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30 septembre 1916

Quelque part en France


Chère Félicie,
Cela fait maintenant un mois et quinze jours que je t’ai quitté et je n’arrête pas de
penser à toi et à notre mariage. Comment vas-tu ? Comment vont mes parents et ma
sœur ? D’ailleurs j’ai enfin retrouvé Tomas, il était une tranchée derrière ! Tu es la
seule raison pour laquelle je me dis que je dois tenir. Tu sais, ici tous les soldats se
connaissent déjà. Ils ont déjà tous côtoyé la mort, de toute façon elle est en face de
nous chaque jour que ça soit dans les tranchées ou dans les échanges de tirs. J’ai
l’impression d’être le seul que cette situation choque. L’odeur, les corps, ils y sont tous
habitués mais pas moi. Cela me rend malade de devoir marcher sur les corps, sans vie,
de mes camarades. Il est très dur pour moi de tenir mais je n’ai pas le choix. Souvent,
je pense à leurs familles, comment endurent-ils le fait d’être aussi loin de leur femme,
de leurs enfants. Je te promets, ma chérie, de gagner à l’aide de tous mes compagnons
cette guerre et de revenir pour fêter nos fiançailles et nous marier ! Je me dis qu’à la
longue je vais m’y faire, je vais devenir comme eux : je ne penserai plus autant aux
morts qui nous entourent et je jouerai aux carte avec les soldats ennemis lors des
trêves. Pour l’instant c’est très dur, je ne te le cache pas : je n’y crois pas, je pense
constamment s’ils vont m’assommer et me tuer. Comment faire confiance à
l’ennemie ? Pourtant ce sont des gens comme moi ! Ils ont une famille ce ne sont pas
des bêtes ! Comment tu t’en sors ? La vie à la maison seule n’est-elle pas trop dure ?
Arrives-tu à combiner tes recherches et la vie à l’usine ? J’espère que tu ne te fais pas
trop de soucis pour moi car il ne faut pas, ce ne sont pas des monstres, on s’en sort ! Je
te promets de revenir rapidement, en attendant écris moi aussi souvent que tu le peux
car tes lettres font ruisseler la peur sur mon dos.

Tout à toi.
Pierre.
PS : Je suis de plus en plus amis avec Célestin et les autres soldats sont devenus
comme des pères pour moi particulièrement Francis.

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