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Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History &

Societies 

Vol. 7, n°1 | 2003


Varia

Édition électronique
URL : https://journals.openedition.org/chs/596
DOI : 10.4000/chs.596
ISSN : 1663-4837

Éditeur
Librairie Droz

Édition imprimée
Date de publication : 1 juillet 2003
ISBN : 2-600-00865-9
ISSN : 1422-0857

Référence électronique
Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003 [En ligne], mis en ligne le 23
février 2009, consulté le 23 mars 2022. URL : https://journals.openedition.org/chs/596 ; DOI : https://
doi.org/10.4000/chs.596

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© Droz
1

SOMMAIRE

Articles

The Herman Diederiks Prize Essay for 2002 / Lauréat du prix Herman
Diederiks 2002

La prostitution à Bruxelles pendant la Grande Guerre : contrôle et pratique


The Herman Diedericks Prize Essay for 2002 / Lauréat du prix Herman Diedericks 2002
Benoit Majerus

Criminological Museums and the Visualization of Evil


Susanne Regener

La criminalité de sang en Corse sous la domination génoise (fin XVIIe-début XVIIIe siècles)
Antoine Laurent Serpentini

Crime and social control in 19th century England / Crime et contrôle social
dans l’Angleterre du XIXe siècle

Three «moral entrepreneurs» and the creation of a «criminal class» in England, c.


1790s-1840s
David Philips

Self-Policing and the Policing of the Self: Violence, Protection and the Civilizing Bargain in
Britain
J. Carter Wood

Forum

Idées, institutions, usages, savoirs : l’esprit de la justice, la sagacité de l’expert, la puissance


du droit de punir
Michel Porret

Comptes rendus / Reviews

J.M. Beattie, Policing and Punishment in London, 1660-1750: Urban Crime and the
Limits of Terror
Oxford, Oxford University Press, 2001, 491 pp., ISBN 0-19-820867-7
Peter Rushton

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
2

Andreas Blauert, Eva Wiebel, Gauner- und Diebslisten. Registrieren, Identifizieren und
Fahnden im 18. Jahrhundert. Mit einem Repertorium gedruckter
südwestdeutscher, schweizerischer und österreichischer Listen sowie einem
Faksimile der Schäffer’schen oder Sulzer Liste von 1784
(Studien zu Policey und Policeywissenschaft), Frankfurt/Main, Vittorio Klostermann 2001, 367 pp., ISBN
3-465-03165-2
Peter Becker

Harald Buhlan, Werner Jung (eds.), Wessen Freund und wessen Helfer ? Die Kölner
Polizei im Nationalsozialismus
Köln, Emos Verlag, 2000, 675 pp., ISBN 3-89705-200-8 (Schriften des Dokumentationszentrums der Stadt Köln, Bd. 7).
Benoit Majerus

Louis Devance, Entre les mains de l’injustice : l’affaire Vaux et Petit (1851-1897)
Dijon, EUD, 2000, 489 pp., ISBN 2-905965-43-6
Jean-Marc Berlière

Martin Dinges, Fritz Sack (eds.), Unsichere Grosstädte? Vom Mittelalter bis zur
Postmoderne
Konstanz UVK Universitätsverlag Konstanz GmbH, 2000, 396 pp., ISBN 3-87940-652-9
Susanne Pohl

Jean-Claude Farcy, L’histoire de la justice française de la Révolution à nos jours


Paris, PUF, coll. Droit et justice, 2001, 494 pp
Guillaume Mouralis

Association française pour l’histoire de la justice, La justice des années sombres


préface de Pierre Truche, Paris, La Documentation Française, coll. Histoire de la justice, n°14, 2001, 335 pp.
Guillaume Mouralis

Eva Österberg and Sølvi Bauge Sogner (eds.), People meet the Law: Control and
Conflict – Handling in the Courts. The Nordic Countries in the post – Reformation
and pre – industrial Period
Scandinavian University Press, 2000, 301pp., ISBN 82-518-4011-2
J.A. Sharpe

Miloš Vec, Die Spur des Täters. Methoden der Identifikation in der Kriminalistik
(1879-1933)
(Juristische Zeitgeschichte. Abteilung 1, Band 12), Nomos, Baden-Baden 2002, 153 pp., ISBN 3-7890-8222-8.
Peter Becker

Informations

Livres reçus / Books received

Table des articles de Crime, Histoire et Sociétés (1997-2002)


Michel Porret

Comptes rendus publiés dans CHS / Reviews published in CHS (1997-2002)


Michel Porret

IAHCCJ Colloquium for 2004

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
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Articles

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
4

Articles

The Herman Diederiks Prize Essay


for 2002 / Lauréat du prix Herman
Diederiks 2002

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
5

La prostitution à Bruxelles pendant


la Grande Guerre : contrôle et
pratique1
The Herman Diedericks Prize Essay for 2002 / Lauréat du prix Herman
Diedericks 2002

Benoit Majerus

1 Dans l’obscurité, six femmes éclairées, lèvres rouges et chapeaux à plumes sur la tête.
Des seins lourds, des culs qui attirent l’attention et des vêtements qui dévoilent plus
qu’ils ne cachent. La scène ne laisse planer aucun doute : ce sont des prostituées qui
font le trottoir. Les six filles soumises ne sont pas particulièrement attirantes : elles
essaient de remédier à leur manque de charme par un ‘déguisement’ excessif. Si ce
groupe de femmes occupe la majeure partie de l’œuvre à droite, on observe de l’autre
côté de la rue qui coupe la gravure en deux, un personnage différent. Ses traits sont
difficilement déchiffrables; l’homme se trouve dans l’ombre. C’est un soldat. Seule la
direction des yeux est parlante : il lorgne vers une des prostituées 2.
2 Cette gravure a été réalisée en 1924 par le peintre allemand Otto Dix (1891-1969) et
porte comme titre ‘Soldat du Front à Bruxelles’. Comme beaucoup d’artistes de son
pays, Dix part en août 1914 comme volontaire à la guerre pour vivre d’une manière
immédiate (unmittelbar) ce conflit qui lui semble essentiel pour son cheminement
artistique. Contrairement à Macke qui meurt sur le front ou Beckmann qui y subit un
effondrement nerveux, Dix y restera jusqu’au moment où la révolution de novembre
1918 met fin au combat. La plupart du temps, il est engagé sur différents champs de
bataille. On peut supposer qu’il est aussi passé par Bruxelles puisqu’il est stationné en
automne 1916 et en juillet 1917 près de Langemarck et d’Ypres. Comme on le verra plus
loin, Bruxelles constitue un lieu privilégié pour les soldats stationnés sur le front de
l’ouest qui y passent leurs brefs congés, le plus connu étant sans doute Adolf Hitler.
D’après les témoignages de l’époque, celui-ci sera davantage marqué par l’architecture
de Poelaert que par la vie nocturne de Bruxelles.

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3 Il n’est guère étonnant qu’Otto Dix ait choisi de représenter cette scène. Outre les
portraits et les paysages, la vie érotique constitue un de ses sujets favoris. D’autres
contemporains, comme par exemple George Grosz, choisissent le même thème. Dans les
98 gravures qu’il fait paraître en 1924 dans le cycle ‘Der Krieg’, seules quatre œuvres
abordent la thématique de l’érotisme. Toutes traitent de la prostitution à l’arrière du
front. La reproduction en question est la plus explicite sur l’importance de l’amour
vénal pendant le conflit. Pour Dix qui veut montrer les choses comme elles sont
vraiment3, la prostitution semble être le seul loisir dont dispose le soldat pendant les
courts moments où il peut s’éloigner du front. La gravure réunit tous les éléments de la
Nouvelle Objectivité : description sans ménagement de la réalité à travers le regard
social et critique de l’artiste, représentation non pas photographique, mais condensée,
caricaturée de la réalité. L’art ne sert pas à créer des fictions, à servir une beauté idéale,
mais à souligner d’une manière réaliste le monde. Un monde gris, triste, socialement
injuste. Dans la gravure en question, un brin d’ironie confère cependant un caractère
moins pesant au tableau.
4 Otto Dix n’est pas le seul soldat-artiste pour lequel Bruxelles devient le symbole d’une
certaine idée de l’Etappenstadt comme lieu de débauche (sans que cela ait
nécessairement une connotation négative). La prostitution semble, dans cette
conception, constituer un des éléments-clés de l’expérience de l’Arrière.
5 Cette représentation artistique est née d’une réalité sociale : une demande de
prostituées renforcée par la présence d’une armée d’occupation. La problématique est
d’ailleurs encore d’actualité aujourd’hui comme l’a montré le récent débat autour des
soldats allemands au Kosovo. Jusqu’il y a peu, l’historiographie s’est peu intéressée à ce
phénomène. Récemment un ouvrage a permis de déblayer le terrain. Insa Meinen s’est
livré à une étude détaillée de l’attitude de l’armée allemande face à la prostitution en
France occupée pendant la Deuxième Guerre mondiale. Cet article tente d’analyser les
stratégies mises en place à Bruxelles par l’occupant pour contrôler la prostitution qu’il
considère comme une menace non-négligeable ainsi que de décrire le monde
prostitutionnel pendant ces quatre années. Pour la Première Guerre mondiale, les
prostituées sont en quelque sorte doublement des « Oublié[e]s de la Grande
Guerre » (Becker) : en tant que membres des populations occupées et en tant que
marginales de ces sociétés4.

I. La prostitution à Bruxelles pendant le dix-neuvième


siècle
6 Depuis l’ouvrage pionnier d’Alain Corbin consacré aux ‘filles de noce’, le phénomène
prostitutionnel a attiré l’attention des historiens européens. Ils y voient un élément
catalyseur qui permet de confronter des éléments d’histoire politique, sociale et
culturelle, ou pour se situer sur un plan plus concret, d’histoire des femmes, du droit,
de la médecine et du maintien de l’ordre. Le discours et la pratique à propos de la
prostitution révèlent souvent les conceptions sociétales d’une élite, les peurs que celle-
ci peut éprouver. En Belgique, le sujet a été partiellement balisé pour le XIX e siècle,
même si la plupart des recherches se limitent à la ville de Bruxelles 5. La prostituée en
tant que telle reste la grande absente du débat historiographique.

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7 La loi communale du 30 mars 1836 avait attribué aux seules communes la responsabilité
de la régulation de la prostitution : « Au collège des bourgmestre et échevins appartient
la surveillance des personnes et des lieux notoirement livrés à la débauche. Il prend à
cet effet les mesures propres à assurer la sûreté, la moralité et la tranquillité publiques.
Le conseil fait à ce sujet tels règlements qu’il juge utiles et nécessaires » 6. À Bruxelles,
un premier règlement entre en vigueur en 1844. Il est fortement influencé par la
pensée du théoricien du réglementarisme, Parent-Duchâtelet. Ce médecin a effectué
pendant huit ans des recherches sur la prostitution en France; ses travaux, inspirés par
le positivisme, ont constitué pour longtemps la Bible en la matière. Pour Parent-
Duchâtelet « les prostituées sont aussi inévitables, dans une agglomération d’hommes
que les égouts, les voiries et les dépôts d’immondices »; il est donc inutile de les
interdire. Si la prostitution doit être tolérée, il faut la contrôler pour minimiser les
risques. Le danger qui émane des prostituées se décline le long de deux axes : la
contagion biologique (c’est-à-dire les maladies vénériennes comme la syphilis) et la
contagion morale. Ce dernier danger est encore renforcé par une particularité de la
profession, à savoir son caractère temporaire. Les anciennes prostituées réintègrent le
plus souvent la société et risquent donc d’y répandre ces vices. Trois principes
permettent d’en réduire les effets néfastes : 1) créer un milieu clos qui contient ces
activités; 2) cet espace devra être contrôlé par l’administration; 3) le monde
prostitutionnel sera hiérarchisé. Ce programme d’apparence scientifique est influencé
par la grande ambition des Lumières : cataloguer le savoir et ainsi le maîtriser 7.
8 Le règlement bruxellois de 1844 sera repris par d’autres villes en Belgique et sera
considéré dans le monde scientifique européen comme exemplaire. Il se caractérise par
deux mots-clés apparemment contradictoires : transparence et discrétion.
Transparence du monde prostitutionnel pour les services responsables de la
surveillance : la vie de la prostituée est étroitement surveillée et les maisons de
tolérance doivent toujours être accessibles à la police et aux médecins. Discrétion dans
l’espace urbain : la fille publique n’a pas le droit d’attirer trop visiblement le regard des
clients potentiels et les ‘maisons de débauche’ sont obligées de se montrer discrètes.
9 Mais par son côté rigide, le règlement de 1844 est incapable de suivre les changements
qui bouleversent la société au XIXe siècle. Pour Alain Corbin, la destruction des anciens
quartiers abritant traditionnellement les prostituées, les problèmes de renouvellement
du personnel, l’éveil de l’opinion publique et surtout l’évolution de la demande
transforment la pratique prostitutionnelle. On assiste à un déclin de la prostitution
close, favorisée par l’administration communale car facilement contrôlable, en faveur
de la prostitution éparse, beaucoup moins saisissable. Le commissaire en chef de la
police de Bruxelles, Lenaers, propose en 1877 un règlement plus libéral par lequel il
espère pouvoir faire sortir une partie du milieu prostitutionnel de la clandestinité pour
le soumettre ainsi à un nouveau contrôle. D’après Huberty, deux conclusions
s’imposent après ce changement de cap : échec de l’hyperréglementation; l’argument
sanitaire est partiellement supplanté par l’argument moral8.
10 Pendant que les édiles de la capitale continuent à appréhender la prostitution selon le
paradigme du réglementarisme, un autre courant de pensée qui propose une véritable
révolution copernicienne, commence à prendre forme d’abord en Angleterre, puis sur
le continent. Le mouvement abolitionniste propose de supprimer toute réglementation
parce qu’elle ne produit pas les résultats escomptés et pousse les prostituées dans
l’illégalité. Pour les abolitionnistes prohibitionnistes, la prostitution n’est pas un mal

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nécessaire qu’il faut contrôler, mais un mal qu’il faut éradiquer complètement. Un
autre courant, plus libéral, s’oppose au réglementarisme au nom de la liberté des
personnes à disposer de leur corps. Les deux camps s’élèvent contre l’arbitraire et la
corruption de la police des mœurs9. Un des exemples les plus médiatisés pour soutenir
cette cause sera le scandale de la traite des blanches qui éclate en 1879 à Bruxelles et
qui se termine en 1881 après de multiples rebondissements avec la démission du
commissaire en chef. Grâce à la pression des mouvements abolitionnistes et de la
presse, un trafic de jeunes filles anglaises mineures a été révélé au grand public.
11 À la veille de la Première Guerre mondiale, la prostitution à Bruxelles reste donc
soumise à des règles qui n’ont plus vraiment changé depuis presque quarante ans et qui
sont encore marquées par l’ancien réglementarisme. En 1900, le projet du ministre de
la Justice Lejeune de criminaliser la prostitution et de confier le contrôle de celle-ci à
l’État se heurte à l’autonomie communale et est refusé. À en croire Huberty et
Keunings, le milieu des maisons closes se caractérise par son manque de dynamisme. En
1914, seuls six bordels tolérés avec 38 pensionnaires subsistent dans la capitale 10. Un
rapport de police en 1920 indique clairement que la guerre constitue une rupture au
niveau du nombre de prostituées qui semblent travailler à Bruxelles. En effet la
multiplication par deux des malades vénériennes ne s’explique pas seulement par une
hypothétique augmentation des maladies liées à la guerre, mais est aussi un indice que
le nombre total de prostituées a augmenté.
12 La prostitution n’est pas limitée au centre-ville, mais doit être considérée dans les
frontières du Grand Bruxelles, ensemble de communes qui envoient un délégué à la
Conférence des bourgmestres11. En 1910, 394 prostituées sont inscrites sur le territoire
de l’agglomération bruxelloise. La très grande majorité (87 %) figurent sur le registre en
tant que filles éparses c’est-à-dire ne travaillant pas dans des maisons closes. À côté de
la commune de Bruxelles (40 %), ce sont surtout Schaerbeek et Uccle qui rassemblent
un grand nombre de prostituées (ensemble 42 %). Malheureusement le rapport en
question ne fournit pas de chiffres pour Saint-Josse-ten-Noode, commune qui comptait
une forte communauté de prostituées12. Au XIXe siècle plusieurs personnes regrettent le
fait que les communes bruxelloises sont incapables de poursuivre une politique
d’ensemble dans ce domaine; les prostituées semblent avoir tiré profit de la non-
cohérence des différents règlements : plusieurs d’entre elles habitent les faubourgs où
il n’existe parfois pas de réglementation, mais travaillent à Bruxelles.

II. La mise en place laborieuse d’un système de


contrôle (août 1914 - février 1915)
a) Occupé et occupant : un couple qui se cherche

13 Le 20 août 1914 les troupes allemandes pénètrent dans la capitale. Le gouvernement


s’est retiré à Anvers. Le collège échevinal, avec à sa tête le bourgmestre Adolphe Max
(1869-1939), est la plus haute autorité dans la ville; c’est lui qui négocie la reddition
avec les responsables du 4e corps de l’armée allemande. Le 4 août, lorsque l’invasion de
la Belgique commence, le ministre de l’Intérieur Paul Berryer envoie une circulaire à
toutes les autorités communales du pays, dans laquelle il précise l’attitude de celles-ci
lorsqu’elles se retrouveront sous l’autorité effective de l’occupant. « Elles demeureront
donc en place et continueront à exercer leurs fonctions dans l’intérêt des habitants.

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Elles ne cesseraient ces fonctions que si l’envahisseur prétendait leur imposer des actes
qui seraient directement contraires à leurs devoirs de fidélité au Roi et au pays. (…) Les
autorités communales seront ainsi nécessairement en rapport quotidien avec les
autorités étrangères. Celles-ci, disposant du pouvoir, seront tenues de prendre toutes
les mesures qui dépendent d’elles pour assurer l’ordre et la vie publics. Les lois en
vigueur dans le pays seront appliquées; elles ne pourront être modifiées ou abrogées
qu’en cas d’empêchement absolu de les maintenir. (…) Le bourgmestre veillera avec un
soin particulier au maintien de l’ordre et de la sécurité dans sa commune. S’il était
nécessaire, il demanderait aux autorités étrangères de lui prêter main forte » 13.
14 Ces trois passages extraits d’un texte de deux pages indiquent clairement le cadre dans
lequel les collèges communaux et leurs employés peuvent coopérer avec l’autorité
ennemie. La circulaire ne laisse aucun doute quant à l’attitude à prendre une fois la
commune occupée : il s’agit de maintenir la vie administrative au niveau local; une
grève générale qui forcerait l’occupant à mettre en place un appareil administratif
complet, est exclue. La coopération, aussi longtemps qu’elle ne met pas en cause la
loyauté vis-à-vis du « gouvernement légal », est même souhaitée. Quelle aurait été la
teneur du texte si le ministre de l’Intérieur avait su que l’occupation allait durer quatre
ans ? L’esprit de la circulaire s’applique plutôt à une courte guerre pendant laquelle il
vaut mieux maintenir les structures administratives pour pouvoir reprendre le cours
des affaires après une libération pas trop lointaine. On peut contrebalancer cette
argumentation en relevant le fait que le gouvernement belge réfugié au Havre n’a
jamais rectifié le tir par la suite. Lors de la première rencontre d’Adolphe Max avec des
représentants du 4e corps d’armée, le capitaine Kriegsheim, chef de la délégation
allemande, lui demande de rester en fonction. Max ne semble jamais avoir pensé à ne
pas respecter la circulaire Berryer. Il rassure Kriegsheim en affirmant qu’il ne se
contentera pas de rester en place mais qu’il va même tout faire pour garantir la
sécurité des troupes allemandes qui traverseront et séjourneront à Bruxelles 14.
15 Pour l’armée du Kaiser, cette attitude est tout bénéfice. Aucun plan concret par rapport
à l’occupation d’un pays, d’une ville n’a été élaboré. La mise en place du Gouvernement
général se caractérise d’ailleurs par un grand chaos. Les expériences faites pendant la
guerre franco-allemande de 1870 serviront finalement d’exemple à suivre. Lorsque, par
sa proclamation du 2 septembre 1914, le premier gouverneur général, von der Goltz 15,
annonce la création d’une administration allemande, il fait l’appel suivant : « Je vous
invite à lui [gouverneur général] montrer de la confiance et à lui prêter votre concours.
J’adresse cette invitation spécialement aux fonctionnaires d’État et des communes qui
sont restés à leurs postes. Plus vous donnerez suite à cet appel, plus vous servirez votre
patrie »16. La volonté de collaborer existe donc des deux côtés.
16 Au niveau de la police dont dépend le contrôle de la prostitution, le principe de
coopération est appliqué dès le début. Comme nous l’avons vu, le bourgmestre de
Bruxelles lui confie dès le premier jour une tâche essentielle : assurer partiellement la
sécurité du passage des troupes allemandes17. Or, Max dispose d’un corps de police
fortement réduit, suite au départ de nombreux policiers en tant que soldats. Sur un
effectif originel de 803 membres, 299 soit plus d’un tiers se sont engagés dans l’armée.
La perte est surtout importante parmi les agents dont moins de la moitié reste à
Bruxelles. Le service de la police des mœurs qui fait partie de la Division Centrale a
probablement été peu (ou pas) touché. Depuis 1850, trois policiers dans chaque division
se sont spécialisés partiellement dans cette tâche. En 1877, un service spécifique

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composé d’un commissaire adjoint, d’un agent spécial et de cinq agents inspecteurs est
créé. Aucun agent inspecteur n’est parti; de même, peu de commissaires adjoints et
d’agents spéciaux ont été enrôlés18. Le bureau des mœurs a donc probablement
continué son service comme avant l’invasion. Il sera dirigé pendant toute la guerre par
Joseph Broché qui est entré en service en 1886. Un questionnaire envoyé par les
Allemands nous permet de découvrir comment le bureau des mœurs fonctionne
pendant les premiers mois de l’occupation : au début de l’année 1915, son effectif est
complet. Contrairement aux autres agents qui portent l’uniforme, le personnel porte
une tenue civile pour « favoriser une surveillance plus discrète des femmes qui se
débauchent tant sur la voie publique que dans les établissements publics ». Les sept
agents sont secondés par deux médecins qui disposent d’une station médicale
exclusivement utilisée pour la visite des prostituées. En cas de maladie, celles-ci sont
envoyées à l’hôpital St-Pierre où il existe de nouveau un quartier spécial, séparé des
autres services, pour les femmes. Elles y sont retenues jusqu’à leur guérison complète.
Les visites sont obligatoires et ont lieu deux fois par semaine. Les frais occasionnés sont
à la charge de la caisse communale. En cas de non-respect du règlement, le tribunal de
police peut infliger une amende de 5 à 25 francs et un emprisonnement de 1 à 7 jours.
En janvier 1915, 161 prostituées sont inscrites dont 114 éparses et 47 dans les maisons
de tolérance19.

b) La prostitution comme révélateur d’une difficile cohabitation


entre occupé et occupant

17 À partir du 20 août 1914, Bruxelles est envahie par des soldats et des fonctionnaires
allemands. Outre les agents de l’administration allemande qui commence à se mettre en
place, la capitale est aussi un lieu de transit vers le front grâce à son nœud ferroviaire.
Il est impossible de déterminer le nombre exact de personnes qui y habitent ou y
passent du fait de la guerre. Mais il n’est guère douteux que la demande de prostituées
ait fortement augmenté. En août 1916, plus de 21 000 soldats allemands sont stationnés
dans le Brabant dont 9 200 dans le Grand Bruxelles. Dans le gouvernement général,
Bruxelles est de loin la ville avec la plus grande population prostitutionnelle. Le
nombre de prostituées y est presque égal à celui des deuxième et troisième villes du
pays (Anvers et Liège) mises ensembles20.
18 Six jours à peine après l’entrée des troupes allemandes, le sujet apparaît déjà à la
tribune publique. Lors d’une séance du conseil communal, le conseiller socialiste
Camille Huysmans révèle la « conduite scandaleuse de certaines femmes ». La réplique
de Max est particulièrement intéressante : « le bourgmestre répond qu’il a pris des
mesures pour empêcher des faits de ce genre et qu’il a fait incarcérer plusieurs de ces
femmes. Il ajoute qu’en vue de restreindre la cause de surexcitation, il y aura lieu
d’ordonner la fermeture des cabarets à 9 heures du soir et d’interdire la vente d’alcool.
Il importe qu’aucun acte de provocation ne soit commis. Les représailles pourraient
être terribles »21. Max fait ici probablement référence à deux rafles organisées par la
police dans le centre. Les 22 et 23 août, la brigade judiciaire arrête au total 26 femmes
belges et françaises pour prostitution clandestine. Ce n’est pas la police des mœurs,
avec un effectif réduit, qui s’en est occupé, mais la brigade judiciaire qui dispose de plus
de membres et qui a une certaine expérience pour organiser des actions de plus grande
envergure. La raison principale de cette conduite énergique ne se trouve pas dans un
raisonnement moral (trahir la patrie) ou médical (risque de propagation de maladies

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vénériennes). Son intérêt principal est le maintien de l’ordre. En effet, la ‘conduite


scandaleuse’ semble avoir choqué la population. Il craint que celle-ci s’en prenne à ces
femmes et ainsi, indirectement, aussi aux soldats qu’elles accompagnent. « Les
représailles pourraient être terribles ».
19 Les mois suivants démontreront que les craintes du bourgmestre ne sont pas dénuées
de tout fondement. De nombreux rapports de police témoignent des tensions qui
naissent lorsque les soldats allemands s’amusent dans les cabarets et bars belges. La
police communale doit intervenir régulièrement pour disperser les foules qui se
rassemblent devant ces locaux. De plus, il semble que le nombre de soldats soit
supérieur pendant les semaines d’octobre et novembre 1914 par rapport à celui des
années suivantes. Face à ces militaires, les agents sont impuissants. Il y a d’ailleurs un
vrai mouvement de grogne fin 1914 parmi ceux-ci parce que leur autorité est
régulièrement mise à l’épreuve devant le public belge. Or, la police militaire allemande
en est uniquement à ses débuts; ce n’est qu’à partir de 1915 qu’elle sera répartie avec
des effectifs suffisants à travers Bruxelles. Elle ne peut donc pas encore remplir
effectivement son rôle. En octobre 1914, la maison d’une veuve située rue des Alexiens,
un des coins les plus visités par les amateurs d’amour vénal, est entourée par un public
hostile « sous le prétexte qu’elle recevait des Allemands ». La foule est dispersée une
première fois par la garde bourgeoise, police auxiliaire créée au début de l’occupation.
Quelques minutes plus tard, la veuve est agressée physiquement; l’intervention d’une
patrouille allemande la sauve. Deux heures plus tard, des individus essaient de
s’introduire dans sa maison et c’est une nouvelle fois des militaires allemands qui la
défendent. L’un d’entre eux sort même un revolver pour rétablir l’ordre. Le rapport de
police ne nous donne malheureusement pas d’indication sur le nombre de
perturbateurs ou leur origine. La veuve en question parle de « voyoux (sic) du
quartier (…) qui veulent l’ennuyer en provoquant des rassemblements devant sa
maison ». La rue des Alexiens est pendant les derniers mois de l’année 1914 le principal
lieu d’amusement des soldats allemands. Quelques semaines avant l’incident précité,
des soldats y chargent le public à la baïonnette pour ‘libérer’ un cabaret tenu par un
sujet de Guillaume II. Celui-ci provoque l’ire des habitants du quartier qui sont
cependant habitués à ces scènes de ‘débauche’, parce que l’individu accueille de
nombreux soldats ennemis23. À ce stade de la recherche, il nous est impossible de
déterminer si de tels événements sont fréquents ou non. Cet exemple indique
cependant que la prostitution ouverte avec les Allemands provoque au début de
l’occupation la vive réprobation du public. Le témoignage de la veuve, même s’il est
évident qu’elle ne va pas avouer être une prostituée, peut aussi laisser croire que le
reproche de ‘recevoir’ des Allemands peut être un prétexte pour régler d’autres
différends antérieurs à la guerre.
20 Malgré les deux rafles organisées tout au début de l’occupation et qui pourraient
présager un engagement massif et permanent de la police, la prostitution et sa
surveillance continuent de poser des problèmes aussi bien à l’intérieur de la police que
parmi la population bruxelloise. Avant la guerre, les membres des différentes divisions
ont secondé la petite équipe de la Division Centrale qui s’occupait de la prostitution. Or
les 3e et 4e divisions qui sont le plus concernées par la problématique, sont confrontées
à un manque de personnel. Ainsi un commissaire-adjoint s’en plaint le 1er octobre 1914
à Lemonnier24 tout en l’assurant de la bonne volonté de son service. Il souligne la
faiblesse numérique de son personnel qui ne permet pas d’organiser une surveillance
maximale24. Des lettres arrivent régulièrement à la maison communale dans lesquelles

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des plaintes relatives à des prostituées liées avec des Allemands sont formulées. Ainsi
les habitants de la rue aux Fleurs, située dans le quartier ‘chaud’ de la 3e division, se
plaignent de ces femmes « qui se livrent à la prostitution et qui ne marchent
exclusivement qu’avec des soldats allemands et qui font des orgies sans nombre » 25.
Plusieurs enquêtes sont effectuées suite à des dénonciations anonymes, phénomène qui
semble être particulièrement développé en temps de crise. En période de guerre, la
prostitution est encore plus fortement stigmatisée qu’en temps de paix. Elle est à
l’opposé de l’image qu’un pays en guerre se fait de lui-même. En Belgique occupée, ce
premier niveau de condamnation est doublé par le reproche de coucher avec l’ennemi.
Dans un pays coupé de son armée, le devoir patriotique est jugé particulièrement
important. Il permet de poursuivre la lutte contre l’ennemi sur le home front 26. La
prostituée apparaît dans ce contexte comme traître.

c) D’un contrôle des lieux jugé insuffisant par l’occupant...

21 Du côté allemand, la surveillance de la prostitution par les autochtones ne satisfait pas


les responsables militaires et administratifs. Dès le mois de septembre, la police
militaire intervient dans la surveillance du monde des prostituées. Celle-ci effectue des
contrôles au moins depuis la fin septembre 1914. Lors de ces patrouilles, elle se limite
cependant à contrôler les soldats allemands et ne s’occupe pas des prostituées, pour la
plupart belges. Lorsque la Kommandantur constate que des soldats sont tombés
malades, elle s’adresse à la police bruxelloise en lui demandant de faire un examen
médical. C’est le capitaine Fischer de la section XI de la Kommandantur qui est, du côté
allemand, responsable pour cette question. Je ne dispose pas de beaucoup
d’informations sur l’organisation institutionnelle de la Kommandantur et de la place
que Fischer y occupe. Les premiers mois de l’occupation, il semble être l’intermédiaire
entre les autorités communales et l’administration allemande pour la question du
maintien de l’ordre. Ses interventions ne se limitent pas à l’amour vénal, mais
concernent aussi le colportage, la circulation… Il n’y a pas à l’intérieur de la
Kommandantur de service spécifique, responsable pour les prostituées avant la
création de la Sittenpolizei (police des mœurs).
22 En novembre et décembre 1914, des premières mesures concrètes sont prises. Les six
maisons de tolérance qui existent sur le territoire de la ville de Bruxelles, sont placées
progressivement sous le contrôle particulier de la Kommandantur et mises à la
disposition exclusive des soldats allemands. Mais contrairement à ce qui se passera
pendant la Deuxième Guerre mondiale, les autorités militaires ne créent pas leur
propre réseau de bordels militaires (Wehrmachtsbordelle), en tout cas pas dans le
Gouvernement général. La situation est peut-être différente dans les zones d’étapes 27.
Ils recourent plutôt à des structures existantes sur lesquelles ils ont un droit de regard.
D’après le témoignage d’un des propriétaires, les clients habituels belges sont à ce
moment presque complètement absents de ces maisons28. Celles-ci reçoivent
l’autorisation de rester ouvertes jour et nuit. Située dans la 4e division, la rue St-
Laurent dans laquelle se trouvent quatre des six maisons, reçoit ainsi un statut
d’‘extraterritorialité’. La police bruxelloise ne peut y intervenir que sur réquisition de
la police militaire allemande29. Cette mesure est motivée par deux réalités. D’une part
de nombreux incidents éclatent entre soldats allemands et les rares Belges fréquentant
les mêmes maisons de tolérance. D’autre part, la santé des troupes commence à
inquiéter les responsables militaires. Désormais les deux mondes sont clairement

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séparés. De plus, le monde prostitutionnel est souvent perçu comme un lieu idéal pour
les espions. L’ambiance décontractée du cabaret, l’intimité qui y règne, l’alcool : tout
incite à ne plus se tenir sur ses gardes30. Le processus décisionnel semble témoigner
d’un certain respect de part et d’autre. Les responsables de la Kommandantur
expriment, début novembre, le désir de voir se créer des maisons spécifiques pour leurs
hommes. Mais ils laissent aux autorités belges, notamment au commissaire Crespin 31
qui se réunit régulièrement avec des membres de la Kommandantur, l’exécution
pratique des mesures.
23 Ces mesures partielles permettent certes de contrôler les lieux de débauche, mais
présentent toujours deux inconvénients. Les femmes qui y travaillent ne sont pas
enregistrées de manière systématique. De plus, la plupart des prostituées ne travaillent
pas dans ces maisons de tolérance. C’est cette réalité qu’entre autres Parent-Duchâtelet
avait dénoncée qui rend la surveillance particulièrement difficile. Or, les rapports de
police d’octobre et de novembre montrent que la prostitution ‘sauvage’ connaît une
véritable explosion. Les rues de Bruxelles sont ‘envahies’ par les filles publiques. Un
contrôle des lieux ne peut pas tenir compte de ces mouvements; il doit être remplacé
par un contrôle des corps mêmes.

d) ... à un contrôle du corps par l’occupant (février 1915)

24 Le 13 février 1915 le gouverneur général von Bissing crée par arrêté une police des
mœurs pour l’agglomération bruxelloise32. À peine un mois plus tard, Gerstein, le chef
de cette section, publie un nouveau règlement intitulé ‘Mesures de police relatives à la
sécurité de la santé, de l’ordre et de la décence publics’. Ce changement de cap ne
constitue pas une véritable surprise. Les signes annonçant cette intervention se sont
multipliés à partir de janvier 1915.
25 Mi-janvier, Gerstein, président de l’administration civile allemande pour la province de
Brabant, adresse une lettre à Maurice Lemonnier, le bourgmestre faisant fonction. Il
souligne le fait que seules cent « filles de joie » sont encore enregistrées à Bruxelles et
que ce nombre ne peut pas correspondre à la réalité. S’il s’intéresse à cette
problématique, c’est pour des raisons sanitaires : il constate que le nombre des
maladies sexuelles a fortement augmenté. À la fin de sa lettre, il souhaite être renseigné
sur quatre points : l’existence d’un règlement sur la prostitution, l’organisation de la
police de mœurs, le nombre des prostituées surveillées et les propositions pour
améliorer le système mis en place33.
26 Dans une lettre que von Kraewel, gouverneur militaire de Bruxelles, envoie fin janvier
1915 à Lemonnier, il propose les trois mesures suivantes : création d’un cadre législatif
qui permet une étroite collaboration entre la ville de Bruxelles et les faubourgs;
augmentation du personnel travaillant au bureau des mœurs; amélioration de
l’infrastructure médicale sous la direction (ou avec la coopération ?) du médecin Frede,
directeur du service de dermatologie et des maladies vénériennes à l’hôpital militaire,
avenue de la Couronne. Avant la guerre, Frede travaillait comme médecin de la police
des mœurs à Berlin. Si von Kraewel reconnaît que le but initial est lié aux intérêts
médico-militaires allemands, il souligne le fait qu’une réorganisation sera aussi
bénéfique pour la population locale.
27 Or, le 13 février 1915 une formule différente est mise en place. Une police composée
d’agents allemands est instaurée. Les archives conservées ne donnent pas d’indices qui

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pourraient expliquer ce changement de politique. Les autorités communales refusent-


elles de créer une structure unitaire pour toute l’agglomération bruxelloise ou faut-il
plutôt chercher la cause de cette modification du côté allemand ? Le nombre de soldats
touchés par des maladies vénériennes a-t-il pris de telles proportions que les militaires
cherchent à placer complètement ce secteur sous leur contrôle ? Dès février 1915, il y a
en tout cas des voix qui s’élèvent à l’intérieur du Reich pour mettre en garde contre les
dangers qui attendent les soldats en Belgique. La réglementation est jugée trop laxiste.
Freiherr von Schoen exige une poigne d’acier vis-à-vis de la population belge et une
discipline d’enfer [sic] parmi les troupes d’occupation pour éviter le pire. Il reproche à
von der Goltz d’avoir été trop faible pour imposer les mesures qu’on aurait dû prendre
dès le début. Il s’inquiète aussi des effets que le comportement de certains officiers à
Bruxelles pourraient avoir sur l’image de l’Allemagne à l’étranger. Moritz von Bissing,
qui a entre temps remplacé von der Goltz, peut rassurer von Schoen : les premières
mesures viennent d’être prises. Un extrait de cette lettre est particulièrement
intéressant. von Bissing y reconnaît explicitement que les officiers, après avoir vécu des
moments difficiles, ont le droit de se ‘défouler’ : la prostitution y est présentée comme
un remède à l’isolement et aux violences subies sur le front. Deux ans plus tard,
l’argumentation reste identique, mais devient encore plus directe. von Bissing a
entendu dire plusieurs fois « que des officiers du front se reposeraient vite des lourdes
impressions psychiques et physiques en goûtant à des légers divertissements à
Bruxelles ». Des limitations de la prostitution auraient donc des conséquences plus
« nocives qu’utiles ». L’instrumentalisation de la femme est poussée à son paroxysme.
Le sort des prostituées qui doivent supporter ces excès, n’est pas pris en
considération34.
28 La décision d’engager des employés allemands pour la nouvelle police est en tout cas
déjà prise fin janvier 1915. Dans une lettre du 1er février 1915, von Sandt informe le
secrétaire d’État de l’Intérieur que les polices de Berlin, Cologne et Leipzig sont prêtes à
lui fournir les hommes dont il a besoin pour le nouveau service 35. L’administration
allemande en Belgique a cette fois-ci mieux préparé le terrain que lors de la création de
la police politique à l’automne 1914. À ce moment les autorités berlinoises avaient
tergiversé en affirmant qu’il n’y avait pas de personnel disponible. Cette fois, la
demande de création d’un nouveau service n’est adressée aux autorités impériales qu’à
partir du moment où il est clair que le problème des effectifs ne se posera pas.
29 La Sittenpolizei est une institution dépendant directement du chef de l’administration
civile. À sa tête se trouve Gerstein. Avant la guerre, il était président de la police à
Bochum. Une ordonnance de police affichée le 13 février proclame que « [l]es femmes
se livrant par profession à la prostitution sont placées sous le contrôle de [cette]
police ». Elle fait aussi référence à un nouveau règlement qui n’apparaîtra qu’un mois
plus tard36. Pendant ce mois le nouveau service n’est d’ailleurs pas encore
opérationnel : il est dépourvu d’un local et des réunions préparatoires semblent encore
avoir eu lieu entre les autorités allemandes et belges. Gerstein propose aux seize
communes concernées de former un comité composé de trois personnes « de
préférence parlant allemand [afin de] m’entendre avec ceux-ci pour discuter les frais
d’organisation et d’entretien »37. Ce n’est que le 3 avril que Friedberg, qui est le vice-
président de l’administration civile du Brabant, peut informer Lemonnier que la
Sittenpolizei est entrée en fonction. Dans les mois suivant son instauration dans la
capitale, le même système est institué à travers toute la Belgique. Le fonctionnement à

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Bruxelles semble être considéré comme exemplaire. Tous les agents doivent d’abord y
effectuer un stage avant de partir à Anvers, Liège ou Mons38.
30 Le nouveau règlement a une composante essentiellement médicale. Il s’applique « dans
le district de police de l’agglomération bruxelloise, aux femmes s’adonnant par
profession à la prostitution ». Cette nouvelle mesure est instaurée « par raison
d’hygiène » et la police exerce essentiellement un « contrôle sanitaire ». Les quatre
premiers articles règlent la visite médicale. Celle-ci se déroule à l’hôpital de Saint-Gilles
et ne peut pas être refusée. En deuxième lieu, le comportement des prostituées en
public est réglementé : défense d’avoir une « tenue provocante », défense d’habiter
près d’une école, d’une église… Finalement les prostituées sont munies d’un carnet de
contrôle qui permet leur mise en fiches. Elles doivent toujours l’avoir sur elles pour
pouvoir « l’exhiber à la réquisition des fonctionnaires de police ». Les frais sont à
supporter par les seize communes, proportionnellement à leur nombre d’habitants 39.
D’après le Berliner Tageblatt, le règlement s’inspire essentiellement de la réglementation
en cours à Leipzig et Berlin. À la fin du XIXe siècle, le néo-réglementarisme était né en
opposition au mouvement abolitionniste. Ce mouvement prône un renforcement du
contrôle de la prostitution, non plus tellement à cause de la crainte d’une contagion
morale mais par peur d’une contagion biologique. Ce courant, surtout défendu par des
médecins, avait influencé la législation prussienne au début du XX e siècle40. Le texte de
mars 1915 s’inscrit dans ce cadre. La prostitution n’est pas nécessairement contrôlée
parce qu’elle incite à la débauche; pour l’armée en tant qu’institution ce n’est pas un
phénomène nouveau. La prostitution constitue presque un élément constitutif du
milieu qui se crée lors de la présence d’un grand nombre de soldats. Par contre, la
contamination et l’immobilisation des militaires qui s’en suit, sont particulièrement
nocives pour le bon fonctionnement de l’institution : il faut donc limiter le risque au
maximum par un contrôle médical effectif qui ne soit cependant pas trop étroit pour ne
pas faire fuir les femmes et créer une trop importante prostitution clandestine. Les
prostituées restent des marginales, mais à l’intérieur et non pas à l’extérieur du système.
C’est dans le dernier cas qu’elles constituent un véritable ‘danger’.
31 La création de la Sittenpolizei et la réforme du règlement provoquent une réaction tant
des autorités communales que des agents bruxellois concernés. Les autorités
allemandes se montrent d’ailleurs étonnées de cette résistance, surtout qu’à Anvers la
mesure a été bien accueillie41. Les seize communes de l’agglomération bruxelloise
formulent leurs réserves sur deux plans. Le premier est d’ordre juridique. À ce moment,
au début mars, elles espèrent encore pouvoir modifier la nature du nouveau système.
La compétence de réglementer la prostitution est attribuée par une loi belge aux
collèges échevinaux; d’après ceux-ci, les Allemands n’auraient pas le droit d’agir sans
leur accord. Ensuite, ce ne sont plus les tribunaux belges qui statuent en cas de
contravention. L’ordonnance du 13 février énumère seulement les amendes qui
semblent être imposées par l’autorité allemande; il n’y aurait aucune possibilité de
recours42. Mais cette argumentation n’est pas valable pour Gerstein : « Après que la
force légale est passée de fait aux mains de la puissance allemande dans les territoires
occupés de la Belgique, cette Puissance a, suivant l’article 43 de la convention de la
Haye sur la Guerre sur Terre, le droit et l’obligation de veiller au maintien de l’ordre
public. Les arrêtés donnés par Mr. le Gouverneur Général, en qualité de porteur
(représentant) de la force allemande, ont force de loi » 43. Cette ligne de défense
allemande sera appliquée pendant toute la guerre dans différents domaines. Un mois
plus tard, lorsqu’il est clair que les Allemands ne vont pas revenir sur leur décision,

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Lemonnier essaie de limiter les engagements financiers que le nouveau système


entraîne pour les budgets communaux. Il demande à Gerstein de réduire
considérablement les effectifs qui se composent d’une part des personnes engagées
dans l’hôpital Molière et d’autre part des agents engagés par la police des mœurs
allemande. Surtout ce dernier service lui semble démesuré44. Comme nous allons le
voir, l’administration civile allemande ne va nullement tenir compte de ces remarques.
32 Le bureau des mœurs bruxellois écrit déjà avant l’introduction de la Sittenpolizei que
« [t]oute organisation est perfectible, mais [que] les mesures existantes paraissent
suffisantes ». La montée en flèche du nombre des prostituées est due non pas à un
‘dysfonctionnement’ du bureau des mœurs mais « au manque de travail » de larges
couches de la société belge45. Par la suite, les agents se plaignent surtout du fait que le
nouveau règlement donne trop de libertés aux prostituées. Celles-ci sont autorisées à
fréquenter les cabarets. De plus, elles peuvent habiter à plusieurs dans un appartement
ce qui facilite le vol à l’entôlage, ces femmes « formant une véritable toile d’araignée où
viennent se prendre les particuliers tentés par les charmes de ces drôlesses » 46.
Finalement le caractère amoral du règlement semble choquer des membres du bureau
des mœurs; dans un rapport on peut lire que de « temps immémorial, la police des
mœurs a toujours cherché à détourner de la prostitution les filles et femmes, tant
cartées que clandestines »47.
33 En mars 1915, von Bissing confère avec des représentants de sociétés d’assurances
allemandes qui lui font des propositions pour lutter contre les maladies vénériennes 48.
En octobre de cette même année, une conférence est organisée à Bruxelles où se
réunissent une cinquantaine de hauts fonctionnaires et médecins venant d’Allemagne
et des territoires occupés à l’ouest. Il s’agit de faire un bilan provisoire de la nouvelle
réglementation. Bruxelles semble d’ailleurs être considérée comme un lieu
particulièrement approprié pour discuter de la problématique. En mars 1917, 200
aumôniers du front de l’ouest se réunissent dans la capitale pour débattre des
implications religieuses de la prostitution49. À la conférence du 8 octobre 1915 quatre
sujets se dégagent. D’abord, les mesures réalisées à Bruxelles jusqu’à cette date sont
considérées comme exemplaires pour les autres parties de la Belgique. Les
représentants d’autres villes se plaignent d’ailleurs du manque de moyens par rapport
à Bruxelles. Pour certains des participants, la capitale est même considérée comme un
laboratoire d’expérimentation dont les résultats pourraient plus tard être aussi
appliqués en Allemagne. Ceci rejoint un deuxième point. Une partie des orateurs
prônent l’introduction de la déclaration obligatoire en cas de maladie par le médecin
et/ou la personne malade. En Allemagne, cette mesure n’a pas été votée lors des
réformes législatives au début du XXe siècle. Elle est maintenant exigée notamment par
les autorités militaires comme Sauberzweig, gouverneur militaire de Bruxelles. Pour les
défenseurs de cette mesure, le nouveau caractère de la guerre permet cet empiètement.
Dans une guerre totale, les pouvoirs de l’État deviennent illimités. Les autorités
médicales pourront ainsi ‘tester’ cette réglementation pour voir si le nombre de
malades vénériens diminue50. Une troisième remarque concerne les stéréotypes qui
déterminent l’image que les autorités allemandes ont de la Belgique. Pour eux, le pays
se caractérise par un laisser-aller particulièrement dangereux dans ce domaine. Les
maladies vénériennes y seraient particulièrement répandues. Depuis l’affaire de la
traite des blanches (1879-1881) qui a eu un retentissement international, Bruxelles
apparaît comme un lieu de débauche, renforcé par la proximité de Paris. L’occupant
aurait donc une ‘mission civilisatrice’ dans un pays qui se caractériserait par un certain

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retard dans sa politique médicale51. Le caractère ‘missionnaire’ de l’occupation


témoigne d’un certain sentiment de supériorité ambiant parmi les fonctionnaires
allemands. Finalement tous sont aussi d’accord pour souligner que le travail doit être
fait en coopération avec les autorités du Gross-Brüssel, pour reprendre leurs termes.
34 Même si l’autorité occupante n’installe jamais une structure institutionnelle
comparable à celle du Grand Bruxelles pendant la Deuxième Guerre mondiale, elle
conçoit tous les problèmes sous un point de vue global et ne tient pas compte des
différences qui existent entre les 16 communes de l’agglomération. La ville de Bruxelles
acquiert très vite un rôle prépondérant grâce à son administration qui doit centraliser
une grande partie de la communication entre les faubourgs et l’administration
régionale allemande. Un agent-inspecteur belge a assisté à la conférence (en tant
qu’observateur ?). La seule mesure concrète qu’il peut rapporter au bourgmestre est
l’envoi d’un questionnaire destiné aux communes bruxelloises et qui reprend d’une
manière plus détaillée les questions que Gerstein a adressées à Lemonnier 52.

III. Le milieu prostitutionnel : un monde mouvant


a) Esquisse sociologique53

35 Comme je l’ai déjà souligné, la grande absente des travaux en Belgique sur la
prostitution est la prostituée. On ne dispose donc que de peu de chiffres de
comparaison. Les données que je présenterai sont elles-mêmes à utiliser avec beaucoup
de prudence. Les dossiers des filles contrôlées n’ont malheureusement pas été
conservés. À la base de notre banque de données se trouve une liste de 511 femmes,
établie par les Allemands au milieu de 1915. Elle reprend les prostituées qui se trouvent
à ce moment sous contrôle médical54. Au fil de nos recherches, des données sur 250
autres ‘filles publiques’ ont été ajoutées55. L’échantillonnage reste néanmoins biaisé; il
reflète d’abord la situation en 1915, c’est-à-dire au début de l’instauration de la
surveillance allemande. Cette banque de données ne permet pas non plus d’observer
des évolutions au cours des quatre années. De plus, de nombreuses catégories y sont
probablement peu représentées comme les prostituées clandestines (par définition), les
demi-mondaines, les femmes galantes, les femmes de théâtre… J’estime cependant que
les résultats restent intéressants en tant que premières données – avec leur part
d’incertitude – sur un monde difficilement saisissable. Aux travaux suivants de les
affiner et, le cas échéant, de les corriger.

Tableau 1 – Prostituées enregistrées56

avril 1915 juillet 1915 octobre 1915 juillet 1917

Grand Bruxelles 556 836 1160

Grand Bruxelles et Louvain 3855

36 Il est impossible d’évaluer le nombre exact de femmes qui se sont livrées à la


prostitution pendant la Première Guerre mondiale. La prostitution se caractérisant en
partie par son côté clandestin, les chiffres ‘officiels’ ne représentent qu’un aspect de la

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réalité. Néanmoins, la hausse est réelle : entre avril et octobre 1915, le nombre de filles
publiques double. Deux ans plus tard, il a encore au moins une fois doublé, Louvain ne
pouvant pas être considéré comme un haut lieu de la prostitution. La multiplication par
quatre n’est pas uniquement due à un contrôle renforcé; elle témoigne aussi de la forte
croissance du nombre des prostituées.

Graphique 1 – Répartition par date de naissance (n = 706)

37 Les résultats sont à première vue contradictoires. Il y a d’un côté la relative jeunesse
qui est un des faits marquants de la pyramide d’âge. La grande majorité des prostituées
ont moins de 25 ans en 1916. La plus jeune est née en 1907 (10 ans en 1917 !). Le Naour
relève aussi un rajeunissement conséquent des prostituées parisiennes au début de la
guerre. Cette réalité s’explique entre autres par le bouleversement qu’entraîne le
conflit. Les règles qui régissent la vie sociale et donc aussi la sexualité sont mises en
question : quitter le cocon familial devient plus facile. Mais vu le chômage très répandu,
les jeunes femmes qui décident de quitter leur environnement traditionnel, ont moins
de possibilité de trouver un emploi susceptible de construire leur propre vie. D’un autre
côté la moyenne d’âge (31 ans) est plus élevée que celle que Sophie De Schaepdrijver a
relevée pour le dernier quart du XIXe siècle (25 ans) 57. Mais son échantillon contient
seulement des femmes en maison de tolérance, et non pas des « éparses » qui en
général sont moins jeunes. Une autre explication à cette moyenne est la présence
particulièrement élevée de femmes mariées. Le taux de prostituées mariées (un
huitième; n = 589) est deux fois plus élevé que celui déterminé par Corbin. Nous
sommes probablement face à un caractère spécifique de la ‘prostitution de guerre’, la
précarité poussant les femmes à vendre leur corps. Ceci constitue un des seuls indices
dont on dispose pour voir d’où viennent les nouvelles prostituées. Dans le chapitre
suivant, je vais revenir sur cette problématique. Ce dernier phénomène semble aussi
avoir brouillé le comportement de la police des mœurs. Avant la guerre, la prostituée
était facilement reconnaissable; pendant la guerre, il devient plus difficile de cibler les
femmes potentiellement prostituées ce qui conduit parfois à l’arrestation par erreur de
femmes « honorables et mariées ». Ceci fut déjà un des arguments les plus médiatisés
contre la police des mœurs au XIXe siècle; et il n’est pas non plus absent du discours
contre celle-ci pendant la guerre58.

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Graphique 2 – Lieu de naissance (n = 477)

38 Pendant l’occupation, une très grande partie des prostituées viennent de


l’agglomération bruxelloise. La France est la deuxième ‘province’. Depuis la guerre
franco-allemande en 1870, de nombreuses prostituées se sont installées à Bruxelles. De
plus, la communauté française est de loin la plus importante parmi les communautés
étrangères résidant dans la capitale. Avant la guerre, les prostituées françaises
représentent 10 % de la population prostitutionnelle. Pendant l’occupation, elles sont
soumises à un contrôle spécifique à cause de leur appartenance à une nation en guerre
avec l’Allemagne. Grâce aux listes établies mois par mois pendant toute la guerre, on
voit que leur nombre double à partir de mi-février 1917, lorsque la Belgique, et
Bruxelles en particulier, accueillent de nombreux réfugiés français dont la situation
socio-économique se caractérise par une extrême précarité59. Le pourcentage
d’Allemandes (1,98 %), plus faible qu’au XIXe siècle, indique qu’il n’y a pas eu une
‘importation’ de prostituées d’outre-Rhin pour satisfaire les ‘besoins’ de leurs
compatriotes. Ces résultats nous permettent de dégager une autre spécificité de la
prostitution de guerre : un recrutement géographique plus réduit. Dans l’étude de
Sophie De Schaepdrijver seulement 13 % des prostituées venaient du Brabant, pendant
la guerre ce pourcentage est supérieur à 50 %. Ceci n’est d’ailleurs pas étonnant, la
croissance de l’agglomération bruxelloise au XIXe étant largement soutenue par une
immigration des autres provinces belges et de l’étranger. Les résultats de Corbin, cette
fois pour la France au XIXe siècle, témoignent aussi de la grande mobilité des
prostituées. À Paris, le chiffre des indigènes est de 27 % entre 1880-1886. L’occupant a
fortement réduit la mobilité entre régions pour mieux contrôler la population. Il est
fort probable que l’augmentation du nombre des prostituées pendant la guerre soit
essentiellement alimentée par des femmes issues du Grand Bruxelles.
39 La répartition dans l’agglomération bruxelloise, en se basant sur l’adresse des
prostituées, donne l’implantation géographique du phénomène, même s’il faut garder
en mémoire que le lieu d’habitation n’est pas nécessairement identique à celui du
travail; de nombreuses prostituées gagnent leur vie à Bruxelles, mais habitent les
faubourgs. La capitale reste de loin la commune la plus prisée (46 %, n = 376), suivie par
Schaerbeek et Saint-Josse-ten-Noode. Ce qui est étonnant c’est qu’Uccle qui occupait
une place importante avant la guerre, semble avoir perdu de l’importance. À l’intérieur
de Bruxelles, trois des sept divisions de police (la 2e, la 3e et la 4e) rassemblent 95 % (n
= 289) des prostituées. Au centre de Bruxelles, la 2e division se caractérise par un relatif
éparpillement. Trois rues retiennent l’attention : la rue de la Chaufferette, celle de la
Gouttière et celle des Alexiens. Au nord du Pentagone, dans la 3e division, la

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prostitution se concentre entre l’actuel boulevard Émile Jacqmain et la rue de Laeken


avec la rue St-Roch comme centre. La 4e division où habite presque la moitié des
femmes, présente de nouveau une répartition plus dispersée. C’est dans cette division
qu’est située la voie publique la plus ‘mal famée’, la rue St-Laurent. Un quart des
prostituées y habitent. Les rues Vander Elst et St-Pierre sont d’autres endroits où on
peut observer une concentration de filles publiques. Il semble qu’il s’agit des mêmes
quartiers qui, déjà avant la guerre, attiraient le milieu prostitutionnel.

b) La pratique prostitutionnelle

40 La ‘succursale de Paris’, comme Bruxelles est appelée par les militaires allemands, est la
plus grande ville occupée sur le front ouest. À côté de l’appareil administratif du
Gouvernement général, composé essentiellement d’hommes, ce sont surtout les soldats
venant du front qui remplissent le soir les rues de la ville. Laissons un journaliste
hongrois raconter leur arrivée à la Gare du Nord : « Most of the men have just arrived
from the Front, and on their way they’re staying for a few hours in this fine city of
Brussels. They stroll along the streets and do all the sightseeing they can, so that when
they arrive home they may have something else to speak of than the horrors of the
trenches. And, of course, one great feature of their stay here is the buying of keepsakes
for ‘mother and the kiddies’. Money is fairly plentiful among them, as for many weeks
passed in the firing-line they have been unable to spend a penny » 60. Mais ils ne
cherchent pas uniquement des articles de souvenir et des histoires à raconter à la
maison.
41 Dès leur arrivée en ville, les soldats sont en effet entourés par des proxénètes qui
essaient de les convaincre des avantages de ‘leurs’ filles. Les autorités allemandes se
plaignent régulièrement de ces ‘souteneurs’ à la police belge. En septembre 1916,
Gerstein propose même de régler le racolage. S’il en reconnaît la nécessité, il propose
de confier à quelques personnes particulièrement dignes de confiance, l’autorisation de
conduire les soldats dans les quartiers. Ceux-ci porteraient un brassard spécifique, un
signe qui garantirait la ‘qualité’ de leur service. Ce projet ne semble cependant pas
avoir été mis à exécution61. Ces hommes disposent le plus souvent de petites affiches
publicitaires et parfois même de photos pour vanter la ‘marchandise’. Sur une de ces
photos62, l’aspect marchand apparaît clairement. On y voit une femme nue, de face, qui
masturbe un homme également entièrement nu. Il s’agit d’une photo posée : le décor
est celui d’un studio de photographie; la femme dont les cheveux sont soigneusement
coiffés, est photographiée de telle sorte que son corps soit bien visible. La photo frappe
par son côté ‘froid’ : il ne s’agit pas d’une mise en scène particulièrement érotique; le
‘client’ potentiel doit être capable de se faire une image des qualités physiques de la
prostituée. D’autres prostituées n’emploient pas d’intermédiaire, mais se promènent
sur la place Rogier située devant la gare du Nord ou sur le boulevard et la rue Neuve,
non loin de ce nœud ferroviaire.
42 Comment reconnaît-on une prostituée ? Le soldat, arrivé dans les quartiers ‘chauds’,
peut facilement la repérer par son habitus particulier qui la distingue clairement du
reste de la société. Les rapports de police sont particulièrement intéressants à ce
niveau. Les agents se basent essentiellement sur deux critères pour savoir s’ils se
trouvent en face de prostituées : leur apparence physique et leur comportement.
Portant « des toilettes voyantes », elles se promènent « très décolletées », « habillées

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d’un vêtement très léger », « les cheveux sur le dos ». Mais ce ne sont pas seulement ces
indices purement ‘physiques’ qui les distinguent. « Leur attitude » montre « clairement
qu’il s’agit là de filles qui se livrent clandestinement à la prostitution ». Quelle est cette
attitude ? Elles « fixaient des militaires allemands », « fumaient la cigarette », se
tiennent assises sur le seuil de leur maison « les jambes étendues sur le trottoir »,
« frappaient sur les carreaux de vitre » pour attirer l’attention des passants 63. Le XIXe
siècle se caractérise par une forte ‘disciplinisation’ du corps (surtout féminin) dans
toutes les couches sociales. Les gestes permis et interdits sont de plus en plus codifiés,
même par écrit. Les livres de savoir-vivre se multiplient. Le processus de la
« sexualisation des standards moraux » (Lorenz) est aboutie. Le corps disparaît
définitivement sous une épaisse couche de vêtements. Cette ‘tabouisation’ est
particulièrement forte dans la vie privée64. Or, comme le montrent les quelques extraits
cités, la prostituée brise justement ces règles. Elle se marginalise elle-même – pour
devenir reconnaissable – en exécutant des gestes qui ne correspondent pas aux codes
établis. Même le fait de fumer en public est à ce moment encore tellement sexué qu’il
est souvent un premier indice avancé par les agents de police pour justifier leur
intervention.
43 Les archives sont peu parlantes en ce qui concerne la prostitution qui se déroule dans
les maisons closes; la vie quotidienne des filles de rues est mieux documentée. Même si
le soir et la nuit sont les périodes où la demande est la plus forte, l’activité
prostitutionnelle ne se limite pas à ces heures. Une fois un accord conclu, la prostituée
emmène son client dans son petit appartement ou dans une maison de passe où le
client loue alors une chambre. Parfois l’acte se déroule dans la rue même. Les prix
varient entre 2 et 6 marks, le prix d’une chambre entre 2 et 3 marks. Les officiers
allemands par contre paient entre 20 et 50 marks. À Bruxelles, il n’y a pas de bordels
réservés exclusivement aux officiers. Mais d’un autre côté, il est évident que vus les
prix demandés dans certains bars, une certaine séparation sociale s’installe. Les
prostituées ne semblent pas se spécialiser toutes selon la hiérarchie sociale de leurs
clients. Elles adaptent simplement leur prix. Une prostituée fait parfois jusqu’à six
passes par nuit. Dans les rares témoignages qui nous sont parvenus (procès-verbaux
lors de vols à l’entôlage) l’acte se déroule toujours de la même façon : la femme et
l’homme se déshabillent séparément, l’acte sexuel se déroule alors très vite : après
15-20 minutes le client quitte la chambre.
44 Pour échapper au contrôle policier et à la stricte réglementation des débits de boissons,
le phénomène des clubs privés connaît une véritable explosion. Pour illustrer leur
fonctionnement, j’ai choisi un cas sur lequel la documentation est un peu plus riche :
situé au centre de Bruxelles, ce cercle présente une façade tout à fait honorable. Les
statuts annoncent que le but « est de grouper tous ceux qui veulent s’occuper d’arts,
littérature, musique, peinture, etc. »; le tout est chapeauté par un conseil
d’administration. En fait, il s’agit d’un lieu de rendez-vous pour « un certain nombre de
femmes de mœurs faciles, des joueurs et des gens qui cherchent à s’amuser ». Il ouvre
ses portes lorsque les théâtres et autres établissements publics doivent fermer. Une
liste de gens le fréquentant nous montre qu’il est aussi un lieu de sociabilité des élites
urbaines. Tenu par une personne qui dirige la Spitzenzentrale 65, on y rencontre aussi
bien des négociants, des avocats, des entrepreneurs, des commerçants, un substitut du
procureur du roi ou un vice-consul de Hollande que des Allemands. Vu la grande
influence du propriétaire à l’intérieur de l’administration occupante, même la police
allemande semble impuissante66. Rares sont les cas où nous disposons d’une

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documentation aussi précise. Néanmoins, ce monde interlope est un lieu de rencontre


potentiel aussi bien entre l’occupant et l’occupé qu’entre les anciennes et les nouvelles
élites belges (Zweepbarone67).
45 Comment se passe l’entrée dans la prostitution ? Dans le chapitre précédent, j’ai relevé
deux faits à savoir la jeunesse des prostituées bruxelloises et la précarité, qui sont des
ébauches de réponse. La débauche de mineures semble être assez répandue. Des
‘maisons’ spécialisées et connues des militaires se créent rapidement. La ‘première
fois’, les jeunes filles sont parfois accompagnées par une de leurs copines habituée
depuis plus longtemps à ce genre de métier. Ce premier acte sexuel se passe souvent
d’une manière douloureuse; les filles, âgées en moyenne de 15 ans, ne peuvent pas (ou
ne veulent pas) nommer ce qui leur arrive. Le non-dit est encore renforcé par le
mutisme de la société auquel elles se heurtent lorsqu’elles veulent témoigner ce
qu’elles ont vécu. La déposition d’une fille âgée de 14 ans semble être symptomatique :
« il m’a prise dans ses bras et mise sur le bord du lit; malgré que je me débattais et le
priais de ne rien faire, il a retiré son affaire de son pantalon m’a ouvert de forces mes
jambes et a introduit quelque chose dans mes parties sexuelles, il a fait de sales choses
et lui disant qu’il me faisait mal, il s’est retiré. (...) J’ai parlé de cette affaire à mon
institutrice Madame Hermans, qui m’a conseillé d’oublier le passé, de bien me conduire
à l’avenir »68. Particulièrement les jeunes prostituées sont parfois tenues en ‘esclavage’ :
« Nous sommes allées prendre un café que Triboulet a payé. Au cours d’une
conversation, Triboulet m’a invitée à aller habiter chez elle (…) pour aller avec des
hommes. J’ai quitté ma mère et je suis allée chez Triboulet où j’occupais une petite
chambre (…) elle procurait des hommes à qui je me livrais moyennant 3 à 6 marks que
je remettais à Triboulet. Elle payait ma chambre et me donnait la nourriture » 69. Cette
fille de 14 ans a peu de chances d’échapper à cet univers : sans argent propre, sans
autre contact social que la femme Triboulet, elle devient complètement dépendante de
celle-ci.
46 En période de guerre, la misère, la faim, mais aussi le relâchement de l’autorité
familiale poussent beaucoup de jeunes à sortir de leur environnement traditionnel.
L’absence éventuelle du père, l’incapacité des parents à subvenir encore aux besoins de
leurs enfants poussent ceux-ci à chercher d’autres repères70. Les jeunes femmes qui
quittent leur cadre familial à cause de disputes, arrivent en ville sans savoir où dormir
ni quoi faire. Une fille de 14 ans qui s’enfuit de chez elle, en témoigne : « ne sachant pas
où aller, j’ai mendié pendant trois nuits. Le soir j’allais dormir dans une charrette (...) Il
y a huit jours, j’ai rencontré à la Porte de Louise, un vieil homme qui m’a demandé de
l’accompagner. Il m’a promis de me rendre heureuse (...) Il m’a donné à manger et je
suis restée avec lui pour dormir avec lui dans le même lit. Pendant la nuit il voulait
m’utiliser (sic !) »71. Souvent c’est aussi l’amoureux de la fille (en fait un souteneur) qui
lui fait abandonner le toit familial et la force ensuite à se prostituer. Dans ce cas de
figure, les parents s’adressent parfois à la police en portant plainte. Le fait d’avoir un
‘bouc émissaire’ semble faciliter l’appel à cette institution pour régler un problème
qu’on préfère souvent résoudre à l’intérieur de la famille72. Le maquereau n’apparaît
dans les rapports de police que lors de faits de violence. Ces quelques procès-verbaux
ne permettent ni une analyse précise de son origine sociale, ni une description de ses
rapports avec la prostituée. À la lecture des archives, il ne faut cependant pas tomber
dans une attitude trop réductrice. L’acte sexuel et la prostitution ne sont pas toujours
perçus comme traumatisants. Une jeune fille de quinze ans affirme que la « maison
Debeu est très connue parmi les jeunes filles de mon âge (…) pour pouvoir y obtenir des

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chambres à l’effet de s’y amuser »73. Certes, ces quelques exemples ne sont pas
forcément représentatifs de l’entrée dans le monde prostitutionnel. Ils permettent
cependant d’aborder un sujet, les pratiques sexuelles, sans « se couvrir de la tunique de
Noé (…) L’histoire sexologique (…) doit être une histoire du désir, du plaisir et de la
misère sexuelle »74. Le discours aseptisé de l’historien enlève souvent ces composantes
essentielles de la prostitution.
47 Une caricature de Stadler publiée dans le livre de Hirschfeld montre une autre réalité
de la prostitution en temps de guerre75. En échange d’un pain, une femme se laisse
tapoter les seins par un soldat d’apparence plutôt désagréable mais bien nourri. C’est la
précarité qui est régulièrement évoquée dans la littérature contemporaine comme
cause première de la prostitution. Le chômage, la cherté et la rareté des produits
alimentaires sont des réalités. Entre juillet 1914 et septembre 1918, le prix d’un œuf a
été multiplié par quatorze, celui d’un kilo de farine par trente, celui d’une chemise par
douze. Aussi bien les observateurs étrangers que les Belges partagent une pensée que le
docteur Bayet, néoréglementariste actif avant la guerre, résume ainsi : « Cela ne me
paraît pas étonnant, pour moi qui sais que la misère crée la syphilis. La misère n’est
jamais assez générale pour qu’il n’y en ait pas qui aient de l’argent alors que d’autres
ont faim. Dans ces conditions, la femme qui a faim se vend. Cela se voit en temps de
paix, a fortiori en temps de guerre et c’est ce genre de femmes qui, à beaucoup près, est
le plus dangereux »76. Les archives semblent confirmer cette opinion, même si les
exemples concrets sont plutôt rares. Ainsi une servante de Nivelles qui est licenciée
après avoir travaillé pendant trois semaines, se retrouve – au sens littéral du terme – à
la rue. Ne dénichant pas un autre emploi, elle est réduite à se prostituer 77.
48 Les prostituées sont aussi vecteurs de pratiques qui semblent avoir été peu fréquentes
en Belgique avant-guerre : la consommation de cocaïne. Contrairement à la police belge
qui pendant longtemps refuse de consacrer du personnel dans la lutte contre cette
drogue, les autorités allemandes s’en préoccupent très vite. Elles en craignent les effets
sur l’élite de leur armée. Vu son prix, la ‘gueuse blanche’ semble particulièrement
répandue parmi leurs officiers et leurs hauts fonctionnaires. La forte communauté
d’artistes allemands d’avant-garde n’y est probablement pas étrangère. Le poète
allemand Gottfried Benn, travaillant à Bruxelles comme médecin militaire, semble en
tout cas y avoir consacré une partie de son temps et de son argent afin de ne pas trop
s’ennuyer à l’arrière du front. Ce sont les prostituées ou leur souteneur qui en assurent
la distribution. Outre son aspect prétendument aphrodisiaque (hypersensibilité des
sens), la poudre blanche doit également son succès à un effet de mode. Entre 1914 et
1918, un vrai mythe se construit autour de la ‘coco’. Pour les distributeurs, les bénéfices
peuvent être considérables (prix d’achat d’un gramme : 1,75 frs; prix de vente : 2,5
frs)78.
49 Les plaintes déposées lors des vols à l’entôlage nous révèlent quelques indications sur la
clientèle des prostituées bruxelloises. Certes, le nombre de clients identifiés est faible et
la représentativité de l’échantillonnage est donc réduite. Néanmoins deux hypothèses
peuvent être formulées. La clientèle de loin la plus importante est constituée de soldats
allemands. Le réservoir géographique de clients potentiels ne se limite pas aux
militaires stationnés à Bruxelles; les soldats de passage ou en congé venant du front
représentent aussi un nombre non négligeable (ainsi il y avait des personnes venant de
Coblence, Valenciennes, Moorslede, Namur, Savigny). Il semble bien que les Belges
représentent une infime minorité. Plusieurs explications sont possibles : beaucoup

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d’hommes ont quitté Bruxelles; il y en a donc d’abord moins et ceux qui restent,
trouvent peut-être plus facilement une compagne à l’extérieur du monde
prostitutionnel. Les Belges sont peut-être aussi plus réticents à porter plainte.

IV. Le contrôle des prostituées : instructions et réalité


a) Une coopération difficile entre polices allemande et belge

50 J’ai décrit dans un chapitre précédent la création de la Sittenpolizei et la mise en place


d’un nouveau règlement. Comment ce nouveau système théorique est-il mis en
place dans la pratique ? Comment les différents acteurs réagissent-ils face à ces
changements ? Quels sont les résultats de ce contrôle ? Telles sont les questions
auxquelles je tâcherai de trouver une réponse.
51 La police des mœurs allemande restera pendant toute la guerre un service aux effectifs
assez réduits. En 1915, celui-ci compte onze agents de police. À la fin de la guerre il se
retrouve même réduit de deux unités; l’armée allemande ressent un besoin grandissant
d’hommes; il en résulte un manque chronique de personnel pour ses administrations
dans tous les territoires occupés. Ladite police dépend de l’administration civile
régionale; le président de cette institution, Gerstein, est donc son chef immédiat. Même
s’il dispose dans son administration d’un autre collaborateur qui s’occupe
exclusivement de ce service, un assesseur du Gouvernement du nom de Friedberg,
Gerstein semble avoir à cœur cette problématique. En tout cas, il intervient souvent
comme en témoigne la correspondance échangée avec l’administration communale.
Dans le quotidien, la Sittenpolizei est dirigée par deux commissaires. Le premier
s’appelle Gebhardt; avant la guerre ce docteur en droit était fonctionnaire de la ville de
Leipzig. En Allemagne, il n’est pas rare que des commissaires en chef aient une
formation universitaire plus poussée. Le deuxième, répondant au nom de Galzow,
travaillait à la police berlinoise avant de venir à Bruxelles 79. Le règlement imposé par
Gerstein à Bruxelles est justement inspiré de ceux de Leipzig et Berlin. Bruxelles est
divisée en huit divisions. Comme je l’ai déjà souligné antérieurement, les Allemands ne
tiennent pas compte du paysage administratif d’avant-guerre. Pour eux, le découpage
du Grand Bruxelles en 16 communes ne semble correspondre à aucune logique; ils le
considèrent comme contraire à l’organisation rationnelle d’un système de surveillance.
L’unification des règlements et la centralisation de l’appareil policier est dès lors une
des priorités de l’administration civile allemande. von Sandt estime d’ailleurs que cette
mesure peut compter sur le support des autorités communales, vu que cette
centralisation serait un souhait caressé depuis longtemps 80. À la tête de chaque division
nouvellement créée se trouve un policier allemand. Celui-ci est la plupart du temps un
agent de la police criminelle. Des petites équipes mixtes composées du responsable
allemand de la division et deux policiers belges surveillent leur territoire. Le
déplacement en Belgique occupée présente deux grands avantages pour ces employés :
ils échappent d’abord aux dangers du front; ensuite un emploi dans cette
administration est à ce moment très demandé vu les possibilités d’ascension sociale.
Ainsi, pour assurer leur préséance sur les policiers belges qu’ils rencontrent, ils
bénéficient d’un relèvement de leur grade pendant la durée de la guerre 81.
52 Cet effectif ne permet pas d’assurer un contrôle réel. La police des mœurs allemande a
besoin de la coopération belge. Or, sur ce plan, les sources ne sont pas très parlantes.

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Prenons d’abord les quelques documents allemands qui abordent cette problématique.
Gerstein utilise les mots suivants pour décrire la façon de fonctionner : « Le service est
établi de telle manière que les employés allemands portent la responsabilité pour
l’exécution conforme des affaires; des employés belges leur ont été transférés pour
l’exécutif. Ils coopèrent avec ces derniers au bureau et dans la division et en assurent la
surveillance »82. Les explications de Schaible, le chef de l’administration pour la
Flandre, trois ans plus tard ne sont pas plus explicites : « Le service [de la police des
mœurs] à Bruxelles est en effet assuré non seulement par des employés allemands, mais
aussi par des agents de police belges; mais pour la surveillance des rues (le service le
plus important de la police des mœurs) il faut toujours les faire accompagner par des
employés allemands pour s’assurer que les intérêts allemands seront sauvegardés » 83. Il
s’agit en fait d’éviter que la police bruxelloise ne se montre trop expéditive vis-à-vis des
officiers allemands.
53 Les archives belges sont un peu plus explicites. Dans une note rédigée en 1928, le chef
du bureau des mœurs affirme que chaque commune de l’agglomération déléguait des
policiers chargés de la répression de la prostitution à la Sittenpolizei. Le bureau des
mœurs de la capitale y envoie cinq agents-inspecteurs (pour rappel le service se
compose en tout de 7 agents). Pendant leur service les policiers belges sont en fait
entièrement sous commandement allemand comme en témoigne le procès-verbal
suivant : « Le 11 de ce mois, vers 9 heures du soir faisant notre service de surveillance
accompagné du policier allemand Donachowski Théodore et de l’agent brigadier (…)
notre chef Donachowski a dit d’aller voir au coin de la rue Berlaimont et de la rue des
Comédiens où nous avons constaté le va-et-vient de jeunes filles (…) Sur l’ordre de
notre chef de groupe précité, nous y sommes entrés ». Le policier allemand continue de
mener l’action, dirige les policiers belges et interroge finalement les filles arrêtées 84.
54 En fait, le contrôle de la prostitution n’est pas exercé par la Sittenpolizei seule comme on
aura pu le croire en se limitant aux textes fondateurs de l’institution. Elle n’est pas non
plus un simple organe d’inspection des différents services de mœurs existant sur le
territoire du Grand Bruxelles. Une (petite) partie du personnel de police belge est mise
à son service. L’administration communale n’abandonne pas uniquement une de ses
compétences (cf. la loi communale du 30 mars 1836), mais met ses employés à la
disposition de l’autorité occupante. Ils continuent d’être payés directement par la ville
de Bruxelles, mais ne semblent plus dépendre hiérarchiquement du commissaire en
chef de la Division Centrale. À part les 5 agents délégués par la ville de Bruxelles, au
moins 12 policiers venant des faubourgs sont envoyés tous les jours dans la rue des
Long Chariots où la police allemande a son siège85. Et ils s’intègrent facilement dans
cette institution allemande; leur travail n’a pas fondamentalement changé. Dans un
rapport écrit quelques mois après la mise en place de la police des mœurs allemande,
Sandt les trouve appliqués et qualifie leur travail d’impeccable 86. Les dirigeants de la
Sittenpolizei semblent ne plus tenir compte des propositions et plaintes transmises par
le bureau belge des mœurs. Lors d’une formation que les agents délégués suivent sous
la direction de Gebhardt, ils reçoivent comme instruction « qu’aucun fait ayant trait à
la débauche ne pouvait être communiqué à la police belge et que toutes les
réclamations portées à sa connaissance concernant les filles publiques seraient
instruites par lui et recevraient la suite qu’elles comporteraient » 87. Néanmoins les
agents bruxellois semblent en partie transgresser cet ordre parce que des rapports
adressés à Crespin se retrouvent dans les archives de la police bruxelloise. Ces agents
ne sont plus limités dans leur travail par l’appartenance à une des 16 communes; ils ont

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le droit de poser des actes officiels dans toutes les communes du Grand Bruxelles et de
demander la coopération des employés de toutes les communes 88.
55 Mais la collaboration entre polices belge et allemande ne se limite pas à l’envoi de ces
cinq agents. En mars 1915, les Belges dressent, sur ordre allemand, une liste des
« établissements suspects au point de vue de la prostitution clandestine ».
L’administration réalise un important travail de vérification d’identités grâce aux
registres de population. Elle surveille l’application des mesures de fermeture édictées
par les Allemands à l’égard des maisons de débauche et effectue des surveillances pour
le compte du service social allemand (Fürsorgedienst). La Sittenpolizei s’adresse à
Lemonnier lorsqu’elle désire organiser des rafles pour avoir des agents
supplémentaires à sa disposition. Pour libérer les boulevards des prostituées, les postes
de police militaire qui sont disséminés à travers Bruxelles, interpellent directement les
commissaires des sept divisions. Dans ce cadre, il y a aussi une collaboration renforcée
entre les polices des différentes communes. Normalement, la police d’une commune n’a
pas le droit d’intervenir sur le territoire d’une autre commune. Or pendant la guerre,
une coopération, toujours sur ordre de l’autorité occupante, se met en place. Ainsi les
corps de Bruxelles et Saint-Josse-ten-Noode coordonnent leurs actions autour de la
gare du Nord. Les 2e, 3e et 4e divisions continuent aussi d’envoyer des rapports à la
Sittenpolizei. Elles y relèvent des contraventions et demandent à la police des mœurs
allemande d’intervenir. Cette forme de surveillance est assez soutenue : ainsi entre le 5
et le 26 octobre 1916, 18 rapports sont envoyés à la rue des Longs Chariots;
contrairement à ce qu’on pourrait penser, la police allemande ne l’apprécie pas. En
décembre 1916, celle-ci déclare qu’elle ne tiendra plus compte à partir de cette date de
ces rapports et qu’elle est seule responsable pour le service de la prostitution 89.
56 Au début de la mise en application du règlement, le contrôle de la prostituée se
caractérise par un certain chaos. L’inscription sur le registre des mœurs communal
reste-t-elle obligatoire ? Début mai 1915, le collège échevinal de Saint-Josse-ten-Noode
constate que « les administrations communales ne sont pas entièrement fixées sur
l’étendue que l’autorité occupante entend donner à ses ordonnances sur les mœurs ».
L’inscription des filles publiques dans les bureaux de la population est momentanément
interrompue. Avant 1914, il leur était défendu de s’y rendre et leur inscription était
effectuée par le bureau des mœurs. Lemonnier prend, en mai 1915, la décision de ne
plus faire dresser de procès-verbaux en cas d’infractions. Les agents doivent par contre
continuer de rédiger des rapports en double expédition, un pour l’autorité communale
et un pour la Division Centrale90.
57 Le texte de mars 1915 sera seulement légèrement modifié pendant les trois années
suivantes. Comme l’a proposé le bureau de mœurs, il sera défendu aux prostituées
d’habiter à plusieurs dans la même maison. En septembre 1916, Hurt, le gouverneur
militaire, fait exécuter une mesure qui rompt avec l’approche purement médicale que
l’administration allemande a poursuivie jusqu’à ce moment. Il interdit en effet les
grands boulevards du centre à la prostitution. Cette mesure ne peut avoir d’autre but
que de rendre les prostituées moins visibles91. Les causes plus profondes de cette
mesure ‘morale’ restent dans l’obscurité. Les femmes qui contreviennent audit
règlement dépendent d’une juridiction allemande qui n’est pas spécifiée. Je n’ai trouvé
que peu d’informations sur le fonctionnement de celle-ci et sur le nombre de femmes
condamnées. Jusqu’en 1916 des traces de ces jugements sous forme de notices envoyées
à Crespin, se retrouvent dans les archives belges. Grâce à un arrêté de condamnation

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conservé, nous savons que c’est Gerstein en tant que chef de la police des mœurs
allemande qui prononce la peine. Un recours peut être introduit auprès du chef de
l’administration allemande près du Gouverneur Général92. En cas de peine de prison, les
prostituées, comme toutes les autres femmes condamnées, sont incarcérées à la prison
de Forest.
58 Mais la police bruxelloise semble essayer de maintenir son système de surveillance
propre. En tout cas, plusieurs plaintes de Gerstein témoignent de cette intention. Les
divisions les plus concernées par la prostitution continuent d’envoyer des rapports à la
Division Centrale. Elles peuvent même, indirectement, punir les femmes qui se livrent à
la prostitution clandestine. Si celles-ci sont secourues d’une manière ou d’une autre par
un des services sociaux de la ville, une copie du rapport est envoyée au service
communal responsable de la bienfaisance. Cette pratique qui ne repose sur aucun texte
législatif, permet d’exercer un fort contrôle social et d’introduire de nouveau, au moins
encore partiellement, le point de vue belge qui repose plus sur des jugements moraux.
Il semble bien que l’aide sociale soit utilisée dans bien d’autres domaines comme un
régulateur pour ‘discipliner’ des couches de la population dont le comportement ne
correspond pas aux attentes d’une certaine élite belge. Début janvier 1917, la police des
mœurs allemande ne communique plus les listes des femmes mises sous contrôle au
bureau des mœurs résiduaire à cause de ces ‘abus’. Broché, le chef du bureau des
mœurs, propose alors « de prévenir les divisions de nous signaler confidentiellement
par une petite note, toute femme qui depuis cette date aurait été portée sur les
contrôles »93. Je ne sais pas si cette proposition a été accueillie favorablement par
Crespin et Lemonnier. Le bureau des mœurs semble s’être spécialisé pendant la guerre
dans la lutte contre la prostitution des mineurs. La loi du 26 mai 1914 sur la traite des
blanches n’a pas été abrogée par l’occupant. L’attitude des Allemands face à ce
problème n’est pas très claire. L’article 10 de mars 1915 interdit aux prostituées
d’engager une relation avec des mineurs. Par contre, aucune ligne n’est consacrée aux
mineures qui se livrent à la prostitution. Elles sont cartées par les autorités allemandes
et soumises comme les autres prostituées à des contrôles médicaux. Une fois sorties de
l’hôpital Molière, elles sont parfois internées par décision des tribunaux des enfants
dans des refuges jusqu’à leur majorité. Il ne ressort cependant pas des archives s’il
s’agit là d’une pratique courante ou plutôt de cas isolés. La réorientation et l’activisme
de Broché s’expliquent peut-être aussi par sa situation : il est le chef d’un service qui a
perdu les trois quarts de ses collaborateurs et qui n’a plus de véritable raison d’être à ce
moment.
59 À propos de ce sujet, il serait peut-être intéressant de soulever un problème
méthodologique difficile à résoudre. La police n’est pas uniquement un instrument de
pouvoir dans la main des entités communales, mais a aussi ses propres intérêts, ses
buts autonomes. Il semble bien que lesdites autorités aient été prêtes à abandonner la
surveillance de la prostitution à la police allemande (à part un contrôle indirect par les
copies des rapports conservées à la Division Centrale). Or, la police bruxelloise aussi
bien au niveau des divisions que dans la Division Centrale (bureau des mœurs) ne paraît
pas prête à renoncer à cette tâche pour laquelle elle estime disposer d’une certaine
compétence. Ainsi deux mois après avoir fixé l’attitude de la police face à la nouvelle
réglementation, Lemonnier doit rappeler que « notre règlement sur le même sujet [la
prostitution] est provisoirement inapplicable », « que l’Autorité Allemande s’est
réservée le service des mœurs » et qu’il faut donc « agir avec modération pour éviter
tout abus ». C’est peut-être faire montre de peu de prudence de conclure à partir de

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quelques indices à un conflit d’intérêt entre la police et l’autorité communale. Ce cas


permet cependant de problématiser l’autonomie de ce corps relevé notamment par les
travaux du sociologue français Monjardet et briser au moins momentanément notre
discours d’historien qui part la plupart du temps du principe qu’il y a unité intrinsèque
entre les deux organismes94.
60 Malgré les demandes de Lemonnier de mars 1915 de réduire le personnel et ainsi les
coûts, les effectifs des deux services – la police des mœurs allemande (20 personnes) et
l’hôpital Molière (71 personnes dont 24 religieuses) – restent les mêmes pendant toute
la guerre. Les frais à payer pour le service médical sont multipliés par 1,7 à la fin de la
guerre par rapport à 1915. À part les salaires, ce sont surtout les dépenses alimentaires
qui, compte tenu de la difficulté de se procurer des denrées, expliquent cette hausse
des contributions à payer par les 16 communes du Grand Bruxelles.

b) Enregistrement et médicalisation des prostituées

61 Les prostituées arrêtées sont le plus souvent dirigées au dépôt communal. Là « elles
sont embrigadées, notées, classées » et semblent ainsi déjà devenir inoffensives si on en
croit la description de l’Écho de la presse95.Le lendemain, elles sont transportées à
l’hôpital Molière à Saint-Gilles où la deuxième étape du système de surveillance
allemand entre en action. Comme au niveau de la surveillance policière, le contrôle
médical est aussi centralisé pour le Grand Bruxelles. L’hôpital Molière avec une
capacité de presque 300 lits, devient un lieu où les médecins ne traitent que des
malades vénériennes. Ce service est dirigé en permanence par au moins deux médecins
allemands dont toujours au moins une femme. Dans le contrôle de la prostitution,
l’Allemagne, contrairement à la Belgique, utilisait déjà du personnel féminin au début
du XXe siècle. Les premières femmes dans la police bruxelloise vont d’ailleurs être
engagées dans le service des mœurs pendant la Deuxième Guerre mondiale… à nouveau
à l’instigation de l’occupant allemand96. Le premier chef de l’hôpital de Saint-Gilles est
le docteur Frede déjà cité auparavant. Le poète allemand Gottfried Benn y aurait
travaillé d’après son autobiographie. Cette expérience a d’ailleurs donné lieu à
quelques écrits qui se caractérisent par le regard froid et le vocabulaire scientifique de
Benn, mais qui sont les seules ‘descriptions’ dont on dispose sur cet hôpital 97. Si le
personnel supérieur est entièrement composé d’Allemands, les servantes et infirmiers
sont presque tous des Belges; ceux-ci sont assistés par des franciscaines de Louvain
dont la majorité serait d’origine allemande98. Une fois que la prostituée peut quitter
l’hôpital, une assistante sociale allemande essaie d’assurer un suivi des patients et
d’éviter un retour dans la prostitution. Cette mesure qui selon von Drigalski,
Gouvernementsarzt, est particulièrement nécessaire en Belgique où des nombreuses
prostituées sont poussées sur le trottoir à cause de la misère sociale; il ne s’agit donc
pas nécessairement comme en temps de paix de personnes ‘détériorées’ 99.
62 Le nombre des prostituées souffrant de maladies vénériennes est relativement
important; les autorités allemandes y voient une justification des mesures qu’elles ont
prises. Presque 55 % des personnes placées sous contrôle médical le 1er mai 1915 sont
atteintes d’une maladie vénérienne (Grand Bruxelles). L’efficacité du système allemand
se révèle en 1917. Le pourcentage des prostituées malades placées sous contrôle
médical est tombé à 40 %.

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Tableau 2 – Bilan médical de la prostitution pour le Brabant et Bruxelles pendant la première moitié
de 1917100

Prostituées Malade danseuses Malade amenée par Malade Prostituées malade


sous en % en % la Sittenpolizei en % amenées de en %
contrôle l’extérieur

1/1917 5020 3,8 207 4,8 252 18,7 17 88,2

2/1917 4735 3 209 2,4 246 17,1 9 66,7

3/1917 5500 3 239 3,3 269 16,7 16 75

4/1917 4435 3,6 170 1,2 228 14,9 9 75

5/1917 4705 4,3 192 1 302 21,7 16 81,2

6/1917 4885 ? 207 3,4 310 23,3 13 84

63 À Anvers, les chiffres sont légèrement inférieurs à ceux enregistrés pour Bruxelles.
Dans l’imaginaire collectif, la syphilis joue un rôle important et semble être la maladie
vénérienne par excellence. Elle est certes la plus dangereuse, mais à peine 4,5 % des
prostituées en sont atteintes, la très grande majorité étant touchée par la gonorrhée.
64 La raison principale d’améliorer la police des mœurs est d’ordre militaire, la peur
qu’une partie des soldats ne soient immobilisés par des maladies vénériennes. Sans
pouvoir et vouloir analyser cette problématique, j’ai cependant jugé utile de présenter
quelques chiffres qui ne sont pas forcément représentatifs, mais qui permettent au
moins de se faire une idée de l’incidence des maladies sexuellement transmissibles sur
le front de l’ouest. Un huitième des soldats de la 6e armée allemande qui se retrouvent
à l’hôpital en février-mars 1917, sont atteints de maladies vénériennes. Ces dernières
représentent la troisième maladie (derrière la grippe et la pneumonie) et touchent un
peu plus d’un pour cent des soldats101. Les troupes d’occupation sont aussi astreintes à
des contrôles réguliers. Une fois par semaine, les soldats sont soumis à un contrôle
médical. Avant de pouvoir rentrer en Allemagne, chaque homme doit se faire examiner.
Les autorités militaires ne sont pas gênées par une pudeur quelconque. De véritables
cours d’éducation sexuelle sont organisés. Des consultations qui permettent de garantir
le plus possible l’anonymat, sont mises en place. À côté d’une prévention sanitaire, les
autorités médicales proposent de dévier l’instinct sexuel vers des activités sportives.
C’est l’absence de pudeur qui choque les Belges. Charles Gheude, membre de la
députation permanente à la province du Brabant pendant la Première Guerre mondiale,
s’offusque des affiches qui prônent l’utilisation du préservatif, mot qu’il refuse même
d’écrire : « Je lis : ‘En vue de prévenir encore davantage la communication des maladies
sexuelles, des pr…’ Diable ! comment continuer (…) Ils en mettent en vente; ils en ont le
monopole vis-à-vis de leurs soldats. Non seulement ils conduisent ceux-ci en groupes
vers les asiles de l’amour, mais encore ils les munissent ou munissent celles qui
attendent, de … ‘Un mark, la pièce; c’est le prix de revient’, annonce le signataire de
l’avis, lequel n’est autre que le Président de l’administration civile allemande, chef de la
police des mœurs pour le Grand Bruxelles ! ‘Il est instamment recommandé de se
procurer… (l’objet en question) et de prendre soin qu’il soit employé à chaque’… (et le

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mot suit – tout cru !). À côté, à titre d’annexe, le détail, précis et cynique, des mesures à
prendre par les deux sexes – avant, après – pour parer au coup de pied de Vénus. C’est
plat, vulgaire, écœurant… »102. Cette politique ‘vulgaire’ porte cependant ses fruits : le
pourcentage de soldats atteints de maladies vénériennes parmi les troupes
d’occupation est plus bas que sur le front : entre août 1916 et juillet 1917 40 ‰ sont
touchés par une maladie vénérienne103.
65 Mais derrière ce souci en premier lieu militaire se cache une peur plus profonde. À
partir de la fin du XIXe siècle, les maladies vénériennes se voient accorder une place
prépondérante dans les discussions démographique et eugénique qui battent leur plein
en Europe. Plus spécifiquement la syphilis est considérée comme une menace pour la
‘santé raciale’ de la nation. Pendant la Première Guerre mondiale, dans un moment où
le corps national (dans les deux sens du mot) est particulièrement mis à l’épreuve, ces
maladies sont d’autant plus dangereuses104. Lors de son discours d’introduction à la
conférence d’octobre 1915, von Bissing parle de ces maladies « qui rongent la moelle de
notre force nationale »105. Presque tous les orateurs reviennent sur ce sujet : sauver la
force de la race germanique par une lutte énergique contre la prolifération des
maladies vénériennes. Le discours est marqué par un vocabulaire biologique : un autre
auteur parle du danger pour les cellules du corps national (Volkskörper).

V. Une démobilisation difficile à mettre en place106


a) Une épuration qui marque le corps

66 À Bruxelles, la Première Guerre mondiale se termine dans une atmosphère


révolutionnaire. Pendant les derniers jours de l’occupation, ce ne sont plus les
structures mises en place en 1914 qui dirigent Bruxelles. C’est un conseil des soldats. Le
17 novembre, pendant que les derniers soldats quittent la ville, Max y fait sa ‘joyeuse
entrée’. Celle-ci est en partie ternie par des explosions dans différentes gares. Des
trains délaissés par les Allemands sont pillés par des milliers de Bruxellois. Mais parmi
les denrées alimentaires et autres produits se trouvent aussi des munitions dont
l’explosion provoque la mort de plusieurs personnes. Pendant plusieurs heures la police
bruxelloise est incapable de rétablir l’ordre. Désarmée depuis le début de la guerre, elle
est confrontée à des groupes qui possèdent toutes sortes d’armes. Mais ce n’est pas le
seul problème. Si de nombreux activistes flamingants quittent la ville avec les
Allemands en direction des Pays-Bas et de l’Allemagne, des rassemblements
tumultueux ont lieu jusqu’au 24 novembre devant des maisons de collaborateurs et
d’Allemands.
67 Dans la plupart des contributions sur la libération pendant la Deuxième Guerre
mondiale, la tonte de femmes est devenue un sujet incontournable. Dans un récent
ouvrage consacré à ce sujet en France, l’auteur souligne le caractère presque
anthropologique du phénomène en remontant à la persécution des sorcières au XVI e
siècle, mais ne relève pas si de tels cas ont été observés en 1918 107. Le 21 novembre 1918
le docteur Bayet note les mots suivants dans son journal personnel : « On arrête à
Bruxelles les activistes, les traîtres, les accapareurs. On casse les maisons de ceux qui
ont manifesté des sentiments germanophiles; enfin les femmes qui ont eu des rapports
avec les Allemands sont rasées, mises en chemises et promenées dans la rue sur des
chariots »108.

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68 Comme nous l’avons vu auparavant, les premières semaines de l’occupation se


caractérisent par plusieurs rassemblements devant les maisons de débauche
fréquentées par les soldats allemands. Une fois cette colère apaisée, ces actes
deviennent plus rares, mais ne disparaissent jamais pendant toute la guerre. Ainsi deux
femmes qui accompagnent deux soldats dans l’exposition au Luna Park sont
injuriées en été 1916; lorsqu’elles s’arrêtent pour répondre aux accusations, elles sont
vite entourées de 200 personnes qui les suivent en les huant et sifflant et la police doit
intervenir109. De même, pendant toute la guerre des lettres anonymes dénoncent auprès
des autorités communales l’attitude de certaines femmes s’étant engagées avec des
soldats allemands. Leurs auteurs ne voient pas nécessairement la différence entre les
prostituées et les femmes qui vivent une histoire d’amour avec un Allemand. Il semble
impossible qu’une femme s’engage avec un Allemand sans en tirer des avantages. En
1918 ces sentiments peuvent s’exprimer librement. Les forces de l’ordre ont d’autres
chats à fouetter. La dénonciation anonyme même si elle existe en temps de paix, semble
avoir connu un développement exceptionnel pendant la guerre. Même si von Bissing
déclare dans un avis en mai 1915 qu’il refuse « de donner une suite quelconque à de
telles dénonciations »110, tant la police belge qu’allemande semblent jusqu’à la fin de la
guerre vérifier la plupart des informations qu’elles colportent.
69 Le fait que Bayet qui en l’espace de quatre ans noircit 6 353 pages n’exprime pas son
étonnement devant la tonte des femmes est un indice qu’il s’attend à cette réaction.
Même si nous ne pouvons pas jauger l’étendue du phénomène, Bayet nous livre deux
éléments formels importants : il s’agit bien d’une punition corporelle et publique. Le 23
novembre 1918, plusieurs centaines de personnes sont témoins d’une tonte au centre
de Bruxelles. Une réfugiée est accusée par un autre réfugié d’avoir « couru avec des
boches » et d’avoir « trahi son père ». Il fait appel à des soldats pour l’arrêter. Très vite,
une foule se rassemble autour d’elle. On commence par lui arracher son chapeau; une
fois ce premier acte accompli, tout va très vite. Elle est dénudée et ses cheveux sont
coupés. Ce n’est cependant pas la population du quartier, mais des soldats belges,
français et anglais qui accomplissent cet acte. Jusqu’à la fin de ce charivari, ce sont
toujours des soldats qui posent les gestes de violence. Est-ce dû à une brutalisation
suite à l’expérience du front ou faut-il plutôt relever l’hypothèse de Fabrice Virgili
selon laquelle ces actes sont toujours effectués par des personnes étrangères au
contexte local ? Une fois le corps marqué, la femme, nue, est traînée sur les escaliers de
la Bourse. À six heures du soir, il s’agit d’un des lieux les plus fréquentés de Bruxelles.
Là-bas, elle est victime de coups et d’attouchements sexuels. D’après un rapport de
police, les agents ne peuvent pas (ne veulent pas ?) la libérer; finalement d’autres
soldats interviennent et la conduisent au commissariat. Dans la voiture, elle est de
nouveau victime d’attouchements sexuels. Un consul honoraire de Belgique qui est
témoin de cette scène, ne met pas en question la punition en soi. Il se plaint que des
« centaines d’enfants » ont été témoins de la scène; les hommes ont commis « un
outrage public à la pudeur » et cédé « à une impulsion de délire érotique ». De tels actes
risquent de provoquer de mauvaises impressions chez « les hôtes étrangers » et
risquent de « compromettre la moralité publique »111.
70 Les deux éléments-clés relevés par Bayet se retrouvent aussi dans cet exemple.
L’épuration est sexuée. Contrairement à la punition d’un collaborateur, celle d’une
‘collaboratrice’ s’inscrit souvent sur le corps, un corps avec lequel elle a ‘trahi’ la patrie.
En coupant les cheveux de la femme, les auteurs lui enlèvent symboliquement sa

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féminité. Dans notre cas, ce sont uniquement des hommes qui exercent leur violence
sur un corps de femme. Ensuite, la punition se déroule devant le plus large public
possible, la Bourse étant un des lieux publics par excellence à Bruxelles. Comme la
‘trahison’ avait été publique, il s’agit maintenant de laver l’affront devant tout le
monde.

b) Une deuxième occupation ?

71 Pendant quelques mois, Bruxelles va vivre une ‘deuxième occupation’. La ville continue
d’héberger un nombre important de soldats et la prostitution reste un sujet épineux.
Avant même le départ définitif des derniers soldats allemands, le procureur du Roi
Holvoet exprime ses craintes « sur la répercussion que pourrait avoir sur la santé
publique l’arrêt brusque du service des mœurs de l’Autorité allemande ». Il requiert le
Bourgmestre de Saint-Gilles pour assurer le service à l’hôpital local. Le lendemain, le
même sujet est traité à la conférence des Bourgmestres qui siège à ce moment tous les
jours112. Aussi bien au niveau national que communal, toutes les autorités soulignent
l’utilité de garder la structure centralisatrice introduite par l’occupant. Mais, dès le
départ de la police allemande, chaque police communale retrouve son autonomie.
Pendant plusieurs années, la conférence des Bourgmestres essaie de maintenir un
service médical intercommunal. La commune de Saint-Gilles refuse cependant de
mettre son hôpital plus longtemps à la disposition et libère en mars 1919 toutes les
prostituées qui s’y trouvent, provoquant ainsi un scandale retentissant. Six mois plus
tard un hôpital intercommunal vénérien s’ouvre à Uccle. Dès 1921, des voix s’élèvent
contre « cet hôpital [qui] est en réalité une prison où ne sont enfermées que les femmes
soumises au contrôle »113. En 1924, la Ville de Bruxelles tente une expérience originale :
elle abolit provisoirement le règlement sur la prostitution. L’échevin et futur
bourgmestre Van de Meulebroeck dira que la « réglementation de la prostitution étant
supprimée, il n’y a donc plus de prostituées (sic) et nous ne pouvons plus envoyer les
filles publiques malades dans un hôpital spécial; l’hôpital actuel n’est donc plus
nécessaire »114. Exit l’hôpital à Uccle, qui sera fermé la même année.
72 Si les structures mises en place ne survivent pas très longtemps au départ de leurs
initiateurs, les problèmes semblent en partie rester les mêmes. La cocaïne continue à
circuler parmi les prostituées. Après les premières joies de la libération, la présence des
soldats commence vite à être ressentie comme une charge. Ainsi la rue Neuve qui était
un lieu de ‘rencontres’ entre 1914 et 1918, ne change pas de fonction comme en
témoigne cette lettre anonyme qui est un exemple parmi plusieurs : « Je passais hier
(…) dans la rue Neuve. Pour la première fois de ma vie, j’ai été révolté par le spectacle
qu’y donnaient des soldats américains. Le moindre était de voir des hommes de trente à
quarante ans au bras de fillettes de treize à quatorze ans. On appliqua l’épithète des
‘cochons’ au nom des boches, mais jamais je n’ai vu ceux-ci se permettre la dixième
partie de ce que se permettent les Américains »115. Mais la sortie de guerre difficile est
une autre histoire…

VI. Conclusions
73 L’occupation fut-elle une rupture dans la pratique prostitutionnelle ?

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74 La présence de milliers de soldats à Bruxelles bouleversera profondément ce milieu.


Certes, il semble y avoir continuité dans la répartition spatiale des prostituées : ce sont
les lieux d’avant-guerre qui sont (ré)investis pendant le conflit. Mais le nombre de
femmes qui se prostituent explose. Bruxelles est à la fois le siège d’une importante
administration allemande et un lieu de passage et de repos pour les troupes luttant sur
le front de l’ouest. Elle devient la ‘succursale de Paris’ avec tout ce que cette métaphore
comporte d’imaginaire et de réalité. Cette explosion du nombre de prostituées – la
comparaison avec l’avant-guerre en chiffres réels étant impossible vu que le contrôle
est beaucoup plus renforcé pendant l’occupation – fait monter la question d’où
surgissent ces femmes. La plus grande partie de ces nouvelles prostituées viennent de
l’agglomération bruxelloise. Pour de nombreuses femmes, la Première Guerre mondiale
constitue donc une entrée provisoire dans cet univers. Comment cette expérience a-t-
elle été vécue ? Comment se sont-elles de nouveau réintégrées dans la société après la
guerre, lorsque le nombre de prostituées diminue fortement après le départ des soldats
alliés ? Ces questions restent sans réponse encore aujourd’hui. Les cas de tonte relevés
ainsi que les études consacrées à ce sujet montrent l’opprobre qui pèse sur ces femmes
qui sont doublement marginalisées : par leur corps elles auraient trahi et la morale et
leur nation. La prostituée est subversive sur les deux plans. D’ailleurs, après la guerre,
toutes les femmes de plus de 21 ans, reçoivent le droit de vote au niveau communal, à
part les prostituées116.
75 L’occupation fut-elle une rupture dans l’histoire du contrôle de la prostitution à
Bruxelles ?
76 La présence des Allemands provoque non seulement une demande de prostituées plus
importante, mais le contrôle de celles-ci sera aussi fortement renforcé. Après quelques
mois d’hésitation, les autorités occupantes instaurent un système de surveillance étroit.
La politique allemande concernant la prostitution se caractérise par son côté
fonctionnaliste. Les autorités allemandes essaient à travers cette surveillance de
diminuer les maladies sexuellement transmissibles. Celles-ci peuvent exténuer le Volk
sur le front extérieur – affaiblissement de l’armée allemande dans sa lutte contre les
Alliés dans les tranchées – et sur le front intérieur – garantir la santé du corps national.
Leur action préventive ne s’adresse pas seulement aux femmes, mais aussi à la
population masculine (allemande). Le contrôle de la prostitution n’est plus seulement
sexué. La surveillance des soldats est d’ailleurs aussi assez contraignante : le contrôle
hebdomadaire des militaires est aussi lourd que celui des prostituées. La prostitution en
tant que telle n’est pas mise en question. Il ne s’agit même pas d’un mal nécessaire
comme l’avait encore définie Parent-Duchâtelet; bien au contraire quelques hauts
fonctionnaires n’hésitent pas à lui reconnaître un effet thérapeutique (faire oublier les
expériences du front). L’armée belge sur le front d’Yser semble mener une politique
plus pudique; la prostitution y est un ‘non-sujet’117.
77 Par contre pour les autorités belges, il ne s’agit pas en premier lieu d’une lutte contre
les maladies sexuellement transmissibles mais contre la prostitution elle-même. Leur
approche intentionnaliste est un mélange entre réglementarisme – inventorier et ainsi
contrôler les prostituées – et abolitionnisme – éradication à long terme de la
prostitution. Si la politique centralisatrice, instaurée par les Allemands, est
probablement reconnue comme utile et constitue une poussée modernisatrice
(uniquement à court terme), l’approche fonctionnaliste ne rencontre aucune
compréhension. La nécessité du devoir patriotique en temps d’occupation n’offre pas

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d’espace pour la prostituée. Le corps de police affiche une attitude ambiguë : d’une part
il y a ceux qui travaillent dans le cadre instauré par l’occupant et semblent remplir leur
tâche à la satisfaction de celui-ci; d’autre part, il y a ceux qui sont exclus des nouvelles
structures et qui refusent d’abandonner une partie de leurs compétences.
78 Le contrôle de la prostitution comme test case d’une coopération entre occupé et
occupant ?
79 Si les approches sont donc différentes, la réalité sur le terrain est seulement marquée
de tensions au moment de la mise en place du système de surveillance. La Sittenpolizei a
recours à des agents belges qui opèrent sous sa direction sans que cela provoque une
réaction particulière de la part des autorités communales. Est-ce que cette absence de
conflits à long terme s’explique par le fait que le contrôle touche un groupe de femmes
marginalisées aussi bien par l’occupant que par l’occupé ? Certes, il semble bien que la
coopération policière n’ait été dans aucun autre domaine aussi loin que dans celui du
contrôle prostitutionnel. Mais malgré de nombreux heurts entre les bourgmestres
successifs de Bruxelles et les autorités allemandes, le maintien de l’ordre ne devient
jamais un point de rupture118. Par contre, quelques réformes allemandes (comme la
centralisation) prônées avant la guerre par une partie du monde politique auront un
effet pervers dans l’après-guerre : elles seront abolies non parce qu’elles étaient
mauvaises, mais parce qu’introduites par l’occupant.

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NOTES
1. L’écriture de cette contribution a été accompagnée par plusieurs personnes qui, par leurs
compétences respectives, l’ont fortement enrichie. Les discussions ont montré qu’elles ne
partagent pas nécessairement toutes mes conclusions, en d’autres termes, elles ne pourraient pas
être tenues responsables pour les fautes et interprétations qui s’y trouvent. Qu’Alain Colignon,
Sophie De Schaepdrijver, Marie-Sylvie Dupont-Bouchat, Chantal Kesteloot, Tonia Theisen ainsi
que les trois lecteurs de Crime, Histoire & Sociétés soient vivement remerciés pour leur aide.
2. Dix, Otto, Frontsoldat in Brüssel, gravure, 1924, 28,8 * 19,8 cm (Inv. Nr. D/G 87), dans Rüdiger
(1997, p. 212).
3. « Ich wollte die Dinge zeigen, wie sie wirklich sind », cité d’après Schubert (2001). Toutes les
informations sur la vie de Dix proviennent de cette monographie.
4. Meinen (2002), Les informations contenues dans le livre de Jean-Yves Le Naour sur les
départements français occupés pendant la Première Guerre mondiale ont plutôt un caractère
anecdotique : Le Naour (2002, plus particulièrement les pp. 142-146 et pp. 161-162). Sur
l’historiographie des territoires occupés toujours lacunaire : Becker (1998, pp. 13-20).
5. Pour l’historiographie européenne je me limiterai à deux ouvrages : Schwerhoff (1999, plus
particulièrement pp. 156-160) et Lorenz (2000) ainsi qu’à la bibliographie suivante : http ://
www.univie.ac.at/Wirtschaftsgeschichte/sexbibl/; pour la Belgique : Keunings (1980), Huberty
(1982) et De Schaepdrijver (1983). Marie-Sylvie Dupont-Bouchat est la dernière à s’être intéressée
de plus près à cette question (1993; 1996).
6. Pasinomie, 1836, p. 131; pour plus de renseignements sur le cadre législatif : Delcourt (1905, pp.
430-434).
7. Corbin (1995, pp. 24-25).
8. Huberty (1982, p. 57).
9. Berlière (1992, pp. 55-69).
10. Huberty/Keunings (1987, p. 20).
11. À la veille de la Première Guerre mondiale le ‘Grand Bruxelles’ est composé des communes de
Bruxelles, d’Anderlecht, d’Auderghem, d’Etterbeek, de Forest, d’Ixelles, de Jette-Saint-Pierre, de
Koekelberg, de Laeken, de Molenbeek, de Saint-Gilles, de Saint-Josse-ten-Noode, de Schaerbeek,
d’Uccle, de Watermael-Boitsfort et de Woluwe Saint Lambert.
12. Rapport intitulé ‘Prostitution – Ville de Bruxelles et communes faisant partie de la
Conférence’, non daté (probablement 1910); C(abinet du) B(ourgmestre) 544, A(rchives de la)
V(ille de) B(ruxelles).
13. Circulaire aux autorités communales du 4 août 1914 par Paul Berryer, ministre de l’Intérieur;
Guerre 1914-1918, Archives de la Police, Fonds administratif (Pol14-18), AVB.
14. Vierset (1932, p. 61). Auguste Vierset est directeur du cabinet du bourgmestre de Bruxelles au
moment de l’invasion allemande.
15. La plus grande partie de la Belgique se retrouve dans le Generalgouvernement. Les régions
longeant le front sont regroupées dans l’Etappengebiet, une structure administrative dépendant
seulement des corps d’armée. Le régime d’occupation y est souvent plus dur. La Belgique
connaîtra trois gouverneurs généraux : Colmar von der Goltz (1843-1916) du 26 août au 2
décembre 1914, Moritz Freiherr von Bissing (1844-1917) du 2 décembre 1914 au 18 avril 1917 et
Ludwig Freiherr von Falkenhausen (1844-1936) du 3 mai 1917 jusqu’à la fin de la guerre. Le
gouverneur général qui dépend directement de l’Empereur, chapeaute l’administration
allemande et se fait assister pour la gestion civile par un Verwaltungschef. Ce dernier poste est
occupé d’août 1914 jusqu’en juillet 1917 par Max von Sandt. À ce moment cette position est
doublée : en Flandre il sera repris par Schaible (1870-1933), en Wallonie par Haniel. La même
structure – chef militaire secondé par un administrateur civil – se retrouve au niveau régional
(Militärgouverneur – Präsident der Zivilverwaltung) et local (Kreischef – Zivilkommissar); Köhler (1927).

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
38

16. ‘Proclamation du Baron von der Goltz du 2 septembre 1914’, Un souvenir… (tome I, pp. 7-8).
17. Note du 28 août 1914 par Adolphe Max; Pol14-18 – 519, AVB.
18. Note intitulée ‘Diminution du personnel’ (non datée); CB 803, AVB.
19. Questionnaire sur le service de la prostitution en vue de l’application des mesures
prophylactiques contre les maladies vénériennes (non daté; probablement de janvier-février
1915); Pol14-18 – 420, AVB.
20. ‘Halbjahresbericht für die Zeit vom 1. Februar bis 31. Juli 1917 – Gouvernement von Brüssel
und Brabant’; H(andschriften-) S(ammlung) 2261, Bay(erisches) H(aupt)St(aats)A(rchiv) et
‘Verwaltungsbericht des Verwaltungschefs bei dem Generalgouverneur in Belgien für die Zeit
vom August-Oktober 1915’, Rep. 89 (Zivilkabinett) H.-32457; Geh(eimes) St(aats)arch(iv)
P(reussischer) K(ulturbesitz).
21. Extrait de la séance du conseil communal du 26 août 1914; CB 798, AVB.
22. Rapport de police du 21 octobre 1914 par la 2e division; Pol14-18 – 463 pour le premier cas et
rapport de police du 24 septembre 1914 par la 2e division; Pol14-18 – 500, AVB pour le deuxième
cas.
23. L’échevin Maurice Lemonnier (1860-1930) remplace Max comme bourgmestre lorsque ce
dernier est déporté par les Allemands en septembre 1914. Lemonnier subit le même sort en mai
1917 et sera remplacé par un autre échevin, Louis Steens (1849-1933).
24. Rapport de police du 1er octobre 1914 par un commissaire adjoint de la 3e division au
bourgmestre; Pol14-18 – 414, AVB.
25. Lettre du 21 septembre 1914 par les habitants de la rue aux Fleurs au bourgmestre; Pol14-18 –
414, AVB; souligné par l’auteur.
26. De Schaepdrijver (2000, pp. 22-23).
27. Meinen (2002, pp. 194-211). Liulevicius relève cette pratique sur le front de l’Est pendant la
Première Guerre mondiale : Liulevicius (2000, p. 80).
28. Rapport du 12 novembre 1914 par le bureau des mœurs; Pol14-18 – 420, AVB.
29. Lettre du 12 novembre 1914 par Lemonnier à Bayer, commandant de la Kommandantur à
Bruxelles jusqu’en février 1915 et télégramme N° 3000 du 7 décembre 1914 par Lemonnier à
toutes les divisions; Pol14-18 – 420, AVB.
30. Ernst Vogt, Erinnerungen aus Brüssels letzten Besatzungstagen Juli bis November 1918 (manuscrit);
HS-2154, BayHStA. Ernst Vogt travaille dans la flamenpolitische Abteilung.
31. Edmond Crespin est commissaire de la Division Centrale en 1914. À ce moment, Bruxelles ne
dispose pas de commissaire en chef, fonction remplie par le bourgmestre. Les autorités
allemandes qui veulent un responsable pour traiter des problèmes du maintien de l’ordre pour le
Grand Bruxelles, font de lui, de manière officieuse, une sorte de commissaire en chef pour les 16
communes. Cette position privilégiée lui vaut d’ailleurs après la guerre une information
judiciaire qui se termine sur une ordonnance de non-lieu en sa faveur par l’Auditeur Militaire du
Grand Quartier Général. En 1920, Crespin est nommé commissaire en chef de la ville de Bruxelles.
32. Gesetz… (13 février 1915, pp. 159-161).
33. Lettre du 14 janvier 1915 par Gerstein à Lemonnier; CB 762, AVB.
34. Lettre du 22 février 1915 par Freiherr v. Schoen à Bethmann-Hollweg et la réponse du 7 mars
1915 par Bissing; R1501 (Reichsministerium des Innern)-19345, B(undes)arch(iv) B(erlin) et « dass
Frontoffiziere sich von den schweren seelischen und körperlichen Eindrücken (…) durch den
Genuss harmloser Zerstreuungen in Brüssel rasch zu erholten pflegten und dass eine zu weit
gehende Beschränkung in dieser Hinsicht eher schädlich als nützlich wirke », extrait d’une lettre
du 10 février 1917 par von Bissing à Hurt; HS-2260, BayHStA. Quant à l’auteur de cette lettre, il
pourrait s’agir de l’ancien ambassadeur d’Allemagne en France. Cette politique – la prostitution
comme ‘remède’ contre « l’expérience dépressive des tranchées » – est déjà relevée dans la
littérature contemporaine, e.a. par Liepmann (1930, p. 152).

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35. Lettre du 1er février 1915 par von Sandt au secrétaire d’État de l’Intérieur; R1501-19374,
BarchB.
36. ‘Ordonnance de police du 13 février 1915 par Gerstein’, Un souvenir … (tome III, p. 49).
37. Lettre du 27 février 1915 par Gerstein (destinataire inconnu); Pol14-18 – 420, AVB.
38. Lieux et dates de création des différents services de la police des mœurs : Bruxelles le 3
février 1915; Charleroi le 6 mars 1915 (agrandi le 20 juin 1917); Liège le 6 mars 1915; Namur le 6
mars 1915; Anvers le 6 mars 1915; Mons le 6 mars 1915; Thuin le 21 février 1918; Verviers le 23
mars 1918; Malines le 27 avril 1918; La Louvière le 29 juin 1918; Hal le 1er août 1918 (dépendance
de Bruxelles).
39. Polizeiliche Vorschriften zur Sicherung der Gesundheit, der öffentlichen Ordnung und des
öffentlichen Anstandes vom 9. März 1915; T. 506-17 (Archives de l’administration de la province
du Brabant), A(rchives) G(énérales du) R(oyaume).
40. Berliner Tageblatt du 27 mars 1915; R1501-19376, BarchB; Reinke (1991, pp. 129-132).
41. « Während sie [die Sittenpolizei] in Antwerpen lebhafte Anerkennung fand, weigern sich
einige Grossbrüsseler Gemeinden, zu den Kosten pflichtmässig beizutragen »,
Verwaltungsbericht des Verwaltungschefs bei dem Generalgouverneur in Belgien für die Zeit
vom Mai – Juli 1915, p. 13; R1501-19455, BarchB.
42. Lettre du 6 mars 1915 par Lemonnier à Gerstein; Pol14-18 – 420, AVB; le règlement prévoit
cependant une autorité de recours.
43. Lettre du 10 août 1915 par Gerstein à Lemonnier; Pol14-18 – 420, AVB.
44. Lettre du 4 mai 1915 par Lemonnier à Gerstein; Pol14-18 – 420, AVB.
45. Questionnaire sur le service de la prostitution…; Pol14-18 – 420, AVB.
46. Rapport du 29 juin 1915 par la 2e division; Pol14-18 – 420, AVB.
47. Note du 19 février 1915 par le bureau des mœurs; Pol14-18 – 420, AVB.
48. Massnahmen…, (s.d., p. 5).
49. Laquer (1917).
50. Les thèses et projets défendus par certains militaires lors de cette conférence montrent le
caractère autoritaire qui aurait pu caractériser l’Allemagne impériale en cas de victoire militaire.
Il serait d’ailleurs intéressant de voir si dans d’autres domaines de telles ‘expérimentations’ ont
eu lieu en vue d’une éventuelle transposition en Allemagne après la guerre.
51. Insa Meinen relève aussi ce thème du ‘pays infecté’ pour la Deuxième Guerre mondiale :
Meinen (2002, pp. 53-56).
52. Rapport du 19 janvier 1915 par un agent inspecteur; Pol14-18 – 420, AVB.
53. Les chiffres de comparaison sont issus de De Schaepdrijver (1983), de Corbin (1995, pp. 72-83)
et de Le Naour (2002, pp. 165-172).
54. ‘Liste der unter ärztlicher Aufsicht stehenden Personen’; Pol14-18 – 420, AVB.
55. Le nombre ‘n’ indique pour chaque cas d’analyse le nombre de prostituées pour lesquelles
nous disposons de la donnée en question.
56. Verwaltungsbericht des Verwaltungschefs bei dem Generalgouverneur in Belgien für das
Halbjahr Februar-April 1915; Rep. 89 H.-32456; Verwaltungsbericht des Verwaltungschefs bei
dem Generalgouverneur in Belgien für die Zeit vom August-Okoter 1915, Rep. 89 H.-32457;
GehStarch. PK; Verwaltungsbericht des Verwaltungschefs bei dem Generalgouverneur in Belgien
für das Halbjahr Februar-April 1915; R1501-19455, BarchB; Halbjahresbericht für die Zeit vom 1.
Februar bis 31. Juli 1917 – Gouvernement von Brüssel und Brabant; HS-2261, BayHStA.
57. De Schaepdrijver (1986, p. 555).
58. Pour la France au XIXe siècle, cf. Berlière (1992, pp. 40-41); pour la Belgique pendant la guerre
cf. l’Echo de la presse du 5 janvier 1916; Pol14-18 – 420, AVB.
59. 33 listes de femmes arrêtées par le service des mœurs couvrant la période d’août 1915 à
septembre 1918 sont conservées dans le dossier Pol14-18 – 417, AVB. Sur les réfugiés français en
Belgique, cf. Delplancq (2001, pp. 71-80).

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60. Halasi (1917, p. 109).


61. Lettre du 21 juillet 1916 par Ostermann, employé de la Kommandantur à Bruxelles, à Crespin;
Cp (sans numéro, dossier étiqueté ‘colportage’), AVB et lettre du 21 septembre 1916 par Gerstein
à Hurt, gouverneur militaire de Bruxelles; HS 2261, BayHStA.
62. Sans auteur, ni date; Pol14-18 – 420, AVB.
63. Les citations sont extraites de trois dossiers qui contiennent des rapports sur la prostitution à
Bruxelles pendant la Première Guerre mondiale; Pol14-18 – ‘colportage’, Pol14-18 – 420,
Pol14-18 – 500, AVB.
64. Lorenz (2000, pp. 115-121; 135-139).
65. La centrale de la dentellerie est une des nombreuses institutions mises en place par les
autorités allemandes pour diriger l’économie belge.
66. La description se base sur les rapports conservés dans Pol14-18 – 446, AVB.
67. Barons du savon, sobriquet donné aux personnes qui ont profité de l’occupation allemande
pour s’enrichir.
68. Procès-verbal du 19 juillet 1918 par la 4e division; Pol14-18 – 454, AVB; souligné par l’auteur.
69. Procès-verbal du 18 avril 1916 par le bureau des mœurs; Pol14-18 – 420, AVB.
70. Pour la Première Guerre mondiale en Allemagne, Liepmann (1930, pp. 79-130); pour la
Deuxième Guerre mondiale en Belgique, Racine (1944).
71. « Niet wetende waarheen heb ik gedurende 3 weken gebedeld. ’s nachts ging ik slapen in eene
kar (...) Over acht dagen heb ik aan de Porte Louise, een ouden man ontmoet die mij gevraagd
heeft met hem mede te gaan. Hij beloofde mij gelukkig te maken. (...) Hij heeft mij te eten
gegeven en ik ben met hem blijven slapen in hetzelfde bed. Gedurende den nacht heeft hij mij
willen gebruiken » (traduction par l’auteur), procès-verbal du 4 décembre 1917 par la 3e division;
Pol14-18 – 465, AVB; nous n’avons pas changé l’orthographe de l’agent de police.
72. Sur les stratégies d’utilisation du système judiciaire pour régler des problèmes familiaux cf.
De Koster (2001).
73. Procès-verbal du 18 septembre 1918 par le bureau des mœurs; Pol14-18 – 420, AVB; souligné
par l’auteur.
74. Corbin (1995, p. 8).
75. Stadler, La faim et l’amour, sans date, extrait de Hirschfeld/Gaspar (1994, p. 325).
76. Bayet, Journal d’un Bruxellois pendant l’occupation allemande du 1er mai au 30 juin 1918
(manuscrit, p. 4156; M.L. 3546/21), Archives & Musée de la Littérature à Bruxelles.
77. Procès-verbal du 17 juillet 1917 par la Division Centrale; Pol14-18 – 413, AVB.
78. Rapport du 15 mars 1918 par la 4e division; Cp 418, AVB et Fisher (s.d., pp. 179-186).
79. Notice du 31 mai 1915 par Gerstein; R1501-19374, BarchB.
80. « Mit dieser Organisation ist das Ziel erreicht, welches hier seit vielen Jahrzehnten erstrebt
worden ist. », extrait de Verwaltungsbericht des Verwaltungschefs bei dem Generalgouverneur
in Belgien für das Halbjahr Februar-April 1915; Rep. 89 H.-32456, GehStarch PK.
81. Lettre du 17 mai 1915 par le ministre prussien de l’Intérieur au chancelier; R1501-19374,
BarchB. Sur les administrations dans les territoires occupés comme lieux de promotion sociale cf.
Föllmer (2000, p. 105).
82. « Der Dienst ist so eingerichtet, dass die deutschen Beamte die Verantwortung für die
ordnungsgemässe Erledigung der Geschäfte tragen; für die Exekutive sind ihnen belgische
Beamte überwiesen, mit welchen sie im Büro und im Revier zusammenarbeiten und über die sie
während des Dienstes die Aufsicht ausüben. », extrait d’une lettre du 22 avril 1915 par Gerstein à
von Sandt; R1501-19374, BarchB.
83. « Der Dienst in Brüssel wird zwar ausser von den deutschen Beamten zugleich von belgischen
Schutzleuten versehen; aber für den Strassenaufsichtsdienst (dem wichtigsten Dienst der
Sittenpolizei) müssen ihnen stets deutsche Beamte beigegeben werden, damit das deutsche

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
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Interesse gewahrt bleibt. », extrait d’une lettre du 28 mars 1918 par Schaible au secrétaire d’État
de l’Intérieur; R1501-19374, BarchB.
84. Rapport du 29 mai 1928 par le chef du bureau des mœurs; Pol14-18 – 420 et procès-verbal du
18 septembre 1918 du bureau des mœurs; Pol14-18 – 426, AVB; souligné par l’auteur.
85. Au printemps 1915, c’est-à-dire au début de la Sittenpolizei, dix-sept policiers belges y
travaillent d’après le Berliner Tageblatt du 27 mars 1915; R1501-19376, BarchB.
86. Verwaltungsbericht des Verwaltungschefs bei dem Generalgouverneur in Belgien für das
Halbjahr Februar-April 1915; Rep. 89 H.-32456, GehStarch PK.
87. Rapport du 29 août 1918 par Broché, chef du bureau des mœurs; Pol14-18 – 420, AVB.
88. Lettre du 10 décembre 1916 par Gerstein à l’administration communale de Bruxelles;
Pol14-18 – 417, AVB.
89. Rapport du 9 décembre 1916 par Broché, chef du bureau des mœurs; Pol14-18 – 420, AVB.
90. Lettre du 4 mai 1915 par le collège échevinal de Saint-Josse-ten-Noode au chef de la police
impériale; Pol14-18 – 420, rapport du 7 juillet 1915 par la 4e division et ordre n°913 du 11 mai
1915 par Lemonnier; Pol14-18 – 417, AVB.
91. Lettre du 21 septembre 1916 par Gerstein à Hurt; HS-2260, BayHStA.
92. Arrêté de condamnation du 21 avril 1915; Pol14-18 – 420, AVB.
93. Rapport du 4 janvier 1917 par Broché; Pol14-18 – 420, AVB.
94. Note du 6 juillet 1915 par Lemonnier; Pol14-18 – 417, AVB et Monjardet (1996,
particulièrement les pp. 16-37).
95. Extrait de l’Écho de la presse du 5 janvier 1916; Pol14-18 – 420, AVB.
96. Nienhaus (1992, pp. 243-266) et les dossiers des inspectrices des mœurs et de la jeunesse;
Personnel 1944, AVB.
97. E.a. Benn (1919). On peut cependant se demander si Benn y a vraiment travaillé et s’il ne
s’agit pas d’une ‘réalité littéraire’. En effet, sur les listes des médecins allemands qui sont payés
par les autorités bruxelloises, son nom n’apparaît jamais (cf. Pol14-18 – 417, AVB). Dans son
autobiographie de 1921, on trouve le témoignage suivant « Ich war Arzt an einem
Prostituiertenkrankenhaus, ein ganz isolierter Posten » Benn (1921, p. 57). Un autre écrivain s’est
inspiré plus récemment de cet épisode pour écrire en roman sur le sujet : Mertens (1998, plus
particulièrement pp. 87-166).
98. Annexe au budget du bureau de police et de l’Hôpital de Saint-Gilles pour le mois de
septembre 1915; Pol14-18 – 417, AVB et Verwaltungsbericht des Verwaltungschefs bei dem
Generalgouverneur in Belgien für das Halbjahr Februar-April 1915; Rep. 89 H.-32456, GehStarch
PK.
99. von Drigalski utilise le terme de defekte Personcf. son rapport à la conférence du 8 octobre
1915; Massnahmen … (s.d., p. 15).
100. Tous les chiffres de ce paragraphe proviennent des rapports suivants : Verwaltungsbericht
des Verwaltungschefs bei dem Generalgouverneur in Belgien für das Halbjahr Februar-April
1915; Rep. 89 H.-32456, GehStarch PK; Halbjahresbericht für die Zeit vom 1. Februar bis 31. Juli
1917 – Gouvernement von Brüssel und Brabant et Halbjahresbericht der Provinz Brabant vom 1.
Januar bis 30. Juni 1917 (Präsident der Zivilverwaltung für die Provinz Brabant); HS 2261,
BayHStA; Verwaltungsbericht des Verwaltungschefs bei dem Generalgouverneur in Belgien für
die Zeit vom Mai-Juli 1915; R1501-19455, BarchB. Les catégories sont reprises des rapports.
101. Rapport sanitaire (non daté) par le médecin militaire de la 6e armée couvrant les mois de
février et mars; H(eeres)gr(uppe Kronprinz) Rupprecht – 59, BayHStA.
102. Gheude (1919, pp. 32-33). L’armée française hésite beaucoup plus entre une approche
hygiéniste ou morale, la deuxième semblant l’emporter. Ainsi l’utilisation du préservatif est mal
vue car elle risque de déculpabiliser les rapports sexuels. Le Naour (2002, pp. 194-198).

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103. Halbjahresbericht für die Zeit vom 1. Februar bis 31. Juli 1917 – Gouvernement von Brüssel
und Brabant et rapport du 10 août 1915 par le médecin du Gouvernement général (nom inconnu);
HS-2261, BayHStA.
104. La lecture parallèle des chapitres consacrés au péril vénérien chez Le Naour (2002, pp.
127-155) et Meinen (2002, pp. 37-49) montrent la pérennité de cette peur et ceci aussi bien en
France qu’en Allemagne.
105. « die an dem Mark unserer Volkskraft nagen » (il n’y a pas de véritable traduction pour
‘Volk’ en français); Massnahmen…, (s.d., p. 5).
106. Pour une lecture novatrice du terme de démobilisation : Horne (2002).
107. Virgili (2000, pp. 230-234); depuis lors les travaux de Jean-Yves Le Naour ont relevé cette
pratique en 1918 : Le Naour (2000).
108. Bayet, pp. 6345-6346 (voir note 77).
109. Rapport du 20 juillet 1917 par la 7e division; Pol14-18 – 510, AVB.
110. ‘Avis du 4 mai 1915 concernant le traitement des dénonciations anonymes’ par von Bissing,
Un souvenir… (tome XXI, p. 34).
111. Nous nous basons sur le témoignage d’un consul honoraire (lettre du 24 novembre 1918 de
celui-ci à Crespin) un rapport de police du 23 novembre 1918 par la Division Centrale et un
procès-verbal du 26 novembre ( !) 1918 par la 3e division; Pol14-18 – 439, AVB.
112. Lettre du 12 novembre 1918 par Holvoet à Lemonnier; Cp 420 et la collection de procès-
verbaux de la Conférence des Bourgmestres, CB 390, AVB.
113. Séance du 23 décembre 1921, Bulletin…1921 (1922, p. 2201).
114. Séance 19 mai 1924, Bulletin… 1924 (1925, p. 822).
115. Lettre anonyme du 13 mars 1919 à Max; Pol14-18 – 420, AVB.
116. Gubin (1995, p. 42).
117. Janssens (2001, p. 127).
118. Majerus (2003).

RÉSUMÉS
Pour les Allemands, Bruxelles devient pendant la Première Guerre mondiale un des symboles de
la décadence de l’Etappe. Siège d’une importante administration occupante et lieu de passage
pour de nombreux soldats, la capitale belge voit son nombre de prostituées fortement augmenté
pendant les quatre années de l’occupation. Le monde prostitutionnel est profondément
bouleversé. Pour les dirigeants allemands la prostitution est jugée d’un côté dangereuse pour la
santé physique mais d’un autre côté nécessaire pour la santé psychique. L’approche pragmatique
de l’administration allemande choque la société belge. Dans le contexte de l’occupation, la
prostituée est considérée comme doublement traître sur le plan moral et sur le plan patriotique.

During the First World War, Brussels becomes one of the symbols of decadence of the Etappe. As
the seat of an important German administration and as a resting point for numerous passing
soldiers, the Belgian capital witnesses a sharp rise in the number of its prostitutes during the
four years of occupation. The world of prostitution is turned upside down. The German
authorities judge prostitution to be a danger to the physical health of the soldiers while at the
same time they deem it necessary for their mental health. Indeed the pragmatic approach of the

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
43

German administration shocks the Belgian population. In the context of the occupation, the
prostitute is considered a double-traitor : morally and patriotically.

AUTEUR
BENOIT MAJERUS
CEGES, Résidence Palace/Block E, Rue de la Loi 155/Bte 2, B-1040 Bruxelles, Belgique,
benoit.majerus@cegesoma.be
Benoît Majerus (1975), licencié en histoire (ULB). Chercheur au Centre d’Études et de
Documentation Guerre et Sociétés Contemporaines à Bruxelles, il travaille actuellement à
l’élaboration d’une thèse de doctorat portant sur le maintien de l’ordre pendant les Première et
Deuxième Guerres mondiales à Bruxelles.

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Criminological Museums and the


Visualization of Evil
Susanne Regener
Translation : Benita Blessing

1.
1 What purpose do criminological museums serve? The Austrian criminologist Hans Groß
was the first to justify the need for them in 1894:
But even the study of a compendium is not sufficient, even if it were able to contain
all that the criminologist needed in this area. Especially because much of the
authoritative knowledge for this field (e.g., forensic medicine, microscopy,
photography, chemistry) is developing so rapidly today that [the knowledge] that
had only just been discovered one year ago is already completely out of date.
Furthermore, much can be learned from just a little contact with real objects that
could not be taught by the longest of descriptions. Finally, most of what the
examining magistrate must definitely know cannot be stated in a book, because this
knowledge could too easily fall into unqualified hands2.
2 Groß identified the essential functions of a criminological museum in this passage.
With its visual format, the museum’s collection should complement a traditional
textbook, and always be able to present the most current state of knowledge. In
contrast to a written description, actual contact with objects can teach lessons more
effectively. Finally, some areas of the museums should only be made accessible to a
specialized public. «Visualization», «objects of learning», «more profound
understanding», and «specialized knowledge» are the key terms that must inform
studies of historical criminological museums. What does a museum of criminology
contain? «Very disparate objects», wrote Gross, including «interesting objects of
forensic medicine», «microscopic equipment», «poisons», «weapons», «blood samples»,
«tools for theft», «photographs of criminals», «handwriting samples of criminals», and
«means of disguise»3.
3 The criminological museum was a place where objects and pictures were collected that
reproduced contemporary knowledge about crime and its perpetrators. The museums

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came into existence around the turn of the twentieth century in some large European
cities, a consequence of the establishment of criminology as a science. This close
relationship between scientific discourse and the practice of collecting and exhibiting
is the theme of this chapter. As exhibits and as places of learning, the criminological
museums symbolized not only the representation or mediation of contemporary
theories of criminology, but also the specific belief in the ability of objects to express
ideas.
4 The museum, as part of a larger cultural archive, is a place of collection and of history.
«Objects – fragments – are collected together to maintain a past (and triumphant)
event in memory. The items are removed from their normal contexts and arranged in a
different order»4. I wish to show what function this «trophyization» served in a
historical criminological museum, how the items were used, and what sort of power for
imparting knowledge the objects were accorded. The positivist theories of criminology
are the context in which the objects are placed and assigned meaning 5. These are
projects that were informed by the framework of biopolitics, which subjugated
humanity to a biological scientific view and formed the mechanisms for segregation
and exclusion.

2.
5 Textbooks and handbooks on criminology and police practice 6 were always well
illustrated at the turn of the century, and the criminological museum can be seen as a
medium with comparable pedagogical functions. However, before I look further at the
didactic characteristics of the criminological museum, I would like to describe the most
important museum collection for the science of criminology, which was established by
Cesare Lombroso and set the tone for later museums. The oldest and largest collection
of visual and contemporary artifacts, it sheds light on the European discussion of
deviance during the last third of the nineteenth century. This collection, still entirely
complete, is housed at the Istituto di Medicina Legale,the Institute for Medical
Jurisprudence, in Turin. Since 1914, it has been closed to the general public 7. I thus
direct the reader’s attention to a droll site of the construction of knowledge, and will
name a series of those objects believed by their collectors to provide information about
evil and criminality/the criminal mind.
6 Upon entering the badly lit archive at the Institute for Medical Jurisprudence,one finds
overflowing dark museum display cases and cupboards, an assortment of boxes,
cardboard signs, glass containers, models, human bones, and books. It is a picture of
mass chaos, although the following items can be discerned upon closer examination:
photographs, drawings, and lithographs, depicting criminals, psychiatric patients, and
prostitutes; objects and pictures that were made in prisons and psychiatric institutions
by their inmates; brains and whole heads preserved in liquid; display boards, on which
an assortment of photographs is arranged-portraits, or photographs of perpetrators
with their tools of crime, or crime scenes; wax and plaster masks of fugitives, plaster
casts of ears and hands, preserved pieces of tattooed skin; a mummy in a cupboard, and
many skeletons and skulls.
7 Cesare Lombroso had studied medicine in the 1850s and later was a military doctor in
the Italian army8. There he conducted his first anthropometic surveys of soldiers, and
collected skulls and brains with the intention of demonstrating the ethnic differences

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among Italians from different regions. Paralleling English, French, and German
positivism, Lombroso developed an evolutionary theory of physical and mental
attributes of degeneration for the characterization of criminal types.
8 After he was appointed head of the psychiatric hospital in Pesaro in 1871, he began to
assemble his first album of illustrations about patients and prisoners 9. This Album dei
delinquenti,which depicted the proximity of mental illness and crime visually and
physiognomically, became one of the first display items for the subsequent museum. In
a commemorative essay from 1911, Hans Kurella claimed that Lombroso evolved into a
«titanic» scientist:
As is clear from his bibliography, Lombroso was a philologist, philosopher, mystic,
anatomist, anthropologist, neurologist, psychiatrist, sociologist, statistician, and
social and political scientist. He was always original, always assembling piles of
observations, everywhere paradoxical, bold in hypotheses, surprising in his ability
to bring together otherwise disparate fields, and a collector of facts of the highest
order. His not inconsiderable analytical capacities were completely outshone by his
passion for synthesis; his titanic efforts toward inductive research were again and
again crisscrossed and often paralyzed by his gifted eye for analogies 10.
9 The essay praised the many sides of the empiricist, particularly his hard work in the
assemblage of resources and evidence. In fact, a look in Lombroso’s archive shows that
scientists and institutions all over the world supported his collecting efforts. His use
and interpretation of these extensive materials can be seen in his 1876 work The
Criminal Man (L’uomo delinquente)11, which employed primarily photographs from police
archives, prison administrations, and psychiatric institutions, originating from many
European countries.
10 The collection of visual materials was the main element of the Archivio di Psichiatria,
antropologia criminale e scienze penali, the Archive for Psychiatry, Anthropology and
Criminal Science, which was founded in 1880. At this time, Lombroso was a professor of
legal medicine and hygiene in Turin. The collection was shown publicly for the first
time in 1884 in Turin. It included not only pictures, but also casts of body parts and
crafts made by the inmates of psychiatric institutions and prisons. The exhibits that
accompanied the conferences on criminal anthropology (which took place regularly as
of 1885) found international acclaim. In 1892, the exhibit officially became the Museum
of Psychiatry and Criminologyat the University of Turin12.
11 What remains of the Lombroso Museum is a confusing mixture of visual documents of
people who had been declared outsiders. Some examples: death masks of prisoners,
modeled in wax, with added eyes and hair, lying on fabric pillows. Drawings of
executed brigands. Photo studies of homeless children in southern Italy, undertaken
for research about inborn criminal dispositions and their physical expression.
Photographs of so-called ape-people; that is, freaks who were put on show at annual
markets and, according to Lombroso, showed clear signs of their original biological
state. (As is known, he conducted research on the similarities between criminals and
so-called wild people.) Pasteboards that show photographs of prisoners from different
regions of Italy. Large format lithographs (48 X 30 cm) in wooden frames, copied from
police photographs. Portrait photographs of clothed and naked bodies in psychiatric
hospitals: physical similarities between psychiatric patients and criminals were being
sought. Photographs of patients were displayed in a cabinet together with objects that
the patients had made, as if «The criminal anthropology museum in Turin is the visible,
datable evidence of that desperate search for signs, which were packed with meaning

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and elevated to symbols»13 there were a specific relationship between physiognomy


and the handmade objects.
12 In Lombroso’s collection are also drawings of tattoos and preserved pieces of skin from
prisoners. This enumeration offer a glance into the variety of the museum’s collection.
The objects, especially the photographs, are symbols of both a particular interpretation
of the Darwinian evolutionary model and a political dimension of Lombrosian research
activity. For it was the time of the national unification of Italy which provided the
background for the study of social and cultural contradictions and created an interest
in subcultures (the south of Italy was described as the dark continent). Lombrosos’s
evolutionary model aimed to bring the different expressions of (pathological)
disturbances – such as criminality, mental illness, prostitution, banditry, atavism, and
homelessness – into an arrangement that enabled their analysis. The collected objects
thus acquired a new, museum-specific context. In this manner, the exhibit room
attempted to define metaphorically any deviance, abnormality, or other factors of
disturbance that threatened the definition of a unified nation. The function of the
museum was, in this context, to express symbolically the borders, stigmata, and
visionary plans of the contemporary project of «making Italy».
13 The Lombroso Museum can be understood as part of a cultural history that increasingly
focused on the nation, a phenomenon that was part of a larger European trend. More
generally, a transformation in the social role of the museum in the nineteenth century
occurred within «the change in the national conscience under the influence of the
state, which regarded the museum as one of those institutions that contribute to
fostering the integration of all parts of the country which belong to the state and all
levels of society which constitute the nation»14.
14 It was precisely to promote this idea of nationhood that was behind Lombroso’s
scholarly work. He proposed a social-Darwinist solution: exclude completely and
render innocuous those so-called «born criminals» who were seen as incurable 15. «Here
lay the efficacy of Lombroso’s social evolutionary model», wrote Daniel Pick, «it
brought all those contradictory social processes together into an apparent discursive
unity»16. Lombroso’s positivism looked for the blemishes on the body that signaled
degeneration and abnormality. A biological concept was thus connected to a new,
criminal-anthropological perspective. Lombroso’s collection presented his
accumulation of artifacts as if it alone covered the whole field of knowledge about
criminals under scientific study.

3.
15 Little documentation exists about the original exhibit. Its presentational design can be
reconstructed by using some photographs of the interior, made between 1900 and 1906,
and an essay by Lombroso17. The collected objects were not displayed in a
representative fashion: the cups painted by prisoners, works of art by psychiatric
patients, death masks of deceased inmates, and tools used in prisons were exhibited in
the glass cases by the dozen.
16 The photographs and lithographs portrayed the patients and criminals in the same
empiricist way. Everything was lined up in rows, the faces one next to another, all
repetitions of standardized forms. The walls were packed with various pictures,
stretching right up to the ceiling. And of course there were the never-ending

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mountains of skulls and skeletons. The «collection mania» was connected to a desire
for comprehensiveness, a precondition for comparisons and scholarly evaluation 18. But
Lombroso was not interested solely in the classification of the Italian population into
normal and abnormal categories, but in creating a typology of «the criminal» in
general. He acquired items for comparison, such as portraits of criminals, from
individual researchers of criminal anthropology. Additionally, the Spanish, Mexican,
Portuguese, German, Chilean, and Australian governments had sent him copies of
criminal albums before even the turn of the century19. Lombroso’s description of his
museum emphasized a belief that he had already repeatedly expressed in numerous
publications, one that demonstrated his assumption about the direct impact of the
exhibits on the viewer: namely, that the portrayals of the criminals were in all cases
characterized by physical anomalies; for example by deviant noses, enormous jaws,
asymmetrical faces, sloping foreheads, prognathy, squinting and sunken eyes, lack of
facial hair for men, and virility in female faces20. The museum was, for Lombroso, a
visual manifestation of his science of crime and criminals; it was a collection of artifacts
that created a reality. Perhaps his presentation of the collection to the criminal
anthropological conferences was an attempt to demonstratively counter potential
criticism21.
17 The criminal anthropological museum collection was to be a sort of visual training
program. The purpose of this presentational strategy for the scientific community was
not explained further; the only premise was that its documentation of deviancies
should be educational and serve in some form to prevent crime. Lombroso’s
pedagogical aim with the museum was to offer visible evidence that could help
criminologists and state institutions learn to see the criminal characteristics 22. The
Lombroso Museum illustrates, in many respects, more general aspects of the field of
science. It is a collection of objects that in the contemporary context of an intersection
of areas of knowledge – in particular of criminology, forensic psychiatry, and
physiognomy – was an idealization of evidence. The Lombroso Museum is a source of
criminological thinking that engendered natural science concepts to explain human
«nature», a line of thinking that utilized a Darwinist model that was completely limited
to a biological view of humans.
18 The pictures and other objects made their way into the museum from different sources:
from police investigative work, prison archives, and medical and criminological
research projects, all of the items arranged into a new mosaic in their new home.
Without regard for technological progress in photography or for aesthetic values, any
and all pictorial evidence that Lombroso could get hold of flowed into the museum. His
collection of objects is very heterogeneous; however, his main interest was directed
toward their usefulness for bio-semiotics. All methods of expression and the
appearance of the criminal (his acts, his body, and his tattoos) were placed with the
framework of a biological pattern.
19 Yet no descriptive clarification accompanied the presentation of the objects. The items
were ascribed a power of expression, as it were, as if they could speak for themselves –
«parlano da sé»23. The pictures became symbols for the presentation of criminal types of
a particular ideological makeup. The symbol is an objectification of human practice
that communicates a definition, and is thus connected to meaning, as was established
by Alfred Lorenzer, following Ernst Cassirer24. That is, the symbol cannot be understood
by several people at once if it does not refer to a conceptual basic structure of shared

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ideas. In other words, that which was selectively presented by a criminological museum
was based upon a fundamental consensus about the appearance of evil, of criminals,
and of the visible expression of such traits on the body. As the science of criminology
established itself at the turn of the century, criminological museums also appeared in
other places.

4.
20 The Criminological Museum in Hamburg (founded in 1893), was of a similar structure to
the Turin museum25. Here, also, an aura of knowledge surrounded the collection of
artifacts of deviants, establishing as it were a metaphysics of evil: the object’s essence
could be grasped merely by gazing at it. The items on view at the museum were
therefore seen as important because knowledge would manifest itself in them.
According to a text about the Hamburg Museum from the 1920s, «In the collected items
for comparison and study of the museum, it is as if the accumulated experience of the
individual were depicted»26.
21 The process discussed above of seeing/understanding and the ensuing categorizing
classification is comparable to the popular scientific methodology of physiognomy,
which connects externally visible aspects to internal characteristics. The surface of an
object provides the roadmap to an invisible meaning, which can be re-created by means
of experience, in the same way that one can be trained to be a good judge of
character27. In this sense, for example, the death masks of executed criminals in
Hamburg were objects of study for physiognomic deviance; simply looking at these
masks supposedly provided knowledge about the character of the deceased.
22 On the following pages I will discuss the contemporary ideas about what a
criminological museum was to achieve and how it was perceived. Criminological
museums are archives of tangible knowledge about deviancy and an expression of a
belief in a physiognomic record of humankind, stored in anthropological facets. The
supposed all-seeing eye of the criminologists is actually concerned with that which is
not perceivable by untrained eyes: objects and pictures stand for social outcasts and
criminal energy. The magic formula for recognizing the invisible was a professionally
trained gaze, which could be improved by viewing the selection of displayed artifacts.
But what brought about this valuation of the objects?
23 Krysztof Pomian calls such objects that do not possess value but nevertheless have a
meaning «semiophores» (see Semeion – illustration)28. They are objects that in and of
themselves do not have a use and that represent something invisible, until they are
accorded a meaning. Examples of this phenomenon are the objects employed by
criminals in a crime and any other circumstantial evidence: after the trial, these items
are without value, waste-products. In the context of the museum, however, the role
that they have been assigned them makes them valuable. The criminological scientist
Hans Groß thus insisted in his 1894 plan for a criminological museum that a
pedagogical collection of material could be assembled from items that were otherwise
«lying around totally unused and without value» in court exhibit rooms and police
precincts29. And, in fact, a revaluation of police evidence took place in the criminal
museum, objects, it was believed, that still retained an essence of the crime 30. These
waste-products acquire a new value as semiophores. Similarly, photographs and
illustrations of criminals that helped the judiciary identify a criminal acquired a new

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significance once placed in the museum. A portrait of a person could demonstrate


criminal deviance by illustrating the individual’s physical characteristics. The picture
used for identification in a previous context became a picture of a criminal type here.
An object that used to serve one purpose (e.g., visual identification) was recreated
within a new discourse, giving it a new meaning. In the context of the criminological
museum, the pictures were rearranged in rows and grouped according to content. This
approach was clearly based upon a body of knowledge that enabled the new
construction of meaning. The objects that were supposed to speak for themselves
thereby evidenced a theory and a new experience of crime and criminal behavior.
24 The synthesis of photographs, death masks, and photographs of the victim at the scene
of the crime could thus suggest the particular brutality of a murder-robbery, as in the
case of Rudolf Albers (executed in 1914)31. According to the accompanying text in the
Hamburg museum, the picture showed an «unusually emotionless and dangerous
person.» Such a collage of images demonstrated a typical psychological profile, whose
use Hans Groß recommended as a teaching tool: «Whenever for instance any object
from a very cunning perpetration of a crime is being discussed, I make sure that I show
any available photographs of the perpetrator, even when his expression is so
unintelligent that one would not believe him to be capable of the crime in question» 32.
25 Criminologists give the things they gathered a meaning not only by providing a means
of deducing criminological knowledge; knowledge was also produced by these
museums. In fact, a glance at the objects in a museum is an objective statement, for, as
Pomian remarked, «collections are the insignia of their [scientists’] thought» 33. The
semiophores of the criminologists create a space, an overview, where, in a manner of
speaking, the authority of the scientists over the object – the criminal – is staged.
26 A museum as a state institution affirms a specific tradition. It lays out the framework in
which the exhibited objects are brought into a formal relationship with each other.
Clearly, an identifiable need had arisen around the end of the nineteenth century: in
1899, Hans Groß noted that a «young generation» was growing up that accorded the
utmost significance to the «study of real facts in criminal law» using scientific
methods34. The construction of knowledge was to take place by seeing, demonstrating a
belief in positivism and legitimating the criminological museum. Groß said: «The
criminological museum is definitely a necessary part of the study of criminology, it is to
that field what an illustration is to a textbook, an experiment to chemistry, equipment
to physics, the slide to anatomy, the test object to physiology – the so self-evident
principle is true everywhere: that one must first have seen the objects about which one
speaks and evaluates»35.
27 As a «collection of pedagogical objects and objects for comparison» 36, the
criminological museum was more than a historical cultural exhibit: its creators wanted
to use it not only as an exhibit site, but in particular as a place of learning. Its
instructive character was to be guaranteed by the careful selection of displayed items:
«In general one should only put typical objects into the museum, typical either
according to their composition or according to the way in which they were
employed»37. Practically, the practice of teaching from real facts meant that objects
could also always be replaced by other («more suitable») objects 38. The guiding
principle for museums was the following premise: «Every criminal typology must
explain the actions of professional criminals, and every attack on the goods of human

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society can be traced back to the effects of especially strong motivations (motives). It is
especially important for successful policing that these facts are thoroughly learnt» 39.

5.
28 The museum that Gustav Roscher built in Hamburg contained – like the Turin
museum – collected objects whose relevance had only been lost insofar as they derived
from an act that had already been committed and discovered. The spoils included
weapons, poisons, finger prints, breaking and entry tools, models, and reproductions.
Of these instructional items, the «criminal album» was of particular importance. This
was a collection of pictorial/photographic representations of police activities, criminal
acts, and criminal personalities40. This collection, taken from criminal activity, directed
the viewer’s gaze back to criminal activity: the historical objects were accorded
relevance once again as objects of comparison. As an aid for the criminal police, the
criminological museum was embedded in the interaction between criminality and the
fight against crime:
The fact that the criminals, particularly the professional and the international ones,
carefully follow the progress of technology and science and use it in the execution
of their criminal acts means that the criminal police are obligated to use all these
items at their disposal in their fight against these [criminal] elements, if they do not
wish to be at a disadvantage41.
29 According to Groß’ strategy, known causes and known effects were exhibited «so that
then in a serious case... in the process of a comparison, a clue for the tracing of a cause
or else an effect can be given»42. Acquiring finger prints was not only a means of solving
a crime but also provided – again in the sense of according an object new meaning –
material for teaching about criminal behavior and the face of the criminal. Using these
aids, criminal officials were to be able to think their way into the behavior, psyche and
appearance of the criminals, into the «customs and tricks of the criminal world» and
«the idiosyncrasies of the individual criminal», as Roscher insisted 43. The museum was
thereby the intersection between theory and practice of the criminal police.
«Learning» in this museum connoted guiding the criminal police officer «by direct
observation in the ways of thinking, the knowledge and the conclusions that make up
his professional training»44. Following the general contemporary trend to understand
museums as sites of learning45, criminal museums were built in such a way that the
organized display of criminal objects provided a place of instruction for both new and
experienced criminal police officers46. The pedagogical function provided by the
arrangement of specific museum exhibits had to be connected with «expert
instruction», according to the dictionary of criminology in the 1930s, «because one
cannot just see that an otherwise harmless object is indicative of a crime and why this
is so»47.
30 The exhibits of the criminological museums in Berlin, Dresden, Graz, Hamburg, London,
Rome, and Vienna were all classified and arranged according to the types of the
offenses committed. For example, the classifications in Berlin included: 1. criminal acts
and offenses against the person and his life; 2. types of theft; 3. false money and other
forgeries, deceits, and games of chance; 4. international examples of capturing
criminals (defense against attacks, transportation); 5. pornography; and, finally, 6. a
collection of handwriting samples48. What looked at first like an arrangement of types
of crimes and booty was at the same time an arrangement of faces that helped explain

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the criminal deeds. The museum supported the criminological pursuit of evil and its
emissaries in a room of illustrative examples. Behind the trophies of criminology and
criminological technology lay ideas about the typical customs of the perpetrators and
criminal typologies. In the early 1900s, the Italian criminologist Alphons Niceforo
described the value of the objects in the criminological laboratory thus:
The photographs or the original materials themselves will assist the examination of
the criminal personality, as for example in displaying the different signs of
degeneration in the physiognomy of the so-called born criminals. The instruments
for the study of criminal emotions, of sensitivity to pain, of the different senses, of
mobility and movements are likewise important exhibits. The collections of corpora
delicti and the characteristic works of prison inmates illustrate the intelligence, the
morality, and the sensitivity of the criminals49.
31 The pedagogical and visual collections were directly concerned with making this
connection between on the one hand anthropological and psychological ideas about
criminals, and on the other hand selected pictures of the criminal body and objects that
criminals had come into contact with. Everything came to be regarded as an important
indicator. Behind the formal method of collecting lay questions about the appearance,
the essence, and the specific behavior of the criminal, as was made clear by a source
from the 1920s concerning the Hamburg criminological museum:
The museum finally transmits the knowledge about those general characteristics
that go hand-in-hand with the criminal mind; the motives that set the criminal will
in motion; the peculiarity of the state of mood in which good and evil elements
work confusedly; the behavior of a criminal before, during, and after the deed; the
great struggle with the power of conscience or of fear that shakes the whole being
of the person to its very core, etc. These are features that are of the greatest
interest not only to the authorities but also to the normal citizen 50.
32 In this passage, something is articulated that I discussed earlier: with a particular
reference to culture, symbolic forms are selected and then assigned a role as evidence
and objects for study-objects that have the ability to instruct not only the specialist, but
also the general public. The semiophores thus exhibited are examples of one way of
looking at criminals, and they represent the desire to have crime under control. But
they also function as symbols of victory, trophies, in the fight against crime. Finally,
the construction of these museums also had an anthropological/ethnological function:
to investigate a strange world, a subculture, in order to combat it better.
33 The criminological museum was, in the form described, the product of theoretical
developments in criminological science. The so-called field of classical criminology
focused on the act, whereas positivist criminology placed the criminals at the center of
its studies51. Free will no longer explained an individual’s behavior, but rather
biological predetermination did. The biological conception thereby provided not only a
frame of reference for the explanation of criminality and of the idea of a criminal type,
but also justified punitive measures (e.g., in determining the likelihood of relapse,
degree of punishment, treatment at trial, etc.). The typology of the criminal was
connected to pictures and objects in the museum; the displays of photographs and
objects in the museum led to their re-evaluation as objects capable of transmitting
culture.
34 Yet the epistemological history of criminology did not remain at this juncture. True,
criminology had, until the 1960s, «equated the scientific analysis of criminality with
the investigation of the criminal act and of the criminal deed» 52. But since then, the
field has been deeply shaken by the «labeling perspective» (critical criminology) in its

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manifest individual explanatory approach. Briefly stated, under the premise that
criminality is not something that is inherent in behavior, but rather is to be understood
as a social phenomenon, the old-style pedagogical museum became questionable. The
change of paradigm in criminology led to the gradual disappearance of the belief that
evil can be seen and of the field of criminal psychology 53.
35 After World War II, criminological museums were no longer maintained 54. If the
collections were not immediately destroyed, they continued to exist as «horror
galleries» for the public. Over the last ten years there have been renewed efforts to
establish criminological museums under the guise of «police historical collections»
with a cultural-historical bent. These are concerned mainly with the history of
organizations, costumes, weapons, and police activity (e.g., the Berlin Police History
Collection). Perhaps a greater awareness of history on the part of police forces, or else
the pressure to justify police activity, is responsible for a new trend of police public
relations work, so that many German regional police departments support the setting
up of such exhibits55.
36 A direct connection between criminological discourse and museums no longer exists.
Findings deriving from theory or practice in police or criminological work no longer
can be put into a museum as an effective means of instruction – one could also say,
there is nothing more to be seen. Once «the projection of the problem of criminality on
and its implantation in the person of the perpetrator»56 was abandoned, the objects of a
criminal act or the photographs of the perpetrators lost their symbolic and
physiognomic power. Sketches of criminals, based upon the observation of the scene of
the crime (and photographs of scenes of the crime) have replaced the old criminal
albums (which were meant to train the eye to identify a type of perpetrator). In the
case of so-called profiling, evidence left by the perpetrator at the scene of the crime is
used to create a profile of the criminal’s personality. These are complicated analyses
that supposedly ascertain the psychopathological behavior of the perpetrator.
Museums today have become unnecessary for specialists because the processes of
determining criminal behavior is carried out by other techniques than the mere
examination of criminal objects. And for the public, evil can be portrayed in much
more real terms through the medium of film than it can in a criminological museum 57.

BIBLIOGRAPHY
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NOTES
2. Groß (1894, p. 4).
3. Groß (1894, pp 13-15) showing a total of twenty-nine categories of objects.
4. Schmidt (1993, p. 122).
5. Nye (1984); Regener (1999).
6. Becker (1992, pp. 283-302).
7. I would like to thank the director of the Institute for Medical Jurisprudence, Professor Mario
Portigliatti Barbos, for his support of my research.
8. For Lombrosos’ complete biography, see Colombo (1975); Gadebusch Bondio (1995, pp. 18-36).
9. See MAC, no. 1145, Album dei Delinquenti, vol.1 (1871).
10. Kurella (1911, p. 1).
11. Lombroso (1876). The accompanying pictorial atlas Atlante first appeared with the third
edition (Torino 1896-1897), primarily due to technical difficulties with printing. The second
edition of 1878 was considerably expanded. See Gadebusch Bondio (1995, pp. 38-40).
12. See Colombo (1975, p. 51). After Lombroso’s death in 1909, his student and successor Mario
Carrara maintained the museum as a public institution until 1914.
13. Portigliatti Barbos (1989, p. 588). See also there the illustrations from the collection.
14. Pomian (1994, p. 117).
15. Radzinowicz (1991, pp. 31-32).
16. Pick (1989, pp. 116-117).
17. Lombroso (1911). This is the rewritten version of a handwritten manuscript that I found in
MAC, written by Lombroso in 1906. See illustrations in Colombo (1975); Regener (1999).

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
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18. The «collection mania» did not only affect criminal anthropology; large ethnographic
museums were created in the 1870s (in Leipzig, Dresden, Hamburg, Berlin, London, Vienna,
Rome, Lyons, Paris) that focused on the historical development of humanity. See Wunderkammer
(1994, p. 76).
19. Cf. Lombroso (1911, p. 305).
20. Ibid.
21. Lombroso and the so-called Italian school were strongly attacked, particularly from the
French group supporting Lacasagne. See Pick (1989, pp. 139-152); Gadebusch Bondio (1995, pp.
123-149).
22. See Lombroso (1911, p. 306).
23. Portigliiani Barbos (1973, p. 1448).
24. Lorenzer (1981, pp. 23-24).
25. See: Wosnik (1926); Regener (1993, pp. 153-270).
26. Wosnik (1926, 1, pp. 6-7).
27. Cf. Carus (1858, p. 381).
28. Pomian (1993, pp. 49-54).
29. Groß (1894, p. 16).
30. For instance, the bloody shirt collar and the bullet from the body of the murdered federal
chancellor Dollfuß were transferred to the Viennese criminal museum shortly after the trial
against the National Socialist rebels (1934). See Seyrl (1985, p. 10 ff).
31. Wosnik (1927, 2, pp. 13-22).
32. Groß (1896, p. 90).
33. Pomian (1993, p. 61).
34. Groß (1899, p. 111).
35. Groß (1896, p. 93).
36. Roscher (1912, p. 225). See also Wosnik (1926, 1, p. 1).
37. Roscher (1899, p. 247).
38. Ibid.
39. Wosnik (1926, 1, p. 6).
40. Roscher (1899, p. 248).
41. Roscher (1912, pp. 210-211).
42. Groß (1896, p. 92).
43. Roscher (1912, pp. 211-212).
44. Handwörterbuch (1936, 2, p. 338).
45. See Deneke (1977, pp. 118-132).
46. Groß (1899, p. 128). Usually the museums were open to the public and were discussed in
newspapers, as was the case for the Berlin Criminal Museum. See Neue Preussische Zeitung 43
(1895), supplement.
47. Handwörterbuch (1936, 2, p. 340).
48. Niceforo (c1909, pp. 394-398).
49. Ibid, p. 443.
50. Wosnik (1926, 1, p. 7).
51. See Beirne/ Messerschmidt (1991, p. 295). The exact beginning of positivism is difficult to
identify; its precursors were the phrenologists (Gall, Spurzheim), and in particular the statistical
work of Quételet.
52. Sack (1987, p. 245).
53. Photographs of suspicious individuals and inmates began to disappear from textbooks after
the Second World War.

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
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54. The exception is the «Pedagogical Collection for Criminal Police» in Hamburg, which still
exclusively is used for visual instruction in the training of police officers. Its collection contains
primarily recent material.
55. A curious example of this phenomenon is the newly opened World Police Museum in Taiwan,
which displays typical emblems, police badges, and uniforms for every country.
56. Sack (1991, p. 32).
57. A recent example of this phenomenon is the popularity of films about serial killers and
psychopaths, for instance «Silence of the Lambs» (USA 1991, directed by Jonathan Demme) and
«Seven» (USA 1995, directed by David Fincher).

ABSTRACTS
Criminological museums were established in the late nineteenth century, and they were a
product of the positivist criminology at that time. The article describes this special form of
museum and its function, trophyization, and to be a sort of visual training program. The
examples of Cesare Lombrosos museum in Turin and the criminal museum in Hamburg are able
to give a glimpse into contemporary ideas about what a criminological museum was to archive
and how it was perceived. The objects are connected with anthropological ideas about criminals,
they came to be regarded as important indicators. The article deals with a pre-history of the so-
called profiling, and focuses the ideas of visualization of being criminal.

Des musées criminologiques, produits de la criminologie positiviste de cette époque, ont été créés
à la fin du XIXe siècle. Cet article décrit cette forme muséale particulière et sa fonction: ériger des
objets en trophées et constituer en quelque sorte un programme visuel de formation. Les
exemples du musée de Cesare Lombroso à Turin, et du musée criminel de Hambourg permettent
de comprendre ce qu’un établissement de ce type était censé conserver et comment il était perçu.
Les objets étaient liés aux conceptions anthropologiques du criminel. L’article traite ainsi de la
pré-histoire du «profilage» et de la représentation du criminel.

AUTHORS
SUSANNE REGENER
Genthiner Str. 6, D-10785 Berlin, regener@uni-hamburg.de
Susanne Regener, Dr. phil., habil. Lecturer in Cultural Studies, European Ethnology, Media
Studies. At the time guest-professor at University of Klagenfurt. Publications about: culture of
childhood, visual culture, history of photography, gender studies, cultural history of death,
images of psychiatry and criminology, internet-pictures. Main book: Fotografische Erfassung
(Photographic Recordung): Zur Geschichte medialer Konstruktionen des Kriminellen, Munich,
1999.

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
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La criminalité de sang en Corse sous


la domination génoise (fin XVIIe-
début XVIIIe siècles)
Antoine Laurent Serpentini

L’impact réel de la criminalité de sang


1 En 1758, dans un très virulent pamphlet visant à légitimer la révolte des Corses contre
la République de Gênes, l’abbé Don Gregorio Salvini2, l’un des conseillers les plus
écoutés de Pascal Paoli, dénonçait, entre autres tares, l’impuissance flagrante de la
justice génoise à juguler le banditisme dans l’île, et plus particulièrement la criminalité
de sang qui semblait avoir pris des proportions terrifiantes. Salvini, reprenant et
développant les arguments avancés, quelque vingt ans plus tôt, par le chanoine Natali 3
affirmait en substance que si Gênes avait finalement pris la décision d’interdire les
armes à feu en 17153, ce fut après examen des registres de criminalité tenus par les
chancelleries des dix provinces insulaires d’où il ressortait que la population, déjà
éprouvée par tant de maux, avait eu à subir 28 715 homicides durant les trente-deux
années précédentes.
2 28 715 meurtres entre 1684 et 1715, soit environ 900 meurtres par an (897 exactement)
pour une population qui, durant la même période, oscille entre 120 000 et 130 000
âmes5. Ces données posent incontestablement problème et, pour le moins, auraient dû
interpeller avant ce jour les historiens et les démographes. En effet, si on avalise ces
chiffres, il faudrait admettre que pendant cette période quasiment toutes les familles
insulaires ont participé de cette violence sanguinaire ou bien ont eu à la subir à travers
au moins un de leurs membres. Par ailleurs, si on les reporte à la France dont la
population, pour la même période, est estimée à 23 millions d’habitants 6, on obtient
environ 158 000 homicides par an et 500 000 pour les trente-deux années considérées,
c’est-à-dire – toutes proportions gardées – une ponction bien plus importante que celle
subie par l’Europe belligérante durant la guerre de Trente ans, et qui se rapprocherait,
comme le souligne Emmanuel Le Roy Ladurie7, de celle que provoqua dans l’hexagone la

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guerre de 1914-1918 ! On pourrait aisément nous objecter que l’histoire de la Corse ne


se confond pas, à cette époque, avec celle de la France et que les taux de criminalité de
l’île ne sauraient être comparés à ceux d’un royaume en expansion, incontestablement
plus policé et à la démographie plus vigoureuse. Certes, et nous en convenons d’autant
plus volontiers que nous récusons les estimations avancées par Salvini.
3 Il n’est pas possible d’aller vers des projections fiables en l’absence d’indications
précises concernant et la structure de la population insulaire et l’âge moyen des
victimes. Cependant, les renseignements dont nous disposons nous permettent
d’affirmer, d’une part, que le prélèvement portait massivement sur la population
masculine8, vraisemblablement très majoritairement comprise dans les tranches d’âge
20-60 ans, et que, d’autre part, la population insulaire croît de façon assez sensible à
partir de la fin du XVIIe et que le mouvement est soutenu jusqu’aux années 17709.
4 Il semble donc évident que la criminalité de sang n’a jamais pu atteindre de tels
niveaux. Pourtant, tous ceux qui depuis se sont intéressés à cet aspect du passé
insulaire, à commencer par le génois Francesco Maria Acinelli 10 dans les années 1770,
ont accrédité ces informations11, avant tout soucieux de mettre en exergue les effets
destructeurs de l’incurie du système génois ou bien ceux des mœurs présupposés
sanguinaires des Corses, voire de la conjonction de ces deux phénomènes. Seul
Emmanuel Le Roy Ladurie, bien que n’étant pas en mesure de vérifier ces affirmations,
s’en étonne et parle à ce propos d’île « ethnographiquement violente » 12. La sévérité de
l’appréciation a été relevée par certains historiens insulaires 13, elle nous semble
pourtant justifiée s’appliquant à ce que l’on pensait être la réalité criminogène du
temps. Heureusement pour l’île, cette criminalité de sang, bien qu’étant
incontestablement une des plus fortes d’Europe, n’était cependant en rien comparable
à cette véritable vision d’apocalypse évoquée par Natali et Salvini. Nous sommes en
mesure, aujourd’hui, d’en apporter la preuve.
5 Partant des assertions mêmes de l’abbé Salvini, nous nous sommes efforcés de
retrouver dans les archives génoises les fameux registres en question. Nombre d’entre
eux reposaient, comme c’était prévisible, à l’Archivio di Stato de Gênes et, plus
précisément, dans les liasses de la série Litterarum du Fonds Corsica. Ils ne recouvrent
pas parfaitement la période ci-dessus définie, mais ils sont assez nombreux et surtout
suffisamment riches d’informations diverses pour pouvoir témoigner de la situation. Il
faut souligner leur intérêt, car il est rare que les archives judiciaires des Temps
Modernes fournissent un corpus d’une telle richesse couvrant un espace aussi vaste sur
un temps relativement long14. Nous en livrons ici les premiers enseignements.
6 Ces documents se présentent sous forme de rapports adressés, en fin de mandat, par
chaque gouverneur de l’île au Magistrato ou Ufficio di Corsica, organisme qui, à Gênes,
coiffait la gestion de la Corse. Ainsi le plus ancien, daté du 25 avril 1692, comptabilise
les crimes commis dans les années 1690-1692, sous le gouvernement de Giovanni
Prato15. Pour les années 1692-1694, seul a été conservé le relevé concernant la province
de Bastia16. Le rapport suivant nous fait remonter au 24 du mois de juin 1702, date à
laquelle le gouverneur Filippo Adorno entre en fonction. Il énumère les homicides
commis jusqu’au 18 juin 1704, au moment où le gouverneur, arrivé au terme de son
mandat de deux ans (biennio),s’apprête à quitter l’île17. Faisant suite à ceci, une belle
série de rapports bi-annuels, avec une seule interruption (années 1708-1710), nous
conduit jusqu’en 172018. Enfin, un dernier rapport couvre partiellement les années
1726-172819. Il recense uniquement quatorze assassinats et sa présentation ainsi que

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l’absence d’autres états pour les années précédentes nous amènent à penser qu’à une
époque où bien d’autres dangers se précisent, la recension des homicides n’est plus
pour Gênes une priorité. Nous n’avons donc pas tenu compte de ce dernier registre
pour l’élaboration de nos statistiques.
7 De la lecture des diverses relations retenues, il ressort tout d’abord que les gouverneurs
de l’île arrivés au terme de leur mandat et avant que de retourner dans la métropole,
étaient effectivement tenus de fournir aux autorités de tutelle un décompte des
homicides commis en Corse durant leur biennio20. Dans ce dessein, ils exigeaient de
leurs subordonnés investis de pouvoirs de justice, les commissaires et les lieutenants
des neuf provinces de l’île21, un compte rendu détaillé des meurtres commis dans leur
circonscription administrative durant la période correspondante. Ces rapports qui, tous
les deux ans du mois d’avril au mois de juin, remontaient des provinces, vont avec le
temps devenir de plus en plus riches en renseignements de toutes sortes 22. Au début, ils
se limitent à dénombrer les meurtres en les répartissant en trois ou quatre rubriques :
ceux qui ont été commis intentionnellement (dolosi) et (ou) dans le cadre de vendette
transversales, ceux qui sont survenus lors de rixes (rissosi), ceux qui concernent des
bandits ou bannis éliminés (banditi estinti) et enfin les décès accidentels (casuali) qui
sont apparemment assimilés à des morts violentes et donc soumis à un contrôle
judiciaire.
8 Puis, au fur et à mesure que l’on avance dans le XVIIIe siècle, ces documents
mentionneront bien souvent la date, les circonstances et la qualification du meurtre,
toujours l’identité des victimes, très fréquemment celle des meurtriers et parfois la
sanction judiciaire qui s’en est suivie. Ce faisant, malgré la brièveté quasi systématique
des informations livrées, ils se révèlent non seulement assez explicites pour nous
permettre de cerner avec précision la réalité de la criminalité de sang, mais ils nous
fournissent également des renseignements précieux concernant la pratique de la
procédure criminelle mise en place pour essayer de la juguler. Il faut dire aussi que les
chancelleries des provinces ne tiennent pas toujours une comptabilité séparée des
meurtres survenus dans la circonscription. Ceux-ci sont alors enregistrés au jour le
jour, au même titre que tous les autres délits, quelle qu’en soit la gravité, précédés d’un
numéro qui est souvent répercuté dans le rapport final adressé au gouverneur. Une
lecture rapide de ces rapports a peut-être fait confondre le numéro indiquant l’ordre
chronologique de l’enregistrement et le nombre réel des meurtres. C’est une
éventualité à retenir, étant donné la disproportion existant entre le nombre de
meurtres annoncés et ceux réellement commis, ou du moins recensés. Mais il est
encore plus vraisemblable que les autorités génoises aient, à un moment donné,
volontairement grossi l’impact du phénomène pour frapper l’opinion insulaire et lui
faire plus facilement accepter l’interdiction des armes à feu.
9 Même si un certain sous-enregistrement n’est pas à exclure 23, une première
constatation s’impose, la criminalité de sang telle qu’elle se dégage des données
décrites supra et présentées dans le tableau n°1 est infiniment moins importante que
celle qui a été admise jusqu’à présent. Durant les vingt années pour lesquelles nous
disposons d’informations24 on dénombra 1 123 cas, soit 56,2 meurtres par an. Si l’on ne
prend en considération que le début du XVIIIe siècle, période pour laquelle les données
sont plus suivies et plus fournies, on comptabilise 946 morts violentes sur seize années.
Il faut, bien entendu, soustraire de ce total les 78 décès accidentels survenus durant ce
laps de temps et qui ont été pris en compte, on aboutit ce faisant à 868 meurtres, soit

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une moyenne annuelle de 54,3 homicides, qui reportée à l’intervalle de trente-deux ans
retenu, donnerait 1 738 meurtres. Pour une population estimée au minimum à 122 000
âmes, on obtient, sur ces bases, un taux annuel de mortalité par homicide s’élevant à
0,045 % ou à 45,3 pour 100 000 habitants, ce qui pour l’époque est déjà considérable.
10 Il appert cependant que les résultats affichés sont très contrastés. Cela va de 223
meurtres, toutes qualifications confondues, pour les années 1704-1706 à 53, voire 29 en
fin de période, avec une pointe entre 1702 et 1716 (période durant laquelle la moyenne
annuelle plafonne à 72 morts violentes) ou bien, si l’on évacue les décès accidentels, à
66,5 meurtres, soit au pire 2 128 homicides en trente-deux ans, ce qui donne un taux
annuel de 54,5 pour 100 000 habitants.

Tableau n° 1 – Total des homicides perpétrés dans l’île

PÉRIODES PROVINCES (1) ENSEMBLE

1 2 3 4 5 6 A 7 8 9 10 B

1690-1692 37 – 7 4 7 11 66 25 11 4 4 44 110

1692-1694 67 67 67

1694-1702

1702-1704 27 1 6 16 19 7 76 47 1 13 2 63 139

1704-1706 80 – 9 14 25 23 151 41 10 18 3 72 223

1706-1708 24 2 4 3 14 15 62 19 2 1 1 23 85

1708-1710

1710-1712 40 3 2 5 16 19 85 42 – 14 5 61 146

1712-1714 34 1 10 5 15 20 85 34 4 12 5 55 140

1714-1716 33 2 1 11 18 7 72 40 8 6 4 58 130

1716-1718 24 5 1 – 4 2 36 10 2 3 2 17 53

1718-1720 – 1 3 – 11 1 16 6 – – 8 14 30

1690-1720 366 15 43 58 129 105 716 264 38 71 34 407 1123

1702-1720 262 15 36 54 122 94 583 239 27 67 31 363 946

(1) Provinces: 1. Bastia, 2. Rogliano, 3. Calvi, 4. Algajola, 5. Corte, 6. Aléria, A. Corse du deçà des Monts,
7. Ajaccio, 8. Vico, 9. Sartène, 10. Bonifacio, B. Corse du delà des Monts.

11 Il n’y a donc aucune commune mesure entre ces pourcentages et les chiffres retenus
jusqu’à présent. Il n’en demeure pas moins vrai que la Corse, au début du XVIII e siècle,
se trouve affectée d’un taux d’homicide supérieur, en moyenne, à ceux qui ont été

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calculés pour de nombreuses villes européennes au Moyen Âge 25. En conséquence, on


est loin, en ce domaine précis, des réalités européennes du temps. Loin, par exemple du
Lyonnais et du Beaujolais étudiés par Françoise Bayard, où, dans un espace qui englobe
la deuxième ville de France et compte plus de 600 000 habitants à la veille de la
Révolution, l’on ne dénombre que 263 meurtres entre 1604 et 179026.

La géographie de la violence homicide


12 Une approche régionale ne laisse pas apparaître de contrastes substantiels entre les
deux grandes subdivisions administratives. La Corse du deçà des Monts, qui correspond
à l’actuel département de la Haute-Corse, bien qu’enregistrant 583 meurtres, c’est-à-
dire 61,6 % de l’ensemble pour la période 1702-1720, est vraisemblablement moins
criminogène que la Corse du delà des Monts dont la population est quelque deux fois et
demie moins importante.
13 Le passage à la circonscription administrative de base qu’est la province 27 permet
d’affiner cette première analyse. On peut, de prime abord, souligner l’impact des
« grandes » villes insulaires que sont Bastia et Ajaccio 28. Mais toutes deux coiffent sur le
plan administratif de vastes zones rurales qui comptent, du moins pour ce qui concerne
la province de Bastia, parmi les plus peuplées de l’île; et la part de la criminalité de sang
spécifiquement urbaine se révèle vraiment marginale. En effet, abstraction faite de la
période 1702-1704 pour laquelle nous ne disposons que d’un décompte global des morts
violentes, la ville de Bastia est créditée de 22 meurtres sur un total de 239 attribué à la
province et le rapport est de 16 pour 192 homicides pour la ville d’Ajaccio, soit
respectivement 9,2 et 8,3 %. Retenons surtout que ces deux provinces affichent 501
homicides, ou 52,9 % du total pour la période considérée. L’étude comparative de la
situation de ces deux entités spatiales et administratives est encore plus signifiante.
Elle met en exergue la dangerosité de la province d’Ajaccio où sont perpétrés 65,8 % des
meurtres enregistrés dans le delà des Monts (239 sur 363) alors que la province de
Bastia avec 44,8 % des crimes de sang commis dans le deçà des Monts semble, si l’on
peut dire, relativement épargnée.
14 À quoi tiennent ces disparités ? Elles semblent résulter de la conjonction de plusieurs
facteurs. En sus d’une meilleure couverture policière due au fait que Bastia est le lieu de
résidence du gouverneur et la capitale administrative de l’île, il faut également prendre
en compte des réalités sociologiques très différentes qui sont accentuées à cette époque
par un inégal développement économique.
15 La province d’Ajaccio correspond en partie à l’ancienne Terre dite des seigneurs, région
d’où la féodalité n’a été extirpée, et encore incomplètement, qu’au début du XVII e
siècle. Si les anciens féodaux ont perdu nombre de leurs privilèges, ils ont par contre
conservé beaucoup de leur morgue passée et surtout la quasi-totalité de leurs terres. Ils
ont continué à les faire exploiter sur un mode traditionnel par les descendants de leurs
anciens vassaux qui, bien que constituant une main-d’œuvre relativement nombreuse,
et par là même bon marché, n’en sont pas pour autant très dociles, à l’image de leurs
ancêtres qui ont massacré leurs maîtres en 161529. Or, dans cette région, la très grande
partie de la population vit toujours majoritairement ou partiellement de l’élevage. La
politique de développement agricole initiée par Gênes à partir des années 1637 30, parce
qu’elle s’accompagne d’enclosures et de passe-droits au bénéfice des notables, va
provoquer rapidement de graves tensions au sein d’une société très inégalitaire qui n’a

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rien oublié de ses anciennes dissensions et où chacun cultive un sens fort aigu de
l’honneur. Ces conditions générales et cette hiérarchie spécifique des valeurs perdurent
à l’époque qui nous intéresse. Elles génèrent une violence latente qui, fréquemment,
trouve un exutoire dans le meurtre.
16 L’univers économique et mental des gens de la province de Bastia a quelque peu évolué.
Nous sommes ici dans la partie la plus prospère d’un vaste espace qui, en gros, englobe
la Haute-Corse actuelle, à l’exception du Cap Corse, et que l’on nomme la Terre du
commun depuis que les féodaux en ont été définitivement chassés au XIV e siècle, grâce
au soutien de la commune de Gênes. De ce côté-ci des Monts, l’emprise de la Dominante
est plus affirmée et elle se renforce à mesure que l’on se rapproche du centre du
pouvoir, à savoir Bastia. En outre la province englobe des microrégions qui comptent
parmi les plus riches de l’île et qui ont vu leurs potentialités naturelles heureusement
stimulées par la politique génoise31. L’affirmation de la propriété privée et par là même
l’extension des enclosures ont bien sûr multiplié, ici aussi 32, les sujets de tension. Mais
les habitants de la Castagniccia, du Nebbio et de la Casinca travaillent maintenant en
relation étroite avec le marché et le port bastiais. Ils apparaissent plus policés que leurs
homologues du Sud, plus proches du monde génois. D’ailleurs, à ce stade, il est
intéressant de mettre en relation leur comportement avec celui des Cap Corsins qui,
depuis longtemps, contrôlent les circuits commerciaux unissant l’île et la métropole et
dont la province (Rogliano) est de loin la moins criminogène de l’île.
17 Mais, finalement, tout ceci est affaire de nuances plutôt que de tendances bien
marquées. Si l’impact de cette criminalité de sang, indépendamment des densités de
population, peut varier sensiblement selon les espaces considérés en fonction de
facteurs sociologiques, économiques ou historiques divers, elle revêt avant tout un
caractère multiforme. En dehors des périodes de troubles généralisés qui, comme ce
sera le cas à partir des années 1729-1730, voient se constituer de véritables bandes
organisées qui mettent en coupe réglée des régions entières, elle est bien la résultante
d’innombrables dérives individuelles et, telle une chape de plomb, elle pèse
uniformément sur toutes les provinces.
18 Ainsi, si l’on se réfère à la typologie, retenue par les gouverneurs de la Corse, qui
distingue les meurtres intentionnels, découlant ou non d’une vendetta et les homicides
survenus lors d’une rixe, on ne voit apparaître aucune disparité régionale. Partout cela
semble tenir aux circonstances tout autant qu’aux valeurs véhiculées par la société
corse qui, à l’instar de bien d’autres régions d’Europe à cette époque, place au premier
rang non seulement la défense de l’honneur individuel ou familial mais aussi, et de plus
en plus, celle de la propriété.

La nature des homicides


19 Des données présentées dans le tableau n° 2, il ressort en première lecture que les
circonstances de 397 meurtres (35,3 %) ne sont pas élucidées ou, en tout cas, qu’aucun
détail n’est mentionné qui nous permettrait de nous forger une opinion à ce sujet.
Cependant, l’identité des meurtriers est presque toujours connue. Cela est déjà
éclairant quant aux facultés d’investigation de la police génoise, pourtant si décriée, qui
s’efforce toujours de distinguer les homicides commis intentionnellement, dans le
cadre ou non d’une vendetta, de ceux qui résultent de rixes. En définitive il apparaît
que, à moyens d’investigation constants, les résultats obtenus tiennent au plus ou

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moins grand investissement des forces de police et de justice et à l’ardeur dont font
preuve les Giusdicenti, le gouverneur en tête, pour les motiver33. En fait, si l’on fait
abstraction des enquêtes menées durant les années 1710-1714 et durant le biennio
1692-1694 pour lequel les informations sont lacunaires et ne concernent que la seule
province de Bastia, on se rend compte qu’au contraire les circonstances de la grande
majorité des meurtres ou des morts violentes sont élucidées et permettent une
ventilation relativement fine selon leur nature et leur impact respectif : meurtres
intentionnels, homicides survenus lors de rixes, morts accidentelles, éliminations de
bandits (ou de bannis).

Tableau n° 2 – Les circonstances des homicides

PERIODES CIRCONSTANCES DU MEURTRE ENSEMBLE

MEURTRES RIXES MORTS BANDITS CIRCONSTANCES


INTENTIONNELS ACCIDENTELLES ÉLIMINÉS INDÉTERMINÉES

1690-1692 37 18 4 4 47 110

1692-1694 67 67

1694-1702

1702-1704 43 76 – 20 – 139

1704-1706 65 90 45 23 – 223

1706-1708 43 37 2 – 3 85

1708-1710

1710-1712 27 23 1 – 95 146

1712-1714 4 6 1 5 124 140

1714-1716 54 27 18 5 26 130

1716-1718 10 13 2 4 24 53

1718-1720 7 – 9 – 14 30

1690-1720 290 290 82 61 400 1123

20 Les deux premières catégories s’équilibrent et regroupent le plus grand nombre de


décès et, si l’on en juge d’après ces données, la très grande majorité des meurtres dont
on ignore les circonstances sont certainement à reporter assez équitablement dans ces
deux rubriques. Viennent ensuite les morts violentes qui sont assimilées à des
homicides involontaires ou accidentels.
21 En vérité, sous cette appellation, se cachent des réalités très diverses. La majorité des
cas concerne des accidents champêtres. Ainsi dans les années 1704 –1706 34, période

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durant laquelle on enregistre le plus grand nombre de décès accidentels, entre autres
cas, on relève que dans, la province d’Aléria, Simon Paolo du feu Orsilio a été tué, le 18
octobre 1704 par le retour du moyeu de la meule du moulin où il travaillait. Gio Battista
du feu Orso Paolo de Lugo di Nazza s’est noyé le 28 février 1705 et la même
mésaventure est arrivée à Orso Paolo de Zallana le 22 mars de la même année. Le 25 mai
1705, Domenico Sarzana meurt sous les sabots d’un cheval à Migliacciaro. Maria
Domenica, fille de Mar’Antone du Muchietto, se tue en tombant d’un cerisier le 21 juin
1705. Maria Francesca, fille de Pasquino, a été tuée par un sanglier le 9 octobre 1705.
Pour la Balagne, durant le même biennio, est signalée, sous le n°254, la mort de Gio
Zucca de Pier Matteo survenue à Aregno des suites d’une blessure occasionnée par le tir
de sa propre arquebuse... Sous le n° 268, on note le décès de deux enfants tombés du
toit, vraisemblablement en terrasse, d’une maison de Novella. À Arbitro de Bozio, dans
la province de Corte, toujours sous la rubrique des décès accidentels, Donna Antonia
est, sans autre précision, dite morta da sé, ce qui signifie qu’elle s’est suicidée.
22 À Calvi, en 1716, Simon Gio d’Angelo Martino est dit tué accidentellement d’un coup de
marcoletto par un autre enfant. Enfin, dans la province de Vico, après un décès
occasionné par un coup de pied de cheval, est mentionné, en date du 17 juin 1715, le
meurtre de Giovanni, fils de Giovanello de Vico, âgé seulement de neuf ans, survenu,
d’après l’enquête, plutôt par accident que pour tout autre raison35.
23 On pourrait multiplier les exemples. Tous prouvent que la plus grande partie des morts
violentes, dites accidentelles, est bien due aux conditions très pénibles qui régissent la
vie et les activités du monde rural, mais il n’en demeure pas moins vrai que certains
décès regroupés sous cette rubrique seraient de nos jours qualifiés autrement.
24 La violence en effet est partout, et, même en l’absence d’un contexte hostile, une
brutalité latente peut, aux marges, faire des victimes. Cependant, elle explose et
provoque des ravages essentiellement dans des situations conflictuelles, dans le
contexte de vieilles rancunes inter-familiales souvent pieusement entretenues sur
plusieurs générations, ou bien à l’occasion de disputes entre individus au sang chaud,
ou encore entre groupes dont les membres sont liés par des intérêts divers. Toujours,
avec ou sans préméditation, le moindre dérapage verbal peut provoquer l’irréparable.
25 Bien sûr, en Corse aussi, la préméditation est toujours considérée comme un fait
aggravant et ce d’autant plus qu’elle est, dans l’île, presque toujours synonyme de
vengeance.
26 Toutefois, à l’examen d’informations – généralement laconiques – livrées par les
autorités judiciaires, on ne peut se faire une opinion définitive quant à l’impact de la
vendetta sur la criminalité dite intentionnelle. Mais, quelles que soient les motivations
ou les circonstances réelles du meurtre, il semble que les autorités génoises y voient
toujours, et avec raison, une relation étroite de cause à effet avec ce phénomène. En
effet, ici, il s’est avéré depuis longtemps que tout meurtre, intentionnel ou non, qui
n’est pas rapidement sanctionné par un jugement et surtout par une condamnation
effective donne naissance à une dérive vindicative qui implique les membres de la
famille de la victime et ceux de la famille de l’assassin et se traduit à moyen terme en
un véritable bain de sang.
27 Ceci étant posé, le propos de cette étude n’est pas de quantifier les ravages de la
vendetta en Corse36 mais plutôt de cerner au plus près, à partir d’exemples précis, la
réalité d’une criminalité de sang qui, bien qu’étant beaucoup plus faible qu’on ne

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l’imaginait jusqu’à présent, n’en pèse pas moins lourdement sur la société insulaire et
influe insidieusement sur le comportement de chacun.
28 Si les renseignements fournis par les documents en notre possession ne nous
permettent qu’occasionnellement de suivre les affaires jusqu’à leur terme, c’est-à-dire
jusqu’à la sanction, ils révèlent cependant que les meurtres, qu’ils soient catalogués
comme étant intentionnels, ou bien comme étant survenus lors d’une rixe, font l’objet
d’une attention particulière, ce qui nous permet de mieux appréhender au quotidien
cette violence sanguinaire. À partir de l’année 1704, la date du meurtre commence à
être indiquée, et jusqu’en 1720 l’identification du mois est assurée dans 62,4 % des cas 37.

Tableau n° 3 – Les temps de la violence

1704-1720 Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc. Total

Nbre 35 31 44 42 37 56 59 41 50 36 32 41 504

% 7 6,2 8,7 8,3 7,3 11,1 11,7 8,1 9,9 7,1 6,4 8,1 100,00

29 Ces données ne révèlent pas de grands contrastes. On peut être tué en Corse en toutes
saisons. Cependant le caractère criminogène de la période estivale est bien affirmé, 41,
3 % des meurtres datés sont effectivement commis entre juin et septembre, avec une
pointe marquée pour le dernier mois du printemps et le premier mois de l’été. À peu de
chose près, on enregistre pour les mois de juin et juillet les mêmes pourcentages que
ceux qui sont présentés par Robert Muchembled38, pour l’Artois des XVe-XVIIe siècles, à
partir des lettres de rémission qui, il est vrai, recouvrent une réalité homicide
particulière.
30 La violence de saison chaude, en Corse comme en Artois, n’exclut pas totalement des
causes hormonales, ici aussi les travaux des champs et surtout les moissons sont
favorables aux rencontres amoureuses; et combien de sourires à peine esquissés, mais
interceptés et interprétés par des rivaux particulièrement ombrageux, furent-ils à
l’origine de querelles qui se terminèrent tragiquement ? Mais surtout, la belle saison
est l’époque où l’on peut le plus facilement guetter son ennemi et l’abattre d’un coup
d’arquebuse au détour d’un sentier ou dans son champ.
31 Paradoxalement il s’avère que l’arquebuse à rouet est aussi l’arme la plus
communément utilisée dans les rixes alors que dans ce genre de rencontre au corps à
corps, on aurait plutôt imaginé que l’on utilisât des armes blanches.

Tableau n° 4 – Les armes du meurtre

PÉRIODES NATURE DE L’ARME

Arme Arme Bâton Coups Pierres Accident Autres Sans Ensemble


à feu blanche de pied (1) précision

1690-1692 110 110

1692-1694 67 67

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1694-1702

1702-1704 139 139

1704-1706 34 3 – 1 – 45 2 138 223

1706-1708 55 6 – – 1 – – 23 85

1708-1710

1710-1712 47 5 2 1 1 1 _ 89 146

1712-1714 13 – – – 1 – 2 124 140

1714-1716 37 13 – 1 1 6 3 69 130

1716-1718 6 20 3 – 10 2 – 12 53

1718-1720 12 6 1 – – 8 – 3 30

1690-1720 204 53 6 3 14 62 7 774 1123

1704-1720 204 53 6 3 14 62 7 458 807

(1) Accidents dont les circonstances sont connues.

32 Le tableau n° 4 qui répartit les meurtres en fonction de l’arme utilisée, met


parfaitement en évidence l’impact de l’arquebuse à rouet, et cela même si les relations
de ces meurtres ne mentionnent pas toujours la nature de l’arme utilisée. En effet, cette
information n’apparaît dans les états qu’à partir de 1704 et encore de manière très
irrégulière. Pour l’ensemble de la période, abstraction faite des décès accidentels, elle
ne figure que 287 fois pour 1 062 meurtres, c’est-à-dire dans seulement 27,02 % des cas.
Cependant si, en toute logique, l’on ne retient que la période 1704-1720, cette
proportion grimpe à 38,47 % et confère une crédibilité incontestable à nos données. Il
en ressort qu’en Corse, aux Temps Modernes, dans 71 % des cas, c’est-à-dire presque
trois fois sur quatre, la mort était donnée au moyen d’une arme à feu. Loin derrière,
venaient les armes blanches (19,16 %), et à défaut d’armes on n’hésitait pas à utiliser
tout ce qui pouvait en faire fonction, les pierres (4,8 %), le bâton (2 %), les coups de
pieds (1 %) ou encore tout instrument se trouvant à portée de main de l’assassin
potentiel (2,4 %).

La violence au quotidien
33 C’est donc généralement avec une arquebuse que l’on assouvit une vengeance et que
l’on abat quelqu’un avec qui l’on a eu un différend parfois longuement ressassé. Dans
les deux cas de figure, bien que la cause soit rarement explicitée, il est toujours
mentionné que le meurtre est intentionnel. Dans la province de Vico, le 5 avril 1706,
Matteo fils du feu Antonetto de Lenno est tué intentionnellement d’un coup
d’arquebuse par Anton Francesco de feu Giulio de Vico39. La victime et le meurtrier sont

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dits exempts jusqu’alors de toute condamnation. Le même jour, Antonio, originaire de


Vico, est abattu lors d’une rencontre, toujours par un tir d’arquebuse, par Carlo fils du
feu Gio du feu San Simone de Balogna, un criminel condamné au bannissement, au
prétexte que c’était son ennemi40. Dernier cas parmi tant d’autres que l’on pourrait
mettre en exergue, c’est encore au moyen d’une arquebuse qu’Anton Giacinto du feu
Bastiano de Nocario d’Orezza est abattu délibérément, le 12 décembre 1714, par Gio
Alfonso fils de Giovacchino de Scata d’Ampugnani41. Si les homicides intentionnels par
arme à feu sont très majoritairement le fait d’une seule personne, il arrive cependant
aussi que la victime périsse sous le feu croisé de plusieurs assassins qui lui ont tendu un
guet-apens. C’est ainsi que dans la province de Sartène, André fils d’Orsone de Fozzano
tombe, le 7 mai 1705, sous les balles de huit hommes, clairement identifiés, du village
d’Albillare42. Mais, c’est aussi par ce même moyen que l’on règle souvent des querelles
nées dans l’instant, impliquant généralement, comme nous l’avons déjà souligné,
l’affrontement corps à corps, et que l’autorité judiciaire qualifie de rixes. Francesco Peri
d’Ajaccio fut ainsi tué involontairement d’un coup d’arquebuse dans une rixe survenue
le 8 mars 170743. Le 5 avril de la même année, Antonio du feu Gio Francesco de la
Prugna, province d’Ajaccio fut mortellement blessé d’un tir d’arquebuse, dans une
rixe44. Le 4 novembre 1714, c’est toujours par des décharges d’arquebuses, que Giulio
Francesco et Stefano, fils et frère du feu Paolo Francesco de Rapallo du Nebbio, furent
abattus, lors d’une rixe, par Giulio Francesco et ses comparses, tous habitants de ce dit
lieu45.
34 Dans l’esprit des greffiers qui consignent ces faits il ne semble pas y avoir de confusion
entre ces crimes commis sous le coup de la colère et dans le cadre d’un affrontement
aussi soudain que brutal et des assassinats prémédités, suivant d’assez près une
éventuelle querelle. En effet, ce dernier schéma est aussi retenu comme, par exemple,
le 28 août 1707 à Calenzana, gros bourg de la juridiction de Calvi où, le 28 août 1707,
Angelo Maria de feu Santo fut abattu au moyen d’une arquebuse par Giovanni du feu
Anto Gio dudit lieu à cause d’une rixe survenue quelques heures auparavant dans ce
bourg.
35 L’arquebuse à rouet avait été introduite en Corse lors de la Guerre dite des Français, et
les Corses fascinés par ses possibilités tant offensives que défensives excellèrent très
rapidement dans son maniement. Dès lors, la paix revenue, l’autorisation de porter
cette arme, ainsi que des armes blanches, devinrent des moyens forts attractifs dont
Gênes sut se doter pour inciter les insulaires à répondre à ses sollicitations. Non
seulement la licence de port d’arme et en particulier de l’arquebuse récompensera
assez tôt ceux qui s’étaient distingués à son service lors des dernières guerres, mais
Gênes utilisa aussi ce moyen à des fins économiques et plus particulièrement, à partir
des années 1737-1738, pour inciter les notables corses à participer massivement à son
entreprise de mise en valeur agricole de l’île46. Malheureusement, l’obtention d’une
licence de port d’armes, si recherchée et réservée – dans un premier temps – à une
minorité privilégiée et méritante, ne fut bientôt plus qu’un instrument fiscal au service
d’un État avare de ses deniers, et de ses serviteurs trop souvent peu scrupuleux. C’est
ainsi que les licences ou patentes de port d’arme se multiplièrent dans la deuxième
moitié du XVIIe siècle et c’est pourquoi il nous faut imaginer, à cette époque, une
multitude d’individus se déplaçant, en toute impunité, bardés non seulement d’armes
blanches mais porteurs aussi d’armes à feu et prêts à les utiliser à la moindre
provocation.

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36 Nous sommes bien là au cœur des préoccupations de l’administration génoise qui, avec
raison mais bien tardivement, prend conscience que la prolifération des armes à feu et
plus particulièrement de l’arquebuse à rouet est devenue un vecteur particulièrement
aggravant de la criminalité de sang. Dès 1711, les représentants des populations du deçà
des Monts, les Nobles Douze, en avaient dénoncé les effets pervers et demandé la
suppression des patentes. La République, après bien des hésitations, s’engagera dans
cette voie en 1715 et, bien que tous ceux qui se sont intéressés à cette période, aient
contesté l’efficacité de cette décision, au motif que son application fut très vite
pervertie, ce qui est exact, celle-ci – c’est indéniable aussi – va avoir, du moins dans
l’immédiat, des effets bénéfiques. Dès 1716, les meurtres chutent de façon très
significative. On passe d’une moyenne de 139 homicides par biennio pour la période
allant de mai 1710 à mai 1716 à seulement 53 dans les années 1616-1618, soit une
diminution de près de 60 % !
37 Bien entendu, il faut également tenir compte des conditions de vie du temps. Les
valeurs qu’elles génèrent, nous l’avons déjà souligné, poussent au premier plan des
préoccupations de la multitude, non point le respect de la vie, mais la préservation de
l’honneur et la défense de la propriété. Aussi, outre cette arme très performante, tous
les moyens semblent bons aux contemporains pour assouvir leur haine de l’autre ou
pour s’imposer. Dans ce contexte, la montée spectaculaire, dès la fin de l’année 1715,
des crimes commis au moyen d’une arme blanche, d’un bâton ou de pierres doit retenir
notre attention. C’est ainsi que les Corses suppléent l’abandon, tout à fait provisoire,
des armes à feu.
38 En fait, bien que n’étant pas spécifique à la Corse, loin s’en fallait, la brutalité était une
donnée incontournable de la société insulaire de ce temps et elle se traduisait souvent
par des dérives extrêmement cruelles dont étaient victimes non seulement les hommes,
mais aussi les femmes et les enfants. Le 20 janvier 1715 à Tomino dans le Cap Corse,
région qui n’était pas la moins policée de l’île, la jeune Antonia fille du feu Domenico
fut tuée au moyen d’une broche, par sa mère, Imperatrice, qui, selon ses dires, utilisa
cet instrument pour la corriger. Imperatrice s’en tirera avec une condamnation par
contumace à trois ans de relégation sur l’île voisine de Capraia 47. L’autorité parentale
apparaît donc sans limites et elle est confortée par la législation. Cependant, les
femmes semblent encore plus exposées que les enfants à cette brutalité latente 48. Pour
la période étudiée, trente-six femmes furent assassinées, dont douze des mains de leurs
époux qui employèrent pour ce faire les moyens les plus divers, les coups de pieds (trois
cas), l’arquebuse (deux), le poignard (deux) et le lacet (un). Mais la violence est
généralisée, les femmes prennent parfois les devants et se débarrassent de leur mari.
Ainsi le 15 août 1714, Francesca Maria de Bastelica empoisonne son époux Gio Angelo,
avec la complicité d’un certain Ventura, qui, vraisemblablement, est son amant 49. Par
ailleurs, elles n’hésitent pas à participer à des rixes, où certaines d’entre elles
succombent, parfois dans des conditions atroces, comme ce fut le cas de Diana, épouse
de Domenico Bozio de Bastia, massacrée à coups d’entrave métallique, le 1 er septembre
1710, par le notable Carlo Giuseppe Bonavita50. D’autres, par contre, l’emportent sur
leur adversaire du sexe fort, telle Contessa, épouse de Francesco de Corbara en Balagne,
qui le 10 août 1711 tue à coups de pierres Santo du feu Giacomo, originaire du même
lieu51.
39 La défense de la propriété peut conduire aussi aux pires excès, auxquels succombent
même des ecclésiastiques52, à l’instar du prêtre Domenico Acciebelli de Prunelli di

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Migliacciaro qui, le 4 novembre 1715, abattit d’un coup d’arquebuse Martino du feu
Giovanni, soldat appartenant à la compagnie des chevaux-légers d’Aléria, lors d’une
rixe survenue à la suite d’un différend concernant des terrains. Et que dire du
comportement de Pietro, fils du feu Pier Battista, de Castiglione de Giovellina dans la
province de Corte, qui surprenant, le 30 octobre 1717, Agata épouse de Solidoro, dudit
lieu, une femme enceinte, en train de cueillir des glands sur un de ses chênes verts, la
frappa sauvagement à coups de pieds et de pierres au point de provoquer l’avortement
et de la tuer53. Ce crime, hors du commun, fut lourdement sanctionné et son auteur
condamné aux galères à vie. Mais une fois encore par contumace !

En l’absence de moyens
40 Le jugement par contumace était en effet devenu un expédient utilisé de manière quasi
systématique par des autorités judiciaires incapables de se saisir de coupables qui,
aussitôt leur délit commis, se réfugiaient dans le maquis où ils pouvaient tenir pendant
des mois, et bien plus longtemps encore, avec l’aide et la complicité de leurs familles.
Ces pratiques discréditaient la justice et entretenaient dans l’île un climat
d’insatisfaction et d’insécurité car ces manifestations de violence exacerbée étaient
d’autant plus traumatisantes pour la population que la plupart du temps elles
demeuraient impunies, alors que, sans doute par réaction, des délits mineurs étaient
souvent sévèrement réprimés. Nous touchons là du doigt la cause structurelle de
l’inefficacité de la justice génoise qui, parce qu’elle était dans l’impossibilité de se saisir
tant des auteurs d’homicides que de criminels de moindre importance et de les
sanctionner, a été perçue, à juste titre, comme un des principaux agents de l’extension
de la vendetta.
41 Pourtant, bien que le but de cette enquête ne soit pas de réécrire l’histoire du système
judiciaire génois, nous nous devons de dire que ce jugement aussi mérite d’être nuancé.
Avec la réactualisation des Statuts civils et criminels de la Corse, publiés en 1571 54, et en
adaptant constamment la législation en fonction des besoins, Gênes avait doté l’île d’un
corpus de lois55 qui, en matière criminelle, semblait à la hauteur des enjeux. Il prévoyait
même, dans un souci d’efficacité qui offusquait la morale sinon le droit, d’impliquer les
insulaires dans la chasse aux bandits en instaurant un système de récompenses qui
légalisait non seulement des primes pécuniaires, mais aussi des échanges, sanction
contre sanction, tête contre tête. Ce qui permettait d’obtenir la grâce d’un tiers contre
la capture ou l’élimination physique d’un bandit condamné à la même peine 56. C’est
ainsi que furent abattus la plupart des bandits dont nous avons enregistré le décès.
Mais nous devons insister notamment sur le fait que les enquêtes étaient menées très
correctement, vraisemblablement avec le concours des familles des victimes 57 et à coup
sûr avec celui des autorités communales58, et il est intéressant à noter que le coupable
est identifié dans la quasi-totalité des affaires. C’est du moins l’enseignement qui se
dégage de l’examen des relations qui prennent en compte cette étape décisive de la
procédure, et qui mentionnent par trois fois seulement qu’une affaire n’est point
élucidée.

Tableau n° 5 – Les effectifs du (ou des) barigel (s) de Corse

Provinces Début XVIIe Milieu XVIIe 1726/1728

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71

Bastia 23 44 72

Rogliano 7

Calvi 11

Corte 7 10 12

Ajaccio 10 17 26

Vico 13

Sartène 4 10 10

Bonifacio 8 8

Ensemble 44 89 159

42 En définitive, c’est surtout le bras de la justice qui est en cause. Quasiment toutes les
affaires que nous avons étudiées et qui ont abouti à un jugement définitif en
témoignent : le coupable, une fois identifié, faute d’être appréhendé, était jugé par
contumace et entraîné de ce fait à venir grossir les rangs des brigands qui infestaient
les campagnes. Donc, ce dysfonctionnement tient essentiellement à la faiblesse des
effectifs policiers engagés sur le terrain par Gênes. Tous ceux qui jusqu’à présent se
sont intéressés à cette problématique, ont souligné ce fait, sans toutefois être en
mesure d’avancer des estimations satisfaisantes quant à l’importance réelle des forces
de police. Celles-ci, à l’époque qui nous intéresse, et depuis longtemps déjà, étaient
centrées sur les chefs-lieux des provinces dans le cadre d’une structure appelée le
bargello, qui était l’équivalent italien du barigel français. Le premier barigel sera installé
à Bastia où l’on distinguera rapidement un bargello di città, chargé du maintien de
l’ordre dans la ville, et un bargello di campagna, plus particulièrement chargé de
contrôler l’arrière-pays. Puis, cette organisation sera étendue aux autres provinces, au
fur et à mesure de leur création ou de leur affirmation, selon une progression dont le
tableau n° 5 rend partiellement compte.
43 Nous n’avons, il est vrai, aucun renseignement sur l’importance du bargello d’Aléria,
territoire qui initialement dépendait de la juridiction de Corte et où un lieutenant ne
sera installé qu’en 1640, ni sur celui d’Algajola qui était vraisemblablement moins
important car pour l’essentiel les forces de maintien de l’ordre de la Balagne étaient
stationnées à Calvi. Cependant, ces données59 confirment la faiblesse des effectifs de
police dans l’île. Pour la période qui nous intéresse, ils s’élevaient à 159 hommes ou
« famegli »60 pour huit provinces et dans la meilleure des hypothèses à 180 pour
l’ensemble de la Corse, ce qui était tragiquement insuffisant eu égard à la situation que
nous avons évoquée.
44 D’où la pratique pernicieuse de l’indulto, pardon général ou spécifique, qui permettait
de purger régulièrement les campagnes de leur trop-plein de bannis et de bandits, et de
diriger ceux-ci, munis de sauf-conduits délivrés par le gouverneur, vers les armées
génoises, ou vers d’autres contées du continent61. Passé quelque temps, ils pouvaient
revenir en toute impunité dans l’île, après avoir obtenu le pardon de leurs adversaires.

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Et ainsi le cycle de la violence était constamment entretenu. D’où aussi, en dernière


extrémité, la suppression en 1715 des patentes de port d’armes à feu, et la tentation
pour la Sérénissime République fort consciente de ces multiples déficiences, mais qui
n’entendait pas pour autant consentir un effort financier supplémentaire, d’impliquer
encore davantage, au risque d’intensifier la vendetta, les insulaires dans la chasse aux
bandits, partant de l’adage62 qui voulait que seul un Corse était capable de capturer un
autre Corse.

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ANNEXES

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La Corse administrative au milieu du XVIIe siècle. Les provinces, les fiefs et les pieves

NOTES
2. Salvini, (1758).
3. Répondant ainsi aux vœux réitérés d’une grande partie de la population et présentés par ses
représentants, les Nobles Douze et les Nobles Six.
4. Natali, (1736, 1983). S’appuyant sur un opuscule intitulé Ragguali de’ tumulti seguiti in Corsica,
daté de 1731 et signé d’un pseudonyme, mais qu’il attribue à la propagande génoise, le Chanoine
Natali est le premier à accréditer l’idée, tout en s’en indignant, que « d’une année sur l’autre on
en comptait (les homicides) jusqu’à 900, presque tous impunis » p.139.
5. Selon les données présentées par Borlandi, (1942), cf. plus particulièrement, pp. 202-204, le
tableau n°2 intitulé Stato della popolazione dell’Isola di Corsica prima del 1732 (1726 ?). À cette dernière
date, la population de la Corse du Deçà des Monts dépasserait légèrement les 87 000 âmes et celle
de la Corse du Delà des Monts atteindrait les 35 000 âmes. Soit au total environ 122 000 habitants,
chiffre qui, nous semble-t-il, doit être considéré comme une estimation plancher.
6. Dupâquier, (1988, T2, p. 68).
7. Le Roy Ladurie, (1975, p. 548).
8. D’après les statistiques que nous avons établies, la mortalité féminine représentait
respectivement 2,90 % des meurtres commis durant la période 1692-1702 et 3,16 % pour les
années 1702-1720.
9. Comme en témoignent nos travaux sur la population bonifacienne voir Serpentini (1995), et les
nombreuses monographies réalisées par nos étudiants dans le cadre de mémoires de maîtrise ou
de DEA. Et cela malgré le fait qu’une forte émigration masculine, mise en évidence par un de nos
doctorants, draîne à cette époque un grand nombre de jeunes corses vers les armées italiennes,
françaises et espagnoles.
10. Acinelli, (1770, 1994).

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
75

11. Le dernier en date, Francis Pomponi justifie la décision génoise d’interdire les armes à feu
par « … la volonté de remédier au délabrement d’un pays où l’on compte plus de 900 meurtres
par an... », cf. Pomponi (1995, p. 310).
12. Ibidem, p. 548.
13. Par Francis Pomponi, 1995, p. 298 et, dans le même collectif, par Ange Rovere (1995, p. 264).
14. Pour ce qui concerne plus particulièrement Gênes à l’époque moderne, à propos d’une
enquête menée sur les archives utiles à une histoire de la criminalité dans les territoires de la
République, la métropole, et les diverses circonscriptions administratives de Terre ferme, Carola
Ghiara déplorait dès 1979 le fait que : « Le serie sono disordinate e lacunose » in Ghiara, (1979, p.
603).
15. Ibid., liasse 634.
16. Ibid., liasse 662.
17. Ibid., liasse 647.
18. Ibid., liasses 648 à 661.
19. .Ibid., liasse 668.
20. Cette procédure n’est pas spécifique à la Corse. Elle découle de la volonté manifestée par
Gênes, dès la fin du XVIe siècle et surtout durant le XVIIe, de contrôler la criminalité et
d’organiser la justice criminelle partout sur son territoire. D’où la nécessité de faire remonter les
informations dans ce domaine jusqu’aux instances dirigeantes. Osvaldo Raggio voit dans cette
démarche, un des axes du renforcement et de la légitimation de l’état génois (1990, a, p. 7). C’est
dans ce contexte, comme en témoigne une directive datant des années 1660-1670, qu’il sera fait
obligation au gouverneur de Corse sortant – tout comme à ses homologues, responsables de
territoires de terre ferme – de faire parvenir à Gênes un état détaillé des crimes de sang commis
dans sa juridiction durant son mandat. A.S.G. Archivio Segreto – Propositionum, Liasse 1040.
21. À savoir, pour le delà des Monts les provinces de Vico, Ajaccio, Sartène et Bonifacio et pour le
deçà des Monts les provinces du Cap Corse (siège Rogliano), de Calvi, de Balagne (siège Algajola),
de Corte et d’Aléria. La province de Bastia était administrée directement par le gouverneur qui
résidait dans cette ville. Ces lieutenants et commissaires qui, sous l’autorité du gouverneur,
exercent un pouvoir de haute justice, sont, comme ce dernier, communément désignés par le
terme de giusdicente.
22. Après y avoir joint son propre rapport concernant la province de Bastia, le gouverneur se
contentait de procéder à un simple comptage de l’ensemble des meurtres en les ventilant selon
leur nature et il adressait le tout, accompagné d’une note très brève, au Magistrato di Corsica.
23. Comme peut le laisser envisager l’assez grande diversité des résultats, calculés par périodes
de deux ans, et surtout la pointe enregistrée dans les années 1704-1706 (223 cas), qu’il convient
cependant de relativiser car elle est essentiellement provoquée par la montée spectaculaire de
décès accidentels (45) et des éliminations de bandits (23), cf. tableau n°2.
24. Il s’agit des années 1690-1694, 1702-1708 et 1710-1720.
25. Statistiques présentées par Xavier Rousseaux (1994, p. 70).
26. Bayard (1972, p. 273).
27. Depuis qu’elle a définitivement pris, au XVIe siècle, le relais de la pieve.
28. À elles deux, sur la base de deux tiers pour Bastia, un tiers pour Ajaccio, elles concentrent à
peu près le dixième de la population insulaire.
29. Graziani, Stromboni (2000).
30. Serpentini (2000, a).
31. Serpentini, 2000a.
32. Cf. plus particulièrement la synthèse de Benoît Garnot (1992, p. 27).
33. De ce point de vue, l’action du gouverneur Girolamo Veneroso, est particulièrement explicite.
En charge de la Corse dans les années 1706-1708, il se distingua par une très grande fermeté, et
un esprit de justice apprécié de tous. Pendant son mandat, les morts violentes diminuent de

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façon très significative. D’ailleurs, Veneroso, qui fut incontestablement un des plus talentueux
gouverneurs de Corse mais dont la modestie n’était pas la qualité principale, se fait gloire de ces
résultats auprès du Magistrato di Corsica, dans une lettre en date du 16 avril 1708 qui
accompagne la liste des homicides commis pendant le deux dernières années : [Accliuse
ritroveranno Vostre Signorie Serenissime, in seguito di vostri stimatissimi commandi le note degl’omicidij
successi in questo Regno /…/ stimo che difficilmente si troverà altro governo, in cui siano meno. Ne
riconosco il vantaggio dall’assistenza di nostro Signore Iddio, che spero me la continuerà per il poco tempo
che mi resta di servire qui le Vostre Signorie Serenissime], A S G, Fonds Corsica, liasse 649. « Faisant suite à
vos estimables recommandations, vos seigneuries sérénissimes trouveront, ci-joint, le relevé des
homicides survenus dans ce royaume /…/j’estime qu’il sera difficile de trouver un gouvernement
où il s’en sera produit moins. Je reconnais le devoir à l’aide de notre Seigneur Dieu, et j’espère
qu’il continuera à me la prodiguer pour le peu de temps qu’il me reste à accomplir ici, au service
de vos sérénissimes Seigneuries ».
34. Pour cette période, qui correspond au mandat du Gouverneur Pietro Francesco Fieschi, 45
décès accidentels sont relevés, dont 26 pour les seules provinces de Bastia (13) et d’Aléria (13).
Les causes des décès accidentels survenus dans les provinces de Bastia et d’Ajaccio (3 cas) ne sont
pas mentionnées. Pour les autres provinces, les décès accidentels se répartissent comme suit :
chute d’un arbre : 6 cas, rupture d’une branche : 3, noyade : 7, travaux agricoles 3, autres : 10. La
très grande majorité des noyades se produisent aux mois de mars – avril à une époque où de
fortes pluies ajoutent leurs effets à la fonte des neiges et transforment le moindre ruisseau en
torrent impétueux. Les décès provoqués par des chutes d’arbres ou par la rupture de branches
sont étroitement liés au cycle des récoltes. Au mois de juin, la chute d’un cerisier se révèle
souvent mortelle, car ces arbres, rarement taillés, sont généralement très hauts. Au mois
d’octobre-novembre, les paysans paient tribut au châtaignier dont les branches chargées de
fruits cèdent parfois sous l’effet du vent. A S G, Fonds Corsica, liasse 648.
35. … piuttosto per disgrazia che per altra fine, come dà gli atti – A S G, Fonds Corsica, liasse 658.
36. Nous renvoyons à une abondante littérature d’où ressortent deux ouvrages principaux, à
savoir : Busquet (1994), et Wilson (1988, 1995).
37. 499 meurtres sur les 799 survenus entre 1704 et 1720 sont effectivement datés.
38. Muchembed (1989, p. 27).
39. A.S.G., Fonds Corsica, liasse 648.
40. Ibid., liasse 648.
41. Ibid., liasse 658.
42. Ibid., liasse 648.
43. Ibid., liasse 649.
44. Ibid.
45. A. S.G., fonds Corsica, liasse 658.
46. Cf. Serpentini (2000, a), pp. XIX-XX, et 137-164.
47. A. S.G., fonds Corsica, liasse 658.
48. À propos du peu de cas que l’on faisait, à l’époque, de la vie d’une femme, l’officier du
régiment de Picardie écrivait en substance : « Avant l’arrivée des Français, il était très commun
d’entendre dire qu’un tel venait de tuer sa femme. Quand cela arrive, et c’est toujours par jalousie, ils vont
dire eux-mêmes à ses parents d’aller faire enterrer leur fille, morte à tel endroit; et ils sont persuadés qu’elle
s’est mise dans le cas de mériter une telle mort. Aujourd’hui que la justice poursuit tous les crimes, on
n’entend plus parler de ces horreurs », in Caraffa (Ed. 1889, p. 207).
49. A. S.G., fonds Corsica, liasse 658.
50. A. S.G., fonds Corsica, liasse 654.
51. Il faut aussi dénoncer le rôle néfaste joué par les femmes dans le déclenchement des vendette
à travers la pratique du « rimbecco » qui visait par des reproches permanents à inciter les
hommes de leurs familles à exercer la vengeance. Ce délit était d’ailleurs sévèrement puni aux

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termes de l’article XIX des Statuts Criminels de Corse, amendé en 1581. Ainsi, c’est en application
de ces dispositions que, le 3 juin 1705, la femme d’Anton Gio de la Serra, qui par rimbecco avait
conduit son mari à tuer Anton Marco de Sant’Andria d’Attallà, sera condamnée par contumace à
trois années de relégation sur l’île de Capraia (A. S.G., fonds Corsica, liasse 648).
52. Tous les observateurs français du XVIIIe siècle, de l’officier du régiment de Picardie à l’abbé
Gaudin (Voyage en Corse et Vues politiques, Paris, 1787), ont lourdement insisté sur le
comportement belliqueux du clergé insulaire dont les membres sont décrits comme étant
ignares, de mœurs dissolues et trop souvent armés jusqu’aux dents. À la lumière des études les
plus récentes, le trait semble assez forcé. Cependant il est intéressant de relever que, lors de la
visite pastorale ordonnée en 1740 par Monseigneur Agostino Saluzzo, évêque de Mariana d’Accia,
le visiteur général s’ingénia à classer, pour chaque paroisse, les clercs en trois catégories : ceux
qui portaient des armes ou qui les avaient portées lors des dernières Révolutions et enfin de ceux
qui s’en étaient toujours abstenus in Caraffa (1890, pp. 131-238). Par ailleurs, il faut noter que les
membres du clergé insulaire payaient eux aussi un lourd tribut à la violence. Plusieurs d’entre
eux furent assassinés durant la période considérée, et non des moindres, comme par exemple
Giovan Battista Mattarana de Bonifacio, tué à coups d’épée et de poignard par les frères Lorenzo
et Giuseppe Maria Celani le17 juin 1719, ou encore Rocco Serra, abattu dans la campagne par un
tir d’arquebuse le 11 janvier 1720; A. S.G., fonds Corsica, liasse 661.
53. A. S.G., fonds Corsica, liasse 660.
54. Coppolani, Serpentini (1998). Cf. en particulier les articles XXXII et XXXIII, intitulés
respectivement De l’homicide et Des poisons.
55. Leggi nuove et Addizioni fatte agli Statuti di Corsica, textes publiés à la suite des Statuts par Gio.
Carlo Gregorj ( 1843).
56. Cela, essentiellement en application du décret approuvé, le 25 mai, le 15 juin et le 20
novembre 1635, par diverses instances de l’État génois et intitulé Legge contro coloro che
ammazzano sotto pace o per vendetta. Retenons qu’on procédait de même dans le domaine
péninsulaire de la République. Cf. Raggio (2000,a, p. 12-13).
57. Mais parfois aussi grâce à l’intervention des familles des assassins qui entendent mettre fin à
une vendetta par trop pénalisante. Quel que soit le cas de figure retenu, la famille demeure par
essence un intermédiaire incontournable, et ce aussi bien dans le domaine péninsulaire qu’en
Corse. Cf. sur ce thème Raggio (1990, a et b).
58. En dernière analyse, si une certaine évaporation, due à la dissimulation, au manque de
confiance envers la justice et au désir de régler soi-même ses comptes, a pu affecter ce « chiffre
noir » de la criminalité de sang, son impact – difficile à estimer – n’a pu, cependant, qu’être
marginal. En effet, en application de l’Article II des Statuts criminels, les podestats des
communautés rurales étaient tenus, sous peine d’amende, de faire connaître rapidement au
commissaire ou au lieutenant de la province, tous les délits, et donc, a fortiori, les homicides
commis sur le territoire de leur juridiction. D’ailleurs, en cas de non-observation de ces
directives, il semble évident que la dérive vindicative, inéluctable, aurait immanquablement
attiré l’attention de l’autorité de tutelle, très sensibilisée à ce problème.
59. Elles sont extraites de la série Rollorum Partitarum du fonds Corsica de l’Archivio di Stato de
Gênes, liasses 1085, 1126, 1164.
60. Il est vrai que si des désordres importants se produisaient dans l’intérieur des terres, les
forces du bargello pouvaient compter sur le concours des troupes stationnées dans les présides. Cf.
Serpentini (2000b). Ajoutons que ces agents de la force publique, que l’on appelait
indifféremment famegli ou sbiri, souffraient d’une fort mauvaise réputation, apparemment
méritée. Particulièrement turbulents, ils sont non seulement à l’origine de la majorité des duels
répertoriés durant cette période, mais ils se livrent aussi aux pires exactions, souvent avec
l’accord tacite de l’administration de tutelle. Ainsi, dans les provinces, on les voit parfois

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s’installer, à la demande de créanciers, dans les demeures de leurs débiteurs et s’y faire
entretenir tant que ces derniers n’ont pas réglé leurs dettes.
61. Cette procédure n’est pas une spécificité génoise. Il en va de même comme l’a démontré
Robert Muchembled, des lettres de rémission accordées par les souverains espagnols, qui « en
l’absence de forces policières suffisantes et d’une répression qui serait efficace /…/ assument une lente
transition entre le temps de la vengeance privée et celui de l’obéissance à l’état absolu... » (1989, pp.
22-23). Mais ce qui pose problème c’est qu’en Corse cela est devenu une réponse trop fréquente,
quasiment systématique. Ainsi, un exemple parmi tant d’autres, dans la province de Sartène sur
les six meurtriers recensés durant le biennio 1714-1716, un n’a pas encore été jugé; les cinq autres
ont été condamnés par contumace, et quatre d’entre eux ont bénéficié de l’indult; A SG, fonds
Corsica, liasse 656.
62. Clairement énoncé, dans un rapport sur le maintien de l’ordre et l’exercice de la justice
adressé au Magistrato di Corsica, par le gouverneur Pietro Francesco Fieschi, peu avant sa sortie de
charge, le 22 mars 1706 : « giachè il proverbio, a ponto di qui comprovato dall’esperienza come
tutti gl’altri proverbij, dice che se il Corso non piglia il Corso, niun’altro piglia il Corso ». « D’après
le proverbe, conforté, comme tous les autres, par l’expérience, qui affirme que si un Corse ne peut s’emparer
d’un autre Corse, personne d’autre n’y parviendra »; A S G, fonds Corsica, liasse 648. C’est sans doute
en application de ce principe et pour utiliser ces compétences que Gênes, dans son territoire de
terre ferme, engage fréquemment les troupes corses dans la répression du banditisne. Cf. Raggio
(1990a).

RÉSUMÉS
Utilisant les rôles de la mortalité violente, tenus à jour par les gouverneurs génois en charge de la
Corse à la fin du XVIIe siècle et durant les deux premières décennies du siècle suivant, cette
communication permet de cerner avec précision l’impact de la criminalité de sang. À cette
époque, avec un taux annuel de mortalité par homicide s’élevant à 45,3 pour 100 000 habitants,
l’île comptait incontestablement parmi les régions les plus criminogènes de l’Europe occidentale.
Toutefois, pour aussi effrayants qu’ils soient, ces chiffres sont bien en deçà de ceux qui ont été
véhiculés par toute une tradition historiographique. Après avoir clairement mis cela en exergue,
l’auteur s’attache à étudier les différents aspects de cette criminalité – la nature des homicides,
l’impact microrégional, les saisons et les armes de la mort, etc.- en relation avec les mesures
prises par la République de Gênes pour essayer de la juguler.

Using the registers of violent deaths kept by the Genoese governors in charge of Corsica at the
end of the 17th century and during the first two decades of the 18th century, this contribution
neatly circumscribes the impact of homicide. In this period, with an annual homicide rate of 45.3
per 100,000 inhabitants, the island was indisputably one of the most crime-ridden regions of
Western Europe. However frightening these figures may be, though, they are well below those
reported by a whole historiographical tradition. Having made this clear, the author turns to the
different aspects of this kind of crime : the nature of the homicides, their impact on the micro-
region, the seasons and the weapons chosen, etc., which he relates to the steps taken by the
Republic of Genoa to attempt to curb such crimes.

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AUTEUR
ANTOINE LAURENT SERPENTINI
Université de Corse, Avenue Jean Nicoli, 20250 CorteAntoine Laurent Serpentini est professeur
d’histoire moderne à l’Université de Corse. Il a notamment publié : Bonifacio une ville génoise aux
Temps Modernes, Préface d’É. Le Roy Ladurie, Ajaccio, Éditions La Marge, 1995; la Coltivatione Gênes
et la mise en valeur agricole de la Corse au XVIIe siècle, Ajaccio, Éditions Albiana, 2000; Sources
notariales, confrontations économiques, stratégies matrimoniales et patrimoine à Bonifacio dans
la deuxième moitié du XVIIIe siècle, Mélanges de l’École Française de Rome Italie et Méditerranée, 2000,
112, 1, pp. 253-279. Il est codirecteur de la collection, Les grands textes du droit corse (dont il a signé
le n°3 avec J.-Y. Coppolani – Sept volumes prévus) et dirige le projet d’édition d’un Dictionnaire
historique de la Corse, auquel collaborent plus de cent universitaires français et étrangers.

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Articles

Crime and social control in 19th


century England / Crime et contrôle
social dans l’Angleterre du XIXe
siècle

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Three «moral entrepreneurs» and


the creation of a «criminal class» in
England, c. 1790s-1840s
David Philips

1 In a provocative essay, contributed to a volume of essays in honour of E.P. Thompson in


1993, Victor Bailey challenged the dominant interpretation among historians of crime
and criminal justice in Britain about images of the ‘dangerous classes’ and the ‘criminal
classes’ in the first half of the nineteenth century. He argued that a number of such
historians had gone to excess in their
strong tendency to write the history of the first half of the nineteenth century in
terms of the threat of ‘the dangerous and labouring classes’, and the associated
introduction of new instruments of policing and punishment 2.
2 Bailey went on to argue that, although a few notable figures had tried, in that period, to
alarm respectable propertied opinion by stressing the threat of a potential alliance of
the criminal and labouring classes,
the role of class fear [in the first half of the nineteenth century] has been
exaggerated... Fears of an alliance between the criminal and working classes were
neither as potent nor as pervasive as most British historians contend; by
implication, class fear was less influential than commonly claimed in creating paid
constabularies and the prison system3.
3 Victor Bailey is a historian of distinction on the subject of crime and public order in
Britain in the second half of the nineteenth century4. In this essay, he produced many
relevant passages from contemporary commentators, and a strong argument in
support of his thesis. However, the essay is much stronger on the decades after 1850
than on the period before it. He convincingly argued that, in the second half of the
century, the term ‘criminal classes’ was increasingly used as a way of separating the
‘respectable’ working class from the ‘rough’ working class and those suspected of living
in, and perpetrating, a criminal culture. He rightly drew attention to the importance of
the writings of some particular individuals, and their use of particular words and
phrases, in the creation of stereotypes about crime and its causes, and criminals, in that
society. However, on developments before 1850, he was much briefer, less convincing,

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and much more dependent on assertion of his thesis, rather than detailed argument
with evidence.
4 This article examines in greater depth the creation of some of those stereotypes of
crime and criminals in the period up to the 1840s; it takes issue with Bailey’s attempt to
minimise the extent of the alarmist pictures disseminated on the subject of crime,
criminals and their threat to the stability of society. Bailey acknowledged the
importance of the role of Patrick Colquhoun, at the turn of the nineteenth century, in
trying to stir up such fears; he stated that Colquhoun’s «alarmist campaign, his strategy
of exaggeration, which became a model for other ‘moral entrepreneurs’ in the cause of
police and prison reform, prepared the ground, moreover, for a vocabulary of ‘the
dangerous classes’»5. He also mentioned, more briefly, the role of Edwin Chadwick, in
the late-1830s, in creating a dominant Victorian stereotype of the criminal. Bailey
acknowledged the extent to which Sir Leon Radzinowicz, in his pioneering multi-
volume work on the history of English criminal justice, accepted the views of both
Colquhoun and Chadwick6. He did not mention, however, another pioneer in this field,
J.J. Tobias, who organised his history of crime in this period around the concept of the
‘criminal class’7. For evidence to support this concept, Tobias drew heavily on the
writings of both Colquhoun and Chadwick, and of a third man,William Augustus Miles 8.
5 This article analyses, at some length, the writings of those three men – Colquhoun,
Chadwick and Miles – to determine the extent to which they contributed to a
significant climate of concern (even, at times, of outright alarm) in England in the first
half of the nineteenth century, about the threat of crime. This concern was expressed
at official level, by members of governments, parliaments and the judiciary, and also by
many influential individuals. This article is less concerned with the empirical accuracy
of the claims made than with the emotive effect which they achieved in the minds of
the ‘respectable’ public. Bailey has stated that the specific term ‘criminal class’ did not
enter criminological parlance in England until 1851, and he suggested that it was
coined by Thomas Plint in a book published in that year 9. However, as this article will
argue, the idea that crime was essentially the product of a ‘criminal class’ – consisting
of more-or-less full-time criminals, who lived off the proceeds of their crimes rather
than working at normal jobs, until they were caught and imprisoned, transported or
executed – was already strongly embedded in the writings of commentators in the first
half of the century.
6 In the 1840s, this general notion was made even more alarming to respectable society
by some writers in England invoking the notion of the ‘dangerous classes’.
7 The term ‘les classes dangereuses’ was coined by H.A. Frégier in 1840, about Paris; it was
quickly turned into English and applied by some writers to the dangerous lower orders
of Britain as well10. The image of the ‘dangerous classes’ united the threat to person and
property of ordinary crime, with the wider threat posed to the whole society by a
militant and possibly revolutionary working class; it could be used to cause alarm or
panic in the mind of the reader by evoking the picture of the anonymous hordes who
inhabited the slums (of London, and of the rapidly-growing industrial and commercial
towns such as Manchester, Liverpool, Birmingham and Leeds) pouring out of their
hovels and into the wealthier areas to sack, plunder and kill. Jelinger Symons, a
barrister with an interest in crime and its remedies, began a book on the subject in
1849, with the words:

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Every country has its dangerous class. It consists not only of criminals, paupers and
persons whose conduct is obnoxious to the interests of society, but of that
proximate body of people who are within reach of its contagion, and continually
swell its number. The magnitude of the dangerous class in England probably
exceeds that of any European nation, and is largely increasing 11.
8 A far more intemperate example of this rhetoric was supplied to the readers of
Blackwood’s Edinburgh Magazine in 1844 by Archibald Alison, Sheriff of Lanarkshire, High
Tory and arch-opponent of trade unions12. Alison was commenting on the rapid rise in
the criminal statistics up to the 1840s13. He drew on two particular recent events – the
‘Plug Plot’, a Chartist-influenced general strike of August-September1842 in Northern
and Midlands England, and the Scottish mining strike of 1842-1843 in which Alison led
a body of troops and police into a confrontation with the strikers 14. He used the image
of the ‘dangerous classes’ to connect the issue of crime to the wider threat posed by
strikes, riots and insurrection:
If the past increase and present amount of crime in the British islands be alone
considered, it must afford grounds for the most melancholy forebodings... It is
difficult to say what is destined to be the ultimate fate of a country in which the
progress of wickedness is so much more rapid than the increase of the numbers of
people... Meanwhile, destitution, profligacy, sensuality and crime advance with
unheard-of rapidity in the manufacturing districts, and the dangerous classes there
massed together combine every three or four years in some general strike or
alarming insurrection, which, while it lasts, excites universal terror... 15
9 Stirring up of public concern about the ‘dangerous classes’ tended to take place
particularly in periods of political, economic and social crisis during the 1830s and
1840s; attribution of responsibility for the steadily-rising official statistics of crime to a
separate criminal class and culture, on the other hand, was a more-or-less continuous
theme throughout the first half of the century. This article examines the contribution
towards the creation and dissemination of that image of a criminal class made by
Patrick Colquhoun, William Augustus Miles and Edwin Chadwick. All three men are
examples of what has been called the ‘moral entrepreneur’ – someone who makes a
career out of rousing public alarm on some particular issue (especially crime),
advocating certain necessary reforms and measures (such as establishing a police force)
to deal with the problem, and putting forward himself as the appropriate person to
carry out these reforms and measures effectively16.

Patrick Colquhoun (1745 – 1820)


10 Patrick Colquhoun was a prosperous Glasgow merchant and lay magistrate, who moved
to London in 178917. As an associate of Jeremy Bentham, the Utilitarian philosopher
who propounded schemes for reforming Britain’s systems of policing and punishment,
Colquhoun also took a keen interest in issues of crime and policing. When the British
Government, in 1792, first set up seven Police Offices, with salaried Police Magistrates
attached to them, Colquhoun was appointed as one of those magistrates 18. He played a
large part, in 1800, in setting up and running the Thames Police Office which ran a
small force of river police to protect from theft the huge amounts of property in the
ships and docks of the River Thames. Colquhoun used his position to give evidence to
parliamentary enquiries into crime, policing and the criminal law; and he ceaselessly

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lobbied the government for further reforms in the police and judicial systems, and in
the Poor Laws.
11 Colquhoun had his greatest influence on ideas about the ‘criminal class’ through the
publication of his book A Treatise on the Police of the Metropolis; first published in 1795, it
went through six editions in five years, and then a seventh edition in 1807, being
considerably enlarged in the later editions19. The book, and its ideas and assertions
about crime, criminals and policing, became very influential. In discussing what
Colquhoun had to say, I shall quote from the fourth (1797) and sixth (1800) editions.
12 Colquhoun published the first edition in 1795, a period dominated in Britain by concern
with the French Revolution, war with Revolutionary France, and fear of ‘Jacobin’
societies and democratic agitation in Britain itself20. This context clearly affected the
dramatic tone which runs through the long treatise. Colquhoun was concerned, above
all, to convince his readers that London urgently needed a regular organised, paid
police force. In order to achieve this effect, he presented to the reader a picture of
London, the hugely-wealthy trading metropolis, in imminent danger of being
overwhelmed by a mighty tide of immorality, crime and disorder. He attributed the
evils which he saw all around him in London to:
The enlarged state of Society, the vast extent of moving property, and the
unexampled wealth of the Metropolis, joined to the depraved habits and loose
conduct of a great proportion of the lower classes of the people; and above all, the
want of an appropriate Police applicable to the object of prevention 21.
13 Like many of his nineteenth-century successors, Colquhoun liked to use numbers and
tables to impart to his work an air of objectivity and scientific accuracy. He began the
fourth edition, for example, by offering the reader a detailed estimate (in a table which
stretches over five pages) of «the various classes of individuals who live idly and
support themselves by pursuits that are either criminal, illegal, dissolute, vicious or
depraved»22. He divided these «various classes of individuals» into 24 classes, for each
of which he supplied a suspiciously-precise round figure, beginning with
Professed Thieves, Burglars, Highway Robbers, Pick-pockets, & River Pirates, who
are completely proselyted [sic]; – many of whom have finished their education in
the Hulks & some at Botany Bay;
passing through such classes as
6. Itinerant Jews, wandering from street to street, holding out temptations to pilfer &
steal, & Jew-Boys crying Bad Shillings...
8. A class of suspicious Characters, who live partly by pilfering & passing Base Money –
ostensibly Costard Mongers [i.e. costermongers – itinerant sellers of fruit and
vegetables from barrows], Ass Drivers, Bear Baiters, Dog Keepers, (but in fact, Dog
Stealers), etc. etc.
20. Unfortunate Females of all descriptions, who support themselves chiefly or wholly
by prostitution
and ending with
23. Grubbers, Gin-drinking dissolute Women, & destitute Boys & Girls, wandering &
prowling about in the streets & by-places after Chips, Nails, Old Metals, Broken
Glass, Paper Twine, etc. etc. who are constantly on the watch to pilfer when an
opportunity offers.
and
24. Common Beggars & Vagrants asking alms...

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14 To each of these 24 classes Colquhoun assigned a clear estimate of their numbers –


giving London a grand total, for its entire criminal class thus set out in tabular form, of
115,000 people. The confidence with which he assigned his estimates, and the apparent
precision of his calculations, are likely to fix themselves in the reader’s mind. However,
a close look at his figures for the London criminal class removes any idea of them being
either precise or value-free and objective.
15 This is best illustrated by the fact that nearly half of that total of 115,000 is made up of
a figure of 50,000 – which is the number of women whom Colquhoun listed as
supporting themselves chiefly or wholly by prostitution. In his sixth edition, he
enlarged on this by devoting a whole chapter to prostitution, which again gave that
figure of 50,000 as the total number of prostitutes in London. However, in this fuller
version, Colquhoun broke down that global figure of 50,000 into a table subdividing it
into categories. From this table we learn that 25,000 of those 50,000 women are those of
different ranks in Society living partly by prostitution «including the multitudes of low
females, who cohabit with labourers & others without matrimony» 23. So Colquhoun has
taken his initial estimate of the number of prostitutes, which was already large, and
virtually doubled it by adding to it all the London working-class de facto wives; we know
that it was common, in this period, for working-class men and women to live together
as man and wife without being formally married – but this would not qualify as
prostitution in most normal definitions. By this means, Colquhoun substantially
inflated the total figures, not only for London prostitutes, but also for the ‘criminal
class’ of London as a whole.
16 Even Edwin Chadwick (who, as we shall see, was far from ever understatinghis view of
lower-class immorality and criminality) in the Constabulary Force Commission Report
(1839), rebuked Colquhoun for the ludicrous degree of exaggeration in this estimate of
50,000. Chadwick calculated that there were, at most, only 150,000-200,000 sexually-
active adult males in the Metropolis in 1801. On Colquhoun’s estimate: «Allowing that
all were licentious in their habits, the learned Magistrate’s estimate gave one prostitute
for every three or four males, and alleged that every third or fourth female was a
professed prostitute.» Chadwick himself – while noting that «a voluntary Association
for the suppression of prostitution» had recently estimated the number of prostitutes
in the Metropolis as «not less than 80,000» – stated that the number of «known
prostitutes» in the London of 1839, with a considerably-larger population than in 1800,
«does not exceed 7,000»24. This is a salutary example of the ease with which someone
like Colquhoun could apply labels, and invent or exaggerate the relevant figures, in the
interests of exciting apprehension about the size and threat of the ‘criminal class’.
17 Colquhoun began his book with this ostensibly-scientific, quantitative classification of
the criminal ‘classes’ of London. He went on to offer his views about the causes of
crime – views which were designed to support his urgent calls for a strong professional
police force which would exercise regular and far-reaching surveillance over the
«many thousand individuals, male & female, prowling about this Metropolis, who
principally support themselves by various depredations on the Public». Crime was
mainly the work of the poor – he estimated that
above twenty thousand individuals rise, every morning without knowing how, or by
what means they are to be supported through the passing day; & in many instances
even where they are to lodge on the succeeding night.

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18 But Colquhoun stressed that their criminality was not the result of their poverty. There
were, he insisted, «many instances of honest & virtuous Poor», quite distinct from the
criminal class of whom he was writing. The members of the criminal class were
responsible for both their own poverty and their criminality; Colquhoun blamed both
on «the vicious & immoral habits of the people» and «the improvident, & even the
luxurious mode of living which prevails too generally among the lower ranks in the
Metropolis»25. In the sixth edition, he even went so far as to offer his readers an alleged
example of the improvidence of the criminal poor as contrasted to the provident
middle class:
Such is the thoughtless improvidence of this class of the labouring people, that they
are generally the first who indulge themselves by eating Oysters, Lobsters, &
Pickled Salmon, etc. when first in Season, & long before these luxuries are
considered as accessible to the middle ranks of the Community; whose manners are
generally as virtuous as the others are depraved26.
19 The basic argument of the book was that the criminal class made themselves poor,
immoral and criminal through their extravagant habits, and their lack of forethought
and self-control; and they then had to support themselves by gambling, cheating and
thieving. He included a strong attack on the lottery as a source of corruption of the
poor, since it encouraged them to believe in luck and gambling. He blamed the failure
to regulate the places in which working people drank alcohol as another large source of
corruption. Behind the thieves who stole property he discerned the sinister hand of
receivers of stolen property who organised and profited from it; this enabled him to
include some viciously anti-semitic passages in which he blamed «[t]he increase of...
the lower order of the Jews» for much of the fraud, circulation of bad money, and
receiving of stolen property in the country; it was necessary to check «the increase of
this depraved race» who lived off the industry of others and established «a mischievous
intercourse all over the country»27.
20 Colquhoun described, at great length, the crimes which he saw as particularly
threatening London – notably the thefts by labourers from ships on the Thames and
from naval dockyards, and various types of fraud and forgery. His emphasis was clearly
on the dangers posed to property – particularly movable property, of which he
estimated that over £2 million was lost through thefts in London every year – rather
than on violent crime. Indeed, in the fourth edition he stated that violent offences had
not been increasing, but that the great increase in thefts was actually more worrying
than violence because of «the mischief which arises from the destruction of the morals
of so numerous a body of people»28. Without a proper professional police to deter them,
generations were growing up accustomed to immorality and theft as a normal way of
life. He even made an attack on the traditional practice of landowners allowing
labourers to glean the corn left lying after the harvest, on the grounds that it tended to
ruin the morals of the labourers’ children by accustoming them to taking property
which was not theirs, and set them on the road to crime:
Parents carry their children to the fields during harvest; exhibiting an example too
often, to infants, which reconciles them at maturer years, to habits of pilfering,
ruinous to themselves, & to Society.... It first teaches the children of cottagers to
become thieves in a little way; & afterwards serves as a cover for more extensive
depredations29.
21 For Colquhoun this set a bad example to the children of the poor which helped to
corrupt them. By contrast, he said, if the government adopted his suggestions and

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established a proper police force, that police would be able «to give the minds of the
People a right bias» by channelling their recreation and relaxation into benevolent,
rather than corrupting activities:
Since recreation is necessary to Civilized Society, all Public Exhibitions should be
rendered subservient to the improvement of morals, & to the means of infusing
into the mind a love of the Constitution, & a reverence & respect for the Laws. How
easy would it be under the guidance of an appropriate Police, to give a right bias
through the medium of Public amusements to the dispositions of the People. How
superior this to the odious practice of besotting themselves in Ale-houses, hatching
seditious & treasonable designs, or engaged in pursuits of the vilest profligacy,
destructive to health & morals.
Even the common Ballad-singers in the streets might be rendered instruments
useful under the controul [sic] of a well-regulated Police, in giving a better turn to
the minds of the lowest classes of the People... If through this medium they can be
taught loyalty to the Sovereign, love to their Country, & obedience to the Laws,
would it not be wise & politic to sanction it30?
22 The new police which he advocated could exercise this sort of continuous surveillance
over the criminal class; helped by the effective punishment of offenders which could be
achieved in the new penitentiary prisons (reserving transportation for only a few
incorrigibles), this new police would «gradually... lead the criminal, the idle, and the
dissolute members of the community into the paths of innocence and industry» 31.
23 Finally, having given his readers a vivid picture of these idle, immoral, self-indulgent
members of the criminal class who threatened all of the property in London,
Colquhoun reminded the reader that these could also be the ‘dangerous classes’. He
knew very well that many of the ruling landed and propertied class strongly resisted
the idea of a police force such as the the police of Paris (whose powers of surveillance
Colquhoun openly admired and wanted for his London police) 32. To overcome this
resistance, he informed his readers, whose minds still retained fresh and vivid images
of the Revolutionary Terror in France, that it was
a fact well established, that it was principally through the medium, & by the
assistance, of many of the twenty thousand miscreants who were registered,
previous to the anarchy of France, on the books of the Lieutenant of Police, that the
contending Factions in that distracted country, were enabled to perpetrate those
horrid massacres & acts of atrocity. [The danger exists that] several thousand
miscreants of the same description which now infest London... upon any fatal
emergency (which God forbid!) would be equally ready as their brethren in iniquity
were, in Paris, to repeat the same atrocities if any opportunity offered 33.
24 Colquhoun’s primary concern, in his Treatise, was to use his alarming depiction of crime
in London to convince his readers of the urgent need for a government-run police force
for the Metropolis. Ultimately, he wanted a similar police force for the whole country –
but he said very little, in his publications, about problems of crime outside London. He
died in 1820, without seeing his aim of establishing a police for London enacted, but his
aim was realised soon after his death, in 1829, when Peel established the Metropolitan
Police. Following that establishment, the attention of police reformers switched to
getting a police established for the whole country, especially the areas outside the
cities and corporate towns34. One of the few references which Colquhoun made to the
problems of crime outside London was a suggestion that his proposed new Central
Board of Police for London could also have the function:
To watch the proceedings of the herds of criminal delinquents who generally leave
Town every year in the month of March, ... for the purpose of attending fairs, races,

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and other places of amusement and dissipation in the country, carrying with them
quantities of base money and EO Tables [a form of gambling], with a view to commit
frauds on the unwary35.
25 This theme – of a stream of itinerant members of the criminal class regularly leaving
London for a criminal circuit of the provinces – was taken up and developed in the
1830s by both William Augustus Miles and Edwin Chadwick as an essential feature of
their campaigns for a general national police force.

William Augustus Miles (1796-1851)


26 William Augustus Miles36 exemplified, in his career, both the ‘moral entrepreneur’ 37 and
what Edward Gibbon Wakefield called ‘the uneasy class’ – the middle class without
money, who looked to support themselves through government employment, as it
opened up in Britain in the 1830s and 1840s38. Miles had had a good schooling, including
a few years at Winchester public school, and he had almost completed the course at the
East India College at Haileybury when he got himself expelled in 1815 – thus ending his
chances of a career in the East India Company, and also causing a complete break with
the family in which he had grown up. Thereafter, he largely had to make his own way
(with the help of patronage from a few powerful figures in Britain, including the
government and royal family), and was perennially short of money and normally in
debt. He began looking for forms of government employment from the late-1820s,
initially with little success but with greater success by the mid-1830s.
27 Miles began his career as a self-proclaimed ‘expert’ on issues of crime, policing and
punishment in 1835, when he gathered evidence for the large and important House of
Lords Select Committee on Gaols and Houses of Correction (henceforth SC on Gaols) 39,
chaired by the Duke of Richmond, who was to become Miles’ patron 40. For this purpose,
Miles visited all the major prisons, gaols and bridewells (houses of correction) in the
metropolis. In the bridewells, he began what was to become a speciality of his:
interviews with convicted juvenile delinquents, which he used to set out his views on
the causes of their delinquency. He also sought confessions from people serving short
sentences as vagrants under the Vagrancy Laws. He followed his interest in juvenile
delinquency further by making a number of visits to the hulk Euryalus moored near
Chatham, which contained convicted boys intended for transportation to Australia. He
examined 146 of the boys held on that hulk41, and took detailed notes of his interviews
with the boys and with other prisoners42. He supplied the committee with statistical
returns, containing tables of prisoners in the various penal institutions, classified into
categories. He delivered to the committee two papers or reports (one public and one
‘secret’) setting out his own views on the causes of crime and the best methods of
punishment; and the committee examined him about Point Puer, the institution for the
reformation of convicted boys at Port Arthur in Van Diemen’s Land. (This last was
based on a letter, dated December 1834, which he had received about Point Puer – Miles
had not yet been to Australia.)
28 From 1835 to 1837, Miles secured himself government employment, as a Charity
Commissioner, which enabled him to travel, at government expense, around parts of
the country – mainly Cambridgeshire, Essex, and Montgomeryshire in Wales, with some
trips en route to Cheshire and Shropshire 43. He used these travels to start interviewing
local constables, and criminals in local gaols, about the causes of crime and the

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provisions for policing in their areas. From October 1836 to July 1837, these informal
interviews became part of his official work, when, at the request of Edwin Chadwick, he
was also appointed to the position of Assistant Commissioner to Chadwick’s
Constabulary Force Commission44. For Chadwick, Miles researched aspects of crime,
vagrancy, local policing schemes and punishment in Lancashire, Cheshire, the Midlands
and Wales, interviewing parish constables, local policemen, magistrates, prison
governors and chaplains, and prisoners – recording some juicy detailed prisoners’
confessions which were published in an appendix to the Commission Report. He sent
regular reports on this material back to Chadwick45.
29 Despite his work for both the Charity and Constabulary Force Commissions, Miles failed
in his larger aim of securing permanent paid government employment. He was
employed temporarily on the great Royal Commission into the state of the handloom
weavers in Britain, but then suffered a humiliating period without employment, in
which he desperately begged for a government job at what he regarded as a suitable
salary for him. Eventually, Lord John Russell, who had moved from Home Secretary to
Colonial Secretary in August 1839, gave him an appointment in charge of the police of
Sydney, New South Wales, the main colony in Australia. Miles ran the Sydney Police
from 1841 to 1848, bringing with him and disseminating in the colony his ideas of a
criminal class. (New South Wales, having been founded as a penal colony, contained an
easily-identifiable criminal class in the form of the transported convicts and ex-
convicts who formed a large part of its white population). Overall, Miles was not a great
success in this new position, after the initial few years; and he was eased out of it
officially in 1848, on the grounds of public drunkenness and some mishandling of
official moneys. He died in Sydney in 1851, disappointed, bitter and heavily in debt.
30 Miles first began to develop his ideas about the causes of crime, the nature of criminals,
and the best ways to prevent crime and punish criminals, in his testimony to the SC on
Gaols, based on the evidence he had collected. He developed these ideas further in his
interviews as Charity Commissioner and his reports for the Constabulary Force
Commission, and he published two pamphlets on the subject addressed to the Home
Secretary Lord John Russell: Suggestions for the Formation of a General Police: In a Letter to
the Right Hon. Lord John Russell (London 1836), and A Letter to Lord John Russell Concerning
Juvenile Delinquency (Shrewsbury 1837).
31 In 1839, a large volume containing all of Miles’ writings on crime, policing and
punishment, was published, edited by a London barrister called Brandon; the title he
gave to the volume – Poverty, Mendicity and Crime46 – sums up well Miles’ fundamental
concerns and his approach to these issues. They are similarly suggested by the opening
sentence of his first pamphlet, addressed to Lord John Russell:
MY LORD,
During my investigations in the country, in the capacity of Commissioner of
Charities, I have carefully examined into the state of crime and the habits of
tramping beggars and impostors in every town which I visited, in the hope that my
knowledge of a class of people who are, in fact, the vermin of society, might prove
useful to His Majesty’s Government, in case your Lordship’s attention should be
called to the necessity of a General Police47.
32 Similarly, in his report to the 1835 SC on Gaols, Miles stated that London thieves were a
class or race of their own:
London Thieves have no Sense of Moral Degradation; they are corrupt to the Core;
they are Strangers to virtue and Character, even by name, for many of them are the

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Children of Thieves or of exceedingly dissolute People, consequently they can have


no Contrition; they are in a State of predatory Existence, without any Knowledge of
social Duty...
... There is a youthful Population in the Metropolis devoted to Crime, trained to it
from Infancy, adhering to it from Education and Circumstances, whose Connexions
prevent the Possibility of Reformation, and whom no punishment can deter; a Race
«sui generis», different from the rest of Society, not only in Thoughts, Habits, and
Manners, but even in Appearance; possessing, moreover, a Language exclusively
their own48.
33 From Miles’ published writings, we can sum up his main themes as follows:
• The evils of the criminal slum areas of London, such as St Giles and Whitechapel «and all the
low neighbourhoods of London», which were the spawning-grounds of criminals, and in
which old thieves were continually corrupting young people. The populations of these areas,
including «burglars, swell-mob men, common pilferers, & passers of bad coin, who support
themselves & save money for the winter, by thieving & gambling», then took their evil ways
to the rest of the country: «I find that the greater part of the vagabond population circulates
from the great reservoir of crime in London... Beggars emigrate systematically» 49.
• The dangers, around the country, of «Lodging Houses kept by Old Thieves, where juvenile
Offenders herd together, and their constant Intercourse tends to complete Corruption», and
of «Flash Houses... the Resorts of the elder Thieves; here they assemble, concoct their
Schemes, share booty, and indulge in drinking, as well as constant gambling»:
It is in these Lodging Houses, Flash Houses, and low Receptacles for gambling that
Society receives the greatest injury; it is in these Sinks of Iniquity, so common to
every Part of Town, and so notorious that every Policeman knows them, that
contamination takes place to such a Degree that it rots to the Heart those who it has
once infected...50.
• The importance of «Certainty of Punishment without the Probability of Mitigation» in
dealing with criminals, since
A Thief speculates upon Chance; «Chance» is his favourite Word; and however
remote a Chance may be, he trusts to his Ingenuity and «good Luck» to reduce it to
a Certainty. «Chance» is the Alpha and Omega of a Thief’s Existence. There are
Chances of Detection, Chances of a Prosecution, and Chances of Acquittal... 51.
34 Along with thieves’ belief in luck and chance, went an undisciplined sensuality, which
would do anything for some momentary excitement. Indeed, in his works, Miles
frequently used animal, rather than human, imagery, to describe the criminal type; and
he invoked common racial stereotypes against the Jews and Irish as particularly prone
to crime52.
• The particular importance, within the larger picture, of juvenile delinquency as the
initiation into what were to become hardened criminal careers. Juvenile delinquency Miles
attributed to three causes:
1. « The congregating of the poorest classes in the low neighbourhoods».
2. «The neglect of parents» – «Groups of these young neglected vagabonds herd together, and
theft becomes their study; even if a child was well disposed, it is not probable that he could
escape the contagion of such bad example.»
3. «The facilities of selling every sort of stolen property.» On this third theme, Miles displayed
conventional anti-Jewish prejudices: All stolen property
at last... finds its way through many hands to the rich Jew. A house-breaker in
Newgate once observed to me, that all valuable property before it comes into the
market again, passes through the hands of Jews, who have agents and sub-agents in
every direction, saying at the same time, «Every thief, Sir, after all, is only a Jew’s

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agent.» In corroboration of this, I beg to observe that many of the words used by
thieves in their peculiar phraseology are pure Hebrew53.
35 As a solution, he proposed the establishment of ‘a REFORMATORY ESTABLISHMENT, or
HOME COLONY’, abroad but separate from existing penal colonies, to which juvenile
delinquents should be sent to reform them54.
36 Miles repeated, many times, his picture of the country being overrun by a regular
migratory annual circuit of criminals. Every year, they moved out from the slums of the
cities and large towns into the countryside, visiting all the local fairs and race-
meetings; they were continually on the move, staying in lodging houses and supporting
themselves by regular begging and thieving wherever they went. He adduced large
amounts of evidence (including some confessions which he had taken from prisoners in
gaols) to support his contention that this was the core of the problem of crime, which
threatened to overwhelm the whole country if not ended by the authorities. He also
stressed, frequently, that, though these people put on an appearance of hunger and
poverty in order to beg, this was done only to deceive the gullible public; they actually
lived very well: «There is no distress among the inmates of the lodging houses. Beef-
steaks, and the best of cheer, seasoned by drinking & card playing.» He repeated this
point many times, saying of the beggars in Whitechapel: «Beggars live well have hot
beefsteaks and beer for breakfast; fare well at night and are never poor» 55.
37 By frequent repetition of this idea of the beggars and criminals living off beefsteaks and
beer, Miles helped to fix the image in his readers’ minds of this deceitful predatory
class who were constantly cheating and robbing the gullible honest public. The
strongest and commonest image of all, in his writings, was of the continual flow around
the country of this worthless and dangerous group, preying on the vulnerable country-
dwellers, who were unprotected by a police force. Miles made his picture still more
lurid by a liberal use of metaphors. The itinerant criminals and vagrants were
described as «vermin», as «this spreading gangrene» and as a source of «contagion». He
called the lodging houses «Hot-beds of Vice» and «the Nurseries and Hot-beds of Crime
throughout the country». The existing prisons he described as nothing more than
«Nurseries... of Crime», «Lyceums for the Education of Thieves», and «a thief’s college
[with] the exhibitions to the gallows or to Botany Bay».
38 In her recent book, Heather Shore56 treats Miles as relatively reliable as an interviewer
of convicted juveniles and commentator on the causes and nature of juvenile
delinquency; but his comments about criminal and convicted children were generally
harsh, dealt in negative stereotypes, and blamed the parents and the children
themselves for their criminality. In one passage in his evidence to the SC on Gaols, Miles
did emphasise the effect of poverty and difficult circumstances in giving such children
little option other than crime:
It is a certain Result of the social State of Society that a Portion of the Community
will be criminal; a few from Inclination, but the greater part from the Necessity of
Circumstances. It is a Result as certain as the Fact, that in all communities there
must be a Number of Persons so very poor that none can be poorer or worse off.
Education, however, Self-pride, and Industry, will long preserve a Man in Rectitude;
but Ignorance and Want of proper Occupation induce that Recklessness of
Character by which a Man easily abandons himself to Crime 57.
39 But this was a rare instance of Miles showing this sort of sympathetic insight into the
pressures of poverty, unemployment and lack of education in pushing young people
into crime; for the most part, he preferred to blame the offenders themselves for their

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absence of proper moral values. Far commoner than the view quoted above, were his
statements that thieves were essentially reckless gamblers, too lazy to be prepared to
do any serious work:
With respect to juvenile Offenders it is hardly possible to conceive the Recklessness
with which they look upon the Events of their Lives. They have so totally
abandoned themselves to the Excitements of Vice and the Pleasures of Indolence,
that a Month of unrestrained Indulgence is not considered too dearly bought by an
Imprisonment of Three58.
The gambler and the thief are one and the same as far as relates to the mainspring
of their actions. The root of crime, as far as the craving for the property of others, is
idleness, which as surely begets dissipation and a host of crimes. The gambler
requires money to feed his dissipation; his idleness prevents him from working. The
thief is in the same position, he steals because he is too lazy to work 59.
Once a thief, & the man is lost. Reformation is almost chimerical, because honour, if
ever it existed, is at once withered, & character is gone. Employment, even with
character, is difficult to obtain, & the profits arising from thieving exploits are
quicker and greater than the earnings of honest labour, & therefore eagerly
grasped at by a being of unregulated desires & lost character 60.
40 For his employment as investigator for the SC on Gaols, Miles seems to have acquired,
remarkably quickly, a good knowledge of the physical and moral geography of St. Giles
and Whitechapel – suggesting that he was already familiar with these areas and their
‘flash-houses’, brothels and lodging-houses. Perhaps he had already gone ‘slumming’ in
these areas, for his own enjoyment as well as his education; and the vehemence with
which he wrote about the criminals, and the causes of crime, in these areas, may have
owed something to his own ambivalent feelings towards them. There seems little doubt
that the ‘rookery’ (criminal slum) areas of London, such as St Giles, exerted some sort
of fascination over him, even while he expressed his horror at the people living within
them.
41 Here is one of his frequent descriptions of St Giles; it comes from 1837, the year in
which Dickens fascinated and horrified his readers with the description of such an area
in Oliver Twist:
The nucleus of crime in St. Giles’s consists of about six streets, riddled with courts,
alleys, passages, and dark entries, all leading to rooms and smaller tenements,
crowded with a population existing in all the filth attendant upon improvidence,
crime, and profligacy, as if the inhabitants by common consent deem themselves
only «tenants at will» till the gallows or the hulks should require them.
...There is moreover an open communication at the backs of all the houses, so that
directly a panic is created, men, women, and boys may be seen scrambling in all
directions through the backyards and over party walls, to effect escape.
... It is in this district that the lines of doubtful honesty and confirmed roguery are
very minutely blended. It is here that the labouring man is in nightly company with
the habitual thief61.
42 This description of the residential proximity of the ‘labouring man’ to the ‘habitual
thief’ highlighted what Miles saw as the danger of the criminal class corrupting the
ordinary working class and sucking them into the milieu of crime. Miles offered many
descriptions of St Giles in his writings, suggesting an ambivalent blend of attraction
and repulsion in his feelings for such areas. He justified the time he spent in such areas
as a form of doing his duty as an investigator. Thus he wrote to Richmond, shortly after
starting work for the SC on Gaols:
I have with diligence and care examined the haunts of thieves. I have spent several
hours (till dawn of day) at various times in the heart of St. Giles in order to observe

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the root of crime – I have also visited Whtechapel for the same purpose, and shall
feel flattered if your Grace should deem my evidence worthy of consideration.
43 In trying to bring himself and his work to the attention of the Whig politician, law
reformer and educationalist Lord Brougham, a few weeks later, he was more dramatic:
I have made it my duty to spend very many hours in the worst, the very worst
streets and courts in St. Giles’s, in order to render myself thoroughly acquainted
with the habits and manners of those Inhabitants where Idleness and Vice are not
even considered criminal. [I have visited] every low neighbourhood in London [for
the same purpose]. I have passed much time in the Goals [sic – Gaols] of the
Metropolis, in order to examine youths who live by Plunder... 62.
44 Perhaps Miles protested too much the seriousness of purpose underlying his forays into
the rookeries, emphasising that he did this as a ‘duty’, in order to prevent any
suggestion that he might have actually enjoyed aspects of the time spent in «every low
neighbourhood in London». The language suggests something of a personal obsession,
going beyond his duty to collect evidence for the committee. In 1835, and for the rest of
his life, Miles showed a horrified fascination with the details of criminals, criminal
areas and criminal life. In this, as in other aspects, he showed characteristics in
common with Edwin Chadwick, who similarly seems to have become obsessed with his
researches into the less pleasant areas of human life, such as crime and insanitary
conditions63.
45 Having built up for his readers this frightening picture of the migratory hordes of
criminals threatening the whole country, Miles offered two linked remedies for the
situation:
46 1. A uniform general police:
The government needed to establish a uniform police throughout the country to
disrupt the institutions of this ‘criminal class’:
The formation of a General police, centrally organized, would check this spreading
gangrene by a constant communication that would carry resignation into every
resort of crime, however remote. There is nothing so much dreaded and disliked by
this class of persons as being disturbed or seen in their haunts; & in order to break
the security which they now enjoy in these nightly dens, the constables should have
these houses under constant inspection, & the local magistrates should, at
uncertain periods & hours, cause the detention of every vagrant, in order to give an
account whence he came, & his ultimate destination64.
By this [police] organization, professional vagabondry will be be almost wholly
suppressed, because the vagrant, wherever he goes, being constantly under the eye
of the same authority, & his character known, detection will be certain & the trade
must, of necessity, be given up65.
Similarly:
Frequent inspection of these Lodging Houses will considerably annoy this vermin
class of society – who dupe the public daily of an enormous amount – and if it were
not that these fellows are generally Thieves, the Public only pay a daily tax for their
credulity, and are scarcely worthy protecting, as they encourage & foster these
vagabonds.
Every Lodging House is a link in the chain of crime – and I would have them all
licensed – their doors should be open to the Police at all hours – and they should be
compelled to make a daily return of the number of customers, their names – or
nicknames (which latter when known would be the more desirable) together with a
description of their persons66.
47 2. Proper prison discipline:
Miles strongly supported the New Poor Law, with its central mechanism of the ‘less

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eligibility’ principle. That came directly from Chadwick’s statement of the «Principle of
Administering Relief to the Indigent» in the Report of the Royal Commission on the Poor
Laws (1834):
The first and most essential of all conditions, a principle which we find universally
admitted, even by those whose practice is at variance with it, is that his [the
pauper’s] situation on the whole shall not be made really or apparently so eligible
as the situation of the independent labourer of the lowest class. Throughout the
evidence it is shown that in proportion as the condition of any pauper class is
elevated above the condition of independent labourers, the condition of the
independent class is depressed; their employment becomes unsteady, and its
remuneration in wages is diminished. Such persons, therefore, are under the
strongest inducements to quit the less eligible class of labourers and enter the more
eligible class of paupers. The converse is the effect when the pauper class is placed
in its proper position, below the condition of the independent labourer. Every
penny bestowed that tends to render the condition of the pauper more eligible than
that of the independent labourer, is a bounty on indolcence and vice 67.
48 Chadwick’s reasoning went like this: if poor relief was available only within the
workhouse, and the workhouse was made so unpleasant for the pauper, the act of
receiving poor relief would have been made ‘less eligible’; the ‘independent labourer’
would then do virtually anything, in terms of taking employment outside the
workhouse, to avoid having to receive poor relief. Miles wanted to extend this ‘less
eligibility’ principle, to deter the vagrants, ‘trampers’ and migratory criminals, by
making the prisons even less pleasant than the workhouses: «The Discipline should be
rendered so irksome that the Self-convenience and Interest of an idle Man or a Thief
would make him prefer a Workhouse to a Gaol»68.
49 Miles strongly endorsed the new penitentiary disciplinary regimes of both the ‘silent’
and ‘separate’ systems – involving complete separation of prisoners and the
enforcement of total silence, to prevent hardened prisoners contaminating first
offenders – and urged the use of solitary confinement wherever possible. He gave a
very favourable report, to the SC on Gaols, on Point Puer, the reformatory for boys at
Port Arthur in Van Diemen’s Land, and called, a number of times, for a similar juvenile
reformatory to be set up in England. But Miles held out little hope for the reformation
of criminals beyond a certain age. To deter ‘trampers’, vagabonds and itinerant thieves,
the authorities should make their spells in prison as unpleasant and boring as possible:
The secret of punishment is not severity; I speak with regard to trampers and
habitual thieves. It is to render a person so very irksome and annoying that it shall
be almost intolerable to him; and to effect this I would not lock a fellow up at six in
the evening, and let him wallow 12 hours in his bed, but he should be roused every
four hours alternately throughout the four and twenty, to work and rest... 69.
It would be a severe and irksome Punishment if Prisoners were compelled to sit for
a Number of Hours in the yards, on Forms with Partitions on each Side, in Rows one
above another, facing a blank Wall70.
50 But Miles also felt sure that many adult criminals were incorrigible and beyond the
possibility of reformation through any form of punishment; for these, the only remedy
was transportation and permanent banishment.

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Edwin Chadwick (1800-1890)


51 Edwin Chadwick71 was, like Miles, a ‘moral entrepreneur’ – but a much better known
and more successful one, with a wider range of activity; he developed Miles’ ideas on
crime further and more systematically, and gave them a wider and more influential
dissemination. Chadwick was a leading Benthamite reformer, who contributed
significantly to reform of the Poor Laws and public health regulation, and even
influenced early factory legislation in the 1830s. He shared with Miles something of
that quality of becoming obsessed with the evidence with which he was dealing. With
Miles it took the form of hanging around ‘the very worst’ criminal slums and rookeries
where he would encounter ‘bad characters’; in Chadwick’s case, it also involved visiting
«the worst parts of some of our worst towns» – but in his case the obsession was
particularly with sewers and excrement in the course of his researches into public
health. One can see this obsession in documents such as his classic Sanitary Report 72, and
even in what he described in a letter in 1843 as his ‘vacation’ activities:
My vacation has been absorbed in visiting with Mr. Smith and Dr. Playfair the worst
parts of some of our worst towns. Dr. Playfair has been knocked up by it and has
been seriously ill. Mr. Smith has had a little dysentery. Sir Henry De la Beche was
obliged at Bristol to stand at the end of alleys and vomit whilst Dr. Playfair was
investigating overflowing privies. Sir Henry was obliged to give it up 73.
52 Unlike his colleagues, Chadwick does not seem to have been in any way adversely
affected by this offputting experience. A man who spent his vacation investigating
insanitary alleys and overflowing privies would seem to be showing more than just a
normal sense of duty about collecting evidence for his researches.
53 Our concern with Chadwick here is the notable part he played in the debate on crime
and policing in the 1830s and 1840s. Chadwick’s first venture into this field came with
an article entitled ‘Preventive Police’, published in 1829, advocating a state-run
professional police for London74. In 1836, while he was working as Secretary to the Poor
Law Commissioners, Chadwick induced Home Secretary Russell to set up the
Constabulary Force Commission (1836-1839); he served as the main Commissioner on
that body, and was the author of its very influential Report 75. That Report was
published in March 1839, and it included a substantial input from Miles, who had
gathered evidence and conducted interviews for the Commission; but in drafting the
Report, Chadwick took Miles’ ideas further, and set the seal on a document which was
to be very influential in confirming Victorian ideas about the menace of the criminal
class.
54 The first third of the Constabulary Force Commission Report was taken up with a
systematic exposition of the sort of picture of crime which Miles had been presenting
less systematically. The central theme was stated on the first page
that a large proportion of the more pernicious crimes against property in the rural
districts is committed by bands of depredators who migrate from the larger towns
as from centres; the metropolis being the great centre from which they spread over
the country; the chief provincial cities and towns being the subject of complaints as
minor centres from whence depredators regularly steal out or make inroads into
the adjacent rural districts76.
55 Chadwick supported this claim with an apparently-impressive array of ‘scientific’ and
statistical support. The Commission sent out long questionnaires about local crime and
policing arrangements to all magistrates in Petty Sessions, to the authorities of the

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main provincial towns, and to all Boards of Guardians of the new Poor Law Unions. In
the report, Chadwick quoted liberally from replies to these questionnaires which
supported his case; and he also quoted from some of the confessions which Miles had
obtained from convicted thieves in prison which offered a similar picture.
56 Chadwick was a great enthusiast for the use of statistics and tables to support his
arguments77; in the Constabulary Force Commission Report, he used some interesting
variants on this technique. Because the official criminal statistics did not show England
as being in danger of being overwhelmed by a tide of dangerous criminality, Chadwick
began by discounting entirely those statistics as being any sort of reliable guide to the
extent of the problem of crime; this was shown, he said, by the fact that the number of
prosecutions for forging Bank of England notes bore no relation to the number of such
forged notes presented or returned to the Bank. The reality of crime, he insisted, was
far worse than the statistics suggested. Instead, he made his own estimate that there
were at least 200,000 young able-bodied depredators at large in the country – this was
based on nothing more scientific than the fact that about 100,000 people were
committed to prisons in England and Wales every year, and Chadwick assumed that
there must be at least twice that number who had not been caught. Each of these
200,000, he then asserted, could expect to enjoy a criminal career, of at least two-and-a-
half years in the towns and five years in the unpoliced countryside, before they were
arrested and prosecuted; and to support all these criminal careers, society had to be
robbed of a vast quantity of property each year. He accepted as accurate an estimate
that Liverpool lost £734,240 a year in such plunder, and suggested that one could
extrapolate from that figure the immense amount of loss suffered by the whole society
each year78.
57 Drawing heavily on the evidence which Miles had collected, Chadwick repeated Miles’
scathing condemnation of the evils of the lodging house which sheltered migratory
criminals:
The tramper’ lodging-house... is not only the place of resort of the mendicant, but
of the common thief; it is the «flash house» of the rural districts; it is the receiving-
house for stolen goods; it is the most extensively-established school for juvenile
delinquency, and commonly at the same time the most infamous brothel in the
district.
And:
We have received offers of extensive evidence of the demoralization carried into
every part of the country by the streams of vagrants and mendicants. It has been
stated in evidence that by imposture, begging, and depredation, the various classes
who frequent the unlicensed lodging-houses, obtain more money with less labour
than is obtainable by means of honest industry by a large proportion of labourers 79.
58 An important part of the case which Chadwick was arguing in the Report was that the
establishment of police forces in London (in 1829) and in some cities and towns with
municipal government (from 1835) had simply resulted in «the migratory bodies of
habitual depredators» moving out of those areas into the unpoliced adjacent areas,
from where they could prey on the unprotected populations. This made it necessary to
extend the police to these unpoliced areas; and, to avoid the inefficiencies, rivalries and
unnecessary expense involved in having a series of totally discrete forces, the police
should be «a general, a consolidated and combined, and more efficient... force» 80.
59 All of this evidence, Chadwick argued, proved that, under the current system, «in point
of sensual gratification, the condition of the habitual depredator is, during his career,

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much higher than that of the honest labourer». And he went on to claim that he had
disproved any connection between property crime and poverty:
We have investigated the origin of the great mass of crimes committed for the sake
of property, and we find the whole ascribable to one common cause, namely, the
temptations of the profit of a career of depredation, as compared with the profits of
honest and even well paid industry; and these temptations appear to us to arise
from the absence of appropriate and practicable arrangements by means of a
constabulary, such as forms the main subject of our inquiry. The notion that any
considerable proportion of the crimes against property are caused by blameless
poverty or destitution we find disproved at every step.
...
The inquiries made by the most experienced officers into the causes of vagrancy
manifest that in all but three or four per cent of cases, the prevalent cause was the
impatience of steady labour, and the profit gained in consequence of the impunity
in illegal courses. And this three or four per cent of cases are not cases in which
blameless poverty is manifest as the cause, but cases in which the causes have
escaped investigation81.
60 In support of this assertion, Chadwick cited the confessions of a few individual
depredators to the effect that such distress as they might have suffered, was always
their own fault – caused by drinking, gambling, idleness and bad company. In a
subsequent letter to the educationist and former prison inspector Frederick Hill,
Chadwick enlarged on this view:
The Chaplain of the Preston House of Correction has made such an enquiry [into the
relationship of poverty to crime] & given a report very recently in which he shews that
even during the pressure of the manufacturing distress & the entire cessation of
employment during the turn out, scarcely any case was to be attributed or traced
even indirectly to the operation even of general causes of distress. According to
[William] Cobbett Society is the mother of crime: according to prisoners & to
prisoners counsel all is from distress. «Why did you commit this crime? I had
nothing to eat. Why had you nothing to eat? I was out of work. Why were you out of
work? Because my master had nothing more to do for me & discharged me.» But we
are not to stop there: send to his employer, ask why he discharged him: send to his
friends per chaplain: ask the police who were his connexions & what were his
antecedent habits of living and then facts of a totally different complexion come
out in the majority of cases, except in the case of beggars & vagrants children who
inherit the sins of the parents82.
61 In this way, the Report established and developed for its readers this menacing picture
of a migratory criminal class, which travelled around the country from one race or fair
to the next, breaking their journey in criminal lodging houses, and supporting
themselves by stealing and begging from the vulnerable local populations.
62 In his brief discussion of Chadwick’s views of criminals, Victor Bailey tried to depict
them as having nothing in common with Colquhoun’s alarmist exaggerations about the
threats of revolution or disturbance from the workers; in support of this, he stated that
Chadwick «rarely if ever attempted to construct an image of a ‘dangerous class’ of
indigent and criminal, or to link ‘habitual depredators’ with the trade union or Chartist
movements»83. This is clearly wrong; Bailey can only say this by ignoring the
substantial evidence that Chadwick incorporated material about the dangers of trade
unions and Chartists into his discussion of the threats from a national criminal class.
Late in 1838, when Chadwick was already well advanced in writing the Commission
Report, he decided to collect information for it on «the need of a police and of
legislative provisions for the protection of Capitalists and workmen against the

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interference of third parties namely the Trades Unions»84. For this purpose, he solicited
and obtained information about trade unions and strikes from: Colonel Shaw-Kennedy
who had been the military commander at Manchester; J.F. Foster, the stipendiary
magistrate at Manchester; the factory inspectors; and manufacturers R.H. Greg,
Edmund Ashworth and Thomas Ashton85. Chadwick devoted more than one-tenth of the
whole report to this topic. This included quoting from from a judge pronouncing
sentence of seven years’ transportation on a Glasgow cotton-spinner for trying to
intimidate a fellow-worker to strike, and from the evidence of Thomas Ashton, whose
nephew had been shot dead by men hired by striking trade unionists 86. Chadwick
quoted evidence given to a House of Commons enquiry by Archibald Alison (whose
views on the ‘dangerous classes’ were set out at the beginning of this article) to the
effect that strikes and combinations of workers caused manufacturers to close down
their businesses and put all their workers out of work87. Like Alison, too, Chadwick
drew on propertied fears of the large torchlight meetings of the Chartist movement,
which was gathering strength while the Report was being written:
Of late very serious alarms have been created by the proceedings of trading
agitators, who have made it a practice to represent the owners of capital as enemies
and oppressors of the working people, for whom those masters, as capitalists,
provided the means of subsistence. The assassination of the manufacturers, and the
destruction of manufacturing property, has been openly advocated, as a means of
obtaining other objects. We need not describe the proceedings connected with the
recent torchlight meetings, which have been the subject of direct communications
from the magistrates and others engaged in the administration of the law within
the district88.
63 The Report also included sections about the dangers to trade and commerce from
large-scale thefts from cargoes being carried in canal boats and on the roads, and from
the plunder of ships wrecked on the coast89. The Report strongly advocated the need for
a strong police force to counteract both of these dangers; and it went to considerable
trouble to counter the view, widely-held at the time, that a police force in government
hands was a threat to civil and constitutional liberties. It tried to meet the strong local
objections to a paid police force on the grounds of the expense, which would fall
heavily on local ratepayers, with a typically Chadwickian argument: Chadwick
purported to prove that the cost of a paid police force would ultimately be less than the
cost of not having one. He did this, both by stressing the current heavy cost of crime,
and by suggesting the many ancillary duties – fire-fighting; life-saving; acting as
inspectors of nuisances and of weights and measures, as process servers, surveyors of
roads and collectors of rates; taking care of lost children and lost property; and
supervising the cleansing and lighting of roads – which could be imposed on police
forces, once established90.
64 When the Report was published, at the end of March 1839, Chadwick and his fellow-
Commissioners ensured that it had a wide circulation among the governing class; about
5,000 copies were sold, and another 3,000 were distributed to influential individuals
and newspapers91. It led on to the passage of the County Police Acts of 1839 and 1840,
permissive Acts which resulted in the establishment of many county police forces. But
it also helped to fix in the minds of Victorians (and of some historians) a powerful
stereotype of the early-Victorian criminal class, in the form of this group of full-time
habitual vagrants and depredators, perpetually on the move around the country and
preying on the vulnerable provincials. In the debates in county Quarter Sessions which
followed on from the County Police Acts, many magistrates made reference to the

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Constabulary Force Commission Report and its evidence, in support of their arguments
for a county police force; so too did many newspapers and pamphlets 92. And, as Bailey
points out, Henry Mayhew, who helped to consolidate the Victorian image of the
criminal class in the 1860s, paid tribute to Chadwick’s Report as «the most trustworthy
and practical treatise on the criminal classes»93. J.J. Tobias, as a modern historian of
crime in this period, was completely convinced by Chadwick’s evidence and argument
in the Commission Report:
The Commission’s Report was written, virtually single-handed by Edwin Chadwick...
Whatever use Chadwick made of it, the evidence was there. Enough of it survives to
testify to the thoroughness of his investigations and to show that, on this issues as
on many other, the view put forward in the Report is a fair reflection of the
opinions of the witnesses. The Report either transformed the view of the general
public about the effect of want on crime (which is by no means impossible, for it
had a profound influence on thought on criminal matters) or is the expression of a
new attitude just making itself felt; from 1839 we hear much less about the effect of
want. From this time contemporary opinion plays down the effect of poverty in the
direct sense.
...
The view that crime was not as a rule the result of want appears to have been
generally correct94.
65 By no means all contemporaries, however, accepted the picture of crime presented by
Chadwick in his Report. In the Quarter Sessions debates, JPs and newspapers who
opposed motions for county police forces, often attacked Chadwick and the Report as
wrong in both their evidence and their interpretations. One contemporary noted at the
time how much of the effect created by the writings of both Chadwick and Miles
depended on the way in which they tended to conflate the poor and working class with
the criminal, and in this way blur the distinction between them and suggest that the
two groups were virtually synonymous. He quoted from the Commission Report, and
from Poverty, Mendicity and Crime, to support his point that both Miles and Chadwick
gave pictures of the lower classes which were
gross misrepresentations and very false pictures... [A]ll the lower orders are classed
and confounded together as profligates and villains... The impression intended to
be conveyed is, that every man living from hand to mouth (the necessary condition
of the major part of the community)... is little better than a thief, is one of the offal
of society, and ought to be swept off into some common sewer of filth and
corruption by a scavenger police95.
66 By 1840, however, this was becoming a minority view among those pronouncing in
public on the subject of crime and how to deal with it.

Conclusion
67 Victor Bailey claimed that there was a clear qualitative change between Colquhoun’s
alarmist picture of the ‘dangerous classes’, and the image of crime and criminals
projected by Chadwick (with Miles). However, the detailed evidence of the works of the
three men examined in this article shows that this was not the case. The differences
between Colquhoun’s picture, and that of Miles and Chadwick, are much less significant
than their similarities. They all argued – in forceful, emotive, frightening terms – that
crime was the work essentially of a criminal class, who committed crime, not because
of economic need or deprivation, but because they were too lazy or lacking in true

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character for hard work. Bailey’s claim that Chadwick’s picture entirely lacked the
potential revolutionary danger of the working class becoming the ‘dangerous classes’,
which Colquhoun feared, has been shown to be false; for Chadwick, the trade unions
and Chartists presented just as much of a law and order problem as Colquhoun had
seen in the possibility of the slum-dwellers of London imitating their brethren of Paris.
After the early-1840s, and particularly after 1848, as the threat of revolution in Britain
faded, so this aspect of the Chadwick picture of crime dropped away 96. But the rest of
the picture – the criminal class who committed crime because of greed, laziness and
weakness of character, and who had to be reformed by punishment – remained.
68 Chadwick, with the aid of the work of Miles, had built on the earlier writings of
Colquhoun to construct and disseminate this powerful public image: crime was the
work of this class of people who committed crimes, not because of economic hardship
or deprivation, but essentially because of weakness of character. The remedies,
therefore, lay not in any major economic or social reforms, but in strengthening the
agencies of policing, prosecution and punishment, and concentrating on trying to
reform the individual offender. The problem was essentially reduced to one of
identifying and isolating that class and dealing with it through those institutions.
69 The rapid rise in the criminal statistics in the first half of the nineteenth century –
though not simply a reflection of a rise of the same magnitude in the volume of
criminal activity – had some basis in reality. It was related, at least partly, to the rapid
economic, social and political changes in industrialising and urbanising British society
of that period97; and the widely-expressed fears of crime and its consequences were not
entirely without basis. But the three ‘moral entrepreneurs’ discussed here – Colquhoun,
Miles and Chadwick – played an important part in helping to fix in the minds of their
readers a threatening image of crime and criminals. By their use of language and
imagery, in particular, they evoked in their readers’ minds a strong and frightening
picture of a large predatory class of criminals constantly preying on a gullible and
vulnerable public. The necessary protection for that public, they argued, was the
establishment of a strong professional police force, capable of checking and breaking
up this criminal class. All three deliberately accentuated the size and threat of the
criminal class in order to win support for their campaigns for reform of the policing
agencies. Miles and Chadwick had clear vested interests in doing so, since they hoped
to get government employment in the police forces set up by the government as a
result of their recommendations; Colquhoun too, as a stipendiary magistrate and the
man given charge of the new Thames police, had an interest in continuing to emphasise
the threat from crime.
70 The work of these three men culminated in Chadwick’s Constabulary Force Commission
Report, with its menacing picture of a criminal class, which set the seal on the
Victorian image of crime and criminals for at least the next few decades. As Martin
Wiener has put it:
Underneath the well-known controversies that emerged in the 1830s and raged for
the next generation over forms of punishment... an unspoken consensus was taking
shape on the nature and meaning of crime and the purposes of punishment. It was
less the actions than the characters of offenders on which attention came to focus.
Although want and mistreatment were acknowledged as contributing factors, crime
was essentially seen as the expression of a fundamental character defect stemming
from a refusal or an inability to deny wayward impulses or to make proper
calcuations of long-run self-interest98.

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71 That view of crime and criminals did not remain the dominant one beyond the 1870s; as
Wiener and others have shown, ideas about the nature and causes of crime underwent
substantial changes in the later-nineteenth and twentieth centuries. But some
important aspects of the criminal stereotype disseminated by Colquhoun, Miles and
Chadwick survived, and are still with us today, still being invoked in tabloid and
popular explanations of crime and criminals.

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NOTES
2. Bailey (1993), pp. 237-238. The historians whose work he explicitly cited in relation to this
charge were: Allan Silver (1967), Michael Ignatieff (1983), R.D. Storch (1975; 1989), David Philips

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(1983), Clive Emsley (1987) and V.A.C. Gatrell (1990). He also took partial issue with Martin
Wiener (1990) for relying too exclusively «on an individualist, as distinct from a collectivist,
reading of crime» (p. 223).
3. Ibid., p. 230.
4. See Bailey (1977; 1981).
5. Bailey (1993), p. 227.
6. Bailey (1993), pp. 225-227, 234-235; Radzinowicz (1956), chaps. 9, 10; Radzinowicz (1968), chaps.
6, 7.
7. Tobias (1972). The hardback version of the book was published in 1967; it was based on his
Ph.D. thesis at the University of London (1965) ‘The Influence of Social, Economic and
Administative Change on Crime and Criminals in Selected Areas of England, 1815-1875’.
8. Bailey (1993) mentioned Miles and his work very briefly in a footnote on p. 235; but neither he
nor Radzinowicz discussed Miles’ work in any detail.
9. Bailey (1993), p. 241.
10. Chevalier (1958); Himmelfarb (1984) pp. 393-397; Emsley (1996), chaps. 2,3; Bailey (1993), pp.
236-239.
11. Symons Jelinger (1849; 1984), p. 1.
12. On Sir Archibald Alison, see Dictionary of National Biography (henceforth DNB).
13. On the rise in the English criminal statistics in the first half of the nineteenth century and its
significance, see Gatrell H., Hadden (1972); Philips (1993), pp. 158-159.
14. On the Chartist movement, and the ‘Plug Plot’ general strike, see Briggs (ed.) (1959); Mather
(1959; 1975); on Alison and the Scottish strike, see DNB.
15. Anon.[Alison, Archibald] (1844), pp. 1-3.
16. The term was first used by the sociologist Howard Becker (1963), chap. 8. It has been taken up
and used very effectively by other sociologists of deviance – see Cohen (1971), Cohen, Scull
(1983) – and by some historians of criminal justice – see Sturma (1983), chap. 1; Bailey (1993), p.
227; and Philips (2001).
17. On Colquhoun and his writings, see: DNB; Radzinowicz (1956), chaps. 9, 10; Poynter (1969),
pp. 201-207; Donajgrodzki (1977), pp. 51-76; Philips (1980), pp. 175-177; Emsley (1996), pp. 61-63;
Bailey (1993), pp. 225-227.
18. On the setting up of the Police Offices and Police Magistrates, see Philips (1980), pp. 168-171.
19. Colquhoun (1st edn. 1795; 4th edn. 1797; 6th edn. 1800).
20. On this period and these issues, see Thompson (1968), chap. 5; Williams (1968), chaps. 1, 4, 6,
7; Goodwin (1979).
21. Colquhoun (6th edn. 1800), Preface, 4th page.
22. Colquhoun (4th edn. 1797), p. vi; Table pp. vii-xi.
23. Colquhoun (6th edn. 1800), p. 340.
24. Report of a Commission to Inquire as to the Best Means of Establishing an Efficient
Constabulary Force in the Counties of England and Wales (henceforth the Constabulary Force
Commission Report) P.P. 1839, XIX, pp. 9-10.
25. Colquhoun (4th edn. 1797), pp. 24, 32-33.
26. Colquhoun (6th edn. 1800), p. 312, footnote. He makes a similar allegation (4 th edn. 1797), p. 32,
footnote.
27. Colquhoun (4th edn. 1797), pp. 40, 159-160.
28. Colquhoun (4th edn. 1797), p. 412.
29. Colquhoun (4th edn. 1797), pp. 438-439. This is an interesting issue for Colquhoun to raise. The
practice of allowing the poor to glean after the harvest was enjoined in the Bible (Leviticus 19:
9-10 «And when ye reap the harvest of your land, thou shalt not wholly reap the corners of thy
field, neither shalt thou gather the gleanings of the harvest. And thou shalt not glean thy
vineyard, neither shalt thou gather every grape of thy vineyard; thou shalt leave them for the

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poor and stranger») and was even approved by the authoritative 18th century jurist Sir William
Blackstone: «The poor are allowed to enter and glean upon another’s ground after the harvest
without being guilty of trespass.» (1778), vol. III, p.212. For a good discussion of the controversy
over the rights of gleaners in this period, as property-owners tried to tighten up the laws against
gleaning, see King (1989).
30. Colquhoun (6 th edn. 1800), pp. 347-348. Passages such as this show why Colquhoun has been
considered a good example of an advocate of police as a form of ‘social control’ – see
Donajgrodzki (1977), pp. 51-76.
31. Colquhoun (6 th edn. 1800), p. 561. See 6 th edn., Chap. XVI for his views on punishment and
support for Bentham’s Panopticon penitentiary, and Chap. XVIII for his detailed proposals for a
new ‘Board of Police’ running a professional police force for London.
32. Colquhoun (4 th edn. 1797), pp. 351-364. On the extent and duration of upper class resistance
to a professional police for London, see Philips (1980).
33. Colquhoun (4th edn. 1797), p. 364; (6th edn. 1800), pp. 532-533.
34. On some of the main police reformers and reform plans being put forward for provincial
England in the 1820s and 1830s, see Philips, Storch (1999), chaps. 4, 5.
35. Colquhoun (6th edn. 1800), p. 555.
36. For the life and career of Miles, see Philips (2001).
37. See p. 82 above.
38. Wakefield (1833) in Lloyd Prichard (ed.) (1968), pp. 354-365.
39. Miles’ evidence to the SC on Gaols is in: 2nd Report P.P. 1835, XI, pp. 393-400; 4th & 5th Reports P.P.
1835 XII, pp. 508-515; his returns and tables to the SC on Gaols are in: 3 rd Report P.P. 1835 XII, pp.
275-279; 4th & 5 th Reports P.P. 1835 XII, pp. 439, 517-524, 528-529. The Public Record Office
(henceforth PRO) HO 73/16 contains a printed ‘Seceret’ Report by Miles for the SC on Gaols «who
ordered it to be printed for the Use of Members of the Committee; but they are of opinion that
the making of it public might be detrimental to Society», in which Miles set out his views «that
Prisons neither reform nor deter, but on the contrary they harden and corrupt».
40. On Richmond, see DNB. Miles’ letters to Richmond are in West Sussex Record Office
(henceforth WSRO) Goodwood Mss., 1575 – 1874.
41. For Miles’ movements and activities for the SC on Gaols between July and October 1835, see his
detailed letters to Richmond (all in 1835) in WSRO Goodwood Mss, 1575: f.269 1 July; 1576: f.15 3
August, f.27 6 August, f.36 7 August, f.149 24 August; 1577: f.223 5 September, f.299 23 September,
f.322 30 September; 1578: f.393 5 October. See also University College, London (henceforth UCL)
Brougham Papers: Miles-Brougham 22 August 1835.
42. Miles’ notes of his interviews with prisoners, including boys on the hulk Euryalus, are in PRO
HO 73/16. They form an important source for the recent book by Shore (1999).
43. Miles’ travels and activities as a Charity Commissioner can be followed in detail through the
correspondence of himself and of his clerk, Charles Cole, with the Secretary of the Charity
Commission, James Hine, in the records of the Charity Commission, PRO CHAR 2/438 – 442,
covering the period November 1835 to March 1838.
44. For Chadwick and the Constabulary Force Commission, see below.
45. Miles’ reports for the Constabulary Force Commission, are in UCL Chadwick Papers 4, 13,
1398; and PRO HO 73/16.
46. Miles (1839).
47. Miles (1836), p. 3.
48. SC on Gaols, 2nd Report, p. 395.
49. Miles (1836), pp. 5-6.
50. SC on Gaols, 2nd Report, pp. 395-396.
51. SC on Gaols, 2nd Report, p. 397.
52. Ibid., p. 397; SC on Gaols 4th & 5th Reports, p. 511; Miles(1839), pp. 55, 59-60.

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53. Miles (1837), pp. 2, 6-7.


54. Ibid., p.13. On juvenile delinquency, see also his evidence to SC on Gaols, 4 th & 5 th Reports, pp.
508-515.
55. UCL Chadwick Papers 1398, report by Miles 24 November 1836, reproduced in Miles (1839), p.
56; Miles (1839), p. 103.
56. Shore (1999).
57. SC on Gaols, 4th & 5th Reports, p. 509.
58. PRO HO 73/16 ‘Secret’ Report to SC on Gaols, p. 3.
59. Miles(1839), p. 69.
60. Miles (1836), p. 4.
61. Miles (1837), pp. 3-4.
62. WSRO Goodwood Mss 1576: f.27 Miles-Richmond 6 August 1835; UCL Brougham Papers 9940
Miles-Brougham 22 August 1835.
63. On Chadwick’s similar obsessive behaviour, see below, p. 97.
64. Miles (1836), p. 9.
65. Ibid., p. 39.
66. UCL Chadwick Papers 1398, report by Miles 9 October 1836, reproduced in Miles (1839), p. 53.
67. The Poor Law Report of 1834 (1974), p. 335.
68. SC on Gaols, 2nd Report, p. 394.
69. UCL Chadwick Papers 1398, report by Miles 9 October 1836, reproduced in Miles (1839) p. 53.
70. SC on Gaols, 2nd Report, p. 398.
71. On the life, career and ideas of Chadwick, see Finer (1952), Lewis (1952), Brundage (1988), and
McCalman (ed.) (1999), biographical entry on ‘Chadwick, Sir Edwin’, p. 447.
72. Chadwick 1842 (ed. Flinn 1965).
73. UCL Chadwick Papers 2181/I Chadwick to Major George Graham 7 Dec. 1843.
74. Chadwick (1829).
75. Constabulary Force Commission Report (1839). On Chadwick’s ‘Preventive Police’ article, and
his role in the setting up of the Commission and the drafting of its Report, see Philips, Storch
(1999), chaps. 4, 6.
76. Report (1839), pp. 1-2.
77. In addition to the works on Chadwick’s life and career cited in fn 71, see his Sanitary Report
(1842), and Cullen (1975). And see his criticism of Colquhoun’s claims about the numbers of
prostitutes in London – above, pp. 84-85.
78. Report (1839), pp. 2-12. Some supporting evidence is offered in the form of extracts from the
answers to questionnaires (pp. 13-17) and very long extracts from the confessions of vagrants
and thieves recorded by Miles (pp. 17-29).
79. Report (1839), pp. 34, 36-37.
80. Report (1839), pp. 66 (emphasis in original), 56.
81. Report (1839), pp. 11, 67-68.
82. UCL Chadwick Papers 2181/II Chadwick to Frederick Hill 4 March 1844.
83. Bailey (1993), p. 235.
84. UCL Chadwick Papers 6, Chadwick to R.H. Greg 20 Nov. 1838.
85. UCL Chadwick Papers 6, Chadwick to Shaw-Kennedy 22 October 1838; Chadwick to R.H. Greg
20 November 1838; Chadwick to Henry Ashworth 21 November 1838; Chadwick to each of the
three factory inspectors 21 November 1838; Samuel Redgrave (secretary to the Commission) to
J.F. Foster 9 January 1839. The replies are in PRO HO 73/2/1 – from Shaw-Kennedy 22 November
1838; from R.H. Greg 2 December 1838; from factory inspector Leonard Horner 5 December 1838;
from J.F. Foster 23 January 1839 – and HO 73/3, fromT. Jones Howell 28 November 1838.
86. Report (1839), pp. 68-88; Glasgow cotton-spinner evidence at pp. 68-69; Ashton evidence at pp.
82-83. Ashton’s full evidence, from which this is extracted, is in UCL Chadwick Papers 9. In a long

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letter to Home Secretary Russell, in which he referred to both the Glasgow cotton-spinners’ case
and the murder of Ashton’s nephew, Chadwick set out at length his hostility to trade unions and
his belief in the need for a reformed police to suppress them (UCL Chadwick Papers, 1733/III
Chadwick to Russell 29 January 1838).
87. Report (1839), p. 78.
88. Ibid., p. 82.
89. Ibid., pp. 48-56, 56-66.
90. Ibid., pp. 149-159.
91. See Philips, Storch (1999), pp. 133-135.
92. Ibid., chapters 7, 8.
93. Mayhew, Binny, The Criminal Prisons of London (London 1862), quoted in Bailey (1993), p. 243.
94. Tobias (1972), pp. 180-181.
95. ‘State of the Poorer Classes’, in the British Critic, reprinted in The Times 9, 22, 27 July 1840;
quotation from 9 July 1840.
96. Saville (1987); Philips (1977), chap. 9.
97. See Philips (1993).
98. Wiener (1990), p. 6. Chapter 2 of this book details the dominance of this view of crime from
the 1830s to the 1860s.

ABSTRACTS
In the first half of the nineteenth century, English society developed a strong concern about the
problem of crime fuelled by rising criminal statistics and pressures for regular paid police forces.
By the 1840s, the dominant view of crime was that it was a product, not of poverty, but of
weakness of character in the criminals. The three men analysed in this article – Colquhoun, Miles
and Chadwick – all of whom advocated a state-run police to cope with the problem, contributed
substantially to the creation of that image of crime and criminals; many contemporaries
accepted that image as fundamentally correct. Through a detailed analysis of their writings, this
article argues that these three men deliberately exaggerated that image, with inflated emotive
language, to serve their own campaigns for police reform.

Dans la première moitié du XIXe siècle, la société britannique s’est beaucoup intéressée à la
question criminelle, en raison de la hausse des statistiques et des pressions en faveur de la
création d’une police permanente et rétribuée. Vers 1840, la conception dominante voyait dans le
crime un effet, non de la pauvreté, mais de la faiblesse de caractère des criminels. Les trois
personnalités étudiées dans cet article – Colquhoun, Miles et Chadwick – qui étaient tous
partisans d’une police d’État destinée à affronter ce problème, ont contribué de manière
significative à forger cette image de la criminalité et du criminel, que de nombreux
contemporains jugeaient fondamentalement juste. Cet article s’appuie sur une analyse détaillée
des écrits de ces trois auteurs pour montrer qu’ils avaient consciemment exagéré cette
représentation en usant un langage outrancièrement émotionnel, pour conforter leurs
campagnes d’opinion en faveur de la réforme de la police.

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AUTHOR
DAVID PHILIPS
Department of History, University of Melbourne, Parkville, Victoria 3010, Australia, e-mail:
d.philips@unimelb.edu.au
David Philips is an Associate Professor in the Department of History, University of Melbourne. He
has published: Philips D. & Storch R.D. Policing Provincial England, 1829-1856: The Politics of Reform
(Leicester University Press, London, 1999); Philips D. ‘Good Men to Associate and Bad Men to
Conspire: Associations for the Prosecution of Felons in England 1760-1860’, in Hay D. & Snyder F.
(eds), Policing and Prosecution in Britain 1780-1850 (OUP, Oxford, 1989), pp. 113-170; Philips D., Crime
and Authority in Victorian England: The Black Country 1835-1860 (Croom Helm, London, 1977). His
Current research focusses on an Analysis of the Pursuit of Reconciliation in South Africa’s Truth
and Reconciliation Commission.

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Self-Policing and the Policing of the


Self: Violence, Protection and the
Civilizing Bargain in Britain
J. Carter Wood

1 Recent years have seen much debate in Britain2 about the effectiveness and role of its
police forces. Alongside investigations into institutionalized racism and sexism has
come a different kind of criticism concerning police capabilities. Questioning of the
role and competency of the police in controlling crime has become prevalent at various
levels in British society. In 1995, Elizabeth Stanko summarized some results of the
growing skepticism regarding the police:
Over the past few years, there has been a renewed interest in policing outside the
uniformed police: the focus on vigilantes, the growth of the private security
industry, the lack of confidence in the criminal justice system to mete out justice,
public demands for longer, harsher prison sentences, and fear of no-go areas and
young male renegades controlling neighbourhoods even police fear to tread all
question the ability of uniformed police to control the policing enterprise 3.
2 Concurrent with the periodic condemnation for using too much force (for instance in
stifling protest or assaulting minorities) have arisen complaints from certain groups
about the police’s failure to go far enough in using their powers. For instance, as Stanko
notes, feminists have reproved the police for failing to intervene sufficiently in
domestic violence cases (or even for failing to «prevent» violence against women in the
home). Furthermore, various communities – whether poor, minority and/or rural –
critique the police for failing to provide what is their assumed raison d’être: protection.
3 Since Stanko’s commentary, scattered evidence of widening cracks in the policing
model has become ever-more apparent. For instance, vigilantism, although exceedingly
difficult to quantify, has loomed large in several well-publicized cases including the
«anti-pedophile» riots around Portsmouth and elsewhere and the case of Tony Martin,
a Norfolk farmer convicted of murder for the shooting of a teenage burglar. Those
incidents had many distinct origins, but are linked by a consistent narrative that
contributed to and followed them, namely, that of the failure of police protection.

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Among the most commonly expressed motivations by the crowds that harassed and
assaulted suspected pedophiles was a lack of faith in the police to sufficiently safeguard
their children4. The Martin case provoked heated public discussion from many sources
(including the leadership of the Conservative Party) regarding police ineffectiveness in
fighting rural crime and the legitimacy of force on the part of homeowners 5. More
recently, in December 2001 the Home Secretary, as part of policing reforms designed to
respond to such criticisms, unveiled proposals for the deployment of thousands of
civilian wardens – possibly with the power to use «reasonable force» – on the streets of
British cities6.
4 The contours of the present police debate are not new: they have long been closely tied
to the institutional and ideological histories of professionalized policing. The police,
furthermore, emerged and have developed in interaction with changing mentalities of
violence7. State policing institutions have always had an ambiguous relationship to the
public, at times verging into outright hostility; yet, the nature of the policing
enterprise itself is also problematic. In various ways, histories of British crime tend to
emphasize the ways that pre-nineteenth-century Britain was an un-policed or at the
least a lightly policed society. However, those characterizations are accurate only if
«policing» is taken to be synonymous with «the police». Even though British
communities before the nineteenth century were not subject to the kind of
professionalized supervision now commonplace, they were in fact highly «policed»
through means very different from those that would later become the standard of «law
and order». While not independent of government influence, day-to-day social
relations (including crime and dispute settlement) in early-modern society were largely
«self-policed». Order was, in most cases, maintained through a distribution of violence
legitimated by a «customary» mentality that organized retributive, autonomous and
disciplinary violence8. From neighborly «rough music» to direct interpersonal assaults,
customary violence marked and defended the boundaries of acceptable behavior and
enforced conformity to community standards (or individual interpretations of those
standards).
5 The narrowing of the boundaries of legitimate violence and attempts to translate
traditional forms of community justice into institutional, state processes were essential
parts of the nineteenth-century civilizing offensive. The «state», as Weber famously
defines it, has a monopoly on violence9. Historically analyzed, the claiming by states of
a monopoly on the legitimate use of force is one of the engines of Norbert Elias’s
«civilizing process»10. The emphasis here should clearly be placed on the claiming of
that right, as it has frequently been contested in theory and resisted in practice. The
transferal of dispute settlement and community protection into the powers of the
British state was, after all, a drawn-out and tentative undertaking. Undoubtedly, this
civilizing project – bringing processes into official channels that had customarily
belonged to a much more diffuse economy of legitimate violence – has had great
successes. What is perhaps remarkable is the relatively rapid victory of this «civilizing
bargain» – markedly strict limitation of individual aggression in exchange for state
maintenance of pacified social spheres and provision of official channels for the
protection of individuals and their property – across a broad spectrum of society. State
policing has been central to that establishment, and by the end of the nineteenth
century the widespread hostility of the public (particularly that of working-class
communities) to the police was, by-and-large, replaced by acceptance of the legitimate
place of the policeman in British society. It is undoubtedly true that that «acceptance»

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was based on a variety of myths, varied according to various social factors, and remains
conflicted and highly conditional. However, even among most critics of the police, the
core concept of state policing remains largely unquestioned. In fact, the «policing idea»
may have been too successful for its own good: many campaigners against various
police failings seek the improvement of the policing model – based upon increasing
expectations of personal safety – rather than facing the capabilities, limitations and
history of that model itself.
6 Nearly two centuries of state policing have been inevitably connected to shifts in
British culture, particularly attitudes toward violence and the notions of community
autonomy, discipline and retribution that underlay them. However, contemporary
policing difficulties also point to tensions, countervailing trends and the incomplete
nature of that cultural re-contouring. What follows is an attempt to add to the
conceptual debate about the transition to a police-society through a focus on the
history of mentalities of violence. I will focus first on some aspects of the history of
«self-policing» by individuals and communities in the early nineteenth century.
Second, I will consider the development of new models of policing, partly through the
expansion of institutionalized policing, but more directly on the related issue of an
increasing «policing of the self.» The relationship between self-policing and the
policing of the self is one of continuity as well as change, coexistence as well as conflict;
one was not simply replaced by the other, even though by the end of the nineteenth
century overt resistance to the police was largely confined to socially marginalized
groups. Finally, I will briefly consider these issues in relation to the concept of a
«civilizing bargain» suggesting that to some extent the current tensions within
present-day policing are evidence of built-in conflicts within the model of social change
suggested by Elias.

Self-Policing

7 Many things flavored nineteenth-century British culture, but custom was among its
most important ingredients, particularly regarding attitudes toward violence.
Customary culture developed a strong predisposition for the autonomous ordering of
community life and the settling of disputes outside of the legal procedures that had
become common among the middle and upper classes by the late seventeenth century.
Unlike increasingly «refined» attitudes toward violence – rooted in the eighteenth-
century «culture of sensibility» and emerging in the nineteenth-century «invention» 11
of violence as a social problem – physical aggression had a widespread legitimacy at the
center of community life12.As a culture of «civilizing» refinement developed, customary
culture – although once shared across social ranks – became increasingly confined to
(and identified with) the working classes. The location of violence within a community
context is key to understanding the customary mentality of violence and its dominant
characteristics: retribution, autonomy and the maintenance of social norms through
disciplinary force or its threat.
8 The British customary mentality, while separate from the Mediterranean culture of the
vendetta, legitimated the use of violence to settle disputes or to punish deviants, and
there was little questioning of the biblical notion of an eye for an eye 13. Popular belief
in violent retribution was a powerful motivation for some forms of working-class

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112

violence, whether at work, at home or in the wider community. In 1839, an observer of


the industrializing northern towns wrote:
The notion that justice is only legalized revenge, and that every crime must be
atoned for by a certain amount of physical suffering, prevails so universally that it
may almost be said to have passed into an article of faith. Never was there a more
mischievous delusion14.
9 The retributive notion of justice was, of course, a «delusion» that had been shared –
and imparted – by the state, and, despite some writers’ misgivings, it remained a
significant if far less central feature of British punishment. More «refined» discourses
of humanitarianism were never entirely successful in purging middle-class thought and
state policy of customary elements, suggesting the significance of «resistant
mentalities» and bourgeois «alibis» for aggression while highlighting the power of a
customary counternarrative to that of sensitized «progress»15. The cultural lessons
learned over centuries at the foot of the scaffold and pillory and lived throughout
communities were difficult – and in the absence of an alternative, perhaps
impractical – to shed.
10 Customary vengeance took a more direct, immediate and personal form than the
retribution advocated by the state – particularly as the secondary punishments of penal
transportation and imprisonment developed – and represented a «world of ‘justice’
outside the official courts»16. Such «infrajudicial» methods of dispute settlement were
widespread and persistent in early-modern European societies 17. Beyond the individual
level, the devices available to communities to impose their will through force, from
largely symbolic «rough music» to more extreme forms of violent intervention, were
numerous. Over the nineteenth-century, such «extra-legal» violence came under
increasing state observation and sanction. However, «extra-legal» is itself a moving
definition, and the boundary that marked it was both flexible and permeable. It was
flexible because the law of violence underwent marked shifts in the early nineteenth
century and interacted in practice with a more complicated «unwritten law» of
customary popular culture18. It was permeable because of the traditional interplay
between legal authority and popular violence. Before the creation and spread of a
professionalized police force in the first half of the nineteenth century, victims of
crime typically had to apprehend the accused perpetrators on their own, only
occasionally with the assistance of a local part-time and unpaid constable 19.
Punishments such as the pillory, used into the nineteenth century, extended the
ambiguities of «extra-legal» violence further, tolerating, sometimes expecting, an
additional measure of «popular justice» to mingle with the power of the state to punish
offenders. On the other side of «permeability», popular justice might at times mingle
extra-legal violence with mimetic usage of the forms of state law 20.
11 Regarding the concept of «protection» and taking Elias’s theories into account, it seems
clear that under the customary mentality one expected to encounter violence with
some regularity – that it was, to some degree, «normal» – but that one, whether alone
or in a group, was more legitimately entitled to use violence in response. As I will
discuss in the next section, an essential part of the state reform project of the
nineteenth century was the reversal of this situation. However, in the relative absence
of institutionalized state policing forces, the legitimacy to use violence was diffuse:
customary mentalities provided both justification for and strategies of violence to
promote «justice», maintain social order and deal with crime. Early-modern
communities and individuals resorted to violence – under the customary mentality,

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
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legitimately – to protect a range of «psychic property». According to Malcolm


Greenshields, «psychic property» includes all a person possesses mentally or physically
that can be violated, such as «honor dignity, space, possessions, and the physical
person»21. This definition usefully connects the material and immaterial, the
instrumental and symbolic, and the performative and practical elements of early-
modern violence, highlighting the way that such violence was at the heart of
community relations and the broad range of «properties» that self-policing was
organized to protect.
12 These customary imperatives and methods persisted long into the nineteenth century,
even as they came under sustained pressure from the state and refined culture. A few
specific contexts of customary self-policing can be pointed to as signal examples.
Physically assaulting robbers, even to the point of death, could be justified under this
customary violence code and even winked at by state authorities in early stages of the
transition to an institutionalized policing model22. Violent treatment of thieves and
shoplifters was also a legitimate part of customary self-policing, as described by Henry
Mayhew23. Such vigilante-style acts were common and accepted by the general
community, including some thieves themselves. In Shropshire in 1836, the occupier of a
home caught a burglar in the act. A constable was not immediately available. People
gathered around, and «someone said: ‘Give him a good thrashing and let him go.’ [The
burglar] asked Reeves [the occupier] if he would be satisfied with that, but Reeves said
no»24. In that instance, the occupier was not satisfied with personal vengeance;
however, apparently his neighbors – and the thief – would have seen such a settlement
as legitimate. Such self-help could lose legitimacy if excessive force was employed;
however, there was a tendency to accept the use of violence to defend property,
including working-class property25.
13 Another expression of this underlying imperative was the existence of a well-defined
and popular form of popular dispute settlement: the ritualized street fight. «To say that
labouring men», asserted a defense of pugilism,
like their betters, should always appeal to the laws when they quarrel, is rank
hypocrisy and an insult to common sense. They have neither time nor money to
offer in sacrifices for the protection of our Courts of Law and Equity, such as they
are: they must settle the quarrels amongst themselves as well as they can; and out
of this necessity have sprung up boxing and the laws of the ring 26.
14 British men, primarily laborers, were renowned for fist fighting according to certain
rules of fairness. These involved fighting in rough «rings», according to «rounds» and
having «seconds» present, along with various rules on «fair» and «foul» blows 27. The
«laws of the ring» were adapted far outside the contexts of sport and were a crucial
part of working-class masculine life. Working-class violence among men was often
impulsive: disputes could quickly lead to blows. However, these confrontations were
often confined into ritualized forms that channeled retribution into more predictable
forms. Once passions had cooled, there was often a desire not to further prosecute the
matter, and reconciliation was often swift. In the absence of economic power (and
therefore legal power) violence was a «resource» over which working people had direct
control and built on customary traditions of self-help in settling their own disputes 28.
15 Feelings against «interference» by authorities were strong, and violence was often
organized to maintain community autonomy. The customary mentality was adapted to
urban environments as the nineteenth century progressed, and the insularity of some
groups and communities could be violently expressed. In 1828, a group of bookbinders

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were brought before the Guildhall police court accused of «having beaten and kicked
sundry watchmen» after a watchman intervened in a dispute between one of them and
a woman29. Andrew Mearns noted the hostility, and sometimes violence, that greeted
missionary workers30. Writing of the Black Country, David Woods suggests that
communities were generally not well disposed to outside interference in their lives.
Police, bailiffs, public health inspectors, School Board officials were all unwelcome
visitors to the yards, courts and backstreets and were often met with hostile
resistance31.
16 Most violence was intra-class and among people who knew each other well, and attacks
on middle-class outsiders were relatively uncommon unless they were acting as
representatives of an agency (whether state or private) perceived to be overly intrusive
toward an individual’s or neighborhood’s autonomy. In times of exceptional tension,
the reluctance to use violence outside of one’s class could evaporate, as it did during
some labor disputes32, periods of political upheaval or during crime panics 33.
17 Behind these various signs of a vigorous culture of customary violence was a complex
mechanism of maintaining community cohesion by dealing with perceived disruptions
and transgressions through self-policing. However, there were different kinds of
community violence. Conceptually, a useful approach comes from a study of a very
different society and era. Steven C. Caton, in his recounting of an incident that grew
into a short but sustained period of tribal violence in Yemen in 1980, distinguishes
between «violence of community» and «violence of exclusion». «Violence of
community», is a form of violence that «reconstitutes relations among parties.» When
the Yemeni tribesmen of Caton’s study believed a wrong had been committed,
It was not to the central state that the contending parties turned, or not usually, for
the state, it was feared, would jeopardize the region’s culturally valued sense of
autonomy. Instead, they turned to each other, and would enter into a complex and
delicate process of feuding and mediation in the hope of coming to a resolution of
their differences34.
18 In seeking autonomous resolution, tears in the social fabric caused by disputes were
repaired, and community authority was reassembled and strengthened. Just as there
was a «violence of community» that sought to reconstitute social relations, there was a
«violence of exclusion»:
By «violence of exclusion» I mean a violence that has the opposite aim [to that of
violence of community], one of driving an opponent out of the community rather
than trying to draw him back into it. This may be a violence of brute force, such as
open warfare, or of dictat… but the intention is the same: the removal of the
unwanted person or group from the shared space of the community 35.
19 The concepts of community and exclusionary violence can be applied to British
customary mentalities and were used by social groups to protect themselves from
internal or external threats. Customary notions often shaped violence into limited
forms: the ritual fistfight and types of «rough music» – violence of community – show
how ritual and custom could be mobilized violently, but with restraint. Such restraint
might be relaxed or ignored in response to «outsiders» or seriously threatening
deviants: in those cases, more severe force – a violence of exclusion – would be
deployed36. The theme of «exclusion» can be developed further. As is well known,
working-class communities became increasingly socially excluded in the nineteenth
century; in large measure, that trend was a function of the middle classes’ ability to
separate themselves spatially and to secure the boundaries of their pacified spaces with
the assistance of the police37. However, exclusion was not simply a property possessed

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
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by members of the refined social strata. Within working-class communities there were
gradations and configurations of power, several overlapping layers of exclusion, and
various excluded groups. Members of a community claimed the power to exclude
others from their locality through violent means, a power upon which the state
increasingly looked askance as it strove to monopolize legitimate physical force.
20 Autonomous self-policing was therefore a customary goal of British communities,
andboth «violence of community» and «violence of exclusion» were important methods
in managing social relations. While violence in the «customary» mindset was more
accepted, such legitimacy depended upon adherence to community expectations as to
the motivations for and extent of violence. In order to monitor its legitimacy,
«customary» violence was often «located» – culturally and spatially – at the center of
community life and surrounded by a code of assumptions as to its legitimate form. The
use of violence to control public spaces and to exclude transgressive individuals from
them was, in part, motivated by an assertion of the legitimacy of self-policing. For
instance, a police officer recounting the community ire that would descend upon «bet
welchers» (swindlers who would leave race tracks after taking bets and money)
emphasized the typical self-policing mechanisms of a customary mentality still
operative in the late nineteenth century. Some «welchers» were able to get away
undetected. However,
sometimes there is a little hitch in the arrangements; his line of retreat is cut off, or
a goodly number of his clients may have him under observation, and then, if he
attempts to get away, the cry of «welcher» is raised, and the miscreant is likely to
be almost torn limb from limb by the crowd. Not only is he attacked by those whom
he is endeavouring to victimize, but a welcher is always considered «good sport»
for all who can get near enough to let fly at him38.
21 Similarly, «informers» (and in labor disputes, «blacklegs»), like «welchers», were
subject to an identifiable code of customary attitudes to, and shared vocabulary of,
violence for dealing with violators of community standards through particular policing
strategies. In the late nineteenth century, someone could still be «ducked» by his work-
mates as an informer and shirker39. Public spaces were seen as the legitimate sphere of
community retribution, and retributive, autonomous violence of community and
exclusion were the preferred means. Mobbing in the streets, calling out the crimes of
suspects to attract a crowd and the resultant beatings and peltings were motivated by
this customary mentality40. It is in part because these manifestations of custom were
motivated by a challenge to official authority over the management of public space that
they were viewed as so threatening by the police and the state 41.
22 Depending upon specific circumstances, violence against deviants might be long lasting
or brief. A short, limited attack might be made, and the transgressor then admitted
back into the good graces of the community. Against «outsiders», however, or in times
of increased tension (for example, during labor disputes) violence could be more
sustained and serious. Motivated by a mentality that asserted the right of the
community to police its own moral boundaries, community control was often enacted
through a strategy of violence that excluded transgressors and limited their use of
public spaces. Such violence could be either short and severe in the case of perceived
serious threats, or of more constant but less severe punishment such as that meted out
to local drunks or nuisances42.
23 Community self-policing, autonomous dispute settlement and the customary mentality
of violence more generally played important roles in the maintenance of social

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relations and «order» in the eighteenth and nineteenth centuries. Such contexts, of
course, interacted with a «control culture»43 of official authority: the self-regulation of
community life was deeply implicated in particular with local legal, economic and
social hierarchies. Moreover, the contours of «custom» were themselves already
shaped by «civilizing» pressures, and I do not suggest that ritualized forms of violence
and community order were behaviors that had a timeless stability often suggested by
the word «custom.» Custom itself was an adaptable and changeable discourse that
interacted with a society in flux. However, in the nineteenth century, the growing
power of the central state combined with the more diffuse impetus of new standards of
behavior and self-restraint (of which Victorian «respectability» was an important part)
were to increase sharply the disassociation of refined and customary mentalities. As
part of the «civilizing offensive» the spectrum of «legitimate» violence and those who
were authorized to wield it narrowed. At the same time, new discourses of refinement
were adopted by broader sections of British society. I turn now to the series of changes
that were set in motion as a result of these trends in regard to the imperatives of self-
policing, authority, community autonomy and the elaboration of new standards of
restrained interpersonal comportment that I gather under the rubric of the «policing
of the self».

The Policing of the Self

24 With the growth of police forces through the nineteenth century, the state, as part of a
wider reformative movement, gradually sought to limit «extra-legal» violence. These
moves by the state singled out certain types of physical aggression that were redefined
as «outside» the law and thereafter limited as part of an increasingly strident (and
ever-more accepted) claim of a state monopoly of legitimate violence. «Extra-legal»
was (and remains) a category marked by a moving boundary, one that was (and is)
often contested. The monopolization of legitimate force and the creation of what Elias
calls «pacified» public spaces was one of the key aims of state building in the
nineteenth century44. Gradually, this began to influence wide swathes of British daily
life, although the bias toward self-policing remained strong in working-class
communities. Maintaining independence from authorities was a prime goal of working-
class life even while workers increasingly accepted legal means or appeals to the police
to settle disputes, often tactically using new state-sanctioned methods to pursue a
variety of traditional grievances45. However, commitment to community autonomy
remained, and perhaps was strengthened, in response to police enforcement of a vast
number of regulatory acts in the second half of the nineteenth century. The customary
mentality of violent «self-help» contributed to a complicated relationship between
working-class people and authority figures such as the police.
25 The innovations of Peel’s police initiatives in the 1820s and their extension to the
provinces in the 1850s were much remarked upon and originated in response to
heightened fears about crime. The tradition of part-time, amateur and sometimes
unpaid constables was neither appropriate to the increasing urbanization of British
society nor well fitted to the imposing of new standards of propriety and pacified
public spaces. In certain areas, the «old» police were seen to be utterly ineffective at
stopping violent crime and controlling the streets. However, the historiography of
policing often overstates both the ineptitude of traditional policing and the efficiency
and power of the new46. Long after the introduction of modernized police forces, there

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were certain areas that were avoided by police, effectively ceding control of the streets
to their inhabitants, and individual police officers were often willing not to interfere in
certain violent situations47. Reminiscing about his early experiences as a policeman and
detective in mid-century London, Timothy Cavanagh recalled that the police at times
allowed street fights to continue, particularly if they involved several people. As one
example, he noted a fight that ended as quickly as it began without any interference
from a police officer who chose not to intervene48. Thus, while the police did often
prevent violence, the intervention of a police officer might at other times be
counterproductive to public «order», expanding the extent and duration of violent
activity.
26 Policemen were often in a precarious position in the streets: their claim to authority
could be quickly undermined if they were perceived to have overstepped community
acceptance of their legitimate role. As Conley has noted, «peaceful coexistence
[between the police and a community] depended on a clear understanding of local
customs as well as the law»49. The willingness of people to assault police officers, either
to prevent their interference in a given incident or to rescue suspects, points to the
contested nature of police authority50. Policemen often required the assistance of
people in the street to make an arrest if a suspect became unruly or resisted
apprehension51. There were times when such help was readily available. At other times,
some bystanders in the streets assisted the police while others resisted them. Such a
mixture of contestation and acceptance was a feature throughout the nineteenth
century; however, the boundaries of legitimate authority were often unclear and
depended upon the individual circumstances of an incident and the character of the
officer himself52.
27 Official efforts to clear the streets, in an attempt to create purified and pacified public
spaces, were often highly resented. Such innovations as the «moving on» system, in
which the police broke up congregations of men on the streets and in front of pubs,
«brought the arm of municipal and state authority directly to bear upon key
institutions of daily life in working-class neighborhoods», and the result was often
resented and at times resisted53. Police interference in street disputes often forced a
legal proceeding between the participants who were sometimes quickly reconciled
between themselves, yet still faced the time and expense of a court case 54. Police
intervention represented an attempted imposition of a new, official authority over
dispute settlement in conflict with the «customary» predilection for direct,
autonomous action. Increasing deployment of state power in the form of the police and
efforts to monopolize force caused resistance in working-class communities, the main
target of new «policeman state»55. «Resistance» is a concept with many applicable
interpretations. For example, V.A.C. Gatrell has asserted the significance of «resistant
mentalities» in reference to ideas regarding death and capital punishment,
emphasizing «resistances to change» and the power of «inertia» in attitudes toward
hanging in particular and cultural attitudes more generally56. Resistance is thus
conceptualized as a powerful, although largely passive, consequence of tradition.
Michel de Certeau emphasizes a rather different, active form of resistance related to
the use of urban spaces. Within a particular space, «Innumerable ways of playing and
foiling the other’s game, that is the space instituted by others, characterizes the subtle,
stubborn, resistant activity of groups which, since they lack their own space, have to
get along in a network of already established forces and representations» 57. New forces
arose, but did not sweep away the complex and deeply rooted traditions of community

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organization that had gone before. The customary self-policing described in the
previous section functioned in this active way within the expanding reach of state
policing.
28 Some sorts of violence, particularly violent exclusionary practices, were a type of
resistance, asserting the authority to exclude members of the community and to self-
police the boundaries of community standards (through an appeal to customary rights
and legitimacy). Such practices can be seen to have resisted «civilized» hierarchies of
authority. However, resistance may define a counter-narrative of power by not only
creating alternative freedoms but also by imposing different inequalities and
exclusions. Violence concerned not a single oppressive power, but multiple levels of
exclusion, power and domination. As Foucault has noted,
power is not exercised simply as an obligation or a prohibition on those who «do
not have it»; it invests them, is transmitted by them and through them; it exerts
pressure upon them, just as they themselves, in their struggle against it, resist the
grip it has on them58.
29 Resistance implied at least an assertion of independence from state authority and from
«civilized» or «respectable» standards of behavior, while also claiming the power to
impose an alternative order. There were preferred sites of resistance – mainly the
streets and the other spaces of working-class social life – and there were also preferred
representatives of the dominant power to be resisted. The most visible manifestation of
new forms of state authority in the nineteenth century in the daily lives of workers
were the police, and it is in relations with the police that an important aspect of
resistance becomes visible.
30 There were many explicit disputes over the control of streets. There were particular
points of dispute: for instance, Guy Fawkes celebrations were particularly tense,and as
the police gradually increased their influence over daily street life, the commemoration
became a date for challenges to authority and attempts to subvert police control of the
streets59. Holidays, in line with customary notions of license, often led to disruption and
challenges to official authority60 as did elections61. However, there were other, everyday
contexts in which autonomous community power struggled with new forms of
authority to maintain control. I have cited above the ways that thieves, local deviants
and outsiders were handled. The expansion of police forces, the increasing role of
police in taking matters before magistrates, and magistrates’ increasing determination
to bind over witnesses, prosecutors and defendants meant that official law more
consistently drew out offences against the person into legal proceedings 62.
31 For example, William Bridges and George Mead fought on a London street in 1834 63.
Mead was driving a cart laden with macaroni when he came upon an omnibus driven by
Bridges. Because Mead was concerned that it would soon rain and damage his cargo, he
was in a great rush. He wanted to pass Bridge’s omnibus, but could not,
which so enraged him that he flew in a passion and took hold of the heads of the
horses then being driven by your petitioner with one hand. His whip being in the
other hand, the lash of it struck your petitioner [Bridges] which provoked him so
much that he struck the said George Mead several times, who defended himself by
striking again at your petitioner and a fight ensued which was of only two or three
minutes duration.
32 They were quickly taken to a magistrate’s office and Bridges was sentenced to nine
months’ imprisonment for the assault. However, Mead, the prosecutor, was the first
signatory to Bridges’s petition for mercy, and the petition notes that «the prosecutor

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considers the assault by no means of a serious character and he has written to your
petitioner and also called on him in the prison and declared he will willingly lose a day
or two’s work or do anything in his power to get your petitioner’s imprisonment
shortened and has signed the petition for that purpose.» Among two men of humble
means, the fight was a trifling matter, and had they not been hustled before a
magistrate the case may not have gone to trial. The prosecutor appears not to have
seen himself as a victim, and it is likely that he viewed the altercation as a «fair fight».
33 In spite of resistance and resentment, there was another side to working-class attitudes
to the law. The «civilizing process» functions not only through imposition but also
through the spread of new attitudes and standards of behavior: the transformation of
external structures of control into internal inhibitions is one of the themes at the heart
of Elias’s writing64. Although there was great animosity between the working class and
the police during the period of their first general introduction into British society,
workers’ attitudes later became more ambivalent. At times, popular reaction to the
police could be actively supportive, particularly as the nineteenth century wore on and
the presence of police became less of an innovative intrusion and more of an accepted
fact of life. Working people frequently used or cooperated with the law, and this
acceptance of legal proceedings gradually spread as informal, customary dispute
settlement was superseded by formal, «civilized» legal participation, especially as the
state made efforts to allow poorer plaintiffs to take part in law 65.
34 As to the police, grudging respect and acceptance – likely dependent upon local
contexts and the character of individual policemen – is apparent in some instances in
the later Victorian period, the time when the figure of the «bobby» was taking fuller
form. «When an officer does his duty without unnecessary harshness», John Paget, an
observer of the police courts stated, «he is considered as an honourable enemy, to be
feared and avoided, to be defeated by stratagem, or if need by force; but he excites no
feeling of hatred or malignity; indeed he is not unfrequently appealed to by the man he
has just captured to speak a good word on his behalf»66. There were many occasions in
which workers accepted and even assisted the police in their activities, assuming, of
course, that those activities met with community approval. The complicated nature of
popular relations with the police were commented upon by Paget in 1875:
When an officer arrests a prisoner in the very act of committing a felony, or steps in
to quell a fray whilst the blood is hot, he not unfrequently gets roughly or even
savagely handled…but when a criminal is arrested subsequently, a tap on the
shoulder with «I want you, Jack», is generally quietly submitted to 67.
35 Although it was a fairly optimistic view of policing, Paget’s conclusions ring true for at
least a significant portion of arrests. Suspects often gave themselves up with little
struggle, even after committing brutal, impulsive violence, and many officers did, as
Paget also noted, speak «a good word» on a criminal’s behalf, either at trial or in
petitions for mercy68. By the time he was writing, the police had reached a relatively
stable acceptance in many working-class communities. The parliamentary Brutal
Assaults Report, written in the same year, contains many references to the high
number of assaults on the police, although authorities themselves understood that
police «indiscretion» could at times be at the source of such attacks 69. However, by the
later nineteenth century, these attacks, though still frequent, became exceptions to the
generally accepted presence of police forces. As one police historian has suggested of
nineteenth-century London:

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Except among persistently antagonistic groups like the costermongers, the police
did achieve at least a grumbling working-class acquiescence to their authority. By
the 1860s, there was more violence against them in the music halls than on the
streets70.
36 If the police interfered with strongly held customary ways of life (for example, by
attempting to suppress popular customs, wakes and fairs) or crossed a popularly
perceived line of fairness (as they did when they assisted employers and blacklegs
during labor disputes, or violated what workers perceived as «rights»), or appeared to
be ineffective in protecting the community, the imperatives of customary community
violence could be activated.
37 It was only gradually, through a long process of tense negotiation, that working-class
communities generally accepted police authority. However, by the late nineteenth
century working-class Londoners were often willing to call upon police assistance 71. By
that point, there had been many decades of civilizing efforts and the increasing
importance of respectability among the working class went hand-in-hand with
increasing police «legitimacy.» Acceptance was, from its beginnings, highly contingent,
selective and strategic. For instance, although working-class wives might call on the
authorities for certain needs, such as separation orders and to have summonses
enforced against husbands, they continued to concurrently «thwart» the police at any
opportunity72. Competing claims to the authority to use violence in the public sphere
and to control of the streets and became less intense, but they were never entirely
eliminated as part of the everyday tensions between communities and authorities.
38 In many instances of community violence the issue of resistance vs. acceptance was
complicated. The police often intervened to protect certain people who were the
victims of customarily sanctioned popular justice: for example, outsiders, informers,
«bet welchers» and blacklegs. In these cases, and others, the contesting assertions of
authority and justice become visible. A key aspect of the pacification of public spaces
was the assertion of a state monopoly on the maintenance of public order. Community
violence, in the form of mob attacks on deviants or private violent dispute settlement,
often resisted state efforts by contesting local control of the streets and criminality.
Local resistance arose from many concerns, among them the belief that legal
punishment would not be sufficiently harsh. For their part, the police often intervened
in local disputes, thereby denying the legitimacy of customary forms of violence and
retribution and asserting the sole legitimacy of «official» violence in the public sphere.
The nature of the negotiations between mentalities of violence and authority were not
always heated. At times, the openness of the negotiation was striking: in 1857 a group
of residents in Huddersfield asked the police for permission to customarily punish a
local adulterer73. Resistance, violence and exclusion interacted in a context of competing
powers. The process of «pacification» of public spaces was a highly complex affair, one
that is obviously related to class, state power and attempts to impose hegemonic,
«civilized» values. However, it is also necessary to appreciate that customary self-
policing imposed and defended its own unequal social hierarchies and exclusions, thus
complicating the issue of resistance to power.
39 The mixture of state coercion and the public’s strategic acceptance of the police
illustrates a shift in attitudes toward justice, authority and violence. «Official» channels
were increasingly tolerated (and used) by an expanding segment of the population.
Such a shift was closely connected to important cultural changes, in particular notions
of respectability and new standards of masculine behavior that limited the legitimacy

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of interpersonal violence74. That legitimacy never disappeared, but it became more


narrow and hemmed in by both state law and popular culture. This was founded on a
policing of the self, an increasing self-control of violent impulses and urges. Connected,
then, to institutional change was a cultural and psychological shift, what I refer to as
the «civilizing bargain». That bargain – limitation on personal violence in exchange for
the promise of pacified social spaces and the provision of official power to enforce
them – was imposed (and accepted) in the nineteenth century. Here we can see the
ways that the institutional, social, cultural and psychological aspects of the civilizing
process worked together. The result was an alteration in violence mentalities and the
social and state apparatuses for dealing with crime, dispute and social order. However,
those changes were predicated on the maintenance of a successful alternative that
increased individual security and provided reliable personal protection. Although the
police were successful in establishing themselves as an accepted – even celebrated –
institution in British society, the nature of this arrangement has remained unstable.

Conclusion

40 The civilizing offensive that had begun in the eighteenth century and had increased its
pace and reach in the nineteenth century attacked not only individual acts in an ad hoc
manner, but it also confronted the cultural mentality that accepted relatively high
levels of impulsivity, retribution, autonomy, and community control of cultural
boundaries through violence. Customary violence had originated in a social context
very different than late nineteenth-century England. As Thompson writes, «rough
music», the most ritualized form of community violence, «belongs to a mode of life in
which some part of the law belongs still to the community and is theirs to enforce», and
highlights «modes of social self-control» that had broken down in the twentieth
century75. However,
because law belongs to people, and is not alienated, or delegated, it is not thereby
made necessarily more «nice» and tolerant, more cosy and folksy. It is only as nice
and as tolerant as the prejudices and norms of the folk allow 76.
41 This is an important point, and the foregoing should not be read as a call for
legitimized vigilantism. However, what I hope I have pointed to are active and
conflicted elements of the civilizing process itself. A civilizing offensive – at the same
time institutional, cultural and social – sought to replace impulsivity and a diffuse
legitimacy of violence with rational foresight and to conjure the self-controlled
individual out of what was presumed to be a chaotic and brutal customary mentality.
The state superseded autonomous neighborly violence with law courts and police,
while the boundaries of acceptable interpersonal violence became narrower and the
state assumed a monopoly on «legitimate» violence77. Extra-legal community violence
became far less tolerated (for, as I have suggested, it had long been tolerated): the state
considered it a threat to the social order, an affront the authority of the state and a
throwback to a pre-enlightened era.
42 Deep cultural differences between the classes remained, but the cultural terrain had
been altered by the closing decades of the nineteenth century. Although the reliability
of statistical measures of crime has convincingly been challenged, it remains clear that
violence (at least in the public sphere) became less prevalent over the course of the
nineteenth century, signaling a number of shifts in British society 78. New mentalities
and vocabularies were emerging for the expression of class and cultural differences.

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The decline of custom was a gradual, partial, and far from linear progression. Working-
class communities could still pull together if they felt authorities interfered with their
autonomy, as was increasingly the case as the state expanded its power to enforce
school attendance or compulsory vaccination. In the 1890s, for example, authorities
who tried to enforce compulsory vaccination were often set upon by enraged working-
class communities79. However, from the 1870s onward, custom clearly faced a losing
battle. Community self-policing, by and large, gave way to the policing of the self.
43 Nevertheless, the volatility in this bargain suggests that various elements within the
civilizing process can work to contradictory ends: it appears that, at least at certain
times, one aspect can imbalance another. The civilizing process’s continuous reshaping
of standards of behavior – and incessant refining of the subtle differences between
behaviors – tends toward a constant redefinition of «violence». As much as the power
of the state policing apparatus expands, it finds new social threats to the pacified public
sphere: in effect, it «invents» new perceptions of violence 80. This is not to say that
violence is merely imagined, but rather to note that what constitutes «violence»
changes according to new standards of behavior or the state’s redefinition of law itself.
At the same time, the state claims to wield a monopoly of violence in effectively dealing
with the violence thus identified. The agencies of the state policing monopoly depend
upon such claims for their own legitimacy. In the nineteenth century, traditional forms
of order maintenance were exchanged for greater individual self-control; legitimate
violence, and thus protection, was delegated to the state. However, as recent events
suggest, the expectations of personal safety, pacified public spheres and state
protection encouraged by the civilizing process can outrun the abilities of the
institutions developed within that same historical movement. The delegated violence of
the state can, at times, seem insufficient to the demands of maintaining expected
standards of social peace. The resulting disjuncture in expectation and perception can
lead to dissatisfaction with the «civilizing bargain» and a search for alternatives. Much
of the historical work on the civilizing process has tended to look at the ways that its
various components work together. The foregoing examination of institutionalized
policing, and the «idea of policing» itself, highlights the potential for conflict within
the civilizing process: the state’s monopoly of violence is not something that simply
exists, but rather a claim that, in order to function, needs to be maintained, accepted
and seen to work.

BIBLIOGRAPHY

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NOTES
2. Although I have relied upon English primary sources, I have sought to tie my analysis to
secondary scholarship reflecting a broader British perspective. I believe that my conclusions here
are generally applicable to England, Wales and Scotland - thus my references throughout to
«Britain» - while recognizing that their relevance to Ireland, with a somewhat different history
of policing, is more problematic.
3. Stanko (1995).
4. «Families flee estate hate campaign», The Guardian, 10 August 2000.
5. «Hague’s law: the whole truth and nothing but?» The Guardian, 27 April 2000; «Tories warn of
rural vigilantes», BBC News <http://news.bbc.co.uk/hi/english/uk/newsid_724000/724702.stm>,
24 April 2000, accessed 15 March 2002. Martin’s murder sentence was later reduced, on the
ground of diminished responsibility, to manslaughter: «Shotgun farmer wins shorter jail term»,
The Guardian, 31 October 2001.
6. «Civilian wardens set to police streets», The Guardian, 5 December 2001.
7. I use the term «mentality» to refer to a collective store of cultural attitudes; akin to mental
maps, mentalities interact with experience and organize the interaction between the individual
and society. Cf., Corbin (1986, p. 29).

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8. On the «customary» mentality of violence more generally and its confrontation with
nineteenth-century «civilizing» forces, see Wood (2001).
9. Weber (1978, p. 56).
10. Elias (1994, pp. 447-451).
11. Wood (2001, Chapter 2).
12. Spierenburg (1996, p. 71).
13. Cockburn (1994, p. 163).
14. W. Taylor (1839, p. 480).
15. Gatrell (1994, pp. 5, 326-341); Gay (1993); Price (1999, p. 8).
16. Greenshields (1994, p. 231).
17. Ruff (2001, p. 73).
18. King (1996); Wiener (1998, pp. 203-204); Conley (1991).
19. Beattie (1986, pp. 36-40).
20. See a discussion of the trial format and popular justice in Foucault (1980, pp. 1-36). For
examples: Cockburn (1994, p. 176) and Gatrell (1994, p. 93).
21. Greenshields (1994, p. 2).
22. See, e.g., ASSI 36/5 Kent Summer 1846, R. v. Price.
23. A second-hand boot seller in mid-century London reported that when he caught young
thieves pilfering from his stock he took the matter into his own hands: «I’ve been robbed before,
and I’ve caught young rips in the act. If it’s boots or shoes they’ve tried to prig, I gives them a
stirruping with whichever it is, and a kick, and lets them go» Mayhew (1968, II, p. 43). Mayhew
observed, «Sometimes when these boys are caught pilfering, they are severely beaten, especially
by the women, who are aided by the men, if the thief offers any formidable resistance, or
struggles to return the blows», Mayhew (1968, II, p. 29).
24. Philips (1977, pp. 239-240).
25. Beattie (1986, p. 39); Chadwick (1989, p. 426).
26. Swift (1840,p. 6).
27. Shipley (1983); Heiny (1987); Wood (2001, Chapter 4).
28. On violence as a «resource», see Riches (1986, p. 13).
29. Times, 25 March 1828.
30. Mearns (1883, p. 19).
31. David Woods cites the case of a Dudley attendance officer who resigned from his post in 1876,
because, «he found the work so rough, and met with so much insult and abuse that he couldn’t
stand it. He had been threatened three times in one day and if he was to do his duty his life was
in danger. One man had said he would do three months Worcester (prison) for him, and another
threatened to break his nose. In one district, a woman raised the whole neighbourhood against
him» Woods (1985, p. 178).
32. During especially violent strikes, masters were sometimes themselves threatened with
violence, one writer claiming that masters had to arm themselves and «by day, he had to use
every precaution to avoid falling into the hands of an infuriated mob» Gaskell (1836, pp. 279-280).
33. Walkowitz (1982, p. 560).
34. Caton (1999, p 4).
35. Caton (1999, p. 4).
36. Conley (1991, pp. 53-58).
37. Pile, Keith (1997, p. 16).
38. Fuller (1912, p. 210).
39. Central Criminal Court, CRIM 1/14/1, 1882. Depositions related to an assault upon Arthur
Blatch.
40. See, e.g., ASSI 36/2 Cambridgeshire Summer 1833, R. v. Polley, et al. Polley and a companion
were attacked at a pub and driven out of town. The source of the dispute is unclear.

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41. Storch (1976, p. 490).


42. Anonymous (1858, p. 35); Parliament (1842, p. 93).
43. Sindall (1990).
44. Elias (1994, pp. 447-454).
45. Davis (1984, pp. 314-415).
46. See D. Taylor (1997, pp. 1-10) for a cogent summary of «Whig» and «Revisionist» views of the
period of the introduction of reformed police forces.
47. White (1986).
48. Cavanagh (1893, p. 27).
49. Conley (1991, p. 35).
50. For assaults on police committed in the contexts of rescues of people from police custody,
see, e.g., HO 17/2 Ah 39 (1821); HO 17/2 Ah 48 (1828); HO 17/55 pt. 2, It 19 (1834); The Times, 25
March 1828.
51. HO 17/55 pt 2, It 19 (1834); HO 17/55 pt.1, Iv 1 (1835); HO 17/55 pt. 2, It 18 (1833).
52. D. Taylor (1997, Chapter 4).
53. Storch (1976, pp. 481-482).
54. See, e.g., HO 17/55 pt. 1, Iv1 (1835); HO 17/115 Wt 38 (1834); and Hill (1883, pp. 30-31).
55. Storch (1975); Gatrell (1990).
56. Gatrell (1994, p. 238).
57. Certeau (1984, p. 18).
58. Foucault (1979, p. 27).
59. Storch (1982); Conley (1991, pp. 35-37).
60. In 1820, a part-time constable, James Millman, was called out to suppress «riotous and
disorderly Christmas singing» in Exeter. After repeated urgings from Millman, the crowd began
to disperse. They did so, however, with «a great tumult». While Millman was attempting to take
someone into custody, the crowd intervened and Millman struck a man with his «mace».
Emphasizing the tenuous nature of police authority before the development of local
constabularies, Millman was prosecuted by his intended target and convicted of assault. HO 17/2
Ah 39 (1821) James Millman.
61. E.g., ASSI 36/3 Norwich 1837 R. v. Tunmore, Singer, et al.; Conley (1991, pp. 38-41).
62. On this trend, see Hay, Snyder (1989).
63. All subsequent references to this case are from HO 17/115 Wt 38, William Bridges, London
Sessions 1834 Assault.
64. Elias (1994, pp. 450-453).
65. Emsley (1987, pp. 145-146).
66. Paget (1875, p. 388).
67. Paget (1875, p. 388).
68. HO 17/55 pt.1, Iv 1 (1835); HO 17/55 pt. 2, It 19 (1834).
69. The Recorder of Abingdon, in his reply to a questionnaire from the Home Office, stated that
«The only cases of violent assault with which the justices in session have to deal being assaults on
policemen in the execution of their duty; in some cases, I am disposed to think, provoked by the
indiscretion of the police themselves». Parliament (1875, p. 64).
70. Miller (1975, pp. 92-93).
71. Davin (1996, p. 37).
72. Ross (1983, p. 17).
73. Storch (1976, p. 500).
74. Wiener (1998).
75. Thompson (1991, p. 530).
76. Thompson (1991, p. 530).
77. Elias (1994, pp. 447-452).

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78. Archer (1999); H. Taylor (1998); Cockburn (1991).


79. Stroud Journal, November 24, 1893 (constables were «tossed like cockleshells» at an anti-
vaccination auction); Keen’s Bath Journal, February 29, 1890; National Anti-Compulsory Vaccination
Reporter, vol. 5, 99, 102. I thank Nadja Durbach for these references.
80. Wood (2001, Chapter 2).

ABSTRACTS
In Britain, recent years have seen increasing criticism of police ineffectiveness, high-profile
incidents of vigilantism and interest in alternatives to traditional policing. In light of these
trends, this article first considers nineteenth-century community «self-policing», which ordered
social relations according to a more diffuse distribution of acceptable violence. Second, it
addresses the expansion of the state monopoly on violence and its accompanying expectation of
more elaborate individual self-control, a «policing of the self.» Third, it suggests ways that the
civilizing process can, in certain contexts, generate tensions if this «civilizing bargain» –
exchanging self-policing for state protection – fails to meet community expectations.

En Grande-Bretagne, dans les années récentes, on a vu monter la critique de l’inefficacité


policière, les incidents d’auto-défense et l’intérêt pour des alternatives aux méthodes policières
traditionnelles. À la lumière de ces tendances, cet article examine tout d’abord les modes de
régulation interne aux communautés, qui hiérarchisaient les relations sociales en fonction d’une
distribution plus diffuse de la violence acceptable. Il se penche ensuite sur le développement du
monopole étatique de la violence et les attentes corrélatives à l’égard d’un contrôle de soi
individuel plus élaboré, une « police de soi ». Enfin, l’article suggère de quelle manière le
processus de civilisation peut, dans certains contextes particuliers, susciter des tensions lorsque
cette « transaction civilisatrice » – entre la « police de soi » et la protection étatique – ne comble
pas les attentes de la communauté.

AUTHOR
J. CARTER WOOD
Fleischstrasse 17, D-54290 Trier, Germany, jcarterwood@yahoo.com
Ph.D. in modern British history completed at the University of Maryland, College Park in May
2001 under the direction of J.S. Cockburn. Current research interests: Mentalities of violence in
Europe, 19th and 20th centuries. Dissertation: «‘The Shadow of Our Refinement’: Violence,
Custom, and the Civilizing Process in Nineteenth-Century England», University of Maryland,
College Park, USA (2001).

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Forum

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Idées, institutions, usages, savoirs :


l’esprit de la justice, la sagacité de
l’expert, la puissance du droit de
punir
Michel Porret

1 Revues spécialisées, congrès internationaux, journées d’études à l’Université, « Rendez-


vous de l’Histoire » ouverts au grand public, ouvrages de synthèses, monographies
érudites, thèses, livres collectifs : l’histoire culturelle, institutionnelle et sociale de la
justice et du crime est aujourd’hui un champ autonome et prolixe dans
l’historiographie contemporaine. À sa manière, Crime, Histoire et Sociétés illustre cette
vitalité historiographique par les articles inédits que la revue publie et par les
nombreux ouvrages scientifiques qu’elle reçoit des quatre coins de la planète. Ils
constituent une bibliothèque vaste et passionnante, autant pour l’Ancien Régime que
pour l’époque contemporaine.
2 Les rendez-vous de l’histoire, Le Crime et le pouvoir, Blois 1998 (Éditions Pleins feux,
Nantes, 1999, 126 pages), avant-propos de Francis Chevrier, préface de Maurice Sartre.
De manière parfois dissonante, les historiens contemporanéistes, Jean Lacouture,
Dominique Kalifa, Marc Ferro, Jean-Luc Domenbach et René Rémond, affrontent la
vaste problématique du crime et du pouvoir politique dans des objets aussi éclatés que
la figure de Montaigne confronté au mal, le crime et les polices privées ou d’État à la
« Belle Époque », le crime et le pouvoir en Chine au XXe siècle, les crimes d’État dans
l’Allemagne nazie et l’URSS, les liens entre l’Église catholique et le nazisme. Depuis le 11
septembre 2001, la réponse que l’État de droit apporte au crime politique qu’est
l’hyper-terrorisme actualise cette réflexion commune bien remise en perspective par
René Rémond. Dans un texte conclusif, « Le Crime face à l’histoire », il souligne
justement que l’histoire du crime politique reste théoriquement un objet sans avenir
dans un État de droit qui remplace l’action directe par la loi, la violence par le débat
parlementaire, la vengeance privée par la justice. Ce petit volume ouvre maintes pistes
de recherches sur l’histoire de l’État moderne et contemporain dans la constitution de

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sa légitimité. Montrant que la notion de crime politique est souvent tolérée et évolutive
(tyrannicide, crime de lèse-majesté, régicide, terrorisme, etc.), il invite à une réflexion
comparative plus soutenue sur l’histoire de la culture du crime politique. Motivés dès
l’Antiquité par la raison d’État, les crimes politiques sont à l’ordre du jour durant les
grandes révolutions (française, soviétique, maoïste, etc.). Les régimes totalitaires
s’appuient sur le crime politique pour détruire les opposants (assassinat de Léon
Trotsky au Mexique en 1940). Contre les populations civiles notamment, la guerre
l’utilise pour arriver à ses fins coloniales ou hégémoniques. Crime politique, crime de
guerres, crime contre l’humanité : est-ce là la même histoire du mal absolu, culminant
au XXe siècle, qu’évoque ce petit ouvrage ? Un mal condamné par des cours pénales
internationales aussi différentes que le tribunal de Nuremberg ou celui de la Haye. Si le
pouvoir génère souvent le crime politique, l’État détenteur du droit ne peut que le
combattre s’il veut survivre. Vaste champ pour les historiens du droit de punir.
3 Le Temps de l’histoire, sous la direction de Frédéric Chauvaud (Université de Poitiers),
Histoire et justice, panorama de la recherche, novembre 2001, 266 pages 1. Ouverte par un
bilan de l’historiographie française, esquissé par Jean-Claude Farcy (de l’« école des
Annales » à la micro-histoire des années 1990), qui favoriserait aujourd’hui l’étude
sociale du crime et de la prison plutôt que celle des institutions judiciaires, une
première section de cette livraison, fruit d’une table ronde d’archivistes, de chercheurs
et d’historiens tenue à l’Université de Poitiers en mars 2000, illustre l’« histoire de la
justice en construction » pratiquée dans plusieurs centres de recherches (Mission de
recherche droit et justice; Association française pour l’histoire de la Justice; CNFE -PJJ;
CESDIP; Universités : Angers, Dijon, Genève, Grenoble, Limoges, Poitiers). La seconde
partie du dossier publie douze études inédites sur l’histoire culturelle et sociale de la
justice, de l’Antiquité à l’époque contemporaine : complaintes judiciaires sous l’Ancien
régime à Paris; plaidoyers des avocats sophistes à Rome au IV e siècle; débat de 1908 sur
la peine de mort; figure du juge philanthrope à l’aube de 1900; qualification du
parricide dans la pratique pénale française du XIXe siècle; justice en caricature dans le
Père Peinard (1889-1902); justice royale au XV e siècle; travail des juges sous Louis XIII;
sociabilité dans le ressort du présidial de Reims au XVIII e siècle; notariat et
infrajudiciaire à Limoges (1735-1740); usage des monitoires dans le diocèse de Poitiers;
vol par « nécessité » au XIXe siècle. Multicolore, cette palette de monographies pointues
illustre les « sensibilités et les approches différentes » qui donnent un sens
contemporain à l’histoire vivante de la justice et du crime et ouvrent de nouvelles
pistes de recherches.
4 Travaillant dans le vaste champ la « médecine du crime » 2, Philippe Artières (CNRS)
dessine des objets particulièrement originaux dans l’histoire des savoirs positifs liés à la
justice dès l’aube du XIXe siècle. Avant son récent (2002), Artières (1998) consacrait sa
thèse à la problématique de la constitution médicale de l’écriture des déviants en objet
de vérité : 270 pages, notes in fine, hélas dépourvue de tout index onomastique et de
toute bibliographie finale. Ouvert par une « préface » anonyme et un pertinent
plaidoyer (« Introduction ») pour l’histoire culturelle de l’expertise psychiatrique et
médico-légale, l’ouvrage est divisé en neuf chapitres bouclés par des « Conclusions »
évoquant la dimension créatrice de l’écriture (Antonin Artaud, Raymond Roussel).
Finement écrit au plus près des sources médico-légales qu’Artières domine, ce livre
donne à penser un nouvel objet de l’histoire des savoirs et des usages de la
criminologie : la « science de l’écriture » qui se développe en France entre 1870 et 1914
avec l’émergence des experts graphologues. Dès la Renaissance, induite par la

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procédure inquisitoire (écrite, secrète, système de preuves basé sur l’aveu et la


matérialité des preuves concrètes), l’expertise judiciaire des corps, des objets et des
écritures seconde les juges du siège. Elle culmine au XIX e siècle, sous le double effet
social et institutionnel de la légalité pénale et du positivisme scientifique. Son histoire
dessine un vaste champ d’investigation historique. Médecine légale, criminologie,
anthropologie et psychiatrie criminelles : ces savoirs normatifs placent le judiciaire et
le droit de punir dans l’orbite des sciences naturelles et expérimentales telles qu’elles
ont été mises en place par les Lumières. Cesare Lombroso (1835-1909), Alexandre
Lacassagne (1843-1924), Ambroise-Auguste Tardieu (1838-1879) ou encore Rodolphe A.
Reiss (cf.infra) : après 1850, l’internationale criminologique domine le champ pénal dans
toute l’Europe. Les « experts du crime » veulent quantifier le passage à l’acte criminel
pour prévenir la récidive. Ils modélisent les invariants de la personnalité délinquante.
Ils classent les « circonstances » morales et matérielles du crime pour objectiver le
mode opératoire. Dans cette finalité expertale, l’« écriture des déviants » est un enjeu
primordial pour l’étiologie criminelle positiviste. Comme le langage du « corps
déviant » qu’est le tatouage de l’homo criminalis (Lacassagne à Lyon), l’« écriture
ordinaire » révèle la pathologie humaine qui occupe le champ normatif du médico-
légal. Privilégiant la rupture entre les pratiques de l’Ancien régime et celles
« modernes » du XIXe siècle (les archives judiciaires de l’Ancien régime regorgent
d’expertises en écritures qui fondent une « graphologie » morale et empirique),
Artières étudie la constitution et l’usage de ce « regard spécifique sur l’écriture » du
criminel, de l’aliéné, de l’« anormal ». Si au fil du XIX e siècle une mutation culturelle
des techniques d’écriture atténue l’individualité (sténographie, machine à écrire), la
« médicalisation de l’écriture » recoupe trois enjeux épistémologiques : triple
dimension de l’écriture (écriture échappant à la grille de lecture classique, signes
graphiques témoignant du caractère anormal du scripteur, gestes graphiques révélant
des pathologies inconnues); formation d’un savoir autonome sur l’écriture;
prolongement socio-professionnel de la graphologie dans le champ psychiatrique et
judiciaire. De même que les érudits du XVIIe siècle distinguaient les bonnes et les
mauvaise chartes, la graphologie des modernes doit discerner le vrai du faux. Autour
du discours de l’« absent » (aliéné, criminel, suicidé), utilisant la phrénologie ou la
psychiatrie morale, la clinique de l’écriture sonde les billets des suicidés, les écrits des
aliénés, les palimpsestes des prisons. Les cliniciens de la graphie suscitent des
autobiographies d’incarcérés : prisonniers de droit communs, aliénés. L’écriture est
donc captive d’un espace carcéral ou asilaire et du protocole scientifique de sa
production. Exigée pour l’enquête psychiatrique ou judiciaire, l’écriture de l’aliéné ou
du prisonnier est source de souffrance disciplinaire. Prenant la graphie comme
symptôme, la volonté de savoir des experts érige l’écriture comme le signe de la
déviance, comme le miroir déformant de l’anormalité. Avec notamment Alexandre-
Jacques-François Brierre de Boismont (1798-1881), les aliénistes éditent les écrits de
leurs patients pour « lire dans la pensée des fous », puis modéliser des types
pathologiques. L’écriture devient l’étalon idéal des normes et des déviances. Les
pédagogues diagnostiquent la « bonne » ou « mauvaise » discipline des élèves dans leur
écriture lâche ou dominée. Les criminologues examinent l’« écriture des canailles »
pour penser le crime et son milieu3. En 1897, pour Gabriel Tarde, l’écriture est la clef
d’analyse des rapports sociaux. Les médecins légistes l’utilisent pour résoudre le
problème des testaments contestés. Elle devient un enjeu technique : les chimistes
rêvent de revivifier des encres anciennes (écritures effacées ou ajoutées). Le sexe, l’âge,

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l’intelligence, le sens moral : tels sont les éléments que les psychologues recherchent
dans l’« ’écriture ordinaire ». Dès 1870, mise dans un processus d’objectivation de la
vérité, l’écriture occupe ainsi des champs de savoirs entremêlés : médecine légale,
criminologie, chimie, neurologie, psychiatrie, hygiène sociale. Or, l’expertise
graphologique reste incertaine. Elle contient en outre un enjeu politique illustré par la
querelle des experts durant l’affaire Dreyfus (1894-1906). Les déchiffrements d’un
bordereau manuscrit d’abord attribué fautivement à Dreyfus (notamment par Alphonse
Bertillon, « inventeur » de l’anthropométrie criminelle) l’accusent. De nouvelles
expertises graphologiques innocentent le capitaine déporté et ouvrent la voie à sa lente
réhabilitation. Ancrée ainsi dans le juridique, la clinique de l’écriture dessine le champ
du normatif : en outre, elle offre aux sujets humains de l’expertise la capacité de se
raconter (« Les Aliénés peints par eux-mêmes » dans L’Encéphale, 1886, du docteur
Emmanuel Régis, spécialiste de la psychiatrie du régicide et introducteur de Freud en
France dès 1913). En constituant ainsi des « cas médicaux » pour objectiver les
pathologies et considérer la subjectivité des aliénés et des criminels, la clinique de
l’écriture place les individus, les mots et les choses dans les catégories du vrai ou du
faux, du mal ou du bien, du normal ou du pathologique. Dès 1900, les aliénistes et les
légistes qui valorisent ainsi l’écriture de leurs patients (leurs dessins aussi) constituent
l’« archive mineure » d’une nouvelle esthétique littéraire. Celle du délire ou celle de
l’autobiographie criminelle soumises à la « frénésie graphologique » qui occupe alors
les esprits. En inventant ainsi l’« art pathologique » menant à l’« art brut », la clinique
de l’écriture apporte une touche culturelle considérable à la modernité sociale du XX e
siècle en insistant sur l’individualité révélée à charge par l’écriture des déviants.
5 Pas de considérations esthétisantes sur le crime chez le « pionnier de la police
scientifique » Rodolphe Archibald Reiss né à Hechtsberg (Allemagne) en 1875, citoyen
suisse dès 1901, mort à Belgrade en 1929 après avoir soutenu en publiciste et en
guerrier la cause serbe. Jacques Mathyer, ancien directeur et professeur honoraire de
l’Institut de police scientifique et de criminologie de Lausanne, lui consacre une
monographie anecdotique qui suit les sources plutôt que les critiquer pour construire
son objet (2000, Institut de police scientifique et de criminologie, Faculté de droit,
Université de Lausanne, série criminalistique XVII), 208 p., nombreuses illustrations.
Précédé d’une brève introduction, divisé en neuf courts chapitres (les six premiers
concernent Reiss criminologue), bouclé par une « Conclusion » sous forme d’un portrait
intime, enrichi d’annexes (chronologie de l’Institut de police scientifique dès la
démission en 1919 de Reiss à aujourd’hui; bibliographie de Reiss), sans index
onomastique ni bibliographie, l’ouvrage de Mathyer n’est pas la première étude sur
Reiss, familier du criminologue lyonnais Edmond Locard 4. Son nom est attaché à celui
de l’Université de Lausanne, la première au monde à donner jusqu’à aujourd’hui une
formation académique de police scientifique (« Sciences forensiques »). Comme
Hippolyte Gosse à Genève, Hans Gross à Vienne ou Alexandre Lacassagne à Lyon, Reiss
incarne les mutations socio-culturelles dans l’institutionnalisation de la criminologie à
la fin du XIXe siècle : chimiste passant de la photographie scientifique à la photographie
judiciaire, puis à la police scientifique utilisée par l’État. Né dans le grand-duché de
Bade au sein d’une famille de notables juifs convertis au protestantisme, Reiss mène des
études scientifiques, émigre en 1893 à Lausanne, y obtient en 1898 un doctorat ès
sciences. Photographe à ses heures, il participe au lancement la même année du Journal
suisse de photographie. Chef des travaux photographiques de l’Université de Lausanne
(1899), donnant des conférences sur la « photographie scientifique », il est attiré par le

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bertillonage introduit à Berne, Genève et Lausanne. Vers 1900, il travaille à Paris sous la
direction de Bertillon. Privat-docent dès 1902 en « photochimie » à la Faculté des
sciences de l’Université de Lausanne, il enseigne la « photographie judiciaire et la
photographie signalétique », et publie son fameux La Photographie judiciaire (Paris,
1903). Marqué par l’anthropométrie judiciaire qui gagne l’Europe entière, obtenant
(1901, 1903 ?) le diplôme de « Signalement descriptif » décerné par la Préfecture de
police de Paris, il édite en 1905 son Manuel du portrait parlé à l’usage de la police. Après
avoir été chargé des services de radiographie et de radioscopie de l’Hôpital cantonal
depuis 1904, Reiss est nommé en 1906 professeur extraordinaire de « sciences
photographiques et policières »; sa leçon inaugurale (in Archives d’anthropologie
criminelle de Lacassagne) consacrée aux « méthodes scientifiques dans les enquêtes
judiciaires et policières » actualise son projet normatif qui le placera à la tête de
l’Institut de Police scientifique de l’Université de Lausanne créé en 1909, à son
initiative, sous la houlette scientifique des Facultés de droit, de médecine et de
sciences. Menant et équipant son institut, dirigeant ses collaborateurs, formant des
étudiants et des magistrats suisses ou étrangers, Reiss devient un expert connu,
recherché sur la plan national et international. Chevalier de la légion d’honneur en
1911, prononçant des conférences en Russie (1912), au Brésil (1913), il participa à la
création d’un service dactyloscopie à la Sûreté vaudoise (1913). Dès septembre 1914, il
gagne plusieurs fois la Serbie pour étudier médico-légalement les « atrocités austro-
hongroises » qu’il relate dans la presse suisse. Sur le front des Balkans durant la Grande
Guerre, Reiss démissionne de sa charge en octobre 1919 au profit de son élève Marc
Bischoff, autre figure emblématique de la police scientifique. Installé à Belgrade jusqu’à
sa mort en 1929, vivant « modestement » de son travail d’expert, Reiss sécurise
notamment la nouvelle monnaie nationale.
6 L’histoire sociale et culturelle de la criminologie enrichit celle du crime et de la justice.
Si cette monographie documente le contexte lausannois de l’institutionnalisation des
travaux d’un « pionnier de la police scientifique », elle reste peu analytique sur les
enjeux scientifiques, sociaux, juridiques et politiques de la criminologie héritière de la
médecine légale du XIXe siècle. Elle néglige l’horizon d’attentes positiviste et
sécuritaire de la « science du crime », située au carrefour des sciences expérimentales
et des pratiques sociales normatives. Au temps de Reiss, dans le contexte de la
« défense sociale » d’Adolphe Prins et liée à la Sûreté, l’internationale des
criminologues n’obéit pas qu’à des considérations techniques de laboratoire. Attachés
au contrôle social des suspects et à la répression des délits dans un État de droit, les
objectifs de la criminologie positiviste sont précis : armer scientifiquement la police,
signaler les délinquants, neutraliser les récidivistes, quantifier les traces et les indices
sur la scène du crime, surveiller les réfugiés et les « révolutionnaires ». Pourquoi ne pas
dire que la majorité des experts que Reiss forme à Lausanne proviennent d’États
autoritaires (Russie tsariste; Roumanie, etc.) qui traquent leurs opposants ? Mathyer est
hagiographe : il décrit la « biographie exemplaire » de Reiss sans démontrer que sa
rapide ascension sociale signale le triomphe politique de la criminologie avant 1914. On
ignore tout des idées de Reiss sur la causalité du crime alors fortement débattue : est-il
lombrosien (criminel né) ? Suit-il Lacassagne (milieu) ? Offre-t-il une synthèse de ces
deux doctrines ? Mathyer ne nous dit pas pourquoi, ni comment le criminologue
positiviste révolutionne certainement la police scientifique de son temps. Une police
scientifique bientôt dominante, autant sur la scène du crime social, que sur celles de
l’activisme politique, des guerres et des accidents individuels ou de masse. Le chapitre

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consacré au « moment serbe » de Reiss ne repose que sur des sources favorables au
policier scientifique, récompensé par des obsèques nationales à Belgrade. Finalement,
Mathyer peut-il véritablement écrire l’histoire d’une institution de police scientifique
dont il a été le directeur ? Il reviendrait plutôt à des chercheurs indépendants, attachés
à l’éthique de l’historien, de mener de telles enquêtes en accédant aux archives de la
police. Ceci est un enjeu capital dans le champ toujours plus large de l’histoire du crime
et des institutions pénale pour le XXe siècle. Policier de formation oubliant que des
sources dépourvues de questionnaire initial ne font pas l’histoire, l’auteur s’enferme
dans leur logique institutionnelle et positiviste. Ignorant l’historiographie actuelle sur
le sujet, il célèbre, comme l’historiographe du roi de l’Ancien régime, l’histoire
édifiante de son héros à travers celle des « progrès » de la criminalistique née avec le
XXe siècle.
7 Si dès le XIXe siècle, le « criminologue » incarne ainsi la science positiviste du crime, le
« criminaliste » (néologisme en français dès 1660) est une figure classique de la
modernité judiciaire née au XVIe siècle lorsque l’État absolu monopolise le droit de
punir en renforçant sa souveraineté autour des droits régaliens. Benedict Carpzov
(1595-1666), Giulio Claro (1525-1575), Prospero Farinacci (1544-1618), Jean Imbert,
Daniel Jousse (1704-1781) : dans toute l’Europe, ces juristes bien connus de l’Âge
classique systématisent notamment le droit pénal selon les sources de la loi (statuts,
coutumes, Édits, ordonnances, etc.). Ils élaborent une doctrine pénale qui unifie dans la
pratique l’Europe continentale autour d’un droit criminel relativement commun.
Partout, l’homo criminalis est alors considéré comme un pécheur à neutraliser par une
peine infamante et expiatoire5. C’est à Jean Domat (1625-1695), un « criminaliste
oublié » qui publie en 1689 à Paris une somme juridique, maintes fois rééditée au siècle
des Lumières, Les Lois civiles dans leur ordre naturel, suivies du Droit public, qu’est
consacrée la monographie érudite de Claudio Sarzotti (2001). Entre histoire des idées,
philosophie du droit et histoire de la culture juridique, cette élégante monographie est
divisée en deux parties. La première section (pp. 1-70) est divisée en quatre objets :
« Domat, criminaliste oublié »; place du droit pénal dans le droit public; typologie
pénale selon Domat; la peine comme instrument de politique criminelle ante litteram;
l’objectif répressif des peines dans le mécanisme de la prévention générale du crime. La
seconde partie contient une longue note méthodologique (pp. 73-90) ainsi que la
traduction italienne du fameux chapitre « Des crimes et des délits » (pp. 91-162) qui
constitue le livre III de la section consacrée par Domat au Droit public. Jean Domat n’est
pas un pénaliste. Romaniste et civiliste, il élabore une « science juridique » pour penser
le droit privé comme matrice du droit public de l’État moderne. En 1689, la publication
de son énorme traité (près de 900 pages dans l’édition in-folio éditée en 1702 à
Luxembourg) le place, avant Jean Pothier (1699-1772) qui systématisa le droit civil de la
monarchie moderne, comme le « précurseur » du Code civil napoléonien de 1810. Ancré
dans une culture juridique chrétienne, Domat privilégie le droit civil comme objet de
réflexion juridique, notamment parce qu’il valorise les « lois naturelles » ou
« immuables » auxquelles les individus obéissent grâce à leur « sociabilité » naturelle :
amour pour Dieu et pour leur prochain. Le noyau fondamental de la société étant la
famille et ses normes civiles, le reste de l’appareil normatif qui en découle n’a pas
besoin d’être trop encadré par des lois positives ou « arbitraires ». Comme est
« naturel » l’effort des hommes pour éviter le péché, l’obéissance au roi, source de la
loi, est « naturelle ». Elle repose sur une triple norme : droit divin (le roi est le
lieutenant sacré de Dieu sur terre); droit naturel (le roi est le père de tous ses sujets);

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droit politique (selon les lois fondamentales du royaume, il incarne la souveraineté de


l’État). Puisque le crime contre le roi ou contre les particuliers résulte du péché et de la
violation des « lois naturelles », aucune législation positive ne peut le prévenir. En
douze pages de son ouvrage in-folio, Domat fait donc le tour de la problématique des
« Crimes et des délits » qui méritent peu de règles. Il aborde le droit de punir en suivant
la conception classique de la qualification du crime selon ses « différentes
circonstances » morales et matérielles. S’y ajoute la motivation de la peine
proportionnelle au péché du criminel selon les impératifs de la prévention générale
nécessaire à maintenir l’ordre public dans une société de pécheurs où chacun glisse sur
la « pente universelle qui porte les hommes au mal » prémédité ou non (« contenir par
la vue et la crainte des peines »). Basée sur la poursuite d’office (Parquet), tournée vers
les peines classiques (mort, galères, bannissement), la justice pénale selon Domat est
une « police conforme à l’esprit de la Religion Chrétienne ». Sécularisée dans sa forme
inquisitoire mais suivant la morale du christianisme dans son « esprit », elle poursuit
les crimes de « lèse-majesté divine », les « attentats contre le Prince et contre l’État » et
les délits matériels ou de sang contre les individus (vols, meurtres, etc.). En découle une
quadruple pénalité harmonisée selon la gravité du crime-péché né de l’« oisiveté » ou
de la « pauvreté » : pécuniaire, infamante, corporelle et capitale. Surtout éliminatrice,
la pénalité sera préventive contre la récidive : corriger et « avertir » les criminels de
« changer de vie ». Pourtant, malgré les supplices publics, le système pénal est
impuissant face à l’homme pécheur dévoré de « passions » et d’« inclinations »
criminogènes. Attaché à la déterrition du crime par le mal de la peine, Domat suit
pourtant le scepticisme du « criminaliste » parisien Jean De Mille (fin XV e s.-1563) 6 :
« ainsi ceux que l’avarice a engagé dans l’habitude du larcin, dérobent aux spectateurs
[...] pendant le supplice » d’un voleur. Minimaliste dans sa formulation, le système
pénal de Domat est une miniature de celui de l’âge classique, profondément
providentialiste. Il valide l’idée que l’ordre social protégé par la justice assure hic et
nunc l’ordre idéal du bien voulu par Dieu, qui a « pourvu par une autre conduite de sa
Loi divine dans la police à corriger ou réprimer ceux que l’esprit de la Religion ne
corrige point ». La justice n’est donc aux yeux de Domat que la terrestre « police
conservant l’esprit universel de la Loi divine pour le bien commun de la société ». La
philosophie pénale de Domat est un ingrédient de l’art de gouverner tel que le
concevaient les doctrinaires-pénalistes de la fin du XVIIe siècle et du siècle des
Lumières. Pour Sarzotti, la question de la sécularisation du droit de punir est licite chez
Domat dans son jusnaturalisme logico-déductif et cartésien. Or, n’oublions pas qu’il
soude le droit naturel et le providentialisme, à l’instar de son contemporain Bossuet qui
énonce une doctrine chrétienne de l’absolutisme selon les saintes écritures. Face à
l’œuvre du civiliste, Montesquieu, oublié ici par Sarzotti, ne s’y trompera pas. En
réfutant le providentialisme de Domat, il prendra pourtant l’idée de son titre (De l’Esprit
des lois) dans le chapitre IV des Lois civiles dans leur ordre naturel consacré aux
« engagements » civils définis par un droit positif qui sécularise les objectifs de la
providence divine (« esprit des lois », une dizaine d’occurrence). Pour Montesquieu,
l’esprit des lois réside dans l’histoire des sociétés, dans l’évolution des mœurs, dans le
volontarisme législatif des États : au pénal comme au civil, le juge est alors la bouche de
la loi des hommes. Pour Domat, l’esprit des lois réside dans celui de la religion : le juge
ne « doit rendre compte qu’à Dieu seul ». Le providentialisme domatien perdra son
actualité au siècle des Lumières avec la sécularisation progressive du droit de punir et
son enracinement dans la causalité sociale du crime. Pourtant, viscéralement attaché à

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un droit pénal servant la monarchie de droit divin, le grand « criminaliste » Pierre-


François Muyart de Vouglans (1723-1791), hostile à la conception rousseauiste du
contrat social, adversaire acharné de l’abolitionnisme beccarien et de la modération
pénale d’un Montesquieu, réhabilite le providentialisme juridique de Jean Domat avec
la publication en 1780 de ses Lois criminelles de France dans leur ordre naturel.
L’intéressante monographie de Sarzotti souligne ainsi les continuités et les ruptures
épistémologiques dans la conception d’un droit pénal moderne à l’orée du siècle des
Lumières. Mis dans la main divine prolongée par celle du souverain absolu, l’État
justicier de Domat s’effacera progressivement devant l’État de droit défini par des lois
positives illustrant la volonté générale du souverain collectif qu’est le peuple.
8 L’histoire culturelle et institutionnelle du droit pénal moderne est liée aux formes
prises dès la fin du Moyen Âge par l’enquête judiciaire qu’induit la procédure
inquisitoire dans toute l’Europe continentale de l’Ancien régime. Enseignant l’histoire
du droit pénal à l’Université Frédéric II de Naples, Giorgia Alessi consacre son dernier
essai érudit, à la naissance et aux avatars de l’enquête judiciaire entre la fin du Moyen
Âge, via les Lumières et la Révolution française, et la formation des États-nations
européens, jusqu’à l’adversary system étasunien au XX e siècle (2001, index onomastique,
pp. 269-276). Précédés d’une « introduction » méthodologique exposant, malgré
l’inflation des études, les enjeux contemporains de continuer à « raconter » le judiciaire
pour comprendre l’histoire de l’État moderne et contemporain, cinq chapitres denses
éclairent dans la longue durée les racines européennes des formes actuelles de la
poursuite pénale (délits et compositions, enquête ou les juges itinérants, appel ou les
grandes ordonnances de l’époque moderne, procès et opinion publique au XVIII e siècle,
instruction secrète, interrogatoire). L’enquête judiciaire signale la modernité de la
légalité du droit criminel qui aujourd’hui fonde la justice. Vaste champ, vaste
temporalité, figures multiples de pénalistes ou criminologues évoqués (Beccaria,
Bertillon, Muyart de Vouglans, etc.), discussion historiographique soutenue (Carbasse,
Foucault, Sbriccoli), objet complexe en raison de l’ampleur de l’enquête : l’ouvrage est
dense. Il montre que l’histoire de l’État moderne – de l’État justicier à l’État de droit –
ne peut plus se penser hors de celle du droit de punir, ainsi que de tous les savoirs
judiciaires et criminologiques qui en sont issus.
9 Même thèse politique dans l’ouvrage collectif publié sous la direction de Xavier
Rousseaux et René Lévy (1997), biographies des vingt-six auteurs (historiens,
sociologues), sans index. L’histoire de l’État moderne recoupe celle du droit de punir.
Aujourd’hui, la difficulté de fonder un droit pénal européen provient certainement du
fait que le droit de punir est au cœur de la souveraineté étatique. Dès la fin du Moyen
Âge, les sociétés occidentales se sont progressivement modernisées et développées
grâce au processus de « pacification » généré par le monopole pénal accaparé et exercé
par l’État selon des modalités, des chronologies et des mises en formes institutionnelles
diverses. Pour le sociologue allemand Norbert Elias, ce processus était celui de la
« civilisation » qui, autour du modèle curial, contraignait l’individu moderne à raboter
ses pulsions, à renoncer à la brutalité interpersonnelle, à apprendre des normes
éducatives (pensons à la Civilité puérile d’Erasme de Rotterdam), à intérioriser des codes
de maintien corporel et alimentaire qui modifiaient sa sensibilité en le raffinant et
élevant ses seuils d’intolérance face à la violence criminalisée par l’État. Cette
reconfiguration des sensibilités mise à l’ordre du jour par la culture néo-platonicienne
et humaniste de la Renaissance constitue le cadre humain des mutations pénales qui
vont labourer l’Europe continentale avec l’avènement des monarchies absolutistes de

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droit divin qui placent le monopole de la poursuite au cœur de leur souveraineté.


Comme l’avait notamment montré Jean Bodin en 1576 dans La République, l’exercice de
la souveraineté implique l’obligation de la poursuite pénale; celle-ci contraint à
prohiber la justice privée, à affirmer la puissance du ministère public (« procureur
fiscal », « procureur du roi », « procureur général », etc.), à édifier un corpus législatif
unifié et rédigé en langue vernaculaire pour contrer les coutumes, à établir une
pénalité non compensatoire et expiatoire (du talion au gibet) ou encore, sur le plan
procédural, à institutionnaliser la procédure inquisitoire (orale, secrète, basée sur
l’aveu et l’expertise comme système de preuves) qui rationalise les processus
d’incrimination de l’homo criminalis. Tel est l’essentiel de la lente construction d’une
nouvelle culture juridique et judiciaire qui ordonne les pratiques pénales en Europe
moderne sous le régime arbitraire des délits et des peines, autant dans les régimes
absolutistes que dans les États républicains. Préparé par les « codifications pénales de
l’Ancien régime » qui consolident le monopole de la poursuite étatique, le passage vers
la légalité, qu’universalise en Europe continentale le Code pénal français de 1791 et de
1810, constitue le point d’aboutissement de l’alliance indéfectible entre l’État et le droit
de punir.
10 C’est à l’histoire de cette alliance, qui en Europe, a fondé notre modernité répressive et
la sécurité des individus, qu’est consacré cet ouvrage, ouvert par une introduction des
éditeurs scientifiques qui invitent à lire vingt-trois contributions rédigées en français
et en anglais par autant d’historiens européens de la poursuite pénale. Les
contributions résultent de travaux présentés entre 1992 et 1994 au séminaire européen
(« Les États et le pénal : acculturation juridique et intégration nationale ») qui s’est tenu
aux Facultés universitaires de Saint-Louis de Bruxelles. Allemagne, Angleterre, Italie,
France, Pays-Bas, Corse, Belgique, Flandres et Wallonie : si la géographie européenne de
l’ouvrage est aussi étendue que sa chronologie allant du Moyen Âge à l’époque
contemporaine (XIIIe-XXe siècles), l’objet étudié (soit le rapport croissant entre l’État et
le pénal) donne la cohérence à l’ensemble dans deux sections (« Acculturation juridique
et intégration nationale »; « Les vecteurs de l’acculturation : droit et institutions »).
Justice du roi en France à la fin du Moyen Âge, exception du modèle hollandais dans la
genèse d’une justice moderne et étatique, codifications au siècle des Lumières et au
XIXe siècle, maréchaussée, territoire judiciaire, ministère public : parmi d’autres, ces
objets minutieusement étudiés dans l’ouvrage en forgent la bonne unité thématique. Ils
renforcent la thèse de ses éditeurs scientifiques : il n’est pas possible de penser
l’histoire de l’État moderne en la détachant du droit de punir qui fonde sa souveraineté
en pacifiant les sociétés européennes et en menant, via l’État de droit, à la démocratie.
L’histoire du droit de punir en Europe moderne et contemporaine ne peut donc qu’être
comparatiste. Comme le montre bien cet ouvrage, elle implique une collaboration plus
étroite entre les disciplines de l’histoire, de la sociologie et celles du droit, souvent trop
polarisées par l’Université.

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BIBLIOGRAPHIE
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Artières, Ph., Clinique de l’écriture. Une histoire du regard médical sur l’écriture, Luisant, Les
empêcheurs de penser en rond, 1998.

Artières, Ph., Livre des vies coupables, Paris, Albin Michel, 2002.

Crépieux-Jamin, J., Les éléments de l’écriture des canailles, Paris, 1923.

Laingui, A., L’homme criminel dans l’ancien droit, Revue de science criminelle et de droit pénal
comparé, 1983, janvier-mars, 1, pp. 15-35.

Levental, Z., Rodolphe Archibald Reiss, criminaliste et moraliste de la Grande Guerre, Lausanne, L’Âge
d’Homme, 1992 (traduit du serbo-croate).

Mathyer, J., Rodolphe A. Reiss, Pionnier de la criminalistique. Les années lausannoises et la fondation de
l’Institut de police scientifique et de criminologie, Lausanne, Payot, 2000.

Mille, J. de, Pratique criminelle [1541], Moulins, 1983.

Porret, M., Médecine du crime, médecine de l’âme, Crime, Histoire et Sociétés, 1998, 2, 2, pp.
121-126.

Rousseaux, X., Lévy, R., Le pénal dans tous ses États. Justice, États et sociétés en Europe (XII e-XXe siècles),
Bruxelles, publications des Facultés universitaires Saint-Louis, 1997.

Sarzotti, C., Domat criminalista, Milan, Padoue, CEDAM, 2001.

NOTES
1. Revue publiée par l’Association pour l’histoire de l’éducation surveillée et de la protection judiciaire
des mineurs, ainsi que le Centre national de formation et d’études de la protection judiciaire de la
jeunesse; numéro hors-série publié à l’adresse du ministère de la Justice avec le soutien du GIP
Mission de recherche droit et justice.
2. Porret (1998), « Forum » bibliographique.
3. Cf. Crépieux-Jamin (1923).
4. Levental (1992).
5. Cf. le bel article déjà ancien d’A. Laingui (1983).
6. Mille (1983).

AUTEUR
MICHEL PORRET
Université de Genève, michel.porret@lettres.unige.ch

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Forum

Comptes rendus / Reviews

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J.M. Beattie, Policing and Punishment


in London, 1660-1750: Urban Crime
and the Limits of Terror
Oxford, Oxford University Press, 2001, 491 pp., ISBN 0-19-820867-7

Peter Rushton

REFERENCES
J.M. Beattie, Policing and Punishment in London, 1660-1750: Urban Crime and the Limits of
Terror, Oxford, Oxford University Press, 2001, 491 pp., ISBN 0-19-820867-7.

1 With this book, John Beattie moves geographically and symbolically from the suburban
fringes which were the focus of his earlier work to the centre of both London and
English crime. By a thorough analysis of London’s and Middlesex’s trials at the Old
Bailey from the Restoration to 1750, he reflects profoundly on three aspects of crime in
early modern English society – the nature of the criminals before the London courts,
the responses to crimes by the city’s judicial authorities, and the role played by
London’s representatives who, through political lobbying and successful legislation,
translated the city’s problems into national policies. In the first two areas, London
seems to have been unusual, and in the last, unique.
2 One striking characteristic of the criminals prosecuted for crimes can be summed up in
one significant subtitle of the book – ‘the problem of women’. A large proportion of
those on trial were female, and the judicial handling of these cases does much to
explain the urgent need to search for an alternative punishment to hanging or
branding. In most periods a third or more of defendants at the Old Bailey for property
offences were women, and between 1690 and 1713 they were a majority. Only Newcastle
upon Tyne, a far smaller urban area, equaled this in the eighteenth century. The
possible explanations for these patterns, however, are remarkably similar. Cities were
places where single women were both numerous and vulnerable, and married women
were all too frequently connected to men with few skills and uncertain incomes.

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Although conventional wisdom dictates that poverty alone does not explain
criminality, let alone excuse it, the combination of female economic fragility and the
temptations of an affluent city with many new consumer goods proved too much for
many young women.
3 The authorities’ judicial response to petty larceny offences provided a feature unique to
London and Middlesex until the early eighteenth century. No cases were sent for trial,
which, conveniently for the magistrates, resulted in keeping quarter sessions business
to a minimum. A second important consequence was that the prosecution of crime
concentrated overwhelmingly on accusations of serious and violent thefts. By selecting
only the serious for trial, the authorities created the impression, widely disseminated
by contemporaries in the growing print culture (and also believed by some later
historians), that London faced more serious crimes and possessed a far more
professional criminal population than any other place in early modern England. Yet
many minor offenders were dealt with summarily and locked up in the Bridewell
without indictment and trial. This hidden crime wave, treated according to a policy
which seems to have had its origins in the sixteenth century, meant that petty larceny
was virtually absent from the London courts. Though Beattie does not pursue this, it
likely that, without this practice, the proportion of women on trial would have been
even higher. This distinctive mixture of neglecting the petty for the serious crimes
nevertheless still posed a problem of punishment after convictions in the courts, for
not all criminals, not even comparatively serious ones, could be executed without
adverse political consequences.
4 The third theme, therefore, by which Beattie establishes London’s unique role in early
modern criminal policy, is how the search of a workable and successful intermediate
punishment between the severity of hanging and the supposed leniency of branding
was shaped by London’s problems and their representation to the political world.
Transportation emerged in the 1660s as the favored penalty, but it was not without its
problems. Judges began to deprive convicts of benefit of clergy by reimposing the
literacy test (which had not been used for centuries) so that, instead of being released
after branding, they could justifiably be condemned to death, reprieved, and
transported. They also developed the habit of reprieving criminals before pronouncing
the death penalty – which significantly benefited many women. But seventeenth-
century transportation was rather haphazard, lacking a system of shipping convicts
and confirming their arrival in the colonies. All this changed with the Transportation
Act of 1718, and it is Beattie’s analysis of the role of London’s political establishment in
creating this law, driven by William Thompson, who presided over the Old Bailey, that
concludes the book. Never before has the way that London’s authorities and the city’s
criminal problems dominated national policy been more strikingly demonstrated.
London in the eighteenth century was in many ways the centre of both crime and
criminal policy, in the eyes of the political establishment.
5 There are many other aspects of law enforcement and judicial processes which Beattie
reflects on in this rich study. Like his earlier book (Crime and the Courts in England,
1660-1800, Princeton, 1986) this one will be required reading for anyone interested in
the history of London’s policing, the nature of the city watch, the processes of ‘thief-
taking’ and the problems of corruption in criminal law enforcement. Beattie confirms
in many ways the conclusions of other studies, particularly concerning the search for
effective, non-lethal methods of punishing the mass of criminals, which was a feature

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of many judicial experiments. But he also shows that the disproportionate role of
London’s problems in shaping national policy, which we might see as a modern
imbalance, had its origins in the criminal and penal crises of the late seventeenth and
early eighteenth centuries.

AUTHORS
PETER RUSHTON
University of Sunderland (U.K.), peter.rushton@sunderland.ac.uk

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Andreas Blauert, Eva Wiebel,


Gauner- und Diebslisten. Registrieren,
Identifizieren und Fahnden im 18.
Jahrhundert. Mit einem Repertorium
gedruckter südwestdeutscher,
schweizerischer und österreichischer
Listen sowie einem Faksimile der
Schäffer’schen oder Sulzer Liste von
1784
(Studien zu Policey und Policeywissenschaft), Frankfurt/Main, Vittorio
Klostermann 2001, 367 pp., ISBN 3-465-03165-2

Peter Becker

REFERENCES
Andreas Blauert, Eva Wiebel, Gauner- und Diebslisten. Registrieren, Identifizieren und
Fahnden im 18. Jahrhundert. Mit einem Repertorium gedruckter südwestdeutscher,
schweizerischer und österreichischer Listen sowie einem Faksimile der Schäffer’schen oder
Sulzer Liste von 1784. (Studien zu Policey und Policeywissenschaft), Frankfurt/Main,
Vittorio Klostermann 2001, 367 pp., ISBN 3-465-03165-2.

1 Blauert and Wiebel present a short, but perceptive contribution to a cultural history of
legal and police practices in early modern Germany. They offer new insights into the
practices of identification, surveillance, and detection mainly in the 18 th century. The

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two authors are not interested simply in a genealogy of modern techniques, rather they
reconstruct police and legal practices within the context of early modern strategies of
classification, communication, and an attempt to ‘map’ the social world.
2 Blauert and Wiebel were already well versed in the study of the early modern penal
apparatus when they embarked on a new project, from which this book emerged. In
this new project they systematically collected and surveyed lists of wanted persons,
which had been compiled and published by magistrates, local prosecutors, and central
legal authorities between the late 17th and the early 19 th centuries in southwestern
Germany.
3 The southwestern part of the German Empire is one of the most interesting regions
with regard to vagrants and bandits. An abundance of small principalities, each with its
own jurisdiction, dispersed settlement, productive farmers and craftsmen, and well-
known pilgrimage sites, attracted a large number of beggars, vagrants, and thieves. As
individuals they were tolerated by the rural population, for which they also provided
important services. Local officials prosecuted them for – mainly – petty crimes. Some
prosecutors, however, went beyond solving single crimes and tried to reconstruct a
well-connected criminal underworld, which they perceived as a heavy burden on the
state and society. From this perspective, the authors’ choice of the southwestern part
of Germany for the study of the production and usage of lists of wanted people makes
perfect sense.
4 Under the direction of central legal authorities and/or as a result of their personal
initiative, ambitious magistrates collected information about the social and family
network of criminals. One of these lists, the famous compilation of names and personal
descriptions of almost 700 vagrants and criminals published in 1784 by Georg Jacob
Schäffer, is reproduced in facsimile in the appendix of this book. These lists were
circulated primarily within the legal apparatus. They provided evidence of the serious
threat posed by professional property criminals as well as information to help identify
them behind their many masks. In order to fully understand the mindset of 18 th
century magistrates and penal policy, we need to keep in mind one important
observation of Blauert and Wiebel: “It is striking… that the lists of Gauner (i.e.
professional property criminals) mentioned a significant number of people, mainly
women, who were not charged explicitly with any specific crime.” (68) The target
group thus consisted of people, either who were believed to be particularly prone to
commit crimes or whom magistrates suspected of being criminals without yet having
sufficient evidence of their crimes.
5 In their analysis of the administrative procedures from which these lists emerged,
Blauert and Wiebel provide important insights into the workings of the penal
apparatus during the early modern period. In short, one could argue that ambitious
magistrates of the 18th century were confronted with a completely opposite set of
problems than modern police detectives. In the 18th century, magistrates often had
suspects in their custody who had been arrested for vagrancy and some petty crimes,
but whose identity as professional criminals remained hidden. The published lists of
wanted persons played an important role in the identification, i.e. the unmasking, of
dangerous individuals. The reflection of Blauert and Wiebel on the penal apparatus and
the history of the wanted posters (Steckbriefe) offers new insights and a substantial
contribution to a cultural history of law and policing.

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
146

6 Browsing through Schäffer’s list, the reader is immediately struck by the richness of
evidence concerning the physical characteristics and social circumstances of almost
700 Gauner. As we learn from Blauert and Wiebel, the inclusion of anecdotal evidence
discredited Schäffer’s list in the eyes of more bureaucratically minded people, such as
the members of the Austrian government (101). However the richness of information of
this and other lists of wanted people attracted social historians interested in the
problem of crime and criminals. It is a remarkable strength of this book that Blauert
and Wiebel not only focus on the production of these lists and their usage in prevention
and detection strategies, but also look at the ‘secondary’ analysis of these data within
social historical research. In fact, this ‘secondary’ analysis has a rather dismal
precursor in the racial biological projects of the Third Reich – a fact that is not
systematically elaborated within this book.
7 From a cultural historical perspective, the remarks on the clothing and habits of Gauner
are very interesting. They support fully the assertion that these lists «combined in a
specific manner reports and descriptions from the milieu of the vagrants, beggars, and
thieves with the attitude of the authorities towards this milieu» (49). The defendants’
descriptions of their comrades was put into protocols in a way which made sense to the
investigating judge and his comrades as the readers of the publications. The phrasing,
too, of the description offers interesting insights into the modes of perception and
representation of the time: «Heinerle or Freyämtler dresses like a peddler in textiles…»
(60). This description refers to the existence of a stable regional-professional ‘dress
code’, which was easily decodable by contemporaries but is difficult to decipher for the
historian.
8 Equally interesting are the authors’ remarks on the organization of the criminal
underworld. On the basis of their systematic reading of a large number of lists of
wanted persons, they caution against the undifferentiated use of the concept of
criminal gangs to describe the social and professional networks on the margins of
society. Blauert and Wiebel argue very convincingly that there existed collaboration
and a rather strong social and cultural cohesiveness between people living on the road.
At the same time, they underline that the very concepts used to describe these social
and professional contacts reflected the perception of the authorities and their
understanding of the ‘underworld’.
9 This book can be strongly recommended to anyone interested in the history of the
penal apparatus and, especially, to those researchers who would like to explore
classification practices and physiognomic descriptions in the 18 th century. Under the
guidance of the brief but thought-provoking introduction, the inquisitive historian will
gain many insights from the facsimile reproduction of the list of 1784.

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
147

AUTHORS
PETER BECKER
European University Institute, Florence, pbecker@datacomm.iue.it

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
148

Harald Buhlan, Werner Jung (eds.),


Wessen Freund und wessen Helfer ? Die
Kölner Polizei im Nationalsozialismus
Köln, Emos Verlag, 2000, 675 pp., ISBN 3-89705-200-8 (Schriften des
Dokumentationszentrums der Stadt Köln, Bd. 7).

Benoit Majerus

RÉFÉRENCE
Harald Buhlan, Werner Jung (eds.), Wessen Freund und wessen Helfer ? Die Kölner Polizei im
Nationalsozialismus, Köln, Emos Verlag, 2000, 675 pp., ISBN 3-89705-200-8 (Schriften des
Dokumentationszentrums der Stadt Köln, Bd. 7).

1 Avant même la fin du Troisième Reich il ne faisait plus de doute pour la plus grande
partie de la population que ce régime était un état policier. La fameuse Gestapo en
devint très vite le symbole. Pendant de longues décennies, les historiens semblaient
s’accommoder de cette image d’Épinal. Depuis une quinzaine d’années,
l’historiographie a commencé à s’intéresser de plus près à la branche la plus
« mythique » de l’appareil de surveillance. Un groupe d’historiens allemands autour de
Gerhard Paul et Klaus-Michael Mallmann a proposé une interprétation diamétralement
opposée à celle qui dominait jusqu’à ce moment : la Gestapo y est présentée comme une
police à personnel réduit et peu puissant, une institution qui réagit face à une société
allemande qui s’autocontrôle1. En paraphrasant un bon mot de Hans Mommsen sur
Hitler (schwacher Führer), on pourrait parler d’une police faible. Ce point de vue ne
tarda pas à provoquer des études qui contrebalancent cette thèse (cf. la récente étude
de Eric A. Johnson2). Le débat en cours est le meilleur signe de la vitalité de ce domaine
de recherche. Mais on oublie vite que la Gestapo ne représente qu’un aspect de la police
opérant pendant le Troisième Reich.
2 L’ouvrage recensé ici est un des premiers essais à présenter une histoire globale de la
police allemande entre 1933 et 1945 et même au-delà, vu que l’après-guerre y est aussi

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
149

traitée : d’un côté, sous la question des continuités sociologiques et d’un autre côté,
sous la question des poursuites judiciaires contre des membres de la police allemande
en RFA. Profitant de l’ouverture d’esprit de la police de Cologne, un groupe d’historiens
s’est attaché à dépouiller pendant plusieurs années ces archives redécouvertes. Cologne
était, au moment où Hitler devint chancelier, la quatrième plus grande ville
d’Allemagne.
3 Il serait vain de commenter chacune des vingt-deux contributions; je me limiterai donc
aux articles qui me semblent les plus intéressants.
4 Dans un bref, mais instructif survol historiographique, Herbert Reinke (pp. 51-63)
énonce les résultats et lacunes de l’actuelle recherche. À la fin de sa contribution, il
lance l’hypothèse suivante : la police pendant le Troisième Reich s’est développée en une
police du Troisième Reich. Cette hypothèse pourrait servir de fil rouge à l’étude des
différents corps de police sous le régime nazi. Selon Reinke, le travail policier se
caractérise encore dans les premières années après 1933 par la continuité d’un système
autoritaire; à partir du milieu des années trente, la police allemande participe à un
projet racial (p. 61).
5 Non seulement la Gestapo, mais aussi les bataillons de police, ont acquis, depuis les
travaux de Christopher R. Browning et Daniel J. Goldhagen3, une triste rénommée à
cause de leur participation à l’extermination de juifs et de « partisans » sur le front de
l’Est. Stefan Klemp et Herbert Reinke ont décidé de s’intéresser à un autre front où ces
unités étaient aussi en action, à savoir les Pays-Bas (pp. 263-274). Ils touchent ici à un
domaine dans lequel les recherches sont presque inexistantes. Ce déficit s’explique
entre autres par l’absence de sources. La justice allemande semble avoir peu enquêté
sur ces policiers et les documents judiciaires, qui ont facilité les travaux de Browning,
manquent. Les deux auteurs ont cependant réussi à dégager l’implication du bataillon
de réserve 68 dans la persécution des juifs néerlandais.
6 À côté de la persécution des juifs, le sort d’autres minorités exclues de la
Volksgemeinschaft a récemment attiré l’intérêt des historiens ( cf. les travaux de
Burkhard Jellonek sur les homosexuels et de Michael Zimmermann sur les tziganes) 4.
Frank Sparing livre une analyse du service de la police criminelle responsable de la
persécution des tziganes à Cologne (pp. 519-574). Il souligne d’abord le fait que les
tziganes étaient déjà considérés comme dangereux pendant la République de Weimar.
Leur caractère criminel ne semble laisser aucun doute, ce qui explique que leur
surveillance incombait à la Kriminalpolizei. Ainsi le bureau central pour la lutte contre
les tsiganes (Reichszentrale zur Bekämpfung des Zigeunerunwesens) était issu d’un service
qui existait depuis la fin des années vingt. Il décrit alors d’une manière détaillée les
différentes étapes de l’exclusion de ce groupe de la société allemande qui allait coûter
la vie à 25 000 tsiganes autrichiens et allemands. Mais ce qui donne plus à réfléchir est
la fin de son article : le recensement spécifique des tsiganes après 1945 a été poursuivi
sans interruption. Dans les deux Länder de Hambourg et de Hesse, l’enregistrement se
basait même partiellement sur les numéros tatoués dans les camps de concentration.
7 Au plus tard depuis la biographie de Ulrich Herbert5 sur Best, les historiens se penchent
sur les continuités et ruptures des administrations après la guerre. Dans un article bien
documenté, Stefan Noethen essaie de répondre à cette question en ce qui concerne la
police de Cologne (pp. 575-601). S’il y a des changements à la tête de la police et au
niveau de l’organisation institutionnelle, les continuités qui existent au niveau du
personnel, surtout à partir de la fin des années 40 (où de nombreux anciens policiers

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
150

sont réintégrés dans la police, faute de personnel qualifié), font pencher la balance
plutôt en faveur d’une continuité importante.
8 À côté de ces contributions, de multiples autres aspects sont abordés : analyse de la
Machtübernahme en 1933 (Werner Jung, pp. 64-144), survol administratif des différents
services de police (Harald Buhlan, pp. 145-197), propagande policière (Willy Hansen, pp.
230-262), implication des bataillons de police dans la persécution des juifs à l’Est
(Stephan Klemp, pp. 277-298), fonctionnement de la Kripo à Cologne, poursuite des
asociaux et des homosexuels (Thomas Roth, pp. 424-464, Christa Schikovra, pp. 465-491
et Jürgen Müller, pp. 492-518) et les poursuites judiciaires engagées contre des
membres de la police après 1945 (Stefan Klemp, pp. 602-618 et Heiner Lichtenstein, pp.
619-632).
9 Le présent volume impressionne par sa taille (675 pages). Cologne sera sûrement
encore pour quelques temps la ville où le travail policier pendant les douze années du
régime nazi aura été le mieux étudié. L’histoire des différentes institutions qui
composent « la » police – aussi bien que celle de son fonctionnement à l’étranger ou
celle de leurs victimes – est abordée.
10 L’historiographie sur le sujet s’enrichit de plus en plus de ces monographies locales 6. Ce
volume permettra de reconstruire une nouvelle histoire de la police allemande, « par
en bas ». Mais la richesse du volume, c’est-à-dire son exhaustivité, peut aussi poser
problème. Même si le livre est issu d’un projet commun, le fil conducteur semble
manquer. Les articles se suivent sans qu’une logique (autre que chronologique) relie les
différents travaux. Parfois une contribution ressemble à une simple énumération plutôt
qu’à une véritable analyse. De plus les différents services de police semblent évoluer en
vase clos. Une seule contribution s’intéresse aux relations entre la Gestapo et le reste de
la police (Severin Rueseling, pp. 198-229). Finalement on aurait bien aimé voir un
intérêt plus prononcé pour les relations que la police entretient avec les autres
institutions responsables du maintien de l’ordre (moral, social…) dans une grande ville
comme Cologne (p. ex. les services sociaux).

NOTES
1. Cf. Paul, Gerhard, Mallmann, Klaus-Michael (eds.) Die Gestapo im Zweiten Weltkrieg. «Heimatfront»
und besetztes Europa, Darmstadt, 2000, livre dans lequel les deux auteurs essaient de répondre aux
critiques qui leur ont été adressées après la publication de leur livre Die Gestapo. Mythos und
Realität, Darmstadt, 1995.
2. Eric A. Johhnson, Naziterror: the Gestapo, Jews, and Ordinary Germans, New York, Basic Books,
1999.
3. Christopher R. Browning, Des hommes ordinaires. Le 101e bataillon de réserve de la police allemande
et la solution finale en Pologne, Paris, Les Belles Lettres, 1994. Daniel J. Goldhagen, Hitler’s Willing
Executioners. Ordinary Germans and the Holocaust, New York, Knopf, 1996.
4. Burkhard Jellonek, Homosexuelle unter dem Hakenkreuz. Die Verfolgung von Homosexuellen in Dritten
Reich, Paderborn, 1990; Michael, Zimmermann, Rassenutopie und Genozid. Die nationalsozialistische
«Lösung der Zigeunerfrage», Hambourg, 1996.

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
151

5. Ulrich Herbert, Best: Biografische Studien über Radikalismus, Weltanschauung und Vernunft,
1903-1989, Bonn, 1996.
6. Par exemple Linck, Stefan, Der Ordnung verpflichtet: Deutsche Polizei 1933-1949. Der Fall Flensburg,
Paderborn (e.a.), 2000.

AUTEURS
BENOIT MAJERUS
benoit.majerus@cegesoma.be

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
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Louis Devance, Entre les mains de


l’injustice : l’affaire Vaux et Petit
(1851-1897)
Dijon, EUD, 2000, 489 pp., ISBN 2-905965-43-6

Jean-Marc Berlière

RÉFÉRENCE
Louis Devance, Entre les mains de l’injustice: l’affaire Vaux et Petit (1851-1897), Dijon, EUD,
2000, 489 pp., ISBN 2-905965-43-6.

1 Dans un récit fondé sur une exploitation minutieuse de sources multiples et variées,
Louis Devance remet en lumière le véritable «crime judiciaire» que fut, en 1852, dans le
contexte de la terrible répression des républicains qui suit le coup d’État du 2 décembre
de Louis-Napoléon Bonaparte, la condamnation de deux «rouges» aux travaux forcés
sur une accusation plus que suspecte d’incendies volontaires. Partant d’une
reconstitution érudite des faits, de l’évocation vivante et colorée du milieu social et
géographique qui a vu naître l’affaire, étudiant rumeurs et suspicions exacerbées par
les clivages sociaux et les passions politiques des années qui séparent la révolution de
1848 de l’installation du Second Empire, c’est tout le dysfonctionnement d’une machine
judiciaire aux ordres, l’arrivisme, la servilité ou la lâcheté de magistrats plus soucieux
de préserver l’ordre social et politique que de rendre la justice que Louis Devance met
au jour avant d’évoquer le milieu pénitentiaire, le bagne et la Guyane, sous un angle
original grâce aux archives familiales, aux lettres, aux témoignages, aux récits de
l’épouse et des enfants de Pierre Vaux qui l’ont rejoint en Guyane où les deux
condamnés devaient mourir – en 1875 et 1881 – sans que la République des notables
aient cru bon de déjuger la justice impériale. Montrant comment l’injustice et la
détention peuvent finalement détruire l’humanité de ceux qui les subissent, le livre se
termine par le récit des efforts d’un groupe de démocrates bressans pour obtenir la
réhabilitation de deux républicains injustement condamnés. Un professeur du collège

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
153

de Louhans – Auguste Buchot, le «Zola» de l’affaire Vaux et Petit –, un directeur de


journal, un juge de paix retraité, rejoints par le propre fils de Pierre Vaux – le fils
admirable – et toute une solidarité locale, préfigurant l’œuvre des dreyfusards, vont
réaliser dans les années 1870, un travail méthodique pour démontrer l’innocence des
condamnés, y compris la publication d’un feuilleton dans la presse. Deux décennies
avant l’affaire Dreyfus, on découvre – loin de la scène parisienne et des vedettes du
monde politique – la même lutte obstinée et admirable contre la dérive criminelle
d’’une justice soumise au politique. Finalement, l’affaire Vaux et Petit, aujourd’hui bien
oubliée, finira par croiser «l’Affaire», en 1897-1898, quand la réhabilitation des deux
condamnés bourguignons est arrachée dans le contexte de la lutte pour la révision du
procès du déporté de l’île du Diable dont elle stimule et encourage les partisans. Un
ouvrage indispensable pour la connaissance de la justice et de ses rouages et
dysfonctionnements, pour celle de la déportation et du bagne, pour ne rien dire des
effets et avatars de la mémoire.
2 Cet ouvrage a obtenu le Prix Malesherbes 2002 de l’Association Française d’Histoire de la Justice.

AUTEURS
JEAN-MARC BERLIÈRE
Université de Bourgogne, berliere@yahoo.fr

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
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Martin Dinges, Fritz Sack (eds.),


Unsichere Grosstädte? Vom Mittelalter
bis zur Postmoderne
Konstanz UVK Universitätsverlag Konstanz GmbH, 2000, 396 pp., ISBN
3-87940-652-9

Susanne Pohl

REFERENCES
Martin Dinges, Fritz Sack (eds.), Unsichere Grosstädte? Vom Mittelalter bis zur Postmoderne,
Konstanz UVK Universitätsverlag Konstanz GmbH, 2000, 396 pp., ISBN 3-87940-652-9.

1 The collection of essays entitled «Unsichere Grossstädte» edited by Martin Dinges and
Fritz Sack is an excellent contribution to the growing historiography of crime and
society in Europe. In addition to an extensive introduction, the volume contains fifteen
articles spanning the period from the Middle Ages to the end of the twentieth century.
One article on early modern Rome, and two on American cities add a comparative
perspective to the central focus on German cities. In their introduction, Dinges and
Sack present an overview of the semantic history of the concept of «safety» from the
Middle Ages to the present. The discussion of the safety discourse of current society is
especially detailed. Their analysis provides a well-argued theoretical framework
connecting the articles of the collection and offering provocative approaches to the
question of safety in the cities.
2 In their discussion, Dinges and Sack acknowledge a debt to British and American
historiography and argue that Germans would benefit from incorporating Anglo-
American research into their analyses of crime. The editors criticize how the majority
of German historians and criminologists approach the question of safety through the
analysis of statistics. The authors argue that these statistics reveal much about the
institutions that produce them, but are not a reliable indicator of the actual safety of
the city. Neither is the level of anxiety about safety an indicator for the objective

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
155

danger to the public. Dinges and Sack believe that such anxiety seems actually to
increase as a result of the measures taken to police the crime rate. Instead, they suggest
that a concern with the social context that produces such anxiety is a more fruitful
endeavor than the search for the perfect statistic. The production of an anxiety
discourse about safety can be an effective strategy to promote a political or economic
group, which can then pose as the protector of a social order under threat. Heightened
anxiety and stronger growing clamor for stricter security measures have produced
changes in social attitudes towards delinquents. Rather than locating the cause for a
perceived increase in crime in social and economic factors in the environment of the
transgressor, public consensus seeks to eliminate and eradicate the causes for unsafety.
Dinges and Sack characterize this development as a shift from a welfare to a punitive
state. This constitutes a reversal from the situation at the end of the late nineteenth
century, when increasing concern for the social causes of delinquency promoted the
origins of the welfare state. Minorities, such as poorer classes or immigrants, feel the
brunt of this reversal since the late twentieth century, as society identifies them
increasingly as «dangerous classes» that must be eliminated or marginalized rather
than integrated through welfare programs. Drawing on Barbara Ehrenreich, Dinges and
Sack identify the causes of this change as a middle class «fear of falling»: a fear
resulting from a perceived threat posed by left wing movements with a more
egalitarian social vision since the sixties. The postmodern state has turned from a
liberal, or welfare state to a neoliberal or «revenge state» (revanchistischer Staat) where
privileged groups look to draw rigid boundaries around themselves. Cities
characterized by the coexistence of various social groups in a concentrated space are a
perfect study ground to trace these social and political developments.
3 A striking feature of the volume is the tight connection between the various essays. The
articles on postmodern society by Susanne Krassmann, Klaus Ronneberger and Herbert
Beste revisit the theme of a shift towards a punitive state discussed in the editors’
introduction. Krassmann uses Michel Foucault’s concept of governmentality to explain
this trend. The neoliberal state promotes an entrepreneurial mentality that challenges
citizens to take full responsibility for their life choices. This strategy of
«responsibilization» justifies aggressive measures in crime prevention and
punishment. Ronneberger discusses the practical applications of neoliberal politics in
his article on safety measures in present day German cities. He concentrates on current
trends to create safe spaces within cities that attract middle class citizens for the
pursuit of commercial and leisure activities. Urban planners employ strategic design
and aggressive surveillance and expulsion strategies to exclude groups considered
dangerous from shopping malls and themeparks. Herbert Beste’s article focuses this
discussion in a case study of late twentieth century Frankfurt. He argues that private
security has become an important factor in the construction of a clean, safe city. The
willingness of the police not only to cooperate with these agents but also to tolerate
their often illegal methods erode the constitutional norms of civic liberty in the
neoliberal city.
4 The specter of the American city with its often sharp divisions into safe zones
(shopping malls, gated communities) and unsafe zones (ghettoization) looms in the
background of these discussions. New York City under its mayor Rudolph Giuliani
constitutes an especially important point of reference and comparison. Ronneberger,
for example, sees in the politics of space in present-day German cities a gradual
imitation of New York’s «zero tolerance» policy, which to him is synonymous with a

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
156

shift toward a controlling, punitive state. The last article in the collection by Henner
Hess provides a detailed discussion of New York’s «broken windows» politics.
According to this theory, effective crime prevention starts with aggressive measures
against disorder of any kind, even against apparently small transgressions such as
graffiti spraying or fare dodging in the subway. Unlike other authors, Hess does not
interpret these security measures as an indicator of a shift towards a repressive state,
but as an effective way to reduce the crime rate. He does not share the editors’
apprehension about statistics, but instead proves his point by detailing the
development of the crime rate since the 1970’s. The inclusion of different
interpretations and methods to analyze current security measures should stimulate
discussion and further research. It also makes the book excellent material for
classroom use.
5 The articles on the premodern period provide interesting points of comparison to the
postmodern security discussion. For example, the sources of anxiety about security
differed. Peter Schuster’s article on late medieval Constance as well as Gerd
Schwerhoff’s article on early modern Cologne argue that the inhabitants regarded their
cities as islands of relative safety and trusted the force of its laws. According to
Schuster, anxiety was located in a more unpredictable source: God’s anger over
citizens’ immoral behavior that manifested itself in epidemic illnesses or foreign
attacks. Unlike in modern cities, violence in the streets was not a major source of
anxiety. Schuster stresses that theft constituted a far greater safety threat than
violence. Schwerhoff points out that ritual fights in the defense of honor among middle
class citizens were an accepted part of daily life and not harshly persecuted. Joachim
Eibach’s article on eighteenth century Frankfurt provides a bridge to the modern day
security experience. He argues that middle class citizens no longer participated in
violent street fights which were increasingly associated with lower class criminality.
6 Points of similarity with the postmodern period emerge as well, when several authors
discuss strategies premodern cities used to create a sense of security. Schuster and
Schwerhoff claim that cities tended to deflect anxiety onto groups considered
dangerous, most often strangers, who then became victims of expulsion campaigns or
exemplary punishments. With increased urbanization in the eighteenth century, Eibach
shows that groups within the city, especially immigrants, became the focus of urban
anxiety. The promotion of an anxiety discourse about safety could work to stabilize
authority in premodern as well as in postmodern cities. Threats to urban safety were
the recurring topics of edicts in eighteenth century Frankfurt. Eibach argues that the
magistrate used these edicts to create a reality of unsafety even though Frankfurt was
relatively safe in comparison with other European cities. The edicts justified aggressive
security measures that legitimated the magistrate’s authority.
7 The articles on postmodern cities stress the potential of the state to effectively
supervise and control its citizens. They provide thought-provoking discussions of
current trends, but lack an exploration of spaces within society that were less
influenced by the politics of the neoliberal state or of strategies social actors can use to
evade or partially compromise these politics. Given the weaker executive in the earlier
epoch, the articles on the early modern period tend to focus more naturally on the
compromises and negotiations that premodern security enforcement entailed. For
example, Carl Hoffmann and Gerd Schwerhoff point out that early modern cities used a

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
157

range of punitive and restitutive measures (such as private arbitration) to compensate


for the weak executive.
8 Cooperation of the citizens was essential to early modern law enforcement. Carl
Hoffmann and Andrea Bendlage present differing views of its success. Despite
occasional resistance against the magistrate, Hoffmann argues that there was a general
norm consensus amongst Augsburg’s early modern citizens. Bendlage considers the
relationship between citizens and law enforcement officials in a more problematic
light. During the sixteenth century, the magistrate departed from an earlier emphasis
on mediation and consensus and adopted more rigorous social disciplining measures.
Citizens reacted to this change with an increasing marginalization of and resistance
against city officials. Peter Blastenbrei’s discussion of sixteenth century Rome
highlights the differences in the relationship between citizens and magistrates in
various early modern cities: cooperation with the police was a utopia in early modern
Rome. The average Roman citizen distrusted the justice system due both to frequent
policy changes from mild to harsh measures and the consistently lenient treatment of
the nobility. As a consequence, Romans resented and resisted the police.
9 The effectiveness of police officials in enforcing security measures is also a topic in the
essays on the modern period. Herbert Reinke shows how rapid urbanization in imperial
Germany led to an increased anxiety about safety issues. As a result of repeated calls for
modernization, the Berlin police divided into specialized units and adopted scientific
methods to aid in the apprehension of delinquents.
10 The articles by Peter Lessmann-Faust and Patrick Wagner/Klaus Weinhauer provide
examples of the practice of police operations in the Weimar Republic. Lessmann-Faust
demonstrates that in the late 1920’s the Prussian government was successful in
promoting the influence of its police over the Reichswehr, which had been responsible
for internal security until this time. Despite its increasing popularity, the efforts of the
Prussian police to safeguard the streets against National-socialist violence was
compromised by the increasing infiltration of the justice system with Nazi
sympathizers. Patrick Wagner and Klaus Weinhauer discuss police attitudes towards
underworld associations (Ringvereine) and wild youth gangs (Wilde Cliquen) around 1930.
Enforcement of security measures against the Ringvereine was the result of a
negotiation between police and these associations. On the one hand, members were
loyal to the Ringvereine and resisted cooperation with the police. On the other hand,
these groups were also able to enforce behavioral standards among their members and
to guarantee a certain amount of order in the quarters that they dominated. This was
acknowledged by the police who were therefore principally ready to tolerate their
existence.
11 Most authors locate sources of security anxiety in class conflict. The articles by Gerd
Schwerhoff, and Dietlind Huechtker introduce the category of gender, and Norbert
Finzsch’s article focuses on problems of race. These articles therefore demonstrate
other fruitful directions that would stimulate a historiographical discourse about
safety. Schwerhoff explores how the experience of security may have been different for
men and for women in sixteenth-century Cologne, and he also raises the important
question of domestic safety. Dietlind Huechtker demonstrates how the localization of a
security anxiety in a perceived amorality of the lower classes had important
repercussions for the politics of gender in early nineteenth-century Berlin. Prostitution
was considered a particular danger as it provided a possible connection between lower

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
158

class women and middle and upper class men; a contact that could infect the rest of
society. This ideology justified aggressive police measures, which then had to be
negotiated with the agenda of the Prussian Reforms seeking to safeguard the private
sphere of citizens. Gender differential treatment was the result of this negotiation:
while the private sphere of the male upper class client was safeguarded, the police
aggressively supervised the female prostitute. Gender politics masked as security
politics had consequences also for middle and upper class women, whose movements
were restricted with the goal to «protect» them from contact with «dangerous»
females. Norbert Finzsch’s article on the police in nineteenth-century Washington D.C.
introduces the category of race into the security discussion, as he analyzes how racism
affected the police’s treatment of African-Americans and Irish immigrants.
12 The security discussion in this volume could have been more comprehensive through a
further exploration of gender, domestic safety/violence and race, as well as of a
discussion of the differences between the security experience in city and countryside.
As it is, this collection is incredibly cohesive, and can be read as a continuous history of
the concept of safety/unsafety in the city from the medieval to the postmodern period.

AUTHORS
SUSANNE POHL
Cornell University, sp108@cornell.edu

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
159

Jean-Claude Farcy, L’histoire de la


justice française de la Révolution à nos
jours
Paris, PUF, coll. Droit et justice, 2001, 494 pp

Guillaume Mouralis

RÉFÉRENCE
Jean-Claude Farcy, L’histoire de la justice française de la Révolution à nos jours, Paris, PUF,
coll. Droit et justice, 2001, 494 pp.

1 Jean-Claude Farcy dresse un bilan historiographique de « l’histoire de la justice


française » – prise au sens large – « de la Révolution à nos jours ». Il s’agit d’un
« panorama le plus complet possible » (16) des travaux réalisés entre 1970 et 1999, soit
« près de 5 200 références (…) dont beaucoup (…) émanent d’érudits locaux ou de
professionnels de la justice » (17).
2 Après un premier chapitre s’interrogeant sur la jeunesse relative de l’objet d’étude, cet
ouvrage entend explorer « les quatre grandes directions empruntées par la recherche »
(18) depuis une trentaine d’années (quatre chapitres suivants).
3 Les causes de la jeunesse de l’histoire de la justice sont autant internes à la discipline
qu’externes à celle-ci. Les grands « paradigmes » des années 1960 et 1970
(structuralisme, longue durée, histoire sérielle…) auraient, d’après l’auteur, contribué à
confiner cette histoire aux marges de la recherche. Il nous semble que l’explication est
à nuancer, car dans un sens ces perspectives dominantes n’auraient pas dû exclure a
priori les objets judiciaires et/ou juridiques, si l’on songe par exemple à l’importance
souvent négligée aujourd’hui de la moyenne et longue durée des catégorisations ou des
habitus juridiques. Une cause plus pertinente nous paraît avoir été le désintérêt général
pour le « phénomène étatique », dont on n’apercevait pas suffisamment, du moins en
histoire, le rôle d’encadrement ou même de façonnage du social à travers par exemple

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
160

son pouvoir de classement au moyen de normes plus ou moins contraignantes. Quant


aux causes externes à la discipline, elles nous semblent plus convaincantes : il s’agit de
la montée en puissance depuis une vingtaine d’années au moins des modes juridiques
de règlements des conflits (augmentation considérable du contentieux) et du pouvoir
judiciaire au sens large.
4 La criminalité et ses lectures (61-148) constituent la première de ces directions et sans
doute une des plus anciennes. On retiendra ici avant tout l’effort fait par l’auteur pour
distinguer entre les grandes approches de l’histoire de la criminalité et pour proposer
des pistes nouvelles de recherche (100-148). Parmi les grandes approches (histoire des
représentations, étiologie du crime, approche anthropologique), une des plus
heuristiques semble finalement être l’approche sociologique, qui à la suite de
Durkheim, s’interroge sur la construction à la fois pénale et sociale de la criminalité. Le
« détour » par les théories du crime, en particulier par une sociologie criminelle qui
entend explorer « la réaction sociale à la transgression des règles », permet d’orienter
la recherche vers une approche de type interactionniste, à condition toutefois de ne pas
faire l’impasse d’une étude des transgressions elles-mêmes.
5 « Normes, institutions et pratiques judiciaires » constituent la seconde thématique
explorée par la recherche des trois dernières décennies (149-264). Comme le souligne
l’auteur, les historiens des lettres ne se sont qu’incidemment penchés sur la question
des modes de production du droit, en particulier le droit pénal. Malgré tout, trois types
d’acteurs ont retenu l’attention : les « entrepreneurs de morale », les acteurs politiques
(gouvernement, parlement) et les mouvements d’opinion. Le rôle de la jurisprudence
comme de la doctrine dans les processus de production et de (re)définition des normes
restent souvent dans l’ombre. Malgré un intérêt ancien pour les institutions judiciaires,
la plupart des études sur ce thème portent encore sur le moment fondateur de
l’appareil judicaire moderne, c’est-à-dire la Révolution et l’Empire. Les travaux en
général plus récents consacrés au personnel judiciaire (magistrats et avocats avant
tout) restent également attachés à la période révolutionnaire et sont, là aussi, marqués
par des préoccupations actuelles. Quant aux pratiques judiciaires, on note un intérêt
pour l’attitude des justiciables, que ce soit à travers la question de l’infrajudiciaire (soit
les formes d’évitememt de la justice pénale) ou, au contraire, celle de la litigiosité (au
civil).
6 Un troisième courant porte son attention sur les « prisons et [les] pénalités » (265-334).
Ces études ont d’abord fleuri à partir de la fin des années 1960, dans le sillage d’un
intérêt pour les marginaux et d’interrogations sur « l’impossible prison ». Les travaux
sur le régime des peines et l’évolution des conceptions pénales ont été renouvelés par
deux grandes interprétations générales : celle de Michel Foucault (Surveiller et punir) et
celle de Georg Rusche et Otto Kirschheimer (Peine et structure sociale) qui envisagent la
prison comme mode de domination et de régulation sociale. En partie marqués par ces
modèles, les historiens se sont surtout penchés sur les diverses formes de
l’enfermement (prison et bagne en particulier) et sur la pratique de la peine de mort
depuis la Révolution.
7 La recherche historique des dernières décennies s’est enfin abondamment consacrée au
rôle de la justice dans les répressions politiques (335-452). J.-C. Farcy pose certes la
question épineuse de savoir s’il existe une « spécificité de la justice politique ».
Toutefois, à la différence des chapitres précédents, il ne revient pas sur les grandes
interprétations théoriques du phénomène en question, en particulier sur l’ouvrage

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
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classique de Otto Kirschheimer (Political Justice. The Use of Legal Procedure for Political
Ends, 1961), qui souligne les contradictions essentielles de la justice politique, « fatalité
et promesse » illusoire pour les victimes, efficacité limitée pour le pouvoir. Mais on
pourrait renvoyer également aux analyses de Hanna Arendt (sur le rôle de la justice
dans les systèmes totalitaires) ou d’Annie Kriegel (Les grands procès dans les systèmes
communistes), il est vrai menées dans d’autres contextes que le contexte français. Après
avoir noté l’intérêt récent (en France) pour la violence politique et le flou propre aux
infractions politiques, l’auteur souligne que cette justice se caractérise par le recours à
des juridictions d’exception, à des pénalités souvent particulières et, pourrait-on
ajouter, à des magistrats soigneusement choisis et parfois non professionnels.
Toutefois, comme le montre bien l’auteur, la tentation a toujours été grande de
recourir aux juridictions et au droit pénal ordinaires afin de dénier tout caractère
politique à des opposants ravalés ainsi au rang de simples délinquants. Après un aperçu
chronologique de « la litanie des répressions politiques » de la Révolution à la guerre
d’Algérie (362-423), l’ouvrage s’interroge sur la notion de crime d’État, qui recouvre
bien souvent des pratiques extrajudiciaires. On regrettera ici l’absence de références
aux analyses menées à l’étranger sur la criminalité dite « systémique » et la difficulté
pour la justice d’un État démocratique de punir a posteriori de tels crimes au moyen du
droit pénal… ordinaire. Il est également frappant que l’historiographie française semble
largement ignorer les réflexions menées en Allemagne et dans les pays anglo-saxons
sur le rôle de la justice pénale dans l’économie générale de la gestion étatique d’un passé
dictatorial (à côté d’autres mesures telles que l’épuration professionnelle ou les
réparations en faveur des victimes).
8 En somme, cet ouvrage nous paraît être un outil indispensable à tous ceux –
notamment les historiens – qui travaillent sur des phénomènes judiciaires. Il leur offre
en effet la possibilité de mettre en perspective leur propre travail par rapport aux
grands courants historiographiques de ce champ relativement nouveau.

AUTEURS
GUILLAUME MOURALIS
IHTP, Cachan / Centre Marc Bloch, Berlin, g.mouralis@free.fr

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
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Association française pour l’histoire


de la justice, La justice des années
sombres
préface de Pierre Truche, Paris, La Documentation Française, coll.
Histoire de la justice, n°14, 2001, 335 pp.

Guillaume Mouralis

RÉFÉRENCE
Association française pour l’histoire de la justice, La justice des années sombres, préface
de Pierre Truche, Paris, La Documentation Française, coll. Histoire de la justice, n°14,
2001, 335 pp.

1 Ce recueil, issu d’une journée d’étude de l’AFHJ organisée à la cour d’appel de Lyon, se
compose de neuf études consacrées à deux aspects importants de l’histoire judiciaire de
Vichy : l’utilisation de l’appareil judiciaire à des fins répressives et la mise au pas des
professions chargées d’accomplir cette mission. Suscitée par la demande mémorielle du
personnel judiciaire d’aujourd’hui, l’entreprise poursuit des objectifs qui dépassent
parfois le seul éclairage historique. Ainsi Denis Salas s’interroge-t-il en introduction sur
les « leçons » à « tirer de l’expérience judiciaire de Vichy » (17).
2 La première série de travaux porte avant tout sur le fonctionnement des juridictions
d’exception auxquelles le régime ne cessa de recourir (pas moins de neuf juridictions
furent créées de 1940 à 1944). Après une présentation d’ensemble de A. Bancaud
qualifiant de « réserve sans rupture » (66) l’attitude générale des magistrats sous Vichy,
suivent quatre études de cas : la section lyonnaise du tribunal d’État et la section près la
cour d’appel de Lyon (C. Fillon); la section spéciale de Dijon (J.-L. Halpérin); les cours
martiales de « l’État milicien » créées en janvier 1944 (L. Douzou et V. Sansico) et les
tribunaux militaires italiens en Savoie (M. Bussière). On regrettera que l’explication
classique, avancée tardivement en France par Danièle Lochak (1989), postulant une
sorte d’automatisme entre telle position doctrinaire (le plus souvent le positivisme

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
163

juridique) et telle pratique judiciaire (par exemple la soumission à des lois iniques) ne
soit pas davantage interrogée – du moins sur le plan théorique – dans ces différents
travaux. Car la plupart des auteurs montrent la diversité des pratiques concrètes, un
positivisme étroit pouvant le cas échéant servir une stratégie de Résistance.
Contentons-nous sur ce point de renvoyer aux analyses sociologiques de Liora Israël sur
l’engagement des juristes sous le régime de Vichy.
3 Quant aux études consacrées aux professions, elles se penchent tour à tour sur les
avocats et sur les magistrats du parquet. Ces travaux examinent en particulier la
question des purges autant politiques que « raciales » menées par le régime au sein de
ces professions. Y. Ozanam et U. Iannuci étudient successivement l’attitude des
barreaux de Paris et de Lyon de 1940 à 1945. C. Fillon et M. Boninchi s’interrogent sur le
rôle du parquet, qu’ils définissent comme « pivot de la répression » (190) menée par le
régime de Vichy, voire, dans le cas de la zone occupée, comme véritable « interface de
la collaboration » avec les Allemands (195). J.-P. Jean cherche enfin à comprendre la
modification sensible du regard porté sur les magistrats ayant siégé dans les
juridictions d’exception de Vichy. En effet, les magistrats d’aujourd’hui semblent
beaucoup moins indulgents par rapport à leurs aînés impliqués dans la répression
menée par le régime de Vichy. Outre le changement de génération, il semblerait que le
corps soit devenu moins endogène et beaucoup plus diversifié sur le plan sociologique
(242-245).

AUTEURS
GUILLAUME MOURALIS
IHTP, Cachan / Centre Marc Bloch, Berlin, g.mouralis@free.fr

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
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Eva Österberg and Sølvi Bauge


Sogner (eds.), People meet the Law:
Control and Conflict – Handling in the
Courts. The Nordic Countries in the
post – Reformation and pre – industrial
Period
Scandinavian University Press, 2000, 301pp., ISBN 82-518-4011-2

J.A. Sharpe

REFERENCES
Eva Österberg and Sølvi Bauge Sogner (eds.), People meet the Law: Control and Conflict –
Handling in the Courts. The Nordic Countries in the post – Reformation and pre – industrial
Period, Scandinavian University Press, 2000, 301pp., ISBN 82-518-4011-2.

1 This important and illuminating collection of essays is the result of a Nordic Research
Project, funded by the Joint Committee of the Nordic Research Councils for the
Humanities. The Joint Committee can rest assured that its support for this project was
well founded. The collection brings together a number of contributions which
demonstrate both a willingness to engage with archival materials and an ability to
confront broader conceptual and theoretical issues. The collection begins with an
introduction by Eva Österberg and Erling Sandmo which sets up some of the running
themes of the collection. This is followed by an essay on ‘The Law and the Judicial
System’ by Ditlev Tamm, Jens Christian V. Johansen, Hans Edwin Naess, and Kenneth
Johansen which addresses such issues as legislation, procedural rules, the legal
profession and the court systems of the various early modern Scandinavian states. This
essay establishes what is to be one of the running themes of the book, its desire, while

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
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showing a full awareness of the different experiences of the various Scandinavian


states, to argue for the existence of a distinctive Nordic legal family. The collection
continues with a detailed and technically accomplished essay by Heikki Ylikangas, Jens
Christian V. Johansen, Kenneth Johansson and Hans Eyvind Naess entitles ‘Family,
State, and Patterns of Criminality’, which traces major developments in the work of the
Scandinavian criminal courts between 1550 and 1800, which begins by examining the
finding that currently roughly half of homicide victims are closely related to their
killers, and goes on the examine broad changes in criminal prosecutions against the
context provided by continuities in concern over personal safely and security. Hans
Eyvind Naess and Eva Österberg then offer an essay on ‘Sanctions, Agreements,
Sufferings’, which, while locating the Nordic experience within thw broader context of
broader European developments, argues for such distinctived elements in the Nordic
criminal justice system as a relatively simple legislative structure and an absence of
professional lawyers from criminal trials until a fairly late date.
2 Sølvi Sogner, Marie Linstedt Cronberg, and Hilde Sandvik, in an essay entitled ‘Women
in Court’, raise the important issue of gender in the early modern coirt system, and
argue that, despite problems of interpretation, it seems that women appeared
frequently in the courts they study, and often proved to be successful litigants. Seppo
Aalto, Kenneth Johansson, and Erling Sandmo, in their essay ‘Conflicts and Court
Encounters in a State of Ambivalence’, examine the gradual process by which, via the
criminal justice system, the power of the central government and the culture of the
learned elite gradually penetrated into local culture. This chapter, perhaps more than
any other in the book, demonstrates the ability to maintain a contrast between
theorising about the major processes at work in the development of the criminal law
over the early modern period, and demonstrating the diversity of the reality of
experiences and individual events which underlay and helped construct, and were
affected by, those processes. This theme also informs Eva Österberg, Malin
Lennartsson, and Hans Eyvind Naess’s essay on ‘Social Control Outside or combined
with the Secular Judicial Arena’. This essay in particular argues that if the ‘Nordic
model’ worked, it did so because it involved not only the pressure ‘from above’ of the
centralising state, but also the pressure ‘from below’ generated by a system which
depended upon a high degree of popular participation, and which was also, in that post
Reformation moral world which found it so difficult to differentiate between crime and
sin, informed by the population’s internalization of a religious value system. The
collection is rounded off by a conclusion by Sølvi Sogner which pulls together the case
for the existence of a ‘Nordic Model’ in the development of Europe’s criminal justice
system.
3 As this brief rehearsal of the essays contained in this collection suggests, it is difficult,
within the limitations of a relatively short review, to do full justice to this volume.
Obviously, there are points here which the reader may find contentious. But, overall,
this collection brings together a fine series of essays which, to a degree unusual in an
exercise of this type, run together coherently to help inform a set of distinct arguments
(one also feels that a word of appreciation for the translator, Alan Crozier, would not be
inappropriate). The experiences of Iceland, Sweden, Norway, Denmark and Finland
(until 1809 part of the Kingdom of Sweden) obviously showed a number of
individualities – as might be expected, for example, developments in Denmark were
generally the most similar to those of the European mainstream. But together, they do

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
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add up to a distinctive experience within one of Europe’s larger geographical zones,


and offer some fascinating points of comparison with the trajectories of change in the
criminal justice systems of other European states. In particular, the consecration in this
volume on the work of the inferior criminal courts demonstrates how the people did
indeed meet the law, and how their voices were heard by the legal systems in question.
As the authors make clear, studying the history of the law, of legal institutions, and of
criminal justice systems involves a lot more than that study of legal codes which
formed the basis of so much earlier legal history. The practice of the courts, and the
ability of these institutions to meet the demands and needs of those who litigated
before them, provides a more vital impression of the importance of the law in early
modern society than does the mere study of legal codes. This popular input may have
diminished, or perhaps may simply have become harder to detect, as the impact of
state law and its more official procedures on local society became more marked. But
what this collection reminds us is that behind such abstract concepts as the growth of
state law, and, indeed, of state formation, their lay an infinity of individual experiences,
aspirations, fears, inadequacies, and desires. The editors and contributors to this
volume are to be congratulated for reminding us of this fact from the perspective of the
Nordic experience, and for doing so in a way that is both scholarly and refreshingly
innovative.

AUTHORS
J.A. SHARPE
University of York, England, jas19@york.ac.uk

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
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Miloš Vec, Die Spur des Täters.


Methoden der Identifikation in der
Kriminalistik (1879-1933)
(Juristische Zeitgeschichte. Abteilung 1, Band 12), Nomos, Baden-Baden
2002, 153 pp., ISBN 3-7890-8222-8.

Peter Becker

REFERENCES
Miloš Vec, Die Spur des Täters. Methoden der Identifikation in der Kriminalistik (1879-1933),
(Juristische Zeitgeschichte. Abteilung 1, Band 12), Nomos, Baden-Baden 2002, 153 pp.,
ISBN 3-7890-8222-8.

1 Miloš Vec analyses in his short, but perceptive contribution to a cultural history of
police and legal practices, the introduction and ‘career’ of new technical tools within
the penal apparatus. He is interested primarily in the reconstruction of the
convergence of penal law, police practices, and technical development. Vec does not
limit his attention to the genealogy of current biometrical visions about a solution to
the crime problem, but looks at the introduction of new technical tools from an
archaeological perspective. Through a close reading of the – for the most part
published – sources of the late 19th and early 20 th centuries, he analyses the legal,
police, and criminological discourses which structured the introduction of new
solutions and were, at the same time, affected by the usage of these innovations.
2 Vec focuses on personal identification techniques, i.e. standardised forms for the verbal
description of facial features, standardised photographic portraits, anthropometric
measures, and, finally, fingerprints. To the existing scholarship on the history of police
techniques, he adds a thorough investigation of the German case, with due
consideration of pioneering French and British initiatives to reform the existing
personal identification techniques. The German case is of particular interest because of
the lack of a central policing authority; policing remained, after 1871, under the

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
168

authority of each states. The introduction of new techniques called for the
establishment of a central clearinghouse. In Germany its location had to be established
through negotiations. This led to quite interesting competition between single states,
which Vec does not systematically discuss, even though this debate would have
provided additional information on the institutional dynamics behind the introduction
of the new techniques.
3 In his reflection on the broader legal and technical context from which these new
techniques emerged, he deploys his wide-ranging competence in legal studies, cultural
history, and the history of technology. To explain the introduction of new tools within
the penal apparatus, he juxtaposes the increasing scepticism of magistrates and penal
experts about the reliability of witnesses and the introduction of circumstantial
evidence in criminal procedures with the availability of new technical tools for the
analysis of the crime scene. One of his many thought-provoking arguments concerns
the empirical evaluation of witnesses’ errors. At the turn of the century, the widely
held belief in the superiority of perception of educated people was systematically
challenged. Education as an indicator of reason was no longer the yardstick for the
assessment of observations by witnesses. This also called into question the dichotomy
between correct and incorrect testimonies. Vec explains the specific response of penal
experts to this unbearable situation with reference to the normalisation paradigm:
«This was the model of the natural sciences: Where the elimination of errors was
impossible, one started to search for the calculation of error margins.» (15) The
awareness of substantial margins of error discredited observations by witnesses even
more and gave increasing weight to the technical analysis of the crime scene.
4 Vec succeeds in not writing a success story of modernisation, professionalisation, and
increasing sophistication. His ‘archaeological’ interest allows him to trace also those
technical solutions which did not survive but still offer telling insights into the
complexity of discourses and practices at the turn of the centuries. Standardisation of
police photography, for example, went hand in hand with the firm belief in the
criminalistic value of the last visual impression of murder victims. The image of the
culprit was believed to be conserved on the retina of the victim; police photographers
tried to reveal this image through sophisticated techniques (29ff). The common
denominator of both the successful and the futile techniques was their trust in
technical progress and their mistrust in the existing strategies of crime-solving. The
discredited practices were based on communication and the representation of facts
through language. In particular, language as a means for representation was called into
question by many contemporary experts. Even the doyen of modern criminalistic
methods, Alphonse Bertillon, expressed his reservation in this respect, as we learn
from Vec (38).
5 In his analysis of the introduction of fingerprinting, Miloš Vec looks at several fields of
discourse and practice. He considers the belief in the superiority of the fingerprint as
the direct ‘copy’ of the body onto paper as well as the debates about the best
codification of fingerprints. Vec’s argument about the relevance of fingerprints as a
means of access to the rapidly expanding data collections of police departments is quite
impressive in its complexity. Vec presents fingerprints certainly not just as a new
registration tool. Fingerprints found at the scene of the crime are given full
consideration as important clues for the identification of culprits.

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
169

6 The usage of fingerprints for the purpose of detection required the availability of a
database of fingerprints for comparison and acceptance of this technical proof within
criminal procedures. Vec argues that the second requirement was more easily met than
the first (99ff). Judges accepted fingerprints as proof of identity, while police databases
registered only fingerprints from previous convicts. In order to improve the detection
rate, police experts wanted to build databases with the fingerprints of as many people
as possible. Vec discusses these efforts under the heading of Volksdaktyloskopie, i.e. the
systematic collection of fingerprints from all citizens.
7 To force every citizen to provide fingerprints for a nation-wide database was
impossible. Nevertheless, there was a substantial collection of fingerprints of non-
criminals in the US at least, as we learn from an illustration in Vec’s book (91).
Unfortunately Vec does not explain how the FBI was able to collect them. In Germany,
even the collection of fingerprints from criminals remained questionable until the
1930s, when, for the first time, the Nazis provided a legal basis for this practice. This
lack of an explicit legal basis is used by Vec to address briefly an important issue for
our understanding of the law and its functioning since the late 19 th century.
Technology and its usage required norms and standards, which were to a large extent
no longer regulated by laws but rather by technical agreements. In the case of
fingerprinting, the law regulated its usage with a significant delay and was strictly
oriented at the existing practices. Vec is not overtly critical about the time lag between
the introduction of new control techniques and their adoption into the code of penal
procedures. This time lag reflects, for Vec, the need for an increasing flexibility of
control techniques in times of rapid change (121).
8 Miloš Vec presents a thought-provoking study of police techniques since the late 19 th
century. He rightly stresses the intrinsic dynamics of the process initiated by
introduction of new technical solutions. These could become the motors of institution
building and individual promotion. He does not address fully, however, the demand for
new solutions resulting from the perceived deficits of the existing techniques. Vec has
reminded us nevertheless of the complexity of technological change and its reception
within a field of discourse and practices strongly dominated by the law. His book can be
strongly recommended to anyone interested in police and legal practices.

AUTHORS
PETER BECKER
European University Institute, Florence, pbecker@datacomm.iue.it

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
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Informations

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Livres reçus / Books received

Bard, Chr., Chauvaud, F., Perrot, M., Petit, J.-G., Femmes et justice pénale, XIX e-XXe siècles,
Rennes, PUR, 2002, 375 pp., ISBN 2 86847 751 8.
Becker, P., Verderbnis und Entartung. Eine Geschichte der Kriminologie des 19. Jahrhunderts
als Diskurs und Praxis, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2002, 416 pp., ISBN 3 525
35172 0.
Brizay, F., Follain, A., Sarrazin, V., (Dir.), Les justices de village. Administration et justice
locales de la fin du Moyen Âge à la Révolution (Actes du colloque d’Angers, 26-27 octobre 2001),
Rennes, PUR, 2002, ISBN 2 86847 754 2, 430 pp.
Cox, P., Shore, H., (Eds.), Becoming Delinquent: British and European Youth, 1650-1950,
Aldershot, Ashgate, 2002, 184 pp., ISBN 0 7546 2228 2.
Fortea, J.I., Gelabert, J. E., Mantecón, T.A., (Eds.), Furor et rabies. Violencia, conflicto y
marginación en la Edad Moderna, Santander, Universidad de Cantabria, 2002, 501 pp.,
ISBN 84-8102-323-X.
Harris, R., Kedar, A., Lahav, P., Likhovski, A., (Eds.), The History of Law in a Multi-Cultural
Society. Israel 1917-1967, Aldershot, Ashgate, 2002, 452 pp., ISBN 0 7546 2145 6.
Holenstein, A., Konersmann, F., Pauser, J., Sälter, G., (Eds.), Policey in lokalen Räumen.
Ordnungskräfte und Sicherheitspersonal in Gemeinden und Territorien vom Spätmittelalter bis
zum frühen 19. Jahrhundert, Frankfurt am Main, Vittorio Klostermann, 2002, 439 pp.,
ISBN 3-465-03226-8 (Studien zu Policey und Policeywissenschaft).
Jackson, M., (ed.), Infanticide. Historical Perspectives on Child Murder and Concealment,
1550-2000, Aldershot, Ashgate, 2002, 308 pp., ISBN 0 7546 0318 0.
Kaluszynski, M., La République à l’épreuve du crime. La construction du crime comme objet
politique 1880-1920, Paris, L.G.D.J. (Coll. Droit et Société/Recherches et travaux/Série
politique n°9), 251 pp., ISBN 2 275 02194 9.
Koskivirta, A., Forsström, S., (Eds.), Manslaughter, Fornication and Sectarianism. Norm-
Breaking in Finland and the Baltic Area from Mediaeval to Modern Times, Helsinki, The
Finnish Academy of science and Letters, 2002, 216 pp., ISBN 951-41-0910-4.
Kümin, B., Tlusty, B. A., (eds.), The World of the Tavern. Public Houses in Early Modern
Europe, Aldershot, Ashgate, 2002, 264 pp., ISBN 0 7546 0341 5.

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
172

Shpayer-Makov, H., The Making of a Policeman. A Social History of a Labour Force in


Metropolitan London, 1829-1914, Hants, Ashgate, 2002, ix + 296 pp., ISBN 0 7546 0337 7.
Vec, M., Die Spur des Täters. Methoden der Identifikation in der Kriminalistik (1879- 1933),
Baden-Baden Nomos, VIII, 153 pp., ISBN 3-7890-8222-8 (Juristische Zeitgeschichte.
Abteilung 1: Allgemeine Reihe, Bd. 12).

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
173

Table des articles de Crime, Histoire et


Sociétés (1997-2002)
Michel Porret

TABLE des articles de Crime, Histoire et Sociétés (1997-2002) [année, tome, numéro]. Les
articles suivis de * ont été couronnés par le Prix Herman Diederiks décerné depuis 1997 à
quatre jeunes chercheurs – dont trois chercheuses – tous prometteurs pour la relève en
histoire du crime et de la justice.
TABLE of articles published in Crime, History and Societies (1997-2002) [year, volume,
issue]. Articles with an * have been awarded the Herman Diederiks Prize. This prize has
been awarded to four young scholars (among them three women), who are very
promising for the future of crime and criminal justice history.

Auteurs / Authors
AGUIRRE,Carlos, «Crime, race and morals: the development of criminology in Peru,
1890-1930», 1998, II, 2, pp. 73-90.
AUBUSSON DE CAVARLAY,Bruno, «Les limites intrinsèques du calcul de taux d’homicides. À
propos de nouveaux standards proposés par Eric Monkkonen», 2001, V, 2, pp. 27-32.
BASTIEN, Pascal, «Usage politique des corps et rituel de l’exécution publique à Paris,
XVIIe-XVIIIe siècles», 2002, VI, 1, pp. 31-56.
BECKER, Peter, «Weak bodies? Prostitutes and the role of gender in the criminological
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Abolitionnisme: 2002, VI, 1, 57-83.


Aliénation mentale: 1999, III, 1, 5-27.
ALLEMAGNE: 1997, I, 1, 29-50; 1997, II, 1, 75-89; 1999, III, 1, 29-44, 45-69, 93-104; 2000, IV, 2,
5-18; 2001, V, 1, 27-51, 53-73, 93-110.
AMÉRIQUE LATINE: 1998, II, 2 (dossier); 1999, III, 2, 95-102.

AMSTERDAM: 1997, I, 1, 9-28.

ANGLETERRE: 1998, II, 1, 5-28; 1999, III, 1, 29-44, 71-79; III, 2, 23-55, 57-72; 2000, IV, 1,
31-61, 63-82, 83-101; 2000, IV, 2, 19-52, 149-156; 2001, V, 1, 27-51; 2002, VI, 1, 5-29; 2002,
VI, 2, 81-102.
Anthropologie criminelle: 1998, II, 2, 73-90; 1999, III, 1, 45-69; 2001, V, 1, 27-51.
Armée: 2000, V, 1, 93-110; 2001, V, 1, 53-73, 93-110, 111-127; 2001, V, 2, 33-67 (voir
police).
Armes à feu (contrôle): 2002, VI, 2, 51-79.
Arrestation: 2000, IV, 2, 77-93 (voir aussi police).
Assassinat du chef d’État: 1999, III, 2, 73-93.
AUSTRALIE: 2002, VI, 2, 81-102.

AUTRICHE: 1999, III, 1, 5-27.

Avocats: 2000, IV, 1, 9-29.


Banditisme, brigandage: 1997, I, 2, 51-73; 2001, V, 2, 107-131.
BELGIQUE: 1998, II, 1, 111-133.

BOSTON: 2000, IV, 1, 31-61.

Bourreau (exécuteur de la haute justice): 2002, VI, 1, 31-56 (voir infamie).


BRÉSIL: 1998, II, 2, 55-71.

CANADA: 1998, II, 1, 75-110; 2000, IV, 1, 83-101; 2002, VI, 2, 51-79.

Cartouche: 1997, I, 2, 51-73.


Centralisation judiciaire et pénale: 2002, VI, 1, 85-103, 105-125.
CHINE IMPÉRIALE: 2002, VI, 2, 29-49.

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
178

Chirurgiens: voir expert(ise), médecine légale.


Code (pénal, civil): 1999, III, 1, 71-91, 93-104; 2002, VI, 1, 85-103, 105-125; 2002, VI, 2,
51-72.
Collaboration: 1998, II, 1, 111-133; 1998, II, 2, 111-119.
Confesseur: 2002, VI, 1, 31-56.
Colonisation: 1998, II, 2, passim. 1999, III, 1, 71-91.
Contrôle social: 1997, I, 1, 71-85; 1997, I, 2, 29-50, 75-89; 1998, II, 1, 49-73; 1998, II, 2,
55-71; 1999, III, 1, 93-104, 5-27; 1999, III, 2, 57-72; 2000, IV, 1, 63-82; 2000, V, 1, 27-51;
2001, V, 1, 53-73; 2000, V, 2, 133-148; 2002, VI, 2, 51-79, 81-102, 103-126, 127-128 (voir
aussi ordre public, police).
Corps: passim.
Crétinisme: 1999, III, 1, 5-27.
Crime: passim.
Crime politique: 1999, III, 2, 73-93.
Criminalité associative: voir banditisme, brigandage.
Criminologie: 1998, II, 2, 73-90; 1999, III, 1, 45-69; 2001, V, 1, 27-51, 129-133 (voir
anthropologie criminelle, expert(ise), médecine légale).
Culture juridique: 1999, III, 1, 71-91; 2000, IV, 1, 9-29, 31-61, 83-101; 2000, IV, 2, 95-120;
2001, V, 1, 75-91; 2002, VI, 2, 5-28, 29-49.
Défense: voir avocats.
Délits forestiers: 2002, VI, 1, 105-125.
Délinquance juvénile: 1998, II, 1, 75-110; 2002, VI, 2, 81-102.
Déportation coloniale: 2002, VI, 2, 81-102.
Désertion: 2001, V, 1, 75-91, 93-110.
Détournements de biens sur le lieu de travail: 1999, III, 2, 57-72.
Deuxième Guerre mondiale: 1998, II, 1, 111-113; 1999, III, 1, 105-127; 2000, IV, 2, 5-18.
Droit canon: 1998, II, 1, 29-48; 2002, VI, 2, 5-28.
Duel: 2002, VI, 2, 5-28.
Échafaud: voir peine capitale.

Elias, Norbert: 2001, V, 2, 87-105; 2002, VI, 2, 103-126, 127-128.


Entraide judiciaire: 2001, V, 2, 107-131.

ESPAGNE: 1997, I, 2, 5-27; 1998, II, 1, 49-73; 1999, III, 2, 5-21.

ÉTATS-UNIS: 2000, IV, 1, 31-61; 2001, V, 1, 93-110.

Expert(ise): 1999, III, 1, 5-27, 45-69; 1999, III, 2, 5-21; 2001, V, 129-133.
Femmes: 1997, I, 1, 9-28; 1998, II, 2, 35-53, 55-71; 1999, III, 1, 45-69; 1999, III, 2, 5-21.
FRANCE: 1997, I, 1, 71-85; 1997, I, 2, 29-50, 51-73; 1998, II, 1, 29-48; 1998, II, 2, 111-119;
1999, III, 1, 29-44, 105-127; 1999, III, 2, 73-93; 2000, IV, 1, 63-82, 103-120; 2000, IV, 2,
19-52, 53-76, 149-156; 2001, V, 1, 7-25, 27-51, 53-73; 2002, VI, 1, 31-56, 57-83, 85-103,
105-125; 2002, VI, 2, 5-28.
Fraude: 2001, V, 1, 7-25.
Frédéric II de Prusse: 1999, III, 1, 93-104.

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
179

Gendarmerie: voir police.


GENÈVE: 2000, IV, 1, 9-29; 2001, V, 1, 75-91; 2001, V, 2, 107-131.

Genre: 1998, II, 2, 75-91.


Gestapo: 2000, IV, 2, 5-18.
Gibet: voir peine capitale.
Gitans: 1997, I, 1, 29-50.
Goulag: 1997, I, 2, 91-112.
Grâce: 2000, IV, 1, 83-101.
Grèves: 2001, V, 1, 53-73; 2002, VI, 1, 5-29.
Guerre de Cent ans: 1998, 2, 1, 29-48.
Guillotine: voir peine capitale.
Historiographie: 1997, I, 1, 87-118 (Moyen Âge, époque moderne); 1997, I, 2, 91-112
(stalinisme); 1998, II, 2, 91-110 (justice en Italie moderne), 111-119 (Vichy), 121-126
(médecine légale); 1999, III, 2, 95-102 (police); 2001, V, 1, 129-133 (médecine légale);
2001, V, 2, 149-156 (police).
Homicides: 2000, IV, 1, 83-101; 2001, V, 2, 5-26, 27-32, 33-67; 2002, VI, 2, 103-126.
INDE: 1999, III, 1, 71-91.

Infamie pénale: 2000, IV, 2, 95-120.


Infrajudiciaire: 2000, 1, 103-120.
IRLANDE: 1997, I, 1, 51-70.

ISRAËL: 1999, III, 1, 71-91.

ITALIE: 1998, II, 2, 91-110; 1999, III, 1, 29-44; 2001, V, 1, 129-133.

JAPON: 2001, V, 2, 133-148.

Justice criminelle: passim.


Landrecht (1794): 1999, III, 1, 93-104.
LANGUEDOC: 1997, I, 2, 29-50.

Lieutenant de police: 1999, III, 1, 29-44.


Littérature d’échafaud: 1999, III, 2, 23-55.
LYON: 2001, V, 1, 7-25.

Maréchaussée: voir police.


Mariage: 1998, II, 1, 29-48.
Médecine légale: 1998, II, 2, 121-126; 2001, V, 1, 129-133 (voir anthropologie criminelle,
criminologie).
Mendicité: voir vagabondage.
Meurtre: voir homicide.
MEXIQUE: 1998, II, 2, 15-34.

Monarchie de Juillet: 2000, IV, 2, 53-76.


Muyart de Vouglans, Pierre-François: 2000, IV, 2, 105-120; 2002, VI, 1, 31-56.
Nazisme: 1997, I, 1, 29-50; 2000, IV, 2, 5-18.
Ordalie: voir preuve.

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180

Ordre public: 2000, V, 1, 53-73; 2002, VI, 1, 31-56 (voir armée, contrôle social, police).
PALESTINE: 1999, III, 1, 71-91.

PARIS: voir France.

Parjure: 2002, VI, 2, 5-28.


Parlement de Paris: 1997, I, 2, 51-73; 1998, II, 1, 29-48; 2002, VI, 1, 31-56.
Parquet: 2000, IV, 1, 9-29.
PAYS-BAS: 1997, I, 1, 9-28; 2000, IV, 2, 19-52.

Peine capitale: 2001, V, 1,75-91, 93-110; 2002, VI, 1, 31-56 (voir infamie).
PÉROU: 1998, II, 2, 73-90.

Photographie judiciaire: 2000, V, 1, 27-51 (voir anthropologie criminelle, criminologie).


Police rurale: 2000, IV, 2, 53-76.
Police: 1997, I, 1, 29-50;1999, III, 1, 29-44, 105-127; 1999, III, 2, 95-102; 2000, IV, 1, 63-82;
2000, IV, 2, 5-18, 77-93; 2001, V, 1, 27-51; 2001, V, 2, 133-148, 149-156; 2002, VI, 1, 5-29;
2002, VI, 1, 85-103 (voir armée, historiographie).
Preuve: 1999, III, 2, 5-21; 2002, VI, 2, 5-28.
Prévention: 1999, III, 1, 93-104.
Prison: 1998, 2, 1, 75-110; 2001, V, 1, 27-51; 2002, VI, 1, 85-103.
Procédure judiciaire: 2002, VI, 2, 29-49.
Procès: 1998, II, 2, 15-34; 2000, IV, 1, 9-29 (voir avocats, culture juridique).
Processus de civilisation: 2001, V, 2, 87-105; 2002, VI, 2, 103-126, 127-128.
Prostitution: 1999, III, 1, 45-69; 2001, V, 2, 133-148 (voir police).
PRUSSE: voir Allemagne.

Rapt: 1998, II, 1, 29-48.


Récidive: voir banditisme, brigandage, vagabondage.
Régicide: 1999, III, 2, 73-93.
Serment judiciaire: 2002, VI, 2, 5-28.
Shih-cheng lu: 2002, VI, 2, 29-49.
Statistiques: 1998, II, 1, 5-28; 2000, IV, 2, 5-18, 77-93; 2001, V, 1, 111-127; 2001, V, 2, 5-26,
27-32, 33-67, 87-105; 2002, VI, 2, 103-126.
SUISSE: voir Genève.

Syndicalisme policier: 2002, VI, 1, 5-29.


Témoignage: 1999, III, 2, 5-21; 2002, VI, 2, 5-28.
Tribunal: passim.
Vagabondage: 1997, I, 1, 29-50; 1999, III, 1, 93-104; 2000, IV, 1, 63-82; 2001, V, 2, 107-131.
VENEZUELA: 1998, II, 2, 35-53.

Violence: 1997, I, 1, 9-28, 51-70; 1997, I, 2, 5-27; 1999, III, 2, 23-55; 2001, V, 2, 69-86; 2002,
VI, 2, 103-126, 127-128.
Zacchias, Paolo, 2001, V, 1, 129-133.

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
181

Analytic (index selection)


Abduction: 1998, II, 1, 29-48.
Abolitionism: 2002, VI, 1, 57-83.
AMSTERDAM: 1997, I, 1, 9-28.

Army: 2000, V, 1, 93-110; 2001, V, 1, 53-73, 93-110, 111-127; 2001, V, 2, 33-67 (see police).
Arrest: 2000, IV, 2, 77-93 (see also police).
Attorney: 2000, IV, 1, 9-29.
AUSTRALIA: 2002, VI, 2, 81-102.

AUSTRIA: 1999, III, 1, 5-27.

Banditry: 1997, I, 2, 51-73; 2001, V, 2, 107-131.


Begging: see vagrancy.
BELGIUM: 1998, II, 1, 111-133.

Body: passim.
BOSTON: 2000, IV, 1, 31-61.

BRAZIL: 1998, II, 2, 55-71.

CANADA: 1998, II, 1, 75-110; 2000, IV, 1, 83-101; 2002, VI, 2, 51-79.

Canon law: 1998, II, 1, 29-48; 2002, VI, 2, 5-28.


Capital punishment: 2001, V, 1, 75-91, 93-110; 2002, VI, 1, 31-56 (see infamy).
Cartouche: 1997, I, 2, 51-73.
CHINA (Empire): 2002, VI, 2, 29-49.

Civilisation process: 2001, V, 2, 87-105; 2002, VI, 2, 103-126, 127-128.


Code (criminal, civil): 1999, III, 1, 71-91, 93-104; 2002, VI, 1, 85-103, 105-125; 2002, VI, 2,
51-72.
Collaboration: 1998, II, 1, 111-133; 1998, II, 2, 111-119.
Collective crime: see banditry.
Colonial deportation: 2002, VI, 2, 81-102.
Colonisation: 1998, II, 2, passim; 1999, III, 1, 71-91.
Confessor: 2002, VI, 1, 31-56.
Court: passim.
Cretinism: 1999, III, 1, 5-27.
Crime: passim.
Criminal Anthropology: 1998, II, 2, 73-90; 1999, III, 1, 45-69; 2001, V, 1, 27-51.
Criminal justice: passim.
Criminology: 1998, II, 2, 73-90; 1999, III, 1, 45-69; 2001, V, 1, 27-51, 129-133 (see criminal
anthropology, expert(ise), forensic medicine).
Defence: see attorney.
Desertion: 2001, V, 1, 75-91, 93-110.
Duel: 2002, VI, 2, 5-28.
Elias, Norbert: 2001, V, 2, 87-105; 2002, VI, 2, 103-126, 127-128.

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
182

ENGLAND: 1998, II, 1, 5-28; 1999, III, 1, 29-44, 71-79; 1999, III, 2, 23-55, 57-72; 2000, IV, 1,
31-61, 63-82, 83-101; 2000, IV, 2, 19-52, 149-156; 2001, V, 1, 27-51; 2002, VI, 1, 5-29; 2002,
VI, 2, 81-102.
Evidence: 1999, III, 2, 5-21; 2002, VI, 2, 5-28.
Expert(ise): 1999, III, 1, 5-27, 45-69; 1999, III, 2, 5-21; 2001, V, 129-133.
Fire arms (control): 2002, VI, 2, 51-79.
Forensic medicine: 1998, II, 2, 121-126; 2001, V, 1, 129-133 (see criminal anthropology,
criminology).
Forestry offences: 2002, VI, 1, 105-125.
FRANCE: 1997, I, 1, 71-85; 1997, I, 2, 29-50, 51-73; 1998, II, 1, 29-48; 1998, II, 2, 111-119;
1999, III, 1, 29-44, 105-127; 1999, III, 2, 73-93; 2000, IV, 1, 63-82, 103-120; 2000, IV, 2,
19-52, 53-76, 149-156; 2001, V, 1, 7-25, 27-51, 53-73; 2002, VI, 1, 31-56, 57-83, 85-103,
105-125; 2002, VI, 2, 5-28.
Fraud: 2001, V, 1, 7-25.
Frederik II of Prussia: 1999, III, 1, 93-104.
Gallows literature: 1999, III, 2, 23-55.
Gallows: see capital punishment.
Gendarmerie: See police.
Gender: 1998, II, 2, 75-91.
GENEVA: 2000, IV, 1, 9-29; 2001, V, 1, 75-91; 2001, V, 2, 107-131.

GERMANY: 1997, I, 1, 29-50; 1997, II, 1, 75-89; 1999, III, 1, 29-44, 45-69, 93-104; 2000, IV, 2,
5-18; 2001, V, 1, 27-51, 53-73, 93-110.
Gestapo: 2000, IV, 2, 5-18.
Guillotine: see capital punishment.
Gulag: 1997, I, 2, 91-112.
Gypsies: 1997, I, 1, 29-50.
Hangman: 2002, VI, 1, 31-56 (see infamy).
Historiography: 1997, I, 1, 87-118 (Middle Ages, Modern period); 1997, I, 2, 91-112
(stalinism); 1998, II, 2, 91-110 (justice in modern Italy), 111-119 (Vichy), 121-126
(forensic medicine); 1999, III, 2, 95-102 (police); 2001, V, 1, 129-133 (forensic medicine);
2001, V, 2, 149-156 (police).
Homicides: 2000, IV, 1, 83-101; 2001, V, 2, 5-26, 27-32, 33-67; 2002, VI, 2, 103-126.
Hundred Years War: 1998, 2, 1, 29-48.
INDIA: 1999, III, 1, 71-91.

Infamy: 2000, IV, 2, 95-120.


Infra-judicial: 2000, 1, 103-120.
IRELAND: 1997, I, 1, 51-70.

ISRAEL: 1999, III, 1, 71-91.

ITALY: 1998, II, 2, 91-110; 1999, III, 1, 29-44; 2001, V, 1, 129-133.

JAPAN: 2001, V, 2, 133-148.

Judicial centralisation: 2002, VI, 1, 85-103, 105-125.

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
183

Judicial co-operation: 2001, V, 2, 107-131.


July Monarchy: 2000, IV, 2, 53-76.
Juvenile delinquency: 1998, II, 1, 75-110; 2002, VI, 2, 81-102.
Landrecht (1794): 1999, III, 1, 93-104.
LANGUEDOC: 1997, I, 2, 29-50.

LATIN AMERICA: 1998, II, 2 (dossier); 1999, III, 2, 95-102.

Legal culture: 1999, III, 1, 71-91; 2000, IV, 1, 9-29, 31-61, 83-101; 2000, IV, 2, 95-120; 2001,
V, 1, 75-91; 2002, VI, 2, 5-28, 29-49.
Legal procedure: 2002, VI, 2, 29-49.
Lieutenant de police: 1999, III, 1, 29-44.
LYON: 2001, V, 1, 7-25.

Maréchaussée: see police.


Marriage: 1998, II, 1, 29-48.
Mental illness: 1999, III, 1, 5-27.
MEXICO: 1998, II, 2, 15-34.

Murder of head of State: 1999, III, 2, 73-93.


Murder: see homicide.
Muyart de Vouglans, Pierre-François: 2000, IV, 2, 105-120; 2002, VI, 1, 31-56.
Nazism: 1997, I, 1, 29-50; 2000, IV, 2, 5-18.
NETHERLANDS: 1997, I, 1, 9-28; 2000, IV, 2, 19-52.

Oath: 2002, VI, 2, 5-28.


Ordeal: see evidence.
PALESTINE: 1999, III, 1, 71-91.

Pardon: 2000, IV, 1, 83-101.


Paris: see FRANCE.
Perjury: 2002, VI, 2, 5-28.
Parliament of Paris: 1997, I, 2, 51-73; 1998, II, 1, 29-48; 2002, VI, 1, 31-56.
PERU: 1998, II, 2, 73-90.

Photography: 2000, V, 1, 27-51 (see criminal anthropology, criminology).


Pilfering: 1999, III, 2, 57-72.
Police trade unions: 2002, VI, 1, 5-29.
Police: 1997, I, 1, 29-50;1999, III, 1, 29-44, 105-127; 1999, III, 2, 95-102; 2000, IV, 1, 63-82;
2000, IV, 2, 5-18, 77-93; 2001, V, 1, 27-51; 2001, V, 2, 133-148, 149-156; 2002, VI, 1, 5-29;
2002, VI, 1, 85-103 (see army, historiography, rural police).
Political crime: 1999, III, 2, 73-93.
Prevention: 1999, III, 1, 93-104.
Prison: 1998, 2, 1, 75-110; 2001, V, 1, 27-51; 2002, VI, 1, 85-103.
Prostitution: 1999, III, 1, 45-69; 2001, V, 2, 133-148 (see police).
PRUSSIA: see GERMANY.

Public order: 2000, V, 1, 53-73; 2002, VI, 1, 31-56 (see army, social control, police).

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
184

Public prosecutor: 2000, IV, 1, 9-29.


Recidivism: see banditry, vagrancy.
Regicide: 1999, III, 2, 73-93.
Rural police: 2000, IV, 2, 53-76.
Scaffold: see capital punishment.

Shih-cheng lu: 2002, VI, 2, 29-49.


Social control: 1997, I, 1, 71-85; 1997, I, 2, 29-50, 75-89; 1998, II, 1, 49-73; 1998, II, 2,
55-71; 1999, III, 1, 93-104, 5-27; 1999, III, 2, 57-72; 2000, IV, 1, 63-82; 2000, V, 1, 27-51;
2001, V, 1, 53-73; 2000, V, 2, 133-148; 2002, VI, 2, 51-79, 81-102, 103-126, 127-128 (see
also public order, police).
SOUTH AFRICA: 2000, IV, 1, 83-101.

SPAIN: 1997, I, 2, 5-27; 1998, II, 1, 49-73; 1999, III, 2, 5-21.

Statistics: 1998, II, 1, 5-28; 2000, IV, 2, 5-18, 77-93; 2001, V, 1, 111-127; 2001, V, 2, 5-26,
27-32, 33-67, 87-105; 2002, VI, 2, 103-126.
Strikes: 2001, V, 1, 53-73; 2002, VI, 1, 5-29.
Surgeon: see expert, forensic medicine.
SWITZERLAND: see GENEVA.

Testimony: 1999, III, 2, 5-21; 2002, VI, 2, 5-28.


Trial: 1998, II, 2, 15-34; 2000, IV, 1, 9-29 (see attorney, legal culture).
UNITED STATES: 2000. IV, 1, 31-61; 2001, V, 1, 93-110.

Vagrancy: 1997, I, 1, 29-50; 1999, III, 1, 93-104; 2000, IV, 1, 63-82; 2001, V, 2, 107-131.
VENEZUELA: 1998, II, 2, 35-53.

Violence: 1997, I, 1, 9-28, 51-70; 1997, I, 2, 5-27; 1999, III, 2, 23-55; 2001, V, 2, 69-86; 2002,
VI, 2, 103-126, 127-128.
Women: 1997, I, 1, 9-28; 1998, II, 2, 35-53, 55-71; 1999, III, 1, 45-69; 1999, III, 2, 5-21.
World War II: 1998, II, 1, 111-113; 1999, III, 1, 105-127; 2000, IV, 2, 5-18.
Zacchias, Paolo, 2001, V, 1, 129-133.

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
185

Comptes rendus publiés dans CHS /


Reviews published in CHS
(1997-2002)
Michel Porret

[Le chiffre romain signale le volume de Crime, Histoire et Sociétés; le chiffre arabe en
indique le numéro]
[The roman numeral indicates the volume, the arab numeral indicates the issue]
AISENBERG (R. Andrew), Contagion, Disease, Government and the «Social Question» in
Nineteenth-CenturyFrance, Stanford, Stanford University Press, 1999, Marc Renneville,
CHS, 1, V, 2001, pp. 149-150.
ALLOZA (Angel), La vara quebrada de la justicia. Un estudio histórico sobre la
delincuencia madrileña entre los siglos XVI y XVIII, Madrid, Catarata, 2000, Jean-Pierre
Dedieu, CHS, 1, VI, 2002, pp.129-131.
ARTIÈRES (Philippe),
Ed., Drôle d’oiseau. Autobiographie d’un voyou à la Belle Époque, Paris,
Imago, 1998, Michel Porret, CHS, 2, III, 1998, pp. 121-126.
ARNAUD-DUC (Nicole), La discipline au quotidien. La justice correctionnelle dans la Provence
aixoise du XIXe siècle, Dijon, Éditions de l’Université de Dijon, 1997, Axel Tixhon, CHS, 2,
III, 1999, pp. 95-102.
Association française pour l’histoire de la justice, Juger les juges. Du Moyen Âge au Conseil
Supérieur de la Magistrature, Collection histoire de la justice n° 12,Paris, La Découverte,
2000, Françoise Briegel, CHS, 2, VI, 2002, pp. 141-144.
BADINTER (Robert), Un antisémitisme ordinaire. Vichy et les avocats juifs (1940-1944), Paris,
Fayard, 1997, René Lévy, CHS, 2, II, 1998, pp. 111-119.
BARRAS (Vincent), Porret (Michel), Dir., Homo Criminalis. Pratiques et doctrines médico-
légales, 16e-20e siècles, Genève, 1999 (Équinoxe, revue de sciences humaines, n° 22), Pieter
Spierenburg, CHS, 1, VI, 2002, pp. 141-143.

Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°1 | 2003
186

BEHRINGER (Wolfang), Witchcraft Persecutions in Bavaria; Popular Magic Religious Zealotry and
Reason of State in Early Modern Europe, Cambridge, CUP, 1997,Hans de Waardt, CHS, 1, V,
2001, pp. 142-144.
BERLIÈRE (Jean-Marc), Le monde des polices en France (XIX e-XXe siècles), Bruxelles, Complexe,
1996, René Lévy, CHS, 1, III, 1999, pp. 137-139.
(Jean-Marc), PESCHANSKI (Denis), Dir., Pouvoirs et polices au XXe siècle, Bruxelles,
BERLIÈRE
Complexe, 1997, Simon Kitson, CHS, 2, III, 1999, pp. 95-102.
BERLIÈRE (Jean-Marc), voir VOGEL (Marie).

BERCHTOLD (Jacques), Les prisons du roman (XVIIe-XVIIIe). Lectures plurielles et intertextuelles


de Guzam d’Alfarache à Jacques le fataliste (Histoire des idées et critique littéraire vol. 386),
Genève, Droz, 2000, Caroll Stuart, CHS, 1, VI, 2002, pp. 128-129.
BLAUERT (Andreas), Das Urfehdewesen im deutschen Südwesten im Spätmittelalter und in der
frühen Neuzeit, Tübingen, Bibliotheca Academica, 2000, Hillay Zmora, CHS, 2, V, 2001, pp.
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CAPOT (Stéphane), Justice et religion en Languedoc au temps de l’Édit de Nantes. La chambre de
l’Édit de Castres (1579-1679), Genève, Droz, 1998, Martin Dinges, CHS, 1, IV, 2000, pp.
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CAROLL-BURKE (Patrick), Colonial Discipline: the Making of the Irish Convict System, Dublin,
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CATALÁ SANZ (Jorge Antonio), voir PÉREZ GARCIA (Pablo).

CARVAJAL (Federico Garza), Vir. Perceptions of Manliness in Andalucía and Mexico 1851-1699,
Amsterdam (Amsterdamse Historische Reeks, Kleine Serie, Deel 41), 2000, Martin
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IAHCCJ Colloquium for 2004

The IAHCCJ Colloquium for 2004 is to be held in Budapest (Hungary) in early June 2004
(the precise date is to be confirmed). The organising theme of the conference is:
«Crime and the Public Sphere»
It is intended to organise sessions around topics such as:
• Visual and Textual Representation of Crime
• Crime as Sensation in the Press
• Discourse on Crime
• Criminalized Groups and the Media
• Fiction and Crime
Further details will appear on the association’s website at: http://www2.h-
net.msu.edu/~iahccj/
Proposals for papers will need to be submitted by 12 December 2003.
Contacts:
• Monika Matay: monimatay2000@yahoo.com
• Clive Emsley : c.emsley@open.ac.uk

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