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THESE
Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I
(Médecine - Pharmacie)
et soutenue publiquement le 13 décembre 2019
pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire
par
RENAUX Elsa
Née le 09 juin 1994
A Lille (59)
VETAGRO SUP
CAMPUS VETERINAIRE DE LYON
Année 2019 - Thèse n°116
THESE
Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I
(Médecine - Pharmacie)
et soutenue publiquement le 13 décembre 2019
pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire
par
RENAUX Elsa
Née le 09 juin 1994
A Lille (59)
Liste des Enseignants du Campus Vétérinaire de Lyon (01-09-2019)
3
4
Remerciements
5
6
Remerciements
À ma sœur,
Pour ton soutien, ton courage et ta présence depuis toujours et pour toujours.
À ma maman,
Pour ton amour sans limite, ta volonté, ton organisation infaillible et le sens du travail
que tu as su nous inculquer.
À mon papa,
Pour ta patience infinie, ton calme et ta bonne humeur mais aussi pour ton amour
indestructible.
À toute ma famille,
À mes amis,
Ma petite famille Lyonnaise, pour votre présence et votre soutien au cours de ces
cinq merveilleuses années.
À Xavier,
Pour ta présence, ton amour et ton soutien au quotidien.
7
8
Table des matières
10
Table des figures
11
Figure 25 : Photo d'un fœtus bovin et de ses membranes à 45 (A) et 55 (B) jours
de gestation (DesCôteaux, Colloton, et al. 2016). ............................................... 80
Figure 26 : Conceptus in situ de jument de 20 jours (Allen, Wilsher 2009). .............. 81
Figure 27 : Conceptus de jument de 28 jours in situ, ouverture ventrale de l’utérus
(Allen, Wilsher 2009)............................................................................................ 81
Figure 28 : Conceptus de jument de 32 jours in situ, ouverture ventrale de l'utérus
(Allen, Wilsher 2009)............................................................................................ 82
Figure 29 : (a) Conceptus de jument de 39 jours, (b) Conceptus de jument de 40
jours in situ dans un utérus vascularisé avec ouverture ventrale (Allen, Wilsher
2009). ................................................................................................................... 82
Figure 30 : Conceptus de jument de 46 jours in situ dans un utérus vascularisé,
ouverture ventrale (Allen, Wilsher 2009).............................................................. 83
Figure 31 : Conceptus de jument de 58 jours in situ dans un utérus vascularisé,
ouverture ventrale (Allen, Wilsher 2009).............................................................. 83
Figure 32 : Schéma d'un placentome de bovin (Telugu, Green 2008). ................... 106
Figure 33 : Schéma de placentation synépithéliochoriale (Telugu, Green 2008). ... 108
Figure 34 : Schéma de placentation épithéliochoriale (Telugu, Green 2008). ......... 109
Figure 35 : Placentation cotylédonaire (vache) à gauche et placentation diffuse
(jument) à droite (Guillomot 2001). .................................................................... 109
Figure 36 : Photo d’un embryon de bovin de 35 jours (DesCôteaux, Colloton, et
al. 2016). ............................................................................................................ 111
Figure 37 : Photo d'un embryon de jument de 25 jours (Franciolli et al. 2011). ...... 112
Figure 38 : Photo d'un embryon de 40 jours (Franciolli et al. 2011). ....................... 113
Figure 39 : Fœtus bovin de 45 jours (DesCôteaux, Colloton, et al. 2016). .............. 114
Figure 40 : Fœtus bovin mâle de 55 jours (DesCôteaux, Colloton, et al. 2016). ..... 114
Figure 41 : Photo d'un fœtus de jument de 54 jours (Franciolli et al. 2011). ........... 115
Figure 42 : Photos d’un fœtus de 107 jours de jument (Franciolli et al. 2011). ...... 116
Figure 43 : Schéma d'un utérus de jument au 18ème jour de gestation (Brinsko et
al. 2011a). .......................................................................................................... 125
Figure 44 : Schéma d'un utérus de jument entre 25 et 30 jours de gestation
(Brinsko et al. 2011a). ........................................................................................ 125
Figure 45 : Schéma d'un utérus de jument entre 35 et 40 jours de gestation
(Brinsko et al. 2011a). ........................................................................................ 126
Figure 46 : Schéma d'un utérus de jument entre le 45 et 50 jours de gestation
(Brinsko et al. 2011a). ........................................................................................ 126
Figure 47 : Photo d'un utérus de jument entre 60 et 65 jours de gestation
(Brinsko et al. 2011a). ........................................................................................ 127
Figure 48 : Technique pour échographier le tractus génital femelle lors d'un
diagnostic de gestation (Schweizer 2014). ........................................................ 128
Figure 50 : Images échographiques d'un embryon bovin de 40 jours
(DesCôteaux, Colloton, et al. 2016). .................................................................. 130
Figure 51 : Images échographiques d'un fœtus de bovin à 47 jours de gestation
(DesCôteaux, Colloton, et al. 2016). .................................................................. 131
Figure 52 : Images échographiques d'un fœtus bovin à 59 jours de gestation :(A)
coupe transverse à hauteur du thorax, (B) coupe longitudinale (DesCôteaux,
Colloton, et al. 2016). ......................................................................................... 131
12
Figure 53 : Images échographiques d’un conceptus de jument à 12 jours de
gestation (Schweizer 2014). .............................................................................. 134
Figure 54 : Images échographiques de la vésicule embryonnaire de jument à :
(A) J14, 1,5 cm, (B) J15, 2 cm, (C) J17, 3 cm (Schweizer 2014)....................... 135
Figure 55 : Images échographiques d'une vésicule embryonnaire de jument à 18
jours de gestation (Schweizer 2014).................................................................. 135
Figure 56 : Images échographique du conceptus de jument à 20-21 jours de
gestation (Schweizer 2014). .............................................................................. 136
Figure 57 : Images échographiques du conceptus de jument à 28 jours de
gestation (Schweizer 2014). .............................................................................. 136
Figure 58 : Images échographiques d'un conceptus de jument à 37 jours de
gestation (Schweizer 2014). .............................................................................. 137
Figure 59 : Images échographiques d'un fœtus de jument à 42 jours de gestation
(Schweizer 2014). .............................................................................................. 137
Figure 60 : Images échographiques d'un fœtus de jument à 44 (A) et 45 (B) jours
de gestation (Schweizer 2014). ......................................................................... 138
Figure 61 : Images échographiques d'un fœtus de jument à 55 (A) et 62 (B) jours
de gestation (Schweizer 2014). ......................................................................... 138
Figure 62 : (A) Deux kystes adjacents chez une jument gestante de 29 jours, (B)
Kystes endométriaux avec paroi hyperéchogène, (C) Kyste endométrial qui
ressemble à une vésicule embryonnaire (Holder 2014a). ................................. 139
Figure 63 : Images échographiques d'embryon vivant de jument à 34 jours de
gestation (A) puis mort à 63 jours de gestation (Schweizer 2014). ................... 160
Figure 64 : Images échographiques d'une mortalité embryonnaire de bovin à 32
jours de gestation (DesCôteaux, Colloton, et al. 2016). .................................... 161
Figure 65 : Images échographique d'une mortalité embryonnaire de bovin à 30
jours de gestation (DesCôteaux, Colloton, et al. 2016). .................................... 162
Figure 66 : Deux vésicules embryonnaires de jument séparées dans la corps
utérin (Holder 2014a). ........................................................................................ 165
Figure 67 : Deux vésicules embryonnaires de jument accolées (Holder 2014a). .... 165
Figure 68 : Vésicule embryonnaire de jument après réduction manuelle (Holder
2014a). ............................................................................................................... 166
Figure 69 : Fœtus bovins jumeaux entourés de leur membrane fœtale
(DesCôteaux, Colloton, et al. 2016). .................................................................. 168
Figure 70 : Images échographiques de la "twin line" à 26 jours de gestation chez
la vache (DesCôteaux, Colloton, et al. 2016). ................................................... 168
Figure 71 : Images échographiques de jumeaux homozygotes bovins à gauche
et de l’ovaire à droite (DesCôteaux, Colloton, et al., 2016). .............................. 169
Figure 72 : Schéma d'un fœtus bovin femelle (gauche) et mâle (droite) à 40 (A)
et 55 (B) jours de gestation (DesCôteaux, Colloton, et al. 2016)....................... 171
Figure 73 : Coupe longitudinale d'un fœtus mâle bovin à 65 jours de gestation
(DesCôteaux, Picard-Hagen, et al. 2016). ......................................................... 172
Figure 74 : Coupe longitudinale d'un fœtus mâle bovin à 68 jours de gestation
(DesCôteaux, Picard-Hagen, et al. 2016). ......................................................... 172
Figure 75 : Coupe longitudinale d'un fœtus mâle bovin à 68 jours de gestation
(DesCôteaux, Picard-Hagen, et al. 2016). ......................................................... 173
13
Figure 76 : Coupe transversale d'un fœtus mâle bovin à 75 jours de gestation
(DesCôteaux, Picard-Hagen, et al. 2016). ......................................................... 173
Figure 77 : Coupe longitudinale d'un fœtus femelle bovin à 60 jours de gestation
(DesCôteaux, Picard-Hagen, et al. 2016). ......................................................... 174
Figure 78 : Coupes transversales d'un fœtus femelle de jument à 63 jours de
gestation (Holder 2014b). .................................................................................. 175
Figure 79 : Coupe transversale d'un fœtus mâle de jument (Holder 2014b). .......... 175
14
Table des tableaux
15
16
Liste des abréviations
18
Introduction
La gestation est, par définition, l’état d’une femelle vivipare qui porte son petit.
Elle débute par la fécondation et se termine par la mise-bas. La gestation dure
environ neuf mois chez la vache et environ onze mois chez la jument. Cette thèse
s’intéresse particulièrement au début de la gestation, soit au premier trimestre. Cette
période comprend la phase embryonnaire et le début de la phase fœtale.
La vache et la jument partagent des points communs anatomiques et
physiologiques au niveau du système reproductif. En effet, elles sont, toutes deux,
des mammifères euthériens (dotés d’un placenta), amniotes (l’embryon est entouré
par l’amnios qui délimite la cavité amniotique) et unipares (chaque gestation ne
donne, en général, qu’un seul petit). Globalement, leur gestation fait intervenir la
même succession d’évènements.
La période de vie libre pré-implantatoire est longue. Cette période coïncide avec le
phénomène de reconnaissance maternelle qui assure le maintien de la gestation. À
ce jour, le signal de reconnaissance maternelle est bien défini chez la vache mais
reste non déterminé chez la jument.
Après quelques rappels sur l’anatomie et la physiologie de la reproduction
chez la vache et chez la jument, nous étudierons la migration des gamètes mâle et
femelle au sein du tractus génital femelle ainsi que la fécondation. Par la suite, nous
exposerons les différentes étapes du développement embryonnaire, de l’implantation
et du développement fœtal. Pour terminer, nous décrirons les applications cliniques
réalisables par le vétérinaire tout au long du premier trimestre de gestation.
19
20
Partie 1:
21
22
I. Anatomie et physiologie du tractus génital
femelle
La vulve est la partie externe de l’appareil génital. Elle est composée de deux
lèvres qui se rejoignent au niveau des commissures dorsale et ventrale. La
commissure dorsale est arrondie et la commissure ventrale est pointue chez la
plupart des mammifères à l’exception de la jument chez qui la conformation est
inversée (fig.1) (Constantinescu 2007).
Vache Jument
Figure 1 : Schéma d'anus et de l'appareil génital externe de vache et de jument (Konig, Liebich
2014).
Physiologiquement, la fente entre les deux lèvres doit être fermée et verticale
pour éviter l’introduction de fèces ou d’air (Dyce et al. 2010). Chez la jument,
l’anatomie idéale correspond à une vulve dont la commissure dorsale des lèvres est
située à quatre centimètres maximum au dessus du plancher du bassin et dont les
deux tiers de la vulve se trouve en dessous du plancher du bassin, avec une
orientation crânio-caudale qui doit être inférieure à dix degré par rapport à la
verticale.
Il faut évaluer la présence d’écoulements au niveau de la vulve ou de la queue qui
pourraient révéler une infection de l’utérus ou simplement des chaleurs (Pinto, Frazer
2013).
23
Le clitoris, particulièrement développé chez la jument, se trouve au niveau de la
commissure ventrale des lèvres. Chez la jument, des sinus clitoridiens existent et
peuvent abriter des bactéries telle que Taylorella equigenitalis et être à l’origine
d’infection persistante du tractus génital telle que la métrite contagieuse équine
(Konig, Liebich 2014).
Le vagin est l’organe qui reçoit le sperme lors de l’accouplement ainsi que
celui qui assure le passage du fœtus lors de la mise-bas.
Il s’agit d’un organe impair et médian dans la cavité pelvienne, délimité
crânialement par le col de l’utérus et caudalement par le sinus uro-génital. Chez la
vache, il mesure jusqu’à 30 centimètres alors qu’il est plus court chez la jument (20 à
25 centimètres). L’hymen, un pli de la muqueuse vaginale peut persister
crânialement à l’orifice urétral externe et former une mince cloison, notamment chez
la jeune jument (Constantinescu 2007). Cela peut poser problème lors de la première
saillie.
On peut réaliser un examen visuel du vagin et du col de l’utérus à l’aide d’un
vaginoscope. Leur aspect donne un premier indice du stade du cycle œstral. Chez la
jument, en période d’œstrus, la muqueuse vaginale et le col de l’utérus sont roses et
humides. Le col de l’utérus est bien relâché. Dès l’ovulation, ainsi qu’au cours de la
phase de diœstrus, le cervix apparaît pâle, sec et fermé (Zent 2014).
Le vagin doit également être apprécié via une palpation digitale pour percevoir
finement les modifications de la muqueuse. Le col de l’utérus et la muqueuse du
vagin sont alors évalués : la présence d’écoulements, la forme et consistance du
cervix en fonction du stade du cycle, la présence de déchirures, lacérations,
adhérences, fistules recto-vaginales, abcès, hématomes ou d’uro-vagin. En cas de
suspicion de traumatismes sur le col utérin, il est préférable de reconduire l’examen
en période de diœstrus, lorsque celui-ci est normalement fermé (Carleton 2007;
Pinto, Frazer 2013).
Le vagin est également évalué lors de la palpation transrectale : une
distension de celui-ci peut être causée par la présence d’air, d’urine, de mucus ou
d’une tumeur. Chez les femelles en post-partum, il faut repérer la présence
éventuelle de perforations. La palpation du col de l’utérus permet d’évaluer le
diamètre de celui-ci ainsi que sa position pelvienne ou abdominale, variable en
fonction du stade de gestation ou du stade d’involution utérine par exemple.
24
2. L’utérus
a. Anatomie de l’utérus
L’utérus est l’organe de la gestation. Il est constitué des deux cornes utérines, du
corps utérin et du col utérin (cervix). L’utérus est suspendu par le mésometrium.
La vache est dotée d’un utérus bipartitus, c’est-à-dire que les deux cornes, qui
mesurent environ 35 à 45 centimètres, abouchent sur un corps de petite taille (3-4
centimètres) et sont reliées par deux ligaments intercornuaux (ventral et dorsal), très
utiles au court de la palpation transrectale pour ramener l’utérus caudalement. Les
cornes possèdent une forme spiralée de « cornes de bélier » : elles possèdent une
courbure ventrale puis une courbure caudale et enfin une courbure dorsale (fig.2,
fig.3).
Figure 2 : Schéma des organes génitaux femelles de vache (à gauche) et de jument (à droite)
(Konig, Liebich 2014).
25
Figure 3 : Appareil génital d'une vache - vue dorsale (Constantinescu 2007).
26
La paroi de l’utérus est constituée de 3 couches (Barone 2001):
• Le périmètre est la séreuse qui entoure l’utérus.
• Le myomètre est une musculeuse constituée d’une couche superficielle de
fibres lisses longitudinales, d’une couche moyenne qui constitue un plexus
vasculaire (stratum vasculare) et d’une couche profonde dont les fibres sont
circulaires.
• L’endomètre est la muqueuse constituée d’un épithélium et d’un stroma riche
en glandes utérines, particulièrement actives au moment de l’œstrus et de la
gestation pour produire le « lait utérin » assurant la nutrition de l’embryon
(Frandson, Lee Wilke, Dee Fails 2009). Chez les ruminants, l’endomètre
possède la particularité de présenter de nombreux petits reliefs pédiculés
appelés caroncules utérines (chez la vache, 80 à 120 caroncules). Il s’agit du
site de liaison avec les cotylédons fœtaux pendant la gestation (Konig, Liebich
2014).
artère vaginale
artère utérine
vagin
artère ovarique cervix
vestibule du vagin
urètre
clitoris
vessie
ovaire
Figure 5 : Schéma des organes génitaux femelles de vache in situ – vue latérale (Konig, Liebich
2014).
27
En revanche, chez la jument non gestante, les cornes utérines sont, en
général, repoussées dorsalement contre la paroi lombaire ou latéralement contre les
flancs par la masse intestinale. Seul le tiers voire la moitié caudale du corps utérin
appartient à la filière pelvienne. Le col de l’utérus est facilement palpable entre le
rectum et le pôle crânial de la vessie. L’apex de la corne se trouve 15 à 20
centimètres ventro-caudalement à l’ovaire, en regard de la quatrième ou cinquième
vertèbre lombaire (Barone 2001) (fig.6).
artère vaginale
artère ovarique
rein
artère utérine
rectum
bourse de l’ovaire
ovaire
vagin
cervix
cornes utérines vestibule du vagin
urètre
vessie
Figure 6 : Schéma des organes génitaux femelles de jument in situ – vue latérale (Konig,
Liebich 2014).
28
Le cervix ou col de l’utérus possède une paroi plus épaisse et plus rigide
dont la consistance est facilement palpable lors de palpation transrectale. Chez la
vache, il est plus long que le corps utérin (10 centimètres) alors qu’il est plus court
chez laJument
jument (5 à 8 centimètres) (fig.7) (Barone 2001). Le canal cervical n’est
ouvert qu’en période d’œstrus et de parturition. La partie caudale du col fait
protrusion dans le vagin et est entouré par un anneau appelé le fornix (Dyce et al.
2010).
Vache Jument
Jument
Vache
Le col utérin possède une couche musculaire modifiée par rapport au reste de
l’utérus (Barone 2001) :
• LaVache
couche superficielle est constituée de fibres lisses longitudinales en
continue avec le corps utérin.
• La couche moyenne est quasi-inexistante.
• La couche profonde se renforce pour former un sphincter épais. Elle est
Vagin Cervix Utérus
épaisse et riche en fibres élastiques pour assurer la contention du fœtus et de
ses annexes au cours de la gestation.
De plus, l’épithélium du col ne possède pas de glandes et ne varie que très peu au
cours du cycle sexuel. La totalité de l’épithélium sécrète le mucus cervical.
Chez la vache, la lumière du col utérin est obstruée par quatre plis circulaires (fig.8).
Chez la jument, l’aspect du col varie en fonction du stade du cycle œstral et de
l’existence d’une gestation (fig.9).
29
Figure 8 : Col utérin de vache (Barone 2001).
30
Figure 9 : Partie vaginale du cervix de la jument pendant le dioestrus, l'oestrus et la gestation.
Dioestrus : A. Le cervix - vue caudale. B. Portion vaginale du cervix - coupe médiane. Oestrus :
C. Le cervix - vue caudale. D. La portion vaginale du cervix – coupe médiane. Gestation : E. Le
cervix - vue caudale. F. Portion vaginale du cervix - coupe médiane (Constantinescu 2007).
31
b. Exploration de l’utérus par palpation transrectale
Figure 10 : Photo d'une vache au cornadis au cours d'une palpation transrectale (photo prise
par Elisa Antoine).
32
Figure 11 : Photo d'une jument dans un travail au cours d'une palpation transrectale (Degien
2017).
Le vétérinaire est équipé d’un gant à usage unique qui monte jusqu’à l’épaule,
bien lubrifié.
Pour faciliter l’examen, on peut commencer pas repérer le col utérin dont la
consistance plus ferme est aisément palpable.
En progressant le long du corps utérin, on doit palper le corps utérin puis la
bifurcation des cornes et évaluer la symétrie de celles-ci. Il convient ensuite de
palper chacune des cornes et de déterminer le nombre de cornes palpables, la
symétrie, la taille, la mobilité (adhérences, brides, cicatrice de césarienne), la position
ainsi que la tonicité de celles-ci. Pendant l’œstrus, chez la jument, l’utérus est flasque
alors que chez la vache il est très tonique (Lefranc 2008). On peut sentir la présence
d’un embryon, de fluide dans la lumière utérine, d’œdème de la muqueuse utérine ou
de kystes endométriaux.
Lors de cet examen, on peut également essayer de sentir le thrill de l’artère utérine
en cas de gestation (Hanzen 2015).
Chez la jument, on peut commencer par palper facilement la vessie et les
ligaments ronds (Matthys, Perrault, Cadoré 2017).
33
3. Les oviductes
34
Figure 12 : Ovaire et trompe utérine gauche chez la vache (Barone 2001).
35
Figure 13 : Ovaire et trompe utérine gauche chez la jument (Barone 2001).
Chaque ovaire est suspendu par la partie crâniale du ligament large. Celui-ci
est constitué par le mésovarium proximal et par le mésovarium distal qui forment la
bourse ovarique. Le ligament suspenseur de l’ovaire constitue le bord crânial du
mésovarium proximal qui suspend l’ovaire à la paroi lombaire. Les nerfs et vaisseaux
ovariques courent le long de ce ligament. Le ligament propre de l’ovaire relie l’ovaire
à la corne utérine (Barone 2001). Le mésovarium, le mésosalpinx et le ligament
propre forment une bourse ovarique qui ne recouvre pas l’ovaire entièrement chez la
vache comme chez la jument (fig.12, fig.13) (Konig, Liebich 2014).
36
plan médian (fig.5). L’ovaire gauche est en rapport avec le cul-de-sac dorsal du
rumen alors que l’ovaire droit est en rapport avec les circonvolutions du jéjunum
présentes à l’entrée du bassin.
nerf végétatif
follicule de Graaf
corps jaune
follicules primaire et
follicule tertiaire
secondaire
nerf végétatif
artère ovarique
vaisseau lymphatique
veine ovarique
37
nerf végétatif
artère ovarique
vaisseau lymphatique
veine ovarique
follicules primaire,
secondaire et tertiaire
follicule de Graaf
fosse ovulatoire
La palpation transrectale des ovaires doit renseigner sur leur taille, leur
symétrie, leur mobilité ainsi que leur surface lisse ou granuleuse. La taille et le relief
donnent des indices sur le ou les organites présents sur l’ovaire (follicules, corps
jaunes, kystes ou tumeurs) (Hanzen 2015).
Au début de gestation, l’intérêt principal de la palpation des ovaires est de déterminer
si on peut palper un corps jaune.
Chez la vache, la taille des ovaires est variable : elle varie de la taille d’un
haricot lorsque l’ovaire est inactif à un œuf de poule en cas de pathologie.
Physiologiquement, il avoisine la taille et la forme d’une amande. Pour évaluer la
présence d’un organite et en évaluer sa nature, il faut prendre l’ovaire entre le majeur
et l’index pour pouvoir faire glisser le pouce sur la surface.
Théoriquement, chez une vache cyclée et en dehors de la période autour de
l’ovulation, un corps jaune doit être présent sur un seul des deux ovaires et un ou
plusieurs follicules sont présents sur l’un ou les deux ovaires. Les ovaires sont donc
généralement de taille différente, avec un ovaire fonctionnel plus grand. Il se peut
néanmoins que leur taille apparaisse sensiblement identique, il faut alors rechercher
la présence d’organites.
Pour faire la différence entre un follicule et un corps jaune lors de la palpation
transrectale, il faut évaluer (Escouflaire 2003):
ü La présence d’un sillon disjoncteur entre le corps jaune et l’ovaire, absent pour
le follicule.
ü La surface granuleuse du corps jaune ou lisse du follicule.
38
ü La présence d’une cicatrice d’ovulation sur le corps jaune, absente sur le
follicule.
ü La texture ferme d’un corps jaune alors qu’elle est souple et dépressible sur
un follicule.
La lutéolyse est, par définition, la lyse du corps jaune. Elle est déclenchée
par les prostaglandines synthétisées par l’endomètre. La lutéolyse fonctionnelle
entraîne une chute de la progestéronémie. La lutéolyse anatomique se traduit par le
remplacement des cellules lutéales en fibroblastes et aboutit à la formation d’une
structure appelée corpus albicans. La dégénérescence dure environ 2 à 3 semaines
et laisse une petite cicatrice sur l’ovaire, parfois visible à l’échographie.
La PGF2α agit de plusieurs manières sur le corps jaune (Pineda, Dooley 1991):
• La vasoconstriction des vaisseaux causant une ischémie et la mort des
cellules lutéales,
40
• L’interférence avec la synthèse de progestérone,
• La compétition pour les récepteurs à LH,
• La destruction des récepteurs à LH.
Alors que l’hypophyse et les ovaires possèdent une activité basale dès le plus
jeune âge, la puberté correspond à l’activation de l’hypothalamus qui débute une
sécrétion pulsatile de GnRH. Il en découle l’activation de l’axe hypothalamus-
hypophyse-gonades.
De nombreux facteurs extérieurs tels que la saison, l’état d’embonpoint, la nutrition,
les maladies et l’environnement social peuvent influencer l’âge de la puberté
(Youngquist, Threfall 2007a).
41
En 1977, Guillemin et Schally découvrent que l’hypothalamus sécrète la
GnRH (gonadotropin-releasing hormone) (Norris, Lopez 2011). Une dizaine d’années
plus tard, on découvre que la sécrétion de GnRH obéit à un profil pulsatile qui est
intrinsèque aux neurones hypothalamiques après intégration d’informations issues
de l’intérieur (pathologie, maigreur...) ou de l’extérieur (présence du mâle, stress...)
(Montmeas, Leborgne, Tanguy 2013). Elle agit ensuite sur l’adénohypophyse qui
synthétise et sécrète, entre autres hormones, la LH (Luteinizing Hormone) et la FSH
(Follicule Stimulating Hormone).
Une libération fréquente de GnRH, toutes les 8 à 30 minutes, est à l’origine d’une
sécrétion de LH alors qu’une libération moins fréquente, toute les 30 à 60 minutes,
entraîne préférentiellement la sécrétion de FSH (Norris, Carr 2013).
Les ovaires sont le siège du développement des follicules et des corps jaunes
à l’origine de la sécrétion d’hormones stéroïdiennes : respectivement les œstrogènes
et la progestérone. Elles ont une action sur l’hypothalamus et sur l’hypophyse : à
forte dose, les œstrogènes exercent un rétrocontrôle positif alors que la progestérone
exerce un rétrocontrôle négatif sur l’axe hypothalamo-hypophysaire (Montmeas,
Leborgne, Tanguy 2013).
42
permet d’obtenir un concentration sanguine plus importante. C’est la condition
nécessaire à l’ovulation (Gordon 1996).
Cependant, au cours de la phase pré-ovulatoire de la jument, la LH présente
une augmentation puis une diminution progressive sur plusieurs jours et atteint son
pic 1 à 2 jours après l’ovulation (Gordon 1997). Ce modèle de sécrétion particulier
peut expliquer le nombre accru de 2ème ovulation pendant la phase lutéale, de part la
persistance plus longue de LH sanguine associée à une longue demi-vie de la LH
(Hafez, Hafez 2000). L’intervalle entre les deux ovulations varie de 2 à 12 jours et
peut expliquer l’apparition de gestations gémellaires malgré la présence d’un seul
follicule pré-ovulatoire détectable à l’échographie (Gordon 1997).
43
d. La jument : une espèce saisonnière
44
II. Dépôt, migration et rencontre des
gamètes mâle et femelle
47
3. Stockage temporaire des spermatozoïdes dans le tractus
génital femelle
Chez les bovins et chez les équidés, l’isthme caudal de l’oviducte est une
zone de stockage des spermatozoïdes en attendant la fécondation (Hawk 1987;
Troedsson, Liu, Crabo 1998).
Les spermatozoïdes peuvent s’attacher aux cellules épithéliales ou rester dans le
fluide de l’oviducte. Le sperme présent dans la lumière de l’isthme est transporté par
les sécrétions tubaires alternativement vers l’ampoule et vers l’utérus sous l’effet des
contractions des muscles lisses de l’oviducte, absentes au niveau de l’ampoule
utérine.
La viscosité du fluide restreint les mouvements latéraux des spermatozoïdes
motiles. Ainsi, les spermatozoïdes se déplacent en groupe le long des parois pour
faciliter leur migration au sein du liquide visqueux. La migration des spermatozoïdes
est guidée par chimiotactisme ou uniquement pas le flux liquidien.
a. La capacitation
49
Tout d’abord, les ions HCO3- pénètrent dans le spermatozoïde via un synport
Na+/HCO3-. L’augmentation de la concentration intracellulaire en bicarbonates
entraîne une translocation des phospholipides membranaires et une affinité accrue
du cholestérol pour l’albumine extérieure qui le capte.
L’alcalinisation du milieu intracellulaire active l’adénylate cyclase à l’origine d’une
augmentation d’AMPc. Celle-ci active la protéine kinase A (PKA) AMPc dépendante.
La PKA intervient dans la mobilité du spermatozoïde : précocement, elle active le
mouvement du flagelle et plus tardivement elle modifie le modèle de mouvement du
flagelle. Elle est donc nécessaire à l’acquisition du mouvement hyperactif du
spermatozoïde indispensable pour la pénétration de la zone pellucide et la
fécondation.
L’activation de la PKA modifie le potentiel de membrane et active les canaux
Ca voltage-dépendants causant une augmentation du Ca2+ intracellulaire par la
2+
50
A. Début de
capacitation
B. Capacitation
C. Réaction acrosomique
51
In vivo, ces mécanismes n’ont pas été mis en évidence à cause de limites
techniques. Il a toutefois été prouvé que les protéines contenues dans les sécrétions
tubaires sont capables de capter le cholestérol de la membrane plasmique du
spermatozoïde. Il semblerait également que la capacitation des spermatozoïdes est
plus rapide lorsque ceux-ci sont exposés aux segments successifs de l’utérus puis
de l’oviducte. La vitesse de capacitation est alors dépendante de l’environnement et
variable d’un individu à un autre.
b. L’hyperactivation
• Dans les testicules, les spermatozoïdes sont d’abord activés dès qu’ils sont
libérés dans le liquide séminal : ils commencent à nager vigoureusement en adoptant
une trajectoire rectiligne.
• Les spermatozoïdes sont ensuite hyperactivés lorsqu’ils adoptent un type de
mouvement assez spécifique caractérisé par une augmentation de l’amplitude de
courbure du flagelle et un battement flagellaire asymétrique. Cela se produit au
niveau de l’ampoule et de l’isthme de l’oviducte. In vitro, le spermatozoïde nage en
cercle : chez les bovins, deux battements flagellaires suffisent à compléter un cercle ;
52
ils semblent alors réaliser une trajectoire en forme du chiffre 8. Ce type de
mouvement augmente au moment de la capacitation.
53
de l’œstrus. Elles sont capables de se lier avec l’ovocyte, les spermatozoïdes et
l’embryon.
Lorsque les spermatozoïdes sont incubés avec des OSG, ils présentent une
meilleure capacitation, mobilité et vitalité ainsi qu’un meilleur taux de fécondation et
de développement embryonnaire.
Lorsque l’ovocyte est incubé avec des OSG, il possède également un meilleur
taux de fécondation et de développement embryonnaire mais moins de liaisons aux
spermatozoïdes.
L’ostéopontine sécrétée par l’oviducte semble avoir également ces effets bénéfiques.
Les OSG et l’ostéopontine sont des candidats sérieux pour optimiser la survie des
gamètes et leur fécondation. Cependant, les souris dépourvues du gène OSG et du
gène de l’ostépontine respectivement présentent une fertilité normale. In vivo, il faut
donc considérer l’intervention d’autres molécules et leur interaction.
D’autre part, des spermatozoïdes ont été incubés avec des sécrétions
tubaires : de l’isthme en phase L, de l’isthme en phase NL, de l’ampoule en phase L
et de l’ampoule en phase NL (Grippo, Way, Killian 1995).
Les résultats obtenus sont alors les suivants:
54
L’isthme est donc la zone de stockage ainsi que la zone de capacitation qui
fournit des spermatozoïdes capables de réaliser la réaction acrosomique.
55
dans la survie des spermatozoïdes, la mobilité, la capacitation, la fécondation et le
développement embryonnaire.
Chez les bovins, d’autres protéines ont été caractérisées (Moura, Memili 2016) :
• La kallikréine et l’enzyme de conversion de l’angiotensine stimulent la motilité
des spermatozoïdes.
• La phospholipase A2 (PLA2) participe à la capacitation, la réaction
acrosomique, à la fusion des membranes de l’ovocyte et du spermatozoïde.
Elle possède un rôle antimicrobien.
• L’ostéopontine, également présente dans les sécrétions de l’oviducte, jouerait
un rôle majeur sur la fertilité, notamment chez les taureaux Prim’Holstein.
Grâce à ses capacités d’adhésion à la fois sur le spermatozoïde et sur
56
l’ovocyte, elle assurerait la liaison entre les gamètes mâle et femelle : une fois
l’espace périvitellin franchit, l’ostéopontine se fixerait au segment post-
équatorial pour assurer l’interaction entre le spermatozoïde et l’ovocyte, via
des intégrines ou le récepteur CD44. Il ne s’agit encore que d’hypothèses
mais l’ostéopontine pourrait alors influencer la fécondation ainsi que le
développement embryonnaire précoce.
58
Chez la jument, les contractions utérines reprennent, de 4 heures jusqu’à 12
heures après l’insémination. Cette seconde phase d’activité musculaire est
semblable à celle observée en cas d’inoculation de bactéries dans le tractus génital
et se mettrait donc en place en réponse à l’inflammation utérine. L’objectif de ces
contractions, ne serait pas, cette fois, de favoriser le transport des spermatozoïdes
mais d’évacuer le reste de spermatozoïdes, de débris de liquide séminal et de
contaminants présents dans l’utérus (Troedsson, Liu, Crabo 1998).
59
III. La fécondation
60
La fécondation a lieu 6 à 12 heures après l’ovulation in vivo. Elle se produit en
plusieurs étapes (Schatten 2007; Thibault, Levasseur 2001):
61
Figure 17 : La réaction acrosomique (Goudet et al. 2014).
(a) avant réaction, le spermatozoïde avec son acrosome intact, (b) au cours de la réaction, la fusion
des membranes plasmiques (mp) et acrosomique externe (mae) entraîne la formation de vésicules
membranaires et de trous par lesquels le contenu de l’acrosome, hydrolysé par les enzymes
acrosomiques, est libéré, (c) lorsque la réaction acrosomique est achevée, les vésicules
membranaires sont éliminées, (d) la membrane acrosmique interne (mai) du spermatozoïde se trouve
exposée.
62
7) L’activation de l’ovocyte par le spermatozoïde induit une augmentation de la
concentration intracellulaire en Ca2+ par libération de calcium depuis le réticulum
endoplasmique. Cela induit la reprise des divisions de méiose de l’ovocyte et
l’expulsion du deuxième globule polaire. L’œuf et le globule polaire possèdent autant
d’ADN maternel. Cette étape entraîne une dépolarisation de la membrane plasmique
et des canaux calciques. Cela bloque la membrane plasmique et l’exocytose des
granules corticaux dans l’espace péri-vitellin et empêche ainsi la pénétration de la
zone pellucide par d’autres spermatozoïdes. Ce mécanisme limite la polyspermie.
L’exocytose des granules corticaux se produit plus tardivement chez la jument que
chez la vache.
L’ADN femelle se décondense et s’entoure d’une nouvelle enveloppe
nucléaire pour former le pronoyau femelle. Les chromosomes mâles se
décondensent également par rupture des ponts disulfures suite au remplacement
des protamines par des histones ovocytaires. La chromatine est modifiée et
s’entoure d’une nouvelle enveloppe nucléaire issue du réticulum endoplasmique pour
former le pronoyau mâle.
63
La figure 18 fait le bilan des différentes étapes de la fécondation.
64
SYNTHÈSE
Au niveau anatomique,
ü L’appareil génital de la vache et de la jument est composé d’un tractus génital externe (la
vulve, le vestibule, le vagin et la partie externe du col de l’utérus) et d’un tractus génital
interne (la partie interne du col de l’utérus, le corps, les cornes utérines, les oviductes
et les ovaires).
ü La vache possède un utérus bipartitus dont les cornes utérines sont spiralées en forme
de « cornes de béliers ». Les ovaires et l’utérus sont regroupés dans la filière pelvienne.
L’exploration du tractus génital par palpation transrectale ne nécessite, en général,
l’introduction que d’un avant-bras.
La jument possède un utérus bicornis dont les cornes utérines sont plaquées contre les
flancs dorsalement. Les ovaires sont situés au pôle caudal du rein. La palpation
transrectale est donc plus crâniale et latérale que chez la vache.
ü Chez la vache, le col de l’utérus est obstrué par quatre plis circulaires tandis qu’il est
lisse chez la jument.
ü Chez la vache, l’endomètre possède des caroncules utérines alors qu’il est lisse chez la
jument.
Au niveau physiologique,
ü Chez la vache et chez la jument, le cycle œstral dure 21 jours. Il comprend une phase
folliculaire, l’ovulation, une phase lutéale et la lutéolyse qui autorise l’initiation du cycle
suivant. La gestation inhibe la lutéolyse et assure la persistance du corps jaune.
ü La vache est une espèce polyœstrienne continue tandis que la jument est une espèce
polyœstrienne saisonnière. En effet, celle-ci présente une anœstrus physiologique en
période de jours courts. Cela implique une activité de reproduction limitée aux périodes
de jours longs, entre mars et octobre environ.
ü Chez la jument, le pic de LH post-ovulatoire et la demi-vie longue de cette hormone
favorisent l’apparition d’une seconde ovulation qui prédispose aux gestations
gémellaires.
ü Lors de monte naturelle, le sperme est déposé dans le vagin chez la vache et
majoritairement dans l’utérus chez la jument. L’insémination artificielle permet donc de
s’affranchir de la première barrière que constitue le col de l’utérus.
ü Une endométrite post-coïtale transitoire est physiologique chez la vache et chez la
jument. Elle assure l’élimination des débris séminaux, des spermatozoïdes et des
contaminants.
ü En attendant l’ovulation, les spermatozoïdes se fixent aux cellules épithéliales de l’utérus
au niveau de zones de stockage constituées par les cryptes du col de l’utérus chez la
vache et l’isthme caudal de l’oviducte chez la vache et chez la jument.
ü Chez la vache et chez la jument, la capacitation et l’hyperactivation des
spermatozoïdes sont nécessaires à la fécondation. Elles se produisent au niveau de
l’isthme de l’oviducte en période péri-ovulatoire.
ü Chez la vache et chez la jument, les sécrétions des oviductes et le liquide séminal
favorisent la migration et la survie des gamètes, la fécondation et le développement
embryonnaire.
ü La fécondation a lieu à la jonction entre l’ampoule et l’isthme de l’oviducte. Elle suit la
même succession d’événements chez la vache et chez la jument et aboutit à la formation
d’un zygote.
65
66
Partie 2 :
67
68
La phase embryonnaire pré-implantatoire correspond à la période de vie
libre de l’embryon. L’œuf est alors dans la lumière utérine, apposé à l’épithélium
endométrial sans invasion de celui-ci. Elle débute par la fécondation et se termine
par l’implantation (ou nidation). L’implantation étant tardive chez nos mammifères
domestiques (vache : J19-20, jument : J35-40 après l’ovulation), l’étape de vie libre
est assez longue (Walters 2007). Cette phase est caractérisée par la migration et
l’élongation du conceptus, la sécrétion d’histotrophes par l’endomètre nécessaire à
sa nutrition ainsi que l’émission d’un signal de reconnaissance maternelle par le
conceptus.
Chez la plupart des mammifères, telle que la vache, l’embryon et les ovocytes
non fécondés sont transportés simultanément dans l’utérus.
Néanmoins, chez la jument, il existe un transport sélectif de l’embryon vers
l’utérus alors que les ovocytes non fécondés sont retenus dans l’oviducte où ils
dégénèrent (Niekerk, Gerneke 1966; Betteridge, Mitchell 1974).
D’après Weber J.A et al., les prostaglandines PGE2 sécrétées par l’embryon ont un
rôle dans l’initiation du transport sélectif de l’embryon depuis l’oviducte vers l’utérus.
En effet, l’administration continue de PGE2 d’origine embryonnaire dans l’oviducte
accélère le transport des embryons (Weber et al. 1991).
69
Chez la vache comme chez la jument, le zygote passe du stade de morula au
stade de blastocyste au cours des premières divisions embryonnaires. Bien que les
délais soient légèrement différents, les étapes sont identiques chez nos deux
espèces (Betteridge, Fléchon 1988; Vanderwall 1996).
À partir de la seconde phase de division, les divisions sont asynchrones et
inégales donnant naissance à des blastomères de taille inégale. Le clivage des
blastomères en deux populations aboutit finalement à la formation de la masse
cellulaire interne ou bouton embryonnaire d’une part et du trophectoderme d’autre
part. Par la suite, la masse cellulaire interne formera l’embryon tandis que le
trophectoderme formera les annexes fœtales.
Au stade 16-cellules, l’embryon ressemble à une framboise : il s’agit du stade
de morula.
Au stade 32-cellules, les blastomères deviennent mal délimités et débutent le
processus de compaction. Lors de la compaction, les blastomères perdent leur forme
sphérique, mettent en place des jonctions serrées et des jonctions gap et deviennent
polarisées. On parle alors de morula compactée. La compaction est une condition
nécessaire à la formation du blastocœle.
Le blastocœle est une cavité liquidienne qui se forme entre la masse cellulaire
interne et le trophectoderme, vers le 7ème jour de gestation. Elle marque le passage
du stade de morula au stade de blastocyste. A ce stade, le blastocyste jeune est
encore entouré de la zone pellucide.
Le blastocyste tardif finit par être expulsé de la zone pellucide, ce qui permet
l’initiation de l’implantation.
Le conceptus est alors constitué de la masse cellulaire interne appelée
l’embryoblaste et de la couche cellulaire externe appelée le trophoblaste.
Au cours de la gastrulation, la masse cellulaire interne est le siège de remaniements
morphologiques avec différenciation et migrations cellulaires. Elle assure le passage
du stade de blastocyste au stade de gastrula.
La masse cellulaire interne se divise en hypoblaste et épiblaste.
Les cellules hypoblastiques recouvrent le blastocœle pour former l’endoderme extra-
embryonnaire à l’origine du sac vitellin.
Les cellules épiblastiques se scindent en deux populations pour former les cellules
épiblastiques embryonnaires d’une part et l’ectoderme de l’amnios d’autre part. Les
cellules épiblastiques embryonnaires formeront le mésoderme extra-embryonnaire
ainsi que les trois feuillets embryonnaires : l’endoderme, le mésoderme et
l’ectoderme (Gilbert 2000).
70
Le mésoderme extra-embryonnaire se sépare ensuite en deux couches : la
couche périphérique donnera le chorion alors que la couche interne formera la paroi
du sac vitellin. L’espace entre les deux couches de mésoderme correspond au
cœlome depuis lequel bourgeonnera l’allantoïde.
La masse cellulaire interne forme un renflement à la surface du blastocyste
pour former le disque embryonnaire, encore recouvert par le trophectoderme
(Betteridge, Fléchon 1988).
A B
18 jours 30 jours
40 cm de long 60 cm de long
Chez la jument, l’embryon reste plus longtemps dans l’oviducte que chez la
vache et rejoint la lumière utérine à un stade de développement plus avancé.
D’après Freeman et al., 1991, l’embryon rejoint l’utérus 130 à 142 heures après
l’ovulation (Freeman et al. 1991) alors que d’après Battut et al., 1997, il rejoint
l’utérus 144 à 156 heures après l’ovulation (Battut et al. 1997). En effet, le taux de
gestation chez les femelles dont la jonction utéro-tubaire a été ligaturée entre le 7ème
et le 10ème jour était plus bas que le taux de gestation chez les femelles ligaturées
entre le 4ème et le 6ème jour de gestation. Cela suggère que la vésicule embryonnaire
pénètre probablement dans le corps utérin à partir du 7ème jour de gestation (Griffin,
Carnevale, Ginther 1993).
Après avoir rejoint l’utérus, l’embryon reste sphérique et croit rapidement : il
mesure 3 à 5 millimètres de diamètre à J10 et mesure 15 à 20 millimètres à J14
après l’ovulation (Stout 2009).
L’embryon s’entoure d’une capsule qui commence à apparaître 48 heures
après l’ovulation et qui régresse au 23ème jour de gestation (fig.20) (Brinsko et al.
2011a). La capsule embryonnaire est une membrane acellulaire qui remplace la
zone pellucide et enveloppe le conceptus pendant la 2ème et la 3ème semaine de
gestation (Betteridge et al. 1982; Flood, Betteridge, Diocee 1982). Elle constitue une
barrière entre les cellules trophoblastiques et l’endomètre maternel.
72
Figure 20 : Conceptus collecté dans un utérus de jument 7 jours après l’ovulation avec la
capsule bien visible (Aurich, Budik 2015).
http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/
74
Les cupules endométriales sécrètent l’eCG (gonadotropine chorionique
équine) détectable entre J35 et J100 à 150. L’eCG stimule la formation du corps
jaune secondaire vers J40 et du corps jaune accessoire. Ceux-ci forment les corps
jaunes supplémentaires qui, avec le corps jaune primaire, assurent la sécrétion de
progestérone pendant les cinq premiers mois de gestation. Ils dégénèrent tous entre
J150 et J200. Le relai placentaire de sécrétion de progestérone est alors fonctionnel
(Brinsko et al. 2011a). L’eCG possède également un rôle immunorégulateur.
Si la gestation cesse avant la mise en place des cupules endométriales (J36 à
40), il est possible d’injecter de la PGF2α pour assurer un retour rapide en œstrus.
Si l’avortement se produit après la formation des cupules endométriales, la
sécrétion d’eCG se poursuit et la jument ne revient pas en chaleurs avant 3 mois. On
peut réaliser des injections répétées de prostaglandines pour induire la lyse du corps
jaune mais l’œstrus est rarement fertile tant que les cupules endométriales persistent
car les follicules sont, en général, anovulatoires (Brinsko et al. 2011a).
è Chez la jument, seul l’embryon rejoint l’utérus entre le 6ème et 7ème jour de
gestation, au stade de morula avancé ou blastocyste jeune. Les ovocytes non
fécondés sont retenus dans l’oviducte et y dégénèrent.
L’embryon de jument présente la particularité d’être entouré d’une capsule qui
remplace la zone pellucide. La capsule lui confère une forme sphérique et
persiste jusqu’au 23ème jour de gestation environ. Par ailleurs, contrairement à la
vache, l’embryon de jument est mobile dans la totalité du corps et des cornes
utérines. Il se fixe à la base d’une des deux cornes utérines seulement au 16ème
jour de gestation. De plus, certaines cellules trophoblastiques évoluent pour
former la ceinture chorionique qui, par la suite, envahira l’endomètre maternel
pour former les cupules endométriales. Ces dernières sont des structures
fonctionnelles qui sécrètent l’eCG, une hormone lutéotrope en début de
gestation.
75
Parallèlement au développement de l’embryon, les membranes extra-
embryonnaires se mettent en place. Elles formeront le placenta, nécessaire aux
échanges entre la mère et l’embryon après son implantation.
Chez les ruminants, le sac vitellin vascularisé n’entre pas en contact avec le
trophoblaste. Il forme une structure libre duquel émanent deux branches qui flottent
dans la cavité cœlomique.
76
La croissance du chorion, de l’amnios et de l’allantoïde débute lorsque la paroi
trilaminaire du sac vitellin forme le cœlome.
77
La figure 23 fait le bilan des différentes étapes du développement des membranes
extra-embryonnaires.
BLASTOCYSTE
78
Chez la vache, le chorion et l’amnios commencent à se développer vers le
ème
12 jour de gestation. L’amnios forme la cavité amniotique en entourant
complétement l’embryon à partir du 23ème jour de gestation. L’allantoïde apparaît
comme un bourgeon bilobé en croissance rapide depuis de la queue de l’embryon à
partir du 18ème jour de gestation.
Le conceptus occupe les deux tiers de la corne gravide au 14ème jour de
gestation. À J17, il occupe la totalité de la corne gravide (Winters, Green, Comstock
1942). Il atteint une longueur pouvant aller jusqu’à 40 centimètres alors que le
diamètre est resté stable à 2 millimètres depuis J10. Le conceptus atteint la jonction
utéro-tubaire de la corne contro-latérale entre le 20ème et le 24ème jour de gestation : il
ressemble à une longue corde de 1 mètre de long. L’allantoïde apparaît comme une
cavité ovale liquidienne de 3 à 4 millimètres de diamètre (DesCôteaux, Colloton, et
al. 2016).
Entre le 20ème et le 25ème jour de gestation, les membranes embryonnaires
sont transparentes et occupent la totalité des deux cornes utérines. À ce stade,
l’allantoïde et le chorion sont encore séparés par une discrète lame de vaisseaux
sanguins en regard de la partie ventrale de l’embryon. La membrane amniotique
apparaît alors fine et lisse et entoure l’embryon.
Entre le 25ème et le 30ème jour de gestation, le chorion, la membrane
transparente de l’allantoïde et la fine membrane amniotique sont apposés.
L’embryon est entièrement entouré par l’amnios à partir du 35ème jour de
gestation : on parle de cavité amniotique (fig.24). Elle peut être détectée par
palpation transrectale et par échographie transrectale.
La cavité amniotique est une cavité liquidienne en forme de haricot, 1 : amnios, 2 : fœtus, 3 : cordon
ombilical.
79
À partir du 37ème jour de gestation, on peut observer les placentomes
localisés, d’abord, à proximité de l’embryon. Ils apparaissent comme des dômes
semi-circulaires, lisses et aplatis. Entre le 37ème et le 40ème jour de gestation, ils sont
au nombre de 20 au maximum.
Entre le 40ème et le 45ème jour de gestation, une couche gélatineuse se forme
entre le chorion et l’allantoïde qui sont juxtaposés. Cette couche se mêle aux deux
membranes embryonnaires. En parallèle, le nombre de placentomes triple (fig.25).
Figure 25 : Photo d'un fœtus bovin et de ses membranes à 45 (A) et 55 (B) jours de gestation
(DesCôteaux, Colloton, et al. 2016).
80
Figure 26 : Conceptus in situ de jument de 20 jours (Allen, Wilsher 2009).
81
Entre le 30ème et le 40ème jour de gestation, l’allantoïde en croissance pousse
l’embryon vers le pôle opposé (fig.28).
Figure 29 : (a) Conceptus de jument de 39 jours, (b) Conceptus de jument de 40 jours in situ
dans un utérus vascularisé avec ouverture ventrale (Allen, Wilsher 2009).
82
Au 40ème jour de gestation, le sac vitellin est quasiment entièrement engloutit
par l’allantoïde. Il est incorporé dans la base du cordon ombilical.
Des cupules endométriales de diverses tailles sont visibles sous l’allantochorion bien
vascularisé qui est maintenant fermement attaché à l’endomètre. Le sac vitellin
vestigial marque le début du développement du cordon ombilical (fig.30).
83
En bilan, le sac vitellin se forme à partir de l’endoderme extra-
embryonnaire.
Le chorion se forme à partir du trophectoderme et du mésoderme extra-
embryonnaire.
Chez la jument, le sac vitellin et le chorion restent accolés pour former une
membrane choriovitelline. Chez la vache, le sac vitellin est une structure libre
dans la cavité cœlmique. Le sac vitellin régresse progressivement au profit de
l’allantoïde.
L’amnios est formé par les replis du chorion et délimite la cavité
amniotique à partir du 35ème jour de gestation chez la vache et du 58ème jour de
gestation chez la jument.
L’allantoïde se forme par bourgeonnement de la partie postérieure des
intestins primitifs de l’embryon.
L’allantoïde et le chorion fusionnent pour former l’allantochorion qui
composera le placenta.
è Chez la vache, entre le 37ème et le 60ème jour de gestation, les
placentomes se mettent en place sur le placenta allantochorionique. D’abord
à proximité de l’embryon puis répartis sur la totalité du placenta, ils sont
palpables par palpation transrectale.
Pendant la phase de vie libre, l’embryon ne peut pas encore échanger avec la
mère via ces membranes extra-embryonnaires car elles n’ont pas encore établi de
liaisons avec l’endomètre. Il doit néanmoins signaler sa présence afin d’assurer le
maintien de la gestation.
84
l’endomètre. Ainsi, un asynchronisme entre embryon et utérus aboutit généralement
à une mortalité embryonnaire et un défaut d’implantation car l’embryon ne reçoit pas
d’histotrophes.
1. La progestérone
Chez la vache, les PGR sont absents de l’épithélium luminal à partir du 13ème
jour et sur l’épithélium glandulaire à partir du 16ème jour de gestation. Chez la jument
ils sont absents à partir du 20ème jour de gestation (Aurich, Budik 2015; Bazer et al.
2008).
Ainsi, pendant la période pré-implantatoire, la P4 peut activer la sécrétion de
« progestamedines » via sa fixation sur les PGR appartenant au stroma : les
progestamedines ont un effet paracrine sur l’endomètre et sur le trophectoderme.
Seuls les facteurs de croissance des hépatocytes (Hepatocyte Growth Factor, HGF)
et les facteurs de croissance des fibroblastes 7 et 10 (Fibroblaste Growth Factors,
FGF) ont été identifiés. Leurs récepteurs sont présents sur l’épithélium utérin et sur
les cellules du trophectoderme.
Chez les primates et les rongeurs, la fixation de HGF sur son récepteur Met-tyrosine
kinase active les voies MAPK/ERK (Mitogen activated protein kinase/ Extracellular
Regulated kinase) et PKB (Protéine kinase B). Ces voies activent la migration et la
prolifération des trophoblastes. De même, FGF7 stimule la prolifération des cellules
trophoblastiques par la voie MAPK/ERK (Bazer et al. 2008; de Ruijter-Villani, Stout
2015).
85
formation ou l’élongation du blastocyste. L’embryon n’a donc pas besoin d’être
présent dans l’utérus lors de l’élévation de P4 après l’ovulation.
Le transcriptome de l’endomètre est identique chez une femelle gestante et chez une
femelle cyclée avant le phénomène de reconnaissance maternelle, soit avant le
15ème ou 16ème jour de gestation. La P4 module donc le transcriptome de l’endomètre
indépendamment d’une gestation (Bazer et al. 2008).
Chez la vache, on sait que la progestérone active des gènes appelés ISG
(Interferon Inducted Gene) qui interviennent dans la prolifération, la migration,
l’attachement, l’adhésion du conceptus et le transport de nutriments. La plupart des
ISG sont stimulés par le signal de reconnaissance maternelle (IFNτ) après avoir été
activés par la progestérone. Paradoxalement, la hausse de progestérone ainsi que la
suppression de PGR sur l’épithélium de l’endomètre sont nécessaires à la stimulation
ultérieure des ISG par les interférons (Bazer et al. 2008).
2. La reconnaissance maternelle
Chez les deux espèces considérées, l’ocytocine se fixe sur ses récepteurs
localisés sur les cellules épithéliales luminales et glandulaires de l’endomètre. Elle
stimule ainsi les pulses de PGF2α via l’activation de la protéine kinase C (PKC). La
PGF2α exerce ensuite un rétro-contrôle positif sur la sécrétion d’ocytocine. D’un point
de vue fonctionnel, la PGF2α sécrétée par l’endomètre induit la lyse du corps jaune.
b. Chez la vache
88
• L’interféron-tau IFNτ, un signal antilutéolytique :
89
à Tout d’abord, il a été prouvé que les synthèses d’œstrogènes et d’ocytocine
sont modulées par l’IFNτ.
Il a été démontré que l’endomètre doit être exposé à l’IFNτ quelques jours
avant l’augmentation cyclique de récepteurs à l’ocytocine afin de bloquer la lutéolyse.
L’IFNτ bloque, directement ou indirectement, la transcription des gènes codant pour
les récepteurs à l’œstrogène au niveau de l’épithélium luminal et de l’épithélium
glandulaire de l’endomètre. En bloquant l’action des œstrogènes, il empêche
l’expression des gènes codant pour l’ocytocine. En effet, il a été démontré que le
nombre de récepteurs à l’ocytocine est plus faible chez les vaches gestantes par
rapport aux vaches cyclées.
Par ailleurs, pendant la période de reconnaissance maternelle, le développement
folliculaire est inhibé sur l’ovaire portant le corps jaune. Cette inhibition ipsilatérale
entraîne une réduction du taux d’œstrogène (Bazer, Spencer, Ott 1997).
En revanche, l’IFNτ ne semble pas agir pas sur l’expression des gènes codant
pour les récepteurs à la progestérone.
• Les prostaglandines :
D’autre part, des études démontrent que l’IFNτ agit également en modifiant le
rapport PGE2/ PGF2α en faveur de PGE2 qui est lutéotrope.
91
de la COX-2, supprime l’élongation du conceptus. De même, l’administration de
méloxicam 15 jours après l’insémination chez des génisses réduit le taux de
gestation (T.E. Spencer, Forde, Lonergan 2016)
• Les corticoïdes :
93
embryonnaire ainsi que dans le remodelage de l’endomètre essentiel à
l’implantation.
La voie classique de stimulation des ISG est réservée à l’épithélium
glandulaire profond et au stroma de l’endomètre.
En effet, les épithéliums luminal et glandulaire superficiel expriment le facteur
inhibiteur IRF-2 et sont dépourvus de sous-unité STAT1. D’autre part, ils sont
également dépourvus de récepteurs à la progestérone donc la progestérone ne peut
induire la transcription de gènes via ses récepteurs.
Ainsi, au niveau au des épithéliums luminal et glandulaires superficiels l’IFNτ,
et les « progestamedins » induites par la P4 stimulent l’expression des gènes via les
voies phosphoinositide 3 kinase (PI3K) et mitogen activated protein kinase (MAPK)
(Bazer et al. 2008).
c. Chez la jument
Les équidés ne possèdent pas de gène codant pour l’IFNτ comme les
ruminants. Le mécanisme et le ou les signaux de reconnaissance maternelle restent,
à ce jour, indéterminé.
94
D’autre part, chez les femelles dont l’utérus a été ligaturé, les zones non
soumises à la présence de l’embryon présentent une évolution utérine semblable à
la période de diœstrus. En revanche, les segments soumis à la présence de
l’embryon présentent une augmentation de tonicité utérine, une diminution du
diamètre de la lumière de la corne utérine et une modification de l’échostructure
utérine (augmentation de l’œdème et du nombre de replis de l’endomètre).
Par conséquent, l’évolution précoce de la paroi utérine lors d’une gestation est
causée par des mécanismes locaux. Ce mécanisme n’est pas connu.
Au-delà du 16ème jour de gestation, l’ensemble de l’utérus, y compris les
segments ligaturés, présentent une augmentation de la tonicité et une diminution du
diamètre. Par conséquent, au-delà du 16ème jour, les mécanismes locaux sont
relayés par des mécanismes systémiques. Ce phénomène correspond au moment
de la fixation de la vésicule embryonnaire.
De plus, le conceptus semble également être un facteur favorisant sa propre
mobilité dans la mesure où sa présence stimule la contractilité du myomètre entre
J11 et J14.
96
récepteurs à l’ocytocine par le conceptus doit avoir lieu avant le 10ème jour de
gestation. L’injection continue d’ocytocine semble mimer le rôle de l’embryon mais le
mécanisme n’est pas connu (Stout, Lamming, Allen 1999).
• Les prostaglandines :
97
déplacements dans la lumière utérine en activant les contractions utérines (Klein,
Troedsson 2011).
Le rôle des prostaglandines dans les contractions myométriales a également
été étudié par l’injection intra-veineuse de flunixine méglumine, un inhibiteur des
cyclo-oxygénases, chez des juments gestantes de 10 à 18 jours. L’administration de
l’anti-inflammatoire entraîne une réduction rapide de la mobilité de l’embryon par
diminution des contractions du myomètre. On peut donc conclure que les
prostaglandines favorisent la migration du conceptus au début de la gestation. Cette
expérience ne nous indique cependant pas le type de prostaglandines, PGF2α ou
PGE2, ni leur origine, endomètre ou conceptus (Stout, Allen 2001).
• Les œstrogènes :
L’analyse par Northern Blot n’a identifié l’expression d’aucun IFNα ou ω durant
le début de gestation chez la jument. De plus, l’analyse des fluides utérins collectés
par rinçage n’a révélé aucune activité anti-virale caractéristique des interférons. Les
fluides du sac vitellin présentent une très faible activité anti-virale au 15ème jour de
gestation.
Dernièrement, l’expression d’IFNΔ (IFNΔ-1 et IFNΔ-2) a été mise en évidence
aux 16ème et 22ème jour de gestation. Cependant, elles sont sécrétées en quantité
99
négligeable et après la période critique de reconnaissance maternelle. L’IFNΔ est
également sécrété chez le porc chez mais son rôle n’a pas été déterminé.
D’autre part, l’expression des gènes induits par les interférons présents dans
l’endomètre ne semblent pas être modulés en début de gestation. À titre d’exemple,
les protéines Mx et ISG15, induites par les inteférons chez les ruminants, sont
sécrétées au même niveau chez les juments cyclées et chez les juments gestantes
(Klein, Troedsson 2011).
100
Klein et Troedsson ont réalisé une analyse transcriptionnelle de l’endomètre à
J8, J10, J12 et J14 de gestation. L’expression des gènes était largement augmentée
à partir de J10.
La majorité des gènes sont induits par l’œstrogène ou interviennent dans la
régulation de l’œstrogène. La plupart d’entre eux sont également régulés par la
progestérone ou la PGE2.
Les gènes mis en évidence interviennent, pour la plupart, dans le remodelage
de l’endomètre nécessaire à la réceptivité de l’utérus, l’angiogenèse et le
remodelage vasculaire ainsi que le transport. L’analyse du transcriptome a
également fait ressortir des gènes identifiés dans le début de gestation chez d’autres
espèces.
Parmi les gènes inhibés, le gène codant pour le récepteur à l’œstrogène est
intéressant car il intervient dans le mécanisme de lutéolyse. L’œstrogène peut
stimuler ou inhiber la mise en place de ses propres récepteurs en fonction des
cellules cibles. Dans l’endomètre de jument, compte tenu des résultats obtenus, on
suppose que l’œstrogène inhibe l’expression de ses propres récepteurs.
La réduction des gènes codant pour les récepteurs à l’œstrogène pourrait expliquer
une réduction des récepteurs codant pour l’ocytocine.
Merkl et al. ont suggéré également l’existence d’une méchanotransduction :
l’expression de certains gènes pourrait être modulée par un signal mécanique
provenant du conceptus mobile.
101
SYNTHÈSE
102
Partie 3 :
103
104
I. L’implantation du blastocyste et le
développement du placenta
1. L’implantation
105
Figure 32 : Schéma d'un placentome de bovin (Telugu, Green 2008).
106
jusqu’au stroma de l’endomètre. Les métalloprotéinases interviennent dans ce
mécanisme.
3) La migration des cellules trophoblastiques en s’ancrant sur les protéines de la
matrice extracellulaire ou de l’épithélium.
2. La placentation
Chez les mammifères considérés, la placentation est centrale, c’est à dire que
le conceptus occupera la totalité de la cavité utérine (Guillomot 2001).
Leur placenta est villeux, c’est-à-dire que le chorion émet des villosités
formées du trophoblaste dans lesquelles s’infiltrent le mésoderme puis les vaisseaux
sanguins (Tarrade et al. 2014).
107
Chez la vache, la placentation est partiellement déciduale, cotylédonaire
et synepithéliochoriale.
• La placentation partiellement déciduale signifie qu’une partie de l’endomètre
est expulsée lors de la parturition et, par conséquent, associée à des saignements.
• La placentation cotylédonaire signifie que les villosités chorioniques sont
regroupées en bouquets appelés cotylédons (Tarrade et al. 2014). Les cotylédons
fœtaux se fixent sur les caroncules utérines pour former les placentomes. Il s’agit de
structure d’échanges entre le fœtus et la mère, présents en plus grande quantité à
proximité du fœtus et bien visibles lors d’échographie transrectale.
• La placentation synépithéliochoriale est identique à la placentation
épithéliochoriale des équidés avec en plus la formation de syncitia par fusion des
cellules trophoblastiques et des cellules épithéliales de l’endomètre. Au niveau des
syncitia, elle est constituée de seulement cinq couches qui séparent le sang de la
mère et du fœtus (l’endothélium et le tissu conjonctif de la mère et l’épithélium, le
tissu conjonctif et l’endothélium du fœtus), suite à la fusion de cellules de la mère et
de cellules du fœtus (fig.33) (Walters 2007).
Synépithéliochoriale
Epithéliochoriale
Capillaire
chorionique
Capillaire
endométrial
109
II. Développement embryonnaire tardif,
morphogenèse et développement fœtal
1. L’embryogenèse tardive
110
Figure 36 : Photo d’un embryon de bovin de 35 jours (DesCôteaux, Colloton, et al. 2016).
Il mesure 1,5 cm de long. Il possède une forme de C avec une tête bien visible et la cavité cardiaque
est proéminente.
1 : cavité cardiaque, 2 : bourgeons des membres, 3 : foie primitif.
111
Figure 37 : Photo d'un embryon de jument de 25 jours (Franciolli et al. 2011).
112
Figure 38 : Photo d'un embryon de 40 jours (Franciolli et al. 2011).
2. Le développement fœtal
113
Figure 39 : Fœtus bovin de 45 jours (DesCôteaux, Colloton, et al. 2016).
114
Après le 70ème jour de gestation, on ne constate aucun changement radical :
les organes déjà en place poursuivent leur développement.
Les premiers follicules pileux se mettent en place à partir du 90ème jour de gestation
alors que les bourgeons de cornes se développent à partir du 100ème jour de
gestation (Winters, Green, Comstock 1942).
115
Le développement des gonades assure un sexage fœtal dès le 47ème jour de
gestation. À partir du 75ème jour de gestation, le clitoris chez la femelle et le scrotum
chez le mâle sont bien développés. Les glandes mammaires se forment entre le
80ème et le 107ème jour de gestation.
Entre le 80ème et le 85ème jour de gestation, le conceptus occupe la totalité de
l’utérus.
Lors du développement fœtal, les membres s’allongent et se différencient : ils sont
alors dotés d’articulations et de sabots.
À partir du 98ème jour de gestation, le tégument devient opaque à cause de
l’accumulation de collagène dans le derme.
Le fœtus mesure 20,2 centimètres à la fin du premier trimestre de gestation, vers le
107ème jour de gestation (fig.42) (Franciolli et al. 2011).
Figure 42 : Photos d’un fœtus de 107 jours de jument (Franciolli et al. 2011).
ar : région abdominale, ea : oreille, fr : région fémorale, metr : région du métatarse, mtr : région du
métacarpe, na : sabot, nr : région de la nuque, ov : vésicule optique avec l’épithélium de la rétine
pigmenté sr : région de la scapula, tl : queue.
116
Le tableau 2 fait le bilan de la taille et des différentes caractéristiques de
l’embryon/fœtus bovin entre 20 et 100 jours de gestation.
ème
Tableau II : Développement embryonnaire et fœtal chez la vache jusqu'au 100 jour de
gestation (DesCôteaux, Colloton, et al. 2016).
Diamètre
Stade de gestation transverse de la Longueur de la
(jours) vésicule tête à la queue Observations
embryonnaire (cm)
(mm)
20 2-3 0,3 Battements cardiaques
22 3-5 0,4-0,5 Vésicules optiques
25 10 0,5-0,7 Bourgeons de membres
30 18-20 0,8-1,2 Yeux primitifs (sans paupières)
35 20-25 1,3-1,7 Replis autour des yeux
Développement du cou
Doigts sur les 4 membres
40 30-35 1,7-2,4 Tubercules génitaux
Mouvements
Allongement des membres
45 40-45 2,3-2,6 Paupières rudimentaires
Oreilles rudimentaires
Vibrisses (yeux, lèvres)
50 40-45 3,5-4,5 Migration des tubercules génitaux
Atrophie du tubercule labial
55 45-55 4,5-6 Fusion des replis urogénitaux et
du tubercule génital
59 Ossification du crâne, de
vertèbres, des os des membres
70 Développement des organes déjà
en place
90 Follicules pileux
100 Bourgeons de cornes
117
Le tableau 3 fait le bilan de la taille et des différentes caractéristiques de
l’embryon/fœtus de jument entre 20 et 98 jours de gestation.
ème
Tableau III : Développement embryonnaire et fœtal chez la jument jusqu'au 98 jour de
gestation (Franciolli et al. 2011).
118
III. Les sécrétions fœto-placentaires
• La progestérone (P4) :
En début de gestation, la progestérone est produite par le corps jaune. Elle est
ensuite relayée par le placenta.
Chez la vache, la production placentaire de P4 est tardive, après 200 jours de
gestation. Le corps jaune primaire persiste et produit de la P4 pendant toute la
gestation.
Chez la jument, le corps jaune primaire est d’abord relayé par des corps
jaunes secondaires. Ces derniers se développent sous l’effet de l’eCG sécrétée par
les cupules endométriales à partir du 40ème jour de gestation. Puis, tous les corps
jaunes régressent vers le 160ème jour de gestation. L’allantochorion commence à
produire des progestagènes, notamment la 5-α-dihydroprogestérone, à partir du 60 à
70ème jour de gestation. La production croissante de progestagènes placentaires
suffit à maintenir la gestation à partir du 150ème jour de gestation.
• Les œstrogènes :
• La testostérone :
• L’eCG :
Chez la jument, l’eCG est sécrétée par les cupules endométriales entre le
ème
35 et le 150ème jour de gestation. Elle possède une activité LH-like lutéotrope qui
stimule la mise en place des corps jaunes secondaires et la synthèse de
progestérone par l’ovaire avant que la sécrétion de P4 placentaire ne soit
fonctionnelle. La concentration sanguine en eCG augmente rapidement vers J40
pour atteindre un maximum entre le 55ème et le 70ème jour de gestation puis diminue
avec la dégénérescence des cupules.
120
Les PL sont détectables à partir du 60ème jour de gestation dans le sang maternel.
Leur concentration augmente jusqu’au 200ème jour de gestation puis double entre le
200ème et le 220ème jour de gestation pour atteindre un plateau qui reste stable
jusqu’à la mise-bas
La concentration des PL dans le sérum fœtal est dix fois plus importante que celle de
du sérum maternel. Elle diminue au cours de la gestation tout en restant toujours
supérieure à la concentration dans le sang maternel. Cela suggère que le fœtus est
la cible principale d’action des PL (Takahashi 2006).
D’autres hormones appartenant à la même famille, les PRP (Prolactin-related-
protein) sont produites par le placenta. On en a identifié six chez les bovins. La PRP-
1 bovine est produite pendant la période péri-implantatoire, dès le 20ème jour de
gestation, avant l’hormone lactogène. Elle intervient dans le remodelage de la
matrice extracellulaire de l’endomètre nécessaire à l’implantation. Après
l’implantation, PRP-1 et PL sont produites en quantité égale jusqu’au 60ème jour de
gestation (Tarrade et al. 2014).
• La relaxine :
121
jour puis un second à la fin de la gestation. Le rôle de la relaxine dans le maintien de
la gestation est inconnu (Kindahl 2007).
1. La palpation transrectale
Un diagnostic de gestation négatif n’est établit que lorsque l’utérus peut être
regroupable dans le bassin, qu’il est contournable et qu’aucun des quatre signes
précédent n’est perceptible (Bekele et al. 2016).
Pour être plus précis, il convient de ne pas le réaliser trop précocement : d’après
Jaskowski J.M, et al., un diagnostic de gestation réalisé entre 20 et 25 jours de
gestation n’est précis que dans 54% des cas contre 80% dès lors qu’il est réalisé
entre le 30 et le 35ème jour de gestation (Jaśkowski et al. 2019).
Tableau IV : Taille des différentes structures embryonnaires et fœtales de bovin pouvant être
utiliser pour dater la gestation lors de palpation transrectale (Christiansen 2014).
70 1.5
80 Un pois 3.5
124
gestation (fig.43). La paroi utérine au niveau de l’embryon s’amincit progressivement
par rapport au reste de l’utérus (Sertich 2007).
ème
Figure 43 : Schéma d'un utérus de jument au 18 jour de gestation (Brinsko et al. 2011a).
Le cervix est fermé et allongé. Les cornes utérines sont toniques, rendant la bifurcation entre les deux
cornes utérines proéminentes lors de la palpation transrectale.
Figure 44 : Schéma d'un utérus de jument entre 25 et 30 jours de gestation (Brinsko et al.
2011a).
À J40, il atteint ensuite la taille d’une orange (fig.45). Dès le 40ème jour,
latéraliser la corne gravide peut être difficile : celle-ci possède une paroi plus fine
(Murray 1967). Le fœtus est actif à partir du 40ème jour de gestation : avec un peu de
patience, on peut sentir un mouvement de celui-ci.
125
Figure 45 : Schéma d'un utérus de jument entre 35 et 40 jours de gestation (Brinsko et al.
2011a).
Figure 46 : Schéma d'un utérus de jument entre le 45 et 50 jours de gestation (Brinsko et al.
2011a).
126
Figure 47 : Photo d'un utérus de jument entre 60 et 65 jours de gestation (Brinsko et al. 2011a).
Le renflement causé par l’embryon et ses annexes a migré dans le corps utérin où il fait la taille d’un
melon ou d’un ballon de football.
127
• le lymphome utérin,
• l’abcès du tractus génital,
• et les tumeurs ovariennes.
Bien que la palpation transrectale soit une méthode rapide, fiable et peu
coûteuse, l’échographie transrectale permet d’apporter des informations
supplémentaires.
2. L’échographie transrectale
Figure 48 : Technique pour échographier le tractus génital femelle lors d'un diagnostic de
gestation (Schweizer 2014).
128
Chez la jument, la vésicule embryonnaire est visible dès le 15ème jour de
gestation et seulement à partir du 25ème jour chez la vache (Squires, McKinnon,
Shideler 1988; Hanzen, Delsaux 1987).
En fonction des études, l’embryon lui-même n’est visible qu’à partir du 19ème
jour de gestation (Lamb, Fricke 2005), 22ème jour (Kastelic, Curran, Ginther 1989) à
25ème jour de gestation (Gayrard et al. 2016). À ce stade, il n’est pourtant pas très
facilement visualisable car il est accolé à la paroi utérine voire caché dans un repli de
l’endomètre (DesCôteaux, Colloton, et al. 2016).
À partir du 28 à 30ème jour, on peut aisément observer l’embryon accolé à
l’endomètre qui apparaît comme une zone échogène au sein de la lumière remplie
de liquide anéchogène. C’est à partir de ce stade que le diagnostic de gestation est
plus facile.
L’allantoïde est visualisable entre le 22ème et le 27ème jour de gestation. Il
apparaît comme un cercle allongé visible pendant seulement 1 ou 2 jours car il est
ensuite englobé par le chorion.
L’amnios apparaît ensuite comme une membrane discrètement échogène
entourant l’embryon vers le 30ème jour de gestation (fig.49). Sa forme circulaire
produit une réflexion spéculaire des ondes.
129
Figure 49 : Images échographiques d'un embryon de bovin à 30
jours de gestation (DesCôteaux, Colloton, et al. 2016).
130
À partir du 45ème jour de gestation, les mouvements du fœtus son
visualisables dans la cavité allantoïdienne. On visualise alors bien le cordon ombilical
(fig.51).
Figure 52 : Images échographiques d'un fœtus bovin à 59 jours de gestation : (A) coupe
transverse à hauteur du thorax, (B) coupe longitudinale (DesCôteaux, Colloton, et al. 2016).
Le tableau 5 fait le bilan des structures visibles et des mesures réalisables par
échographie transrectale entre le 25ème et le 55ème jour de gestation chez la vache.
Elles permettent notamment de dater la gestation. À titre d’exemple, la taille de
l’embryon indique le stade de gestation jusqu’au 55ème jour de gestation. On mesure
la distance entre le haut de la tête et l’extrémité postérieure de l’embryon ainsi que le
diamètre de la tête et du tronc.
132
Tableau V : Bilan des différentes mesures à réaliser sur l'embryon et le fœtus bovin, des
principales caractéristiques du conceptus et de leur moment d'apparition lors d'une
échographie transrectale entre 25 et 55 jours de gestation (DesCôteaux, Colloton, et al. 2016).
Jours 25 30 35 40 45 50 55
Longueur tête-
queue (mm) 0.5-0.7 0.8-1.2 1.3-1.7 1.7-2.4 2.3-2.6 3.5-4.5 4.5-6.0
Forme de C C L L L L L
l’embryon
Fréquence 140 - 160 - 180 170 - 190 170 - 190 170 - 190 180 - 200 180 - 200
cardiaque 150
(bpm)
Allantoïde + + + + + + +
Amnios + + + + + +
Colonne + + + + + +
vertébrale
Membres + + + + + +
thoraciques
Membres + + + + +
pelviens
Diamètre du 0.6 0.9 1.2 1.5 1.7
tronc (cm)
Placentome 0.3 0.5 0.6 0.8 1.0
(cm)
Onglons + + +
Mouvements + + +
Diamètre des
yeux (cm) 0.3 0.4
Côtes + +
Chez la jument, dès 1980, l’échographie transrectale est utilisée pour réaliser
un diagnostic de gestation. Le conceptus de la jument a la particularité d’être
sphérique et très précocement visible par échographie contrairement à celui de la
vache qui est plus rectiligne (Palmer, Driancourt 1980).
En pratique, compte tenu de la résolution des sondes traditionnelles, un
diagnostic de gestation par échographie est impossible avant 9 jours après
l’ovulation (Schweizer 2014). Le diagnostic de gestation peut être réalisé à partir du
15ème jour de gestation, avec une précision de 95 à 98% en fonction des études
133
(Torbeck 1986). En 1988, les études prouvent qu’une sonde de 3 MHz est capable
de détecter une gestation avec 100% de précision dès le 15ème jour de gestation
(Squires, McKinnon, Shideler 1988).
La vésicule embryonnaire entraîne une augmentation de la taille de la lumière utérine mais la paroi
utérine est étroitement apposée sur la vésicule. On voit les lignes hyperéchogènes aux pôles ventral
et dorsal de la vésicule.
134
Figure 54 : Images échographiques de la vésicule embryonnaire de jument à : (A) J14, 1,5 cm,
(B) J15, 2 cm, (C) J17, 3 cm (Schweizer 2014).
135
À partir du 20ème à 21ème jour de gestation, l’embryon apparaît comme une
zone échogène sur le bord ventral de la vésicule (fig.56).
L’embryon apparaît comme suspendu par une ligne échogène qui correspond à l’apposition de la
paroi du sac vitellin et de l’allantoïde. Il migre dorsalement et adopte une position équatoriale. Le
battement cardiaque est visible.
136
Doppler permet alors de visualiser clairement la circulation sanguine du fœtus et du
cordon ombilical.
137
Entre le 45ème et 55ème jour de gestation, le cordon ombilical s’allonge et le
fœtus redescend ventralement dans la cavité allantoïdienne (fig 60).
Figure 60 : Images échographiques d'un fœtus de jument à 44 (A) et 45 (B) jours de gestation
(Schweizer 2014).
Figure 61 : Images échographiques d'un fœtus de jument à 55 (A) et 62 (B) jours de gestation
(Schweizer 2014).
138
L’échographie transrectale permet également de dater la gestation et/ou
d’évaluer la bonne croissance du fœtus par la mesure : du diamètre de l’œil, du
diamètre de l’aorte, du diamètre bi-pariétal, du thorax ou de la longueur du fémur
(Bucca 2014).
Figure 62 : (A) Deux kystes adjacents chez une jument gestante de 29 jours, (B) Kystes
endométriaux avec paroi hyperéchogène, (C) Kyste endométrial qui ressemble à une vésicule
embryonnaire (Holder 2014a).
139
Finalement, le diagnostic de gestation par échographie transrectale peut être
réalisé à n’importe quelle date au-delà du 14ème jour de gestation, donne un résultat
immédiat et n’est pas faussé par l’existence d’un corps jaune persistant.
D’autre part, par rapport à la palpation transrectale, le diagnostic est établi plus
rapidement et sans erreur à cause d’un corps jaune persistant. La technique peut
être acquise rapidement (Palmer, Driancourt 1980).
a. La progestérone
Chez une vache cyclée, après l’ovulation le corps jaune persiste environ 17
jours. La concentration en progestérone diminue ensuite pour atteindre sa
concentration minimale entre le 20ème et le 23ème jour après l’ovulation. En revanche,
une vache gestante possède un corps jaune fonctionnel qui persiste et maintient la
progestéronémie haute entre J18 et J24. La concentration en progestérone dans le
sang ou dans le lait nous renseigne donc sur une gestation éventuelle à partir du
19ème jour après l’insémination.
Aujourd’hui, plusieurs kits ELISA réalisables en élevage existent, comme par
exemple Ovucheck® ou P4-R®. Ils ne donnent qu’un résultat semi-quantitatif dont le
résultat dépend du seuil choisit par le laboratoire.
140
Au Canada, le système IMAS (in-line milk analysis system) réalise
automatiquement l’échantillonnage de lait frais et le dosage immédiat de
progestérone à des intervalles déterminés par la machine en fonction du stade du
cycle. Le dosage est réalisé de la 3ème semaine post-partum jusqu’au diagnostic de
gestation positif ou négatif. La sensibilité du test est supérieure à 95% à condition
que le dosage soit réalisé à partir du 27ème jour après l’insémination. La spécificité
est inférieure à 90% avant le 40ème jour mais devient supérieure à 95% dès le 41ème
après l’insémination. L’avantage du système est de détecter précocement les vaches
non gestantes qui présentent un arrêt physiologique de la phase lutéale (Bruinjé,
Ambrose, et al., 2019).
Si le dosage de la progestérone reste le dosage hormonal le plus utilisé, il
présente quelques limites. En effet, cette méthode n’est applicable qu’aux élevages
qui inséminent ou qui connaissent la date de saillie et/ou de chaleurs. D’autre part,
sa spécificité n’est pas bonne dans la mesure où 32 à 34% des vaches évaluées
comme étant gestantes sont en réalité vides, à cause d’une grande variabilité de
longueur du cycle œstral, de pathologies ovariennes (persistance pathologique d’un
corps jaune) ou utérines (pyomètre) ou d’une erreur dans la détection des chaleurs
qui a pour conséquence d’inséminer en phase lutéale. Un stress lors du prélèvement
peut également augmenter artificiellement la progestéronémie (Australian
Association of Cattle Veterinarians, 2004).
Chez la jument, la progestérone doit être dosée entre le 14ème et le 17ème jour
post-ovulation. Une persistance de la progestéronémie élevée indique uniquement la
persistance d’un corps jaune. Comme chez la vache, elle peut être le reflet d’une
gestation ou de la persistance pathologique d’un corps jaune (spontanée ou
secondaire à une mortalité embryonnaire tardive, après la reconnaissance
maternelle). Une faible concentration, inférieure à 1 ng/ml, suggère l’absence de
gestation. La sécrétion étant variable en fonction du stade de gestation (synthèse par
le corps jaune puis relai fœto-placentaire), il faut pouvoir évaluer la progestéronémie
par rapport à la date de saillie (Youngquist R.S., Threlfall W.R., 2007).
141
b. Les œstrogènes
Le dosage des œstrogènes dans le sang, les urines, le lait ou les fèces
est donc une méthode diagnostique fiable chez la jument mais non utilisée
chez la vache.
142
c. Les PAG (Pregnancy Associated Proteins)
Les PAGs (Pregnancy associated protein) sont des protéines sécrétées par le
placenta et détectables dans la circulation sanguine ou dans le lait à partir du 24ème
jour après l’insémination. Il s’agit du premier signal embryonnaire détectable dans le
sang. Les PAGs regroupent plusieurs protéines dont la protéine Bovine Pregnancy-
Specific Protein B (PSPB), la bPAG et la PSP60. Elles peuvent être détectées par
ELISA ou par une méthode radio-immunologique à partir du 30ème jour. Ces tests
sont fiables, peu coûteux et pratiques car la date de saillie ne doit pas être connue
(Youngquist, 2007 ; Balhara Ashok.K, et al., 2013 ; Friedrich M., Holtz W., 2010).
De même, le dosage de PSP60 est un test fiable pour détecter les femelles
gravides et les femelles non gestantes. Il convient de respecter les mêmes conditions
que pour la protéine PSPB : au moins 28 jours après l’insémination et 100 jours
après le vêlage (Mialon MM, et al, 1994).
Dès le 24ème jour, la concentration en bPAG est nettement plus élevée chez
les vaches gestantes par rapport aux vaches vides. Toutefois, la fiabilité du test à
J24 n’a pas été prouvée, de même que la prévision de mortalité embryonnaire
tardive (Reese S.T, et al., 2018).
143
D’autre part, chez la vache laitière, il semble y avoir une relation entre la
concentration en PAGs au 31ème jour et le risque de mortalité embryonnaire tardive.
En effet, d’après une étude, les femelles dont la concentration en PAG est inférieure
à un certain seuil (1,4 à 1,8 ng/mL) au 31ème jour ont 95% de chance de souffrir de
mortalité embryonnaire tardive entre J31 et J60 (Polher, K.G, et al., 2016). De la
même manière, chez la vache allaitante, le taux de PSP60 semble être corrélé au
risque de mortalité embryonnaire tardive (Mialon MM, et al, 1994). Toutefois, aucune
étude n’a établit de seuil de concentration pour établir un diagnostic de certitude.
L’EPF (Early Pregnancy Factor) est un complexe protéique qui peut être
détecté dans le sérum de vache dès 24 heures après la fécondation et jusqu’au deux
tiers de gestation. Sa présence traduit la vitalité du fœtus puisqu’il disparaît en 24 à
48 heures suite à une mortalité embryonnaire ou à un avortement. Compte tenu de
sa grande capacité immunosuppressive, l’EPF est détectable grâce à un test
s’appuyant sur sa propriété d’inhibition de rosette (RIT, Rosette Inhibition Test).
Une étude réalisée en 2008, prouve que la détection d’EPF par la méthode du
RIT permet de réaliser des diagnostics de gestation précoces, entre le premier et le
troisième jour puis entre 5ème et 7ème jour de gestation, ainsi que des diagnostics de
mortalité embryonnaire (Ghaffari Laleh.V, et al., 2008).
Dernièrement un test rapide a été créé au États-Unis (ECF test, Early
Conception Factor). Cependant, plusieurs études ont révélé son manque de fiabilité
pour les diagnostics précoce lors de la première semaine. Le risque majeur étant
d’initier un nouveau protocole de synchronisation chez une vache gestante et de
déclencher un avortement (Whisnant, C.S, et al., 2001 ; Cordoba, M.C, et al., 2001).
La synthèse d’EPF n’est pas spécifique de la gestation et sa concentration
peut être modifié par la sécrétion d’autres cellules. Aujourd’hui, aucun test fiable
144
n’existe. Il faut également se demander si un diagnostic de gestation aussi précoce
serait intéressant compte tenu du risque de mortalité embryonnaire jusqu’au 42ème
jour après l’insémination (Balhara Ashok.K, et al., 2013).
De même, il est détectable chez la jument gestante dès le 2ème jour après
l’ovulation. Le test de RIT est assez coûteux et fastidieux c’est pourquoi un test plus
simple de détection de l’EPF dans le sérum de la jument a été expérimenté. Il a été
évalué par prélèvement de sang chez les juments entre le 3 et 30 jours après
l’ovulation. Cet essai a conclu à un grand nombre de faux positifs avec une faible
aptitude à distinguer les femelles gestantes et non gestantes. Il n’est donc pas utilisé
(Horteloup M.P, et al., 2005).
Chez la vache comme chez la jument, le dosage d’EPF n’est pas utilisé
pour établir un diagnostic de gestation.
145
V. La mortalité embryonnaire
146
o La mortalité embryonnaire très précoce, entre la fécondation et J7 à J10, est
évaluée à 25% chez les jeunes juments et à 60% chez les femelles subfertiles
(collecte d’embryon par rinçage de la lumière utérine) (Newcombe 2010).
La période critique correspond à la période de reconnaissance maternelle.
Bien que les chiffres varient, nous sommes certains que plus la gestation
avance et plus le risque de mortalité embryonnaire diminue.
En effet, chez la vache, la mortalité embryonnaire précoce, entre J0 et J16,
varie entre 20,5 et 43,6% alors que la mortalité embryonnaire tardive, après J16,
varie entre 8 et 17,5% (Humblot 2001). La mortalité fœtale est de 6,3% entre J42 et
J56 puis diminue à 3,4% entre J56 et J98 (DesCôteaux, Colloton, et al. 2016).
Chez la jument, le taux de mortalité embryonnaire est maximal entre le 11ème
et le 15ème jour après l’ovulation (Ball 1988). Chez les femelles fertiles, la mortalité
embryonnaire est évaluée, en moyenne à 20% alors que le mortalité fœtale varie
entre 5 et 10% (Brinsko et al. 2011b).
147
de GnRH et donc sur les pulses de LH. Lorsque la progestéronémie est basse (1-2
ng/ml), la fréquence des pulses de LH augmente et assure l’ovulation. En revanche,
lorsque la fréquence ovulatoire n’est pas atteinte, la phase de dominance est
allongée et plusieurs ovocytes poursuivent leur méiose à un moment inopportun.
• Sur l’endomètre :
Nous avons déjà vu que la progestérone module le transcriptome de
l’endomètre avant le phénomène de reconnaissance maternelle indépendamment
d’une gestation. Chez la vache, bien que le transcriptome ne soit pas modifié avant
le 16ème jour de gestation, la progestérone prépare cette modification à partir du 7ème
jour. Cela assure la bonne réceptivité de l’utérus par modification des sécrétions
utérines et par activation des gènes stimulés par l’IFNτ.
• Sur l’embryon :
Chez la vache, plusieurs expériences ont démontré que la progestéronémie
au moment de la fécondation conditionne l’élongation du conceptus. Cela est
probablement lié à l’influence de la progestérone sur les histotrophes et
l’environnement utérin. La progestérone n’aurait pas d’effet direct sur l’embryon.
La modélisation d’une progestéronémie basse par des injections régulières de PGF2α
chez des génisses entraîne un retard de l’expression des gènes de l’endomètre ainsi
qu’un décalage de l’inhibition des récepteurs à la progestérone au niveau des
épithéliums glandulaire et luminal. Ainsi, une P4 faible réduit la réceptivité de l’utérus
pour l’embryon.
Chez la vache :
L’influence de la progestéronémie avant l’insémination artificielle (IA) a été
évaluée. Les individus utilisés sont des vaches laitières soumises à protocole double
GPG (GnRH-PGF2α-GnRH). Le diagnostic de gestation est réalisé 29 jours après
l’insémination. L’expérience conclue que les vaches avec un taux de P4 faible avant
l’IA présentent une moins bonne fertilité que celles avec un taux de P4 élevé (37,1%
contre 51% de vaches gestantes). La progestéronémie pendant la croissance
folliculaire influence donc la fertilité (Wiltbank et al. 2012).
Bisinotto et al., 2010, ont abouti à la même conclusion. Au cours de leur
expérience, les vaches sont soumises à un protocole GPG. Le dosage de P4 est
réalisé 7 jours avant et le jour de la première injection de GnRH. Ces dosages
permettent de classer les vaches en trois catégories :
ü anovulatoires (2 prélèvements avec P4 < 1 ng/ml),
ü cyclées avec une P4 faible (prélèvement 1 > 1ng/ml puis prélèvement 2 < 1
ng/ml)
ü ou cyclées avec une P4 élevé (2 prélèvements > 1 ng/ml).
Lors du diagnostic de gestation réalisé 30 jours après l’IA, le taux de gestation est
meilleur chez les vaches cyclées avec une P4 élevé avant l’IA par rapport aux
vaches cyclées avec une P4 faible et aux vaches anovulatoires. Lors d’un second
diagnostic de gestation au 53ème jour après l’IA, on constate un taux de mortalité
148
embryonnaire plus élevé chez les vaches anovulatoires (Bisinotto, Chebel, Santos
2010).
De même, une étude évaluant la qualité embryonnaire au 7ème jour de
gestation révèle que les vaches avec une P4 élevée avant l’IA présentent plus
d’embryons de grade 1 (excellente et bonne qualité) et de grade 2 (qualité moyenne)
par rapport aux vaches dont la P4 est basse avant l’IA (Wiltbank et al. 2012).
151
Le dosage de la P4 sanguine a été réalisé tous les jours pendant les 13
premiers jours:
ü elle varie entre 1,3 et 3 ng/ml chez les juments L,
ü elle est supérieure à 25 ng/ml chez les juments H
ü et elle varie entre 7 et 9 ng/ml chez les juments I.
Les échographies transrectales de gestation réalisées à 100 jours révèlent que la
supplémentation en progestérone n’influence ni le taux de gestation ni la taille de la
vésicule (Knowles et al. 1993).
Une autre étude consiste à comparer le développement embryonnaire
précoce chez des juments supplémentées en P4 entre J0 et J6 après l’ovulation et
chez des juments non supplémentées. Le dosage sanguin de P4 révèle une hausse
effective de la progestéronémie chez les juments traitées. La collecte des
blastocystes 7 jours après l’ovulation ne démontre cependant aucune différence de
taux de gestation ou de morphologie (diamètre et nombre de cellules embryonnaires)
entre les deux groupes (Ball, Miller, Daels 1992).
Par ailleurs, la supplémentation en hormones gonadotropes, l’hCG, améliore
la fertilité chez la vache. Ainsi, une étude a voulu évaluer l’influence d’une injection
d’hCG avant et après l’ovulation sur la gestation précoce.
Au cours d’une première expérience, des juments ont reçu une injection
d’hCG 48 heures avant l’ovulation. On constate une augmentation de la
progestéronémie entre 5 et 15 jours après l’ovulation par rapport aux femelles
témoins. Le mécanisme est différent de la vache puisque l’injection d’hCG n’entraîne
ni une augmentation de la taille du corps jaune primaire ni l’apparition de corps
jaunes accessoires. Chez la jument, la progestéronémie est donc indépendante de la
taille du corps jaune. Par ailleurs, on constate également une augmentation de la
taille du conceptus entre 30 et 40 jours après l’ovulation, au moment de la
placentation, par rapport aux femelles témoins. Ainsi, l’administration d’une hormone
gonadotrope avant l’ovulation favorise la sécrétion de progestérone nécessaire aux
fonctions de l’endomètre et ainsi au développement embryonnaire en début de
gestation.
La seconde expérience consiste à injecter l’hCG cinq jours après l’ovulation.
On ne constate alors aucune différence de sécrétion de P4 par rapport aux femelles
témoins. Contrairement aux vaches, le corps jaune n’est plus sensible à l’hCG après
l’ovulation (Köhne et al. 2014).
152
b. Interactions entre la mère et l’embryon
c. Environnement utérin
153
microcotydélons (et donc la surface d’échange) et qui empêche la migration et/ou la
fixation de l’embryon.
Enfin, ces pathologies affectent la tonicité du myomètre qui n’assure plus de
contractions efficaces pour éliminer les contaminants et les débris cellulaires
présents dans la lumière utérine après la saillie (Vanroose, de Kruif, Van Soom
2000).
d. Gestation gémellaire
a. Le stress
154
stress lié à la douleur (boiterie, mammite, dystocie, colique), la manipulation par le
vétérinaire ou le technicien et le stress social.
b. Le stress thermique
La vache laitière est une espèce très sensible à la chaleur à cause des
exigences métaboliques de la lactation. Les paramètres de reproduction sont
affectés dès que la température corporelle augmente de 1°C ou plus (Hansen et al.
2001). En effet, d’après une étude réalisée en Israël, la température ambiante à
partir de laquelle la vache subit un stress thermique est de 25 à 26 °C (Jordan 2003).
Une étude rétrospective réalisée sur 18 années consécutives a révélé que le taux de
gestation des vaches inséminées en été était seulement de 27,7% alors qu’il est de
42,6% lorsqu’elles sont inséminées en hiver (Wolfenson, Roth 2019).
Avant l’ovulation, la chaleur affecte la croissance folliculaire et l’ovulation en
modulant la sécrétion de LH, l’affinité des récepteurs à la LH ainsi que le production
de stéroïdes par le follicule. La phase de dominance est atténuée et allongée. Cela
conduit à la production d’ovocytes de mauvaise qualité et à une augmentation du
nombre d’ovulations multiples. L’insémination artificielle réalisée pendant un période
chaude augmente donc le risque de gestation gémellaire qui est facteur de risque de
mortalité embryonnaire. De plus, un stress thermique chronique affecte le
développement du corps jaune entrainant une réduction de la progestéronémie
défavorable au maintien de la gestation.
Après la fécondation, pendant la phase pré-implantatoire, l’embryon est
également sensible à la chaleur. Les zygotes au stade 2-cellules sont plus sensibles
que les zygotes aux stades 4-cellules et 8-cellules puis les stades de morula et
blastocyste sont encore plus résistants au stress thermique. L’embryon acquiert dont
une thermotolérance qui serait conditionnée par un équilibre entre la production de
radicaux libres et d’antioxydants protecteurs (Wolfenson, Roth 2019).
155
une augmentation du taux de mortalité embryonnaire au-delà du 17ème jour de
gestation (Biggers et al. 1987).
156
c. L’alimentation
Chez la vache, il faut également éviter les régimes trop riches en azote
soluble. D’une part, il aggrave le déficit énergétique en stimulant la production laitière
et en consommant de l’énergie lors de sa transformation hépatique. D’autre part,
l’urée et l’ammoniac sont cytotoxiques pour l’ovocyte, le spermatozoïde et l’embryon
et modifient le pH utérin qui devient hostile à la survie des gamètes. Ils diminuent
également la concentration en progestérone et stimulent la sécrétion de
prostaglandines. Cela peut avoir des conséquences néfastes sur la réussite de
l’insémination (Enjalbert 2002).
d. La palpation transrectale
L’infection du tractus génital peut être causée par des pathogènes spécifiques
(virus, bactéries, protozoaires) ou non spécifiques. La contamination se produit par
voie hématogène ou par voie vaginale via la semence lors de l’insémination ou de la
saillie. Ces pathogènes peuvent alors être responsables d’une endométrite qui doit
être éliminée avant l’arrivée de l’embryon dans l’utérus. Les femelles plus âgées
rencontre parfois des difficultés à éliminer l’inflammation. Lors d’endométrite
158
chronique, le dépôt de fibrose autour des glandes utérines altère leur
fonctionnement, ce qui est préjudiciable à la survie de l’embryon (Vanroose, de Kruif,
Van Soom 2000).
Les virus sont les pathogènes majoritairement responsables de mortalité
embryonnaire.
Chez la vache,
• Les herpès virus de type 1, dont fait partie le virus de la rhinotrachéite
infectieuse bovine (IBR), et de la diarrhée virale bovine (BVD), peuvent être
présents dans le liquide folliculaire ou les cellules de la granulosa avant la
fécondation. Ils peuvent également être apportés par les spermatozoïdes et
adhérer à la zone pellucide de l’embryon. La zone pellucide constitue une
barrière de protection mais les embryons dépourvus de zone pellucide, à partir
du 8 à 9ème jour de gestation, sont sensibles à ces virus. La réplication rapide
des virus conduit alors à une mortalité embryonnaire ou au développement de
malformations congénitales (Vanroose, de Kruif, Van Soom 2000).
• L’infection à Campylobacter fetus spp. veneralis est une infection
sexuellement transmissible causée par une bactérie gram négatif,
microaérobie, mobile, extracellulaire. L’infection n’affecte pas l’embryon
directement. En revanche, l’inflammation de l’utérus et des oviductes causée
par la bactérie empêche le bon développement embryonnaire. Un mode de
réplication rapide entraîne la mort de l’embryon ou du fœtus entre le 15ème et
le 80ème jour de gestation. L’arrêt de gestation se produisant après la période
de reconnaissance maternelle, les chaleurs suivantes seront décalées
(Yaeger, Holler 2007).
• Haemophilus somnus est une bactérie coccobacile gram négatif faisant
partie de la flore commensale du vagin. L’infection peut entraîner une mortalité
embryonnaire car la bactérie est capable d’adhérer à la zone pellucide
entraînant la mort de l’embryon, sans être forcément associée à des lésions
sur l’utérus (Yaeger, Holler 2007).
• Trueperella pyogenes est une bactérie gram positive anaérobie facultative
responsable d’endométrite pouvant causer des mortalités embryonnaires ou
fœtales (Parmar et al. 2016).
• La néosporose est causée par Neospora caninum, un protozoaire
unicellulaire de la famille des coccidies. Le plus souvent, l’avortement se
produit au début du second trimestre de gestation mais peut se produire à
n’importe quel stade de la gestation (Abbitt, Rae 2007).
• Trichomonas fetus est un protozoaire unicellulaire flagellé responsable
d’endométrite et de vaginite. Il n’empêche pas la fécondation mais peut
causer une mortalité embryonnaire, généralement tardive. Elle se traduit donc
par un décalage des chaleurs suivantes. L’avortement à Trichomonas fetus
précède généralement un pyomètre (Parmar et al. 2016).
159
Chez la jument, la plupart des virus (Herpès virus Equin et virus de l’artérite
virale) causent essentiellement des mortalités fœtales. Les bactéries en cause sont
généralement des bactéries opportunistes telles que Escherichia Coli ou
Streptococcus spp. mais d’autres sont des pathogènes d’origine vénérienne telles
que Pseudomonas spp., Klebsellia spp. et Taylorella equigenitalis (Vanroose, de
Kruif, Van Soom 2000).
À titre d’exemple (Swerczek, Caudle 2007):
• Streptococcus zooepidemicus est une bactérie gram positif qui peut
entraîner une mortalité embryonnaire ou fœtale à n’importe quel stade de
gestation en causant une placentite.
Jours 25 30 35 40 45 50 55
Vache 140 - 160 - 170 - 170 - 170 - 180 - 180 -
(DesCôteaux, 150 180 190 190 190 200 200
Fréquence Colloton, et al.
cardiaque 2016)
(bpm)
Jument 97- 167 167 167 167 167 176
(Stolla, Chen, 111
Bollwein 2001)
Les contours de l’embryon sont mal définis et irréguliers avec des membranes amniotiques et
allantoïdienne hyperéchogènes.
1 : embryon, 2 : amnios, 3 : allantoïde.
161
ü Le flottement des membranes embryonnaires.
Par ailleurs, chez les bovins, les PAGs sont des marqueurs de vitalité
embryonnaire et placentaire. Leur dosage, associé au dosage de progestérone pour
162
plus de précision, permet de surveiller la vitalité du fœtus (López-Gatius, García-
Ispierto 2010).
Comme pour la vache, chez la jument, les jumeaux étant majoritairement des
dizygotes, une gestation gémellaire résulte d’ovulations multiples, quelles soient
synchrones ou asynchrones. Les femelles primipares et les femelles subfertiles
présentent plus d’ovulations multiples que les femelles en lactation. Par ailleurs,
certaines races y sont prédisposées. De plus, le taux d’ovulations multiples
augmente au cours de la saison de reproduction : le risque de gestation gémellaire
est donc plus important en mai-juin par rapport à mars. Les résultats des différentes
études divergent quant à l’influence de l’induction de l’ovulation (hCG, cloprostenol)
163
sur le taux d’ovulations multiples. Il semblerait également que l’utilisation d’une
semence très fertile augmente le risque de gestation gémellaire (Hodder, Liu, Ball
2008).
Pour surveiller les gestations gémellaires il faut donc (Miller, Woods 1988):
164
Figure 66 : Deux vésicules embryonnaires de jument séparées dans la corps utérin (Holder
2014a).
La différence de taille des deux vésicules embryonnaires est due à une ovulation asynchrone ou à un
retard de développement de la plus petite vésicule.
Finalement, si on constate plus d’un corps jaune sur les ovaires et une seule vésicule
embryonnaire, il faut renouveler l’examen 2 à 3 jours plus tard (Hodder, Liu, Ball
2008).
165
è Si le diagnostic de gestation gémellaire est réalisé avant le 20ème jour de
gestation, soit avant la fixation des embryons, une réduction manuelle d’une des
deux vésicules embryonnaires peut être réalisée. Au cours de cette période, la
réduction spontanée est peu fréquente.
Le principe de la réduction manuelle est de pincer la vésicule embryonnaire
entre pouce et index pour la comprimer jusqu’à rupture de celle-ci. Si les deux
vésicules sont initialement accolées ou proches, il faut les manipuler par voie
transrectale pour les séparer d’au moins 2 centimètres et, au mieux, en isoler une
dans une corne utérine avant la réduction. Le liquide expulsé par la vésicule
embryonnaire écrasée n’a pas de conséquence sur la survie du deuxième embryon à
ce stade. Généralement, la réduction manuelle n’entraîne pas plus de mortalité
embryonnaire (Hodder, Liu, Ball 2008). La figure 68 montre l’image échographique
d’une vésicule embryonnaire après réduction manuelle.
166
è Si le diagnostic est établi au-delà de 60 jours de gestation, la réduction d’un
des deux fœtus est plus compliquée et risquée.
En premier lieu, entre 60 et 110 jours de gestation, le vétérinaire peut
procéder à la dislocation cranio-cervicale du fœtus le plus petit ou le moins en
contact avec l’endomètre. La dislocation se fait par voie transrectale ou via une
laparotomie du flanc. Elle aboutit à 63% de poulain vivant, quelle que soit la voie
d’abord.
Le principe consiste à isoler la tête du fœtus entre le pouce et l’index. La tête est
ensuite balancée d’un côté puis de l’autre pour rompre le ligament nuchal. Le pouce
comprime ensuite la base du crâne proximalement et dorsalement. Lorsque la
dislocation est complète, un « pop » est senti et le pouce peut passer entre la tête et
le cou (Hodder, Liu, Ball 2008).
Cette technique peut nécessiter plusieurs interventions successives. Le battement
cardiaque du fœtus peut persister 1 à 8 semaines après la dislocation cranio-
cervicale. Par la suite, il formera un fœtus momifié. Il convient de réaliser cela avant
le développement complet du placenta pour permettre à l’autre fœtus de grandir
normalement (Crabtree 2018).
Dans un second temps, la réduction d’un fœtus peut être réalisée par injection
transcutanée échoguidée entre le 115ème et le 130ème jour de gestation. Elle consiste
à injecter du chlorure de potassium dans le cœur du fœtus ou de la procaïne
pénicilline dans les poumons ou l’abdomen du fœtus. Le fœtus va ensuite se
momifier. Elle aboutit à 38 à 56% de gestation menée à terme (Crabtree 2018).
167
Chez les bovins, les gestations gémellaires sont rares (moins de 5% chez les
races allaitantes) et donc peu diagnostiquées et surveillées. Elles sont, toutefois, en
augmentation, notamment chez les vaches laitières hautes productrices. Le taux de
gestation gémellaire est passé de 4,54% en 1999 à 6,86% en 1997 (DesCôteaux,
Colloton, et al. 2016).
La palpation transrectale est une méthode peu sensible pour détecter une
gestation multiple (49,3%). Si toutefois elle est utilisée, elle doit être réalisée entre le
50ème et le 70ème jour de gestation.
En revanche, l’échographie transrectale est plus précise : elle possède une
sensibilité de 93% entre le 49ème et le 55ème jour de gestation. L’échographie
transrectale révèle alors une plus grande quantité de fluides embryonnaires et de
membranes extra-embryonnaires. On peut également voir une membrane, appelée
« twin line » (fig.69, fig.70), qui coupe l’allantochorion entre les deux embryons
(DesCôteaux, Colloton, et al. 2016).
Figure 69 : Fœtus bovins jumeaux entourés de leur membrane fœtale (DesCôteaux, Colloton, et
al. 2016).
Les flèches représentent la « twin line ».
168
Réaliser l’examen plus tardivement n’augmente pas la précision des résultats
et au-delà de 80 jours de gestation devient compliqué à cause de la taille et de la
localisation des fœtus.
On conseille de commencer par échographier les ovaires car 50% des vaches avec
deux corps jaunes présentent une gestation gémellaire.
La figure 71 montre les images échographiques d’une gestation gémellaire de
jumeaux monozygotes. Ils ont la même taille et l’ovaire (à gauche) ne porte qu’un
seul corps jaune. Les jumeaux monozygotes ont tendance à être localisés dans la
même corne utérine(DesCôteaux, Colloton, et al. 2016).
Chez la vache comme chez la jument, le sexe du fœtus peut être déterminé
lors d’une échographie transrectale dans des contions de terrain. L’examen a
l’avantage d’être peu invasif, rapide (en moyenne, 1 minute 53 secondes chez une
vache, 1 minute 17 secondes chez une jument) et donne un résultat immédiat. Il
nécessite cependant du matériel (sonde échographique linéaire de 5mHz) et une
certaine expérience de la part du manipulateur.
La période optimale pour le sexage fœtal correspond à l’intervalle entre le 59ème et le
68ème jour après l’ovulation chez les deux espèces.
170
FEMELLE MÂLE
Figure 72 : Schéma d'un fœtus bovin femelle (gauche) et mâle (droite) à 40 (A) et 55 (B) jours
de gestation (DesCôteaux, Colloton, et al. 2016).
Chez les bovins, le sexage fœtal peut être réalisé entre 54 et 100 jours de
gestation avec une fenêtre idéale entre 60 et 70 jours de gestation.
Les tubercules génitaux, tubercules labio-scrotaux ainsi que les replis uro-
génitaux apparaissent comme des structures hyperéchogènes, isoéchogènes au
tissu osseux. Les images échographiques des tubercules génitaux sont similaires
chez le mâle et la femelle jusqu’au 58 à 65ème jour de gestation.
Chez le mâle, à partir du 58ème jour de gestation, le tubercule génital migre
jusqu’à sa position finale caudale à l’ombilic. Entre le 65ème et le 70ème jour de
gestation, la structure bilobée évolue en une structure à quatre lobes formant le
tubercule génital et les plis uro-génitaux. À ce stade, les tubercules scrotaux sont
171
fusionnés sur le plan médian. Ils apparaissent comme deux lignes blanches
hyperéchogènes de part et d’autre du plan médian entre les membres pelviens.
Le tubercule génital formera le pénis, les plis uro-génitaux formeront le prépuce alors
que le tubercule scrotal formera le scrotum.
La migration des testicules est achevée vers le 90ème jour de gestation. On parle
alors d’appareil génital externe plutôt que de tubercules génitaux.
La figure 73 correspond à l’image d’un fœtus bovin mâle de 65 jours : le tubercule
génital a migré caudalement à l’ombilic.
Figure 73 : Coupe longitudinale d'un fœtus mâle bovin à 65 jours de gestation (DesCôteaux,
Picard-Hagen, et al. 2016).
À gauche, le schéma montre la position de la sonde échographique par rapport au fœtus. À droite,
l’image échographique correspondante : 1 : ombilic, 2 : tubercule génital, 3 : membres thoraciques, 4 :
membres pelviens, 5 : placentome.
Figure 74 : Coupe longitudinale d'un fœtus mâle bovin à 68 jours de gestation (DesCôteaux,
Picard-Hagen, et al. 2016).
La figure 76 correspond à l’image échographique d’un fœtus mâle plus âgé (75 jours)
chez qui on distingue le scrotum.
Figure 76 : Coupe transversale d'un fœtus mâle bovin à 75 jours de gestation (DesCôteaux,
Picard-Hagen, et al. 2016).
À gauche, le schéma montre la position de la sonde échographique par rapport au fœtus. À droite,
l’image échographique correspondante : 1 : membres thoraciques, 2 : ombilic, 3 scrotum.
173
tubercule génital forme le clitoris tandis que les plis uro-génitaux forment les lèvres
vulvaires (DesCôteaux, Picard-Hagen, et al. 2016).
La figure 77 correspond à l’image échographique d’un fœtus femelle de 60 jours
avec le tubercule génital localisé sous la queue.
Figure 77 : Coupe longitudinale d'un fœtus femelle bovin à 60 jours de gestation (DesCôteaux,
Picard-Hagen, et al. 2016).
À gauche, le schéma montre la position de la sonde échographique par rapport au fœtus. À droite,
l’image échographique correspondante : 1 : membres thoraciques, 2 : tubercule génital, 3 : queue.
À gauche, le schéma montre la position de la sonde échographique par rapport au fœtus. À droite,
l’image échographique correspondante.
175
Finalement, au-delà du 55ème jour de gestation, il faut repérer la localisation du
tubercule génital par rapport à la ligne formée par les grassets pour sexer le fœtus.
S’il est crânial à cette ligne, c’est un mâle mais s’il est caudal, c’est une femelle.
À partir du 80ème jour de gestation, les fluides placentaires repoussent l’utérus
crânialement au plancher du bassin. À partir du 90ème jour de gestation, le fœtus se
développe et devient à nouveau plus accessible par voie transrectale. On peut alors
sexer le fœtus via son appareil génital externe (Holder 2014b).
2. Par PCR
Chez les bovins, le sexe du fœtus peut être déterminé par PCR (Polymerase
Chain Reaction) en utilisant l’ADN du fœtus présent dans le plasma de la mère à
partir du 45ème jour de gestation. Le principe est de détecter une séquence génétique
présente sur le chromosome Y spécifique du mâle.
Cette méthode nécessite de réaliser une prise de sang à la mère. Chez les femelles
peu coopératives, elle peut être moins stressante et moins invasive que
l’échographie transrectale. Elle est rapide, hautement sensible et fiable. La sensibilité
du test augmente lorsque la gestation progresse (95% à 43,8 jours, 99% à 48,4 jours
et 99,9% à 55 jours). Alors que le sexage par échographie n’est réalisable que
jusqu’au 98ème jour après l’ovulation, ce test n’a pas de limite dans le temps.
Néanmoins, la méthode montre des limites (da Cruz et al. 2012):
• la PCR nécessite du matériel et des compétences techniques importantes,
• l’absence de marqueur spécifique de la femelle,
• le risque contaminations croisées des prélèvements lorsque les tests sont
réalisés au sein de grands troupeaux.
176
SYNTHÈSE
ème
ü Le diagnostic de gestation par palpation transrectale peut être réalisé à partir du 35
ème
jour de gestation chez la vache et du 25 jour de gestation chez la jument.
ü Le diagnostic de gestation par échographie transrectale peut être réalisé à partir du
ème ème
25 jour de gestation chez la vache et du 15 jour de gestation chez la jument.
ü Le diagnostic de gestation par dosage hormonal est intéressant chez les femelles peu
coopératives ou trop petites pour la réalisation d’une PTR.
o La progestéronémie est un indicateur non spécifique de la gestation, utile plutôt
pour indiquer l’absence de gestation.
o Les œstrogènes sont dosables dans le sang, l’urine, le lait ou les fèces chez la
jument. Étant produits par l’unité fœto-placentaire, l’augmentation des œstrogènes
atteste d’une gestation mais également de la vitalité du fœtus.
o Les PAGs sont des indicateurs spécifiques de la gestation chez la vache. Ils
sont dosables dans le sang ou le lait à l’aide de tests réalisables en élevage. Il
convient d’attendre 100 jours après le vêlage et 30 jours après l’insémination.
ème ème
o Chez la jument, l’eCG est dosable entre le 50 et le 80 jour de gestation. Il
témoigne de la présence de cupules endométriales et non d’un fœtus. Un test
réalisé trop tôt expose au risque de faux négatifs et un avortement après la mise
en place des cupules endométriales expose au risque de faux positif.
ü Chez la vache et chez la jument, la mortalité embryonnaire est beaucoup plus
importante que la mortalité fœtale. Elle peut être multifactorielle et difficile à diagnostiquer.
Les facteurs de risques sont :
o Les anomalies génétiques,
o Une progestéronémie inadéquate,
o L’absence de synchronisation entre l’utérus et l’embryon,
o Un environnement utérin et/ou tubaire inadéquat ou hostile,
o Une gestation gémellaire,
o Les facteurs environnementaux : le stress, le stress thermique, une mauvaise
alimentation, la PTR.
177
ü Chez la vache et chez la jument, la mortalité embryonnaire est évaluable par
échographie transrectale.
ème
Le battement cardiaque est perceptible à partir du 22 jour de gestation chez la vache
ème
et du 20 jour de gestation chez la jument.
Les critères prédictifs sont les suivants : absence de battement cardiaque, forme
irrégulière de la vésicule, flottement des membranes, particules échogènes dans la
vésicule, absence de mouvement après J40 et chez la jument, une fixation inadéquate
et l’absence d’amincissement de la paroi utérine ventrale lors de l’implantation.
Chez la vache, le dosage des PAGs renseigne sur la vitalité de l’embryon.
ü La gestation gémellaire doit être suivie car elle prédispose aux mortalité embryonnaire et
fœtale ou à la naissance de nouveau-nés plus fragiles.
Chez la jument, l’une des deux vésicules peut être éliminée par réduction manuelle,
dislocation crânio-cervicale, injection transcutanée échoguidée dans le fœtus ou par
ponction de liquide fœtal par voie vaginale.
Chez la vache, les gestations gémellaires sont rares et moins suivies.
ü Chez la vache et chez la jument, la période optimale pour sexer un fœtus par
ème
échographie transrectale s’étend du 59 au 68 jour après l’ovulation.
Le tubercule génital apparaît comme une structure bilobée hyperéchogène. Chez le
mâle, il migre vers le cordon ombilcal. Chez la femelle, il migre vers la queue.
Chez la vache, le sexage fœtal peut également être réalisé par PCR d’ADN.
178
Conclusion
Chez la vache et chez la jument, l’appareil génital est le siège de la migration,
de la rencontre des gamètes mâle et femelle, de la fécondation et de la gestation.
La période de développement embryonnaire pré-implantatoire est longue chez
les deux espèces considérées. L’embryon libre n’adhère pas à l’endomètre maternel
et se nourrit grâce aux secrétions utérines. Chez la vache, le conceptus subit une
importante élongation tout en restant cantonné à une corne utérine. Au contraire, le
conceptus de jument reste sphérique et mobile. L’élongation chez la vache et la
mobilité chez la jument permettent d’augmenter la surface de contact entre la
vésicule embryonnaire et l’endomètre maternel. L’embryon signale alors sa présence
à la mère. Il s’agit de la reconnaissance maternelle de la gestation.
Chez les ruminants, l’interféron-tau (IFNτ) est le signal de reconnaissance
maternelle. Il agit à différent niveaux en inhibant la lutéolyse et en favorisant la
réceptivité utérine nécessaire à l’implantation.
Chez la jument, le signal n’a pas encore été identifié. Les œstrogènes et les
interférons ont été largement étudiés mais ne semblent pas être en cause. Il a été
démontré que la mobilité de la vésicule embryonnaire est nécessaire au maintien de
la gestation. La migration du conceptus permet-elle de répandre un signal chimique
encore non identifié, ou bien, la reconnaissance maternelle repose-t-elle uniquement
sur un signal mécanique ?
La période de vie libre de l’embryon s’achève par l’implantation. Le placenta
en place constitue la structure d’échange mère-fœtus jusqu’à la fin de la gestation.
Le développement embryonnaire se poursuit jusqu’à la fin de la différenciation
vers le 40ème jour de gestation. On parle désormais de fœtus. L’organogenèse se
poursuit et le fœtus ressemble de plus en plus à un veau ou à un poulain.
Au cours de ce premier trimestre de gestation, les applications cliniques de
terrain sont grandes. En effet, le vétérinaire peut réaliser un diagnostic de gestation
précoce avec précision et rapidité. D’autre part, il peut facilement évaluer le nombre
d’embryons, leur vitalité et/ou sexer un fœtus. Ces informations permettent
d’optimiser les performances de reproduction de la vache et la jument.
179
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199
200
RENAUX Elsa
RESUME :
Chez la vache et chez la jument, la mise en place d’une gestation est un phénomène complexe et
contrôlé. Une fois l’étape de fécondation franchie, les premières interactions et la synchronisation
entre l’embryon et l’utérus de la mère sont déterminantes pour la réussite de la gestation. Cette
coordination fait intervenir plusieurs signaux, espace et temps-dépendants, d’origine embryonnaire et
maternelle.
Sécrétée par le corps jaune, la progestérone est la principale hormone qui intervient dans le début de la
gestation puisqu’elle prépare l’endomètre à accueillir l’embryon. Le phénomène de reconnaissance
maternelle de la gestation inhibe la lyse du corps jaune et assure ainsi le maintien d’une
progestéronémie suffisament élevée. Le mécanisme physiologique de reconnaissance maternelle est
bien défini chez la vache, chez qui l’IFNτ a été reconnu comme étant le signal en cause, mais reste
encore indéterminé chez la jument.
Si ces mécanismes sont absents, inadéquats ou enrayés par un facteur défavorable (maladie, stress,
traumatisme…), le développement embryonnaire sera contrarié, risquant ainsi une interruption de
gestation. La période embryonnaire est donc une période critique, plus à risque que la période fœtale.
Dès le premier trimestre de la gestation, le vétérinaire peut réaliser de nombreux examens
complémentaires. Ainsi, il est très fréquent de réaliser sur le terrain un diagnostic de gestation par
palpation transrectale, par échographie transrectale ou par dosage hormonal. Par ailleurs,
l’échographie transrectale est la méthode la plus utilisée pour renseigner sur le nombre, le sexe ainsi
que la vitalité du fœtus.
MOTS CLES :
- Reproduction - Gestation
- Vaches
- Juments
JURY :
Président : Monsieur le Professeur Pierre Cochat