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MICHAEL NEAL

Pharmacologie médicale propose une synthèse claire des


POINTS CLÉS : notions fondamentales de la pharmacologie thérapeutique.
Tous les domaines essentiels y sont abordés : des anti-
1 Les concepts fondamentaux biotiques aux anesthésiques, des médicaments anticancéreux
de la pharmacologie aux intoxications ou aux abus de substances, chaque chapitre
médicale : administration s’attache à présenter, en double page, les mécanismes d’ac-
des médicaments, modes tion des médicaments, leurs usages et les effets secondaires
d’action, effets secondaires possibles grâce à d’indispensables schémas en couleurs et à
2 Des schémas clairs leurs explications détaillées.
et en couleurs Cette nouvelle édition, entièrement mise à jour, propose un
3 Une présentation nouveau chapitre consacré aux médicaments agissant sur
pratique et agréable le système urinaire. D’autres sujets, comme les traitements
4 Des études de contre le sida, ont été révisés en profondeur pour refléter les
cas pour tester avancées scientifiques les plus récentes.
ses connaissances Destiné essentiellement aux étudiants, aux enseignants
et aux professionnels du médicament, cet ouvrage permet
également au lecteur de tester la bonne intégration des con-

PHARMACOLOGIE MÉDICALE 6e édition


cepts présentés au travers de plusieurs études de cas et de
leurs corrigés.

MICHAEL NEAL
Professeur et président du département de pharmacologie et toxicologie, École de médecine et de dentisterie
de l’Hôpital Guy et St Thomas (UMDS). Département de pharmacologie, Hôpital St Thomas, Londres.

TRADUCTION DE LA 8 e ÉDITION ANGLAISE : PAUL DEPOVERE


Professeur émérite à la faculté de médecine de l’UCL-Bruxelles et de l’université Laval (Québec). Il est le
traducteur réputé de plusieurs grands traités, dont Chimie organique (Vollhardt/Schore), Chimie générale
(McQuarrie/Rock) et Concepts clés de chimie organique (Parsons), et l’auteur de nombreux autres ouvrages.

ISBN : 978-2-8073-0611-0

www.deboecksuperieur.com
Pharmacologie
médicale
Chez le même éditeur

BAYOT D., FARON G., Pharmacologie pour les sages femmes. 2e éd.

BIANCHI V., EL ANBASSI S., Médicaments

BUYSSCHAERT M., Diabétologie clinique. 4e éd.

GUILLAUME V., Mycologie

GUILLAUME V., Parasitologie

GUILLAUME V., Parasitologie sanguine

PASQUIER C., ARCHAMBAUD M., CLAVÉ D., GROSJEAN J.,


Bactériologie et virologie pratique. 2e éd.

REICHL F.-X., Guide pratique de toxicologie. 2e éd.

SUTTON R., ROCKETT B., SWINDELLS P., Chimie pour les étudiants en médecine…
et pour tous ceux qui ne seront pas chimistes
Michael J. Neal

Pharmacologie
médicale
6e édition
Traduction de la 8e édition anglaise par Paul Depovere
Professeur émérite à l’UCL-Bruxelles
et à l’université Laval (Québec)
Ouvrage original
Cet ouvrage est la traduction en français de Medical Pharmacology at a glance,
Eighth Edition, by Michael J. Neal, published by Wiley-Blackwell, 2016.
This edition first published 2016 © 2016 by John Wiley & Sons, Ltd.
All Rights Reserved. Authorised translation from the English language edition published by
John Wiley & Sons Limited. Responsibility for the accuracy of the translation rests solely with
De Boeck Superieur s.a. and is not the responsibility of John Wiley & Sons Limited. No part
of this book may be reproduced in any form without the written permission of the original
copyright holder, John Wiley & Sons Limited.

Un site compagnon (en anglais) est accessible à l’adresse


http://www.ataglanceseries.com/pharmacology8e.
Il permet au lecteur de se tester grâce à des schémas muets et des études de cas.

Pour toute information sur notre fonds et les nouveautés dans


votre domaine de spécialisation, consultez notre site web :
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© De Boeck Supérieur, 2017 6e édition


Rue du Bosquet 7, B-1348 Louvain-la-Neuve
Pour l’adaptation et la traduction française.

Tous droits réservés pour tous pays.


Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie)
partiellement ou totalement le présent ouvrage, de le stocker dans une banque de données ou
de le communiquer au public, sous quelque forme ou de quelque manière que ce soit.

Imprimé en Belgique

Dépôt légal :
Bibliothèque nationale, Paris : mai 2017
Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles : 2017/13647/077 ISBN 978-2-8041-0611-0
Préface
Ce livre s’adresse tout particulièrement aux étudiants en médecine, chapitres, l’auteur s’est toutefois efforcé d’expliquer les mécanismes
mais il sera également utile pour les étudiants et les scientifiques tra- d’action des médicaments et leurs usages.
vaillant dans d’autres disciplines qui souhaiteraient une initiation élé- Dans cette 8e édition, tous les chapitres ont été mis à jour. Cer-
mentaire et concise à la pharmacologie. taines rubriques, par exemple les médicaments permettant de traiter le
Dans cet ouvrage, les textes ont été réduits au minimum pour per- SIDA, ont été réexaminées et les substances qui agissent sur le système
mettre une meilleure compréhension des figures. Dans chacun des urinaire ont été rajoutées.

Remerciements
Je remercie le Professeur J.M. Ritter pour ses conseils et commentaires aide au niveau des chapitres cardio-vasculaires ainsi qu’au professeur
utiles sur les études de cas et sur les questions soulevées. Ma reconnais- C. Stanford pour ses avis et commentaires concernant les médica-
sance s’adresse également au professeur P. Chowienczyk pour son ments à usage psychiatrique.

Note liminaire du traducteur


La traduction en français de la 8e édition anglaise de ce livre de phar- Mingeot-Leclercq (pour la révision scientifique), dans le cadre de la
macologie médicale – entièrement réactualisé par l’auteur tout en traduction de la 7e édition anglaise.
conservant sa présentation concise – s’est avérée délicate en raison de Je les en remercie bien sincèrement.
l’imbrication permanente de notions relevant à la fois de la chimie, de Paul Depovere
la pharmacie et de la médecine. Docteur en sciences chimiques
Dans ce contexte, j’ai pu me baser sur le travail réalisé par des Pharmacien
collègues appréciées, en l’occurrence Livia Giurgea et Marie-Paule Candidat en sciences médicales

Comment utiliser ce livre ?


Chaque sujet est présenté sous la forme d’un ensemble de deux pages cependant être analysées attentivement et étudiées en parallèle avec les
avec un schéma au début de chaque chapitre. légendes (pages de droite). Comme de nombreux médicaments appa-
Chacun des chapitres (énumérés à la p. 108) se rapporte à un sujet raissent simultanément dans plusieurs chapitres, des renvois vers ces
particulier, correspondant à environ 60 minutes d’un cours. Les débu- autres chapitres sont souvent proposés. Au fur et mesure de la pro-
tants en pharmacologie devraient commencer au chapitre 1 et lire gression dans ce livre, l’utilisation des renvois entre les chapitres va
d’abord le texte présent sur les pages de gauche (qui peut occasionnel- permettre une meilleure assimilation et une compréhension plus inté-
lement se prolonger sur la page de droite au-dessus de la ligne), en ne grée du mécanisme d’action des médicaments. Lorsque les informa-
se servant des figures qu’en guise de guide. tions auront été bien comprises, l’examen des figures ne nécessitera
Dès que les notions générales ont été comprises, il est préférable de alors plus qu’un bref coup d’œil afin de rafraîchir la mémoire.
se concentrer sur les figures. Certaines sont assez compliquées et ne Les figures sont très schématiques et ne sont pas à l’échelle.
peuvent donc pas être examinées en «  un coup d’œil  ». Elles devront

Autres ouvrages
Pharmacologie – Des cibles à la thérapeutique The Goodman & Gilman’s manual of pharmacological therapeutics
Y. Landry et J.-P. Gies Goodman et Gilman
Dunod, 3e édition (2014) McGraw-Hill, 11e édition (2006)
Pharmacologie British National Formulary.
Y. Cohen et C. Jacquot British Medical Association et The Royal Pharmaceutical Society
Elsevier/Masson, 6e édition (2008) of Great Britain, Londres, (environ 1 000 pages). Le BNF est réac-
tualisé deux fois par an.
Pharmacie clinique et thérapeutique
J. Calop, S. Limat, C. Fernandez et G. Aulagner Pharmacology
Elsevier/Masson, 4e édition (2012) Rang, H.P., Dale, M.M., Ritter, J.M., Flower, R.J. et Henderson,
G. Churchill Livingstone, Édimbourg (829 pages), 7e édition (2011)
Atlas de poche de pharmacologie
H. Lüllmann, K. Mohr et L. Hein Clinical Pharmacology
Médecine Sciences Publications, Lavoisier, Paris, 4e édition (2010) Bennett, P.N., Brown, M.J. et Sharma, P.J.
Churchill Livingstone, Édimbourg (2012)
Pharmacologie
M. Moulin et A. Coquerel
Elsevier/Masson, 2e édition (2002)

1
Introduction :
1 principes de base de l’action pharmacologique des médicaments

Certains
Terminaisons médicaments Hormones
Transmetteurs nerveuses inhibent les
étapes suivantes Cellules des glandes ENDOCRINE
Acétylcholine endocrines Insuline
Noradrénaline Lévothyroxine
Capture du
Dopamine Cortisol
précurseur P
Sérotonine P Aldostérone
Acide g-amino- P Testostérone
butyrique (GABA) P Synthèse Enzymes Estradiol
ri e
Glutamate
nd

Enzymes LOCAL
ho

es
Stockage Histamine
c

ym
Mito

Certains Sérotonine (5HT)


En

Certains médicaments médicaments Prostaglandines


Vésicule augmentent
bloquent l’inactivation –
du transmetteur Libération
Recapture
De nombreux médicaments
INHIBITEURS DE LA RECAPTURE stimulent (agonistes) ou Sang
Antidépresseurs bloquent (antagonistes)
tricycliques les récepteurs

INHIBITEURS ENZYMATIQUES Dégradation


Anticholinestérases enzymatique
Certains médicaments
inhibent les mécanismes
Certains médicaments Complexe Couplage de transport
inhibent l’activité récepteur/ Phospho- aux
lipase C protéines G CANAUX IONIQUES
enzymatique de canal Adénylate cyclase
+ + Canaux Ca2+
l’acétylcholinestérase – (antagonistes
PIP2 ATP
la HMG-CoA réductase des canaux calciques)
la monoamine oxydase Seconds Canaux Na+
la cyclo-oxygénase messagers IP3 DAG AMPc (anesthésiques locaux)
la thymidine kinase Ca2+ Canaux KATP
(antidiabétiques oraux)
K+ TRANSPORT ACTIF
phosphorylation Protéines kinases
de canaux – ATPase Na+/K+
enzymatiques, (glycosides
Na+ cardiotoniques)
d’autres protéines Réponse cellulaire

La pharmacologie médicale étudie les interactions entre les médica- nistes ( ). Certains médicaments appelés antagonistes ( ) interagis­
ments et les tissus du corps humain. On distingue classiquement la sent avec les récepteurs mais sont incapables de déclencher une réponse
pharmacodynamie qui a pour objet l’étude de l’action exercée par les biologique. Les antagonistes réduisent la probabilité de liaison du
médicaments sur l’organisme et la pharmacocinétique qui étudie le sort transmetteur (ou d’un autre agoniste) au récepteur, diminuant ou blo-
des médicaments dans l’organisme au cours du temps (absorption, dis- quant ainsi son action.
tribution, métabolisme et excrétion).
Les réponses biochimiques et physiologiques déclenchées à la suite
de l’activation des récepteurs par un agoniste ou une hormone font
Les principes généraux des modes d’action les plus fréquents des intervenir des mécanismes de transduction (en bas de la figure) qui
médicaments sont illustrés dans la figure. Pour certains médicaments impliquent souvent (mais pas systématiquement) des molécules appe-
(par ex. charbon actif, diurétiques osmotiques), l’action relève de leurs lées «  seconds messagers  » ( ).
propriétés physico-chimiques. On parlera alors d’action non spéci-
fique. D’autres médicaments agissent comme des faux substrats en L’interaction du médicament avec le site de liaison du récepteur
inhibant les mécanismes de transport (en bas à droite) ou les activités dépend de la complémentarité «  clef-serrure  » des deux molécules.
enzymatiques (en bas à gauche). Plus cette complémentarité «  clef-serrure  » est importante et plus le
nombre de liaisons (généralement non covalentes) est élevé, plus
Pour la plupart des médicaments cependant, leur action est la
grande sera la force d’attraction entre ces molécules, d’où une meil-
conséquence de leur fixation à des protéines spécifiques généralement
leure affinité du médicament pour le récepteur. La capacité des médi-
présentes au sein de la membrane cellulaire. Ces protéines appelées
caments à se lier à un type particulier de récepteurs est appelée la
récepteurs ( ) répondent normalement à des substances endogènes.
spécificité. Aucun médicament n’est totalement spécifique mais de
Celles-ci peuvent être des transmetteurs synaptiques (en haut à
nombreux médicaments exercent une action relativement sélective sur
gauche, ) ou des hormones (en haut à droite, ). Par exemple, l’acé-
un type de récepteurs donné.
tylcholine est un transmetteur libéré par les terminaisons des nerfs
moteurs ; ce transmetteur stimule les récepteurs présents dans les Les médicaments sont prescrits pour exercer des effets thérapeu-
muscles squelettiques et engendre une série d’évènements qui se tra- tiques mais, souvent, des effets secondaires indésirables sont associés à
duisent par la contraction musculaire. Des substances (par ex. l’acétyl- cette activité (chapitre 46). Le degré de gravité de ces effets secondaires
choline) ou des médicaments qui, par leur liaison à des récepteurs est variable. Il peut s’agir d’effets secondaires bénins (par ex. nausées)
spécifiques, déclenchent une action biologique, sont appelés des ago- mais aussi parfois d’effets très graves (par ex. anémie aplasique).

2
Introduction : principes de base de l’action pharmacologique des médicaments

Récepteurs sodiques dans les terminaisons nerveuses. Certains anticonvulsivants


(chapitre 25) et certains antiarythmiques (chapitre 17) bloquent aussi
Les récepteurs sont des protéines qui sont normalement activées par
les canaux Na+. À l’exception des antidiabétiques oraux qui agissent
des transmetteurs ou des hormones. De nombreux récepteurs ont été
sur un type particulier de canaux K+ sous le contrôle de l’adénosine
clonés, ce qui a permis de déterminer leur séquence en acides aminés.
triphosphate intracellulaire (ATP, chapitre 36), aucun médicament
Les quatre principaux types de récepteurs sont :
habituellement utilisé en clinique n’agit directement sur les canaux K+
1 Les récepteurs-canaux activés par la liaison d’un ligand. Ils sont voltage-dépendants.
composés de plusieurs sous-unités protéiques qui forment un pore Les mécanismes de transport actif permettent de transférer des
(par ex. récepteurs à la nicotine, chapitre 6 ; récepteurs pour l’acide substances contre un gradient de concentration. Ils font intervenir des
γ-aminobutyrique (GABA, chapitre 24). molécules de transport particulières situées dans la membrane et
2 Les récepteurs couplés aux protéines G (voir ci-dessous). Ils cons­ nécessitent de l’énergie métabolique. Les deux principaux exemples
tituent une famille de récepteurs comportant sept hélices trans- sont :
membranaires. Leur action physiologique est (généralement) liée à
l’activité de seconds messagers. 1 La pompe à sodium. Elle chasse les ions Na+ de la cellule par un
mécanisme qui puise son énergie à partir de l’ATP sous l’action de
3 Les récepteurs nucléaires pour les hormones stéroïdes (chapi-
l’adénosine triphosphatase (ATPase). Ce transport est lié au
tre 34) et les hormones thyroïdiennes (chapitre 35). Principale-
transfert d’ions K+ vers l’intérieur de la cellule. Les glycosides car-
ment localisés dans le noyau de la cellule, ils contrôlent la
diotoniques (chapitre 18) agissent en inhibant la Na+/K+-ATPase.
transcription et donc la synthèse des protéines.
Le transport de Na+ et/ou de Cl– dans le rein est inhibé par certains
4 Les récepteurs liés à l’activité kinase. Ce sont des récepteurs de
diurétiques (chapitre 14).
surface qui possèdent (habituellement) une activité tyrosine kinase
intrinsèque. Ils comprennent les récepteurs pour l’insuline, les 2 Le transport de noradrénaline. Les antidépresseurs tricycliques
cytokines et les facteurs de croissance (chapitre 36). (chapitre 28) prolongent l’activité de la noradrénaline en bloquant
sa recapture dans les terminaisons nerveuses centrales.
Les transmetteurs, libérés à partir des terminaisons nerveuses, tra-
versent l’espace synaptique pour se lier aux récepteurs. Leur stimula- Enzymes
tion, faisant probablement suite à un changement de conformation, Ces protéines catalysent et augmentent la vitesse de réactions chi­
serait responsable d’une série de réponses post-synaptiques pouvant miques qui se déroulent dans l’organisme.
entraîner par exemple une contraction musculaire ou une sécrétion Parmi les médicaments qui agissent en inhibant l’activité enzyma-
glandulaire. Le transmetteur libéré peut ensuite être inactivé (à gau­ tique, on citera : les anticholinestérases qui augmentent l’action de
che sur la figure) par hydrolyse enzymatique (par ex. l’acétylcholine) l’acétylcholine (chapitres 6 et 8) ; les inhibiteurs de l’anhydrase carbo-
ou par recapture (par ex. la noradrénaline [norépinéphrine], le GABA). nique qui agissent comme diurétiques (en augmentant le volume uri-
En fait, de nombreux médicaments exercent leur action en diminuant naire, chapitre 14) ; les inhibiteurs de la monoamine oxydase qui sont
ou en stimulant la transmission synaptique. des antidépresseurs (chapitre 28) et les inhibiteurs de la cyclo-oxygé-
Les hormones sont des substances libérées dans la circulation san- nase (par ex. l’aspirine, chapitre 32).
guine. Celles-ci exercent leur activité physiologique sur les organes
cibles qui possèdent les récepteurs spécifiques ad hoc. Certains médica- Seconds messagers
ments peuvent agir sur le système endocrinien en inhibant (par ex. les
médicaments antithyroïdiens, chapitre 35) ou en stimulant (par ex. les Ces agents sont des substances dont la concentration intracellulaire
antidiabétiques oraux, chapitre 36) la sécrétion hormonale. D’autres augmente, ou plus rarement diminue, en réponse à une activation des
médicaments interagissent avec les récepteurs hormonaux en les sti- récepteurs par des agonistes. De tels évènements peuvent conduire à
mulant (par ex. les anti-inflammatoires stéroïdiens, chapitre 33) ou en une réponse cellulaire. Les seconds messagers les mieux étudiés sont
les inactivant (par ex. les antagonistes des œstrogènes, chapitre 34). les ions Ca2+, l’adénosine monophosphate cyclique (AMPc), l’inosi-
Les hormones locales (autacoïdes) comme l’histamine, la sérotonine tol-1,4,5-triphosphate (IP3) et le diacylglycérol (DAG).
(5-hydroxytryptamine, 5-HT), les kinines et les prostaglandines sont Dans certaines conditions, comme une stimulation des récepteurs
libérées dans des situations pathologiques. L’effet histaminique peut β-adrénergiques, l’AMPc est formé à partir de l’ATP sous l’action de
être bloqué par les antihistaminiques (chapitre 11). Les médicaments l’adénylate cyclase. L’AMPc active une enzyme (protéine kinase A)
qui bloquent la synthèse des prostaglandines (par ex. l’aspirine) sont qui, à son tour, phosphoryle une protéine (enzyme ou canal ionique),
largement utilisés comme agents anti-inflammatoires (chapitre 32). ce qui peut déclencher un effet physiologique.
L’IP3 et le DAG sont formés à partir de phosphatidylinositol-
Systèmes de transport 4,5-biphosphate (PIP2) sous l’action de la phospholipase C. Comme
l’AMPc, ces deux messagers peuvent activer des kinases mais l’IP3
Les membranes cellulaires lipidiques forment une barrière qui empêche
exerce cette activation de manière indirecte en mobilisant les stocks
le transport des molécules hydrophiles vers les compartiments intra-
intracellulaires de calcium. Certains effets muscariniques (de l’acétyl-
cellulaires ou extracellulaires.
choline) et α1-adrénergiques font intervenir ce mécanisme (chapitre 7).
Les canaux ioniques constituent des pores membranaires sélectifs
qui permettent le transfert rapide d’ions selon leur gradient électrochi-
mique. L’ouverture ou la fermeture de ces canaux se fait soit sous Protéines G
le contrôle du potentiel de membrane (canaux voltage-dépendants), La réponse liée à l’activation des récepteurs couplés aux protéines G
soit sous le contrôle de substances transmettrices (canaux ligand- dépend de protéines de régulation, en l’occurrence des protéines qui se
dépendants). Certains canaux (par ex. les canaux Ca2+ du cœur) lient au guanosine triphosphate (GTP) (protéines G).
dépendent à la fois du voltage et des transmetteurs présents. Les Le complexe récepteur-agoniste induit un changement de confor-
canaux voltage-dépendants du sodium, potassium et calcium pos- mation de la protéine G qui provoque la liaison de la sous-unité α de
sèdent tous la même structure de base (chapitre 5) et des sous-types celle-ci au GTP. Le complexe sous-unité α–GTP se dissocie de la pro-
existent pour chacun d’entre eux. Les exemples les plus importants de téine G et active (ou inhibe) l’enzyme membranaire ou le canal. Le
médicaments qui agissent au niveau des canaux voltage-dépendants signal s’arrête car le complexe sous-unité α-GTP possède une activité
sont les antagonistes calciques (chapitre 16) qui bloquent les canaux GTPasique intrinsèque qui hydrolyse le GTP en guanosine diphos-
calciques de type L dans les muscles vasculaires lisses et le cœur, ainsi phate (GDP). Le complexe sous-unité α-GDP se réassocie ensuite aux
que les anesthésiques locaux (chapitre 5) qui bloquent les canaux sous-unités βγ de la protéine G.

3
2 Interactions médicament-récepteur

Courbe dose-réponse Courbe logarithme dose-réponse Effet des antagonistes


(Le maximum est mieux représenté
Antagoniste
et 70% de la courbe est linéaire)
compétitif
Agoniste
Agoniste seul Antagoniste
Agoniste complet irréversible
complet
Agoniste
complet Dose faible
dont Agoniste
Dose élevée

Réponse tissulaire

Réponse tissulaire
Réponse tissulaire

l’affinité partiel
estplus
Les agonistes faible
partiels déclenchent
une réponse maximale
moins importante

Concentration en agoniste [A] Log [A] Log [A]

Forces
intermoléculaires Complexe agoniste/ Complexe agoniste/
Agoniste Récepteur récepteur Transducteur récepteur/transducteur
Électrostatiques
Ponts hydrogène k+1
van der Waals A + R A R + T A R T Réponse
Hydrophobes k–1
Efficacité
Affinité (KA) intrinsèque
(KAR = affinité du complexe AR
pour le transducteur)

Lorsqu’ils sont exposés à des agonistes, les tissus du corps humain Un antagoniste compétitif ne présente pas d’efficacité intrinsèque.
montrent seulement certains types de réponse (par ex. contraction En se liant à un certain nombre de récepteurs, il diminue la concentra-
musculaire, sécrétion glandulaire). La relation quantitative entre ces tion de ceux qui sont disponibles. Ceci provoque un déplacement de la
effets physiologiques et la concentration de l’agoniste peut être éva- courbe log dose-réponse vers la droite (en haut à droite, ) sans abais-
luée grâce à des tests biologiques. La première étape de l’interaction ser la réponse maximale. Par contre, les antagonistes irréversibles dimi-
médicament-récepteur, la liaison du médicament à son récepteur, peut nuent la réponse maximale (en haut à droite, ). Cependant, aux
être analysée séparément grâce à des tests de liaison. faibles concentrations, un déplacement parallèle de la courbe log dose-
Les données expérimentales ont montré, pour de nombreux tissus réponse peut se produire sans diminution de la réponse maximale (en
et agonistes, que lorsque les réponses sont rapportées en fonction de la haut à droite, ). Puisqu’un antagoniste irréversible épuise en fait les
concentration du médicament, on obtient une courbe hyperbolique récepteurs du système, il n’est évidemment pas nécessaire que tous les
(courbe dose-réponse, en haut à gauche). En pratique, il est préférable récepteurs soient occupés pour déclencher une réponse maximale (vu
de rapporter la réponse en fonction du logarithme de la concentration qu’il existe des récepteurs en réserve).
en agoniste (courbe log dose-réponse, en haut au milieu). En admettant
que l’interaction entre le médicament (A) et le récepteur (R) (figure du
bas) obéit à la loi d’action des masses, la concentration du complexe Liaisons des médicaments aux récepteurs
médicament–récepteur [AR] peut être fournie par l’équation suivante :
Forces intermoléculaires
[RO] [A] En présence de récepteurs, les molécules de médicaments sont d’abord
[AR] = attirées par des forces électrostatiques s’exerçant à des distances rela-
KD + [A]
tivement grandes. Ensuite, pour autant que la molécule présente une
où [RO] = la concentration totale en récepteurs, [A] = la concentration conformation adaptée pour se fixer au site de liaison du récepteur, ce
en agoniste, KD = la constante de dissociation, et [AR] = la concentra- sont des ponts hydrogène et des forces de van der Waals qui vont entrer
tion des récepteurs occupés. en jeu. Les antagonistes irréversibles, quant à eux, se lient aux récep-
Comme cette équation correspond à une hyperbole, la forme de la teurs par l’entremise de solides liaisons covalentes.
courbe dose–réponse peut être expliquée si la réponse est directement
proportionnelle à [AR]. Toutefois, cette théorie élémentaire ne permet Affinité
pas d’expliquer tous les résultats expérimentaux. Certains agonistes, L’affinité est une mesure de la force de liaison du médicament à son
appelés agonistes partiels, ne peuvent induire la même réponse maxi- récepteur. Elle se caractérise par une constante de dissociation (KD),
male que provoquent les agonistes complets, même s’ils possèdent la résultant d’un équilibre exprimé par le rapport entre les constantes de
même affinité pour le récepteur (en haut à gauche et au milieu, ). vitesse de la réaction inverse (k–1) et de la réaction directe (k+1) qui
Un agoniste possède donc, en plus de son affinité pour le récepteur, interviennent dans la liaison du médicament au récepteur. L’inverse de
une propriété appelée efficacité intrinsèque qui est responsable de la KD est appelé la constante d’affinité (KA) et correspond à la concentra-
réponse biologique consécutive à sa liaison au récepteur (figure du tion en médicament qui produit une réponse égale à 50 % de la réponse
bas). maximale (en absence de récepteurs de réserve, voir plus loin).

4
Interactions médicament-récepteur

Antagonistes Les agonistes partiels et les récepteurs de réserve. Un médicament


qui est un agoniste partiel dans un tissu dépourvu de récepteurs de
La plupart des médicaments antagonistes se lient aux récepteurs mais
réserve peut agir comme un agoniste complet dans un tissu qui possède
ne les activent pas. Ils peuvent être compétitifs ou irréversibles. Les
un grand nombre de récepteurs «  d’épargne  » car la faible efficacité de
autres types d’antagonistes sont moins fréquemment rencontrés.
l’agoniste partiel peut être compensée par une action sur un plus grand
Les antagonistes compétitifs se lient de manière réversible aux
nombre de récepteurs que celui nécessaire à un agoniste complet.
récepteurs, et la réponse tissulaire peut revenir à la normale en aug-
mentant la dose d’agonistes puisqu’on accroît alors les chances de ren-
contres entre agonistes et récepteurs aux dépens de celles entre Tests biologiques
antagonistes et récepteurs. La capacité de hautes doses d’agonistes à Les tests biologiques impliquent l’utilisation de tissus biologiques afin
contrecarrer les effets des antagonistes induit un déplacement parallèle de pouvoir établir une relation entre la concentration du médicament
de la courbe dose–réponse vers la droite et est caractéristique d’un et la réponse physiologique. Habituellement, on utilise des tissus isolés
antagonisme compétitif. car il est plus facile de contrôler la concentration du médicament au
Les antagonistes irréversibles donnent lieu à un effet qui ne peut sein du tissu et vu qu’aucune réponse réflexe n’interfère. Toutefois, les
pas être contrecarré en augmentant la concentration de l’agoniste. Le tests biologiques peuvent dans certains cas se réaliser sur des animaux
principal exemple est la phénoxybenzamine qui se lie de manière cova- entiers, en utilisant les mêmes principes que ceux appliqués dans les
lente aux α-adrénorécepteurs. Le blocage permanent qui en résulte est études cliniques.
efficace dans le traitement du phéochromocytome, une tumeur qui Les tests biologiques permettent d’estimer :
libère de grandes quantités d’adrénaline (épinéphrine). • la concentration du médicament (les méthodes chimiques sont
actuellement préférées) ;
Autres types d’antagonisme • les constantes de liaison ;
Les antagonistes non compétitifs ne se lient pas au site du récepteur • l’activité du médicament testé par rapport à d’autres médicaments.
mais agissent en aval pour empêcher la réponse à l’agoniste. Parmi eux, La mesure des activités relatives d’une série d’agonistes sur diffé-
on peut citer les agents qui bloquent les canaux calciques (chapitre 15). rents tissus constitue un des critères principaux utilisés pour classifier
Les antagonistes chimiques se lient tout simplement au médicament les récepteurs, comme les récepteurs adrénergiques, par exemple (cha-
actif et l’inactivent. La protamine, par exemple, abolit l’effet anticoa- pitre 7).
gulant de l’héparine (chapitre 19).
Les antagonistes physiologiques sont formés de deux composés Tests de liaison
dont les effets sont opposés et ont tendance à s’annuler mutuellement.
Les tests de liaison sont simples à réaliser et très adaptables. Des frag-
Citons par exemple la prostacycline et le thromboxane-A2 sur l’agré-
ments membranaires obtenus à partir de tissus homogénéisés sont
gation plaquettaire (chapitre 19).
incubés avec des médicaments marqués par un isotope radioactif
(habituellement 3H) et extraits par filtration. Après avoir éliminé les
Récepteurs de réserve liaisons non spécifiques, la liaison du médicament marqué au récep-
Dans certains tissus (par ex. le muscle lisse), les antagonistes irréver- teur peut être déterminée en estimant les constantes KA et Bmax (nom­
sibles induisent d’abord un déplacement de la courbe log dose–réponse bre de sites de liaison). Les tests de liaison sont largement utilisés pour
vers la droite sans diminuer la réponse maximale. Ceci indique qu’une étudier les interactions médicament–récepteur mais présentent le désa-
réponse maximale peut être obtenue même si tous les récepteurs ne vantage de ne pas permettre la mesure d’une réponse fonctionnelle. De
sont pas occupés par des agonistes. Il existe donc un excès de récep- plus, les médicaments marqués par un isotope radioactif peuvent ne
teurs qui est parfois appelé une «  épargne  » de récepteurs, terme incor- pas se lier qu’à une seule classe de récepteurs.
rect car ils ont une signification fonctionnelle. Ces récepteurs de
réserve augmentent à la fois la sensibilité et la cinétique du processus Localisation des récepteurs
puisque la concentration du complexe médicament–récepteur (et donc
La distribution des récepteurs, par exemple dans différentes parties du
la réponse) dépend du produit de la concentration de l’agoniste et de
cerveau, peut être étudiée par autoradiographie. Chez l’homme, des
la concentration totale en récepteurs.
substances à émission de positrons peuvent parfois être utilisées pour
obtenir des images (tomographie à émission de positrons, PET-scan)
Agonistes partiels montrant la localisation et la densité des récepteurs au sein d’un tissu,
Il s’agit d’agonistes qui, pour des raisons encore inconnues, ne peuvent par exemple les récepteurs à la dopamine au niveau du cerveau (cha-
déclencher une réponse maximale semblable à celle induite par un ago- pitre 27).
niste complet. On a suggéré que l’agonisme dépendrait de l’affinité du
complexe médicament-récepteur pour une molécule transductrice Tachyphylaxie, désensibilisation,
(figure du bas). Un agoniste complet induirait la formation d’un com- tolérance et résistance aux médicaments
plexe qui présente une affinité élevée pour le transducteur (par ex. le
Lorsqu’un médicament est administré de manière répétitive, les effets
couplage aux protéines G, chapitre 1), alors qu’un complexe agoniste
diminuent souvent avec le temps. Si la diminution des effets se produit
partiel–récepteur posséderait une affinité plus faible pour le transduc-
rapidement (minutes), on parle de tachyphylaxie ou de désensibilisa-
teur et n’induirait donc pas une réponse complète.
tion. La tolérance se rapporte à une diminution lente de la réponse
Lorsqu’ils agissent seuls au niveau des récepteurs, les agonistes
(jours ou semaines). Quant à la résistance aux médicaments, il s’agit
partiels stimulent une réponse physiologique, mais ils peuvent s’oppo-
d’un terme réservé à une absence dans les effets d’agents chimiothéra-
ser aux effets d’un agoniste complet. Cet effet peut s’expliquer par le
peutiques, par exemple les antipaludiques (chapitre 43). La tolérance
fait que certains récepteurs occupés auparavant par l’agoniste complet
peut impliquer une augmentation du métabolisme du médicament,
sont par la suite occupés par des agonistes partiels dont l’effet est moins
par exemple avec l’éthanol, voire les barbituriques (chapitre 3). Ou
important (par ex. certains antagonistes des récepteurs β-adréner­
encore, ce sont des mécanismes homéostasiques (bien souvent mal
giques, chapitres 15 et 16).
compris) qui diminuent graduellement l’effet du médicament, par
exemple la morphine (chapitre 29). Les modifications au niveau des
Efficacité intrinsèque récepteurs peuvent induire une désensibilisation, par exemple dans le
Il s’agit de la capacité d’un agoniste à modifier la conformation d’un cas du suxaméthonium (chapitre 6). Enfin, une diminution du nombre
récepteur de manière à induire une réponse. On parle d’affinité du de récepteurs (downregulation) peut induire une tolérance, par exemple
complexe agoniste–récepteur pour un transducteur. à l’insuline (chapitre 36).

5
3 Absorption, distribution et excrétion des médicaments

Facteurs qui modifient Voies d’administration Volume de distribution VD


l’absorption
médicamenteuse Les médicaments liposolubles pénè-
Orale – la plus fréquente Milieu
Formulation Sublinguale-veines de aqueux trent dans la cellule (ex. l’éthanol)
Par exemple une la cavité buccale intracellulaire Les médicaments fortement ionisés
Stabilité en milieu acide base faible Évite le foie restent dans le milieu extracellulaire
et vis-à-vis des enzymes (B) pKa = 7 Injection intraveineuse (ex. la tubocurarine)
Évite les barrières
Motilité intestinale d’absorption Les médicaments dont la liaison aux
Présence de nourriture protéines est importante ou dont
dans l’estomac Cavité buccale B
Milieu aqueux la masse moléculaire est élevée (hépa-
Degré du métabolisme interstitiel rine) sont retenus dans la circulation
de premier passage Estomac B + H+ BH+
pH 2

Concentration plasmatique (Cp)


+ +
Liposolubilité H +B BH Certains médicaments
1 : 5000 Glomérule
Intestin Pas rénal Co Ord
re zéro
d’absorption
Dépend surtout du La plupart des

B+
pK du médicament pH 8 molécules ionisées Cp = Co e–kél t

H
90% des

+
et du pH du milieu PB
molécules H+ +B BH + Veine porte B + P La plupart des

BH
Un médicament non non ionisées 1 : 10 PB Médicament médicaments

+
ionisé est bien plus B + H+ BH+ B BH+ Ordre un
lié aux t1/2 t1/2
liposoluble qu’un Foie BH+ protéines
médicament ionisé B Compartiment B Tubule Temps (t)
+ rénal
vasculaire B H kél t
Les proportions relatives B B Log Cp = Log Co –
Excrétion de la 2,303
(pour une base faible) Réabsorption de plupart des

Log Cp
sont données par la plupart des Log Co –kél
Tractus Métabolisme médicaments Pente =
la formule : médicaments sous 2,303
biliaire de premier forme non ionisée sous forme
BH+ passage
log = pKa – pH Urine ionisée
B
Absorption Distribution Excrétion
Temps (t)

La plupart des médicaments sont administrés par voie orale et doivent du médicament ; voir à droite, en haut du graphique). Au début, on
passer la barrière gastro-intestinale pour atteindre la circulation san- observe souvent une diminution rapide de la concentration qui tend à
guine (à gauche sur la figure, ). Ce mécanisme d’absorption peut se ralentir progressivement. Ce type de courbe est une exponentielle. À
dépendre de nombreux facteurs (à gauche) mais il est habituellement chaque moment, une fraction constante du médicament présent est éli-
proportionnel à la liposolubilité des médicaments. Ainsi, l’absorption minée par unité de temps. La chute exponentielle de la concentration
de molécules non ionisées (B) est facilitée parce que celles-ci sont plus plasmatique de nombreux médicaments peut s’expliquer par le fait
liposolubles que les molécules ionisées (BH+) qui sont entourées d’une que les processus d’élimination sont eux-mêmes habituellement pro-
«  couche  » de molécules d’eau. L’absorption du médicament se fait portionnels à la concentration plasmatique du médicament. Les diffé-
principalement au niveau de l’intestin grêle en raison de sa grande sur- rents processus impliqués sont :
face de contact. C’est le cas des acides faibles (par ex. l’aspirine) qui ne
1 Élimination urinaire par filtration glomérulaire (à droite, ).
sont pas ionisés dans le milieu acide (HCl) de l’estomac. Les médica-
ments absorbés par le tractus gastro-intestinal pénètrent dans la circu- 2 Métabolisation, le plus souvent hépatique.
lation portale (à gauche, ) et certains sont massivement métabolisés 3 Capture par le foie et élimination subséquente au niveau de la bile
lorsqu’ils passent dans le foie (métabolisme de premier passage). ( , ligne verte à partir du foie).
Les médicaments qui sont suffisamment liposolubles pour être Une réaction qui dépend d’une concentration donnée à chaque
facilement absorbés par voie orale sont rapidement distribués dans les moment obéit à un ordre un ; la plupart des médicaments présentent une
compartiments aqueux du corps ( ). De nombreux médicaments ne telle cinétique d’élimination. Si l’enzyme responsable du métabolisme
sont que faiblement liés à l’albumine plasmatique et il existe un équi- médicamenteux est saturée, le processus d’élimination répondra alors à
libre entre la forme plasmatique liée (PB) et la forme libre (B). Le une cinétique d’ordre zéro, car les taux d’élimination seront caractérisés
médicament lié aux protéines plasmatiques se trouve confiné dans le par une vitesse constante, sans être affectés par une augmentation de la
système vasculaire et ne peut donc pas exercer son activité pharmaco- concentration en médicament (par ex. éthanol, phénytoïne).
logique.
Lorsque le médicament est administré par injection intraveineuse,
il pénètre directement dans la circulation sanguine et est rapidement Voies d’administration
distribué dans les tissus. En prélevant régulièrement des échantillons Les médicaments peuvent être administrés par voie orale ou par voie
de sang, il est possible d’évaluer la diminution de la concentration parentérale (c’est-à-dire par une voie différente de la voie gastro-intes-
plasmatique au cours du temps (c’est-à-dire la vitesse d’élimination tinale).

6
Absorption, distribution et excrétion des médicaments

La voie orale. En raison de ses aspects pratiques, la voie orale litres) indiquent une large distribution dans les compartiments aqueux
constitue la voie la plus fréquemment utilisée pour l’administration de de l’organisme ou une concentration dans certains tissus. Le volume
la plupart des médicaments. Cependant, certains médicaments (par ex. de distribution peut être utilisé pour calculer la clairance (clearance en
la benzylpénicilline, l’insuline) sont sensibles aux enzymes ou à l’aci- anglais, NdTr.) du médicament.
dité de l’estomac et doivent être administrés par voie parentérale. La clairance constitue un concept important en pharmacociné-
L’injection intraveineuse. Le médicament passe directement dans tique. Elle se définit comme le volume sanguin (ou plasmatique)
la circulation sanguine sans devoir traverser les barrières d’absorption. débarrassé du médicament par unité de temps. La clairance plasma-
Cette voie est utilisée : tique (Clp) est donnée par l’équation suivante :
• lorsqu’un effet rapide est requis (par ex. le furosémide dans les Clp = VD kél
œdèmes pulmonaires) ;
• pour des administrations continues (perfusions) ; Le taux d’élimination = Clp × Cp. La clairance totale est la somme des
• pour administrer des volumes importants ; clairances individuelles. On peut donc admettre l’équation suivante :
• pour des médicaments qui induisent des dommages tissulaires Clp = Clm (clairance métabolique) + Clr (excrétion rénale). Contraire-
locaux lorsqu’ils sont administrés par d’autres voies (par ex. les ment au t½, la clairance apporte une indication sur la capacité du foie
médicaments cytotoxiques). et du rein à éliminer le médicament.
Le dosage des médicaments. Les valeurs de clairances peuvent être
Les injections intramusculaires et sous-cutanées. Les médicaments utilisées pour déterminer la posologie du médicament. Idéalement, au
en solution aqueuse sont habituellement absorbés assez rapidement. cours d’un traitement médicamenteux, la concentration plasmatique
Toutefois, l’absorption peut être ralentie si le médicament est adminis- stationnaire (Cps) doit être comprise dans une marge thérapeutique
tré sous forme d’ester (par ex. les préparations-dépôts de neurolep- bien déterminée. La concentration à l’équilibre est atteinte lorsque la
tiques ; voir chapitre 27). quantité de médicament atteignant la circulation systémique par unité
Les autres voies. Celles-ci incluent l’inhalation (par ex. d’anesthé- de temps est égale à la quantité éliminée dans le même intervalle de
siques volatils ou de certains médicaments utilisés dans l’asthme) et temps. Les vitesses de perfusion sont égales à Cl × Cps. Cette équation
l’administration locale (par ex. d’onguents). Les administrations sublin- peut s’appliquer à une perfusion intraveineuse car la dose entière
guales et rectales évitent la circulation portale. Les préparations admi- pénètre dans la circulation à une vitesse connue. Pour les administra-
nistrables par voie sublinguale sont particulièrement indiquées pour tions orales, l’équation devient :
les médicaments dont le métabolisme de premier passage est impor-
tant. F × dose
= Clp × Cp, en moyenne
intervalle de dose
Distribution et excrétion
La distribution du médicament dans l’organisme n’est possible que où F = biodisponibilité du médicament. La valeur de t½ du médicament
lorsque le médicament a atteint la circulation. La pénétration tissu- est utile dans le choix d’un intervalle de dose permettant de ne pas
laire du médicament est alors indispensable à son action. avoir des concentrations trop élevées au pic (taux toxiques) et trop
Le temps de demi-vie (t1/2) est le temps nécessaire pour que la basses au creux (taux inefficaces).
concentration plasmatique du médicament diminue de moitié par rap- La biodisponibilité est un terme utilisé pour décrire la proportion
port à sa concentration initiale (à droite, graphique du haut). Les du médicament qui atteint la circulation systémique. À la suite d’une
mesures de t1/2 permettent de calculer les constantes de vitesse d’élimi- injection intraveineuse, la biodisponibilité est de 100 % (F = 1). Toute-
nation (kél) en utilisant la formule : fois, les médicaments sont habituellement administrés par voie orale,
de sorte que la proportion qui atteint la circulation systémique varie
0,69 non seulement en fonction du médicament mais aussi selon le patient.
kél = Les médicaments susceptibles de subir un métabolisme de premier
t passage important sont généralement inactifs lorsqu’ils sont adminis-
où kél est la fraction du médicament présente à chaque moment qui trés par voie orale (par ex. la trinitroglycérine ou la lidocaïne).
sera éliminée par unité de temps (ex. kél = 0,02 min–1 signifie que 2 %
du médicament présent est éliminé en 1 minute). Excrétion
La courbe exponentielle de la concentration plasmatique (Cp) en L’excrétion rénale. Cette voie est responsable de la dernière étape de
fonction du temps (t) est donnée par l’équation suivante : l’élimination de la plupart des médicaments. Ceux-ci se retrouvent
dans le filtrat glomérulaire mais, s’ils sont liposolubles, ils peuvent être
Cp = C0 e–kélt
facilement réabsorbés par diffusion passive au niveau des tubules. En
où C0 = la concentration plasmatique initiale apparente. En prenant fait, le métabolisme des médicaments produit souvent un composé
les logarithmes, on peut transformer la courbe exponentielle en une moins liposoluble, ce qui facilite son excrétion rénale (voir chapitre 4).
droite (à droite, graphique du bas) à partir de laquelle on peut déter- Le pH intratubulaire affecte l’ionisation des acides et des bases
miner directement C0 et t1/2. faibles. La modification du pH urinaire peut parfois permettre d’aug-
Le volume de distribution (VD). C’est le volume apparent dans menter l’excrétion rénale. Par exemple, l’administration de bicarbonate
lequel se distribue le médicament. Après une injection intraveineuse, alcalinise l’urine ; ceci ionise l’aspirine, la rendant moins liposoluble,
ce qui a pour effet d’augmenter son taux d’excrétion.
dose Les acides et les bases faibles sont activement sécrétés dans les
VD = tubules proximaux. Les pénicillines, ainsi que les diurétiques thiazidés
C0
et la morphine, par exemple, sont éliminés par cette voie.
Une valeur de VD < 5 litres indique que le médicament a été retenu L’excrétion biliaire. Certains médicaments (par ex. le diéthylstil-
dans le compartiment vasculaire. Une valeur inférieure à 15 litres sug- bestrol) sont concentrés dans la bile et excrétés dans l’intestin où ils
gère que la distribution du médicament est limitée au compartiment peuvent être réabsorbés. Cette circulation entérohépatique augmente
extracellulaire. Des volumes de distribution plus grands (VD >15 la durée pendant laquelle le médicament est présent dans l’organisme.

7
4 Métabolisme des médicaments

Certains médicaments augmentent la synthèse


Oxydation Induction enzymatique ou l’activité d’enzymes responsables Augmentation du
cytochrome P-450 de la métabolisation (barbituriques) métabolisme d’autres
dépendante Pharmacogénétique médicaments (par ex.
Certaines personnes possèdent Certains médicaments inhibent la synthèse de la warfarine, des
une activité enzymatique ou l’activité d’enzymes responsables contraceptifs oraux)
HYDROXYLATION
DES AROMATIQUES plus faible (acétylateurs lents) de la métabolisation (cimétidine, éthanol)
Réduction du métabo-
Phénobarbital lisme, par ex. de
Propranolol Foie
la warfarine
Phénytoïne
PHASE I PHASE II
Amphétamine
Médicament – + –
Warfarine Métabolite Conjugué Produits
(lipophile)
N-DÉALKYLATION Conjugué (hydrophiles)
OXYDATIVE
R R (formé avec
Morphine
un réactif
OXYDATION P-450 endogène)
INDÉPENDANTE OH
Amine oxydase RNHCH3 RNH2
Adrénaline TYPES DE CONJUGAISON
Absorption

(épinéphrine) RCH2NH2 RCHO Glucuronide


Acétyle
RCR' RCHR'
Réduction Glutathion
O OH Glycine
Méthadone Sulfate
Naloxone R1COOR2 R1COOH + R2OH Méthyle
RCONHR1 RCOOH + R1NH2
Hydrolyse Excrétion rénale
Procaïne Métabolisme de premier passage. Tous les médicaments administrés par
Aspirine voie orale transitent par le foie avant d'atteindre la circulation systémique.
Certains médicaments qui sont ainsi complètement métabolisés perdent leur activité
Lidocaïne lorsqu’ils sont administrés par voie orale (par ex. la lidocaïne ou la trinitroglycérine)

Le métabolisme des médicaments a deux conséquences importantes : tés rapidement par le rein sont rendus plus hydrophiles dans le foie par
1. Le médicament devient plus hydrophile, ce qui accélère son excré- conjugaison avec des composés endogènes (centre de la figure).
tion par le rein (à droite, ), car le métabolite moins liposoluble L’administration répétée de certains médicaments (en haut) aug-
est plus difficilement réabsorbé par les tubules rénaux. mente la synthèse de cytochromes P450 (induction enzymatique). Ceci
2. Les métabolites sont habituellement moins actifs que le médica- accélère le métabolisme du médicament responsable de l’induction, de
ment parental. Toutefois, ce n’est pas toujours le cas, car parfois même que celui d’autres médicaments métabolisés par cette même
les métabolites sont tout aussi actifs (voire plus actifs) que la molé- enzyme (en haut à droite). À l’inverse, certains médicaments peuvent
cule originale. Par exemple, le diazépam (un médicament indiqué inhiber l’activité des enzymes microsomales (en haut, ), ce qui a
dans les troubles de l’anxiété) est métabolisé en nordiazépam et pour effet d’exalter l’action des médicaments métabolisés par ces
oxazépam, lesquelles molécules sont toutes deux actives. Les pro- enzymes (en haut à droite, ).
médicaments sont inactifs jusqu’à ce qu’ils soient métabolisés en En plus de ces interactions entre médicaments, le métabolisme de
médicaments actifs dans l’organisme. Par exemple, la lévodopa, ceux-ci peut dépendre de facteurs génétiques (pharmacogénétique), de
un antiparkinsonien (chapitre 26) est métabolisée en dopamine, l’âge, ou de l’existence de certaines maladies, en particulier celles qui
alors que la méthyldopa, un médicament hypotenseur (chapitre 15), affectent le foie.
est métabolisée en α-méthylnoradrénaline.

Le métabolisme des médicaments se fait essentiellement dans le Les médicaments


foie et fait intervenir deux types de réactions. Certains médicaments (par ex. la gallamine, chapitre 6) sont très
Les réactions de phase I impliquent la biotransformation du médi- polaires du fait qu’ils sont fortement ionisés au pH physiologique. De
cament en un métabolite plus polaire (à gauche sur la figure) en intro- tels médicaments sont faiblement métabolisés, voire pas du tout, de
duisant ou en démasquant des groupes fonctionnels (par ex. –OH, sorte que leur activité ne cessera qu’à la suite de leur excrétion rénale.
–NH2, –SH). Quoi qu’il en soit, la plupart des médicaments sont très lipophiles et
Les réactions d’oxydation sont les plus fréquentes. Elles sont cata- sont souvent liés aux protéines plasmatiques. Comme de tels médica-
lysées par une classe importante d’enzymes appelées les oxydases à ments liés aux protéines ne sont pas filtrés par le glomérule rénal et que
fonction mixte (cytochromes P450). La spécificité du substrat vis-à-vis la molécule libre rediffuse dans le sang à partir des tubules, ils exerce-
de ces complexes enzymatiques est très faible et de nombreux médica- ront une action prolongée si leur élimination dépend uniquement de
ments peuvent être oxydés (exemples en haut à gauche). Les réactions l’excrétion rénale. D’une manière générale, les médicaments sont
de réduction (au milieu à gauche) et d’hydrolyse (en bas à gauche) métabolisés en des composés plus polaires qui seront plus facilement
constituent d’autres réactions classiques de phase I. excrétés par les reins.
Les réactions de phase II. Les médicaments ou métabolites de
phase I qui ne sont pas suffisamment polaires pour pouvoir être excré-

8
Métabolisme des médicaments

Le foie médicaments potentiellement toxiques comme la phénytoïne, la war-


farine et la théophylline. L’érythromycine inhibe également les cyto-
Le foie constitue le site principal du métabolisme des médicaments,
chromes P450, ce qui a pour effet d’augmenter l’activité de la
bien que d’autres organes, comme le tractus gastro-intestinal et les
théophylline, de la warfarine, de la carbamazépine et de la digoxine.
poumons, puissent également être actifs.
Certaines substances, d’origine alimentaire, peuvent tout aussi bien
Les médicaments administrés par voie orale sont habituellement
modifier le métabolisme des médicaments. Par exemple, un composant
absorbés au niveau de l’intestin grêle et entrent dans la circulation por-
du jus de pamplemousse inhibe la CYP3A4 et peut provoquer une
tale pour arriver au foie où ils seront largement métabolisés (cf. par ex.
diminution marquée de l’effet de divers médicaments, comme le mida-
la lidocaïne, la morphine ou le propranolol). C’est ce qu’on appelle le
zolam ou la simvastatine.
métabolisme de premier passage, terme qui ne se limite pas au métabo-
lisme hépatique. Par exemple, la chlorpromazine est métabolisée
davantage dans l’intestin que dans le foie. Polymorphismes génétiques
La pharmacogénétique est la science qui étudie l’influence des facteurs
Réactions de phase I génétiques sur les réactions de l’organisme au médicament. Les réac-
Les réactions d’oxydation sont les plus fréquentes. Les autres réac- tions vis-à-vis des médicaments peuvent varier sensiblement d’un indi-
tions, moins courantes, sont des réactions de réduction et d’hydrolyse. vidu à l’autre. Ainsi, environ 8 % de la population présente une
déficience dans l’expression de la CYP2D6, l’isoenzyme du P450 res-
Le système mono-oxygénase P450 ponsable de l’hydroxylation de la débrisoquine. Cette faible activité
d’hydroxylation entraîne une réponse exacerbée et prolongée à des
Les cytochromes P450 constituent une superfamille de protéines qui médicaments tels que le propranolol ou le métoprolol (chapitre 15),
diffèrent par leur séquence d’acides aminés. Chacune est désignée par lesquels sont considérablement métabolisés par le foie.
le terme CYP suivi de chiffres et d’une lettre bien précis. On dénombre
plus de 70 familles de gènes CYP, dont trois seulement sont impliquées Enzymes qui acétylent les médicaments
dans le métabolisme hépatique des médicaments (CYP1, CYP2 et
CYP3). L’oxydation par le système mono-oxygénase P450 est com- La N-acétylase hépatique présente un polymorphisme génétique.
plexe, mais le résultat est simple : un groupe –OH s’est additionné au Environ 50 % de la population acétyle rapidement l’isoniazide (un
médicament. Il existe de nombreux sous-types (isoenzymes CYP) du médicament antituberculeux) alors que les autres 50 % l’acétylent len-
cytochrome P450 dont les spécificités diffèrent en fonction du subs- tement. Une acétylation lente est due à la présence d’un gène autoso-
trat, bien que des réactions croisées soient fréquemment observées. mique récessif associé à une diminution de l’activité de la N-acétylase
Environ une demi-douzaine d’isoenzymes P450 est responsable du hépatique. Les acétylateurs lents sont susceptibles d’accumuler de
métabolisme hépatique de la plupart des médicaments. Le CYP3A4 façon importante le médicament, ce qui crée des réactions secondaires.
est l’enzyme la plus importante car celle-ci est impliquée dans plus de
Pseudocholinestérase plasmatique
la moitié du métabolisme des médicaments.
Dans de rares cas (< 1 : 2 500), on observe l’existence d’une déficience
Réactions de phase II en cette enzyme, laquelle a pour effet d’augmenter la durée d’action du
suxaméthonium (un médicament couramment utilisé pour bloquer les
Ces réactions ont généralement lieu dans le foie et impliquent la conju-
transmissions neuromusculaires) d’environ 6 minutes à 2 heures, voire
gaison du médicament ou de son métabolite de phase I à une subs-
davantage.
tance endogène. Les conjugués ainsi formés possèdent presque
toujours une activité plus faible et sont des molécules polaires qui
pourront être facilement excrétées par les reins. Âge
L’activité enzymatique associée aux microsomes du foie de même que
Facteurs susceptibles d’affecter la fonction rénale sont réduites à la naissance, spécialement chez les
le métabolisme des médicaments bébés prématurés. Les deux systèmes se développent rapidement
durant les quatre premières semaines de la vie. Plusieurs méthodes
Induction enzymatique permettent de calculer les doses pédiatriques (voir le British National
Formulary).
L’activité de certains médicaments, par exemple des œstrogènes et de
la progestérone, peut être diminuée de manière significative par un Chez les personnes âgées, le métabolisme hépatique des médica-
deuxième médicament qui exalte l’action des enzymes métabolisateurs ments peut diminuer, bien que ce soit surtout la fonction rénale qui se
(essentiellement CYP2C9, CYP2C19 et CYP3A4). La phénytoïne, la dégrade. Après 65 ans, la filtration glomérulaire (GFR) ralentit de
carbamazépine et la rifampicine sont les inducteurs enzymatiques les 30 % et ensuite de 1 à 2 % chaque année (en raison d’une perte de cel-
plus puissants. Le mécanisme impliqué n’est pas très clair : il semble lules et d’une diminution du débit sanguin rénal). Voilà pourquoi chez
comparable à celui des hormones qui se lient à des éléments de réponse les personnes âgées, il faut administrer des doses de médicament plus
dans l’ADN en vue de favoriser la transcription du gène approprié. faibles que chez les individus jeunes, tout particulièrement en ce qui
Cependant, toutes les enzymes susceptibles d’être induites ne sont pas concerne les substances agissant sur le système nerveux central (par ex.
associées spécifiquement aux microsomes. Par exemple, l’alcool dés- les opioïdes, les benzodiazépines et les antidépresseurs), auxquels les
hydrogénase hépatique agit au niveau du cytoplasme. personnes âgées semblent plus sensibles (selon un mécanisme cérébral
encore inconnu).
Inhibition enzymatique
L’inhibition enzymatique peut donner lieu à des interactions médica-
Métabolisme et toxicité des médicaments
menteuses indésirables. Ces interactions tendent à se produire plus Les produits du métabolisme médicamenteux peuvent parfois présen-
rapidement que celles impliquant l’induction enzymatique car ce pro- ter une toxicité pour divers organes, spécialement pour le foie. Le
cessus intervient dès que la concentration en médicament inhibiteur paracétamol, un analgésique léger largement utilisé, subit normale-
est suffisamment élevée pour entrer en compétition avec le médica- ment des étapes de glucuronidation et de sulfatation. À forte dose
ment affecté. Différentes formes de cytochromes P450 peuvent être cependant, ces processus saturent et le médicament est alors conjugué
inhibées, de sorte qu’un médicament n’affecte le métabolisme d’un au glutathion. Et si l’apport en glutathion est réduit, on observe alors
autre médicament que si ce dernier est métabolisé par la même isoen- une accumulation d’un métabolite actif, hépatotoxique et potentielle-
zyme particulière. La cimétidine inhibe le métabolisme de certains ment létal (chapitre 46).

9
Table des matières

Préface. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 26 Médicaments antiparkinsoniens. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52


Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 27 Médicaments antipsychotiques (neuroleptiques). . . . . . . . . 54
Note liminaire du traducteur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 28 Médicaments utilisés dans le traitement
Comment utiliser ce livre ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 des troubles affectifs : les antidépresseurs. . . . . . . . . . . . . . 56
Autres ouvrages. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 29 Analgésiques opioïdes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
30 Médicaments utilisés pour les nausées et les vertiges
1 Introduction : principes de base de l’action pharmacologique (antiémétiques) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
des médicaments. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 31 Abus de médicaments et dépendance. . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
2 Interactions médicament-récepteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 32 Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). . . . . . . . . . . 64
3 Absorption, distribution et excrétion des médicaments. . . 6 33 Les corticostéroïdes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
4 Métabolisme des médicaments. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 34 Hormones sexuelles et médicaments . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
5 Anesthésiques locaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 35 Thyroïde et médicaments antithyroïdiens. . . . . . . . . . . . . . 70
6 Médicaments qui agissent au niveau de la jonction 36 Agents antidiabétiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
neuromusculaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 37 Médicaments antibactériens qui inhibent la synthèse
7 Système nerveux autonome . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 des acides nucléiques : sulfamides, triméthoprime,
8 Médicaments du système nerveux autonome agissant quinolones et nitroimidazoles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
sur les synapses cholinergiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 38 Médicaments antibactériens qui inhibent la synthèse
9 Médicaments agissant sur le système sympathique. . . . . . . 18 de la paroi cellulaire : pénicillines, céphalosporines
10 Pharmacologie oculaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 et vancomycine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
11 Asthme, rhume des foins et anaphylaxie. . . . . . . . . . . . . . . 22 39 Médicaments antibactériens qui inhibent la synthèse
des protéines : aminoglycosides, tétracyclines, macrolides
12 Médicaments qui agissent sur le tractus gastro-intestinal
et chloramphénicol. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
I : l’ulcère peptique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
40 Médicaments antifongiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
13 Médicaments qui agissent sur le tractus gastro-intestinal
II : motilité et sécrétions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 41 Médicaments antiviraux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
14 Médicaments qui agissent sur le rein : diurétiques . . . . . . . 28 42 Médicaments qui agissent sur les parasites.
I : helminthes (vers). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
15 Médicaments utilisés dans le traitement
de l’hypertension. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 43 Médicaments qui agissent sur les parasites.
II : protozoaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
16 Médicaments utilisés dans l’angor. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
44 Médicaments anticancéreux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
17 Médicaments antiarythmiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
45 Médicaments immunosuppresseurs
18 Médicaments utilisés dans l’insuffisance cardiaque. . . . . . . 36
et antirhumatismaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
19 Médicaments qui agissent sur la coagulation sanguine . . . 38
46 Intoxications. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
20 Hypolipidémiants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
47 Réactions indésirables des médicaments. . . . . . . . . . . . . . . 94
21 Médicaments utilisés dans le traitement de l’anémie . . . . . 42
22 Substances neurotransmettrices au niveau central . . . . . . . 44
Études de cas et questions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
23 Anesthésiques généraux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
Réponses. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
24 Anxiolytiques et hypnotiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
25 Médicaments antiépileptiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50

108
MICHAEL NEAL
Pharmacologie médicale propose une synthèse claire des
POINTS CLÉS : notions fondamentales de la pharmacologie thérapeutique.
Tous les domaines essentiels y sont abordés : des anti-
1 Les concepts fondamentaux biotiques aux anesthésiques, des médicaments anticancéreux
de la pharmacologie aux intoxications ou aux abus de substances, chaque chapitre
médicale : administration s’attache à présenter, en double page, les mécanismes d’ac-
des médicaments, modes tion des médicaments, leurs usages et les effets secondaires
d’action, effets secondaires possibles grâce à d’indispensables schémas en couleurs et à
2 Des schémas clairs leurs explications détaillées.
et en couleurs Cette nouvelle édition, entièrement mise à jour, propose un
3 Une présentation nouveau chapitre consacré aux médicaments agissant sur
pratique et agréable le système urinaire. D’autres sujets, comme les traitements
4 Des études de contre le sida, ont été révisés en profondeur pour refléter les
cas pour tester avancées scientifiques les plus récentes.
ses connaissances Destiné essentiellement aux étudiants, aux enseignants
et aux professionnels du médicament, cet ouvrage permet
également au lecteur de tester la bonne intégration des con-

PHARMACOLOGIE MÉDICALE 6e édition


cepts présentés au travers de plusieurs études de cas et de
leurs corrigés.

MICHAEL NEAL
Professeur et président du département de pharmacologie et toxicologie, École de médecine et de dentisterie
de l’Hôpital Guy et St Thomas (UMDS). Département de pharmacologie, Hôpital St Thomas, Londres.

TRADUCTION DE LA 8 e ÉDITION ANGLAISE : PAUL DEPOVERE


Professeur émérite à la faculté de médecine de l’UCL-Bruxelles et de l’université Laval (Québec). Il est le
traducteur réputé de plusieurs grands traités, dont Chimie organique (Vollhardt/Schore), Chimie générale
(McQuarrie/Rock) et Concepts clés de chimie organique (Parsons), et l’auteur de nombreux autres ouvrages.

ISBN : 978-2-8073-0611-0

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