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Université Catholique d’Afrique Centrale

Institut Catholique de Yaoundé


Faculté de Théologie

LETTRE APOSTOLIQUE SALVIFICI DOLORIS DU PAPE


JEAN PAUL II : RÉSUMÉ & PERTINENCE POUR LES
ÉGLISES ET SOCIÉTÉS D’AFRIQUE AUJOURD’HUI
Travail demandé dans le cadre du cours de Sacrement de guérison

Présenté par :
DJOUSSE NGUEGANG Armel Brice

Sous la supervision de la :
P. Dr Patrick NDODE-SIKOSSI, OP.

Année académique 2023-2024


INTRODUCTION

Dans le cadre de notre formation en théologie et particulièrement pour le cours de


« Sacrement de guérison », il nous a été demandé de prendre connaissance de la lettre
apostolique Salvifici Doloris, sur le sens chrétien de la souffrance humaine. Publié à l’occasion
de la célébration liturgique de Notre Dame de Lourdes le 11 février 1984 par le pape Jean Paul
II, la lettre veut accompagner l’homme dans sa relation à la souffrance. Elle qui inspire
compassion, respect et qui intimide à sa manière. Chapeauté par une introduction et se terminant
par une conclusion, le document regroupe en tout huit parties. L’exercice qui nous est demandé
de faire nous permet de structurer le travail en deux parties. Premièrement il sera question de
produire un résumé de ladite Lettre Apostolique, puis dégager des éléments de pertinence pour
les Églises d’Afrique.

I. RÉSUMÉ

En tenant compte de la double dimension de l’humain (corps et âme), une distinction


nette est établie entre la maladie, la douleur, la souffrance physique, la souffrance
psychologique et la souffrance morale.

Sur la base d’un fondement vérérotestamentaire, à l’aide de plusieurs occurrences et en


considérant l’anthropologie y développée, la souffrance morale, dans sa prérogative sur les
autres formes de souffrance, n’est pas totalement disjointe de la composante somatique et a
généralement un caractère englobant. La linguistique hébraïque l’identifie au mal. Le
vocabulaire helléniste quant à lui introduit une différence grâce au verbe pasko qui signifie
« être affecté de… », posant ainsi les jalons du caractère à la fois actif et surtout passif de la
souffrance. La particularité de l’appréhension chrétienne du mal est qu’il est présenté comme
un manque, une limitation ou une altération du bien en tant que tout ce qui existe comme
manifestation de la bonté du créateur. C’est un lieu de communion et de solidarité comme
universalisation d’une expérience personnelle.

Les questions sur la cause, les raisons, le but et même le sens de la souffrance sont très
souvent adressées par l’homme au Dieu-Créateur face à la souffrance qui de fois est vécue à
l’absence de faute. L’exemple vétérotestamentaire de Job permet de circonscrire l’appréhension
de la souffrance de l’ordre de la justice de Dieu comme rétribution du péché. Il permet de voir
en la souffrance une épreuve. De même, la souffrance du Christ confirme la négation du lien

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sans réserve à l’ordre moral, fondé sur la seule justice. Aussi s’agit-il de l’expression de la
miséricorde de Dieu dans une invitation à la conversion.

La sotériologie chrétienne lie le salut à la souffrance car c’est par la souffrance du Fils
unique du Père que l’amour sauve l’homme. Au-delà du sens formel et temporel de la
souffrance se dégage ainsi son sens fondamental et définitif. L’action salvifique le révèle à
suffissance. De ses racines transcendantes ancrées dans le péché et la mort sont développées les
multiples formes présentes dans l’histoire de l’homme. Ici, bien que le mal ne soit pas
nécessairement lié au péché, il reste néanmoins conséquent au péché originel. La mort quant à
elle, si elle semble sauver l’homme des souffrances du monde, mais elle est une souffrance en
vue du mal lié à la désagrégation du corps des défunts. Dès lors, la victoire du Christ sur chacun
d’eux, bien que ne supprimant pas totalement la réalité de la souffrance de l’expérience
humaine, l’éclaire d’une nouvelle relation. En effet, à la lumière de la proximité du Christ
envers les souffreteux, de son obéissance indéfectible à sa mission salvifique dans la pleine
conscience des souffrances requises et par amour pour le genre humain, se dégage de la
souffrance le sens du don de soi qui crée le bien, même du mal. La description que fait le
prophète Isaïe (qualifié de cinquième évangéliste) du serviteur souffrant, présente et préfigure
à cet effet la profondeur du sacrifice du Christ. La souffrance de « substitution » qu’Il endure
pour l’homme en se chargeant de ses péchés au cours de cette mission est plus encore une
souffrance de « rédemption ». Il vit en effet une double souffrance liée respectivement à son
humanité et à sa divinité. Sa volonté dans son innocence et son obéissance à la volonté du Père
« prouvent la vérité de l’amour par la vérité de la souffrance » (Cf. n°18). A Gethsémani et à
Golgotha, le Dieu-Homme exprime cette souffrance personnellement vécue, qui ne peut être
que partiellement compréhensible par l’Homme : « […] le Christ, par la profondeur divine de
l’union filiale à son Père, perçoit d’une façon humainement inexprimable la souffrance qu’est
la séparation, le rejet du Père, la rupture avec Dieu » (Id.)

« En opérant la Rédemption par la souffrance, le Christ a élevé en même temps la


souffrance humaine jusqu’à lui donner valeur de Rédemption » (Cf. n°19). Préfiguré par Job,
plusieurs textes néotestamentaires expriment cette idée. C’est dans ce sens que St Paul
encourageait les premiers chrétiens en pleine souffrance en leur affirmant par cela même leur
participation à la souffrance du Christ et donc à son œuvre rédemptrice. Dans l’encouragement
qu’il adresse au Thessaloniciens, il en fait allusion comme communion aux souffrances du
Christ, comme souffrance pour le Royaume de Dieu. L’espérance de prendre part à la gloire du
Christ (originée dans la Croix) fonde de même cette communion rédemptrice. Ladite

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communion est spécialement manifestée dans le partage de cette parole du Christ à l’agonie :
« Père, pardonne leur : ils ne savent pas ce qu’ils font ». La grandeur morale et la maturité
spirituelle ici dégagées est d’ailleurs partager par les martyrs et les confesseurs de diverses
générations. Et la gloire conséquente est celle-là même rendu par les non chrétiens qui vont
jusqu’à se donner dans le combat pour la vérité ou la juste cause. Mais puisqu’en tout homme
cohabitent force et faiblesse, souffrir signifierai toujours opter pour l’action en soi de la force
salvifique de Dieu. La persévérance dans l’acceptation de ce qui nous fait mal est ainsi cette
vertu qui sous-tend l’espérance en la victoire sur la souffrance. Aussi, par sa souffrance
l’homme « complète ce qui manques aux épreuves du Christ ». Ceci non dans le sens d’un
quelconque ajout sur le bien parfait de la Rédemption totalement accomplit, mais d’une
participation voulue par lui tout au long de l’histoire de l’homme et particulièrement de l’Église.

L’évangile de la souffrance émane de la parole vivante de l’enseignement du Christ et


surtout de sa souffrance assumée par amour. Sa mère y occupe une place particulière car depuis
le début la mission qui était la sienne regroupait une multitude d’évènements friants de
souffrances. De l’annonce de l’ange aux épisodes de la souffrance et de la mort du Christ, son
apport à cet évangile est marqué d’une contribution singulière. Cet Évangile de la souffrance
se lit dans la présence de la souffrance dans l’Évangile, dans la révélation de la force salvifique
et le sens salvifique de la souffrance dans la mission messianique du Christ, et dans la mission
et la vocation de l’Église (Cf. n°25). Le Christ a lui-même clairement posé les bases à plusieurs
reprises, particulièrement pour ceux qui se mettront à sa suite. Cet Évangile met en exergue les
différents endroits de la souffrance « pour le Christ » et « à cause du Christ », tout en annonçant
les forces surnaturelles qui accompagneront ceux qui s’y engageront. Le premier chapitre
encourage les dévots de la souffrance à beaucoup de courage et de force pour les braver, tout
en les exhortant à avoir toujours le regard fixé vers la Résurrection. Elle qui liée à la passion et
à la mort a vaincue la souffrance. Vécue pour le Christ, elle permet la réalisation de son Évangile
lorsqu’elle est vécue avec Lui. L’histoire de la souffrance témoigne en effet du fait qu’elle
rapproche intérieurement l’homme du Christ. Conversion qui spécifie la grandeur spirituelle et
la maturité intérieure. Cette présence du Christ-Souffrant au plus profond de toute souffrance
est la grâce intérieure de la transformation de l’homme. En effet, cette souffrance déstabilise
tout homme et l’emmène à interroger Dieu. Et ce n’est que par la conscience de la participation
aux souffrances du Christ que celui-ci commence à percevoir la réponse. Loin d’une réponse
abstraite, elle est une invitation à le suivre de sa croix pour prendre part à l’œuvre du salut du
monde. C’est alors surmonté le sentiment de l’inutilité de la souffrance qui fonderait ici la «

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joie de la souffrance » et qui donnerait de participer à la force surnaturelle qui combat celles du
mal.

Une autre lecture de l’Évangile de la souffrance va de la parabole du bon samaritain.


Elle s’ajuste à la première dimension verticale, une dimension horizontale basée sur l’amour du
prochain. C’est faire preuve de disponibilité auprès du nécessiteux, de compassion. Plus encore,
ces stimuli doivent inciter des actes concrets et efficaces, allant jusqu’au don de soi. Les
multiples formes que peut prendre le nécessiteux est une source de libération dans l’homme de
ses capacités d’aimer et de s’offrir. Plus qu’une attitude chrétienne, il s’agit d’une attitude
humaine. Des organismes ou des professions sociales tel le médecin, l’infirmier et autre y sont
d’ailleurs souvent rapprochés. C’est pourquoi il s’agirait davantage d’une vocation que d’une
simple profession et des profonds remerciements leurs seront toujours adressés. Les valeurs de
la solidarité et de l’amour chrétien du prochain qu’ils réalisent sont fortes louables. Tous les
niveaux de l’éducation devraient ainsi œuvrer pour l’éveil et l’affinement de cette sensibilité :
la négation de la passivité face à la souffrance, la prolifération des œuvres d’amour.

II. PERTINENCE POUR LES ÉGLISES ET SOCIÉTÉS D’AFRIQUES

Dans la religion africaine dite traditionnelle, la conception de la souffrance est forte


similaire à celle développée dans les textes vétérotestamentaires. Pour celle-ci, la souffrance est
le résultat d’une réaction des esprits ou des ancêtres contre ceux et celles qui sont coupable d’un
délit contre la vie ou encore d’autre actions à caractère immoral tel que le vol. Il parait donc
dans cette optique, que toute souffrance à pour cause les délits commis, la faute. Par ailleurs,
elle est de fois perçu non comme une rétribution contre un acte commit, mais comme
l’engagement d’un tiers à reproduire autour de lui du tort. C’est dans ce sillage qu’il est reconnu
à certaines personnes la faculté à nuire à d’autres. C’est dire ici que selon la conception
religieuse africaine, la souffrance est relative soit à une sanction suite à une faute, soit à une
persécution d’un tiers. Bien qu’il soit vrai que la souffrance dans ce cadre se décline
généralement sous l’aspect de la maladie, la souffrance physique et la douleur, il n’est pas exclu
de rencontrer également des manifestations sous la forme psychologique et même morale. Les
deux cas de figure susmentionnées présentent alors la souffrance comme une réalité totalement
négative, à subir en cas de faiblesse ou à combattre dans la mesure du possible. Il semble dans
cette perspective difficile de penser à une éventuelle possibilité d’assumer les états de
souffrances. Sur un tel point, la réception de Salvifici doloris serait d’une grande aide pour ceux

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qui sont dans cet état. En effet, elle permettrait d’améliorer la qualité de vie tant dans les
relations sociales en générale que dans les stabilités familiale. Ceci en intégrant le fait que bien
qu’il existe des possibilités pour une personne à nuire à une autre, toutes souffrances n’est pas
un lieu phénoménologique de leurs expressions.

En plus de ces considérations sociales, plusieurs autres tares dans le même secteur
peuvent être examinées à travers le monde. De fait, l’Afrique ne fait pas exception du triste
constat du reversement des valeurs dans les communautés à travers le monde En effet,
aujourd’hui, des phénomènes tels que la corruption sont des maux sociaux qui tendent à
s’établir comme la règle. Dans le souci de réussir, même dans les conditions de compétences,
il arrive que certains soient confrontés au choix entre l’échec et la conformité. Il nait alors de
profondes souffrances qui entrainent plusieurs chrétiens à faiblir dans leur foi et à céder à la
pression sociales. Accepter de souffrir dans ce sens par crainte de Dieu et pour l’amour de notre
foi est un défi pour chacun. En effet, il s’agit de vivre cette souffrance dans sa chair en ramant
à contre-courant. Autrement, l’une des raisons pour lesquelles l’Afrique sombre encore
aujourd’hui est le refus d’un grand nombre de souffrir pour le salut des autres. La participation
à la souffrance rédemptrice mis en exergue dans la lettre interpelle donc les uns et les autres
individuellement à oser la différence afin de valoriser le sacrifice des prédécesseurs qui, par
charité, ont accepté de mourir pour des nobles causes.

La perception est forte tributaire des schèmes de compréhension et d’interprétation des


personnes. Ainsi, la foi et donc la croyance qui peut être liée à la manière de percevoir et
d’accepter les choses mériterait un point d’attention. En effet, la réception de Salvifici doloris
pourrait œuvrer pour une croyance chrétienne davantage mature en terre africaine où la
tentation serait forte de projeter la conception culturelle d’un dieu qui sanctionne à la faute,
dans la relation au Dieu de Jésus Christ. Conséquemment, elle permettrait dans le même ordre
d’idée, de mieux éclairer les lanternes entre le sacrifice propiatoire dans la tradition qui conjure
le malheur et le sacrifice eucharistique qui donne la force de les affronter.

5
CONCLUSION

Au cours du présent travail, il était question pour nous de faire un résumé de la Lettre
apostolique Salvifici doloris, puis de relever des éléments de pertinences pour les Églises et les
sociétés d’Afrique. Il en ressort que la souffrance a une double nature, qu’elle est humaine et
surnaturelle. Surnaturelle du fait de son enracinement dans le mystère de la Rédemption du
monde, et humaine parce qu’elle donne à l’homme de se reconnaitre. Cette double dimension
a permis de relever quelques pertinences tant pour l’Église que pour la société d’Afrique. Il
peut être cité ici l’amélioration de la qualité de la foi en libérant l’Africain de sa vision
traditionnelle d’un Dieu qui puni à la faute, la détermination du témoignage de vie au sein d’une
société dans laquelle il y a renversement de valeur et où le mal et le faut veulent s’ériger en le
bien et le vrai.

TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION .................................................................................................................... 1

I. RÉSUMÉ ............................................................................................................................ 1

II. PERTINENCE POUR LES ÉGLISES ET SOCIÉTÉS D’AFRIQUES......................... 4

CONCLUSION ......................................................................................................................... 6

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