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Luc Michel
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Revue de psychothérapie
psychanalytique de groupe
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LE PLAISIR EN GROUPE 1
LUC MICHEL
PLAISIR EN GROUPE
LE BANQUET DE PLATON
DU BANQUET À LA FONDUE
partielle, car l’aspect repas totémique est bien entendu présent dans
l’image d’un tel repas.
Je ne sais pas si les fils ont pris du plaisir à partager les restes du
père dans le repas totémique que décrit Freud. Ce que nous savons est
que la mise à l’extérieur du mauvais, en ne gardant que le bon a échoué
et que la culpabilité est vite apparue, ce qui les a fait se disperser… le
plaisir est éphémère.
s’exprimant, elle a les larmes aux yeux. Pourquoi dois-je tant faire,
toujours faire plaisir ? D’ailleurs, ma fille n’a même pas remarqué les
guirlandes, ce qui lui a fait surtout plaisir, c’était d’avoir ses copines.
Daphnée poursuit : « Tout cela remonte à très loin, j’ai toujours eu
besoin de faire beaucoup pour les autres dans l’attente de signes et du
retour que j’étais ainsi aimée. » Le groupe parle autour du thème qui
tourne autour de : à qui fait-on plaisir ? se fait-on à soi-même plaisir ?
a-t-on soi-même du plaisir ? Je relie cette thématique avec les propos
de Paul à la séance précédente, qui évoquait sa mère peu donnante, de
laquelle il ne pouvait jamais savoir s’il lui faisait plaisir ou pas. Très
vite, les participants évoquent ces enfants à qui on veut faire plaisir. Ils
sont pour la plupart parents de jeunes enfants et commencent à relater
les préparations d’anniversaires, le gâteau que l’on fait le soir précé-
dant le grand jour jusqu’à 2 heures du matin, plutôt que d’en acheter
un, au risque d’une crise de nerfs car il est raté. Quelle corvée ! Cha-
cun renchérit sur toute la fatigue que cela entraîne. Comme René le
rappelle, c’est tout de même aussi pour se faire plaisir que l’on fait ça
et dans l’attente que l’enfant soit content. On relève qu’il est présomp-
tueux de vouloir toujours connaître ce qui ferait plaisir à l’autre. Jean
dit que pour choisir un cadeau, il se dit que ce qui lui fait plaisir doit
aussi faire plaisir à l’autre. Tout le monde trouve ça très bien. Je me
demande si c’est ainsi que procède l’enfant lorsqu’il fait un cadeau en
offrant quelque chose qui lui plaît, alors que l’adulte ou le parent
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choisi lui, alors qu’il évoque souvent sa difficulté avec l’image mas-
culine. Se sentir papa face aux enfants ça va, mais pas homme face à
une femme.
Mon but n’est pas de commenter tous les niveaux d’interprétations
possibles d’une telle séquence, comme l’aspect maniforme masquant
certainement la tristesse d’un prochain départ. J’aimerais surtout insis-
ter sur ce mouvement qui consiste en la possibilité pour les membres
du groupe, dans cette deuxième séance, de rejoindre plus directement
un vécu émotionnel en s’identifiant cette fois aux enfants. Ils peuvent
alors, grâce à l’espace ludique et au plaisir que celui-ci procure, laisser
affleurer plus directement une problématique œdipienne avec ses plai-
sirs et dangers. Ils se sont, en d’autres termes, réapproprié quelque
chose de leurs représentations infantiles.
de pulsions.
EN GUISE DE CONCLUSION
13. S. Freud, Métapsychologie, Œuvres complètes, vol. XIII, PUF, 1988, p. 173.
14. I. Hermann, L’instinct filial, Paris, Denoël, 1972.
15. J. Bowlby, Attachement et perte, Paris, PUF, 1984.
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