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Qu’est-ce que j’ai

fait au Bon Dieu ?

Job, la souffrance
et nous.
(Bulletin de liaison N° 49)

Qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu ? Nous entendons souvent ces cris de douleur, de
révolte ! Dans notre mission, comment accompagner les personnes rencontrées pour qu’elles
trouvent en elles des ressources spirituelles pour traverser leur épreuve : maladie,
vieillissement, handicap, isolement…?

Le livre de Job n’apporte pas de recette face à la souffrance, par contre, il donne à
penser face à la souffrance. Négativement, il indique les discours religieux à ne pas tenir.
Positivement, avec ou contre Dieu, mais jamais sans Dieu, il nous invite à nous tourner du
côté des victimes pour affronter et combattre la souffrance injustifiée.

Dans le livre de Job, Dieu sonde les cœurs. Vers la fin du livre, Job constate son
propre état et se voit dans la lumière de Dieu. À l’instar de Job, nous sommes aussi
éprouvés par Dieu. Sa discipline paternelle vise à nous rendre conformes à l’image de son
Fils bien-aimé. Si on oublie la présence de Dieu, la porte s’ouvre au mal sous toutes ses
formes. Par contre, en marchant dans la conscience de la présence de Dieu avec nous, nous
fermons la porte au mal.

Le Christ nous montre en quoi consiste la droiture, comment il nous convient d’agir
devant Dieu. Nous en trouvons l’illustration en regardant l’attitude du Christ dans Job 33. 23 : «
il suffit d’un messager, un interprète, au côté de cet homme, un seul de ces milles
intermédiaires de Dieu pour lui faire savoir quel est le droit chemin ».

Le Seigneur Jésus est devenu ce messager en venant sur terre, en prenant notre
condition humaine. Il apporte le message de Dieu, étant Dieu lui-même. L’Esprit du
Seigneur était sur lui, parce qu’il l’avait oint pour annoncer de bonnes nouvelles (Luc 4. 18).

Quelle joie ! Quel bonheur ! en ces temps de fêtes de l’accueillir encore


aujourd’hui dans nos vies !

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Qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu ?
Job, la souffrance et nous.
D’après l’intervention de Marie Noëlle THABUT à la journée diocésaine du 12 mai 2011 à Saint Julien de Concelles (44),
en référence à son livre (voir page 6)

La souffrance pose trois questions aux êtres humains :


- D’où vient-elle ? Qui la commande ?

- Pourquoi la souffrance ? Y a t-il une raison ? Une explication ?

- Pour quoi ? En vue de quoi ? Y a-t-il un objectif ? Une finalité à la souffrance ?

 Ces trois questions sont de tous les temps et toutes les époques ; Qu’en est-il à l’époque où le livre de
Job est rédigé dans le peuple d’Israël et aussi dans les peuples environnants ?

DES RÉPONSES DANS LES PEUPLES ENVIRONNANTS


D’où vient la souffrance ?
Dans tous les peuples (polythéistes) du Proche Orient ancien on trouve toujours la même réponse : des divinités.

Pourquoi ? Pour quoi ?

On trouve schématiquement trois types de discours.

 L’arbitraire : « Selon le bon plaisir divin les lots sont répartis » peut-on lire sur une tablette datant du XVI°
siècle et retrouvée en Syrie. Et sous entendu il n’y a ni à se plaindre, ni à comprendre, car parfois même les
dieux se plaisent à berner les hommes !

 La logique de la rétribution : selon une loi simple (dite loi de la rétribution) les bons sont récompensés et
les méchants punis. « Fais le bien et tu réussiras. » « Celui qui fait le mal, le rivage le repousse, et
l’inondation l’emporte. » dit un sage Egyptien du XV° siècle avant JC. Certains vont plus loin : comme
personne n’est vraiment innocent… la souffrance est toujours méritée.
On la retrouvera très fortement dans les discours des amis de Job. Elle suit une certaine logique, et il faut
noter quelle est un progrès par rapport à l’idée d’arbitraire des divinités, puisqu’elle fait intervenir une notion
de justice des dieux et de responsabilité de l’homme. Reste à savoir si les pensées de Dieu sont les nôtres et
si sa justice coïncide avec cette logique de rétribution.

 La résignation stoïque sans chercher d’explication. On la retrouve dans l’antiquité mais on peut la résumer
par cette citation d’Alfred de Vigny ; « Gémir, pleurer, prier est également lâche, accomplis chaque jour ta
longue et lourde tâche, puis après comme moi, souffre et meurs sans parler » (1797-1863 ; la mort du loup).

ISRAËL, PEUPLE CROYANT : LA PARTICULARITE DU LIVRE DE JOB !

D’où viennent le mal et la souffrance ? Le livre de Job n’a pas une réponse très originale : du Dieu
unique… puisque tout vient de lui.
Cependant il apparaît dans le livre un personnage particulier :
l’Adversaire. C’est lui qui maltraite Job, mais avec l’autorisation de Dieu.
Quoiqu’il en soit, ce n’est pas le thème central du livre. Car la réponse est
connue.
C’est sur les deux autres questions que porte un grand débat :
pourquoi, pour quoi la souffrance ? Job nous ouvre un chemin,
car Job est un croyant écartelé, mais aussi un homme
d’espérance.

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Composition du livre de JOB : deux livres en un.
1) Le prologue (chap. 1-2) et l’épilogue (chap. 2) Le livre central : poèmes en vers.
42,7-17) = un conte en prose.
Si on lisait le prologue et l’épilogue à la suite, on serait
Ce conte nous raconte que sur terre, existe un dans un gentil conte qui nous présente l’attitude
homme parfait et comblé de tous les bonheurs, qui impassible et sereine d’un croyant devant le malheur qui
s’appelle Job. Là-haut, Dieu est au milieu de sa cour le touche. (On pense que ce conte circulait dans le
céleste ; un beau jour, un personnage malveillant, proche orient ancien, et est antérieur à la partie
appelé l’Adversaire, lui arrache la permission de centrale.) Mais la partie centrale (la majeure partie du
faire souffrir Job. La foi et la justice de Job livre) introduit un tout autre questionnement.
résisteront-elles à l’épreuve ? Job perd coup sur
coup ses biens, sa fortune, et tous ses enfants. Mais Des amis de Job viennent le voir dans sa maladie, et
Job affronte l’épreuve avec grandeur d’âme : Sorti sous forme de poèmes a lieu un échange sur la question
nu du ventre de ma mère, nu j’y retournerai. Le de la souffrance, la loi de la rétribution…etc. Dieu est
Seigneur a donné, le Seigneur a ôté : Que le nom pris a parti et Dieu répond ! Job y apparaît très
du Seigneur soit béni ! (1, 21) différemment de la partie en prose : comme un
Alors l’Adversaire s’attaque à sa santé. Job tombe croyant écartelé, qui crie sa souffrance :
malade de la peau et souffre terriblement. Mais Job physique, morale, l’angoisse devant la mort
ne renie pas Dieu ! prématurée, l’incompréhension des amis, et pire
que tout, le silence de Dieu.
Au chapitre 42,7-17 (l’épilogue, également en
prose), le Seigneur rétablit Job dans sa santé et ses Il y a une certaine audace de cette composition. Elle
affaires, et il se voit accorder une nouvelle tranche contient déjà dans sa forme même une remise en cause
de vie dans le bonheur familial et l’opulence. du discours « religieusement correct » de l’époque.

La partie centrale = Un procès : Job face à ses amis


Cette partie est vraiment construite comme un procès où :
- La victime c’est Job : il souffre et il ne sait pas pourquoi ?
- L’accusé c’est Dieu (absent au début)
- Les avocats de la défense sont les 4 amis de Job qui viennent le voir
(Elifaz, Bildad, Cofar, Elihou)

1) La Souffrance de Job.
Job l’exprime sur tous les tons : deuil, douleur, solitude, faux consolateurs… etc. Ce sont souvent des cris, de
rage, de douleur, de révolte, parfois à la limite du blasphème, ou la tentation du suicide... Voilà quelques exemples :
« Pourquoi ne suis-je pas mort dès le sein ? A peine sorti du ventre, j’aurai expiré.
Pourquoi deux genoux m’ont-ils accueilli ? Pourquoi avais-je deux mamelles à téter ?
Désormais, gisant, je serai au calme, endormi, je jouirai du repos. » (3, 11-13)
« Pourquoi donne t’il la lumière à celui qui peine, et la vie aux ulcérés ? Ils sont dans l’attente de la mort, et elle
ne vient pas, ils fouillent à sa recherche plus que pour des trésors. » (3, 20-21)
« La pendaison me séduit. La mort plutôt que ma carcasse ! » (7, 15)
« Comme un esclave soupire après l’ombre, et comme un saisonnier attend sa paye, ainsi des mois de
néant sont mon partage et l’on m’a assigné des nuits harassantes. A peine couché, je me dis : Quand me
lèverai-je ? Le soir n’en finit pas, et je me saoule de délires jusqu’à l’aube ? » (7, 2-4)
« Je hurle et tu ne réponds pas. Je me tiens devant toi, et ton regard me transperce.
Tu t’es changé en bourreau pour moi, et de ta poigne tu me brimes. » (30, 20-21)

Mais les cris de Job sont aussi des protestations d’innocence, (de vie juste et droite) preuve que lui aussi se
situe initialement dans la logique de la loi de rétribution, mais bien vite il la conteste : Il est juste et pourtant il
souffre !
« L’homme enfanté de la femme est bref de jours et gorgé de tracas.
Comme fleur cela éclôt puis c’est coupé, cela fuit comme l’ombre et ne dure pas.
Et c’est la dessus que tu ouvres l’œil, et c’est moi que tu cites avec moi en procès ! » (14, 1-3)
« Si je crie à la violence, pas de réponse. Si je fais appel, pas de justice.
Il a barré ma route pour que je ne passe pas, et sur mes sentiers il met des ténèbres. » (19, 7-8)
3
« Jusqu’à ce que j’expire je maintiendrai mon innocence. Je tiens à ma justice et ne la lâcherai pas !
Ma conscience ne me reproche aucun de mes jours. » (27, 5-6)
« Car je sauvais le pauvre qui crie à l’aide, et l’orphelin sans secours… J’étais devenu les yeux de
l’aveugle, et les pieds de l’impotent, c’était moi. » (29, 12…15)

2) Les explications des amis de Job

Ils défendent la logique de la rétribution.

 Ta souffrance est un châtiment. Dieu est juste. Si tu souffres c’est que tu as péché. Tu as fait du mal et tu
le payes. « Les laboureurs de gâchis et les semeurs de misère en font eux-mêmes la moisson » (4,8)

 La souffrance éducatrice. Dieu veut t’éduquer par la souffrance, et t’éviter de prendre la mauvaise route…
« Heureux l’homme que Dieu réprimande ! Ne dédaigne donc pas la semonce du Puissant. » (5, 17)
« L’opprimé, il le sauve par l’oppression, et par la détresse il lui ouvre l’oreille. » (36,15)

3) Le cheminement de Job

Au long du dialogue avec ses « amis », la pensée de Job évolue en trois étapes. Job représente le peuple d’Israël lui-
même. Cette évolution mènera à l’abandon de la logique de la rétribution : car Job lui-même est la preuve vivante que
les arguments des avocats de l’accusé (Dieu) ne valent rien. Car Job est réellement innocent.

 1° étape : Job reste dans la logique de la rétribution (poèmes 1-6)

 2° étape : Remise en cause et abandon progressif de la logique de la rétribution (poèmes 7-10) dans le
dialogue avec ses amis.
« Oui, tout cela mon œil l’a vu ; mon oreille l’a entendu et compris. Ce que vous savez, je le sais moi aussi. Je ne
suis pas plus déchu que vous. Mais moi, c’est au Puissant que je vais parler, c’est contre Dieu que je veux me
défendre. Quant à vous plâtriers de mensonge, vous n’êtes tous que des guérisseurs de néant. Qui vous réduira
une bonne fois au silence ? Cela vous servirait de sagesse. » (13, 1-5)

« Écoutez, écoutes mes paroles, c’est ainsi que vous me consolerez.» (21, 2)

 3° étape : aveu d’impuissance, d’ignorance (chapitre 28 + poème 11). Job reconnaît qu’il ne comprend plus
rien, et demande que l’accusé accepte de prendre la parole :
« Qui me donnera quelqu’un qui m’écoute ? Voilà mon dernier mot. Au Puissant de me répondre ! » (31,35)

La réponse de Dieu – La conversion de Job.


1) La réponse de Dieu à Job (38-42)
Et voilà que Job est exaucé ! Dieu répond : « Qui est
celui qui dénigre la providence par des discours insensés ? Ceins
donc tes reins, comme un brave : je vais t’interroger et tu
m’instruiras. » (38, 2-3)
Dieu passe alors en revue longuement toutes les merveilles de
la Création. On peut s’étonner qu’une telle évocation de la
beauté et complexité de l’univers ait suffi à apaiser Job ; mais
c’est compter sans la foi d’Israël pour qui la Création est un
acte d’amour de Dieu grandiose et toujours visible !

Dieu ne reproche pas à Job ses paroles, il l’invite seulement


à lui faire confiance. Les vues de Dieu ne sont pas celles des
hommes, la justice de Dieu n’est pas celle des hommes.

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2) La conversion de Job : la victime retire sa plainte contre Dieu

Au final, Job n’a pas trouvé d’explication, mais il a rencontré quelqu’un … d’Autre. Job reconnaît que la vérité
lui échappe et que la seule voie de salut pour l’homme, y compris quand il souffre, consiste à mettre sa
confiance en Dieu. « Je ne fais pas le poids, que te répliquerai-je ? Je mets ma main sur ma bouche. J’ai parlé une
fois, je ne répondrai plus, deux fois, je n’ajouterai rien.» (40, 4-5)
Je ne te connaissais que par ouï-dire, maintenant mes yeux t’ont vu. (42, 5)

3) La conclusion de Dieu lui-même : colère contre les amis.


Les amis de Job qui se croyaient dans la vérité sont sévèrement jugés : « Vous n’avez pas parlé de moi avec droiture
comme l’a fait mon serviteur Job » (42,7)

Conclusion : Les leçons du livre de Job


Le livre de Job ne répond pas à la question de l’origine de la souffrance, mais il donne quelques leçons…

1  Nous n’aurons pas d’explication mais un chemin = leçon de confiance.

2  Nous ne comprenons pas tout mais cela ne nous autorise pas à contester Dieu = leçon d’humilité.
« Veux-tu vraiment casser mon jugement, me condamner pour te justifier ? » (40, 8)

3  On peut tout dire à Dieu ! Oser la révolte ! = leçon de vérité

Il ne faut pas se scandaliser de la révolte de l’autre, ne pas se culpabiliser de sa propre révolte. Face à toutes les
détresses de nos vies, maladie, deuil, solitude, échecs de toute sorte, la Bible nous invite d’abord à être
vrais. Gémir, pleurer, prier… non, ce n’est pas lâche, c’est humain tout simplement ; et c’est recommandé, à
condition de le faire vers Lui. « C’est vers Dieu que pleurent mes yeux » (16,20)

4  La justice de Dieu n’est pas la nôtre ! Mes pensées ne sont pas vos pensées (Is 55,8)

La souffrance punitive ou éducative est un raisonnement humain, non celui de Dieu. Le Dieu bon ne fait
pas de compte envers nous. Il faut sortir à tout prix de la logique de rétribution !

5  Il faut également abandonner l’idée d’une souffrance pédagogique ! Même si parfois, grâce à Dieu, la souffrance
est devenue chemin…

6  C’est quand il a accepté de reconnaître son ignorance, que JOB a enfin rencontré Dieu.

Livre de JOB – extraits


1, 21 : Sorti nu du ventre de ma mère, nu j’y retournerai.
Le Seigneur a donné, le Seigneur a ôté : Que le nom du Seigneur soit béni !

2, 13 : Ils restèrent assis à terre avec lui pendant sept jours et sept nuits.
Aucun ne lui disait mot, car ils avaient vu combien grande étai sa douleur.

3, 11-13 : Pourquoi ne suis-je pas mort dès le sein ? A peine sorti du ventre, j’aurai expiré.
Pourquoi deux genoux m’ont-ils accueilli, pourquoi avais-je deux mamelles à téter ?
Désormais, gisant, je serai au calme, endormi, je jouirai du repos,

3, 20-21 : Pourquoi donne t’il la lumière à celui qui peine, et la vie aux ulcérés ?
Ils sont dans l’attente de la mort, et elle ne vient pas,
Ils fouillent à sa recherche plus que tous les trésors.

5, 17 : Heureux l’homme que Dieu réprimande ! Ne dédaigne donc pas la semonce du Puissant.

7, 15 : La pendaison me séduit. La mort plutôt que ma carcasse !

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13, 1-5 : Oui, tout cela mon œil l’a vu ; on oreille l’a entendu et compris.
Ce que vous savez, je le sais moi aussi. Je ne suis pas plus déchu que vous.
Mais moi, c’est au Puissant que je vais parler, c’est contre Dieu que je veux me défendre.
Quant à vous plâtriers de mensonge, vous n’êtes tous que des guérisseurs de néant.
Qui vous réduira une bonne fois au silence ? Cela vous servirait de sagesse.

13, 20-22 : Épargne-moi seulement deux choses et je cesserai de me cacher devant toi.
Eloigne ta griffe de dessus de moi. Ne m’épouvante plus par ta terreur.
Puis appelle et moi je répliquerai, ou bien si je parle, réponds-moi.

14, 1-3 : L’homme enfanté de la femme est bref de jours et gorgé de tracas.
Comme fleur cela éclot puis c’est coupé, cela fuit comme l’ombre et ne dure pas.
Et c’est là dessus que tu ouvres l’œil, et c’est moi que tu cites en procès !

16, 20 : Mes amis se moquent de moi, mais c’est vers Dieu que pleurent mes yeux.

19, 7-8 : Si je cris à la violence, pas de réponse. Si je fais appel, pas de justice.
Il a barré ma route pour que je ne passe pas, et sur mes sentiers il met des ténèbres.

19, 25 : Je sais bien, moi, que mon rédempteur est vivant, que le dernier, il surgira sur la poussière…

21, 2 : Écoutez, écoutes mes paroles, c’est ainsi que vous me consolerez.

27, 5-6 : Quelle abomination si je vous donnais raison ! Jusqu’à ce que j’expire je maintiendrai mon innocence.
Je tiens à ma justice et ne la lâcherai pas ! Ma conscience ne me reproche aucun de mes jours.

29, 12…15 : Car je sauvais le pauvre qui crie à l’aide, et l’orphelin sans secours.
… J’étais devenu les yeux de l’aveugle, et les pieds de l’impotent, c’était moi.

30, 20-21 : Je hurle et tu ne réponds pas. Je me tiens devant toi, et ton regard me transperce.
Tu t’es changé en bourreau pour moi, et de ta poigne tu me brimes.

30, 26 : Quand mon cœur espérait le bonheur, c’est le malheur qui survint.
Je m’attendais à la lumière… l’ombre est venue.

38, 2-3 : Qui est celui qui dénigre la providence par des discours insensés ?
Ceins donc tes reins, comme un brave : je vais t’interroger et tu m’instruiras.

40, 8 : Veux-tu vraiment casser mon jugement, me condamner pour te justifier ?

42, 5-6 : Je ne te connaissais que par ouï-dire, maintenant mes yeux t’ont vu.
Aussi j’ai horreur de toi et je me désavoue sur la poussière et sur la cendre.

Si vous désirez découvrir le livre de Marie-Noëlle THABUT, bibliste,


« Qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu ? Job, la souffrance et nous »
Éditions Desclée de Brouwer – 2006

En voici la présentation par son éditeur :


Ouvrir le livre de Job, c’est pousser la porte de la cour d’assises dans laquelle se
déroule le plus grand, l’éternel procès de l'histoire des hommes. La victime
s’appelle Job ; mais ce pourrait être vous ou moi ; car ce procès est celui de la
douleur humaine. Depuis le début de l’aventure terrestre, des hommes, des
femmes, des enfants de tous les pays souffrent, parfois longuement,
cruellement, et finissent, tôt ou tard, par mourir. De tout temps, ils ont gémi,
pleuré, prié... en vain. Le suspect numéro un, tout le monde le connaît, tout le
monde en parle, c’est Dieu lui-même. Mais, en réalité, il n’est pas là, sur le banc
des accusés ; on le juge donc par contumace. Il a des avocats, bien sûr : ils
plaident, c’est leur métier. Pour eux, la relaxe s’impose : si leur (divin) client a
frappé Job de tous les maux, c’est parce qu’il le méritait, certainement, et il
n’en résultera que du bien. La justice est sauve. Mais la victime n’est pas de cet
avis. Et c’est tout l’intérêt de ce petit livre qui refuse résolument les belles
phrases toutes faites des gens bien-portants et bien-pensants.

6
Grille de relecture pour un partage en équipe à partir de ce que vous vivez
auprès des malades, personnes âgées, handicapées, isolées...
Les trois axes reprennent la structure du livre de Mme Marie Noëlle THABUT.

JOB, LE SOUFFRANT.
« Ma harpe s’accorde à la plainte, et ma flûte à la voix des pleureurs. (30,31)
 Ai-je conscience que les personnes rencontrées sont en souffrance ? Comment ?
 Confronté(e)s à la souffrance dans ma vie, dans ma mission, puis-je dire qu’à la suite de la lecture
de l’intervention Mme THABUT mon approche humaine, pastorale, théologique s’en trouve éclairée?
Si oui, Pourquoi ? Si non, pourquoi ?

JOB, LE CROYANT.
« C’est vers Dieu que pleurent mes yeux » (16,20)
 Quels mots j’emploie, quels gestes je propose, à quelle parole biblique je fais référence, quelles
sont mes attitudes lorsque je suis confrontée à la souffrance de quelqu’un ?

 Dans ma foi, m’arrive-t-il de penser que Dieu envoie des épreuves à certains (souffrance
éducatrice) ou que Dieu punit certaines personnes ou devrait le faire (loi de la rétribution) ? Les
propos de Mme THABUT me permettent-ils de faire un déplacement intérieur ?

JOB, LE CROYANT ECARTELE.


« C’est contre Dieu que je veux me défendre. » (13,3)
 Face à des paroles de révoltes, de colères, de blasphèmes (rappelons-nous les amis de Job)…
Quelle est ma réaction ? (mal à l’aise, silence, choqué, envie de réagir, de répondre…etc.). Est-ce
que l’attitude de JOB m’invite à ajuster la mienne ?

☺ En début de rencontre, vous pouvez commencer par prendre un temps de prière ; par exemple en
lisant un extrait du livre du Job. (La première plainte du chapitre 3 par exemple) Puis un temps de
silence personnel avant de commencer l’échange.

Propositions pour une approche


de ce bulletin
 Privilégier :

 une approche partielle du livre de Job, à


travers une partie ou l’autre du livre, dont
le bulletin ne donne qu’un reflet (ce qui ne
dispense pas d’en faire une lecture suivie
dans la Bible)…

 la réflexion à partir de l’encart « grille de


relecture pour un partage » qui propose
trois axes, en ne traitant pas tout le même
jour…

 lire Job est un apprentissage, nous ne


deviendrons pas « bibliste » du jour au
lendemain ! Mais les cris de Job rejoignent
souvent les cris des personnes que nous
accompagnons, alors osons visiter le livre
de Job, le « croyant écartelé ».

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