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THEME 

LA COMMUNAUTE DES PETITES SŒURS MISSIONNAIRE DE LA CHARITE (DON


ORIONE) FACE A LA SOUFFRANCE DANS LA COMMUNE D’ANYAMA EN COTE
D’IVOIRE. APPROCHE THEOLOGIQUE ET PERSPECTIVES PASTORALES

Présenté par : Professeur


Claire AWATE M. Sylvestre TOSSOU
Etudiante FTL Professeur de Théologie dogmatique

INTRODUCTION

La question de la souffrance a toujours préoccupé les esprits et suscité des interrogations.


Bien que plusieurs auteurs, chrétiens ou non aient menés des investigations et abordés la
question sous plusieurs angles, il demeure évident que le problème n’a jamais été
définitivement résolu ; au contraire, elle reste d’actualité, car il s’agit d’une question liée à la
vie et à l’existence même.1 La souffrance est une réalité au cœur de l’existence humaine, elle
est une expérience qui parfois déshumanise la personne, l’accable de douleur et quelquefois la
défigure. L’homme créé à l’image de Dieu n’est pas destiné à la souffrance. Pourtant, nous
connaissons des expériences douloureuses physiques ou mentales directes ou indirectes dans
notre vie. Et l’interrogation qui surgit devant cette expérience est souvent « pourquoi ? » ou
alors une préoccupation « comment s’en délivrer ? » L’Eglise qui annonce le salut de l’homme
se penche résolument sur sa souffrance, cherche de répondre à ses interrogations, de
l’accompagner dans sa douleur, mieux de le soulager ou de l’en délivrer. Alors, Que dit la
théologie sur la souffrance et quelle réponse apporte-t-elle aux réalités douloureuses de
certaines populations dans leurs souffrances quotidiennes ? Comment les Petites Sœurs
Missionnaires de la Charité (PSMC) répondent au nom de l’Eglise aux souffrances des
populations d’Anyama et de ses périphéries ? C’est dans cette dynamique que nous souhaitons
présenter la réponse que l’Eglise apporte puis l’illustrer par l’œuvre d’une institution
chrétienne : les Petites Sœurs Missionnaires de la Charité (PSMC, Don Orione) à laquelle nous
appartenons. Nous avons conscience que la réflexion sur la souffrance est un vaste champ ;
nous souhaitons juste aborder certains aspects de la souffrance vécus au quotidien par la

1
Cf. Paul Zikpi, Perspectives pastorales pour l’Eglise en Afrique noire, Paris, l’Harmattan, 2014, p.11

1
population qui auraient motivés l’implantation des PSMC à Anyama, une localité située au nord
d’Abidjan dans le sud de la Cote d’Ivoire. En effet, nous sommes convaincus que l’homme peut
venir à bout de certaines souffrances telles: la pauvreté, les maladies et certaines injustices
sociales.

Notre travail se subdivisera en deux parties. Nous traiterons dans la première partie de la
question de la souffrance dans l’histoire du salut ; et dans la seconde, nous présenterons la
réponse des Petites Sœurs Missionnaire de la Charité face à la souffrance à Anyama. Nous
exposerons bien entendu les différents apostolats que les sœurs ont à leur actif, nous feront des
critiques de ceux-ci, puis nous proposerons des perspectives pastorales.

2
PREMIERE PARTIE : LA QUESTION DE LA SOUFFRANCE DANS L’HISTOIRE DU
SALUT

Ici, nous nous intéresserons aux différentes approches de la souffrance dans les différentes
sources de la théologie chrétienne, à savoir ; les Ecritures, la Tradition, le Magistère. Cette
approche s’ouvrira sur la vision de quelques théologiens africains.

Chapitre 1 : LA REVELATION ET LA TRADITION

Nous aborderons la question de la souffrance dans l’Ancien Testament, et dans la pensée de


quelques Pères de l’Eglise.

1. L’Ancien Testament

Dans l’Ancien Testament, la souffrance prend plusieurs significations. Dans tous les
cas, elle est un cri de détresse qui sollicite l’intervention de Yahvé.

D’abord, dans la Genèse. La souffrance d’Adam et d’Eve apparaît comme une punition
mortelle, conséquence de leur péché, leur désobéissance à l’ordre du Créateur de ne pas
manger du fruit qui est au milieu du jardin : « Vousn’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas
sous peine de mort » (Gn 3, 3). Après la chute, Adam et Eve se sont retrouvés hors du jardin
« nus ». A la lumière de ce passage, on peut s’autoriser à conclure que cette nudité est une
forme de souffrance mortelle. A cette menace de mort, viendront s’ajouter quelques
souffrances concrètes : les peines qu’éprouvera l’homme à travers le travail et les douleurs de

L’accouchement pour la femme (cf. Gn 3, 16-17). Cependant, la punition n’a pas été le
dernier mot du Créateur parce qu’il ne s’est pas enfermé dans l’indifférence. Alors, il s’est
mis à leur recherche : « Où es-tu ? », demanda-t-il. (Gn 3, 9-11). Mieux encore, Yahvé fit des
tuniques pour les couvrir (cf. Gn 3, 21).

Ensuite, dans l’Exode,l’esclavage dans lequel s’est retrouvé les Israélites a suscité des
cris de souffrance qui a retenu l’attention de Dieu, qui s’adressa ainsi à Moïse : « J’ai vu, j’ai
vu la misère de mon peuple qui est en Egypte. J’ai entendu son cri devant ses oppresseurs ;
oui, je connais ses angoisses. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Egyptiens et le
faire monter de cette terre vers une terre plantureuse et vaste, vers une terre qui ruisselle de
lait et de miel, vers la demeure des Cananéens » (Ex 3, 7-8). C’est cette souffrance collective
qui a suscité la mission libératrice de Moïse de la part de Dieu et qui va aboutir à la
conclusion d’une alliance entre Dieu et son peuple (cf Ex 24) et son entrée à Canaan, selon la
promesse faite en Ex 2, 7-8.
Enfin, la souffrance apparaît aussi comme un scandale et une absurdité, surtout

3
lorsqu’elle est située dans l’initiative divine. Cela apparaît tant dans les sapientiaux que dans
les écrits prophétiques. En effet, dit le prophète Isaïe : « Je suis Yahvé, il n’y en a pas d’autre.
Je façonne la lumière et je crée les ténèbres, je fais le bonheur et je crée le malheur, c’est moi,
Yahvé qui fais tout cela » (Is 45, 6-7).La souffrance du juste, celle de Job, par exemple qui
poussa sa femme à lui conseiller de maudire Dieu (cf. Jb 2, 9) révèle avec acuité l’absurdité
de la souffrance. Et lorsque survient la mort du juste, et la longévité de l’impie, » le scandale
est plus inouïe : « J’ai tout vu, en ma vie de vanité : le juste périr dans sa justice et l’impie
survivre dans son impiété » (Qo 7, 15).
Quoi qu’on dise, la souffrance demeure un mystère dans lequel l’homme entre par sa
foi. C’est le cas des prophètes et des sages. En effet, ils découvrent la valeur purifiante de la
souffrance semblable à celle du feu qui dégage le métal de ses scories : « Tu nous as
éprouvés, ö Dieu, épurés comme on épure l’argent » (Ps 66, 10). Elle a aussi une valeur
éducatrice telle celle d’une correction paternelle : « Comprends donc que Yahvé ton Dieu te
corrigeait comme un père corrige son enfant, et garde les commandements de Yahvé ton Dieu
pour marcher dans ses voies et pour le craindre » (Dt 8, 5).

2. LeNouveau Testament

Dans le contexte de la nouvelle alliance, les causes de la souffrance n’ont pas disparu,
contrairement à ce qu’on pourrait croire ; elles sont toujours présentes, et même accentuées
avec la venue du Christ2.Le Nouveau Testament révèle que ce serviteur venu pour délivrer
l’homme du péché (Is 53, 11) n’est autre que le propre Fils de Dieu. Il n’est donc pas étonnant
que le péché n’y occupe pas une moindre place que dans l’Ancien Testament, ni surtout que la
révélation plénière de ce qu’a fait l’amour de Dieu pour venir à bout du péché permette d’en
découvrir la véritable dimension et tout à la fois son rôle dans le plan de la sagesse divine.
Dès le début de son ministère, Jésus, en qui s’incarne la mystérieuse figure du
serviteur souffrant, ne ménage aucun effort pour êtreparmi les publicains et les pécheurs car,
dit-il, « ce ne sont pas les biens portants qui ont besoins de médecin, mais les malades. Je suis
venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs pour qu’ils se convertissent » (Lc 5, 31-32).
Et pour que l’homme puisse vraiment expérimenter cette joie de la conversion, il va jusqu'à
lui pardonner ses péchés : « …voyant leur foi, il dit : tes péchés sont pardonnés » (Lc 5, 20).
Jésus, durant toute sa vie s’est montré très sensible à toute douleur humaine (Mt 9, 1-8 ; 18-
34) il ne peut être témoins d’une souffrance sans être émue et sans faire preuve de miséricorde

2
Cf. Paul Zikpi, Perspectives pastorales pour l’Eglise en Afrique noire,  Paris, l’Harmattan, 2014, p.11

4
(Jn 11, 1-36 ; 12, 1-11). Jésus affirme dans sa prédication qu’il est venu annoncer le règne de
Dieu, et que ce règne est déjà présent. Cela se manifeste par les guérisons et les résurrections
qu’il opère, signe de sa mission messianique et prélude de la victoire du Bien sur le Mal.
Le fils de Dieu ne s’arrête pas là. En effet, il va confier cette charge de rendre présent
le Règne de Dieu à ses apôtres et à l’Eglise qui vont perpétuer son œuvre et sa mission
salvifique. Cependant, Jésus ne supprime pas la mort, mort que lui-même a subie ; il ne
supprime pas non plus la souffrance. Il n’établit pas une liaison systématique entre la
souffrance et le péché comme l’ont fait autrefoiscertains prophètes. Mais, il lui donne plutôt
tout un autre sens. La mort du Christ sur la croix a été pour la plupart de ses disciples une
déception : «  Nous espérions qu’il était celui qui allait délivrer Israël » (Lc 24,2).

L’homme étant dans un monde miné par le mal et les souffrances de toutes sortes, le
sauveur qu’il espère est celui qui l’en délivrera, et non un qui serait lui-même une victime de
plus. Ce qui donne un sens à la mort du Fils sur la croix, c’est la profondeur de l’amour du
Père pour les Hommes. Par sa souffrance et sa mort sur la croix, il ouvre le chemin à l’homme
vers Dieu en lui enseignant que la souffrance peut être une béatitude, car elle prépare à
accueillir le Royaume de Dieu ; elle met l’homme dans des dispositions qui plaisent à Dieu,
àsavoir, l’humilité, cette humilité indispensable à la vision béatifique. La croix du Christ est
le lieu privilégié ou l’homme peut véritablement approcher le cœur de Dieu et discerner
quelques lueurs émanant de son mystère3.
Apres la victoire de Jésus sur la mort, le danger qui guette l’homme est celui de croire
qu’il ne doit plus avoir ni la souffrance, ni la mort. La résurrection n’abolit pas les
enseignements des Evangiles, elle les confirme ; le message des béatitudes, l’exigence de la
croix quotidienne prennent tout leur sens à la lumière de la destinée du Seigneur. Si Dieu n’a
pas épargné son propre fils, mais l’a livré à la mort, si l’Homme-Dieu n’a pas abstenu sa propre
mère des douleurs de la croix, c’est pour enseigner à l’homme qu’il doit àson tour porter sa part
de souffrance à la suite du Christ. Devenu chrétien, ce n’est plus nous qui vivons, c’est le Christ
qui vit en nous ; ainsi les souffrances du chrétien sont les souffrances du Christ en lui (cf. 2Co1,
5) pour le salut de l’humanité.
Parlant de la souffrance, il est impératif de noter que le christianisme n’est pas un
masochisme, ni un dolorisme ou une résignation, encore moins une évasion ; la souffrance ne
peut être recherchée pour elle-même : « Quand je livrerais mon corps aux flammes, s’il me
manque l’amour, cela ne vaut rien », écrit saint Paul (1 Co 13, 3b). Le rapport à la souffrance,
3
Cf. Jüngel Eberhard, Dieu mystère du monde. Fondement de la théologie du crucifié dans le débat entre
théisme et athéisme, Paris, Cerf, 1983, p.57.

5
pour être salutaire, doit être plein d’engagement humain: « … il s’est dépouillé, […] devenant
semblable aux hommes et, reconnu à son aspect comme un homme » (Ph 2, 7). L’homme ne
peut échapper à la souffrance ; elle fait partie intégrante de la vie humaine ; les hommes de tous
les temps et de tous les lieux l’on expérimentée, et les discours sur elle sont infinis. Le Christ est
venu non pas pour donner à l’homme une vie sans la moindre souffrance, mais plutôt pour
donner du sens à la souffrance afin qu’elle ne soit plus vaine, mais qu’elle contribue au salut de
celui qui l’endure.

Qu’en est-il, à présent, de la souffrance dans la Tradition de l’Eglise ? Tel sera l’objet des lignes
qui suivront.

3.La Tradition

Ici, nous exposerons la vision de Saint Basile de Césarée et Saint Jean Chrysostome sur la
question de la souffrance.

3.1 Saint Basile de Césarée (329-379)

L’engagement de saint Basile à lutter contre la souffrance commence quand il devient évêque
de Césarée en 370. Apres le tremblement de terre qui a ravagé la ville de Nicée le 11 Octobre
368, il aborda la question du mal pour démontrer, comme le titre de son homélie l’indique, que
Dieu n’est pas l’auteur des maux.
Selon Saint Basile, Dieu n’est pas l’auteur et le créateur du mal, définissant le mal
comme le fait de devenir étranger à Dieu. Sa foi le pousse à conférer deux thèses : la première
c’est que la bonté de Dieu est la doctrine que le chrétien doit confesser face à l’existence du
mal ; Dieu est bon et ne peut pas être ni le créateur du mal, ni le responsable du mal ; la
deuxième c’est que le mal n’est pas une créature de Dieu, il n’a donc pas une hypostase propre,
il n’est que la privation du bien. Saint Basile conçoit le mal de deux sortes : le mal réel et le mal
apparent. Il soutient que le mal réel est celui qui conduit l’âme à la perdition totale ; et le mal
apparent n’a que l’apparence du mal, mais est utile pour le bien, étant donné qu’il peut mener
l’âme vers le salut qui est le but ultime de la vie humaine ; c’est ainsi que le mal apparent est
conçu comme une pédagogie divine et une forme de thérapie. S’inspirant de la Sainte Ecriture
et s’appuyant sur sa foi en la Révélation biblique, Basile affirme qu’: « il nous faut avoir ce
seul principe à l’esprit : puisque nous sommes l’œuvre de Dieu bon, qu’il nous a forgés, qu’il
ménage pour nous toutes les petites choses comme les plus grandes, nous ne pouvons certes

6
rien subir contre la volonté de Dieu, mais ce que nous subissons ne peut rien contenir de
funeste, et même c’est le meilleur sort qui se puisse concevoir »4.
Selon lui, le mal qui mérite vraiment le nom de « mal », c’est le péché, qui dépend de
nous. Les vices que nous avons ainsi que les péchés que nous commettons souillent notre âme
et désintègrent notre beauté première ; et c’est tout cela qui engendre la souffrance et
constitue le mal réel. Par contre, le mal apparent est celui qui ne comporte pas de péché, qui
ne dépend pas toujours de nous et qui de ce fait peut conduire l’homme vers le bien. Il
soutient que cemal est thérapeutique, et qu’il est souvent voulu par Dieu pour le bien de
l’homme. C’est ainsi qu’il utile une parabole pour mieux illustrer son idée :

Or, chacun de nos maux nous est infligés par un maitre sage et bon en vue de nous êtreutile
[…]. Le médecin est bienfaisant, même s’il inflige au corps des peines et des souffrances
(c’est la maladie qu’il combat, non le malade) ; de la même façon, Dieu est bon, lui qui
aménage le salut du tout par le châtiment des parties. Tu n’accuse pas le médecin quand il
procède à des amputations, à des cautérisations ouà des mutilations du corps. Au contraire,
tu le rétribue, tu l’appelle ton sauveur parce qu’il a confiné la maladie dans une seule partie
avant qu’elle ne s’étende à tout le corps. 5

Basile décrit Dieu à travers cette parabole comme un médecin, le mal comme une
maladie et l’action de Dieu comme une thérapie. A l’instar du médecin qui fait une
intervention sur un malade en vue de contenir le mal, Dieu intervient par certains types de
mal touchant certaines parties de l’humanité en vue de guérir l’ensemble de cette humanité.
De même que le médecin, en amputant certaines parties du corps ne vise pas le malade, mais
la maladie, de même, Dieu en « infligeant » certaines souffrances à l’hommene vise pas ce
dernier, mais plutôt le mal que celui-ci commet. L’action de Dieu est bonne car elle vise la
guérison de l’homme, non pas sa souffrance, son salut et non sa perdition.

En conclusion, nous pouvons affirmer avec saint Basile que l’action de Dieu est à la
fois pédagogique et thérapeutique, il est en même temps le médecin et le sauveur de nos âmes.
Basile en parlant des commandements de Dieu surtout celui de l’amour, affirme sa conception
de Dieu en disant : « Dieu est bon, mais il est juste aussi ; or c’est le propre du juste de rendre
à chacun selon son du […] Dieu est miséricordieux, oui, mais il est juste ».6

3.2 Saint Jean Chrysostome (344-349)

4
Basile de Césarée, Dieu n’est pas l’auteur des maux, in Grégoire de Nysse, Jean Chrysostome. Dieu et le mal
selon Basile de Césarée, Revue-transversalites_2013-4, pp.41-43. 
5
IDEM
6
Basile de Césarée, Dieu n’est pas l’auteur des maux, in Grégoire de Nysse, Jean Chrysostome. Dieu et le mal
selon Basile de Césarée, Revue-transversalites_2013-4, pp.41-43. 

7
Saint Jean Chrysostome n’a certes pas élaboré de traité sur la question du mal et de la
souffrance, et pourtant, elle occupe une grande place dans son œuvre pastorale. Il a souvent
médité avec ses fidèles et ses correspondants sur la question du mal et de la souffrance, surtout
dans les dernières années de sa vie tourmentée.Il n'est donc pas surprenant que les écrits de cette
période reflètent plusque d’autres, son expérience douloureuse et nous livrent sa pensée la
plusprofonde. La première question qu’il se pose est relative à la nature et à l’origine de la
souffrance. Il s’applique dans sa prédiction à réfuter les fausses opinions sur l’origine des maux,
notamment le fatalisme qui implique la négation de toute liberté en l’homme.
Dans son Homélie sur les maux de la vie, Jean Chrysostome aborde la question de la
distinction entre ce qui est véritablement un mal et ce qui est indifférent devenant bon ou
mauvais selon l’usage qu’on en fait7. En réalité, selon lui, l’origine des maux est en l’homme
lui-même, et il précise que le seul mal véritable est le péché (le vice) considéré comme une
offense au Dieu d’amour. La souffrance et le malheur ne sont pas mauvais par essence, tout
dépend de la disposition intérieure de celui qui les subit. Prenant l’exemple de Job, il démontre
que malgré tout ce qu’il a subi, il n’est pas devenu mauvais.Il va jusqu'à affirmer que même si
l’homme tombe dans la tentation (le vice), qu’il doit fuir d’ailleurs, il ne doit pas se décourager,
car ce sont là des armes de la vertu pour ceux qui savent en faire usage, des moyens qui peuvent
conduire à la gloire si l’on est vigilant, et à la possession des biens éternels.
Fidèle à sa foi, il affirme que l’homme peut trouver la raison profonde de la souffrance
en contemplant le Christ à la fois son Modèle et son Rédempteur, puisque Dieu se révèle à
l’homme à travers son Fils. Bien qu’il considère que la souffrance a une valeur positive, car elle
a sa place dans l’économie divine, il n’envisage guère la souffrance comme un moyen de s’unir
au sacrifice de la croix. La souffrance demeure pour lui un élément déconcertant qui s’intègre
dans un ordre supérieur.

Chapitre 2 : LE MAGISTERE ET LES THEOLOGIENS AFRICAINS


7
Jean Chrysostome, Jean-François Bareille, Homélie sur les maux de la vie, Paris, L. Vives, 1868

8
1.Le Magistère
Il existe plusieurs interprétation non chrétienne de la souffrance qui comportent bien
entendu des éléments valides et nobles selon l’Eglise, mais celle-ci considère que pour
découvrir le sens fondamental et définitif de la souffrance, nous devons tourner nos regards
vers la Révélation de l’amour divin, source ultime du sens de tout ce qui existe8, la réponse à
la question de la signification de la souffrance a été donnée par Dieu à l’homme dans la Croix
de Jésus Christ. La souffrance, séquelle du péché originel, revêt un sens nouveau ; elle devient
participation à l’œuvre salvifique de Jésus Christ9. En effet, le livre de Job dans l’Ancien
Testament soulevait déjà la question de la souffrance qui frappe le juste, mais n’en donnait
pas encore de réponse profonde et définitive. On observe un dépassement de l’explication de
la souffrance comme punition dans la mentalité de l’homme de l’Ancienne Alliance,vers la
conception d’une souffrance éducative. Ainsi donc, dans la souffrance infligée par Dieu au
peuple d’Israël, on voit une invitation de sa bonté qui appelle à la conversion.
Les paroles prononcées par le Christ, «Dieu, en effet, a tant aimé le monde qu'il a
donné son Fils unique pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie
éternelle » (Jn 3, 16), nous introduisent au cœur même du mystère du salut.Le seigneur se
considère donc comme envoyé pour soulager la misère des hommes et combattre toute forme
de marginalisation. Il est venu libérer l’homme ; il est venu prendre nos infirmités et se
charger de nos maladies10. Sauver signifie libérer du mal; le salut est donc par là même lié
étroitement au problème de la souffrance11. En effet, le mal est lié au péché et à la mort, et
c’est justement de ce mal que le Christ est venu nous délivrer. JEAN PAUL II affirme à juste
titre :
L'homme « périt » quand il perd « la vie éternelle ». Le contraire du salut n'est donc pas
seulement la souffrance temporelle, une souffrance quelconque, mais la souffrance définitive:
la perte de la vie éternelle, le fait d'être rejeté par Dieu, la damnation. Le Fils unique a été
donné à l'humanité pour protéger l'homme avant tout contre ce mal définitif et contre la
souffrance définitive. Dans sa mission salvifique, il doit donc atteindre le mal jusqu'en ses
racines transcendantes à partir desquelles ce mal se développe dans l'histoire de l'homme. Ces
racines transcendantes du mal sont ancrées dans le péché et dans la mort; elles se trouvent en
effet à la base de la perte de la vie éternelle. La mission du Fils unique consiste à vaincre le
péché et la mort. Il triomphe du péché par son obéissance jusqu'à la mort, et il triomphe de la
mort par sa résurrection12.
8
JEAN PAUL II, Salvifici doloris, 7, Lettre apostolique sur le sens chrétien de la souffrance humaine, Rome, 1984
9
cf. Catéchisme de l'Église catholique, n. 1521.
10
JEAN PAUL II, Ecclesia in Africa (Exhortation apostolique post-synodale sur l’Eglise en Afrique), Lomé, Ed.
Saint Augustin Afrique, 2015, p. 98.
11
Idem
12
Jean Paul II, Salvifici doloris, 8, Lettre apostolique sur le sens chrétien de la souffrance humaine, Rome,
1984

9
Par sa souffrance et sa mort sur la Croix, le Christ soustrait l’homme à la domination
du péché et lui accorde la possibilité de vivre dans la grâce. Par sa résurrection d’entre les
morts, il a anéantile pouvoir de la mort et ouvre à l’homme les portes du Royaume de Dieu.
Ainsi, la souffrance qui était conçue comme une malédiction, devient, en et par Jésus Christ,
source de joie, car complètement orientée vers le salut. Il faut noter que ce n’est pas la
souffrance en tant que telle du Christ qui nous sauve du mal et du péché, mais l’amour qui l’a
poussé à prendre sur lui toutes la misère humaine. Dans sa souffrance, les péchés sont effacés
précisément parce que lui seul, comme Fils unique, a pu les prendre sur lui, les assumer avec
un amour envers le Père qui surpasse le mal de tout péché; en un certain sens, il anéantit ce
mal dans l'espace spirituel des rapports entre Dieu et l'humanité, et il remplit cet espace avec
le bien.13
Ainsi, pouvons-nous affirmer, l’Amour est la mesure de toute chose; et le Christ invite
l’homme a lui emboîter le pas dans ce chemin d’amour, car, il y aura toujours de la souffrance
qui réclame consolation, et que celui qui veut s’affranchir de l’amour se prépare à s’affranchir
de l’homme en tant qu’homme14. En acceptant de souffrir sur la croix, le Fils de Dieu rachète
la souffrance humaine et lui donne la valeur de rédemption. Ainsi, tout homme peut dans sa
souffrance participer à la souffrance rédemptrice du Christ ; c’est ainsi que Saint Paul
affirme : « Pressés de toute part, mais non pas écrasés; ne sachant qu'espérer, mais non
désespérés; persécutés, mais non abandonnés; terrassés, mais non annihilés. Nous portons
partout et toujours en notre corps les souffrances de mort de Jésus, pour que la vie de Jésus
soit, elle aussi, manifestée dans notre corps. Quoique vivants, en effet, nous sommes
continuellement livrés à la mort à cause de Jésus, pour que la vie de Jésus soit, elle aussi,
manifestée dans notre chair mortelle (...), sachant que Celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus
nous ressuscitera, nous aussi, avec Jésus » (2 Co 4, 8-11 ; 14a).
La souffrance a plusieurs visages, elle se manifeste dans plusieurs étapes de la vie de
l’homme ; que ce soit de telle manière ou de telle autre, elle semble être, et elle est, quasi
inséparable de l'existence terrestre de l'homme. Etant donné que la souffrance n’est pas
étrangère à l’existence humaine, l’Eglise, qui est née du mystère pascal, c'est-à-dire de la
souffrance, de la mort et de la résurrection du Christ, doit chercher à accompagner l’homme
dans sa souffrance. Bien que la victoire du Christ sur la mort et le péché ne supprime pas la
souffrance, elle sème une lumière nouvelle, une espérance, qui est celle du salut, et cette
lumière, c’est l’Evangile.

13
Idem, p. 11.
14
Cf. Benoit XVI, Deus Caritas est (lettre enc. (25 décembre 2005), n.28 ???????????

10
La foi nous enseigne de rechercher la signification ultime de la souffrance dans la
Passion, la Mort et la Résurrection du Christ. La réponse chrétienne à la douleur et à la
souffrance n'est jamais la passivité. Poussée par la charité chrétienne, qui trouve son
expression suprême dans la vie et dans l'œuvre de Jésus qui « a passé en faisant le bien » (Ac
10, 38), l'Église va à la rencontre des malades et de ceux qui souffrent, leur apportant
réconfort, espérance, et elle s’efforce de voir en chaque malade un membre souffrant du
corps du Christ15.
Voilà pourquoi l’institut des PSMC s’est implanté sur la terre ivoirienne afin de répondre à
l’appel des souffrants de tout genre. Convaincu que nous sommes le Christ aujourd’hui pour
tous les souffrants, et que l’amour de Dieu doit se faire concret, l’institut des PSMC rejoint
ainsi PAUL VI qui affirma :

Entre évangélisation et promotion humaine-développement, libération- il y’a des liens


profonds. Liens d’ordre anthropologique parce que l’homme à évangéliser n’est pas un
êtreabstrait, mais qu’il est sujet aux questions sociales et économiques. Liens d’ordre
théologique, puisqu’on ne peut pas dissocier le plan de la création du plan de la rédemption,
qui, lui atteint les situations trèsconcrètes de l’injustice à combattre et de la justice à restaurer.
Liens de cet ordre éminemment évangélique qui est celui de la charité : comment en effet
proclamer le commandement nouveau sans promouvoir dans la justice et la paix, la véritable,
l’authentique croissance de l’homme ?16

2. Les théologiens africains


En Afrique Noire, la mort constitue principalement le mal. Et toute situation de
maladie ou de souffrances pouvant conduireà la mort conduit au désespoir. Ainsi le disait
Engelberg Mveng : « Si l’être de l’Homme est la vie, l’adversaire de cet être est la Mort »17. Il
est inconcevable en Afrique Noire de dire qu’une chose est absurde ou inexplicable, car, tout
a un sens. La vie étant le Bien suprême, tous ce qui conduit à la diminution de cette vie est
conçu comme un mal. L’Africain noir est un homme concret, il sait que la souffrance fait
partie intégrante de la vie humaine, et elle est conçue comme une épreuve voulue par Dieu,
mais dont la clé de lecture ou le sens profond est caché au commun des mortels. 18 Ainsi,
cherche-t-on à travers des pratiques divinatoires, à connaitre le sens caché des mystères de la
vie. Nous pouvons voir dans les pratiques initiatiques une réaction face à la souffrance. En
effet, ces pratiques révèlent que la souffrance fait partie de l’existence humaine et que
l’homme est appelé à y faire face avec courage.
15
Benoit XVI, Africae munus (Exhortation apostolique post-synodale sur L’engagement de l’Afrique), Abidjan, Ed.
Pauline, 2011, p.115.
16
PAUL VI, Evangelii nuntiandi, Rome, Centurion 1976, n.31 
17
Engelbert Mveng, L’Afrique dans l’Eglise : parole d’un croyant, Paris, L’ Harmattan, 1985, p. 36.
18
Cf. Paul Zikpi, Perspectives pastorales pour l’Eglise en Afrique noire, Paris, l’Harmattan, 2014, p.31

11
L’Afrique est en agonie, car depuis les indépendances, l’homme africain a vu sa
souffrance augmenter par les guerres incessantes, l’oppression du capitalisme, le
néocolonialisme pour n’en citer que ceux-là. Dans cette Afrique en grande souffrance,
« annoncer la Bonne nouvelle aujourd’hui, n’est-ce pas témoigner de la puissance de
l’Evangile en montrant que Jésus ressuscite là où un bras se lève pour défendre les pauvres et
les faire passer d’un état de mort à un état de vie ? »19, s’interroge Léonard S. Kinkupu.
Des profondeurs de nombreuses contrées de l’Afrique monte donc « le cri de l’homme
africain »20 et il attend des actions concrètes pour que reculent les frontières de tant de
souffrances qui accablent le continent.N’est-ce pas dans cette logique que s’inscrit
l’engagement social de la communauté des PSMC depuis leur implantation à Anyama en
RCI ? Cette interrogation fera l’objet de la seconde partie de notre étude.

19
Léonard S. KINKUPU, Les défis de l’évangélisation dans l’Afrique contemporaine, Paris, Karthala, 2005, p.
10.
20
Jean-Marc Ela, Le cri de l’homme africain, Paris, l’Harmattan, 1980

12
DEUXIEME PARTIE :

LA REPONSE DES PSMC FACE A LA SOUFFRANCE A ANYAMA, LES ŒUVRES


PASTORALES ; CRITIQUES ET PERSPECTIVES PROPOSEES

Dans cette deuxième partie, nous diront d’abords qui sont les Petites Sœurs Missionnaire de la
Charité ; leur charisme et spiritualité, ensuite nous exposerons leurs différents apostolats et
enfin nous ferons quelques critiques tout en proposant des suggestions pour l’avenir.

Chapitre 1 :PRESENTATION DE LA COMMUNAUTE DES PSMC

13
1. Au niveau général

La congrégation des Petites Sœurs Missionnaires de la Charité (Don Orione) dispose de


cinq (5) modèles idéaux d’apostolat. Ils sont idéaux parce qu’ils sont le point de référence
commune pour nos différents apostolats que nous faisons, ou voulons faire ; et tendent à
correspondre mieux aux valeurs évangéliques et charismatique que nous voulons incarner, et
surtout aux nécessités de ceux que nous servons. En tant qu’idéaux, on ne les atteint jamais
complètement, et en même temps, on les atteint dans une certaines mesures qui permette, par
l’évaluation, de les réélaborer et de faire d’eux une expression plus complète et parfaite de
l’incarnation historique de notre charisme de fondation en une plus parfaite charité.21Ces
modèles idéaux sont :

 Œuvres socio-sanitaires
 Centre et services de promotion humaine
 Œuvres socio-éducatifs
 Service à la communauté ecclésiale
 Cénacle d’oraison et d’adoration eucharistique

En Côte d’Ivoire, et particulièrement à Anyama, localité où nous nous sommes


implantées, nous incarnons quatre (4) modèles idéaux à travers lesquels nous répondons aux
besoins de nos contemporains. Quels sont ces idéaux et en quoi consiste l’incarnation de
ceux-ci dans la vie concrète ?

2. Le charisme et le but des PSMC


Don Luigi Orione avait laissé son idéal de vie à l’adresse de la communauté, à
savoir :« Instaurare omnia in Christo », c’est-à dire : « Récapituler tout dans le Christ » par la
Charité. Il était convaincu que « seule la charité sauvera le monde ». Alors, dans leurs services
et leurs apostolats, les PSMC doivent êtretoujours mues par la Charité.
« Le but premier et général de l’institut est la sanctification de ses propres religieuses, par
l’observance des vœux de Pauvreté, de Chasteté, d’Obéissance et vœux spécifique de Charité
et de ses constitutions. »22 Son but spécifique et particulier est alors L’exercice de la Charité
envers les prochains en leurs consacrant toute la vie, pour porter les petits fils du peuple, les
pauvres, les plus loin de Dieu et les abandonnés à la connaissance et à l’amour de Jésus Christ

21
Projet de Vie apostolique de l’Institut, Rome, Maison Générale-Avril 2005.
22
Constitutions Des Petites Sœurs Missionnaires de la Charité ; p.6, Art. 2

14
et de son Vicaire « le doux Christ sur la terre », le Pape et de la Sainte Eglise, par
l’enseignement de la doctrine chrétienne et la pratique des œuvres évangéliques de
miséricorde, pour porter la charité à tous les cœurs et à tout le monde magnanimement 23. C’est
pourquoi les PSMC professent surtout le vœu de Charité en religion.

3.Brève historique de l’ implantation des PSMC en Afrique de l’Ouest


La Congrégation des Petites Sœurs Missionnaires de la Charité (PSMC)a été fondée le
29 Juin 1915 en Italie, par Don Luigi Orione pour répondre efficacement aux soins des
pauvres. Elle est présente aujourd’hui dans quatre continents, à savoir : Europe, l’Asie,
l’Afrique et l’Amérique.
En Côte d’Ivoire, à Anyama plus précisément, la première délégation arriva le lundi 20
novembre 1995 et elle s’installa dans le village de Zôssonkoi, à proximité de l’Eglise
Catholique Notre Dame d’Anyama. L’année suivante, en 1996, les Petites Sœurs
Missionnaires de la Charité (PSMC) commencèrent leurs activités pastorales et posèrent la
première pierre de leur propre résidence, car elles étaient en location. Cette maison fut
inaugurée en 1997 et elle abrite jusqu’à nos jours le siège de la Mission des Petites Sœurs
Missionnaires de la Charité, notamment la Vice-Délégation ‘’Notre Dame de l’Esperance’’.
Elle est dirigée actuellement par Sœur Maria Silvina BABOT. Ce fut à partir de la Côte
d’Ivoire que la mission s’est élargie au Togo au Burkina Faso.
En somme, la Congrégation des PSMC marque aujourd’hui vingt-cinq (25) années de
présence en Côte d’Ivoire à travers des activités diversifiées.

Chapitre 2 : APOSTOLAT DES PSMC A ANYAMA 

1. La Commune d’Anyama : situations géographique et sociodémographique


23
cf. Constitutions Des Petites Sœurs Missionnaires de la Charité, p. 6, Art. 3

15
Anyama est une ville située à environ dix (10) kilomètres d’Abidjan. Elle est incluse
depuis 2001 dans le district d’Abidjan et accueil une sous-préfecture. La ville compte environ
146 000 habitants. Anyama est limité au nord par les villes d’Agboville, les communes
d’Abobo et de Yopougon ; et à l’ouest par Songon. La communauté des PSMC se situe non
loin de la paroisse Notre Dame d’Anyama.
La population d’Anyama et ses périphéries est exclusivement rurale, leurs activités
gravitent autour des plantations, de la commercialisation des produits de première nécessité et
du trafic routier. A Anyama, deux familles sur trois vivent sous le seuil de la pauvreté ; La
pauvreté étant définie comme une situation de manque ou d’insuffisance de ressources
permettant la satisfaction des besoins fondamentaux d’un individu ou d’un groupe
d’individu ; elle englobe l’aspect économique, mais aussi l’aspect non financier, qui se traduit
par l’absence de conditions minimales, soit intellectuelles ou morale pour assurer une qualité
de vie rudimentaire.24 Les familles étant recomposées et polygame pour la plupart, il s’ajoute
à la pauvreté matérielle celle intellectuelle et morale.
Et si les pauvres n’étaient plus identifiés en tant que pauvres mais comme une
population en souffrance, c'est-à-dire requérant des soins plutôt que la sortie de leur situation
précaire ? Être pauvre c'est-à-dire prolétaire était autrefois une situation vécue
collectivement ; une classe sociale. Dans ses difficultés, elle pouvait garder et développer une
dignité et un honneur. Aujourd’hui, avec la nouvelle forme de souffrance mondiale qui est
l’individualisme, les questions d’honneur et de dignité sont reléguées au second plan.25 Selon
le rapport de l’ODSEF, réalisé au Québec par DEZA Doria Akoisso, le taux de pauvreté à
Anyama est entre 70% et 90%. Les facteurs de pauvreté, donc d’une certaine souffrance à
Anyama sont généralement la polygamie, des foyers uni parental, l’an alphabétisation et les
personnes en situation de handicap, quel qu’il soit.

Le taux d’analphabètes est des plus élevé, cela étant du au manque de moyens pour la
scolarisation des enfants et jeunes. Ces derniers n’ayant pas grand-chose à faire tombent dans
la délinquance juvénile, la drogue, le vol, la prostitution et l’alcool ; ce qui a pour
conséquence les grossesses précoces, les avortements dangereux, les infections au VIH
entrainant la mort physique, morale ou spirituelle de la personne engendrant ainsi de grande
souffrances. En effet, nous avons pu noter dans notre enquête qu’il y a des parents qui forcent
leurs enfants à se prostituer afin de soutenir la famille financièrement. Se sentant abandonnés,
24
Cf. Akoisso Doria DEZA, (2017). Cartographie de la pauvreté non financière dans le district d’Abidjan, à partir
du recensement général de la population et de l’habitat 2014 de la Côte d’Ivoire  ; collection : Rapports de
recherche de l’ODSEF, P 3, 4
25
https://www.travail-social.com/Pauvrete-et-souffrance-psychique

16
ces jeunes, généralement des filles, se laissent aller a la prostitution ; bien que malheureuse,
elles le font quand même pour permettre a leur familles de survivre. Mais quand elles se
retrouvent infectées par le VIH, elles sont chassé de la maison et exclu de la société. Une
autre souffrance que nous avons relevé aussi est celle des jeunes filles qui subissent des
violences et abus sexuels de la part de leur parents, des proches, des professeurs…ces jeunes
étant sous la domination complète d’un ainé qui est sensé être un modèle et une référence, se
sentent complètement désorienté et impuissant, ce qui les poussent à s’enfermer dans un
mutisme mortel au risque de répéter le mal qui leur a été infligé, favorisant ainsi la
prolifération de la souffrance.

2. Quelques visages de la souffrance à Anyama


La souffrance à Anyama et ses périphéries, il y en a ; mais celle-ci n’est pas que
morale, émotionnelle ou matérielle, elle est aussi physique. Cette souffrance physique qui
comme nous l’avons noté plus haut peut être une conséquence de la pauvreté intellectuelle, et
vice versa bien que cela ne soit pas exhaustif. La souffrance physique met l’être humain dans
un état de totale dépendance ; cette souffrance peut parfois être évitée par des gestes de
prévention ; mais la population étant pauvre intellectuellement, cela crée un double problème.

Au vu de tout ce qui précède, nous pouvons noter aisément que la ville d’Anyama est
une ville qui regorge de beaucoup de souffrances et de maux. C’est une société qui a besoins
d’être aidée et accompagnée. Le terrain de la souffrance humaine est beaucoup plus vaste,
beaucoup plus diversifié, il a plusieurs dimensions. L'homme souffre de diverses manières qui
ne sont pas toujours observées par la médecine. La souffrance est quelque chose d'encore plus
ample que la maladie, de plus complexe et en même temps plus profondément enraciné dans
l'humanité elle-même. C’est justement ce qui a poussé la congrégation des PSMC à s’installer
dans la localité d’Anyama afin de contribuer selon ses moyens à la mission salvifique de
l’Eglise à laquelle elle appartient.

3. Les acquis de l’apostolat des PSMC à Anyama

Plus haut, rappelons-le, le théologien africainLéonard S. Kinkupu  s’interrogeait ainsi:


dans cette Afrique en grande souffrance, « annoncer la Bonne nouvelle aujourd’hui, n’est-ce
pas témoigner de la puissance de l’Evangile en montrant que Jésus ressuscite là où un bras se
lève pour défendre les pauvres et les faire passer d’un état de mort à un état de vie ? ». Ainsi,
au-delà même des drames sociaux et politiques, l'Eglise est consciente d'être mandatée surtout
pour donner une réponse à cette interrogation profonde qui surgit du cœur humain.

17
Pour leur part, c’est à travers les œuvres caritatives que les PSMC tentent de répondre
efficacement à ce questionnement. Plusieurs œuvres sont donc à leur actif et ils seront décrits
successivement dans les lignes suivantes.

 3.1 Le Centre Médical Don Orione (CMDO)

Ce centre a été inauguré en 2007et il est spécialisé en gynécologie-obstétrique. Son


objectif estde réduire la mortalité mère-enfant et aider les plus démunis à se soigner
convenablement dans un cadre sain et agréable. Il dispose d’un personnel qualifié et motivé,
d’équipement et de matériel de dernière technologie.
Aujourd’hui le CMDO s’est imposé comme une entité sanitaire de référence dans le
District d’Abidjan, à travers ses vingt-quatre (24) différents services, à savoir : la Médecine
générale, la Gynéco-obstétrique, l’Odontostomatologie, l’Ophtalmologie, le Bloc
d’Ophtalmologie, la Cardiologie, la Maternité, deux Blocs Opératoires, le Laboratoire
d’Analyses Biologiques, l’Hébergement Sanitaire, l’Imagerie médicale, la Pharmacie, la
Buanderie, la Nutrition, la vaccination, la Dermatologie, la neurologie, la rhumatologie la
Kinésithérapie, la pédiatrie, l’hospitalisation pédiatrique, la néonatalogie, l’oto-rhino-
laryngologie, l’optique.
En outre, le CMDO, veut à travers le Projet d’Appui aux Maternités Périphériques
(PAMP), dans le cadre de sa stratégie avancée, se déplacer vers les villages difficiles d’accès,
pour donner gratuitement ou à moindre coût les consultations prénatales, les bilans prénataux,
l’échographie et d’éventuels traitements préventifs et curatifs des maladies néfastes à la
femme enceinte. Il entend ainsi soutenir les dispensaires et maternités de ces villages.

3.2 Le centre de formation professionnelle Saint Laurent (œuvre socio-éducative)

Depuis 1995, les PSMC ont pris en charge la continuité de ce centre d’apprentissage
de coupe et de couture. Reconnu par l’Etat ivoirien, il offre une formation qualifiante en trois
(03) années sanctionnée par un Certificat d’Aptitude Professionnel (CAP) dans plusieurs
spécialités notamment dans la coupe-couture, la broderie, le stylisme-modélisme, etc
Hormis cela, le centre lutte contre l’analphabétisme en donnant des cours de base en
français, et il va au secours des jeunes en conflit avec leurs familles. Il offre également ses
services aux couples en difficulté et une assistance financière pour la scolarisation des
personnes démunies.

18
3.3 La maison de charité Madre Elisa Armendariz

Elle s’occupe des personnes (enfants et adultes) vivant avec un handicap mental et/ ou
physique Ses objectifs visent à les aider à retrouver leur dignité, leur offrir une famille et une
prise en charge intégrale. A cela s’ajoutent la scolarisation, l’alphabétisation, les rééducations
et les loisirs dont bénéficient ces personnes.
Par ailleurs la maison de la Charité Madre Elisa Armendariz mène une campagne de
sensibilisation à l’endroit de leurs parents afin qu’ils acceptent de réintégrer ces personnes
handicapées dans leurs familles naturelles.

3.4 L’association «Allez plus loin »

Aller Plus Loin (APL), est un groupe de Personnes Vivant avec le VIH/SIDA. Il a vu
le jour le 8 mars 2007 à Anyama.
Ses objectifs sont : promouvoir la dignité humaine, combattre la discrimination et la
stigmatisation, soutenir psychologiquement, socialement, économiquement et spirituellement
les Personnes vivant avec le VIH/SIDA, être proche des malades, les visiter en famille,
donner des soins à domicile à ceux qui sont en phase terminale de la maladie, amener les
familles à accepter les malades, mobiliser la communauté locale à prendre part aux soins
apportés aux personnes infectées et affectées, donner des conseils et accompagner les
personnes infectées et affectées et les aider à assumer des responsabilités.

3.5 L’écoutes et l’accompagnement des jeunes

Les PSMC sont très activement engagées dans l’écoute et l’accompagnement des


jeunes, notamment à travers la pastorale juvénile vocationnelle. Elle consiste à organiser des
rencontres et des activités caritatives, des formations, des partages d’expériences afin de
stimuler la jeunesse à se rendre utiles à leurs milieux.
Elles interviennent également dans les différents mouvements paroissiaux pour
dispenser divers enseignement aux jeunes. Dans ce cadre, la Communauté a créé une plate-
forme d’échanges avec les jeunes, gérée par deux PSMC, afin de se faire le plus proche
possible d’eux.

3.6 Le Projet d’Adoption à Distance (PAD)

19
Le PAD a été mis en œuvre pour la prise en charge scolaire, alimentaire et sanitaire des
enfants. Ilvise aussi la prise en charge des mères seules et des familles nombreuses
défavorisées.

En somme, tous ces acquis de l’apostolat des PSMC contribuent à sauvegarder la


dignité humaine conférée par le Créateur dès la création, car, comme l’affirme PAUL VI, la
libération que l’évangélisation annonce « ne peut pas se cantonner dans la simple et restreinte
dimension économique, politique, sociale ou culturelle, mais elle doit viser l’homme tout
entier, dans toutes ses dimensions, y compris dans son ouverture vers l’absolu, même l’absolu
de Dieu »26.Cependant, après vingt-cinq années d’exercice, de nombreux défis restent à
relever par les PSMC à Anyama au regard des limites de leurs activités. Le point suivant
abordera cette ultime dimension de notre étude.

Chapitre 3 : LIMITES ET PERSPECTIVES PASTORALES

26
PAUL VI, Evangelii nuntiandi, Rome, Centurion 1976 n.33 

20
Cechapitre exposera les limites de l’apostolat des PSMC avant d’ouvrir des perspectives
pastorales dans le but de renforcer les acquis de leur mission.

1. Limites

1.1 Le Centre médical Don Orione

Malgré l’importance et l’utilité avérées de ce Centre, il souffre de certaines insuffisances.


D’abord, l’abus de confiance et de générosité de la part de certains patients non indigents.
Le Centre a du mal à aider suffisamment les vrais nécessiteux car plusieurs personnes de
mauvaise foi abusent de la gentillesse de la Communauté en sollicitant des services gratuits. Il
s’ensuit des pertes financières énormes qui fragilisent ses performances économiques. C’est le
cas par exemple du service de la Pharmacie qui doit toujours s’approvisionner en
médicaments quel que soit le niveau de paiement des factures des patients. Au final, tout
donne l’impression d’une mauvaise gestion de la pharmacie en raison des comportements des
patients mauvais payeurs.
Ensuite, il faut noter la mauvaise qualité des services au regard du charisme de la
Communauté. En effet, le soin à apporter à l’Homme est au cœur du charisme des PSMC.
Mais,force est de constater qu’une grande partie du personnel ne manifeste aucun intérêt pour
l’Homme malgré toutes les formations dont il bénéficie. Il a été remarqué des insuffisances
dans les soins de protection des nouveau-nés. En effet, l’équipe de direction ne réagit pas
toujours promptement pour sauver la vie de certains bébés prématurés que les parents veulent
prendre contre avis médical sous prétexte de n’avoir pas de moyens. C’est une situation très
délicate qui mérite beaucoup d’attention de la part des responsables.

1.2 Le Centre de formation professionnel Saint Laurent

Le Centre saint Laurent est un centre de référence à Anyama.Il contribue à la


formation et à l’éducation des jeunes filles et garçons. Néanmoins, son personnel enseignant
manque de recyclage. Dans ces conditions, il ne saurait avoir de nouveauté dans la
transmission du savoir. La qualité de la formation en prend donc un coup. Les enseignants
tombent dans la routine pendant que les jeunes en formation souffrent d’insuffisance dans
l’acquisition de connaissances nouvelles.

21
1.3 La Maison de Charité Madre Elsa Armendaris

La maison de charité Madre Eisa Armandaris accueille des enfants porteurs de


handicap. La plupart des parents dont les enfants s’y retrouvent continuent de croire qu’un
enfant avec un handicap psychomoteur est un enfant serpent ou maudit, et qu’il est impératif
de s’en débarrasser. Alors, ils s’en éloignent. Et il constaté une insuffisance de sensibilisation
à l’endroit desdits parents, A côté de cette situation, le personnel spécialisé dont le Centre a
réellement besoin souffre en nombre conséquent.

1.4 L’association « Aller plus loin  »

Il est certes vrai que depuis sa de sa création, l’association « Aller Plus Loin »joue
pleinement son rôle, celui de redonner la dignité aux personnes qui se sentaient déshonorées
et indigne de la vie. L’association semblait ne souffrir d’aucun problème dans le temps, mais
le départ de sa fondatrice a révélé toute sa fragilité. En effet, il s’est révélé qu’elle était fondée
sur les intérêts matériels des membres. Nous notons aussi la non-implication des
professionnels en assistance sociale par exemplerend la tâche plus difficile à réaliser. Il nous
semble judicieux de relever aussi le manque de formation adéquate des membres de la
Communauté chargées d’accompagner les malades.

1.5 Le Projet d’Adoption à Distance

Ce projet a été mis en place pour soutenir les familles en difficulté. Mais, le constat fait
observer que beaucoup de parents fuient leurs responsabilités. En effet, ils laissent leurs
enfants à la seule charge de la Communauté qui est seulement sensée leur apporter un appui.
Du coup la vocation dudit Projet est mis à mal. Le manque de sensibilisation à leur endroit
est donc un défi à relever.

2. Perspectives pastorales

2.1 Le Centre Médical Don Orione

Malgré la mauvaise foi de certains patients, le Centre ne saurait fermer ses portes à
ceux qui lui demandent de l’aide. Mais, cela ne saurai se faire sans discernement sérieux.
Voilà pourquoi il serait nécessaire de mettre en place un service d’écoute chargé d’enquêter
sur le statut social des demandeurs. Cela permettra de répondre plus promptement aux besoins
des vrais pauvres et par le même fait de sauver la vie des bébés sous oxygène.

22
En outre, pour que le personnel offre des services de meilleure qualité aux usagers dans le
respect de la dignité de la personne humaine, il est important qu’il soit formé dans l’esprit du charisme
de la Communauté. La vie des patients en dépend. L’équipe de direction du Centre doit aussi agir plus
promptement contre certains parents, qui à cause du manque de moyens financiers, mettent la vie des
nouveau-nés en danger. Il faudrait que les parents les plus nécessiteux soient vraiment pris en charge
dans ce sens.

2.2 Le Centre de Formation Professionnel Saint Laurent

Vue l’importance et l’utilité grandissante de ce centre dans l’éducation des jeunes, il


nécessaire de renforcer les capacités du personnel enseignant par des sessions de recyclage ou
de formation continue. Cette mesure aura à coup sûr des impacts très significatifs sur le
rendement des enseignants et des apprenants. L’acquisition de connaissances nouvelles
aidera certainement les jeunes dans leur adaptation aux défis de leurs temps.

2.3 La Maison de Charité Madre Elsa Armendaris

La maison de charité Madre Elisa Armandaris souffre du manque de collaboration des


parents des enfants qu’elle accueille. Pour lui permettre de jouer pleinement son rôle d’appui,
il est nécessaire de sensibiliser les familles qui bénéficient de ses services afin que les parents
perçoivent clairement leur part de responsabilité.
Par ailleurs, la Communauté pourrait donner une catéchèse sur la valeur de la vie et de
la dignité de la personne humaine à ces parents afinqu’ils comprennent bien que leurs enfants
demeurent des personnes humaines jouissant de leur pleine dignité malgré leurs handicaps.
Cette mesure conduira au changement de mentalité et cela rapprochera d’avantage les familles
de la Maison pour qu’elle leur apporte suffisamment son appui, conformément à sa vocation.
Vue l’importance du centre, il est nécessaire de renforcer son personnel.

32.4 L’association « Aller plus loin  »

Pour permettre à cette association de fonctionner efficacement, il est important de


revoir son organisation à la base, car elle était fondée sur les intérêts matériels des membres.
La réorganisation des structures devra intégrer la prise en compte réelle des malades. En
outre, il faudrait combler l’insuffisance de personnel qualifié en recrutant des Assistants
sociaux par exemple. Cette mesure renforcera les performances de l’Association.

23
2.5 Le Projet d’Adoption à Distance

Ce projet souffre du manque de collaboration des familles bénéficiaires qui


n’assument pas leur part de contrat. Alors, pour permettre à cette initiative d’atteindre son
objectif originel d’appui, il faudrait sensibiliser les parents afin qu’ils jouent pleinement leurs
rôles et qu’ils s’engagent véritablement pour l’atteinte des objectifs dudit Projet.

CONCLUSION

La question du mal et de la souffrance a été posée depuis la nuit des temps, et elle ne saurait
s’épuiser puisqu’elle est intrinsèquement liée a l’existence humaine. Depuis la création de
l’homme, celui-ci s’est toujours demandé d’où venait le mal et la souffrance ; c’est d’ailleurs
pour tenter de répondre a cette question que l’homme de l’Ancien Testament, qui à connu tant
de souffrance surtout avec l’exode, a écrit le livre de la Genèse. En effet, l’homme se croyant

24
intelligent, met en place des systèmes favorisant parfois la souffrance de ses compagnons. Il
est vrai que l’homme a causé sa perte et a appelé la souffrance sur lui en désobéissant à Dieu
son créateur, mais n’oublions pas l’instigateur de cette désobéissance qui, lui, est toujours à
l’affut pour accuser l’homme. Dans l’Ancien testament, jusqu'à une certaine période, la
souffrance était signe de la punition divine d’où le non sens de la souffrance du juste. Jésus,
par son incarnation, sa mort et sa résurrection donne un sens nouveau à la souffrance. Il fait
passer la souffrance de l’état de totale inutilité à l’état de nécessité. En effet, Jésus en
acceptant de souffrir sur la croix pour le salut du genre humain à voulu non seulement
montrer à l’homme le chemin vers Dieu qui est celui de l’amour ; mais aussi sanctifier toutes
souffrances. Les pères de l’Eglise ont abordé la question de plusieurs manières, et chacun,
selon son expérience et l’inspiration du Saint Esprit a rendu compte du sens de la souffrance
pour le chrétien. Le magistère récent, a emprunté les pas des pères de l’Eglise en explicitant
encore plus la question. C’est ainsi qu’affirme le Pape Jean Paul II dans Salvifici doloris que
la réponse à la question du sens de la souffrance à été donnée par Dieu dans la Croix du
Christ ; et cette souffrance qui était perçu comme une malédiction devient désormais
participation à la mission salvifique du Christ.

Il est vrai que la souffrance est universelle, mais la manière de souffrir et la conception de
cette souffrance varie d’un individu à un autre ; d’un milieu à un autre. Voilà pourquoi il
semblait impératif qu’on rende compte de la position de certains théologiens africains par
rapport à la question du mal et de la souffrance en milieu africain. Ainsi, en Afrique, la vie
constitue le Bien suprême, et tout ce qui contribue à la diminution de cette vie constitue
d’emblée le Mal. Il est vrai que l’homme noir est conscient que la souffrance fait partie
intégrante de la vie, ce qui se justifie par plusieurs pratique d’initiations, mais il conçoit mal le
fait de considérer la souffrance comme salutaire. Malgré la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, il
est toujours difficile à l’homme noir d’entrer dans la logique d’une souffrance bénéfique au
salut ; et surtout en regardant avec un œil nouveau la stratégie utilisée par les premiers
missionnaires pour évangéliser l’Afrique, il nous vient de nous demander s’il faut prendre ce
« dieu » nouveau qu’ils apportent au sérieux. Fort est de constater que malgré le temps passé,
l’homme africain est toujours maintenu dans un état de dépendance, notamment en jetant un
œil sur les espèces utiliser pour la sainte scène. En gros, la souffrance de l’africain est loin
d’être achevée ; et la grande pauvreté de la population n’arrange rien, c’est dans ce cadre que
les PSMC se sont installées à Anyama en Cote d’Ivoire pour tenter de répondre selon leur
moyens aux besoins des populations souffrantes.

25
Les PSMC participent à la mission générale de l’Eglise qui est de conduire l’homme au salut ;
spécifiquement à travers leurs différents apostolats. Ces apostolats leurs permet de sauver le
corps et de donner à l’âme des souffrant, Jésus Christ. Il est certes vrai que les PSMC à elles
seules ne peuvent pas venir à bout de la souffrance, mais à travers leurs œuvres, le règne de
Dieu se fait plus présent.

BIBLIOGRAPHIE

Documents de base

26
 Bible TOB, cerf, Paris 1973
 Catéchisme de l’Eglise Catholique, Paris, centurion/ cerf/fleurs-Mame/CECC, 1998.
 Vocabulaire de Théologie Biblique, Paris, cerf, 2003.

Documents du Magistère

 BENOIT XVI, Africae Munus, exhortation apostolique post synodale, Abidjan,


Pauline 2011.
 BENOIT XVI, deus Caritas est, lettre encyclique, 25 décembre 2005: in DC 103
(2006).
 JEAN PAUL II, Salvifici Doloris, lettre apostolique sur le sens chrétien de la
souffrance humaine, Rome 1984 : in DC 81 (1984).
 JEAN PAUL II., Ecclesia in Africa, Lomé, Saint Augustin Afrique, 2015 : in AAS 87
(1995).
 PAUL VI, Evangelii Nuntiandi, exhortation apostolique sur l’Evangélisation, Rome,
Centurion 1976 : in AAS 68 (1976).

Ouvrages

 BASILE DE CESAREE, Dieu n’est pas l’auteur des maux, in : Dieu et le mal selon
Basile de Césarée, Grégoire de Nysse, Jean Chrysostome.

 JEAN CHRYSOSTOME, homélie sur les maux de la vie.


 JÜNGEL EBERHARD, Dieu mystère du monde. Fondement de la théologie du
crucifié dans le débat entre théisme et athéisme, Paris cerf, 1983.
 ELA Jean-Marc, le cri de l’homme africain, Paris, Harmattan, 1980.
 HEGBA Meinrad Pierre, Emancipation d’Eglise sous tutelle. Essaie sur l’ère post-
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 KINKUPU Léonard Santedi, les défis de l’évangélisation dans l’Afrique
contemporaine ; Paris, Karthala, 2005.
 MVENG Engelbert ; l’Afrique dans l’Eglise : parole d’un croyant, Paris Harmattan,
1985.

 ZIKPI PAUL, perspectives pastorales pour l’Eglise en Afrique noire, Paris,


l’Harmattan, 2014.

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