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Pratique
de la stimulation ovulatoire
par les gonadotrophines
Springer
Pratique de la stimulation ovulatoire
par les gonadotrophines
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Jean-Claude Emperaire
Pratique
de la stimulation
ovulatoire par
les gonadotrophines
Springer
Jean-Claude Emperaire
Centre FIV
Clinique Jean Villar
33520 BRUGES
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ment des droits. Toute représentation, reproduction, contrefaçon ou conservation dans une
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le copyright.
Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
6. Déclencher l’ovulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
Le processus ovulatoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
Le déclenchement spontané de l’ovulation . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
Le déclenchement thérapeutique de l’ovulation . . . . . . . . . . . . 66
Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
7. Soutenir la phase lutéale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
Stimulation monofolliculaire à paucifolliculaire . . . . . . . . . . . . 78
Stimulation multifolliculaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
8. Prévenir les complications. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
Les grossesses multiples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
Le syndrome d’hyperstimulation ovarienne (HSO) . . . . . . . . . 87
9. La stimulation ovulatoire classique :
mono-, bi- ou paucifolliculaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
L’objectif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
Les moyens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
10. Stimuler la femme ovulatoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
La stimulation monofolliculaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
La stimulation bifolliculaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
La stimulation paucifolliculaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
11. Stimuler la femme anovulatoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
Caractériser l’anovulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
Les anovulations hypogonadotropes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
Les anovulations normogonadotropes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
12. La stimulation multifolliculaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
Évolution de la stimulation pour FIV . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
Pratique de la stimulation multifolliculaire . . . . . . . . . . . . . . . . 146
Les mauvaises réponses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
Avant-propos
prétend en rien résumer la question, d’autres pratiques étant tout aussi légitimes.
C’est pourquoi les conduites à tenir proposées ici ne sont pas exclusives : elles
signifient simplement que, mené de cette manière, le cycle a permis un début de
grossesse ; le même résultat aurait été peut-être obtenu en faisant autrement.
Ce manuel n’a que l’ambition de permettre à tout clinicien qui le souhaite de se
forger sa propre expérience à partir de ces données de base, tout en privilégiant
l’originalité de chaque patiente, et en préservant son propre jugement face à tout
ce qui est régulièrement proposé comme statistiquement certain ou médicalement
correct.
L’essentiel de l’ouvrage étant constitué de données communément admises et de
conduites propres à l’auteur, les références ont été réduites au minimum, en privi-
légiant les articles en français.
Préface
La stimulation ovarienne des femmes qui dysovulent est une étape cruciale de la
prise en charge de l’infertilité.
Chacun sait, et les femmes en particulier, que les cliniciens sont inégaux dans la
conduite du traitement, et donc dans l’obtention de résultats significatifs. Le savoir
et l’expérience font une grande différence. C’est là que le savoir de Jean-Claude
Emperaire est irremplaçable. Il nous transmet le savoir de la physiologie, et l’expé-
rience du traitement. Cet ouvrage se veut simple à lire, et va droit au but. Il traduit
ce qui manque à beaucoup : l’expérience de grands praticiens comme Jean-Claude
Emperaire.
Incontestablement cet ouvrage qui établit un dialogue avec ce grand clinicien est à
placer urgemment entre toutes les mains.
Philippe Bouchard
Professeur Émérite à l’Université Pierre et Marie Curie (Paris 6)
President, European Society of Endocrinology
Rappel historique : l’évolution des idées
1
LES GONADOTROPHINES
Les gonadotrophines utilisées en clinique humaine ont connu quatre sources
successives, seules les deux dernières restant actuellement disponibles [5].
14 Pratique de la stimulation ovulatoire par les gonadotrophines
En ce qui concerne la LH, le rapport FSH/LH est très supérieur à 1 dans les
urines des femmes ménopausées, car c’est surtout la sécrétion de FSH qui
augmente après la cessation de l’activité ovarienne. Pour obtenir une prépara-
tion de gonadotrophines à rapport FSH/LH voisin de 1, il a fallu compenser le
déficit relatif en LH par l’addition d’HCG, seule hormone à effet LH-like dispo-
nible : longtemps soupçonnée par les cliniciens, cette manipulation n’a été admise
par les firmes pharmaceutiques que beaucoup plus tard, lorsque l’apparition des
radio-immunodosages a permis de distinguer LH et HCG. À l’heure actuelle, où
cette addition d’HCG n’est plus réglementairement possible, c’est l’HCG naturel-
lement présente dans l’urine qui est utilisée pour équilibrer le rapport FSH/LH.
Du fait à la fois de leur provenance urinaire à partir de très nombreuses donneuses,
des procédés d’extraction ainsi que de la variabilité intrinsèque des tests biologiques
à la base de la définition des unités internationales de référence (IRP 1 puis 2), les
lots d’ampoules d’HMG proposés par les deux firmes en France, Serono (Pergonal®,
puis Neopergonal®) et Organon (Humegon®) montraient une certaine variabilité entre
eux de contenu et donc d’effets thérapeutiques. Il avait été estimé à l’époque qu’une
ampoule d’HMG dosée à 75 UI FSH + 75 IU LH contenait en réalité entre 55 et 80 UI
de FSH. C’est volontiers sur le compte de ces variations d’effets biologiques que les
équipes mettaient les résultats irréguliers de la FIV à ses débuts, alors qu’ils étaient sans
doute aussi largement liés aux balbutiements des premiers laboratoires d’embryologie.
Jusqu’à la fin des années 1980, les HMG ont permis de résoudre de manière satisfaisante
tous les problèmes de fertilité des femmes anovulantes ou dysovulantes, sauf apparem-
ment celles appartenant à la catégorie des ovaires micropolykystiques (OMPK) : ayant
constitué initialement le syndrome de Stein-Leventhal puis le syndrome des ovaires
sclérokystiques, ils étaient alors caractérisés par une surcharge pondérale, une anovula-
tion avec hyperandrogénie et une diminution du rapport FSH/LH. C’est sur un déficit
relatif de FSH en présence d’un excès de LH que reposaient les hypothèses physiopa-
thologiques : nous étions alors tous persuadés que si nous disposions de FSH pure,
nous parviendrions à résoudre les problèmes posés par la stimulation ovulatoire de
ces femmes : l’hypothèse était fausse, mais elle a contribué à résoudre la question. La
FSH urinaire purifiée (uFSH) est effectivement devenue disponible en 1988 (Metro-
dine®, Fertiline®, puis Metrodine H® et actuellement Fostimon®), mais on s’est rapide-
ment aperçu que la FSH en tant que telle et utilisée selon le protocole de stimulation
habituel était incapable de résoudre le problème des OMPK ; il a ainsi fallu reprendre
la réflexion et mettre au point de nouvelles méthodes d’administration en revenant au
concept de seuil de FSH : en utilisant un protocole progressif à faible dose (step up low
dose ou chronic low dose), on obtient des résultats équivalents en termes d’ovulation,
de taux de grossesse et de complications, que ce soit avec la FSH ou les HMG [7].
La mise à disposition de la FSH urinaire est sans doute le dernier exemple d’une
avancée thérapeutique d’abord voulue par les cliniciens, puis mise au point par
l’industrie pharmaceutique. Toutes les évolutions ultérieures sont apparues à l’ini-
tiative des laboratoires, puis proposées aux cliniciens, dans un mouvement inverse
de celui qui avait toujours existé, et ce renversement des rôles sera définitif.
Entre-temps, en effet, la FIV apparaît, et son essor va rapidement faire exploser les
besoins en gonadotrophines. D’artisanal et de quasi confidentiel dans le champ de la
16 Pratique de la stimulation ovulatoire par les gonadotrophines
Cette méthode de production par génie génétique permet de répondre plus facile-
ment à tous les problèmes posés aux méthodes extractives : possibilités de produc-
tion virtuellement illimitées, stabilité d’un lot de préparation à l’autre, absence
de contamination par des protéines urinaires. Plus récemment, la possibilité
de quantifier les gonadotrophines FSH par leur masse plutôt que par référence
au classique dosage biologique, la définition d’une association FSL/LH avec un
rapport de 2 ou encore la mise au point d’une FSH d’action prolongée, toutes
décidées par l’industrie pharmaceutique, et même si elles constituent des exercices
incontestablement intéressants, paraissent plus à même de renouveler des brevets
qui vont tomber dans le domaine public que de bouleverser la vie du clinicien
ou de ses patientes. En ce qui concerne la stabilité d’un lot de gonadotrophines à
l’autre par exemple, nécessaire pour bénéficier d’un effet FSH régulier, l’intérêt de
son raffinement extrême « filled by mass » est en pratique largement relativisé par
les variations d’un cycle à l’autre de la réponse ovarienne chez la même patiente à
la même dose de la même gonadotrophine, fût-elle recombinante.
C’est pourquoi il est effectivement possible de résumer en fin de compte les progrès
de la stimulation ovarienne par les gonadotrophines depuis les HMG à deux étapes
fondamentales :
– la définition du protocole step up low dose ou chronic low dose, qui a révolu-
tionné la prise en charge des OPK ;
– l’apparition du stylo d’injection sous-cutanée de FSH, grâce à la stabilité de la
solution recombinante, permettant au couple de redevenir au moins en partie
acteur de ses difficultés.
La troisième étape n’a pas eu lieu et a peu de chances d’advenir : le remplacement
de l’HCG urinaire ou recombinante, principale responsable des hyperstimulations et
des grossesses multiples, par la LH pour déclencher l’ovulation. Il s’agit du dernier
souhait du clinicien dans le domaine de la stimulation ovulatoire, et il ne sera pas
exaucé : non par manque d’idées ou de moyens, mais il s’agit là d’un projet à rentabi-
lité aléatoire, raison pour laquelle des laboratoires qui communiquent abondamment
sur leur souci de la sécurité des patientes ont décidé de ne rien faire.
LA SURVEILLANCE OU « MONITORAGE »
Pendant la longue période où seules les HMG étaient disponibles, c’est surtout
le monitorage qui a progressé, initialement basé exclusivement sur la produc-
tion d’œstradiol du (ou des) follicule(s), puis sur des critères également morpho-
logiques à l’apparition de l’échographie.
L’appréciation de la réponse ovarienne aux gonadotrophines n’était possible à ses
débuts que par l’observation de tissus cibles de l’œstradiol accessibles, c’est-à-dire
la muqueuse vaginale et le col cervical. Index éosinophilique, caractères de la
glaire cervicale et ouverture de l’exocol avaient malheureusement leurs limites,
qui étaient celles de la réponse tissulaire à une hormone : variable d’une patiente
à l’autre, et, chez la même patiente, une relation dose-effet aléatoire avec un
maximum atteint pour des taux d’œstradiol relativement faibles. L’association de
ces critères à l’appréciation du volume et de la sensibilité ovarienne au toucher
18 Pratique de la stimulation ovulatoire par les gonadotrophines
La surveillance hormonale
les gonadotrophines ne présentaient que quelques cas dans des études observa-
tionnelles. Les discussions portaient essentiellement sur les fourchettes de sécurité
ou sur le meilleur protocole d’administration (une ou plusieurs ampoules ? Tous
les jours, ou tous les deux à trois jours ?) permettant d’assurer des ovulations de
qualité en limitant le risque d’hyperstimulation. Mais certaines notions, qui font
encore aujourd’hui l’objet de discussion, faisaient déjà débat, notamment :
– l’impression qu’un certain degré d’hyperstimulation permettait d’augmenter
le taux de grossesse : les normes de sécurité admises des œstrogènes rapides,
comprises entre 75 et 150 mcg/24 heures étaient nettement supérieures aux taux
physiologiques préovulatoires ;
– l’impression que le rapport FSH/LH de la préparation avait son importance ;
alors que dans les ampoules de Pergonal®, puis d’Humegon®, ce rapport était
grossièrement voisin de 1, P. Donini pouvait le faire varier dans le Neopergo-
nal®, suivant les conditions de fabrication et donc des lots, entre 1/2 et 1/15 ;
les ampoules préparées pour la France en 1968 étaient dotées d’un rapport
FSH/LH de 5/1, à la satisfaction générale [3, 10]. En revanche, les cliniciens
avaient rapidement remarqué que si un excès de FSH n’altérait pas la stimu-
lation, voire l’améliorait, un rapport FSH/LH < 1 pouvait l’altérer par lutéini-
sation précoce.
Ce que nous ne comprenions pas bien, en revanche, c’est qu’à l’intérieur des
fourchettes de sécurité communément admises, une hyperstimulation parfois grave
pouvait se produire, ou que pour un même taux de phénol-stéroïdes urinaires, la
grossesse, quand elle survenait, pouvait aussi bien être unique que multiple, et
parfois de haut rang.
L’apparition de la radio-immunologie, permettant le dosage rapide de l’œstra-
diol plasmatique en 1970, a apporté quelques éclaircissements complémentaires :
l’élimination urinaire des phénolstéroïdes peut être en retard par rapport à
l’évolution des taux plasmatiques. Si, pour une sécrétion stable d’œstradiol, il
existe une bonne concordance entre taux plasmatiques et excrétion urinaire, une
élévation rapide des taux plasmatiques ne se traduit pas par une augmentation
comparable de l’excrétion urinaire du lendemain, mais plutôt du surlendemain
(figs 1 et 2) : ceci a permis de comprendre pourquoi une hyperstimulation et/
ou une grossesse multiple pouvait se produire à l’intérieur de la fourchette de
sécurité des phénolstéroïdes urinaires de 24 ou 12 heures. C’est vers cette époque
que Delafontaine et Grenier avaient proposé avec une certaine réussite un proto-
cole destiné à, sinon totalement prévenir, du moins réduire efficacement les deux
complications : ils interrompaient la stimulation lorsque la fourchette d’effica-
cité et de sécurité de l’œstradiol plasmatique était atteinte, et n’administraient
HCG que lorsque son taux commençait à décliner : un « coasting » avant l’heure
(fig. 3) [4].
Il faudra attendre les années 1984-1985 pour disposer de techniques de dosage
rapides et fiables de l’œstradiol plasmatique, et réalisables en quelques heures
(prise de sang en début de matinée et résultat en début d’après-midi), par dosage
avec marqueur iodé après extraction. Les années 2000 verront apparaître le dosage
direct à l’iode 131, puis à partir de 2002 les techniques immuno-enzymatiques
fiables encore utilisées aujourd’hui.
20 Pratique de la stimulation ovulatoire par les gonadotrophines
Fig. 1 – Concordance des dosages urinaires et plasmatiques des œstrogènes lorsque la sécrétion
d’œstradiol varie peu. (Document A. Ruffie)
Fig. 2 – Deux exemples de discordance des dosages urinaire et plasmatique des œstrogènes en cas
d’augmentation rapide de la sécrétion d’œstradiol. (Document A. Ruffie)
Rappel historique : l’évolution des idées 21
Fig. 3 – Exemple de protocole de traitement HMG-HCG destiné à réduire les risques de grossesses
multiples et d’hyperstimulation : arrêt de l’administration de gonadotrophines, puis injection
d’HCG après le début du déclin du taux d’estradiol (4).
La surveillance morphologique
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Rappel physiologique
2
Fig. 2 – Courbe d’évolution des taux plasmatiques de FSH et LH au cours du cycle menstruel.
Rappel physiologique 27
Fig. 3 – Fixation des groupes polysaccharidiques sur les deux sous-unités de la molécule de FSH :
ils se projettent à l’extérieur de l’axe formé par les deux sous-unités enlacées, augmentant d’autant
le volume de la molécule. Selon le nombre de radicaux présents sur les sous-unités bêta, on dis-
tingue les molécules de FSH humaine tétra-syalisée (A), bi-syalisée (B) et les FSH tri-syalisées
équine (C) et humaine recombinante (D).
28 Pratique de la stimulation ovulatoire par les gonadotrophines
que celle-ci se réduit à 12 heures pour les isoformes douées d’un pI de 5,49 [6]. À
2 degré de sialysation égal toutefois, la présence de radicaux sulfones accélère la capta-
tion hépatique et l’élimination de l’isoforme, et ce en fonction directe du nombre
de radicaux SO [7]. L’antéhypophyse sécrète donc dans la circulation une mixture
d’isoformes, et chacune d’entre elles va interagir isolément avec le récepteur à la FSH.
La composition de la molécule de FSH sécrétée par l’hypophyse n’est pas fixe ;
elle varie au cours de la vie, et tout au long du cycle menstruel chez la femme
réglée, suivant la pulsatilité du GnRH elle-même retro-modulée principalement
par le taux d’œstradiol circulant ; les formes plus acides prédominent en milieu
œstrogénoprive, avant la puberté et dans la postménopause. Au cours du cycle,
en dehors même des variations de sa concentration plasmatique, la FSH voit aussi
les formes les plus acides en début et en fin de cycle, alors que sa composition est
plus homogène et dominée par les formes moins acides en période péri-ovulatoire
(fig. 5) [8]. Chaque patiente sécrète un profil d’isoformes qui lui est particulier,
déjà individualisable à J3, comme cela a déjà été établi pour la LH [9].
Les propriétés de chaque isohormone sont toutefois différentes selon qu’on
étudie leur activité chez l’animal entier, où leur bioactivité est essentiellement
liée à leur demi-vie, ou sur les récepteurs cellulaires eux-mêmes, où elle est direc-
tement fonction de leur affinité. Les isoformes de la FSH sont en effet douées
d’une bioactivité différente suivant leur degré de glycosylation, et ce d’une manière
apparemment contradictoire [10] :
– in vivo, les isohormones les plus acides montrent une bioactivité supérieure,
telle qu’elle peut être appréciée par le dosage de référence de Steelman et Pohley
consistant à mesurer les variations du poids ovarien chez le rat selon les doses
de FSH administrées ;
– in vitro, au contraire, ce sont les isohormones les moins acides qui montrent une
plus forte affinité pour le récepteur, ainsi qu’une bioactivié supérieure, indui-
sant à partir des cellules de la granulosa une sécrétion d’œstradiol plus précoce,
plus rapide et plus intense, sans doute aussi par l’intermédiaire d’une plus forte
activité postrécepteur ;
Fig. 5 – Évolution de la répartition des isoformes de la FSH au cours du cycle menstruel. (D’après
Creus, et al. [2].)
Rappel physiologique 31
in vitro, la croissance folliculaire est d’autant plus rapide que le profil d’isohor-
2 mones de la FSH est moins acide. La sensibilité de ce modèle va enfin jusqu’à
suivre les effets des différentes isoformes jusque dans la qualité du développement
de l’embryon obtenu à partir de l’ovocyte d’un follicule donné.
Ces différentes observations confirment une bioactivité supérieure des isoformes
les moins acides, et permettent de mieux comprendre l’utilité des variations de la
composition de la FSH sécrétée au cours du cycle menstruel : recrutement follicu-
laire sous l’action de quantités relativement importantes d’isoformes plus acides,
à seuil d’action plus élevé et plage d’activité plus large ; puis prépondérance de
formes moins acides en milieu et fin de phase folliculaire, induisant une sécrétion
plus importante d’œstradiol, stimulateur de la mitose des cellules de la granulosa,
et potentialisateur de l’action de la FSH sur le développement antral.
Ce modèle murin permet aussi de constater qu’il existe des différences d’activité
in vitro selon les sources de FSH, qui ne peuvent se résumer à des variations de
pI. Lorsqu’on compare in vitro les effets sur le follicule intact d’une FSH pituitaire
et d’une FSH recombinante appariées pour leur pI (limites 5,3-3,5), on constate
que la dose seuil est plus faible pour la rFSH. Cette bioactivité supérieure in vitro
de la rFSH ne peut pas être expliquée ici par des différences de charge entre les
isoformes respectives des deux préparations : elle conduit à penser que l’utilisation
de cellules non humaines pour synthétiser la FSH exerce d’autres effets subtils sur
la bioactivité de la rFSH, sans doute au niveau de la composition et de la structure
de ses chaînes glyco-saccharidiques.
Au-delà même de leurs différences de pI, on commence aussi à penser que chacune
des isoformes, comme c’est le cas pour celles de la LH, pourrait jouer un rôle spéci-
fique dans le recrutement puis le développement du follicule dominant, et jusque
dans l’ovulation elle-même avec des conséquences appréciables au niveau de la
qualité embryonnaire. Au moins certaines d’entre elles pourraient ainsi exercer
des fonctions spécifiques au niveau du récepteur FSH (FSHr), notamment par
l’intermédiaire de l’équilibre liaison FSH-FSHr monomère/dimère, ou de popula-
tions de variants du récepteur : certaines glycoformes démontrent ainsi in vitro
une capacité particulière à stimuler la sécrétion d’œstradiol, ou la prolifération des
cellules de la granulosa, ou encore la synthèse du plasminogène particulièrement
impliqué dans la maturation optimale du follicule préovulatoire ou la rupture de
sa paroi ; d’autres isohormones de la FSH sont douées de propriétés paradoxales
comme une action LH-like ou au contraire un effet FSH-antagoniste. Certains
imaginent déjà que l’on pourrait produire des molécules FSH réduites à une ou à
quelques isoformes soigneusement sélectionnées [12].
Le récepteur à la FSH
2 Principes essentiels
Le double compartiment
La théorie déjà ancienne selon laquelle il existe deux compartiments anato-
miques et fonctionnels distincts au niveau du follicule n’a finalement jamais été
remise en question (fig. 5) :
– les cellules de la granulosa stimulées par la FSH, qui induit la synthèse de l’aro-
matase, et la sécrétion de l’inhibine B freinant en retour au niveau hypothalamo-
hypophysaire la sécrétion de FSH ;
– les cellules de la thèque interne stimulées par la LH, et produisant des andro-
gènes ; ceux-ci diffusent vers la granulosa avasculaire où ils sont transformés
en œstradiol par l’aromatase produite sous l’effet de la FSH. L’œstradiol agit
localement en synergie avec des facteurs paracrines ovariens pour augmenter la
synthèse des récepteurs à la FSH de la granulosa, et donc la sensibilité du folli-
cule à l’hormone circulante. Sécrété dans la circulation, l’œstradiol signale aux
tissus récepteurs périphériques (notamment l’endomètre et l’endocol utérin) et
centraux le niveau de maturité atteint par le follicule dominant.
Le seuil de FSH
Chaque petit follicule antral est doué d’une certaine sensibilité à la FSH, grossiè-
rement fonction de la quantité de récepteurs à la FSH dont il est pourvu au départ.
Cette sensibilité est donc différente selon les follicules (fig. 7) :
– lorsqu’on envisage un follicule donné, son seuil de FSH est défini par le taux
plasmatique de l’hormone qui lui permet de débuter son développement ;
– lorsqu’on envisage au contraire l’ensemble du pool folliculaire, le seuil de FSH
devient le taux plasmatique que doit atteindre l’hormone pour que le follicule le
plus sensible entame sa croissance finale ; si le taux de FSH dépasse ce seuil, ne
serait-ce que de 10 à 30 %, il provoque progressivement la croissance des folli-
cules de sensibilité plus faible.
La fenêtre de FSH
C’est la durée pendant laquelle le taux de FSH s’élève au-dessus de son seuil,
initiant et soutenant le développement des follicules en croissance. La fenêtre se
referme lorsque le taux de FSH repasse au-dessous de sa valeur seuil, provoquant
l’arrêt du développement puis l’atrésie des follicules les moins sensibles à l’hor-
mone (fig. 8).
Les deux derniers mécanismes peuvent être manipulés à dessein : c’est par exemple
le cas du développement folliculaire multiple recherché en FIV : l’administration
initiale de doses élevées de FSH provoque l’élévation de son taux plasmatique
au-dessus du seuil de la plupart des follicules disponibles dans le pool, provo-
Rappel physiologique 35
La structure de la FSH
Il n’existe pas une FSH mais des FSH, ensemble d’isohormones dont la composi-
tion varie tout au long du cycle menstruel ; ces variations physiologiques suscitent un
intérêt tardif, la notion d’isohormones étant connue depuis une trentaine d’années,
mais elles ont une signification qu’il convient de mieux appréhender, leur traduction
en thérapeutique ne pouvant qu’affiner encore les protocoles de stimulation.
Fig. 9 – Structures comparées de la sous-unité alpha commune et des sous-unités bêta spécifiques
à chaque gonadotrophine.
Rappel physiologique 37
pendant les phases folliculaire et lutéale (7,5 < pI < 8,9) [2]. Il est également établi
que chaque patiente possède son propre profil d’isoformes de la LH [17].
La répartition des isohormones de la LH diffère dans les urines de leur représen-
tation plasmatique ; elle est de plus soumise aux contraintes de purification dans
les préparations urinaires à visée thérapeutique : à l’époque ou les deux HMG
existaient, les isoformes de la LH présentes dans l’Humegon® étaient nettement
moins acides que celles contenues dans le Pergonal®.
L’effet de la LH s’exerce tout a long du cycle menstruel, par l’intermédiaire d’un
récepteur spécifique commun avec l’HCG (récepteur LH/HCG) situé au niveau de
l’ovaire à la fois sur la thèque interne, la granulosa et le corps jaune. Il appartient
comme celui de la FSH à la super-famille des récepteurs couplés aux protéines G ;
il comporte également trois parties extracellulaire, transmembranaire et intracellu-
laire, et partage environ 50 % d’homologie avec le récepteur à la FSH.
Le rôle physiologique de la LH dépend de la structure ovarienne considérée :
– au niveau de la thèque interne du follicule en croissance, la LH stimule la
production d’androgènes qui passent en partie dans la circulation, mais qui pour
l’essentiel diffusent vers la granulosa, où ils servent de substrat à la biosynthèse
de l’œstradiol sous l’action de l’aromatase ;
– au niveau de la cellule de la granulosa du follicule en croissance, à partir du
moment où le récepteur LH/HCG apparaît sous l’effet de la FSH, elle participe en
synergie avec elle à la dominance et à la maturation finale par un effet FSH-like ;
– au niveau du follicule mûr, la décharge préovulatoire de LH initie les transformations
irréversibles du follicule et de son contenu, qui vont aboutir à l’ovulation. Le cumulus
lui-même et l’ovocyte ne comportant pas de récepteur LH/HCG, leurs modifications
préovulatoires sont provoquées par la décharge concomitante de FSH ;
– au niveau de la glande lutéale, la sécrétion pulsatile de LH entretient la produc-
tion postovulatoire d’œstradiol et de progestérone pendant 12 à 14 jours.
En pathologie, les taux élevés de LH souvent présents en cas d’ovaires micropolykys-
tiques (OMPK) proviennent d’une hypersécrétion basale accompagnée d’une augmen-
tation de fréquence et d’amplitude des pulses de LH, compensant une modification
du profil de ses isohormones au profit des moins acides à plus courte demi-vie [18].
Il existe un variant génétique de la LH caractérisé par deux mutations sur la sous-
unité bêta, dont l’une introduit un radical glycosylé supplémentaire, qui augmente
la demi-vie de ce variant ; le ralentissement des pulsations de LH qui s’ensuit
pourrait expliquer les troubles ovulatoires ou les infertilités sans autre explication
dont sont affectées les patientes hétérozygotes [19].
Au total, la LH a un rôle précieux dans la stéroïdogenèse ovarienne, ainsi qu’un
rôle adjuvant dans la maturation folliculaire. Toutefois, le fait qu’elle soit rempla-
çable dans l’ensemble de ses effets biologiques par l’HCG n’a pas encouragé l’étude
des propriétés et de l’intérêt éventuel de ses différentes isohormones.
L’HCG urinaire est donc très hétérogène ; elle est constituée, après dégradation
rénale, de ces 15 molécules mais aussi d’un fragment bêta-core, composé de deux
séquences de la sous-unité β (B 6-40 et B 55-92) liées par cinq ponts disulfides ; la
proportion de ce fragment bêta-core dans l’urine de la femme enceinte augmente
tout au long de la grossesse : il excède la concentration urinaire de l’HCG dimère
Rappel physiologique 39
RÉFÉRENCES
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Quelle gonadotrophine ?
3
LA FSH
Il existe quatre préparations d’hormone folliculostimulante à notre disposition,
qui diffèrent entre elles par leur profil d’isohormones ; ce profil est lui-même à
la fois fonction de l’origine de l’hormone et du processus de purification utilisé,
dont le principe est susceptible d’affecter significativement le produit final. Dans
la mesure par exemple où une ou plusieurs étapes de ce processus sont basées sur
la charge électrique de la molécule de FSH, l’alternative existe entre extraire toutes
les isoformes sans exception, ou au contraire sacrifier certaines d’entre elles afin
d’obtenir une purification plus efficace [1, 2].
Dans l’ordre de leur mise à disposition thérapeutique, on peut ainsi distinguer
deux préparations d’origine humaine et deux préparations de synthèse.
beaucoup moins complète que les cellules gonadotropes humaines, avec notamment
une présence réduite d’hydrates de carbones complexes, une proportion plus forte
d’oligosaccharides simples, l’absence de branchements en bissectrice, et surtout la
présence de FSH trisialysée inconnue dans la FSH naturelle humaine [4, 5] ; de plus,
le processus de glycosylation et les procédés de purification étant différents, la folli-
tropine alpha (Gonal F®) et la follitropine bêta (Puregon®) montrent un profil d’iso-
formes distinct, celui du Puregon® étant globalement moins acide [6].
C’est donc bien de quatre préparations distinctes de gonadotrophines dont nous
disposons, le Fostimon® étant la préparation contenant le profil de glycosylation
le plus complet et dans lequel les formes les plus acides sont le mieux représentées
(tableau I). Deux dernières gonadotrophines plus récemment apparues n’apportent
en effet rien de fondamentalement nouveau dans ce domaine :
La prise en compte du fait que chaque préparation de FSH est en réalité constituée
d’un panel différent d’isoformes doit amener à diversifier les stratégies de stimulation.
il faudra encore patienter pour savoir si l’on peut réellement se baser sur la distri-
bution des isoformes de chaque patiente pour adapter la nature et les doses de FSH
à utiliser [11, 12].
Changer de gonadotrophine
Il est envisageable de changer de gonadotrophines de deux manières.
LA LH
Même si l’hormone lutéostimulante détient un rôle physiologique important
dans le développement du follicule dominant dès le milieu de la phase folliculaire,
46 Pratique de la stimulation ovulatoire par les gonadotrophines
et capital dans la stéroïdogenèse, les quantités nécessaires sont assez faibles pour
3 que la stimulation ovulatoire thérapeutique puisse se conduire généralement avec
la seule FSH. Ce n’est qu’à partir du moment où le taux endogène de LH tombe
au-dessous d’un certain seuil, estimé à 1,2 UI/l, que l’addition de LH devient
nécessaire pour une croissance folliculaire harmonieuse, situation rencontrée
essentiellement en cas d’anovulation hypogonadotrope, ou dans certaines stimula-
tions multifolliculaires sous agonistes de la GnRH.
La LH n’existe isolément en thérapeutique que sous forme de LH recombinante
(rLH, Lutropine alpha ou Luveris®), produite comme la rFSH par génie génétique
et disponible depuis 2000.
Même si la complexité des isoformes de la LH humaine n’a rien à envier à celle
de la FSH, chaque patiente ayant son propre profil d’isoformes, l’utilisation théra-
peutique de la LH reste trop empirique et confidentielle pour que d’éventuelles
différences aient pu être relevées entre les effets de la LH naturelle et ceux de la
LH recombinante. Rappelons que la LH est également disponible en association
à la FSH :
– LH et FSH urinaires dans les HMG avec un rapport FSH/LH de 1/1
(Menopur®) ;
– LH et FSH recombinantes avec un rapport de 2/1 (Pergoveris®).
L’HCG
L’hormone chorionique gonadotrope, utilisée pour déclencher l’ovulation à la
fin de la stimulation folliculaire, est comme les autres gonadotrophines, désormais
disponible à partir de deux sources.
Extractive
L’HCG existe en grandes quantités dans les urines de femmes enceintes, chez
lesquelles elle est secrétée à partir du sac embryonnaire puis du placenta. Malgré
les différentes étapes de purification, l’HCG urinaire (uHCG) disponible dans le
commerce (Gonadotrophines Chorioniques® 1 500 et 5 000 UI) contient encore,
à côté de protéines résiduelles, la plupart des 15 molécules apparentées à l’HCG
présentes dans l’urine des femmes enceintes, et surtout les fragments bêta-core.
Une étape supplémentaire de nanofiltration permet d’obtenir une HCG urinaire
hautement purifiée (uHCG-HP) débarrassée des protéines résiduelles et injectable
par voie sous cutanée (17).
Recombinante
EN PRATIQUE
Il n’existe pas une gonadotrophine meilleure que les autres, mais il se peut
que l’une des préparations à notre disposition soit plus efficace chez une patiente
donnée. Les choix de chaque clinicien sont largement subjectifs et ne reposent sur
aucune base scientifique, puisqu’il n’existe aucun consensus basé sur l’évidence
dans ce domaine, et ne pas hésiter à les remettre en question constituerait pour
chacun une bonne pratique clinique.
La seule certitude est la nécessité d’ajouter de la LH à la FSH lorsque la première
manque réellement, essentiellement en cas d’anovulation hypogonadotrope :
soit sous la forme d’HMG (rapport 1/1) ou de Pergoveris® (rapport 2/1), soit en
associant Luveris® à la FSH pour moduler ce rapport.
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48 Pratique de la stimulation ovulatoire par les gonadotrophines
L’ovaire n’existe pas en tant qu’entité isolée : il appartient à une patiente unique,
et originale tant dans les réactions de son organisme que dans ses interactions avec
son milieu familial voire socioculturel.
Avant toute stimulation ovulatoire, c’est l’ensemble de ces données qu’il est néces-
saire de prendre en compte, en partant du cercle le plus large pour finir par se
concentrer sur l’ovaire : la recherche d’autres facteurs d’hypofertilité dans le couple,
les particularités de la patiente, et en fin de compte le statut de l’ovaire lui-même.
4 L’âge
Le poids
L’insuffisance pondérale
L’insuffisance pondérale évolue généralement dans le cadre de conduites
alimentaires sous- tendues par un contexte psycho-existentiel difficile. L’indica-
tion de stimulation de l’ovulation doit être posée avec prudence, d’autant que la
normalisation de la courbe pondérale ne s’accompagne pas toujours d’une reprise
spontanée de l’ovulation. La stimulation est souvent délicate à conduire en cas
de faible poids, avec une marge de sécurité réduite : elle expose à des réactions
ovariennes plus difficiles à prévoir et ne doit être poursuivie qu’en cas de stabilité
pondérale et psychologique.
L’excès pondéral
L’excès pondéral affecte une forte proportion de patientes anovulatoires. Il est
établi qu’en cas d’obésité, même modérée (IMC < 28), la réponse aux gonado-
trophines est émoussée, phénomène partiellement explicable par un possible effet
dépôt dans les tissus infiltrés de graisse, et qui nécessite souvent une posologie
quotidienne plus élevée sur une durée plus longue, même par voie IM. La ferti-
lité spontanée de ces patientes est plus faible, et leur risque de fausses couches
Les préalables à la stimulation 51
spontanées et de morbidité périnatale accru. Même s’il apparaît que leurs chances
de grossesses évolutives reste en fin de compte voisines de celles des femmes de
poids normal, du moins en PMA, il reste impératif de tenter d’obtenir une réduc-
tion pondérale préalable à toute stimulation par une prise en charge hygiéno-
diététique appropriée [1] : une perte de poids de 2 à 5 % suffit en effet pour
rétablir une ovulation spontanée chez près de la moitié des patientes anovula-
toires dans les six mois [2]. Il est toutefois illusoire d’espérer obtenir un amaigris-
sement significatif et durable chez beaucoup de ces patientes, qui ont déjà une
longue histoire de pertes et de reprises de poids successives, au fil des occasions
de motivation puis de démotivation de leur existence, et même en balance avec un
ardent désir de grossesse. Plutôt que de refuser la prise en charge d’une patiente
pour cause de surpoids, ce qui constituerait pour elle un échec de plus, mieux
vaut établir avec elle un contrat de stabilité pondérale : la patiente est pesée à
chaque rendez-vous de monitorage, et la stimulation interrompue si nécessaire
jusqu’au respect du poids convenu tout en combattant l’idée que « les hormones
font grossir ».
Chez les patientes atteintes d’OPK, l’obésité est souvent associée à une insulino-
résistance périphérique responsable d’un hyperinsulinisme, qui constitue un
facteur de risque indépendant de l’obésité elle-même. La réduction pondérale,
souvent difficile à obtenir, est donc impérative avant la stimulation de l’ovulation,
et pourrait être facilitée comme la stimulation elle -même par la metformine en
cas d’hyperinsulinisme associé [3].
En cas de succès, la grossesse chez la femme obèse reste une grossesse à risque, et
ce d’autant plus que le surpoids est important : hypertension, diabète et complica-
tions fœtales grèvent parfois lourdement l’avenir de ce succès apparent : stimuler
l’ovulation, c’est aussi s’assurer préalablement de ne pas engager la patiente dans
une démarche à risque déraisonnable.
Un contexte pathologique
L’initiation d’une stimulation ovulatoire est une bonne occasion de revenir sur
la consommation délétère envers la qualité ovocytaire – entre autres – de l’alcool,
du tabac et des toxiques divers. Il est par ailleurs important de tenir compte dès le
début de la prise en charge de tout facteur de risque associé.
Le taux de FSH
Le taux de FSH a été, et reste encore le premier utilisé, car ses valeurs augmen-
tent avec le déclin du stock folliculaire ; mais la corrélation entre ces deux variables
est loin d’être régulière, d’autant que le taux de FSH est largement fluctuant. Si un
taux constamment élevé de FSH (> 15 UI/l) signe incontestablement une insuf-
fisance ovarienne débutante, les valeurs modérément élevées demandent à être
interprétées avec beaucoup de prudence :
Les préalables à la stimulation 53
L’œstradiol
L’œstradiol n’est pas en lui-même un marqueur valable de la réserve ovarienne ;
en revanche, son dosage doit toujours être effectué concomitamment avec celui
de la FSH : une insuffisance ovarienne débutante peut s’accompagner de valeurs
élevées d’œstradiol à J3 (> 70 pg/ml) qui, par feed-back négatif, peuvent normali-
ser en l’abaissant le taux de FSH ;
L’inhibine B
L’inhibine B est une glycoprotéine de la famille du TGF bêta, produite par
les cellules de la ganulosa sous l’action de la FSH, dont elle inhibe à son tour la
sécrétion hypophysaire par feed-back négatif. Le fait que ses taux évoluent en sens
inverse de ceux de FSH l’a fait considérer un moment comme un bon marqueur
54 Pratique de la stimulation ovulatoire par les gonadotrophines
L’hormone antimullérienne
L’hormone antimullérienne (AMH), autre glycoprotéine de la famille du TGF
bêta, est considérée aujourd’hui comme le meilleur marqueur hormonal de la
réserve ovarienne. Secrétée par les follicules de moins de 4 à 6 mm de diamètre,
taille à partir de laquelle ils deviennent sensibles à la FSH, cette hormone limite le
passage des follicules primordiaux vers les follicules primaires et diminue la sensi-
bilité des follicules antraux à la FSH.
Sa sécrétion est stable tout au long du cycle ovarien, contrairement aux autres
marqueurs hormonaux, et ses valeurs restent reproductibles d’un cycle à l’autre
[10]. On considère qu’un taux d’AMH supérieur à 2 ng/ml marque une bonne
réserve ovarienne ; toutefois, ces valeurs souffrent encore d’une grande hétérogé-
neité dans la qualité des trousses de dosage disponibles. L’AMH n’a en revanche
pas de valeur pronostique quant au taux de grossesse, ni diagnostique quant à la
qualité ovocytaire [11].
L’interprétation et l’intégration de ces marqueurs biologiques de la réserve
ovarienne dans la stratégie de prise en charge d’un couple infertile doivent se faire
avec un certain recul et beaucoup de prudence, car il ne s’agit que de données
statistiques, qui peuvent toutes se trouver en défaut chez une femme donnée
[12]. Dans l’étude rétrospective de Hall, par exemple, ayant porté sur 78 patientes
enceintes par FIV, la moitié d’entre elles montraient des valeurs altérées à la fois
de FSH et d’inhibine B [13].
tailles répartis dans la totalité de l’ovaire définissent plutôt les ovaires multifolli-
culaires, alors que des petits follicules pressés sous la corticale, en présence d’un
stroma plus dense, sont en faveur d’ovaires micropolykystiques. En pratique, il
est parfois difficile de les différentier à coup sûr, la définition des OMPK selon la
dernière conférence de consensus restant assez floue, le nombre limite supérieur
de follicules visibles dans chaque ovaire augmentant régulièrement avec les
progrès techniques [14]. C’est en dernier ressort le comportement de ces ovaires
sous stimulation selon un protocole step-up classique, réponse normale ou explo-
sive, qui donne la réponse.
Le volume ovarien
Enfin, le volume ovarien a aussi été proposé comme marqueur de la réserve
ovarienne [17]. S’il est de réalisation facile, cet examen reste peu discriminant et
n’apporte finalement pas de renseignements supplémentaires par rapport au CFA.
En stimulation multifolliculaire
En stimulation multifolliculaire, le bilan de la réserve ovarienne est toujours
utile, quel que soit l’âge de la patiente, tant pour déterminer la dose de gonado-
trophine de départ, que pour estimer la réponse ovarienne et l’importance de la
cohorte disponible ; elle peut se limiter au CFA et au dosage de l’AMH.
56 Pratique de la stimulation ovulatoire par les gonadotrophines
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La surveillance
5
Le dosage de l’œstradiol
Le dosage de la LH
L’endomètre
Son aspect et son épaisseur varient au cours du cycle et sous stimulation ovula-
toire ; l’épaisseur de la muqueuse se mesure près du fond utérin.
De quasi virtuel en fin de règles (< 4 mm), l’endomètre s’épaissit au cours du cycle
physiologique de 1,5 mm par jour de J4 à J10 pour atteindre 8 à 10 mm à J12 ; il
présente alors un aspect hypoéchogène en trois feuillets (en « grain de café ») qu’il
perd après l’ovulation pour devenir hyperéchogène sous l’effet de la progestérone,
laquelle stoppe également sa croissance en épaisseur (figs. 1 et 2) [3].
L’échographie 3D, d’apparition plus récente et moins opérateur dépendante, n’a
d’intérêt potentiel que dans les stimulations multifolliculaires, où les follicules
sont plus volontiers déformés, ce qui peut altérer la relation entre la mesure du
diamètre moyen et le volume folliculaire réel [4]. L’avenir dira quel sera l’apport
éventuel de cette technologie dans le monitorage de routine.
A B
Fig. 4 – Image de follicule résiduel 72 heures après HCG (A) : le Doppler couleur montre la vascu-
larisation caractéristique d’un corps jaune kystique (B). (Documents B. Broussin).
62 Pratique de la stimulation ovulatoire par les gonadotrophines
Fig. 5 – Image de follicule résiduel 72 heures après HCG : kyste fonctionnel ou follicule non rompu
sans vascularisation au Doppler couleur. (Document B. Broussin).
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Déclencher l’ovulation
6
L’ovulation consiste en la rupture du follicule mûr à son apex, laissant échapper par
le stigma son contenu avec l’ovocyte. Entre la décharge des gonadotrophines qui initie
le processus et la rupture folliculaire elle-même, il s’écoule un intervalle de temps de
l’ordre de 36 à 40 heures pendant lequel des changements irréversibles s’accomplissent,
reprogrammant l’ensemble des cellules de la structure, dont l’ovocyte : reprise de la
méiose, altération de la paroi folliculaire et début de lutéinisation.
LE PROCESSUS OVULATOIRE
La maturation ovocytaire
La rupture folliculaire
La lutéinisation folliculaire
Elle débute en réalité peu avant l’ovulation, mais ce n’est qu’après celle-ci que se
produit l’irruption de vaisseaux à partir de la thèque interne dans la granulosa aupara-
vant avasculaire du follicule affaissé. La glande lutéale, ou corps jaune, ainsi formée
poursuit sa sécrétion d’œstradiol qui, après quelques jours de réduction liée aux pertur-
bations de la rupture folliculaire, retrouve son niveau préovulatoire avant de décliner
à nouveau. Surtout, la nouvelle glande endocrine ainsi formée secrète des taux élevés
de progestérone (> 10 ng/L) avant de décliner également en fin de cycle menstruel. La
disparition du corps jaune est programmée après 12-14 jours, essentiellement par des
phénomènes d’apoptose, à moins qu’il ne soit soutenu par la sécrétion exponentielle
d’HCG d’un embryon qui s’est implanté une semaine plus tôt.
C’est le profil de l’onde de LH qui a été le mieux étudié : il s’étale sur une
durée de 48 heures en moyenne, avec une phase ascendante de 14 heures, suivie
d’un plateau d’une dizaine d’heures, puis d’une phase descendante de 24 heures
[2]. Bien que quelques variations soient possibles d’un cycle à l’autre, ce profil est
surtout variable entre les femmes, chacune paraissant avoir son propre profil de
pic préovulatoire [3]. Cette décharge de LH est par ailleurs caractérisée par deux
paramètres (fig. 2) :
– son amplitude : le pic de LH est compris entre 25 et 150 mUI/ml, amplitude qui
paraît directement corrélée avec la probabilité de conception au cours du cycle ;
– sa durée : généralement fonction de l’amplitude, elle est également corrélée à la
probabilité de conception de manière encore plus significative [4].
La signification physiologique de la décharge de FSH, synchrone mais de plus
faible amplitude (5 à 12 UI/l), est plus mal connue, bien que le rôle de la FSH
dans l’expansion contemporaine de l’ovulation du cumulus oophorus, dépourvu
de récepteurs à la LH, soit bien établi. Chez la femme, il est possible de déclencher
l’ovulation (au moins la reprise de la méiose) en FIV avec la seule FSH [5] ; de
même, l’addition d’un bolus de FSH au moment de l’administration d’HCG serait
suivie d’une meilleure qualité ovocytaire et embryonnaire [6]. Il est donc probable
que les deux gonadotrophines agissent en synergie au cours du pic préovulatoire,
et qu’elles cumulent leurs effets pour optimiser le processus de l’ovulation et de
formation du corps jaune.
Critères échographiques
Le diamètre folliculaire
On considère que le diamètre moyen d’un follicule mature est compris entre
16 et 23 mm ; on admet généralement, sans qu’il soit possible de retrouver une
évidence scientifique, que ce diamètre de référence varie selon la gonadotrophine
utilisée : plutôt à partir de 16 mm pour la FSH, plutôt à partir de 18 mm pour les
HMG (et plutôt de 20 mm pour le clomiphène). Il a toutefois été montré en IUI
qu’avec les HMG, les taux de grossesse étaient les mêmes que le diamètre moyen
du follicule dominant, soit égal, ou soit supérieur à 16 mm au moment du déclen-
chement [7].
Déclencher l’ovulation 67
Critères hormonaux
Les taux d’œstradiol, secrété à la fois par le(s) follicule(s) dominant(s) et les
follicules plus petits, dépendent du type de stimulation envisagée ; c’est pourquoi
le taux d’œstradiol par follicule mature est habituellement supérieur au taux
physiologique préovulatoire :
– en stimulation monofolliculaire : le taux d’œstradiol est compris entre 150 et
350 pg/ml ;
– en stimulation paucifolliculaire, il est compris entre 500 et 800-1 000 pg/ml ;
– en stimulation multifolliculaire, le taux d’œstradiol est également fonction du
nombre de follicules prêts à être ponctionnés, entre 70 et 140 pg/ml par follicule
> 14 mm [8] ; seules les valeurs hautes de la fourchette de sécurité posent
problème, très variables selon les équipes en fonction de leur perception du
risque d’hyperstimulation, de 2 500 à plus de 5 000 pg/ml.
La gonadotrophine chorionique
toutes deux une spécificité stricte pour le récepteur LH (LH/HCG-R). Leur struc-
6 ture est toutefois assez différente : leurs séquences d’amino-acides ne sont pas
absolument identiques, et la bêta-HCG possède une chaîne peptidique carboxy-
terminale de 31 acides aminés supplémentaires ; son contenu en acide sialique
est également plus important, l’ensemble rendant la molécule d’HCG beaucoup
plus volumineuses que celle de LH, expliquant sa moindre rapidité de dégradation
hépato-rénale, sa moindre vitesse d’élimination rénale et par conséquent sa demi-
vie plasmatique prolongée. La désialysation partielle de l’HCG la rend beaucoup
plus proche de la LH tant dans ses propriétés pharmacodynamiques que dans ses
effets cliniques [9].
La courbe de disparition plasmatique des deux hormones est de type bi-exponentiel.
La LH montre une phase initiale de décroissance rapide de l’ordre de 45 minutes
(contre 8 heures pour HCG), suivie d’une phase lente d’une dizaine d’heures
environ (contre 36 à 56 heures pour HCG), que l’hormone soit d’origine urinaire
ou recombinante [10]. La lente disparition plasmatique de l’HCG explique qu’il soit
possible de la détecter 10 à 14 jours après une injection unique de 10 000 unités,
à un taux suffisant pour perturber l’interprétation d’un test de grossesse [11] ; elle
explique également qu’une injection unique est capable d’assurer un effet LH-like
d’une durée comparable ou supérieure à celle d’une décharge préovulatoire de
gonadotrophines. Par ailleurs, des administrations répétées d’HCG entraînent
une accumulation plasmatique progressive de l’hormone, surtout si la voie IM est
utilisée ; pour cette raison, la répétition des doses d’HCG, inutiles quant à l’effi-
cacité ovulatoire, expose particulièrement au risque d’hyperstimulation ovarienne
(fig. 3) [12].
L’HCG urinaire toujours utilisée en thérapeutique est très hétérogène ; à côté
de la molécule complète, les préparations commercialisées peuvent contenir
jusqu’à 45 % de fragments de chaîne à activité réduite ou inexistante, avec de
possibles variations de bioactivité d’un lot à l’autre [13]. Sur ce plan, l’apparition
de l’HCG recombinante ne comprenant que la molécule entière a représenté un
réel progrès.
L’hormone lutéinisante
La LH endogène
L’administration de GnRH mobilise par un effet « flare up » initial le pool
hypophysaire de FSH et LH, et provoque ainsi une décharge de gonadotrophines
capable de déclencher l’ovulation en présence d’un follicule mûr, au prix toutefois
d’un taux élevé de phases lutéales anormales.
C’est surtout depuis l’apparition des agonistes de la GnRH que ce mode de déclen-
chement ovulatoire a été exploré. Quel que soit l’agoniste à courte durée d’action
utilisé, une administration unique entraîne une décharge de gonadotrophines d’un
profil caractéristique : le taux plasmatique maximum, synchrone pour FSH et LH,
est atteint à la 4e heure, avec des valeurs moyennes de 150 UI pour LH et de 45 UI
pour FSH ; les taux décroissent ensuite pour revenir à leur niveau de base dans les
24 heures chez la plupart des patientes (fig. 4).
Ce profil est donc assez différent du pic préovulatoire physiologique : son ampli-
tude est sensiblement supérieure, son maximum est plus précoce et sa durée
moyenne significativement plus courte (fig. 5). Toutefois, aussi bien après stimu-
lation ovulatoire classique qu’après stimulation en vue de FIV (hors agonistes),
le déclenchement de l’ovulation par les gonadotrophines endogènes mobilisées
par une injection unique d’un agoniste à courte durée d’action assure les mêmes
chances conceptionnelles que l’administration d’HCG [23].
La posologie elle-même est simple, la décharge hypophysaire de gonadotrophines étant
maximum dès la dose la plus faible d’agoniste : une ampoule sous-cutanée (0,1 mg)
Fig. 4 – Décharge de FSH et LH provoquée par un agoniste court de la GnRH chez 4 patientes
(DTRP6 0,1 = Triptoréline 0,1 mg).
72 Pratique de la stimulation ovulatoire par les gonadotrophines
Fig. 5 – Effet LH obtenu par l’administration d’un agoniste ou d’HCG par rapport au pic préovulatoire
physiologique de gonadotrophines (en rouge).
Fig. 6 – Décharge de gonadotrophine provoquée par des doses différentes d’agoniste. Il n’existe aucune
modification de la courbe en doublant la dose de triptoréline (DTRP6 0,1 = Triptoréline 0,1 mg).
La LH recombinante
La possibilité de déclencher une ovulation normale par la LH pituitaire humaine
après stimulation par les HMG est établie depuis 1964. Mais la question ne se
pose réellement que depuis la commercialisation de la LH recombinante, dont la
pharmacocinétique est superposable à celle des LH urinaire ou pituitaire humaines.
Le problème de la posologie nécessaire et suffisante de rLH pour déclencher une
ovulation normale reste entier. Il a été établi pour la LH comme pour l’HCG que les
doses nécessaires pour ré-initier la méiose, entraîner la rupture folliculaire et établir
un corps jaune normal sont progressivement croissantes. De fait, quelle que soit
la dose de rLH administrée chez la femme, entre 15 000 et 30 000 UI, les résultats
apparaissent comparables en FIV, où le seul rôle du bolus de LH est de réinitier la
méiose [26]. En revanche, en stimulation classique, il a été démontré chez le Primate
que deux injections de 2 500 UI à 18 heures d’intervalle étaient requises pour générer
un effet LH sur 48-50 heures, nécessaire pour assurer la rupture folliculaire et un
corps jaune normal [27]. L’ensemble de ces données permet de prévoir qu’une
exposition trop courte à l’effet LH sera source de LUF syndrome ou d’insuffisance
lutéale, alors qu’un effet LH trop prolongé exposera aux mêmes risques que l’HCG :
une grossesse quintuple a été rapportée après déclenchement par des doses élevées
de LH hypophysaire administrées pendant cinq jours [28].
De toutes manières, la question ne se pose pas en pratique, compte tenu de la
quantité de rLH nécessaire rapportée au prix d’une ampoule de 75 UI rLH : la rLH,
74 Pratique de la stimulation ovulatoire par les gonadotrophines
CONCLUSION
Le déclenchement de l’ovulation représente un temps thérapeutique aussi important
que sa stimulation, et justifie autant d’attention ; sur ce plan, un dosage de progesté-
rone postovulatoire et une vérification échographique de la rupture folliculaire peuvent
révéler des dysfonctionnements autrement méconnus et susceptibles d’expliquer les
échecs conceptionnels répétés de stimulations ovulatoires apparemment réussies.
Jusqu’à présent, l’induction de l’ovulation a seule cristallisé la quasi-totalité des
efforts de progrès, abandonnant le déclenchement à l’HCG, vestige de la préhistoire
de la stimulation ovulatoire. Entre la LH endogène dont la mobilisation se heurte
à des dispositions réglementaires et la LH recombinante qui ne sera jamais dispo-
nible dans cette indication, on peut craindre que l’administration d’HCG, urinaire
ou recombinante, et son cortège de complications potentielles n’ait encore un bel
avenir [29, 30].
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Soutenir la phase lutéale
7
(phase lutéale courte < 10 jours, progestérone plasmatique < 10 ng/ml, décalage
7 histochronologique par rapport au pic de LH ou à la date des règles), l’insuffisance
lutéale a été estimée responsable d’environ 8 % des infertilités chez les femmes
normalement réglées. Cette anomalie peut être corrigée par l’administration de
progestérone [2] : celle-ci assure la transformation sécrétoire de l’endomètre,
favorise sa réceptivité à l’implantation et inhibe les contractions utérines.
Les défauts de la phase lutéale étant eux-mêmes secondaires à des anomalies
du développement folliculaire au cours de la première phase du cycle, ou de la
décharge préovulatoire de gonadotrophines, il n’est pas étonnant que la stimula-
tion ovulatoire soit impliquée dans la qualité du corps jaune, et que la question de
sa supplémentation se soit posée assez tôt. Toutefois, les éventuelles anomalies du
corps jaune et leur correction se présentent différemment selon le type de stimula-
tion ovulatoire : si l’insuffisance lutéale est avérée au cours des cycles stimulés sous
analogues de la GnRH, son occurrence dans les autres conditions de stimulation
reposent essentiellement sur des convictions ou des habitudes, au mieux sur des
études mal contrôlées et volontiers contradictoires.
Provoquer une phase lutéale inadéquate après une stimulation ovulatoire chez
une femme qui possède un axe hypothalamo-hypophyso-ovarien fonctionnel peut
relever de deux mécanismes :
– une stimulation folliculaire suboptimale, avec notamment une granulosa insuffisam-
ment développée pour permettre d’obtenir un corps jaune adéquat : l’insuffisance
lutéale est alors simplement prévenue par une meilleure stimulation folliculaire ;
– l’administration d’HCG pour déclencher l’ovulation : il avait effectivement été
démontré dans des conditions expérimentales que l’HCG était susceptible de
déprimer temporairement la pulsatilité et la sécrétion de LH par un circuit
court hypothalamo-hypophysaire, et donc de retirer au corps jaune sa stimula-
tion physiologique [3] ; en fait, une telle action de l’HCG n’a pas été retrouvée
chez la femme normo-ovulante [4]. De plus, l’effet de l’HCG sur le corps jaune,
qui dure plusieurs jours, serait à même de compenser une éventuelle défaillance
temporaire de la sécrétion de LH.
Bien que la prescription de progestérone en phase lutéale soit communément
répandue après stimulation ovulatoire simple (habituellement 200 mg de progesté-
rone micronisée intravaginale), elle ne repose sur aucune base scientifique, aucun
travail n’ayant pu démontrer son intérêt réel même en cas de stimulation plus
intense pour FIV hors analogues [5] ; même après l’utilisation ponctuelle d’un
Soutenir la phase lutéale 79
Anovulations hypogonadotropes
STIMULATION MULTIFOLLICULAIRE
La prescription de progestérone ou d’HCG en phase lutéale après hyperstimu-
lation folliculaire contrôlée a été habituelle dès les débuts de la FIV, dans le but
d’augmenter les taux de grossesse en prévenant une éventuelle insuffisance lutéale :
celle-ci peut en effet être secondaire à l’aspiration avec l’ovocyte de nombreuses
cellules de la granulosa, et/ou l’effet inhibiteur sur la LH de taux supraphysio-
logiques d’œstradiol. Il avait été pourtant largement démontré dès cette époque
qu’un soutien lutéal était inutile dans les protocoles HMG ou clomiphène-HMG,
l’effet sur les corps jaunes de la dose de 10 000 UI HCG habituellement utilisée se
prolongeant jusqu’au moment de l’implantation [9].
L’avènement des agonistes de la GnRH a complètement transformé la situation, leur
utilisation dans les protocoles de stimulation multifolliculaire étant régulièrement
suivie d’anomalies de la seconde partie de la phase lutéale responsables d’une chute
des taux de grossesse [10]. Cette lutéolyse prématurée est essentiellement liée à la
suppression de la sécrétion pulsatile de LH, indispensable au maintien du corps jaune
et à sa sécrétion stéroïdienne : celle-ci est inhibée de façon permanente sous agoniste
long, et ne se rétablit que dix à vingt jours après l’arrêt d’un agoniste quotidien.
80 Pratique de la stimulation ovulatoire par les gonadotrophines
L’HCG
Elle se fixe sur les récepteurs LH/HCG des cellules lutéales et stimule la sécrétion
d’œstradiol et de progestérone. À ce titre, la poursuite de l’administration d’HCG
pendant la phase postovulatoire représente un soutien lutéal très efficace, mais qui a
comme inconvénient le risque de provoquer une hyperstimulation secondaire : l’HCG
s’accumule dans le plasma à la suite d’injections répétées du fait de sa longue demi-
vie [11]. C’est pourquoi ce mode de supplémentation efficace mais potentiellement
risqué n’est habituellement pas utilisé en FIV sous protocole agoniste long ni antago-
niste classique, la progestérone donnant les mêmes résultats sans risque d’HSO.
En revanche, lorsqu’en protocole antagoniste le déclenchement ovulatoire a fait
appel à un agoniste, un soutien par une faible dose d’HCG (750 à 1 500 UI) le soir
du recueil ovocytaire est impératif pour rétablir une phase lutéale et des chances de
grossesses normales, l’administration de progestérone seule ou associée à l’estra-
diol restant insuffisamment efficace [12].
La progestérone
C’est elle qui assure le soutien lutéal de la quasi-totalité des cycles FIV, avec une
efficacité équivalente quelle que soit la voie d’administration utilisée, mais avec des
inconvénients différents [13] :
– la progestérone naturelle micronisée par voie vaginale, la plus utilisée à raison de
400 à 600 mg/jour, a une acceptabilité modérée du fait à la fois de son caractère
contraignant et d’écoulements vaginaux parfois accompagnés d’irritations locales ;
– la progestérone injectable IM, à raison de 500 mg le soir de la ponction et une
semaine plus tard, est susceptible en cas d’échec de perturber le ou les deux
cycles suivants, effet lié une absorption irrégulière et prolongée ;
– la dydrogestérone (Duphaston®) per os, à raison de 20 mg/jour, se montre égale-
ment efficace mais reste curieusement peu utilisée, alors qu’elle ne comporte
aucun effet secondaire et que l’insuffisance lutéale figure dans son AMM [14] ;
– une progestérone en solution aqueuse pour auto-injection sous-cutanée est
actuellement en voie de développement [15].
Aucune des formes thérapeutiques de progestérone commercialisées en France ou
dans d’autres pays (progestérone naturelle quotidienne en ovules, injections IM
ou en gel vaginal) ne montre de supériorité réelle sur les autres ni sur l’HCG [16].
L’œstradiol
Le rôle exact de la sécrétion lutéale d’œstradiol reste encore mal compris. Au
cours de la stimulation multifolliculaire, le taux d’œstradiol atteint des valeurs
pré-HCG largement supraphysiologiques, puis chute rapidement dès la ponction
folliculaire pour remonter en milieu de phase lutéale, comme d’ailleurs après l’ovula-
Soutenir la phase lutéale 81
La LH
Après déclenchement ovulatoire par un agoniste de la GnRH dans un proto-
cole antagoniste pour FIV, l’administration de progestérone seule est incapable
d’assurer une phase lutéale normale ; l’addition à la progestérone de 300 UI de LH
recombinante (Luveris®) tous les deux jours rétablit une phase lutéale normale,
ce qui confirme que les anomalies lutéales sont directement liées à une sécrétion
insuffisante de LH [23] ; il s’agit toutefois d’une simple étude de faisabilité, car
le coût d’un tel traitement est disproportionné par rapport à l’administration de
progestérone + HCG, voire d’HCG seule, qui donne les mêmes résultats [24].
Quand débuter ?
7 Quand arrêter ?
Bien que les pratiques soient très diverses dans ce domaine, il est établi que la
poursuite du soutien lutéal au-delà du test de grossesse positif n’a pas d’influence
sur son évolution : taux de grossesses biochimiques, de grossesses extra-utérines
ou de fausses couches sont comparables que l’administration de progestérone ait
été stoppée le jour du test positif ou poursuivie pendant trois semaines supplé-
mentaires, voire plus [27].
CONCLUSION
Le soutien de la phase lutéale n’est indispensable que lorsque la stimulation
multifolliculaire est associée aux analogues de la GnRH. Quelle que soit sa forme
galénique, l’administration de progestérone suffit à rétablir à la fois qualité de la
phase lutéale et taux de grossesse, sauf dans le cas particulier d’un déclenchement
ovulatoire par un agoniste en protocole antagoniste. L’utilisation de l’HCG est
aussi efficace mais accroît le risque d’hyperstimulation secondaire.
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Prévenir les complications
8
La stimulation monofolliculaire
La prévention primaire
8
Elle consiste à décider de la dose de départ, et aussi du protocole d’administra-
tion des gonadotrophines.
La dose de départ
Lorsqu’elle est mal estimée, une posologie initiale trop faible reste moins
difficile à gérer qu’une dose trop élevée. C’est pourquoi, chez une patiente qui
n’a jamais été traitée par les gonadotrophines, il faut privilégier une dose faible
(50 UI), surtout en cas de CFA ou/et d’AMH élevés ; une dose un peu supérieure
(75 UI) peut être tentée chez les patientes après 38 ans ou en net surpoids, mais les
surprises sont toujours possibles et il n’est pas illogique de débuter par une dose
inférieure aussi chez ces patientes.
Le protocole d’administration
Le protocole progressif classique, avec un premier contrôle après 5 jours de
stimulation, reste bien adapté en première intention chez la patiente qui ovule ;
chez celle qui n’ovule pas, le protocole de stimulation est prévu d’autant plus lent
que CFA et/ou AMH sont élevés, pour une première série d’injections de 7 jours.
La prévention secondaire
Elle consiste à adapter le protocole d’administration et la posologie au fil des
contrôles, et de respecter des critères de déclenchement appropriés.
Le protocole initialement choisi doit être adapté après 5 à 7 jours de traitement :
il est poursuivi en protocole progressif classique, lent ou ultra-lent, parfois dégres-
sif, selon les constatations échographiques et l’évolution des taux d’œstradiol, qui
règlent doses de gonadotrophine et durée d’administration avant le contrôle suivant.
Les critères de déclenchement en cycle monofolliculaire sont stricts : un seul folli-
cule d’un diamètre > 15 mm sans follicule secondaire > 12 mm.
La stimulation bifolliculaire
La prévention primaire
Chez la patiente qui ovule, on choisira soit une stimulation précoce avec des doses
faibles ou légèrement supérieures (50 à 75 UI), de façon à recruter un 2e follicule,
soit une stimulation tardive (6e-7e jour) avec des doses supérieures (75-112 UI) pour
éviter l’atrésie d’un follicule secondaire spontanément recruté ; chez la patiente qui
Prévenir les complications 87
La prévention secondaire
Elle repose essentiellement sur les critères de déclenchement qui doivent tenir
compte à la fois de l’âge de la patiente, de la présence de follicules secondaires et
des taux d’œstradiol, critères d’équilibre entre chances de conception et risque
de grossesse multiple. Sur ce plan, le modèle proposé par P. Barri représente une
bonne base de décision [1].
La stimulation paucifolliculaire
La stimulation multifolliculaire
Physiopathologie de l’HSO
L’HSO est provoquée par la sécrétion sous l’effet de l’HCG de facteurs vaso-
actifs par les cellules de la granulosa du corps jaune, tout particulièrement
88 Pratique de la stimulation ovulatoire par les gonadotrophines
le VGEF-A (Vascular Endothelial Growth Factor) qui se fixe sur les folli-
8 cules ovariens et surtout sur les cellules endothéliales par l’intermédiaire de
deux récepteurs (VGEF-Rs 1 et 2). Il voit sa production augmenter lors de la
stimulation par les gonadotrophines, pour atteindre un pic dans les 48 heures
qui suivent l’injection d’HCG. Ces substances vaso-actives induisent l’angio-
genèse, augmentent la perméabilité capillaire des cellules endothéliales, et
favorisent une fuite hydroélectrolytique à partir du plasma sanguin vers le
troisième compartiment (fig. 2). Il s’ensuit d’une part une hémoconcentration
avec son risque d’hypercoagulabilité et de dysfonctionnement hépato-rénal, et
d’autre part un épanchement au niveau des séreuses péritonéale, pleurale voire
péricardique (tableau I). Les ovaires eux-mêmes sont augmentés de volume et
le siège de formations kystiques, parfois hémorragiques (fig. 3).
Fig. 1 – Responsabilité de l’HCG dans la genèse de l’HSO : il n’y a pas d’hyperstimulation sans HCG.
Fig. 3 – Aspect d’un ovaire hyperstimulé ; noter les kystes hémorragiques (Document
R.B. Greenblatt).
Les formes mineure et modérée régressent sans séquelles, mais l’HSO sévère
peut engager le pronostic vital : si les progrès de la réanimation et un traitement
anticoagulant systématique permettent actuellement de gérer ces complications de
manière efficace, il arrive encore qu’une patiente paie de sa vie son désir d’enfant.
• Si elle est toujours liée à la présence d’HCG, l’hyperstimulation reste largement
dépendante du terrain de chaque patiente, et à ce titre devient doublement aléatoire :
– elle est de prévision aléatoire : en présence des mêmes paramètres échohormo-
naux, une patiente peut développer une HSO de gravité variable alors qu’une
Prévenir les complications 91
Prévenir l’hyperstimulation
La prévention primaire
En dehors des patientes qui ont déjà été stimulées, et dont on connaît la sensibi-
lité à la FSH, identifier une femme à risque d’HSO repose sur trois critères princi-
paux.
Son âge
Si la sensibilité ovarienne diminue statistiquement avec l’âge, on n’est jamais à
l’abri d’une surprise chez une patiente après 38 ans ; c’est pourquoi l’âge ne repré-
sente qu’un critère secondaire.
La prévention secondaire
Gérer un risque d’HSO qui n’a pas été prévu et qui apparaît en cours de stimu-
lation est possible de deux manières :
92 Pratique de la stimulation ovulatoire par les gonadotrophines
La prévention tertiaire
C’est l’attitude à adopter en présence d’une stimulation à risque d’HSO parfai-
tement identifiée. Ceci amène à considérer les critères de déclenchement, qui ne
sont pas absolus, et qui varient d’un clinicien ou d’une équipe à l’autre ; s’il est
vrai qu’aucun de ces critères n’est capable d’éviter tout risque d’HSO, ils n’en
doivent pas moins exister pour fixer des limites à sa propre pratique. J’indiquerai
les critères qui me paraissent raisonnables dans chaque type de stimulation, et qui
constituent une bonne base de départ : à chacun de s’en écarter ensuite selon sa
propre expérience.
Ne pas administrer HCG et prendre des précautions anticonceptionnelles reste
toujours l’option la meilleure : cette attitude qui fait consensus est en pratique
entravée par des considérations diverses que l’on peut regrouper en « facteur
humain », et qui font qu’en situation de risque écho-hormonal avéré d’HSO,
l’HCG est administrée « quand même ». Parmi les mauvaises raisons les plus
fréquemment invoquées :
– le fait que le cycle a coûté beaucoup d’efforts et d’investissement personnel de
la patiente ;
– le fait que cette déprogrammation intervienne après d’autres abandons de cycle ;
– le fait que l’HSO ne se soit pas produite au cours d’un cycle antérieur alors qu’on
était déjà au-delà des limites ;
– le fait que ce soit le dernier cycle, car on va changer de technique, ou que la
poursuite du traitement ne sera pas possible pendant une période plus ou moins
longue…
Tout cela évoluant dans un climat d’impatience du couple, et parfois d’un certain
degré de culpabilité du clinicien qui se considère à plus ou moins juste titre comme
directement impliqué dans ces échecs.
Toutes ces mauvaises raisons, auxquelles il n’est pas un clinicien qui ne se soit
rendu un jour, expliquent que pratiquement toutes les hyperstimulations obser-
vées étaient en fait parfaitement prévisibles.
Prévenir les complications 93
en FIV ? Sans doute par sécurité, à cause du nombre plus important de follicules
8 et/ou de la nécessité de déplacer l’agoniste ? Le fait est que la dose de 0,1 mg n’a
jamais été testée dans cette indication contre celle de 0,2 mg, cette dernière posolo-
gie ayant été décidée par les pionniers de la méthode et jamais remise en cause ; il
est vrai que l’onde de gonadotrophines étant la même quelle que soit la posologie
de l’agoniste, le risque de surdosage n’existe pas.
Une réserve de taille, toutefois : si le déclenchement par agoniste réduit de
manière considérable, sans l’effacer totalement, le risque d’HSO primaire, il
n’a qu’une efficacité préventive beaucoup plus modérée sur l’hyperstimulation
secondaire en cas de début de grossesse, qui peut être aussi redoutable. Cet
inconvénient peut être rattrapé en FIV par l’absence de transfert avec congéla-
tion des embryons.
Ce recours possible à l’agoniste ne doit pas constituer un message d’irresponsa-
bilité : tout l’art de la stimulation consiste à ne pas se retrouver dans une situa-
tion à risque, et, dans cette éventualité, ne pas déclencher. Le problème est que,
pour toutes les mauvaises raisons que nous avons évoquées, ce déclenchement est
parfois effectué : si le déclenchement est décidé quand même dans une situation
parfaitement identifiée comme à risque de grossesse multiple ou d’HSO, l’HCG
doit être remplacée par la LH endogène chaque fois que cela est possible.
La prévention finale
Une fois l’HCG administrée, il serait encore possible de réduire le risque
ou de diminuer l’intensité de l’HSO. Plusieurs méthodes sont disponibles,
dont aucune n’est réellement validée, mais que l’on peut mettre en œuvre sans
risquer de compromettre les chances de grossesse. Ont été ainsi successivement
proposées :
– la perfusion IV d’albumine ou, mieux, de grosses molécules comme l’hydroxy-
ethyl amidon, douées d’une capacité de liaison avec les stéroïdes et les facteurs
vasoactifs, est susceptible de prévenir l’HSO en contribuant à leur évacuation
de la circulation ; en augmentant la pression osmotique, elles participent par
ailleurs au maintien de la volémie [13] ;
– les glucocorticoïdes inhibent l’effet du VEGF sur les fibres musculaires des capil-
laires sanguins, limitant ainsi la vasodilatation et l’augmentation de la perméa-
bilité vasculaire [14] ;
– les agonistes de la dopamine entrent en compétition avec le VEGF au niveau
même de son récepteur vasculaire, limitant ainsi son rôle dans le développement
de l’hyperperméabilité capillaire à la base du développement de l’HSO, et ce sans
diminuer l’angiogenèse. Parmi les différents agonistes, c’est la cabergoline qui a
été le plus étudiée, notamment à cause de sa meilleure tolérance. Elle se montre
effectivement capable de réduire l’incidence de l’HSO sans modifier les résul-
tats conceptionnels, à la posologie de 0,5 mg/j pendant au moins une semaine à
partir de l’administration d’HCG (hors AMM) [15] ;
– la doxycycline est un inhibiteur puissant des métalloprotéinases, et à ce titre de
l’hyperperméabilité capillaire induite par le VEGF ; son rôle préventif de l’HSO
n’a pour le moment été démontré que chez l’animal [16] ;
Prévenir les complications 95
Traiter l’hyperstimulation
L’hyperstimulation légère
L’hyperstimulation légère ne nécessite qu’une simple mise au repos avec un
traitement symptomatique et surveillance du poids ; elle est résolutive en quelques
jours dès l’apparition des règles.
L’hyperstimulation modérée
L’hyperstimulation modérée nécessite une hospitalisation d’observation au
moins initiale, avec surveillance du poids, des paramètres biologiques et des
entrées et sorties liquidiennes. Les accidents thrombotiques sont prévenus par le
port de bas de contention et l’héparine à bas poids moléculaire.
L’hyperstimulation sévère
L’hyperstimulation sévère, quel que soit son degré, requiert une hospitalisation
pour traitement, éventuellement la pratique de ponctions évacuatrices et, si néces-
saire, le transfert en soins intensifs.
Conclusion
RÉFÉRENCES
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La stimulation ovulatoire classique :
mono-, bi- ou paucifolliculaire 9
L’OBJECTIF
L’objectif est double.
LES MOYENS
C’est moins la nature de la gonadotrophine choisie que son protocole d’admi-
nistration qui va faire la différence entre une stimulation réussie et une stimulation
défectueuse qu’il faut interrompre. Nous allons nous appuyer sur la stimulation
monofolliculaire dans la description de ces protocoles, la manière de recruter et
de soutenir la croissance d’un à quelques follicules supplémentaires étant abordée
dans la section sur la stimulation paucifolliculaire.
Trouver le seuil et gérer la fenêtre de FSH, puis soutenir le développement follicu-
laire de manière à ce que seul le follicule le plus sensible poursuive sa croissance,
sont les notions à la base des différents protocoles d’administration des gonado-
trophines progressifs, dégressifs ou mixtes.
La stimulation ovulatoire classique : mono-, bi- ou paucifolliculaire 99
La dose de départ
L’ensemble des notions actuellement admises sur le seuil de FSH avait été
exposé il y a déjà près de vingt cinq ans par l’équipe australienne de Brown, en
l’absence d’échographie ; il avait également signalé la variabilité du seuil de FSH
d’une patiente à l’autre, pouvant atteindre un facteur 10, et à un moindre degré
d’un cycle à l’autre chez la même femme [1].
Le follicule ovarien répondant à un certain taux de FSH plutôt qu’à une certaine
dose de FSH administrée, la question qui se pose est donc d’établir un rapport
entre la quantité de gonadotrophine injectée et le taux plasmatique atteint. Or
cette relation est multifactorielle, et dépend de plusieurs variables telles que :
– la sécrétion endogène de FSH, présente chez la très grande majorité des patientes,
en dehors des rares cas d’hypogonadisme hypogonadotrope ;
– la voie d’administration, l’importance du tissu graisseux au point d’injection
facilitant l’effet « dépôt » ;
– le volume de distribution de la FSH, influencé comme le facteur précédent par
l’IMC ;
– la clairance métabolique de la gonadotrophine utilisée, variable selon sa compo-
sition en isoformes de la FSH et leur degré de syalisation, variable également
selon l’âge de la patiente, et qui influence le niveau d’accumulation plasmatique
de l’hormone ;
– les variations interindividuelles du seuil de FSH s’expliquent au moins autant
par ces données physiologiques propres à chaque femme, qui permettent de
comprendre qu’une même dose de FSH induira des taux plasmatiques différents,
qu’à la sensibilité ovarienne à la FSH propre à chacune, qui la fera réagir à un
taux de FSH particulier.
Les relations entre taux plasmatiques et seuil de FSH ont bien été précisées par
le travail de Schoemaker, dans lequel le taux plasmatique de FSH était monitoré
quotidiennement au cours de l’administration de gonadotrophines, réalisée de
manière à pouvoir obtenir des variations plasmatiques de l’ordre de 1 UI/l seule-
ment [2]. Il se confirme ainsi que, pour établir le même taux de FSH, les quanti-
tés de gonadotrophine à administrer sont très variables d’une patiente à l’autre ;
en revanche, les variations inter- et intra-individuelles de réponse ovarienne à un
taux de FSH plasmatique donné sont relativement faibles, sauf chez les patientes
atteintes d’OMPK : alors que chez les autres femmes il n’existe pas de réponse
folliculaire au-dessous de 7,8 UI/l, le seuil de FSH s’établit entre 6,3 et 9,8 UI/l en
cas d’OMPK avec de larges variations interindividuelles liées principalement à des
différences de sensibilité ovarienne.
En dehors de ces variations interindividuelles, le seuil de FSH, et donc la dose de
départ, sont aussi fonction de paramètres comme l’âge, l’IMC, le CFA ou le taux
d’AMH. Plusieurs tentatives de prédiction de la bonne posologie initiale ont été
proposées, comme celle de Freiseleben qui ne retient que le CFA et le poids [3] ;
mais il ne s’agit que de probabilités et, pour une première stimulation, mieux vaut
en rester à la posologie de départ minimum, une dose insuffisante restant plus
facile à gérer qu’une posologie excessive.
100 Pratique de la stimulation ovulatoire par les gonadotrophines
Fig. 3 – Protocole progressif lent à faible dose (step up chronic low dose).
gnant en moyenne 6 mUI/l à J5, avec une variation d’un facteur 2,5 entre les
9 femmes. Par la suite, son taux plasmatique diminue de 0,5 mUI/l par jour pour
atteindre sa valeur minimum de 2,9 mUI/l en moyenne à J13. Surtout, la première
augmentation sensible du taux plasmatique d’œstradiol coïncide avec l’apparition
échographique d’un follicule de 9 à 10 mm, représentant l’émergence du follicule
dominant.
Le principe du protocole dégressif est donc de débuter la stimulation avec une
posologie de FSH calculée pour dépasser le seuil de sensibilité ovarienne, provo-
quant un début de croissance de plusieurs éléments les plus sensibles du pool
folliculaire ; une fois apparu le follicule dominant, la posologie de FSH est progres-
sivement réduite pour que seul le follicule le plus sensible poursuive son dévelop-
pement (fig. 4) :
En pratique, la stimulation commence par l’administration de 150 UI par jour
pendant cinq jours :
– en cas de début de réponse ovarienne, la dose de FSH est réduite d’un quart
tous les trois jours jusqu’à un minimum de 75 UI, posologie maintenue ensuite
jusqu’au déclenchement ovulatoire ;
– en cas de non-réponse au 5e jour de stimulation, la posologie quotidienne est
augmentée de 37,5 UI tous les cinq jours sur un maximum de deux paliers ;
– en cas d’absence de réponse au 15e jour, la stimulation est abandonnée, et le
cycle suivant débuté avec une posologie de 187,5 UI FSH (150 + 37,5).
Ce protocole, très séduisant en théorie, peut se révéler en pratique relativement
délicat à piloter :
– le moment exact où il devient nécessaire de diminuer la posologie de FSH, c’est-
à-dire l’apparition échographique d’un follicule de 9-10 mm couplée à un début
de réponse œstrogénique n’est pas toujours facile à déterminer avec certitude
et peut rencontrer des difficultés occasionnelles d’interprétation : débutée trop
tôt, la réduction des doses peut provoquer une atrésie folliculaire impossible à
« rattraper », alors que commencée trop tard, elle favorise la poursuite d’une
stimulation plurifolliculaire, deux causes opposées d’abandon du traitement ;
En pratique
Le clinicien dispose d’un ensemble de schémas thérapeutiques lui permettant
de résoudre la quasi-totalité des problèmes posés par la stimulation ovulatoire, si
délicats soient-t-ils :
– les protocoles progressifs restent les plus largement utilisés en première inten-
9 tion, le schéma classique plutôt chez les femmes ovulatoires, les schémas à faible
dose plutôt en cas d’anovulation ;
– les protocoles dégressif et séquentiel partagent la même difficulté de déterminer
le moment exact où la réduction des doses doit intervenir ; c’est pourquoi ils
demandent plus d’expérience, restent très opérateur dépendants et assez diffici-
lement reproductibles. Ils sont en pratique réservés à la très petite minorité de
patientes hypersensibles à la FSH, et chez lesquelles les protocoles progressifs à
faible dose ont échoué, d’autant que des abandons de cycle intervenant après
de nombreuses injections et des contrôles répétés sont susceptibles de finir par
décourager la patiente la plus motivée.
Ces protocoles ne sont pas exclusifs entre eux : on peut être amené par exemple à
réduire les doses de FSH en cours de protocole progressif pour corriger une éléva-
tion trop rapide de l’œstradiol, ou un recrutement folliculaire exagéré.
La surveillance
sont rapprochés, les règles doivent parfois être assouplies, et, dans la mesure du
possible, tenir compte des impératifs et de la disponibilité de chaque patiente.
RÉFÉRENCES
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gonadotrophin therapy. Aust NZ J Obstet Gynaec 18: 47-54
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Stimuler la femme ovulatoire
10
LA STIMULATION MONOFOLLICULAIRE
Quelle gonadotrophine ?
Chez une femme qui ovule déjà spontanément, la LH endogène est présente en
quantité normale, et la stimulation peut être conduite sous FSH seule ; l’addition
de LH ne comporte ni bénéfice ni d’ailleurs d’inconvénient particulier, en dehors
des rares cas où le bilan hormonal préalable objective une possible insuffisance
ou au contraire un excès relatif de LH. Toutes les gonadotrophines à effet FSH ou
FSH + LH commercialisées sont donc utilisables, sachant toutefois que les prépa-
rations urinaires ne permettent pas toujours de fractionner commodément les
doses, et sont donc source de gaspillages potentiels.
Quel protocole ?
Quelle dose ?
La dose initiale doit être faible, 50 à 75 UI par jour. Cette dose risque certes
d’être insuffisante en cas de BMI élevé ou après 38 ans, mais cela n’est jamais
assuré : il reste plus facile de corriger une dose insuffisante que de gérer une dose
excessive ; cette dernière est aussi susceptible de soutenir la croissance de follicules
secondaires lors de la phase de dominance, et de créer un cycle pauci- ou multifol-
liculaire. Ces données recueillies lors du premier cycle de stimulation permettront
de mieux gérer un éventuel deuxième cycle.
Quelle durée ?
La stimulation initiale est prévue pour cinq à sept jours. Sauf cas particulier,
une durée de cinq jours est suffisante pour que l’apport des gonadotrophines
exogènes s’équilibre avec le milieu endogène, et nécessaire pour qu’il exerce un
effet détectable sur la croissance folliculaire ; un traitement de sept jours fixe le
premier contrôle de surveillance au 13e-14e jour, qui risque d’être trop tardif. Le
premier rendez-vous de monitorage échohormonal est ainsi fixé au 11e-12e jour du
cycle. Si nécessaire et selon la situation échohormonale, le prochain contrôle est
fixé entre 2 et 4 jours plus tard.
Quel résultat ?
10
Le nombre de jours de stimulation indiqué avant un nouveau contrôle est le nombre de jours
souhaitables. Lorsque la patiente est dans l’impossibilité de s’y rendre, il est possible de la voir un
jour plus tôt ou un jour plus tard, éventuellement en augmentant ou en diminuant la dose de FSH
respectivement.
Il existe également des reports communs :
(1) Le déclenchement par agoniste court réduit, sans le supprimer, le risque d’hyperstimulation
ovarienne primaire ; un soutien lutéal est impératif.
(2) Le déclenchement par un agoniste court réduit, sans le supprimer, le risque de grossesse mul-
tiple ; un soutien lutéal est impératif.
(3) Une croissance folliculaire plus rapide que l’augmentation du taux d’œstradiol indique souvent
une insuffisance d’effet LH : mieux vaut passer à une stimulation associant FSH et LH.
(4) Il existe un risque identifié d’hyperstimulation ovarienne à partir du moment où le taux d’œs-
tradiol atteint et dépasse 800 pg/ml.
Il est possible de débuter un nouveau cycle thérapeutique sans délai, sous réserve
d’un contrôle échographique effectué préalablement dès le début du cycle et affir-
mant l’absence de structure transsonique résiduelle. Un follicule de < 20 mm peut
néanmoins être toléré, en prenant la précaution de le repérer afin de ne pas le
prendre pour un follicule mature ou prémature lors du contrôle échographique
suivant. En cas de kyste fonctionnel > 20 mm, mieux vaut surseoir à l’administra-
tion de FSH, susceptible de provoquer une augmentation de son volume, et laisser
un cycle de repos ou administrer 20 jours de nomegestrol (Lutenyl®) 5 mg, puis
vérifier la disparition de cette structure après les règles suivantes.
La dose initiale de FSH sera réévaluée en fonction du déroulement du premier
cycle. La surveillance de chaque cycle est nécessaire, la réponse ovarienne étant
susceptible de varier d’un cycle à l’autre, même si la même dose de la même
gonadotrophine est administrée à la même patiente, et même si la patiente a
montré une réponse stable et régulière sur les cycles précédents ; de la même
manière, la surveillance reste impérative même lorsque des doses de gonado-
trophines considérées comme faibles (quelques injections espacées au cours de
la phase folliculaire d’une patiente réglée par exemple) ont été décidées. Ce type
de pratique, justement destinée à éviter les contraintes du monitorage, ne peut ni
assurer une ovulation de qualité ni mettre à l’abri des accidents.
Combien de cycles ?
Un traitement efficace chez une femme infertile doit par définition lui redonner
les mêmes chances de grossesse qu’une femme normalement fertile du même âge.
Celles-ci ne dépassant pas 20 à 25 % par cycle dans les meilleures conditions chez
la femme jeune, il est donc nécessaire de se donner du temps, et aussi des limites :
un traitement de stimulation ovarienne doit faire la preuve de son efficacité sur
un maximum de six cycles, durée souhaitable mais souvent réduite par la lassitude
ou l’impatience des couples. Les trois à quatre premiers cycles de traitement étant
toutefois les plus « rentables », c’est à eux que se limitera la prise en charge de la
femme qui avance en âge (> 35 ans).
LA STIMULATION BIFOLLICULAIRE
Chercher à obtenir un deuxième follicule mûr pour augmenter les chances de
grossesse chez une femme qui ovule spontanément est indiqué :
– lorsqu’il existe un autre facteur d’hypofertilité au sein du couple en plus de
la dysovulation : sperme suboptimal, âge de la patiente ou présence chez elle
d’une anomalie pelvienne : une seule trompe perméable, une endométriose
stade I ou II ;
116 Pratique de la stimulation ovulatoire par les gonadotrophines
– Utiliser une double dose tous les deux jours en début précoce (150 UI les jours
4, 6 et 8 avec un premier contrôle à J9), ou tardif (150 UI les jours 7 et 8, avec
un premier contrôle à J9).
– Associer le clomiphène : 50 à 100 mg pendant 5 jours à partir de J3, et une seule
dose de 75 ou 150 UI FSH à J9, premier contrôle à J11.
Stimuler la femme ovulatoire 117
En pratique
Sur un premier cycle de stimulation, chez une patiente dont les réactions à
l’administration de FSH ne sont pas connues, on choisira une dose de 50 à 75 UI
selon l’âge et le BMI si le traitement commence à J 3-4, ou de 75 à 125 UI selon les
mêmes critères s’il débute à J 6-7 ;
À la fin du 5e jour de stimulation, quatre situations sont possibles (tableau II) :
• il existe plus de deux follicules d’un diamètre > 16 mm et/ou un taux d’œstradiol
> 800 pg/ml : l’administration d’HCG est susceptible de provoquer une grossesse
multiple, une hyperstimulation, ou les deux : il faut alors soit déprogrammer le
cycle, soit avoirs recours à un agoniste court de la GnRH pour minimiser ces
deux éventualités, avec les réserves déjà mentionnées ;
• il existe deux follicules d’un diamètre > 16 mm, sans follicules secondaires d’un
diamètre supérieur à 12 mm, avec un taux d’œstradiol < 800 pg/ml : l’objectif de
la stimulation bifolliculaire est atteint, et l’HCG peut être administrée ;
• il n’existe qu’un seul follicule mature isolé, d’un diamètre moyen > 16 mm avec
un œstradiol < 500 pg/ml, en l’absence d’autres follicules d’un diamètre > 12 mm :
l’objectif du cycle bifolliculaire risque de ne pas être atteint, et le choix existe entre
déprogrammer le cycle, ou poursuivre quelques jours la stimulation sous couvert
d’un antagoniste quotidien dans l’espoir d’obtenir un follicule mûr supplémentaire ;
• il existe un follicule d’un diamètre moyen > 16 mm, suivi de follicule(s)
secondaire(s) d’un diamètre compris entre 13 et 15 mm, ou la taille du follicule
dominant ne dépasse pas 15 mm avec un œstradiol < 500 pg/ml : il est néces-
saire de poursuivre la stimulation avec un nouveau contrôle 48 ou 72 heures
plus tard suivant la taille du plus grand follicule. La dose de FSH elle-même doit
être réévaluée selon le nombre de follicules en croissance et le taux d’œstradiol,
comme précédemment (fig. 2) :
– elle est poursuivie à l’identique si 250 < E2 < 500 pg/ml ;
– elle est réduite si E2 > 500 pg/ml ou s’il existe plus de deux follicules en dévelop-
pement, afin que seul les plus sensibles poursuivent leur croissance ;
– elle est augmentée au contraire si E2 < 250 pg/ml.
Les complications
10
Le nombre de jours de stimulation indiqué avant un nouveau contrôle est le nombre de jours
souhaitables. Lorsque la patiente est dans l’impossibilité de s’y rendre, il est possible de la voir un
jour plus tôt ou un jour plus tard, éventuellement en augmentant ou en diminuant la dose de FSH
respectivement.
Il existe également des reports communs :
(1) Le déclenchement par agoniste court réduit, sans le supprimer, le risque d’hyperstimulation
ovarienne primaire ; un soutien lutéal est impératif.
(2) Le déclenchement par un agoniste court réduit, sans le supprimer, le risque de grossesse mul-
tiple ; un soutien lutéal est impératif.
(3) Une croissance folliculaire plus rapide que l’augmentation du taux d’œstradiol indique souvent
une insuffisance d’effet LH : mieux vaut passer à une stimulation associant FSH et LH.
(4) Il existe un risque identifié d’hyperstimulation ovarienne à partir du moment où le taux d’œs-
tradiol atteint et dépasse 800 pg/ml.
(5) L’alternative existe entre abandonner une stimulation monofolliculaire ou l’accepter et admi-
nistrer HCG.
LA STIMULATION PAUCIFOLLICULAIRE
Il en existe en réalité deux types, la stimulation paucifolliculaire subie et la
stimulation paucifolliculaire délibérée.
Le nombre de jours de stimulation indiqué avant un nouveau contrôle est le nombre de jours
10 souhaitables. Lorsque la patiente est dans l’impossibilité de s’y rendre, il est possible de la voir un
jour plus tôt ou un jour plus tard, éventuellement en augmentant ou en diminuant la dose de FSH
respectivement.
Il existe également des reports communs :
(1) Le déclenchement par agoniste court réduit, sans le supprimer, le risque d’hyperstimulation
ovarienne primaire ; un soutien lutéal est impératif.
(2) Le déclenchement par un agoniste court réduit, sans le supprimer, le risque de grossesse mul-
tiple ; un soutien lutéal est impératif.
(3) Une croissance folliculaire plus rapide que l’augmentation du taux d’œstradiol indique souvent
une insuffisance d’effet LH : mieux vaut passer à une stimulation associant FSH et LH.
(4) Il existe un risque identifié d’hyperstimulation ovarienne à partir du moment où le taux d’œs-
tradiol atteint et dépasse 800 pg/ml.
(5) L’alternative existe entre abandonner une stimulation mono- à bifolliculaire, ou l’accepter et
administrer HCG.
Il s’agit de situations particulières à discuter au cas par cas avec un couple dûment
informé : si la baisse de qualité ovocytaire après 38 ans limite rapidement le risque
de grossesse multiple, il ne s’agit que d’une notion statistique qui ne met pas à
l’abri d’une surprise ; c’est pourquoi un tel risque ne devrait pas être pris sur un
premier cycle de stimulation.
RÉFÉRENCES
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Stimuler la femme anovulatoire
11
CARACTÉRISER L’ANOVULATION
Cliniquement
Étiologiquement
11 Un bilan étiologique
Leur bilan
En pratique
La gonadotrophine
Les patientes hypogonadotropes n’ayant aucune sécrétion endogène de LH, il
est nécessaire d’utiliser une stimulation associant FSH et LH. L’administration
de FSH seule chez ces femmes est certes susceptible de provoquer une crois-
sance folliculaire, mais sans sécrétion œstrogénique associée, donc sans glaire ni
développement endométrial ; l’administration d’HCG sur ces follicules apparem-
ment matures à l’échographie n’est jamais suivie de grossesse.
On choisira donc :
– soit les HMG, la posologie de la FSH variant toujours dans un rapport 1/1 avec
celle de la LH ;
– soit le Pergoveris®, dont le rapport FSH de 2/1 est intéressant dans cette indica-
tion, mais sa présentation exclusive en doses de 150 UI est malcommode à utili-
ser, car trop élevée par rapport au seuil de FSH de la plupart de ces patientes, et
entraînant un risque de gaspillage ;
– soit l’administration concomitante d’une FSH et de Luveris® nécessitant alors
deux injections quotidiennes, mais permettant de faire varier à volonté le
rapport FSH/LH ; la dose de 75 UI de LH paraît à la fois nécessaire et suffisante,
un apport supérieur en LH n’étant pas à même de perturber le développement
folliculaire en milieu hypogonadotrope, à condition que la posologie de LH ne
dépasse pas celle de FSH.
126 Pratique de la stimulation ovulatoire par les gonadotrophines
Le protocole
11
Le protocole progressif à faibles doses paraît en théorie le mieux adapté à ces
patientes. Le risque existe toutefois de prolonger sur plusieurs semaines une à deux
injections sous-cutanées quotidiennes chez des patientes qui n’en ont pas forcé-
ment besoin, d’autant que le risque de réponse multifolliculaire est relativement
faible. C’est pourquoi il est également possible d’envisager en première intention
un protocole progressif standard initialement sur sept jours, susceptible dans plus
de la moitié des cas d’entraîner une réponse monofolliculaire et une ovulation satis-
faisantes ; lorsque ce n’est pas le cas, cette première expérience a permis de mieux
situer le seuil de sensibilité ovarienne pour le cycle suivant, pour lequel on pourra
avoir si nécessaire recours à un protocole à faible dose en deuxième intention.
La dose de départ
Elle est comme dans tous les types de stimulation fonction principalement de
l’âge et de l’IMC ; on choisira une dose de 50 UI chez la femme de moins de 35 ans
à BMI normal ou bas, une dose de 75 UI dans les autres cas.
La conduite du traitement
Protocole progressif standard
La stimulation est menée selon les mêmes principes qui régissent la stimulation
monofolliculaire chez la patiente normo-ovulante.
Le soutien lutéal
L’hypogonadisme hypogonadotrope vrai est sans doute le seul exemple de
stimulation classique où un soutien lutéal est parfois souhaitable. Il n’existe pas de
sécrétion pulsatile postovulatoire de LH pour soutenir le corps jaune, mais celle-
ci est généralement compensée par l’effet LH rémanent sur 5 à 9 jours de l’HCG
administrée. Il est donc prudent de vérifier sur un premier cycle au moins le taux
plasmatique de progestérone et la longueur de la phase lutéale. En cas d’insuffi-
Stimuler la femme anovulatoire 127
sance lutéale, un soutien sera assuré soit par 200 mg de progestérone micronisée
vaginale pendant 12 jours en commençant le 3e jour post-HCG, soit par 3 injec-
tions de 750-1 500 UI d’HCG à 3 jours d’intervalle.
La durée du traitement
En l’absence d’autres facteurs d’hypofertilité au sein du couple, les chances de
grossesse normales se maintiennent au cours des six à huit premiers cycles ; en cas
d’échec, une stimulation bifolliculaire voire paucifolliculaire peut s’envisager sur trois
cycles supplémentaires chez la femme jeune avant d’envisager le recours à la PMA.
Cette stratégie et les raisons qui la sous-tendent doivent être clairement exposées
avant le début du traitement au couple, qui a volontiers tendance à se décourager
dès le 2e ou 3e cycle d’échec conceptionnel malgré le retour d’ovulations normales.
Conclusion
Ovaires normofolliculaires
Ovaires multifolliculaires
11
Tableau I – Exemple de maniement du protocole progressif à faible dose : situation après 7 jours
x 50-75 UI FSH.
Il propose avec quelle dose de FSH et pendant combien de jours poursuivre la stimulation avant un
nouveau contrôle, lorsque l’objectif n’a pas été atteint après une première série d’administration
de gonadotrophines :
• La couleur indique le % de variation de la dose à prescrire par rapport à celle précédemment
utilisée ;
• Le chiffre indique pendant combien de jour poursuivre cette nouvelle posologie avant le contrôle
suivant ;
• Le nombre de fourchettes d’œstradiol a été volontairement limité pour ne pas augmenter la com-
plexité du tableau ; c’est pourquoi elles doivent être considérées comme souples, et chaque taux
Stimuler la femme anovulatoire 131
d’œstradiol doit être interprété à l’intérieur de sa fourchette : dans chaque case, la conduite à tenir
pour les valeurs d’œstradiol proches des limites inférieure ou supérieure doit s’inspirer aussi de
celle indiquée pour les fourchettes supérieure et inférieure respectivement.
• Le nombre de jours de stimulation indiqué avant un nouveau contrôle est le nombre de jours
souhaitables. Lorsque la patiente est dans l’impossibilité de s’y rendre, il est possible de la voir
un jour plus tôt ou un jour plus tard, éventuellement en augmentant ou en diminuant la dose de
FSH respectivement.
Il existe également des reports communs :
(1) Le déclenchement par agoniste court réduit, sans le supprimer, le risque d’hyperstimulation
ovarienne primaire ; un soutien lutéal est impératif.
(2) Le déclenchement par un agoniste court réduit, sans le supprimer, le risque de grossesse mul-
tiple ; un soutien lutéal est impératif.
(3) Une croissance folliculaire plus rapide que l’augmentation du taux d’œstradiol indique souvent
une insuffisance d’effet LH : mieux vaut passer à une stimulation associant FSH et LH.
(4) Il existe un risque identifié d’hyperstimulation ovarienne à partir du moment où le taux d’œs-
tradiol atteint et dépasse 800 pg/ml.
À l’heure actuelle
À l’heure actuelle, pour être considérée comme porteuse d’un syndrome des
OMPK, la patiente doit présenter deux seulement des trois critères suivants selon
les critères de consensus de Rotterdam [1] :
– une anovulation, ou une oligo-ovulation ;
– une hyperandrogénie clinique ou biologique ;
11
Fig. 3 – Aspect cœlioscopique d’ovaires sclérokystiques : les trois boules de billard (Document
A. Audebert).
– plus de douze follicules par ovaire à l’échographie ; ce critère est important mais
relatif, car il est à la fois opérateur-dépendant mais aussi matériel-dépendant,
les échographes de dernière génération aussi bien en 2D qu’en 3D permettant la
mise en évidence de follicules à partir de 2-3 mm : le chiffre de 20 follicules par
ovaire est sans doute plus près de la réalité [2].
Il s’ensuit que le diagnostic de syndrome des OMPK, nommé selon l’aspect
échographique des ovaires, peut justement se passer de critères échographiques ;
cette apparente contradiction ne fait que rappeler que des ovaires normofollicu-
laires sont susceptibles de réagir à la stimulation de façon comparable à une OMPK
échographiquement typique ; et qu’à l’inverse des ovaires typiquement micropo-
lykystiques à l’échographie peuvent réagir de manière subnormale à la stimulation.
Tableau II – Exemple de maniement du protocole progressif lent à faible dose : situation après
7 jours x 50-75 UI FSH.
Il propose avec quelle dose de FSH et pendant combien de jours poursuivre la stimulation avant un
nouveau contrôle, lorsque l’objectif n’a pas été atteint après une première série d’administration
de gonadotrophines :
136 Pratique de la stimulation ovulatoire par les gonadotrophines
Tableau III – Exemple de maniement du protocole séquentiel : situation après 7 jours x 50-
75 UI FSH.
Il propose avec quelle dose de FSH et pendant combien de jours poursuivre la stimulation avant un
nouveau contrôle, lorsque l’objectif n’a pas été atteint après une première série d’administration
de gonadotrophines :
• La couleur indique le % de variation de la dose à prescrire par rapport à celle précédemment
utilisée ;
• Le chiffre indique pendant combien de jour poursuivre cette nouvelle posologie avant le contrôle
suivant ;
138 Pratique de la stimulation ovulatoire par les gonadotrophines
• Le nombre de fourchettes d’œstradiol a été volontairement limité pour ne pas augmenter la com-
11 plexité du tableau ; c’est pourquoi elles doivent être considérées comme souples, et chaque taux
d’œstradiol doit être interprété à l’intérieur de sa fourchette : dans chaque case, la conduite à tenir
pour les valeurs d’œstradiol proches des limites inférieure ou supérieure doit s’inspirer aussi de
celle indiquée pour les fourchettes supérieure et inférieure respectivement.
• Le nombre de jours de stimulation indiqué avant un nouveau contrôle est le nombre de jours
souhaitables. Lorsque la patiente est dans l’impossibilité de s’y rendre, il est possible de la voir
un jour plus tôt ou un jour plus tard, éventuellement en augmentant ou en diminuant la dose de
FSH respectivement.
Il existe également des reports communs :
(1) Le déclenchement par agoniste court réduit, sans le supprimer, le risque d’hyperstimulation
ovarienne primaire ; un soutien lutéal est impératif.
(2) Le déclenchement par un agoniste court réduit, sans le supprimer, le risque de grossesse mul-
tiple ; un soutien lutéal est impératif.
(3) Une croissance folliculaire plus rapide que l’augmentation du taux d’œstradiol indique souvent
une insuffisance d‘effet LH : mieux vaut passer à une stimulation associant FSH et LH.
(4) Il existe un risque identifié d’hyperstimulation ovarienne à partir du moment où le taux d’œs-
tradiol atteint et dépasse 800 pg/ml.
Stimuler la femme anovulatoire 139
Tableau IV – Exemple de maniement du protocole dégressif : situation après 5 jours x 150 UI FSH.
Il propose avec quelle dose de FSH et pendant combien de jours poursuivre la stimulation avant un
nouveau contrôle, lorsque l’objectif n’a pas été atteint après une première série d’administration
de gonadotrophines :
• La couleur indique le % de variation de la dose à prescrire par rapport à celle précédemment utilisée ;
• Le chiffre indique pendant combien de jour poursuivre cette nouvelle posologie avant le contrôle
suivant ;
140 Pratique de la stimulation ovulatoire par les gonadotrophines
• Le nombre de fourchettes d’œstradiol a été volontairement limité pour ne pas augmenter la com-
11 plexité du tableau ; c’est pourquoi elles doivent être considérées comme souples, et chaque taux
d’œstradiol doit être interprété à l’intérieur de sa fourchette : dans chaque case, la conduite à tenir
pour les valeurs d’œstradiol proches des limites inférieure ou supérieure doit s’inspirer aussi de
celle indiquée pour les fourchettes supérieure et inférieure respectivement.
• Le nombre de jours de stimulation indiqué avant un nouveau contrôle est le nombre de jours
souhaitables. Lorsque la patiente est dans l’impossibilité de s’y rendre, il est possible de la voir
un jour plus tôt ou un jour plus tard, éventuellement en augmentant ou en diminuant la dose de
FSH respectivement.
Il existe également des reports communs :
(1) Le déclenchement par agoniste court réduit, sans le supprimer, le risque d’hyperstimulation
ovarienne primaire ; un soutien lutéal est impératif.
(2) Le déclenchement par un agoniste court réduit, sans le supprimer, le risque de grossesse mul-
tiple ; un soutien lutéal est impératif.
(3) Une croissance folliculaire plus rapide que l’augmentation du taux d’œstradiol indique souvent
une insuffisance d‘effet LH : mieux vaut passer à une stimulation associant FSH et LH.
(4) Il existe un risque identifié d’hyperstimulation ovarienne à partir du moment où le taux d’œs-
tradiol atteint et dépasse 800 pg/ml.
(5) Ne pas diminuer la posologie quotidienne de FSH au-dessous de 75 UI.
Au total
La constatation d’ovaires de type micropolykystique à l’échographie, associée
ou non à d’autres signes du syndrome OMPK, doit faire anticiper une possible
réponse multifolliculaire, et adapter protocoles d’administration et doses utili-
sées. La variété des protocoles disponibles permet, parfois au prix de quelques
abandons, de mener une stimulation mono- ou paucifolliculaire chez la presque
totalité des patientes. Lorsque les échecs de stimulation pour des raisons diverses
commencent à s’accumuler, on doit reconsidérer le drilling ovarien si cela n’a
pas été initialement le cas, voire en dernier ressort convertir le projet en FIV où
cette réponse excessive, sous certaines conditions, est susceptible de devenir un
atout.
Ovaires paucifolliculaires
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La stimulation multifolliculaire
12
12
lui attribuant l’absence d’implantation ; leur premier succès en 1978 sera obtenu
en cycle naturel, en monitorant la LH urinaire pour le recueil ovocytaire [1]. La
faisabilité de la FIV étant ainsi démontrée, les premières équipes ont décidé de
stimuler à nouveau l’ovulation pour obtenir plus d’ovocytes et donc d’embryons
à implanter.
Deux protocoles
Deux protocoles s’affrontaient alors, avec des résultats équivalents [2] :
ceux permis par les agonistes. Surtout, ce type de stimulation s’accompagne d’une
12 réduction drastique des risques d’hyperstimulation ovarienne, d’autant que le
déclenchement ovulatoire peut être provoqué par un agoniste court.
Au total, les protocoles antagonistes permettent de bénéficier des avantages des
stimulations effectuées avant les analogues : un nombre d’ovocytes de bonne
qualité suffisant pour maintenir les taux de grossesse auxquels les agonistes nous
ont habitués, mais sans leurs inconvénients grâce à la maîtrise des taux de LH. En
revanche, la conduite de la stimulation est moins confortable que sous agonistes,
du moins en protocole flexible où le moment de l’introduction de l’antagoniste
reste crucial.
Les préalables
Ils sont les mêmes que lorsqu’on envisage une stimulation classique : le
tabagisme, le surpoids ou l’insuffisance pondérale doivent être corrigés ou à tout
le moins pris en compte ; il en est de même de toute affection médicale chronique
sur laquelle l’impact de ce type de stimulation, ou d’ailleurs de la grossesse, doit
être évalué préalablement : avec le soin tout particulier de dépister d’éventuels
troubles de la coagulation sur les antécédents personnels ou familiaux.
Le bilan de réserve ovarienne doit être ici systématique, alors que son intérêt
n’était pas crucial chez la femme jeune envisageant une stimulation classique : il
permet dans une certaine mesure de prévoir les hyper-réponses comme les faibles
réponses, et donc de déterminer la posologie de départ, en se basant essentielle-
ment sur le CFA et l’AMH, qui varient d’ailleurs généralement dans le même sens,
et ce bien qu’il n’y ait pas de consensus sur les fourchettes de ces deux variables :
– on se méfiera d’une hyper-réponse chez une femme montrant plus de 15 folli-
cules au total, et/ou une AMH > 6 ;
– on craindra au contraire une faible réponse chez une femme montrant moins de
cinq follicules et/ou une AMH < 2.
Si le taux d’AMH permet dans une certaine mesure de prévoir l’importance de
la cohorte folliculaire qui sera recrutée, elle n’a par contre aucune valeur directe
dans l’appréciation de la qualité ovocytaire ni dans le pronostic conceptionnel [3].
Plusieurs tentatives méritantes ont été faites pour tenter de déterminer, à partir
de calculs multifactoriels, la bonne dose de départ chez chaque patiente, mais il
ne s’agit là que de probabilités [4]. Cette posologie, qui sera maintenue pendant
La stimulation multifolliculaire 147
les cinq à six premiers jours de la stimulation, est pourtant cruciale pour assurer
un recueil ovocytaire optimal, sans doute situé entre 6 et 12 ovocytes. Une dose
initiale insuffisante n’entraîne qu’un faible recrutement, qu’aucune augmentation
ultérieure de posologie ne pourra rattraper ; inversement, une dose trop élevée va
provoquer un recrutement excessif, qu’une baisse ultérieure de posologie ne suffira
pas toujours à gérer.
12
native en occupant ses récepteurs (fig. 4). Cet effet est de courte durée, de 1 à
12 3 jours selon les antagonistes actuellement disponibles, et réversible sous l’effet de
la gonadoréline elle-même ou d’un de ses agonistes.
Quel agoniste ?
Les agonistes injectables retard provoquent une désensibilisation plus profonde
que celle obtenue par l’administration quotidienne d’agonistes courts : ces derniers
laissent plus souvent persister une sécrétion basale minime de gonadotrophines,
plus ou moins longtemps réactivée chaque jour par la nouvelle injection. Pour
cette raison, la quantité totale de gonadotrophines nécessaire à la stimulation est
souvent un peu inférieure avec les agonistes courts.
Aucun des agonistes utilisés en protocole long, qu’il ait ou pas une AMM dans
cette indication dans notre pays, n’a montré de supériorité sur les autres en termes
de résultat conceptionnel, encore qu’il n’y ait pratiquement pas eu d’étude prospec-
tive comparative comparant un agoniste à un autre. En revanche, la réponse d’une
patiente donnée n’est pas toujours la même d’un agoniste à l’autre, et le même
agoniste peut entraîner des effets différents selon les patientes : cela apparaît aussi
bien sur le profil de la décharge de l’effet flare up que sur la capacité de désensi-
bilisation de chaque agoniste chez chaque patiente. Pour cette raison, il n’est pas
illogique de changer aussi d’agoniste d’une stimulation à l’autre.
La désensibilisation est considérée comme obtenue pour un œstradiol < 30 pg/ml,
quelles que soient les constatations échographiques le même jour, sachant que
l’aspect le plus habituel est celui d’ovaires porteurs d’un certain nombre de folli-
cules < 6-8 mm en présence d’un endomètre linéaire.
Il arrive que la désensibilisation ne soit pas obtenue dès le premier contrôle ; dans
ces cas, la poursuite de l’agoniste seul peut finir par la provoquer, mais il arrive
également que les taux d’œstradiol restent stables, voire augmentent. Dans ces cas,
il est possible de ne pas déprogrammer le cycle en administrant immédiatement
un autre agoniste, et en refaisant un contrôle de désensibilisation 10 à 15 jours plus
tard. Plus rarement, on peut être confronté à un effet stimulateur paradoxal, voire
une réelle hyperstimulation à la suite de l’injection d’un agoniste long, la patiente
présentant le jour du contrôle de désensibilisation de nombreux follicules matures
ou prématures accompagnés d’un œstradiol élevé ; un essai de recueil ovocytaire
dans ces conditions n’est qu’exceptionnellement suivi d’un début de grossesse, et
équivaut à une perte de chances pour la patiente [4] : mieux vaut abandonner le
cycle et prescrire 15 jours d’acétate de nomegestrol (Lutenyl® 5 mg) dont l’effet
antigonadotrope ramène les ovaires au repos.
L’administration de gonadotrophines est alors débutée, et un premier contrôle
prévu après 5-6 jours de traitement. Les contrôles suivants, destinés à éventuelle-
ment corriger la posologie des gonadotrophines, sont échelonnés de deux à trois
jours, sachant qu’un total de deux à trois contrôles après celui de désensibilisation,
soit quatre en tout, est habituellement nécessaire et suffisant (tableau III).
154 Pratique de la stimulation ovulatoire par les gonadotrophines
12
Tableau III – Exemple de stimulation multifolliculaire selon le protocole agoniste court : situation
pour 5 à 10 follicules après FSH x 2 jours.
Il propose avec quelle dose de FSH et pendant combien de jours poursuivre la stimulation avant un
nouveau contrôle, lorsque l’objectif n’a pas été atteint après une première série d’administration
de gonadotrophines :
• La couleur indique le % de variation de la dose à prescrire par rapport à celle précédemment
utilisée.
• Le chiffre indique pendant combien de jours poursuivre cette nouvelle posologie avant le contrôle
suivant.
La stimulation multifolliculaire 155
• Le nombre de fourchettes d’œstradiol a été volontairement limité pour ne pas augmenter la com-
plexité du tableau ; c’est pourquoi elles doivent être considérées comme souples, et chaque taux
d’œstradiol doit être interprété à l’intérieur de sa fourchette : dans chaque case, la conduite à tenir
pour les valeurs d’œstradiol proches des limites inférieure ou supérieure doit s’inspirer aussi de
celle indiquée pour les fourchettes supérieure et inférieure respectivement.
• Le nombre de jours de stimulation indiqué avant un nouveau contrôle est le nombre de jours
souhaitables. Lorsque la patiente est dans l’impossibilité de s’y rendre, il est possible de la voir
un jour plus tôt ou un jour plus tard, éventuellement en augmentant ou en diminuant la dose de
FSH respectivement.
Il existe également des reports communs :
(1) Une croissance folliculaire plus rapide que l’augmentation du taux d’œstradiol indique souvent
une insuffisance d’effet LH : mieux vaut passer à une stimulation associant FSH et LH.
(2) Il existe un risque identifié d’hyperstimulation ovarienne à partir du moment où le taux d’œs-
tradiol atteint et dépasse 2 500 pg/ml.
(3) Une stimulation trop rapide (< 7 jours) est susceptible de nuire à la qualité ovocytaire.
156 Pratique de la stimulation ovulatoire par les gonadotrophines
12
• Le chiffre indique pendant combien de jours poursuivre cette nouvelle posologie avant le contrôle
suivant.
• Le nombre de fourchettes d’œstradiol a été volontairement limité pour ne pas augmenter la com-
plexité du tableau ; c’est pourquoi elles doivent être considérées comme souples, et chaque taux
d’œstradiol doit être interprété à l’intérieur de sa fourchette : dans chaque case, la conduite à tenir
pour les valeurs d’œstradiol proches des limites inférieure ou supérieure doit s’inspirer aussi de
celle indiquée pour les fourchettes supérieure et inférieure respectivement.
• Le nombre de jours de stimulation indiqué avant un nouveau contrôle est le nombre de jours
souhaitables. Lorsque la patiente est dans l’impossibilité de s’y rendre, il est possible de la voir
un jour plus tôt ou un jour plus tard, éventuellement en augmentant ou en diminuant la dose de
FSH respectivement.
Il existe également des reports communs :
(1) Une croissance folliculaire plus rapide que l’augmentation du taux d’œstradiol indique souvent
une insuffisance d’effet LH : mieux vaut passer à une stimulation associant FSH et LH.
(2) Il existe un risque identifié d’hyperstimulation ovarienne à partir du moment où le taux d’œs-
tradiol atteint et dépasse 2 500 pg/ml.
(3) Une stimulation trop rapide (< 7 jours)est susceptible de nuire à la qualité ovocytaire.
Quelle gonadotrophine ?
Toutes les gonadotrophines à effet FSH donnent des résultats globalement
équivalents. Le seul problème qui se pose en pratique est celui de l’intérêt ou
de la nécessité d’un apport concomitant de LH, la suppression de la sécrétion
hypophysaire créée par la désensibilisation touchant à la fois FSH et LH. On
considère que chez la très grande majorité des patientes, il subsiste une sécré-
tion résiduelle de LH faible, mais suffisante pour mener la stimulation sous
effet FSH seul, cette limite inférieure étant estimée à 1,2 UI/l : globalement, il
n’existe pas de différence entre les résultats obtenus avec les gonadotrophines
FSH pures et celles associant FSH et LH ; il reste probable que chez certaines
patientes, le taux résiduel de LH est limite ou insuffisant pour obtenir une
maturité folliculaire optimale. Il serait théoriquement possible de les dépis-
ter en monitorant aussi le taux de LH, mais ce dosage n’est pas fiable dans
la mesure où la sensibilité des méthodes couramment utilisées est trop faible
dans les valeurs basses entre 0,5 et 2 IU/l. Une insuffisance en LH peut certes
être soupçonnée lorsque le développement folliculaire à l’échographie est
manifestement en avance sur le taux d’œstradiol, mais cette constatation n’est
pas toujours évidente en stimulation multifolliculaire. Cette problématique
peut être gérée par le changement de gonadotrophines au cours des stimu-
lations successives, d’autant que si l’administration systématique de LH avec
la FSH n’apporte pas de résultats globalement meilleurs, elle n’a pas non plus
d’effet délétère connu.
Enfin, une stimulation trop rapide (< 7 jours) est susceptible de nuire à la qualité
ovocytaire, et peut représenter une perte de chances pour la patiente.
Le protocole court
De quelque manière qu’il soit conduit, il a eu d’emblée l’inconvénient majeur de
s’accompagner de taux de grossesses significativement inférieurs à ceux du proto-
cole long. Ces résultats décevants s’expliquent au moins en partie par des cohortes
folliculaires plus réduites et moins homogènes que sous protocole long, et compa-
rables à celles observées avec les protocoles antérieurs sans agoniste.
Le protocole long
Il comporte aussi des inconvénients, mais équilibrés par l’avantage décisif de
permettre d’obtenir des taux de grossesses jusque-là inconnus.
Parmi les inconvénients majeurs :
– une quantité de gonadotrophines utilisée par cycle significativement supérieure,
compte tenu notamment d’une posologie initiale plus forte nécessaire pour
réactiver sans effet flare up les ovaires mis au repos, et de doses ultérieures plus
élevées du fait de la quasi-absence de FSH endogène ;
– les effets secondaires d’une privation œstrogénique plus ou moins longue, entre
une désensibilisation ovarienne parfois rapidement obtenue, et une remontée
de l’œstradiol parfois lente sous stimulation initiale : bouffées de chaleur avec
sudations, mais aussi céphalée et nombreux symptômes divers constituant un mal
être général, souvent retenu par les patientes comme la partie la plus pénible de
leur tentative.
Les avantages sont eux aussi majeurs :
– la mise au repos préalable de l’ovaire secondaire à l’administration de l’agoniste
présente l’avantage inattendu à l’époque, et toujours aussi mal expliqué à ce
jour, de permettre le développement d’une cohorte folliculaire plus importante
et surtout plus homogène que n’importe quel autre protocole de stimulation
ovarienne : donc plus d’ovocytes, et plus d’embryons entre lesquels choisir pour
transférer ou conserver ;
– un monitorage simplifié, avec des ovaires déconnectés de l’hypophyse et ne
répondant qu’aux gonadotrophines administrées : une stimulation linéaire,
presque monotone, sans doute la plus facile à conduire de toutes, n’était-ce ce
risque permanent d’hyperstimulation ;
– des taux de grossesses significativement supérieurs à ceux de tous les autres
protocoles jusque-là utilisés, résultant des deux avantages précédents, sans
pouvoir exclure des effets collatéraux de l’agoniste lui-même, notamment sur
l’endomètre.
160 Pratique de la stimulation ovulatoire par les gonadotrophines
12 Pour toutes ces raisons, le protocole agoniste long est très vite devenu le protocole
de référence (gold standard) et quasi exclusif de la stimulation multifolliculaire
pour FIV, et le demeure encore pour de nombreuses équipes malgré l’évolution
des idées provoquée par l’apparition des antagonistes de la GnRH.
Un traitement stéroïdien
Un traitement stéroïdien au cours du cycle précédent n’augmente pas les
taux de grossesse ; en revanche, la prescription de 4 mg d’œstradiol pendant les
derniers jours du cycle précédent et jusqu’au début de l’administration de gonado-
trophines, destinée à supprimer l’augmentation intercycle du taux de FSH, permet
une certaine programmation du recueil folliculaire sans altérer les résultats [8].
12
les jours suivants, cette variation n’ayant pas d’incidence sur les taux de grossesse ;
en revanche, une chute trop prononcée ou qui ne se réduit pas rapidement consti-
tue un facteur de risque d’un recueil ovocytaire insuffisant, voire d’une ponction
« blanche », et mieux vaut alors déprogrammer le cycle.
Les deux types de protocole peuvent bien entendu se combiner, protocoles fixe
et flexible pouvant être conduits indifféremment sous antagoniste 0,25 ou 3 mg ;
aucun d’entre eux ne montre de supériorité sur les autres.
Le cycle naturel
Il consiste à ne prendre en charge le follicule qu’après son recrutement puis
sa sélection naturelle. L’administration concomitante de FSH et LH, habituelle-
ment sous la forme de 150 UI HMG, et d’un antagoniste quotidien débute dès
que le diamètre du follicule atteint 14 mm ; ce traitement permet de soutenir sa
croissance pendant les quelques jours nécessaires pour qu’il atteigne son stade de
maturité optimale sans risquer une décharge de gonadotrophines [12].
• Le chiffre indique pendant combien de jours poursuivre cette nouvelle posologie avant le contrôle
12 suivant.
• Le nombre de fourchettes d’œstradiol a été volontairement limité pour ne pas augmenter la com-
plexité du tableau ; c’est pourquoi elles doivent être considérées comme souples, et chaque taux
d’œstradiol doit être interprété à l’intérieur de sa fourchette : dans chaque case, la conduite à tenir
pour les valeurs d’œstradiol proches des limites inférieure ou supérieure doit s’inspirer aussi de
celle indiquée pour les fourchettes supérieure et inférieure respectivement.
• Le nombre de jours de stimulation indiqué avant un nouveau contrôle est le nombre de jours
souhaitables. Lorsque la patiente est dans l’impossibilité de s’y rendre, il est possible de la voir
un jour plus tôt ou un jour plus tard, éventuellement en augmentant ou en diminuant la dose de
FSH respectivement.
Il existe également des reports communs :
(1) Une croissance folliculaire plus rapide que l’augmentation du taux d’œstradiol indique souvent
une insuffisance d’effet LH : mieux vaut passer à une stimulation associant FSH et LH.
(2) Il existe un risque identifié d’hyperstimulation ovarienne à partir du moment où le taux d’œs-
tradiol atteint et dépasse 2 500 pg/ml.
(3) Une stimulation trop rapide (7 jours) est susceptible de nuire à la qualoité ovocytaire.
(4) Le déclenchement par agoniste court réduit, sans le supprimer, le risque d’hyperstimulation
ovarienne primaire.
fois pas exclu qu’une combinaison particulière convienne mieux à une patiente
donnée, et il faut toujours savoir changer.
Quel monitorage ?
Après un premier contrôle le jour de la première administration de gonado-
trophines, destiné à dépister un éventuel kyste fonctionnel ou un taux anormale-
ment élevé de progestérone, puis un second le 6e jour de stimulation, les contrôles
ultérieurs se pratiquent à deux ou trois jours d’intervalle selon l’évolution de la
stimulation : un total de quatre contrôles est généralement suffisant.
Alors qu’il est inutile en protocole agoniste, le dosage systématique de la LH est
ici nécessaire pour dépister toute éventualité d’échappement hypophysaire : si une
faible augmentation isolée du taux de LH (< 10 UI/l), immédiatement corrigée par
une injection d’antagoniste peut ne pas avoir de conséquences sur la suite de la
stimulation, une augmentation plus prononcée du taux de LH suivie de celui de
la progestérone, quelle qu’en soit la cause, doit conduire à la déprogrammation.
Le protocole antagoniste
Il se reflète évidemment en miroir :
Ses désavantages sont essentiellement représentés par :
– une cohorte folliculaire globalement plus faible et moins homogène, mais qui
reste suffisante pour assurer des taux cumulatifs de grossesse comparables, en
partie sans doute grâce à une meilleure qualité ovocytaire ;
– un monitorage tolérant mal les inexactitudes et demandant une vigilance accrue,
du moins en protocole flexible.
Ses avantages sont multiples :
– une durée de traitement plus courte, avec une quantité totale de FSH inférieure ;
La stimulation multifolliculaire 167
Il n’est pas possible de répondre directement à cette question, car il est mainte-
nant avéré que toutes les modalités de protocoles agonistes longs et antagonistes,
correctement maniés, offrent aux patientes les mêmes chances de grossesse en
FIV. Certaines patientes deviendront enceintes quel que soit le protocole utilisé ;
d’autres, au contraire, ne réussiront qu’avec un protocole plus adapté : ce n’est pas
à la patiente de se soumettre aux particularités d’un protocole, c’est au protocole de
s’adapter à la spécificité de chaque patiente. Il faut également replacer la stimulation
multifolliculaire dans son contexte, où interviennent plusieurs considérations :
– pour chaque clinicien, sa propre expérience d’un protocole donné, et qui lui est
le plus familier ;
– pour chaque patiente, l’association précise d’un type de FSH avec un type d’ana-
logue, impossible à prévoir, mais qui peut faire la différence ;
– pour la tentative en général, l’évolution de ses objectifs : les progrès parallèles de
l’embryologie ont permis la réduction du nombre d’embryons transférés dans un
effort de prévention des grossesses multiples ; dans ce contexte, l’élargissement
progressif des indications de transfert d’embryon unique sans réduction des
résultats rend désormais inutiles et donc inutilement dangereuses les cohortes
ovocytaires importantes.
Pour toutes ces raisons, c’est moins le meilleur protocole en général qu’il convient
de rechercher, que la stratégie de leur introduction dans un parcours d’infertilité.
Contrairement à la pratique de mener les quatre tentatives de FIV chez la même
patiente avec la même FSH et le même analogue selon le même protocole, mieux vaut
proposer une stratégie diversifiée qui a plus de chances de rencontrer le bon profil.
Le protocole antagoniste
Sauf cas particuliers, il représente le meilleur protocole de première intention
pour la première ou les deux premières tentatives :
– toutes les « bonnes implanteuses » sont dans ce groupe de patientes : ces femmes
deviendront enceintes rapidement, quel que soit le protocole utilisé ; de grandes
cohortes ovocytaires sont inutiles chez elles ;
– ce protocole permet des stimulations douces (friendly), laissant de moins mauvais
souvenirs que le protocole agoniste long : cette considération prend son impor-
tance lorsqu’on sait que trop de patientes à bon pronostic abandonnent la FIV
devant la pénibilité d’une démarche où la stimulation prend une grande part ;
– ce protocole est applicable quels que soient l’âge et l’état de la réserve ovarienne :
chez les patientes à plus faible potentiel folliculaire, le protocole agoniste long
168 Pratique de la stimulation ovulatoire par les gonadotrophines
12 tion commence soit 10 jours avant les règles, soit en début de stimulation, à raison
de 8-12 UI/jour, et poursuivie jusqu’au déclenchement [22].
La DéHydroÉpiAndrostérone (DHEA) à raison de 75 mg/jour en débutant 6 à
12 semaines avant la tentative serait susceptible d’améliorer la réponse ovarienne,
avec un effet cumulatif avec le temps [23]. Cet androgène d’origine à la fois
surrénalienne et ovarienne représente une pro-hormone pour la stéroïdogenèse
du follicule, notamment de la testostérone du fluide folliculaire ; son mécanisme
d’action reste toutefois hypothétique : augmentation de la synthèse de l’IGF1,
et/ou création d’un environnement hormonal intra-ovarien comparable à celui
des ovaires micropolykystiques avec leur anomalie de transition entre follicules
primordiaux et follicules primaires.
Le letrozole, anti-aromatase dénué des effets anti-œstrogéniques du citrate de
clomiphène, est doué d’un effet stimulateur de l’ovulation qui a aussi été testé
dans cette indication [24].
À noter que les trois dernières molécules n’ont pas d’AMM dans cette indication.
En choisissant le protocole
En choisissant la gonadotrophine
Conclusion
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Conclusion