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INTRODUCTION
1
Cf. Paul Zikpi, Perspectives pastorales pour l’Eglise en Afrique noire, Paris, l’Harmattan, 2014, p.11
1
population qui auraient motivés l’implantation des PSMC à Anyama, une localité située au nord
d’Abidjan dans le sud de la Cote d’Ivoire. En effet, nous sommes convaincus que l’homme peut
venir à bout de certaines souffrances telles: la pauvreté, les maladies et certaines injustices
sociales.
Notre travail se subdivisera en deux parties. Nous traiterons dans la première partie de la
question de la souffrance dans l’histoire du salut ; et dans la seconde, nous présenterons la
réponse des Petites Sœurs Missionnaire de la Charité face à la souffrance à Anyama. Nous
exposerons bien entendu les différents apostolats que les sœurs ont à leur actif, nous feront des
critiques de ceux-ci, puis nous proposerons des perspectives pastorales.
2
PREMIERE PARTIE : LA QUESTION DE LA SOUFFRANCE DANS L’HISTOIRE DU
SALUT
Ici, nous nous intéresserons aux différentes approches de la souffrance dans les différentes
sources de la théologie chrétienne, à savoir ; les Ecritures, la Tradition, le Magistère. Cette
approche s’ouvrira sur la vision de quelques théologiens africains.
1. L’Ancien Testament
Dans l’Ancien Testament, la souffrance prend plusieurs significations. Dans tous les
cas, elle est un cri de détresse qui sollicite l’intervention de Yahvé.
D’abord, dans la Genèse. La souffrance d’Adam et d’Eve apparaît comme une punition
mortelle, conséquence de leur péché, leur désobéissance à l’ordre du Créateur de ne pas
manger du fruit qui est au milieu du jardin : « Vousn’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas
sous peine de mort » (Gn 3, 3). Après la chute, Adam et Eve se sont retrouvés hors du jardin
« nus ». A la lumière de ce passage, on peut s’autoriser à conclure que cette nudité est une
forme de souffrance mortelle. A cette menace de mort, viendront s’ajouter quelques
souffrances concrètes : les peines qu’éprouvera l’homme à travers le travail et les douleurs de
L’accouchement pour la femme (cf. Gn 3, 16-17). Cependant, la punition n’a pas été le
dernier mot du Créateur parce qu’il ne s’est pas enfermé dans l’indifférence. Alors, il s’est
mis à leur recherche : « Où es-tu ? », demanda-t-il. (Gn 3, 9-11). Mieux encore, Yahvé fit des
tuniques pour les couvrir (cf. Gn 3, 21).
Ensuite, dans l’Exode,l’esclavage dans lequel s’est retrouvé les Israélites a suscité des
cris de souffrance qui a retenu l’attention de Dieu, qui s’adressa ainsi à Moïse : « J’ai vu, j’ai
vu la misère de mon peuple qui est en Egypte. J’ai entendu son cri devant ses oppresseurs ;
oui, je connais ses angoisses. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Egyptiens et le
faire monter de cette terre vers une terre plantureuse et vaste, vers une terre qui ruisselle de
lait et de miel, vers la demeure des Cananéens » (Ex 3, 7-8). C’est cette souffrance collective
qui a suscité la mission libératrice de Moïse de la part de Dieu et qui va aboutir à la
conclusion d’une alliance entre Dieu et son peuple (cf Ex 24) et son entrée à Canaan, selon la
promesse faite en Ex 2, 7-8.
Enfin, la souffrance apparaît aussi comme un scandale et une absurdité, surtout
3
lorsqu’elle est située dans l’initiative divine. Cela apparaît tant dans les sapientiaux que dans
les écrits prophétiques. En effet, dit le prophète Isaïe : « Je suis Yahvé, il n’y en a pas d’autre.
Je façonne la lumière et je crée les ténèbres, je fais le bonheur et je crée le malheur, c’est moi,
Yahvé qui fais tout cela » (Is 45, 6-7).La souffrance du juste, celle de Job, par exemple qui
poussa sa femme à lui conseiller de maudire Dieu (cf. Jb 2, 9) révèle avec acuité l’absurdité
de la souffrance. Et lorsque survient la mort du juste, et la longévité de l’impie, » le scandale
est plus inouïe : « J’ai tout vu, en ma vie de vanité : le juste périr dans sa justice et l’impie
survivre dans son impiété » (Qo 7, 15).
Quoi qu’on dise, la souffrance demeure un mystère dans lequel l’homme entre par sa
foi. C’est le cas des prophètes et des sages. En effet, ils découvrent la valeur purifiante de la
souffrance semblable à celle du feu qui dégage le métal de ses scories : « Tu nous as
éprouvés, ö Dieu, épurés comme on épure l’argent » (Ps 66, 10). Elle a aussi une valeur
éducatrice telle celle d’une correction paternelle : « Comprends donc que Yahvé ton Dieu te
corrigeait comme un père corrige son enfant, et garde les commandements de Yahvé ton Dieu
pour marcher dans ses voies et pour le craindre » (Dt 8, 5).
2. LeNouveau Testament
Dans le contexte de la nouvelle alliance, les causes de la souffrance n’ont pas disparu,
contrairement à ce qu’on pourrait croire ; elles sont toujours présentes, et même accentuées
avec la venue du Christ2.Le Nouveau Testament révèle que ce serviteur venu pour délivrer
l’homme du péché (Is 53, 11) n’est autre que le propre Fils de Dieu. Il n’est donc pas étonnant
que le péché n’y occupe pas une moindre place que dans l’Ancien Testament, ni surtout que la
révélation plénière de ce qu’a fait l’amour de Dieu pour venir à bout du péché permette d’en
découvrir la véritable dimension et tout à la fois son rôle dans le plan de la sagesse divine.
Dès le début de son ministère, Jésus, en qui s’incarne la mystérieuse figure du
serviteur souffrant, ne ménage aucun effort pour êtreparmi les publicains et les pécheurs car,
dit-il, « ce ne sont pas les biens portants qui ont besoins de médecin, mais les malades. Je suis
venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs pour qu’ils se convertissent » (Lc 5, 31-32).
Et pour que l’homme puisse vraiment expérimenter cette joie de la conversion, il va jusqu'à
lui pardonner ses péchés : « …voyant leur foi, il dit : tes péchés sont pardonnés » (Lc 5, 20).
Jésus, durant toute sa vie s’est montré très sensible à toute douleur humaine (Mt 9, 1-8 ; 18-
34) il ne peut être témoins d’une souffrance sans être émue et sans faire preuve de miséricorde
2
Cf. Paul Zikpi, Perspectives pastorales pour l’Eglise en Afrique noire, Paris, l’Harmattan, 2014, p.11
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(Jn 11, 1-36 ; 12, 1-11). Jésus affirme dans sa prédication qu’il est venu annoncer le règne de
Dieu, et que ce règne est déjà présent. Cela se manifeste par les guérisons et les résurrections
qu’il opère, signe de sa mission messianique et prélude de la victoire du Bien sur le Mal.
Le fils de Dieu ne s’arrête pas là. En effet, il va confier cette charge de rendre présent
le Règne de Dieu à ses apôtres et à l’Eglise qui vont perpétuer son œuvre et sa mission
salvifique. Cependant, Jésus ne supprime pas la mort, mort que lui-même a subie ; il ne
supprime pas non plus la souffrance. Il n’établit pas une liaison systématique entre la
souffrance et le péché comme l’ont fait autrefoiscertains prophètes. Mais, il lui donne plutôt
tout un autre sens. La mort du Christ sur la croix a été pour la plupart de ses disciples une
déception : « Nous espérions qu’il était celui qui allait délivrer Israël » (Lc 24,2).
L’homme étant dans un monde miné par le mal et les souffrances de toutes sortes, le
sauveur qu’il espère est celui qui l’en délivrera, et non un qui serait lui-même une victime de
plus. Ce qui donne un sens à la mort du Fils sur la croix, c’est la profondeur de l’amour du
Père pour les Hommes. Par sa souffrance et sa mort sur la croix, il ouvre le chemin à l’homme
vers Dieu en lui enseignant que la souffrance peut être une béatitude, car elle prépare à
accueillir le Royaume de Dieu ; elle met l’homme dans des dispositions qui plaisent à Dieu,
àsavoir, l’humilité, cette humilité indispensable à la vision béatifique. La croix du Christ est
le lieu privilégié ou l’homme peut véritablement approcher le cœur de Dieu et discerner
quelques lueurs émanant de son mystère3.
Apres la victoire de Jésus sur la mort, le danger qui guette l’homme est celui de croire
qu’il ne doit plus avoir ni la souffrance, ni la mort. La résurrection n’abolit pas les
enseignements des Evangiles, elle les confirme ; le message des béatitudes, l’exigence de la
croix quotidienne prennent tout leur sens à la lumière de la destinée du Seigneur. Si Dieu n’a
pas épargné son propre fils, mais l’a livré à la mort, si l’Homme-Dieu n’a pas abstenu sa propre
mère des douleurs de la croix, c’est pour enseigner à l’homme qu’il doit àson tour porter sa part
de souffrance à la suite du Christ. Devenu chrétien, ce n’est plus nous qui vivons, c’est le Christ
qui vit en nous ; ainsi les souffrances du chrétien sont les souffrances du Christ en lui (cf. 2Co1,
5) pour le salut de l’humanité.
Parlant de la souffrance, il est impératif de noter que le christianisme n’est pas un
masochisme, ni un dolorisme ou une résignation, encore moins une évasion ; la souffrance ne
peut être recherchée pour elle-même : « Quand je livrerais mon corps aux flammes, s’il me
manque l’amour, cela ne vaut rien », écrit saint Paul (1 Co 13, 3b). Le rapport à la souffrance,
3
Cf. Jüngel Eberhard, Dieu mystère du monde. Fondement de la théologie du crucifié dans le débat entre
théisme et athéisme, Paris, Cerf, 1983, p.57.
5
pour être salutaire, doit être plein d’engagement humain: « … il s’est dépouillé, […] devenant
semblable aux hommes et, reconnu à son aspect comme un homme » (Ph 2, 7). L’homme ne
peut échapper à la souffrance ; elle fait partie intégrante de la vie humaine ; les hommes de tous
les temps et de tous les lieux l’on expérimentée, et les discours sur elle sont infinis. Le Christ est
venu non pas pour donner à l’homme une vie sans la moindre souffrance, mais plutôt pour
donner du sens à la souffrance afin qu’elle ne soit plus vaine, mais qu’elle contribue au salut de
celui qui l’endure.
Qu’en est-il, à présent, de la souffrance dans la Tradition de l’Eglise ? Tel sera l’objet des lignes
qui suivront.
3.La Tradition
Ici, nous exposerons la vision de Saint Basile de Césarée et Saint Jean Chrysostome sur la
question de la souffrance.
L’engagement de saint Basile à lutter contre la souffrance commence quand il devient évêque
de Césarée en 370. Apres le tremblement de terre qui a ravagé la ville de Nicée le 11 Octobre
368, il aborda la question du mal pour démontrer, comme le titre de son homélie l’indique, que
Dieu n’est pas l’auteur des maux.
Selon Saint Basile, Dieu n’est pas l’auteur et le créateur du mal, définissant le mal
comme le fait de devenir étranger à Dieu. Sa foi le pousse à conférer deux thèses : la première
c’est que la bonté de Dieu est la doctrine que le chrétien doit confesser face à l’existence du
mal ; Dieu est bon et ne peut pas être ni le créateur du mal, ni le responsable du mal ; la
deuxième c’est que le mal n’est pas une créature de Dieu, il n’a donc pas une hypostase propre,
il n’est que la privation du bien. Saint Basile conçoit le mal de deux sortes : le mal réel et le mal
apparent. Il soutient que le mal réel est celui qui conduit l’âme à la perdition totale ; et le mal
apparent n’a que l’apparence du mal, mais est utile pour le bien, étant donné qu’il peut mener
l’âme vers le salut qui est le but ultime de la vie humaine ; c’est ainsi que le mal apparent est
conçu comme une pédagogie divine et une forme de thérapie. S’inspirant de la Sainte Ecriture
et s’appuyant sur sa foi en la Révélation biblique, Basile affirme qu’: « il nous faut avoir ce
seul principe à l’esprit : puisque nous sommes l’œuvre de Dieu bon, qu’il nous a forgés, qu’il
ménage pour nous toutes les petites choses comme les plus grandes, nous ne pouvons certes
6
rien subir contre la volonté de Dieu, mais ce que nous subissons ne peut rien contenir de
funeste, et même c’est le meilleur sort qui se puisse concevoir »4.
Selon lui, le mal qui mérite vraiment le nom de « mal », c’est le péché, qui dépend de
nous. Les vices que nous avons ainsi que les péchés que nous commettons souillent notre âme
et désintègrent notre beauté première ; et c’est tout cela qui engendre la souffrance et
constitue le mal réel. Par contre, le mal apparent est celui qui ne comporte pas de péché, qui
ne dépend pas toujours de nous et qui de ce fait peut conduire l’homme vers le bien. Il
soutient que cemal est thérapeutique, et qu’il est souvent voulu par Dieu pour le bien de
l’homme. C’est ainsi qu’il utile une parabole pour mieux illustrer son idée :
Or, chacun de nos maux nous est infligés par un maitre sage et bon en vue de nous êtreutile
[…]. Le médecin est bienfaisant, même s’il inflige au corps des peines et des souffrances
(c’est la maladie qu’il combat, non le malade) ; de la même façon, Dieu est bon, lui qui
aménage le salut du tout par le châtiment des parties. Tu n’accuse pas le médecin quand il
procède à des amputations, à des cautérisations ouà des mutilations du corps. Au contraire,
tu le rétribue, tu l’appelle ton sauveur parce qu’il a confiné la maladie dans une seule partie
avant qu’elle ne s’étende à tout le corps. 5
Basile décrit Dieu à travers cette parabole comme un médecin, le mal comme une
maladie et l’action de Dieu comme une thérapie. A l’instar du médecin qui fait une
intervention sur un malade en vue de contenir le mal, Dieu intervient par certains types de
mal touchant certaines parties de l’humanité en vue de guérir l’ensemble de cette humanité.
De même que le médecin, en amputant certaines parties du corps ne vise pas le malade, mais
la maladie, de même, Dieu en « infligeant » certaines souffrances à l’hommene vise pas ce
dernier, mais plutôt le mal que celui-ci commet. L’action de Dieu est bonne car elle vise la
guérison de l’homme, non pas sa souffrance, son salut et non sa perdition.
En conclusion, nous pouvons affirmer avec saint Basile que l’action de Dieu est à la
fois pédagogique et thérapeutique, il est en même temps le médecin et le sauveur de nos âmes.
Basile en parlant des commandements de Dieu surtout celui de l’amour, affirme sa conception
de Dieu en disant : « Dieu est bon, mais il est juste aussi ; or c’est le propre du juste de rendre
à chacun selon son du […] Dieu est miséricordieux, oui, mais il est juste ».6
4
Basile de Césarée, Dieu n’est pas l’auteur des maux, in Grégoire de Nysse, Jean Chrysostome. Dieu et le mal
selon Basile de Césarée, Revue-transversalites_2013-4, pp.41-43.
5
IDEM
6
Basile de Césarée, Dieu n’est pas l’auteur des maux, in Grégoire de Nysse, Jean Chrysostome. Dieu et le mal
selon Basile de Césarée, Revue-transversalites_2013-4, pp.41-43.
7
Saint Jean Chrysostome n’a certes pas élaboré de traité sur la question du mal et de la
souffrance, et pourtant, elle occupe une grande place dans son œuvre pastorale. Il a souvent
médité avec ses fidèles et ses correspondants sur la question du mal et de la souffrance, surtout
dans les dernières années de sa vie tourmentée.Il n'est donc pas surprenant que les écrits de cette
période reflètent plusque d’autres, son expérience douloureuse et nous livrent sa pensée la
plusprofonde. La première question qu’il se pose est relative à la nature et à l’origine de la
souffrance. Il s’applique dans sa prédiction à réfuter les fausses opinions sur l’origine des maux,
notamment le fatalisme qui implique la négation de toute liberté en l’homme.
Dans son Homélie sur les maux de la vie, Jean Chrysostome aborde la question de la
distinction entre ce qui est véritablement un mal et ce qui est indifférent devenant bon ou
mauvais selon l’usage qu’on en fait7. En réalité, selon lui, l’origine des maux est en l’homme
lui-même, et il précise que le seul mal véritable est le péché (le vice) considéré comme une
offense au Dieu d’amour. La souffrance et le malheur ne sont pas mauvais par essence, tout
dépend de la disposition intérieure de celui qui les subit. Prenant l’exemple de Job, il démontre
que malgré tout ce qu’il a subi, il n’est pas devenu mauvais.Il va jusqu'à affirmer que même si
l’homme tombe dans la tentation (le vice), qu’il doit fuir d’ailleurs, il ne doit pas se décourager,
car ce sont là des armes de la vertu pour ceux qui savent en faire usage, des moyens qui peuvent
conduire à la gloire si l’on est vigilant, et à la possession des biens éternels.
Fidèle à sa foi, il affirme que l’homme peut trouver la raison profonde de la souffrance
en contemplant le Christ à la fois son Modèle et son Rédempteur, puisque Dieu se révèle à
l’homme à travers son Fils. Bien qu’il considère que la souffrance a une valeur positive, car elle
a sa place dans l’économie divine, il n’envisage guère la souffrance comme un moyen de s’unir
au sacrifice de la croix. La souffrance demeure pour lui un élément déconcertant qui s’intègre
dans un ordre supérieur.
8
1.Le Magistère
Il existe plusieurs interprétation non chrétienne de la souffrance qui comportent bien
entendu des éléments valides et nobles selon l’Eglise, mais celle-ci considère que pour
découvrir le sens fondamental et définitif de la souffrance, nous devons tourner nos regards
vers la Révélation de l’amour divin, source ultime du sens de tout ce qui existe8, la réponse à
la question de la signification de la souffrance a été donnée par Dieu à l’homme dans la Croix
de Jésus Christ. La souffrance, séquelle du péché originel, revêt un sens nouveau ; elle devient
participation à l’œuvre salvifique de Jésus Christ9. En effet, le livre de Job dans l’Ancien
Testament soulevait déjà la question de la souffrance qui frappe le juste, mais n’en donnait
pas encore de réponse profonde et définitive. On observe un dépassement de l’explication de
la souffrance comme punition dans la mentalité de l’homme de l’Ancienne Alliance,vers la
conception d’une souffrance éducative. Ainsi donc, dans la souffrance infligée par Dieu au
peuple d’Israël, on voit une invitation de sa bonté qui appelle à la conversion.
Les paroles prononcées par le Christ, «Dieu, en effet, a tant aimé le monde qu'il a
donné son Fils unique pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie
éternelle » (Jn 3, 16), nous introduisent au cœur même du mystère du salut.Le seigneur se
considère donc comme envoyé pour soulager la misère des hommes et combattre toute forme
de marginalisation. Il est venu libérer l’homme ; il est venu prendre nos infirmités et se
charger de nos maladies10. Sauver signifie libérer du mal; le salut est donc par là même lié
étroitement au problème de la souffrance11. En effet, le mal est lié au péché et à la mort, et
c’est justement de ce mal que le Christ est venu nous délivrer. JEAN PAUL II affirme à juste
titre :
L'homme « périt » quand il perd « la vie éternelle ». Le contraire du salut n'est donc pas
seulement la souffrance temporelle, une souffrance quelconque, mais la souffrance définitive:
la perte de la vie éternelle, le fait d'être rejeté par Dieu, la damnation. Le Fils unique a été
donné à l'humanité pour protéger l'homme avant tout contre ce mal définitif et contre la
souffrance définitive. Dans sa mission salvifique, il doit donc atteindre le mal jusqu'en ses
racines transcendantes à partir desquelles ce mal se développe dans l'histoire de l'homme. Ces
racines transcendantes du mal sont ancrées dans le péché et dans la mort; elles se trouvent en
effet à la base de la perte de la vie éternelle. La mission du Fils unique consiste à vaincre le
péché et la mort. Il triomphe du péché par son obéissance jusqu'à la mort, et il triomphe de la
mort par sa résurrection12.
8
JEAN PAUL II, Salvifici doloris, 7, Lettre apostolique sur le sens chrétien de la souffrance humaine, Rome, 1984
9
cf. Catéchisme de l'Église catholique, n. 1521.
10
JEAN PAUL II, Ecclesia in Africa (Exhortation apostolique post-synodale sur l’Eglise en Afrique), Lomé, Ed.
Saint Augustin Afrique, 2015, p. 98.
11
Idem
12
Jean Paul II, Salvifici doloris, 8, Lettre apostolique sur le sens chrétien de la souffrance humaine, Rome,
1984
9
Par sa souffrance et sa mort sur la Croix, le Christ soustrait l’homme à la domination
du péché et lui accorde la possibilité de vivre dans la grâce. Par sa résurrection d’entre les
morts, il a anéantile pouvoir de la mort et ouvre à l’homme les portes du Royaume de Dieu.
Ainsi, la souffrance qui était conçue comme une malédiction, devient, en et par Jésus Christ,
source de joie, car complètement orientée vers le salut. Il faut noter que ce n’est pas la
souffrance en tant que telle du Christ qui nous sauve du mal et du péché, mais l’amour qui l’a
poussé à prendre sur lui toutes la misère humaine. Dans sa souffrance, les péchés sont effacés
précisément parce que lui seul, comme Fils unique, a pu les prendre sur lui, les assumer avec
un amour envers le Père qui surpasse le mal de tout péché; en un certain sens, il anéantit ce
mal dans l'espace spirituel des rapports entre Dieu et l'humanité, et il remplit cet espace avec
le bien.13
Ainsi, pouvons-nous affirmer, l’Amour est la mesure de toute chose; et le Christ invite
l’homme a lui emboîter le pas dans ce chemin d’amour, car, il y aura toujours de la souffrance
qui réclame consolation, et que celui qui veut s’affranchir de l’amour se prépare à s’affranchir
de l’homme en tant qu’homme14. En acceptant de souffrir sur la croix, le Fils de Dieu rachète
la souffrance humaine et lui donne la valeur de rédemption. Ainsi, tout homme peut dans sa
souffrance participer à la souffrance rédemptrice du Christ ; c’est ainsi que Saint Paul
affirme : « Pressés de toute part, mais non pas écrasés; ne sachant qu'espérer, mais non
désespérés; persécutés, mais non abandonnés; terrassés, mais non annihilés. Nous portons
partout et toujours en notre corps les souffrances de mort de Jésus, pour que la vie de Jésus
soit, elle aussi, manifestée dans notre corps. Quoique vivants, en effet, nous sommes
continuellement livrés à la mort à cause de Jésus, pour que la vie de Jésus soit, elle aussi,
manifestée dans notre chair mortelle (...), sachant que Celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus
nous ressuscitera, nous aussi, avec Jésus » (2 Co 4, 8-11 ; 14a).
La souffrance a plusieurs visages, elle se manifeste dans plusieurs étapes de la vie de
l’homme ; que ce soit de telle manière ou de telle autre, elle semble être, et elle est, quasi
inséparable de l'existence terrestre de l'homme. Etant donné que la souffrance n’est pas
étrangère à l’existence humaine, l’Eglise, qui est née du mystère pascal, c'est-à-dire de la
souffrance, de la mort et de la résurrection du Christ, doit chercher à accompagner l’homme
dans sa souffrance. Bien que la victoire du Christ sur la mort et le péché ne supprime pas la
souffrance, elle sème une lumière nouvelle, une espérance, qui est celle du salut, et cette
lumière, c’est l’Evangile.
13
Idem, p. 11.
14
Cf. Benoit XVI, Deus Caritas est (lettre enc. (25 décembre 2005), n.28 ???????????
10
La foi nous enseigne de rechercher la signification ultime de la souffrance dans la
Passion, la Mort et la Résurrection du Christ. La réponse chrétienne à la douleur et à la
souffrance n'est jamais la passivité. Poussée par la charité chrétienne, qui trouve son
expression suprême dans la vie et dans l'œuvre de Jésus qui « a passé en faisant le bien » (Ac
10, 38), l'Église va à la rencontre des malades et de ceux qui souffrent, leur apportant
réconfort, espérance, et elle s’efforce de voir en chaque malade un membre souffrant du
corps du Christ15.
Voilà pourquoi l’institut des PSMC s’est implanté sur la terre ivoirienne afin de répondre à
l’appel des souffrants de tout genre. Convaincu que nous sommes le Christ aujourd’hui pour
tous les souffrants, et que l’amour de Dieu doit se faire concret, l’institut des PSMC rejoint
ainsi PAUL VI qui affirma :
11
L’Afrique est en agonie, car depuis les indépendances, l’homme africain a vu sa
souffrance augmenter par les guerres incessantes, l’oppression du capitalisme, le
néocolonialisme pour n’en citer que ceux-là. Dans cette Afrique en grande souffrance,
« annoncer la Bonne nouvelle aujourd’hui, n’est-ce pas témoigner de la puissance de
l’Evangile en montrant que Jésus ressuscite là où un bras se lève pour défendre les pauvres et
les faire passer d’un état de mort à un état de vie ? »19, s’interroge Léonard S. Kinkupu.
Des profondeurs de nombreuses contrées de l’Afrique monte donc « le cri de l’homme
africain »20 et il attend des actions concrètes pour que reculent les frontières de tant de
souffrances qui accablent le continent.N’est-ce pas dans cette logique que s’inscrit
l’engagement social de la communauté des PSMC depuis leur implantation à Anyama en
RCI ? Cette interrogation fera l’objet de la seconde partie de notre étude.
19
Léonard S. KINKUPU, Les défis de l’évangélisation dans l’Afrique contemporaine, Paris, Karthala, 2005, p.
10.
20
Jean-Marc Ela, Le cri de l’homme africain, Paris, l’Harmattan, 1980
12
DEUXIEME PARTIE :
Dans cette deuxième partie, nous diront d’abords qui sont les Petites Sœurs Missionnaire de la
Charité ; leur charisme et spiritualité, ensuite nous exposerons leurs différents apostolats et
enfin nous ferons quelques critiques tout en proposant des suggestions pour l’avenir.
13
1. Au niveau général
Œuvres socio-sanitaires
Centre et services de promotion humaine
Œuvres socio-éducatifs
Service à la communauté ecclésiale
Cénacle d’oraison et d’adoration eucharistique
21
Projet de Vie apostolique de l’Institut, Rome, Maison Générale-Avril 2005.
22
Constitutions Des Petites Sœurs Missionnaires de la Charité ; p.6, Art. 2
14
et de son Vicaire « le doux Christ sur la terre », le Pape et de la Sainte Eglise, par
l’enseignement de la doctrine chrétienne et la pratique des œuvres évangéliques de
miséricorde, pour porter la charité à tous les cœurs et à tout le monde magnanimement 23. C’est
pourquoi les PSMC professent surtout le vœu de Charité en religion.
15
Anyama est une ville située à environ dix (10) kilomètres d’Abidjan. Elle est incluse
depuis 2001 dans le district d’Abidjan et accueil une sous-préfecture. La ville compte environ
146 000 habitants. Anyama est limité au nord par les villes d’Agboville, les communes
d’Abobo et de Yopougon ; et à l’ouest par Songon. La communauté des PSMC se situe non
loin de la paroisse Notre Dame d’Anyama.
La population d’Anyama et ses périphéries est exclusivement rurale, leurs activités
gravitent autour des plantations, de la commercialisation des produits de première nécessité et
du trafic routier. A Anyama, deux familles sur trois vivent sous le seuil de la pauvreté ; La
pauvreté étant définie comme une situation de manque ou d’insuffisance de ressources
permettant la satisfaction des besoins fondamentaux d’un individu ou d’un groupe
d’individu ; elle englobe l’aspect économique, mais aussi l’aspect non financier, qui se traduit
par l’absence de conditions minimales, soit intellectuelles ou morale pour assurer une qualité
de vie rudimentaire.24 Les familles étant recomposées et polygame pour la plupart, il s’ajoute
à la pauvreté matérielle celle intellectuelle et morale.
Et si les pauvres n’étaient plus identifiés en tant que pauvres mais comme une
population en souffrance, c'est-à-dire requérant des soins plutôt que la sortie de leur situation
précaire ? Être pauvre c'est-à-dire prolétaire était autrefois une situation vécue
collectivement ; une classe sociale. Dans ses difficultés, elle pouvait garder et développer une
dignité et un honneur. Aujourd’hui, avec la nouvelle forme de souffrance mondiale qui est
l’individualisme, les questions d’honneur et de dignité sont reléguées au second plan.25 Selon
le rapport de l’ODSEF, réalisé au Québec par DEZA Doria Akoisso, le taux de pauvreté à
Anyama est entre 70% et 90%. Les facteurs de pauvreté, donc d’une certaine souffrance à
Anyama sont généralement la polygamie, des foyers uni parental, l’an alphabétisation et les
personnes en situation de handicap, quel qu’il soit.
Le taux d’analphabètes est des plus élevé, cela étant du au manque de moyens pour la
scolarisation des enfants et jeunes. Ces derniers n’ayant pas grand-chose à faire tombent dans
la délinquance juvénile, la drogue, le vol, la prostitution et l’alcool ; ce qui a pour
conséquence les grossesses précoces, les avortements dangereux, les infections au VIH
entrainant la mort physique, morale ou spirituelle de la personne engendrant ainsi de grande
souffrances. En effet, nous avons pu noter dans notre enquête qu’il y a des parents qui forcent
leurs enfants à se prostituer afin de soutenir la famille financièrement. Se sentant abandonnés,
24
Cf. Akoisso Doria DEZA, (2017). Cartographie de la pauvreté non financière dans le district d’Abidjan, à partir
du recensement général de la population et de l’habitat 2014 de la Côte d’Ivoire ; collection : Rapports de
recherche de l’ODSEF, P 3, 4
25
https://www.travail-social.com/Pauvrete-et-souffrance-psychique
16
ces jeunes, généralement des filles, se laissent aller a la prostitution ; bien que malheureuse,
elles le font quand même pour permettre a leur familles de survivre. Mais quand elles se
retrouvent infectées par le VIH, elles sont chassé de la maison et exclu de la société. Une
autre souffrance que nous avons relevé aussi est celle des jeunes filles qui subissent des
violences et abus sexuels de la part de leur parents, des proches, des professeurs…ces jeunes
étant sous la domination complète d’un ainé qui est sensé être un modèle et une référence, se
sentent complètement désorienté et impuissant, ce qui les poussent à s’enfermer dans un
mutisme mortel au risque de répéter le mal qui leur a été infligé, favorisant ainsi la
prolifération de la souffrance.
Au vu de tout ce qui précède, nous pouvons noter aisément que la ville d’Anyama est
une ville qui regorge de beaucoup de souffrances et de maux. C’est une société qui a besoins
d’être aidée et accompagnée. Le terrain de la souffrance humaine est beaucoup plus vaste,
beaucoup plus diversifié, il a plusieurs dimensions. L'homme souffre de diverses manières qui
ne sont pas toujours observées par la médecine. La souffrance est quelque chose d'encore plus
ample que la maladie, de plus complexe et en même temps plus profondément enraciné dans
l'humanité elle-même. C’est justement ce qui a poussé la congrégation des PSMC à s’installer
dans la localité d’Anyama afin de contribuer selon ses moyens à la mission salvifique de
l’Eglise à laquelle elle appartient.
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Pour leur part, c’est à travers les œuvres caritatives que les PSMC tentent de répondre
efficacement à ce questionnement. Plusieurs œuvres sont donc à leur actif et ils seront décrits
successivement dans les lignes suivantes.
Depuis 1995, les PSMC ont pris en charge la continuité de ce centre d’apprentissage
de coupe et de couture. Reconnu par l’Etat ivoirien, il offre une formation qualifiante en trois
(03) années sanctionnée par un Certificat d’Aptitude Professionnel (CAP) dans plusieurs
spécialités notamment dans la coupe-couture, la broderie, le stylisme-modélisme, etc
Hormis cela, le centre lutte contre l’analphabétisme en donnant des cours de base en
français, et il va au secours des jeunes en conflit avec leurs familles. Il offre également ses
services aux couples en difficulté et une assistance financière pour la scolarisation des
personnes démunies.
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3.3 La maison de charité Madre Elisa Armendariz
Elle s’occupe des personnes (enfants et adultes) vivant avec un handicap mental et/ ou
physique Ses objectifs visent à les aider à retrouver leur dignité, leur offrir une famille et une
prise en charge intégrale. A cela s’ajoutent la scolarisation, l’alphabétisation, les rééducations
et les loisirs dont bénéficient ces personnes.
Par ailleurs la maison de la Charité Madre Elisa Armendariz mène une campagne de
sensibilisation à l’endroit de leurs parents afin qu’ils acceptent de réintégrer ces personnes
handicapées dans leurs familles naturelles.
Aller Plus Loin (APL), est un groupe de Personnes Vivant avec le VIH/SIDA. Il a vu
le jour le 8 mars 2007 à Anyama.
Ses objectifs sont : promouvoir la dignité humaine, combattre la discrimination et la
stigmatisation, soutenir psychologiquement, socialement, économiquement et spirituellement
les Personnes vivant avec le VIH/SIDA, être proche des malades, les visiter en famille,
donner des soins à domicile à ceux qui sont en phase terminale de la maladie, amener les
familles à accepter les malades, mobiliser la communauté locale à prendre part aux soins
apportés aux personnes infectées et affectées, donner des conseils et accompagner les
personnes infectées et affectées et les aider à assumer des responsabilités.
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Le PAD a été mis en œuvre pour la prise en charge scolaire, alimentaire et sanitaire des
enfants. Ilvise aussi la prise en charge des mères seules et des familles nombreuses
défavorisées.
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PAUL VI, Evangelii nuntiandi, Rome, Centurion 1976 n.33
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Cechapitre exposera les limites de l’apostolat des PSMC avant d’ouvrir des perspectives
pastorales dans le but de renforcer les acquis de leur mission.
1. Limites
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1.3 La Maison de Charité Madre Elsa Armendaris
Il est certes vrai que depuis sa de sa création, l’association « Aller Plus Loin »joue
pleinement son rôle, celui de redonner la dignité aux personnes qui se sentaient déshonorées
et indigne de la vie. L’association semblait ne souffrir d’aucun problème dans le temps, mais
le départ de sa fondatrice a révélé toute sa fragilité. En effet, il s’est révélé qu’elle était fondée
sur les intérêts matériels des membres. Nous notons aussi la non-implication des
professionnels en assistance sociale par exemplerend la tâche plus difficile à réaliser. Il nous
semble judicieux de relever aussi le manque de formation adéquate des membres de la
Communauté chargées d’accompagner les malades.
Ce projet a été mis en place pour soutenir les familles en difficulté. Mais, le constat fait
observer que beaucoup de parents fuient leurs responsabilités. En effet, ils laissent leurs
enfants à la seule charge de la Communauté qui est seulement sensée leur apporter un appui.
Du coup la vocation dudit Projet est mis à mal. Le manque de sensibilisation à leur endroit
est donc un défi à relever.
2. Perspectives pastorales
Malgré la mauvaise foi de certains patients, le Centre ne saurait fermer ses portes à
ceux qui lui demandent de l’aide. Mais, cela ne saurai se faire sans discernement sérieux.
Voilà pourquoi il serait nécessaire de mettre en place un service d’écoute chargé d’enquêter
sur le statut social des demandeurs. Cela permettra de répondre plus promptement aux besoins
des vrais pauvres et par le même fait de sauver la vie des bébés sous oxygène.
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En outre, pour que le personnel offre des services de meilleure qualité aux usagers dans le
respect de la dignité de la personne humaine, il est important qu’il soit formé dans l’esprit du charisme
de la Communauté. La vie des patients en dépend. L’équipe de direction du Centre doit aussi agir plus
promptement contre certains parents, qui à cause du manque de moyens financiers, mettent la vie des
nouveau-nés en danger. Il faudrait que les parents les plus nécessiteux soient vraiment pris en charge
dans ce sens.
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2.5 Le Projet d’Adoption à Distance
CONCLUSION
La question du mal et de la souffrance a été posée depuis la nuit des temps, et elle ne saurait
s’épuiser puisqu’elle est intrinsèquement liée a l’existence humaine. Depuis la création de
l’homme, celui-ci s’est toujours demandé d’où venait le mal et la souffrance ; c’est d’ailleurs
pour tenter de répondre a cette question que l’homme de l’Ancien Testament, qui à connu tant
de souffrance surtout avec l’exode, a écrit le livre de la Genèse. En effet, l’homme se croyant
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intelligent, met en place des systèmes favorisant parfois la souffrance de ses compagnons. Il
est vrai que l’homme a causé sa perte et a appelé la souffrance sur lui en désobéissant à Dieu
son créateur, mais n’oublions pas l’instigateur de cette désobéissance qui, lui, est toujours à
l’affut pour accuser l’homme. Dans l’Ancien testament, jusqu'à une certaine période, la
souffrance était signe de la punition divine d’où le non sens de la souffrance du juste. Jésus,
par son incarnation, sa mort et sa résurrection donne un sens nouveau à la souffrance. Il fait
passer la souffrance de l’état de totale inutilité à l’état de nécessité. En effet, Jésus en
acceptant de souffrir sur la croix pour le salut du genre humain à voulu non seulement
montrer à l’homme le chemin vers Dieu qui est celui de l’amour ; mais aussi sanctifier toutes
souffrances. Les pères de l’Eglise ont abordé la question de plusieurs manières, et chacun,
selon son expérience et l’inspiration du Saint Esprit a rendu compte du sens de la souffrance
pour le chrétien. Le magistère récent, a emprunté les pas des pères de l’Eglise en explicitant
encore plus la question. C’est ainsi qu’affirme le Pape Jean Paul II dans Salvifici doloris que
la réponse à la question du sens de la souffrance à été donnée par Dieu dans la Croix du
Christ ; et cette souffrance qui était perçu comme une malédiction devient désormais
participation à la mission salvifique du Christ.
Il est vrai que la souffrance est universelle, mais la manière de souffrir et la conception de
cette souffrance varie d’un individu à un autre ; d’un milieu à un autre. Voilà pourquoi il
semblait impératif qu’on rende compte de la position de certains théologiens africains par
rapport à la question du mal et de la souffrance en milieu africain. Ainsi, en Afrique, la vie
constitue le Bien suprême, et tout ce qui contribue à la diminution de cette vie constitue
d’emblée le Mal. Il est vrai que l’homme noir est conscient que la souffrance fait partie
intégrante de la vie, ce qui se justifie par plusieurs pratique d’initiations, mais il conçoit mal le
fait de considérer la souffrance comme salutaire. Malgré la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, il
est toujours difficile à l’homme noir d’entrer dans la logique d’une souffrance bénéfique au
salut ; et surtout en regardant avec un œil nouveau la stratégie utilisée par les premiers
missionnaires pour évangéliser l’Afrique, il nous vient de nous demander s’il faut prendre ce
« dieu » nouveau qu’ils apportent au sérieux. Fort est de constater que malgré le temps passé,
l’homme africain est toujours maintenu dans un état de dépendance, notamment en jetant un
œil sur les espèces utiliser pour la sainte scène. En gros, la souffrance de l’africain est loin
d’être achevée ; et la grande pauvreté de la population n’arrange rien, c’est dans ce cadre que
les PSMC se sont installées à Anyama en Cote d’Ivoire pour tenter de répondre selon leur
moyens aux besoins des populations souffrantes.
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Les PSMC participent à la mission générale de l’Eglise qui est de conduire l’homme au salut ;
spécifiquement à travers leurs différents apostolats. Ces apostolats leurs permet de sauver le
corps et de donner à l’âme des souffrant, Jésus Christ. Il est certes vrai que les PSMC à elles
seules ne peuvent pas venir à bout de la souffrance, mais à travers leurs œuvres, le règne de
Dieu se fait plus présent.
BIBLIOGRAPHIE
Documents de base
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Bible TOB, cerf, Paris 1973
Catéchisme de l’Eglise Catholique, Paris, centurion/ cerf/fleurs-Mame/CECC, 1998.
Vocabulaire de Théologie Biblique, Paris, cerf, 2003.
Documents du Magistère
Ouvrages
BASILE DE CESAREE, Dieu n’est pas l’auteur des maux, in : Dieu et le mal selon
Basile de Césarée, Grégoire de Nysse, Jean Chrysostome.
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