Libre Accès À L'information Scientifique Et Technique

LIBRE ACCÈS À L'INFORMATION SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE : ÉTAT
DE L'ART ET PERSPECTIVES
Michèle Battisti
A.D.B.S. | « Documentaliste-Sciences de l'Information »
2003/1 Vol. 40 | pages 37 à 45

ISSN 0012-4508
DOI 10.3917/docsi.401.0037
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information-2003-1-page-37.htm
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REPÈRES
Libre accès à l’information

scientifique et technique :
état de l’art et perspectives
Organisé à Paris les 23 et 24 janvier L’ACCES OUVERT AUX et de prix raisonnable, selon les
TRAVAUX ET normes bibliothéconomiques1.
derniers par le ministère de la PUBLICATIONS Kurt Molholm a ensuite montré le
SCIENTIFIQUES rôle important que joue l’ICSTI pour
Recherche, l’INSERM, le CNRS, ELECTRONIQUES, actuellement faire reconnaître la valeur de
sujet de nombreux débats dans les l’information scientifique et
l’INIST et l’ICSTI, un séminaire communautés des chercheurs, des technique et les actions qu’il mène,
éditeurs et des professionnels de en collaboration avec divers
international s’est penché l’information et documentation, organismes tels que l’Unesco, en
représente un enjeu capital pour la faveur de la conservation de cette
sur les conditions, les modalités diffusion des connaissances. Les information. Selon l’ICSTI, l’IST doit
différents comptes rendus faire partie du « domaine public » et
et les perspectives de l’accès ouvert d’expériences présentés lors de ces de nouveaux modèles doivent être
deux journées, suivies par deux cent promus, qui prennent en compte les
à l’information scientifique et cinquante personnes venues de trente problèmes liés aux règles de droit
pays, devaient permettre de dresser d’auteur et aux dérives que les
technique : quelles conséquences un « état de l’art du libre accès » et possibilités de contrôle technique
d’organiser la réflexion, avec une rendent envisageables (comme par
pour la diffusion de l’IST ? attention particulière aux besoins des exemple l’installation de protections
pays en développement, sur des par les ayants droit). Il convient d’en
Quels enjeux pour la communauté modèles qui ne sont de loin pas analyser précisément les aspects
encore stabilisés, en particulier en techniques et économiques à la
scientifique ? Quelle opportunité matière de coûts ou d’usages. lumière des expériences déjà
Nous proposons dans ce compte engagées et des initiatives déjà prises
pour les pays en développement ? rendu des synthèses des interventions en matière d’accès ouvert.
et débats qui ont eu lieu au cours de Avant d’évoquer l’expérience de
La présentation de plusieurs projets cette manifestation – interventions l’INSERM, Pierre Oudet a insisté sur

dont la liste, les titres et les auteurs les points clés développés dans le
et initiatives a étayé les réflexions sont précisés en hors texte pages 38 à rapport récemment rédigé par Jack
41. Franklin pour l’Inist (voir plus loin) :
sur les modèles techniques le coût sans cesse croissant de l’accès
aux publications scientifiques, la
et économiques à concevoir. Vue d’ensemble nécessaire adaptation des systèmes
d’évaluation à la diffusion de la
En ouverture, Christine Deschamps, connaissance (l’évaluation réelle
présidente en exercice de l’IFLA, a
mis l’accent sur le rôle joué par les
professionnels de l’information ou
infomédiaires dans les négociations 1 L’IFLA négocie depuis plusieurs mois avec
l’International Publisher Associations. Elle
en cours pour obtenir un consensus présente également son point de vue dans le
sur un modèle d’accès équitable et cadre des négociations en cours au sein de
durable à une information de qualité l’OMC.
Documentaliste - Sciences de l’information 2003, vol. 40, n° 1 • 37

REPÈRES LIBRE ACCÈS À L’INFORMATION SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE
Le programme du séminaire
Ce séminaire a eu lieu à Paris les soutien de l’ICSU/CODATA Introduction et vue d’ensemble • Nouvelle intermédiation dans la
23 et 24 janvier 2003. Il était (International Council for Science / • Christine Deschamps, présidente République des Sciences : de la
organisé par le ministère délégué Committee on Data for Science and de la Fédération internationale propriété intellectuelle à la
à la Recherche et aux Nouvelles Technology). Il a réuni les vingt- des associations de bibliothécaires communauté des biens
Technologies, l’Institut national de huit intervenants suivants. et des bibliothèques (IFLA) intellectuels, par Paul F. Uhlir,
la santé et de la recherche • Allocution d’ouverture, par directeur du Bureau des
• Kurt Molholm, président de
médicale (INSERM), le Centre Bernard Bigot, directeur de programmes internationaux en IST
l’ICSTI
national de la recherche et du Comité national des États
cabinet de madame la ministre • Pierre Oudet, professeur,
scientifique (CNRS), l’Institut de Unis de CODATA (Committee on
déléguée à la Recherche et aux conseiller en IST à l’INSERM
l’information scientifique et Data for Science and Technology),
Nouvelles Technologies
technique (INIST) et l’International • Dominique Wolton, directeur de membre de l’Académie nationale
Council for Scientific and Technical recherche au CNRS, sociologue, des Sciences et du Conseil national
Information (ICSTI), avec le écrivain de la recherche des États Unis
se faisant a posteriori), les méthodes communication. En outre, l’idéal que scientifiques qui doivent éviter tout
permettant de faire face à représente le partage de l’information corporatisme dans leurs réflexions,
l’accroissement exponentiel des scientifique constitue aussi un enjeu ainsi que la nécessité d’une ouverture
informations (des hyperliens économique. La science occupe ainsi des sciences « dures » à d’autres
pertinents, par exemple, permettent une position ambiguë et il faut sciences, en particulier aux sciences
de gérer la masse d’informations), aujourd’hui passer du stade de la sociales appelées à jouer un rôle
l’apparition de nouvelles professions « fascination » pour les nouvelles fondamental dans la société de
comme celle d’ingénieur bio- technologies à la réflexion sur ce que l’information, ne serait-ce qu’en
informatique, gestionnaire des représente l’économie du savoir face à matière de diversité linguistique ou
données factuelles dans le domaine la notion de « domaine public », sur culturelle.
biologique2. le glissement nécessaire de
Le modèle de gestion de l’économique vers le politique et la
prépublications développé par notion d’intérêt général. L’état de l’art
l’INSERM consiste à centraliser le Il a ensuite proposé quelques
texte intégral des articles, puis à les pistes de réflexion, rappelant qu’il Une nouvelle intermédiation
indexer et à établir divers liens, entre existe trois types d’information (la Fondant sa réflexion sur un récent
autres avec les sites des éditeurs ou presse, la connaissance et les colloque3, Paul Uhlir affirme qu’il ne
avec diverses bases de données services), trois groupes de métiers doit pas y avoir de barrière à l’accès à
factuelles. L’institut se charge aussi chargés de la valorisation de l’information dans le domaine
d’en assurer la pérennité. Le système l’information (les professionnels de scientifique. La recherche publique,
mis en place permet d’identifier des l’information, les journalistes et le qui s’appuie sur des normes et des
compétences et des types de monde académique) et trois chantiers valeurs antérieures à l’ère numérique,
collaboration existants ou qui, à son avis, doivent être abordés. est un système ouvert et
susceptibles d’être créés. Il sert ainsi Ils visent à supprimer toute communautaire dont les résultats
de matière première à différentes opposition entre anciens et nouveaux sont d’intérêt général. Dans
réflexions, menées en collaboration médias – car, si les techniques sont l’environnement numérique, le
avec des organismes européens et nouvelles, les problèmes posés sont

américains, destinées à accroître la anciens –, à éviter de succomber à la
performance de cet outil. fascination technique et aux mirages 2 Un nouveau profil de bibliothécaire qui, selon
Pour clore la séquence économiques, et à mener une Pierre Oudet, aurait pour effet d’élargir le champ
de cette profession qui auparavant ne fournissait
d’introduction de ce séminaire, le réflexion en amont sur l’intérêt que des références bibliographiques ! Il lui
sociologue Dominique Wolton a mis général au niveau mondial, ce qui appartiendrait aujourd’hui de gérer du texte
l’accent sur le changement de statut implique une valorisation des intégral, des données complémentaires, des
de l’information dont la valeur infomédiaires (humains) qui savent bases de données factuelles et des outils de plus
économique prend de plus en plus hiérarchiser l’information et qui, à ce en plus lourds permettant de traiter ces données.
Ce qui nous semble être sa fonction depuis de
d’ampleur et sur la nature culturelle, titre, sont plus que jamais nombreuses années déjà et ne nous apparaît pas
plus que technique, de cette nécessaires. comme une innovation récente !...
révolution. Ce que l’on appelle Dominique Wolton conclut en 3 Symposium sur le rôle des données et
« société de l’information » consiste affirmant que l’information est un informations scientifiques et techniques dans le
domaine public, organisé en septembre 2002 par
en la multiplication des canaux enjeu politique majeur, au même titre l’Académie nationale des États-Unis (et dont les
d’information, qui n’a pas forcément que la santé ou l’écologie, en réflexions concernaient uniquement ce pays).
d’incidence sur la qualité de la rappelant aussi la responsabilité des <www.codata.org/codata.canada>
38 • Documentaliste - Sciences de l’information 2003, vol. 40, n° 1

• Rapport sur l’évolution du libre (ALPSP) Groupe de Francfort, ancien Le libre accès : quels enjeux pour
accès et ses conséquences, par • Andy Powell, directeur adjoint président de la Ligue des la communauté scientifique ?
Jack Franklin, directeur de ASFRA de l’UK Office for Library bibliothèques européennes de • Laurent Guillopé, professeur à
bv, Edam, Pays-Bas Networking (UKOLN), Université recherche (LIBER) et directeur de l’Université de Nantes, directeur
Le libre accès : quelles de Bath, membre du Comité la bibliothèque de l’Université de adjoint de la cellule MathDoc du
conséquences pour la diffusion de technique Open Archives Initiative Göttingen CNRS
l’IST ? (OAI) • Thomas Dreier, professeur à la • Daniel Charnay, directeur adjoint
• Pieter Bolman, directeur des • Geoffrey Bilder, responsable en Faculté de droit de l’Université de du Centre pour la communication
relations STM, Elsevier Science chef des technologies d’INGENTA New York et directeur de l’Institut scientifique directe (CCSD) du
• Sally Morris, secrétaire générale • Jan Velterop, éditeur de BioMed du droit de l’information de CNRS
de l’Association of Learned and Central l’Université de Karlsruhe • Stevan Harnad, professeur de
Professional Society Publishers • Elmar Mittler, président du sciences cognitives à l’Université
domaine public s’est rétréci par pas par la consommation, mais au « publicitaires », et constituant une
l’accroissement de la pression contraire en acquiert davantage de nouvelle forme de production et de
économique et technique des valeur. Enfin l’incitation dans le diffusion dans les secteurs public et
propriétaires de droits, ce qui conduit domaine scientifique ne peut pas être privé.
à réexaminer la valeur et les limites directement financière et le recours Cette mise à disposition
de l’IST dans ce domaine. au droit d’auteur ne doit garantir que indépendante du marché, d’une
L’information du secteur public doit le respect de l’intégrité et la organisation donnée ou d’une
néanmoins appartenir au domaine reconnaissance. propriété de l’information, représente
public, pour plusieurs raisons : il n’y Dans une deuxième partie, Paul une forme partagée de production et
a pas d’incitation par la propriété Uhlir constate l’apparition d’une de diffusion de l’information. La
intellectuelle, elle est financée par les nouvelle intermédiation et le passage, rétribution n’est plus assurée
impôts, sa circulation correspond à dans l’environnement électronique, directement par des droits d’auteurs
des valeurs démocratiques et, bien d’une propriété intellectuelle à une mais indirectement par la notoriété
que ce soit indirectement et communauté des biens intellectuels - acquise. Ce modèle, fondé sur le
difficilement quantifiable, elle réponse au rétrécissement du volontariat, suppose néanmoins
contribue au bien-être des domaine public. De multiples l’adhésion à certaines normes de
populations. expérimentations, fondées sur la fonctionnement, l’existence d’un
Si certaines informations du coopération, l’ouverture et le partage groupe central de collaborateurs, la
secteur public ont une diffusion de l’information, ont eu lieu sur le réciprocité, la coopération,
limitée, par exemple pour des raisons réseau, impliquant un changement l’autonomie. Et il offre de nouvelles
de sécurité nationale ou de respect de dans la chaîne de l’information : de opportunités de collaboration, de
la vie privée, ce ne doit pas être le cas multiples différences existent entre le nouvelles intermédiations en dehors
de l’information scientifique qui a des modèle de la publication sur support d’une institution donnée, n’obéissant
caractéristiques particulières dues à papier et le modèle ouvert du réseau pas aux normes des mécanismes de
sa spécialisation extrême et à ses numérique. Les facteurs clés de marché classiques adoptés pour le
normes spécifiques, et qui ne peut succès ne sont de ce fait plus les support papier : une approche
pas dépendre directement des lois du mêmes : dans la production et la dynamique dont les mécanismes

marché. La science, en effet, doit être distribution traditionnelles de biens, devront être approfondis lors d’études
financée par des fonds publics car les ils étaient fondés sur l’économie de et de séminaires à venir.
résultats obtenus n’ont pas toujours marché, les mécanismes hiérarchisés
des applications immédiates. Le large et des droits de propriété
accès aux informations scientifiques intellectuelle pour contrôler les
permet, en revanche, des applications ressources ; dans l’environnement
commerciales ultérieures par des numérique, la première réaction des
entreprises qui n’auraient pas vu éditeurs a consisté, de ce fait, à 4 Le libre accès à l’information scientifique et
technique : état de l’art, rapport général rédigé
l’intérêt d’investir dans la recherche. augmenter le contrôle légal et pour l’INIST par Jack Franklin, ASFRA bv, Edam,
De ce fait, l’IST doit avoir la visibilité technique. Mais parallèlement sont Pays-Bas, novembre 2002. Accessible
la plus large possible, être disponible apparus des modèles proposant des intégralement à l’adresse
au coût le plus bas et permettre des documents en libre accès, y compris <www.inist.fr/openaccess/fr/etat_art.php>.
modes multiples de réutilisation. des documents protégés par le droit Présentant les grandes lignes de ce rapport,
l’auteur a souligné que les informations
L’information a une nature d’auteur, présentés pour différentes rassemblées, datées de novembre 2002, avaient
particulière puisqu’elle ne s’épuise raisons, entre autres à des fins déjà beaucoup évolué.

de Southampton et à l’Université mondiale de la santé (OMS) scientifiques dans les nouveaux par David Prosser, directeur de
du Québec à Montréal • Georges Malamoud, de la États indépendants de l’ancienne SPARC Europe, Oxford
Le libre accès : quels enjeux pour Direction de la planification et de Union soviétique (INTAS) • L’Initiative de Budapest pour
les pays en développement ? la prospective de l’Agence • Jean-Jacques Pierrat, chef du l’accès ouvert, par Jean-Claude
• Kay Raseroka, présidente élue de universitaire de la francophonie bureau du Développement Guédon, professeur à l’Université
la Fédération internationale des (AUF) technologique, de l’Information et de Montréal, membre de la
associations de bibliothécaires et • Manfred Spiesberger, de la Culture scientifique à la sous- commission de l’information de
des bibliothèques (IFLA) responsable du projet Action pour direction de la Recherche du l’Open Society Institute
ministère des Affaires étrangères
• Barbara Aronson, responsable une infrastructure de bibliothèque • FIGARO (European Academic
du projet HINARI (Interréseau- numérique à l’Association Le libre accès : projets et initiatives Digital Publishing Initiative), par
Santé Initiative d’Accès aux internationale pour la promotion • SPARC (Scholarly Publishing and Stefan Gradmann, coordinateur
Recherches) à l’Organisation de la coopération avec les Academic Resources Coalition), technique du projet, chef de l’unité
Un rapport sur l’évolution du libre les éléments du cadre juridique, les L’initiative pour les archives ouvertes
accès et ses conséquences mesures de protection technique et la L’exposé d’Andy Powell, qui
Jack Franklin a été chargé par gestion des droits. Mais la loi protège représente une structure chargée de
l’Inist d’une étude visant à « faire aussi les investissements qui s’avèrent conseiller les bibliothèques
ressortir les principaux problèmes liés de plus en plus souvent nécessaires. britanniques en matière de
aux évolutions des technologies du libre Le droit d’auteur permet de générer numérisation (UKOLN), est plus
accès et à leur adoption »4. Au départ, des profits mais il peut répondre à technique : il s’agit en effet de
la mésentente avec le secteur de d’autres incitations, comme la présenter le protocole Open Archives
l’édition était essentielle dans ce notoriété. Initiative qui concerne la collecte des
mouvement qui, pour de nombreux Au nom du droit, il est également métadonnées. L’OAI est né de la
scientifiques, est perçu comme devant possible de bloquer les accès à nécessité de disposer d’une interface
révolutionner leur mode de travail. l’information. La directive sur les unique pour effectuer des recherches
Mais d’autres problèmes également bases de données a, d’une certaine dans divers serveurs d’auto-archivage,
importants restent à résoudre, comme manière, confirmé la protection des qu’ils soient ou non en libre accès.
celui de la conservation. Le grand investissements dans la création et L’intervenant a détaillé les points sur
nombre d’expériences déjà faites ne cette protection des accès par des lesquels un accord s’est avéré
constitue cependant qu’un point de licences. Mais des protections nécessaire, et présenté les différences
départ. La validation des publications techniques peuvent imposer des majeures entre les versions
reste nécessaire, de même que la barrières aux œuvres ou informations successives du protocole auquel ses
valeur ajoutée éditoriale (comme par non protégées, du seul fait qu’elles initiateurs tiennent cependant à
exemple la mise en visibilité des exigent un investissement particulier. conserver une certaine stabilité pour
différentes versions d’un article qui ne La protection des données ne doit ne pas en décourager l’usage. Dix
peut pas être assurée par la technique, répondre qu’aux besoins de la lutte points très techniques ont aussi été
aussi sophistiquée soit-elle). contre la piraterie, il convient donc précisés, mettant l’accent sur son
D’ailleurs, si plusieurs réalisations, de différencier les niveaux de faible coût, sa facilité d’utilisation, sa
comme celles qui concernent les liens protection en évitant les effets de flexibilité et sa rapidité d’exécution.
croisés (autre exemple de valeur verrouillage susceptibles de bloquer Enfin les conséquences du recours

ajoutée), sont remarquables, elles aussi les actes permis par la loi. à ce protocole pour les institutions,
restent malheureusement onéreuses. Puisque les contraintes financières ne les bibliothèques et les chercheurs
Les derniers chapitres de ce rapport doivent pas être négligées et que les ont été évoquées, pour démontrer
concernent les licences, les coûts, universités rencontrent aujourd’hui surtout l’élément perturbateur, au
l’apport pour les pays en des problèmes budgétaires, il n’est sens positif du terme, qu’il a pu
développement et l’avenir. L’auteur a pas exclu qu’elles envisagent, à leur représenter, obligeant à repenser le
précisé que, si le libre accès est tour, d’être des producteurs et qu’elles mode de fonctionnement et à
intéressant intellectuellement, il vendent leurs publications. clarifier, voire redéfinir, le rôle de
n’apparaît pas forcément comme la Influencé par la technique et chacun. En effet, si l’utilisation de cet
solution la moins coûteuse. l’économie, le copyright a instauré outil ne pose pas de problème majeur,
une protection sans doute excessive, il en pose bien plus lorsqu’il s’agit
Aspects juridiques mais il n’est pas responsable de tous d’initier un changement culturel,
Dans le domaine du droit, abordé les problèmes liés à la politique poussant à innover dans la
ensuite, Thomas Dreier souligne la d’information. proposition de services.
confusion qui est souvent faite entre

Bibliothèque virtuelle, Université • Christian Brechot, directeur

de Hambourg général de l’Institut national de la
• E-BIOSCI (Portail européen santé et de la recherche médicale
d’accès à l’information factuelle et (INSERM)
en texte intégral en sciences du
vivant), par Les Grivell,
responsable du projet
Allocutions de clôture et
perspectives d’avenir
• Geneviève Berger, directrice
générale du Centre national de la
recherche scientifique (CNRS)
Les éditeurs de revues savantes modèle séduisant, il pose encore, en

Des points de vue La représentante de l’ALPSP, une cette période intermédiaire, plusieurs
association d’éditeurs de revues, questions sur le modèle économique
Un éditeur rappelle qu’éditeurs et auteurs qu’il doit représenter.
Le groupe Elsevier souligne son poursuivent le même objectif :
intérêt pour l’archivage libre qui donner la meilleure visibilité possible Un éditeur de publications
améliore l’accessibilité à la littérature aux publications, ce pour quoi les en libre accès
scientifique. Son représentant estime, nouvelles technologies offrent L’éditeur BioMed Central souligne
en revanche, que nous vivons une maintes opportunités. Ces dernières aussi que le libre échange des
situation de transition, de désordre, années, les éditeurs ont déjà proposé résultats de la recherche s’impose
qui précède la mise en place d’un plusieurs solutions permettant, par le dans le domaine scientifique, qu’il
nouveau modèle. Les éditeurs biais des licences proposées à des doit se traduire par un accès gratuit et
tendent aujourd’hui à recourir à la consortiums, d’élargir les accès à ouvert favorisé par l’Internet. Dans ce
licence pour donner accès aux différents niveaux. Plus souples que nouvel environnement, le modèle
publications, alors que parallèlement par le passé, ces licences peuvent économique fondé sur des
se mettent en place diverses admettre désormais certains usages, abonnements et des licences n’est pas
initiatives pour les archives ouvertes. comme les utilisations pédagogiques, le modèle adapté aux besoins des
Quel est le système qui sera le plus le prêt entre bibliothèques ou chercheurs. BioMed Central propose
attractif, étant donné que l’une des l’archivage. Le libre accès est une des revues en libre accès dont les
valeurs essentielles d’une revue est opportunité qui a intéressé plusieurs articles sont validés par des comités
l’examen par les pairs ? Peu importe éditeurs, partenaires de divers d’experts, des archives ouvertes et des
qui va payer – l’auteur, son institution programmes permettant, entre autres, données accessibles de manière
ou le lecteur. L’archivage, en une meilleure diffusion dans les pays pérenne, sous un format ad hoc,
revanche, incombe aux bibliothèques en développement et un soutien aux lisibles de diverses manières. Ce
et Elsevier vient, à cette fin, de auteurs locaux. modèle renverse ainsi le modèle
conclure un accord avec la Les coûts, néanmoins, restent bien classique puisque le financement se
Bibliothèque nationale des Pays-Bas. présents dans ce nouvel fait en amont, par les institutions et

La seule menace réelle, c’est l’absence environnement, qu’il s’agisse de coûts non par les auteurs, ainsi que par la
d’accès à une revue qui cesse alors directs ou indirects, plus difficiles à publicité. Le libre accès aux
d’être concurrentielle. Elsevier a su évaluer. Tout aussi délicate est la publications leur donne une
s’adapter grâce à des économies nécessité d’évaluer l’impact de la meilleure visibilité et un meilleur
d’échelle. Les divers exemples gratuité sur la qualité des impact, les délais de publication sont
évoqués ensuite en matière de libre publications et les modes de plus courts et les coûts pour la
accès confirmeraient que le modèle circulation de l’information. Les communauté inférieurs.
traditionnel, proposé par les éditeurs, éditeurs n’ont pas su présenter toute
semble encore répondre à de la valeur ajoutée qu’ils apportent au Les agrégateurs
nombreuses attentes, pour des processus. Le bénéfice, en outre, reste Un fournisseur de services aux
raisons financières et parce qu’il un élément indispensable. Il doit être bibliothèques, intermédiaire
présente de réelles incitations pour réinvesti pour améliorer les commercial entre les éditeurs et les
les auteurs. performances et pour soutenir utilisateurs, constate que les positions
différentes activités liées à la des uns et des autres se sont
recherche. Si le libre accès est un progressivement rejointes. Mais il

Pour en savoir plus

• Le libre accès à l’information Bosc en collaboration avec Simo- documentation : @rchiveSIC - devaient se poursuivre par une
scientifique et technique, ne Jérôme et Jean-Philippe archives en sciences de l’informa- autre manifestation organisée
rubrique proposée par l’INIST sur Schmitt. tion et de la communication. par CODATA, les 10 et 11 mars
son site. On y trouvera les enre- <www.tours.inra.fr/tours/doc/ <archiveSIC.ccsd.cnrs.fr> 2003 dans les locaux de l’Unesco,
gistrements vidéo de toutes les comsci.htm> • Sur le site de l’Initiative de sur l’accès libre et le domaine
interventions faites lors de ce • Les archives ouvertes dans la Budapest pour l’accès ouvert aux public en matière de données et
séminaire ainsi que de nombreux communication scientifique, publications, on trouvera une FAQ d’informations numériques scien-
documents sur le même sujet, répertoire réalisé par Ghislaine qui peut s’avérer utile, malgré tifiques. Elle devait mettre davan-
apportés régulièrement en com- Chartron. quelques répétitions et mal- tage l’accent sur les apports de ce
plément. <www.inist.fr/openac- <web.ccr.jussieu.fr/urfist/archives adresses de traduction. mouvement pour les pays en
cess> -ouvertes.html> <www.soros.org/openaccess/fr/ développement.
• La communication scientifique, • Un exemple d’archives ouvertes faq.html> <www.codata.org/03march-
répertoire réalisé par Hélène dans le domaine de l’information- • Les travaux de ce séminaire program.htm>
remarque également que le libre accès également à donner des informations problèmes d’accès des pays en
pose des problèmes aux bibliothèques sur leur contexte, ce qui correspond à développement. Ce n’est qu’un
qui, faute de ressources ce que l’on appelle désormais le moyen d’accélérer le cycle
technologiques, ne peuvent pas document profond (deep web) et le scientifique permettant à un public
assurer la maintenance de ces lien croisé. Elles jouent aussi un rôle de chercheurs considérablement
archives. Ce sont les agrégateurs qui fondamental dans la chaîne de élargi, au niveau mondial, de
peuvent les aider dans cette tâche. l’information scientifique par s’appuyer plus rapidement sur les
L’approche actuelle de la base de l’acquisition des publications et dans résultats des recherches précédentes.
données reste très traditionnelle, leur mission de conservation. La Les chercheurs sont également à
proche de la base de données numérisation ne représente, pour l’origine de l’« Initiative de Budapest
factuelles, alors qu’elle est très elles aussi, qu’une opportunité pour l’accès ouvert aux
différente dans le domaine de nouvelle pour remplir ces missions publications »6. Ce mouvement,
l’édition. Contrairement à ce qui est traditionnelles. En revanche, les coûts suscité par l’Open Society Institute7,
souvent affirmé, les coûts marginaux, croissants des publications, qui essaie de remédier aux coûts excessifs
dans l’environnement électronique, menacent également les petits des revues scientifiques. La première
ne sont pas nuls ; que le protocole éditeurs, ont conduit à étudier des solution apportée, qui consistait en la
OAI doit être amélioré, en permettant systèmes alternatifs. Si l’accès ne peut création de consortiums de
une plus grande souplesse dans le pas être gratuit, il convient d’étudier bibliothèques et en la négociation de
contrôle des accès et dans la divers modèles économiques, mais en licences de sites, n’a permis que de
tarification, pour pouvoir agréger les collaboration avec diverses « gagner du temps » : les premières
droits d’un individu, et faire baisser institutions et métiers, pour mettre au réductions de budget ont recréé les
les coûts. Il faut aussi rappeler que la point des systèmes - dont le libre conditions du cercle vicieux que l’on
notion de sources ouvertes ne signifie accès n’est qu’un des paramètres - avait connu précédemment (comme
ni liberté totale, ni gratuité totale, orientés en fonction des usages et les consortiums avaient été
mais accessibilité a priori à la non des institutions et qui soient en subventionnés, les restrictions
communauté à laquelle elles sont phase avec de nouvelles pratiques. budgétaires ont ranimé la spirale
destinées, et que, si de nombreuses inflationniste et provoqué de

expérimentations ont eu lieu, Les chercheurs nouvelles suppressions
plusieurs ont échoué ; les raisons de Stevan Harnard rappelle le souci d’abonnements). Le libre accès, fondé
ces échecs doivent être analysées. de visibilité qui est celui des sur deux stratégies complémentaires -
chercheurs pour leurs publications et l’auto-archivage et les revues en libre
Les bibliothèques l’apport du libre accès en terme accès –, créerait une situation à la fois
Le point de vue des bibliothèques d’impact. Mais le libre accès, affirme- plus satisfaisante et pérenne, évitant,
est présenté par un animateur du t-il en revanche, est un mouvement
groupe de Francfort5 et d’une qui ne concurrence pas l’édition
5 Le Groupe de Francfort est un groupe informel
association de bibliothèques de classique. Il ne doit pas être perçu d’acteurs de la chaîne de la publication qui tente
recherche (LIBER). L’évocation comme un moyen de résoudre des d’obtenir des consensus sur différents sujets de
historique de l’évolution des problèmes budgétaires (même s’il y préoccupation communs à ses membres.
bibliothèques sert de prétexte à contribue), ni comme un moyen de 6 Pour en savoir plus sur l’Initiative de Budapest :
<www.soros.org/openaccess/fr/index.shtml>
rappeler leur rôle qui consiste non donner un accès aux enseignants, aux 7 Fondation créée par Georges Soros, l’Open
seulement à fournir les documents étudiants et au grand public, ni society Institute est à l’origine de diverses
recherchés par divers usagers mais comme une solution à tous les actions, non limitées au domaine scientifique.,

Précisions terminologiques
Les termes utilisés dans ce comp- tuite. Le qualificatif « ouvert » a verrouillées. libre consultation (voir, sur ce
te rendu correspondent souvent à aussi une connotation technique • L’expression « libre accès » point, les œuvres dites « libres de
des traductions d’expressions et signifie qu’il y a une ouverture (open access) implique unique- droit », terme qui prête égale-
anglaises et peuvent quelquefois de l’architecture technique par ment un accès non verrouillé, une ment à confusion car en pratique
prêter à confusion. des protocoles communs facili- notion différente de la notion de de nombreuses clauses en limi-
• L’expression « archives tant l’accès aux contenus. ressources gratuites. Si le terme tent les exploitations possibles).
ouvertes » (open archives) où le Les « archives ouvertes » sont « ouvert » peut ici avoir une
terme « archives » doit être souvent associées à l’Open signification différente du terme
entendu au sens d’archives Archives Initiative, qui préconise « libre », on rappellera aussi que
vivantes et où le qualificatif l’interopérabilité des documents le mot free, « libre », ne se traduit
« ouvert » s’oppose à la notion par des normes qui peuvent être pas toujours par « gratuit ». Libre
« propriétaire » et renvoie à appliquées à tout type d’archives, accès ne veut pas forcément dire
l’idée de consultation libre et gra- y compris à des archives accès gratuit, mais seulement
en outre, « l’astigmatisme du paysage conservation du patrimoine culturel plus de métadonnées, couvre plus de
scientifique » que créent les mathématique, en particulier du disciplines et propose un système de
consortiums. patrimoine français, et d’amélioration « vue privée », « zone tampon qui
Actuellement des études et des de l’accès à la littérature destinée aux permet de reconnaître certains
projets sont en cours pour mathématiciens. Les termes de la articles » ; TEL, serveur de thèses
« reconstruire l’ensemble du négociation avec les auteurs et les multidisciplinaire, alimenté par
processus de publication » et éditeurs, tenant compte des règles du l’auteur ou à partir de bases de
remédier à toutes formes d’exclusion, droit d’auteur, ont été présentés, puis données déjà contrôlées, propose
notamment celles des pays en des aspects plus techniques liés à également un service de DSI ;
développement et des chercheurs l’adoption de standards non l’extension MetHal pour les notices.
« non reconnus ». Il s’agit aussi de propriétaires, au contrôle de la Ont aussi été présentées les
restaurer une continuité dans la qualité, à la gestion des métadonnées collaborations engagées avec divers
progression hiérarchique, en et à la création de liens de diverses instituts, les règles de soumission
supprimant les effets pervers induits natures au sein du web. Ce projet, qui dans les serveurs du CCSD et les
par le système de citation et le doit se dérouler en plusieurs phases, formats de documents adoptés, ainsi
verrouillage des accès dus au prix est mené parallèlement à d’autres que les protocoles d’exports et les
élevé des publications qui ont le plus projets de bibliothèques numériques technologies utilisées. Le système
fort impact. Il faut aussi souligner réalisés en collaboration avec de doit avoir à terme une plus grande
que, paradoxalement, de nombreuses multiples institutions européennes, couverture pluridisciplinaire, assurer
fondations, résultats de réussites américaines et françaises. L’objectif une rétroconversion des thèses et des
capitalistiques, collaborent en ce est de procurer dans le domaine articles, une meilleure articulation
moment pour lutter contre la perte de mathématique, science cumulative, par des liens croisés. L’accent a
l’ensemble du patrimoine, un accès aisé et à long terme à une également été mis sur le souci d’un
consécutive à la privatisation bibliothèque de qualité scientifique, archivage à long terme et d’une
croissante de la propriété d’adopter des modèles économiques visibilité internationale.
intellectuelle, et que les réflexions raisonnables, une structuration
doivent aussi permettre de dresser logique et des liens de référence de SPARC Europe

une « carte géopolitique du savoir » plus en plus fins (voire, à terme, Cette initiative a été lancée en
plus proche de la réalité, permettant jusqu’au théorème). juillet 2001. Comme SPARC
d’effectuer, à meilleur escient, des (Scholarly Publishing and Academic
choix nationaux. Le Centre pour la communication Ressources Coalition), créée
scientifique directe précédemment aux États-Unis, elle
Créé au sein du CNRS, le CCSD veut mener diverses actions en faveur
Des réalisations est une approche « archives de la recherche et des bibliothèques,
ouvertes » à vocation internationale,
concrètes favorisant l’auto-archivage. Il propose
divers services : HAL, serveur 8 ArXiv est sans doute le premier site ayant
Le programme NUMDAM d’articles alimenté par le chercheur hébergé des publications en libre accès, au
Ce programme de numérisation de lui-même, adopte les mêmes règles et départ dans le domaine de la physique.
<http://xxx.lanl.gov>
documents anciens mathématiques, les mêmes formats que la base ArXiv8 9 On ne citera que le site Create change
géré par la cellule MathDoc du (l’alimentation se fait concurremment <www.createchange.org>, guide destiné aux
CNRS, répond au double souci de dans les deux bases), mais procure universités et aux bibliothécaires.

Sites web des organisations citées

ALPSP : www.alpsp.org> ICSTI : <www.icsti.org> NUMDAM : <www.numdam.org>
BioMed Central : IFLA : <www.ifla.org> Open Archives Initiative (OAI) :
<www.biomedcentral.com> <www.openarchive.org>
Ingenta : <www.ingenta.com>
CCSD : <www.ccsd.cnrs.fr> Open Society Institute :
Initiative de Budapest :
CODATA : <www.codata.org> <www.soros.org/openaccess/fr/ <www.soros.org>
index.shtml> SPARC Europe :
E-Bio-Sci : <www.e-bisoci.org>
INTAS : <www.intas.be> <www.sparceurope.org>
Figaro :
<www.figaroeurope.net/index2.h LIBER : www.kb.dk/guests/liber/
tml?news.html> intl/liber/francais/about>
mais dans une optique européenne. outils d’écriture qui y sont liés, utilisant un métalangage. Les
Comme elle également, elle veut permettre une utilisation partagée d’un versions suivantes permettront de
offrir aux auteurs, aux lecteurs et aux moteur web de contrôle des flux de réaliser des représentations
bibliothèques des solutions travaux et servir de support pour des graphiques des relations sémantiques
alternatives aux revues dont les prix méthodes génériques d’authentification entre les documents et les
se sont accrus de façon considérable. et d’autorisation et pour des fonctions informations obtenus après une
Plusieurs projets, liés aux de gestion de contenu hétérogènes et recherche dans les différents éléments
opportunités offertes par distribuées, comprenant des de ce portail.
l’environnement numérique, ont été technologies de pointage continu et des
présentés. Ils ont pour objectif, par le services d’impression sur demande ». Le
biais de diverses actions menées en coordinateur de ce projet conclut en Une opportunité
partenariat, de réduire les coûts liés à rappelant que l’adoption d’une
la logistique, de trouver des moyens technique donnée n’est pas neutre, pour les pays en
de financement, de favoriser un que les initiatives purement
système de paiement lié à la diffusion politiques sont dangereuses et que la développement
et non à l’accès, d’assurer la maîtrise du contenu doit être
certification des publications et de maintenue. En introduction à une table ronde
mener diverses actions de consacrée aux pays en
sensibilisation9 au libre accès. Le projet E-BioSci développement, Kay Raseroka,
Il s’agit d’un projet de plate-forme présidente élue de l’IFLA, souligne
Figaro européenne pour l’accès et la que le libre accès peut apporter des
La Federated Initiative of GAp and recherche de documents en texte solutions à la rareté des ressources et
ROquade est un projet européen qui intégral et de données factuelles dans à l’insuffisance d’infrastructures, et
veut fournir un modèle d’édition le domaine des sciences du vivant. La stopper l’émigration des
universitaire numérique, conception de ce portail est compétences. Actuellement la
encourageant le libre accès aux également aidée financièrement par fracture Nord/Sud est énorme, la
publications produites. Ce modèle les instances européennes. Là encore, recherche dans les pays du Sud n’est

présente des composantes l’accent a été mis sur les outils qui ni connue ni même reconnue, et le
économique et organisationnelle, doivent pouvoir saisir non seulement cercle vicieux dans lequel on est
mais c’est surtout sur les aspects la masse d’informations proposées installé pousse les chercheurs à
techniques, qui ont des impacts dans différentes bases éparpillées émigrer. L’édition électronique permet
politiques et économiques, que dans plusieurs centres de recherche, d’accroître l’impact des revues et la
l’accent a été mis. Notamment - ce mais également comprendre la visibilité de la recherche des pays du
système ayant adopté le désormais complexité du langage naturel, Sud, mais aussi de susciter des
classique protocole OAI - sur des reconnaître sans ambiguïté des gènes actions en partenariat dans le monde
aspects techniques plus rarement ou d’autres symboles utilisés par les scientifique et d’enclencher une
évoqués, qui utilisent pleinement les scientifiques. Développé avec divers spirale positive. L’étape suivante
possibilités du numérique pour la partenaires européens, E-BioSci consiste à rendre ces documents
définition de ce modèle d’édition propose déjà un prototype qui permet disponibles gratuitement, à combler
fédératif et ouvert. Celui-ci veut une recherche intelligente en texte non seulement la fracture Nord/Sud
servir de « support pour des documents intégral, concurremment dans mais aussi celles qui existent entre les
standards édités en format XML et aux plusieurs archives en libre accès, en pays du Sud. À cette fin,

l’organisation d’ateliers de des bibliothèques électroniques. Il est Christian Brechot, directeur de

sensibilisation au libre accès dans les reconnu que le libre accès et la mise à l’INSERM, insiste enfin sur
pays en développement s’impose. disposition gratuite des publications l’évolution notée depuis 1998 et les
Le ministère des Affaires ou à très bas prix permettent premières discussions avec la maison
étrangères et l’Agence universitaire de d’augmenter la participation des d’édition Elsevier. Il souligne que les
la francophonie ont engagé, en chercheurs à des projets scientifiques. archives ne représentent pas une
partenariat avec les PED, plusieurs Mais ce ne sont que des étapes simple liste de publications mais un
programmes et actions pour lutter intermédiaires car le renforcement ensemble de connaissances, et que
contre la fracture numérique, des capacités pour assurer la l’accroissement de l’accès à
favoriser l’accès au savoir et valoriser pérennité d’une situation plus l’information scientifique et
la recherche du Sud. Lorsqu’on favorable a plus d’impact. technique peut avoir une synergie
aborde le problème de l’IST, il est À cet effet, des actions de très forte. Il appelle de ses vœux une
important de tenir compte de la formation doivent être proposées, y réflexion qui implique l’ensemble des
situation économique d’un pays compris pour des bibliothécaires et organismes de recherche français sur
donné et de ses composantes des informaticiens. Elles doivent être les systèmes d’évaluation des
culturelles. Il faut se souvenir que la envisagées dans un sens très large et chercheurs et des activités
mobilité est nécessaire mais qu’elle ne comprendre l’insertion des individus scientifiques, ainsi que sur la
doit pas se traduire par un exode ou des institutions dans des réseaux. pérennité du système. Une réflexion
durable. Pour s’opposer à la La mobilité, indispensable, ne doit fondée sur trois principes : la
marchandisation de l’éducation, il est rester qu’une étape enrichissante dans conservation de l’antériorité et de la
nécessaire de veiller à ce que les un cursus professionnel. Les actions propriété intellectuelle, la qualité des
résultats de la recherche puissent être menées doivent respecter la situation résultats, la meilleure visibilité
réutilisés, non gratuitement au risque économique et la diversité culturelle, possible.
de dévaloriser l’information, mais, par et les pays du Sud doivent en être de Michèle Battisti
le biais de subventions, à des coûts véritables acteurs. Il est urgent de michele.battisti@adbs.fr
proportionnels au niveau de vie d’un créer les conditions pour que ces pays
professionnel vivant dans un pays du puissent développer eux-mêmes leurs
Sud. L’accès au contenu, par le biais capacités bien que, dans beaucoup
notamment du libre accès, ne d’entre eux qui connaissent des crises
correspond qu’à un maillon de la graves, l’action en faveur de la
chaîne en faveur de la diversité recherche n’y soit pas considérée
culturelle qu’il faut préserver. comme une priorité.
Il est important de maintenir dans
les pays en développement une
activité scientifique dans le domaine Vers de nouvelles
médical. Pour y contribuer,
l’Organisation mondiale de la santé a études et de
développé des programmes qui
facilitent l’accès au document en nouvelles
proposant des coûts réduits et un
libre accès, et en veillant à minimiser expérimentations...
le temps de connexion, autre élément
important du coût. Une attention Le libre accès est un moyen de se
particulière doit être portée à la réapproprier les informations

pérennité des actions menées, produites, de faire face à la croissance
souvent en partenariat. S’il est exponentielle de l’information, mais il
souvent difficile de mesurer ne doit pas remplacer le système de
concrètement les apports de ces diffusion traditionnel. Il offre des
programmes, on a pu noter que le solutions nouvelles, mieux adaptées
taux de participation des chercheurs aux besoins. Il soulève néanmoins
des pays du Sud aux congrès des questions liées à l’évaluation des
médicaux était de plus en plus forte. articles ou à l’archivage à long terme.
L’Association internationale pour Il faut, selon Geneviève Berger,
la promotion de la coopération avec directrice générale du CNRS,
les scientifiques dans les nouveaux poursuivre la réflexion pour mettre
États indépendants de l’ancienne au point des systèmes plus
Union soviétique (INTAS) œuvre en performants, parallèlement à une
faveur des chercheurs des pays en autre sur l’évolution des pratiques
développement, y compris par le biais d’accès à l’IST.

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A.D.B.S. | « Documentaliste-Sciences de l'Information »

2003/1 Vol. 40 | pages 37 à 45

Distribution électronique Cairn.info pour A.D.B.S..

© A.D.B.S. | Téléchargé le 12/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 37.168.149.202)

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