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Théâtre et stratagème 

: textes
complémentaires

1. Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, Acte III, scène 5 (1784)

Scène 5
LE COMTE, FIGARO

FIGARO, à part : Nous y voilà.


LE COMTE : ... S'il en sait par elle un seul mot...
FIGARO, à part : Je m'en suis douté.
LE COMTE : ... je lui fais épouser la vieille.
FIGARO, à part : Les amours de Monsieur Bazile ?
LE COMTE : ... Et voyons ce que nous ferons de la jeune.
FIGARO, à part : Ah ! Ma femme, s'il vous plaît.
LE COMTE se retourne : Hein ? Quoi ? Qu'est-ce que c'est ?
FIGARO s'avance : Moi, qui me rends à vos ordres.
LE COMTE : Et pourquoi ces mots ?
FIGARO : Je n'ai rien dit.
LE COMTE répète : " Ma femme, s'il vous plaît " ?
FIGARO : C'est... la fin d'une réponse que je faisais : "Allez le dire à ma femme, s'il vous plaît."
LE COMTE se promène : "Sa femme" !... Je voudrais bien savoir quelle affaire peut arrêter Monsieur,
quand je le fais appeler ?
FIGARO, feignant d'assurer son habillement : Je m'étais sali sur ces couches en tombant ; je me
changeais.
LE COMTE : Faut-il une heure ?
FIGARO : Il faut le temps.
LE COMTE : Les domestiques ici... sont plus longs à s'habiller que les maîtres !
FIGARO : C'est qu'ils n'ont point de valets pour les y aider.
LE COMTE : ...Je n'ai pas trop compris ce qui vous avait forcé tantôt de courir un danger inutile, en
vous jetant...
FIGARO : Un danger! On dirait que je me suis engouffré tout vivant...
LE COMTE : Essayez de me donner le change en feignant de le prendre, insidieux valet ! Vous
entendez fort bien que ce n'est pas le danger qui m'inquiète, mais le motif.
FIGARO : Sur un faux avis, vous arrivez furieux, renversant tout, comme le torrent de la Morena ;
vous cherchez un homme, il vous le faut, ou vous allez briser les portes, enfoncer les cloisons ! Je me
trouve là par hasard, qui sait dans votre emportement si...
LE COMTE, interrompant : Vous pouviez fuir par l'escalier.
FIGARO : Et vous, me prendre au corridor.
LE COMTE en colère : Au corridor! (A part.) Je m'emporte, et nuis à ce que je veux savoir.
FIGARO, à part : Voyons-le venir, et jouons serré.
LE COMTE, radouci : Ce n'est pas ce que je voulais dire, laissons cela. J'avais... oui, j'avais quelque
envie de t'emmener à Londres, courrier de dépêches... mais toutes réflexions faites...
FIGARO : Monseigneur a changé d'avis ?
LE COMTE : Premièrement, tu ne sais pas l'anglais.
FIGARO : Je sais God-dam.
LE COMTE : Je n'entends pas.
FIGARO : Je dis que je sais God-dam.
LE COMTE : Eh bien ?
FIGARO : Diable! C'est une belle langue que l'anglais ; il en faut peu pour aller loin. Avec God-dam en
Angleterre, on ne manque de rien nulle part. Voulez-vous tâter d'un bon poulet gras ? Entrez dans

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une taverne, et faites seulement ce geste au garçon. (Il tourne la broche.) Goddam! On vous apporte
un pied de boeuf salé sans pain. C'est admirable ! Aimez- vous à boire un coup d'excellent bourgogne
ou de clairet ? Rien que celui-ci. (Il débouche une bouteille.) God-dam! On vous sert un pot de bière,
en bel étain, la mousse aux bords. Quelle satisfaction ! Rencontrez-vous une de ces jolies personnes,
qui vont trottant menu, les yeux baissés, coudes en arrière, et tortillant un peu des hanches ? Mettez
mignardement tous les doigts unis sur la bouche. Ah ! God-dam ! Elle vous sangle un soufflet de
crocheteur. Preuve qu'elle entend. Les Anglais, à la vérité, ajoutent par-ci, par-là quelques autres
mots en conversant ; mais il est bien aisé de voir que God-dam est le fond de la langue ; et si
Monseigneur n'a pas d'autre motif de me laisser en Espagne...
LE COMTE, à part : Il veut venir à Londres ; elle n'a pas parlé.
FIGARO, à part : Il croit que je ne sais rien ; travaillons-le un peu, dans son genre.

À retenir :
- Comédie du XVIIIème siècle.
- (Présentation générale) À une époque où la France rencontre des difficultés, autant dans sa
politique extérieure qu’intérieure, le mouvement des Lumières utilise les « lumières de la
raison » pour remettre en cause le fonctionnement de la société : organisation féodale de la
société, statut des femmes, question de l’esclavage, question de l’éducation etc. C’est dans
ce contexte que Beaumarchais écrit Le Barbier de Séville en 1775 mettant en scène Figaro,
valet habile qui met sa ruse au service du comte Almaviva pour lui permettre d’épouser la
belle Rosine. En 1784, Le Mariage de Figaro reprend les mêmes personnages, mais leurs
relations ont bien changé : le comte, lassé de sa femme Rosine, cherche à séduire Suzanne, la
fiancée de Figaro. Celui-ci va dès lors déployer sa ruse contre son maître. (Présentation du
passage). Le comte a l’intention d’éloigner Figaro du château et de favoriser les projets de
mariage de Marceline, vieille femme amoureuse de Figaro, pour être plus libre avec Suzanne
(stratagème du comte). Dès la première scène de la pièce, Figaro a été averti des intentions
du comte et a cherché à le prendre au piège (stratagème de Figaro), mais il n’en a jamais eu
la preuve. Les deux personnages jouent ici tous les deux un double jeu pour chercher à savoir
ce que sait l’autre et pour le manipuler.
- Le théâtre de Beaumarchais est plus politique que celui de Marivaux => contestation des
privilèges et des abus plus explicite.
- Le personnage du valet (Figaro) devient le véritable homme de bien et d’honneur et le porte-
parole de l’auteur.
- Scène où les deux personnages cherchent à tromper l’autre par un stratagème (Le comte
veut faire croire à Figaro qu’il l’envoie à Londres pour vérifier si la fiancée de Figaro lui a
parlé des avances qu’il lui a faites ; Figaro veut faire croire au comte qu’il est prêt à partir à
Londres pour lui faire croire que sa fiancée ne lui a rien dit. Chacun veut endormir la
méfiance de l’autre.). Le valet domine le maître (le comte Almaviva) non seulement par
l’adresse et le sens de la répartie mais par les valeurs morales.
- Les stratagèmes donnent lieu chez Beaumarchais à des improvisations verbales des
personnages qui sont sources de comique.
- L’objet utilisé à la fin de la pièce pour faire surgir la vérité sera, comme chez Marivaux, une
lettre. Le stratagème révèlera les intentions du comte et permettra le mariage retardé et sera
donc au service de la vérité.

2. Musset, Lorenzaccio, Acte IV, scène 9 (1834)

Lorenzo de Médicis a suivi le duc de Florence dans la débauche afin de l’approcher pour l’assassiner,
mais il y a laissé son innocence. Il a tendu un piège au duc en lui faisant croire que sa tante, la
vertueuse Catherine, viendrait le rejoindre dans sa chambre.

Scène 9
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Une place  ; il est nuit.
Entre LORENZO

LORENZO : Je lui dirai que c’est un motif de pudeur, et j’emporterai la lumière ; - cela se fait tous les
jours ; - une nouvelle mariée, par exemple, exige cela de son mari pour entrer dans la chambre
nuptiale, et Catherine passe pour très vertueuse. – Pauvre fille ! qui l’est sous le soleil, si elle ne l’est
pas ? Que ma mère mourût de tout cela, voilà ce qui pourrait arriver.
Ainsi donc, voilà qui est fait. Patience ! une heure est une heure, et l’horloge vient de sonner. Si vous
y tenez cependant ? – Mais non, pourquoi ? Emporte le flambeau si tu veux : la première fois qu’une
femme se donne, cela est tout simple. – Entrez donc, chauffez-vous donc un peu. – Oh ! mon Dieu,
oui, pur caprice de jeune fille. – Et quel motif de croire à ce meurtre ? Cela pourra les étonner, même
Philippe.
Te voilà, toi, face livide ?
La lune paraît.
Si les républicains étaient des hommes, quelle révolution demain dans la ville ! Mais Pierre est un
ambitieux ; les Ruccellai seuls valent quelque chose. – Ah ! les mots, les mots, les éternelles paroles !
S’il y a quelqu’un là-haut, il doit bien rire de nous tous ; cela est très comique, très comique vraiment.
– Ô bavardage humain ! ô grand tueur de corps morts ! grand défonceur de portes ouvertes ! ô
homme sans bras !
Non ! non ! je n’emporterai pas la lumière. – J’irai droit au cœur ; il se verra tuer… Sang du Christ ! on
se mettra demain aux fenêtres.
Pourvu qu’il n’ait pas imaginé quelque cuirasse nouvelle, quelque cotte de mailles. Maudite
invention ! Lutter avec Dieu et le diable, cela n’est rien ; mais lutter avec des bouts de ferraille croisés
les uns sur les autres par la main sale d’un armurier ! – Je passerai le second pour entrer ; il posera
son épée là, - ou là, - oui, sur le canapé. - Quant à l’affaire du baudrier à rouler autour de la garde,
cela est aisé. S’il pouvait lui prendre fantaisie de se coucher, voilà où serait le vrai moyen. Couché,
assis ou debout ? Assis plutôt. Je commencerai par sortir. Scoronconcolo est enfermé dans le cabinet.
Alors nous venons, nous venons. Je ne voudrais pourtant pas qu’il tournât le dos. J’irai à lui tout
droit. Allons ! la paix, la paix ! l’heure va venir. – Il faut que j’aille dans quelque cabaret ; je ne
m’aperçois pas que je prends du froid ; je boirai une bouteille. – Non, je ne veux pas boire. Où diable
vais-je donc ? les cabarets sont fermés.
Est-elle bonne fille ? – Oui, vraiment. – En chemise ? – Oh ! non, non, je ne le pense pas. – Pauvre
Catherine ! – Que ma mère mourût de tout cela, ce serait triste. Et quand je lui aurais dit mon projet,
qu’aurais-je pu y faire ? Au lieu de la consoler, cela lui aurait fait dire : « Crime ! crime ! » jusqu’à son
dernier soupir. Je ne sais pas pourquoi je marche, je tombe de lassitude.
Il s’assoit.
Pauvre Philippe ! Une fille belle comme le jour ! Une seule fois je me suis assis près d’elle sous le
marronnier : ces petites mains blanches, comme cela travaillait ! Que de journées j’ai passées, moi,
assis sous les arbres ! Ah ! Quelle tranquillité ! quel horizon à Cafaggiuolo ! Jeannette était jolie, la
petite fille du concierge, en faisant sécher sa lessive. Comme elle chassait les chèvres qui venaient
marcher sur son linge étendu sur le gazon ! La chèvre blanche revenait toujours, avec ses grandes
pattes menues.
Une horloge sonne.
Ah ! ah ! il faut que j’aille là-bas. – Bonsoir, mignon ; eh ! trinque donc avec Giomo. – Bon vin ! Cela
serait plaisant qu’il lui vînt à l’idée de me dire : « Ta chambre est-elle retirée ? entendra-t-on quelque
chose du voisinage ? » Cela serait plaisant. Ah ! on y a pourvu. Oui, cela serait drôle qu’il lui vînt cette
idée.
Je me trompe d’heure ; ce n’est que la demie. Quelle est donc cette lumière sous le portique de
l’église ? on taille, on remue des pierres. Il paraît que ces hommes sont courageux avec les pierres.
Comme ils coupent ! comme ils enfoncent ! Ils font un crucifix ; avec quel courage ils le clouent ! Je
voudrais voir que leur cadavre de marbre les prît tout d’un coup à la gorge.

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Eh bien ! eh bien ! quoi donc ? j’ai des envies de danser qui sont incroyables. Je crois, si je m’y laissais
aller, que je sauterais comme un moineau sur tous ces gros plâtras et sur toutes ces poutres. Eh,
mignon ! eh, mignon ! mettez vos gants neufs, un plus bel habit que cela ; tra la la ! faites-vous beau,
la mariée est belle. Mais je vous le dis à l’oreille, prenez garde à son petit couteau.
Il sort en courant.

À retenir :
- Drame romantique du XIXème siècle.
- Le stratagème est mis en place par le héros, Lorenzaccio, avec un but politique : assassiner le
tyran de Florence. Le stratagème est double : faire croire au duc qu’il est de ses amis en
faisant partie de sa bande de débauchés et en le fournissant en filles. Le duc ne se méfie
donc pas de Lorenzo qu’il juge méprisable (Lorenzaccio est un diminutif péjoratif) et efféminé
(l’appelle « mignon »). Le soir du meurtre, Lorenzo attire le duc dans sa chambre en lui
faisant croire qu’il a décidé sa tante, Catherine, à le rejoindre. Il a anticipé le meurtre en
volant la cotte de mailles du duc et en s’entraînant quotidiennement à l’épée chez lui pour
que les voisins ne s’étonnent pas d’un bruit de lutte.
- Le stratagème est ici l’outil d’un sacrifice au service d’une cause : Lorenzo va y perdre sa
réputation, son âme et sa vie. En effet, à force de mimer le vice pour plaire au duc, il va y
prendre goût et aura donc perdu son âme, à force de complaisances pour le duc il va se faire
haïr des Florentins (perte de sa réputation) qui le tueront après la mort du duc car il n’a plus
son protecteur et qu’il est associé à ses crimes (perte de sa vie).
- Ambiguïté du déguisement/masque (ici le masque du débauché) qui colle à la peau de celui
qui l’endosse au point de s’identifier à lui.
- Ici le personnage est à la fois complètement exalté par l’approche du but, troublé par
l’imminence du meurtre qu’il doit commettre, nostalgique d’un passé innocent et perverti
par le rôle qu’il a si longtemps joué.

3. Victor Hugo, Ruy Blas, Acte III, scène 5 (1838)

Ruy Blas, laquais de Don Salluste est amoureux de la reine. Don Salluste l’a utilisé pour assouvir sa
vengeance  : il a fait passer celui-ci pour un Grand d’Espagne, Don César. Il a l’intention de
compromettre la reine et de l’humilier en lui révélant la véritable identité de Ruy Blas.

Scène 5
RUY BLAS, DON SALLUSTE

RUY BLAS : Monsieur, j’obéirai. Je consens à tout faire.


Mais jurez-moi d’abord qu’en toute cette affaire
La Reine n’est pour rien.
DON SALLUSTE, qui jouait avec un couteau d’ivoire sur la table, se retourne à demi.
De quoi vous mêlez-vous ?
RUY BLAS, chancelant et le regardant avec épouvante.
Oh ! vous êtes un homme effrayant. Mes genoux
Tremblent… vous m’entraînez vers un gouffre invisible.
Oh ! Je sens que je suis dans une main terrible !
Vous avez des projets monstrueux. J’entrevois
Quelque chose d’horrible… - Ayez pitié de moi !
Il faut que vous dise, - Hélas ! Jugez vous-même !
Vous ne le saviez pas ! Cette femme, je l’aime !
DON SALLUSTE, froidement. Mais si, je le savais.
RUY BLAS : Vous le saviez !
DON SALLUSTE : Pardieu ! Qu’est-ce que cela fait ?
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RUY BLAS, s’appuyant au mur pour ne pas tomber, et comme se parlant à lui-même.
Donc, il s’est fait un jeu,
Le lâche, d’essayer sur moi cette torture !
Mais c’est que ce serait une affreuse aventure !
Il lève les yeux au ciel.
Seigneur Dieu tout puissant ! Mon Dieu qui m’éprouvez,
Épargnez-moi, Seigneur !
DON SALLUSTE : Ah çà, mais vous rêvez !
Vraiment ! Vous vous prenez au sérieux, mon maître.
C’est bouffon. Vers un but que seul je dois connaître,
But plus heureux pour vous que vous ne le pensez,
J’avance. Tenez-vous tranquille. Obéissez.
Je vous l’ai dit et je vous le répète,
Je veux votre bonheur. Marchez, la chose est faite.
Puis, grand’chose après tout que des chagrins d’amour !
Nous passons tous par là. C’est l’affaire d’un jour.
Savez-vous qu’il s’agit du destin d’un empire ?
Qu’est le vôtre à côté ? Je veux bien tout vous dire,
Mais ayez le bon sens de comprendre aussi, vous.
Soyez de votre état. Je suis très bon, très doux,
Mais que diable ! Un laquais, d’argile humble ou choisie,
N’est qu’un vase où je veux verser ma fantaisie.
De vous autres, mon cher, on fait tout ce qu’on veut.
Votre maître, selon le dessein qui l’émeut,
À son gré vous déguise, à son gré vous démasque.
Je vous ai fait seigneur. C’est un rôle fantasque,
Pour l’instant. – Vous avez l’habillement complet.
Mais, ne l’oubliez pas, vous êtes mon valet.
Vous courtisez la reine ici par aventure,
Comme vous monteriez derrière ma voiture.
Soyez donc raisonnable.
RUY BLAS, qui l’a écouté avec égarement et comme ne pouvant en croire ses oreilles.
Ô mon Dieu ! – Dieu clément !
Dieu juste ! De quel crime est-ce le châtiment ?
Qu’est-ce donc que j’ai fait ? Vous êtes notre père,
Et vous ne voulez pas qu’un homme désespère !
Voilà donc où j’en suis ! – et volontairement,
Et sans tort de ma part, - pour voir, - uniquement
Pour voir agoniser une pauvre victime,
Monseigneur, vous m’avez plongé dans cet abîme !
Tordre un malheureux cœur plein d’amour et de foi,
Afin d’en exprimer la vengeance pour soi !
Se parlant à lui-même.
Car c’est une vengeance ! Oui, la chose est certaine !
Et je devine bien que c’est contre la reine !
Qu’est-ce que je vais faire ? Allez lui dire tout ?
Ciel ! Devenir pour elle un objet de dégoût
Et d’horreur ! Un crispin, un fourbe à double face !
Un effronté coquin qu’on bâtonne et qu’on chasse !
Jamais ! – Je deviens fou, ma raison se confond !
Une pause. Il rêve.
Ô mon Dieu ! Voilà donc les choses qui se font !
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Bâtir une machine effroyable dans l’ombre,
L’armer hideusement de rouages sans nombre,
Puis sous la meule, afin de voir comme elle est,
Jeter une livrée, une chose, un valet,
Puis la faire mouvoir et soudain sous la roue
Voir sortir des lambeaux teints de sang et de boue,
Une tête brisée, un cœur tiède et fumant,
Et ne pas frissonner alors qu’en ce moment
On reconnaît, malgré le mot dont on le nomme,
Que ce laquais était l’enveloppe d’un homme !

À retenir :
- Drame romantique du XIXème siècle.
- Don Salluste condamné à l’exil par la reine d’Espagne parce qu’il a déshonoré l’une de ses
suivantes décide de se venger. Ayant surpris l’amour secret que son domestique, Ruy Blas,
voue à la reine, il le déguise en Grand d’Espagne. Il cherche ainsi à déshonorer la reine en
révélant au grand jour qu’elle a été séduite par un valet. Mais la reine tombe véritablement
amoureuse de Ruy Blas. À la fin, celui-ci tue Don Salluste qui a révélé à la reine, venue à un
rendez-vous secret grâce à une fausse lettre, son identité et s’empoisonne, désespéré de la
colère de la reine. Celle-ci finit par lui avouer son amour même sous sa véritable identité,
juste avant qu’il ne meure.
- Le stratagème est ici du côté des méchants (Don Salluste) et les gens de bien en sont les
victimes.
- Il permet néanmoins de révéler le vrai cœur des hommes puisque Ruy Blas se révèle aussi
noble de cœur que le vrai gentilhomme dont il prend le costume et la reine peut laisser ses
sentiments sincères s’épanouir. (comme chez Marivaux donc)
- Le stratagème met aussi en évidence la corruption et la cruauté de certains nobles, ainsi que
leur mépris.
- Montre que la grandeur d’âme ne dépend pas de la naissance.
- Révélateur des idées romantiques car montre une conscience politique et le sublime dans le
sacrifice.
- L’outil du stratagème est encore une lettre.
- Le héros meurt, victime de ce stratagème.
- Pour l’anecdote, cette pièce de Victor Hugo a été transposée sur le mode comique au cinéma
dans le film La Folie des grandeurs de Gérard Oury avec Louis de Funès et Yves Montand en
1971.

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