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L’intelligence économique dans la guerre économique contemporaine

Définition : “L’intelligence éco consiste en la maîtrise de l’info strat pour tout acteur éco. Elle
a pour triple finalité la competitivité du tissu industriel, la sécurité de l’éco et des E/ et le
renforcement de l’influence de notre pays.” (SGDN, 2005)
L’essentiel de l’I.E pratiquée par les entreprises repose sur un cadre légal (contre-ex :
EDF/Jadot/Hacking)

I/ Avènement de l’IE

L’ancien conseiller du président Pompidou, Bernard Esambert, rédige en 1991 un ouvrage à


contre-courant de l’idéologie officielle qui prône la « fin de l’histoire » (F.Fukuyama) : La
guerre économique mondiale
En effet la guerre économique émerge à l’une des périodes les plus pacifiques du XXème
siècle.

« L’économie se globalise : la conquête des marchés et des technologies a pris la place des
anciennes conquêtes territoriales et coloniales. Nous visons désormais en état de guerre
économique. »

Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, marqué par la renaissance du SMI et


l’avènement du GATT (1947), les luttes économiques étaient circonscrites à une petite arène.
Les pays capitalistes en compétition étaient contraints par une certaine solidarité du fait de la
guerre froide.
Cet équilibre est brisé en 1991 : les alliés d’hier deviennent ennemis d’aujourd’hui au sein
d’une géoéconomie féroce, accentuée par l’intensification rapide de la mondialisation. Les
vecteurs de la puissance changent donc relativement avec une guerre économique à la
frontière entre hard et soft power.

Dans le cadre de cette guerre économique opposant des firmes et des États, on note
l’ascension des NTIC et l’affirmation d’une économie de la connaissance. Les “data”
disponibles augmentent de manière exponentielle. C’est dans ce contexte que l’intelligence
économique s’avère cruciale pour protéger, être compétitif et influencer ; ces trois critères
caractérisant l’intelligence économique à la française.

II/ Caractéristiques et objectifs

- État des lieux :


Contrairement aux États-Unis ou au Japon, la France n’a pas de culture de l’intelligence
économique et en souffrira beaucoup. Cependant elle tente de combler son retard depuis
quelques années. À ce titre, A. Juillé, nommé Haut responsable à l’Intelligence économique
en 2003 (en poste jusqu’en 2009), fera beaucoup d’efforts pour rattraper la situation. En outre,
la conscience d’une souveraineté économique accrue s’ancre de plus en plus dans l’État
français. En témoigne le décret numéro 2019-1590 du 31 decembre 2019 relatif aux
investissements etrangers en France. Le seuil de participation contrôlé par des entreprises
étrangères est abaissé de 33% a 25% et de nouveaux secteurs sont protégés (stockage de
l’énergie, technologies quantiques en particulier). Ainsi en 2020, Bercy met son véto quant au
rachat de la PME française Photonis, leader de la vision nocturme, par le géant américain
Teledyne.
Les États-Unis disposent d’outils bien plus puissants comme l’extraterritorialité juridique (cf.
https://portail-ie.fr/analysis/1720/lextraterritorialite-americaine-une-superpuissance-juridique-
de-la-lutte-contre-la-corruption-mondiale) ou d’entités stratégiques comme In-Q-Tel, le fonds
d’investissement de la CIA.

Au-delà de l’action de l’État, les firmes françaises pâtissent également d’un manque de
culture de l’intelligence économique. Par exemple les sociétés françaises consacrent dix fois
moins que leurs homologues japonaises ou britanniques à l’intelligence économique.

- Concrètement, l’intelligence économique prend différentes formes au sein de la guerre


économique.
Le cabinet le plus puissant historiquement, Kroll, fondé en 1972 aux États-Unis, a par
exemple renseigné LVMH quant aux intentions de Pinault sur Gucci.
Outre ces travaux de veille et d’investigation, il y a aussi le lobbying. Par exemple en 2007,
lors de l’ouverture des travaux de la Commission sur question des normes d’émission de CO2,
BMW, Daimler et Porsche ont menacé de procéder à des licenciements massifs en cas de
réglementation jugée défavorable, s’appuyant sur de puissants relais au sein des instances
européennes.
Enfin il existe aussi la communication d’influence, c’est-à-dire la guerre par l’information. En
effet, les méthodes pour conquérir un marché se sont diversifiées à cause du durcissement de
la compétition. Ainsi en 2007, la société Eurocopter a été victime pendant plusieurs mois
d’une campagne de dénigrement dans les médias indiens. Des insinuations sur des pratiques
de corruption ont entraîné l’annulation par les autorités indiennes d’un important contrat de
197 hélicoptères.

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