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Le Tourisme De Masse Est-Il Soluble Dans Le Tourisme Durable ?

L’incident de l'été 2017, puis de l'été 2018, ont beaucoup résonné sur l'impact du "surtourisme"
et du tourisme de masse. Les médias s'appuient sur un rejet plus ou moins prononcé du
tourisme par les habitants et même les élus de certaines villes, c'est notamment le cas à
Barcelone ou Saint-Sébastien (Espagne).

A partir du moment où l'on a supposé que tous les salariés devaient pouvoir prendre des vacances
en famille, ce qui fut le cas avec les premiers congés payés en 1936, le postulat du tourisme de
masse, par définition, s'est imposé. Certains font même remonter le phénomène aux premiers
circuits organisés, comme ceux mis en place par Thomas Cook en 1841. Si la question de la
maîtrise de l'impact touristique n'est pas nouvelle, on retiendra avec intérêt l'aménagement du
littoral aquitain par le MIACA dans les années 1970, l'intensification des flux et la densification de
certaines zones, conduisant à remettre en cause le développement touristique difficile de certaines
compte tenu de l'enjeu clé du développement durable.

Commençons par dire que des perceptions rigoureusement quantifiées de ces enjeux ne
permettent pas de contrôler les effets du tourisme de masse, voire de les exacerber. Plutôt que de
s'inspirer nécessairement des efforts de réduction de la pauvreté par le tourisme, on peut avancer
que les priorités doivent être une meilleure répartition géographique et une plus-value touristique.
Cet objectif, inscrit dans certaines politiques territoriales, est apparu dans le projet MIACA et
continue de guider l'action de certaines collectivités territoriales, comme la Nouvelle-Aquitaine ou
la Gironde, face au fait que d'une part elle est très attractive. Le littoral et certains centres urbains
ou ruraux sont également prisés, d'autre part l'arrière-pays où le tourisme est très répandu.

Pour limiter les atteintes à l'environnement, il faut d'abord essayer de limiter l'impact du tourisme
de masse par différents dispositifs et technologies, comme la réduction des consommations d'eau
et d'énergie... mais cela n'a de sens que si la pression touristique baisse. Cependant, si l'on prend
l'exemple du transport aérien, son impact global n'a pas diminué, car la récente réduction de la
consommation de carburant des avions s'est accompagnée d'une forte augmentation du trafic
aérien. Une autre façon d'aborder ces enjeux est d'inverser le problème : et si le tourisme était un
vecteur d'éducation et de sensibilisation à l'environnement ? Et si au lieu d'essayer désespérément
de bloquer le trafic, nous les canalisions et les utilisions pour sensibiliser le public à
l'environnement ?

L'une des grandes accusations portées contre le tourisme de masse et les touristes est
l'indifférence de ces derniers à l'égard de la population locale, de leur mode de vie et de leur
culture. Il convient toutefois de souligner que les acteurs locaux, décideurs publics et privés, sont
largement responsables à travers le tourisme et pas seulement pour les mascarades, le folklore ou
les formules de la Terre. L'une des réponses à cette question est la multiplication des discours et
slogans sur les thèmes du « live like a local » et de l'authenticité. Il faut ici dénoncer ce qui est une
posture, voire un imposteur, ou en tout cas ce qui est au mieux un soi-disant « produit de niche »
marketing.
Plutôt donc de se réfugier dans une pose contre les voyageurs vertueux aux touristes nuisibles. Il
est important de veiller à ce que le tourisme de masse conserve son statut de moyen par lequel la
plupart des gens profitent de leurs vacances, mais que les défis de la durabilité soient plus
activement intégrés dans les stratégies et les politiques.

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