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Le théâtre représente une chambre à demi démeublée ; un grand fauteuil de malade est au milieu. Figaro, avec
une toise, mesure le plancher. Suzanne attache à sa tête, devant une glace, le petit bouquet de fleurs d'orange, appelé
chapeau de la mariée.
Figaro, Suzanne
Beaumarchais… (1 phrase)
Le Mariage de Figaro est la deuxième pièce d’un triptyque imaginé par Beaumarchais en 1778, la première étant
Le Barbier de Séville paru en 1775 et la dernière La Mère coupable en 1792. La particularité de ces trois pièces,
c’est qu’elles comportent la plupart des mêmes personnages qui agissent à des périodes différentes comme une
série.
Figaro ouvre la scène d’exposition en compagnie d’un nouveau personnage féminin, Suzanne, la servante et
confidente de la Comtesse Almaviva. Le spectateur découvre qu’il est au matin du mariage entre Figaro et
Suzanne et il apprend également que le couple du Comte Almaviva et de la Comtesse Rosine, qui s’aimait
vraiment dans Le Barbier de Séville, est désormais dans une période de lassitude.
Lecture à haute voix de l’extrait : Je vais vous proposer une lecture de la scène.
Mon projet de lecture est : en quoi cette scène d’exposition remplit-elle ses fonctions ?
La progression de mon explication sera organisée de la façon suivante. J’évoquerai tout d’abord le dynamisme de
l’ouverture, du début de la scène jusqu’à « crac, en trois sauts me voilà rendu », ensuite le duo Suzanne/ Figaro
en analysant de « Fort bien, quand il aura tinté » jusqu’à « on a tort ». Enfin, la dernière partie du passage, de «
Apprends » jusqu’à la fin avec la dénonciation des privilèges et la célébration de l’amour.
1 - L’ouverture est dynamique car c’est le matin d’une « folle journée » de mariage.
CCLieu « dix-neuf pieds sur vingt-six » « ici » « dans cette chambre » « la chambre la plus commode et qui tient le
milieu des deux appartements » « à ma porte » « au château » « ce logement » →la chambre se situe au centre
de l’espace tout comme l’amour de Figaro et Suzanne va être au centre de l’intrigue. Il existe DONC un lien très
fort Maître/ valet car les histoires de Figaro/Suzanne vont se retrouver mêlées à celles du Comte et de la
Comtesse.
CCTemps « le matin de mes noces » → l’action débute au matin, juste avant les noces et rappelle le deuxième
titre de la pièce « la folle journée ».
La chambre comme symbole de l’intrigue = le superlatif de supériorité « la plus commode » → est dissonant avec
l’adjectif « incommodée » qui caractérise la Comtesse dans la réplique de Figaro. Cette dissonance PROUVE LES
LIENS entre les deux couples mais aussi LES DIFFERENCES entre l’amour naissant et l’amour qui
s’essouffle.
L’onomatopée « crac » et le CCManière « en trois sauts » → PROUVENT LA PROXIMITE entre les deux
chambres, proximité justement au cœur de l’intrigue, l’intimité du Comte voulant déborder sur l’intimité de
Suzanne.
Futur antérieur de L’INDICATIF « il aura tinté » → Suzanne rend la MENACE CERTAINE et dévoile l’intrigue.
Phrase exclamative + interjection+ blasphème « Eh ! qu’est-ce qu’il y a bon Dieu ! » → emportement de Figaro qui
ne maîtrise plus du tout la situation
Clairvoyance de Suzanne, normalement innocente → Conditionnel présent « Il faudrait » = Suzanne donne les
conseils CAR DESORMAIS LES ROLES S’INVERSENT.
La construction syntaxique avec le point-virgule met en opposition le CCLieu « chez sa femme » avec le CCLieu «
sur la tienne » qui peut, l’espace d’un moment paraître grivois car la relative qui fait sens « qu’il a jeté ses vues »
n’arrive qu’avec retard → Suzanne révèle le véritable visage du Comte.
Périphrase « l’honnête agent de ses plaisirs » + antiphrase « mon noble maître à chanter » contrastent avec
l’adjectif « loyal » → Suzanne est DONC ironique et Bazile est DONC un imposteur. La grande finesse de Suzanne
avec un jeu de mot sur « Maître à chanter » puisque Bazile donne des cours de chant mais aussi du chantage à
Suzanne.
Imparfait « tu croyais » + PQParfait « j’avais fait » → Figaro comprend qu’il s’était enfermé dans ses certitudes. Il
évoque l’époque du Barbier de Séville où il était toujours triomphant.
Phrase exclamative au présent de vérité générale « que les gens d’esprit sont bêtes » → l’ironie de Suzanne qui
taquine gentiment Figaro et sa naïveté.
Présent de l’impératif « Apprends » au début de la réplique de Suzanne → le spectateur est dans la confidence et
révèle l’un des thèmes de la pièce.
Ch lex du droit « un ancien droit du Seigneur » « aboli ce droit honteux » VS « le racheter » et « en secret » → les
mots « ancien droit » et « aboli » évoquent ce privilège révolu MAIS « racheter » et le CCManière « en secret » →
le Comte ne respecte pas ses engagements !
Déterminant possessif « ta » → Suzanne insiste sur le fait qu’elle se donne à Figaro et non au Comte DONC faire
des avances à Suzanne reviendrait à vouloir le voler.
« Monseigneur » « Monsieur le Comte Almaviva » « Monsieur le Comte » VS « grand trompeur » → glissement
des désignations, Figaro très respectueux VS expression à l’extrême opposée.
« De l’intrigue et de l’or » → didascalie « se frottant le front » + la métaphore « mon front fertilisé » + les points de
suspension → Figaro prépare déjà son plan. DONC le spectateur sait que le deuxième thème de cette pièce est
Comment le rusé Figaro parviendra-t-il à s’extraire de cette situation ?
Ch lex de la ruse « attraper » « piège » « empocher de l’or » + exclamative + l’équation de Suzanne « de l’intrigue
et de l’or, te voilà dans ta sphère » → Figaro reste LE personnage principal de la pièce.
Pour conclure en revenant précisément à mon projet de lecture qui est « en quoi cette scène d’exposition
remplit-elle ses fonctions ? » , je dirai que