloire.
Romains 8 : 15-17

Il est essentiellement question de valeur dans ce texte. Et encore


une fois, ce n’est pas à cause de quelque chose que nous aurions
fait ou que nous pourrions faire pour la mériter. C’est à cause
de la grâce infinie de notre Dieu. Si un homme ou une femme a
une plus grande valeur grâce à l’adoption et à l’héritage reçus de
parents terrestres, combien plus avons-nous de valeur grâce à notre
adoption par le Père céleste.

65
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

Voici un petit avant-goût de l’importance de l’héritage auquel


nous avons droit :
Avant-goût n° 1 : Être ressuscité des morts et prendre part à
la gloire du Christ.
Mais en réalité, Christ est ressuscité, précédant ainsi ceux
qui sont morts. En effet, puisque la mort est venue à travers
un homme, c’est aussi à travers un homme qu’est venue la
résurrection des morts. Et comme tous meurent en Adam, de
même aussi tous revivront en Christ, mais chacun à son propre
rang : Christ en premier, puis ceux qui appartiennent à Christ
lors de son retour.
1 Corinthiens 15 : 20-23

En effet, vous avez connu la mort et votre vie est cachée avec
Christ en Dieu. Quand Christ, notre vie, apparaîtra, alors vous
apparaîtrez aussi avec lui dans la gloire.
Colossiens 3 : 3-4

Avant-goût n° 2 : Un nouveau corps de rêve. (Alors ? Pas


d’« amen » dans la salle ?)
Ils ne sont pas les seuls : nous aussi, nous soupirons au plus
profond de nous-mêmes et nous vivons dans une certaine tension,
car nous avons seulement reçu l’Esprit divin comme un acompte.
Ce cadeau de bienvenue offert par Dieu nous donne un avant-
goût de la gloire future. Aussi attendons-nous avec patience à
être établis (de plein droit) fils adoptifs de Dieu. Cette condition
de vrais fils entraînera aussi pour nous la libération totale et la
transformation de notre corps.
Romains 8 : 23 –  Parole vivante

L’éclat du soleil est différent de celui de la lune, et le rayonnement


des étoiles est encore différent. Et même chaque étoile brille d’un
éclat particulier. Il en va de même pour la résurrection des morts ;
lorsque le corps est porté en terre, cela ressemble à des semailles ;
semé dans un état corruptible, il ressuscite incorruptible ; semé
humble et sans apparence, dans le mépris et le déshonneur, il
ressuscite rayonnant de beauté et de gloire ; semé dans l’infirmité,
la maladie et la faiblesse, il ressuscite sain et vigoureux.
1 Corinthiens 15 : 41-43 –  Parole vivante

66
C hoisir la vraie valeur

Avant-goût n° 3 : Une demeure éternelle où nous ne serons


plus jamais séparés de notre Seigneur Jésus.
Que votre cœur ne se trouble pas ! Croyez en Dieu, croyez aussi en
moi. Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père. Si
ce n’était pas le cas, je vous l’aurais dit. Je vais vous préparer une
place. Et puisque je vais vous préparer une place, je reviendrai et
je vous prendrai avec moi afin que, là où je suis, vous y soyez aussi.
Jean 14 : 1-3

Mon ami jouit de certains de ces « droits » liés à l’adoption


pendant que ses parents sont encore vivants (leur amour, leur
éducation, leur sagesse, leur attention, sans oublier leurs nom-
breux cadeaux d’anniversaire). Mais il ne jouira pleinement de
ses « droits » d’enfant adopté qu’après la mort de ses parents. C’est
aussi vrai pour nous. Alors que nous bénéficions de l’amour, de
l’éducation, de la sagesse, de l’attention et des nombreux bienfaits
de Dieu dans cette vie, nous devons attendre la mort (dans ce cas-
ci, la nôtre) avant de connaître et de recevoir tout notre héritage
en tant qu’enfants de Dieu.
Éphésiens 1 : 14 nous explique que Dieu nous a promis cet
héritage afin que nous célébrions sa gloire. Pourriez-vous prendre
un instant pour le louer maintenant ?

La valeur à travers notre rôle


Lorsque nous acceptons le fait que notre valeur ne dépend pas
de ce que nous accomplissons, paradoxalement, nous sommes
libres de faire plus pour Jésus. Pas « plus » dans le sens de travailler
davantage pour gagner en valeur, mais dans le sens où nous pou-
vons obéir aux deux plus grands commandements : aimer Dieu
et aimer les autres (Matthieu 22 : 34-40). C’est logique non ?
Comment pouvons-nous aimer Dieu ou les autres d’un cœur pur
tout en courant après des futilités dans le but d’affirmer notre
valeur ?
J’ai longtemps pensé que l’une des tactiques les plus efficaces
de Satan pour paralyser le croyant d’aujourd’hui est un simple
miroir. Non pas un miroir physique mais un miroir mental et

67
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

spirituel. Tout comme Narcisse, nous sommes devenus tellement


égocentriques, que nous n’arrivons plus à voir au-delà de nous-
mêmes. Que pouvons-nous apporter au royaume de Dieu alors
que nous passons le plus clair de notre temps devant un miroir,
dans l’introspection, à triturer nos « boutons d’acné », plutôt que de
vivre avec puissance, conscients du dessein de Dieu pour notre vie ?
C’est toute la beauté de trouver notre valeur en Christ : nous
sommes libérés de notre vanité et nous pouvons accomplir les
desseins de Dieu pour nous. Quels sont ces desseins ? Cela pourrait
probablement faire l’objet d’un autre livre, mais en voici tout de
même quelques-uns, histoire de vous ouvrir l’appétit.
Accepter complètement votre vraie valeur vous rend libre :
• D’aimer Dieu de tout votre cœur, âme, force et pensée
(Deutéronome 6 : 5 ; Luc 10 : 27).
• De devenir de plus en plus semblable à Jésus, imitant Dieu
et vivant dans l’amour (1 Corinthiens 11 : 1 ; Éphésiens
5 : 1-2).
• D’être un canal de son amour pour les autres (1 Corin-
thiens 13).
• D’être le sel et la lumière du monde (Matthieu 5 : 13-16).
• De servir les autres au nom de Jésus (Matthieu 10 : 41-42 ;
Philippiens 2 : 3-4).
• De lutter contre les ennemis de Dieu comme un vrai sol-
dat spirituel (Éphésiens 6 : 10-18 ; 2 Corinthiens 10 : 3-4).
Dieu a confié des responsabilités à Adam et Ève avant qu’ils
ne pèchent. Le travail faisait partie du plan parfait de Dieu pour
eux et pour nous. Nous avons été créés pour trouver plaisir et
épanouissement en jouant pleinement le rôle que Dieu nous
a attribué – sur le plan relationnel, professionnel et spirituel.
En d’autres termes, nous trouvons notre valeur lorsque nous
jouons un rôle dans le grand scénario de l’histoire du monde.
Et quand nous trouvons notre valeur en Christ, nous pouvons
nous satisfaire d’un rôle secondaire ou même d’être un simple

68
C hoisir la vraie valeur

figurant. Avoir un premier rôle perd toute son importance quand


nous comprenons la chance que nous avons de simplement « faire
partie du casting ».

Redéfinir le terme « précieux »


Notre véritable valeur dans la vie est intimement liée à la valeur
que nous trouvons en Christ. Je me rends bien compte que cela
peut paraître redondant, avoir de l’importance à cause de notre
valeur. Mais c’est seulement parce que nous ne connaissons pas
très bien la signification spirituelle de ce qui est « précieux ». Nous
assimilons souvent notre valeur en Christ à la définition du mot
« précieux » dans le dictionnaire :
Précieux (adj.) – 1. Qui est d’un grand prix ; 2. qui est
irremplaçable, compétent, efficace ; 3. qui rend de grands
services, qui est utile.

Cette définition est parfaite pour décrire des employés, des


îles ou des diamants, mais elle ne conviendra jamais sur le plan
spirituel. Selon Dieu, notre valeur ne se mesure pas en fonction de
notre richesse, de nos grandes qualités ou même de notre utilité. La
source de notre vraie valeur éternelle est complètement extérieure
à nous-mêmes.
Tandis que j’écris ces lignes, une impressionnante tempête
de neige s’abat sur les toits, les rues et les arbres déjà blancs. Des
millions de flocons tourbillonnent et dansent en chute libre depuis
le ciel. Tenter de suivre le trajet d’un seul flocon depuis son nuage
gris jusqu’au manteau blanc sur le sol est un exercice futile. Il y en
a bien trop et ils tombent trop rapidement. Pensez-y : combien de
milliards de flocons sont tombés au cours de l’histoire ? Il a neigé sur
tous les continents, tous les ans, depuis des générations, même des
millénaires. Combien de flocons en tout se sont un jour formés
et sont tombés du ciel ? Certains sont petits et compacts, d’autres
sont aussi légers et soyeux que le duvet d’une oie. Certains passent
inaperçus, d’autres rendent fou de joie un enfant qui avait prié de
tout son cœur pour avoir un Noël blanc. C’est clair, il y en a eu
des tonnes ! Est-ce que chacun de ces innombrables flocons a de

69
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

l’importance ? Leur existence a-t-elle du sens ? La réponse est oui,


pour deux raisons.
Un seul flocon n’apportera pas grand-chose à l’irrigation de
notre terre. En revanche, il fait discrètement partie d’un vaste
système d’irrigation si vital pour notre planète. Cette seule raison
le rend important. Mais la deuxième raison n’a rien à voir avec le
flocon lui-même. En fait, il n’aurait rien pu faire pour obtenir de
la valeur. Nous savons que chacun de ces milliards de flocons est
important, parce qu’un grand Maître Créateur a pris le temps de les
créer chacun de manière unique. Les « experts » (peu importe qui
« ils » sont) expliquent qu’il n’y a jamais eu deux flocons identiques.
Jamais. C’est incroyable, non ? Le fait que Dieu ait pris la peine
de leur donner à chacun une structure unique donne au flocon sa
valeur propre. Et encore une fois, un flocon ne peut rien faire pour
augmenter ou diminuer sa valeur, qui vient d’une source extérieure
à lui-même. De la même manière, nous sommes précieux à cause
de la valeur intrinsèque qui nous vient de Dieu : il nous crée, il
trouve son plaisir en nous, il donne un sens à notre vie.
Il y a une différence entre se sentir important ou désiré parce
qu’on a besoin de vous ou parce que quelqu’un veut que vous
fassiez quelque chose pour lui (pour combler ses manques), et être
important et désiré par quelqu’un simplement parce qu’il trouve
son plaisir en vous. En vous – et non pas à cause de ce que vous
pouvez faire pour lui. C’est une valeur sans condition : une valeur
qui ne dépend pas de vos actions, mais seulement de ce qu’il a fait
lorsqu’il vous a créé, sauvé, appelé et guidé.
Dieu vous appelle par votre nom. En fait, il sait tout de vous,
voit le moindre de vos mouvements, se préoccupe de vos pensées les
plus banales qui vous viennent à l’esprit au cours de la journée. Il
vous connaît si bien, il sait déjà ce que vous allez dire, avant même
que vous n’ouvriez la bouche. Quand vous avez besoin d’être guidé,
il est déjà devant vous. Quand vous avez besoin d’être poussé, il se
tient derrière vous. Peu importe à quel point vous vous éloignez,
il se tient à vos côtés. Il ne se lasse pas de vous bénir, de vous
conduire, de laisser sa lumière briller sur vous. Si Dieu pratiquait
le scrapbooking, il aurait des piles de livres consacrés à chaque

70
C hoisir la vraie valeur

moment de votre vie, depuis votre conception jusqu’au jour de


votre mort et même au-delà. Il pense à vous plus souvent que vous
ne pourriez même l’imaginer (cf. Jean 10 : 1-16 et Psaume 139).
Alors, est-ce que cela a assez de valeur à vos yeux ?
Une telle connaissance est trop extraordinaire pour moi, elle est
trop élevée pour que je puisse l’atteindre.
Psaumes 139 : 6

Je l’espère. Parce que nous ne pouvons pas choisir de vivre de


façon radicalement ordinaire tant que nous ne rejetons pas cette
vision erronée de l’importance que nous transmet le monde. C’est
seulement alors que nous pouvons nous tourner vers Jésus, et c’est
en lui que nous trouverons notre vraie valeur, une valeur qui dure.
C’est la seule chose qui nous donnera l’assurance dont nous avons
besoin pour vivre en suivant les traces de notre humble roi.

71
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

P our réfléc hir ensemble …


1. Paul enseigne que si nous voulons nous vanter, nous devons
« nous vanter à cause du Seigneur » (1 Corinthiens 1 : 31 – PDV).
Dans un monde qui ne cesse de promouvoir l’égocentrisme,
quel genre de réactions pensez-vous obtenir si vous suiviez
ce commandement ?

2. À votre avis, pourquoi désirons-nous tellement être


« quelqu’un » ? Pensez-vous que cela ne tient qu’à notre
orgueil ou que d’autres facteurs entrent aussi en jeu ? Si oui,
lesquels ?

3. Selon vous, pourquoi cherchons-nous toujours à trouver un


sens et un but à notre existence au travers de nos exploits,
notre notoriété, nos activités et nos relations ?

4. Décrivez brièvement cinq raisons de notre valeur en Jésus :





5. Laquelle de ces raisons est la plus significative à vos yeux ?

6. De quelle manière Dieu définit-il votre valeur ?

7. Nous passons le plus clair de notre temps à essayer de


prouver combien nous sommes précieux – à nos amis, nos
collègues, nos familles et même à notre Dieu. En quoi l’offre
de Dieu d’une « valeur sans condition » révolutionne votre vie ?

8. En quoi une bonne compréhension de votre propre valeur


à travers Jésus-Christ vous rend capable de choisir avec joie
une vie dans l’obscurité ?

72
Chapitre cinq

CHOISIR
LE VRAI SUCCÈS
En effet, tout ce qui fait partie du monde : les mauvais désirs
de l’homme livré à lui-même, la soif de voir et de posséder ce
qui attire nos yeux, ainsi que l’orgueil inspiré par la richesse et
la puissance, tout cela ne vient pas du Père, mais du monde.
1 J ean 2 : 16 –  P arole vivante

Pourquoi sommes-nous rassurés lorsque d’illustres chrétiens


évaluent le succès en fonction des standards du monde ?
Pourquoi nous laissons-nous inspirer par des gens qui sont
visiblement si différents de Jésus ? Pourquoi écoutons-nous
des hommes qui auraient vendu des tickets d’entrée pour
assister à la multiplication des pains ou à la résurrection de
Lazare s’ils avaient vécu au premier siècle ?
R andy A lcorn 11

Tom possédait un ranch de 4 000 hectares près de Jackson Hole


dans le Wyoming. Sa terre était une des meilleures de la région, et il
était le propriétaire d’environ onze mille chevaux et têtes de bétail.
Sa maison ? Une demeure en rondins construite sur mesure le long
d’une rivière. Il employait vingt-cinq ouvriers, gardiens, employés
de maison et une nounou pour le plus jeune de ses dix enfants.

73
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

Vous pourriez imaginer que le succès de son ranch l’aurait rendu


prétentieux. Mais, en réalité, vous auriez eu du mal à trouver plus
gentil que lui. Tom aimait Dieu et il aimait sa famille. Il était si
soucieux du salut de ses enfants qu’il priait pour eux tous les jours,
parfois pendant plus d’une heure.
Du point de vue du monde, Tom avait tout ce dont on peut
rêver. Mais que pensait Dieu de son succès ? En était-il impres-
sionné ? Voyait-il cette fortune d’un mauvais œil ? En réalité, rien
de tout cela. Mais il a quand même décidé de tout enlever à Tom,
d’un seul coup. Il n’a rien laissé. Plus de maison. Plus de bêtes.
Plus de famille. Il ne restait plus que Tom, et du point de vue de
Dieu il était tout aussi prospère qu’auparavant. Voyez-vous, pour
Dieu, le succès de Tom (alias Job), ne venait pas de sa richesse, de
sa grandeur ou même de sa famille nombreuse. Dieu a dit de lui :
« C’est un homme intègre et droit. Il craint Dieu et se détourne
du mal » (Job 1 : 8).
L’histoire de Job nous donne un aperçu du point de vue de Dieu
sur le succès ; ce que c’est ou ce que ce n’est pas, et comment nous
devrions le considérer lorsque nous en jouissons. De plus, 1 Jean
2 : 15-17 nous donne un conseil essentiel :
N’aimez pas le monde ni rien de ce qui fait partie du monde. Si
quelqu’un aime le monde, l’amour pour le Père n’a pas de place
dans son cœur. En effet, tout ce qui fait partie du monde : les
mauvais désirs de l’homme livré à lui-même, la soif de voir et
de posséder ce qui attire nos yeux, ainsi que l’orgueil inspiré
par la richesse et la puissance, tout cela ne vient pas du Père,
mais du monde. Or, le monde avec tous ses attraits est voué à
la disparition : tout ce que les hommes convoitent passera, mais
celui qui accomplit la volonté de Dieu demeure éternellement
(version Parole vivante).

Vous avez probablement déjà entendu ce texte. Vous l’avez


peut-être même mémorisé. Mais à force de lire un texte, nous
risquons de le banaliser. Alors pour éviter ce piège, voyons si nous
pouvons en tirer une idée nouvelle.
Tout d’abord, il y a le monde et ce qu’il offre. Aimer (pas
nécessairement avoir, mais juste aimer) l’un de ces quatre vices

74
C hoisir le vrai succès

finit par nous détruire de l’intérieur : (1) la soif des plaisirs de la


chair, (2) l’envie de posséder toujours plus, (3) l’orgueil inspiré par
nos réussites et (4) l’orgueil inspiré par nos richesses. Les désirs
et l’orgueil. Bien que ce dernier soit plus directement lié à notre
discussion sur le choix de l’obscurité, les deux font généralement
la paire.
Si vous avez déjà écouté un sermon sur 1 Jean 2 : 15-17,
vous avez probablement aussi entendu que le plaisir physique,
les richesses matérielles et la réussite ne sont pas foncièrement
mauvais. Mais attention ! Nous sommes humains. Nous avons
beaucoup de mal à éviter les excès et l’orgueil, qui sont tous deux
des péchés. Associez la nature humaine (pécheresse) avec, en bruit
de fond, le mégaphone culturel qui vous encourage à suivre vos
rêves et à profiter au maximum de la vie, et vous vous trouverez sur
une pente glissante. Les grands rêves sont faciles à vendre ! Il n’y
a pas besoin de déployer de grands efforts pour nous faire croire
que nous sommes capables de « réussir », et que – voici le cœur
du problème – nous le méritons. Il existe en chacun d’entre nous
un désir noble et innocent de subvenir aux besoins de ceux qui
nous entourent. Mais creusez un peu et vous trouverez, tapi dans
l’ombre, un monstre avide qui rend le mantra culturel du bien-être
personnel particulièrement séduisant et dangereux.
Je ne suis pas sûr que nous nous rendons compte à quel point
nous imitons les principes du monde concernant le succès. Je crois
aussi que nous ne remarquons pas le danger qui se cache derrière.
Je suis atterré de constater que mes amis, ma famille, mon Église
et moi-même sommes facilement tombés dans le piège : nous
croyons aujourd’hui que le véritable épanouissement se trouve
dans les diplômes et les salaires confortables, les histoires d’amour
tout droit sorties d’une comédie romantique, ou même une posi-
tion importante à la tête d’une œuvre chrétienne bien connue. Je
suis très inquiet de voir à quel point l’orgueil et l’autopromotion
s’infiltrent parmi les responsables chrétiens. Et cela semble se
répandre jusqu’aux chrétiens les plus ordinaires : vous, moi, nos
enfants et toutes nos assemblées. Si vous avez bien saisi la nature

75
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

cancéreuse de l’orgueil, vous comprendrez à quel point notre


situation est devenue effrayante.
Alors, comment distinguer les perceptions erronées du succès
que nous avons empruntées au monde, de celles qui sont véri-
tablement de Dieu ? Regardons 1 Jean 2 : 15-17 de plus près, et
essayons de faire la part des choses entre nos désirs, notre orgueil
et la définition du succès selon Dieu.

La soif des plaisirs de la chair


À quoi ressemble la soif des plaisirs de la chair lorsqu’elle
fonctionne à plein régime ? C’est facile de pointer du doigt ces
hédonistes éhontés de notre monde (comme ces dictateurs avides
qui vivent dans de somptueux palais sans se soucier du peuple
affamé). Et si ce péché était plus proche de nous qu’on ne le pense ?
En quoi risquons-nous de trébucher dans ce domaine ? Voici
quelques pistes pour y réfléchir :

• La nourriture. Ou plutôt nos excès de nourriture. Je


pense qu’il est juste de dire que nous mangeons d’abord
pour le plaisir, plus que pour faire le plein d’énergie. Nos
tours de taille en sont les cruels témoins. Le pourcentage
de gens qui sont en surpoids ou obèses est effrayant. Pour-
tant, il y a toujours autant de clients dans chaque restau-
rant et fast-food du pays, même en temps de crise.
• Le sexe (en dehors du mariage). Combien brûlent d’en-
vie de ressentir la montée de plaisir que peut nous procurer
une relation sexuelle sans sentiment, la pornographie ou
toute autre addiction sexuelle ? Apparemment beaucoup
de gens. Selon un sondage récent aux États-Unis, 35 % des
« chrétiens nés de nouveau » estiment qu’avoir une relation
sexuelle avec une personne du sexe opposé à laquelle ils
ne sont pas mariés est « moralement acceptable ». Environ
la moitié d’entre eux considèrent que ce n’est pas mau-
vais d’avoir des pensées d’ordre sexuel ou des fantasmes
à propos de quelqu’un d’autre12. Et ce ne sont que deux
exemples tirés d’une longue liste de statistiques terrifiantes.

76
C hoisir le vrai succès

Pas étonnant que de plus en plus de chrétiens soient deve-


nus esclaves de l’immoralité sexuelle.
• Le confort. Avez-vous déjà entendu parler d’une maison
de rêve au pôle Nord ou d’un complexe hôtelier se vantant
d’être « plus ou moins confortable » ? Ça n’existe pas. Nous
ne voulons pas avoir trop chaud, trop froid, trop soif ou
être trop sales. Nous sommes souvent prêts à réorganiser
d’importants domaines de nos vies pour éviter tous types
d’inconfort (mental, physique ou spirituel).
• Les substances « anti-déprime ». Combien d’industries
multimillionnaires se nourrissent de notre désir d’échapper
à la déprime ? Nous avons à notre disposition Nespresso,
Marlboro, Heineken, Coca-Cola, Red Bull et Grand Theft
Auto. Et si vous préférez un shoot naturel d’adrénaline,
pas de problème ! Il vous reste le saut en parachute ou à
l’élastique, le rafting, le parapente, la nage avec les requins,
etc. Apparemment, nous n’avons plus aucune excuse pour
nous sentir mal.
• Différents articles de bien-être. Nous sommes prêts à
payer, parfois cher, pour toutes sortes de choses qui nous
procurent un certain sentiment de bien-être. Des fauteuils
massants, des jacuzzis, des sièges chauffants, des saunas ou
des draps en soie… ce ne sont là que quelques exemples.
Je le répète : se sentir bien n’est pas mauvais en soi. Dieu nous
a créés avec nos sens pour une bonne raison. Mais notre désir
exacerbé de plaisir finit par chasser de notre cœur même l’amour le
plus sincère que nous pourrions avoir pour Dieu. Jésus l’a dit mieux
que moi : « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Matthieu
6 : 21). Et en parlant de trésor…

L’envie de posséder toujours plus


Pour décrire notre condition actuelle, certains diraient que nous
souffrons d’affluenza : « une maladie douloureuse, contagieuse et
socialement transmissible qui se manifeste par une surabondance,
des dettes, une forte anxiété et beaucoup de gaspillage provenant

77
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

d’une recherche incessante de plus13 ». La Bible utilise un terme


plus simple pour désigner cette maladie : la soif de posséder. Et
comme notre soif peut nous sembler si inoffensive, si innocente, si
justifiée, Jésus nous a sévèrement mis en garde contre cela. Il nous
a ordonné de nous en méfier en permanence : « Gardez-vous avec
soin de toute soif de posséder, car la vie d’un homme ne dépend
pas de ses biens, même s’il est dans l’abondance » (Luc 12 : 15).
Ensuite, comme il l’a souvent fait, il raconte une histoire qui nous
renvoie immanquablement à nous-mêmes. Voici à peu près à quoi
cela ressemblait :
Il y avait un homme dont le travail lui rapportait plus que
nécessaire. Il se dit à lui-même :
— Que devrais-je faire ? J’ai déjà acheté une maison que j’ai déjà
joliment meublée. J’ai énormément de nourriture, une armoire
remplie de beaux vêtements, deux voitures et un bateau.
Puis il se dit :
— Je sais ! Je vais remplir mon plan épargne retraite et mon
assurance vie pour m’assurer de vivre tranquille pendant des
années. Ensuite, je n’aurais plus qu’à me détendre et à me dire :
« Dis donc, mon gars, tu es paré pour le restant de tes jours.
Tu peux te reposer, jouer au golf autant que tu le souhaites et
emmener ta femme en voyage ».
Mais Dieu a dit :
— Espèce d’idiot ! Tu vas mourir ce soir. Et alors, qui profitera
de tout ce pour quoi tu as travaillé si dur ?
Luc 12 : 16-20 (paraphrase)

À la fin de son histoire, Jésus voyait bien que la plupart des


gens qui l’écoutaient pensaient à ceux qui sont riches (plutôt que
d’examiner leur propre cœur). Alors il conclut avec un autre aver-
tissement, juste pour s’assurer qu’ils comprendraient vraiment (c’est
valable pour nous aussi) : « Voilà quelle est la situation de celui qui
amasse des trésors pour lui-même et qui n’est pas riche pour Dieu »
(Luc 12 : 21). Mais même en lisant le mot « trésors », nous avons
tendance à ignorer les racines de notre propre forme d’avidité.
Écrans plasma, iPhones, équipements de loisir… nous considérons
tout cela aujourd’hui comme des nécessités plutôt qu’un luxe. Et

78
C hoisir le vrai succès

nous n’entendons pas ce que Jésus voulait nous dire. A. W. Tozer


explique la profondeur de notre tromperie :
Il existe dans le cœur humain une racine dure et fibreuse de
vie déchue dont la nature est de vouloir posséder, toujours
posséder plus. Elle convoite les choses avec une passion profonde
et violente. Les termes mon et mien ont l’air assez inoffensifs
sur le papier, mais leur utilisation constante et universelle est
significative. Ils expriment la vraie nature du vieil homme
adamique mieux qu’un millier de livres de théologie pourraient
le faire. Ils représentent les symptômes verbaux de notre maladie
intérieure. Les racines de notre cœur se sont accrochées à
quantité d’objets et nous n’osons pas détacher la plus petite
d’entre elles de peur d’en mourir. Les objets nous sont devenus
nécessaires, ce qui n’a jamais été prévu à l’origine. Les dons
de Dieu prennent maintenant la place de Dieu, et l’histoire
de l’humanité a été profondément transformée par cette
substitution monstrueuse14.

L’affluenza contamine les chrétiens aussi puissamment qu’elle


contamine le reste du monde. Cela ne devrait pas être le cas !
Comment le Saint-Esprit pourrait-il travailler en nous alors que
nous l’avons enterré profondément sous des piles de babioles et
d’objets-souvenirs que nous avons amassés au cours de notre vie ?
L’ascétisme n’est pas la réponse (Jésus était loin d’être un ascète).
Non, l’antibiotique contre l’affluenza est un sérum composé d’une
dose de simplicité, une dose d’humilité et une centaine de doses de
ressemblance à Jésus. Il est notre modèle en toutes choses, même
en ce qui concerne notre vision des biens terrestres.

L’orgueil inspiré par nos réussites


Nous avons déjà mentionné de nombreuses réussites après
lesquelles nous courons, alors je ne vais pas en refaire la liste.
Vous savez bien quels sont vos exploits passés dont vous avez
été le plus fier et ceux après lesquels votre cœur soupire encore.
Est-ce un diplôme ? Un album ? Ou encore une grande famille
pour remplir votre grande maison ? Vous raccrochez-vous à la
gloire passée d’un match important que vous avez remporté ?
Êtes-vous sûr que tout le monde a bien entendu parler de votre

79
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

promotion au travail ? Ou de votre demande en mariage super


originale ? Cela ne vous est-il jamais arrivé de laisser délibérément
une petite trace de peinture sur votre bras après avoir travaillé
sur un de vos chefs-d’œuvre ? Rêvez-vous de finir en couverture
d’un grand magazine ?
Vous avez fait des trucs vraiment sympas dans la vie. Tant mieux
pour vous… vraiment. Mais ne les laissez pas vous définir. Pour
faire écho au chapitre deux, ne les laissez pas devenir votre sous-
titre. S’enorgueillir de nos réussites – dont tous les subtils petits
succès que le monde nous vend – laisse peu de place à l’humilité.
Comment notre amour pour le Père peut-il se développer quand il
est étouffé par nos ambitions personnelles ? Cela me rappelle une
autre parabole racontée par Jésus :

Le semeur sème la parole […] D’autres encore reçoivent la


semence parmi les ronces : ils entendent la parole, mais les
préoccupations de ce monde, l’attrait trompeur des richesses et
les passions en tout genre pénètrent en eux, étouffent la parole
et la rendent infructueuse.
Marc 4 : 14 ; 18-19

L’orgueil inspiré par nos richesses


La seule différence entre désirer une chose en particulier et
en retirer de la fierté tient dans le simple fait de l’acquérir. Si je
désire quelque chose de toutes mes forces au point de faire des
sacrifices importants pour l’obtenir, je finirais forcément par m’en
enorgueillir. La seule manière d’éviter cette forme d’orgueil, c’est
d’avoir une vision des choses matérielles qui soit saine, centrée
sur Dieu, et de se considérer comme gestionnaires des biens de
Dieu. C’est vraiment aussi simple que cela. Quel orgueil pour-
rais-je tirer de quelque chose qui ne m’appartient pas ? Ce serait
comme me vanter d’un nouveau véhicule de luxe que j’aurais
loué pour le week-end. Lorsque nous comprendrons vraiment
que tout appartient à Dieu et que tout ce que nous possédons
nous a été prêté, nos cœurs seront libérés de tout orgueil lié à
nos possessions.

80
C hoisir le vrai succès

Tout retourne à la poussière


1 Jean 2 : 17 décrit comment finiront tous les biens de la terre :
« Le monde avec tous ses attraits est voué à la disparition » (version
Parole vivante). Quand nous faisons des possessions ou de l’admi-
ration des autres le moteur de notre vie, nous nous préparons une
retraite misérable – du point de vue de l’éternité. Non seulement
les bibelots et les trophées prennent la poussière, se cassent, et se
démodent dans cette vie, mais en plus nous n’aurons rien à présen-
ter après notre mort. Seulement ceux qui aiment le Père par-dessus
tout dans cette vie en recevront la récompense dans l’au-delà.
Tsophar, l’ami de Job, avait des paroles qui font plutôt réfléchir
concernant ceux d’entre nous qui sont atteints d’affluenza. Ceux
qu’une convoitise insatiable gangrène et que l’orgueil détruit
totalement :
Il a englouti des richesses, il les vomira : Dieu les chassera de son
ventre […] Il rendra ce qu’il a péniblement acquis et n’en profitera
plus, il restituera toute la fortune de son commerce et n’en jouira
plus. En effet, il a opprimé et abandonné les pauvres, il s’est
approprié des maisons au lieu d’en construire. Son appétit n’a pas
connu de limite. Dans son avidité, il ne laissait rien échapper,
rien n’était soustrait à sa voracité. C’est pourquoi son bien-être
ne durera pas. Au milieu de l’abondance il sera dans la détresse,
les coups de tous les malheureux s’abattront sur lui.
Job 20 : 15 ; 18-22

Suis-je le seul à me sentir profondément repris et dérangé par


les similarités qui existent entre la description de Tsophar et l’état
de nos foyers ? Combien d’entre nous travaillent sans relâche pour
des choses que nous ne pouvons pas garder ? Nous sommes l’une
des sociétés les plus riches de l’histoire. Et pourtant, nous sommes
constamment rongés par un manque de joie. Pourquoi ? Combien
d’entre nous ignorent les pauvres chaque jour et s’enferment dans
leurs petits châteaux, bien à l’abri dans des quartiers résidentiels ?
Sommes-nous avides mais jamais satisfaits ? Avez-vous remarqué
le taux de saisies immobilières ces derniers temps ? Si tout cela est
vrai, alors les sévères prédictions de Tsophar vont certainement se
réaliser pour nous : il ne restera rien de tout ce dont nous avons

81
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

rêvé, et, au milieu de toutes nos possessions, nous serons malheu-


reux. J’aurais tendance à appeler cela l’antithèse du succès.
Alors qu’est-ce qui durera ? Qu’est-ce qui nous apportera une
joie durable ? À quoi ressemble le succès aux yeux de Dieu ?
Pour répondre à cela, il nous faut revenir à Job. Dieu a fait
l’éloge de Job parce qu’il était sans reproche et intègre. Il craignait
Dieu et restait éloigné du mal. Pour faire écho à Jean, le « succès »
de Job était d’aimer ce qui venait du Père plutôt que d’essayer de
le remplacer par les choses de ce monde.

Le « modèle économique » chrétien


Même ceux d’entre nous qui connaissent la Parole de Dieu ne
sont pas immunisés contre l’orgueil. Satan lui-même connaissait
Dieu. Pourtant, son orgueil a pris le dessus et… vous connaissez
la suite15.
Est-ce possible de connaître Dieu, et même de l’aimer, tout
en confondant le service pour lui et nos propres ambitions ?
Absolument. Jésus a sévèrement repris les pharisiens qui ado-
raient Dieu de leurs lèvres alors que leurs cœurs étaient remplis
de méchanceté (Matthieu 15 : 8-9). L’apôtre Paul a lui aussi bien
précisé que certains « annoncent le Christ par ambition person-
nelle » et que « leurs intentions ne sont pas pures » (Philippiens
1 : 17 – NBS). J’ajouterais que certains servent aussi dans des
comités, des groupes de maisons, deviennent anciens, se rendent
à des conférences, voyagent vers d’autres continents, démarrent
des ministères, enregistrent des albums, deviennent pasteurs ou
écrivent des livres avec cette même « ambition personnelle » dont
parle Paul.
Franchement, cela n’a rien d’étonnant. Courir après la « célé-
brité chrétienne » est, j’imagine, le seul moyen d’obtenir le
meilleur des deux mondes. Dans ce « modèle économique »
chrétien, nous recevons l’approbation de la société, car nous
avons un impact positif dans le monde par le biais de nos
« bonnes œuvres ». En même temps, nous pensons pouvoir (du
moins sur le plan théorique) gagner notre « récompense au ciel »

82
C hoisir le vrai succès

puisque nous servons Dieu sur terre. C’est un succès sur tous les
fronts. Ou peut-être pas.
Beaucoup d’entre nous se laissent avoir par cette version
religieuse du « rêve américain », même au sein de l’Église. Par
exemple, j’avais un ami qui se voyait devenir pasteur jeunesse à
vie, mais ce projet n’enthousiasmait pas du tout son entourage.
En fait, on le méprisait même à cause de son manque d’ambition !
Apparemment, pour réussir au sein de son Église locale, il faut
aller à l’université pour obtenir sa licence, son master en théologie
et même si possible un doctorat. Ensuite, il faut gravir les éche-
lons au sein de l’Église en commençant comme pasteur jeunesse,
puis assistant pasteur pour devenir finalement pasteur principal.
Une fois arrivé au sommet, votre rôle est de faire grandir l’Église
au maximum. Une centaine de membres ? Cela n’impressionne
personne. Alors on vous encourage à voir les choses en grand,
à mettre en place des « stratégies de croissance ». Il vous faudra
atteindre au moins les mille personnes pour qu’on commence à
vous prendre un peu au sérieux lors des conférences pastorales.
Et lorsque vous avez atteint quelques milliers de membres, que
vous avez un blog, des comptes Facebook et Twitter, vous pouvez
commencer à écrire des livres. Quand vous avez un ou deux livres
à mettre sur votre CV, vous êtes invité en tant qu’orateur dans
d’autres Églises. Si vous travaillez suffisamment dur, vous pourrez
ensuite prendre votre retraite, profiter de toutes les richesses
que vous avez acquises à la sueur de votre front et jouir de votre
excellente réputation.
Est-ce que les ressemblances entre le modèle économique du
monde et celui de l’Église vous frappent autant que moi ?
Étudiants, retraités, mères au foyer, parents célibataires, mana-
gers… chacun d’entre nous pourrait probablement décrire le
« modèle économique » que l’on attend de nous pour arriver au
« succès spirituel ». Il s’agira probablement d’un mélange de service,
de sacrifice, de don de soi, d’enseignement, de déplacements et
de leadership. Chacune de ces choses est bonne en soi ! Mais Jésus
nous a prévenus : nous devons faire attention à ne pas pratiquer les
bonnes œuvres commandées par Dieu pour le public (Matthieu

83
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

6 : 1). En d’autres termes, notre dévouement ne devrait pas être


dicté par ceux qui nous observent. Vivre pour « un public composé
d’une seule personne » est au cœur même du choix de l’obscurité.
Les ambitions malsaines du chrétien engagé peuvent prendre
des formes différentes de celles de la société en général. Mais tant
qu’on ne coupe pas intentionnellement et sans aucune pitié notre
orgueil à la racine, ces ambitions sont tout aussi dangereuses que
celles de la société. C’est pour cela que Dieu nous a ordonné
d’adopter un modèle économique radicalement différent. Dans
le sermon sur la montagne, Jésus nous a vivement commandé
de remplacer la vision terrestre du succès par la sienne lorsqu’il
a dit :
Heureux ceux qui reconnaissent leur pauvreté spirituelle, car le
royaume des cieux leur appartient !
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés !
Heureux ceux qui sont doux, car ils hériteront la terre !
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront
rassasiés !
Heureux ceux qui font preuve de bonté, car on aura de la bonté
pour eux !
Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu !
Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils
de Dieu !
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume
des cieux leur appartient !
Heureux serez-vous lorsqu’on vous insultera, qu’on vous
persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal
à cause de moi.
Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre
récompense sera grande au ciel.
Matthieu 5 : 3-12

Pour vraiment réussir à accepter l’obscurité, nous devrons


sacrifier nos rêves de succès terrestre et revêtir ce caractère humble,
qui est, comme nous l’avons appris au chapitre trois, le caractère
de Jésus-Christ.

84
C hoisir le vrai succès

Lutter avec le succès


Quand il s’agit de devenir concret et pratique, je suis vraiment
nul. Je suppose que d’une certaine manière, nous le sommes tous.
Je suis certain qu’à un moment ou un autre vous avez souhaité que
Dieu ajoute un livre personnalisé dans la Bible, avec des instruc-
tions détaillées sur la profession que vous devez choisir, la personne
que vous devez épouser, ce que vous devez « être », où vous devez
aller et comment vous devez faire ce que vous faites. Et bien sûr,
vous êtes probablement arrivé à la même conclusion que moi, et
des milliers d’autres avant moi : ce Dieu si ingénieux l’a fait exprès.
Son ambiguïté est, comme tout le reste, parfaitement étudiée en
fonction de son plan divin. Nous devons lutter pour réussir à
comprendre ce que signifie être intègre, être bon ou craindre Dieu
en toutes circonstances. Et cela fait partie des grandes tensions et
victoires de la vie chrétienne.
Si vous avez déjà assisté à un match de catch, vous avez pu
remarquer que la nature même de ce sport est le combat. Les
concurrents s’agrippent, se tordent, s’immobilisent et se poussent
l’un l’autre jusqu’à ce que l’un d’eux abandonne. Ils sont obligés
de s’étreindre pour lutter. Un combat sans opposition, eh bien
c’est… une partie d’échecs (sans vouloir vexer les fans de ce jeu).
Le même principe s’applique à notre recherche d’une définition
du succès personnel selon Dieu. N’ayant aucune instruction
détaillée et personnalisée, le mieux que nous puissions faire est de
nous battre avec notre conscience, avec la Parole de Dieu et avec
le Saint-Esprit sur tous ces sujets. La condition préalable pour
accepter l’obscurité, l’humilité et un style de vie simple, c’est d’être
prêt à entrer dans l’arène.
Il n’y a pas de modèle « taille unique » adapté à tous en ce qui
concerne le succès selon Dieu (Job était très riche, et Paul ne
possédait presque rien ; Esther était célèbre et le garçon aux deux
pains et cinq poissons est resté anonyme). Mais on nous donne des
garde-fous pour nous empêcher de quitter complètement la route.
En sondant les Écritures à la recherche de ces recommandations,
certains thèmes récurrents me sont apparus très clairement. Ils

85
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

contrastent nettement avec les désirs du monde dont nous avons


déjà discuté. Je les ai rassemblés ici pour la réflexion.
Les concurrents sont entrés sur le ring. Le match va commencer.

Les choses du monde Les choses du Père


Gagner autant d’argent que possible Donner autant d’argent que possible et vous
donner vous-même aux autres
Vivre confortablement La vie n’est pas une question de confort. Il
s’agit plutôt d’accomplir des tâches difficiles
pour en récolter les fruits dans l’éternité.
Se faire un nom Élever le nom de Dieu
Faire ce qui nous rendra le plus heureux Faire tout ce qui rendra Dieu le plus
heureux
Apprendre à nos enfants à bien se Apprendre à nos enfants à aimer Dieu et à
comporter lui obéir (la « bonne conduite » est souvent,
mais pas toujours, un produit dérivé
bienvenu)
Ressembler à un mannequin de magazine Traiter notre corps comme étant le temple
du Saint-Esprit et cultiver notre beauté
intérieure
Offrir des « services » quand vous en avez Être un serviteur même quand c’est incon-
envie (et quand ça vous arrange) fortable ou inopportun
Rester marié aussi longtemps que vous Servir son conjoint (en prenant exemple sur
aimez votre conjoint Christ, le serviteur), et choisir de l’aimer
pour toute la vie
Donner l’impression d’être puissant, Mettre les autres en avant avec nos paroles
influent ou intéressant et nos actions
Utiliser la sagesse (du monde) pour Estimer la vraie sagesse (qui est la crainte de
devenir plus riche Dieu) plus que tous les trésors terrestres
Rester à la mode Se contenter d’avoir des vêtements
Essayer d’être bon sans oublier d’être Avoir pour objectif la « perfection » tout
indulgent envers soi-même comme notre Père céleste est parfait

Qu’est-ce que cela signifie pour vous et moi de choisir les voies
du Père ? Dans notre monde qui avance à toute vitesse, comment
pouvons-nous « mener une vie paisible et tranquille, en toute piété
et en tout respect » (1 Timothée 2 : 2) ? Dans une société fondée sur
les biens matériels, comment pouvons-nous éviter de nous sentir
fiers de ce qui nous appartient ? Dans quel domaine nous confions-
nous en Mammon qui est tout sauf digne de confiance ? Comment

86
C hoisir le vrai succès

pouvons-nous plutôt utiliser notre argent, notre influence et nos


passions pour faire le bien, être riche en bonnes œuvres et généreux
envers les plus démunis (1 Timothée 6 : 17-19) ? Pour répondre à
ces questions, voici comment nous devons prier :

Éternel, fais-moi connaître tes voies, enseigne-moi tes sentiers !


Conduis-moi dans ta vérité et instruis-moi, car tu es le Dieu de
mon salut : je m’attends à toi chaque jour […] [Tu conduis] les
humbles dans la justice, [tu] leur [enseignes ta] voie.
Psaumes 25 : 4-5, 9

Libre de vivre
Ce matin au café, j’ai rencontré un homme particulièrement
impatient de lire le journal du matin. Apparemment, il avait
participé à un concours de petits poèmes et voulait voir s’il avait
gagné. Alors qu’il me lisait ses textes, une chose était évidente : il
était fier de ses trouvailles pleines d’esprit et aurait été incroya-
blement déçu de ne pas apercevoir son nom dans le journal ce
jour-là ! Mais, pour sa défense, comme chaque poème ne faisait
que quelques mots, il m’a expliqué qu’il n’y avait pas non plus
passé un temps fou. Et pour conclure notre conversation, il a
murmuré avec un sourire :
— Bon, je serais content d’obtenir une mention honorable.
L’un des avantages lorsque nous focalisons notre énergie sur
les œuvres du royaume, c’est que nous n’avons pas grand-chose à
perdre si nos aspirations terrestres ne se réalisent pas comme nous le
souhaitions. Quand nous sommes plus occupés à servir et à aimer
Dieu et les autres qu’à atteindre nos objectifs de la semaine, nous
ne serons pas troublés de n’obtenir qu’une mention honorable au
travail, à l’école ou en sport.
Vous avez peut-être déjà entendu cette expression : « Si vous
n’avez rien à prouver, vous n’avez rien à perdre ». Croyez-en mon
expérience d’ex-ambitieux : ce concept, appliqué à nos vies, est
plutôt révolutionnaire. Adopter la formule divine du succès
nous rend réellement libres de vivre – d’essayer, d’échouer, de se
relever et d’essayer encore –, parce que nous savons qu’« échouer »

87
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

aux yeux du monde ne donnera jamais l’impression à Dieu que


nous l’avons laissé tomber. De toute manière, comment cela
serait-il possible ? Nous n’avons jamais tenu Dieu debout. Bien
au contraire ! C’est lui qui continuera à nous garder debout, que
nous fassions ou non la une des journaux, que nous changions
le monde ou non.
Recommande ton sort à l’Éternel, mets ta confiance en lui, et
il agira : il fera paraître ta justice comme la lumière, et ton droit
comme le soleil en plein midi.
Psaumes 37 : 5-6

Vous voulez avoir du succès ? Si vous vivez dans le confort,


partagez ce que vous avez. Si vous avez un conjoint, servez-le de
manière sacrificielle. Si vos enfants remplissent votre maison de
bruit et de fouillis, savourez ce formidable défi qu’est l’éducation.
Si d’autres vous suivent, indiquez-leur la direction vers Jésus. Si
on vous fait un compliment, recevez-le avec humilité. Aimez et
servez les gens qui vous entourent. Marchez courageusement au
travers des souffrances inévitables de la vie. Menez une vie digne
de l’Évangile du Christ. C’est cela le vrai succès. Que pourrions-
nous désirer de plus ?
À celui qui peut faire, par la puissance qui agit en nous,
infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons, à
lui soit la gloire dans l’Église [et] en Jésus-Christ, pour toutes les
générations, aux siècles des siècles ! Amen !
Éphésiens 3 : 20-21

88
C hoisir le vrai succès

P our réfléc hir ensemble …


1. Vous rappelez-vous d’une décision de vie que vous auriez
prise par désir d’atteindre le succès selon les critères du
monde ?

2. Pourquoi l’apôtre Jean nous dit qu’aimer Dieu et aimer les


choses de ce monde sont deux choses incompatibles (1 Jean
2 : 15-17) ?

3. 1 Jean 2 : 15-17 détaille trois catégories de ce que nous offre le


monde : (1) la soif des plaisirs de la chair, (2) l’envie de posséder
toujours plus et (3) l’orgueil inspiré par nos réussites et nos
richesses. Dans quelle catégorie luttez-vous le plus ?

4. Avec votre manière actuelle de vivre, aurez-vous quelque


chose à « prendre avec vous » dans l’éternité ?

5. Regardez le tableau de la page 86. Quelles sont les « choses


du monde » que vous êtes le plus tenté d’aimer ? À la lumière
de cette réponse, quelles sont les « choses du Père » que vous
devez le plus sérieusement rechercher pour votre survie
spirituelle ?

6. Choisir le vrai succès tout en vivant dans ce monde n’est pas


facile. Quels principes du succès selon le monde avez-vous
du mal à abandonner en ce moment ?

7. Discernez-vous des domaines de votre vie dans lesquels vous


avez confondu ou mélangé le service pour Dieu avec vos
propres ambitions ?

8. Selon vous, quelles sont les autres manières de définir le


succès d’après les principes du monde ?

9. En quoi le fait d’adopter le succès comme Dieu l’envisage


vous rend-il libre d’« échouer » aux yeux du monde ?

10. Après avoir lu ce chapitre, comment définiriez-vous le succès


dans votre propre vie ?

89
Chapitre six

CHOISIR
DE SERVIR
Jésus les appela et leur dit :
— Vous savez que les chefs des nations dominent sur elles et
que les grands les tiennent sous leur pouvoir. Ce ne sera pas
le cas au milieu de vous, mais si quelqu’un veut être grand
parmi vous, il sera votre serviteur ; et si quelqu’un veut être le
premier parmi vous, qu’il soit votre esclave. C’est ainsi que le
Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir
et donner sa vie en rançon pour beaucoup.
M atthieu 20 : 25-28

C’est une chose que de marcher sur un chemin solitaire avec


la dignité d’un héros, mais c’en est une autre de devenir, en
suivant la ligne tracée par Dieu, un paillasson sur lequel les
autres s’essuient les pieds. Si Dieu veut vous apprendre à dire :
« Je sais être abaissé », consentiriez-vous à être offert de cette
manière-là ? Êtes-vous prêt à n’être rien du tout, qu’une
goutte d’eau dans le baquet ? Êtes-vous prêt à ne compter
pour rien, au point qu’il ne sera plus jamais question de vous
à propos de l’âme que vous aurez contribué à sauver ? Êtes-
vous prêt à vous dépenser, à vous user au service des autres ?
À chercher non à être servi, mais à servir ?
O swald C hambers 16

91
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

Un jour, j’ai entendu quelqu’un comparer le cancer à un


« meurtrier bienveillant ». Bienveillant n’est pas vraiment le mot
qui m’est venu à l’esprit quand un être qui m’était cher est mort
de cette maladie. Mais je comprends ce que voulait dire cette per-
sonne : l’un des avantages quand vous savez qu’il vous reste trois
mois à vivre, c’est que vous avez trois mois pour vous y préparer.
Pour la plupart des 150 000 Français qui risquent de mourir du
cancer cette année17, le diagnostic leur laissera le temps de mettre
leurs « affaires en ordre ». Ils peuvent demander pardon à leur fille
qu’ils n’ont plus vue depuis des années, décider qui héritera de leur
collection de disques d’Elvis Presley, et peut-être cocher une ou
deux cases sur votre liste des dix choses à faire avant de mourir. Ils
peuvent même planifier leur propre enterrement : « On ouvrira la
cérémonie avec de la cornemuse… le chant “Amazing Grace” juste
avant le discours de tonton Jacques… dites bien au pasteur de ne
pas parler de ceci ou de cela… Et vous avez intérêt à me mettre
mon costume préféré ! ».
Dans le pire des cas, face à une mort imminente, la plupart des
gens tentent au moins de laisser une dernière trace écrite. Vous avez
certainement vu un film dans lequel quelqu’un se retrouve face
à la mort. Quand tout espoir s’est envolé, que le pauvre type est
abandonné dans la nature, affamé, et que toute possibilité d’être
secouru semble perdue, il se donnera toutes les peines du monde
pour laisser à sa famille et à ses amis un message d’adieu. Il le
gravera sur un bout de métal avec son canif s’il le faut : « Dis aux
enfants que je les aime », ou bien, « Je suis désolé, je t’ai toujours
aimé ». Ces mots inscrits sur son cœur et qu’il essaie de commu-
niquer nous touchent également au plus profond de nous-mêmes
– peut-être parce que nous savons que nous ressentirions la même
chose à sa place.
Lorsque nous nous trouvons face à la mort, tout ce que nous
avons toujours voulu dire se résume à quelques pensées que nous
allons communiquer de manière directe à nos proches. Le temps
presse ! Seuls les sujets les plus essentiels comptent, et chaque mot
est précieux. C’est pour cela que les dernières paroles d’un mourant

92
C hoisir de servir

sont souvent les plus authentiques, les plus profondes et les plus
importantes de toute sa vie.
Si vous saviez que vous étiez sur le point de mourir, que vou-
driez-vous dire à votre conjoint ? Vos parents ? Votre meilleur ami ?
Vos enfants ?
Saisiriez-vous cette dernière occasion de leur parler ?
Jésus, lui, l’a fait. Il savait qu’il devait mourir bientôt, et il avait
bien l’intention de profiter de ses dernières heures pour les partager
avec ses plus chers amis et fidèles disciples. Que leur a-t-il dit ?
Qu’avait-il de si important à dire pendant ces précieuses heures
qui ont précédé sa trahison et sa mort ?

La serviette qui a renversé le système


Des quatre évangélistes, Jean est celui qui a fourni le plus
de détails sur les « dernières paroles » de Jésus. Il leur a consacré
presque un quart des chapitres de son Évangile.
Cinq chapitres.
Cent cinquante-cinq versets.
Si les dernières paroles d’une personne sont les plus touchantes
de sa vie, le dernier message du Christ est forcément d’une impor-
tance capitale. Chaque mot est chargé de sens aussi bien d’un point
de vue pratique qu’en ce qui concerne le royaume de Dieu.
Imaginez-vous dans cette chambre haute avec Pierre, Jean,
Jacques et les autres.
Juste avant le repas de la Pâque, les disciples sont à nouveau en
train de discuter de leur position d’honneur au sein du royaume,
et se demandent « qui devait être considéré comme le plus grand
parmi eux » (Luc 22 : 24). Peut-être qu’aucun des douze ne se
souciait vraiment d’être le plus grand, tant qu’il n’était pas le plus
petit. Peut-être aussi que les esprits se sont échauffés ce soir-là et
qu’une odeur de testostérone remplissait la pièce (oh, combien
tous les élus de Dieu sont pécheurs !). Si Jésus a un jour levé ses
saints yeux au ciel, je crois bien que ce fut ce jour-là. Alors que sa

93
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

fin approchait et qu’il était sur le point de partir à Gethsémané,


Jésus assistait à ces petites chamailleries et à ces disputes d’ego. Il a
peut-être alors pensé en lui-même : « Mais c’est une plaisanterie ?
N’avez-vous rien appris au cours des trois années pendant lesquelles
je vous ai parlé du grand paradoxe du royaume de Dieu ? Êtes-vous
encore prisonniers de la vision mondaine du succès ? N’avez-vous
pas encore compris ce meilleur chemin dont je vous ai parlé ? ».
Ce qu’il a fait ensuite a dû surprendre tous ses disciples, bien plus
encore que nous le sommes aujourd’hui :
Jésus savait que le Père avait tout remis entre ses mains, qu’il était
venu d’auprès de Dieu et allait retourner auprès de lui. Il se leva
de table pendant le dîner, posa son vêtement et prit une serviette
de lin qu’il se noua autour de la taille. Ensuite, il versa de l’eau
dans une bassine et commença à laver les pieds de ses disciples,
puis à les essuyer avec la serviette qu’il s’était nouée autour de la
taille […] Après leur avoir lavé les pieds, il remit son vêtement et
se rassit à table. Alors il leur dit :
— Avez-vous compris ce que je viens de vous faire ? Vous
m’appelez Maître et Seigneur – et vous avez raison, car je le suis.
Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds,
vous devez, vous aussi, vous laver les pieds les uns aux autres.
Je viens de vous donner un exemple, pour qu’à votre tour vous
agissiez comme j’ai agi envers vous. Vraiment, je vous l’assure,
un serviteur n’est jamais supérieur à son maître, ni un messager
plus grand que celui qui l’envoie. Si vous savez ces choses vous
êtes heureux à condition de les mettre en pratique.
Jean 13 : 3-5 ; 12-17 –  Semeur

Et Luc ajoute ceci au dernier discours de Jésus dans son


Évangile :
Jésus leur dit :
— Les rois des nations dominent sur leurs peuples et ceux qui
exercent le pouvoir se font appeler bienfaiteurs. Que cela ne soit
pas votre cas, mais que le plus grand parmi vous soit comme le
plus jeune, et celui qui commande comme celui qui sert. En
effet, qui est le plus grand : celui qui est à table ou celui qui sert ?

94
C hoisir de servir

N’est-ce pas celui qui est à table ? Et moi, cependant, je suis au


milieu de vous comme celui qui sert.
Luc 22 : 25-27

Le Messie tant attendu, qui se met à laver la crasse des pieds


de douze hommes ordinaires. Cela semblait tellement… incorrect.
Ça ne collait pas. Laisser le Maître faire un travail d’esclave… Je
ne peux pas blâmer Pierre d’avoir, dans un premier temps, refusé
le service de Jésus.
Le paradoxe du maître serviteur nous semble-t-il plus accep-
table aujourd’hui ? Ceux qui s’y prêtent sont tellement rares
qu’une émission de téléréalité telle que « Patron incognito »
passionne beaucoup de gens. Le PDG qui s’abaisse à faire le
ménage dans son entreprise ? C’est incroyable ! Pourtant, en tant
que chrétiens, nous n’avons pas d’autre option que de servir. Les
mots de Jésus résonnent dans notre cœur : « Je vous ai donné un
exemple afin que vous fassiez comme ce que j’ai fait pour vous ».
Il a lavé les pieds de ses disciples pour qu’ils apprennent à faire
de même entre eux. Nous ne sommes pas dispensés d’obéir à
ce commandement, pas plus qu’à ses autres enseignements. Ne
tuez pas. Ne commettez pas d’adultère. Soyez serviteurs les uns des
autres comme je vous ai servis.
Notre mission est claire : parmi nous, les principes de hiérarchie
humaine ne seront pas appliqués de la même manière. Ceux qui
désirent être grands doivent devenir des experts dans l’art de ser-
vir les serviteurs. Le service et le choix de l’obscurité sont liés de
manière tellement définitive que nous sommes forcés de maîtriser
le premier pour être capable de profiter du second. J’espère vrai-
ment que ce chapitre vous donnera envie d’aller plus loin.

Sacrifice et tuyau d’arrosage


microperforé
L’une des principales caractéristiques du véritable succès (dont
nous avons parlé au chapitre cinq) est le service. Et d’après les
« dernières paroles » de Jésus à ce sujet, on ne peut pas parler
de succès réel et durable sans parler de service. De même, pour

95
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

accepter l’obscurité, nous devons exceller dans l’art de servir avec


humilité. Rien ne peut porter un coup aussi mortel à notre orgueil
que le service désintéressé.
Pour ceux d’entre nous qui ont été formatés par les normes
humaines du succès, l’idée du service est une idée particulière-
ment difficile à accepter – surtout si c’est un service dans l’ombre.
Je suis particulièrement interpellé par ce que dit Richard Foster
sur cette qualité négligée qu’il décrit dans son livre Éloge de la
Discipline :

Dans un sens, nous préférerions entendre Jésus nous dire de


renoncer à nos pères et mères, à nos maisons et à nos biens pour
le bien de l’Évangile, que de l’entendre nous dire de laver les
pieds de quelqu’un. L’abnégation radicale donne un sentiment
d’aventure […] Mais dans le service, nous n’éprouverons que les
nombreuses petites morts que sous-entend chaque dépassement
de soi. Le service nous bannit vers le banal, l’ordinaire, le
18
dérisoire .

Se renier soi-même… voilà ce qui rend le service si difficile. Il


est parfois bien plus facile d’entendre la voix de Dieu et d’y obéir
lorsqu’il demande de tout quitter pour se rendre dans une tribu
africaine, que de laisser la voiture à ma gauche passer devant moi.
Ne serait-ce pas plus confortable pour moi de travailler dans un
ministère ouvertement chrétien, que d’empiler des chaises dans la
salle de pause d’un lieu de travail séculier ? Est-ce que mon orgueil
se rebelle quand je pense à servir comme le Christ a servi ? Suis-je
disposé à laisser tomber ma vision ambitieuse du succès, même si
mon « succès » consiste à servir Dieu de manière visible ? Puis-je me
contenter de servir dans le monde de manière totalement invisible,
et de combler les besoins de ceux qui ne peuvent pas me rendre
la pareille ?
Voilà des questions qui me préoccupent depuis un moment.
Un soir, alors que j’arrosais le jardin (imaginez un peu la scène),
j’ai été bouleversé par le sacrifice absolu que représente le véritable
service. Là, au milieu des tomates et du persil, j’ai compris que
la plupart de mes anciennes tentatives de service ressemblaient

96
C hoisir de servir

beaucoup au tuyau que je tenais entre mes mains : je contrôlais


et je choisissais comment, quand et qui j’allais servir. Avec mon
super tuyau d’arrosage, je pouvais même complètement arrêter
l’eau dès que j’en avais envie. Tout l’amour du Christ que je
déversais sur les autres dépendait de mon humeur, de mon succès
professionnel ou même de la qualité de mon sommeil la nuit
précédente. Mon approche du service était (et elle l’est encore
bien souvent) autosuffisante et tournée vers ma propre satisfac-
tion. Par contre, j’ai remarqué un tuyau d’arrosage microperforé
dans la serre juste en face de moi. Il arrosait la terre tout autour
de lui sans aucune discrimination. Des dizaines de petits trous
laissaient l’eau se répandre librement sans possibilité d’arrêter
l’écoulement. Une eau porteuse de vie débordait de partout, que
cela plaise ou non ! Servir à la façon d’un tuyau microperforé
revient à déverser l’amour de Jésus par tous les pores de notre être
sans nous préoccuper du timing, des effets que cela pourrait avoir
sur notre productivité ou de la valeur de ceux qui en profiteront.
Si Dieu a « ouvert le robinet » dans nos vies pour nous désaltérer
de ses sources de vie, pourquoi en priverions-nous ceux qui nous
entourent ? Avons-nous peur d’en manquer ? Ne possède-t-il pas
une réserve infinie d’eau vive ?
Cette leçon particulière dans le jardin continue à faire son
chemin en moi. Je suis bien loin d’être parfait, et mon égoïsme
s’impose encore souvent quand je dois mourir à moi-même. Mais
j’apprends à désirer ce titre donné à tant d’hommes et de femmes
de foi qui m’ont précédé. Pas ceux que Dieu a appelés « mes suc-
cès », mais ceux qu’il a appelés « mes serviteurs » : Abraham, Isaac,
Jacob, Samuel, David, le peuple d’Israël… le Messie. Quand Dieu
veut vraiment honorer quelqu’un, il l’appelle « mon serviteur ».
À travers les pages de l’Ancien et du Nouveau Testament, Yahwé
met à l’honneur certaines personnes en disant : « Par égard pour
[…] mon serviteur David » ; « As-tu remarqué mon serviteur Job ?
Il n’y a personne comme lui sur la terre » ; « Quant à toi, mon ser-
viteur Jacob, […] je vais te délivrer de la terre lointaine » ; « Voici
mon serviteur que j’ai choisi, mon bien-aimé qui a toute mon
approbation » (2 Rois 19 : 34 – Semeur ; Job 1 : 8 ; Jérémie 46 : 27 ;
Matthieu 12 : 18).

97
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

C’est plutôt ironique, non ? Nous mettons toute notre énergie


à rechercher les éloges pour faire plaisir à nous-mêmes ainsi qu’à
Dieu. Alors que Dieu, lui, ne souhaite qu’une chose : que nous
trouvions notre plaisir en lui et que nous laissions les sources de
ses plaisirs déborder de nos vies sur celles des autres. Le servir en
servant les autres. Combler les besoins des autres avec ce qu’il nous
a donné et qui déborde de nos vies, à travers nos paroles, notre
compassion, notre hospitalité, nos moyens financiers, notre ama-
bilité et toutes les tâches secondaires qu’il faut accomplir lorsque
des gens vivent ensemble.
S’il est vrai que le véritable service est difficile, il est aussi source
de grandes joies ! Servir les autres nous permet de nous débarrasser
des chaînes de la promotion, de l’autorité et de la compétition
pour connaître la liberté et le repos. Je ne parle pas de paresse, mais
d’un repos de l’âme qui nous donne la paix et qu’aucun de nos
efforts ne peut produire. Dieu veut que nous soyons libérés des
chaînes de nos propres intérêts afin de nous placer volontairement
sous le joug bénéfique du service désintéressé des autres. Vous ne
trouverez pas de hiérarchie dans son royaume, car elle a été abolie
par l’exemple même de Jésus.
Nous avons déjà examiné à plusieurs reprises l’exemple que
Jésus nous donne par son attitude décrite en Philippiens 2 : 5-11.
Néanmoins, il vaut la peine d’y revenir :
Que votre attitude soit identique à celle de Jésus-Christ : lui qui
est de condition divine, il n’a pas regardé son égalité avec Dieu
comme un butin à préserver, mais il s’est dépouillé lui-même
en prenant une condition de serviteur, en devenant semblable
aux êtres humains. Reconnu comme un simple homme, il s’est
humilié lui-même en faisant preuve d’obéissance jusqu’à la mort,
même la mort sur la croix. C’est aussi pourquoi Dieu l’a élevé à la
plus haute place et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout
nom afin qu’au nom de Jésus chacun plie le genou dans le ciel,
sur la terre et sous la terre et que toute langue reconnaisse que
Jésus-Christ est le Seigneur, à la gloire de Dieu le Père.

98
C hoisir de servir

Mais revenons sur les deux versets qui précèdent ce texte – les
instructions qui poussent Paul à enseigner si largement l’humilité
du Christ :
Ne faites rien pour passer devant les autres ou pour que les autres
vous admirent, cela ne vaut rien. Au contraire, soyez simples et
pensez que les autres sont meilleurs que vous. Ne cherchez pas
votre intérêt à vous, mais cherchez l’intérêt des autres.
Philippiens 2 : 3-4 – PDV

Paul savait à quel point les commandements qu’il donnait aux


Philippiens étaient révolutionnaires ! Nous devons acquérir une
véritable compréhension de l’humilité de Jésus, pour assimiler
et appliquer des préceptes tels que « ne faites rien pour passer
devant les autres », « ne faites rien […] pour que les autres vous
admirent », « soyez simples », « pensez que les autres sont meilleurs
que vous » et « cherchez l’intérêt des autres ». D’où les versets 5 à
11. Ce n’est qu’en comprenant que le Roi de l’univers a pris une
position d’esclave que nous pouvons nous approprier cet esprit
de service.

La parabole des arbres


Si comprendre l’humilité du Christ est la pierre angulaire du
service, voici ce que pourrait être le prochain élément fondamen-
tal : ce n’est pas parce que nous pouvons avoir une position élevée
ou une certaine autorité que nous devrions automatiquement
choisir de la prendre.
Il existe une parabole qui décrit ce principe, une vraie petite
perle oubliée au milieu du chaos causé par le péché d’Israël au
temps des Juges :
Les arbres partirent pour sacrer un roi et le mettre à leur tête. Ils
dirent à l’olivier :
— Règne sur nous.
Mais l’olivier leur répondit :
— Comment pourrais-je renoncer à mon huile, qui me vaut
l’estime de Dieu et des hommes, pour aller m’agiter au-dessus
des arbres ?

99
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

Les arbres dirent alors au figuier :


— Viens, toi, régner sur nous.
Mais le figuier leur répondit :
— Comment pourrais-je renoncer à ma douceur et à mon
excellent fruit pour aller m’agiter au-dessus des arbres ?
Les arbres dirent à la vigne :
— Viens, toi, régner sur nous.
Mais la vigne leur répondit :
— Comment pourrais-je renoncer à mon vin, qui réjouit Dieu et
les hommes, pour aller m’agiter au-dessus des arbres ?
Juges 9 : 8-13

La parabole se termine quand les arbres, qui désespèrent de


trouver un roi, demandent au buisson de régner sur eux. Celui-ci
(qui représente Abimélec) accepte cette fonction.
Plus je lis cette parabole, plus je l’aime. Regardez quelles sont
les priorités des trois premiers arbres qui ont été sollicités pour
devenir roi. L’olivier, le figuier et la vigne refusent tous une position
de pouvoir, d’influence, de confort, de reconnaissance et même
d’utilité pour ne pas renoncer aux buts pour lesquels Dieu les a
créés : servir Dieu et l’homme. Pourquoi devraient-ils diriger les
autres arbres quand ils peuvent bénir, honorer, donner et réjouir
là où ils ont été plantés ? L’olivier, le figuier et la vigne ont tous
choisi de rester dans l’ombre plutôt que d’être sous les feux des
projecteurs. Pourquoi ? Parce qu’ils ont compris que le service est
une noble vocation qui procure beaucoup de satisfaction. Quelle
réponse pleine de sagesse !
Nous avons tous l’occasion de « régner » d’une manière ou d’une
autre sur d’autres « arbres » comme nous. Devrions-nous saisir ces
occasions quand elles se présentent ? Peut-être. Mais comme les
arbres de cette parabole nous le montrent, nous devrions laisser
passer ces occasions si elles risquent de nous empêcher de servir
Dieu et notre entourage avec toutes nos capacités. Il vaut mieux
renoncer à une position, qu’à une destinée divine. Et nous savons
sans l’ombre d’un doute que nous sommes destinés à servir.
Comme l’a dit Andrew Murray, « devenir le serviteur de tous

100
C hoisir de servir

est l’accomplissement le plus complet de notre destinée en tant


qu’homme créé à l’image de Dieu19 ».
À quoi ressemble ce genre de sacrifice ? S’agit-il de servir
humblement, en renonçant même à des possibilités légitimes
de « promotion » pour servir notre prochain ? Il est probable que
cela prenne des aspects différents pour chacun de nous. Voici
simplement quelques exemples de personnes qui m’ont inspiré par
leur volonté de rester dans l’ombre, pour se saisir de leur serviette
comme Jésus l’a fait20.

Antoine occupe un poste de responsabilité dans le service de


restauration d’un grand centre chrétien. Après avoir occupé
cette fonction pendant presque dix ans, on lui propose de
devenir le manager de l’ensemble du service de restauration
(avec les avantages qui y sont associés). Antoine refuse cette
promotion. Il a le sentiment qu’il peut mieux servir les
clients et former lui-même les nouveaux employés en restant
à son poste – même si cela signifie faire griller des saucisses
avec des étudiants.
Laurence a enseigné dans une école publique pendant cinq
ans avant de tomber enceinte de son premier enfant. Au
grand étonnement de ses collègues, elle n’a pas repris le
travail après la naissance de sa fille. Elle a maintenant cinq
enfants et a décidé de rester à la maison pour les enseigner.
Sacrifier sa carrière pour ses enfants lui a non seulement
coûté un salaire et une forme de prestige lié à son statut
d’enseignante, mais elle a aussi « perdu » sa mère qui ne lui
a jamais pardonné cette décision « insensée ».
Sacha est un musicien de jazz talentueux. Il a choisi d’utiliser
ses capacités de manière peu conventionnelle. Il aurait pu
faire des tournées pour la gloire et l’argent. Mais il a plutôt
décidé de rendre accessible la musique, les instruments et
l’espoir de l’Évangile aux enfants défavorisés du monde
entier. Malgré ses capacités musicales, Sacha se contente
d’un maigre salaire de missionnaire pour mieux servir les
autres.

101
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

Clara a refusé une bourse d’étude importante qui lui aurait


permis d’intégrer le programme de volley-ball d’une grande
université. Elle a choisi d’obéir à l’appel de Dieu et d’entrer
dans une petite école biblique. Clara a ainsi renoncé à la
gloire et à la formation qu’elle aurait pu obtenir en devenant
joueuse professionnelle après ses études.
Sam, entraîneur de profession, a refusé un contrat estimé
à quarante millions de dollars avec une grande équipe de
la NBA. Il a préféré continuer à coacher ses joueurs de
niveau universitaire. La gloire et la fortune de la NBA ne
représentaient pas pour lui le « succès ultime », au grand
soulagement de ses joueurs.

Je suis certain que vous pourriez ajouter un nom ou deux à cette


liste. Puis-je vous poser une question ? Avez-vous pour objectif d’y
ajouter un jour le vôtre ?

Rechercher des faveurs


Apprenez que si vous voulez faire l’œuvre d’un prophète, vous
n’avez pas besoin d’un sceptre, mais d’une houe.
Bernard de Clair vaux 21

Un sceptre est tellement plus attrayant qu’une houe pour un


esprit qui a connu toute sa vie « la soif de voir et de posséder […],
ainsi que l’orgueil inspiré par la richesse et la puissance » (1 Jean
2 : 16 –  Parole vivante). Comme les disciples, beaucoup d’entre
nous passent énormément de temps à imaginer des moyens pour
gravir les échelons, sans jamais considérer la possibilité d’aller
dans l’autre sens. Pourquoi ? Parce que nous voulons être favori-
sés. Jusqu’à aujourd’hui, nous recherchions peut-être les faveurs
des professeurs, des parents, de l’entraîneur, du patron, des amis
ou d’autres personnes influentes. Mais aujourd’hui, Dieu nous
propose une méthode différente. Nous n’avons plus à désirer
l’admiration du monde. Au lieu de cela, il nous transmet ce com-
mandement, accompagné d’une promesse :

102
C hoisir de servir

Et vous soumettant tous les uns aux autres, revêtez-vous


d’humilité, car Dieu s’oppose aux orgueilleux, mais il fait grâce
aux humbles.
1 Pierre 5 : 5

Dieu fait grâce aux humbles. Il leur accorde ses faveurs. Si j’ai
le choix, j’opte sans hésiter pour la faveur par excellence plutôt
que pour les faveurs du monde. Et vous ? Laisserez-vous votre
vie être répandue pour les autres – comme un tuyau micro-
perforé rempli de l’amour de Dieu, un canal de bénédiction et
d’encouragement ?
Celui qui a connu un jour la miséricorde de Dieu dans sa vie ne
désire plus que servir encore. Il ne peut plus trouver d’attrait à
jouer le rôle prétentieux d’un juge, mais il désire prendre rang
parmi ceux qui sont misérables et de peu d’importance, là où
Dieu l’a trouvé lui-même22.

103
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

P our réfléc hir ensemble …


1. Si vous saviez qu’il ne vous reste que quelques semaines à
vivre, que voudriez-vous faire avant de mourir ? Que voudriez-
vous dire et à qui ?

2. En vous appuyant sur Matthieu 20 : 25-28, comment décri-


riez-vous l’échelle sociale selon Jésus ?

3. Relisez Jean 13 : 3-5 et 12-17. D’après le verset 3, quelles véri-


tés ont poussé Jésus à servir ses disciples ? Quelles vérités
devraient nous pousser à servir (cf. versets 14 à 17) ?

4. Essayez de vous imaginer dans la pièce avec Jésus, le soir


du dernier repas. Comment auriez-vous réagi au moment
où l’homme que vous avez suivi – celui qui devait régner sur
Israël – s’agenouille pour laver vos pieds ?

5. Connaissez-vous d’autres exemples actuels de personnes qui


servent ceux qui sont sous leurs ordres ?

6. En quoi le succès tel que le monde le conçoit affecte notre


conception du service ?

7. Jusqu’à aujourd’hui, comment décririez-vous votre attitude


face au service ? Après avoir lu ce chapitre, en quoi cela a-t-il
changé ?

8. Quel rapport existe-t-il entre le service sacrificiel et le fait de


chercher à vivre notre vie dans l’obscurité ? Pourquoi est-il si
important de maîtriser l’art du service, en particulier dans les
domaines les plus ingrats et ordinaires de la vie ?

9. Quels sont les grandes joies, les plaisirs et les récompenses


liés au service ? En d’autres mots, qu’avons-nous à gagner en
servant ?

10. Nous avons appris une chose à travers la parabole des arbres
(Juges 9 : 8-13) : ce n’est pas parce que nous pouvons avoir une
position élevée ou une certaine autorité que nous devrions
automatiquement choisir de la prendre. Pouvez-vous ima-
giner un scénario dans lequel vous refuseriez une position
d’autorité afin de continuer à mieux servir les autres ?

104
Chapitre sept

CHOISIR
LA SOUFFRANCE
Maintenant, je me réjouis des souffrances que j’endure pour
vous. Car, en ma personne, je complète, pour le bien de son
corps – qui est l’Église – ce qui manque aux détresses que
connaît le Christ.
C olossiens 1 : 24 –  S emeur

Souffre [avec moi] comme un bon soldat de Jésus-Christ.


2 T imothée 2 : 3

Mesurez votre vie à la lumière de vos pertes et non de vos


gains ; non par la quantité de vin que vous avez bue, mais
par celle que vous avez servie. Car la force de l’amour réside
dans le sacrifice de l’amour, et celui qui a beaucoup souffert
a beaucoup à donner.
23
U go B assi

Charlie24 avait choisi de s’inscrire en fac de théologie après ses


études universitaires. Il aimait Dieu et voulait le servir à temps
plein en tant que pasteur. Le hasard faisant bien les choses, entre
ses cours et ses soirées studieuses, il a rencontré la femme de ses
rêves et l’a demandée en mariage. Charlie était persuadé qu’une

105
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

belle carrière dans le ministère l’attendait. Ses parents et ses amis


l’approuvaient dans ses choix de vie « spirituels », et il jouissait de
la vie au quotidien aux côtés de sa jolie épouse.
Il a reçu son diplôme et s’est lancé dans la recherche d’un
emploi. Charlie a envoyé une multitude de CV, mais les semaines
d’attente sont devenues des mois, et pas un travail à l’horizon. Il
recevait refus sur refus de la part des Églises comme des associa-
tions. Finalement, pour subvenir aux besoins de sa jeune famille, il
a accepté un emploi là où il n’aurait jamais pensé travaillé – l’hôpi-
tal local – pour y faire quelque chose qu’il n’aurait jamais pensé
devoir faire un jour : nettoyer les bassins de lit. Pas exactement ce
à quoi il rêvait quand il s’était engagé à consacrer sa vie au service
de Dieu. Cette situation a largement mis à mal les résolutions de
Charlie. Mais la réalité particulièrement banale (et, il faut bien le
dire, plutôt répugnante) de son nouveau quotidien professionnel
l’a transformé plus qu’aucun ministère pastoral n’aurait pu le faire.
Son ambition personnelle et son orgueil en ont été brisés. Il a pu
mieux comprendre ce qu’était le véritable service – le genre de
service caché que nous avons appris à apprécier au chapitre six.

À propos de la souffrance
Écrire sur la souffrance, comme sur le service, me rend particu-
lièrement nerveux. Quand je le fais, j’ai l’impression de marcher sur
une « terre sainte » de la vie chrétienne : ce sujet tant de fois abordé
dans les anciens ouvrages qui nous racontent la vie des martyrs
d’autrefois. Tant d’hommes et de femmes d’hier et d’aujourd’hui
pourraient mieux saisir le cœur et la pensée de Dieu sur ce sujet.
Mais il y a un lien de cause à effet entre la souffrance et le choix
de l’obscurité que nous ne pouvons pas nous permettre d’ignorer.
Dans son livre A path through suffering [Un chemin à travers la
souffrance], Elisabeth Elliot s’interroge : « Le terme “souffrance”
est bien trop fort pour s’appliquer à la plupart de nos soucis.
Mais si nous n’apprenons pas à remettre ces petites choses à Dieu,
comment saurons-nous lui confier les grandes25 ? ». C’est peut-être
pour cela que la définition de cette auteure sur la souffrance semble
si pertinente :

106
C hoisir la souffrance

Avoir ce que vous ne voulez pas ou vouloir ce que vous n’avez pas26.

Voilà la parfaite définition de la souffrance dans le débat sur le


choix de l’obscurité. En effet, c’est dans les petites « souffrances »
infligées par les disgrâces, les attentes douloureuses, les licencie-
ments, les déménagements et les petits boulots que nous appre-
nons à remettre à Dieu nos désirs de devenir connus, respectés
et admirés. Lorsque nous sommes coincés dans un de ces fossés,
nous comprenons que Dieu est grand et que nous sommes petits.
C’est là que nous échangeons notre volonté – nos rêves, nos désirs
et nos projets – pour l’opportunité de mettre Dieu en avant et de
nous retirer. Alors que vous méditez sur le rôle de cette souffrance
qui nous aide à choisir l’obscurité, vous pensez probablement à
certaines pertes évidentes que vous avez déjà subies (comme la
mort d’un être cher, une maladie chronique, etc.) Mais gardez
aussi à l’esprit : (1) les choses dans votre vie que vous préféreriez
voir disparaître, (2) ces choses que vous voudriez avoir, mais que
vous n’avez pas, et (3) tout ce que vous voudriez être mais que
vous n’êtes pas.
Avec ces descriptions en tête, examinons deux raisons d’être de
la souffrance : le changement qu’elle produit en nous et la manière
dont elle nous rend capables de donner plus aux autres.

La souffrance nous transforme


Beaucoup d’entre nous ont vécu une expérience comparable
à celle des « bassins de lit ». Pour certains, ces temps d’épreuves
humiliants et désagréables étaient plutôt courts. Pour d’autres, la
souffrance semble être un mode de vie. Qu’il s’agisse d’un relatif
inconfort ou d’un événement tragique, qu’il s’agisse des consé-
quences de notre propre péché ou d’une leçon de vie divine, nous
pouvons choisir de laisser la souffrance nous transformer. La variété
de leçons que nous pouvons tirer de nos épreuves est infinie. J’ai
essayé de réduire ma liste à cinq points, pour me concentrer sur
les façons dont la souffrance peut vraiment nous aider à choisir
l’obscurité :

107
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

• La souffrance nous aide à comprendre que la meilleure


manière de vivre est celle de Dieu. Comme l’exprime le
psalmiste : « Il m’était bon d’être affligé afin d’apprendre
tes préceptes » (Psaumes 119 : 71 – Semeur). Parfois, le seul
moyen pour Dieu d’obtenir toute notre attention, c’est
de nous faire passer au « rouleau compresseur » de la vie.
Curieusement, la souffrance nous ouvre les yeux sur la réa-
lité : les « préceptes » de Dieu sont bons pour nous.
• La souffrance est essentielle pour faire le tri dans nos
motivations. Dans le bourbier de nos cœurs déchus, nous
avons parfois du mal à faire la différence entre des motiva-
tions pures et notre orgueil, un service désintéressé et nos
ambitions personnelles. Alors que Dieu nous purifie par
« le creuset de l’affliction » (Ésaïe 48 : 10 – NBS), nos véri-
tables motivations sont révélées. Par le feu de la souffrance,
nos impuretés remontent à la surface, ce qui nous oblige à
nous en occuper et à nous en débarrasser.
• La souffrance nous tient éloignés de l’orgueil. J’insiste
sur le mot « aide », car je crois que nous serons incapables
d’éliminer complètement l’orgueil de ce côté-ci de l’éter-
nité. Cependant, tout comme le service désintéressé, la
souffrance force notre orgueil à se soumettre. À l’inverse,
ceux qui vivent une vie sans souffrance – qui ne sont pas
« frappés comme le reste des hommes » – exhibent leur
orgueil comme on le ferait avec un collier de grand prix
(Psaumes 73 : 4-6).
• La souffrance transforme souvent nos ambitions.
Avant sa conversion, Saul se préoccupait avant tout de sa
réputation et de son perfectionnement religieux. Une fois
transformé, Paul ne pense plus à sa réputation et se vante
au contraire de ses faiblesses, désirant souffrir et partager
la mort de Jésus (Philippiens 3 : 10). Comment cette méta-
morphose s’est-elle produite ? Par la souffrance. L’entraîne-
ment intensif d’apôtre imposée à Paul comprenait : l’inter-
pellation musclée de Jésus sur le chemin de Damas suivie
d’un temps de cécité, des flagellations, des naufrages, et
« un ange de Satan pour [le] frapper et [l]’empêcher de

108
C hoisir la souffrance

[s]’enorgueillir » (2 Corinthiens 12 : 7). À travers les souf-


frances de Paul, ses ambitions ont été radicalement trans-
formées. Il a peut-être sacrifié son rêve de siéger un jour au
sanhédrin pour fabriquer des tentes et prêcher l’Évangile.
D’autres ont pu témoigner que leur « vallée de l’ombre
de la mort » leur a rappelé l’importance de la famille, leur
entière dépendance de Dieu et l’absurdité d’une vie sacri-
fiée au travail.
• La souffrance peut mettre en évidence nos idoles, ce qui
nous permet de trouver Dieu. Naaman était un valeu-
reux guerrier et un riche capitaine d’armée, que même le
roi admirait. S’il n’avait pas souffert de la lèpre, Naaman
aurait probablement terminé sa vie comme un héros riche
et adulé de tous. Mais son âme aurait été perdue à jamais.
Au lieu de cela, à travers sa souffrance (une miséricorde
affligeante !), Naaman a été guidé vers l’humilité pour fina-
lement rencontrer le seul vrai Dieu. Même si vous et moi
n’adorons probablement pas Rimmon comme Naaman le
faisait, la souffrance nous permet tout de même de nous
débarrasser de nos faux dieux – tels que l’ambition, une
histoire d’amour idyllique, les possessions matérielles et
autres « choses du monde » dont nous avons parlé au cha-
pitre cinq.
Quelles souffrances Dieu a-t-il permises dans votre vie ? Avez-
vous perdu votre maison ? Reçu un diagnostic inattendu ? Avez-
vous souffert du manque de confiance en vous ou de relations
compliquées ? Avez-vous caressé un rêve qui semble ne jamais
vouloir se réaliser ? La souffrance est inévitable. Vous le savez ;
je le sais. Nous savons aussi que notre manière de réagir en dit
long sur nous. Serons-nous prêts à apprendre durant ces temps
sombres et difficiles ? Laisserons-nous l’Esprit de Dieu nous rendre
plus humbles et nous transformer à travers nos douleurs et nos
déceptions ? Laisserons-nous notre souffrance multiplier ce que
nous avons à offrir aux autres ?

109
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

La souffrance nous rend capables


de donner
La petite fille de Ben et Samantha est subitement tombée
malade. Elle en est décédée. Elle n’avait que dix mois. Quelques
mois plus tard, alors que nous discutions de leur perte, Samantha
m’a dit combien elle avait été émerveillée par les centaines de
personnes qui les avaient soutenus à travers cette épreuve par
des prières, des repas, des livres et des mots d’encouragement.
Je savais qu’ils étaient reconnaissants. Mais quand Samantha a
commencé à parler d’un couple qui avait lui aussi perdu un jeune
fils, son expression a changé. Elle était plus détendue et parlait
plus doucement, de manière moins… mécanique. Elle s’est mise
à relater l’histoire de cet autre couple et nous a aussi confié qu’elle
était suspendue à leurs lèvres alors qu’ils racontaient leur « nouveau
quotidien ». À ce moment-là, la raison d’être de leur relation était
devenue évidente. Bien que l’histoire de Ben et Samantha ait
provoqué la sympathie et les conseils de beaucoup de responsables
chrétiens expérimentés et même de thérapeutes chrétiens, les mots
d’un couple ordinaire qui était passé par là furent pour eux les plus
touchants.
Est-ce que cela vous est familier ? Durant vos temps de souf-
france – vos années, votre vie entière –, ceux qui ont le plus pro-
fondément touché votre âme (peut-être même parfois sans parole)
n’étaient-ils pas les hommes, les femmes, les enfants qui avaient,
avant vous, traversé les mêmes tempêtes ?
Avez-vous déjà remarqué qu’il existe une sorte de société secrète
que vous intégrez quand vous avez souffert ? Les détails de votre
histoire comptent moins que le simple fait que vous et quelqu’un
d’autre avez connu la même douleur profonde. Bien que l’initiation
soit éprouvante, il y a des avantages à être membre. La camaraderie
en fait partie. Vous devenez aussi plus sensible à la souffrance des
autres et vous êtes moins gêné lorsqu’il s’agit d’offrir votre com-
passion. Vous prêtez l’oreille à leurs histoires déchirantes, et vous
apprenez en cheminant à leur côté. Vous vous réjouissez avec ceux
qui surmontent leurs épreuves. Et dans vos moments de désespoir,

110
C hoisir la souffrance

comme l’ont expérimenté Ben et Samantha, vous pouvez trouver


une source de sagesse authentique auprès de ceux qui, avant vous,
ont marché au travers des flammes.
Le premier et le plus grand des commandements est d’aimer
Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme et de toute notre
pensée (Matthieu 22 : 37-38). Nous avons déjà vu combien la
souffrance nous transforme tous : elle nous permet d’aimer Dieu
plus intensément. Mais la souffrance joue aussi un rôle dans notre
obéissance au deuxième grand commandement : aimer notre
prochain comme nous-mêmes (Matthieu 22 : 39). À travers la
souffrance, nous apprenons à aimer, donner, soutenir, encourager
et compatir avec ceux qui nous entourent bien plus qu’avant.
« Celui qui a beaucoup souffert a beaucoup à donner. »

Nous revenons sans cesse à cette vérité : pour choisir l’obscurité,


nous devons suivre l’exemple de Jésus. Il est notre modèle en tout !
Notre modèle d’humilité. Le plus grand au service des moins-que-
rien. Et nous constatons maintenant qu’il est aussi notre modèle
dans la souffrance. Le Christ a beaucoup souffert et, en retour, il
a beaucoup donné.
Par contre, en Jésus, nous voyons celui qui a été, « pour un peu
de temps, abaissé au-dessous des anges ». Mais maintenant, à
cause des souffrances et de la mort qu’il a endurées, nous le
contemplons « couronné de gloire et d’honneur ».
Hébreux 2 : 9 –  Parole vivante

Parce que Jésus a renoncé à ses privilèges divins et qu’il a choisi


l’obscurité par amour pour nous – à cause des souffrances […] qu’il
a endurées –, il a reçu l’honneur de son Père et de toute nation
de la terre. Il nous a aussi offert deux cadeaux que nous n’aurions
jamais pu obtenir par nous-mêmes : la réconciliation avec Dieu et
la vie éternelle à ses côtés. À la lumière de ces vérités absurdiffé-
rentes, souffrir un peu ici-bas semble être un petit sacrifice, non ?
Ne voudrions-nous pas être capables d’imiter notre Sauveur non
seulement en acceptant une vie de sacrifice (certes, un sacrifice
minuscule face à son sacrifice), mais aussi en ayant quelque chose
à offrir aux autres à travers nos souffrances ?

111
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

Nous portons toujours avec nous dans notre corps l’agonie du


[Seigneur] Jésus afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée
dans notre corps.
2 Corinthiens 4 : 10

Plus souvent qu’on n’aimerait l’admettre, le meilleur moyen


d’aimer notre prochain comme nous-mêmes est de souffrir pour
lui. N’est-ce pas là l’exemple que Jésus nous a donné ? Il nous a
aimés d’un amour tellement radical qu’il a accepté de subir la
douleur la plus insoutenable – être séparé de son Père – pour
nous sauver. Pour notre bien. Le Christ a enduré des souffrances
extrêmes. Il est mort et est ressuscité d’entre les morts. Et pourtant
(même dans sa gloire), il nous comble de ses bienfaits. Est-ce que
vous et moi ne serions-nous pas les premiers à affirmer haut et fort :
« Ça valait vraiment la peine qu’il souffre comme il a souffert » ?
Alors ne devrions-nous pas également être les premiers à sacrifier
nos vies pour les autres ? À laisser quelqu’un d’autre profiter des
bienfaits qui découlent de nos souffrances ? Ceux à qui l’on par-
donne beaucoup, aiment beaucoup (Luc 7 : 47). Et ceux qui sont
comblés des bienfaits de la souffrance devraient être les premiers
à être prêts à souffrir pour les autres. Notre amour pour Jésus et
notre dévouement envers lui, associés à notre désir de suivre son
exemple, devraient nous pousser à souffrir pour le bien des autres
– avec enthousiasme.
C’est vrai, nous ne subirons jamais des souffrances aussi pro-
fondes que celles de Jésus. La plupart d’entre nous ne subirons
même jamais la moindre douleur physique pour quelqu’un d’autre.
Alors comment pouvons-nous souffrir « comme un bon soldat
de Jésus-Christ » (2 Timothée 2 : 3) et participer à ses souffrances
pour l’Église (Colossiens 1 : 24) ? Et en quoi nos petites souffrances
nous préparent-elles à accepter l’obscurité ? Quel genre de « petites
souffrances » pouvons-nous apprendre à remettre à Dieu ?
Je pense à cet homme qui travaille pour une entreprise qu’il ne
supporte pas. Pourtant il s’y rend chaque jour et reste huit heures
dans un petit bureau à passer des coups de fil et à remplir des
feuilles de données. Il a ce qu’il ne souhaite pas avoir : un boulot
sans avenir et sans promotion à la clé. Il fait face à un dilemme :

112
C hoisir la souffrance

d’un côté, il pourrait trouver un autre emploi « plus valorisant ».


Ou alors, il pourrait choisir l’obscurité et accepter que sa valeur ne
dépende pas de l’image que renvoie son travail. Il pourrait laisser
cette souffrance quotidienne le transformer et lui permettre de
donner plus d’amour, de compassion et de patience à ses collègues,
ses supérieurs et ceux autour de lui qui partagent sa condition.
Et que dire de cet étudiant qui se sent isolé, parce que son
style de vie mystérieux, dirigé par l’Évangile, n’attire pas des foules
d’amis ? Plutôt que de faire la fête tous les week-ends, il préfère
rester sobre pour se rendre à l’Église le dimanche matin. À cause
de la souffrance causée par cette solitude, il pourrait se demander
s’il n’est pas allé trop loin avec son Jésus. Il pourrait s’apitoyer sur
son sort, parce qu’il désire une chose qu’il n’a pas (en l’occurrence,
plus d’amis). Ou alors… il pourrait tirer les leçons de cette solitude
liée à sa propre obscurité. Il pourrait alors s’attacher à Jésus et aller
vers les autres pour la gloire de son Seigneur.
Je pense aussi à cette jeune fille qui désire à tout prix se marier,
mais qui ne voit pas arriver son prince charmant. Elle veut être
quelqu’un qu’elle n’est pas – une épouse et une mère – et l’attente
devient difficile à supporter. Elle lutte avec tout un tas de ques-
tions : « Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? Pourquoi tout le monde se
marie sauf moi ? Suis-je quelqu’un d’assez bien ? ». Néanmoins, elle
a le choix : laisser cette souffrance la détruire, ou laisser son célibat
la pousser dans les bras de Jésus. Elle trouvera ainsi sa véritable
valeur en son Sauveur plutôt que dans un mari. Si elle fait ce choix,
sa souffrance lui procurera des bienfaits qu’elle pourra généreuse-
ment donner aux autres ! Les hommes et les femmes célibataires
sont libres de « se préoccupe[r] des affaires du Seigneur », plutôt
que « des affaires de ce monde ». Ils peuvent aussi s’« attacher au
Seigneur sans tiraillements » (1 Corinthiens 7 : 32-35). En tant que
célibataire, elle est très bien placée pour aimer et servir les autres
en acceptant l’obscurité.
Et vous ? Repensez à certains des moments difficiles que vous
avez traversés ou que vous traversez en ce moment. Comment Dieu
peut-il utiliser les éléments de votre vie dont vous ne voulez pas
– les choses que vous voudriez avoir et que vous n’avez pas, ou ce

113
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

que vous voudriez être et que vous n’êtes pas – pour vous rendre
capable de donner toujours plus ?

Le principe de Joseph
Il existe une tendance étonnante dans la pensée chrétienne
concernant la souffrance. Bien que subtile, cette idée fausse est
aussi dangereuse que bien d’autres mensonges de Satan. Voici ce
que j’appelle le « principe de Joseph » :

Si je souffre dans l’obscurité aujourd’hui, Dieu doit être en


train de me préparer pour quelque chose de plus grand, de
meilleur ou de plus important dans l’avenir.
Vous avez probablement deviné pourquoi je l’ai nommé le
principe de Joseph. Je suis persuadé que cette manière de penser
découle d’une mauvaise compréhension de l’incroyable histoire de
Joseph (cf. Genèse 37 et 39 à 50). Pour faire court, Joseph est trahi
par ses frères, vendu comme esclave, faussement accusé de tentative
de viol et jeté en prison où il passe plusieurs années pour un crime
qu’il n’a pas commis. Mais – et c’est la partie de cette histoire qui
éveille nos ambitions – Dieu a utilisé toutes les souffrances de
Joseph pour le préparer à de grandes choses (vraiment très grandes).
Par un incroyable retournement de situation, Joseph est devenu
le deuxième homme le plus puissant d’Égypte et a fini par sauver
la famille qui l’avait pourtant trahi. Au bout du compte, il a tout
gagné : la gloire, le pouvoir, la revanche et même la jolie fille.
Bien que l’histoire de Joseph soit l’une de mes préférées, il y
en a d’autres qui lui ressemblent. Abraham a attendu vingt-cinq
ans avant d’avoir l’enfant qu’il voulait. Moïse a été berger durant
quarante ans avant de revenir en Égypte pour être l’instrument de
délivrance des Israélites. Anne a supporté des années de moqueries
et de désillusion avant que Dieu ne lui donne Samuel. David a
traversé quatorze années de questionnement, d’attente et de fuite
devant Saül avant de devenir le plus grand roi qu’Israël ait jamais
connu (avant Jésus-Christ).
Pourquoi aimons-nous tant ces histoires ? Pour de nombreuses
raisons, évidemment. Il y a de l’action, de l’aventure, des identités

114
C hoisir la souffrance

secrètes, du mal transformé en bien, la fidélité de Dieu et ses


promesses qui se réalisent… Mais ce qu’on aime dans ces histoires,
c’est probablement aussi le « petit gars » qui devient le héros, car
cela fait écho en nous. Peut-être parce qu’on espère que ce sera
notre tour un jour.
Si vous avez déjà été licencié, êtes arrivé deuxième (ou dixième),
avez connu une déception amoureuse ou que l’un de vos grands
espoirs a été brisé, vous avez probablement entendu cet encourage-
ment plein de bonnes intentions : « Ne t’inquiète pas, Dieu a bien
mieux en réserve pour toi ! ». Ou bien : « Tout cela concourt à ton
bien ! ». Ou peut-être même : « Continue à travailler dur, tu finiras
par obtenir ce que tu veux ». Je suppose que nous nous disons
mutuellement de telles platitudes pour l’une de ces deux raisons :
(1) nous croyons réellement que la souffrance nous conduira inévi-
tablement à quelque chose de plus grand et de meilleur, ou (2) nous
ne voulons pas décourager davantage une personne désemparée
avec la dure réalité : parfois, la souffrance nous mène seulement
vers une plus grande obscurité, mais attribue plus de gloire à Dieu.
La Bible est parsemée d’exemples où Dieu fait les choses pour
sa propre gloire. La purification de notre cœur par le feu en fait
partie. Dieu dit : « Je t’ai fait fondre, mais ce n’est pas pour de
l’argent ; je t’ai éprouvé au creuset de l’affliction […] Je ne donnerai
pas ma gloire à un autre » (Ésaïe 48 : 10-11 – NBS). Il poursuit
en affirmant qu’il ne veut pas que sa réputation soit ternie par
les idoles. Dieu refuse que ces idoles reçoivent une gloire qui ne
revient qu’à lui. C’était vrai pour Israël, et ça l’est aussi pour nous
aujourd’hui. Bien plus souvent, Dieu permet que nous souffrions
afin de purifier notre cœur et nous débarrasser de nos idoles, plutôt
que pour nous préparer à de grandes choses27.
Ce n’est pas facile à accepter. En vérité, nous aimons voir chaque
revers à travers la lunette du succès inévitable : « Encore une fois
rejeté ? Ce n’est pas grave. Je brillerai d’autant plus après avoir
démarré si humblement ». Ou : « Oui, elle m’a plaqué, mais je sais
que Dieu a quelqu’un d’encore mieux en réserve pour moi » ; « Je
suis fauché pour le moment, mais Dieu m’apprend simplement
à mieux gérer mon argent pour m’en confier plus dans l’avenir ».

115
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

Ou alors, pour paraphraser une citation que j’ai lue sur un blog
populaire ce matin : « Le temps que je passe dans les “coulisses” de la
vie n’est qu’une saison pour grandir, me développer et me préparer
à mon entrée sur scène ». Nous nous réconfortons avec ce genre de
pensées, car c’est plus apaisant que l’idée de souffrir dans le seul but
de rendre gloire à Dieu, ou – Dieu nous en préserve – de devoir
accepter l’obscurité indéfiniment.
Romains 8 : 28 est le verset le plus souvent utilisé pour justifier
le principe de Joseph : « Nous savons que tout contribue au bien
de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés conformément
à son plan ». C’est vrai, parfaitement vrai. Mais se donner le droit
d’échanger le terme « bien » dans ce verset par la définition que le
monde donne du succès est une énorme erreur. Oui, Dieu utilise
tout – même nos souffrances – pour notre bien, mais le résultat
final pourrait bien ne pas ressembler à ce que vous espériez. Aurez-
vous toujours confiance en Dieu si votre « bien » consiste à vivre
dans l’obscurité – une vie simple et consacrée au Seigneur – toute
votre vie ? Et si votre « bien » était de saisir toute la profondeur de
la souffrance pour avoir plus à donner à ceux qui traversent des
temps difficiles ? Seriez-vous satisfait de savoir que votre « bien »
ne sera qu’une meilleure compréhension de la souffrance endurée
par Jésus pour vous et moi ? Et si votre « bien » ne consistait qu’à
glorifier son nom ?
Toutes les voies de Dieu sont bonnes et justes. Même si ses plans
ne ressemblent pas aux nôtres, nous pouvons être sûrs que Dieu est
« pour nous ». Accepter l’obscurité nous permet de lui abandonner
nos rêves – de le laisser agir en son temps et selon ses voies. Alors,
nous le préférons à nos rêves. Nous cessons de vouloir à tout prix
que nos rêves deviennent réalité.
Vous souvenez-vous de mon ami Charlie ? Vous pensez sûre-
ment qu’après avoir nettoyé toutes ces saletés pendant un temps,
Dieu allait le laisser souffler un peu et lui donner l’occasion de
s’occuper d’une Église. Il avait dû comprendre la leçon et était
certainement prêt à devenir pasteur. C’est en tout cas ce que la
plupart d’entre nous auraient pensé selon le principe de Joseph.
Mais au lieu de donner à Charlie un répit, Dieu l’a emmené encore

116
C hoisir la souffrance

plus loin dans les profondeurs de la souffrance. Après une terrible


série d’événements, Charlie et sa femme ont perdu leur petite fille.
Ne sommes-nous pas tentés de nous dire : « Bon, maintenant
Dieu, Charlie est vraiment prêt pour son “heure de gloire”.
Maintenant qu’il a appris à vivre dans l’ombre et qu’il en est sorti
vivant, il est assurément prêt à faire de “grandes choses” pour toi. Il
mérite au moins ça ! » ? Mais les voies de Dieu ne sont pas les nôtres,
et ses épreuves ne nous préparent pas toujours à la gloire ou même
à une simple stabilité financière. Charlie vit encore aujourd’hui une
vie incroyablement ordinaire si vous définissez son succès par le
nombre d’« objectifs » atteints. Mais je ne connais personne qui a
plus à donner à ses collègues en termes de compassion, d’amour et
de vérité. Dieu a permis que tout concoure au bien de Charlie, et
non seulement le sien, mais aussi celui de tant d’autres personnes
à qui il a pu parler au quotidien. Il aimerait encore devenir pasteur
un jour, mais ce titre ne lui est plus indispensable aujourd’hui. La
souffrance lui a permis de mettre de côté ses ambitions et de ne
désirer obtenir cette place que si Dieu le lui permet.

Les souffrances subies dans


l’anonymat
La persévérance, la fidélité et l’obéissance nous permettront de
rechercher la gloire, l’honneur et l’immortalité devant Dieu. Jésus
a dit que les souffrances subies dans l’anonymat sont en fait les
plus profitables : sinon, les gens risquent de nous féliciter, ce qui
serait alors notre seule récompense.
Gary Thomas 28

« Les souffrances subies dans l’anonymat sont […] les plus


profitables. » Quand je lis cette citation, je pense tout de suite à
Maria29, mère célibataire de cinq enfants qui vit dans une petite
ville rurale du Nicaragua. Elle a été abandonnée par son mari après
que leur plus jeune fils soit né handicapé (la stigmatisation sociale
liée au handicap est encore très forte dans cette région). Donc
Maria a dû non seulement faire face à une pauvreté matérielle, mais
elle a aussi dû faire face aux conséquences de cette stigmatisation.
Certes, elle a du mal à répondre aux besoins basiques de sa famille.

117
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

Pourtant, elle fait de son mieux pour s’occuper d’elle-même et de


ses enfants, et ce, presque toujours avec le sourire. C’est une femme
compétente et pleine d’énergie. Elle a su utiliser les leçons apprises
à travers sa propre souffrance pour enseigner à de nombreuses
autres familles la vérité concernant les enfants handicapés : ces
enfants sont tout autant aimés de Dieu et devraient tout autant
être chéris par leur famille et leur communauté.
Maria vit dans un quartier où il n’y a ni voiture, ni télé, ni
Internet : elle souffre donc dans l’anonymat. D’ailleurs, si je n’avais
rien écrit à son sujet, je crois que personne n’aurait entendu son
histoire. Mais même si elle avait accès aux réseaux sociaux, cela
n’aurait fait aucune différence pour Maria, car cela ne l’intéresse
pas. Elle n’essaie pas de profiter de sa « triste histoire » pour publier
ses mémoires ou créer une fondation.
Elle ne se bat pas pour être invitée sur les plateaux télé. Je ne
pense même pas qu’elle ait souhaité qu’on publie un article sur
elle dans le journal local. Au contraire, elle pense rarement à elle-
même et à son histoire. Discrètement, elle a simplement permis aux
autres de profiter des leçons qu’elle a apprises à travers sa propre
souffrance. Elle a beaucoup à donner parce qu’elle a souffert et elle
le fait sans compter.
Les souffrances subies dans l’anonymat sont vraiment les plus
profitables à la lumière de l’éternité. Tout comme Jésus nous a
appris à servir et à prier en privé, de la même manière « [notre] Père,
qui voit dans le secret, [nous] le rendra » quand nous souffrons dans
l’anonymat (Matthieu 6 : 18). Cette espérance transforme une vie !
Elle est si révolutionnaire que nous la savourerons durant tout un
chapitre. En attendant, juste pour vous mettre en appétit, prenez
une minute pour méditer sur cette vérité : toutes les souffrances
de cette vie – si petites ou accablantes soient-elles – sont incompa-
rables face ce qui nous attend : « Nos légères difficultés du moment
présent produisent pour nous, au-delà de toute mesure, un poids
éternel de gloire. Ainsi nous regardons non pas à ce qui est visible,
mais à ce qui est invisible, car les réalités visibles sont passagères
et les invisibles sont éternelles » (2 Corinthiens 4 : 17-18). En
bref, aucune souffrance terrestre ne peut faire ne serait-ce qu’une

118
C hoisir la souffrance

toute petite ombre à la gloire qui va être révélée en nous (Romains


8 : 18). Amen ?
Sommes-nous prêts à cesser de « résister aux aiguillons » et à
accepter les inévitables souffrances de la vie ? Pouvons-nous cesser
d’espérer dans le principe de Joseph et nous estimer heureux de
partager les souffrances du Christ (bien que les nôtres soient
difficilement comparables) ? L’humilité prend naissance à partir
du moment où nous considérons nos souffrances comme des
occasions d’avoir plus à donner plutôt que de recevoir. Lorsque
nous laissons place à ce genre d’humilité – celle que le Christ nous
a montrée –, nous commençons à accepter l’obscurité.

119
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

P our réfléc hir ensemble …


1. Comment définiriez-vous la souffrance liée à notre lutte pour
accepter l’obscurité ?

2. Quel aspect de la souffrance trouvez-vous le plus difficile à


gérer ? Avoir ce que vous ne voulez pas, vouloir ce que vous
n’avez pas ou vouloir être ce que vous n’êtes pas ?

3. Comment vos souffrances passées ou présentes ont-elles


changé la vision que vous avez de vous-même ? Et celle
de Dieu ? En quoi cela a-t-il changé vos priorités ou vos
objectifs ?

4. Souffrir nous rend capable de donner plus aux autres. En


quoi Jésus a-t-il été un exemple de souffrance pour nous ?
Qu’a-t-il pu nous donner à travers sa souffrance ?

5. En quoi notre souffrance – si légère soit-elle – nous équipe-


t-elle pour choisir l’obscurité ?

6. Qu’est-ce que le « principe de Joseph » et en quoi est-il


dangereux ?

7. Si la souffrance ne signifie pas forcément que nous sommes


en train d’être formés pour un rôle plus important, quel bien
cela peut-il quand même nous apporter ? Quel bénéfice Dieu
pourrait-il tirer de nos souffrances ? En quoi est-ce aussi un
bénéfice pour les autres ? Et pour nous-mêmes ?

8. Pourquoi les « souffrances subies dans l’anonymat » sont-elles


les plus profitables ?

9. Quelle est notre espérance ultime au milieu de notre souf-


france cachée ?

120
Chapitre huit

CHOISIR
LE MYSTÈRE
Puisqu’à travers cette sagesse le monde n’a pas connu Dieu
en voyant sa sagesse, il a plu à Dieu de sauver les croyants à
travers la folie de la prédication. […] Or nous, nous prêchons
un Messie crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les
non-Juifs, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour
ceux qui sont appelés, qu’ils soient juifs ou non. En effet, la
folie de Dieu est plus sage que les hommes et la faiblesse de
Dieu est plus forte que les hommes.
1 C orinthiens 1 : 21, 23-25

La question n’est pas de savoir si nous passerons ou pas


pour des fous – cela est déjà acquis d’avance –, mais quand
et par qui nous le serons. Il vaut mieux passer pour un fou
aujourd’hui aux yeux des gens qui nous entourent – même
de certains chrétiens – que de passer éternellement pour un
fou aux yeux du grand Juge, celui dont le jugement est le seul
qui compte véritablement.
R andy A lcorn 30

Cécile31 a donné sa vie au Seigneur il y a de cela cinq ans, à


peu près au moment où elle lançait sa petite affaire. Elle a investi
ce qu’elle pouvait dans cette entreprise en tant qu’épouse et jeune

121
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

mère de famille. Même si elle ne l’aurait jamais admis à l’époque,


son métier lui donnait un but et une identité que le statut de
mère au foyer ne lui procurait pas. Elle travaillait dès que son mari
rentrait à la maison : ainsi, ils pouvaient se relayer pour s’occuper
de leur fille en bas âge sans avoir à la déposer à la crèche. Cécile
recevait de nombreux encouragements à persévérer dans son travail
de la part de ses clients et de ses amis. Mais alors que son entreprise
prospérait, certaines relations clés se détérioraient, en particulier
son mariage. Quand son mari Éric a changé d’emploi et commencé
à travailler plus, Cécile lui en voulut inconsciemment de penser à
sa propre réussite professionnelle avant la sienne. Le couple n’avait
plus besoin des revenus générés par son activité, mais il était hors
de question pour elle d’arrêter.
Elle estimait que ses affaires marchaient bien et elle aimait
son travail. Petit à petit, les disputes et les journées de silence se
sont multipliées et sont devenues plus intenses. Après avoir vécu
cela pendant des mois, elle a fini par comprendre qu’elle devait
faire un choix : renoncer à son entreprise ou briser son mariage.
Elle savait ce qu’on attendait d’elle, ce qui serait perçu comme
parfaitement normal. Elle savait ce que la plupart des femmes
jugeraient acceptable.
Un des choix lui assurerait l’approbation des autres, mais
risquerait sûrement de détruire son mariage ; l’autre choix la ferait
passer pour une personne faible ou folle, mais pourrait ramener la
paix au sein de son foyer.
Trois mois plus tard, Cécile s’est retrouvée dans un chalet de
montagne en compagnie de la mère, de la sœur et de la grand-mère
d’Éric. Sa belle-sœur lui a alors demandé :
— Que se passe-t-il entre Éric et toi ? On dirait qu’il y a des
choses qui changent entre vous deux, dans le bon sens.
Cécile, surprise qu’elles l’aient remarqué, a alors confié aux
trois femmes qu’elle avait décidé d’interrompre son activité – aussi
longtemps que nécessaire – pour se concentrer sur son mari, le
servir et améliorer leur relation. Habituellement très douce, la
grand-mère a littéralement sauté au plafond en hurlant :

122
C hoisir le mystère

— Servir Éric ? Les femmes ne sont pas faites pour servir les
hommes !
La tension dans la pièce est soudainement montée en flèche.
Ces trois femmes, plus que n’importe qui d’autre, auraient dû être
ravies que Cécile abandonne ses ambitions personnelles pour servir
son mari de manière si désintéressée. Après tout, il était le petit-fils,
le fils et le frère de ces femmes. Elles voyaient bien les avantages
du choix de Cécile. Malgré cela, elles ne comprenaient pas qu’une
personne puisse faire un tel choix. Cette décision n’avait aucun
sens à leurs yeux et ce mystère les exaspérait.
La vie chrétienne nous mène souvent dans des directions oppo-
sées à ce que le monde attend de nous. 1 Corinthiens 4 : 10 affirme
que « nous sommes fous à cause du Christ ». Si le fait d’apprendre
à choisir l’obscurité fait partie de notre dévouement au Christ,
alors le monde risque de nous prendre pour des fous lorsque nous
deviendrons rien à la lumière de notre Dieu qui est tout.

Notre exemple mystérieux


Les gens ne comprenaient pas Jésus.
Vous diriez sans doute qu’il entretenait volontairement ce mys-
tère. Il parlait en paraboles, se retirait dans des contrées sauvages
et avertissait souvent ceux qui connaissaient sa véritable identité de
ne rien révéler à ce sujet. Mais il y a beaucoup d’autres éléments de
sa vie et de son ministère qui déconcertaient complètement ceux
qui l’observaient. Comme nous en avons parlé dans le chapitre
six, son attitude de roi serviteur était scandaleuse. Illogique. De
la pure folie.
Personne ne s’attendait à ce que la vie de Dieu-devenu-homme
soit si humble, si ordinaire. Les pharisiens imaginaient quelque
chose de plus tape-à-l’œil, de plus éminent, et s’attendaient à
recevoir plus de preuves de divinité. Ils sous-estimaient systémati-
quement son autorité. Ils se moquaient de lui lorsqu’il buvait du
vin et mangeait avec les pécheurs. Ils se permettaient de le juger
lorsqu’il guérissait le jour du sabbat et ne croyaient pas qu’il pou-
vait pardonner les péchés. Même ses propres disciples attendaient

123
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

du Christ un peu plus d’ambition politique et un peu moins


d’humiliation et de mort (cf. Luc 18 : 34 ; 19 : 11). Ils se disaient
qu’une révolution était inévitable pour que Jésus puisse devenir
roi. Souvenez-vous que Pierre cherchait encore à se battre, même
au jardin de Gethsémané. Imaginez un peu sa confusion quand
Jésus lui a ordonné de ranger son épée et qu’il a ensuite guéri son
« ennemi ».
Que ce soit intentionnellement ou à cause de l’image que les
gens avaient de lui, Jésus était l’incarnation même du mystère.
C’est comme ça ! Et cela soulève une question évidente : si nous
ressemblons réellement à notre Sauveur, pourquoi nous atten-
dons-nous à ce que le monde nous comprenne mieux que lui ?
Pourquoi un disciple dévoué à Jésus pourrait-il être à l’aise au sein
d’un système fermement résolu à promouvoir l’égocentrisme ?
Rappelez-vous les paroles de notre Seigneur :

Si vous étiez du monde, le monde vous aimerait car vous seriez à


lui. Vous n’êtes pas du monde, mais je vous ai choisis du milieu
du monde ; c’est pour cela que le monde vous déteste. Souvenez-
vous de la parole que je vous ai dite : « Le serviteur n’est pas
plus grand que son seigneur ». S’ils m’ont persécuté, ils vous
persécuteront aussi.
Jean 15 : 19-20

Si nous voulons accepter l’obscurité et prendre exemple sur


la vie de notre humble roi, nous devrons aussi choisir le mystère
qui caractérise Jésus. Mais ne vous enthousiasmez pas trop vite.
Je ne parle pas de développer un charme mystérieux et suave à la
George Clooney. Non, je parle plutôt d’une forme de mystère à
l’état brut, parfois perçu comme offensif et rarement populaire
auprès du grand public. Pour être franc, Jésus nous explique que
le monde nous détestera, ce qui soulève une autre question : si
notre mode de vie actuel ne provoque aucune désapprobation de la
part du monde, qu’est-ce que cela dit de notre engagement envers
l’Évangile ?

124
C hoisir le mystère

Digne de l’Évangile
Si nous voulons nous proclamer citoyens du ciel, la Bible nous
rappelle que nous devons nous conduire « d’une manière digne de
l’Évangile du Christ » (Philippiens 1 : 27).
Qu’est-ce que l’Évangile ? C’est la bonne nouvelle. C’est la
meilleure des nouvelles. C’est la nouvelle qui, une fois entendue,
devrait infiltrer chaque cellule de notre être et influencer toutes
nos décisions. C’est la nouvelle qui répond à toutes nos attentes
et qui satisfait nos plus profonds désirs. C’est la nouvelle qui nous
permet de traverser la persécution dans la paix, de garder le cap
malgré les tempêtes, de vivre sans être connus du monde mais
intimement connus du Père. L’Évangile, c’est la nouvelle qui nous
rend capable de passer pour un fou aujourd’hui à cause de ce qui
nous attend dans l’éternité. Qu’est-ce que l’Évangile ?

En effet, Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à la


possession du salut par notre Seigneur Jésus-Christ, qui est
mort pour nous afin que, soit que nous veillions, soit que nous
dormions, nous vivions ensemble avec lui.
1 Thessaloniciens 5 : 9-10

Voilà l’Évangile. Marcher « d’une manière digne » signifie que


ma vie devrait avoir du sens à la lumière de l’Évangile. Non pas à
la lumière du monde, mais à celle de l’Évangile. Est-ce le cas ? Que
pèse ma vie face à l’incroyable puissance et à l’immense grâce en
lesquelles je dis croire ? La balance s’équilibrerait-elle ou alors suis-
je disproportionnellement égocentrique ? Quel poids ont le temps,
l’énergie et la passion que je consacre à mes propres intérêts face à
l’intensité de ma foi, mon obéissance et mon amour pour Dieu et
pour les autres ? Ma vie est-elle mystérieuse ? Ou est-ce que je vis,
est-ce que j’aime, est-ce que je convoite comme le reste du monde ?
Quand je pense à des vies menées « d’une manière digne de
l’Évangile », quelques exemples me viennent immédiatement en
tête. Ces gens savent ce que signifie accepter l’obscurité en choi-
sissant de vivre mystérieusement. Et par conséquent, ils ont rendu
le monde perplexe.

125
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

Glen Coffee
Pendant une bonne partie de sa vie, Glen ne vivait que pour
le football américain. Comme des centaines de milliers de jeunes
hommes, il rêvait de devenir professionnel. Il avait du talent et les
choses se présentaient plutôt bien pour lui. Après une magnifique
saison lors de sa première année pour l’équipe de l’université de
l’Alabama, Glen a décidé d’abandonner son cursus universitaire
pour participer en 2009 aux sélections de la ligue nationale de
football américain. Vous pensez probablement que l’excitation était
à son comble, que c’était la chance de sa vie. Mais ce rêve n’avait
plus autant de saveur.
Deux ans avant sa sélection, Glen Coffee avait donné sa vie
au Christ, une vie qui a été radicalement transformée. Le football
n’avait plus autant d’importance. Il ne jouait plus pour lui-même.
Il jouait pour Dieu.
Quand j’étais sur le terrain, j’avais vraiment l’impression que
si un autre joueur essayait de me tacler, il tentait en fait de
m’éloigner de ma mission. Car je savais que plus j’avais l’attention
des médias, plus je pouvais la diriger vers Dieu. C’est pour cela
que ce fut pour moi une très bonne saison. Cependant, même
après avoir gagné cette saison, je savais au fond de moi que le
football n’était pas l’essentiel.

Il était toujours hanté par ces sentiments quand il s’est pré-


senté pour les sélections. Au cours de sa première saison dans une
équipe professionnelle, il a essayé de faire taire sa conscience qui le
tourmentait en profitant des avantages financiers de son nouveau
travail. Mais lors de la saison suivante, au camp d’entraînement,
il a dû faire un choix :
Je faisais ce que le monde attendait de moi. Ce que ma mère
attendait de moi. Ce que ma grand-mère attendait de moi. La
seule chose que je savais faire, c’était jouer au football […] alors
l’idée de m’en éloigner était effrayante […] J’ai donc essayé de
rationaliser […] mais mon cœur n’y était plus et c’était dur. Très
dur. Parce que lorsque vous n’écoutez pas la voix de Dieu et que
vous faites ce que le monde attend de vous, vous n’atteignez
jamais vraiment votre but. Vous luttez en permanence. C’est

126
C hoisir le mystère

comme être au milieu de l’océan et se battre pour garder la tête


hors de l’eau […] Quand vous vous battez contre Dieu alors que
vous faites partie du royaume, vous finissez forcément par perdre
cette bataille. Et ça va vous épuiser intérieurement. Ça va vous
épuiser physiquement et mentalement. J’ai fini par en arriver à
un point où je ne pouvais plus le supporter32.

Un jour, avant l’entraînement, Glen s’est finalement trouvé


devant un choix : il savait qu’il devait laisser tomber son rêve
et suivre Dieu, quel que soit l’endroit où cela le mènerait. Il a
enlevé ses crampons (ce qu’il décrit comme « briser ses chaînes »)
et a pris sa retraite après une seule saison chez les professionnels.
Imaginez un peu la réaction des médias ! Certains ont cru qu’il
essayait de dissimuler un contrôle positif au dopage. D’autres
se sont dit qu’il était simplement fou ou qu’il avait craqué. La
possibilité que quelqu’un abandonne le rêve d’une vie parce
qu’il sentait que Dieu voulait qu’il se consacre à une chose plus
ordinaire, c’était tout simplement de la folie. Voici la question
que tous se posaient : pourquoi quelqu’un voudrait-il prendre
un autre chemin quand il peut gagner des millions en tant que
joueur professionnel ?
Les gens me posent toujours cette question et […] leur principale
raison, leur seule raison de me demander ça, c’est l’argent,
explique Glen. Ça me rend triste, vraiment. Si vous ne vous
focalisez que sur l’argent, vous allez finir par être cruellement
déçus. Beaucoup de gens courent après l’argent. Et quand ils
l’obtiennent, ils se demandent : « Bon, et ensuite ? Il doit bien y
avoir plus que ça dans la vie33 ».

Glen ne sait pas exactement ce que Dieu va faire dans sa vie à


présent. Mais il est sûr d’une chose : cette fois-ci, il n’a en tête que
le plan de Dieu pour lui : « Maintenant, je ne me bats plus pour
un match. Je me bats pour les âmes ». L’excitation du succès et le
plaisir qui l’accompagne sont bien pâles en comparaison d’une vie
menée « d’une manière digne de l’Évangile34 ».

127
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

Rose Mapendo
Rose, une Tutsie congolaise, a été victime de violences terribles
pendant le génocide qui s’est déroulé à la fin du vingtième siècle
en République Démocratique du Congo. Après que son mari ait
été torturé et exécuté, Rose a été déportée, avec neuf de ses dix
enfants vers un camp de la mort. Elle y a passé presque une année
et demie à souffrir dans des conditions inimaginables. Les abus.
La famine. Trente-deux femmes et enfants dans une seule cellule,
sans toilette. Rose s’est alors battue avec Dieu. Pourquoi l’avait-il
faite tutsie ? Pourquoi l’avait-il faite femme ? Pourquoi avait-il
permis qu’elle tombe enceinte juste avant ce cauchemar ? Elle
était remplie de haine envers les quatre gardiens de sa cellule (qui
pourrait lui en vouloir de les mépriser ?). Mais pendant tout ce
temps passé dans le camp de la mort, Rose a fini par être en paix
avec la souveraineté de Dieu. Elle a même choisi de pardonner à
ces quatre hommes qui la surveillaient et la maltraitaient, elle et
ses compagnons de cellule.
Le jour de la naissance, Rose accouche dans le noir, sur le sol en
béton répugnant de la cellule. Son seul instrument : un bout de bois
qui servira à couper les cordons ombilicaux des jumeaux qu’elle a
mis au monde. Et comme si le pardon n’était pas suffisant – c’est
une chose inimaginable aux yeux du monde – elle a choisi le nom
de deux de ses gardiens pour ses nouveau-nés. Elle voulait leur faire
comprendre qu’elle n’était pas leur ennemie. La folie de l’Évangile !

Ed Owens
Ed Owens avait une devise : « Travailler à fond et s’amuser à
fond ». Son but : devenir riche le plus vite possible, puis prendre sa
retraite quelque part, au bord de la mer. À seulement vingt-deux
ans, il avait déjà commencé à réaliser ce rêve. Il était « le courtier
en bourse le plus jeune et le plus brillant » de l’histoire de son
entreprise. À vingt-sept ans, il en était à sa quatrième ou cinquième
Porsche. Il portait un gros manteau de fourrure, des bottes en
peau de tortue (ce qui est illégal), et il arborait une Rolex en or au
poignet. Même si les gens avaient pu croire qu’il était dans le trafic
de drogue plutôt que dans les actions et les obligations, personne

128
C hoisir le mystère

ne pouvait se tromper sur le fait qu’il avait très bien réussi. Mais
Ed était quelqu’un qui ne faisait que prendre. Il prenait tout ce
qu’il pouvait au sein de ses relations. Il prenait l’argent, il prenait
le temps, et il gardait pour lui-même tous ses talents.
Puis, un jour, Ed a rencontré Jésus. Sa réussite a perdu de son
éclat. À travers les années, Dieu a poussé Ed à devenir quelqu’un
qui donne, qui donne généreusement. Sa société de gestion de
patrimoine a continué à se développer, mais Ed et sa femme ont
commencé à vivre plus simplement. Plutôt que d’accumuler beau-
coup d’argent pour lui et sa famille, il a décidé de plafonner son
salaire, de donner une bonne partie de ses économies, de réduire
la taille de sa maison et de vendre ses belles voitures. Puis il s’est
consacré davantage à l’aide matérielle et spirituelle qu’il pouvait
apporter aux autres. Certains diraient qu’Ed avait assez donné.
D’autres affirmeraient même qu’il avait déjà trop donné et que
sa générosité met en péril son indépendance matérielle. Mais Ed
est persuadé d’une chose et l’Évangile est clair sur le sujet : il vaut
mieux accumuler un trésor dans le ciel plutôt que de gaspiller son
argent dans des illusions éphémères35.
Ça, c’est mystérieux. Je ne crois pas que Glen, Rose, Ed ou d’in-
nombrables autres personnes accepteraient de sacrifier aujourd’hui
si leur espérance n’était pas ancrée dans autre chose que cette vie.
Ils n’auraient pas accepté l’obscurité s’ils n’étaient pas certains que
vivre « d’une manière digne de l’Évangile » en valait le coup. Ils
ne choisiraient pas l’obscurité si leurs décisions devaient toujours
avoir du sens pour leur entourage. La volonté de Dieu pour eux
les a menés sur un chemin qui n’avait aucun sens pour les autres.
Accepter l’obscurité voulait dire accepter le mystère pour la gloire
de Dieu.
Et nous alors ? Vivons-nous mystérieusement ? Nos vies sont-
elles marquées par le service, le sacrifice, l’amour des autres,
l’abandon de soi, la dépendance de Dieu ou une réelle passion
pour le salut des âmes ? Ou sommes-nous encore accaparés par
les choses de ce monde ? Un super emploi ou une belle voiture ?
Un compte d’épargne bien rempli ? De bonnes études ou une
quelconque action humanitaire ? Peut-être même des choses

129
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

nobles que nous faisons pour les mauvaises raisons ? Y a-t-il des
décisions dans notre vie qui semblent mystérieuses pour ceux qui
nous entourent ? Si ce n’est pas le cas, il nous faut nous demander
si nous avons vraiment choisi les voies du Seigneur, ou si nous
imitons celles du monde.
J’ai été profondément attristé par les incohérences de ma propre
vie. Avec le temps, j’ai retrouvé une passion renouvelée dans le
combat contre mon péché, et un désir de prendre ma croix et
de suivre Jésus. Je veux que ma vie témoigne de la puissance de
l’Évangile. Je veux aimer Dieu plus que tout, y compris plus que
l’admiration des gens. Je veux vivre ma vie d’une telle manière
qu’elle n’aurait aucun sens sans la réalité de la résurrection.
Et vous ?
Par la grâce de Dieu, nous avons le privilège de comparer nos
vies à l’Évangile. Nous pouvons nous assurer que nous marchons
d’une manière digne. Il ne s’agit pas de gagner notre salut par des
mesures radicales ou d’essayer de soutirer des faveurs particulières
à Dieu. Nous ne pouvons pas laisser la peur, le devoir ou la culpa-
bilité nous diriger. Ce n’est pas ainsi que nous pourrons marcher
d’une manière digne de l’Évangile. Vivre selon l’Évangile – une
vie vraiment mystérieuse – devrait être une réponse naturelle et
joyeuse à l’amour fou que Dieu nous offre. Comme l’a enseigné
Jésus, ceux qui comprennent combien ils ont été pardonnés ne
peuvent s’empêcher de vivre à fond pour leur rédempteur (cf. Luc
7 : 41-47). Grâce à l’amour immense dont il nous a aimés, nous
pouvons suivre avec joie l’exemple de notre Sauveur qui a choisi
le mystère, celui qui caractérise des vies dirigées par l’Évangile.

Un échange conséquent
Si vous avez choisi de lire ce livre, c’est que vous connaissez
probablement déjà bien l’Évangile. Alors pourquoi passer autant
de temps à en parler et expliquer ce que signifie une vie digne
de l’Évangile ? C’est parce que la seule manière de former notre
cœur à accepter l’obscurité est d’avoir une approche pleine de
respect envers l’Évangile. Ce choix de l’obscurité n’est pas sim-

130
C hoisir le mystère

plement une énième « médaille chrétienne » que vous pourrez


accrocher sur votre costume du dimanche après avoir consacré
un certain nombre d’heures à enseigner à l’école du dimanche ou
à distribuer de la nourriture au sein d’une association caritative.
Non, c’est bien plus important. Vivre en acceptant l’humilité du
cœur signifie qu’on exigera de nous un échange conséquent. Un
échange permanent. Un échange inconfortable et contre-nature.
Et quand nous ferons cet échange, on nous prendra tous pour
des fous.
D’abord, faire un échange signifie clairement que vous aban-
donnez une chose et que vous en recevez une autre à la place. C’est
bien de cela dont il s’agit ici. Lorsque vous choisissez le mystère
de l’obscurité, vous abandonnez un ensemble de normes pour
en adopter d’autres. Alors que vous parcourez les listes suivantes,
prenez le temps de réfléchir à chacune de ces perspectives. Dans
un premier temps, vous acquiescerez probablement en lisant ce qui
suit, mais mesurez bien les conséquences de cet échange. Essayez
de visualiser à quel point votre vie paraîtra folle aux yeux de votre
entourage si vous décidiez de vous engager corps et âme dans cette
direction.

Choisir le mystère peut vouloir dire


abandonner…
La sécurité financière. C’est simple : si vous choisissez le
chemin du succès selon le monde, vous gagnerez probablement
plus d’argent. Vous pourrez peut-être même vous asseoir et vous
dire : « Tu as beaucoup de biens en réserve pour de nombreuses
années ; repose-toi, mange, bois et réjouis-toi » (Luc 12 : 19). Bien
sûr, vous entendrez peut-être aussi Dieu vous dire un jour : « Je
t’avais averti ! » (cf. Luc 12 : 20). Mais entre-temps, vous auriez
eu le temps d’engranger beaucoup d’acclamations. Se constituer
une belle épargne n’a rien de mystérieux. D’ailleurs, cela est non
seulement acceptable, mais même tout à fait louable du point de
vue du monde. De ce fait, la sécurité financière est très rarement
le résultat d’une vie digne de l’Évangile.

131
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

L’influence. Ceux qui désirent se mettre en avant ne gagnent


peut-être pas beaucoup d’amis, mais – soyons honnêtes – ils
se retrouvent tout de même au premier rang. Que la majorité
l’admette ou non, une bonne position est synonyme de pouvoir.
Nous ressentons une certaine satisfaction lorsque notre volonté
prend le dessus sur celle des autres.
L’admiration. Quel plaisir d’être reconnu, applaudi et respecté !
Avez-vous déjà ressenti l’excitation de voir les fruits de votre dur
labeur ? Un titre ou un prix ? Une promotion ? L’inauguration d’un
bâtiment ou un tonnerre d’applaudissements ? Si c’est le cas, vous
savez que les éloges et le désir d’admiration peuvent être addictifs.
Il ne faut pas grand-chose pour devenir un drogué. Qui voudrait
alors essayer de s’en passer ?
Un rêve. Jésus avait pour habitude d’appeler ceux qu’ils invi-
taient à être ses disciples à renoncer à leurs rêves. Il a demandé
à beaucoup d’entre eux de laisser leurs rêves de carrière, de vie
confortable ou même des rêves dans le domaine relationnel. Tous
ses disciples ne sont pas appelés à tout abandonner pour le suivre.
Mais il y a de fortes chances qu’il vous demande de renoncer à une
ou plusieurs choses dont vous rêviez ou auxquelles vous restiez
attaché.
Le temps libre. Vous faites peut-être partie de ceux qui ont
l’habitude d’en avoir, qui peuvent se divertir à volonté. Dans ce
cas, l’idée de renoncer à votre temps risque de vous paralyser. Cela
fait probablement des années que vous travaillez sans relâche
dans l’espoir d’avoir une belle retraite, de longs week-ends et des
vacances prolongées. Seriez-vous capable d’abandonner l’espoir
(ou la réalité) d’un temps libre conséquent ?
Le confort. Qui n’aime pas le confort ? Nous travaillons
dur pour nous protéger de toute souffrance aussi bien physique
qu’émotionnelle, pour la simple et bonne raison que c’est désa-
gréable ! Pourtant il nous sera difficile de « prendre notre croix »
pour suivre Jésus si nous voulons éviter la douleur causée par cette
grosse poutre sur notre épaule.

132
C hoisir le mystère

Les tâches importantes. Récemment, j’ai discuté avec un gars


paniqué à cause d’un problème sur son lieu de travail qu’il était le
seul à pouvoir régler. Bien qu’il se plaignait d’avoir dû retourner
au travail pendant son jour de congé, je pouvais constater qu’il
appréciait sans aucun doute de se sentir essentiel. Admettez-le :
c’est agréable d’avoir quelque chose d’« important » à accomplir.
Vous rappelez-vous de la citation affichée sur le frigo de Liliane
au chapitre deux ?

Vous portez de nombreuses casquettes. Et même si je comprends


que le poids de toutes ces casquettes peut vous peser, soyez au
moins heureuse d’avoir quelque chose d’important à accomplir.

Le fait d'être connu. C’est bien le cœur de la question, non ?


C’est comme si nous avions tous un ticket de loterie. Il existe
une petite chance que nous devenions l’une de ces personnes qui
changeront le monde. Alors il est hors de question de laisser tomber
avant même d’avoir tenté sa chance. Si nous pouvons laisser notre
empreinte quelque part – n’importe où – avant de mourir, alors
soyez certain que nous ne laisserons pas passer l’occasion. Nous ne
voulons pas demeurer inconnus. Nous voulons l’approbation du
monde. Nous voulons rester gravés dans les mémoires.
Les enjeux sont énormes, vous ne trouvez pas ? Mais n’oublions
pas le revers de la médaille. Nous devrons peut-être renoncer à
l’autosuffisance, au confort ou à la célébrité. Mais choisir le mystère
d’une vie motivée par l’Évangile nous rend vraiment gagnant sur
le long terme.

Choisir le mystère veut dire gagner…


La dépendance à Dieu. Dans une culture où la dépendance
est un signe de faiblesse, la comparer à un gain peut paraître
étrange. Mais réfléchissons un peu : que savons-nous de Dieu ?
Tout d’abord, il dispose de toutes les richesses de l’univers – maté-
rielles, relationnelles et spirituelles. Deuxièmement, il aime donner
de bonnes choses à ses enfants. Troisièmement, il connaît très
exactement nos besoins et il s’est engagé à y pourvoir, ni plus ni

133
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

moins. N’est-ce pas infiniment mieux de dépendre de Dieu et


de s’attendre à lui, plutôt que de compter sur notre capacité très
limitée à prendre soin de nous-mêmes ?
L’argent est une question centrale lorsqu’il s’agit de choisir une
vie de mystère fondée sur l’Évangile. C’est logique si on y réfléchit.
L’argent – et tout ce que ça implique – est le faux dieu le plus
adoré au monde. La manière dont nous percevons, dépensons,
donnons et économisons les ressources de Dieu devrait donc être
radicalement différente des habitudes du monde. Pour être franc,
la manière dont nous gérons l’argent de Dieu montre clairement si
nous marchons ou non d’une manière digne de l’Évangile. Grâce
à l’argent, nous pouvons paraître incroyablement mystérieux aux
yeux des autres. Si vous voulez surprendre le monde, donnez
vos richesses. Vous voulez qu’il soit complètement stupéfait ?
Commencez à ne plus chercher à gagner autant d’argent. Vous
pourrez être sûr de passer pour un fou !
La puissance spirituelle. Bien qu’une bonne position soit
synonyme de pouvoir dans ce monde, ceux qui vivent selon
l’Évangile ont un avantage surnaturel. À travers la mort de Jésus-
Christ, nous avons le pouvoir sur le péché et la mort (cf. Romains
6 : 5-11), et l’autorité sur les puissances spirituelles par son nom
(cf. Actes 3 : 6 ; 4 : 10). Ce n’est pas avec ça que nous aurons un
garde du corps privé ou des sièges VIP pour un match de foot.
Mais peu importe ! D’un point de vue spirituel et éternel, nous
sommes nettement privilégiés !
L’approbation de Dieu. « Dieu s’oppose aux orgueilleux,
mais il fait grâce aux humbles » (Jacques 4 : 6 ; 1 Pierre 5 : 5).
Bien que la perspective de vivre sans les louanges du monde soit
difficile à accepter, l’idée de renoncer à l’approbation divine est
absolument terrifiante. Un assentiment de Dieu est bien plus
important et gratifiant que n’importe quel titre ou trophée
que le monde pourrait nous offrir. Et ce que Dieu approuve,
c’est notre obéissance. Nous ne gagnerons pas notre salut par
une vie mystérieuse – Jésus-Christ a obtenu le salut que nous
recevons par la foi. Mais lorsque nous aimons le Christ, nous lui
obéissons (Jean 15 : 14, 23), et quand nous lui obéissons, il nous

134
C hoisir le mystère

récompense. Voici juste un exemple : lorsque, par obéissance


au Christ, nous abandonnons tout espoir d’être admiré par les
hommes pour choisir l’humilité, il nous bénit en nous accordant
une paix profonde.
Une assurance. Je choisirai toujours une valeur sûre plutôt
qu’un rêve (qui peut se réaliser ou non). Vérité n° 1 : Nous savons
que cette vie n’est pas tout. Vérité n° 2 : Ceux qui choisissent
de vivre une vie mystérieuse maintenant ont l’assurance d’une
récompense éternelle. Jésus a affirmé : « Ainsi les derniers seront les
premiers et les premiers seront les derniers » (Matthieu 20 : 16).
Oui, nous renonçons aujourd’hui à notre propre vision d’une vie
de rêve. Mais, en échange, nous gagnons une valeur sûre – une
valeur qui ne pourra jamais s’effondrer en bourse ou partir en
fumée.
Le temps bien utilisé. C’est vrai, nous serons peut-être obligés
d’abandonner l’espoir de plus de temps libre. Mais lorsque nous
choisissons l’obscurité, nous nous rendons généralement compte
que nous avons tout le temps nécessaire pour nous consacrer à
ce qui est vraiment important. Plus de golf ? Peut-être pas. Mais
si nous passons moins de temps au travail à lutter pour obtenir
une promotion, nous aurons plus de temps pour profiter de ce
que Dieu nous a déjà donné. Le roi Salomon écrivait que l’excès
de travail aussi bien que l’excès de plaisir n’étaient que « vanité et
poursuite du vent » (Ecclésiaste 2 : 10-11, 22-23 – Louis Segond).
Les limites dans notre travail comme dans nos loisirs peuvent donc
être bonnes.
La souffrance. Délaisser le confort pour la souffrance : voilà
un échange qui ne paraît pas non plus très profitable. Mais il
remporte tout de même le prix de l’échange le plus mystérieux.
Pour quelle raison choisirait-on la souffrance au lieu du confort ?
À cause d’une simple vérité : « Or, si nous sommes enfants, nous
sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ,
si toutefois nous souffrons avec lui afin de prendre aussi part à sa
gloire » (Romains 8 : 17 ; cf. 2 Corinthiens 1 : 7 ; 4 : 10). La victoire
sur la mort et notre héritage éternel dépendent de notre participa-

135
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

tion aux souffrances du Christ sur terre, ce qui inclut d’être haïs
et incompris par les hommes.
Les missions du royaume. Nous ne ressentons probablement
aucune urgence en ce qui concerne nos tâches quotidiennes pour
le royaume (comme, par exemple, aimer son conjoint, éduquer
ses enfants, se mettre au service de ses collègues, préparer un
enseignement biblique, développer des relations avec les pauvres
et les marginaux, etc.). Honnêtement, ce n’est sûrement pas avec
ça que vous vous sentirez important. Mais la simplicité du service,
de l’amour et du sacrifice apporte une paix que la multitude de
« tâches importantes » ne peut assurer – un parfait repos de l’âme
accordé à celui qui demeure au centre de la volonté de Dieu pour
sa vie. Devenir l’associé de Dieu pour l’œuvre du royaume rend
nos « tâches importantes » plutôt ridicules, vous ne trouvez pas ?
Le fait d'être connu. Si nous vivons dans le mystère en choi-
sissant l’obscurité, nous deviendrons peut-être des inconnus dans
ce monde. Et nous serons très certainement méprisés par notre
entourage, nos collègues et même nos amis et notre famille. Mais
en échange, nous sommes reconnus par Dieu et aimés par son
peuple. Et pour couronner le tout, nous gagnons l’approbation de
Dieu. Quels que soient les sacrifices que nous faisons dans cette
vie, ils paraîtront bien microscopiques lorsque nous l’entendrons
dire : « C’est bien, bon et fidèle serviteur » et « venez, vous qui êtes
bénis par mon Père, prenez possession du royaume qui vous a été
préparé dès la création du monde ! » (Matthieu 25 : 21, 34).

Un autre avertissement
Bon, voilà pour ce qui est de l’échange. Mais pour tout vous
dire, il y a encore un dernier sacrifice dont je devrais vous parler. Si
vous choisissez une vie mystérieuse digne de l’Évangile du Christ,
vous ne serez peut-être pas le seul à en souffrir.
Les gens que vous aimez pourraient eux aussi souffrir.
Êtes-vous prêt à accepter l’obscurité si cela signifie décevoir,
déranger ou contrarier les autres ? Et si cela signifiait qu’ils doivent

136
C hoisir le mystère

renoncer à une part de leur confort, leurs rêves ou leurs attentes ?


Dans ces conditions, pourriez-vous encore suivre le Christ comme
modèle d’humilité, de service, lui qui ne s’est pas soucié de ce que
les gens pensaient de lui ?
Oswald Chambers le présente ainsi :
Si nous obéissons à Dieu, d’autres en souffriront plus que nous, et
cela nous tourmente. Si nous aimons notre Seigneur, l’obéissance
ne nous coûte pas, elle est un délice, mais elle coûte à ceux qui
ne l’aiment pas. Par notre obéissance à Dieu, nous pouvons
renverser les plans de certaines personnes. Elles nous disent
alors : « C’est cela, être chrétien ? ». Nous pourrions éviter cette
souffrance, mais si nous sommes sur le chemin de l’obéissance,
nous y demeurerons, quoi qu’il nous en coûte36.

Voilà qui change un peu la donne, non ? Et si accepter l’obscu-


rité voulait dire que les membres de votre famille perdront certains
de leurs amis ? Qu’ils devront emménager dans une maison plus
petite ? Conduire des voitures moins belles ? Porter des vêtements
plus anciens ? Réduire la durée ou le budget des vacances ? Les
hommes ou les femmes qui pourvoient aux besoins de leur famille
auront plus de mal à accepter cet aspect de l’échange. Si c’est votre
cas, vous vous demandez peut-être : « Est-ce que choisir l’obscurité
mettra en danger la sécurité de ma famille ? Est-ce que mes enfants
m’en voudront de ne pas leur avoir donné plus ou de ne pas avoir
visé plus haut dans la vie ? Comment réagirait mon conjoint si mes
choix nous obligeaient à changer de style de vie ? ».
Il n’y a pas de réponse simple à ces questions. Mais au bout du
compte, nous devons croire que, si Dieu nous demande de prendre
le chemin de l’obscurité, « il veillera lui-même sur tous ceux qui
auront subi le contrecoup de notre obéissance37 ». Nous ne pouvons
pas savoir quelles leçons Dieu veut enseigner aux autres, mais seu-
lement celles qu’il nous enseigne. La bonne nouvelle, c’est que nous
pouvons être certains que « tout contribue au bien de ceux qui
aiment Dieu, de ceux qui sont appelés conformément à son plan »
(Romains 8 : 28). Il ne dit pas que tout « pourrait contribuer » ou
que tout « contribuera si… ». Non, il dit que tout contribue. Bien
sûr, la manière dont il procède lui appartient, et nous ne serons

137
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

peut-être jamais autorisés à comprendre sa logique. Mais il ne nous


a jamais promis que l’obéissance serait facile.

« Mon fardeau est léger »


Vous souvenez-vous de Cécile ? Paradoxalement, lorsqu’elle se
battait pour garder son entreprise qui l’empêchait de profiter de ce
que Dieu lui avait donné, elle était très souvent stressée. Après des
échanges difficiles avec ses clients ou une dispute avec son mari,
elle criait à Dieu pour qu’il lui donne sa paix.
La paix.
Nous la désirons tous, n’est-ce pas ?
Nous avons tous prié pour que Dieu remplisse nos cœurs de
paix. Nous l’avons supplié pour qu’il ouvre les écluses du ciel et
nous donne un aperçu de ce qui est à venir. Nous avons ardem-
ment désiré le « fardeau léger » qu’il promet. En même temps,
nous nous sommes demandé si nous n’avions pas mal interprété
Matthieu 11 : 29-30, parce que notre fardeau ne nous semblait pas
du tout doux et léger. Se pourrait-il que nous soyons à l’origine
de notre propre stress ? Est-ce que cela pourrait parfois venir de
nos ambitions ? Et si notre orgueil – y compris notre peur de rester
inconnu – nous empêchait de trouver le repos promis par Jésus ?
Est-ce que l’échange dont nous venons de parler en vaudrait alors
la peine ? Est-ce que la promesse de paix surpasserait les tentations
d’orgueil et le désir d’être connu ?
Quand Jésus parlait du royaume de Dieu, il mettait ses audi-
teurs au défi de cesser de rechercher… bon, le plus simple, c’est
de l’écouter :
Jésus dit ensuite à ses disciples :
— C’est pourquoi je vous le dis : ne vous inquiétez pas pour votre
vie […] La vie est plus que la nourriture et le corps plus que le
vêtement […] Qui de vous peut, par ses inquiétudes, ajouter un
instant à la durée de sa vie ? Si donc vous ne pouvez rien faire,
même pour si peu, pourquoi vous inquiétez-vous du reste ? […]
En effet, tout cela, ce sont les membres des autres peuples du
monde qui le recherchent. Votre Père sait que vous en avez besoin.

138
C hoisir le mystère

Recherchez plutôt le royaume de Dieu et [tout] cela vous sera


donné en plus. N’aie pas peur, petit troupeau, car votre Père a
trouvé bon de vous donner le royaume.
Luc 12 : 22-23 ; 25-26 ; 30-32

« Pourquoi vous inquiétez-vous du reste ? » Comme de notre


réputation, par exemple ? Ou de trouver un compagnon ou une
compagne ? Choisir la bonne université ? Se soucier de notre
sécurité financière ou de notre carrière ? Voici l’avantage de choisir
l’obscurité ! Nous pouvons enfin commencer à vivre conformément
aux paroles de Jésus : Dieu nous accordera tout ce dont nous avons
besoin. Nous n’avons donc pas besoin de nous en préoccuper nous-
mêmes. Nous pouvons nous efforcer à marcher d’une manière
digne de l’Évangile du Christ au sein de nos situations relativement
modestes. « Ainsi la gloire du nom de notre Seigneur Jésus [-Christ]
sera révélée en [nous] et la [nôtre] en lui » (2 Thessaloniciens 1 : 12).
Finalement, notre dévouement à Jésus se révélera être tout sauf
ridicule – même s’il paraît ridicule aujourd’hui.

139
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

P our réfléc hir ensemble …


1. En quoi la vie et les actions de Jésus-Christ étaient-elles
particulièrement mystérieuses pour ceux qui l’entouraient ?

2. Si nous cherchons à imiter notre Seigneur, en quoi notre vie


devrait-elle aussi paraître un peu folle aux yeux du monde ?

3. Selon Jean 15 : 19-20, pourquoi le monde nous déteste-t-il ?

4. Examinez honnêtement votre vie actuelle. Paraît-elle étrange


pour ceux qui ne connaissent pas Jésus ? Ou êtes-vous bien
caché dans ce monde ?

5. Quel rôle joue l’Évangile lorsque nous sommes poussés à


choisir la voie mystérieuse d’une vie d’obscurité ?

6. Philippiens 1 : 27 nous exhorte à nous conduire « d’une manière


digne de l’Évangile du Christ ». Sur la base de ce que vous avez
appris au sujet du choix de l’obscurité, comment décririez-
vous une vie digne de l’Évangile ?

7. Décrivez l’« échange » qui aura probablement lieu pour ceux


qui choisissent de vivre mystérieusement. Que devraient-ils
abandonner ? Que gagneraient-ils ?

8. Choisir le mystère peut vouloir dire renoncer à des choses


que nous aimons particulièrement. Laquelle des catégo-
ries des pages 131 à 133 serait pour vous la plus difficile à
abandonner ?

9. Choisir le mystère veut aussi dire gagner beaucoup en


retour ! Laquelle des catégories des pages 133 à 136 vous
enthousiasme le plus ?

10. Quelle incidence a notre recherche du succès sur notre


manque de paix ? Selon Luc 12 : 22-32, quel serait l’antidote
à notre stress ?

140
Chapitre neuf

CHOISIR
LES PROJECTEURS
Du reste, ce qu’on demande des administrateurs, c’est qu’ils
soient trouvés fidèles […] car [Dieu] mettra en lumière ce qui
est caché dans les ténèbres et il dévoilera les intentions des
cœurs. Chacun recevra alors de Dieu la louange qui lui revient.
1 C orinthiens 4 : 2, 5

Le culte de la personne basé sur les grandes qualités


personnelles, les capacités exceptionnelles, l’énergie et les
dons de quelqu’un – même s’ils sont de nature spirituelle –
est toujours un culte séculier et il ne trouve pas sa place dans
la communauté chrétienne, il l’empoisonne.
D ietrich B onhoeffer 38

Vous rappelez-vous ce gars de la campagne qui venait de


Nazareth et que nous avons appris à connaître au chapitre trois ?
Vous savez, ce garçon ordinaire qui consacrait ses journées à travail-
ler, manger, dormir, passer du temps avec sa famille et étudier les
Écritures ? Eh bien, après que Jésus ait été baptisé par Jean dans le
Jourdain et soumis à un entraînement spirituel de quarante jours
au milieu du désert, sa vie a pris un tournant assez radical. Il s’est
mis à prêcher, il a demandé à un groupe de pêcheurs prospères de

141
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

tout laisser pour le suivre, il a donné aux invités d’un mariage une
raison de plus de faire la fête. La rumeur a commencé à se répandre
à travers la ville. Jésus a commencé à acquérir de la réputation en
Galilée.
Puis, un samedi à Capernaüm, alors que Jésus enseignait dans
la synagogue, quelqu’un s’est mis à hurler au milieu d’une foule
jusque-là plutôt calme :
— Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous
perdre ? Je sais qui tu es : le Saint de Dieu (Marc 1 : 24).
Imaginez les yeux des spectateurs qui s’écarquillent. Plusieurs
ont dû se retourner pour voir qui provoquait un tel raffut. D’autres
ont sûrement guetté la réaction de Jésus. Une ou deux personnes
ont peut-être fait semblant de n’avoir rien entendu et ont continué
à tripoter les franges de leur vêtement. Comment Jésus allait-il
réagir ?
Jésus a regardé l’homme droit dans les yeux, et a ordonné à
l’esprit mauvais qui était en lui de se taire et de sortir ! Et l’esprit
a obéi.
C’était incroyable ! Personne ne s’attendait à cela.
Un murmure se répandit parmi le public. T’as vu ça ? Jésus
vient tout juste de montrer à ce démon qui est le chef ! Ce gars parle
vraiment avec autorité ! Les gens étaient intrigués et excités par ce
« nouvel enseignement », si différent de ce qu’ils avaient l’habitude
d’entendre. L’effervescence n’a fait qu’augmenter alors que chacun
quittait la synagogue ce jour-là. Devinez ce qui s’est passé ensuite.
Et sa réputation gagna aussitôt toute la région de la Galilée.
Marc 1 : 28

Brusquement, Jésus était poussé sous les projecteurs. Et comme


le montre le reste de l’Évangile, il a accepté de se trouver sous les
projecteurs – pour les bonnes raisons et de la bonne manière.
Quand les gens accomplissent des choses remarquables – même
quand il s’agit du royaume –, ils ne peuvent parfois pas éviter une
certaine renommée. Jésus ne l’a clairement pas recherchée. Elle
est venue à lui et il l’a acceptée comme étant la volonté de Dieu

142
C hoisir les projecteurs

pour sa vie. Puis il a utilisé son statut de « célébrité chrétienne »


pour amener le royaume de Dieu aux perdus, aux désespérés et
aux marginalisés.
Nous venons de passer huit chapitres à essayer de comprendre le
concept de l’obscurité, dans notre attitude et dans notre vie. Mais
que se passe-t-il si nous nous réveillons un jour, éblouis par les
projecteurs braqués sur nous ? Et si Dieu nous donnait, comme il
l’a fait pour Moïse, Joseph, Ruth et David, une position d’influence
ou d’autorité… que ce soit pour quelques semaines ou pour toute
la vie ? Si cela se produit, nous nous retrouverons aussi face à un
choix : utiliserons-nous ces projecteurs pour la gloire de Dieu ou pour
la nôtre ? Permettrons-nous aux projecteurs de nous montrer la voie
ou les laisserons-nous nous aveugler ?
Les projecteurs ne sont pas en eux-mêmes bons ou mauvais.
Mais si nous nous retrouvons au centre de l’attention, nous ferons
sans doute face à de nombreuses tentations. Souvenez-vous : nous
sommes tous relativement inconnus à l’échelle de l’humanité, mais
il y a une petite chance que vous soyez acclamé au cours de cette
vie. Que vous ayez été capitaine d’une équipe sportive ou star de
cinéma, ministre ou élu professeur de l’année, vous comprenez
probablement de quoi je parle. Quand nous commençons à avoir
une certaine influence et que nous n’y sommes pas mentalement
et spirituellement préparés, nous risquons de nous retrouver K.-O.
avant le premier round. Si nous ne sommes pas assez prudents,
nous découvrirons certainement très vite à quel point il est facile
d’être victime du syndrome de Saül.

Le syndrome de Saül
1 Samuel 9 nous raconte l’histoire d’un autre garçon venu d’une
petite ville. Un beau et timide Benjaminite du nom de Saül. Le père
de Saül était connu pour être un homme puissant et courageux.
Mais de toute évidence, la seule chose que Saül avait de plus que
les autres était sa taille. On nous dit qu’il mesurait une tête de
plus que tout le monde (1 Samuel 10 : 23). Au cours d’une série
d’événements rocambolesques, Dieu a choisi ce Juif modeste, de
la plus petite des tribus, pour devenir roi d’Israël.

143
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

Au départ, Saül était l’image même de la timidité (voire de


l’humilité). Vous vous rendez compte ? Le jour où il a été proclamé
roi, on l’a trouvé caché au milieu d’un tas de bagages ! On peut
dire que cette promotion ne l’a pas trop affecté au début. Le len-
demain, il a continué ses activités habituelles, c’est-à-dire s’occuper
des troupeaux et des champs. Mais il n’a pas fallu attendre très
longtemps avant que les projecteurs braqués sur lui ne révèlent
quelques failles spirituelles. Et plutôt que de s’occuper sérieusement
de ses faiblesses, Saül se trouvait des excuses et se cachait derrière
son titre. Finalement, cette gloire l’a consumé : il s’est transformé
en un dirigeant tyrannique qui a fait naufrage spirituellement. Son
avidité l’a amené à ne pas obéir entièrement au commandement
de Dieu. Son orgueil l’a poussé à se faire construire un monument
à sa propre gloire. Les projecteurs ont pris le dessus. Le fait d’être
quelqu’un est devenu plus attrayant pour Saül que sa sanctification,
et c’est ainsi qu’il s’est détourné de Dieu (1 Samuel 15 : 11).
La Bible rapporte que Dieu regretta d’avoir choisi Saül pour
roi. Saül s’est laissé aveugler par les projecteurs au point de ne plus
percevoir ses propres défauts, ce qui a causé sa perte. De ce fait, il
a misérablement échoué. Alors Dieu a repris le trône à Saül ; il lui
a retiré sa position d’autorité et l’a donné à « un homme selon son
cœur » (1  Samuel 13 : 14).
Aucun d’entre nous n’est immunisé contre la tentation des
projecteurs.
J’ai vu des pasteurs, des athlètes, des PDG, des musiciens, des
courtiers en assurances, des mannequins et des stagiaires dévelop-
per le syndrome de Saül. Je me suis moi-même laissé aveugler une
fois ou deux. C’est incroyablement facile de laisser l’admiration des
autres nous rendre insensibles à la laideur de notre cœur sans même
nous en rendre compte. Et si nous ne voulons pas échouer – que ce
soit discrètement ou en étant littéralement démis de nos fonctions
comme l’a été Saül –, nous devons apprendre à choisir l’obscurité
même lorsque tous les regards sont fixés sur nous.
Vous vous dites peut-être que vous n’avez pas besoin de ce cha-
pitre. Peut-être que vous êtes déjà un leader plutôt humble. Mais
laissez-moi vous dire une chose, les amis : nous avons tous besoin

144
C hoisir les projecteurs

de ce genre de rappel. Pourquoi ? Parce que c’est précisément sous


les projecteurs que nous risquons le plus d’ignorer notre propre
orgueil. Le risque de se mentir à soi-même est élevé. Nous raison-
nons ainsi : « Si j’étends ainsi mon réseau, c’est pour de bonnes
raisons. Je veux gagner de l’influence seulement pour amener plus
de gens à Jésus-Christ ».
Êtes-vous sûr d’être prêt à parier là-dessus ?
Jérémie 17 : 9 nous avertit par cette parole : « Le cœur est tor-
tueux plus que tout, et il est incurable. Qui peut le connaître ? ».
C’est tellement vrai ! Les motivations qui nous poussent à recher-
cher la position de leadership sous les projecteurs sont souvent bien
peu honorables. La (plus ou moins) bonne nouvelle se trouve au
verset 10 : « Moi, l’Éternel, j’explore le cœur, j’examine les reins
pour traiter chacun conformément à sa conduite, au fruit de ses
agissements ». De même, 1 Corinthiens 4 : 5 nous rappelle que
Dieu excelle dans l’art de révéler nos motivations secrètes et moins
nobles. C’est une bonne nouvelle si nous voulons laisser Dieu
exposer notre désordre intérieur afin que nous puissions nous en
occuper. C’est une mauvaise nouvelle si nous choisissons d’ignorer
l’horrible vérité jusqu’au jour du jugement !
Quand Dieu retire les échardes de notre chair, ce n’est pas par-
ticulièrement agréable. Mais je crois que nous serions tous d’accord
sur une chose : il vaut bien mieux que Dieu s’occupe de notre
orgueil caché plutôt que de le laisser nous pourrir dans l’ombre.
Alors, que vous pensiez ou non avoir besoin de ce qui suit, admet-
tons au moins que lorsque des projecteurs nous éblouissent, il est
parfois difficile de bien voir. Nous avons donc tous besoin d’un
coup de main afin d’éviter d’être affectés par le syndrome de Saül.
Jésus a expliqué que l’on exigerait plus de ceux qui ont plus
reçu, ce qui comprend aussi « plus » d’influence et d’autorité (Luc
12 : 48). L’enjeu est vraiment important ! Si nous voulons entendre
Dieu nous dire « C’est bien, bon et fidèle serviteur » après notre
passage sous les projecteurs, nous ne pouvons pas nous contenter
d’improviser. Nous devons délibérément (1) nous souvenir de nos
origines, (2) nous souvenir de notre objectif et (3) nous souvenir
de nos limites.

145
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

Souvenez-vous de vos origines


Souvenez-vous que Dieu ne vous flattait pas lorsqu’il vous a
appelé à suivre Jésus-Christ (cf. 1 Corinthiens 1 : 26-29)39. Cela
n’a pas changé le jour où vous avez obtenu une promotion ou que
vous avez enregistré une chanson. Bien sûr, vous avez le droit d’être
enthousiaste pour de tels événements. Mais, aux yeux de Dieu,
votre valeur n’a jamais été et ne sera jamais basée sur vos réussites.
Le fait que vous ayez réussi quelque chose « d’important » ne vous
rend pas plus digne d'être choisi par Dieu. Il ne vous a pas choisi
parce que le monde vous considère, à cause de votre succès, moins
ridicule, impuissant, méprisé ou sans valeur. Vous souvenez-vous
pourquoi ? Le verset 29 nous en rappelle la raison : Dieu choisit les
moins-que-rien de cette terre – comme vous et moi – pour œuvrer
à son royaume, « afin que personne ne puisse faire le fier devant
Dieu ». Ensuite, le verset 31 précise que « celui qui veut éprouver
de la fierté mette sa fierté dans le Seigneur ». Dieu voulait s’assurer
que nos origines nous empêcheraient d’avoir la grosse tête quant à
nos succès présents et futurs.
Dites-le avec moi : Je ne suis pas si important que ça (cf. Galates
6 : 3). Alors, ce n’était pas si difficile que ça à dire, non ?
Nous sommes arrivés sur cette terre sans rien. Nous la quitte-
rons sans rien. Et tout ce que nous possédons entre-temps – nos
affaires, nos relations et notre influence – est un don de Dieu. « En
effet, qui est celui qui te distingue ? Qu’as-tu que tu n’aies pas reçu ?
Et si tu l’as reçu, pourquoi faire le fier comme si tu ne l’avais pas
reçu ? » (1 Corinthiens 4 : 7). En d’autres mots, nous ne sommes
absolument pas différents des autres. Vraiment !
Comprenez-vous ce que je dis ? Est-ce que vous le croyez ?
Nous ne méritons pas de privilèges particuliers, de vie de luxe
ou plus de respect de la part des autres à cause de nos compétences
ou de notre compte en banque. Nous ne pouvons pas justifier
notre snobisme, notre attachement aux choses ou nos réactions
orgueilleuses parce que nous sommes admirés ou que nous avons
fait la une d’un magazine. Nous connaîtrons au cours de notre vie
certains privilèges ou certains honneurs. Mais si nous commençons

146
C hoisir les projecteurs

à penser qu’ils nous sont dus, nous sommes déjà en train de flirter
avec le syndrome de Saül. Toutes nos réussites et les récompenses
terrestres qui les accompagnent viennent de Dieu. Tout vient de
Dieu. Nous ne pouvons pas prétendre que nous sommes réellement
responsables de nos succès.
Se souvenir de nos origines signifie aussi se souvenir que Dieu
peut utiliser qui il veut ou ce qu’il veut pour atteindre ses objectifs
et faire resplendir sa gloire. Le malade et l’estropié, le perdu et le
blessé, l’ivrogne, la prostituée et le prêtre ont tous été utilisés par
Dieu à un moment ou à un autre. Lors de son entrée triomphale
dans Jérusalem, Jésus a dit que si les gens se taisaient, même les
pierres crieraient pour proclamer sa gloire. Et puis… l’âne de
Balaam, ça vous dit quelque chose ? Nous ne sommes clairement
pas indispensables ! Alors quand Dieu a choisi de nous accorder des
dons et de nous consacrer à son service – en dépit de nos origines –,
nous devrions lui être humblement dévoués pour l’éternité.
Dietrich Bonhoeffer fait remarquer que « parce que le chrétien
ne peut plus s’estimer sage à ses propres yeux, il sera amené à faire
peu de cas de ses visées et de ses projets personnels, et à comprendre
qu’il est bon que sa volonté soit brisée dans la rencontre du pro-
chain40 ». Le souvenir de nos origines devrait constamment nous
remettre à notre place.

Souvenez-vous de votre objectif


Une année, alors qu’il travaillait dans un camp de vacances, un
de mes amis est devenu une sorte de légende parmi les campeurs.
« Jeff » était devenu comme le joueur de flûte de Hamelin pour
tous les jeunes enfants. Partout où il allait, il était suivi par une
troupe de préadolescents excités. Chaque dimanche après-midi,
une demi-douzaine de bus bondés d’enfants débarquaient, et le
samedi suivant, ces mêmes enfants repartaient, tous devenus de
fidèles admirateurs de Jeff.
Le samedi après-midi, Jeff montait dans chaque bus pour dire
adieu à ses petits fans. Et à chaque fois qu’il le faisait, il en profitait
pour planter quelques graines dans leurs jeunes cœurs.

147
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

— Combien d’entre vous aimeraient être comme moi plus


tard ? demandait-il d’une voix forte.
Toutes les mains se levaient en quelques secondes. Sérieusement !
Puis, il ajoutait :
— Alors soyez comme Jésus. Car tout ce que vous voyez de bon
en moi me vient de Jésus. Tout le reste n’a aucune valeur.
Leurs visages manifestaient leur intention de suivre ce conseil à
la lettre. Si Jeff aimait Jésus, alors ils allaient eux aussi aimer Jésus.
Paradoxalement, Jeff a été repris par certains responsables du
camp cette année-là, parce qu’ils le trouvaient trop arrogant. Mais
si vous l’aviez interrogé, Jeff vous aurait répondu qu’il avait choisi
les projecteurs, parce qu’il savait que ces enfants allaient se cher-
cher des idoles. Il considérait son influence momentanée comme
un moyen de les orienter vers la bonne direction, c’est-à-dire vers
Dieu.
Jeff avait compris quel était son objectif pendant son passage
sous les projecteurs : non pas de se mettre en avant, mais de mettre
Dieu en avant.
Que vous soyez moniteur de camp de vacances ou star interna-
tionale, votre passage sous les projecteurs tend vers le même but.
Nous parlerons de cet objectif dans un instant. Essayons d’abord de
nous rappeler ce que notre objectif n’est pas. Nous connaissons ces
vérités, mais nous les oublions si facilement quand nous sommes
pris dans la course effrénée vers le succès. C’est compliqué de se
rappeler que nous ne sommes pas le centre du monde quand tant
de voix nous crient le contraire. J’ai affiché une copie de cette liste
dans un endroit où je suis sûr de la voir tous les jours, car j’ai moi-
même besoin de cette piqûre de rappel.
Et peut-être que vous aussi…
• Mon objectif n’est pas de me glorifier moi-même.
• Mon objectif n’est pas d’avoir une grande notoriété.
• Mon objectif n’est pas de devenir riche.

148
C hoisir les projecteurs

• Mon objectif n’est pas de prendre autorité sur les autres pour
flatter mon ego.
• Mon objectif n’est pas d’écraser mes frères et mes sœurs pour
nourrir mes ambitions.
• Mon objectif n’est pas que les autres se sentent inférieurs.
• Mon objectif n’est pas de me suffire à moi-même.
• Mon objectif n’est pas d’être bien noté par tout le monde.
Ah, les classements. Existe-t-il encore des choses qui ne soient
pas notées de nos jours ? Les voitures, les restaurants, les objets,
les entreprises, les célibataires, les destinations de vacances…
Récemment, j’ai vérifié sur Amazon le classement de plusieurs
brosses à dents, juste pour m’assurer que j’achetais la Rolls des
brosses à dents. Notre obsession du classement a changé notre
manière de voir beaucoup de choses, entre autres notre vision de
notre propre réussite et de celle des autres. C’est tellement facile de
commencer à comparer notre note à celle du voisin. Sans nous en
rendre compte, nous finissons par y passer des heures. On se dit :
« Waw, elle a beaucoup d’abonnés sur son blog. Ça vaut bien un 4/5…
il sait vraiment raconter des histoires. Je lui rajoute une étoile pour
ça… Il faut que je remonte ma cote de popularité après mon échec au
boulot. Ted va faire mieux que moi si je ne me bouge pas ». Il existe un
réel danger avec ces jeux de classement : nous risquons fortement
de perdre notre objectif de vue dans ce contexte de compétition
permanente. Plutôt que de travailler ensemble dans un même but
(la gloire de Dieu), nous nous croyons tout-puissants (lorsque nous
pensons avoir atteint ces cinq étoiles tant convoitées) ; ou alors
nous nous apitoyons sur notre sort et nous doutons (quand nous
n’arrivons pas à dépasser les deux étoiles).

Que chacun examine ses propres œuvres, et alors il aura de quoi


être fier par rapport à lui seul, et non par comparaison avec un
autre, car chacun portera sa propre responsabilité.
Galates 6 : 4-5

Oui, nous devrions avoir pour modèles ceux qui marchent


d’une manière digne de l’Évangile. Mais nous sommes seulement

149
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

responsables de notre propre conduite. Puisque nous ne serons


redevables que des ressources que Dieu nous a demandé de gérer
– pas de ce qu’il a donné aux autres –, notre but n’est pas de gagner
cinq étoiles dans notre domaine. Au contraire, nous devons devenir
tout ce que Dieu veut que nous devenions pour le royaume (cf.
Luc 19 : 11-27). Ce qui peut vouloir dire devenir moins que ce que
nous sommes aujourd’hui.
Si nous devions résumer les raisons de notre passage sous les
projecteurs, l’objectif de notre position d’influence, nous pourrions
le faire en trois points : élever le nom de Dieu, faire avancer son
royaume sur la terre et servir les autres.
Objectif 1 : Élever le nom de Dieu. Tout ce que Dieu fait, il
le fait pour la gloire de son nom, y compris la création des êtres
humains. Donc, notre principal objectif sur cette planète est de
glorifier notre Créateur. Nous pouvons faire cela de bien des
manières : en comprenant qui Dieu est, en appréciant ses dons
ou en racontant ses exploits. Lorsque nous nous trouvons sous
les projecteurs, nous avons une occasion unique d’accomplir cela.
Comme le roi David, le petit berger qui s’est retrouvé à la tête
d’un royaume, nous devrions constamment parler aux autres de la
bonté et de la fidélité de Dieu (Psaumes 40 : 11). David ne pouvait
pas s’empêcher de parler de la justice de Dieu. Il parlait sans cesse
de la « vérité » et du « salut » de Dieu à tous ceux qui l’écoutaient.
Souvenez-vous bien : c’est le même David qui n’a pas eu honte de
danser en sous-vêtements dans les rues de Jérusalem, de danser
comme un fou pour louer son Dieu (cf. 2 Samuel 6). Vous imagi-
nez le Président danser à moitié nu au milieu de la capitale parce
qu’il est complètement fou de Dieu ? Sous les projecteurs, notre
objectif est de détourner les louanges des gens vers le ciel, de nous
faire plus petit pour donner toute la place à Dieu. Associons-nous
à David alors qu’il se défend : « C’est devant l’Éternel que j’ai dansé.
Je veux paraître encore plus petit que cela et m’abaisser à mes propres
yeux » (2 Samuel 6 : 21-22).
Objectif 2 : Faire avancer le royaume de Dieu sur la terre. En
toute occasion, nous pouvons utiliser notre position d’influence
pour conduire les autres à la même grâce qui sauve et que Dieu

150
C hoisir les projecteurs

nous a donnée à travers Jésus-Christ. Nous devrions prêcher cet


Évangile en tout temps et avoir une vie qui le reflète chaque jour.
Certains d’entre nous ont peut-être assez d’influence pour entraî-
ner des changements à plus grande échelle ; des changements qui
incarnent ce qui importe le plus aux yeux de Dieu : la justice, la
miséricorde, l’égalité, la liberté et l’amour. Plus notre position
terrestre est élevée, plus notre potentiel à nous joindre au plan de
Dieu pour répandre son royaume est élevé.
Objectif 3 : Servir les autres. Vous rappelez-vous la parabole
des arbres en Juges 9 ? (Si ce n’est pas le cas, rendez-vous à la
page 99.) L’olivier, le figuier et la vigne ont sagement décliné la
position prestigieuse offerte, parce qu’ils pouvaient mieux servir
Dieu et les autres dans l’obscurité. Mais se pourrait-il parfois
que nous soyons mieux à même de servir les autres à travers des
positions d’influence ? Pour certains, la réponse sera oui. Et si
nous nous trouvons dans une position de pouvoir ou d’influence,
c’est l’occasion de devenir un maître serviteur exemplaire ! Si
nous acceptons les projecteurs tout en nourrissant une humilité
de cœur, le monde sera surpris : contre toute attente, les gens qui
nous entourent seront témoins d’une gloire humble, centrée sur
Dieu et désintéressée. Vous imaginez-vous ce qui pourrait se passer
si nous choisissions d’utiliser notre position pour servir les autres
plutôt que nous-mêmes ?

Souvenez-vous de vos limites


Voici la troisième clé pour éviter le syndrome de Saül : se
connaître et se souvenir de ses limites. Contrairement à ce que vous
pourriez ressentir, vous êtes réellement limité sur le plan physique,
intellectuel, émotionnel et moral. Même si vous avez peut-être
des admirateurs, vous n’avez pas reçu une cape de super-héros.
Vous êtes toujours aussi limité que lorsque vous étiez tout petit.
Cela paraît assez évident, mais c’est beaucoup plus difficile de s’en
rappeler quand les autres attendent (et même exigent) autant de
vous (et puis, il y a ce fichu classement qui vient constamment
pourrir votre réflexion… Si je dis non, vais-je perdre une étoile ?).

151
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

Sous les projecteurs, seuls les humbles survivront jusqu’au bout.


Pour éviter l’épuisement et vous aider à devenir un maître serviteur,
voici quatre vérités à mémoriser :
Je ne sais pas tout.
En plus d’être un orateur doué et passionné, Apollos était un
croyant très influent. Pourtant, une fois confronté à quelques
erreurs dans ses enseignements, il a eu l’humilité d’approfondir
ses connaissances théologiques auprès d’un fabricant de tentes et
de sa femme. Nous avons tous des choses à apprendre et, pour
cela, il nous faut aimer la correction et l’instruction (cf. Proverbes
12 : 1), peu importent les moyens utilisés par Dieu. Comprendre
nos limites signifie que nous devons demander l’avis des autres,
considérer leurs opinions avec soin et être capables de souvent
renoncer à « notre manière de faire ».
Mon temps et mon énergie sont limités.
Alors que sa réputation grandissait, Jésus « se retirait dans
les déserts et priait » (Luc 5 : 16). Il était submergé de demandes
légitimes – des guérisons à faire en urgence, des milliers d’âmes
perdues, douze hommes à former pour l’implantation de l’Église
dans le monde entier. Et il était le seul à pouvoir faire ce travail.
Alors, si lui a donné la priorité à ses temps de retraite, ne devrions-
nous pas en faire autant ? La réflexion, la prière et le repos ne sont
pas des luxes que nous devons repousser à plus tard ; ce sont des
éléments essentiels à notre survie sous les projecteurs aujourd’hui.
Nous avons besoin d’espace et de solitude pour être continuel-
lement connectés à notre Père, et lui permettre de nous aider à
déterminer nos responsabilités, qu’elles soient grandes ou petites.
Je ne suis pas moralement invincible.
Le péché est séduisant. Peu importe que vous soyez un simple
animateur de groupe de jeunes ou un Billy Graham. C’est vrai
que Dieu déteste autant le péché d’un jeune stagiaire que celui
d’un ministre. Mais, on demandera davantage à ceux qui se
trouvent sous les projecteurs. Jacques 3 : 1 nous redit : « Ne soyez
pas nombreux à vouloir devenir des enseignants car, vous le savez,
mes frères et sœurs, nous serons jugés plus sévèrement » (selon

152
C hoisir les projecteurs

moi, le terme « enseignants » pourrait inclure tous ceux qui ont


une position d’influence sur d’autres croyants). Ecclésiaste 10 : 1
en donne la raison : « Les mouches mortes infectent et font fer-
menter l’huile du parfumeur ; de même, un peu de folie l’emporte
sur la sagesse et sur la gloire ». Les gens qui sont censés le savoir
devraient le savoir. Et quand nous chutons, notre péché ternit
la crédibilité du message de Dieu de manière plus visible. C’est
l’horrible vérité. Les leaders chrétiens, les athlètes, les politiciens
et les pasteurs doivent s’imposer des limites personnelles encore
plus strictes et ne prendre aucun risque sur le plan moral. Il vaut
mieux pécher par excès de prudence plutôt que de terminer à la
une des journaux à scandale.
Je ne suis pas irremplaçable.
Se souvenir de ses limites signifie aussi agir en se sachant
remplaçable. Allez ! Redites-le avec moi encore une fois : Je ne suis
pas si important que ça. Je ne cherche pas à être pessimiste. Juste
réaliste. Dieu n’a pas besoin de moi et il n’a pas besoin de vous. Il
peut très bien arriver à ses fins (quelles qu’elles soient) sans nous.
Comme avec Saül, Dieu a souvent démis de leurs fonctions
ceux qui n’ont pas su se garder des dangers de l’orgueil, de l’avi-
dité, de l’immoralité, etc. Mais même si vous suivez tous ces bons
conseils, votre passage sous les projecteurs pourrait très bien être de
courte durée. La gloire est éphémère. Acceptez de vivre un temps
sous les projecteurs, mais ne remettez pas Dieu en question lorsque
vous devez retourner dans les coulisses. « En effet, vos pensées ne
sont pas [ses] pensées et [ses] voies ne sont pas vos voies » (Ésaïe
55 : 8). Même si nous ne comprenons pas le raisonnement de
Dieu, soyons certains qu’il agit pour le meilleur intérêt de tous (y
compris le sien) lorsqu’il décide de fermer le rideau sur nos efforts
les plus louables.

L’humilité sous les projecteurs


À ce moment-là, les disciples s’approchèrent de Jésus et dirent :
— Qui donc est le plus grand dans le royaume des cieux ?
Jésus appela un petit enfant, le plaça au milieu d’eux et dit :

153
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

— Je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez pas et si


vous ne devenez pas comme les petits enfants, vous n’entrerez
pas dans le royaume des cieux. C’est pourquoi, celui qui se
rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le
royaume des cieux.
Matthieu 18 : 1-4

Ce texte détient une dernière clé qui nous aidera à éviter le syn-
drome de Saül, et à accepter les projecteurs pour les bonnes raisons
et de la bonne manière. J’ai lu et relu ce passage des dizaines de fois
sans jamais y voir le degré de responsabilité que sous-entendent
les paroles de Jésus. Je ne sais pas pourquoi, mais ce texte signi-
fiait seulement pour moi que je devais apprendre à avoir une foi
d’enfant. Que, pour entrer dans le royaume des cieux, il me fallait
avoir confiance en Dieu avec toute l’innocence d’un tout-petit.
Que je devais aimer Dieu comme un enfant aime son père. Tout
cela est vrai, mais ce n’est pas tout ce que Jésus communiquait ici.
Il était aussi en train de répondre à une question. Une question
qui, curieusement, revenait souvent.
Les disciples ne demandaient pas qui entrerait au Paradis (ce
qui n’empêche pas Jésus de citer les conditions nécessaires). Ils
voulaient savoir qui allait être le plus grand. Les douze en étaient
revenus au système du classement. Ils voulaient savoir qui rece-
vrait la meilleure place, les plus grands honneurs et la plus grande
influence, lorsque Jésus allait enfin diriger le monde. C’est en tout
cas ce qu’ils s’imaginaient. Alors Jésus leur a montré un enfant
et leur a expliqué qui serait le plus grand : celui qui se rend aussi
humble qu’un enfant.
Ce qui m’impressionne le plus dans ce texte, c’est que Jésus nous
donne un commandement qui nous incite à agir. Nous devons
nous rendre humbles. En d’autres termes, ce n’est pas quelque
chose que nous subissons. Ce n’est pas comme si Jésus nous disait :
« Laissez l’esprit de Dieu vous rendre humble ». Bien que nous en
soyons incapables sans être transformés par le Saint-Esprit, il est
de ma responsabilité de me revêtir du caractère humble, soumis et
confiant d’un enfant. Non seulement je dois choisir l’humilité, mais
je dois aussi y travailler. Et personne n’a autant de travail à fournir

154
C hoisir les projecteurs

dans ce domaine que l’homme ou la femme qui est poussé sous les
projecteurs. Peu d’entre nous se réveilleront un jour dans la peau
d’une star internationale, mais la plupart connaîtront une certaine
forme d’influence au cours de leur vie. Ne vous y trompez pas,
Jésus s’adresse à nous (rappelez-vous : combattez l’aveuglement !).
Sans humilité, nous échouerons. Nous serons victimes du syn-
drome de Saül et serons incapables d’accomplir les tâches que Dieu
nous donne. Pour nous souvenir de nos origines, de notre objectif
et de nos limites, et surtout pour grandir en tant que serviteurs en
position d’autorité, nous aurons besoin d’une énorme mesure de
grâce de la part de Dieu. Que vous soyez ou pas sous les projecteurs
aujourd’hui, ou dans vingt ans, pouvez-vous prier dès maintenant
et demander à Dieu sa grâce pour le vivre au mieux ?

Mon Père, toi qui es grand et puissant, combien je suis


conscient que tout ce que j’ai me vient de toi – même
une position plus ou moins élevée que tu m’as confiée
ici-bas. Enseigne-moi tes voies pour que je puisse élever
ton nom, pas le mien. Aide-moi à utiliser ma position et
mon influence pour le bien des autres. Ne me laisse pas
succomber à la tentation qui me rendrait inefficace. Si la
célébrité ou l’argent risque de détruire mon intégrité, alors
ne me les accorde pas – ou enlève-les moi – avant que cela
ne détruise ma vie ou celle de ceux qui m’entourent. Tu es
plus important à mes yeux que n’importe quel classement
qu’on pourrait me donner. Je t’aime. Amen.

155
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

P our réfléc hir ensemble …


1. À quels dangers une personne fait-elle face lorsqu’elle se
retrouve sous les projecteurs ?

2. Comment les gens peuvent-ils utiliser leur position d’in-


fluence pour la gloire de Dieu ?

3. Comment décririez-vous le syndrome de Saül ? Connaissez-


vous quelqu’un qui en est victime ? Est-ce votre cas ?

4. Selon 1 Corinthiens 1 : 26-29, pourquoi Dieu utilise-t-il les


choses folles, faibles et méprisées de ce monde pour atteindre
ses objectifs ?

5. De quelle manière le fait de se souvenir de nos origines pour-


rait nous garder humbles en tant que leader ?

6. Dans quel domaine avez-vous tendance à vous comparer


aux autres ? En quoi ces comparaisons peuvent-elles être
dangereuses ?

7. Quels sont nos trois principaux objectifs lorsque nous


sommes sous les projecteurs ?

8. Nommez quatre limites qui nous définissent tous. Pour vous,


laquelle est la plus difficile à retenir ?

9. Quel rôle joue l’humilité dans notre croissance quand nous


sommes sous les projecteurs ?

156
Chapitre dix

CHOISIR
L’ESPÉRANCE
En effet, nos légères difficultés du moment présent
produisent pour nous, au-delà de toute mesure, un poids
éternel de gloire. Ainsi nous regardons non pas à ce qui est
visible, mais à ce qui est invisible, car les réalités visibles sont
passagères et les invisibles sont éternelles.
2 C orinthiens 4 : 17-18

À ceux qui, par leur persévérance à faire le bien, recherchent


l’honneur, la gloire et l’incorruptibilité , il donnera la vie
éternelle ; mais il réserve son indignation et sa colère à ceux
qui, par esprit de révolte, rejettent la vérité et obéissent à
l’injustice.
R omains 2 : 7-8

Toute possession temporelle peut être transformée en


richesse éternelle. Tout ce qui est donné au Christ est
immédiatement touché par l’immortalité.
A. W. T ozer 41

Quelle est la tâche la plus difficile que vous ayez jamais


accomplie ?
Prenez une minute pour y réfléchir. Passez votre existence en
revue, depuis votre plus tendre enfance jusqu’à aujourd’hui. Je ne

157
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

parle pas d’une chose que vous avez subie, mais d’une chose que
vous avez choisi de faire. Quelle a été la tâche la plus difficile de
votre vie ? Escalader une montagne ? Valider un diplôme ? Donner
naissance à un enfant ? Vous libérer de vos dettes ? Faire la paix avec
une personne qui vous a profondément blessé ?
À présent, dites-moi… qu’est-ce qui vous a poussé à le faire ?
Pourquoi avez-vous accepté le dur labeur, le sang, la sueur et les
larmes ? Qu’est-ce qui vous a motivé à faire face aux longues soirées
studieuses, à une formation épuisante ou aux risques d’échec ?
Qu’est-ce que vous aviez à y gagner ?
Si vous remontez à la source de vos motivations, vous trouverez
probablement l’espoir d’être récompensé de vos efforts. Le but
était peut-être de jouir d’une vue majestueuse, à moins que vous
ne l’ayez fait pour le prestige, l’argent, la liberté ou la paix. Vous
souhaitiez peut-être simplement ressentir la satisfaction d’avoir
surmonté votre peur ou affronté l’inconnu. Est-ce que le fait de
travailler dur pour être récompensé fait automatiquement de vous
une personne égoïste ? Non, cela fait de vous un être humain. Et
vous savez quoi ? Jésus aussi était humain.

Une plus grande récompense


Hébreux 12 : 2 explique que Jésus a subi l’humiliation et la
souffrance de la croix précisément à cause de la joie qui l’attendait.
Il l’a fait parce qu’il avait confiance dans l’espérance d’une gloire
et d’un honneur à venir : être assis à la droite du trône de son Père
pour l’éternité. Pendant que vous lisez Ésaïe 53 : 10-12, cherchez
d’autres récompenses spécifiques promises par Dieu au Christ en
échange de ses souffrances.
L’Éternel a voulu le briser par la souffrance. Si tu fais de sa vie
un sacrifice de culpabilité, il verra une descendance et vivra
longtemps, et la volonté de l’Éternel sera accomplie par son
intermédiaire. Après tant de trouble, il verra la lumière et sera
satisfait. Par sa connaissance, mon serviteur juste procurera la
justice à beaucoup d’hommes ; c’est lui qui portera leurs fautes.
Voilà pourquoi je lui donnerai sa part au milieu de beaucoup et
il partagera le butin avec les puissants : parce qu’il s’est dépouillé

158
C hoisir l ’ espérance

lui-même jusqu’à la mort et qu’il a été compté parmi les criminels,


parce qu’il a porté le péché de beaucoup d’hommes et qu’il est
intervenu en faveur des coupables.

Une descendance… une longue vie… l’accomplissement… la


satisfaction… la justice… les honneurs… le Sauveur de beaucoup
d’hommes… Jésus avait beaucoup à attendre en accomplissant son
œuvre de rédemption ! Aurait-il choisi l’obscurité, l’humiliation
et la mort sans la promesse d’une récompense future ? Je n’en sais
rien. Mais en réalité, cela n’a pas beaucoup d’importance. La bonne
nouvelle, c’est qu’il n’avait pas à choisir une souffrance sans récom-
pense. Et nous non plus. Dieu a promis une récompense à tous
ceux qui renoncent aux plaisirs de ce monde à cause de son nom.
Je vous avais bien dit que vous connaîtriez Philippiens 2 : 5-11
avant la fin de ce livre. Revenons-y à nouveau. Et cette fois-ci,
attardons-nous plus spécialement sur les versets 9 à 11 :
Que votre attitude soit identique à celle de Jésus-Christ : lui qui
est de condition divine, il n’a pas regardé son égalité avec Dieu
comme un butin à préserver, mais il s’est dépouillé lui-même
en prenant une condition de serviteur, en devenant semblable
aux êtres humains. Reconnu comme un simple homme, il s’est
humilié lui-même en faisant preuve d’obéissance jusqu’à la mort,
même la mort sur la croix. C’est aussi pourquoi Dieu l’a élevé à la
plus haute place et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout
nom afin qu’au nom de Jésus chacun plie le genou dans le ciel,
sur la terre et sous la terre et que toute langue reconnaisse que
Jésus-Christ est le Seigneur, à la gloire de Dieu le Père.

Voici ce qu’affirme Hébreux 12 : 2 : Jésus savait quelles seraient


ses récompenses avant même de choisir de descendre sur terre.
Est-ce que cela dévalorise son sacrifice ? Absolument pas ! Et cela ne
dévalorise pas non plus les sacrifices que nous faisons dans cette vie
lorsque nous les faisons pour la gloire de Dieu (ce qui se trouve être
aussi pour notre bien ultime). Nous pouvons avancer et attendre
avec impatience nos récompenses. C’est bien. Nous avons le droit !
Nous pouvons même prendre des décisions aujourd’hui qui
affecteront le degré de nos récompenses au ciel (Matthieu 16 : 27 ;
1 Corinthiens 3 : 11-15). Dieu ne considère pas cela comme de

159
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

l’égoïsme ou de l’hédonisme ; c’est simplement de la sagesse. Jésus


nous a dit de nous amasser des trésors dans le ciel (Matthieu 6 : 20).
Voilà une valeur sûre. Voilà une espérance certaine.
« Renoncez aujourd’hui afin de profiter de plus demain. »
N’est-ce pas ce qui est inscrit sur tant de cadeaux que Dieu nous
fait ? Le sexe n’en est qu’un exemple. Combien de gens – jeunes et
vieux – refusent d’attendre le moment convenable (c’est-à-dire au
sein du mariage) et passent à côté d’un ensemble de plaisirs prévus
par Dieu ? Si nous attendons le bon moment pour ouvrir notre
cadeau, nous en profiterons bien davantage. C’est aussi vrai pour
l’honneur, la gloire et l’incorruptibilité. Dieu veut nous accorder
ces choses, mais pas dans cette vie. Pas dans ces corps, dans lesquels
le péché peut si facilement entacher notre joie et déformer notre
jugement. « Le fait d'être connu » est l’un des dons auxquels nous
pouvons renoncer aujourd’hui, demain et pour le reste de notre
vie – afin de jouir de tous les plaisirs éternellement.
À ceux qui, par leur persévérance à faire le bien, recherchent
l’honneur, la gloire et l’incorruptibilité, il donnera la vie éternelle.
Romains 2 : 7

Dieu accordera la vie éternelle à chacun d’entre nous qui


croyons en Jésus, et qui échangeons l’espoir d’être quelqu’un au
cours de cette vie présente pour l’espérance de gloire, d’honneur et
d’incorruptibilité dans la vie à venir. Tellement plus de choses nous
attendent après la mort, si nous cessons de vivre pour nous-mêmes
maintenant, afin de nous soumettre à la vérité de la Parole de Dieu.
Alors, que pouvons-nous exactement espérer du ciel ? Quelles
sont ces récompenses éternelles qui peuvent complètement éclipser
tout ce que nous pouvons voir, toucher ou expérimenter sur cette
terre ?
• Il n’y aura plus de malédiction (Apocalypse 22 : 3).
• Nous serons à nouveau unis aux croyants qui ont quitté
cette terre avant nous (1 Thessaloniciens 4 : 14-18).
• Ce sera un endroit de joies abondantes et de bonheur éter-
nel grâce à la présence de Dieu (Psaumes 16 : 11).

160
C hoisir l ’ espérance

• Il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur (Apocalypse


21 : 4).
• La nouvelle Jérusalem, la cité du Roi, sera plus belle
que tout ce que nous connaissons sur terre (Apocalypse
21 : 10-11 ; 18-21).
• La gloire de Dieu remplacera la lumière du soleil (Apoca-
lypse 22 : 5).
• Le ciel sera rempli de chants de louange et nous adorerons
Dieu avec des hommes de toute tribu et de toute langue
(Apocalypse 5 : 9-14).
• Nous trouverons le repos pour nos âmes (Hébreux
4 : 9-11 ; Apocalypse 14 : 13).
• Nous aurons de nouveaux corps qui, comme celui de
42
Jésus, ne mourront plus jamais (Philippiens 3 : 21) .
Ces choses-là sont certaines, mais je sais qu’il y a bien plus encore.
Il existe une infinité de réalités glorieuses concernant le ciel qui ne
sont même pas mentionnées dans nos Bibles. Comment pourraient-
elles l’être ? Comment Dieu pourrait-il communiquer en langage
humain, à des êtres déchus, les merveilles d’une vie pure, immortelle
et sans péché ? C’est impossible. De plus, Dieu aime nous réserver
des surprises. Cela ne m’étonnerait pas qu’il ait caché les détails les
plus extraordinaires juste pour voir notre émerveillement lorsque
nous admirerons tout cela pour la première fois.
Évidemment, ce qu’il nous a révélé de notre récompense est
largement suffisant. La simple promesse d’une éternité passée en sa
présence (en sa présence !) nous suffit pour accepter l’obscurité – et
accepter tout sacrifice dans cette vie. Ça en vaut la peine ! Amen ?
Comme le disait David : « Quant à moi, couvert de justice, je te ver-
rai ; dès le réveil, je me rassasierai de ton image » (Psaumes 17 : 15).
Savoir qu’il y a encore bien mieux que cela qui nous attend, c’est
plus que la cerise sur le gâteau, c’est carrément tout le cerisier !
Si donc vous êtes ressuscités avec Christ, recherchez les choses
d’en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu. Attachez-vous
aux réalités d’en haut, et non à celles qui sont sur la terre. En effet,
vous avez connu la mort et votre vie est cachée avec Christ en

161
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

Dieu. Quand Christ, notre vie, apparaîtra, alors vous apparaîtrez


aussi avec lui dans la gloire.
Colossiens 3 : 1-4

« Attachez-vous aux réalités d’en-haut. » C’est tellement simple,


et pourtant… C’est fou à quel point un esprit attaché aux réa-
lités célestes pourrait nourrir notre désir d’accepter l’obscurité.
« Attachez-vous aux réalités d’en-haut », car si vous appartenez au
Christ « alors vous apparaîtrez aussi avec lui dans la gloire ». Jésus a
enduré les souffrances de la croix à cause de la joie qui l’attendait.
De la même manière, nous pouvons cesser de languir après les
choses de ce monde à cause de la joie qui nous attend.

Des sacrifices immortels


Nous désirons tous être quelqu’un. Nous voulons tous laisser
notre empreinte quelque part – n’importe où. Au cours de l’histoire
de l’humanité, combien de milliards d’êtres humains ont passé leur
vie à vouloir être importants, à vouloir marquer l’histoire ? Une des
plus grandes ironies de tous les temps : lorsque nous abandonnons
tout espoir de gloire et de fortune terrestres et que nous choisissons
plutôt l’obscurité d’une vie consacrée à servir Dieu, nous sommes
immédiatement touchés par l’immortalité et obtenons la garantie
d’une gloire éternelle. Une gloire éternelle. Avez-vous bien compris ?
Si vous choisissez l’obscurité, vous serez connu. Vous recevrez hon-
neur et respect. Vous régnerez. Et plus vous renoncez à ces choses
ici-bas, plus vous les obtiendrez dans la vie éternelle. Mieux encore,
comme nous serons sans péché, nous pourrons alors profiter de ces
dons de la bonne manière, pour la gloire de Dieu.
La citation de A. W. Tozer qui introduit ce chapitre mérite d’être
à nouveau citée : « Toute possession temporelle peut être transformée
en richesse éternelle. Tout ce qui est donné au Christ est immédiate-
ment touché par l’immortalité ». Cela inclut nos comptes bancaires
et tout ce que nous possédons, mais aussi notre réputation, nos
diplômes, nos rêves, nos récompenses et nos réussites. Même ces
sous-titres que nous aimons tant peuvent lui être remis. L’équation
est simple : si nous donnons tout cela à Jésus, nous deviendrons
éternellement riches. Si nous essayons d’accumuler ces choses dans
cette vie, nous serons pauvres dans la vie à venir.

162
C hoisir l ’ espérance

Perçue de cette manière, l’obscurité que nous connaissons dans


cette vie – qu’elle soit un choix ou non – est en réalité un don
merveilleux. Un don merveilleux. Nos sacrifices anonymes sont
touchés par l’immortalité. En servant ceux qui nous entourent
aujourd’hui, nous aurons le privilège de servir le Christ plus tard.
Si nous choisissons de vivre dans le mystère aujourd’hui, nous
vivrons comme des rois pour toute l’éternité. Avec cette perspec-
tive, nous n’aurons aucun problème à attendre de recevoir notre
récompense. Mais, pour que ce choix de l’obscurité ait du sens,
nous devons garder les yeux fixés sur le ciel. Pour que l’équation
fonctionne, l’imminence de l’éternité doit surpasser l’attrait de
la gloire aujourd’hui. L’éternité doit éclipser nos désirs et nos
aspirations du quotidien.
Est-ce le cas ?
Pouvez-vous dire de vous-même ce qu’on a dit de Moïse ?
C’est par la foi que Moïse, devenu grand, a refusé d’être appelé
fils de la fille du pharaon. Il préférait être maltraité avec le peuple
de Dieu plutôt que d’avoir momentanément la jouissance du
péché. Il considérait l’humiliation attachée au Messie comme
une richesse plus grande que les trésors de l’Égypte, car il avait
le regard fixé sur la récompense à venir.
Hébreux 11 : 24-26

Alors que j’apprends à rechercher l’obscurité, je pense de plus en


plus à la récompense. Et pourquoi pas ? Si Dieu n’avait pas voulu
que nous prenions nos décisions en fonction des récompenses
futures, il ne nous aurait pas révélé ce que nous sommes censés
attendre avec impatience. Si mon but est de glorifier Dieu en trou-
vant mon plaisir en lui, alors toute mon espérance est dirigée vers
cet endroit où je pourrai faire cela parfaitement et pour toujours.
Il est infiniment plus facile de renoncer à toutes ces choses qui
m’étaient si chères quand je sais de source sûre qu’elles me seront
redonnées par Dieu, au centuple !

Une espérance certaine


Revenons sur la question à laquelle vous avez répondu au début
de ce chapitre : quelle est la tâche la plus difficile que vous ayez jamais

163
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

accomplie ? Lorsque vous avez franchi la ligne d’arrivée, le résultat


était-il à la hauteur de vos espérances ? N’avez-vous pas finalement
ressenti une certaine forme de déception ?
Trop souvent, dans nos expériences humaines, l’anticipation
laisse la place à la déception. Nous attendons impatiemment que
quelque chose de formidable arrive – une promotion, des vacances,
un nouveau gadget… ou même un mariage. Mais lorsque ce rêve
se réalise, il semble bien fade en comparaison à toutes les émotions
fortes que vous avez ressenties avant d’atteindre votre objectif. Le
plus souvent, au lendemain de grandes célébrations, la routine de
tous les jours semble encore plus morne que d’habitude. Mais pas
cette fois-ci. Cette espérance, l’espérance du ciel, ne peut absolument
pas nous décevoir. En réalité, tout ce que nous allons voir et vivre
dans la vie à venir surpassera de très loin nos espoirs les plus fous.
Un jour, vous allez mourir. Peut-être aujourd’hui, ou peut-
être dans cinquante ans. De quelle manière allez-vous utiliser les
secondes, les heures, les jours et les années qu’il vous reste à vivre ?
Gaspillerez-vous votre temps à vous attacher aux choses de ce
monde, à vous soucier de votre classement ou à être obsédé par
votre succès ? Ou allez-vous choisir de consacrer le reste de votre
vie à rechercher « l’honneur, la gloire et l’incorruptibilité » que Dieu
vous offre ? Prendrez-vous exemple sur Jésus en vous soumettant
à la volonté de Dieu, en vous tournant vers la justice et la misé-
ricorde, en servant et en aimant les autres ? Marcherez-vous d’une
manière digne du glorieux Évangile même si personne n’entend
jamais parler de vous ?
Éternel, fais-moi connaître quand finira ma vie, quel est le
nombre de mes jours, afin que je sache combien je suis peu de
chose. Voici, tu as donné à mes jours la largeur de la main, et
ma vie est comme un rien devant toi. Oui, même vigoureux,
l’homme n’est qu’un souffle. Oui, l’homme va et vient comme
une ombre : il s’agite, mais c’est pour du vent ; il amasse des
richesses, et il ignore qui les recevra. Maintenant, Seigneur, que
puis-je espérer ? C’est en toi qu’est mon espérance.
Psaumes 39 : 5-8

164
C hoisir l ’ espérance

P our réfléc hir ensemble …


1. Qu’avez-vous répondu à la première question de ce cha-
pitre : quelle est la tâche la plus difficile que vous ayez jamais
accomplie ? Quelles ont été vos motivations ?

2. Quel espoir –  ou récompense  – a poussé Jésus à vivre, à


souffrir et à mourir ?

3. Quelles récompenses Dieu a-t-il promises à ceux qui


renoncent aux plaisirs de ce monde pour sa gloire ?

4. La sexualité est un des exemples de dons offerts par Dieu et


qui portent cette inscription : « Renoncez aujourd’hui afin de
profiter de plus demain ». Avez-vous d’autres exemples en
tête ?

5. Si nous renonçons à l’honneur, la gloire et l’incorruptibilité


dans cette vie, que pouvons-nous espérer dans l’éternité ?

6. Citez cinq caractéristiques du ciel dont les croyants peuvent


se réjouir d’avance. Quelles récompenses divines vous
enthousiasment le plus ?

7. A. W. Tozer a dit : « Toute possession temporelle peut être


transformée en richesse éternelle. Tout ce qui est donné au
Christ est immédiatement touché par l’immortalité ». Quels
biens matériels, quels titres ou quelles relations auriez-vous
intérêt à confier au Christ ?

8. En quoi l’obscurité – celle que Dieu vous a attribuée ou celle


que vous choisissez – est en réalité un don merveilleux ?

9. Quelles vérités – que vous avez apprises ou qui vous ont été
rappelées – vous aideront à accepter votre propre obscurité ?

165
NOTES

I ntroduction
1
En réalité, cette situation délicate m’a longtemps posé
problème. Mais j’en ai conclu que le fait de rejeter les termes
« moi », « moi-même » et « je » aurait rendu mon texte particu-
lièrement insipide.

C hapi tre un
2
Bureau du recensement américain, compteur de la popu-
lation mondiale. URL : <http://www.census.gov/ipc/www/
popclockworld.html> (consulté le 14/03/2017).
3
Edward Wilson, « Within one cubic foot », National Geographic,
février 2010. URL : <http://ngm.nationalgeographic.
com/2010/02/cubic-foot/wilson-text> (consulté le
14/03/2017).
4
Dr. Jason Lisle, Taking back astronomy, chapitre un : « The
splendor of God’s creation ». Consultable sur Answers in
Genesis, article du 28/2/2008.URL : <https://answersingenesis.
org/answers/books/taking-back-astronomy/the-splendor-
of-gods-creation> (consulté le 14/03/2017).
5
Thomas a Kempis, cité par Dietrich Bonhoeffer, De la vie com-
munautaire, Genève (Suisse) : Labor et Fides, 2007, p. 83.

167
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

C hapi tre deux


6
John Piper, « John Piper’s upcoming leave », Desiring God ,
28/3/2010. URL : <http://www.desiringgod.org/articles/john-
pipers-upcoming-leave> (consulté le 14/03/2017).

C hapi tre trois


7
Elisabeth Elliot, A path through suffering, Ann Arbor (USA) :
Vine Books, 1990, p. 39.
8
« Alexander the Great », History, 2009. URL : <http://www.
history.com/topics/ancient-history/alexander-the-great>
(consulté le 14/03/2017).
9
Michael Hart, The 100 : A ranking of the most influential
persons in history, New York (USA) : Citadel Press, 2000.

C hapi tre quatre


10
Avec un peu de chance, La Chureca (nom donné à la décharge
publique de Managua au Nicaragua) ne sera un jour plus le
lieu de résidence des deux mille personnes qui y vivent
aujourd’hui (et des milliers d’autres dont la survie dépend très
probablement de ce que leur rapportent les ordures). Tout
cela grâce à la compassion du gouvernement espagnol qui
s’est engagé à fermer la décharge et à mettre en place des
programmes d’aide aux personnes déplacées.

C hapi tre c inq


11
Randy A lcorn , Money, possessions, and eternity, Carol
Stream (USA) : Tyndale, 2003, p. 419.
12
« Morality continues to decay », Barna Group, 3/11/2003.
URL : <https://www.barna.org/component/content/
article/5-barna-update/45-barna-update-sp-657/129-
morality-continues-to-decay#.VrxR7_LhCM8> (consulté le
14/03/2017).
13
Barbara O’Neill, « Affluenza : the all-consuming epidemic »
[critique littéraire], Journal of Financial Counseling & Planning,
vol. 19, n° 1, p. 70.
14
A. W. Tozer, The Pursuit of God, Camp Hill (USA) : WingSpread
Publishers, 1958, p. 22.
15
Si vous ne connaissez pas le lien qui existe entre l’orgueil de
Satan et sa disgrâce aux yeux de Dieu, lisez Ézéchiel 28 :17 et
Ésaïe 14 : 12-15.

168
N otes

C hapi tre six


16
Oswald Chambers, Tout pour qu’il règne, « Êtes-vous prêt à
être offert en sacrifice ? », méditation du 5 février, Valence :
LLB, 2006.
17
Cf. « Les chiffres clés du cancer » sur le site de la Ligue contre le
cancer. URL : <https://www.ligue-cancer.net/article/6397_les-
chiffres-cles-des-cancers> (consulté le 14/03/2017).
18
Richard Foster, Éloge de la discipline, Nîmes : Vida, 1993, p. 202
19
Andrew Murray, Humility, Springdale (USA) : Whitaker House,
1982, p. 7 (traduction libre).
20
Leurs noms ont été changés. Bien que je ne puisse pas me
porter garant de l’authenticité de la foi de ces personnes, ils
attribuent tous à Dieu la raison de leur sacrifice.
21
Bernard de Clairvaux, cité par Richard Foster, op. cit.
22
Dietrich Bonhoeffer, op. cit., p. 83.

C hapi tre sept


23
Ugo Bassi, cité par Elisabeth Elliot, op. cit., p. 66.
24
Le nom a été changé.
25
Elisabeth Elliot, op. cit., p. 56.
26
Ibid.
27
Cela ne veut pas dire que Dieu n’utilise jamais la souffrance
pour préparer ceux qu’il a choisi à se retrouver sous les projec-
teurs. Dieu avait clairement promis de grandes responsabili-
tés à des hommes comme Joseph, Abraham ou David, ce qui
n’est pas le cas pour la plupart d’entre nous. Heureusement
pour nous, les gens ordinaires, notre obscurité n’enlève rien
au fait que Dieu à un plan bien spécifique pour chacune de
nos vies !
28
Gary Thomas, Vous avez dit oui à quoi ?, Marpent : BLF Éditions,
2000, p. 171.
29
Le nom a été changé.

C hapi tre hui t


30
Randy Alcorn, op. cit., p. 419.
31
Les noms de cette histoire ont été changés.

169
R A D IC A LE M E N T O R D IN A IR E

32
« Why Glen Coffee walked away » [interview vidéo], CBN, s.d.
URL : <http://www1.cbn.com/content/why-glen-coffee-
walked-away> (consulté le 14/03/2017).
33
Michael David Smith, « Glen Coffee : NFL ruins a lot of lives »,
NBC Sports, 22/5/2011. URL : <http://profootballtalk.nbcs-
ports.com/2011/05/22/glen-coffee-nfl-ruins-a-lot-of-lives>
(consulté le 14/03/2017).
34
Glen admet volontiers que suivre Dieu et jouer au football
américain ne sont pas incompatibles. Dieu a des chemins
différents pour chacun d’entre nous. Pour Glen, répondre à
l’appel de Dieu l’a conduit à quitter la NFL. D’autres ont suivi
cet appel en y restant. Quoi qu’il en soit, Dieu nous appelle
souvent à agir d’une manière différente de ce que le monde
attendrait. Parfois, suivre Dieu n’a simplement pas de sens
pour les gens autour de nous !
35
Ed Owens, « Following Jesus with wealth », Generous Giving,
s.d. URL : <http://whatischarity.com/GG%20Library/library.
generousgiving.org/articles/display47c2.html?id=83>
(consulté le 14/03/2017).
36
Oswald Chambers, Tout pour qu’il règne, « Si j’obéis à Dieu
d’autres en souffriront », méditation du 11 janvier, Valence :
LLB, 2006.
37
Ibid.

C hapi tre neuf


38
Dietrich Bonhoeffer, op. cit., p. 93.
39
Si cela ne vous rappelle rien, vous devriez jeter un coup d’œil
au chapitre quatre.
40
Dietrich Bonhoeffer, op. cit., p. 83.

C hapi tre dix


41
A. W. Tozer, Born after midnight, Harrisburg (USA) : Christian
Publications, 1959, p. 107 (traduction libre).
42
Il ne s’agit en aucun cas d’une liste exhaustive. En effet, il
existe des dizaines d’autres références sur le ciel dans les
livres de Daniel et d’Ésaïe, ainsi que dans plusieurs livres du
Nouveau Testament – sans parler des vingt-deux chapitres
de l’Apocalypse.

170
Du même éditeur

Suis-moi
Un appel à mourir.
Un appel à vivre.

David Platt

Qu’a voulu dire Jésus par ces mots : « Suis-moi » ?


Peut-on se dire chrétien sans être réellement disciple de Christ ? Peut-
on affirmer croire en Jésus sans avoir saisi le cœur de son message ?
Malheureusement, oui. C’est même bien plus fréquent qu’on ne le
pense ! David Platt nous exhorte à examiner cette question fonda-
mentale : que signifie suivre Jésus ?
«Suis-moi», dit-il.
Deux mots très simples, mais qui peuvent tout changer pour vous. Si
vous répondez à cet appel de Jésus, votre vie aura toujours un sens.
Vous déborderez de joie! Mais il y aura un prix à payer. Cet appel
n’est pas une invitation à réciter une prière. C’est un appel pressant
et radical à perdre votre vie.
Un appel à mourir. Un appel à vivre. Avez-vous répondu à cet appel ?
Être libre,
c'est possible !
La puissance de la grâce
dans le combat pour la pureté

Heath Lambert

La pornographie est un des pires fléaux de notre temps. Elle détruit


les relations humaines et avant tout notre relation avec Dieu.
Vous luttez peut-être contre ce mal. Ou contre une autre dépendance.
Ou encore vous aidez un proche à combattre. Dans tous les cas, per-
sévérez : Jésus-Christ a le pouvoir de libérer les captifs.
Dans un langage percutant, l’auteur aborde ce thème d’un point de
vue biblique et pratique : il propose huit stratégies efficaces, centrées
sur l’Évangile.
La grâce seule de Jésus peut vous affranchir de tout péché, de toute
conduite addictive ! Une invitation à accepter la grâce divine et à
marcher vers une vie de sainteté.
Crazy love*
Bouleversé par
un Dieu irrésistible

Francis Chan

Dieu est amour. Un amour fou, irrésistible, bouleversant.


Quelque chose ne colle pas. C'est fou quand on y pense : le Dieu de
l'univers - le Créateur de l'azote et des pommes de pin, des galaxies
et de l'ADN - nous aime d'un amour irrésistible et inconditionnel !
Et nous… nous répondons à cet amour en allant régulièrement à
l'église, en chantant, en priant, et en faisant notre possible pour être
des gens bien.
L'inadéquation de notre réponse saute aux yeux.
Ne ressentez-vous pas le besoin, au plus profond de vous-même, de
vivre plus ? N'avez-vous pas soif d'expérimenter une foi authentique
qui apporte des réponses tangibles, radicales, aux problèmes de nos
contemporains ?
Dieu nous destine à une relation d'amour passionnée. Nous ne vien-
drons jamais à bout de la tiédeur spirituelle en appliquant une liste de
choses à faire ou à ne pas faire. Non. La tiédeur capitule quand nous
tombons éperdument amoureux de Dieu.
Quand on aime vraiment, plus rien n'est comme avant.
Plus de détails sur www.crazylove.fr

*Amour fou
Dieu oublié
Le Saint-Esprit comme
au premier jour

Francis Chan

Le Saint-Esprit : une puissance surnaturelle dans la vie du croyant.


N’avons-nous pas délaissé la troisième personne de la Trinité, sans
nous en rendre compte ? À cette puissance incomparable, aurions-
nous substitué des capacités tout humaines ? Un peu comme si Dieu
nous avait offert un milliard d’euros, et nous découvrait à l’épicerie
du coin, dépensant quelques malheureux centimes pour acheter des
bonbons.
Les conséquences pourraient être tragiques : tiédeur, assoupissement,
soif de spectaculaire. Dans notre vie personnelle, dans l’Église.
Pourquoi avons-nous été sauvés ? Pour survivre à notre vie terrestre ?
Pour nous confier dans nos talents ? Non ! Pour que le monde voie, au
travers de nous, s’exprimer et agir une puissance surnaturelle (Actes
1 : 8 ; 2 Tim. 1 : 7).
Francis Chan nous invite, Bible en main, à redécouvrir l'Esprit de Dieu
pour mieux exprimer sa puissance.
• Comment la Bible décrit-elle le Saint-Esprit ?
• Quel est son rôle ?
• Comment m’ouvrir à une relation vivante avec lui ?
Retrouvez nos éditions sur
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Passionné à juste titre


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radicalement
Ordinaire
Vivre et mourir
sans que l’humanité
ne vous remarque ?
Quelle profonde
injustice !
Soyons honnêtes : nous
brûlons d’envie de devenir
quelqu’un. La preuve : nous
dépensons toute notre éner-
gie pour réussir, être admirés et
laisser notre empreinte quelque part
dans ce monde – n’importe où ! Le pire,
c’est que nous tentons de masquer cela par
des ambitions soi-disant spirituelles. Malheu-
reusement, la plupart des chrétiens sont tombés
dans le piège. Et nous sommes nombreux à ne pas
nous en rendre compte.

U N APPEL PRESSA N T À C U LT I V E R
LA J O IE DE L’HU M ILITÉ
Ce livre est un appel à suivre les traces de notre humble
roi, à abandonner la vision humaine du succès et com-
mencer à vivre de manière radicalement ordinaire.
Je ne pouvais pas aborder ce sujet et, en même
temps, me mettre en valeur. J’ai donc choisi
de rester dans l’anonymat. Êtes-vous
prêts, vous aussi, à relever
ce défi ?

publié au Canada par 14,90 €

ISBN JPC 978-2-905253-29-3 ISBN BLF 978-2-36249-383-6

9 782905 253293 9 782362 493836

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