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Grégoire de Nysse, Homélies sur le Notre Père, texte, Introduction et notes de Christian Boudignon et

Matthieu Cassin, traduction de Josette Seguin, Christian Boudignon et Matthieu Cassin, Sources
Chrétiennes 596, Les Éditions du Cerf, Paris, 2018, 570 p., ISBN 978-2-204-12971-8

En septembre 2018, un colloque international s'est tenu à Paris, consacré aux Homélies sur le
Notre Père de Grégoire de Nysse et à leur réception dans la théologie byzantine. Le présent volume en
est comme le complément, mettant à la disposition des lecteurs une version remaniée du texte grec et
une traduction française de ces homélies, le tout précédé d'une ample étude introductive.
On disposait déjà d'une édition critique de ce texte, publiée en 1992 par J. F. Callahan dans les
Gregorii Nysseni Opera. Le texte proposé par M. Cassin s'en distingue par la prise en compte des
manuscrits inconnus ou laissés de côté par Callahan, ce qui l'amène assez souvent à retenir une autre
leçon. Selon la liste donnée, le texte est différent de celui de Callahan dans 238 de cas. On a donc bien
affaire à une editio minor. L'histoire du texte et d'autres questions connexes sont discutées dans la
troisième partie de l'Introduction.
Une grande majorité des spécialistes, à commencer par J. Daniélou, ont considéré ces Homélies
comme une œuvre de la première période littéraire de Grégoire, laquelle s'achève en 380. Or, sur la
base des rapprochements thématiques et textuels avec d'autres écrits, il semble qu'elles doivent en fait
être situées dans la seconde moitié des années 380, peut-être même au début des années 390. Certains
passages montrent en effet une dépendance du Contre Eunome III (383), dont au moins deux lignes
sont reprises textuellement dans les Homélies. D'autres rapprochements avec le Contre les macédoniens
et l'Antirrhétique contre Apolinaire peuvent être relevés. En outre, les exordes des Homélies II et III
reprennent des éléments du traité sur la Vie de Moïse, que l'on date quelque temps après 385. Selon
toute vraisemblance, s'est là aussi que l'on devrait placer la rédaction des cinq Homélies sur le Notre
Père. Cette première partie de l'Introduction apporte une contribution significative à la chronologie des
œuvres de Grégoire de Nysse. Elle est suivie, dans la deuxième partie, par une analyse détaillée des
sources (Origène, pour l'essentiel) et de la structure des Homélies.
La traduction proposée est cursive et fiable. Un détail pourrait cependant attirer l'attention. On
découvre le texte de Mt 6,7 sous la forme suivante: « Quand vous priez, ne faites pas de bla-bla (μὴ
βαττολογεῖτε) comme les païens ; car ils croient qu'ils seront exaucés grâce à leur flot de paroles » .
Rendre dans le cas de ce passage biblique battologein par « faire du bla-bla », c'est sans doute une
solution ingénieuse et les raisons du choix fait sont expliquées dans une note (p. 318, n. 2). On peut
pourtant s'interroger si elle était aussi la plus appropriée. Tous les lecteurs n'en seront peut-être pas
persuadés.
Dans une Annexe, on revient sur les rapprochements possibles entre les Homélies sur le Notre
Père, la Vie de Moïse et les Homélies sur le Cantique des Cantiques. L'analyse confirme que les
Homélies sur le Notre Père semblent présupposer le traité sur la Vie de Moïse, mais précèdent la série
sur le Cantique des Cantiques, que l'on considère parmi les derniers écrits de Grégoire.

Gheorghe Ovidiu Sferlea


Université d'Oradea

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