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Cette œuvre est consacrée à l’élimination des blocages

du Soi supérieur sur le chemin de l’Illumination.

Titre original : Letting Go.


Publié pour la première fois par Veritas.

© 2012, David R. Hawkins


© 2023, Guy Trédaniel éditeur pour la traduction française.
Traduit de l’anglais par Danièle Ball.

ISBN : 978-2-8132-2913-7

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DAVID R. HAWKINS

Lâcher prise
Le plus court chemin
pour se libérer de ses blocages
DU MÊME AUTEUR

En langue originale
Healing and Recovery, Veritas, 2013.
Reality, Spirituality, and Modern Man, Veritas, 2013.
Discovery of the Presence of God, Veritas, 2013.
Transcending the Levels of Consciousness, Veritas, 2013.
Truth vs. Falsehood, Veritas, 2013.
I: Reality and Subjectivity, Veritas, 2013.
The Eye of the I, Hay House, 2013.
Dissolving the Ego, Realizing the Self, Hay House, 2011.
Dialogues on Consciousness and Spirituality, Veritas, 1998.
Qualitative and Quantitative Analysis and Calibration of the Levels of Human Consciousness,
Veritas, 1998.
Orthomolecular Psychiatry (coécrit avec Linus Pauling), W.H.Freeman, 1973.

Traduits en français
Pouvoir contre force, Guy Trédaniel éditeur, 2018.
Les Grands Mystères de l’Histoire, Infini découverte, 2016.
Votre bonté vous perdra, Vida, 2015.
Sur la voie de l’illumination, AdA, 2012.
Quand l’homme que vous aimez ne vous respecte pas, Farel, 2005.
Quand votre adolescent est en crise, Farel, 2003.
Quand vous êtes déprimé, Farel, 2003.
Quand la vie vous stresse, Farel, 2003.
Quand votre divorce est prononcé, Farel, 2002.
Quand votre partenaire veut vous quitter, Farel, 2002.
Sommaire

AVANT-PROPOS
PRÉFACE
Physique
Comportemental
Les relations interpersonnelles
Conscience/éveil/spiritualité
Chapitre 1
INTRODUCTION

Chapitre 2
LE MÉCANISME DU LÂCHER-PRISE
De quoi s’agit-il ?
Les sentiments et les mécanismes mentaux
Les sentiments et le stress
Les événements de la vie et les émotions
Le mécanisme du lâcher-prise
La résistance au lâcher-prise
Chapitre 3
L’ANATOMIE DES ÉMOTIONS
Le but de la survie
L’échelle des émotions
Comprendre les émotions
Gérer les crises émotionnelles
Guérir le passé
Développer les émotions positives
Chapitre 4
Apathie et dépression
« Je ne peux pas » vs « Je ne veux pas »
Les reproches
Choisir ce qui est positif
Les personnes que nous fréquentons
Chapitre 5
Le chagrin
S’autoriser à éprouver du chagrin
Surmonter les pertes
Prévenir le deuil
Chapitre 6
LA PEUR
La peur de parler en public (ou glossophobie)
L’effet thérapeutique de l’amour
Posséder « l’ombre »
La culpabilité
Chapitre 7
LE DÉSIR
Le désir comme obstacle
Avoir – faire – être
Le glamour
Le pouvoir de la décision intérieure
Chapitre 8
LA COLÈRE
De l’usage positif de la colère
Le sacrifice de soi
La reconnaissance
Les attentes
Les ressentiments chroniques
Chapitre 9
L’ORGUEIL
La vulnérabilité de l’orgueil
L’humilité
La joie et la gratitude
Les opinions
Chapitre 10
LE COURAGE
Le courage de lâcher prise
Devenir autonomes
Avoir conscience d’autrui
Chapitre 11
L’ACCEPTATION
Tout est parfait tel que c’est
L’acceptation de soi et des autres
La responsabilité personnelle
Chapitre 12
L’AMOUR
L’amour dans la vie de tous les jours
L’amour guérit
L’amour inconditionnel
L’unité
Chapitre 13
LA PAIX
Le profond impact de la paix
La transmission silencieuse
S’abandonner à la Réalité ultime
Chapitre 14
RÉDUIRE LE STRESS ET LES MALADIES PHYSIQUES
Aspects psychologiques et vulnérabilité au stress
Les aspects médicaux du stress
La réponse du système énergétique au stress et le système
d’acupuncture
Les mesures pour atténuer le stress
Les tests kinésiologiques
La technique du test kinésiologique
La relation entre conscience, stress et maladie
Chapitre 15
LA RELATION ENTRE LE CORPS ET L’ESPRIT
L’influence de l’esprit
Les croyances favorisant les maladies
Comparaison avec d’autres techniques
Chapitre 16
LES BÉNÉFICES DU LÂCHER-PRISE
La croissance émotionnelle
La résolution de problèmes
Le mode de vie
Résolution de problèmes psychologiques : comparaison
avec la psychothérapie
Chapitre 17
LA TRANSFORMATION
La santé
La richesse
Le bonheur
L’état de liberté intérieure
Chapitre 18
LES RELATIONS
Les sentiments négatifs
La colère
La culpabilité
L’apathie et le chagrin
La peur
L’orgueil
La condition humaine
Les sentiments positifs
La connexion
Les effets des sentiments positifs
Lâcher prise sur nos attentes
Les relations sexuelles
Chapitre 19
LA RÉALISATION DES OBJECTIFS PROFESSIONNELS
Les sentiments et les capacités
Les sentiments négatifs liés au travail
Les sentiments positifs liés au travail
Les sentiments et le processus de prise de décision
Les sentiments et la capacité de vendre
Chapitre 20
MÉDECIN, GUÉRIS-TOI TOI-MÊME
Les principes de base
La guérison de multiples maladies
La guérison de la vue
Chapitre 21
QUESTIONS ET RÉPONSES
Objectifs religieux et spirituels
Méditation et techniques de concentration
Psychothérapie
Alcoolisme et dépendance aux drogues
Les relations interpersonnelles
Le mécanisme
S’abandonner à l’Ultime
ANNEXES
Annexe A : la Carte de la Conscience®
Annexe B : la procédure de test musculaire
RÉFÉRENCES
À PROPOS DE L’AUTEUR
Notes biographiques et autobiographiques
Note autobiographique
AVANT-PROPOS

C
e livre présente un mécanisme permettant de libérer nos
aptitudes innées pour le bonheur, le succès, la santé, le
bien-être, l’intuition, l’amour inconditionnel, la beauté, la paix
intérieure et la créativité. Ces états et ces aptitudes sont présents en
chacun de nous. Ils ne dépendent d’aucune circonstance extérieure
ni d’aucune caractéristique personnelle ; ils ne nécessitent aucune
croyance en un quelconque système religieux. Aucun groupe ou
système ne possède la paix intérieure, car elle appartient à l’esprit
humain en vertu de notre origine. C’est le message universel de tous
les grands maîtres, sages et saints : « Le royaume des cieux est en
vous. » Le Dr Hawkins disait souvent : « Ce que vous recherchez
n’est guère différent de votre propre Soi. »
Comment quelque chose d’inné, qui fait partie intégrante de notre
être véritable, peut-il être si difficile à réaliser ? Pourquoi tant de
malheur, alors que nous sommes doués pour le bonheur ? Si le
« royaume des cieux » est en nous, pourquoi avons-nous souvent
« l’impression d’être en enfer » ? Comment pouvons-nous nous
libérer du bourbier de l’absence de paix qui fait que notre voyage
vers la paix intérieure nous semble si ardu, un peu comme de la
mélasse qui devrait gravir une pente par une journée glaciale ? Il est
agréable d’entendre que la paix, le bonheur, la joie, l’amour et le
succès sont intrinsèques à notre esprit humain. Mais qu’en est-il de
toute la colère, la tristesse, le désespoir, la vanité, la jalousie, les
angoisses et les jugements mesquins quotidiens qui étouffent en
nous le son primordial du silence ? Existe-t-il vraiment un moyen de
se débarrasser de cette fange et d’être libre ? De danser avec une
joie non entravée ? D’aimer tous les êtres vivants ? De vivre
pleinement notre grandeur et de réaliser notre potentiel le plus
élevé ? De devenir un canal de grâce et de beauté dans le monde ?
Dans cet ouvrage, le Dr Hawkins propose une voie vers la liberté à
laquelle nous aspirons, mais qu’il nous semble difficile d’atteindre. Il
peut sembler contre-intuitif de réussir quelque chose en « lâchant
prise » ; cependant, fort de son expérience clinique et personnelle,
l’auteur certifie que le lâcher-prise est la voie la plus sûre vers
l’épanouissement total.
Beaucoup d’entre nous ont été élevés dans une mentalité qui fait la
corrélation entre la réussite matérielle et même spirituelle et des
concepts tels que « travailler dur », « avoir la tête dans le guidon »,
« gagner son pain à la sueur de son front » et d’autres axiomes
sévères hérités d’une culture imprégnée de l’éthique protestante.
Selon cette conception, réussir exige de la souffrance, du labeur et
des efforts : no pain, no gain (« pas de résultats sans efforts »). Mais
où tous ces efforts et toute cette souffrance nous ont-ils menés ?
Sommes-nous vraiment et profondément en paix ? Non. Il y a
toujours une culpabilité intérieure, une susceptibilité aux critiques
d’autrui, un besoin d’être rassuré et des ressentiments qui couvent.
Si vous tenez ce livre entre vos mains, c’est que vous avez
probablement déjà atteint vos limites avec ce mécanisme de l’effort.
Peut-être avez-vous constaté que, plus vous tirez sur la corde pour
vous hisser là où vous voulez arriver, plus elle se distend et
s’effiloche. Vous vous demandez peut-être s’il n’y aurait pas un
moyen plus simple et plus efficace. Mais êtes-vous disposé à lâcher
la corde ? Et pourquoi ne pas utiliser le mécanisme du lâcher-prise
au lieu de celui de l’effort ?
J’aimerais vous raconter mon expérience en tant qu’individu de
formation universitaire qui avait déjà testé de nombreuses méthodes
de développement personnel. Malgré ma réussite professionnelle, je
souffrais de problèmes physiques et émotionnels qui semblaient ne
jamais vouloir s’améliorer, de sorte que j’atteignis un point de
rupture. Ma rencontre avec le Dr David R. Hawkins et la découverte
de ses écrits ont été les catalyseurs d’un effet curatif aussi inattendu
que spectaculaire.
Au début, j’étais perclus de scepticisme. Après avoir exploré
diverses voies spirituelles, philosophiques et religieuses – avec des
résultats insatisfaisants ou seulement temporaires –, j’ai entrepris
l’étude des textes de Hawkins en me disant : « Ça se terminera
probablement comme tout ce que j’ai déjà essayé. » Cependant, le
chercheur consciencieux en moi a déclaré : « Je vais vérifier. Qu’est-
ce que j’ai à perdre ? » C’est ainsi que j’ai lu Pouvoir contre force : les
déterminants cachés du comportement humain. Une fois la lecture de ce
livre terminée, j’ai pris conscience du fait que j’étais maintenant une
personne différente de celle qui avait ouvert ce livre la première fois.
C’était en 2003. Aujourd’hui, bien des années plus tard, l’effet
catalyseur opère encore et toujours dans tous les domaines de ma
vie.
Ce qui m’a finalement convaincu de la véracité de son travail, ce
sont les transformations de ma propre conscience physique et non
physique. J’ai expérimenté d’indéniables changements concrets : la
guérison d’une dépendance qu’il m’avait auparavant été impossible
de surmonter malgré de nombreuses tentatives sincères ; la
disparition de diverses allergies (squames d’animaux, herbe à la
puce, moisissures, rhume des foins) ; l’abandon de vieux
ressentiments, avec la capacité de découvrir des cadeaux qui
étaient cachés dans les divers traumatismes de la vie que j’avais
traversés ; l’apaisement de plusieurs peurs de longue date et d’un
trouble anxieux qui avait sérieusement entravé ma carrière et ma vie
personnelle ; la résolution de plusieurs conflits intérieurs liés à
l’acceptation de soi et au but de la vie. Ces progrès majeurs sur les
plans physique et non physique furent concrètement observables
non seulement par moi-même, mais aussi par les personnes de mon
entourage. Si aujourd’hui elles me demandaient : « Comment
expliques-tu cette transformation ? », je leur suggérerais de lire ce
nouveau livre : Lâcher prise : le plus court chemin pour se libérer de ses
blocages. Hawkins expose la logique du processus intérieur de
transformation que j’ai expérimenté lors de la lecture de ses livres
précédents.
Lâcher prise : le plus court chemin pour se libérer de ses blocages est
une feuille de route vers une vie plus libre pour toute personne
disposée à entreprendre ce voyage. Votre vie sera transformée
positivement, si vous appliquez les principes que ce livre décrit. Ils
ne sont difficiles ni à comprendre ni à mettre en œuvre. Ils ne
coûtent rien. Ils ne nécessitent pas de vêtements spéciaux, ni de
voyages dans un pays exotique. La principale condition pour
effectuer ce voyage est la volonté d’abandonner l’attachement à
votre expérience actuelle de la vie.
Comme l’explique le Dr Hawkins, la « petite » partie de nous-
mêmes est attachée à ce qui nous est familier, même si c’est
douloureux ou inefficace. Cela peut sembler bizarre, mais, en réalité,
notre soi – avec un « s » minuscule – apprécie une vie appauvrie et
toute la négativité qui l’accompagne : se sentir indigne, dévalorisé,
juger les autres et se juger soi-même, être surévalué, toujours
« gagner » et « avoir raison », pleurer le passé, craindre l’avenir,
soigner ses blessures, avoir besoin de certitudes et rechercher
l’amour au lieu de le donner.
Sommes-nous disposés à imaginer une nouvelle vie pour nous-
mêmes, caractérisée par la réussite sans effort, l’absence de
ressentiment, la gratitude pour tout ce qui nous est arrivé,
l’inspiration, l’amour, la joie, les solutions gagnant-gagnant, le
bonheur et l’expression créative ? L’un des plus grands obstacles au
bonheur, nous dit-il, est la conviction que ce n’est pas possible : « Il
doit y avoir un hic » ; « C’est trop beau pour être vrai » ; « Cela peut
arriver à d’autres, mais certainement pas à moi ».
Le cadeau que nous fait une personne, et un enseignant, telle que
le Dr Hawkins est de nous permettre de voir et d’expérimenter la
présence d’un être qui EST ce bonheur, qui EST cette joie sans
limites, qui EST cette paix absolue. Il a écrit ce livre parce qu’il a, lui-
même, expérimenté la puissance du mécanisme qu’il décrit. Lire et
être en présence d’un tel être libéré nous offre le catalyseur, l’espoir
et le lancement de notre propre voyage intérieur. Ainsi, malgré le
cynisme du petit soi, il y a le grand Soi qui nous appelle. Nous
pouvons d’abord entendre son appel comme venant d’une
conscience avancée telle que celle du Dr Hawkins, d’un enseignant,
d’un guide ou d’un sage qui a réalisé le Soi. Puis, tandis que nous
vivons nos propres expériences de vérité, de guérison et
d’expansion, nous entendons l’appel comme venant d’un lieu
intérieur. « Le Soi de l’enseignant et celui de l’élève sont une seule
et même chose », déclare le Dr Hawkins.
Il reflète les vérités de ce livre. En tant que chercheur sérieux qui
considérait une grande partie des écrits spirituels contemporains
comme superficiels, j’ai voulu vérifier l’authenticité de cette œuvre. Il
me semblait primordial de savoir ceci : cet auteur parle-t-il d’une
véritable Réalisation intérieure ? La réponse est : « Oui ! » Des
observations attentives réalisées au fil de plusieurs années
d’entretiens et de visites ont confirmé cet état avancé. Dans ce livre,
il nous rappelle la loi de la conscience qui stipule : nous sommes
tous connectés au niveau énergétique, et une vibration supérieure
(comme l’amour) a un effet puissant sur une vibration inférieure
(comme la peur). Je ressens la pertinence de cette loi chaque fois
que je suis en sa présence ; son champ d’énergie transmet l’amour
guérissant et une paix profonde. Comme il l’explique dans ce livre,
ces états supérieurs sont disponibles pour nous tous, et à tout
moment.
Peu importe où nous en sommes dans notre vie, ce livre illuminera
la « prochaine étape ». Le mécanisme du lâcher-prise décrit par le
Dr Hawkins s’applique à l’ensemble du voyage intérieur : depuis
l’abandon des ressentiments de l’enfance, jusqu’à l’abandon final de
l’ego lui-même. Ainsi, cet ouvrage aura la même utilité pour un
professionnel dont l’objectif est de réussir dans le monde, que pour
un patient en thérapie qui cherche à guérir des problèmes
émotionnels, ou un patient auquel on a diagnostiqué une maladie,
ou encore une personne en recherche spirituelle qui se consacre à
la quête de l’Illumination. Selon lui, l’étape fondamentale pour nous
tous est de reconnaître que nous éprouvons des sentiments négatifs
en raison de notre condition humaine, et d’être disposés à les
regarder sans aucun jugement. Notre objectif peut être d’atteindre
l’état élevé de la conscience non duelle. Mais comment gérons-nous
le « petit soi » persistant et dualiste qui veut que nous nous
percevions comme « meilleurs » ou « pires » qu’un autre ?
Dans ses livres précédents, le Dr Hawkins a décrit l’état non duel
de l’Illumination avec une conscience d’une clarté exceptionnelle.
Comme il l’a souvent dit avec humour au début de ses nombreuses
conférences : « Nous commençons par la fin. » En effet, dans ses
conférences et dans ses livres, il a minutieusement décrit les états
de conscience les plus élevés qui sont le couronnement de
l’évolution intérieure de l’homme.
Dans ce livre, qu’il a publié durant la dernière période de sa vie, il
nous ramène à notre point de départ commun : reconnaître
l’existence du petit soi. Il nous faut commencer par là où nous en
sommes pour arriver là où nous voulons aller ! Si nous voulons aller
d’ici à là-bas, nous n’y arriverons pas plus vite si nous nous leurrons
nous-mêmes en affirmant que nous partons de tout près. En pensant
que nous sommes plus proches du but que nous ne le sommes,
nous ne faisons que rallonger le voyage. Comme il l’explique dans
ce livre, il nous faut du courage et de l’honnêteté pour voir la
négativité et la petitesse en nous. Ce n’est que lorsque nous
pourrons reconnaître cette négativité que nous avons héritée de la
condition humaine que nous aurons la possibilité de l’abandonner et
de nous en libérer. Nous devons simplement être disposés à
reconnaître et à accepter cette partie de notre expérience humaine.
En l’acceptant, nous pourrons la transcender – et le Dr Hawkins
nous en montre le chemin.
Dans ce livre très pragmatique, il met en lumière une technique qui
nous permet de transcender le petit soi et d’accéder à la liberté à
laquelle nous aspirons. Il déclare que cet état de liberté intérieure et
de pur bonheur est notre « droit inné ». Au fil de notre lecture, nous
puisons encouragements et inspiration dans des exemples cliniques
concrets qui sont issus de ses décennies de pratique psychiatrique.
Dans chacun de ces cas, nous voyons le pouvoir du lâcher-prise
appliqué à presque tous les domaines de la vie : relations, santé
physique, environnement de travail, activités récréatives, démarche
spirituelle, vie de famille, sexualité, guérison émotionnelle et
libération de dépendances.
Nous apprenons que la réponse aux problèmes auxquels nous
sommes confrontés est en nous. En lâchant les blocages intérieurs,
la vérité de notre Soi intérieur brille, et le chemin de la paix nous est
révélé. D’autres maîtres spirituels ont mis l’accent sur la culture de la
paix intérieure comme seule véritable solution aux difficultés
personnelles, ainsi qu’aux conflits collectifs : « Le désarmement
intérieur d’abord, le désarmement extérieur ensuite » (Dalaï-Lama) ;
« Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde »
(Gandhi). Les conséquences en sont claires. Comme nous faisons
tous partie du tout, lorsque nous guérissons quelque chose en nous-
mêmes, nous en guérissons le monde entier. Chaque conscience
individuelle est connectée à la conscience collective au niveau
énergétique ; par conséquent, la guérison personnelle entraîne la
guérison collective. Le Dr Hawkins est peut-être le premier à avoir
tenté de comprendre ce principe à la lumière d’applications
scientifiques et cliniques. Le point crucial est qu’en nous changeant
nous-mêmes nous changeons le monde. À mesure que nous
devenons plus aimants à l’intérieur, la guérison se produit à
l’extérieur. Tout comme l’élévation du niveau de la mer soulève tous
les navires, le rayonnement de l’amour inconditionnel d’un cœur
humain élève toute la vie.

Le Dr David R. Hawkins fut auteur, psychiatre, clinicien, enseignant


spirituel et chercheur de renommée mondiale dans le domaine de la
conscience. Des détails de son extraordinaire parcours sont décrits
dans la section « À propos de l’auteur », à la fin de cet ouvrage. Son
œuvre exceptionnelle jaillit d’une source de compassion universelle
et est consacrée au soulagement de la souffrance dans toutes les
dimensions de l’existence. Le cadeau de l’œuvre du Dr Hawkins à
l’évolution humaine se situe au-delà de tout ce que l’on pourrait en
dire.
L’état d’Illumination est tellement complet dans sa béatitude qu’on
ne souhaite plus jamais le quitter, sauf pour un abandon total
d’amour à Dieu et aux autres êtres humains, afin de partager ce
cadeau reçu. Ce livre sur le lâcher-prise et toute son œuvre dans le
monde sont le résultat de cette reddition. Comme vous le lirez dans
un des chapitres, il a réalisé un lâcher-prise très profond qui lui a
permis de se réapproprier sa conscience personnelle afin d’honorer
certains engagements dans le monde. Il n’a pas perdu ni abandonné
l’état d’unité, mais il lui a fallu déployer un amour extraordinaire vers
le défi de verbaliser l’ineffable. Vous remarquerez que certains des
pronoms qu’il emploie ne correspondent pas aux conventions
grammaticales – par exemple, « notre vie » – mais ils sont fidèles à
l’expérience d’un état spirituel qui connaît l’unicité impersonnelle de
toute vie. Le fait que le Dr Hawkins ait réintégré le monde de la
logique et du langage afin de partager avec nous une « Carte de la
Conscience » – pour que nous puissions, nous aussi, accomplir
notre destin – en dit long sur son amour désintéressé pour
l’humanité. En nous indiquant le chemin de la libération, le
Dr Hawkins nous offre la possibilité de l’atteindre.
Merci, Dr Hawkins, pour ce cadeau de l’abandon total.
Fran Grace, docteure en philosophie, éditrice.
Professeure d’études religieuses et
Responsable de la salle de méditation
Université de Redlands, Californie
Directrice fondatrice, Institut pour
La Vie Contemplative
Sedona, Arizona
Juin 2012
PRÉFACE

P
endant de nombreuses années de pratique clinique en
psychiatrie, notre objectif principal était de rechercher les
moyens les plus efficaces pour soulager la souffrance
humaine sous toutes ses formes. À cette fin, nous avons exploré de
nombreuses disciplines de la médecine, de la psychologie, de la
psychiatrie, de la psychanalyse, des techniques comportementales,
ainsi que le biofeedback, l’acupuncture, la nutrition et la chimie du
cerveau. Au-delà de ces modalités cliniques, nous avons testé les
systèmes philosophiques, la métaphysique, une multitude de
thérapies holistiques, des cours de développement personnel, des
voies spirituelles, des techniques de méditation et d’autres moyens
d’élargir sa conscience.
Dans toutes ces explorations, le mécanisme du lâcher-prise s’est
révélé d’une grande utilité pratique. Son importance a nécessité la
rédaction de ce livre, afin de partager avec d’autres ce que j’ai
observé cliniquement et vécu personnellement.
Mes dix livres précédents se concentraient sur les états avancés
de conscience et sur l’Illumination. Au fil des années, des milliers
d’étudiants qui ont assisté à nos conférences et satsangs ont posé
des questions qui révèlent les obstacles quotidiens à l’Illumination. Il
est pragmatique et utile de partager une technique qui les aidera à
surmonter de tels obstacles : comment gérer les vicissitudes de la
vie quotidienne, avec ses pertes, ses déceptions, son stress et ses
crises ? Comment se libérer des émotions négatives et de leur
impact sur notre santé, sur nos relations et notre travail ? Comment
gérer tous les sentiments indésirables ? Le présent ouvrage décrit
un moyen simple et efficace de lâcher prise sur les sentiments
négatifs et de devenir libre.
La technique du lâcher-prise est un système pragmatique
d’élimination des obstacles et des attachements. Il peut aussi être
appelé « mécanisme d’abandon ». Il existe des preuves scientifiques
de son efficacité, dont une explication est présentée dans l’un des
chapitres ci-après. La recherche a montré que cette technique est
plus efficace que de nombreuses autres approches actuellement
disponibles pour apaiser les réponses physiologiques au stress.
Après avoir étudié la plupart des différentes méthodes de
conscientisation et de réduction du stress, cette approche se
distingue par sa simplicité, son efficience, son efficacité clinique,
l’absence de concepts discutables et la rapidité avec laquelle elle
permet d’obtenir des résultats observables. Sa simplicité est
trompeuse et masquerait presque le bénéfice réel de la technique.
En termes simples, elle nous libère des attachements émotionnels.
Elle confirme cette observation faite par tous les sages : les
attachements sont la cause première de la souffrance.
Le mental, avec ses pensées, est guidé par les sentiments.
Chaque sentiment est le dérivé cumulé de plusieurs milliers de
pensées. Et, comme la plupart des gens répriment et refoulent leurs
sentiments et tentent de leur échapper tout au long de leur vie,
l’énergie refoulée s’accumule et cherche à s’exprimer à travers la
détresse psychosomatique, les troubles corporels, les maladies
émotionnelles et les comportements désordonnés dans les relations
interpersonnelles. Les sentiments accumulés bloquent la croissance
spirituelle et la conscience, ainsi que le succès dans de nombreux
domaines de la vie.
Les bénéfices de cette technique peuvent donc être décrits à
divers niveaux :

Physique
L’élimination des émotions refoulées entraîne des effets positifs sur
la santé. Elle diminue le débordement d’énergie dans le système
nerveux autonome du corps, et débloque le système énergétique de
l’acupuncture (ce qui est démontrable par un simple test
musculaire). Par conséquent, à mesure qu’une personne lâche prise
constamment, ses troubles physiques et psychosomatiques
s’améliorent et disparaissent souvent complètement. Ainsi, on
assiste à une inversion générale des processus pathologiques dans
le corps, et à un retour à un fonctionnement optimal.

Comportemental
Grâce à la diminution progressive de l’anxiété et des émotions
négatives, le besoin de s’évader par les drogues, l’alcool, les
divertissements et le sommeil excessif régresse. Par conséquent, il y
a une augmentation de la vitalité, de l’énergie, de la disponibilité et
du bien-être ; avec un comportement plus efficace et plus fluide dans
tous les domaines.

Les relations interpersonnelles


Au fur et à mesure que l’on abandonne les sentiments négatifs, on
assiste à une augmentation progressive des sentiments positifs, qui
se traduit par une amélioration rapidement observable dans toutes
les relations. La capacité d’aimer est accrue. Les conflits avec les
autres diminuent peu à peu, de sorte que les performances
professionnelles s’améliorent. L’élimination des blocages négatifs
permet d’atteindre plus facilement les objectifs professionnels, et les
comportements d’autosabotage basés sur la culpabilité diminuent
progressivement. Il y a de moins en moins de dépendance à
l’intellectualisme et une plus grande exploitation de la connaissance
intuitive. Avec la reprise de la croissance et du développement de la
personnalité, on assiste souvent à la découverte de capacités
créatives et psychiques jusque-là insoupçonnées, qui sont
contrecarrées chez tous par des émotions négatives refoulées. La
diminution progressive de la dépendance – ce grand fléau de toutes
les relations humaines – revêt une importance majeure. La
dépendance engendre tellement de douleur et de souffrance ; elle
inclut même la violence, et le suicide comme expression ultime. À
mesure que la dépendance diminue, on constate aussi une
diminution de l’agressivité et des comportements hostiles. Ces
sentiments négatifs sont remplacés par des sentiments
d’acceptation et d’amour envers les autres.

Conscience/éveil/spiritualité
C’est un espace qui s’ouvre par la mise en œuvre continue du
mécanisme d’abandon. Lâcher prise sur les émotions négatives
signifie que la personne éprouve toujours plus de bonheur, de
contentement, de paix et de joie. Il se produit une expansion de la
conscience, une réalisation progressive et une expérience du
véritable Soi intérieur. Les enseignements des grands maîtres se
dévoilent de l’intérieur sous la forme d’une expérience personnelle.
Le lâcher-prise progressif des limites permet de réaliser enfin sa
véritable identité. Le lâcher-prise est l’un des outils les plus efficaces
pour atteindre des objectifs spirituels.
Chaque personne peut atteindre tous ces objectifs, avec douceur
et subtilité, en s’abandonnant silencieusement dans sa vie
quotidienne. La disparition progressive de la négativité et son
remplacement par des sentiments et des expériences positifs sont
agréables à observer et à vivre. Le but de ces informations est
d’aider le lecteur à vivre ces expériences enrichissantes.
David R. Hawkins, médecin, docteur en philosophie
Président fondateur
de l’Institut de recherche spirituelle
Sedona, Arizona
Juin 2012
CHAPITRE 1

INTRODUCTION

U
dit :
n jour, alors qu’il était en état de contemplation, le mental

« Mais qu’est-ce qui ne va pas chez nous ? »


« Pourquoi le bonheur a-t-il tendance à s’échapper ? »
« Où sont les réponses ? »
« Comment pouvons-nous résoudre le dilemme humain ? »
« Suis-je devenu fou, ou le monde est-il devenu fou ? »
La solution à un problème, quel qu’il soit, semble n’apporter qu’un
bref soulagement, car elle est la base même du problème suivant.
« L’esprit humain est-il une roue pour hamster qui tourne
désespérément dans le vide ? »
« Est-ce que tout le monde est en état de confusion ? »
« Dieu sait-il ce qu’Il fait ? »
« Dieu est-Il mort ? »
Le mental continuait inlassablement de bavarder :
« Est-ce que quelqu’un connaît le secret ? »
Ne t’en fais pas, tout le monde est désespéré. Certains semblent
ne pas trop se soucier de ce sujet. « Je ne vois pas pourquoi on en
fait tant d’histoires, disent-ils. La vie me semble simple. » Ils ont
tellement peur qu’ils n’osent pas même ouvrir les yeux sur ce sujet !
Et qu’en est-il des experts ? Leur confusion est plus sophistiquée,
enrobée d’un jargon impressionnant et d’une construction mentale
élaborée. Ils ont des systèmes de croyances prédéterminés dans
lesquels ils tentent de vous enfermer. Cela semble fonctionner
pendant un certain temps, puis c’est le retour à l’état initial.
Autrefois, on pouvait compter sur les institutions sociales, mais
elles ont fait leur temps, et plus personne ne leur fait confiance.
Nous avons désormais plus de chiens de garde que d’institutions.
Les hôpitaux sont contrôlés par de multiples agences. Personne n’a
plus de temps à consacrer aux patients, et ces derniers se perdent
dans la masse. Regardez dans les couloirs. Il n’y a ni médecins ni
infirmières : ils sont dans les bureaux à faire de la paperasse. Tout
cela est déshumanisé.
Vous vous dites alors qu’il doit bien y avoir des experts qui ont les
réponses. Lorsque vous n’allez pas bien, vous allez voir un médecin
ou un psychiatre, un analyste, un travailleur social ou un astrologue.
Vous vous tournez vers la religion, la philosophie ; vous suivez des
formations dans le cadre de séminaires Erhard (également appelés
« EST ») ; vous vous tapotez avec les techniques de l’EFT. Vous
faites équilibrer vos chakras, vous essayez la réflexologie, vous
optez pour l’acupuncture auriculaire, l’iridologie, vous vous faites
soigner avec des lampes et des cristaux.
Vous méditez, chantez un mantra, buvez du thé vert, essayez les
pentecôtistes, crachez du feu et expérimentez la glossolalie. Vous
vous recentrez, vous apprenez la PNL, vous essayez des
techniques d’optimisation, vous travaillez sur des visualisations,
vous étudiez la psychologie, vous intégrez un groupe jungien. Vous
faites des séances de Rolfing, vous testez des substances
psychédéliques, vous consultez un médium, vous faites du jogging,
du jazzercise, des irrigations coloniques, vous vous mettez à la
nutrition et l’aérobic, vous vous suspendez la tête en bas, vous
portez des bijoux mystiques. Vous devenez plus lucide, vous vous
tournez vers le biofeedback, la gestalt-thérapie.
Vous consultez votre homéopathe, votre chiropracteur, votre
naturopathe. Vous essayez la kinésiologie, vous découvrez votre
profil dans l’Ennéagramme, vous rééquilibrez vos méridiens, vous
rejoignez un groupe d’éveil de la conscience, vous prenez des
tranquillisants. Vous recevez des injections d’hormones, vous
essayez les sels cellulaires, vous faites rééquilibrer vos minéraux,
vous priez, vous implorez et vous suppliez. Vous apprenez la
projection astrale. Vous devenez végétarien. Vous faites une
monodiète de chou. Vous essayez la macrobiotique, vous passez au
bio, vous ne consommez pas d’OGM. Vous partez rencontrer des
guérisseurs amérindiens, vous testez une hutte de sudation. Vous
essayez les herbes chinoises, la moxibustion, le shiatsu,
l’acupression, le feng shui. Vous allez en Inde. Vous trouvez un
nouveau gourou. Vous retirez vos vêtements. Vous allez nager dans
le Gange. Vous fixez le soleil. Vous vous rasez la tête. Vous mangez
avec vos doigts, vous devenez totalement désordonné, vous vous
douchez à l’eau froide.
Vous chantez des chants tribaux. Vous revivez des vies
antérieures. Vous essayez la régression sous hypnose. Vous
poussez un cri primal. Vous tapez dans des oreillers. Vous essayez
la méthode Feldenkrais. Vous rejoignez un groupe de rencontres en
vue du mariage. Vous allez chez Unity. Vous écrivez des
affirmations. Vous créez un tableau de visualisation. Vous faites du
rebirthing. Vous lisez le Yi Jing. Vous faites des tirages de cartes du
tarot. Vous étudiez le zen. Vous prenez plus de cours et vous
assistez à plus d’ateliers. Vous lisez une grande quantité de livres.
Vous faites de l’analyse transactionnelle. Vous prenez des cours de
yoga. Vous vous intéressez à l’occultisme. Vous étudiez la magie.
Vous travaillez avec un kahuna. Vous faites un voyage chamanique.
Vous vous asseyez sous une pyramide. Vous lisez Nostradamus.
Vous vous préparez au pire.
Vous participez à une retraite. Vous essayez de jeûner. Vous
prenez des acides aminés. Vous achetez un générateur d’ions
négatifs. Vous rejoignez une école de mystère. Vous apprenez une
poignée de main secrète. Vous essayez la tonification. Vous testez
la chromothérapie. Vous essayez les enregistrements subliminaux.
Vous prenez des enzymes cérébrales, des antidépresseurs, des
remèdes floraux. Vous allez dans des spas de remise en forme.
Vous cuisinez avec des ingrédients exotiques. Vous découvrez
d’étranges bizarreries fermentées venues de contrées lointaines.
Vous allez au Tibet. Vous cherchez à rencontrer de saints hommes.
Vous vous tenez par les mains dans un cercle et vous planez. Vous
renoncez au sexe et au cinéma. Vous portez des vêtements jaunes.
Vous entrez dans un mouvement religieux ou dans une secte.
Vous testez d’innombrables variétés de psychothérapies. Vous
prenez des médicaments miraculeux. Vous vous abonnez à de
nombreuses revues. Vous essayez le régime Pritikin. Vous faites
une monodiète de pamplemousse. Vous faites lire les lignes de votre
main. Vous devenez adepte de la pensée New Age. Vous améliorez
l’écologie. Vous sauvez la planète. Vous faites réaliser une lecture
de votre aura. Vous portez un cristal. Vous faites faire une
interprétation astrologique sidérale hindoue. Vous allez voir un
médium. Vous optez pour une thérapie sexuelle. Vous essayez le
sexe tantrique. Vous allez solliciter la bénédiction de Baba Untel.
Vous rejoignez un groupe anonyme. Vous faites un voyage à
Lourdes. Vous plongez dans des sources chaudes. Vous vous
inscrivez à l’Institut Arica. Vous portez des sandales thérapeutiques.
Vous faites une mise à la terre. Vous absorbez plus de prana, et
vous expirez cette négativité noire et viciée. Vous essayez
l’acupuncture avec des aiguilles en or. Vous vous renseignez sur les
vésicules biliaires de serpents. Vous essayez la respiration des
chakras. Vous faites nettoyer votre aura. Vous allez méditer à la
grande pyramide de Khéops, en Égypte.
Vous dites que vous et vos amis avez essayé tout ce qui précède ?
Ah, les humains ! Quelles merveilleuses créatures ! Tragiques,
comiques et pourtant tellement nobles ! Et quel courage que de
continuer à chercher ! Qu’est-ce qui nous pousse à poursuivre notre
quête d’une réponse ? La souffrance ? Oh, oui. L’espoir ?
Assurément. Mais il y a quelque chose de plus que cela.
Intuitivement, nous savons que, quelque part, il y a une réponse
ultime. Nous trébuchons dans des ruelles sombres, dans des culs-
de-sac et des impasses ; nous nous faisons exploiter et manipuler,
nous sommes désenchantés, lassés, et pourtant nous continuons à
essayer.
Où se situe notre angle mort ? Pourquoi ne parvenons-nous pas à
trouver la réponse ?
Nous ne comprenons pas le problème, et c’est la raison pour
laquelle nous ne parvenons pas à trouver la réponse.
Il se pourrait que ce soit ultra-simple, et que ce soit pour cela que
nous ne voyons rien.
Peut-être que la solution n’est pas « là dehors », de sorte que nous
ne pouvons pas la trouver.
Peut-être que nous avons tellement de systèmes de croyances
que nous sommes aveuglés par l’évidence.
Tout au long de l’Histoire, quelques rares personnes ont atteint une
grande lucidité et ont expérimenté la solution ultime à nos malheurs
humains. Comment y sont-elles parvenues ? Quel était leur secret ?
Pourquoi ne pouvons-nous pas comprendre ce qu’elles avaient à
enseigner ? Est-ce réellement presque impossible ou quasiment
sans espoir ? Que dire de la personne « normale » qui n’est pas un
génie spirituel ?
Des milliers de personnes suivent des voies spirituelles, mais rares
sont celles qui réussissent finalement et qui réalisent la vérité ultime.
Pourquoi cela ? Nous suivons des rituels et des dogmes, et nous
pratiquons la discipline spirituelle avec zèle – et nous échouons une
fois de plus ! Même lorsque cela fonctionne, l’ego entre rapidement
en jeu, et nous sommes rattrapés par l’orgueil et la suffisance,
pensant avoir trouvé les réponses. Oh, Seigneur, sauvez-nous de
ceux qui ont les réponses ! Sauvez-nous des vertueux ! Sauvez-
nous des bienfaiteurs !
C’est la confusion qui est notre salut. Pour les confus, il y a encore
de l’espoir. Accrochez-vous à votre confusion. En fin de compte,
c’est votre meilleure amie, votre meilleure défense contre la banalité
des réponses des autres, contre le viol par leurs idées. Si vous êtes
confus, vous êtes encore libre. Si vous êtes confus, ce livre vous est
destiné.
Que trouverez-vous dans ce livre ? Il présente une méthode simple
pour atteindre une grande lucidité et transcender vos problèmes tout
au long du chemin de la vie. Il ne s’agit pas de trouver les réponses,
mais de dénouer la base du problème. L’état qu’atteignent les
grands sages de l’Histoire est accessible ; les solutions sont en nous
et elles sont faciles à trouver. Le mécanisme du lâcher-prise est
simple, et la vérité est évidente. Ce mécanisme fonctionne dans la
vie quotidienne. Il n’y a ni dogme ni système de croyances. Vous
vérifiez tout par vous-même, vous ne pouvez donc pas vous
tromper. Il n’y a aucune dépendance à l’égard d’aucun
enseignement. Ce dernier suit les préceptes « Connais-toi toi-
même », « La vérité te libérera » et « Le royaume de Dieu est en
vous ». Il fonctionne aussi bien pour les cyniques que pour les
pragmatiques, les religieux et les athées. Il fonctionne à n’importe
quel âge et dans n’importe quel contexte culturel. Il fonctionne aussi
bien pour les personnes spirituelles que pour celles qui ne le sont
pas.
Et, comme ce mécanisme vous appartient, personne ne pourra
vous le reprendre. Vous êtes à l’abri des désillusions. Vous
découvrez par vous-même ce qui est réel et qui n’est que
programmes et systèmes de croyances du mental. Tandis que tout
cela se produit, vous serez en meilleure santé, vous réussirez mieux
avec moins d’efforts, vous serez plus heureux et plus capable
d’aimer véritablement. Vos amis s’apercevront que vous avez
changé, et ce changement est permanent. Vous n’allez pas atteindre
l’euphorie pour vous effondrer ensuite. Vous découvrirez qu’il y a un
enseignant naturel en vous.
Vous finirez par découvrir votre Soi intérieur. Inconsciemment,
vous avez toujours su qu’il était là. Lorsque vous le découvrirez,
vous comprendrez ce que les grands sages de l’Histoire tentaient de
transmettre. Vous le comprendrez, parce que la Vérité est manifeste
et parce qu’elle se trouve au sein de votre propre Soi.
Ce livre a été écrit en pensant constamment à vous, cher lecteur. Il
est facile et agréable à lire. Il n’y a rien à apprendre ni à mémoriser.
Sa lecture vous rendra plus léger et plus heureux. Son contenu
commencera automatiquement à vous apporter l’expérience de la
liberté au fur et à mesure que vous lirez ces pages. Vous sentirez
des poids s’envoler. Tout ce que vous ferez deviendra plus agréable.
Vous aurez de bonnes surprises dans votre vie ! Les choses iront de
mieux en mieux !
Il est normal d’être sceptique. Nous avons tous déjà été menés en
bateau, alors soyez aussi sceptique que vous le voulez. D’ailleurs, il
est conseillé d’éviter les débordements d’enthousiasme : ils
constituent un piège qui ne manquera pas de vous réserver une
déception ultérieurement. Par conséquent, plutôt que
l’enthousiasme, choisissez l’observation tranquille, elle vous sera
plus bénéfique.
Existe-t-il, dans l’univers, quelque chose que l’on puisse obtenir
sans rien donner en échange ? Oh, oui, très certainement. C’est
votre propre liberté, que vous avez oubliée et dont vous ignorez
comment l’expérimenter. Ce qui vous est offert n’est pas quelque
chose qui doit être acquis. Ce n’est pas quelque chose de nouveau
ou d’extérieur à vous-même. C’est déjà à vous, et ça ne demande
qu’à être réveillé et redécouvert. Cela émergera de sa propre nature.
Le but de partager cette approche est tout simplement de vous
mettre en contact avec vos propres sentiments et vos expériences
intérieures. De plus, il y a beaucoup d’informations utiles que votre
esprit voudra connaître. Le processus du lâcher-prise commencera
automatiquement, car il est dans la nature de l’esprit de rechercher
le soulagement de la douleur et de la souffrance, et d’expérimenter
un plus grand bonheur.
CHAPITRE 2

LE MÉCANISME DU LÂCHER-
PRISE

De quoi s’agit-il ?
Le lâcher-prise peut être comparé à la disparition soudaine d’une
pression intérieure, ou à la libération d’un poids. Il s’accompagne
d’une sensation soudaine de soulagement et de légèreté, ainsi que
d’un sentiment accru de bonheur et de liberté. C’est un véritable
mécanisme de l’esprit, et tout le monde en a ponctuellement fait
l’expérience.
En voici un bon exemple : en plein milieu d’une terrible dispute où
vous êtes en colère et énervé, tout son contexte vous paraît tout à
coup absurde et ridicule. Vous vous mettez à rire. La pression est
relâchée. Vous passez de la colère, de la peur et du sentiment d’être
attaqué à un sentiment soudain de liberté et de bonheur.
Songez à quel point ce serait formidable si vous pouviez faire cela
tout le temps, en tout lieu et pour tout événement. Vous pourriez
toujours vous sentir libre et heureux et ne plus jamais être piégé par
vos sentiments. C’est de cela qu’il s’agit, dans cette technique : de
lâcher prise consciemment et fréquemment, selon votre volonté.
Vous êtes alors maître de ce que vous ressentez, et vous n’êtes plus
à la merci du monde et de vos réactions face à lui. Vous n’êtes plus
une victime. Cela revient à appliquer l’enseignement de base du
Bouddha qui supprime la pression de la réactivité involontaire.
Nous traînons un énorme réservoir de sentiments, de
comportements et de croyances négatifs. Cette pression accumulée
nous rend malheureux et est à l’origine de bon nombre de nos
maladies et problèmes. Nous y sommes résignés et nous
l’expliquons comme faisant partie de la « condition humaine ». Nous
cherchons à nous en évader de multiples manières. La « vie
humaine normale » est passée à tenter d’éviter et de fuir l’agitation
intérieure de la peur et la menace de la misère. L’estime de soi de
chacun est constamment menacée – de l’intérieur comme de
l’extérieur.
Si nous examinons la vie humaine de plus près, nous constatons
qu’il s’agit essentiellement d’une longue lutte élaborée pour
échapper à nos peurs et aux attentes intérieures que nous avons
projetées sur le monde. Nos vies sont entrecoupées de périodes de
célébration pendant lesquelles nous échappons momentanément à
ces peurs intérieures, mais elles sont toujours là, tapies dans
l’ombre. Nous avons peur de nos sentiments intérieurs parce qu’ils
contiennent une telle charge de négativité que nous craignons d’en
être submergés si nous devions y regarder de plus près. Nous avons
peur de ces sentiments, parce que nous ne disposerions d’aucun
mécanisme conscient pour les gérer si nous les laissions surgir en
nous. Et, comme nous avons peur de les affronter, ils continuent de
s’accumuler ; finalement, nous commençons secrètement à attendre
que la mort vienne mettre un terme à toute cette souffrance. Ce ne
sont pas les pensées ou les faits qui sont douloureux, mais les
sentiments qui les accompagnent. Les pensées en elles-mêmes
sont indolores, mais ce n’est pas le cas des sentiments qui les sous-
tendent !
C’est la pression accumulée des sentiments qui engendre les pensées. Par
exemple, un seul sentiment peut littéralement générer des milliers de
pensées sur une période donnée. Songez, par exemple, à un
souvenir douloureux remontant au début de votre vie, à un terrible
regret que vous avez occulté. Voyez toutes les années de pensées
associées à ce seul événement. Si nous pouvions abandonner le
sentiment douloureux sous-jacent, toutes ces pensées
disparaîtraient instantanément, et nous oublierions l’événement.
Cette observation est en adéquation avec la recherche scientifique.
La théorie scientifique de Gray et LaViolette intègre la psychologie et
la neurophysiologie. Leurs recherches ont démontré que les
tonalités émotionnelles organisent les pensées et la mémoire (Gray
et LaViolette, 1981). Les pensées sont classées dans la banque de
données de la mémoire, selon les différentes nuances des
sentiments qui leur sont associés. Par conséquent, lorsque nous
abandonnons ou que nous laissons aller un sentiment, nous nous
libérons de toutes les pensées qui lui étaient associées.
Le grand avantage de savoir comment lâcher prise est que cela
permet d’abandonner tous les sentiments à tout moment, en tout lieu
et en un instant, et qu’il est possible de faire cela continuellement et
sans effort.
Qu’est-ce que l’état d’abandon ? Il signifie être libéré des
sentiments négatifs dans un domaine donné, afin que la créativité et
la spontanéité puissent se manifester sans opposition ni aucune
interférence des conflits intérieurs. Être libéré des attentes et des
conflits intérieurs, c’est offrir aux autres la plus grande liberté dans
notre vie. Cela nous permet de faire l’expérience de la nature
fondamentale de l’univers qui, nous le découvrirons, est de
manifester le plus grand bien possible dans une situation. Cela peut
sembler philosophique, mais, lorsque c’est accompli, c’est vrai d’un
point de vue expérimental.

Les sentiments et les mécanismes mentaux


Nous disposons essentiellement de trois manières de gérer nos
sentiments : la répression, l’expression et la fuite. Nous allons les
analyser maintenant.
1. La répression et le refoulement sont les moyens les plus courants
par lesquels nous repoussons et écartons les sentiments. Le
refoulement se produit inconsciemment, tandis que la répression est
réalisée consciemment. Nous ne voulons pas être dérangés par nos
sentiments et, de plus, nous ne savons qu’en faire. D’une certaine
manière, nous les subissons et nous essayons de continuer à vivre
du mieux que nous pouvons. Les sentiments que nous choisissons
de réprimer ou de refouler correspondent aux programmes
conscients et inconscients que nous portons en nous, et qui
découlent de nos coutumes sociales et de notre formatage familial.
Nous ressentons, ensuite, la pression des sentiments réprimés sous
forme d’irritabilité, de sautes d’humeur, de tensions dans les muscles
du cou et du dos, de maux de tête, de crampes, de troubles
menstruels, de colites, d’indigestions, d’insomnie, d’hypertension,
d’allergies et d’autres affections somatiques.
Lorsque nous refoulons un sentiment, c’est parce que nous
éprouvons tellement de culpabilité et de peur à son égard que nous
ne le ressentons absolument pas consciemment. Il est
instantanément précipité dans l’inconscient dès qu’il menace
d’émerger. Le sentiment refoulé est ensuite traité de diverses
manières afin qu’il reste refoulé et hors de la conscience.
Le déni et la projection sont peut-être les procédés les plus connus
parmi ceux que le mental emploie pour maintenir un sentiment
refoulé, car ils ont tendance à aller de pair et à se renforcer
mutuellement. Le déni aboutit à des blocages émotionnels et
maturationnels majeurs. Il s’accompagne généralement du
mécanisme de projection. En raison de la culpabilité et de la peur,
nous refoulons l’impulsion ou le sentiment, et nous nions sa
présence en nous. Au lieu d’éprouver cette émotion, nous la
projetons sur le monde et sur les membres de notre entourage.
Nous éprouvons ce sentiment comme s’il appartenait à « eux ».
« Ils » deviennent alors l’ennemi, et le mental cherche et trouve des
justifications pour renforcer cette projection. Nous accusons alors
des personnes, des lieux, des institutions, la nourriture, les
conditions climatiques, les événements astrologiques, les conditions
sociales, le destin, Dieu, la chance, le diable, les étrangers, les
groupes ethniques, les rivaux politiques, et d’autres choses en
dehors de nous-mêmes. La projection est le principal mécanisme
utilisé par le monde, aujourd’hui. Elle est à l’origine de toutes les
guerres, de tous les conflits et de tous les désordres civils. La haine
de l’ennemi est même encouragée pour devenir un « bon citoyen ».
Nous préservons notre propre estime de soi aux dépens des autres,
et cela finit par entraîner une rupture sociale. Le mécanisme de
projection est à l’origine de toute attaque, violence, agression, et de
toute forme de destruction sociale.
2. L’expression. Par ce mécanisme, le sentiment est évacué,
verbalisé ou exprimé par le langage corporel et mis en scène dans
d’interminables démonstrations de groupe. L’expression de
sentiments négatifs permet d’évacuer juste assez de pression
intérieure pour que le reste puisse, ensuite, être supprimé. C’est un
aspect qu’il est très important de comprendre, car de nombreuses
personnes dans la société d’aujourd’hui croient que le fait d’exprimer
leurs sentiments les libère de ceux-ci. Les faits prouvent le contraire.
D’une part, l’expression d’un sentiment tend à propager ce dernier et
à lui conférer plus d’énergie. D’autre part, l’expression d’un
sentiment permet de simplement effacer le reste de la conscience.
L’équilibre entre la répression et l’expression varie chez chaque
individu en fonction de son « formatage » initial, des normes et
mœurs culturelles actuelles, ainsi que des médias.
S’exprimer est aujourd’hui à la mode en raison d’une mauvaise
compréhension de l’œuvre de Sigmund Freud et de la psychanalyse.
Freud a souligné que la répression était la cause de la névrose ; par
conséquent, l’expression a été considérée – à tort – comme le
remède. Cette erreur d’interprétation est devenue une permission
pour la complaisance envers soi-même ; et ce, au détriment des
autres. Ce que Freud voulait dire, en réalité, dans la psychanalyse
classique, c’est que l’impulsion ou le sentiment réprimé devaient être
neutralisés, sublimés, socialisés et canalisés vers des pulsions
constructives d’amour, de travail et de créativité.
Si nous déversons nos sentiments négatifs sur les autres, ils
perçoivent cela comme une attaque et, à leur tour, ils seront obligés
de réprimer, d’exprimer ou d’échapper à ces sentiments ; par
conséquent, l’expression de la négativité entraîne la détérioration et
la destruction des relations. Une bien meilleure alternative consiste à
assumer la responsabilité de nos propres sentiments et à les
neutraliser. Ensuite, il ne reste que des sentiments positifs à
exprimer.
3. La fuite est l’évitement des sentiments au moyen de la diversion.
Cet évitement constitue l’épine dorsale des industries du
divertissement et de l’alcool, ainsi que la voie des bourreaux de
travail. La fuite et l’évitement de la conscience intérieure forment un
mécanisme socialement toléré. Nous pouvons éviter notre propre soi
intérieur et empêcher nos sentiments d’émerger grâce à une variété
infinie d’activités dont beaucoup finissent par devenir des addictions
à mesure que notre dépendance à leur égard augmente.
Les gens cherchent désespérément à se maintenir dans un état
d’inconscience. Il suffit de voir à quelle fréquence ils allument leur
téléviseur à la minute où ils entrent dans une pièce pour se
promener ensuite dans un état de léthargie, constamment
programmés par les données qui sont déversées sur eux. Ils sont
terrifiés par l’idée de se regarder en face, et redoutent jusqu’à un
simple moment de solitude.
Voilà pourquoi ils s’adonnent constamment à des activités
frénétiques : les incessantes fréquentations sociales, les
conversations, les échanges de SMS, la lecture, la musique, le
travail, les voyages, le tourisme, le shopping, la suralimentation, les
jeux d’argent, le cinéma, la prise de médicaments, la consommation
de drogues et les soirées de cocktails.
Nombre des mécanismes de fuite susmentionnés sont
inappropriés, stressants et inefficaces ; et chacun d’entre eux
nécessite des quantités de plus en plus importantes d’énergie
intrinsèque. Car il faut d’énormes quantités d’énergie pour contenir
la pression croissante des sentiments supprimés et refoulés. Cela
entraîne une perte progressive de la conscience et un arrêt de la
croissance, une perte de créativité, d’énergie et d’intérêt réel pour
les autres. On observe alors un arrêt de la croissance spirituelle et,
finalement, le développement de maladies physiques et
émotionnelles, l’apparition de pathologies, le vieillissement et la mort
prématurée. La projection de ces sentiments refoulés entraîne des
problèmes sociaux, des dysfonctionnements, ainsi qu’une
augmentation de l’égoïsme et de l’insensibilité, qui sont
caractéristiques de notre société actuelle. Et, surtout, la
conséquence est l’incapacité d’aimer sincèrement une autre
personne et de lui faire confiance ; ce qui se traduit par un isolement
émotionnel et une haine de soi.
Mais que se passe-t-il lorsque, contrairement à ce qui précède,
nous lâchons prise sur un sentiment ? L’énergie derrière ce
sentiment est instantanément abandonnée, et l’effet qui en résulte
est la décompression. La pression accumulée se met à diminuer à
mesure que nous lâchons prise. Tout le monde sait que, quand on
lâche prise, on se sent aussitôt mieux. La physiologie du corps
change. Cela entraîne des améliorations visibles de la couleur de la
peau, de la respiration, du pouls, de la pression artérielle, de la
tension musculaire, de la fonction gastro-intestinale et de la formule
sanguine. Lorsque nous sommes en état de liberté intérieure, toutes
les fonctions corporelles et tous les organes évoluent vers la
normalité et la santé. Notre puissance musculaire augmente
aussitôt. Notre vision s’éclaircit, et notre perception du monde ainsi
que de nous-mêmes s’améliore. Nous nous sentons plus heureux,
plus aimants et plus tolérants.

Les sentiments et le stress


Le problème du stress fait l’objet de beaucoup d’attention et de
publicité sans que l’on comprenne vraiment sa nature fondamentale.
On nous dit que nous sommes plus sujets au stress que jamais.
Mais quelle en est la cause essentielle ? Ce ne sont certainement
pas les facteurs externes. Ils ne sont que des exemples du
mécanisme de projection que nous avons décrit. On pense qu’« ils »
ou « cela » sont les coupables, alors qu’en réalité ce que nous
ressentons n’est que le déversement de la pression intérieure de
nos émotions refoulées. Ce sont ces émotions refoulées qui nous
rendent vulnérables au stress extérieur.
La véritable source du « stress » est, en réalité, intérieure – et non
pas extérieure, comme les gens se plaisent souvent à le croire. Par
exemple, la disposition à réagir par la peur dépend de la quantité de
peur déjà présente en nous et susceptible d’être déclenchée par un
stimulus. Plus nous sommes envahis de peur, plus notre perception
du monde se transforme en une attente inquiète et prudente. Et,
pour une personne craintive, ce monde est un endroit terrifiant. Pour
une personne en colère, ce monde est un chaos de frustration et de
vexation. Pour une personne coupable, ce monde est une débauche
de tentations et de péché. Ce que nous portons en nous colore notre
monde. Si nous nous libérons de la culpabilité, nous verrons
l’innocence ; en revanche, une personne rongée par la culpabilité ne
verra que le mal. La règle de base est de nous concentrer sur ce
que nous avons refoulé.
Le stress résulte de la pression accumulée par nos sentiments
réprimés et refoulés. Cette pression cherche à être soulagée, et,
ainsi, les événements extérieurs ne font que réveiller ce que nous
avions consciemment ou inconsciemment refoulé. L’énergie de nos
sentiments refoulés réapparaît à travers notre système nerveux
autonome et induit des modifications pathologiques conduisant à
des processus morbides. Un sentiment négatif provoque
instantanément une perte de 50 % de la force musculaire du corps
et réduit également notre vision, à la fois physique et mentale. Le
stress est notre réaction émotionnelle à un facteur déclenchant ou à
un stimulus. Le stress est déterminé par nos systèmes de croyances
et par les pressions émotionnelles qui leur sont associées. Ce n’est
donc pas le stimulus externe qui est la cause du stress, mais notre
degré de réactivité. Plus nous lâchons prise, moins nous sommes
sensibles au stress. Les dommages causés par ce dernier ne sont
que le résultat de nos propres émotions. L’efficacité du lâcher-prise
et de la réduction de la réponse de l’organisme au stress a été
démontrée par des études scientifiques (voir chapitre 14).
Parmi les nombreux programmes de réduction du stress proposés
aujourd’hui, nombreux sont ceux qui passent à côté de l’essentiel.
Soit ils tentent de soulager les séquelles du stress plutôt que d’en
supprimer la cause, soit ils se concentrent sur des événements
extérieurs. C’est comme essayer de faire baisser la fièvre sans
traiter l’infection qui la provoque. Par exemple, la tension musculaire
est la conséquence de l’anxiété, de la peur, de la colère et de la
culpabilité. Un cours sur les techniques de relaxation musculaire
n’apportera qu’un bénéfice très limité. En revanche, il serait bien
plus efficace d’éliminer la source de la tension sous-jacente qui est
constituée par la colère, la peur, la culpabilité ou d’autres sentiments
négatifs réprimés et refoulés.

Les événements
de la vie et les émotions
L’esprit rationnel préfère maintenir les véritables causes des
émotions hors de la conscience et utilise, pour ce faire, le
mécanisme de la projection. Il accuse les événements ou d’autres
personnes d’avoir « provoqué » un sentiment, et se considère
comme la victime innocente et impuissante de causes extérieures.
« Ils m’ont mis en colère. » « Il m’a énervé. » « Ça m’a fait peur. »
« Les événements mondiaux sont la cause de mon anxiété. » En réalité,
c’est exactement le contraire. Les sentiments réprimés et refoulés
cherchent un exutoire et utilisent les événements comme
déclencheurs et comme excuses pour se décharger. Nous sommes
comme des Cocottes-Minutes prêtes à libérer de la vapeur dès que
l’occasion se présente. Nos déclencheurs sont réglés et prêts à
s’activer. En psychiatrie, ce mécanisme est appelé « déplacement ».
C’est parce que nous sommes en colère que les événements nous
« mettent » en colère. Si, grâce à un lâcher-prise constant, nous
avons abandonné nos stocks de colères refoulées, il est très difficile
– et, en réalité, même impossible – que qui que ce soit, ou n’importe
quelle situation, nous « mette » en colère. Il en va donc de même
pour tous les autres sentiments négatifs une fois que nous les avons
abandonnés.
En raison du conditionnement social présent dans notre société,
les gens répriment et refoulent même leurs sentiments positifs.
L’amour refoulé se traduit par le cœur brisé de la crise cardiaque.
L’amour refoulé réapparaît sous la forme d’une adoration excessive
des animaux de compagnie et de diverses formes d’idolâtrie. Le
véritable amour est exempt de peur, et caractérisé par le non-
attachement. La peur de la perte entraîne un attachement et une
possessivité excessifs. Par exemple, un homme qui manque de
confiance en sa petite amie est très jaloux.
Lorsque la pression des sentiments réprimés et refoulés dépasse
le niveau de tolérance de la personne, l’esprit crée un événement
« extérieur » sur lequel il peut se décharger et se défouler. Ainsi, une
personne qui a refoulé beaucoup de chagrin crée inconsciemment
des événements tristes dans sa vie. Une personne craintive
provoque des expériences effrayantes, une personne en colère est
entourée de circonstances exaspérantes, et une personne
orgueilleuse se fait constamment insulter. Comme l’a dit Jésus-
Christ : « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère et
n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? » (Matthieu 7:3).
Tous les grands maîtres nous renvoient vers l’intérieur.
Tout dans l’univers émet une vibration. Et plus la vibration est
élevée, plus elle est puissante. Les émotions émettent, elles aussi,
des vibrations, parce qu’elles sont de l’énergie. Ces vibrations
émotionnelles ont un impact sur les champs énergétiques du corps
et produisent des effets visibles, perceptibles et mesurables. Les
films utilisant la photographie Kirlian, comme ceux réalisés par la
Dre Thelma Moss, montrent des fluctuations rapides de la couleur et
de la taille du champ énergétique au gré des changements
d’émotions (Krippner, 1974). Ce champ énergétique est
traditionnellement appelé « aura », et il est visible par les personnes
qui sont nées avec la capacité de voir les vibrations de cette
fréquence, ou qui ont appris à les voir. L’aura change de couleur et
de taille en fonction des émotions. Les tests musculaires
démontrent, eux aussi, les changements d’énergie qui
accompagnent les émotions, car les muscles de notre corps
réagissent instantanément aux stimuli positifs et négatifs. Ainsi, nos
états émotionnels de base se transmettent à l’univers.
L’esprit n’a ni dimension ni taille, et il n’est pas limité dans
l’espace ; par conséquent, il transmet son état fondamental via
l’énergie vibratoire sur une distance illimitée. Cela signifie que nous
affectons régulièrement et involontairement les autres par notre état
émotionnel et par nos pensées. Les schémas émotionnels et les
formes-pensées qui leur sont associées peuvent, par exemple, être
captés et ressentis consciemment par des médiums à une grande
distance. Cela peut être démontré expérimentalement, et la base
scientifique de ce phénomène a suscité un grand intérêt en physique
quantique avancée.
Étant donné que les émotions émettent un champ d’énergie
vibratoire, elles affectent et influencent les personnes qui nous
entourent. Les événements de l’existence sont influencés par nos
émotions réprimées et refoulées au niveau psychique. Ainsi, la
colère attire des pensées colériques. La règle de base de l’univers
psychique est que « les semblables attirent les semblables ». De
même, « l’amour appelle l’amour ». De sorte qu’une personne qui a
éliminé beaucoup de négativité intérieure est entourée de pensées
aimantes, d’événements aimants, de personnes aimantes et
d’animaux de compagnie aimants. Ce phénomène explique de
nombreuses citations scripturaires et dictons populaires qui sont
déconcertants pour l’intellect, tels que : « Les riches s’enrichissent,
et les pauvres s’appauvrissent » et « On ne prête qu’aux riches ».
Par conséquent, en règle générale, les personnes dont la
conscience est orientée vers l’apathie attirent dans leur vie des
conditions de pauvreté ; tandis que celles dont la conscience est
orientée vers la prospérité attirent l’abondance.
Tous les êtres vivants étant reliés à des niveaux d’énergie
vibratoire, notre état émotionnel fondamental est capté par toutes les
formes de vie qui nous entourent ; et elles y réagissent. Il est bien
connu que les animaux peuvent lire instantanément l’état émotionnel
de base d’une personne. Des expériences ont démontré que même
la croissance des bactéries est affectée par les émotions humaines,
et que les plantes réagissent de manière mesurable à notre état
émotionnel (Backster, 2003).

Le mécanisme du lâcher-prise
Lâcher prise implique d’être conscient d’un sentiment, de le laisser
se manifester, de rester en sa présence et de le laisser suivre son
cours sans vouloir le modifier ni interférer d’aucune manière. Cela
signifie laisser tout simplement le sentiment être présent et se
concentrer sur la libération de l’énergie qui le sous-tend. La première
étape consiste à s’autoriser à éprouver ce sentiment sans lui
résister, sans l’évacuer, sans en avoir peur, sans le condamner ni le
juger moralement. Cela signifie laisser les jugements de côté et
comprendre qu’il ne s’agit que d’un sentiment. La technique consiste
à être en présence de ce sentiment, et à abandonner tout effort pour
le modifier de quelque manière que ce soit. Abandonner le désir de
résister au sentiment. Car c’est la résistance qui entretient la sensation.
Lorsque nous renonçons à résister ou à tenter de modifier la
sensation, elle passera à la sensation suivante et s’accompagnera
d’une sensation plus légère. Une sensation à laquelle on ne résiste
pas disparaît lorsque l’énergie qui la sous-tend se dissipe.
En entamant ce processus, vous remarquerez que vous vous
sentez effrayé et coupable d’avoir des sentiments ; vous éprouverez
une résistance aux sentiments en général. Pour laisser les
sentiments apparaître, il est plus facile d’abandonner la réaction qui
est à leur origine. La peur de la peur elle-même en est un excellent
exemple. Lâchez d’abord la peur ou la culpabilité que vous éprouvez
à propos de ce sentiment, puis entrez dans le sentiment lui-même.
Lorsque vous lâchez prise, ignorez toutes les pensées.
Concentrez-vous sur le sentiment, et non sur les pensées. Les
pensées sont sans fin et se renforcent d’elles-mêmes, de sorte
qu’elles ne font qu’engendrer plus de pensées. Les pensées ne sont
que des rationalisations de l’esprit pour tenter d’expliquer la
présence d’un sentiment. Or la véritable raison d’être d’un sentiment
est la pression accumulée derrière lui qui le pousse à se manifester
à l’instant même. Les pensées ou les événements extérieurs ne sont
qu’une excuse inventée par l’esprit.
Au fur et à mesure que nous nous familiarisons avec le lâcher-
prise, nous remarquons que tous les sentiments négatifs sont
associés à notre peur fondamentale relative à la survie, et que tous
les sentiments ne sont que des programmes de survie que l’esprit
juge nécessaires. La technique du lâcher-prise élimine
progressivement ces programmes. Grâce à ce processus, le motif
sous-jacent des sentiments devient de plus en plus visible.
Lâcher prise signifie ne pas éprouver d’émotion forte à propos
d’une chose ou d’un événement : « C’est bien si cela se produit, et
c’est bien si cela ne se produit pas. » Lorsque nous sommes libres, il
s’opère un lâcher-prise sur les attachements. Nous pouvons profiter
d’une chose, mais nous n’en avons pas besoin pour être heureux. Il
y a une diminution progressive de la dépendance à l’égard de quoi
que ce soit ou de qui que ce soit en dehors de nous-mêmes. Ces
principes sont en accord avec l’enseignement fondamental du
Bouddha dont le but est d’éviter l’attachement aux phénomènes du
monde ; ainsi qu’avec l’enseignement fondamental de Jésus-Christ
qui consiste en « être dans le monde, mais ne pas être de ce
monde ».
Parfois, nous abandonnons un sentiment, mais nous constatons
ensuite qu’il revient ou qu’il persiste. C’est parce qu’il n’a pas encore
été totalement abandonné. Nous avons étouffé ces sentiments tout
au long de notre vie, de sorte qu’il peut y avoir beaucoup d’énergie
refoulée qui doit remonter et être assumée. Lorsque le lâcher-prise
se produit, on se sent aussitôt plus léger et plus heureux, presque
euphorique.
Un lâcher-prise continuel permet de demeurer dans cet état de
liberté. Les sentiments vont et viennent ; et, finalement, vous
comprenez que vous n’êtes pas vos sentiments, mais que le
véritable « vous » en est simplement le témoin. Vous cessez de vous
identifier à eux. Le « vous » qui observe et qui est conscient de ce
qu’il se passe reste toujours le même. Au fur et à mesure que vous
devenez conscient du témoin immuable qui est en vous, vous
commencez à vous identifier à ce niveau de conscience.
Progressivement, vous devenez principalement le témoin plutôt que
l’expérimentateur des phénomènes. Vous vous rapprochez de plus
en plus du véritable Soi, et vous commencez à comprendre que
vous avez toujours été dupé par les sentiments. Vous pensiez que
vous étiez victime de vos sentiments. Maintenant, vous constatez
qu’ils ne sont pas la vérité sur vous-même ; ils ont simplement été
créés par l’ego, ce collecteur de programmes que l’esprit a cru, à
tort, nécessaires à la survie.
Les résultats du lâcher-prise sont étonnamment rapides et subtils,
mais ses effets sont très puissants. Souvent, nous avons lâché
prise, mais nous croyons que ce n’est pas le cas. Ce sont nos amis
qui nous font prendre conscience du changement. Une des raisons
de ce phénomène est que, lorsqu’une chose est complètement
abandonnée, elle disparaît de la conscience. Ainsi, comme nous n’y
pensons jamais, nous ne nous rendons pas compte qu’elle est
partie. C’est un phénomène courant chez les personnes dont la
conscience s’accroît. Nous ne sommes pas conscients de la quantité
de charbon que nous avons pelletée ; nous regardons toujours la
pelletée que nous manipulons en cet instant. Nous ne voyons pas à
quel point le tas a fondu. Souvent, nos amis et notre famille sont les
premiers à s’en apercevoir.
Pour évaluer leurs progrès, de nombreuses personnes tiennent un
tableau de leurs avancées. Cela contribue à surmonter la résistance
qui prend généralement la forme de : « Ça ne marche pas. » Il est
courant que des personnes qui ont réalisé d’énormes progrès
prétendent : « Ça ne fonctionne définitivement pas. » Nous devons
parfois nous souvenir de comment nous étions avant d’entamer ce
processus.

La résistance au lâcher-prise
Lâcher prise sur des sentiments négatifs signifie déconstruire l’ego,
qui résistera à chaque instant. Cela peut entraîner un scepticisme à
l’égard de la technique, un « oubli » de lâcher prise, une
recrudescence soudaine de stratégies de fuite ou l’évacuation de
sentiments par leur expression ou par des actes. La solution
consiste simplement à continuer de laisser aller les sentiments que
vous éprouvez à propos de l’ensemble de ce processus. Laissez la
résistance être présente, mais ne lui résistez pas.
Vous êtes libre. Vous n’êtes pas obligé de lâcher prise. Personne ne
vous y contraint. Observez la peur tapie derrière la résistance. De
quoi avez-vous peur dans ce processus ? Êtes-vous prêt à vous en
défaire ? Continuez à abandonner chaque peur à mesure qu’elle
surgit, et la résistance diminuera.
N’oublions pas que nous nous affranchissons de tous les
programmes qui ont si longtemps fait de nous des esclaves et des
victimes. Ils nous ont aveuglés sur notre véritable identité. L’ego
perd du terrain et va chercher des astuces et des stratagèmes. Une
fois que nous commençons à lâcher prise, ses jours sont comptés,
et son pouvoir s’amenuise. L’une de ses astuces est d’oublier la
technique elle-même ; par exemple, de décider soudain que le
mécanisme du lâcher-prise ne fonctionne pas, que rien n’a changé,
que c’est déroutant et trop difficile à mémoriser et à faire. C’est le
signe d’un réel progrès ! Car cela signifie que l’ego sait que nous
avons un couteau avec lequel nous pouvons nous libérer de ce qui
nous ficelle, et qu’il perd du terrain. L’ego n’est pas notre ami. À
l’instar du « Maître Contrôle » dans Tron (1982), il veut que nous
restions les esclaves de ses programmes.
Le lâcher-prise est une capacité naturelle. Ce n’est pas quelque
chose de nouveau ou de bizarre. Il ne s’agit pas d’un enseignement
ésotérique, de l’idée de quelqu’un d’autre ou d’un système de
croyances. Nous ne faisons qu’utiliser notre propre nature intérieure
pour nous libérer et être plus heureux. Au moment du lâcher-prise, il
n’est pas utile de « penser » à la technique. Il est préférable de tout
simplement la pratiquer. On finit par s’apercevoir que toutes les
pensées sont des résistances. Ce sont des illusions que l’esprit a
créées pour nous empêcher de vivre ce qui est réellement. Quand
nous avons lâché prise depuis un certain temps et que nous avons
commencé à ressentir ce qu’il se passe réellement, nous rions de
nos pensées. Les pensées sont des contrefaçons, des faux-
semblants absurdes qui occultent la vérité. La poursuite de nos
pensées peut nous occuper sans fin. Nous découvrirons, un jour,
que nous en sommes exactement là où nous avons commencé. Les
pensées sont comme des poissons rouges dans un bocal ; le vrai
Soi est comme l’eau. Le vrai Soi est l’espace entre les pensées ; ou,
plus exactement, le champ de conscience silencieux sous toutes les
pensées.
Nous avons déjà fait l’expérience d’être totalement absorbés par
ce que nous faisions au point de nous apercevoir à peine du temps
qui passait. Notre esprit était très calme, et nous étions simplement
en train de faire ce que nous faisions sans résistance ni effort. Nous
nous sentions heureux, peut-être même étions-nous en train de
fredonner tout seuls. Nous agissions sans stress. Nous étions tout à
fait détendus, bien qu’occupés. Nous nous sommes soudain rendu
compte qu’après tout nous n’avons jamais eu besoin de toutes ces
pensées. Les pensées sont comme des appâts pour les poissons ;
ceux qui y mordent se font prendre. Il vaut mieux ne pas se laisser
prendre au piège des pensées. Nous n’en avons pas besoin.
Au plus profond de nous, mais hors de la conscience, se trouve la vérité
selon laquelle « je sais déjà tout ce que j’ai besoin de savoir ». Cela se
produit automatiquement.
Paradoxalement, notre résistance au lâcher-prise tient à l’efficacité
de la technique. Ce qu’il se passe, c’est que nous continuons à
lâcher prise lorsque la vie ne va pas trop bien et que nous sommes
assaillis par des émotions déplaisantes. Lorsque nous parvenons,
enfin, à nous abandonner à la situation pour nous en sortir et que
tout va bien, nous cessons de lâcher prise. Et c’est une erreur, car,
aussi bien que nous puissions nous sentir, il y a généralement plus
que cela. Profitez des états supérieurs et de l’élan du lâcher-prise.
Continuez sur cette voie, car cela ira de mieux en mieux. Le lâcher-
prise acquiert un certain dynamisme. Il est facile de le maintenir, une
fois qu’il est lancé. Plus on se sent bien, plus il nous est facile de
lâcher prise. C’est un bon moment pour se pencher et relâcher
certaines choses (des « ordures » réprimées et refoulées)
auxquelles nous ne voudrions pas nous attaquer si nous étions dans
le creux de la vague. Il y a toujours un sentiment d’abandon.
Lorsque nous nous sentons bien, les émotions sont simplement plus
subtiles.
Quelquefois, vous vous sentirez bloqué par un sentiment
particulier. Abandonnez-vous simplement à la sensation d’être
bloqué. Laissez-la être présente, et ne lui résistez pas. Si elle ne
disparaît pas, voyez si vous parvenez à vous débarrasser de cette
sensation par petits fragments.
Un autre blocage qui peut survenir est la crainte que, si nous
abandonnons le désir de quelque chose, nous ne l’obtiendrons pas.
Il est souvent avantageux d’examiner certaines croyances courantes
et de s’en libérer sans attendre, par exemple : (1) Nous ne méritons
les choses qu’en travaillant dur, en luttant, en consentant des
sacrifices et en faisant des efforts ; (2) La souffrance est bénéfique
et bonne pour nous ; (3) On n’a rien pour rien ; (4) Les choses très
simples ne valent pas grand-chose. Lâcher certaines de ces
barrières psychologiques à la technique elle-même permettra de
bénéficier de sa simplicité et de sa facilité.
CHAPITRE 3

L’ANATOMIE DES ÉMOTIONS

I
l existe une multitude de psychologies des émotions humaines.
Elles comportent souvent une symbologie considérable, ainsi
que des références à la mythologie, et reposent sur des
hypothèses âprement débattues. En conséquence, il existe
différentes écoles de psychothérapie, avec différents objectifs et
méthodes. La simplicité étant l’une des caractéristiques de la vérité,
nous allons décrire une carte simple, exploitable et contrôlable des
émotions, qui peut être vérifiée par l’expérience subjective ainsi que
par des tests objectifs.

Le but de la survie
Quelle que soit la psychologie étudiée, il apparaît que le but premier
de l’homme – supérieur à tous les autres – est la survie. Tout désir
humain vise à assurer sa survie personnelle et celle de ses groupes
identifiés, tels que la famille, les êtres chers et le pays. Les humains
craignent par-dessus tout de perdre leur capacité d’expérimenter. À
cette fin, ils s’intéressent à la survie de leur corps, parce qu’ils
croient qu’ils sont leur corps et, par conséquent, qu’ils ont besoin de
leur corps pour faire l’expérience de leur existence. Comme les
humains se considèrent comme séparés et limités, ils sont stressés
par leur sentiment de manque. Il est courant que les humains
cherchent à l’extérieur d’eux-mêmes la satisfaction de leurs besoins.
Cela les conduit à se sentir vulnérables, parce qu’ils ne se suffisent
pas à eux-mêmes.
Le mental est donc un mécanisme de survie, et sa méthode pour
survivre est principalement l’utilisation d’émotions. Les pensées sont
engendrées par les émotions, et ces dernières peuvent même
devenir des raccourcis pour les pensées. Des milliers – et même des
millions – de pensées peuvent être remplacées par une seule
émotion. Les émotions sont plus basiques et plus primitives que les
processus mentaux. La raison en est l’outil que l’esprit utilise pour
atteindre ses fins émotionnelles. Lorsqu’elle est utilisée par l’intellect,
l’émotion sous-jacente est généralement inconsciente, ou du moins
hors du champ de la conscience. Lorsque l’émotion sous-jacente est
oubliée ou ignorée et qu’elle n’est pas ressentie, les personnes ne
sont pas conscientes des motivations de leurs actes, et élaborent
toutes sortes de raisons plausibles. En fait, elles ne savent souvent
pas pourquoi elles font ce qu’elles font.
Il existe un moyen simple de prendre conscience de l’objectif
émotionnel sous-jacent à toute activité en posant la question :
« Pour quelle raison ? » À chaque réponse, on pose à nouveau la
question « Pour quelle raison ? » jusqu’à ce que le sentiment initial
soit découvert. En voici un exemple : un homme veut s’acheter une
nouvelle Cadillac. Son mental lui en indique toutes les raisons
logiques, mais la logique n’explique pas vraiment cette envie. Alors,
il se demande : « Pour quelle raison est-ce que je veux cette
Cadillac ? » « Eh bien, se dit-il, c’est pour obtenir une certaine
considération, une reconnaissance, un respect et un solide statut de
réussite sociale. » Encore une fois : « Pourquoi est-ce que je veux
obtenir un statut ? » « Pour obtenir le respect et l’approbation des
autres, pourrait-il dire, et pour m’assurer ce respect. » Encore une
fois : « Pourquoi est-ce que je veux du respect et de
l’approbation ? » « Pour éprouver un sentiment de sécurité. »
Encore une fois : « Pourquoi est-ce que je veux de la sécurité ? »
« Pour me sentir heureux. » La question « Pour quelle raison ? » qui
se répète révèle qu’au fond cet homme éprouve des sentiments
d’insécurité, de tristesse et de manque d’épanouissement. Chaque
activité, ou chaque désir, révélera que l’objectif fondamental est
d’éprouver un certain sentiment. Il n’y a pas d’autres objectifs que de
vaincre la peur et d’atteindre le bonheur. Les émotions sont liées au
fait que nous pensons assurer notre survie, et non à ce qui le fera
réellement. Les émotions elles-mêmes sont, en réalité, la cause de
la peur fondamentale qui pousse chacun à rechercher constamment
la sécurité.

L’échelle des émotions


Pour plus de simplicité et de clarté, nous utiliserons l’échelle des
émotions qui correspond aux divers niveaux de conscience. Une
présentation détaillée des niveaux de conscience, de leur fondement
scientifique et de leurs applications pratiques se trouve dans
l’ouvrage Pouvoir contre force : les déterminants cachés du comportement
humain1.
En quelques mots, tout émet de l’énergie – que cette dernière soit
positive ou négative. Intuitivement, nous connaissons la différence
entre une personne positive (amicale, sincère, prévenante) et une
personne négative (avide, trompeuse, haineuse). L’énergie de Mère
Teresa était clairement différente de celle d’Adolf Hitler ; l’énergie de
la plupart des gens se situe quelque part entre les deux. La
musique, les lieux, les livres, les animaux, les intentions et toute la
vie émettent une énergie qui peut être « calibrée » quant à son
essence et à son degré de vérité.
« Les semblables s’attirent. » Les différentes énergies se
constellent en « motifs d’attraction » ou en « niveaux de
conscience ». La Carte de la Conscience (voir annexe A) offre une
vue linéaire et logarithmique de ce terrain énergétique non linéaire.
Chaque niveau de conscience (ou motif d’attraction) est calibré sur
une échelle logarithmique de puissance énergétique allant de 1
à 1 000. Le niveau de la Pleine Illumination (1 000), tout en haut de
la carte, représente le plus haut niveau atteignable dans le domaine
humain ; c’est l’énergie de Jésus-Christ, du Bouddha et de Krishna.
Le niveau de la honte (20) est situé tout en bas, proche de la mort,
représentant la simple survie.
Le niveau du courage (200) est le point de bascule qui marque le
passage d’une énergie négative à une énergie positive. C’est
l’énergie de l’intégrité, de la vérité, de la responsabilité et de la
capacité à faire face. Les niveaux de conscience inférieurs au
courage sont destructeurs ; tandis que les niveaux supérieurs au
courage sont générateurs de vie. Un simple test musculaire révèle la
différence : les stimuli négatifs (inférieurs à 200) affaiblissent
instantanément le muscle ; tandis que les stimuli positifs (supérieurs
à 200) le renforcent instantanément. Le véritable « pouvoir »
renforce ; la « force » affaiblit. Au-dessus du niveau du courage, les
gens recherchent notre compagnie, parce que nous leur donnons de
l’énergie (« pouvoir ») et que nous manifestons de la bienveillance à
leur égard. En dessous du niveau du courage, les gens nous évitent,
parce que nous leur prenons de l’énergie (« force ») et que nous
tentons de les utiliser pour nos propres besoins, matériels ou
émotionnels.
Ici, nous allons délimiter l’échelle de base, en partant des énergies
supérieures pour descendre jusqu’aux énergies inférieures :
Paix (600) : cet état est vécu comme la perfection, la béatitude, le
sans-effort et l’unité. C’est un état de non-dualité, au-delà de la
séparation et au-delà de l’intellect, comme dans la « paix qui
dépasse toute compréhension ». Il est décrit comme la Clairvoyance
et l’Illumination. Il est rare dans le monde humain.
Joie (540) : amour inconditionnel et immuable, quels que soient les
agissements des autres ou les circonstances. Le monde est illuminé
par une beauté exquise qui se reflète en toutes choses. La
perfection de la création est manifeste. Il y a une proximité avec
l’unité et la découverte du Soi, de la compassion pour tous, une
immense patience, un sentiment d’harmonie avec les autres et le
souci de leur bonheur. Un sentiment d’accomplissement et
d’autonomie prédomine.
Amour (500) : une manière d’être qui pardonne, nourrit et soutient.
Elle ne procède pas du mental, mais émane du cœur. L’amour se
concentre sur l’essence d’une situation, et non sur les détails. Il
appréhende l’ensemble, et non pas des particularités. Comme la
perception est remplacée par la vision, elle ne prend pas position et
voit la valeur intrinsèque et l’amour dont est digne tout ce qui existe.
Raison (400) : cet aspect différencie les humains du monde animal.
Elle permet de considérer les choses de manière abstraite, de
conceptualiser, d’être objectif et de prendre des décisions rapides et
adéquates. Son énorme utilité est la résolution de problèmes. La
science, la philosophie, la médecine et la logique sont des
expressions de ce niveau.
Acceptation (350) : cette énergie est facile à vivre, décontractée,
harmonieuse, flexible, inclusive et exempte de résistance intérieure.
« La vie est belle. Toi et moi allons bien. Je me sens connecté. » Elle
aborde la vie selon les règles de la vie. Il n’est point besoin de faire
des reproches aux autres ou à la vie.
Volonté (310) : cette énergie est favorable à la survie, grâce à une
attitude positive qui accueille toutes les expressions de la vie. Elle
est amicale, serviable, désireuse d’aider et encline à rendre service.
Neutralité (250) : c’est un mode de vie confortable, pragmatique et
relativement exempt d’émotivité. « Quoi qu’il arrive, c’est toujours
bien. » Il ne prend pas de positions rigides, il ne juge pas et ne
cherche pas la compétition.
Courage (200) : cette énergie dit : « Je suis capable de le faire. »
Elle est déterminée, enthousiasmée par la vie, productive,
indépendante et autonome. Une action efficace est possible.
Orgueil (175) : « Ma voie est la meilleure d’entre toutes », affirme
cette énergie. Elle est centrée sur l’accomplissement, le désir de
reconnaissance, le besoin d’être différent et le perfectionnisme. Elle
se sent « mieux que… » et supérieure aux autres.
Colère (150) : cette énergie domine la source de la peur par la force,
les menaces et les attaques. Elle est irritable, explosive, amère,
volatile et rancunière. Elle aime exercer des représailles et considère
que la vengeance est un plat qui se mange froid.
Désir (125) : cette énergie est constamment en recherche de
bénéfices, d’acquisition, de plaisir, et de l’« obtention » de quelque
chose en dehors de soi. Elle est insatiable, jamais satisfaite et avide.
« Il faut que je l’aie ! » « Donnez-moi ce que je veux, et donnez-le-
moi maintenant ! »
Peur (100) : cette énergie voit le « danger », qui est « partout ». Elle
est évitante, défensive, préoccupée par la sécurité, possessive avec
les autres, jalouse, agitée, anxieuse et vigilante.
Chagrin (75) : il y a de l’impuissance, du désespoir, un sentiment de
perte, des regrets et la pensée : « Si seulement j’avais… »
Séparation. Dépression. Tristesse. Être un « loser ». Affliction,
sentiment de ne plus en pouvoir.
Apathie (50) : cette énergie se caractérise par le désespoir, le fait de
faire le mort, d’être un « boulet » pour les autres, par l’immobilisme
et les sentiments suivants : « Je ne peux pas » et « Qui s’en
soucie ? » L’apathie est courante.
Culpabilité (30) : dans ce champ énergétique, on veut punir et être
puni. Cela conduit au rejet de soi, au masochisme, au remords, à la
culpabilisation et à l’autosabotage. « Tout est de ma faute. » La
prédisposition aux accidents, les comportements suicidaires et la
projection de la haine de soi sur les autres – considérés comme
« méchants » – sont courants. Ce champ est le terreau de
nombreuses maladies psychosomatiques.
Honte (20) : champ caractérisé par l’humiliation, « baisser la tête de
honte ». Il s’accompagne traditionnellement d’un bannissement. Il
est destructeur pour la santé et conduit à la cruauté envers soi-
même et envers les autres.
D’une manière générale, on peut dire que l’extrémité inférieure de
l’échelle est associée à des fréquences vibratoires plus basses :
énergie plus faible, puissance réduite, conditions de vie plus
défavorables, relations plus difficiles, moins d’abondance, moins
d’amour, et une santé physique et émotionnelle plus mauvaise. En
raison de leur faible énergie, ces personnes nécessiteuses nous
épuisent à tous les niveaux. Les autres ont tendance à les éviter, de
sorte qu’elles se retrouvent entourées de personnes du même
niveau (par exemple, en prison).
Au fur et à mesure que nous nous libérons des sentiments
négatifs, il se produit une ascension progressive vers le haut de
l’échelle – jusqu’au courage puis au-delà –, avec une efficacité et un
succès croissants, et plus d’abondance sans effort. Nous avons
tendance à rechercher de telles personnes. Nous disons qu’elles
sont « élevées ». Elles dégagent de l’énergie vitale vers tous les
êtres vivants qui les entourent. Les animaux sont attirés par elles.
Elles ont la main verte et influencent positivement la vie de tous ceux
avec qui elles entrent en contact. Au niveau du courage, les
sentiments négatifs n’ont pas tous disparu, mais nous disposons
maintenant de suffisamment d’énergie pour les gérer, car nous
avons repris possession de notre pouvoir et de notre autonomie. Le
moyen le plus rapide de passer du bas au haut de l’échelle est de
dire la vérité à soi-même et aux autres.
Les niveaux d’énergie sont aussi, traditionnellement, associés aux
centres d’énergie du corps, parfois désignés sous le nom de
« chakras ». Les chakras sont des centres d’énergie à travers
lesquels « l’énergie kundalini » est censée circuler une fois qu’elle
est éveillée sur le niveau du courage (200). Les centres
énergétiques (chakras) peuvent être mesurés par tout un éventail de
techniques cliniques et d’instruments électroniques sensibles. Sur la
Carte de la Conscience, les chakras sont calibrés comme suit :
couronne (600), troisième œil (525), gorge (350), cœur (505), plexus
solaire (275), sacré ou rate (275), base ou chakra racine (200).
Lorsque nous renonçons aux sentiments négatifs, l’énergie de nos
chakras supérieurs augmente. Par exemple, au lieu d’être des
personnes qui « déchargent leur bile » (deuxième chakra), nous
sommes alors décrits comme des personnes « cordiales »
(cinquième chakra).
Ce système énergétique a une influence directe sur le corps
physique. L’énergie de chaque chakra s’écoule par des canaux
appelés « méridiens » vers l’ensemble du corps énergétique, qui est
comme un plan du corps physique. Chaque méridien est associé à
un organe particulier ; et chaque organe est associé à une émotion
particulière. Une émotion négative perturbe l’équilibre énergétique
du méridien d’acupuncture et de l’organe associés. Par exemple, la
dépression, le désespoir et la mélancolie sont associés au méridien
du foie, de sorte que ces émotions ont tendance à perturber la
fonction hépatique. Chaque sentiment négatif altère un organe du
corps, et, au fil des années, cet organe tombe malade et finit par ne
plus fonctionner.
Plus notre état émotionnel est dégradé, plus nous influençons
négativement non seulement notre propre vie, mais aussi toute la vie
qui nous entoure. Plus notre niveau d’évolution émotionnelle est
élevé, plus notre vie devient positive à tous les niveaux, et nous
soutenons toute vie autour de nous. Au fur et à mesure que les
émotions négatives sont identifiées et abandonnées, nous devenons
plus libres et nous gravissons les échelons jusqu’à finalement
éprouver surtout des sentiments positifs.
Toutes les émotions inférieures sont des limitations et nous rendent
aveugles à la réalité de notre véritable Soi. Au fur et à mesure que
nous nous élevons dans l’échelle et que nous nous rapprochons de
son sommet, un nouveau type d’expérience commence à apparaître.
Tout en haut de l’échelle se produisent la réalisation de notre
véritable Soi et les différents niveaux d’Illumination. Il est important
de noter que, à mesure que nous nous élevons et que nous
devenons plus libres, « la conscience spirituelle », « l’intuition » et
« le développement de la conscience » se manifestent. C’est
l’expérience commune de tous ceux qui se libèrent de leurs
sentiments négatifs. Ils deviennent de plus en plus conscients. Ce
qui est impossible à voir ou à expérimenter à des niveaux inférieurs
de conscience devient évident et saisissant à des niveaux
supérieurs.

Comprendre les émotions


Selon les découvertes scientifiques, toutes les pensées sont
enregistrées dans la banque de mémoire de l’esprit en fonction d’un
système de classement basé sur le sentiment associé et ses
gradations plus fines (Gray et LaViolette, 1982). Elles sont classées
en fonction de la tonalité du sentiment, et non pas en fonction des
faits. Ainsi, il existe une base scientifique permettant de constater
que la conscience de soi augmente beaucoup plus rapidement
lorsqu’une personne observe ses sentiments plutôt que ses
pensées. Les pensées associées à un seul sentiment peuvent
littéralement se compter par milliers. La compréhension de l’émotion
sous-jacente et son traitement approprié sont, par conséquent, plus
gratifiants et moins chronophages que le traitement des pensées.
Au début, si l’on n’est pas familiarisé avec la question des
sentiments, il est souvent conseillé de commencer simplement par
les observer, sans aucune intention d’en faire quoi que ce soit. De
cette manière, il est possible de comprendre progressivement la
relation entre les sentiments et les pensées. Une fois que l’on s’est
familiarisé avec le sujet, on peut procéder à des expériences. Par
exemple, il devient alors possible d’écarter certains domaines de la
pensée qui ont tendance à se répéter, et d’identifier le sentiment qui
leur est associé. On peut ainsi travailler avec ce sentiment en
acceptant, tout d’abord, qu’il soit présent, sans lui résister ni le
condamner. Puis on commence à vider l’énergie du sentiment en le
laissant être ce qu’il est jusqu’à ce qu’il s’épuise. Un peu plus tard,
on peut alors examiner les anciennes pensées et observer que leur
caractère a changé. Si le sentiment a été totalement abandonné et
qu’on l’a laissé partir, toutes les pensées qui lui sont associées
auront généralement entièrement disparu, pour être remplacées par
une pensée conclusive qui traite rapidement la question.
Citons, par exemple, le cas d’un homme qui avait égaré son
passeport peu de temps avant de partir en voyage pour un pays
étranger. Tandis que la date prévue de son départ se rapprochait de
plus en plus, sa panique intérieure montait. Son esprit s’emballait,
tentant de trouver où ce passeport avait bien pu être égaré. Il
chercha dans toutes les directions. Il tenta d’employer diverses
astuces mentales, mais en vain. Il se faisait des reproches :
« Comment ai-je pu être assez stupide pour perdre un passeport ?
Maintenant, je n’ai plus le temps d’en obtenir un autre ! » À
l’approche du jour fatidique, il se trouva confronté à un véritable
dilemme : pas de passeport, pas de voyage. Rater ce voyage aurait
eu une multitude de conséquences négatives, car il s’agissait à la
fois d’un voyage d’affaires et d’agrément ; et cela aurait engendré
une situation délicate. Finalement, il se souvint de la technique du
lâcher-prise.
Il s’assit et se demanda : « Quel est le sentiment fondamental que
j’ai ignoré ? » À sa grande surprise, le sentiment fondamental qui
ressortit fut le chagrin. Ce chagrin était associé au fait de ne pas
vouloir être séparé de quelqu’un qu’il aimait profondément. Il y avait
aussi une peur associée de perdre cette relation, ou du moins il
craignait qu’elle s’affaiblisse en raison de son absence.
Abandonnant alors ce chagrin et la peur qui lui était associée, il se
sentit soudain en paix. Il en conclut également que, si cette relation
n’était pas capable de supporter une absence de deux semaines,
c’est qu’elle ne valait pas grand-chose, de sorte qu’il n’y avait pas
vraiment de risque. Dès qu’il se sentit en paix, il se souvint
instantanément de l’endroit où se trouvait le passeport. En fait,
c’était un endroit tellement simple et évident que seul un blocage
inconscient pouvait expliquer pourquoi il ne s’en était pas souvenu. Il
va sans dire que les milliers de pensées au sujet du passeport
manquant, du voyage raté et de ses conséquences potentielles
disparurent aussitôt. Sa frustration fut remplacée par un état
émotionnel de gratitude et de bonheur.
Le lâcher-prise peut être très utile dans de nombreuses situations
de la vie quotidienne, mais son utilisation en situation de crise peut
être cruciale pour prévenir et soulager d’énormes quantités de
souffrance. Dans une crise personnelle, il y a généralement un
débordement d’émotions. La crise puise dans l’une de nos
principales réserves de sentiments réprimés ou refoulés. Dans une
telle situation, le problème n’est pas d’identifier l’émotion, mais de
savoir comment gérer le débordement.

Gérer les crises émotionnelles


S’agissant d’un problème très complexe pour la plupart des gens, il
est nécessaire d’apporter quelques précisions. Il existe plusieurs
techniques qui permettent de surmonter beaucoup plus rapidement
un désastre émotionnel ; et avec un meilleur résultat final que de le
laisser se résorber tout seul. Rappelons les mécanismes que l’esprit
utilise habituellement et consciemment pour gérer les émotions : la
répression (ou suppression), l’expression et la fuite. Ces
mécanismes ne sont délétères que lorsqu’ils sont utilisés sans
intention consciente. Dans une situation de détresse, il est souvent
conseillé de les utiliser, mais consciemment. Le but de cette
manœuvre est de réduire la masse écrasante de l’émotion elle-
même, afin qu’elle puisse être désassemblée et abandonnée par
petits fragments (ce processus est décrit ci-dessous). Ainsi, dans ce
cas, il est correct de repousser consciemment le maximum de
l’émotion que nous sommes capables d’éliminer à cet instant.
L’intensité de l’émotion peut être réduite en la partageant avec des
amis proches ou des mentors. Le simple fait d’exprimer ce sentiment
permet de diminuer une partie de l’énergie qui le sous-tend. Il est
également opportun, dans ces circonstances, d’utiliser
consciemment des mécanismes de fuite qui permettent de prendre
de la distance par rapport à la contrariété – par exemple, sortir pour
participer à une rencontre sociale, jouer avec le chien, regarder la
télévision, aller au cinéma, jouer de la musique, faire l’amour, ou
toute autre habitude que l’on a en ces circonstances. Lorsque le
sentiment a été réduit en quantité et en intensité, il est préférable de
commencer à lâcher prise sur de petits aspects de la situation plutôt
que sur la situation globale et l’émotion qui l’accompagne.
Pour illustrer ce point, prenons l’exemple d’un homme qui perd son
emploi après avoir travaillé de nombreuses années dans la même
entreprise, et qui se trouve maintenant en proie au désespoir.
L’utilisation des trois mécanismes déjà décrits permet de réduire une
partie de cette émotion. Ainsi, il peut se pencher sur certains détails
concernant son travail. Par exemple, pourrait-il renoncer à vouloir
déjeuner là où il déjeunait toujours avec ses collègues ? Pourrait-il
cesser de garer sa voiture sur la place de parking qu’il a toujours
utilisée dans le passé ? Pourrait-il renoncer à vouloir prendre le
même ascenseur ? Pourrait-il se libérer de son attachement à son
bureau ? Pourrait-il se défaire de son attachement à la secrétaire et
à sa gentillesse envers lui ? Pourrait-il abandonner son attachement
à son ordinateur ? Pourrait-il lâcher prise sur le fait de voir le même
patron tous les jours ? Pourrait-il se défaire de son sentiment de
familiarité avec les bruits de fond du bureau ?
Le but de lâcher prise sur ces petits aspects de la perte d’un
emploi – des aspects qui peuvent sembler insignifiants – est de faire
passer l’esprit en mode lâcher-prise. Le mode lâcher-prise nous
amène au niveau du courage ; les sentiments négatifs ont été
identifiés et résolus ; ainsi, ils ont perdu leur charge. Tout à coup,
nous prenons conscience du fait que nous avons le courage
d’affronter la situation, d’identifier nos sentiments et d’agir en
conséquence. Au fur et à mesure que nous abandonnons des
détails, l’événement principal devient, curieusement, de moins en
moins oppressant. La raison de ce phénomène est que, lorsque
nous utilisons le mécanisme du lâcher-prise sur une émotion, nous
abandonnons toutes les émotions en même temps. C’est comme si
toutes les émotions avaient la même énergie sous-jacente, de sorte
que lâcher prise dans une direction nous fait lâcher prise sur des
sentiments qui, à première vue, semblent aller dans la direction
opposée. C’est une question d’expérience clinique ; il faut en faire
l’essai personnellement pour le croire.
Après avoir utilisé les quatre méthodes ci-dessus (répression,
expression, fuite, abandon d’aspects mineurs), voici qu’en apparaît
une cinquième. Chaque émotion forte est, en réalité, un assemblage
d’un certain nombre d’émotions secondaires, et le complexe
émotionnel total peut être désassemblé. Ainsi, par exemple,
l’homme qui a perdu son emploi éprouve, tout d’abord, un sentiment
accablant de désespoir ; mais, alors qu’il commence à lâcher prise à
la périphérie et qu’il diminue son accablement en utilisant
consciemment la fuite, la répression et l’expression, il constate
maintenant qu’il ressent aussi de la colère. Il s’aperçoit que sa colère
est associée à l’orgueil. Il éprouve beaucoup de colère sous forme
de ressentiment. Il se produit une auto-invalidation qui est une forme
de colère exprimée contre lui-même. Il y a aussi une peur
considérable. Ainsi, toutes ces émotions associées peuvent
maintenant être abordées de manière directe. Par exemple, il peut
commencer à lâcher la peur de ne pas trouver un autre emploi.
Lorsque cette peur est identifiée et relâchée, toutes les possibilités
alternatives qui existent lui apparaîtront soudain. Et, comme il
renonce à l’orgueil, il verra vite qu’il n’est pas confronté à un
désastre économique, comme il l’avait pensé. Ainsi, à mesure que le
complexe émotionnel démantelé est décomposé en ses éléments
constituants, chaque constituant a désormais moins d’énergie et
peut être abandonné individuellement.
Au fur et à mesure que l’on émerge de l’accablement, on se
souvient qu’une certaine partie de l’émotion a été délibérément
réprimée ou fuie. Elle peut maintenant être réexaminée, de façon à
ne plus causer de dommages résiduels tels que l’amertume, la
culpabilité inconsciente ou une faible estime de soi. Des fragments
du complexe émotionnel peuvent refaire surface pendant un certain
temps, voire pendant des années ; cependant, comme ce sont
désormais de petits fragments, chacun d’eux peut être traité au fur et
à mesure qu’il se présente. Au moins, la situation de crise aura été
traversée en toute sécurité et consciemment.
Gérer une crise sur le plan émotionnel plutôt que sur le plan
intellectuel permet de raccourcir considérablement sa durée. Dans le
cas d’une personne qui perd son emploi, si elle gère cette crise sur
le plan intellectuel, cela générera des milliers de pensées et de
scénarios hypothétiques. Cette personne passera d’innombrables
nuits blanches en raison des pensées qui s’emballeront au sujet de
cette situation, car le mental la passera, encore et encore, en revue.
Tout cela est vain. Tant que l’émotion sous-jacente n’aura pas été
abandonnée, les pensées seront générées sans fin. Nous
connaissons tous des personnes qui ont traversé une crise
émotionnelle, il y a de nombreuses années, et qui ne s’en sont
toujours pas remises. Cette crise a totalement coloré leur vie, et
elles ont payé le prix fort pour leur incapacité à gérer les émotions
sous-jacentes.
Gérer efficacement une crise personnelle comporte de nombreux
avantages. D’une part, la quantité d’émotions réprimées ou
refoulées diminue. La crise les a contraintes à se libérer et, par
conséquent, la quantité qui reste en réserve est bien moindre. Le
sentiment d’estime de soi et de confiance en soi, quant à lui,
augmente, parce que la personne a pris conscience du fait qu’elle
peut survivre et gérer tout ce que la vie lui présentera. Cela entraîne
une réduction globale de la peur de la vie, un plus grand sentiment
de maîtrise, une plus grande compassion pour la souffrance d’autrui
et une capacité accrue à aider les autres dans des circonstances
similaires. Paradoxalement, après une crise personnelle, il y a
souvent une période – de durée variable – de paix et de calme, qui
approche parfois le niveau de l’expérience mystique. La « nuit noire
de l’âme » précède fréquemment des états de conscience accrue.
L’un des exemples les plus connus de ce paradoxe est illustré par
des personnes qui ont vécu des expériences de mort imminente. Il
existe, aujourd’hui, de nombreux ouvrages sur ce sujet qui révèlent
une certaine similitude. Une fois que la pire de toutes les peurs
possibles – la peur et le choc de la mort – a été affrontée, elle est
remplacée par un profond sentiment de sérénité, de paix, d’unité et
d’immunité contre la peur. Beaucoup de ces personnes développent
des aptitudes extraordinaires, deviennent des guérisseurs,
développent une conscience psychique et des états avancés
d’illumination spirituelle. Elles connaissent d’importants bonds de
croissance et se voient soudain dotées de nouveaux talents et
capacités. Ainsi, toute crise porte en elle les germes d’un
renversement, d’un renouveau, d’une expansion, d’un saut de
conscience, d’un lâcher-prise de l’ancien et d’une naissance du
nouveau.

Guérir le passé
Lorsque nous examinons notre vie, nous y découvrons les résidus
de crises de vies antérieures qui ne sont toujours pas résolues. Les
pensées et les sentiments liés à ces événements ont tendance à se
manifester et à teinter notre perception ; et nous constatons qu’ils
nous ont désavantagés dans certains domaines de la vie. À ce
stade, il est sage de se demander si cela vaut la peine de continuer
à payer ce prix. Maintenant que nous disposons de mécanismes
pour gérer ces résidus, ils peuvent être débusqués. Les sentiments
résiduels peuvent être examinés et abandonnés afin qu’une
guérison puisse avoir lieu. Cela nous amène à une autre technique
de guérison émotionnelle, qui devient puissante une fois
l’événement majeur passé. Il s’agit de placer l’événement dans un
contexte différent, de le voir d’un point de vue différent et de le situer
dans un paradigme différent, avec une importance et une
signification différentes.
On dit que la plupart des gens passent leur vie à regretter le passé
et à craindre l’avenir. C’est la raison pour laquelle ils sont incapables
d’éprouver du bonheur dans le présent. Beaucoup d’entre nous
considèrent que c’est notre destin humain, notre lot, et que le mieux
que nous puissions faire est de « sourire tout en le supportant ». Des
philosophes ont quelquefois tiré parti de cette approche négativiste
et pessimiste, et ont développé des systèmes entiers de nihilisme.
Ces philosophes – dont certains sont devenus célèbres au fil des
années – ne sont évidemment que les victimes d’émotions
douloureuses qu’ils n’ont pas maîtrisées et qui ont déclenché une
intellectualisation et une élaboration sans fin. Certains ont passé
toute leur vie à construire des systèmes intellectuels sophistiqués
pour justifier ce qui apparaît de manière flagrante comme une simple
émotion réprimée.
L’un des outils les plus efficaces pour appréhender le passé est de
créer un contexte différent. Cela signifie que nous lui attribuons un
sens différent. Nous adoptons une attitude différente face à la
difficulté ou au traumatisme passé, et nous acceptons le cadeau
caché qu’il recèle. La valeur de cette technique dans le domaine de
la psychiatrie a été reconnue pour la première fois par Viktor Frankl.
Il a expliqué l’approche – qu’il a appelée « logothérapie » – dans son
célèbre livre intitulé Découvrir un sens à sa vie grâce à la logothérapie2.
Son expérience clinique et personnelle a démontré que les
événements émotionnels et les événements traumatiques changent
considérablement et sont guéris si on leur donne une nouvelle
signification. Frankl a raconté sa propre expérience dans les camps
de concentration nazis où il en est venu à considérer sa souffrance
physique et psychique comme une opportunité de triomphe intérieur.
« Tout peut être pris à un homme sauf une chose : la dernière des
libertés humaines – choisir son attitude dans n’importe quel
ensemble de circonstances, choisir sa propre voie » (Frankl, [1959]
2006). Frankl a recontextualisé ces circonstances épouvantables
afin qu’elles aient une signification profonde pour l’esprit humain.
Chaque expérience de la vie – aussi « tragique » soit-elle – recèle
une leçon cachée. Lorsque nous découvrons et que nous identifions
le cadeau qu’elle contient, une guérison a lieu. Reprenons l’exemple
de l’homme qui avait perdu son emploi. Après un certain temps, il a
songé à son passé et s’est aperçu que son ancien emploi était
abrutissant et qu’il avait été coincé dans une impasse. En vérité, ce
travail lui avait provoqué un ulcère. Avant de perdre son emploi, il
n’en avait vu que les avantages. Une fois hors de cette situation, il
avait commencé à se rendre compte du prix qu’il avait payé pour
cela – physiquement, mentalement et émotionnellement. Après avoir
perdu son emploi, il s’est montré réceptif à la découverte de
nouvelles capacités et de nouveaux talents et, grâce à cela, il a
entamé une nouvelle carrière, bien plus prometteuse.
Ainsi, les événements de la vie nous offrent des opportunités pour
grandir, nous épanouir, expérimenter et nous développer. Dans
certains cas, il apparaît rétrospectivement qu’en réalité un but
inconscient était caché derrière l’événement ; comme si notre
inconscient savait qu’il allait devoir apprendre quelque chose
d’important – et, aussi douloureux que cela fût, c’était la seule
manière de l’amener à en faire l’expérience. Cela fait partie de la
psychologie du psychanalyste Carl Jung qui, après avoir étudié ce
sujet toute sa vie durant, a conclu qu’il existe dans l’inconscient une
pulsion innée vers la plénitude, la complétude et la réalisation du
Soi ; et que l’inconscient conçoit les voies et les moyens permettant
d’y parvenir, même s’ils sont traumatisants pour l’esprit conscient.
Jung a également affirmé que, dans l’inconscient, il y a un aspect
de nous-mêmes appelé « l’ombre ». L’ombre est l’ensemble des
pensées, sentiments et concepts refoulés à propos de nous-mêmes
auxquels nous ne voulons pas faire face. L’un des avantages d’une
crise est qu’elle nous familiarise souvent avec notre ombre. Elle
nous rend plus humains et plus intègres, et nous permet de
comprendre ce que nous partageons avec toute l’humanité. Tout ce
dont nous pensions qu’« ils » étaient coupables est également en
nous-mêmes. Ainsi, lorsque l’ombre est amenée à notre conscience,
identifiée et abandonnée, elle cesse de nous contrôler
inconsciemment. Une fois qu’elle a été identifiée, elle perd son
pouvoir. Il suffit de reconnaître que nous avons certains sentiments,
pulsions et pensées. Désormais, nous pourrons les appréhender en
nous exclamant : « Et alors ? »
Ainsi, traverser une crise personnelle nous rend plus humains, plus
compatissants, plus tolérants et plus compréhensifs envers nous-
mêmes et les autres. Nous n’avons plus à nous complaire à rejeter
les torts sur les autres ou à nous culpabiliser nous-mêmes. La
gestion d’une crise émotionnelle conduit à une plus grande sagesse
et se traduit par des bénéfices pour toute la vie. La peur de la vie
est, en réalité, la peur des émotions. Ce ne sont pas les faits que
nous craignons, mais les sentiments qu’ils nous inspirent. Une fois
que nous maîtrisons nos sentiments, notre peur de la vie diminue.
Notre confiance en nous-mêmes, quant à elle, augmente, et nous
sommes prêts à prendre plus de risques, car nous sentons
maintenant que nous sommes capables de gérer les conséquences
émotionnelles, quelles qu’elles soient. La peur étant à la source de
toutes les inhibitions, la maîtriser signifie débloquer des voies
entières d’expérience de vie que, sans cela, nous aurions
assurément évitées.
Ainsi, l’homme qui gère avec succès la crise de la perte de son
emploi ne connaîtra plus jamais cette même peur. Par conséquent, il
sera plus créatif dans son prochain poste, prêt à prendre les risques
nécessaires pour réussir. Il commence à comprendre à quel point
cette peur obsédante de perdre son emploi avait gravement limité
ses performances dans le passé, l’avait rendu craintif et timoré, et lui
avait coûté son estime de soi en raison de sa soumission et de sa
docilité envers ses supérieurs.
L’un des bénéfices d’une crise personnelle est une plus grande
conscience de soi. Une situation accablante nous contraint d’arrêter
tous nos jeux de diversion, d’examiner attentivement notre situation
de vie et de réévaluer nos croyances, nos objectifs, nos valeurs et
l’orientation de notre existence. C’est l’occasion de réévaluer notre
culpabilité et de nous en libérer. C’est également une opportunité
pour un changement total d’attitude. Les crises de la vie, au fur et à
mesure que nous les traversons, nous confrontent à des pôles
opposés. Devrions-nous haïr cette personne ou lui pardonner ?
Allons-nous apprendre de cette expérience et grandir, ou ressentir
de la rancœur et devenir amers ? Choisirons-nous d’ignorer les
défauts de l’autre personne et les nôtres, ou, au contraire,
préférerons-nous lui en vouloir et l’attaquer mentalement ? Nous
retirerons-nous à l’avenir d’une situation similaire avec encore plus
de peur, ou pourrons-nous transcender cette crise et la maîtriser une
fois pour toutes ? Choisirons-nous l’espoir ou le découragement ?
Pouvons-nous faire de cette expérience une occasion d’apprendre à
partager, ou allons-nous nous retrancher dans une coquille de peur
et d’amertume ? Chaque expérience émotionnelle est une occasion
de nous élever ou de descendre. Quelle option allons-nous choisir ?
Telle est la question.
Nous avons la possibilité de choisir entre nous accrocher aux
bouleversements émotionnels et les laisser partir. Nous pouvons
évaluer le coût de nous y accrocher. Voulons-nous payer ce prix ?
Sommes-nous disposés à accepter ces sentiments ? Nous pouvons
examiner les avantages de les laisser partir. Le choix que nous
ferons déterminera notre avenir. Quel genre d’avenir voulons-nous ?
Allons-nous choisir de guérir, ou plutôt de devenir l’un de ces
blessés errants ?
En effectuant ce choix, il est bon de considérer les bénéfices que
nous obtenons en nous accrochant aux reliquats d’une expérience
douloureuse. Quelles sont les satisfactions que nous en retirons ?
De combien sommes-nous prêts à nous contenter ? Colère. Haine.
Apitoiement sur soi. Ressentiments. Ils ont tous leur petite
récompense bon marché, cette petite gratification intérieure. Ne
prétendons pas qu’il n’y en a pas. Il y a un plaisir étrange et singulier
à s’accrocher à la douleur. Cela satisfait certainement notre besoin
inconscient d’atténuer la culpabilité par la punition. Nous nous
sentons misérables et malheureux. La question se pose alors :
« Mais pour combien de temps ? »
Prenons, par exemple, un homme qui n’a pas parlé à son frère
depuis vingt-trois ans. Aucun des deux ne se souvient pourquoi, car
cela fait bien longtemps que l’incident en cause est tombé dans les
oubliettes. Mais, ayant pris l’habitude de ne pas se parler, ils ont
payé, pendant vingt-trois ans, le prix de l’absence de compagnie et
d’affection de l’autre, d’unité dans les affaires familiales et de la
privation de toutes les expériences ainsi que de l’amour qu’ils
auraient pu partager. Lorsque cet homme a appris le mécanisme du
lâcher-prise, il a commencé à le mettre en pratique dans ses
sentiments à l’égard de son frère. Soudain, il a éclaté en sanglots,
comprenant tout ce qu’il avait perdu au fil des années. En
pardonnant à son frère, il a suscité une réponse similaire chez ce
dernier, et c’est ainsi qu’ils se sont retrouvés. Puis l’un des frères
s’est souvenu de l’incident : une dispute à propos d’une paire de
chaussures de tennis. Pour une paire de tennis, ils avaient payé un
prix qui s’était étalé sur vingt-trois années ! Si cet homme n’avait pas
appris la technique du lâcher-prise, il aurait bien pu emporter ce
ressentiment jusque dans sa tombe. La question est donc la
suivante : « Combien de temps voulons-nous continuer à souffrir ?
Quand sommes-nous prêts à y renoncer ? Quand est-ce que ça
suffit ? »
La partie de nous qui cherche à s’accrocher aux émotions
négatives est notre petitesse. C’est la partie de nous qui est
méchante, minable, égoïste, compétitive, mesquine, sournoise,
méfiante, vindicative, critique, réduite, faible, coupable, honteuse et
vaniteuse. Elle possède peu d’énergie ; elle est épuisante,
dévalorisante et provoque une diminution de l’estime de soi. C’est
cette petite partie de nous qui explique notre propre haine de nous-
mêmes, notre culpabilité sans fin, et notre recherche de punition, de
troubles et de maladies. Est-ce vraiment la partie à laquelle nous
voulons nous identifier ? Est-ce la partie que nous voulons
dynamiser ? Est-ce ainsi que nous voulons nous voir ? Car si c’est
ainsi que nous nous voyons, les autres nous verront également
ainsi.
Le monde ne peut nous voir que tels que nous nous voyons nous-mêmes.
Sommes-nous prêts à assumer ces conséquences ? Si nous nous
considérons comme des personnes minables et mesquines, il est
peu probable que nous nous retrouvions en tête de la liste des
candidats à une augmentation dans l’entreprise.
Le prix à payer pour s’accrocher à la petitesse peut être démontré
par des tests musculaires. La procédure est assez simple (Hawkins
[1995], 2012). Concentrez-vous mentalement sur une pensée
malveillante et mesquine, et demandez à quelqu’un d’appuyer sur
votre bras tandis que vous résistez ; observez l’effet. Choisissez
maintenant le point de vue exactement opposé. Imaginez-vous
comme étant généreux, indulgent, aimant et expérimentant votre
grandeur intérieure. Instantanément, il y aura une énorme
augmentation de la force musculaire, indiquant une poussée de
bioénergie positive. La petitesse engendre la faiblesse, la maladie et
la mort. Est-ce vraiment ce que vous voulez ? L’abandon des
sentiments négatifs peut s’accompagner d’une autre manœuvre très
saine qui favorisera grandement votre transformation intérieure, à
savoir cesser de résister aux émotions positives.

Développer les émotions positives


Le corollaire du lâcher-prise des sentiments négatifs est de cesser
de résister aux sentiments positifs. Tout dans l’univers a son
contraire. Par conséquent, dans l’esprit, chaque sentiment négatif a
sa contrepartie entre la petitesse et la grandeur, que nous soyons ou
non conscients de son existence à chaque instant.
Un bon exercice très instructif consiste à s’asseoir et à observer le
sentiment directement opposé au sentiment négatif que nous
éprouvons, et à commencer à abandonner la résistance à ce
sentiment. Disons, par exemple, que c’est bientôt l’anniversaire d’un
ami et que nous nous sentons emplis de rancœur et pingres ; c’est
la raison pour laquelle nous ne parvenons pas à sortir pour lui
acheter un cadeau, alors que le jour approche. Les sentiments
exactement opposés sont ceux du pardon et de la générosité. Nous
commençons alors tout simplement à chercher le sentiment de
pardon en nous-mêmes, et nous cessons d’y résister. Tandis que
nous continuons d’abandonner notre résistance à être une personne
qui pardonne, il est souvent surprenant qu’il se manifeste tout à
coup. Nous commençons à nous apercevoir qu’une partie de notre
nature a toujours été prête et désireuse de pardonner, mais que
nous n’avons pas osé le faire. Nous pensions que nous pourrions
paraître stupides. Nous pensions que nous punissions l’autre
personne en retenant ce ressentiment, mais, en réalité, nous avons
supprimé l’amour. Au début, nous ne ressentirons peut-être pas
consciemment cela de manière spécifique à propos de notre ami,
mais nous commencerons à constater que cet aspect fait partie de
notre personnalité. Au fur et à mesure que nous continuerons à
abandonner notre résistance à l’amour, nous remarquerons qu’il y a,
en nous, quelque chose qui veut s’exprimer à travers le partage et le
don ; en laissant le passé s’en aller et en enterrant la hache de
guerre. Il y a un désir de faire un geste amical ; nous voulons guérir
la séparation, soigner la blessure, réparer le tort, exprimer de la
gratitude, et courir le risque d’être pris pour un idiot.
Le but de cet exercice est de découvrir en nous ce qui ne peut être
décrit que comme de la grandeur. La grandeur est le courage de
surmonter les obstacles. C’est la volonté de passer à un niveau
d’amour plus élevé. C’est accepter l’humanité des autres et avoir de
la compassion pour leurs souffrances, en nous mettant à leur place.
Du pardon des autres viennent le pardon de soi et le soulagement
de la culpabilité. La véritable récompense que nous obtenons arrive
lorsque nous abandonnons notre négativité et choisissons d’être
aimants, car c’est nous qui en bénéficions. C’est nous qui sommes
les véritables gagnants. Avec cette prise de conscience accrue de
qui nous sommes vraiment vient l’invulnérabilité progressive à la
douleur. Une fois que nous acceptons avec compassion notre propre
humanité et celle des autres, nous ne sommes plus sujets à
l’humiliation, car la véritable humilité fait partie de la grandeur.
C’est lorsque nous comprenons qui nous sommes vraiment que
naît en nous le désir de rechercher ce qui nous élève. Il en résulte
un nouveau sens et un nouveau contexte pour notre existence.
Lorsque ce vide intérieur – dû au manque d’estime de soi – est
remplacé par un véritable amour de soi, un respect et une estime de
soi, nous n’avons plus à le chercher dans le monde, car cette source
de bonheur est en nous. Il nous apparaît que, de toute manière, le
monde ne peut pas nous l’apporter. Aucune fortune ne peut
compenser un sentiment intérieur de pauvreté. Nous connaissons
tous les nombreux multimillionnaires qui tentent de compenser leur
sentiment intérieur de vide et de manque de valeur. Une fois que
nous avons contacté ce Soi intérieur, cette grandeur intérieure, cette
plénitude intérieure, ce contentement et ce véritable sentiment de
bonheur, nous avons transcendé le monde. Le monde est désormais
un endroit que nous pouvons apprécier, et nous ne sommes plus
dirigés par lui. Nous ne subissons plus ses effets.
Lorsque nous utilisons ces techniques du lâcher-prise de ce qui est
négatif et d’abandon de notre résistance à ce qui est positif, nous
arrivons, tôt ou tard, à une prise de conscience soudaine et
approfondie de notre véritable dimension. Une fois que nous aurons
vécu cette expérience, nous ne l’oublierons jamais. Le monde ne
nous intimidera plus jamais comme il le faisait jadis. Nous allons
peut-être continuer de nous conformer à ses règles par pure
habitude, mais la hargne intérieure, la vulnérabilité intérieure et le
doute intérieur auront désormais disparu. Extérieurement, notre
comportement peut sembler inchangé, mais intérieurement, les
causes en sont désormais totalement différentes. Le résultat final de
la gestion consciente des émotions est l’invulnérabilité et
l’imperturbabilité. Notre nature intérieure est maintenant à l’épreuve
des balles. Nous sommes capables d’avancer dans notre vie avec
équilibre et grâce.

1. David R. HAWKINS, Pouvoir contre force : les déterminants cachés du comportement humain,
Guy Trédaniel éditeur, 2018.
2. Viktor E. FRANKL, Découvrir un sens à sa vie grâce à la logothérapie, J’ai lu, 2013.
CHAPITRE 4

Apathie et dépression

L
’apathie est la croyance selon laquelle « Je ne peux pas ».
C’est le sentiment que nous ne pouvons rien faire à propos de
notre situation, et que personne d’autre ne peut nous venir en
aide. C’est le désespoir et l’impuissance. L’apathie est associée à
des pensées telles que : « Tout le monde s’en fiche ! » ; « À quoi
bon ? » ; « C’est d’un ennui mortel » ; « Pourquoi s’embêter ? » ;
« De toute façon, je ne peux pas gagner ». C’est le rôle interprété
par Bourriquet – le personnage maussade des dessins animés
Winnie l’ourson – qui affirme : « Oh, de toute façon, ça ne servira à
rien. » Découragement. Défaite. Impossibilité. Trop dur. Tout seul.
Abandonné. Isolé. Étranger. En retrait. Coupé du monde. En
détresse. Déprimé. Épuisé. Décevant. Pessimiste. Négligent. Sans
humour. Insignifiant. Absurde. Inutile. Impuissant. Défaillant. Trop
fatigué. Désespéré. Confus. Oublieux. Fataliste. Trop tard. Trop
vieux. Trop jeune. Mécanique. Condamné. Négatif. Malheureux.
Inefficace. Perdu. Insensé. Triste. Blasé.
L’objectif biologique de l’apathie est d’appeler à l’aide, mais une
partie de ce sentiment est qu’aucune aide n’est possible. Une
grande partie de la population mondiale fonctionne sur le mode de
l’apathie. Pour ces personnes, il n’y a aucun espoir de pouvoir
subvenir à leurs besoins fondamentaux, et aucune aide ne pourra
leur être apportée par quiconque.
L’être humain « moyen » est souvent apathique dans un certain
nombre de domaines de la vie, mais ce n’est que ponctuellement
qu’il est confronté à une apathie massive vis-à-vis de l’ensemble de
sa situation. L’apathie traduit un manque d’énergie vitale et est
proche de la mort. Ce phénomène a été observé lors du Blitz à
Londres, pendant la Seconde Guerre mondiale. Des nourrissons ont
été transférés dans des crèches situées dans des régions reculées
et sûres d’Angleterre, et leurs besoins physiques, nutritionnels et
médicaux y ont fort bien été pris en charge. Cependant, ces
nourrissons ont développé une apathie et ont commencé à
s’affaiblir ; ils ont perdu l’appétit, et leur taux de mortalité a été élevé.
On a découvert que leur apathie résultait d’un manque de soins et
de proximité émotionnelle avec une figure maternelle. Il s’agissait
d’un état émotionnel, et non physique. Sans amour ni affection, ils
perdaient l’envie de vivre.
Dans notre pays [les États-Unis], nous voyons des zones
économiques en crise où la totalité de la population locale tombe
dans l’apathie. Lorsque des personnes de ces régions apparaissent
aux informations télévisées, c’est souvent avec des commentaires
tels que : « Lorsque le chèque de l’aide sociale sera épuisé, je
suppose que nous allons mourir de faim ; il n’y a aucun espoir pour
nous. »
Les sentiments d’apathie vis-à-vis de la technique du lâcher-prise
peuvent se manifester sous forme de résistances. Celles-ci peuvent
se présenter comme des attitudes et des pensées telles que : « De
toute manière, ça ne marchera pas. » ; « Ça ne fera aucune
différence ! » ; « Je ne suis pas encore prêt pour ça » ; « Je ne
ressens rien » ; « Je suis trop occupé » ; « Je suis fatigué de lâcher
prise » ; « Je suis absolument débordé » ; « J’ai oublié » ; « Je suis
trop déprimé » ; « J’ai trop sommeil ». Le moyen de sortir de
l’apathie est de nous souvenir de notre intention qui est de nous
élever et de nous libérer, de devenir plus efficaces et plus heureux,
et d’abandonner la résistance à la technique elle-même.

« Je ne peux pas » vs « Je ne veux pas »


Une autre manière de sortir de l’apathie est d’examiner les bénéfices
que nous retirons des attitudes apathiques. Ils peuvent résider dans
les excuses que nous utilisons pour dissimuler ce qui est, en réalité,
de la peur. Comme, réellement, nous sommes des êtres très
capables, la plupart de nos « Je ne peux pas » sont en réalité des
« Je ne veux pas ». Derrière les « Je ne peux pas » ou les « Je ne
veux pas » se cache souvent une peur. Puis, lorsque nous
regardons la vérité de ce qui se cache derrière ce sentiment, nous
avons déjà progressé sur l’échelle de l’apathie à la peur. La peur est
un état d’énergie plus élevé que l’apathie. La peur commence tout
au moins à nous motiver à agir et, dans cette action, nous pouvons à
nouveau abandonner la peur et passer à la colère, à la fierté ou au
courage, qui sont tous des états supérieurs à l’apathie.
Prenons un problème humain typique, et retraçons le
fonctionnement du mécanisme du lâcher-prise pour nous libérer
d’une inhibition. La prise de parole en public est l’une des inhibitions
les plus répandues. Au niveau de l’apathie, dans ce domaine, nous
disons : « Oh, je ne peux pas parler en public. C’est bien trop
éprouvant pour moi. De toute manière, personne ne voudra
m’écouter. Je n’ai rien à dire qui en vaille la peine. » Si nous nous
remémorons notre intention, nous verrons que l’apathie ne fait que
dissimuler la peur. À présent, l’idée de parler en public est
effrayante, et non plus sans espoir. Cela apporte une certaine clarté.
Les faits ne montrent pas que nous « ne pouvons pas », mais tout
simplement que nous « avons peur ».
Au fur et à mesure que cette peur surgit et que nous la relâchons,
nous devenons conscients du fait que nous avons le désir de faire
précisément ce que nous craignons. Maintenant, tandis que nous
observons ce désir qui est bloqué par la peur, et qui est peut-être
aggravé par quelque chagrin lié à des opportunités perdues dans le
passé, la colère surgit. À ce stade, nous sommes déjà passés de
l’apathie au chagrin, au désir et à la colère. Dans la colère, il y a
beaucoup plus d’énergie et de capacité d’agir. La colère prend
souvent la forme du ressentiment, comme celui d’avoir accepté de
parler en public et de nous sentir maintenant obligés de le faire.
Nous éprouvons aussi de la colère à propos de notre peur ; car,
dans le passé, cette dernière a empêché notre réussite. Et la colère
conduit à la décision de réagir. Cette décision peut prendre la forme
d’un cours d’art oratoire. Lorsque nous nous inscrivons à un cours
de prise de parole en public, nous avons déjà atteint l’énergie de la
fierté, en ce sens que nous avons finalement pris le taureau par les
cornes et que nous agissons. Sur le chemin du cours d’art oratoire,
encore plus de peurs surgiront. En les identifiant et en les relâchant
constamment, nous prendrons conscience du fait que nous avons le
courage d’affronter nos peurs et d’agir pour les surmonter.
Le niveau du courage possède beaucoup d’énergie. Cette dernière
prend la forme d’un lâcher-prise sur la peur, la colère et le désir qui
subsistent, de sorte que, au milieu du cours d’expression orale, nous
ferons soudain l’expérience de l’acceptation. Avec l’acceptation vient
la libération de la résistance qui avait auparavant pris la forme de
peur, d’apathie et de colère. Maintenant, nous commençons à
éprouver du plaisir. Arrive la confiance en soi de l’acceptation, « Je
peux le faire ». Au niveau de l’acceptation, nous avons une plus
grande conscience des autres, de sorte que, durant le cours, nous
devenons conscients de la douleur, de la souffrance et de l’embarras
des autres qui participent à cette formation, et nous commençons à
nous préoccuper d’eux.
L’émergence de cette compassion envers les autres entraîne une
perte de conscience de soi. Avec l’émergence de l’altruisme
viennent des moments de paix. En rentrant du cours, nous
éprouvons un contentement intérieur, le sentiment d’avoir grandi,
d’avoir partagé avec les autres. Dans l’expérience du partage, nous
nous sommes oubliés durant quelques instants, et nous nous
sommes davantage préoccupés du bonheur de quelqu’un d’autre.
Nous prenons plaisir aux réussites des autres. Dans cet état, nous
faisons la découverte transformatrice de notre empathie intérieure,
d’un sentiment de connexion avec les autres et d’une compassion
pour leurs souffrances. En développant pleinement cette
progression, nous pourrions partager avec d’autres notre peur de
parler en public, les mesures que nous avons prises pour la
surmonter, le succès que nous avons connu, l’augmentation de notre
estime de soi et les changements positifs dans nos relations.
Cette progression est précisément à la base d’une grande partie
du succès des groupes d’entraide : le partage d’expériences intimes
– du plus bas au plus haut niveau de l’échelle des émotions. Ce qui
semblait impossible et accablant au début a, entre-temps, été
surmonté et assumé, entraînant une augmentation de la vitalité et du
bien-être. Ce renforcement de l’estime de soi se répercute ensuite
sur d’autres domaines de la vie ; et la confiance accrue se traduit par
une plus grande abondance matérielle et plus de capacités
professionnelles. À ce niveau, l’amour prend la forme du partage et
de l’encouragement des autres, et nos activités sont constructives
plutôt que destructrices. L’énergie diffusée devient positive et
attrayante pour les autres ; ce qui entraîne constamment des
répercussions positives.
Une fois que nous avons expérimenté cette progression vers le
haut de l’échelle des émotions dans un domaine particulier, nous
commençons à comprendre que c’est également possible dans
d’autres domaines limitants de notre vie. Derrière tous les « Je ne
peux pas » se cachent simplement des « Je ne veux pas ». Les « Je
ne veux pas » signifient « J’ai peur de » ou « J’ai honte de », ou
« J’ai trop de fierté pour essayer, de peur d’échouer ». Derrière cela
se cache la colère contre nous-mêmes, et contre les circonstances
générées par l’orgueil. Identifier et abandonner ces sentiments nous
amène au courage et, avec cela, finalement, à l’acceptation et à une
paix intérieure, du moins dans le domaine qui a été surmonté.
L’apathie et la dépression sont le prix que nous payons pour nous
être accommodés de notre petitesse et pour l’avoir acceptée. C’est
ce que nous obtenons pour avoir joué les victimes et nous être
laissé programmer. C’est le prix que nous payons pour avoir accepté
la négativité. C’est ce qui résulte de la résistance à cette partie de
nous-mêmes qui est aimante, courageuse et formidable. C’est ce qui
résulte du fait que nous nous laissons invalider par nous-mêmes ou
par les autres ; c’est la conséquence du fait que nous nous
maintenons dans un contexte négatif. En réalité, ce n’est qu’une
définition de nous-mêmes, que nous avons involontairement laissée
apparaître. La solution pour en sortir est de devenir plus conscients.
Que signifie « devenir plus conscients » ? Pour commencer,
devenir plus conscients signifie se mettre en quête de la vérité pour
soi-même au lieu de se laisser programmer aveuglément – que ce
soit de l’extérieur ou par une voix intérieure qui cherche à rabaisser
et à invalider, en se concentrant sur tout ce qui est faible et
vulnérable. Pour pouvoir en sortir, il nous faut accepter la
responsabilité d’avoir acheté la négativité et d’avoir été disposés à y
croire. Le moyen d’en sortir est donc de commencer à tout remettre
en question.
Le mental est capable de créer de nombreuses modélisations.
L’une des plus récentes est celle de l’ordinateur. Nous pouvons
considérer les concepts, les pensées et les systèmes de croyances
de l’esprit comme des programmes. Et, comme il s’agit de
programmes, ils peuvent être remis en question, annulés et
inversés ; si nous le voulons, des programmes positifs peuvent
écraser des programmes négatifs. La partie « petite » de nous-
mêmes est, quant à elle, tout à fait disposée à accepter une
programmation négative.
Si nous observons la source de nos pensées, si nous
commençons à identifier leur origine, et si nous cessons de les
étiqueter vaniteusement comme étant « nôtres » (et donc sacro-
saintes), nous constatons qu’il est possible de regarder les pensées
de manière objective. Nous nous apercevons du fait que leur origine
remonte souvent à l’éducation que nous avons reçue durant notre
petite enfance, de la part de nos parents, de membres de notre
famille et d’enseignants, ainsi qu’à des bribes d’informations que
nous avons recueillies auprès de camarades de jeu, dans des
journaux, des films, à la télévision, à la radio, à l’église, dans des
romans et à partir de nos perceptions sensorielles. Tout cela s’est
produit à notre insu, et sans que nous ayons fait le moindre choix
conscient. C’est donc non seulement à cause de tout cela, mais
aussi en raison de notre inconscience, de notre ignorance, de notre
innocence et de notre naïveté, ainsi que par la nature de l’esprit lui-
même, que nous avons fini par devenir le composite de toutes les
ordures négatives répandues dans le monde. De plus, nous avons
conclu que cela s’appliquait personnellement à nous. Au fur et à
mesure que nous devenons plus conscients, nous commençons à
comprendre que nous avons le choix. Nous pouvons cesser de
conférer une autorité à toutes les pensées de l’esprit ; nous pouvons
commencer à les remettre en question, et à découvrir si elles
recèlent réellement une vérité pour nous.
L’état émotionnel d’apathie est associé à la croyance « Je ne peux
pas ». Le mental n’aime pas entendre cela, mais, en réalité, la
plupart des « Je ne peux pas » signifient « Je ne veux pas ». La
raison pour laquelle le mental ne veut pas entendre cela est que
« Je ne peux pas » est une couverture permettant de dissimuler
d’autres sentiments. Ces derniers peuvent être ramenés à la
conscience en se posant la question hypothétique suivante : « Est-il
vrai que je ne veux pas, ou ne serait-ce pas plutôt que je ne peux
pas ? Si j’accepte que “Je ne veux pas”, quelles situations cela va-t-il
me rappeler ? Et qu’est-ce que je ressens à leur sujet ? »
Admettons, par exemple, que nous ayons un système de
croyances selon lequel nous ne savons pas danser. Ainsi, nous nous
dirions : « C’est peut-être un prétexte. Peut-être que la vérité est que
je ne veux pas et que je ne le ferai pas. » La manière dont nous
pouvons découvrir la véritable nature de ces sentiments est de nous
imaginer en train de passer par le processus d’apprentissage de la
danse. Tandis que nous faisons cela, tous les sentiments associés
commencent à apparaître : embarras, fierté, maladresse, le simple
effort d’apprendre une nouvelle compétence et la réticence face au
temps et à l’énergie nécessaires. En remplaçant « Je ne peux pas »
par « Je ne veux pas », nous découvrons tous ces sentiments que
nous pouvons alors abandonner. Nous voyons qu’apprendre à
danser signifie qu’il nous faut être prêts à abandonner notre orgueil.
Nous regardons le prix à payer, et nous nous demandons : « Suis-je
prêt à continuer à payer ce prix ? Suis-je prêt à lâcher prise sur la
peur de ne pas y arriver ? Suis-je disposé à renoncer à résister à
l’effort nécessaire ? Suis-je prêt à renoncer à ma vanité pour me
permettre d’être maladroit en tant qu’apprenant ? Suis-je disposé à
renoncer à mon avarice et à ma petitesse pour payer ces leçons et y
consacrer du temps ? » Lorsque tous les sentiments associés sont
abandonnés, il devient très clair que la véritable raison est le
manque de volonté, et non l’incapacité.
Il faut nous rappeler que nous sommes libres d’identifier nos
sentiments et de les abandonner, mais que nous sommes également
libres de ne pas le faire. Lorsque nous examinons nos « Je ne peux
pas », et que nous découvrons qu’il s’agit, en fait, de « Je ne veux
pas », cela ne signifie pas qu’il nous faut rejeter les sentiments
négatifs qui résultent de ces « Je ne veux pas ». Nous sommes
parfaitement libres de refuser de lâcher prise. Nous sommes libres
de nous accrocher à la négativité aussi longtemps que nous le
voulons. Aucune loi au monde ne peut nous obliger à lâcher prise.
Nous sommes des êtres libres. Mais l’image que nous avons de
nous-mêmes change énormément lorsque nous intégrons que « Je
ne veux pas faire quelque chose » est un sentiment bien différent de
celui qui consiste à se dire : « Je suis une victime, et je ne peux
pas. » Par exemple, nous pouvons choisir de haïr quelqu’un, si nous
le voulons. Nous pouvons choisir de critiquer cette personne. Nous
pouvons choisir de blâmer les circonstances. Mais le fait d’être plus
conscients et de comprendre que nous choisissons librement notre
attitude nous fait accéder à un état de conscience plus élevé ; et, par
conséquent, cela nous confère plus de pouvoir et de maîtrise que si
nous ne sommes que la victime impuissante d’un sentiment.

Les reproches
L’un des plus grands obstacles qu’il nous faut surmonter pour sortir
de la dépression et de l’apathie est celui des reproches. C’est un
sujet à part entière, et il est enrichissant de s’y intéresser. Tout
d’abord, les reproches présentent de nombreux avantages. Nous
avons le droit d’être innocents, de nous apitoyer sur nous-mêmes,
de nous sentir martyrs et victimes, et de recevoir de la sympathie.
Le plus grand avantage de blâmer autrui est peut-être que cela fait
de nous une victime innocente, tandis que l’autre partie est la
méchante. Nous voyons ce petit jeu se dérouler constamment dans
les médias, à l’instar des interminables scénarios de reproches
dramatisés dans une multitude de controverses, de querelles,
d’assassinats et de poursuites judiciaires. Outre ses avantages
émotionnels, le reproche offre des bénéfices financiers
considérables ; il est donc tentant de jouer la victime innocente, car
cela est souvent récompensé financièrement.
Un exemple célèbre de ce type de situation s’est produit à New
York, il y a de nombreuses années. Un véhicule de transport public
ayant eu un accident, les gens sortirent en masse par la porte avant,
puis se rassemblèrent en une petite foule afin de laisser leur nom et
leurs coordonnées dans la perspective d’obtenir ultérieurement une
compensation financière. Des passants comprirent rapidement ce
jeu et montèrent discrètement à l’arrière du véhicule, afin de pouvoir
ressortir à l’avant en tant que « victimes innocentes » blessées. Ils
n’avaient pas même été impliqués dans l’accident, mais ils allaient
recevoir une compensation !
Le reproche est la meilleure excuse au monde. Il nous permet de
nous cantonner à nos limites et de rester petits sans nous sentir
coupables. Mais il y a un prix à payer : la perte de notre liberté. En
outre, le rôle de victime entraîne une perception de faiblesse, de
vulnérabilité et d’impuissance – les principales composantes de
l’apathie et de la dépression.
La première étape pour cesser de faire des reproches aux autres
est de comprendre que c’est nous qui choisissons de blâmer. D’autres
personnes qui ont vécu des circonstances similaires ont pardonné,
oublié et géré une situation identique d’une manière totalement
différente. Nous avons vu, précédemment, le cas de Viktor Frankl
qui a choisi de pardonner aux gardiens de prison nazis, et de
considérer que son expérience dans les camps de concentration lui
avait également offert un cadeau. Le fait que d’autres personnes
aient choisi, comme Frankl, de ne pas blâmer leurs bourreaux nous
montre que cette option nous est ouverte à nous aussi. Il nous faut
être honnêtes et admettre que nous blâmons parce que nous
choisissons de le faire. Cela est vrai quel que soit le niveau auquel
les circonstances peuvent sembler justifiées. Ce n’est pas une
question de bien ou de mal ; il s’agit simplement d’assumer la
responsabilité de notre propre conscience. C’est une situation
totalement différente que de constater que nous choisissons de faire
des reproches à autrui, plutôt que de penser que nous devons le
faire. Dans ces circonstances, l’esprit se dit souvent : « Eh bien, si
l’autre personne, ou l’événement en question, n’est pas à blâmer,
alors ce doit être moi. » Il n’est tout simplement pas nécessaire de
blâmer les autres, ni nous-mêmes.
L’attrait du reproche apparaît dès la petite enfance, et se manifeste
au quotidien dans la salle de classe, dans la cour de récréation et à
la maison entre frères et sœurs. Le reproche est le sujet central des
interminables procédures judiciaires et procès qui caractérisent notre
société. En vérité, le reproche n’est qu’un autre des divers
programmes négatifs que nous avons permis à notre esprit
d’acheter, parce que nous n’avons jamais marqué un temps d’arrêt
pour le remettre en question. Pourquoi chaque chose doit-elle
toujours être « de la faute » de quelqu’un ? Pourquoi le concept de
« tort » doit-il être introduit d’emblée dans une situation ? Pourquoi
l’un d’entre nous doit-il avoir tort, être fautif ou être une mauvaise
personne ? Ce qui semblait être une bonne idée à l’époque peut se
révéler être une erreur. C’est tout. Des événements malheureux
peuvent tout simplement se produire.
Pour surmonter le reproche, il est nécessaire que nous analysions
la satisfaction et le plaisir secrets que nous procurent l’apitoiement,
le ressentiment, la colère et les excuses que nous nous trouvons ; et
de commencer à renoncer à tous ces petits bénéfices. Le but de
cette étape est de passer du stade de victime de nos sentiments à
celui du décideur qui les choisit. Si nous commençons par les
identifier et les observer, par les désassembler et par en abandonner
les éléments constitutifs, alors nous exerçons consciemment un
choix. C’est ainsi que nous sortons de l’impasse de l’impuissance.
Pour vaincre notre résistance et assumer la responsabilité de nos
programmes et sentiments négatifs, il est utile de comprendre qu’ils
proviennent de la partie « petite » de nous-mêmes. C’est la nature
même de la partie « petite » de notre être que de penser
négativement, de sorte que nous avons une tendance inconsciente à
accepter facilement son point de vue limité. Mais ce n’est pas la
totalité de notre être, car, à l’extérieur et au-delà de notre petit soi, se
trouve notre grand Soi. Nous ne sommes peut-être pas conscients
de notre grandeur intérieure. Nous n’en faisons peut-être pas
l’expérience, mais elle existe. Si nous abandonnons notre résistance
à son égard, nous pouvons commencer à en faire l’expérience. La
déprime et l’apathie résultent donc de la volonté de s’accrocher au
petit soi et à ses systèmes de croyances, ainsi qu’à la résistance
que nous opposons à notre Soi supérieur, qui est, quant à lui,
constitué de tous les opposés des sentiments négatifs.
Il est dans la nature de l’univers que tout ce qui s’y trouve soit
représenté par son égal et son opposé. Ainsi, l’égal et l’opposé de
l’électron est le positron. Toute force a une contre-force égale et
opposée. Le yin est compensé par le yang. Il y a la peur, mais il y a
aussi le courage. Il y a la haine, mais son opposé est l’amour. Il y a
la timidité, mais il y a aussi la bravoure. Il y a l’avarice, mais aussi la
générosité. Dans la psyché humaine, chaque sentiment a son
opposé. Ainsi, le moyen de sortir de la négativité est la volonté
d’identifier les sentiments négatifs et de les laisser partir, tout en
étant disposé à cesser de résister à leurs opposés positifs. La
dépression et l’apathie sont le résultat de l’effet de la polarité
négative. Comment cela fonctionne-t-il dans la vie de tous les jours ?
Reprenons l’exemple de l’anniversaire d’une personne dont la date
approche à grands pas. En raison de certains incidents qui se sont
produits dans le passé, nous avons des ressentiments envers elle,
et nous n’avons aucune envie de participer à cet anniversaire. Il
nous semble tout simplement impossible de sortir pour lui acheter un
cadeau. Nous n’aimons pas devoir dépenser de l’argent. Notre
mental évoque toutes sortes de justifications : « Je n’ai pas le temps
de faire des achats » ; « Je ne peux pas oublier à quel point cette
personne a été odieuse » ; « Elle devrait d’abord me présenter des
excuses ». Dans ce cas, deux choses sont en train de se produire :
nous nous accrochons au négatif et à la petitesse en nous, et nous
résistons au positif en nous et à sa grandeur. Le moyen de sortir de
l’apathie est de voir, tout d’abord, que « Je ne peux pas » signifie
« Je ne veux pas ». En examinant ce « Je ne veux pas », nous
constatons qu’il est là en raison de sentiments négatifs, et que, à
mesure qu’ils surgissent, nous pouvons les identifier et les
abandonner. Il est également évident que nous résistons aux
sentiments positifs. Nous pouvons examiner, un par un, ces
sentiments d’amour, de générosité et de pardon.
Nous pouvons nous asseoir pour imaginer ce que signifie la
générosité, et cesser d’y résister. Y a-t-il quelque chose de généreux
en nous ? Si c’est le cas, nous ne sommes peut-être pas disposés à
l’appliquer à cette personne qui va fêter son anniversaire. Ce que
nous pouvons commencer à voir au sein de notre conscience, c’est
l’existence d’une qualité telle que la générosité. Nous commençons
à comprendre que, lorsque nous cessons de résister au sentiment
de générosité, cette dernière se manifeste. En réalité, nous aimons
donner aux autres, dans certaines circonstances. Nous
commençons à nous souvenir du flot de sentiments positifs qui nous
envahit lorsque nous exprimons notre gratitude et que nous
remercions les autres pour les cadeaux qu’ils nous ont faits. Nous
nous apercevons que nous avons vraiment refoulé notre désir de
pardonner ; et, tandis que nous abandonnons notre résistance au
pardon, émerge le désir d’abandonner le grief. En faisant cela, nous
cessons de nous identifier à notre petit soi, et nous devenons
conscients du fait qu’il y a, en nous, quelque chose de plus grand.
Quelque chose qui est toujours là, mais qui reste caché à notre
regard.
Ce processus est applicable à toutes les situations négatives. Il
nous permet de modifier le contexte dans lequel nous percevons
notre réalité du moment. Il nous permet de lui donner un sens
nouveau et différent. Il nous fait passer du statut de victime
impuissante à celui de décideur conscient. Dans l’exemple ci-
dessus, cela ne signifie pas que nous devons nous précipiter pour
acheter un cadeau d’anniversaire. Mais cela signifie que nous
sommes, désormais, conscients d’être dans notre position actuelle
par choix. Nous avons une liberté totale, avec une immense latitude
d’action et de choix. C’est un état de conscience beaucoup plus
élevé que celui de la victime impuissante piégée par un vieux
ressentiment.
L’une des lois de la conscience est la suivante : Nous ne sommes
soumis à une pensée ou à une croyance négative que si nous déclarons
consciemment qu’elle s’applique à nous. Nous sommes libres de choisir
de ne pas adhérer à un système de croyances négatives.
Comment cela fonctionne-t-il, dans la vie de tous les jours ?
Prenons un exemple courant. Les journaux rapportent que le
chômage enregistre un niveau record. Le commentateur du journal
télévisé déclare : « Il n’y a pas un seul emploi disponible. » À ce
stade, nous sommes libres de refuser d’adhérer à cette forme de
pensée négative. Nous pouvons dire à la place : « Le chômage ne
s’applique pas à moi. » En refusant d’accepter cette croyance
négative, elle n’a plus aucune emprise sur notre propre vie.
Des exemples tirés de mon expérience personnelle révèlent que,
pendant les périodes de chômage élevé comme celle qui a suivi la
Seconde Guerre mondiale, il n’y avait aucun problème pour trouver
un emploi. D’ailleurs, j’ai même réussi à avoir deux, voire trois,
emplois en même temps : plongeur, serveur, groom, chauffeur de
taxi, barman, ouvrier en usine, travailleur dans une serre et laveur de
carreaux. C’était la conséquence d’un système de croyances selon
lequel « Le chômage s’applique aux autres, mais pas à moi » et
« Quand on veut, on peut ». Et puis j’avais aussi la volonté de
renoncer à ma fierté en échange d’un emploi.
Un autre exemple est celui des systèmes de croyances liés aux
maladies épidémiques. Il y a quelques années, j’ai observé de près
quatorze de mes connaissances lors d’une épidémie de grippe. Sur
ces quatorze personnes, huit ont contracté la grippe, et six non. Ce
qui est important ici, ce n’est pas que huit personnes aient eu la
grippe, mais que six ne l’aient pas contractée ! Dans toute épidémie,
il y a des gens qui « ne l’attrapent pas ». Même au plus profond de
la crise, il y avait encore des gens qui sont devenus riches et même
millionnaires. La pensée de la pauvreté était « accrocheuse » à cette
époque, mais, pour une raison ou pour une autre, ces personnes n’y
ont pas adhéré ; par conséquent, cela ne s’appliqua pas à elles.
Pour que la négativité s’applique à notre vie, nous devons d’abord y
souscrire, et ensuite lui donner l’énergie de la croyance. Si nous
avons le pouvoir de faire en sorte que la négativité se manifeste
dans notre vie, il est évident que notre mental a aussi le pouvoir de
faire en sorte que l’inverse se réalise.

Choisir ce qui est positif


L’un des effets surprenants de la volonté de lâcher prise sur notre
négativité intérieure est la découverte de l’existence de l’opposé
polaire des sentiments négatifs. Il existe une réalité intérieure que
nous pouvons appeler notre « grandeur intérieure » ou notre « Soi
supérieur ». Elle a beaucoup plus de pouvoir que la négativité
intérieure. En échange du lâcher-prise sur les bénéfices que nous
retirions d’une posture négative, voici que nous sommes surpris par
ceux qui découlent de la puissance de nos sentiments positifs. Par
exemple, lorsque nous abandonnons les reproches, nous faisons
l’expérience du pardon.
Notre Soi supérieur – dont nous pourrions dire qu’il est composé
de nos sentiments supérieurs – a des pouvoirs quasiment illimités. Il
peut créer des opportunités d’emploi. Il peut créer des situations
propices à la guérison des relations. Il a le pouvoir de créer des
opportunités de relations amoureuses, des opportunités financières
et de guérison physique. Lorsque nous cessons de conférer de
l’autorité et de l’énergie à tous les programmes négatifs qui
découlent de notre propre pensée, nous cessons de céder notre
pouvoir aux autres, et nous commençons à le reprendre. Il en résulte
une revalorisation de l’estime de soi, le retour de la créativité, et
l’ouverture d’une vision positive de l’avenir qui supplante la peur.
Nous pouvons expérimenter cela avec une personne avec laquelle
nous entretenons une mauvaise relation en raison de nos
ressentiments. Nous pouvons nous asseoir et nous dire que ce n’est
qu’une expérience. Le but, disons-nous, est strictement d’apprendre,
de sorte que nous voulons nous familiariser avec les lois de la
conscience et observer les phénomènes qui se produisent. Nous
reconnaissons les bénéfices que nous avons tirés de nos sentiments
négatifs. Nous en abandonnons chaque composante et, en même
temps, nous lâchons prise sur la résistance à ce qui en nous serait
disposé à guérir la relation. À ce stade, il n’est pas nécessaire que
nous ayons un contact personnel avec l’autre personne. Nous
faisons cette expérience pour nous-mêmes, et non pour les autres.
Tout en scrutant en nous-mêmes, nous nous demandons : « Que
cache la colère ? » Sous la colère, il y a de fortes chances que nous
découvrions la peur. Outre la peur, nous trouverons aussi la jalousie.
Nous retrouverons la compétitivité et toutes les autres petites
composantes du complexe de sentiments qui ont bloqué la relation.
L’abandon simultané du négatif et de la résistance au résultat positif
entraîne une modification des énergies intérieures, accompagnée
d’un changement subtil dans notre estime de soi. Il nous suffit
d’abandonner notre résistance à la volonté de voir quelque chose de
positif se produire dans la relation. Nous pouvons alors simplement
nous asseoir et observer ce qu’il se passe. Dans cette expérience,
nous ne sommes pas intéressés de savoir si l’autre personne
« comprend » ou non. Ce qui nous intéresse, c’est que nous
comprenions. Notre seul objectif est de faire évoluer notre propre
posture en la matière et, ensuite, nous observons simplement ce
qu’il se passe. Il s’ensuit généralement une expérience très
enrichissante, qui prendra différentes formes selon les
circonstances.
Une autre cause de l’apathie est constituée par les vestiges d’un
traumatisme vécu dans le passé et non résolu. L’esprit se projette
dans l’avenir en s’attendant à ce que le passé se répète. Lorsque
nous découvrons cette dynamique inconsciente, nous pouvons
choisir d’examiner à nouveau ce complexe émotionnel, de le
désassembler en ses éléments constitutifs, d’abandonner ses
aspects négatifs et de lâcher prise sur notre résistance à ses
aspects positifs. Ce faisant, notre vision de l’avenir change. Nous
pouvons nous pardonner le fait qu’au moment de notre précédent
débordement émotionnel nous ignorions tout simplement comment
le gérer. De nombreux vestiges nous ont laissés émotionnellement
handicapés, à ce moment-là. Mais, comme le temps n’existe pas
dans l’inconscient, nous pouvons choisir à tout moment dans le
présent de guérir un événement passé. Lorsque nous progressons
dans notre propre guérison émotionnelle pour notre propre bien, cet
événement passé commence à prendre une signification différente.
Notre Soi supérieur commence à lui construire un nouveau contexte.
Nous pouvons voir le cadeau caché qui nous attendait. Nous
pouvons finir par reconnaître avec gratitude qu’il nous a offert une
nouvelle opportunité d’apprendre, de mûrir et de grandir en sagesse.
L’un des domaines dans lesquels nous observons fréquemment
cette paralysie émotionnelle est celui du divorce. Car un divorce est
bien trop souvent suivi d’amertume et d’une capacité altérée à
construire une nouvelle relation amoureuse. La réticence à éliminer
les reproches ne fait que perpétuer une paralysie émotionnelle qui
peut durer des années, voire toute une vie.
Lorsque nous ressentons de l’amertume, ce que nous avons
découvert, en réalité, est une zone non guérie de notre propre
constitution émotionnelle ; et l’effort que nous faisons pour la guérir
nous apportera d’énormes récompenses. Dans toute situation qui
implique de la souffrance, nous devons nous demander : « Pendant
combien de temps serai-je prêt à payer ce prix ? Quelles étaient les
propensions karmiques au départ ? Combien de reproches seront
suffisants ? Y a-t-il un moment pour y mettre un terme ? Durant
combien de temps vais-je m’y accrocher ? Quel sacrifice suis-je prêt
à concéder à l’autre personne pour ses torts, réels ou imaginaires ?
Quel degré de culpabilité sera suffisant ? Quel degré d’autopunition
sera suffisant ? Quand vais-je renoncer au plaisir secret de
l’autopunition ? Quand la punition se terminera-t-elle ? » Lorsque
nous examinons vraiment ces questions, nous constatons toujours
que nous nous sommes punis nous-mêmes pour notre ignorance,
notre naïveté, notre innocence et notre manque d’éducation
intérieure.
Nous pouvons nous poser les questions suivantes : « Quand ai-je
été initié aux techniques d’autoguérison émotionnelle ? Lorsque
j’allais à l’école, m’a-t-on proposé des cours sur la conscience ?
Quelqu’un m’a-t-il déjà dit que j’avais la liberté de choisir ce qui entre
dans mon esprit ? M’a-t-on jamais appris que je pouvais refuser
toutes les programmations négatives ? M’a-t-on jamais expliqué les
lois de la conscience ? » Si ce n’est pas le cas, alors pourquoi s’en
vouloir d’avoir innocemment cru certaines choses ? Pourquoi ne pas
cesser de battre notre coulpe dès maintenant ?
Nous avons tous fait ce que nous pensions être le mieux sur le
moment. « À cette époque, ça semblait être une bonne idée », voilà
ce que nous pouvons dire de nos actions passées et de celles des
autres. Nous avons tous été programmés à notre insu, sans notre
consentement conscient. Par confusion, ignorance et naïveté, nous
avons adhéré à des programmes négatifs. Nous les avons laissés
nous contrôler. Mais, désormais, nous pouvons choisir d’arrêter.
Nous pouvons choisir une voie différente. Nous pouvons choisir de
devenir plus attentifs, plus conscients, plus responsables et plus
perspicaces. Nous pouvons refuser de rester assis, là, comme un
magnétophone vierge, à enregistrer chaque programme que le
monde nous propose. Le monde n’est que trop disposé à exploiter
notre naïveté et à jouer de notre petitesse, avec toutes ses vanités
et ses peurs.
Lorsque nous prenons conscience de la manière dont nous avons
été manipulés, exploités et dupés, la colère est sur le point de
monter. Soyez prêt à la gérer. Il est normal d’être en colère. Il vaut
mieux être en colère qu’apathique, et de loin. Dans la colère, nous
avons beaucoup d’énergie. Nous pouvons faire quelque chose.
Nous pouvons agir. Nous pouvons changer d’avis. Nous pouvons
inverser le sens des choses. Ensuite, il est facile de passer de la
colère au courage. Au niveau du courage, nous pouvons voir,
examiner et observer comment tout cela se produit.
Nous commençons à comprendre que notre petitesse n’était rien
de plus qu’un boniment que nous avons gobé. Dans cette recherche,
nous tombons sur notre propre innocence intérieure. Lorsque nous
la redécouvrons, nous pouvons nous libérer de beaucoup de
culpabilité. Et, lorsque la culpabilité disparaît, la nécessité
d’autopunition s’évanouit avec elle ; ce qui nous libère directement
de l’apathie et de la dépression. Nous pouvons choisir de nous
revaloriser nous-mêmes, tout comme notre valeur et notre
importance. Et nous pouvons voir comment d’autres ont été
programmés exactement comme nous. Eux aussi faisaient ce qu’ils
pensaient être le mieux à l’époque. Nous n’avons plus à les blâmer –
ni eux ni nous-mêmes. Nous pouvons abandonner tout ce jeu des
reproches, car il est obsolète et inefficace.

Les personnes
que nous fréquentons
Une autre technique efficace qui permet de sortir de l’apathie, de la
dépression et des situations principalement gouvernées par la
pensée « Je ne peux pas » est de choisir de côtoyer des personnes
qui ont résolu le problème avec lequel nous luttons. C’est l’un des
grands atouts des groupes d’entraide. Lorsque nous sommes dans
un état négatif, c’est que nous avons consacré beaucoup d’énergie
aux formes-pensées négatives, et les formes-pensées positives sont
faibles. Ceux qui se trouvent dans un état vibratoire plus élevé sont
libérés de l’énergie de leurs pensées négatives et ont des formes-
pensées positives dynamisées. Le simple fait d’être en leur présence
est bénéfique. Dans certains groupes d’entraide, on appelle cela
« côtoyer des gagnants ». Ici, le bénéfice se situe au niveau
psychique de la conscience, et il y a un transfert d’énergie positive et
un rallumage de nos propres formes-pensées positives endormies.
Dans certains groupes d’entraide, on appelle cela « la transmission
osmotique ». Il n’est pas nécessaire de savoir comment cela se
produit, car il suffit de savoir que cela se produit.
On observe souvent ce phénomène. Par exemple, dans notre
société, la plupart des gens ont été formés pour être logiques et
orientés cerveau gauche. Cependant, dès leur naissance, certaines
personnes sont orientées cerveau droit. Elles se caractérisent par de
plus grandes aptitudes d’intuition, de créativité, de communication
télépathique et de conscience des formes-pensées et des vibrations
énergétiques. Parmi ces facultés figure fréquemment celle de voir ce
champ bioénergétique qui entoure le corps humain, et qu’on appelle
« l’aura ». En présence de personnes ayant cette capacité, il devient
possible de la partager.
Cela s’est même confirmé pour moi, scientifique sceptique,
logique, à prédominance cerveau gauche, lorsque je me suis
retrouvé en compagnie de personnes capables de voir les auras.
Après avoir suivi leurs instructions sur la manière de voir l’aura, j’ai
constaté avec étonnement qu’il y avait, en effet, un champ de
lumière visible autour de la tête des gens. Il y eut, en particulier, un
homme dont l’aura me faisait penser à un « ectoplasme », suspendu
principalement au-dessus de son oreille gauche. Du côté droit de la
tête, cependant, je ne voyais quasiment rien. Pour savoir si ce
phénomène était réel et s’il ne provenait pas de mon imagination,
nous avons posé la question à une personne experte en vision des
auras. Elle s’est approchée et nous en a donné confirmation : elle
aussi a vu une aura très large d’un côté, et quasiment inexistante de
l’autre.
Je n’avais la capacité de voir les auras qu’en présence d’autres
personnes qui avaient cette même aptitude. Lorsque j’ai quitté cet
environnement d’enseignement où il y avait des personnes pouvant
voir les auras, cette capacité a disparu. Dans les années suivantes,
elle revenait dès que je me trouvais en compagnie d’amis qui
pouvaient voir les auras. Un jour, dans une clinique, alors que je me
trouvais en présence d’une psychologue dont le travail consistait à
établir un diagnostic psychique au moyen de l’observation des auras
des patients et de leurs changements de couleurs, la capacité de
voir les auras m’est non seulement revenue, mais j’avais aussi celle
de les voir dans leurs couleurs scintillantes, et de voir l’aura changer
en réponse aux émotions fluctuantes. Rien qu’en parlant avec cette
psychologue, cette capacité m’était soudain revenue.
C’est comme si, lorsque nous nous trouvons à proximité des auras
de personnes dotées de certaines capacités, une forme de transfert
d’aptitudes pouvait avoir lieu. En termes simples, nous sommes
influencés positivement – ou négativement – par les personnes que
nous côtoyons. Il est peu probable que nous parvenions à surmonter
une inhibition, si nous choisissons la compagnie de personnes qui
ont le même problème que nous.
Ce phénomène est apparu de manière flagrante dans le cas d’une
femme divorcée venue chez nous en consultation. Elle voulait savoir
si elle devait, ou non, suivre une psychothérapie. Elle se plaignait
d’un ulcère récurrent et de migraines. Au fur et à mesure qu’elle
progressait dans le récit de son histoire, elle a exprimé une grande
amertume à propos d’un divorce malheureusement traumatisant.
Elle a raconté avoir rejoint un groupe féministe de sensibilisation.
Elle a décrit ce groupe particulier comme étant presque totalement
composé de femmes divorcées, amères, en colère, et détestant les
hommes. En tant que membres d’un groupe, elles tiraient un grand
profit de leur négativité. En réalité, leurs vies étaient désespérées et
plutôt pathétiques, car elles luttaient pour retrouver leur estime de
soi à travers des moyens extrêmes et un déséquilibre émotionnel
prononcé.
Après avoir écouté son histoire et examiné les circonstances de sa
vie, nous lui avons suggéré de suivre une simple recommandation
pendant une période de trois mois, au lieu de commencer une
psychothérapie. Si cela ne fonctionnait pas, elle pourrait réévaluer la
nécessité d’une psychothérapie. Cette recommandation était fort
simple : cesser de fréquenter le groupe et ses amies divorcées
amères ; et, au lieu de cela, rechercher la compagnie de personnes
qui avaient réussi à construire de nouvelles relations malgré leur
divorce.
Elle a commencé par résister et par affirmer qu’elle n’avait rien en
commun avec les membres de ce groupe. Puis elle a reconnu deux
faits fondamentaux. Premièrement, il est beaucoup plus économe en
énergie de favoriser les relations avec des personnes positives.
Deuxièmement, l’une des lois de la conscience est que « les
semblables s’attirent » – l’amertume attire l’amertume, tandis que
l’amour attire l’amour. Elle s’est demandé : « Où mon amertume m’a-
t-elle menée ? En ai-je retiré quelque chose de positif et d’utile ? »
Au fil du temps, elle a cessé de passer du temps avec son groupe et
a commencé à entretenir des relations avec des personnes plus
saines et plus équilibrées.
La compagnie de personnes plus heureuses lui a fait prendre
conscience, de manière exacerbée, de la quantité de négativité
qu’elle retenait en elle. Elle a commencé à comprendre qu’elle avait
consciemment opté pour la négativité – et qu’elle avait choisi de la
conserver –, de sorte qu’elle s’est mise à examiner le coût d’une
telle négativité. Toute sa vie sociale a changé. Elle est devenue
souriante et plus heureuse. Ses migraines ont disparu. Finalement,
elle est tombée amoureuse à nouveau, et a déclaré en plaisantant
que tomber amoureux était le meilleur remède qu’elle ait jamais
découvert pour soigner un ulcère !
Si nous nous trouvons dans un état d’apathie, nous pouvons
découvrir le programme sous-jacent, en nous demandant ce que
nous tentons de prouver. Essayons-nous de prouver que la vie est
moche ? Que ce monde est sans espoir ? Que ce n’était pas notre
faute ? Qu’il n’est pas possible de trouver l’amour ? Qu’il est
impossible d’être heureux ? Qu’essayons-nous de justifier ? Quel
prix sommes-nous prêts à payer pour avoir « raison » ? Au fur et à
mesure que nous identifions et abandonnons les sentiments qui
surgissent en réponse à ces questions, les réponses commencent à
apparaître.
CHAPITRE 5

Le chagrin

L
e chagrin est une expérience qui nous est commune à tous.
Lorsque nous sommes plongés dans le chagrin, nous avons
l’impression que les choses sont trop difficiles, que nous n’y
arriverons jamais, que nous sommes peu aimants et peu aimés.
Nous avons des pensées telles que : « Toutes ces années que j’ai
perdues. » C’est un sentiment de tristesse et de perte. De solitude.
Un sentiment de « si seulement… ». Des regrets. Des sentiments
d’abandon, de douleur, d’impuissance et de désespoir. Nostalgie.
Mélancolie. Dépression. Langueur. Perte irrémédiable. Cœur brisé.
Angoisse. Déception. Pessimisme.
Le chagrin peut être provoqué par la perte d’un système de
croyances, d’une relation, d’une capacité ou d’un rôle, d’un espoir en
nous-mêmes, ou d’une attitude générale envers notre vie, des
circonstances extérieures ou des institutions. C’est le sentiment :
« Je ne m’en remettrai jamais. Cette fois, c’est trop dur. J’ai essayé,
mais rien ne marche. » Nous éprouvons un sentiment de
vulnérabilité à la douleur et à la souffrance, et nous en observons
beaucoup dans le monde extérieur – ce qui vient renforcer et justifier
notre propre sentiment intérieur. Nous appelons à l’aide parce que
nous ne parvenons pas à y remédier, et nous pensons que
quelqu’un d’autre pourra peut-être le faire pour nous. Ce sentiment
est en contraste avec l’apathie, où nous avons l’impression que
personne ne pourra nous aider.

S’autoriser à éprouver du chagrin


La plupart d’entre nous portent en eux énormément de chagrin
refoulé. Les hommes, en particulier, sont enclins à cacher ce
sentiment, car le fait de pleurer est considéré comme non viril et non
masculin. La plupart des gens ont peur de la quantité de chagrin
qu’ils ont refoulée, et ils sont épouvantés à l’idée d’en être
submergés et écrasés. Ils se disent : « Si jamais je commençais à
pleurer, je ne pourrais plus jamais m’arrêter » ; « Il y a tellement de
chagrin dans le monde, de chagrin dans ma vie, de chagrin dans ma
famille et chez mes amis » ; « Oh, les indicibles tragédies de la vie !
Toutes ces déceptions et tous ces espoirs brisés ! » Le chagrin
refoulé est responsable de nombreux troubles psychosomatiques et
problèmes de santé.
Si, au lieu de réprimer ce sentiment, nous lui permettions
d’émerger et qu’ensuite nous l’abandonnions, nous parviendrions
rapidement à passer du chagrin à l’acceptation. Le chagrin
persistant consécutif à une perte est dû à la résistance à l’accepter
et à lui permettre de s’évacuer. La persistance d’un sentiment est
due à la résistance à lui permettre de se dissiper (on en trouve un
exemple parlant dans la chanson Cry Me a River). Une fois que nous
acceptons le fait que nous pouvons affronter le chagrin, nous
sommes déjà dans l’orgueil. Le sentiment de « Je peux le faire » et
« Je peux le gérer » nous amène au courage. Avec le courage de
faire face à nos sentiments intérieurs et de les laisser s’en aller, nous
accédons au niveau de l’acceptation, et finalement à celui de la paix.
Lorsque nous libérerons beaucoup de chagrin que nous avons
accumulé au fil des années, nos amis et notre famille remarqueront
un changement dans notre expression faciale. Notre démarche sera
plus légère, et nous paraîtrons plus jeunes.
Le chagrin est limité dans le temps. Ce fait nous donne le courage
et la volonté de l’affronter. Si nous ne résistons pas au sentiment de
chagrin et que nous nous y abandonnons totalement, il diminuera en
10 à 20 minutes, puis il cessera pour une durée variable. Si nous
continuons à nous y abandonner chaque fois qu’il se présente, il
finira par s’épuiser. Il faut simplement que nous nous permettions de
le vivre pleinement. Il suffit de tolérer un chagrin accablant pendant
10 à 20 minutes pour qu’il disparaisse soudain. Si nous résistons au
chagrin, il persistera encore et encore. Un chagrin refoulé peut durer
des années.
Face au chagrin, il nous faut souvent commencer par reconnaître
et abandonner notre honte et notre embarras d’éprouver ce
sentiment. C’est particulièrement vrai pour les hommes. Nous
devons nous défaire de notre peur de ce sentiment, et de notre peur
qu’il puisse nous submerger et nous accabler. Il est utile de
comprendre que le fait de lâcher prise sur la résistance à ce
sentiment nous permet de le dépasser rapidement.
Traditionnellement, les femmes affirment, à partir de leur propre
expérience et de leur sagesse : « Une bonne crise de larmes, et je
me sens mieux. » Beaucoup d’hommes ont été surpris en apprenant
cette vérité.
J’ai pu expérimenter le soulagement surprenant et presque
immédiat d’un violent mal de tête, dès que j’ai permis au chagrin
d’une situation passée d’émerger. Lorsque ce chagrin a fait surface,
la fameuse phrase « Les hommes ne pleurent pas » m’est revenue à
l’esprit. Lorsque j’ai abandonné l’orgueil masculin par rapport aux
larmes est apparue la crainte que mes pleurs ne s’arrêtent jamais si
je les autorisais à se produire. Dès que cette peur a disparu, j’ai
ressenti de la colère. Elle était dirigée contre une société qui
contraint les hommes à réprimer leurs sentiments, et aussi contre
l’idée que les hommes ne sont pas même censés en éprouver.
Lâcher prise sur cette colère m’a permis d’atteindre le niveau du
courage ; et c’est alors que j’ai pu m’autoriser à exprimer les pleurs
nécessaires. Non seulement mon mal de tête a été soulagé, mais,
lorsque le torrent de sanglots s’est calmé, une paix profonde s’est
installée en moi. Désormais, je n’aurai plus à éviter ce sujet.
Lorsqu’un homme a laissé le chagrin émerger totalement, et qu’il
s’est entièrement libéré de cette énergie refoulée, il est en paix, et sa
vision de sa propre masculinité change. Il s’aperçoit qu’elle est
désormais plus complète. Il est toujours autant un homme, mais il
est maintenant un homme qui peut aussi être en contact avec ses
propres sentiments et les gérer. Par conséquent, il est plus adapté,
plus capable, plus équilibré, plus compréhensif, plus mûr, plus apte à
entrer en relation avec les autres et à les comprendre, plus
compatissant et plus aimant.
Le fondement psychologique de tout chagrin et de tout deuil est
l’attachement. L’attachement et la dépendance se produisent parce
que nous nous sentons incomplets en nous-mêmes ; par
conséquent, nous recherchons des objets, des personnes, des
relations, des lieux et des concepts pour répondre à nos besoins
intérieurs. Comme nous les utilisons inconsciemment pour répondre
à un besoin intérieur, nous finissons par les identifier comme étant
« nôtres ». Au fur et à mesure que nous leur consacrons de
l’énergie, une transition s’opère à partir de l’identification avec des
objets extérieurs considérés comme « nôtres », pour aboutir à une
véritable extension du « soi ». Nous vivons la perte de la personne,
ou de l’objet, comme la perte de notre propre soi et d’une partie
importante de notre monde émotionnel. Nous percevons la perte
comme une diminution d’une qualité que nous pensions avoir, et que
l’objet ou la personne représentait. Plus l’énergie émotionnelle
investie dans la personne ou dans l’objet est importante, plus le
sentiment de perte est intense, et plus la douleur associée à la
rupture des liens de dépendance est forte. L’attachement crée une
dépendance, et la dépendance, de par sa nature, s’accompagne
intrinsèquement d’une peur de la perte.
En chacun de nous, il y a l’enfant, le parent et l’adulte. Lorsqu’un
chagrin surgit, il est intéressant de se demander : « Est-ce l’enfant,
le parent ou l’adulte en moi qui est à l’origine de ce sentiment ? »
Par exemple, « l’enfant » intérieur d’une personne a peur que
quelque chose arrive à un chien qu’il aime. Il se demande :
« Comment vais-je m’en sortir ? » L’adulte intérieur ressent, lui
aussi, du chagrin, mais il accepte l’inévitable. Le minou, ou le toutou,
n’est pas immortel. L’adulte en nous accepte à regret que
l’impermanence soit une réalité de la vie. Nous acceptons que notre
jeunesse ne soit pas éternelle, que de nombreuses relations
amoureuses ne durent pas toute la vie et que notre chien mourra un
jour.
Surmonter les pertes
En raison de la nature de l’attachement, l’état qui précède
l’expérience concrète de la perte est celui de la peur de celle-ci.
Cette peur est généralement combattue de deux manières. L’une
consiste à augmenter l’intensité de l’attachement par des tentatives
constantes de renforcer les liens. Cette approche est basée sur le
fantasme selon lequel « plus le lien est fort, plus le risque de perte
est faible ». Cependant, c’est cette manœuvre même qui précipite
souvent la perte dans les relations personnelles, parce que l’autre
personne lutte pour se libérer de l’attachement possessif et de la
pression du contrôle restrictif qu’elle sent peser sur elle. Ainsi,
comme ce que nous avons à l’esprit tend à se manifester, la peur
d’une perte peut, paradoxalement, être le mécanisme qui la
provoque.
La seconde manière de combattre la peur de la perte est le
mécanisme psychologique du déni – appelé « faire l’autruche »,
dans le langage courant. Nous voyons cela chaque jour autour de
nous dans les diverses formes du refus d’affronter l’inévitable. Tous
les signes avant-coureurs sont là, mais la personne n’en tient pas
compte. Ainsi, l’homme qui est manifestement sur le point de perdre
son emploi a tendance à ne pas s’en apercevoir. Les conjoints dont
le mariage va à vau-l’eau ne prennent aucune mesure corrective. La
personne atteinte d’une maladie grave ignore tous ses symptômes
et évite de consulter un médecin. Les politiciens ne se penchent pas
sur les problèmes sociaux, espérant qu’ils disparaîtront d’eux-
mêmes. Des pays entiers sont inconscients de la précarité de leur
existence (par exemple, les attentats du 11-Septembre).
L’automobiliste ignore les signaux d’avertissement d’un moteur qui
se dérègle. Nous avons tous regretté de ne pas avoir prêté attention
aux signaux d’alarme de futurs problèmes.
Pour vaincre la peur de la perte, il nous faut examiner le rôle de la
personne, ou de l’objet concerné, dans notre vie. Quel est le besoin
émotionnel qui s’en trouve satisfait ? Quelles émotions surgiraient, si
nous perdions cette personne ou cet objet ? La perte peut être
anticipée, et nous pouvons gérer les diverses peurs associées au
sentiment de perte en désassemblant les complexes émotionnels
qu’elles représentent, et en lâchant prise sur les sentiments qui les
composent.
Admettons, par exemple, que vous ayez un chien de compagnie
auquel vous êtes attaché depuis de nombreuses années. De toute
évidence, votre cher Rex se fait vieux. Vous vous rendez compte
que vous n’aimez pas penser à son âge avancé, que vous vous
sentez mal à l’aise à la perspective de sa mort, et que vous chassez
cette idée de votre esprit. Lorsque vous vous surprenez à faire cela,
vous vous rendez compte que ces sentiments sont des signaux
d’avertissement et que vous ne gérez pas la situation émotionnelle.
Ainsi, vous vous demandez : « Quel rôle ce chien joue-t-il dans ma
vie ? Quel est le bénéfice émotionnel qu’il m’apporte ? » Amour,
camaraderie, fidélité, amusement et divertissement. « La perte de
mon chien laissera-t-elle ces besoins émotionnels personnels
insatisfaits ? » En examinant cela, vous pourrez identifier et
abandonner une partie de la peur. Une fois que vous aurez lâché
prise sur la peur, vous n’aurez plus à recourir au déni et à tenter de
vous persuader que Rex vivra éternellement.
Une autre émotion associée au chagrin et au deuil est celle de la
colère. La perte de quelque chose d’important suscite souvent un
sentiment de rage, qui peut être projeté sur le monde, la société, les
individus et finalement sur Dieu, tenu pour responsable de la nature
de l’univers. La colère résulte du refus préalable d’accepter le fait
que toutes les relations et toutes les possessions dans cette vie sont
temporaires. Même le corps physique – qui est notre plus grand
attachement – devra finalement être abandonné, comme chacun
sait.
Nous sommes convaincus que ce qui est devenu important ou
réconfortant pour nous est un attachement permanent. Par
conséquent, lorsque cette illusion est menacée, nous éprouvons de
la colère, du ressentiment et de l’apitoiement sur soi – des
sentiments qui peuvent entraîner une amertume chronique. La
« rage impuissante » est associée au désir de changer la nature du
monde et à l’impossibilité d’y parvenir. Ainsi, face à cette réalité de
l’existence, une perte majeure peut provoquer en nous un
changement de posture philosophique. Une perte majeure peut nous
éveiller à la nature de tous les attachements et de toutes les
relations ; mais nous pouvons aussi continuer de nier l’évidence que
toutes les relations sont temporaires, et réintensifier frénétiquement
les liens existants pour compenser cette perte future.
Pour faire face au déni du caractère inéluctable de la perte, il faut
notamment comprendre les tentatives de manipulation. Dans
l’imagination, le mental tente de développer des tactiques afin
d’éviter la perte. Cela peut consister à devenir une personne
« meilleure », ou plus travailleuse, plus honnête, plus persévérante
ou plus loyale. Chez les personnes religieuses, cela peut prendre la
forme d’une tentative de manipulation de Dieu par des promesses et
des marchandages. Dans les relations, cela peut prendre la forme
d’un comportement surcompensatoire. Le conjoint devient de plus
en plus dévoué, aimant et attentif, afin de tenter d’éviter une rupture.
Le mari habituellement non attentionné se met soudain à apporter
des cadeaux et des fleurs à la maison, au lieu de travailler sur la
cause profonde du problème.
Lorsque le déni s’effondre, que les manipulations n’ont pas été
efficaces et que l’on a affronté la peur, apparaît la dépression elle-
même – le processus réel de deuil et de chagrin. Toutes ces étapes
émotionnelles peuvent être franchies beaucoup plus rapidement
grâce au processus de lâcher-prise, dans lequel l’inéluctabilité de
l’émotion du chagrin est abandonnée et remplacée par une volonté
de renoncer à la résistance, pour laisser le processus se dérouler et
se terminer. Car on peut décider d’abandonner la résistance au
chagrin. Au lieu du déni et de la résistance, on plonge dans le
chagrin, et on le surmonte. Vous « pleurez toutes les larmes de votre
corps » sur le vieux Rex, ou sur la relation perdue.
Le chagrin s’accompagne toujours d’un degré plus ou moins élevé
de culpabilité. Cette dernière est basée sur l’idée que la perte
représente une punition ou qu’une attitude ou un comportement
différent l’aurait empêchée de se produire. À moins d’être éliminée,
cette culpabilité peut alors se recycler et raviver la colère et la rage.
La rage non assumée et non abandonnée peut être projetée sur
d’autres personnes de l’entourage sous forme de reproches. Les
reproches projetés sur d’autres relations peuvent alors aggraver la
perte, en provoquant des pertes supplémentaires.
Cela se produit fréquemment entre parents suite au décès d’un
enfant. Il a été signalé que le taux de divorce chez les parents ayant
perdu un enfant atteint 90 %. En raison de la projection des
reproches, une perte grave est alors aggravée par une autre perte
grave : celle du conjoint. Un exemple de ce type de réaction est le
cas d’une femme de quarante ans. Elle a vécu pendant vingt ans
une relation de couple harmonieuse, avec un mari attentionné et
dévoué. Leur plus jeune fils a été frappé par une leucémie. À sa
mort, elle a sombré dans le chagrin et le deuil et, plus grave encore,
elle a réagi avec une rage qui s’est transformée en haine. Elle a haï
les médecins, haï l’hôpital, haï Dieu ; elle a haï son mari et ses
enfants vivants. Sa rage a pris des proportions tellement
incontrôlables qu’elle est devenue physiquement violente et
menaçante. Il a fallu appeler la police à plusieurs reprises afin de
maîtriser son comportement explosif. Finalement, ses autres enfants
ont quitté la maison familiale par peur du chaos, de la violence
physique et des états émotionnels menaçants. Son mari n’a pas
ménagé ses efforts pour tenter de l’aider à surmonter sa rage, mais
sa femme a également déversé sa fureur sur lui, l’attaquant
brutalement en diverses occasions. Finalement, en désespoir de
cause, elle l’a chassé de la maison. Cette situation chaotique s’est
terminée par un divorce dans lequel cette femme a perdu sa maison.
Il lui a fallu près de cinq ans avant que sa rage ne s’apaise ; et, à ce
moment-là, elle avait détruit toute son existence et devait maintenant
recommencer de zéro pour se reconstruire une nouvelle vie.
Lorsque toutes les émotions négatives ont été surmontées,
abandonnées et relâchées, le soulagement survient enfin, et la
souffrance passée est remplacée par l’acceptation. L’acceptation est
différente de la résignation. Dans la résignation subsistent encore
des résidus de l’émotion précédente. Il y a des réticences et un
retard dans la véritable reconnaissance des faits. La résignation dit :
« Je n’aime pas ça, mais il faut que je le supporte. »
L’acceptation permet d’abandonner la résistance à la véritable
nature des faits ; c’est pourquoi l’un des signes de l’acceptation est
la sérénité. Avec l’acceptation, la lutte s’achève, et la vie reprend
son cours. Les énergies qui étaient liées à l’émotion négative
antérieure sont désormais libérées, de sorte que les aspects les plus
sains de la personnalité sont redynamisés. Les aspects créatifs de
l’esprit développent des opportunités pour de nouvelles
circonstances de la vie et pour de nouvelles options de croissance et
d’expérience, accompagnées d’un nouveau sentiment de vitalité. Un
enseignement bien connu et largement pratiqué est la Prière de la
Sérénité en douze étapes :

Mon Dieu, accordez-moi la sérénité d’accepter les choses


que je ne peux pas changer,
le courage de changer celles qui peuvent l’être,
et la sagesse de savoir distinguer entre les deux.

Le fait de ne pas parvenir à surmonter l’une des diverses émotions


associées au deuil et à la perte peut entraîner un blocage chronique
de l’une de ses composantes. Ainsi, il peut en résulter une
dépression durable et des états de déni prolongés dans lesquels la
mort de la personne est niée. La culpabilité chronique ou le refus de
travailler sur les émotions associées à la perte peuvent entraîner
une réaction de deuil retardée et une maladie physique. Les
mécanismes qui sous-tendent ce processus seront exposés dans un
chapitre ultérieur qui traite de la relation entre le corps et l’esprit.
L’énergie réprimée des émotions qui n’ont pas été exprimées
réapparaît à travers le système endocrinien et nerveux du corps
sous forme d’un déséquilibre énergétique qui altère le flux de
l’énergie vitale dans les méridiens d’acupuncture du corps. Il en
résulte des altérations pathologiques dans divers organes. Il est bien
connu que le taux de mortalité est beaucoup plus élevé parmi les
personnes endeuillées que dans la population générale, en
particulier durant la première ou les deux premières années suivant
le décès d’un conjoint.
Une source de culpabilité liée au deuil est d’avoir ressenti de la
colère contre l’être cher pour être parti. Cette colère est souvent
réprimée, parce que l’esprit conscient la trouve irrationnelle. Les
vertus de l’être cher décédé sont amplifiées et magnifiées dans
l’imagination, et cette distorsion aggrave la culpabilité. Comment
pourrions-nous être en colère contre une personne aussi
merveilleuse ? On ressent de la culpabilité pour être en colère contre
Dieu, l’auteur de l’univers, qui a permis que cet événement tragique
se produise.
Une femme de soixante ans s’est présentée à mon cabinet avec
de multiples troubles physiques. Elle avait des crises d’asthme, des
allergies, des bronchites, de fréquents épisodes de pneumonie et
toutes sortes de difficultés respiratoires. Au cours de la
psychothérapie, elle a raconté que sa mère était décédée vingt-
deux ans plus tôt, et elle a déclaré que, curieusement, elle n’avait eu
aucune réaction à sa mort. Bizarrement, bien que cela ait relevé de
sa responsabilité, elle n’avait pas fait poser une pierre funéraire sur
la tombe de sa mère. D’après les informations qu’elle a fournies, il
était évident qu’elle avait eu une relation d’extrême dépendance
avec sa mère et qu’elle avait été ambivalente par rapport à elle, en
raison du refus de cette dernière de combler tous ses besoins de
dépendance.
Il lui a fallu de nombreux mois pour surmonter son déni massif
associé à la culpabilité de la colère qu’elle ressentait envers sa mère
pour l’avoir abandonnée. Cette colère était dirigée contre elle-même,
sous forme de maladie ; ce qui exprimait également son
impuissance et son désir de pleurer sa mère. Le désir réprimé de
pleurer la perte de sa mère lui donnait constamment l’impression de
ne pas pouvoir respirer. Elle se détestait pour les sentiments
d’amour et de haine qu’elle éprouvait envers sa mère ; et la somme
totale de toutes ses émotions refoulées était réapparue sous la
forme de ses multiples symptômes et troubles respiratoires (maladie
« psychosomatique »). Alors qu’elle travaillait sur son deuil différé,
sa réaction au chagrin et à la perte a commencé à faire surface.
L’étendue de sa résistance à surmonter ces émotions et la manière
dont cette résistance avait entraîné ses symptômes physiques sont
devenues très claires à ses yeux. Elle a fini par suivre une formation
professionnelle complémentaire pour devenir thérapeute, afin
d’accompagner les mourants dans le cadre d’un programme
hospitalier.

Prévenir le deuil
Compte tenu de la nature des processus que nous avons décrits, il
devient manifeste qu’il est possible d’éviter le deuil extrême, la perte
et les réactions pathologiques qui peuvent s’ensuivre, par une
détection précoce et par l’abandon préventif des sentiments
associés tandis qu’ils sont encore légers et qu’ils peuvent être traités
sans souffrance excessive.
Comme nous l’avons vu, le fondement de tout deuil et de toute
perte est l’attachement, auquel vient s’ajouter le déni de la nature
temporaire de toutes les relations. Nous pouvons commencer par
faire le bilan de notre vie, identifier ces domaines d’attachement et
nous demander : « Quels sont les besoins internes qu’ils satisfont ?
Quel sentiment éprouverais-je, si je venais à les perdre ? Comment
puis-je équilibrer ma vie émotionnelle intérieure de manière à
diminuer l’étendue, le degré et le nombre d’attachements aux
personnes et aux objets extérieurs ? » Plus notre attachement à ce
qui est en dehors de nous est grand, plus notre niveau général de
peur et de vulnérabilité à la perte est élevé. Nous pourrions nous
demander pourquoi nous nous sentons si incomplets. « Pourquoi
suis-je tellement vide en moi-même, au point que je me sens poussé
à chercher des solutions sous forme d’attachement et de
dépendance aux autres ? »
La première chose que nous pouvons faire est d’examiner nos
propres domaines intérieurs d’immaturité. Il nous faut nous
demander plus précisément : « Où est-ce que je cherche à recevoir
de l’amour plutôt qu’à en donner ? » Plus nous sommes aimants,
moins nous sommes vulnérables au chagrin et à la perte, et moins
nous avons besoin de rechercher des attachements. Lorsque nous
avons identifié et relâché tous les sentiments négatifs, lorsque nous
sommes passés de la petitesse à la reconnaissance de notre
grandeur, de sorte que notre joie intérieure provient du plaisir de
donner et d’aimer, nous devenons vraiment invulnérables à la perte.
Lorsque la source du bonheur se trouve en nous, nous sommes
immunisés contre les pertes du monde.
Lorsque nous portons un regard critique sur notre vie, nous voyons
tous les attachements et toutes les fuites auxquels nous avons
succombé. Chacun d’entre eux représente une source potentielle de
douleur et de souffrance dans le futur. Nous devrions examiner de
près les sujets réellement importants. Prenons, par exemple,
l’incapacité à faire face à ces questions dans ce que l’on appelle
communément le « syndrome du départ ». Traditionnellement, ce
phénomène peut se produire chez les femmes lorsque le travail
d’éducation des jeunes enfants prend fin avec leur maturité et avec
leur départ de la maison (le « syndrome du nid vide ») ; et chez les
hommes lorsqu’ils atteignent l’âge de la retraite, perdent leur emploi,
ou sont incapables de poursuivre l’exercice de leur profession en
raison d’un handicap physique. La réaction qui se produit
généralement au milieu de la vie est due aux nombreuses années
de déni qui ont précédé. Il est souvent difficile d’affronter l’inévitable
et de planifier d’autres activités qui permettraient de satisfaire les
mêmes besoins intérieurs – il s’agit, ici, des sentiments d’estime de
soi, de valorisation, du désir de se sentir utile et important, ainsi que
du besoin d’apporter une contribution et d’être productif.
Anticiper l’inévitable et s’y préparer dès maintenant génère un
inconfort relativement mineur par rapport au chagrin traumatique et à
la perte à une date ultérieure. Nous pouvons analyser nos
principales relations amoureuses et les examiner honnêtement.
Dans quelle mesure répondent-elles à nos besoins égoïstes ? Dans
quelle mesure utilisons-nous vraiment l’autre personne pour
l’exploiter à notre profit ? Dans quelle mesure ne font-elles que servir
notre bonheur ? Pour le savoir, il suffit de se demander : « Si la
meilleure façon de servir son bonheur était de me quitter, qu’est-ce
que je ressentirais ? » Cela révèle à quel point nous essayons de
restreindre et de contrôler l’autre personne : c’est de l’attachement,
et non de l’amour.
Il y a plus de deux mille ans, le Bouddha a fait observer que le
fondement de toute souffrance humaine était dû au désir et à
l’attachement ; et l’histoire humaine n’a fait que démontrer la véracité
de son enseignement. Quelle est la solution à ce dilemme ? Comme
nous pouvons le constater, c’est seulement le petit aspect de soi qui
s’attache. Le petit soi adhère à l’ensemble de programmes
effrayants et inappropriés que nous avons involontairement
autorisés à nous gouverner. Le but du lâcher-prise est de désactiver
ces programmes, afin qu’ils cessent de nous gouverner ; alors, nous
sommes libres de nous épanouir dans la plus grande conscience de
notre Soi supérieur.
Cette partie de nous, à laquelle nous nous référons comme notre
« grand Soi », aime plutôt que de chercher l’amour. C’est grâce à
cela que vient la prise de conscience que nous sommes à tout
moment entourés d’amour, et qu’il est illimité. L’amour est
automatiquement attiré par la personne qui aime.
En abandonnant constamment nos sentiments négatifs, nous
guérissons la souffrance actuelle et nous prévenons de manière
prophylactique les souffrances futures. La peur est remplacée par la
confiance, qui procure un profond sentiment de bien-être. L’immunité
au chagrin de la perte se réalise lorsque nous remplaçons la
dépendance à l’égard du petit soi (la personnalité) par la
dépendance à l’égard du grand Soi (la Divinité intérieure). Nous
cherchons la sécurité dans le Soi qui est éternel, plutôt que dans le
petit soi qui est transitoire.
CHAPITRE 6

LA PEUR

L
es nombreux visages de la peur nous sont familiers à tous.
Nous nous sommes déjà sentis envahis par l’anxiété et par la
panique. Nous avons été paralysés et pétrifiés par la peur,
avec son cortège de palpitations et d’appréhensions. Les angoisses
sont des peurs chroniques. La paranoïa est leur expression extrême.
Dans les formes de peur plus légères, nous nous sentons
simplement mal à l’aise. Lorsque la peur est plus prononcée, nous
sommes effrayés, nous devenons circonspects, inhibés, tendus,
timides, sans voix, superstitieux, sur la défensive, méfiants, inquiets,
insécurisés, craintifs, suspicieux, timorés, piégés, coupables et
envahis par le trac. Il y a la peur de la douleur et de la souffrance, la
peur de vivre, la peur d’aimer, la peur de l’intimité, la peur du rejet, la
peur de l’échec, la peur de Dieu, la peur de l’enfer, la peur de la
damnation, la peur de la pauvreté, la peur du ridicule et de la
critique, la peur d’être piégé, la peur de ne pas être à la hauteur, la
peur du danger, la peur de la désapprobation, la peur de l’ennui, la
peur des responsabilités, la peur de prendre une décision, la peur de
l’autorité, la peur de la punition, la peur du changement, la peur de
perdre la sécurité, la peur de la violence, la peur de perdre le
contrôle, la peur des sentiments eux-mêmes, la peur d’être
manipulé, la peur d’être découvert, la peur des hauteurs, la peur du
sexe, la peur de devoir se débrouiller tout seul et d’assumer des
responsabilités, et la peur de la peur elle-même.
Par ailleurs, il existe une autre source de peur dont beaucoup de
gens ne sont pas conscients : la peur des représailles. Cette peur
découle du désir de frapper, de riposter et d’attaquer. Lorsque nous
lâchons la peur, nous constatons que, derrière elle, il y a souvent de
la colère contre l’objet de la peur lui-même. La volonté de lâcher la
peur et de la surmonter nous fait aussitôt passer au niveau suivant,
qui est celui de la colère. Le fait que nous puissions faire face à cette
combinaison de sentiments de peur et de colère, et la lâcher, nous
fait instantanément remonter aux niveaux de l’orgueil et du courage.

La peur de parler en public (ou glossophobie)


Une excellente méthode consiste à lâcher prise sur la peur de la
peur elle-même. Lorsque nous cessons d’avoir peur de la peur, nous
réalisons que ce n’est qu’un sentiment. En fait, la peur est beaucoup
plus supportable que la dépression. Curieusement, pour une
personne qui a expérimenté une dépression grave, la réémergence
de la peur est bienvenue. Il vaut mieux se sentir effrayé que
désespéré.
Pour comprendre comment la peur se renforce elle-même, il nous
faut prendre le temps de nous pencher sur une autre loi de la
conscience : Ce que l’on garde à l’esprit tend à se manifester. Cela
signifie que toute pensée que nous gardons continuellement à
l’esprit, et à laquelle nous accordons constamment de l’énergie, aura
tendance à entrer dans notre vie, et précisément sous la forme dans
laquelle notre esprit l’a maintenue. Ainsi, la peur suscite des
pensées effrayantes. Plus nous gardons ces pensées à l’esprit, plus
il est probable que l’événement redouté se produise dans notre vie –
ce qui renforcera plus encore notre peur.
À l’époque où j’étais interne en médecine, j’avais terriblement peur
de parler en public. À la seule pensée de me lever devant des
collègues médecins pour présenter le cas d’un patient, ma gorge
s’étranglait de terreur. Du fait de cette peur a inévitablement surgi
une situation où j’ai dû présenter le cas d’un patient pendant une
réunion du personnel. Après que j’ai lu quelques paragraphes de
l’historique de ce cas, ma voix a commencé à vaciller et à faiblir,
pour finalement se bloquer. La peur que j’avais gardée à l’esprit s’est
concrétisée ; et, bien sûr, cet événement a renforcé ma peur de
parler en public, et a provoqué une apathie à ce sujet. Suite à cela,
et durant de nombreuses années, le système des croyances
limitantes a fonctionné : « Je ne peux pas parler en public. Je ne
suis tout simplement pas un orateur. » J’évitais toutes les occasions
de prendre la parole ; ce qui eut pour conséquence la perte de mon
estime de soi, l’évitement d’activités, et la limitation de mes objectifs
professionnels.
Au fil des années, cette peur a pris une forme quelque peu
différente. Le système de croyances est alors devenu le suivant :
« Je ne veux pas parler, car je suis probablement un orateur
mauvais et terriblement ennuyeux. » Finalement s’est présentée une
occasion où il m’a fallu prendre la parole lors d’une réunion publique.
Cette opportunité m’a permis de me poser et de trouver le courage
d’affronter la peur. Mon dialogue intérieur a été le suivant : « Quelle
est la pire chose qui puisse arriver ? Eh bien, tu pourrais être d’un
ennui mortel. » Cela m’a rappelé tous les discours barbants
prononcés par d’autres personnes, et c’est ainsi que j’ai réussi à
accepter qu’un discours barbant était quelque chose de courant, et
qu’il ne provoque certainement pas la fin du monde. Il m’a fallu
abandonner l’orgueil et la vanité qui se cachaient derrière cette peur.
Oui, il peut arriver qu’un discours soit profondément barbant.
Le jour fatidique arriva enfin. J’avais écrit mon discours, il me
suffisait donc de le lire. Certes, il aurait été beaucoup plus
intéressant que je puisse parler de manière improvisée, mais, ayant
identifié et accepté la peur, j’avais rédigé mon discours à l’avance.
Le moment vint de monter sur le podium. Malgré ma peur intérieure
et la voix terne et monocorde avec laquelle j’ai lu mon discours, j’ai
réussi à accomplir cet exploit. Après cela, des amis m’ont dit : « D’un
point de vue technique, c’était un bon papier ; mais, bon sang, c’était
d’un ennui mortel ! » Cependant, mon soi intérieur s’en moquait ; il
jubilait d’avoir eu le courage et l’acceptation d’affronter la situation et
de passer à l’acte. Le fait que mon intervention ait été ennuyeuse
n’avait aucune importance. Ce qui importait était que je l’aie fait.
Mon estime de moi-même a été renforcée, parce que j’avais
surmonté la peur et l’inhibition, et parce que je n’avais plus besoin
d’éviter les allocutions. En fait, j’ai pris l’habitude de commencer
toutes mes présentations par un avertissement au public : « Je suis
l’un des orateurs les plus ennuyeux qui soient, et je dois avouer qu’il
m’arrive d’être assez barbant. » Curieusement, cela fait rire le public.
Leur rire signifie l’acceptation de notre humanité commune, et c’est
ainsi que mes peurs ont été dissipées.
J’ai découvert combien l’humour est précieux pour la prise de
parole en public. C’est une manière de se fondre dans l’humanité
des auditeurs et de découvrir leur compassion. Une fois que nous
sommes unis à eux dans la compassion, nous pouvons sentir leur
soutien lorsqu’ils nous applaudissent. Nous les aimons pour avoir
soulagé notre peur et pour nous avoir acceptés, et ils nous aiment
en retour pour avoir fait précisément ce qu’ils craignent eux-mêmes.
Et, lorsque cette évolution à travers les niveaux d’émotion s’est
réalisée, nous ressentons un plaisir à parler en public. Nous
découvrons qu’une partie de notre mental peut être très drôle,
lorsque l’occasion s’en présente.
Et puis, un jour, avec un complet lâcher-prise, j’ai interrompu la
lecture d’un discours que j’avais préparé, et j’ai pris la parole de
manière improvisée. Grâce à l’expérience, ma communication en
public s’est améliorée ; ce qui a engendré plus de conférences. Cela
m’a permis d’atteindre de nombreux objectifs professionnels qui,
jusqu’alors, avaient été contrecarrés. J’ai fait des apparitions dans
les médias nationaux, par exemple dans des talk-shows à la
télévision. J’ai parcouru un long chemin entre l’époque où j’étais
terrorisé à l’idée de lire une présentation de cas devant quelques
stagiaires et le plaisir que j’éprouvais désormais de parler sur une
chaîne de télévision devant des millions de téléspectateurs dans le
cadre du programme The Barbara Walters Show.
Le fait de parvenir à nous libérer d’une inhibition fondée sur la peur
nous apporte toujours de grands bénéfices, car ce processus
d’apprentissage se répercute automatiquement sur de nombreux
autres domaines de notre existence. Nous devenons plus
compétents, plus libres et plus heureux ; et tout cela nous apporte
une grande paix intérieure.

L’effet thérapeutique de l’amour


La peur est tellement répandue dans notre société qu’elle est
devenue l’émotion prédominante de notre monde, tel que nous le
connaissons. La peur a également été l’émotion principale de
milliers de patients que j’ai traités au cours de mes décennies de
pratique clinique. La peur est si vaste et prend tant de formes qu’il
n’y a pas assez de pages dans ce livre pour en énumérer toutes les
variantes.
La peur est associée à notre survie ; ce qui lui confère une
importance particulière dans notre esprit. Pour la plupart des gens,
elle est tellement omniprésente que leur vie est, en réalité,
constituée d’un gigantesque ensemble de dispositifs compensatoires
destinés à vaincre leurs peurs. Cependant, comme cela ne suffit
toujours pas, les médias nous présentent, encore et encore, des
situations effrayantes, comme dans les actualités de ce matin : « Un
groupe terroriste menace d’empoisonner notre approvisionnement
alimentaire. » De tels titres sont récurrents, comme s’il s’agissait de
donner à l’esprit de nouvelles opportunités pour maîtriser la plus
redoutée de toutes les émotions. Car il semblerait qu’en effet nous
soyons pris entre la peur de vivre et la peur de mourir.
Lorsque tous les mécanismes compensatoires du mental échouent
et que la peur se répand dans la conscience sous forme de crises
d’angoisse ou de phobies manifestes, la personne est diagnostiquée
comme souffrant d’une névrose d’angoisse. Il est intéressant de
noter que le tranquillisant Valium est le médicament le plus vendu en
Amérique du Nord.
Les peurs ont tendance à s’intensifier. Ainsi, le patient typique
souffrant de phobies se voit confronté à une expansion progressive
de la peur dans un nombre croissant de domaines de sa vie, avec,
pour conséquence, des restrictions croissantes de ses activités et,
dans les cas graves, une immobilisation totale. C’était le cas d’une
de mes patientes, nommée « Betty ».
Betty avait trente-quatre ans, mais elle paraissait beaucoup plus
âgée, parce qu’elle était maigre et décharnée. Elle est arrivée dans
mon cabinet, les bras chargés de sacs en papier qui se sont révélés
contenir 56 flacons contenant différentes préparations de magasins
de santé, des vitamines, des compléments alimentaires, ainsi que
plusieurs sacs d’aliments spéciaux. Sa peur avait commencé par
une phobie des germes, et, rapidement, elle s’était mise à craindre
que tout autour d’elle pouvait avoir été contaminé par des germes.
Elle avait de nombreuses craintes pour sa santé : elles avaient
commencé par la peur de contracter des maladies contagieuses,
puis elles avaient évolué vers la peur d’avoir un cancer. Elle croyait
tous les articles effrayants qu’elle lisait, de sorte qu’elle avait peur de
quasiment tous les aliments, de l’air qu’elle respirait et du soleil sur
sa peau. Elle portait des vêtements blancs, parce qu’elle avait peur
des teintures dans les tissus.
Dans mon cabinet, elle ne s’asseyait jamais, car elle craignait que
la chaise ait été contaminée par quelque germe. Chaque fois qu’elle
avait besoin d’une ordonnance, elle me demandait d’arracher la
feuille au centre de mon carnet d’ordonnances, car je n’avais pas
encore touché cette partie. De plus, elle exigeait d’arracher cette
feuille, elle-même : elle ne voulait pas que je la touche, parce que
j’avais peut-être attrapé des germes en serrant la main du patient
précédent. Elle portait des gants blancs en permanence. Puis elle
m’a demandé de la traiter par téléphone, parce qu’elle avait trop
peur de revenir dans mon cabinet.
La semaine suivante, elle m’a annoncé, par téléphone, qu’elle avait
peur de se lever. Elle m’appelait de chez elle, depuis le fond de son
lit, parce que, désormais, elle avait peur de sortir dans la rue. Elle
avait développé une peur des agresseurs, des violeurs et de la
pollution de l’air. En même temps, elle avait peur de rester au lit à la
maison, craignant que son état empire, et – facteur aggravant de
toutes ses autres peurs – elle craignait de perdre la raison. Elle avait
peur que les médicaments ne l’aident pas et qu’ils puissent avoir des
effets secondaires ; mais elle avait tout aussi peur de ne pas les
prendre, car elle risquait alors de ne pas aller mieux. Puis elle s’est
mise à affirmer craindre de s’étouffer avec les comprimés, de sorte
qu’elle a cessé de prendre ses compléments alimentaires et, a
fortiori, les médicaments prescrits.
Ses peurs étaient tellement paralysantes qu’elles entravaient toute
manœuvre thérapeutique. Elle ne m’a pas permis de prendre contact
avec les membres de sa famille, car elle craignait qu’ils découvrent
qu’elle consultait un psychiatre, et qu’ils la croient folle. J’étais
totalement déconcerté, et je me suis creusé la tête pendant des
semaines pour tenter de trouver le moyen de l’aider. Finalement, j’ai
lâché prise. J’ai ressenti le soulagement de la reddition, en ce sens
que j’ai complètement renoncé : « Je ne peux absolument rien faire
pour l’aider. La seule chose qui reste à faire est de l’aimer. »
Et c’est ce que j’ai fait. J’ai simplement pensé à elle avec amour, et
je lui ai fréquemment envoyé des pensées affectueuses. Je lui ai
donné autant d’amour que possible lorsque nous parlions au
téléphone, et, finalement, après quelques mois de « thérapie
d’amour », elle avait suffisamment progressé pour pouvoir revenir au
cabinet. Au fil du temps, son état s’est amélioré, et ses peurs et
inhibitions ont commencé à diminuer, bien qu’elle n’ait jamais fait
d’introspection. Elle avait trop peur de parler de sujets
psychologiques, de sorte qu’au fil des mois, puis des années de
traitement, la seule chose que j’aie jamais faite a été de l’aimer.
Ce cas illustre un concept que nous avons présenté dans le
chapitre sur l’apathie : une vibration plus élevée – comme l’amour –
a un effet curatif sur une vibration plus basse – comme la peur, dans
le cas de cette patiente. Cet amour est le mécanisme du réconfort,
et, très souvent, nous parvenons à apaiser les peurs d’une autre
personne par notre simple présence physique, et par l’énergie
aimante que nous projetons vers elle et dont nous l’entourons. Ce ne
sont pas nos paroles, mais notre présence même qui a un effet
thérapeutique.
Voici une autre des lois de la conscience : L’amour guérit la peur.
C’est le sujet central de la série de livres écrits par le psychiatre
Gerald Jampolsky (par exemple, Aimer, c’est laisser ses peurs derrière
soi3). C’est aussi la base de la thérapie qui s’est déroulée au Centre
de guérison attitudinale Manhasset (Attitudinal Healing Center
Manhasset) de Long Island – un centre dont j’ai été cofondateur et
conseiller médical. La guérison attitudinale repose sur une
interaction de groupe avec des patients atteints de maladies fatales
et catastrophiques, et l’ensemble du processus thérapeutique
consiste à se libérer de la peur et à la remplacer par l’amour.
C’est le même mécanisme de guérison que celui manifesté par les
grands saints et les guérisseurs illuminés, dont la seule présence a
le pouvoir de guérir grâce à l’intense vibration d’amour dont ils
rayonnent. Ce pouvoir de guérison – la base de la guérison
spirituelle – peut également être transmis par des pensées d’amour.
Les innombrables personnes qui ont guéri, tout au long l’Histoire, par
ce type d’amour sont légendaires. Dans l’Histoire récente, par
exemple, on attribue à Mère Teresa la guérison d’un grand nombre
de personnes par ces mêmes mécanismes d’amour inconditionnel et
de présence lumineuse. Les personnes qui ne connaissent pas les
lois de la conscience interprètent ces types de guérison comme des
miracles. Mais, pour ceux qui connaissent les lois de la conscience,
de tels phénomènes sont monnaie courante, et tout à fait prévisibles.
Des niveaux élevés de conscience sont, en eux-mêmes, capables
de guérir, de transformer et d’éclairer les autres. La valeur du
mécanisme du lâcher-prise est que, en nous libérant des blocages
qui font obstacle à l’amour, notre capacité d’aimer augmente
progressivement, et l’énergie d’amour a la capacité de nous guérir
nous-mêmes ainsi que les autres.
Le seul inconvénient de ces types de guérison est que, souvent, la
guérison est durable tant que la personne guérie reste à proximité
d’un être capable d’émettre des niveaux élevés d’amour, mais que la
maladie revient lorsque cette personne s’éloigne de cette présence,
à moins qu’elle n’ait, elle-même, appris à élever sa propre
conscience.
« Eh bien, pourriez-vous demander, si l’envoi de pensées d’amour
a un pouvoir de guérison, comment se fait-il que nous voyions dans
les hôpitaux tous ces malades dont les familles sont tellement
attentionnées ? Pourquoi l’amour de la famille ne guérit-il pas le
patient ? » Pour trouver la réponse, il nous faut examiner les types
de pensées envoyées par la famille au patient. En les analysant,
vous constaterez qu’il s’agit principalement de pensées d’angoisse
et de peur, accompagnées de culpabilité et d’ambivalence.
Imaginons l’amour comme la lumière du soleil, et les pensées
négatives comme des nuages. Alors que notre Soi supérieur est
comme le soleil, toutes les pensées négatives, les doutes, les peurs,
la colère et les ressentiments que nous entretenons atténuent sa
lumière, et, finalement, elle ne passe plus que faiblement. C’est
Jésus-Christ qui a déclaré qu’avec la foi nous avons tous
potentiellement le pouvoir de guérir. Le saint ou la personne dont la
conscience est élevée est, par définition, celui qui chasse les nuages
de la négativité et duquel rayonne le plein pouvoir de guérison du
soleil. C’est aussi la raison pour laquelle les êtres saints ont un
pouvoir magnétique tellement immense qu’ils attirent des multitudes
vers leur présence physique.
Par exemple, lorsque le saint indien Sri Ramana Maharshi a fêté
son anniversaire, 25 000 personnes se sont tenues sous le soleil
tropical étouffant, côte à côte, en une masse compacte, pour
célébrer sa présence et lui présenter leurs vœux.
Lorsque nous cessons constamment de résister à nos peurs et que
nous leur permettons d’être abandonnées, l’énergie auparavant liée
à la peur est libérée, devenant désormais disponible pour briller en
tant qu’énergie d’amour. Par conséquent, l’amour inconditionnel a le
plus grand pouvoir d’entre tous, et cet amour est le pouvoir des
saints reconnus. L’amour inconditionnel est aussi le pouvoir de la
mère et du père dont la présence est absolument essentielle pour
que les enfants apprennent à aimer en grandissant. Sigmund Freud
a observé que la meilleure chose qui puisse nous arriver en
grandissant est d’être l’enfant préféré de notre mère.
Qu’en est-il de ceux d’entre nous qui n’ont pas eu la chance de
grandir baignés d’amour inconditionnel ? Une croyance
communément admise prétend que, si nous n’avons pas vécu cette
expérience, nous sommes en quelque sorte marqués ou handicapés
à vie ; en réalité, il n’en est pas ainsi. Une personne qui a reçu
beaucoup d’amour au début de sa vie a, certes, moins de peurs et
une longueur d’avance, mais cet amour est intrinsèquement en
chacun de nous. De par la nature même de notre être et de l’énergie
vitale qui nous traverse et nous permet de respirer et de penser,
nous avons tous en nous le même niveau d’énergie vibratoire
d’amour.
Si, en nous regardant, nous constatons que nous avons permis à
l’expérience de notre propre nature d’être bloquée par des peurs
intenses, nous pouvons redécouvrir l’amour en nous, en utilisant le
mécanisme de l’abandon et en relâchant ainsi les nuages de la
négativité.
En redécouvrant cet amour intérieur, nous retrouvons la véritable
source du bonheur.

Posséder « l’ombre »
L’un des obstacles à notre développement émotionnel est la peur de
ce qui est enfoui dans notre inconscient. Carl Jung a appelé cette
zone, que nous ne voulons ni regarder ni assumer, « l’ombre ». Il a
déclaré que le soi ne peut être guéri et intègre que si nous
regardons et reconnaissons l’ombre. Cela signifie qu’en chacun de
nous, dans ce que Jung appelait « l’inconscient collectif », se trouve
enfoui tout ce que nous n’aimons pas admettre à notre sujet. Selon
lui, l’humain moyen préfère de loin projeter son ombre sur le monde,
condamner ce dernier et le considérer comme le mal, pensant que
son problème est de lutter contre le mal dans le monde. En réalité, le
problème est simplement de reconnaître la présence de telles
pensées et impulsions en nous. Lorsque nous les reconnaissons,
elles se taisent. Une fois silencieuses, elles ne nous contrôlent plus
inconsciemment.
Tandis que nous examinons nos peurs de l’inconnu – qui sont, en
réalité, des peurs de ce qui se trouve dans les profondeurs de notre
inconscient –, il nous est utile d’avoir le sens de l’humour. Une fois
examinée et reconnue, l’ombre n’a plus aucun pouvoir. En fait, c’est
seulement notre peur de ces pensées et de ces impulsions qui leur
confère du pouvoir. Une fois que nous nous sommes familiarisés
avec notre ombre, nous n’avons plus besoin de projeter nos peurs
sur le monde, et ces dernières commencent à se volatiliser
rapidement.
Qu’est-ce qui rend tellement attrayants les interminables
programmes télévisés qui traitent du chaos et de ses diverses
formes ? C’est le fait que ce qui se joue sur l’écran – un endroit qui
ne présente aucun danger pour nous –, ce sont tous les fantasmes
inconscients interdits dans notre propre psyché. Lorsque nous
sommes disposés à regarder ces mêmes images sur l’écran de
notre propre esprit pour voir d’où elles proviennent vraiment, l’attrait
d’un tel « divertissement » disparaît. Les personnes qui ont identifié
le contenu de leur propre ombre n’ont aucun intérêt pour le crime, la
violence et les catastrophes effrayantes.
L’un des obstacles qui nous empêchent de nous familiariser avec
les peurs que nous avons dans notre propre esprit est la peur de
l’opinion des autres. Le désir d’obtenir leur approbation se joue à
l’intérieur de notre esprit sous la forme d’un fantasme constant. Nous
nous identifions aux opinions des autres, y compris aux figures
d’autorité, et nous les intégrons au point que nous finissons par les
considérer comme nôtres.
Ainsi, tandis que nous examinons nos peurs, il est bon de nous
rappeler que Carl Jung considérait ce réservoir d’interdits à l’intérieur
de l’ombre comme faisant partie de l’inconscient collectif. Cette notion
d’inconscient collectif signifie que tout le monde a ces pensées et ces
fantasmes. Il n’y a rien d’unique en chacun de nous dans la manière
dont nous symbolisons nos émotions. Tout le monde nourrit
secrètement la peur d’être stupide, laid, peu digne d’être aimé et
raté.
L’inconscient n’est guère poli. Il pense en concepts grossiers. S’il
se dit : « Il faut assassiner le clochard ! », il le pense littéralement.
Scrutez au plus profond de vous-même la prochaine fois que
quelqu’un vous coupera la route, et imaginez ce que vous feriez à
cette personne si vous étiez strictement honnête avec vous-même et
que vous ne censuriez pas l’image qui vous vient à l’esprit. Vous
aimeriez faire sortir l’autre de la route, n’est-ce pas ? Le pulvériser.
Le pousser du haut d’une falaise. Pas vrai ? C’est ainsi que pense
l’inconscient.
La raison pour laquelle le sens de l’humour est utile est que ces
images sont comiques lorsque nous les regardons. Il n’y a rien de
terrible à cela, c’est juste la manière dont l’inconscient gère les
images. Cela ne signifie pas que vous êtes une personne
répugnante ou un criminel en puissance. Cela signifie simplement
que vous avez décidé de regarder les choses honnêtement, et que
vous assumez la manière dont l’esprit animal humain fonctionne
dans cette dimension. Il ne sert à rien de devenir mélodramatique,
autocritique ou tragique sur ce sujet. L’inconscient est grossier et
incivique. Tandis que votre intellect est allé en prépa, votre
inconscient est resté dans la jungle, où il se balance encore dans les
arbres ! Examiner notre part d’ombre n’est pas le moment de devenir
prude ou pudibond. Ce n’est pas non plus le moment de tout prendre
au pied de la lettre, car les symboles de l’inconscient ne sont que
cela : des symboles. Et ils sont de nature primitive. Si nous les
utilisons consciemment, ils peuvent nous faire évoluer, au lieu de
nous inhiber.
Il faut beaucoup d’énergie pour maintenir l’ombre occultée et pour
réprimer notre myriade de peurs. Le résultat est un épuisement
énergétique. Sur le plan émotionnel, cela se traduit par une inhibition
de la capacité d’aimer.
Dans le monde de la conscience, les semblables s’attirent, de
sorte que la peur attire la peur ; tout comme son corollaire est vrai :
l’amour attire l’amour. Plus nous avons peur, plus nous attirons dans
notre vie des situations effrayantes. Chaque peur nécessite une
énergie supplémentaire pour créer un dispositif de protection jusqu’à
ce que, finalement, toute notre énergie soit absorbée par nos
imposantes mesures défensives. La volonté d’identifier une peur et
de travailler avec elle jusqu’à ce que nous en soyons libérés nous
apporte des récompenses immédiates.
Chacun de nous porte en lui un « réservoir », avec un certain
volume de peurs réprimées et refoulées. Cette quantité de peur se
répercute sur tous les domaines de notre vie, colore toutes nos
expériences, diminue notre joie de vivre, et se reflète dans la
musculature de notre visage, affectant notre apparence physique,
notre force physique et la santé de tous les organes du corps. Une
peur tenace et chronique supprime progressivement le système
immunitaire de l’organisme. Avec des tests kinésiologiques, nous
pouvons démontrer instantanément qu’une pensée effrayante
provoque une réduction majeure de la puissance musculaire, et
perturbe le flux d’énergie le long des méridiens énergétiques du
corps vers les organes vitaux. Bien que nous sachions que cela nuit
gravement à nos relations, à notre santé et à notre bonheur, nous
nous accrochons toujours à la peur. Mais pourquoi ?
Nous entretenons inconsciemment l’illusion que la peur nous
maintient en vie, parce qu’elle est associée à un ensemble de
mécanismes de survie. Nous croyons que, si nous abandonnons la
peur – en d’autres termes, notre principal mécanisme de défense –,
nous deviendrons en quelque sorte vulnérables. En réalité, c’est tout
le contraire. La peur est ce qui nous rend aveugles aux véritables
dangers de la vie. En fait, la peur, elle-même, est le plus grand
danger auquel le corps humain est confronté. Ce sont la peur et la
culpabilité qui provoquent la maladie et l’échec dans tous les
domaines de notre vie.
Nous pourrions prendre les mêmes mesures de protection par amour
plutôt que par peur. Ne pourrions-nous pas prendre soin de notre
corps parce que nous l’apprécions et que nous le valorisons, plutôt
que par peur de la maladie et de la mort ? Ne pourrions-nous pas
rendre service aux autres dans notre vie par amour, plutôt que par
peur de les perdre ? Ne pourrions-nous pas être polis et courtois
envers les autres parce que nous nous soucions de nos semblables,
plutôt que parce que nous craignons de perdre la bonne opinion
qu’ils ont de nous ? Ne pourrions-nous pas faire du bon travail parce
que nous nous soucions de la qualité de nos performances et de nos
collègues ? Ne pourrions-nous pas bien faire notre travail parce que
nous nous soucions des bénéficiaires de nos services, plutôt que par
la simple peur de perdre notre emploi, ou afin de nourrir notre propre
ambition ? Ne pourrions-nous pas accomplir davantage par la
coopération, plutôt que par une concurrence redoutable ? Ne
pourrions-nous pas conduire prudemment parce que nous avons
une haute estime de nous-mêmes et que nous prenons soin de
notre bien-être et de ceux qui nous aiment, plutôt que parce que
nous craignons d’avoir un accident ? Sur le plan spirituel, n’est-il pas
plus approprié de prendre soin de nos semblables par compassion
et par identification, plutôt que d’essayer de les aimer par peur d’un
châtiment divin si nous ne le faisons pas ?
La culpabilité
Une forme particulière de peur est ce que nous appelons la
« culpabilité ». La culpabilité est toujours associée à un sentiment de
faute et de punition potentielle – qu’elle soit réelle ou imaginaire. Si
la punition ne se manifeste pas dans le monde extérieur, elle
s’exprime sous forme d’autopunition au niveau émotionnel. La
culpabilité accompagne toutes les émotions négatives ; c’est
pourquoi, là où il y a de la peur, il y a de la culpabilité. Si vous avez
une pensée coupable, et si vous demandez à quelqu’un de tester
votre résistance musculaire, vous verrez que le muscle s’affaiblit
instantanément. Votre hémisphère cérébral s’est désynchronisé, et
tous vos méridiens énergétiques sont déséquilibrés. Ainsi, la nature
déclare que la culpabilité est destructrice.
Si la culpabilité est tellement destructrice, pourquoi en fait-on
tellement d’éloges ? Pourquoi de prétendus experts considèrent-ils
la culpabilité comme bénéfique ? Par exemple, un psychiatre a écrit,
dans un magazine, un article faisant l’éloge de la culpabilité,
déclarant : « La culpabilité est bonne pour vous ». Il a ensuite
qualifié cette déclaration de « culpabilité appropriée ». Regardons ce
qu’est vraiment la culpabilité, et voyons si nous sommes du même
avis ou non.
Lorsque vous traversez la rue, vous regardez des deux côtés pour
voir si une voiture arrive. D’où vient ce comportement ? Quand vous
étiez enfant, on vous disait que c’était « mal » de traverser la rue.
Nous voyons ainsi que la culpabilité est, en réalité, un substitut de la
perception de la réalité par un esprit encore immature, comme celui
d’un enfant. C’est un comportement appris qui est prétendument
pragmatique : il est destiné à empêcher de nouvelles erreurs ou la
répétition d’une erreur. Quatre-vingt-dix-neuf pour cent de la
culpabilité n’ont absolument rien à voir avec la réalité. En fait, les
individus les plus pieux, doux et inoffensifs sont souvent rongés par
la culpabilité. La culpabilité est vraiment une autocondamnation et
une auto-invalidation de notre valeur en tant qu’être humain.
La culpabilité est aussi omniprésente que la peur ; et nous nous
sentons coupables, quoi que nous fassions. Une partie de notre
esprit nous dit que nous devrions vraiment faire autre chose. Ou
que, quoi que nous fassions en ce moment, nous devrions faire
« mieux ». Nous « devrions » obtenir un meilleur score au golf. Nous
« devrions » lire un livre au lieu de regarder la télévision. Nous
« devrions » mieux faire l’amour. Cuisiner mieux. Courir plus vite.
Devenir plus grands. Être plus forts. Être plus intelligents. Être plus
cultivés. La culpabilité du moment se situe entre la peur de vivre et
la peur de mourir. Nous cherchons à lui échapper en demeurant
inconscients grâce à la répression, au refoulement, à la projection
sur les autres et à la fuite.
Cependant, le fait de rester inconscient de la culpabilité
(refoulement) que l’on ressent ne la fait pas disparaître. Car elle
réapparaît alors sous forme d’autopunition et par le biais d’accidents,
de malheurs, de perte d’emploi et de relations, de maladies
physiques, de fatigue, d’épuisement et des multiples manières que
l’esprit ingénieux trouve pour provoquer la perte de plaisir, de joie et
de vitalité.
La culpabilité représente la mort, tout comme l’amour représente la
vie. La culpabilité fait partie du petit soi, et est à la source de notre
volonté de croire des choses négatives sur nous-mêmes. Le
bonheur et la joie de la journée sont instantanément détruits par une
seule remarque négative d’un membre de la famille, d’un ami ou
d’un voisin. Il est peu probable que la maladie physique existe sans
culpabilité ; et la culpabilité est un déni de notre innocence intérieure
pourtant intrinsèque.
Pourquoi croyons-nous tant de sottises ? N’est-ce pas à cause de
notre innocence même ? N’est-ce pas parce que, en grandissant,
nous avons cru que ce que les autres affirmaient était la vérité ? Et,
aujourd’hui, croyons-nous toujours que ce que les autres affirment
est la vérité ? N’est-il pas vrai que nous avons cru dix mille
mensonges et que nous sommes prêts à en croire dix mille autres à
cause de la naïveté de notre innocence intérieure ? Cette innocence
intérieure n’est-elle pas la raison même de notre vulnérabilité ? En
effet, lorsque nous regardons au plus profond de nous, n’est-ce pas
justement en raison de notre innocence que nous nous croyons
coupables ?
C’est à cause de notre propre innocence intérieure que nous avons
cru à toute la négativité du monde, et que nous lui avons permis de
tuer notre joie de vivre, de détruire la conscience de qui nous
sommes vraiment, et de nous vendre la petitesse pathétique dans
laquelle nous nous sommes installés. Notre innocence n’est-elle pas
celle du nouveau-né incapable de se défendre qui, sans capacité de
discernement, ne peut que se laisser programmer, à l’instar d’un
ordinateur ?
Comprendre cela signifie devenir conscient. Nous entendons parler
de programmes d’éveil de la conscience et de séminaires de week-
ends dont le but est d’élargir notre conscience. Qu’est-ce que cela
signifie ? Obtenir de nouvelles formules sophistiquées ? Se faire
programmer avec la conception de la vérité mystique de quelqu’un
d’autre ?
La plupart des programmes de conscientisation se résument à ce
point essentiel : prendre conscience de ce à quoi nous adhérons, de
ce que nous acceptons au quotidien. Regardons ce avec quoi nous
avons déjà été programmés, et commençons à le remettre en
question, à le dissocier et à le laisser partir. Réveillons-nous et
libérons-nous de l’exploitation et de l’asservissement à la
programmation négative du monde. Nous la verrons pour ce qu’elle
est ; c’est-à-dire une tentative des autres de nous contrôler, de nous
exploiter, de nous soutirer notre argent, nos services, notre énergie,
notre loyauté, et de contrôler notre esprit. Les mécanismes par
lesquels cela se produit ont été si magnifiquement illustrés dans le
film Tron, dans lequel la fonction même du « Maître Contrôle » était
d’asservir par une programmation progressive.
Lorsque nous comprendrons la vérité sur la manière dont cette
programmation se produit, nous nous rendrons compte que nous
sommes des ordinateurs purs et vierges. Nous sommes l’espace
innocent dans lequel cette programmation se produit. Quand nous
comprenons tout cela, nous ressentons de la colère. Mais la colère
vaut mieux que la résignation, l’apathie, la dépression et le chagrin !
Elle signifie que nous prenons notre esprit en charge au lieu de le
confier à la télévision, au journal, aux magazines, aux voisins, aux
conversations dans le métro, aux remarques fortuites de la
serveuse, à la rentrée et à la sortie des ordures. Ce qui est entré
dans nos banques de mémoire était constitué d’immondices, et,
quand nous constatons cela, nous avons bien moins peur. Nous
apprécions de commencer à laisser les sentiments émerger, de les
voir tels qu’ils sont, de nettoyer toutes les immondices, et de tout
laisser partir.
À partir du moment où nous avons scruté au plus profond de nous-
mêmes, et trouvé cette innocence intérieure innée, nous cessons de
nous haïr. Nous cessons de nous condamner, et nous cessons
d’accepter la condamnation des autres et leurs tentatives subtiles de
minimiser notre valeur en tant qu’êtres humains. Il est temps que
nous reprenions notre propre pouvoir et que nous cessions de le
donner à tous les escrocs qui agitent nos peurs et qui soutirent de
l’argent de notre portefeuille, ou qui nous asservissent pour vivre de
notre énergie. Il nous est facile de nous éloigner de toutes ces
peurs, parce que nous avons désormais le pouvoir de choisir.
Nous craignons que ce voyage intérieur de découverte ne nous
mène à une vérité terrible et épouvantable. C’est l’une des barrières
que le monde a érigées dans le cadre de sa programmation de nos
esprits, afin de nous empêcher de découvrir la vérité réelle. Car il y a
une chose que le monde ne veut pas que nous découvrions : la
vérité sur nous-mêmes. Pourquoi ? Parce qu’alors nous
deviendrions libres. Nous ne pourrions plus être contrôlés,
manipulés, exploités, vidés, asservis, emprisonnés, vilipendés ou
privés de pouvoir. C’est la raison pour laquelle le voyage intérieur de
découverte est nimbé d’une aura de mystère et d’appréhension.
Quelle est la vérité réelle à propos de ce voyage ? La vérité réelle
est que, à mesure que nous allons à l’intérieur et que nous éliminons
une illusion après l’autre, un mensonge après l’autre, un programme
négatif après l’autre, tout cela fait place à une légèreté croissante.
La conscience de la présence de l’amour devient de plus en plus
forte. Nous nous sentons de plus en plus légers. La vie devient
progressivement plus facile.
Depuis la nuit des temps, tous les grands maîtres ont conseillé de
scruter à l’intérieur de soi et de trouver la vérité, car la vérité de ce
que nous sommes vraiment nous rendra libres. Si ce qui se trouve
en nous était quelque chose dont nous devrions nous sentir
coupables, quelque chose de corrompu, de mauvais et de négatif,
alors les grands maîtres du monde ne nous conseilleraient pas de
nous y pencher. Au contraire, ils nous diraient de l’éviter à tout prix.
Nous découvrirons que toutes les choses que le monde appelle « le
mal » sont situées juste à la surface, juste au-dessus, comme une
couche superficielle, externe et fine. Et sous ces erreurs se cache la
méprise. Nous ne sommes pas mauvais, nous sommes seulement
ignorants.
Au fur et à mesure que nous nous libérons de cette quantité de
peur coupable et de l’énergie qui l’accompagne, nous constatons
que les maladies et les symptômes physiques commencent à
disparaître. La capacité de s’aimer soi-même, sous la forme d’une
meilleure estime de soi, revient, et, avec elle, la capacité d’aimer les
autres. Être libéré de la culpabilité suscite un renouvellement de
l’énergie vitale. On peut observer cela de manière spectaculaire
chez de nombreuses personnes qui se sont converties grâce à
l’expérience religieuse. La libération soudaine de la culpabilité, grâce
au mécanisme du pardon, est la source de milliers de guérisons de
maladies graves et à un stade avancé. Il importe peu que nous
soyons d’accord ou non avec leurs concepts religieux. Ce qu’il est
important de remarquer, c’est que l’atténuation de la culpabilité
s’accompagne d’un regain d’énergie vitale, de bien-être et de santé
physique.
Lorsqu’il s’agit de nous guérir et d’améliorer notre propre santé
émotionnelle, il est « payant d’être paranoïaques ». Nous devenons
conscients de tous les semeurs de culpabilité qui jalonnent notre vie
et de leurs influences délétères.
Demandons-nous si nous ne pourrions pas avoir la même
motivation ou le même comportement par amour, plutôt que par peur
et par culpabilité ? La culpabilité est-elle la seule raison pour laquelle
nous ne poignardons pas notre voisin ? Pourquoi ne pourrions-nous
pas choisir de ne pas poignarder notre voisin parce que nous
l’aimons et que nous nous soucions de lui en tant qu’être humain
intrinsèquement innocent, qui lutte pour grandir, mais qui peut
commettre des erreurs chemin faisant, tout comme nous l’avons fait
nous-mêmes ? Ne serait-il pas plus efficace de suivre les
enseignements religieux, quels qu’ils soient, par amour et par
considération, plutôt que par culpabilité ou par peur ? Nous pouvons
nous demander : pourquoi, en réalité, avons-nous besoin de
culpabilité ? Quel avantage en retirons-nous ? Sommes-nous
pitoyablement stupides au point que nous n’agissons que par
culpabilité ? Sommes-nous inconscients à ce point ? La
considération pour les sentiments d’autrui ne pourrait-elle pas
remplacer la culpabilité comme motivation d’un comportement
humain approprié ?
Lorsque nous nous penchons sur ces questions et sur leurs
origines sociales, force est de constater que le Moyen Âge est loin
d’être terminé. L’Inquisition a simplement inventé des formes de
cruauté nouvelles et plus subtiles. Nous avons involontairement
adhéré à un système de négativité qui dirige actuellement la planète.
Incriminer et culpabiliser autrui est vraiment une forme de cruauté,
n’est-ce pas ? Nous avons permis aux autres de nous programmer
avec des méthodes d’autotorture ; et nous pouvons constater que
nous avons riposté en invitant les autres à se torturer en retour.
Nous nous sommes laissé manipuler par la culpabilité, et nous
retournons la situation en utilisant ce même mécanisme de
culpabilisation pour tenter d’exploiter et de contrôler les autres.
Le degré auquel nous ne nous sommes pas permis d’expérimenter
la réalité de notre vrai Soi est reflété par notre ressentiment envers
ceux qui, quant à eux, l’ont fait. Nous leur en voulons pour leur
dynamisme dans les domaines où nous nous sentons déficients.
Cette vérité qui donne à réfléchir est bien illustrée par l’histoire d’un
homme qui marche le long de la plage et qui tombe sur un pêcheur
avec un seau débordant de crabes. Il dit au pêcheur : « Vous feriez
mieux de poser un couvercle sur ce seau, pour ne pas que les
crabes s’échappent. » « Eh bien non, répond avec sagesse le vieux
pêcheur. C’est parfaitement inutile. Regardez : dès qu’un crabe
grimpe sur la paroi du seau pour tenter d’en sortir, les autres crabes
se lèvent, l’attrapent et le tirent vers le bas. Il n’y a donc pas besoin
de poser un couvercle. »
Si nous continuons à lâcher prise, à devenir plus légers et plus
libres, nous verrons malheureusement que la nature du monde est
comparable à ce seau de crabes. Et, alors, toute l’étendue de sa
négativité deviendra apparente. Lorsque nous deviendrons
totalement conscients de la supercherie qui nous a été vendue, il est
très probable que nous ressentions de la colère et un puissant désir
de nous libérer des contraintes de la négativité.

3. Gerald G. JAMPOLSKY, Aimer, c’est laisser ses peurs derrière soi, Leduc, 2018.
CHAPITRE 7

LE DÉSIR

C
ette émotion peut aller d’une légère envie à un désir
obsédant et impérieux de quelque chose ou de quelqu’un.
Elle s’exprime également par l’avidité, l’obsession, la faim,
l’envie, la jalousie, l’attachement, l’accumulation, l’impitoyabilité, les
idées fixes, la frénésie, l’exagération, l’ambition démesurée,
l’égoïsme, la luxure, la possessivité, le contrôle, la glorification,
l’insatiabilité et la cupidité. « Jamais satisfait. » « Jamais assez. »
« Doit tout avoir. » La qualité sous-jacente de cette émotion est son
dynamisme. Quand nous sommes sous le joug du désir, nous ne
sommes plus libres. Nous sommes contrôlés par lui, dirigés par lui,
asservis ; et il nous mène par le bout du nez.
Ici encore, le point essentiel de la liberté est de savoir si nous
avons consciemment choisi de satisfaire un certain désir ou si nous
sommes simplement aveuglément contrôlés par des programmes et
des systèmes de croyances inconscients.

Le désir comme obstacle


Il y a souvent un manque de compréhension de la fonction de l’envie
et du désir. L’illusion principale est visible dans la déclaration
suivante : « La seule manière d’obtenir ce que je veux est de le
désirer ; si j’abandonne mon désir, je n’obtiendrai pas ce que je
veux. » En réalité, c’est le contraire qui est vrai. Le désir, en
particulier le désir fort (par exemple, l’envie), nous empêche souvent
d’obtenir ce que nous voulons.
Pourquoi en est-il ainsi ? En fait, si quelque chose entre dans notre
vie, c’est que nous l’avons choisi. C’est le résultat de notre intention,
ou d’une décision que nous avons prise. Elle entre dans notre vie
malgré notre désir. Le désir était, en réalité, l’obstacle à sa réalisation
ou à son acquisition. Parce que le mot désir signifie littéralement « je
n’ai pas ». En d’autres termes, si nous disons que nous désirons
quelque chose, nous disons que cette chose ne nous appartient pas.
Lorsque nous disons qu’elle n’est pas à nous, nous mettons une
distance psychique entre nous et ce que nous voulons. Cette
distance devient l’obstacle qui consomme de l’énergie.
L’impossible devient possible, dès que nous lâchons totalement
prise. Car le fait de vouloir bloque la réception et se traduit par la
peur de ne pas recevoir. L’énergie du désir est, par essence, un
refus de reconnaître que ce que nous voulons est à notre portée.
C’est une manière différente de voir la réalisation des objectifs de
celle à laquelle nous sommes habitués de par la programmation de
notre monde. Nous avons l’habitude d’imaginer l’ambition et le
succès comme étant associés à un travail acharné et aux vertus
traditionnelles de « l’éthique protestante ». Ces dernières
comprennent notamment l’abnégation, l’ascétisme, le déploiement
d’efforts considérables, de sacrifices, le fait de se serrer la ceinture,
de courber l’échine et tout le côté pénible du dur labeur. Quand on
regarde ce tableau, tout cela semble éreintant, n’est-ce pas ? Eh
bien ça l’est. Cela implique une lutte ; et la lutte résulte du blocage
que nous avons placé sur notre propre chemin à cause du désir.
Comparons la manière laborieuse d’atteindre nos objectifs dans un
état de conscience inférieur avec un état de conscience supérieur
dans lequel nous avons identifié et abandonné le désir, et où nous
sommes plus libres. Dans un état de plus grande liberté, ce que
nous choisissons se manifeste dans notre vie sans effort. Nous
abandonnons l’émotion du désir et, à sa place, nous choisissons tout
simplement le but ; nous l’imaginons avec amour et nous lui
permettons de se réaliser, parce que nous voyons qu’il nous
appartient déjà.
Pourquoi est-il déjà nôtre ? Dans un état de conscience inférieur,
l’univers est perçu comme négatif et négateur, frustrant et réticent. Il
est comme un mauvais parent avare. Dans un état de conscience
supérieur, notre expérience de l’univers change. Elle ressemble
alors à un parent généreux, aimant, qui donne son approbation
inconditionnelle et qui veut que nous ayons tout ce que nous
voulons, et que nous puissions le demander. Cela crée un contexte
différent. Cela revient à donner un sens différent à l’univers.
Bien que le monde puisse être avare et hostile aux autres, il n’y a
aucune raison d’adhérer à ce paradigme. Lorsque nous y adhérons,
nous le rendons possible dans notre propre vie. Au fur et à mesure
que nous expérimentons le lâcher-prise des désirs, nous
commençons à voir que ce que nous avons choisi entrera dans
notre vie quasiment par magie. « Ce que nous avons à l’esprit tend à
se manifester. » Comme nous l’avons déjà dit, pendant les périodes
où le chômage est réputé élevé, certaines personnes sont non
seulement employées, mais elles cumulent même deux ou trois
emplois.
Quand j’ai découvert cela pour la première fois, j’ai ouvert les yeux
sur une manière étonnamment nouvelle de voir le monde. D’un côté,
j’avais l’espoir que ce serait vrai ; mais, d’un autre côté, il y avait
aussi un scepticisme qui me faisait dire : « Ce n’est tout simplement
pas possible d’un point de vue pragmatique. » Un contexte strict
« d’éthique protestante » rendait tout cela difficile à croire ;
néanmoins, j’avais la volonté d’être suffisamment ouvert d’esprit
pour essayer. Ce fut mon expérience initiale du lâcher-prise du désir.
J’ai mis par écrit mes objectifs personnels, puis j’ai lâché prise sur
le désir de les atteindre. Cela peut sembler paradoxal, mais c’est le
processus : identifier les objectifs, puis renoncer à vouloir les
atteindre. Un objectif que j’avais en tête depuis plusieurs années
était de disposer d’un appartement à New York, car mes
engagements professionnels nécessitaient beaucoup de
déplacements et d’argent dépensé en chambres d’hôtel. Un petit
appartement en ville, un pied-à-terre, serait la meilleure solution d’un
point de vue économique. J’ai mis par écrit l’objectif : « Appartement
à New York City ». Quand on utilise cette méthode pour atteindre
des objectifs, il faut inclure tous les détails, même si, pour l’esprit
rationnel, ils peuvent sembler impossibles à réaliser. Ainsi, j’ai décrit
l’appartement idéal de manière détaillée : à un prix raisonnable, sur
la Cinquième Avenue dans la zone des numéros 70, juste à côté
d’une entrée de Central Park, au moins au huitième ou au neuvième
étage et situé à l’arrière, afin que le bruit de la rue soit atténué, et
pas plus grand qu’environ deux pièces et demie.
Le lendemain, au travail, j’ai été très occupé, comme d’habitude,
avec une importante charge de travail, des réunions et des visites de
patients. Entre les réunions et les patients, j’ai identifié et abandonné
le sentiment de désir pour cet appartement. Et, au fur et à mesure
que la journée avançait, je le laissais dans les oubliettes. À 16 h 30,
après mon dernier patient, j’ai soudain eu envie de conduire en ville.
Malgré l’heure de pointe, la route était dégagée, et le trajet n’a pris
qu’une demi-heure. Ma voiture a roulé jusqu’à l’angle entre la 73e et
Lexington, et s’est arrêtée à l’agence immobilière la plus proche.
Comme par magie, une place de stationnement s’est libérée juste
devant l’agence. L’agent immobilier, en m’entendant annoncer sur un
ton désinvolte que je recherchais un appartement sur la Cinquième
Avenue, m’a adressé un regard surpris et m’a dit : « Alors vous, vous
avez assurément de la chance ! Il y a exactement une heure, nous
avons entré dans notre portefeuille le seul appartement à louer sur
toute la Cinquième Avenue, à l’angle de la 76e rue, au neuvième
étage. C’est un appartement situé à l’arrière, de deux pièces et
demie, et le loyer est raisonnable (loyer contrôlé à 500 $ par mois). Il
vient d’être repeint, et vous pouvez y emménager quand vous
voulez. » Nous nous sommes donc rendus sur place pour visiter
l’appartement. Il correspondait exactement à la description de mon
objectif. J’ai signé le bail sur-le-champ ! Ainsi, dans les vingt-quatre
heures qui ont suivi mon essai de la technique du lâcher-prise sur un
objectif personnel spécifique, cet objectif est devenu réalité. C’était
quelque chose de presque impossible à trouver, et pourtant, cela
s’est passé exactement comme prévu, sans effort et sans émotions
négatives. Ce fut une expérience facile et agréable.
Il ne s’agit pas d’une expérience inhabituelle, mais d’une
expérience typique, car, dans ce cas, mon désir était modéré, et j’ai
pu l’abandonner totalement sans trop d’effort. L’abandonner
totalement signifie que, si l’appartement se présentait, ce serait une
bonne chose, mais que tout serait également parfait dans le cas
contraire. Grâce à l’abandon total, l’impossible est devenu possible,
se manifestant sans effort et rapidement.
Nous pouvons tous douter de ce mécanisme et nous souvenir de
choses que nous voulions qui se sont réalisées grâce à l’ambition,
au désir, à l’envie et même au désir obsessionnel et frénétique. Le
mental dit : « Eh bien, et si j’avais abandonné le désir de ces
choses ? S’il n’y avait pas eu ce désir, comment les aurais-je
obtenues ? » La vérité est que nous aurions pu les obtenir de toute
manière, mais sans anxiété (peur de ne pas les obtenir), sans toute
cette dépense d’énergie, sans tous ces efforts, sans tous ces essais
et erreurs, et sans tout ce travail acharné.
« Mais alors, dit le mental, si nous l’obtenons sans effort, qu’en est-
il de la fierté de la réussite ? Ne devrions-nous pas la sacrifier ? » Eh
bien oui, nous devrions renoncer à la vanité de tous ces sacrifices et
de tout ce travail acharné que nous avons accompli. Nous devrions
abandonner la nostalgie de l’abnégation et de toutes les douleurs et
souffrances que nous aurions endurées pour atteindre nos objectifs.
C’est une perversion particulière de notre société, n’est-ce pas ? Si
nous réussissons soudain, presque sans effort, les gens sont
envieux. Cela les agace terriblement que nous n’ayons pas eu à
endurer toutes sortes d’angoisses, de douleurs et de souffrances
pour y arriver. Leur esprit croit qu’une telle angoisse est le prix à
payer pour réussir.
Jetons un œil sur cette croyance. Si ce n’était pas de la
programmation négative qui nous a fait croire le contraire, pourquoi
devrions-nous payer un prix de douleur et de souffrance pour
réaliser quoi que ce soit dans notre vie ? N’est-ce pas là une vision
plutôt sadique du monde et de l’univers ?
D’autres obstacles à la réalisation de nos envies et de nos désirs
sont, bien sûr, la culpabilité et la petitesse inconscientes.
Curieusement, l’inconscient ne nous permet d’avoir que ce que nous
croyons mériter. Plus nous nous accrochons à notre négativité et à
la petite image de nous-mêmes qui en résulte, moins nous croyons
mériter ; de sorte que nous nous refusons inconsciemment
l’abondance qui se déverse si facilement sur les autres. C’est ce qui
explique le dicton : « Les pauvres s’appauvrissent, et les riches
s’enrichissent. » Si nous avons une vision étriquée de nous-mêmes,
alors ce que nous méritons, c’est la pauvreté, et notre inconscient
veillera à ce que nous obtenions cette réalité. Si nous renonçons à
notre petitesse et que nous revalorisons notre propre innocence
intérieure, si nous cessons de résister à notre générosité, à notre
ouverture, à notre confiance, à notre amour et à notre foi,
l’inconscient commencera automatiquement à organiser les
circonstances de notre vie pour que l’abondance commence à y
affluer.

Avoir – faire – être


Lorsque nous nous libérons d’états de conscience inférieurs, tels
que l’apathie et la peur, nous entrons dans le domaine du désir. Ce
qui était autrefois un « Je ne peux pas » et une impossibilité entre
maintenant dans le champ du possible. La progression générale des
niveaux de conscience – du plus bas vers le plus haut – consiste à
passer de l’avoir à l’être, en passant par le faire. Dans les niveaux
inférieurs de conscience, ce qui compte est ce que nous avons.
C’est ce que nous avons que nous voulons. C’est ce que nous avons
que nous apprécions. C’est ce que nous avons qui nous renvoie
l’image de notre valeur et de notre position dans le monde.
Une fois que nous nous sommes prouvé que nous pouvons
« avoir », que nos besoins fondamentaux peuvent être satisfaits, que
nous avons le pouvoir de subvenir à nos propres besoins et à ceux
des personnes qui dépendent de nous, notre esprit commence à
s’intéresser davantage à ce que nous faisons. Ensuite, nous
passons à un contexte social différent, dans lequel ce que nous
faisons dans le monde est la base de notre valeur et de la manière
dont les autres nous évaluent. Au fur et à mesure que nous
progressons dans l’amour, notre action est de moins en moins
préoccupée par notre service à nous-mêmes, et elle s’oriente de
plus en plus vers le service aux autres. Au fur et à mesure que notre
conscience se développe, nous voyons que le service orienté vers
les autres avec amour aboutit automatiquement à la satisfaction de
nos propres besoins. (Cela ne veut pas dire « sacrifice ». Le service
n’est pas un sacrifice.) Finalement, nous sommes convaincus que
nos propres besoins sont automatiquement satisfaits par l’univers, et
nos actions deviennent presque automatiquement aimantes.
À ce moment-là, ce qui compte n’est plus ce que nous faisons
dans le monde, mais ce que nous sommes. Nous nous sommes
prouvé que nous pouvions avoir ce dont nous avions besoin, que
nous pouvions faire quasiment tout ce que nous voulions, si nous le
désirions. Et, maintenant, ce qui devient le plus important est ce que
nous sommes – en nous-mêmes et pour les autres. Désormais, les
gens recherchent notre compagnie, non pas pour ce que nous avons,
ni pour ce que nous faisons ni pour les étiquettes de la société, mais
pour ce que nous sommes devenus. Grâce à la qualité de notre
présence, les gens veulent juste être près de nous et nous côtoyer.
Notre description sociale change. Nous ne sommes plus la personne
qui possède un appartement à la mode, une grosse voiture ou une
collection de bric-à-brac, nous ne sommes plus non plus étiquetés
comme le président de la société Untel ou un membre du conseil
d’administration d’une organisation. Maintenant, nous sommes
décrits comme une personne magnifique, comme quelqu’un que les
gens doivent absolument rencontrer et connaître. Nous sommes
décrits comme une personne charismatique.
Ce niveau de l’être est typique des groupes d’entraide. Dans ces
groupes, personne ne s’intéresse à ce que les autres font dans le
monde ou à ce qu’ils possèdent. Les participants ne s’intéressent
qu’à savoir si nous avons atteint ou non certains objectifs intérieurs,
tels que l’honnêteté, l’ouverture, le partage, l’amour, la volonté
d’aider autrui, l’humilité, l’authenticité et la conscience. Ils
s’intéressent à la qualité de notre « êtreté ».

Le glamour
Le glamour est un sujet qu’il est très utile de comprendre. Car, une
fois qu’on l’a compris, il facilite grandement le lâcher-prise des
désirs. Le livre d’Alice Bailey intitulé Le Mirage, problème mondial4,
publié en 1992, présente l’ensemble de ce sujet de manière experte.
Si nous observons une chose que nous désirons, nous pouvons
commencer à faire la distinction entre cette chose elle-même et
l’aura, la patine, l’éclat et l’effet d’attraction magnétique d’une
caractéristique que l’on peut décrire comme étant le « glamour ».
C’est cette disparité entre ce qu’est intrinsèquement une chose et le
glamour que nous lui avons attribué qui conduit à la désillusion. Il
nous est si souvent arrivé d’avoir poursuivi un objectif et d’être déçus
une fois que nous l’avons atteint. C’est parce que la chose elle-
même ne coïncidait pas avec l’image que nous en avions. Le
glamour signifie que nous y avons attaché des sentiments ou que
nous l’avons magnifiée. Nous avons projeté sur une chose une
qualité magique qui, d’une manière ou d’une autre, nous porte à
croire qu’une fois que nous l’aurons acquise, nous atteindrons,
comme par enchantement, un état supérieur de bonheur et de
satisfaction.
C’est souvent le cas des objectifs professionnels. Un homme
travaille, année après année, avec l’objectif de devenir président de
l’entreprise ou de devenir une personnalité importante et éminente
dans un certain domaine. Lorsqu’il y parvient, il s’attend à
expérimenter toute la satisfaction et tout le glamour associés à ce
niveau de réussite : les courbettes des employés, les voitures
flamboyantes, le bureau prestigieux, les marques, les titres et les
adresses exclusives. Mais ce qu’il découvre, c’est que toutes ces
choses sont superficielles. Elles sont une compensation largement
insuffisante pour la terrible dépense d’énergie et le labeur quotidien
que ce poste exige en réalité. Alors qu’il s’imaginait recevoir de
l’admiration, ce qu’il trouve souvent au plus haut niveau, c’est de la
méchanceté, de la compétition, de la jalousie et les sempiternelles
flatteries et manipulations malhonnêtes dont sont victimes les
personnes ayant du pouvoir, y compris les attaques paranoïaques
de ses concurrents. Il constate que son énergie est tellement
absorbée par tout cela qu’il ne lui en reste plus pour sa vie
personnelle ; ses relations s’en trouvent altérées. Son épouse se
plaint qu’il est trop épuisé pour faire l’amour, trop épuisé pour lui
donner l’énergie dont elle a besoin, trop épuisé pour être un bon
père, et même trop épuisé pour profiter de l’une de ses activités
récréatives favorites.
Il en va de même pour les femmes dans les domaines de réussite
traditionnellement féminins. Par exemple, une femme pense que, si
elle achète une robe d’un certain créateur pour une fête, ce
vêtement lui permettra d’attirer l’attention, l’admiration et l’adulation,
et qu’elle lui permettra de refléter un certain statut social. Au prix de
nombreux sacrifices, elle consacre beaucoup d’argent et d’efforts à
ce projet, faisant des allers-retours pour les essayages. Mais que se
passe-t-il ? Au dîner tant attendu, sa robe fait l’objet de quelques
commentaires…, et c’est tout ! On ne danse pas plus avec elle que
d’habitude. Elle n’est pas plus importante qu’elle ne l’était avant
cette fête. Elle n’est pas l’objet de plus d’attention qu’auparavant.
Elle est la cible des regards hostiles et envieux d’autres femmes qui
comprennent ce qu’elle a probablement dépensé pour cette robe. Au
cours de la soirée, la dispute habituelle éclate avec son compagnon,
et ils rentrent à la maison en voiture, en s’adressant à peine la
parole – exactement comme par le passé.
Au fur et à mesure que les femmes progressent dans les arènes
des entreprises et de la politique, elles sont confrontées à la
déception qui accompagne les postes de direction tant convoités et
glorifiés dans le public. Ce qui était censé accroître leur prestige et
leur estime de soi suscite des critiques, de la jalousie et de l’hostilité
– même de la part d’autres femmes. L’expérience d’atteindre leur
objectif ne correspond souvent pas à ce qu’elles en attendaient. La
personnalité publique et la tenue vestimentaire d’une femme font
l’objet de jugements continuels. Et elle peut éprouver un sentiment
lancinant d’inquiétude pour avoir laissé tomber sa famille en
recherchant son épanouissement professionnel. « Gagner » n’est
parfois pas aussi libérateur que le glamour voudrait nous le faire
croire.
Les objectifs émotionnels sont également exaltés par la
sentimentalité et l’émotivité. Une certaine excitation est projetée sur
l’événement émotionnel (par exemple une réunion, un premier
rendez-vous, ou le fait d’être élu président de sa classe). On le croit
plus important qu’il ne l’est réellement dans le cours général des
événements. Une fois l’événement passé, la vie continue comme
avant ; ce qui entraîne une déception.
La glorification est, bien sûr, tout à fait évidente dans la publicité.
Nous l’y voyons sui generis. Le cow-boy est la glorification de la
masculinité ; et la danseuse de ballet est celle de la féminité. Les
clients sont attirés par la personnalité, et non pas par la marque ;
ainsi, le cow-boy représente le mâle glamour robuste, cool, chic et
maître de lui-même. Le consommateur fait une projection sur le
produit, et attendra donc de lui qu’il lui confère les traits de
personnalité recherchés.
La glamourisation signifie vivre dans un monde de fantaisie. Par
conséquent, lorsque nous procédons à l’abandon d’un désir, il nous
faut décortiquer ce qui est exagération, fantaisie et romantisme. Une
fois que nous aurons renoncé au glamour, il nous sera relativement
facile de renoncer au désir lui-même. Si, par exemple, vous
abandonnez le romantisme du cow-boy, la cigarette ou le
cheeseburger qu’il tenait dans sa main dans la publicité perdront leur
attrait. En fait, à notre grande surprise, nous constaterons, encore et
encore, que le désir était attaché au fantasme du glamour ; rien n’y
était réel. Et, comme rien n’y était réel, le monde nous vend
constamment de la malhonnêteté, répondant à notre désir de cet
aspect romantique et glamour. Il promet de nous rendre plus
importants que nous ne le sommes réellement. À un tel niveau de
malhonnêteté, le glamour est tout simplement une imposture.
Le mental proteste : « Dois-je renoncer à toute cette excitation du
glamour ? Dois-je abandonner mes clichés de gratification
émotionnelle et d’enthousiasme ? » Bien évidemment, la réponse
est « non ». Nous n’avons absolument pas à les abandonner. Et
nous pouvons atteindre nos objectifs sans effort et facilement, une
fois que nous sommes conscients de ce que nous choisissons. Nous
pouvons les atteindre directement. Nous pouvons être séduisants,
mais nous n’obtiendrons pas ce que nous désirons d’une manière
factice, par exemple en conduisant un certain type de voiture. Nous
l’obtiendrons en renonçant à notre petitesse et en assumant notre
grandeur pour la refléter dans le monde. Nous pouvons facilement
devenir cette personne passionnante que les gens ont hâte de
connaître. Il suffit de choisir d’être cette personne et d’abandonner le
blocage du désir d’être ainsi. Nous pouvons avoir ce que nous
voulons directement, sans faire un détour par une promesse
frauduleuse qui nous conduira à la frustration et à la déception.
La manière de devenir cette personne passionnante dont tout le
monde veut faire la connaissance est très simple. Il suffit d’imaginer
le genre de personne que nous voulons être, et d’abandonner tous
les sentiments négatifs et les blocages qui nous empêchent de le
devenir. Ce qu’il se passe alors, c’est que tout ce que nous avons
besoin d’avoir et de faire se mettra automatiquement en place. Cela
s’explique par le fait que, contrairement à avoir et à faire, le niveau
de l’être dispose de davantage de puissance et d’énergie. Lorsqu’on
lui accorde la priorité, il intègre et organise automatiquement les
activités de la personne. Ce mécanisme est mis en évidence dans
l’expérience commune suivante : « Ce que nous avons à l’esprit tend
à se manifester. »

Le pouvoir
de la décision intérieure
Il ne s’agit pas de postures philosophiques, mais de processus
pratiques qui peuvent être vérifiés par l’expérience. Il est facile
d’expérimenter ces concepts et de regarder les résultats se produire
automatiquement. En raison de la tendance de notre mental à
attribuer le mérite à autre chose qu’au pouvoir de notre propre
conscience, il est utile de tenir un journal et d’y écrire les objectifs
que nous aimerions vraiment atteindre, puis de les cocher et
d’ajouter des notes de suivi. Pourquoi ? Parce qu’il faudra un certain
temps avant que nous puissions croire que c’est vraiment notre
propre pouvoir qui a réalisé ces objectifs.
Voici un exemple intéressant de négation du pouvoir intérieur : un
homme qui cherchait désespérément un emploi, et qui était assez
pressé d’y parvenir, a reçu des instructions sur la manière
d’appliquer la technique du lâcher-prise à sa situation
professionnelle. Comme il était très religieux, on lui a conseillé
d’oublier de trouver un emploi, de s’en remettre à Dieu et
d’abandonner son désir en la matière, tout en restant ouvert à ce qui
pourrait arriver. Une semaine plus tard, il a raconté : « Eh bien, le
lendemain du jour où j’ai renoncé à vouloir un emploi, rien ne s’est
passé. Ensuite, j’ai reçu un appel longue distance de mon beau-frère
qui m’a recruté pour travailler dans son cabinet. Sans mon beau-
frère, je n’aurais jamais trouvé de travail. Heureusement que je n’ai
pas attendu Dieu ! »
C’est un bel exemple de la réaction que le mental a souvent. C’est,
bien sûr, sa propre reddition qui a suscité l’appel de son beau-frère.
Il désirait si désespérément un travail que son désir bloquait la
réalisation de son objectif. Lorsqu’il a cessé de vouloir un emploi, ce
dernier est apparu dans les vingt-quatre heures. Mais la propension
du mental est de renier son propre pouvoir et de le projeter ailleurs
dans le monde. C’est pourquoi les gens se croient impuissants. Ils
ont le pouvoir, mais ils l’ont simplement projeté sur des forces
extérieures. Nous sommes tous des êtres puissants devenus
inconscients de notre propre pouvoir ; nous l’avons nié et projeté sur
les autres par culpabilité et par sentiment de petitesse.
La plupart des événements de notre vie sont le résultat d’une
décision que nous avons prise à un moment dans le passé,
consciemment ou inconsciemment. C’est la raison pour laquelle il
est très facile de voir les décisions que nous avons prises dans le
passé en examinant notre vie et en remontant dans le temps.
Ce principe a été démontré par une femme venue nous consulter
pour une psychothérapie. Elle avait besoin d’un traitement parce
que, selon ses propres mots : « Mes relations ne fonctionnent
jamais. » Elle avait enchaîné des histoires d’amour insatisfaisantes,
et s’était toujours sentie utilisée et abusée. Elle débordait de
ressentiment et d’apitoiement sur elle-même, et souffrait d’une
dépression. Bien sûr, elle avait énoncé le problème dès sa première
phrase : « Mes relations ne fonctionnent jamais. »
Nous ne sommes pas en mesure de voir l’évidence flagrante, pour
la simple raison que nous renions le pouvoir de notre propre esprit. Il
est vraiment surprenant que nous soyons devenus inconscients à ce
point. Voici une femme qui a la réponse sous ses yeux, mais qui ne
comprend pas que c’est la réponse. Elle ne voit vraiment pas le
pouvoir de son propre système de croyances. Notre mental est
tellement puissant que, si nous gardons à l’esprit une seule pensée
telle que « Mes relations ne fonctionnent jamais », il est fort probable
que cela se produise dans notre vie. Notre génie inconscient, qui ne
peut que recevoir des ordres et non pas prendre des décisions,
veille à ce que nos relations ne fonctionnent pas.
Bien sûr, elle a retiré beaucoup de bénéfices de son histoire
relationnelle décevante. Elle a fait l’expérience de l’apitoiement sur
soi, du ressentiment, de la jalousie, de l’envie et de toutes ces
gratifications dont le petit moi se nourrit inlassablement. Si nous
nous penchons sur cette petite partie de nous-mêmes, nous
comprenons que c’est le genre de choses dans lesquelles il adore
se vautrer. Le petit moi se glorifie de la misère de la vie, de la
malchance, de la médiocrité de nos expériences et de la
méchanceté des gens envers nous. Mais nous payons un prix élevé
lorsque nous écoutons cet ensemble de programmes.
Évidemment, le corollaire est tout aussi vrai. Si notre esprit, par sa
décision, a le pouvoir de provoquer des choses négatives dans notre
vie, alors il a un pouvoir égal dans le sens opposé, positif. Nous
pouvons refaire tous nos choix. Et, cette fois, nous pouvons opter
pour ce qui est positif. Nous pouvons annuler les anciens
programmes ; et nous pouvons le faire en commençant à renoncer à
la gratification que nous retirions jusque-là des bénéfices négatifs.
À présent que nous avons quelque peu examiné le sujet, nous
pouvons dégager le terme qui décrit le mieux cet ensemble
d’émotions : l’« égoïsme ». La simple utilisation de ce mot met
instantanément en place une résistance due à la culpabilité. Nous
nous sentons tous coupables à cause de l’égoïsme. Cela nous met
dans une position impossible, car, pour accomplir ce que le monde
nous a enseigné, il nous faut nous livrer à la chose même pour
laquelle il nous condamne ensuite : l’égoïsme. Pour examiner ce
sujet, décidons tout d’abord que nous n’allons pas nous en vouloir, ni
nous complaire dans la culpabilité. C’est ce qu’est vraiment la
culpabilité, n’est-ce pas ? De la complaisance.
Ensuite, considérons le mot égoïsme comme décrivant simplement
les motivations collectives et les modes de fonctionnement du petit
soi qui est un aspect génétique du mental qui a été programmé, en
raison de notre propre naïveté, mais que nous sommes maintenant
résolus à déprogrammer, à l’instar de la commande « Désinstaller »
sur un ordinateur.
La motivation qui nous conduit à abandonner l’égoïsme n’est pas
la culpabilité. Ce n’est pas parce que c’est un « péché ». Ce n’est
pas non plus parce que c’est « mal ». Toutes ces motivations
proviennent d’une conscience inférieure et d’un jugement de soi. Au
contraire, la raison pour laquelle il nous faut abandonner l’égoïsme
est tout simplement qu’il est inopérant. En effet, il ne fonctionne pas.
Il est trop coûteux. Il consomme trop d’énergie. Il retarde
l’accomplissement de nos objectifs et la réalisation de nos désirs. De
par sa nature même, le petit soi est le créateur de la culpabilité, et
celui qui la perpétue ; en d’autres termes, c’est par culpabilité que
nous nous efforçons d’accomplir et de réussir. Ensuite, lorsque nous
y parvenons, nous nous sentons coupables d’avoir réussi. Il n’y a
pas de victoire possible au jeu de la culpabilité. La seule solution est
d’y renoncer, de l’abandonner.
Notre mental voudrait nous faire croire que la culpabilité est
louable ; et les fauteurs de culpabilité du monde se plaisent à en
faire une idole. Qu’est-ce qui est le plus important : se sentir
coupable ou évoluer dans le bon sens ? Si quelqu’un nous doit de
l’argent, préférerions-nous qu’il se sente coupable ou qu’il nous
rembourse ? Si nous avons l’intention de nous sentir coupables,
nous devrions au moins faire ce choix consciemment au lieu d’être
involontairement dirigés par ce sentiment.
Quand nous passons de l’égoïsme avec un « é » minuscule à
l’Égoïsme avec un « É » majuscule, nous passons de notre petit soi
à notre grand Soi. Nous passons de la faiblesse à la puissance, de
la haine de soi et de la mesquinerie à l’amour et à l’harmonie. Nous
passons de la lutte à la facilité, et de la frustration à
l’accomplissement.
En résumé, au lieu d’utiliser la motivation de l’égoïsme et du désir,
nous pouvons beaucoup plus facilement faire se produire dans notre
vie ce que nous souhaitons en l’imaginant. Nous y parvenons par la
déclaration de notre intention, par l’acceptation, par la prise de
décision correspondante et par un choix conscient.

4. Alice A. BAILEY, Le Mirage, problème mondial, Lucis Trust, 1992.


CHAPITRE 8

LA COLÈRE

L
a colère peut aller depuis un léger ressentiment jusqu’à la
rage. Elle comprend la vengeance, l’exaspération,
l’indignation, la fureur, la jalousie, la vindicte, la rancune, la
haine, le mépris, le courroux, la dispute, l’hostilité, le sarcasme,
l’impatience, la frustration, la négativité, l’agressivité, la violence, la
répulsion, la méchanceté, la rébellion, le comportement explosif,
l’agitation, l’abus, la brutalité, l’humeur maussade, la moue et
l’entêtement. Ces variations de la colère sont bien illustrées par les
informations quotidiennes présentées à la télévision.
La colère peut aussi surgir à propos de la technique de reddition.
Colère parce qu’on attend d’une personne qu’elle abandonne des
sentiments qu’elle valorisait dans le passé. Colère face à la peur de
la perte. Colère contre les sentiments en général. Colère face à un
sentiment qui ne lâche pas prise immédiatement.
Il y a beaucoup d’énergie dans la colère ; par conséquent, nous
pouvons réellement nous sentir énergisés lorsque nous sommes
irrités ou en colère. L’une des astuces que les gens apprennent est
de passer rapidement de l’apathie et du chagrin à la colère, puis de
la colère à l’orgueil, puis au courage. Dans la colère, il y a de
l’énergie qui permet d’agir. Cela se traduit par des actes dans le
monde. Lorsque les « défavorisés » du monde sont stimulés par le
désir et se mettent en colère contre ce qui leur manque, cette colère
les pousse à prendre les mesures nécessaires pour réaliser leurs
rêves d’une vie meilleure.
Il est possible d’évaluer rapidement la proportion de colère
réprimée dans une population en observant le degré de diffusion de
violence dans les médias. Car c’est ainsi que les téléspectateurs font
virtuellement l’expérience de l’expression de leur colère, sous la
forme de passages à tabac, de coups de feu, de coups de couteau,
de lynchages et de meurtres perpétrés par divers « méchants ».
Généralement, nous ressentons tellement de culpabilité à propos
de la colère que nous trouvons nécessaire de rendre l’objet de notre
colère « mauvais », afin que nous puissions déclarer que notre
colère est « justifiée ». Rares sont les personnes capables
d’assumer la responsabilité de leur propre colère, et de dire tout
simplement : « Je suis en colère parce que je suis plein de colère. »

De l’usage positif de la colère


Il est courant que les gens répriment leur colère, leur agressivité et
leur hostilité intérieure, car ils les considèrent comme désagréables,
indignes, et même comme un échec moral ou un revers spirituel. Ils
ne réalisent pas que, bien que la colère soit refoulée, il demeure
néanmoins l’énergie de la colère ; et que, si elle n’est pas reconnue
et gérée, elle aura des conséquences délétères sur leur santé et sur
leur évolution générale. L’intention derrière la colère est négative ;
et, même si elle n’est pas exprimée, elle aura des conséquences
similaires.
Une approche constructive consiste à considérer l’énergie de la
colère de manière positive, et à l’employer pour dynamiser nos
ambitions et nos actions de manière utile. Par exemple, admettons
que nous soyons en colère contre notre patron. Nous éprouvons du
ressentiment. Il semble ne jamais reconnaître nos capacités ou nos
efforts. Mais nous savons qu’il n’est pas prudent d’exprimer notre
colère et notre ressentiment. Cela entraînerait probablement la perte
de notre emploi ou, du moins, cela susciterait un ressentiment
constant de la part de notre patron. Au mieux, l’expression de notre
colère se traduirait par une situation désagréable. Au lieu de cela,
nous pouvons décider d’utiliser cette énergie de manière
constructive pour nous-mêmes. Elle peut nous inspirer pour créer un
projet qui, en raison de son excellence, validera notre point de vue.
Elle pourrait être l’énergie qui nous permettra de sortir d’une
situation insatisfaisante. Nous pouvons utiliser cette énergie pour
créer de nouvelles opportunités d’emploi ou pour trouver un meilleur
emploi, pour former un comité, améliorer notre situation
professionnelle, créer un syndicat ou tout ce que nous trouvons
bénéfique pour nos objectifs personnels.
Nous avons la même opportunité quand il s’agit de nos relations
personnelles. Nous pouvons utiliser la colère pour nous inciter à
améliorer nos compétences en communication, à suivre un cours sur
les relations interpersonnelles, ou à nous inscrire à un programme
de développement personnel. La colère peut nous inspirer à
renouveler un engagement, à déployer des efforts plus intenses et à
faire un meilleur travail. Ainsi, la situation peut déboucher sur un
nouveau compromis. Elle peut nous inciter à faire un travail de
réflexion sur nous-mêmes et à abandonner tous les sentiments
négatifs par l’acceptation. Au lieu d’être en colère, nous pouvons
accepter la situation.

Le sacrifice de soi
Il existe de nombreuses sources de colère. Nous avons déjà
mentionné que, très souvent, un ensemble de sentiments de colère
est lié à la peur, et que la colère disparaît lorsque nous lâchons la
peur. Une autre source de colère est celle de l’orgueil, et surtout cet
aspect de l’orgueil appelé « vanité ». Souvent, c’est notre orgueil
personnel qui alimente et amplifie la colère.
Une source d’orgueil est liée au sacrifice de soi. Si nos relations
avec les autres sont associées à notre petit soi sous forme de
sacrifice, nous nous exposons au risque d’une colère ultérieure, car
l’autre personne n’est généralement pas consciente de notre
« sacrifice », et donc peu susceptible de répondre à nos attentes.
Prenons comme exemple de cette situation une journée dans la vie
d’un couple marié traditionnel et typique. La femme passe toute la
journée à travailler dur pour nettoyer la maison, s’occuper
méticuleusement des plantes, disposer des fleurs, réorganiser
certains meubles et faire tout son possible pour que la maison soit
belle. Lorsque son mari rentre, il ne dit pas un mot au sujet de la
maison et ne semble pas même s’en apercevoir. Au lieu de cela, il
est épuisé par sa journée de travail et raconte ses diverses épreuves
et tribulations. Dans son esprit, il pense à tous les sacrifices
auxquels il consent : les clients furieux, le trajet pénible dans les
bouchons de banlieue, le patron irritable et la pression des délais. Il
pense à tout ce qu’il a fait pour sa femme et sa famille. Tandis qu’il
songe à toutes ces difficultés, elle éprouve un ressentiment croissant
du fait qu’il n’a pas reconnu ses efforts, et elle repense à tous les
sacrifices auxquels elle a consenti ce jour-là. Elle aurait pu sortir
déjeuner avec des amies. Elle aurait pu finir de lire ce livre qu’elle
apprécie tant. Elle aurait pu regarder son émission préférée à la
télévision. Au lieu de cela, elle a fait tout cela pour lui ; et voilà qu’il
ne fait aucun commentaire sur les résultats de ses efforts. Tandis
que tous deux nourrissent leurs rancunes, leurs ressentiments et
leurs frustrations, leur colère intérieure monte ; elle s’exprime sous
forme de froideur et d’indifférence, tandis qu’ils se réfugient dans les
programmes de télévision pour la soirée, et vont se coucher en
silence pour ruminer leurs griefs. C’est une scène domestique
américaine tellement typique qu’il est presque banal de la raconter
ici. Pourtant, sa banalité parle de sa valeur instructive pour nous ;
nous pouvons l’examiner et tenter de décortiquer ce déclin d’une
relation.
Ce que nous voulons, désirons et exigeons d’une autre personne
est ressenti par celle-ci comme une pression. Elle y résistera donc
inconsciemment. Dans l’exemple ci-dessus, les deux personnes
recherchent une reconnaissance. Elles la veulent, la désirent, mais
la bloquent chez l’autre. Chacun des deux se sent sous pression et,
par conséquent, il résiste. Cette résistance vient du fait que nous
ressentons toujours la pression comme un déni de notre choix,
comme un chantage émotionnel. La formule inconsciente est la
suivante : « Donne-moi ce que je veux ou je te punirai par le
désengagement, la colère, la moue, la bouderie et le ressentiment. »
Nous détestons tous nous sentir soumis à un chantage affectif. Nous
connaissons tous la résistance que nous ressentons lorsque nous
prenons conscience que quelqu’un cherche à obtenir un
compliment ; et cette même résistance se poursuit aussi bien
inconsciemment que consciemment.
Lorsque nous sommes motivés par le sacrifice de soi, nous faisons
pression sur l’autre personne. Et même si nous forçons sa
reconnaissance, ce sera une reconnaissance contrariée. Un
compliment forcé ne donne pas satisfaction. Une partie de la colère
provient, dans ce cas, de l’orgueil du sacrifice de soi. Nous
ressentons une vanité secrète à propos de ce que nous faisons pour
les autres, et l’orgueil de notre réussite nous rend susceptibles de
nous mettre en colère lorsque notre « sacrifice » n’est pas reconnu
par autrui.
La manière de compenser cette colère est de reconnaître et
d’abandonner notre orgueil, de renoncer à notre désir du plaisir de
l’apitoiement sur soi et, au lieu de cela, de considérer nos efforts en
faveur des autres comme des cadeaux. Nous pouvons éprouver la
joie d’être généreux avec les autres comme une récompense en soi.

La reconnaissance
L’un des grands secrets des relations humaines est la
reconnaissance. Le comportement des autres envers nous recèle
toujours un cadeau caché. Même si ce comportement nous semble
négatif, il contient quelque chose pour nous. Très souvent, ce
quelque chose apparaît sous la forme d’un signal qui nous invite à
devenir plus conscients. Admettons, par exemple, que quelqu’un
nous traite d’« idiot ». Notre réaction naturelle est la colère. Nous
pouvons utiliser consciemment l’énergie de cette colère : « De quoi
cette personne me demande-t-elle de prendre davantage
conscience ? » Si nous nous posons cette question, nous pouvons
nous apercevoir du fait que nous étions égocentriques, indifférents,
que nous avions négligé de lui témoigner de la reconnaissance et
que nous n’étions pas conscients de ce qu’il se passait dans cette
relation.
Si nous appliquons constamment cette méthode, nous finirons par
prendre conscience du fait que, dans notre vie, toutes les personnes
agissent comme un miroir. Elles nous renvoient réellement ce que
nous n’avons pas réussi à reconnaître en nous-mêmes. Elles nous
obligent à examiner ce qui doit être réglé. Quel est l’aspect de notre
petit soi qu’il nous faut abandonner ? Cela signifie que nous devons
constamment nous libérer de notre orgueil pour nous défaire de la
colère, afin que nous puissions être reconnaissants pour les
opportunités de croissance qui nous sont continuellement
présentées au cours de notre vie quotidienne.
Pour ce faire, il nous faut résister à la tentation de donner « tort »
tant à nous-mêmes qu’aux autres. Si nous analysons l’aspect « petit
soi » de nous-mêmes, nous voyons que donner « tort » à nous-
mêmes et aux autres est l’une de ses activités préférées (par
exemple, dans la politique et dans les médias). C’est parce que le
petit soi ignore les moyens les plus efficaces d’atteindre nos
objectifs. Il ne discerne pas l’alternative qui consiste à choisir de
modifier une situation par libre choix.
L’une des manières de nous forcer à nous extraire de situations
insatisfaisantes est de nous dépeindre comme « mauvais » ou de
dépeindre la situation comme « mauvaise ». Par exemple, au lieu de
simplement choisir de trouver un meilleur emploi, notre petit soi
rendra le travail, le patron et les collègues « mauvais ». À cause de
cette mauvaise image, la situation devient intolérable, et nous nous
sentons contraints de la modifier. Il aurait été beaucoup plus facile
d’avoir simplement choisi de passer à une meilleure situation.
Cependant, en raison de notre sens du devoir, la culpabilité
provoque très souvent le blocage de la voie la plus simple. En
d’autres termes, à cause de ce qui nous a été bénéfique dans une
situation, nous nous sentons coupables de la quitter. Ainsi,
l’inconscient a ingénieusement créé tout le mécanisme du mal pour
nous forcer à quitter des situations sans issue. Cela se produit
souvent dans les relations interpersonnelles où nous sentons que
nous devons considérer l’autre personne comme « mauvaise » afin
de justifier notre choix de la quitter. Recourir à ce mécanisme est
tout simplement un déni de notre propre liberté de choisir.
Une autre source de colère provient des gestes non reconnus
d’amour que nous avons exprimés aux autres. Dans ce contexte,
l’amour signifie les formes simples et quotidiennes d’amour qui se
manifestent dans chaque relation humaine sous la forme de
prévenance, de considération, de marques de politesse,
d’encouragement et de soutien. Un dialogue intérieur à propos de
notre ressentiment face au manque d’appréciation de l’autre
personne pour nos sentiments à son égard peut se poursuivre
durant des années. S’il en est ainsi pour nous, il doit en être de
même pour les autres. Il y a donc, dans notre vie, des personnes qui
se promènent avec un flux mental incessant de pensées à notre
sujet, liées à notre manque d’appréciation de leurs sentiments à
notre égard.
Nous pouvons compenser et éviter toute cette spirale de colère en
prenant conscience de l’énorme valeur que représente la simple
reconnaissance des gestes des autres envers nous. Cela signifie
éprouver de la reconnaissance pour tous les messages qu’ils nous
adressent. Par exemple, si des amis nous passent un coup de fil,
nous les remercions de nous avoir appelés. Cela leur permettra de
se sentir appréciés et en sécurité avec nous. C’est une
reconnaissance de leur importance dans notre vie, et toute personne
dont nous reconnaissons la valeur s’en sentira heureuse.
Par ce simple mécanisme de la reconnaissance, nous pouvons
transformer, en quelques jours, l’ensemble de nos relations de
manière assez spectaculaire. Cette reconnaissance ne doit pas
nécessairement se produire dans le monde extérieur, car elle peut
avoir lieu en nous-mêmes. En examinant nos relations, nous
pouvons nous demander : « Qu’est-ce que j’ai omis de reconnaître
chez les personnes avec lesquelles j’ai des contacts quotidiens ? »
Une expérience très constructive consiste à choisir quelqu’un dans
notre entourage que nous trouvons critique à notre égard, et de
commencer à regarder en nous-mêmes pour voir comment nous
n’avons pas su lui témoigner de la considération. Nous
abandonnons tous nos sentiments négatifs à son sujet, et nous
commençons à lui accorder du crédit en affirmant sa valeur à nos
yeux. Sa valeur peut être simplement qu’il stimule notre croissance
et notre développement émotionnels. Le conjoint acariâtre, ou le
voisin renfrogné, tente de dire quelque chose. Presque toujours,
dans ce genre de situation, ces personnes ne se sentent pas
reconnues pour la contribution qu’elles apportent à notre vie. Une
fois que nous avons reconnu leur valeur pour nous, les griefs
cessent.

Les attentes
Lorsque nous cessons de faire pression sur les autres avec nos
attentes, nous leur offrons la possibilité de nous répondre
spontanément de manière positive. Nous pouvons, dans une
démarche prophylactique, compenser les ressentiments en
transposant ce que nous avons fait pour les autres – du niveau du
sacrifice à celui du don d’amour. Nous pouvons alors nous remercier
nous-mêmes pour cette démarche, et abandonner nos attentes ; ce
qui dissoudra les résistances chez les autres.
Une expérience fort simple illustre ce changement. Un jour, un
homme avait rapporté deux chemises neuves du Mexique. Leur
design était totalement différent du genre de vêtements qu’il avait
l’habitude de porter. Le premier jour où il a décidé de porter l’une de
ces chemises, il s’est aperçu qu’il avait une attente intérieure et qu’il
ressentait une sorte de fierté subtile à l’idée de faire quelque chose
de nouveau et de différent. Cependant, au lieu de renoncer à cette
fierté, il a décidé de la vivre, c’est-à-dire qu’il a délibérément omis
d’utiliser la technique du lâcher-prise pour renoncer à cette fierté et
qu’il s’est contenté de l’éprouver. Il voulait voir ce qu’il se passerait et
comment les gens réagiraient. Ce jour-là, il a fièrement porté sa
nouvelle chemise ; et, bien sûr, personne n’a fait le moindre
commentaire, bien qu’elle fût totalement différente de ses tenues
habituelles. Elle se démarquait réellement des autres, mais pas un
seul mot n’a été prononcé à son sujet. De retour chez lui, il n’a pu
s’empêcher de rire de la véracité de l’expression employée par
l’entrepreneur Robert Ringer pour décrire ce genre de situation, à
savoir la « théorie garçon/fille ». (Un garçon désire une fille, par
conséquent, cette dernière se désintéresse de lui. Mais dès que le
garçon ne s’intéresse plus à la fille, cette dernière se met à le
désirer.)
Le lendemain matin, il a décidé de porter l’autre chemise neuve,
mais, cette fois, il a abandonné toute sa vanité et son envie d’être
remarqué. Il a renoncé à cette petite fierté de faire quelque chose de
nouveau et de différent, et il a reconnu l’amour de tous ses amis, et
le rôle important qu’ils jouent dans le bonheur de son existence. Au
moment où il a accompli le processus de lâcher-prise, il s’est
totalement abandonné au port de la chemise. Il savait qu’il avait
totalement lâché prise, parce que cela ne lui importait plus s’ils
allaient remarquer sa nouvelle chemise, et ce ne serait pas grave
s’ils ne le faisaient pas. Ce jour-là est soudain devenu le jour de la
nouvelle chemise ! Presque toutes les personnes qu’il a rencontrées
ont commenté sa nouvelle chemise, lui ont demandé où il l’avait
achetée, et il a passé la journée à attirer beaucoup d’attention. Cette
expérience illustre avec humour que nous obtenons ce que nous voulons
quand nous arrêtons d’insister !
Les attentes envers les autres sont une forme de chantage
émotionnel. Nous pouvons sentir notre résistance lorsque d’autres
exigent de nous certains « produits » émotionnels. Nous pouvons
éviter d’être soumis à un chantage émotionnel en examinant la
manière dont nous agissons avec les autres, puis nous pouvons
renoncer à vouloir manipuler leurs réponses émotionnelles à notre
égard.
Une autre manière de prévenir la colère est de prendre, en son for
intérieur, la décision de ne plus accepter d’être invalidé par les
autres ou par notre petit soi. Cette décision peut prendre la forme
d’une résolution : « Je n’accepterai plus d’invalidation de ma part ni
d’autrui. » Lorsque cette décision est associée à l’habitude de
reconnaître tout ce qui est positif en nous et chez les autres, les
relations changent rapidement, car leurs sources potentielles de
colère ont été supprimées.

Les ressentiments chroniques


La colère et les ressentiments chroniques et non identifiés
réapparaissent dans notre existence sous forme de dépression,
c’est-à-dire de colère dirigée contre nous-mêmes. Si ces sentiments
sont poussés plus loin dans l’inconscient, ils peuvent réapparaître
sous forme de maladies psychosomatiques. Les migraines, l’arthrite
et l’hypertension sont des exemples fréquemment cités de colères
chroniques réprimées. Ces symptômes sont très souvent apaisés
lorsque les personnes concernées apprennent à lâcher leur colère
intérieure. Par exemple, dans une étude, les mesures de la tension
artérielle des participants ont été réalisées avant et après que les
participants eurent reçu des instructions sur la manière de se libérer
des émotions négatives. Toutes les personnes souffrant
d’hypertension ont expérimenté une baisse de leur pression
artérielle, à la fois systolique et diastolique (les valeurs numériques
supérieures et inférieures) lorsqu’elles ont commencé à se défaire
de la pression émotionnelle qu’elles avaient accumulée au fil des
années. Le projet Forgiveness (« pardon ») de l’université de
Stanford confirme les bienfaits cardiaques de l’abandon de la colère
et du ressentiment. Dans ce programme, les parents d’enfants tués
lors des violences entre catholiques et protestants en Irlande ont
appris à se défaire de leur amertume envers « l’ennemi » ; les
mesures de leur santé cardiaque et de leur endurance physique ont
fait apparaître une amélioration significative (Luskin, 2003). Le
pardon avait littéralement guéri leur cœur. Comme nous l’avons déjà
dit, avec les tests musculaires, nous pouvons prouver
instantanément que la colère et le ressentiment ont un effet délétère
sur le corps, les émotions, le flux d’énergie et la synchronisation des
hémisphères cérébraux. La colère tue la personne en colère, et non
pas l’« ennemi ».
Le mental aimerait nous faire croire qu’il existe une « colère
justifiée » qui prend la forme d’une indignation moralisatrice. Si nous
examinons l’indignation moralisatrice, nous constatons qu’elle est
sous-tendue par la vanité et l’orgueil. Nous nous plaisons à penser à
quel point nous avons raison dans une situation donnée, et à quel
point les autres ont « tort ». Nous en tirons une petite satisfaction
passagère et bon marché, mais nos tests musculaires montrent ce
qu’il en coûte à notre économie émotionnelle et physique dans son
ensemble. Le prix que nous payons pour la colère et le ressentiment
chroniques est la maladie et la mort prématurée. Cela vaut-il la petite
satisfaction d’avoir raison ?
Le prix que nous sommes prêts à payer dans ce genre de
circonstances est quelquefois surprenant. Admettons que nous
ayons prêté de l’argent à une personne qui ne nous a jamais
remboursés. Nous en gardons un ressentiment chronique et, lorsque
nous rencontrons cette personne en société, nous lui adressons la
parole le moins possible. Si nous sommes honnêtes avec nous-
mêmes, nous constatons probablement que nous tirons satisfaction
du fait que nous avons raison et que l’autre a tort. En fait, nous y
prenons tellement de plaisir qu’une partie de nous ne veut vraiment
pas que cette personne nous rembourse sa dette, car, dans ce cas,
nous ne pourrions plus goûter au plaisir secret de lui attribuer tous
les torts. Cela a précisément été le cas dans une affaire impliquant
plusieurs centaines de dollars. Le prêteur a, en toute honnêteté, pris
intérieurement la décision d’être honnête à propos de toutes les
petites satisfactions que lui apportait le fait d’avoir raison et de
pouvoir accabler l’autre personne, puis de lâcher prise sur chacune
de ces récompenses de l’ego. De toute évidence, ces gratifications
de l’ego empêchaient l’autre personne de rembourser ce prêt. Grâce
à un lâcher-prise continu, il a totalement abandonné l’ensemble de
l’affaire et opéré un changement pour considérer ce prêt comme un
cadeau. Certes, cette autre personne avait vraiment besoin de cet
argent. Pourquoi ne pas simplement le considérer comme un
cadeau et abandonner l’attente d’un remboursement ? Désormais,
au lieu du ressentiment, c’était la gratitude qui prédominait, parce
que le prêteur avait eu l’opportunité d’aider un autre être humain
dans un moment de réel besoin. Dans les 48 heures, un chèque de
la totalité du montant est arrivé par la poste, avec une note
d’excuses pour le retard du remboursement !
Cette expérience et bien d’autres de ce type démontrent à quel
point nous sommes tous connectés sur le plan psychique. La
posture intérieure que nous avons vis-à-vis d’une autre personne la
contraint à adopter la position défensive correspondante. Il ne s’agit
donc pas pour le prêteur de pardonner et d’oublier, mais de
reconnaître raisonnablement certaines réalités émotionnelles. Les
interactions entre les êtres humains sont déterminées par les
configurations des énergies vibratoires que leurs émotions émettent
dans l’espace. L’énergie de la vibration et la forme-pensée à laquelle
elle est associée génèrent un enregistrement lisible.
Bien que cette expérience courante et quotidienne ne soit pas
nouvelle pour la plupart des femmes qui, dans notre société, sont
généralement plus intuitives, elle choque et surprend un grand
pourcentage d’hommes. Dans notre société, les hommes ont
typiquement une prédominance du cerveau gauche et sont plus
portés sur la raison et la logique que sur l’intuition, qui est
considérée comme une fonction du cerveau droit.
Lorsque nous continuons à abandonner la négativité et à procéder
à une guérison émotionnelle intérieure, nous constatons un meilleur
équilibre entre les fonctions cérébrales gauche et droite. La faculté
intuitive est également présente chez les hommes, et ils sont
souvent agréablement surpris lorsqu’ils commencent à percevoir son
émergence. Il est gratifiant et surprenant de pouvoir « lire »
instantanément une situation totalement déroutante pour la raison et
la logique. La situation idéale est de former une hypothèse de travail
avec l’intuition, puis d’utiliser la raison et la logique pour la vérifier.
Cela permet, bien sûr, de compenser la colère qui résulte d’une
mauvaise compréhension et d’un mauvais calcul, et cela améliore la
maîtrise des émotions.
Un autre élément qui dissipe la colère est tout simplement notre
disposition à y renoncer. La disposition est la conséquence de notre
décision de trouver une meilleure voie, de cesser de compter sur la
colère et de passer au courage et à l’acceptation. Cette disposition
est le point de départ du processus d’abandon de la colère. Les
étudiants en arts martiaux le savent bien : la colère est un signe de
faiblesse et de vulnérabilité, elle est considérée comme une arme
que nous remettons à notre adversaire. Les tests musculaires
permettent de comprendre pourquoi il en est ainsi. La personne qui
est en colère a déjà perdu la moitié de sa puissance musculaire, de
sorte qu’elle a perdu cette fraction de seconde tellement décisive
pour la victoire dans le combat au corps à corps.
Il est si courant, dans notre société, de considérer la propension à
la colère comme un attribut masculin « macho ». Nous entendons
des gens se gonfler d’orgueil tandis qu’ils racontent comment ils ont
« cassé ce type ». Nous devrions nous demander : « Mais qui a
besoin d’ennemis ? N’y a-t-il pas suffisamment d’influences
négatives dans notre vie sans qu’il faille en rajouter ? » Surtout si
l’on songe au fait que toutes les émotions génèrent une énergie
vibratoire dans l’univers, à quoi bon s’entourer de formes-pensées
négatives à propos de ceux qu’on considère comme des ennemis ?
Pourquoi faire tout notre possible pour maintenir ces inimitiés en
accumulant des ressentiments et de la négativité en nous-mêmes ?
Il est probable que, lorsque nous passerons en revue nos
expériences personnelles, nous verrons que les efforts nécessaires
pour convertir en amis des personnes que nous considérions
autrefois comme des ennemis nous ont ultérieurement apporté
gratifications et récompenses. Dans la plupart des cas, ils se sont
avérés bénéfiques pour notre vie. On ne sait jamais de qui nous
pourrons avoir besoin comme ami dans un chapitre ultérieur du livre
de notre vie.
Il nous faut prendre conscience du fait que nous sommes
involontairement devenus des « collectionneurs d’injustices ». Les
médias regorgent de cette forme de ressentiment chronique. Nous
voyons « l’injustice s’accumuler » dans les relations internationales,
où faire en sorte que l’autre nation « ait tort » est en réalité un
objectif primordial. Nous avons inconsciemment été programmés
pour croire qu’il est « normal » de « collectionner des injustices ». À
l’opposé de ce schéma habituel, destructeur et affaiblissant, la
technique du lâcher-prise nous libère de la tenue d’un compte précis
des « torts » qui nous sont faits. Notre temps et notre attention sont
libérés, de sorte que nous sommes capables de voir la beauté et les
opportunités qui nous entourent.
La colère est contraignante, et non libératrice. Elle nous relie à une
autre personne et la retient dans notre schéma de vie. Nous restons
coincés dans ce schéma négatif jusqu’à ce que nous abandonnions
l’énergie de la colère et ses petites récompenses d’indignation
vertueuse, de sentiment d’avoir été lésé, et de désir de vengeance.
Ce n’est peut-être pas exactement la même personne qui revient
constamment dans notre vie. Mais, si ce n’est pas elle, d’autres se
manifesteront qui présenteront cette même caractéristique qui
déclenche notre colère et notre ressentiment. Cela continuera à se
produire jusqu’à ce que nous parvenions enfin à maîtriser notre
colère intérieure. Puis, tout à coup, les personnes possédant cette
caractéristique disparaîtront de notre vie. Par conséquent, la colère
peut forcer une personne à s’éloigner physiquement de nous, mais,
psychiquement, elle la connecte plus étroitement à nous jusqu’à ce
que nous renoncions complètement à la colère et au ressentiment.
Nous libérer de la colère nous confère de nombreux avantages.
Nous sommes libres de faire l’expérience du confort et de la légèreté
émotionnels, de la gratitude pour les opportunités quotidiennes de
grandir et de guérir, de l’entraide sans « conditions subliminales »,
de l’amélioration de la santé et de plus d’énergie vitale. Ces progrès
nous permettent de passer sans effort à un état de liberté intérieure
plus grand.
CHAPITRE 9

L’ORGUEIL

B
eaucoup de gens considèrent l’orgueil comme une « bonne
chose ». Cependant, en y regardant bien, nous constatons
que, tout comme tous les autres sentiments négatifs dont
nous avons parlé jusqu’à présent, l’orgueil est dépourvu d’amour.
Par conséquent, il est essentiellement destructeur. L’orgueil peut
prendre la forme d’une surestimation, d’un déni, d’une tendance à
jouer au martyr, d’une opinion tranchée, d’une attitude arrogante,
vantarde, prétentieuse, hautaine, moralisatrice, vaniteuse,
égocentrique, complaisante, distante, suffisante, snob, pleine de
préjugés, sectaire, bigote, méprisante, égoïste, impitoyable,
capricieuse, rigide, condescendante, critique et, sous des formes
plus douces, cataloguante.
L’orgueil intellectuel mène à l’ignorance ; et l’orgueil spirituel est le
principal obstacle au développement spirituel et à l’évolution de
chacun. L’orgueil religieux – qui consiste à s’identifier aux justes et à
« connaître l’unique vrai chemin » – est le fondement de toutes les
guerres de religion, des rivalités et des épisodes sinistres tels que
l’Inquisition. La plus grande déchéance de toutes est l’orgueil
religieux et le fait de se considérer comme autorisé à tuer ceux qui
ne partagent pas ses croyances spécifiques.
Le sentiment orgueilleux de « détenir les réponses » bloque la
croissance et le développement de chacun de nous. Il est
intéressant de noter que la partie égoïste du mental est disposée à
sacrifier tout le reste d’une personne pour son propre intérêt. Plutôt
que d’admettre qu’ils ont tort, les gens abandonneront littéralement
la vie du corps lui-même et sacrifieront n’importe quel aspect de leur
vie sur l’autel de l’orgueil (c’est, par exemple, le cas des guerres de
religion et des croisades). L’orgueil masculin à l’égard de ces
programmes que notre société considère comme virils bloque le
développement intérieur émotionnel et psychologique de la plupart
des hommes de notre société. Certaines femmes rejoignent
désormais les rangs du machisme ; ce qui ne fait qu’aggraver le
problème et intensifier la bataille des sexes.

La vulnérabilité de l’orgueil
Une personne orgueilleuse est constamment sur la défensive, en
raison de la vulnérabilité de la vanité et du déni. Inversement, une
personne humble ne peut pas être humiliée, car elle est immunisée
contre la vulnérabilité grâce à l’abandon de l’orgueil. Au lieu de cela,
elle dispose d’une sécurité intérieure et d’une estime de soi.
Beaucoup de gens essaient de remplacer l’orgueil par une véritable
estime de soi ; cependant, la véritable estime de soi n’apparaît pas
tant que l’orgueil n’a pas été abandonné. Ce qui gonfle l’ego ne
génère pas de force intérieure. Au contraire, cela augmente notre
vulnérabilité et notre degré général de peur. Lorsque nous sommes
dans un état d’orgueil, notre énergie est dissipée par la
préoccupation constante de défendre notre style de vie, notre
profession, notre quartier, nos vêtements, l’année et la marque de
notre voiture, nos ancêtres, notre pays et nos systèmes de
croyances politiques et religieuses. Nous avons alors une
préoccupation inlassable pour l’apparence et pour ce que les autres
vont penser, de sorte que nous sommes constamment vulnérables
aux opinions d’autrui.
Lorsque nous abandonnons l’orgueil et la vanité, une sécurité
intérieure s’installe à leur place. Lorsque nous ne nous sentons plus
appelés à défendre notre image, les critiques et les attaques des
autres diminuent et finissent par cesser. Lorsque nous abandonnons
notre besoin de validation ou de prouver que nous avons raison, les
défis qui nous sont lancés disparaissent.
Cela nous amène à l’une des lois fondamentales de la
conscience : Une attitude défensive invite à l’attaque. Un examen de la
nature de l’orgueil facilite son abandon, car il n’a plus aucune valeur.
Il est vu tel qu’il est en vérité : faible. Le dicton « L’orgueil précède la
chute » fait foi. L’orgueil est une fine couche de glace, un piètre
substitut à cette force réelle, semblable à un roc, qui vient du
courage, de l’acceptation ou de la paix.
Existe-t-il un orgueil « sain » ? Lorsque nous parlons d’« orgueil
sain », nous faisons référence à l’estime de soi, une conscience
intérieure de notre véritable valeur et de notre mérite. Cette
conscience intérieure est différente de l’énergie de l’orgueil. La
conscience de notre propre valeur se caractérise par l’absence
d’attitude défensive. Une fois que nous avons consciemment
découvert la vérité de notre être réel – la nature de notre moi
intérieur, avec toute sa véritable innocence, sa grandeur et la
noblesse de l’esprit humain –, nous n’avons plus besoin de l’orgueil.
Nous savons tout simplement ce que nous sommes ; et cette
connaissance de soi nous suffit. Ce que nous savons vraiment n’a
jamais besoin d’être défendu et est différent de l’énergie de l’orgueil
dont nous parlons dans ce chapitre.
Observons quelques-uns des types d’orgueil avec lesquels nous
avons été programmés, et voyons comment ils résistent à l’examen.
La fierté de la famille, la fierté du pays et la fierté de
l’accomplissement sont des exemples typiques qui me viennent à
l’esprit. L’orgueil est-il vraiment la plus noble des émotions
humaines ? Le fait même qu’il se caractérise par une attitude
défensive prouve le contraire. Lorsque nous sommes fiers de nos
biens ou de certaines organisations auxquelles nous nous
identifions, nous nous sentons obligés de les défendre. La fierté de
nos idées et de nos opinions engendre des disputes, des conflits et
des malheurs sans fin.
Un état émotionnel plus élevé que l’orgueil est celui de l’amour. Si
nous aimons tout ce que nous avons mentionné ci-dessus (famille,
pays, accomplissements), cela signifie que leur valeur ne fait aucun
doute dans notre esprit. Nous n’avons plus à être sur la défensive.
Lorsque la véritable reconnaissance et la connaissance remplacent
les opinions qui, quant à elles, font partie de l’orgueil, il n’y a plus de
place pour les controverses. Notre appréciation et notre amour purs
et simples de quelque chose constituent une position solide qui ne
peut être attaquée.
S’agissant d’une posture vulnérable, l’orgueil implique toujours qu’il
y a quelque part un doute à éclaircir ; et l’adversaire se concentre
rapidement sur ce doute. Lorsque tous les doutes ont été levés, les
opinions et l’orgueil disparaissent. Il y a, dans l’orgueil, une subtile
connotation d’excuse, comme si la chose n’était pas assez bonne
pour se suffire à elle-même. Ce qui est digne de notre amour et de
notre respect n’a guère besoin de défenseur. L’orgueil laisse
subtilement entendre qu’il y a matière à débat et que la valeur d’une
chose est sujette à caution.
Lorsque nous aimons vraiment quelque chose et que, par
conséquent, nous ne faisons plus qu’un avec lui, c’est parce que
nous percevons sa perfection intrinsèque. En fait, ses « défauts »
participent de sa perfection, car tout ce que nous voyons dans
l’univers est en devenir. Dans ce processus, son évolution parfaite
fait partie de cette perfection. Ainsi, la fleur à moitié éclose n’est pas
une fleur imparfaite qui a besoin d’être défendue. Au contraire, son
épanouissement se poursuit avec une perfection précise,
conformément aux lois de l’univers. De même, sur notre planète,
chaque individu se développe, grandit, apprend et reflète cette
même perfection. Nous pourrions dire que le déroulement du
processus évolutif s’effectue précisément selon les lois cosmiques.
Comme nous l’avons dit, l’un des inconvénients de la posture
d’orgueil est sa vulnérabilité. Et la vulnérabilité invite à l’attaque ; par
conséquent, dans la société, nous constatons que les personnes
orgueilleuses attirent les critiques, et leur vulnérabilité explique le
dicton : « L’orgueil précède la chute. » Dans le récit biblique, c’est
l’orgueil de Lucifer qui constituait son talon d’Achille, malgré le grand
prestige qu’il avait acquis.

L’humilité
La tentative de supprimer l’orgueil en raison d’un sentiment de
culpabilité ne fonctionne tout simplement pas. Il ne sert à rien de
qualifier l’énergie de l’orgueil de « péché » et de la réprimer en nous
par culpabilité, de la cacher ou de prétendre que nous ne la
ressentons pas. Car, dans ce cas, l’énergie prend subtilement une
nouvelle forme, connue sous le nom d’« orgueil spirituel ».
Nous ne nous sentons pas à l’aise en présence de personnes
orgueilleuses ; par conséquent, l’orgueil bloque la communication et
l’expression de l’amour. Bien que nous aimions ceux qui sont fiers
de leurs accomplissements, nous les aimons malgré leur orgueil et
non pas à cause de lui.
Se sentir coupable d’orgueil en tant que péché spirituel ne fait que
le verrouiller et, comme nous l’avons vu, ce n’est pas vraiment la
réponse. La véritable réponse consiste tout simplement à s’en libérer
en examinant sa véritable nature. Une fois que nous voyons l’orgueil
pour ce qu’il est, cette émotion est l’une des plus faciles à
abandonner. Pour commencer, nous pouvons nous demander : « À
quoi sert l’orgueil ? Quels bénéfices apporte-t-il ? Pourquoi est-ce
que je le recherche ? Qu’est-ce qu’il compense ? Que dois-je
comprendre à propos de ma véritable nature pour lâcher prise sur
l’orgueil sans éprouver un sentiment de perte ? » La réponse est
assez évidente. Plus nous nous sentons petits à l’intérieur, plus il
nous faut compenser un sentiment intrinsèque de déficience,
d’insignifiance et de manque de valeur en le substituant par
l’émotion de l’orgueil.
Plus nous relâchons nos émotions négatives, moins nous nous
appuyons sur cette béquille qu’est l’orgueil. Au lieu de cela, il y aura
une qualité que le monde appelle l’« humilité » et que nous
ressentons subjectivement comme de la tranquillité. La véritable
humilité est distincte du paradoxe de l’« orgueil dans notre humilité »
ou de la « fausse modestie » que l’on observe fréquemment dans la
sphère publique. La fausse modestie consiste à faire semblant de se
rabaisser tout en souhaitant que les autres reconnaissent les
réalisations dont on est tellement fier, mais trop fier pour s’en vanter
ouvertement.
La véritable humilité ne peut être expérimentée par la personne qui
est censée la posséder, car ce n’est pas une émotion. Comme nous
l’avons déjà dit, les personnes véritablement humbles ne peuvent
pas être humiliées. Elles sont immunisées contre l’humiliation. Elles
n’ont rien à défendre. Comme il n’y a pas de vulnérabilité, les
personnes réellement humbles ne subissent pas d’attaques critiques
de la part des autres. Au lieu de cela, une personne réellement
humble voit la verbalisation critique d’une autre personne comme
une simple déclaration des problèmes intrinsèques de cette
dernière. Par exemple, si quelqu’un disait : « Tu trouves que tu es
plutôt bon, n’est-ce pas ? », une personne réellement humble verrait
que la personne qui a déclaré cela a un problème de jalousie et que
sa question n’a aucun fondement dans la réalité. Il n’y a pas de quoi
s’offenser et nullement besoin de réagir. En revanche, une personne
orgueilleuse considérerait cette question comme une insulte et se
sentirait blessée ; ce qui entraînerait un affrontement verbal ou
même, dans certains cas, une fin violente.

La joie et la gratitude
L’orgueil étant parfois considéré comme un facteur de motivation
pour la réussite, quel serait son substitut de plus haut niveau ? Une
réponse possible serait la joie. Qu’y a-t-il de mal à ce que la joie soit
la récompense d’une réussite, plutôt que l’orgueil ? L’orgueil porte en
lui le désir d’être reconnu par les autres, et, par conséquent, il y a
une vulnérabilité à la colère et à la déception si cette reconnaissance
ne se manifeste pas à un certain moment. Si nous atteignons un
objectif donné pour le plaisir, la satisfaction, l’amour de
l’accomplissement et la joie intérieure que cela nous apporte, nous
sommes invulnérables à la réaction des autres.
Nous pouvons déterminer notre prédisposition à la douleur en
examinant le type de réactions que nous espérons susciter chez les
autres par nos choix et notre comportement. Cela comprend nos
manières, nos expressions, notre style vestimentaire, le type de
biens que nous choisissons, la marque de la voiture que nous
conduisons, le type de maison que nous avons, l’adresse à laquelle
nous vivons, les écoles que nous avons fréquentées ou que nos
enfants fréquentent, ou encore les étiquettes des produits que nous
achetons. En fait, si nous observons notre société actuelle, nous
voyons le degré absurde que cet orgueil a atteint. Les étiquettes
sont désormais portées à l’extérieur de nombreux vêtements et
articles personnels. Ce phénomène n’a pas encore atteint le niveau
des râteaux et des pelles, mais cela pourrait bien se produire tôt ou
tard ! Personne n’y a encore pensé, mais nous pourrions tous nous
promener avec des râteaux et des pelles portant ostensiblement des
noms de créateurs gravés dessus.
Cela fait apparaître un autre des travers de l’orgueil : l’exploitabilité
à laquelle il nous expose. L’orgueil signifie que nous sommes très
facilement manipulables. Une grande quantité d’argent peut être
soutirée de nos portefeuilles en échange d’une bêtise. Ce type de
situation est paradoxalement comique, dans la mesure où les gens
sont très fiers d’avoir été exploités. C’est un symbole de statut social
dans certains cercles que de se vanter du prix que l’on a payé pour
certaines choses. Si on en retire l’auréole de gloire, on est tenté de
dire que cette personne est plutôt stupide. Elle s’est vraiment fait
avoir, ou alors elle a été naïve et n’en savait pas plus.
L’orgueil du snobisme est probablement le plus hautain d’entre
tous. L’ostentation impressionne-t-elle vraiment les gens ? En fait,
non. La réaction que nous observons est celle de la fascination. Les
gens se délectent du glamour superficiel, mais, au fond, ils ne le
respectent pas réellement, parce qu’ils savent ce qu’il est vraiment.
Quand on se contente de l’orgueil de l’ostentation, on
n’impressionne personne.
Cette dynamique s’est révélée lors d’un voyage que j’ai entrepris
au Canada pour me rendre dans la maison d’un individu fortuné qui
m’a discrètement indiqué le prix de ses nombreux biens. Au cours
de ce même voyage, nous avons vu des enfants canadiens indiens
souffrant de malnutrition, jouant autour d’énormes silos à grains
pleins à craquer, les grains y étant stockés dans le but de faire
monter les prix mondiaux en créant artificiellement une pénurie.
Tandis que cette personne riche me parlait de ses possessions, des
images de ces enfants avec leurs petites jambes maigres me sont
venues à l’esprit. Loin d’être impressionné par sa richesse, je
ressentais beaucoup de peine pour son sens des valeurs ainsi que
de la compassion pour le manque d’estime de soi qui le poussait à
compenser tout cela par une superficialité aussi pathétique.
Cela signifie-t-il que nous ne pouvons pas éprouver du plaisir à
posséder des biens coûteux ? Non, pas du tout. Ce dont nous
parlons, c’est de l’orgueil. Le problème n’est pas que nous
possédions des biens, mais que nous ayons une attitude
orgueilleuse, prétentieuse et d’autosatisfaction à leur égard. C’est
l’attitude d’orgueil qui génère l’espace pour la peur. Ce même
homme riche canadien dont nous venons de parler avait également
fait installer un système d’alarme anti-effraction fort coûteux.
L’orgueil, comme toutes les autres émotions négatives, engendre la
culpabilité. La culpabilité engendre la peur. La peur signifie une perte
potentielle. L’orgueil signifie donc toujours une perte de tranquillité
d’esprit.
Le contraire de l’avidité orgueilleuse est la simplicité. La simplicité
ne signifie pas qu’il ne faille rien posséder, c’est plutôt un état
d’esprit. Une autre personne possède des millions de dollars et
détient les titres de vastes domaines et d’autres biens. Pourtant, en
tant que personne, elle représente la simplicité absolue. Ses
possessions reflètent ce que le monde lui a apporté, et elle se réjouit
de leur beauté. Par conséquent, elle ne fait jamais l’objet de la
moindre critique, et personne n’exprime de jalousie à son égard.
Ce n’est pas ce que nous avons qui compte, mais la manière dont
nous le détenons, dont nous le structurons dans notre conscience,
ainsi que sa signification à nos yeux. D’ailleurs, la propriété de cette
personne est totalement dépourvue d’alarmes ou de chiens de
garde. Lorsque je lui en ai fait la remarque, elle m’a répondu : « Oh,
mon Dieu ! Si quelqu’un avait vraiment besoin de quelque chose à
ce point, il pourrait l’obtenir ! » Il y avait une correspondance entre le
fait que personne ne lui avait jamais rien volé et le fait qu’elle était
disposée à partager avec les autres. Son invulnérabilité au vol était
liée à son manque d’orgueil à l’égard de ses biens.
La possessivité et l’attachement sont une conséquence de
l’orgueil. C’est pourquoi l’attachement est une cause potentielle de
souffrance, car il engendre la peur de la perte, et, avec la perte,
nous retombons dans l’apathie, la dépression et le chagrin. Si nous
sommes fiers de notre voiture et que quelqu’un nous la vole, nous
éprouverons de l’angoisse, de la peine et de la souffrance. Si, au
lieu de cela, nous possédons la voiture sans attachement
(émotionnellement parlant), si nous apprécions sa beauté et sa
perfection et si nous nous sentons reconnaissants de l’avoir, sa
perte n’entraînera qu’une déception mineure.
La gratitude est l’un des antidotes de l’orgueil. Si nous sommes
nés avec un QI élevé, nous pouvons en être reconnaissants plutôt
que d’en être fiers. Ce n’est pas un accomplissement, puisque nous
sommes nés avec. Si nous sommes reconnaissants pour ce qui
nous a été donné et pour ce que nous avons accompli grâce aux
talents que Dieu nous a donnés et à nos efforts, alors nous sommes
dans un état d’esprit paisible, et invulnérables à la douleur.
C’est une particularité comique de l’esprit humain que de voir
comment il attache de l’orgueil à tout ce qui est préfixé par le mot
« mien ». Nous pouvons éprouver un orgueil absurde pour les
choses les plus insignifiantes et, une fois que nous en voyons le
caractère comique, il n’est pas trop difficile de nous débarrasser de
l’orgueil impliqué.
Paradoxalement, certaines personnes ont la vulnérabilité de ce
que l’on pourrait appeler le « snobisme inversé » : elles sont fières
des « bonnes affaires » qu’elles ont faites et des trophées qu’elles
rapportent des friperies. Elles considèrent les gens qui paient des
prix excessifs pour certaines choses comme des moutons à tondre
et répètent la citation : « Aux idiots l’argent file entre les doigts. »
Dans cette foule de snobinards des friperies, le symbole du statut
social est une aubaine incroyable. En fait, ces personnes sont
souvent en concurrence les unes avec les autres pour voir qui
dénichera les meilleures affaires. Il est amusant de constater qu’un
vêtement accroché dans une friperie n’a aucune valeur tant qu’il ne
devient pas « le mien ». Dans ce dernier cas, une grande valeur lui
est instantanément attribuée.
La difficulté de qualifier les choses de « miennes » est l’orgueil qui
va de pair avec ce sentiment de propriété. Nous nous sentons alors
appelés à défendre tout ce que nous étiquetons comme « mien ».
Nous pouvons diminuer notre vulnérabilité en abandonnant le désir
de posséder ; au lieu de dire « le mien », nous pouvons utiliser le
déterminant « un » ou « une ». Nous ne dirions pas « ma » chemise,
mais « une » chemise. Ainsi, nous remarquerions que, si nous
considérons une de nos pensées comme « une opinion » au lieu de
« mon opinion », la tonalité du sentiment change. Pourquoi les gens
s’énervent-ils autant à propos de leurs opinions ? C’est simplement
à cause du sentiment qu’elles leur appartiennent. Si les opinions
étaient considérées comme étant « simplement des opinions », la
vulnérabilité à la colère provoquée par l’orgueil disparaîtrait.

Les opinions
Si nous nous penchons sur le sujet des opinions, nous constaterons
que leur nombre est infini. Chaque personne dans la rue a des
milliers d’opinions sur des milliers de sujets, et toutes ces opinions
changent d’instant en instant, et sont vulnérables à tous les caprices
passagers de la mode, de la propagande et des tendances.
L’opinion « in » d’aujourd’hui sera l’opinion « out » de demain.
L’opinion de ce matin sera dépassée dès l’après-midi. Nous pouvons
nous demander : « Est-ce que je veux augmenter ma vulnérabilité
aux attaques en m’identifiant tellement à toutes ces pensées
passagères et en les appelant “miennes” ? » Tout le monde a un
avis sur tout. Et alors ? Il suffit de considérer la véritable qualité des
opinions pour cesser aussitôt de leur accorder autant de valeur. Si
nous regardons en arrière dans notre vie, nous constatons que
chaque erreur que nous avons commise était justement basée sur
une opinion.
Nous devenons nettement moins vulnérables si nous transposons
nos pensées, nos idées et nos croyances – qui sont toutes des
opinions – dans un contexte différent. Nous pouvons les considérer
comme des idées que nous aimons ou que nous n’aimons pas.
Certaines pensées nous plaisent, alors nous les aimons. Ce n’est
pas parce que nous les aimons aujourd’hui que nous devons nous
battre pour elles. Nous aimons un concept tant qu’il nous est utile et
que nous en retirons du plaisir. Et, bien sûr, nous nous en
débarrassons bien volontiers quand il n’est plus une source de
plaisir.
Lorsque nous examinons nos opinions, nous constatons que ce
sont principalement nos émotions qui leur donnent de la valeur.
Au lieu d’être fiers de nos pensées, pourquoi ne pas tout
simplement les aimer ? Pourquoi ne pas aimer un certain concept en
raison de sa beauté, de sa qualité inspiratrice ou de son utilité ? Si
nous voyons nos pensées de cette manière, nous n’avons plus
besoin de l’orgueil d’avoir « raison ». Si nous avons la même vision
de nos goûts et de nos aversions, nous ne sommes plus enclins à
l’argumentation. Par exemple, si nous aimons la musique d’un
certain compositeur, nous n’avons plus besoin de la défendre. Nous
pouvons espérer que notre compagne ou notre compagnon l’aimera
aussi, mais, si ce n’est pas le cas, le pire que nous pourrions
ressentir serait une légère déception de ne pas pouvoir partager
quelque chose que nous chérissons et apprécions personnellement.
Si nous tentons de nous comporter ainsi, nous constaterons que
les gens n’attaquent plus nos goûts, nos aversions et nos concepts.
Au lieu d’une attitude défensive, ce qu’ils obtiendront désormais de
nous est de l’appréciation. Ils comprendront que nous apprécions
certaines choses, et que cela explique notre manière de penser.
Mais ils ne nous critiqueront ni ne nous attaqueront plus. Le pire que
nous puissions alors récolter est peut-être une plaisanterie ou une
attitude interrogative. Lorsque l’orgueil est absent, l’attaque l’est
également.
Ce principe est très précieux dans des domaines tels que la
politique et la religion, qui sont historiquement enclins à susciter des
controverses au point qu’on les évite poliment en société. Nous
découvrirons que, si nous aimons notre religion, quelle qu’elle soit,
personne ne nous attaquera. En revanche, si nous sommes
orgueilleux, nous devrons éviter l’ensemble de ce sujet, car la colère
surgira rapidement comme sous-produit de l’orgueil. Lorsque nous
apprécions vraiment quelque chose, nous l’élevons au-dessus du
champ avilissant des disputes.
Ce que nous chérissons et apprécions vraiment est protégé par
notre propre estime. Si nous disons à quelqu’un que nous faisons
quelque chose parce que nous en tirons du plaisir, il ne pourra pas
vraiment en dire grand-chose, n’est-ce pas ? Si nous lui laissons
entendre que nous le faisons parce que nous avons raison de le
faire, nous verrons instantanément sa colère monter parce que, lui
aussi, a une opinion sur ce qui est juste.
Nos valeurs sont des préférences. Nous les maintenons parce que
nous les aimons, parce que nous les apprécions et en tirons du
plaisir. Si nous les maintenons dans ce contexte, on nous laissera en
profiter en paix.
La raison pour laquelle l’orgueil suscite des attaques est qu’il nous
incite à nous croire « meilleurs que », ce qui fait partie intégrante de
l’orgueil. Nous voyons beaucoup de gens suivre des régimes
alimentaires dont ils sont fiers ; c’est la raison pour laquelle ils se
disputent constamment sur la pertinence de leur alimentation et de
leurs opinions nutritionnelles. Ils essaient même d’imposer leur
régime aux membres de leur famille et à leurs amis, proclamant la
supériorité morale ou sanitaire de leur pratique alimentaire. En
revanche, il y a des personnes qui suivent ces mêmes régimes
parce qu’elles aiment le faire, parce que cela leur permet de se
sentir mieux, ou parce que cela correspond à certaines disciplines
spirituelles ; comme elles n’ont rien à défendre, on ne les entend
jamais discuter. Si quelqu’un nous dit qu’il mange comme il le fait
parce qu’il aime ça, il n’y a pas grand-chose à rétorquer, n’est-ce
pas ? Si, en revanche, il en déduit que sa manière de manger est la
bonne et que, par conséquent, la nôtre est mauvaise, ce qu’il dit en
réalité est qu’il est meilleur que nous. Cela suscite toujours du
ressentiment.
Si nous n’adoptons pas une attitude orgueilleuse à propos de nos
opinions, nous restons libres de les modifier. Combien de fois nous
sommes-nous retrouvés coincés à devoir faire quelque chose que
nous ne voulions vraiment pas faire, juste parce que nous avions
bêtement pris une position orgueilleuse sur une idée ! Très souvent,
nous aurions aimé changer d’avis ou de direction, mais nous nous
sommes enfermés dans une boîte en raison d’une prise de position
orgueilleuse.
Cela fait émerger l’une des résistances à l’abandon de l’orgueil :
l’orgueil lui-même. Dans la posture de l’orgueil, l’un des problèmes
sous-jacents est la peur. Nous craignons que, si nous changeons de
posture sur une question donnée, l’opinion des autres à notre sujet
en soit affectée négativement.
L’une des raisons pour lesquelles il nous faut faire preuve
d’humilité à propos de nos opinions est que ces dernières changent
au fur et à mesure que nous approfondissons un sujet ou que nous
analysons une situation. Ce que nous croyons voir, après une
évaluation superficielle, s’avère souvent tout à fait différent lorsque
nous l’examinons vraiment. Cela, bien sûr, suscite le grand désarroi
du politicien qui fait des promesses basées sur des fantasmes de ce
qui est possible. Mais, lorsqu’il prend le pouvoir, il constate que les
choses sont bien différentes de ce qu’il avait imaginé. Les problèmes
sont nettement plus complexes. La situation est, en réalité, due à
l’action combinée de nombreuses forces puissantes dans la société.
Tout ce que les politiciens peuvent vraiment nous promettre, c’est
qu’ils se baseront sur le meilleur jugement possible afin d’agir pour
le bien de tous à mesure qu’ils approfondiront chaque question.
Cet aspect évolutif de la vie est vraiment tout ce dont chacun de
nous peut se faire la promesse ; et cette connaissance de soi nous
protégera des désillusions. C’est la sécurité de la posture
« d’ouverture d’esprit » ou de ce que l’on appelle « l’esprit du
débutant » dans la pratique du zen. Lorsque nous sommes ouverts
d’esprit, nous admettons que nous ne possédons pas tous les
éléments, et nous sommes prêts à changer d’avis à mesure que la
situation évolue. Ainsi, nous ne nous enfermons pas dans la
souffrance de défendre des causes perdues.
Cela est particulièrement vrai, même dans des domaines que nous
croyons être basés sur des données strictement factuelles et
observables, par exemple celui de la science. En réalité, la science
traite d’hypothèses, et l’opinion scientifique est constamment en train
de changer et d’évoluer. À la grande surprise des profanes, l’opinion
scientifique est également sujette aux modes, à la popularité
passagère, à l’aveuglement des paradigmes et aux pressions
politiques. Par exemple, dans le domaine de la psychiatrie, l’idée de
faire un lien entre la nutrition, la composition chimique du sang, la
fonction cérébrale et la maladie mentale n’était guère appréciée
dans le passé. Les scientifiques et les cliniciens qui ont travaillé
dans ce domaine se sont retrouvés dans le groupe « out ». Au fur et
à mesure que le temps a passé et qu’il s’est avéré que ce domaine
d’investigation avait de la valeur, l’opinion scientifique générale a
changé. D’importantes découvertes ont été faites, et des industries
entières ont vu le jour dans le but de fournir des produits basés sur
les découvertes fondamentales de la relation entre la nutrition et la
fonction cérébrale. Ce sujet est désormais accepté et considéré
comme respectable, de sorte que les cliniciens et les scientifiques
peuvent faire des recherches dans ce domaine et être acceptés
comme faisant partie du groupe « in ». L’orgueil est donc également
responsable du blocage des progrès scientifiques (par exemple, les
théories du réchauffement climatique).
L’orgueil nous rend aveugles à de nombreuses choses qui seraient
pourtant profondément bénéfiques ; pour un esprit orgueilleux, les
accepter reviendrait à reconnaître que nous avons tort. Plus nous
sommes forts intérieurement, plus nous devenons flexibles et, par
conséquent, ouverts à tout ce qui est bénéfique. L’orgueil nous
empêche de voir ce qui est absolument évident. Les gens meurent
par milliers à cause de l’orgueil. Ils renoncent littéralement à leur
santé et à la vie elle-même. Les toxicomanes et les alcooliques iront
jusqu’à la mort en raison du déni inhérent à l’orgueil : « Ce sont les
autres qui ont un problème, pas moi ! » L’orgueil nous empêche de
reconnaître nos propres limites et d’accepter l’aide dont nous avons
besoin pour y pallier. Notre orgueil nous isole.
Lorsque nous renonçons à l’orgueil, nous recevons, dans notre vie,
de l’aide pour résoudre les problèmes auxquels nous sommes
confrontés. Nous pouvons expérimenter et prouver la véracité de ce
principe en choisissant un domaine dans lequel nous avons des
difficultés et en abandonnant complètement tout l’orgueil impliqué.
Lorsque nous faisons cela, des événements surprenants
commencent à se produire. Abandonner l’orgueil ouvre la porte à la
réception de ce qui nous est le plus bénéfique. Sommes-nous prêts
à abandonner l’orgueil et à cesser de nous sentir supérieurs aux
autres ? Lorsque nous sommes prêts à renoncer à la pseudo-
sécurité de l’orgueil, nous expérimentons la véritable sécurité qui
découle du courage, de l’acceptation de soi et de la joie.
CHAPITRE 10

LE COURAGE

L
a particularité du courage est de savoir et de sentir que « Je
peux ». C’est un état positif dans lequel nous nous sentons
sûrs de nous, compétents, qualifiés, capables, vivants,
aimants et généreux, avec une joie de vivre globale. Nous sommes
capables d’humour, d’activité, de confiance et de clarté. Dans cet
état, nous nous sentons centrés, équilibrés, flexibles, heureux,
indépendants et autosuffisants. Nous pouvons être inventifs, créatifs
et ouverts. Dans le courage, il y a beaucoup d’énergie, d’action, de
lâcher-prise, de capacité à « être présent », à être spontané,
résilient, créatif et joyeux. Dans cet état, nous pouvons être très
performants dans le monde.

Le courage de lâcher prise


Le niveau du courage est très utile dans le mécanisme du lâcher-
prise. Au niveau du courage, nous savons : « Je peux observer mes
sentiments », « Je n’ai plus à avoir peur de mes sentiments », « Je
suis capable de les gérer », « Je peux en assumer la
responsabilité », « Je peux apprendre à les accepter et à m’en
libérer », « Je suis disposé à prendre des risques, à renoncer à
d’anciennes idées et à en explorer de nouvelles », « Je suis désireux
d’être joyeux et de partager mon expérience avec les autres », « Je
me considère comme prêt et capable ».
Souvent, il est facile de sauter d’un des sentiments inférieurs au
courage ; tout simplement en affirmant notre courage de regarder
nos sentiments en face et de les gérer. La simple volonté de les
regarder et le fait de commencer à les gérer augmentent notre
estime de soi. Si, par exemple, nous avons une peur et que nous
refusons de l’affronter, nous nous sentons diminués, et notre estime
de soi s’en trouve diminuée. Si nous sommes disposés à regarder
cette peur, à l’examiner, à admettre sa présence, à voir comment
elle a inhibé notre vie et à commencer à l’abandonner, notre estime
de soi augmente – que cette peur disparaisse ou non.
Nous savons tous qu’il faut du courage pour affronter la peur. Nous
célébrons les personnes qui affrontent leur peur et qui tentent d’y
remédier. Un tel courage est l’une des caractéristiques de la
noblesse, et fait d’une personne un être vraiment grand. Malgré
toutes leurs programmations négatives et toutes leurs peurs, les
personnes courageuses avancent dans la vie, sans aucune garantie,
et sans même savoir si les choses vont s’améliorer. Ainsi, le courage
augmente notre estime de soi et nous attire le respect des autres.
Nous n’avons plus besoin d’avoir honte.
Prenons l’exemple d’un homme qui a souffert toute sa vie d’une
terreur des hauteurs. Il avait travaillé pendant plusieurs années sur
ce sujet pour se libérer de cette peur, et cela s’était nettement
amélioré, mais il en restait encore beaucoup. Cette amélioration est
devenue évidente le jour où il s’est rendu au Grand Canyon en
compagnie d’un ami. Au début, il s’est tenu en retrait d’environ deux
mètres du bord. Les années précédentes, il ne s’en serait pas
approché à moins de cent mètres. Maintenant, il se tenait là,
hésitant. Son ami lui a pris la main en lui disant : « Viens avec moi
jusqu’au bord. » Et il l’a effectivement suivi. Il a continué à
s’abandonner à la peur tandis qu’il avançait, et il a découvert qu’il
parvenait à se tenir juste à côté du bord, même s’il lui fallait admettre
qu’il ressentait encore un malaise considérable. Quand ils se sont
éloignés du bord du canyon, son ami l’a regardé d’un air admiratif et
lui a dit : « Eh bien, au moins, tu l’as fait ! Je sais combien de
courage il t’a fallu pour ça. » Même s’il n’avait pas totalement
surmonté sa peur, en transcendant une barrière intérieure, il avait
gagné son respect de lui-même, ainsi que celui des autres.
Lorsque nous vivons ces expériences déterminantes, nous
commençons à percevoir notre peur différemment, et nous cessons
d’en avoir honte. Nous cessons de lui permettre de saper notre
véritable valeur. Cela augmente notre force intérieure et notre estime
de nous-mêmes. Après un certain temps, les peurs sous-jacentes
qui nécessitent du courage pour être surmontées diminuent au point
que nous passons à l’acceptation.

Devenir autonomes
Le niveau du courage met l’accent sur l’action. Nous savons déjà
que nous sommes capables de subvenir à nos propres besoins ainsi
qu’à ceux des autres, et nous savons aussi que, si nous sommes
disposés à déployer des efforts, nous pouvons obtenir ce que nous
voulons. Ainsi, les personnes qui se situent au niveau du courage
sont les moteurs du monde. Comme nous ne pouvons donner que
ce que nous avons déjà nous-mêmes, les personnes qui se situent
au niveau du courage sont capables de soutenir et d’encourager les
autres. Elles sont capables de donner aussi bien que de recevoir ; et
un équilibre entre donner et recevoir s’installe spontanément.
Les niveaux de conscience inférieurs à celui du courage sont
principalement préoccupés par les bénéfices. À partir du niveau du
courage, il y a plus de puissance et d’énergie. Nous avons
désormais la capacité de donner aux autres, car nous ne les
considérons plus en premier lieu comme des instruments d’aide, de
survie ou de soutien. Lorsque nous sommes au niveau du courage,
nous ressentons notre propre pouvoir intérieur, notre force et notre
estime de soi. Nous savons que nous avons la capacité de
contribuer à changer le monde, et non plus seulement d’en tirer
profit pour nous-mêmes. Grâce à cette confiance intérieure, nous
sommes bien moins préoccupés par la sécurité. Nous n’accordons
plus la priorité à ce que les gens possèdent, mais à ce qu’ils font et à
ce qu’ils sont devenus.
Avec le courage vient la volonté de prendre des risques et
d’abandonner les anciennes sécurités. Nous avons la volonté de
grandir et de profiter de nouvelles expériences. Cela implique la
capacité d’admettre nos erreurs, sans nous laisser aller à la
culpabilité ou à l’autorécrimination. Notre sentiment d’estime de soi
n’est pas diminué par l’examen des domaines qu’il nous faut
améliorer. Nous sommes capables d’admettre la présence de
problèmes sans nous sentir dévalorisés. En conséquence de cela,
nous consacrons de l’énergie, du temps et des efforts à notre
amélioration personnelle.
À ce niveau, nos déclarations d’intention et nos objectifs sont
nettement plus puissants ; et les résultats envisagés ont tendance à
se manifester. Nous sommes beaucoup plus entreprenants et
créatifs, car notre énergie n’est pas accaparée par la préoccupation
constante de la survie émotionnelle ou physique. Grâce à une plus
grande flexibilité, nous acceptons d’examiner les problèmes en vue
d’en modifier la portée générale, ainsi que le contexte. Nous
sommes disposés à prendre le risque de changer de paradigme.
Un paradigme est une vision globale du monde, et son unique
limite est ce que nous considérons comme possible. Lorsque nous
remettons en question d’anciennes manières de voir les choses,
notre vision du monde commence à s’élargir et à s’ouvrir. Ce que
nous considérions auparavant comme impossible devient possible,
et nous finissons par l’intégrer en tant que nouvelle dimension de la
réalité. Nous avons une capacité d’introspection pour examiner nos
systèmes de croyances, poser des questions et chercher de
nouvelles solutions. Au niveau du courage, nous sommes prêts à
suivre des cours de développement personnel, à apprendre des
techniques de conscientisation et à risquer le voyage intérieur pour
rechercher notre véritable Soi, la réalité intérieure. Nous sommes
disposés à faire l’expérience de l’incertitude, de périodes de
confusion et de bouleversements temporaires, parce que, sous cet
inconfort temporaire, nous avons un objectif transcendant à long
terme. L’esprit qui opère au niveau du courage formule des
déclarations telles que : « Je peux le supporter », « Nous allons y
arriver », « Le travail sera fait », « Nous pouvons aller jusqu’au
bout », « Tout finira par passer ».
Si nous testons, avec la kinésiologie, la force musculaire d’une
personne lorsqu’elle est dans l’état de courage – le niveau de « Je
peux le faire » –, le test sera positif, et elle restera forte face à notre
défi. Même si la vulnérabilité aux pensées ou aux énergies négatives
perdure – par exemple, celles qui concernent les lampes
fluorescentes ou les édulcorants artificiels –, le champ
bioénergétique est plus rayonnant que celui des états inférieurs
négatifs. Le courage étant un champ énergétique plus fort et plus
résilient, les maladies physiques sont moins susceptibles de
constituer un aspect prédominant de la vie. Il peut subsister des
résidus chroniques de maladies provenant des niveaux de
conscience inférieurs, mais ils ne sont généralement pas stabilisés.
Dans le courage, nous éprouvons un sentiment général de force et
de bien-être.

Avoir conscience d’autrui


Au niveau du courage, les personnes trouvent un équilibre entre le
travail, le plaisir et l’amour. Elles n’ont pas besoin de faire preuve
d’une ambition démesurée ou d’être « workaholiques » ; toutefois,
elles sont capables de déployer une énergie considérable si la
situation l’exige. Après avoir abandonné tant de négativité, elles ont
un désir et une capacité d’aimer et d’avoir des relations aimantes ; et
ces dernières revêtent désormais une importance égale aux efforts
de survie. Il y a la sécurité professionnelle et, dans le domaine du
travail, le souci du bien-être d’autrui. Les personnes ayant atteint ce
niveau déclarent généralement qu’elles recherchent des emplois qui
seront bénéfiques pour le monde. Elles veulent sentir que leur travail
a plus de sens que d’obtenir simplement un salaire. Leur croissance
personnelle est importante, et, à ce niveau, elles ont conscience que
leur vie influence – positivement ou négativement – leur entourage.
Dans les niveaux inférieurs de conscience, caractérisés par
l’égoïsme, la préoccupation pour les bénéfices personnels est telle
qu’il y a peu d’énergie ou de réflexion consacrée à l’effet que l’on a
sur les autres. Au niveau du courage, nous ne nous identifions plus
uniquement au petit soi. Nous ne considérons plus le monde comme
le mauvais parent qui nous prive ou qui nous punit. Au lieu de cela,
nous percevons le monde comme un défi et comme offrant des
opportunités de croissance, de développement ainsi que de
nouvelles expériences. Ainsi, ce niveau est caractérisé par
l’optimisme et le sentiment qu’avec des faits, une éducation et une
orientation appropriés la plupart des problèmes peuvent, tôt ou tard,
être résolus de manière satisfaisante.
Les niveaux inférieurs limitent le champ de notre conscience à nos
préoccupations personnelles, mais, à ce niveau, les problèmes
sociaux prennent de l’importance aux yeux des personnes
concernées ; et elles dépensent de l’énergie pour contribuer à
surmonter des problèmes sociaux et à aider les moins favorisés.
Dès lors, la générosité devient possible, non seulement
financièrement, mais aussi dans le comportement. Les personnes
prennent plaisir à défendre des causes et à soutenir les initiatives
d’autrui. Cette énergie crée de nouveaux emplois, des entreprises,
des industries et des solutions politiques et scientifiques.
L’éducation, même si ce n’est pas toujours dans le sens
académique, gagne en importance.
Au niveau du courage, nous commençons vraiment à devenir
conscients. Nous comprenons que nous avons la liberté et la
capacité de choisir. Nous n’avons plus à être des victimes ; et la
liberté est possible au sens psychologique, émotionnel et spirituel.
Par conséquent, il y a beaucoup moins de rigidité. Et, grâce à la
flexibilité et à leur capacité de préoccupation et d’amour authentique
pour autrui, les personnes de ce niveau sont de bons parents,
patrons, employés et citoyens.
Elles sont capables de se mettre à la place d’autrui et elles se
préoccupent des sentiments des autres ainsi que de leur bien-être
en général. Bien que les sentiments négatifs inférieurs aient toujours
tendance à émerger, ils ne prédominent pas et ne déterminent pas le
mode de vie de ces personnes ; en d’autres termes, elles agissent
même si elles ont peur. Les personnes de ce niveau sont l’épine
dorsale d’un pays. Ce sont celles vers lesquelles nous nous
tournons quand il est nécessaire de le faire pour le bien commun.
Elles sont fiables, et on peut compter sur elles en raison de leur
disposition à accepter des responsabilités. Ce niveau se caractérise
également par une conscience sociale et un humanitarisme. Dans
ce qui motive les décisions morales, la culpabilité passe après le
bien-être des autres.
C’est à partir de ce niveau que l’on trouve des dictons tels que « Le
succès engendre le succès ». Grâce à un fonctionnement adéquat, il
se produit une rétroaction positive ; ce qui consolide la confiance et
permet une plus grande exploration de soi-même ainsi que du
monde. Bien que des efforts soient encore nécessaires pour
atteindre les objectifs, ils sont bien moindres qu’aux niveaux
inférieurs. La satisfaction et la gratification augmentent, parce que la
récompense est plus grande ; et les efforts, moindres que ce qui
serait nécessaire pour surmonter la peur. On est alors bien plus
capable non seulement de demander de l’aide, mais aussi d’utiliser
cette aide et d’en bénéficier.
L’argent est utilisé d’une manière beaucoup plus constructive, et on
se préoccupe de la manière dont les dépenses affecteront la vie
d’autrui. L’argent n’est pas uniquement dépensé pour la satisfaction,
la glorification ou la valorisation personnelle ; il est bien plus
considéré comme un outil d’accomplissement.
C’est à ce niveau que la véritable conscience spirituelle devient
possible. Grâce au dépassement de l’égoïsme et à l’abandon de
l’identification avec le petit soi, la personne expérimente des
énergies supérieures et nourrit l’espoir d’une conscience accrue.
Dans les niveaux inférieurs, Dieu est vu à partir de la coloration
émotionnelle du niveau correspondant. Ainsi, dans l’apathie, toute la
relation avec Dieu est sans espoir, si tant est qu’on puisse
l’envisager. Au niveau du chagrin, on se sent désespérément séparé
de toute aide divine. Lorsqu’elle est submergée par la culpabilité, la
personne se sent indigne de toute relation avec Dieu, et elle attend
plutôt la punition que l’amour. Au niveau de la peur, cette dernière
peut être si forte que la question de Dieu ne peut pas même être
envisagée, de sorte que ce sujet est effacé de la conscience, et que
Dieu est considéré comme terrifiant, répressif, vengeur, jaloux et
courroucé. Au niveau de la colère, Dieu est considéré comme une
source de privations, une entité arbitraire, capricieuse et
impuissante. Au niveau de l’orgueil, la position religieuse ou
spirituelle est influencée par l’égoïsme, et caractérisée par la rigidité,
l’inflexibilité, l’intolérance, la propension à la discrimination, le
sectarisme, le communautarisme, les querelles religieuses et la
guerre.
Au niveau du courage, nous sommes prêts à assumer la
responsabilité de notre posture religieuse ou spirituelle. La
conscience accrue se traduit souvent par l’émergence d’une
recherche spirituelle ; et la quête de la vérité, dans son sens
religieux ou spirituel, s’éveille véritablement. Cela peut aboutir à une
réaffirmation de notre position antérieure, mais désormais à partir
d’un point de vue totalement nouveau, celui du choix. Cela peut
engendrer des changements qui peuvent être soit lents et graduels,
soit soudains. À ce niveau, il se produit un éveil de la conscience et
la prise de conscience que nos croyances et nos opinions sont
désormais le résultat de nos choix, et non pas seulement celui d’une
programmation aveugle antérieure. Nous sommes en recherche de
sens, et cette recherche peut se produire au niveau de l’éthique et
de l’humanitarisme plutôt que dans le domaine spécifiquement
appelé « religion formelle ». Nous analysons notre fonction sociale et
notre rôle dans le monde, et nous nous interrogeons sur la valeur de
nos vies, non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour les
autres.
Carl Jung disait qu’une personnalité saine présente un équilibre
entre le travail, le jeu, l’amour et un aspect de la personnalité appelé
« spiritualité » – que nous pourrions également définir comme la
recherche de sens et de valeurs. Ces recherches entraînent des
bouleversements intérieurs, mais aussi des moments d’acceptation
et de paix. Il y a des moments de compréhension intuitive qui nous
invitent à poursuivre la quête, à découvrir s’il existe quelque chose
au-delà du monde physique et matériel et de ses phénomènes en
constante évolution.
Ce niveau de conscience offre une bonne base pour examiner et
relâcher certains sentiments encore négatifs. À ce niveau, nous
avons l’énergie, la capacité, la confiance en nous et la volonté
d’acquérir un savoir-faire et de franchir les étapes d’apprentissage
nécessaires. Nous avons également un désir d’amélioration
personnelle et nous prenons conscience du fait que de meilleurs
états d’esprit sont possibles. Le niveau du courage sait qu’il n’est
pas nécessaire d’endurer la douleur et la souffrance des émotions
négatives, ni leur interférence avec les satisfactions de la vie.
Les personnes qui ont atteint le niveau du courage ne sont plus
disposées à payer le prix de la négativité. Elles sont préoccupées
par les effets de leurs sentiments négatifs sur le bien-être des autres
personnes avec lesquelles elles sont étroitement en contact. La
plupart des personnes qui ont appris la technique du lâcher-prise
continueront à l’utiliser jusqu’à ce qu’elles aient atteint ce niveau de
conscience. À ce niveau, leurs principaux problèmes sont résolus :
elles connaissent la satisfaction et le succès professionnels, leurs
besoins matériels sont satisfaits, leurs principaux problèmes
relationnels sont réglés. Elles ne ressentent plus consciemment la
douleur et la souffrance, et elles ont la satisfaction d’avoir grandi et
de s’être perfectionnées dans certains domaines.
Lorsque nous allons bien, nous sommes tentés d’arrêter d’utiliser
la technique et de ne la reprendre qu’en cas d’urgence, ou lorsque
des sentiments négatifs redeviennent douloureux et nécessitent
notre attention. Toutefois, il y a encore beaucoup à faire. Comme il
reste toujours des sentiments à abandonner, la poursuite de ce
processus apportera des bénéfices de plus en plus importants.
Le lâcher-prise continu entraînera des changements constants et
subtils, en particulier au niveau de la conscience subtile de notre
capacité à aimer. Auparavant, nous avions comparé le rayonnement
de l’amour qui provient de notre dimension supérieure à l’énergie de
la lumière du soleil. Nous avons constaté qu’au fur et à mesure que
nous éliminions les nuages obscurs de la négativité cette énergie et
notre capacité à l’accepter et à la diffuser vers l’extérieur
augmentaient progressivement.
Au niveau du courage, notre capacité à aimer est beaucoup plus
forte, et elle a le pouvoir de soutenir et d’encourager les autres, en
consolidant ce qu’il y a de positif et de constructif en eux.
Accompagner leur développement nous apporte le plaisir d’observer
leur croissance et leur bonheur grandissant. Cette capacité en nous
peut devenir de plus en plus forte. Elle peut devenir de plus en plus
puissante et gratifiante, tout en étant plus bénéfique pour les autres.
Nous pouvons utiliser le courage pour accroître notre désir
d’évoluer au-delà de notre état actuel, car, à ce niveau, nous
percevons déjà des indices qu’il y a en nous quelque chose que
nous n’avions pas soupçonné jusque-là. Ces indices sont révélés
par ces épisodes soudains de calme et de paix parfaits, dans
lesquels nous ressentons une grande clarté, une grande
compréhension et une sensibilité accrue à la beauté.
Nous découvrons que c’est à travers la musique – et non pas à
cause d’elle – que notre esprit s’immobilise soudain et que, dans ce
moment de quiétude, nous pouvons expérimenter une dimension
supérieure. Nous pouvons ressentir, pendant de brèves secondes,
une identification et une unité totales avec les autres, comme s’il n’y
avait pas de séparation.
Ce sont des moments où nous faisons l’expérience de notre
véritable Soi intérieur. Le souvenir de tels moments ne s’efface
jamais. Quand ils commencent à se produire, nous ignorons ce qu’ils
signifient. Nous pensons qu’ils sont « accidentels », « juste dus au
hasard ». Nous attribuons ce sentiment à des événements extérieurs
tels que la beauté d’un coucher de soleil, un mouvement d’une
symphonie ou un geste affectueux. Mais, en approfondissant notre
analyse, nous constatons que ce ne sont que les circonstances qui
ont permis que se produise quelque chose d’autre. Elles n’en étaient
pas la cause. Elles ont permis l’émergence d’une certaine immobilité
de l’esprit, et, grâce à cela, nous avons vécu un moment où nous
avons pu expérimenter autre chose que le bavardage de notre
propre mental avec son jeu incessant et agité de sensations, de
sentiments, de pensées, d’émotions et de souvenirs.
Dans les moments où le temps semble s’arrêter, nous entrevoyons
ce qui est possible. Ces moments sont tellement gratifiants qu’ils
restent précieux pour toute notre vie. Quand ils se produisent, nous
expérimentons quelque chose de très impressionnant. Se pourrait-il
qu’au-delà des turbulences du monde et de notre propre mental il y
ait le silence ? Un royaume de paix qui attend toujours ?
CHAPITRE 11

L’ACCEPTATION

L
orsque nous sommes parvenus au niveau de l’acceptation,
nous goûtons à l’expérience de l’harmonie. Nous avons
l’impression que les événements se succèdent de manière
fluide. Nous nous sentons en sécurité. Nous pouvons rendre service
aux autres sans avoir l’impression de nous sacrifier. Il nous semble
que : « Je vais bien », « Tu vas bien » et « Tout va bien ». C’est un
sentiment d’appartenance, de connexion, de plénitude, d’amour, de
compréhension ainsi que celui d’être compris. C’est un sentiment de
bienveillance, de chaleur et d’estime de soi. Grâce à la sécurité
qu’inspire cet état, nous pouvons nous permettre d’être doux,
sereins et naturels. Il y a de la joie, et nous nous sentons « en
harmonie » et détendus. Nous avons le sentiment qu’il est
absolument normal d’être soi-même.

Tout est parfait tel que c’est


Dans l’état d’acceptation, nous avons le sentiment que rien n’a
besoin d’être changé. Tout est parfait et beau tel que c’est. Le
monde ne demande qu’à être apprécié. Nous ressentons de la
compassion pour les autres et pour tous les êtres vivants. Dans cet
état, nous prenons automatiquement soin des autres et nous les
soutenons sans aucun sentiment de sacrifice. Grâce à notre sécurité
intérieure et à un sentiment d’abondance, il y a de la générosité et
une facilité à donner sans rien attendre en retour, ni aucune
comptabilisation du genre « Voici ce que je fais pour vous ». Lorsque
nous sommes dans un état d’acceptation, nous aimons nos amis au
lieu de les critiquer, et nous sommes prêts à les aimer malgré leurs
limites dont nous faisons volontiers abstraction.
La manière dont nous percevons les gens à partir de cet espace
est que, en réalité, chacun fait de son mieux avec ce dont il dispose
actuellement. Nous voyons que toute vie évolue vers sa perfection,
et nous sommes en phase avec les lois de l’univers et de la
conscience.
Dans cet état, nous commençons vraiment à comprendre l’amour.
Dans l’état d’acceptation, l’amour est vécu comme un état stable,
une condition permanente d’une relation. La source de l’amour est
perçue comme étant en nous-mêmes, émanant de notre propre
nature et tendant la main pour inclure les autres. Dans l’état de désir,
en revanche, on parle d’être « amoureux », car on croit que la
source du bonheur et de l’amour est extérieure à nous-mêmes.
Lorsque nous sommes au niveau d’énergie inférieur du désir, nous
cherchons à être aimés. Il nous semble que c’est quelque chose que
nous « obtenons ». Cependant, au niveau de l’acceptation, notre
amour rayonne tout naturellement à partir de l’essence de notre être,
car nous avons abandonné de nombreux obstacles à sa prise de
conscience.
Nous découvrons que cet amour est notre nature profonde, et qu’il
apparaît spontanément et automatiquement lorsque nous levons les
blocages. C’est ce que les grands maîtres entendent par notre
véritable essence intérieure, notre véritable Soi. Le but de notre Soi
intérieur est de transcender l’ego – cet agrégat de tous nos
sentiments, programmes et pensées négatifs – afin que nous
puissions expérimenter notre nature première.
De nombreuses voies peuvent nous mener à l’état d’acceptation ;
et il est la porte d’entrée qui conduit finalement aux états supérieurs
suivants, décrits comme les niveaux de conscience de l’amour et de
la paix. Pour de nombreuses personnes qui ont lâché prise pendant
un certain temps, cet objectif remplace progressivement tous les
autres. Demeurer dans des états d’amour inconditionnel et de paix
imperturbable devient le but intérieur, plus important que tout autre
accomplissement.
L’acceptation de soi et des autres
Au niveau de l’acceptation, en raison du bouleversement dans la
manière dont nous percevons les autres, nous prenons maintenant
conscience de l’innocence intérieure cachée derrière les luttes
frénétiques motivées par la peur – des luttes qui ont obscurci cette
innocence en nous et en nos voisins, nos amis et notre famille. Les
grands maîtres ont déclaré que la négativité que nous voyons chez
une personne ou dans la société est, en réalité, imputable à
l’aveuglement, à l’ignorance et à l’inconscience. Une fois que nous
percevons cette innocence intérieure chez les autres, nous la
percevons également en nous-mêmes. Nous avons fait tout ce que
nous avons fait parce que nous n’en savions pas plus, à l’époque. Si
nous avions connu une meilleure manière de faire à cette époque,
nous l’aurions certainement choisie. « Cela semblait être une bonne
idée, à l’époque », disons-nous. Nous voyons ce même
aveuglement opérer chez les autres, et nous pouvons regarder au-
delà de leurs défauts de caractère et percevoir l’enfant innocent qui
est en eux.
Lorsque nous voyons notre innocence, nous nous identifions aux
autres, et nous cessons de nous sentir seuls et stressés. Nous
sommes capables de distinguer l’innocence même derrière les
comportements les plus impétueux et, en apparence,
épouvantables. Nous regardons à l’intérieur d’une personne et nous
voyons l’animal effrayé qui ne sait pas comment mieux faire. Nous
sommes conscients que, s’il se sent acculé, il va sûrement nous
attaquer et mordre. Il ne comprend pas que nos intentions sont
pacifiques, de sorte qu’il se débat sauvagement.
Dans l’état d’acceptation, nous sommes capables de pardonner à
notre propre passé, tout comme de pardonner à celui des autres, et
de guérir de vieilles rancœurs. Nous sommes également capables
de voir le cadeau caché dans les événements passés pour lesquels
nous avons éprouvé de la rancune, y compris leur éventuelle
signification karmique. À partir de ce niveau, il nous est possible de
créer un contexte différent à partir duquel nous pouvons visualiser le
passé, et ainsi le guérir. Avec le franchissement final du niveau
d’acceptation, nous nous sentons en sécurité face à l’avenir, et nous
pouvons passer aux niveaux de l’amour et de la paix. La raison et la
logique deviennent des outils de concrétisation de ce potentiel.
Une autre caractéristique du niveau de l’acceptation est que nous
ne sommes plus concernés par les jugements moralisateurs, par le
« bien » et le « mal ». Ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas
devient simplement évident. Il est facile de voir ce qui est destructeur
et ce qui est optimal, sans rien juger comme « mauvais ». La
culpabilité qui accompagne tous les jugements contre les autres et
contre nous-mêmes est éliminée. Nous comprenons alors la
signification de la déclaration : « Ne jugez pas, de peur d’être jugé. »
Dans l’acceptation, nous avons abandonné le culpabilisateur
intérieur qui trouvait même à redire à nos pulsions humaines les plus
élémentaires. Nous pouvons profiter de notre corps, sans aversion
moraliste ni autosatisfaction compulsive. Nous acceptons que les
autres aient acquis leur compréhension de la vie et leurs points de
vue éthiques d’une manière qui a du sens pour eux, même si leurs
croyances et leurs comportements sont très différents des nôtres.
Lorsque nous voyons l’innocence de chacun, nous sommes
vraiment capables de réaliser le concept d’« aimer notre prochain
comme nous-mêmes » ; et c’est ainsi que le lâcher-prise nous
permet d’atteindre un objectif noble sans même que nous ayons fait
une tentative consciente pour y parvenir.
Le niveau de l’acceptation est caractérisé par une attitude
d’altruisme et de service. Il résulte de l’abandon des sentiments
négatifs qui créent le petit soi ; ce qui efface notre identification à lui.
Au lieu de cela, nous expérimentons l’harmonie et la paix intérieure
comme la nature de notre grand Soi. Et, grâce à l’abandon des
programmations négatives, nous assistons à l’émergence d’une
créativité, d’une inspiration et d’une intuition plus grandes.
Nous avons la certitude que nos besoins personnels seront
satisfaits ; par conséquent, un changement s’opère dans nos
relations, de sorte que nous mettons désormais l’accent sur le bien-
être et le bonheur des autres. Cela est facilité par le fait qu’à ce
niveau nous n’avons plus aucun besoin sous forme de dépendance
à l’égard d’autrui, car il n’y a rien que nous cherchions à « obtenir »
d’eux. Dans une relation d’acceptation aimante, nous ignorons les
imperfections mineures et nous ne les prenons plus au sérieux.
Dans l’acceptation, nous sommes bien moins préoccupés du
« faire », car nous nous concentrons davantage sur la qualité de
l’être lui-même et sur la perfection de notre capacité intérieure
d’attention et d’amour. Bien que des sentiments négatifs puissent
encore émerger, ils sont de moins en moins fréquents et toujours
plus faciles à surmonter. De manière générale, notre quotidien est
désormais facile, et nos activités deviennent à peine perceptibles,
car nous les réalisons sans aucun effort.

La responsabilité personnelle
La caractéristique de cet état est la prise en charge de notre propre
conscience. L’intérêt pour la méditation et les diverses méthodes de
contemplation intérieure est fréquent. Les questions spirituelles et
éthiques prennent plus d’importance. Nous pouvons, par exemple,
assister à des retraites religieuses si nous sommes religieux, ou
nous engager dans des efforts spirituels ou humanitaires si nous
sommes orientés vers ces sphères.
Nous ressentons l’harmonie du monde, et nous interprétons toute
modification de cette impression comme une projection de nos
propres conflits intérieurs sur lui. À ce niveau, nous prenons
conscience que tous les sentiments négatifs sont notre propre
problème, et nous ne cherchons plus à les résoudre à l’extérieur de
nous.
Nous travaillons sérieusement à progresser dans notre propre
conscience et dans notre conscience de soi, et nous nous focalisons
sur le perfectionnement de la qualité de cette conscience elle-même.
À ce niveau, nous commençons souvent à développer un intérêt
pour la philosophie, la recherche scientifique et les classiques de la
spiritualité qui explorent le plus haut potentiel de l’esprit humain. Ce
qui revêt de plus en plus d’importance est ce que nous devenons, et
non pas ce que nous avons ou ce que nous faisons. À ce niveau,
nous relevons le défi de réaliser notre plus grand potentiel intérieur
et de nourrir le potentiel et les rêves des autres.
Si nous faisons un test musculaire dans cet état, nous sommes
forts ; nous sommes relativement immunisés contre les influences
négatives telles que les vibrations affaiblissantes des lampes
fluorescentes, des tissus synthétiques ou des édulcorants artificiels.
Nous faisons preuve d’un engagement fort envers la santé et le
bien-être, ainsi qu’envers notre propre développement à tous les
niveaux. Nous considérons de plus en plus les problèmes de santé
comme des problèmes au niveau psychologique, émotionnel ou
mental ; et nous cherchons et trouvons des ressources qui nous
aident à résoudre les problèmes à tous ces niveaux. Le pouvoir
d’autoguérison est maintenant à notre portée.
Dans l’acceptation, nous sommes libres d’être dans le présent.
Une fois que nous avons accepté notre vraie nature et les voies de
l’univers telles qu’elles se reflètent dans notre monde, nous n’avons
plus de regret pour le passé ni de peur pour l’avenir. La peur de
l’avenir n’existe plus, lorsque le passé a été guéri. C’est parce que,
dans l’état de conscience habituel orienté vers l’ego, ce dernier a
tendance à projeter le passé sur le futur ; et un passé perçu
négativement devient effrayant lorsqu’il est projeté sur un futur
imaginaire. Le fait d’avoir lâché les énergies inférieures de la
culpabilité, de la peur, de la colère et de l’orgueil a allégé le poids du
passé et dissipé les nuages de l’avenir. Nous abordons le présent
avec optimisme, et nous sommes reconnaissants d’être en vie. Nous
comprenons qu’hier est révolu, que demain n’est pas encore arrivé,
et que nous n’avons qu’aujourd’hui.
En résumé, le niveau de conscience de l’acceptation est celui que
nous aspirons tous à atteindre, car il nous permet de nous libérer de
la plupart des problèmes de la vie et de faire l’expérience de
l’épanouissement et du bonheur.
CHAPITRE 12

L’AMOUR

L
orsque nous avons atteint le niveau de l’amour, nous sommes
sincères, généreux, attentionnés, affectueux, fidèles et
indulgents. L’amour est protecteur, solidaire, inspirant,
holistique et bienveillant. Il se caractérise par la chaleur, la gratitude,
l’appréciation, l’humilité, la plénitude, la clairvoyance, la pureté des
motivations et la douceur.
L’amour est une manière d’être. C’est l’énergie qui rayonne lorsque
les blocages qui lui faisaient obstacle ont été abandonnés. C’est plus
qu’une émotion ou une pensée, c’est un état d’être. L’amour est ce
que nous sommes devenus par la voie de l’abandon. C’est une
manière d’être au monde qui dit : « En quoi puis-je vous être utile ?
Comment puis-je vous consoler ? Comment puis-je vous prêter de
l’argent, lorsque vous êtes sans le sou ? Comment puis-je vous
aider à trouver un emploi ? Comment puis-je vous consoler lorsque
vous avez subi une perte importante dans votre famille ? » L’amour
est un moyen par lequel nous illuminons le monde.

L’amour dans la vie de tous les jours


Chacun a la possibilité de contribuer à la beauté et à l’harmonie du
monde en faisant preuve de bonté envers tous les êtres vivants et,
ainsi, en soutenant l’esprit humain. Ce que nous donnons librement
à la vie nous revient, car nous faisons également partie de cette vie.
Comme des ondulations sur l’eau, chaque cadeau revient à celui qui
l’offre. Ce que nous apprécions chez les autres, nous l’apprécions
en nous-mêmes.
Lorsque nous sommes disposés à donner de l’amour, nous
découvrons très vite que nous sommes entourés d’amour et que
nous ne savions tout simplement pas comment y accéder. L’amour
est réellement présent partout, il suffit d’en prendre conscience.
L’amour s’exprime de multiples manières. Un petit garçon
mémorise une chanson que lui a apprise son père, et il est encore
capable de la chanter quatre-vingts ans plus tard. Un marin pilote
son navire pour traverser un terrible typhon pendant trois jours, sans
s’arrêter un instant, sans manger ni boire, alors que tous ses
compagnons de bord ont le mal de mer. Un médecin aime ses
patients et prie pour eux à leur insu. Une maman nettoie le pantalon
souillé d’un jeune enfant souffrant de diarrhée en disant : « Mon
chéri, ce n’est pas ta faute, tu n’y peux rien. » Une femme se lève tôt
chaque matin pour préparer du café à son mari, exactement comme
il l’aime. Un toutou attend près de la porte que son maître revienne,
et remue la queue dès qu’il franchit le seuil. Un minou ronronne. Un
oiseau chanteur gazouille.
En général, les gens pensent à l’amour comme « amour
romantique » : « ma chérie », « mon coeur »… Mais l’amour
romantique n’est qu’une partie mineure d’une vie humaine. Il existe
de nombreux types d’amour autres que l’amour personnel et
romantique, et ils imprègnent notre expérience quotidienne : l’amour
des animaux de compagnie, l’amour de la famille et des amis,
l’amour de la liberté, l’amour d’un objectif, l’amour du pays, l’amour
des valeurs, l’amour de la création, l’amour comme vertu, l’amour
comme enthousiasme, l’amour comme pardon, l’amour comme
acceptation, l’amour comme facteur de motivation, l’amour sous
forme d’appréciation, l’amour sous forme de gentillesse, l’amour
comme essence de la relation, l’amour comme énergie de groupe
(par exemple, les Alcooliques anonymes), l’amour sous forme
d’admiration, l’amour sous forme de respect, l’amour comme valeur,
l’amour comme liens fraternels solidaires (copains, camarades de
classe, camarades de bord, coéquipiers), l’amour sous forme
d’amitié, l’amour sous forme de loyauté, l’amour sous forme
d’affection, l’amour sous forme de chérissement, l’amour sous la
forme de l’amour maternel qui se sacrifie, l’amour sous forme de
dévouement.
L’amour a de multiples facettes, comme le rappelle le film Love is a
Many-Splendored Thing (titre français : La Colline de l’adieu). Cette
affirmation est vraie du point de vue de l’expérience. Lorsque nous
avons abandonné toutes les résistances à l’amour et lâché prise sur
les sentiments négatifs qui le bloquent, le monde rayonne de la
splendeur de l’amour. Lorsque nous arrivons au niveau de l’amour,
ce rayonnement ne nous est plus caché.

L’amour guérit
L’amour facilite la guérison. Il transforme la vie. Cela est
parfaitement illustré par cette histoire vraie d’un chasseur de
canards qui a été transformé, d’un seul coup, après avoir été témoin
d’un acte d’amour. Un jour, il est parti à la chasse au canard – ce
qu’il faisait souvent pour se divertir. Comme d’habitude, il a vu un
canard voler, l’a abattu et l’a regardé tomber au sol, grièvement
blessé. À sa grande stupéfaction, il a vu la femelle du canard blessé
arriver à tire-d’aile, se poser aussitôt sur son compagnon et déployer
ses ailes sur lui pour le protéger. Voyant tout cet amour, le cœur de
cet homme a été transformé, et il n’a plus jamais chassé.
Lorsque nous devenons une personne aimante, il y a certaines
choses que nous ne pouvons plus jamais refaire. Et il y a certaines
choses que nous pouvons faire dans le champ énergétique de
l’amour, alors qu’elles sont impossibles hors de lui. De plus, les gens
font des choses pour nous qu’ils ne feraient pas pour les autres.
L’amour rend le miraculeux possible, et sans le qualifier de
« miraculeux ». L’amour a un effet de transfiguration.
Parfois, il est préférable de ne pas dire aux gens que nous les
aimons, parce qu’ils auront peur et penseront que nous avons des
desseins envers eux ou que nous voulons quelque chose de leur
part. En vérité, certaines personnes ont peur de l’amour et se
méfient de lui ; par conséquent, nous aimons ces personnes sans le
leur dire. L’amour est une manière d’être qui transforme tout autour
de nous, grâce au rayonnement de cette énergie. Cela se produit
tout seul. Nous n’avons absolument rien à « faire » pour cela, et
nous n’avons pas à lui donner de nom. L’amour est l’énergie qui
transfigure silencieusement chaque situation.
Cela signifie qu’en notre présence les personnes haineuses sont
soudain disposées à pardonner aux autres. Nous pouvons les voir
se transformer sous nos yeux. Tandis qu’elles lâchent prise sur la
colère, elles diront par exemple : « Eh bien, il n’y a aucune raison
d’être aussi en colère contre lui… Il est trop jeune pour en savoir
plus. » Elles trouveront une excuse pour défendre la personne au
lieu de l’attaquer. L’amour nous offre – à nous ainsi qu’à ceux qui
nous entourent – le pouvoir de faire des choses dont nous ne
serions pas capables autrement.
Le pardon est un aspect de l’amour qui nous permet de voir les
événements de la vie du point de vue de la grâce. Nous nous
pardonnons les erreurs que nous avons commises lorsque nous
étions moins évolués. Il est utile de voir l’ego, ou la petite partie de
nous-mêmes, comme un mignon petit ours en peluche. Cet ours en
peluche n’est pas « méchant » ; nous ne le détestons pas, nous ne
le grondons pas non plus. Nous l’aimons et l’acceptons pour ce qu’il
est : un mignon petit animal qui n’en sait pas plus. Nous
transcendons les petits aspects de nous-mêmes en les acceptant et
en les aimant. Nous voyons l’ego comme « limité », et non pas
comme « mauvais ».
Dans le champ énergétique de l’amour, nous sommes entourés
d’amour ; et cela engendre la gratitude. Nous sommes
reconnaissants pour notre vie et pour tous les miracles de la vie.
Nous sommes reconnaissants pour les chiens et les chats, car ils
représentent l’amour. Nous sommes reconnaissants pour chaque
geste de bonté de la part des autres, pour leur affection, leur
gentillesse et leur bienveillance.
Finalement, nous devenons simplement de l’amour. Tout ce que
nous faisons et disons et chacun de nos mouvements sont
dynamisés par l’amour que nous portons en nous. Que nous nous
adressions à un large public ou que nous caressions un chien,
l’énergie de l’amour se déverse de manière perceptible. Nous
voulons partager ce que nous portons dans notre cœur comme un
savoir acquis par l’expérience ; et nous le portons dans notre cœur
pour chacun et pour toute chose, afin qu’ils le ressentent, eux aussi.
Nous prions pour que cette expérience intérieure d’amour infini soit
disponible pour tous ceux qui nous entourent, y compris les
animaux. Notre vie est une bénédiction pour tout ce qui nous
entoure. Nous reconnaissons les autres et nos animaux comme le
cadeau qu’ils constituent pour nous.
L’amour émane du cœur. Lorsque nous sommes en présence de
personnes qui s’aiment, nous captons cette énergie. L’amour de nos
proches, de nos animaux de compagnie et de nos amis est l’amour
de la Divinité pour nous. Lorsque nous allons nous coucher, le soir,
nous rendons grâce d’avoir été entourés d’amour toute la journée.
Chaque instant n’est possible que grâce à l’amour. L’écriture de ce
livre n’a été possible que grâce à l’amour.
Dans l’état d’amour, nous nous réveillons, chaque matin, emplis de
gratitude pour un autre jour de vie ; et nous cherchons à rendre la
vie meilleure pour tous ceux qui nous entourent. Grâce à la
présence de l’amour, les choses vont mieux ; les œufs au plat sont
parfaitement réussis ; le canard est sauvé ; le minou est nourri ; et le
toutou est adopté à la fourrière et ramené à la maison. Nous
partageons notre amour avec tout ce qui nous entoure, toutes les
formes de vie : les chats, les chiens, les autres personnes, tous les
êtres vivants. Oui, même les méchants. Si notre tâche est de
surveiller un malfaiteur qui a été capturé, nous cherchons à rendre
sa vie tolérable. Nous lui disons : « Je suis désolé de devoir pointer
une arme sur votre tempe, mais c’est mon travail. » Nous essayons
d’être aussi bienveillants et généreux que possible, sans aucune
exception.
Plus nous aimons, plus nous pouvons aimer. L’amour est sans
limites. L’amour engendre l’amour. C’est pourquoi les psychiatres
recommandent d’avoir un animal de compagnie. Un chien, par
exemple, donne de l’amour et le développe dans le cœur de son
maître. L’amour prolonge la vie. D’ailleurs, des recherches indiquent
qu’avoir un chien prolonge la vie de son propriétaire de dix ans !
Pensez à tous les exercices, diètes et autres régimes bizarres que
les gens suivent pour ajouter relativement peu de temps à leur vie,
alors qu’il leur suffit d’avoir un chien pour gagner dix ans ! L’amour a
un puissant effet anabolisant. Il augmente la sécrétion d’endorphines
– ces hormones qui améliorent notre existence. Nous vivons dix ans
de plus avec un chien dans notre vie, parce que sa compagnie
catalyse l’énergie de l’amour – et cette énergie de l’amour guérit et
prolonge la vie.
L’énergie de l’amour est capable de guérir notre corps, lorsque les
conditions sont propices. Sur le plan physique, en raison de la
prévalence d’un état mental positif, les maladies physiques se
résolvent souvent d’elles-mêmes. Certaines guérissent
automatiquement, sans qu’aucune attention particulière ne leur soit
portée ; et celles qui subsistent répondent généralement aux
techniques de conscience. Les maladies persistantes qui ne
répondent pas aux traitements sont considérées comme
significatives sur le plan karmique, symbolique ou spirituel. On
assiste, globalement, à une diminution de la conscience du corps, ce
dernier vaquant désormais à ses occupations et semblant se
prendre en charge tout seul. Nous ne nous identifions plus au corps.
Nous avons bien moins d’intérêt pour les questions de santé à un
niveau purement physique, et il y a des moments où la conscience
du corps disparaît complètement, à moins que nous ne nous
concentrions dessus pour une raison particulière.
La compréhension intuitive remplace progressivement la
« pensée », qui disparaît peu à peu. Au fil du temps, la « pensée » et
ses processus mentaux sont remplacés par un « savoir » spontané
et intuitif. La logique s’en trouve court-circuitée. Cela se produit
parce que, au plus haut niveau de vibration, tout dans l’univers est
connecté à tout. Notre compréhension se déploie sous forme de
« révélation » de ce champ interconnecté. La connaissance est
holistique plutôt que limitée.
Grâce à notre calme intérieur, nous avons la capacité de percevoir
les pensées et les sentiments des autres à un niveau non verbal. La
communication non verbale avec les autres devient possible et
courante. Nous ne ressentons plus d’émotions négatives, parce que
le petit soi a été transcendé, absorbé dans le grand Soi. Les
phénomènes émotionnels s’en trouvent transformés. La perte, par
exemple, est vécue comme une déception, ou un regret transitoire,
plutôt que comme un chagrin.

L’amour inconditionnel
Grâce au lâcher-prise continuel, nous expérimentons l’état d’amour
inconditionnel (calibré à 540) qui est rare et qui ne se produit que
chez 0,04 % de la population. Cette énergie est miraculeuse,
inclusive, non sélective, transformatrice, illimitée, inlassable,
rayonnante, dévotionnelle, sainte, diffluante, miséricordieuse et
désintéressée. Elle se caractérise par la joie intérieure, la foi,
l’extase, la patience, la compassion, la persistance, l’essence, la
beauté, la synchronicité, la perfection, l’abandon, le ravissement, la
clairvoyance et l’ouverture. Nous renonçons à voir le moi personnel
comme un agent causal. Tout se passe sans effort, par
synchronicité.
La joie découle de l’expérience subjective intérieure de notre
propre existence. Le pouvoir de la joie est subjectif, ne provenant
d’aucune source extérieure à nous-mêmes. C’est pourquoi son
énergie motrice est inépuisable. Nous pouvons danser avec extase
durant toute une nuit dans une chapelle éclairée à la bougie, comme
si nous étions « dansés » par la Source de la Vie, elle-même. Dans
cet état, la perfection innée et la beauté époustouflante de tout ce
qui existe brillent comme un rayonnement lumineux, tandis que
l’infusion d’énergie spirituelle facilite la transfiguration de la
perception en clairvoyance – du linéaire au non linéaire, et du limité
à l’illimité. Bien qu’il soit encore possible de fonctionner dans le
monde aux vibrations d’amour les plus élevées (supérieures à 500),
nous pouvons finir par quitter l’arène ordinaire des échanges et
abandonner notre milieu social ainsi que nos occupations
antérieures.
Dans de tels états, les événements « miraculeux » sont monnaie
courante. Ce que l’on qualifie de « surnaturel » apparaît tout le
temps – non explicable par la raison, la logique ou la relation de
cause à effet. Il est clair qu’aucune « personne » n’accomplit de
miracles. Ils se produisent spontanément d’eux-mêmes lorsque les
conditions en sont réunies. Le développement d’un ego spirituel est
empêché par la prise de conscience que ces phénomènes sont un
don au-delà de notre soi personnel ; nous ne sommes que les
canaux de l’Amour et non pas son origine. Nous savons que le
progrès spirituel est le résultat de la grâce, et non pas le résultat de
nos efforts personnels. La gratitude pour cet état remplace la fierté
de l’accomplissement. Le processus de lâcher-prise se poursuit de
plus en plus profondément, à mesure que nous abandonnons tous
les doutes, tous les systèmes de croyances, toutes les perceptions,
toutes les postures, toutes les opinions et tous les attachements.
Nous sommes alors disposés à abandonner tous les attachements,
même celui à l’état exquis de l’extase, qui est indicible.
En toute humilité, nous abandonnons toutes nos opinions sur
autrui. D’une certaine manière, personne ne peut s’empêcher d’être
différent. L’amour connaît cette vérité et ne prend aucune position.
L’amour souligne le côté positif des autres, plutôt que leurs défauts.
Il se concentre sur la bienveillance de la vie dans toutes ses
expressions. L’amour inconditionnel est un amour qui n’attend rien
des autres. Lorsque nous sommes devenus aimants, nous n’avons
plus aucune limitation, ni aucune exigence, envers les autres sur la
manière dont ils devraient se comporter pour être aimés. Nous les
aimons, peu importe comment ils sont. Même s’ils sont
désagréables ! Nous sommes désolés pour les criminels qui ont
considéré qu’une vie de délinquance serait leur meilleure option.
Lorsque l’amour est inconditionnel, il n’y a pas d’attachement, pas
d’attente, pas de programme caché ou de comptabilité pour
déterminer qui donne quoi à qui. Notre amour est inconditionnel pour
ce que nous sommes et pour ce qu’ils sont. Nous le donnons sans
aucune exigence. Aucune condition n’y est attachée. Lorsque nous
donnons, nous n’attendons rien en retour. Nous avons abandonné
toutes les attentes conscientes et inconscientes envers l’autre
personne.
L’amour illumine l’essence des autres et, par conséquent, il les
rend absolument dignes d’être aimés. Car l’amour ouvre le cœur. Au
lieu de la perception qui appréhende, le cœur sait. Le mental pense et
argumente, mais le cœur sait et persévère. Ainsi, même lorsque les
gens commettent des erreurs, nous les aimons. Le mental nous dit
une chose, mais le cœur nous en dit une autre. L’esprit peut être
critique et en désaccord, mais le cœur aime, quoi qu’il arrive. Le
cœur ne pose aucune condition sur ce qui se présente. Seul le
mental fait cela. L’amour ne demande rien.
L’une des clés qui permettent de rendre l’amour inconditionnel est
la disposition à pardonner. Avec le pardon, les événements et les
personnes sont recontextualisés, de sorte qu’ils sont considérés
comme étant simplement « limités », et non pas « mauvais » ou
« non dignes d’être aimés ». Nous sommes humblement prêts à
renoncer à notre interprétation d’un événement passé. Nous prions
pour qu’un miracle nous permette de voir la vérité sur la situation ou
la personne, et nous abandonnons toutes nos opinions sur la
question. Nous regardons les bénéfices que nous obtenons si nous
conservons notre interprétation de ce qu’il s’est passé, et nous
abandonnons chaque petit avantage : le plaisir de l’apitoiement sur
soi, d’« avoir raison », d’avoir « été lésés », et de nos ressentiments.
Finalement, nous abandonnons l’idée même du pardon. Pardonner
à quelqu’un implique que nous continuions à considérer la personne
ou la situation comme « mauvaise » et, par conséquent, comme
ayant besoin d’être pardonnée. Le véritable abandon signifie
renoncer totalement à voir les choses de cette manière. Lorsque
nous abandonnons complètement notre perception, abandonnant
tout jugement, toute la situation est transfigurée, et nous voyons la
personne comme « aimable », c’est-à-dire digne d’être aimée. Tout
jugement étant, en réalité, un jugement de soi, nous nous libérons
nous-mêmes, dans ce processus.
Lorsque nous atteignons le niveau de l’amour inconditionnel, nous
aimons tout le monde et toute chose. Au lieu de haïr le mal, nous
ressentons de la tristesse et de la compassion pour les personnes
qui ont été submergées par une telle négativité. Pendant la Seconde
Guerre mondiale, les pilotes kamikazes faisaient ce qu’ils croyaient
devoir faire pour leur pays. Et, même s’ils essayaient de nous
bombarder et de nous tuer, il n’est pas nécessaire de les haïr. Nous
pouvons respecter leur volonté de sacrifier leur vie pour leur pays.
Nous pouvons voir que toute personne qui viole la loi de l’amour est,
en réalité, victime d’un système de croyances sociétales ou des
pressions de son époque.

L’unité
Au fur et à mesure que cet état progresse, toute notre existence
prend un sens différent ; et nous devenons conscients de l’être
intérieur et de l’essence de toute chose, plutôt que simplement de sa
forme. Grâce à ce changement de perception, la perfection de toute
chose se révèle. Cette expérience est hors du temps ; il n’y a ni
passé ni futur. Dans sa vibration la plus élevée, l’amour ne voit
aucune séparation entre l’individu et le reste de l’univers. Nous
faisons l’expérience d’une unité totale avec toutes les choses. Dans
cet état, l’unité totale de toutes les choses a un sens de la Réalité
plus grand que les perceptions ordinaires du soi dans le monde, et
cela ne peut être décrit que comme profond.
Tandis que ces changements personnels ont lieu, notre mode de
vie peut, ou non, présenter des modifications à l’observateur
extérieur. En tout cas, les habitudes et les comportements, bien
qu’ils puissent sembler inchangés, ne sont plus ni compulsifs ni
impulsifs. Nous parvenons souvent à les abandonner, à les
transformer ou à les changer sans désagrément excessif. D’autre
part, il peut en effet se produire des changements soudains dans
notre mode de vie, y compris des changements professionnels
majeurs en raison de la modification de nos valeurs intérieures et de
l’expansion de nos intérêts et de notre vision. Maintenant que nous
sommes connectés à une dimension supérieure, nous pouvons nous
y immerger par la contemplation, la méditation, l’art, la musique, le
mouvement, la lecture, l’écriture, l’enseignement et la participation à
des groupes spirituels ayant des objectifs similaires.
Le lâcher-prise s’effectue désormais de manière plus spontanée et
continue. Des périodes de calme intérieur et de beauté commencent
à se produire avec une fréquence et une durée accrues. Elles
peuvent survenir à un niveau très profond. Curieusement, elles
peuvent suivre des épisodes de grande agitation et de luttes
intérieures. Ces périodes d’intense travail intérieur surviennent parce
que nous ne supportons plus la négativité. Maintenant que nous
disposons d’un plus grand pouvoir de conscience, nous sommes
capables d’aller en profondeur et de traiter les problèmes aux
niveaux de conscience les plus enfouis. Il peut s’agir de problèmes
tels que ceux concernant la source de notre identité ou le concept de
soi.
Des moments de grande sérénité et de paix peuvent également
avoir lieu après des périodes prolongées de lâcher-prise continu,
comme le montre l’exemple suivant. À un moment donné, tandis que
j’étais dans un état de joie permanente, il s’est produit un événement
qui m’a fait prendre conscience d’un conflit qui découle de la
manière la plus profonde dont nous pouvons être en relation avec
les autres. Ce fut difficile à observer et à expérimenter, mais, comme
mon état dominant avait une énergie tellement élevée, je pus laisser
le conflit intérieur surgir et suivre son cours afin de le résoudre une
fois pour toutes. Cela a duré dix jours entiers, sans interruption ; et,
pendant cette période, mon approche a consisté à abandonner
constamment le conflit et à le laisser aller sans tenter de le modifier
en aucune manière. Pendant un certain temps, ce conflit intérieur
m’a semblé interminable ; cependant, l’expérience précédente du
processus de lâcher-prise m’avait confirmé que tout sentiment
s’épuise tôt ou tard si nous continuons à le relâcher.
Déménager temporairement dans une petite cabane au milieu des
bois a intensifié le processus, car je n’avais aucune autre distraction.
Puis la source du conflit s’est approfondie, et des sentiments encore
plus douloureux ont émergé avec force. Je ressentais beaucoup
d’agitation intérieure, parfois presque une impression d’agonie et de
désespoir. Déterminé à ne pas abandonner ou à ne pas bloquer le
déroulement de ce processus, j’ai finalement touché le fond des
abysses et fait remonter un désespoir obscur d’une intensité
accablante. Malgré cela, j’avais la certitude que tout irait bien, parce
que l’identification primaire ne se faisait pas avec le désespoir, mais
avec le lâcher-prise lui-même.
Finalement, j’ai pu abandonner toute la résistance au désespoir, et
il a disparu instantanément. Ce désespoir, qui avait été écrasant et
quasiment insupportable, s’est évanoui en un instant ! À sa place
régnait une paix profonde, indicible. Elle était infinie dans sa
dimension, étrangement puissante et totalement inexpugnable. Je
ressentais un profond silence intérieur ; et toute perception du temps
s’était arrêtée. Au lieu du « temps », il n’y avait que le mouvement
des phénomènes qui se produisaient dans le monde. Le lendemain,
l’expérience a continué et, d’ailleurs, elle a été encore plus forte.
Puis, par curiosité, je suis retourné dans le monde, afin de voir à
quoi allait ressembler l’expérience de la vie normale à partir de cet
état de conscience. Tandis que je marchais sur la Cinquième
Avenue à New York, le même calme profond, la même harmonie et
la même paix prédominaient. Cette paix et ce calme omniprésents
semblaient sous-tendre tout le chaos superficiel, le brouhaha et la
confusion de la ville. C’était comme si le pouvoir et la force de cette
dimension de calme étaient le pouvoir qui permettait à tout cela de
se produire et le maintenait dans une unité continue. Dans l’essence
de ce calme se trouvait un pouvoir illimité ; et il était clair que c’était
ce pouvoir même qui contrecarrait et équilibrait la négativité
collective de la ville. L’extérieur devenait comme l’intérieur. De la
même façon, il était clair que ce même pouvoir cohésif est celui qui
contrebalance aussi la négativité de la personnalité. Sans
opposition, cette négativité détruirait la personne, et le corps avec
elle.
Dans les chapitres précédents, nous avons dit que les émotions
inférieures étaient associées à une accumulation d’énergie dans les
centres énergétiques inférieurs du corps appelés « chakras ». Au fur
et à mesure que notre conscience s’élève, grâce à l’abandon de la
négativité, cette énergie a tendance à s’élever vers des centres
supérieurs, de sorte que, lorsque la personne a atteint le niveau de
l’amour, l’énergie s’est déplacée jusqu’au chakra du cœur. L’amour
devenant inconditionnel et toujours joyeux, la dimension personnelle
de l’amour cède la place à l’amour universel. En général, on dit
d’une personne qui a atteint le niveau de l’amour qu’elle a « un
grand cœur ». Cette phrase exprime le déplacement de l’intérêt et
de l’orientation de la vie de la personne vers ce qui est amour. Ce
déplacement de la focalisation vers le haut s’accompagne d’un
changement global de perception, d’un point de vue différent de
celui qui caractérise la focalisation de l’attention d’une personne
impliquée dans les émotions négatives.
Par exemple, si une personne qui se trouve dans un état d’esprit
inférieur aperçoit un vieux monsieur habillé négligemment, debout
au coin de la rue, elle le percevra comme un « clochard ». Cette
caractérisation s’accompagne d’autres pensées négatives telles
que : « Il pourrait être dangereux, alors il vaut mieux l’éviter » ; « Il
nous coûte cher à nous, les contribuables, il bénéficie très
probablement d’aides sociales » ; « La police devrait débarrasser les
rues de ce genre d’épaves » ; « Il devrait être en prison ou dans un
hôpital psychiatrique ».
En revanche, une personne qui a atteint le niveau de l’amour
pourrait bien le voir comme quelqu’un d’intéressant dont le visage
reflète beaucoup d’expérience de la vie, de caractère et de sagesse.
Il pourrait lui apparaître comme une âme libérée qui en a
pratiquement fini avec le monde et qui a évolué vers l’être, au-delà
du faire et de l’avoir.
J’ai croisé un tel homme sur la Cinquième Avenue, et il était dans
cet état de calme intérieur total que j’ai décrit ci-dessus. Tout en
marchant sur le trottoir, ce vieux monsieur a perçu, en un coup d’œil,
mon état de calme intérieur et, en réponse, il s’est totalement ouvert.
Son regard était si pénétrant que rien ne lui était caché, et son âme
s’ouvrit complètement pour être lue. Il était évident qu’il s’agissait
d’un homme qui avait pris conscience de son véritable Soi intérieur
et qui était totalement en paix. En fait, il faisait partie intégrante de
cette énergie puissante, positive et aimante qui assurait la cohésion
de la ville.
Avec cet échange de regards, nous avons partagé notre unité –
notre unité intemporelle. Bien qu’étrangères, nos âmes étaient unies
et vibraient de concert. Le Soi unique rayonnait. Cette unité était
l’énergie qui contrecarrait la négativité totale de New York à ce
moment-là. Dans notre regard ouvert, il y avait une unité cosmique
(calibrée comme véritable). Il y avait une conscience totalement
silencieuse que l’unité reflétait une énergie infinie qui contrebalançait
la négativité totale de la ville de New York à ce moment-là, parce
que le pouvoir qui était partagé était infini. Sans contrepoids, la ville
s’autodétruirait. C’était un état de conscience silencieux,
prédominant, infini. Ce fut un moment profond au cours duquel j’ai
pu vérifier l’une des lois de la conscience par l’expérience : L’Amour
est la Loi ultime de l’univers (déclaration calibrée à 750).
CHAPITRE 13

LA PAIX

D
ans la paix, il n’y a plus aucun conflit. Il y a une absence
totale de négativité et un amour qui englobe tout, qui est
vécu sous forme de sérénité, de tranquillité, d’intemporalité,
de plénitude, d’accomplissement, de quiétude et de contentement. Il
y a un calme et une lumière intérieurs, un sentiment de cohésion,
d’unité et de liberté totale. La paix est imperturbable. Les actions
sont effectuées sans effort, elles sont spontanées, harmonieuses et
aimantes dans leur effet. Il y a un changement de perception de
l’univers et de notre rapport à lui. Le Soi intérieur prédomine. Le soi
personnel a été transcendé, avec tous ses sentiments, ses
croyances, ses identités et ses préoccupations. C’est l’état ultime
auquel aspirent tous ceux qui cherchent – qu’ils soient religieux,
humanistes ou qu’ils n’aient aucune identification spirituelle ou
philosophique.

Le profond impact de la paix


Nous avons tous connu des moments de paix profonde où le temps
et le monde semblaient soudain s’arrêter, et où nous sommes entrés
en contact avec l’Infini. Ces dernières années, de nombreux livres
ont été publiés sur l’expérience de mort imminente. Dans diverses
circonstances, cette expérience a été vécue par des personnes qui
sont décédées, puis retournées dans leur corps. Un fait
caractéristique est que leurs vies ont été transformées par cette
expérience et qu’elles ne l’ont jamais oubliée. Leur vision du monde,
de sa signification et de leur rôle personnel dans ce dernier a
considérablement changé.
Dans le film Les Horizons perdus, après que le héros a fait
l’expérience de Shangri-La, il revient dans le monde, mais il le voit
alors d’une manière totalement différente. Il aspire à tout prix à
retourner à Shangri-La, où régnait la paix. Une fois que nous avons
fait l’expérience de la paix, nous ne sommes plus des victimes du
monde. Nous ne sommes plus sous son influence comme nous
l’étions auparavant, car nous avons eu un aperçu de la vérité à son
sujet et de ce que nous sommes réellement.
Avec un lâcher-prise continu, nous commençons à expérimenter
ces états de paix avec une fréquence toujours croissante. Parfois, ils
peuvent devenir très profonds et de plus en plus longs. Lorsque les
nuages sont dissipés, le soleil brille, et nous découvrons que la paix
a toujours été la vérité. Le lâcher-prise est le mécanisme qui révèle
la véritable nature de notre existence.
Lorsqu’une personne est en état de paix, elle est testée forte par la
kinésiologie ; et rien ne l’affaiblit, que ce soit sur le plan mental,
émotionnel ou physique. Il n’y a plus d’identification avec le corps en
tant que soi, et les troubles physiques peuvent être guéris ou non.
Nous y sommes indifférents ; les préoccupations physiques ont
perdu toute importance.
L’expérience de la paix intérieure génère une grande force. Un
champ énergétique de paix totale est inattaquable. La personne qui
a trouvé la paix intérieure ne peut plus être intimidée, contrôlée,
manipulée ou programmée. Dans cet état, nous sommes
invulnérables aux menaces du monde, et nous avons maîtrisé la vie
terrestre. Lorsque l’état de paix est établi, la souffrance humaine
ordinaire n’est plus possible, parce que nous avons totalement
abandonné la base même de cette vulnérabilité.

La transmission silencieuse
Nous décrivons la personne qui a atteint cet état de paix comme
étant « illuminée » et en état de grâce. À l’intérieur, et au-delà de
cette condition, se trouvent divers états avancés d’illumination et
divers niveaux de réalisation décrits par les mystiques, les sages, les
saints et les avatars.
Être en présence d’un état d’illumination présente un avantage
silencieux et non verbal. Typiquement, il s’agit d’un maître spirituel
avancé, d’un saint ou d’un sage. Les adeptes parcourent de grandes
distances pour être en présence physique de ce champ énergétique.
Le dévot, ou le chercheur, reçoit une transmission silencieuse de
l’énergie à haute fréquence de l’aura du maître, décrite comme
« transmission du non-mental », « grâce du gourou » ou
« bénédiction du maître ». Cette transmission se produit d’elle-même
et n’est pas personnelle. L’état de paix infinie rayonne
inconditionnellement de lui-même à partir du champ énergétique du
maître ou du saint. Lorsque le Bouddha a donné une fleur à son
disciple, c’était un symbole de la transmission de l’énergie. Une fois
que nous avons été en présence d’un grand maître qui dégage cette
énergie, nous ne sommes plus jamais la même personne. La chose
la plus bénéfique qui puisse nous arriver est de nous trouver en
présence d’un grand maître, parce que nous captons la vibration
tandis que nous sommes en présence physique de cet état de paix
et d’abandon total. La transmission silencieuse de cet état réalisé est
un phénomène énergétique non verbal qui ne dépend ni de la
logique ni du langage. La vibration présente dans l’aura de
l’enseignant avancé fonctionne comme une onde porteuse pour
faciliter notre compréhension des mots prononcés. Mais c’est la
vague d’énergie, et non pas les mots, qui est l’élément catalyseur.
C’est par une transmission silencieuse que l’énergie de l’enseignant
avancé ou du saint est incorporée dans notre aura, nos fonctions
cérébrales et notre être tout entier.
C’est parce que cette énergie de paix est transmise dans le monde
que l’humanité est encore en vie. Sans cette énergie pour la
contrebalancer, elle se serait détruite elle-même depuis longtemps.
C’est la raison pour laquelle notre propre évolution intérieure profite
à toute l’humanité. En atteignant ces états supérieurs d’amour et de
paix en nous-mêmes, nous devenons une présence salvatrice dans
le monde.
S’abandonner à la Réalité ultime
La particularité de ce niveau est l’absence de désir. Il n’est point
besoin de vouloir quoi que ce soit, parce que tout se manifeste dans
notre vie spontanément et automatiquement, sans volonté ni effort
conscients. À ce niveau, les pensées maintenues à l’esprit sont très
puissantes et ont tendance à se manifester rapidement. Le
phénomène de synchronicité est continu. Les mécanismes de cause
à effet et le fonctionnement interne de l’univers apparaissent
clairement révélés, tandis que nous sommes maintenant les témoins
de la base même de la Réalité.
Ces états supérieurs de conscience se produisent spontanément
et de manière inattendue, et ils ont tendance à se reproduire et à
durer de plus en plus longtemps. Une fois que nous en avons fait
l’expérience, nous avons automatiquement l’intention de rendre cet
état de paix permanent. Le récit suivant, qui décrit ce qu’il s’est
passé après trois ans et demi de lâcher-prise continu, montre
comment cet état se produit et à quoi il ressemble.
C’était par une froide journée d’hiver. Mon processus d’abandon
avait été continu pendant onze jours consécutifs à un niveau de
conscience que je n’avais encore jamais atteint auparavant, pas
même pendant une psychanalyse. Il s’agissait de la base même de
la survie de l’ego et de son identification en tant qu’individu. Cela
concernait la manière dont nous expérimentons notre propre
existence, ainsi que le désir d’expérimenter notre propre être.
Au fil des jours, ce processus me semblait interminable. Puis un
doute a surgi dans mon esprit : « Étais-je en train de tenter
l’impossible ? » Il devint clair que le but de ce doute, lui-même, était
un mécanisme de défense ; je l’ai abandonné et j’ai continué à
lâcher prise en profondeur.
Puis, après être entré dans un restaurant par un dimanche après-
midi froid et pluvieux, et m’être assis seul à une table, le monde s’est
soudain miraculeusement transformé. Un profond sentiment de
calme intérieur et de paix est apparu. Il était plus grand que tout ce
que l’on peut imaginer. Cette expérience a eu lieu hors du temps. En
fait, le temps n’avait aucune signification ; et l’espace n’existait pas
non plus de la manière dont nous le percevons habituellement. Tout
était connecté. Il n’y avait qu’une seule vie qui s’exprimait avec un
seul Soi à travers tous les êtres vivants. Il n’y avait plus
d’identification avec le corps, ni aucun intérêt pour lui. Il n’était pas
plus intéressant que n’importe quel autre corps présent dans la salle.
Toutes les émotions et tous les événements étaient interconnectés,
et tous les phénomènes se produisaient parce que chaque chose
manifestait spontanément sa propre nature intérieure, comme si le
mouvement et la croissance étaient le déploiement spontané de leur
potentiel. Cette immobilité imperturbable était comme un rocher. Il
était évident que le vrai Soi était invisible – sans commencement ni
fin – et qu’il n’y avait eu qu’une identification transitoire avec le corps
et l’histoire qui accompagnait l’identification en tant qu’individu.
Il me semblait très étrange d’avoir pu penser, autrefois, que j’étais
un corps isolé, séparé des autres, avec un début délimité et une fin
précise. Cette pensée me semblait désormais absurde. Je n’avais
plus aucun sentiment d’un soi séparé, et le pronom « je » a disparu,
devenu vide de sens. Au lieu de cela, j’avais conscience d’être
toutes choses. Il en a toujours été ainsi, et cela le sera toujours.
L’être véritable est en dehors du temps. Le temps que le corps
passe sur la Terre ressemble à une fraction de seconde au cours de
laquelle la vérité de l’identité intemporelle a été oubliée en raison de
l’aveuglement par le petit soi. Puis la manière dont cela s’est produit
m’a été révélée. J’avais eu le souhait d’expérimenter une existence
séparée, et ce vœu pieux s’est manifesté sous la forme d’une
personne individuelle avec une identité individuelle et un corps
physique pour l’accompagner.
La connexion intérieure de toutes choses était absolument
flagrante. C’était l’univers holographique tel que décrit par le
Bouddha et par la physique théorique avancée moderne, qui
concordent tous deux sur la nature intrinsèque de l’univers. Comme
tout était parfait, il n’y avait rien à souhaiter, rien à désirer, rien à
créer et rien à devenir. Il n’y avait que Cela, l’essence même de
l’Être à partir de laquelle l’existence surgit. Cet Être est la Source de
l’existence ; mais, curieusement, il n’est pas sa Cause.
Cette prise de conscience me sembla profondément familière.
C’était comme si je l’avais toujours su, comme si j’étais enfin de
retour chez moi. Il n’y avait pas d’émotions ni de sentiments. Il n’y
avait pas de conscience des sensations. Même si elles semblaient
persister, elles n’étaient plus ni personnelles ni significatives.
À titre d’expérimentation, j’ai retenu une pensée pendant une
fraction de seconde, afin de voir ce qu’il se passerait. Presque
instantanément, elle eut un effet dans le monde physique. Par
exemple, si je pensais à du beurre ou à du café, cela avait pour
conséquence que le serveur arrivait aussitôt avec ces produits ; et,
pourtant, je ne lui avais absolument rien demandé. Aucun mot ne
semblait nécessaire. La communication se produisait avec n’importe
qui, dans un total silence.
Ce soir-là, mon corps a conduit ma voiture jusqu’à une réunion où
personne n’a rien remarqué de différent. Tous les participants me
semblaient intensément vivants. Leur vitalité se manifestait à partir
de leur Être ; et le Soi, qui était le même pour tous, brillait à travers
leurs yeux. Mon corps parlait aux autres, menant spontanément des
conversations normales et se comportant comme d’habitude. À ce
moment-là, il ressemblait à un jouet karmique à remontoir, géré par
tous ses schémas et programmes habituels, et ne nécessitant
absolument aucune attention. Il semblait savoir ce qu’il devait faire ;
d’ailleurs, il le faisait très efficacement et sans effort. J’observais
simplement toutes les conversations et interactions comme des
phénomènes, sans les diriger. Le fait d’avoir cru, un jour, qu’il y avait
eu un petit soi qui était l’auteur des actions de mon corps me sembla
relever d’une étrange vanité. En réalité, mon corps était un effet de
l’univers, et il n’y avait jamais eu d’auteur de ses actes. Les
phénomènes étaient comme des vibrations de l’esprit qui n’avaient
ni existence ni réalité séparées. Il n’y avait que le Tout. Seule cette
Unité existait réellement.
Le lendemain après-midi, une pensée m’est venue. Maintenant
que le chemin vers la Réalité m’avait été révélé, il pouvait y avoir un
retour à la conscience d’être cet individu que j’avais auparavant
accepté comme étant réel. Tout comme l’air de la pièce ne fait pas
l’expérience du contenu de la pièce, il n’y avait plus de « je » qui
expérimentait « ma propre existence ». Dans cet espace, il n’y avait
pas de « je » pour faire l’expérience du « je suis ». Revenir à la
conscience individuelle signifiait qu’il fallait faire un choix. En vérité,
ce choix s’est fait de lui-même, car il n’y avait pas de « je » pour
prendre une décision. Mon désir de faire l’expérience du moi
individuel s’est redynamisé de lui-même. L’option de lâcher prise
était présente, mais me revint alors en mémoire la liste des choses
que j’avais à terminer dans ce monde. Au fur et à mesure que le
sens du « je » revenait, j’observais mes choix, mais sans les décider
activement. Le processus de retour était en cours. Je pouvais le
permettre ou l’abandonner. Je l’ai autorisé, de sorte qu’il s’est
poursuivi. Le lendemain à l’aube, mon retour était complet, mais
j’avais désormais un sens différent de l’identité personnelle. La vérité
du Soi m’avait été révélée. J’acceptais la responsabilité d’avoir
choisi de continuer à vivre ma vie en tant qu’individu, sans pour
autant être l’effet d’une croyance en l’existence individuelle. En fait,
par un choix conscient, j’en assumais totalement la responsabilité.
Sur le plan expérimental, tout cela s’est produit en toute autonomie.
Par le passé, des états de conscience tels que ceux décrits ci-
dessus étaient considérés comme relevant uniquement du domaine
du mystique. Cependant, à l’heure actuelle, l’étude de ces états et
des informations qu’ils permettent d’obtenir est considérée comme
étant à la pointe de la science, en particulier de la branche de la
physique qui travaille sur la mécanique quantique et les particules
subatomiques de haute énergie. Les recherches sur ces particules
indiquent qu’elles ne sont pas des éléments au sens habituel du
terme, mais qu’elles sont, en fait, des événements qui se produisent
à la suite de fréquences énergétiques. La science postule,
désormais, qu’il existe une fréquence transcendante au-delà de
l’espace et du temps. Un ensemble impressionnant de recherches
menées dans de nombreux laboratoires a démontré que le cerveau
perçoit des modèles de fréquences grâce à une analyse
mathématique sophistiquée. Ces découvertes ont abouti à ce que
l’on appelle le « paradigme holographique », qui stipule que tout
dans l’univers est connecté à tout le reste, y compris l’esprit humain.
Dans l’hologramme, chaque partie contient le tout. Par conséquent,
chaque esprit individuel est capable de refléter l’univers entier. Cette
relation entre la conscience et la science constitue un vaste domaine
qui suscite un intérêt croissant, comme en témoigne la publication
de livres tels que Le Paradigme holographique5, Wholeness and the
Implicate Order (« le tout et l’ordre implicite »), Le Tao de la physique6,
The Dancing Wu-Li Masters (« les maîtres dansants de Wu-Li »),
Mindful Universe (« l’univers en pleine conscience »), Psychoenergetic
Science (« la science psychoénergétique ») et d’articles portant des
titres tels que « Field Consciousness and the New Perspective on
Reality » (La conscience du champ et la nouvelle perspective sur la
réalité), « The Enfolding-Unfolding Universe » (Le déploiement et le
repli de l’univers), « The Holographic Model » (Le modèle
holographique), « Physics and Mysticism » (Physique et mysticisme)
et « The Medium, the Mystic, and the Physicist » (Le médium, le
mystique et le physicien).
Au premier rang de ces chercheurs figurent le neuroscientifique
Carl Pribram de l’université de Stanford et le regretté physicien
David Bohm de l’université de Londres, dont nous pourrions résumer
les théories ainsi : nos cerveaux construisent mathématiquement la
réalité concrète en interprétant des fréquences provenant d’une
autre dimension, un domaine de réalité primaire signifiante et
structurée qui transcende le temps et l’espace. Le cerveau est donc
un hologramme qui interprète un univers holographique.
Il est intéressant de noter que les théories de la physique théorique
avancée, qui sont le produit d’activités dites « du cerveau gauche »,
nécessitent maintenant un nouveau contexte pour être comprises.
Le contexte qui émerge à partir de ces chercheurs scientifiques « de
cerveau gauche » correspond à la réalité dont témoigne le mystique
qui, quant à lui, représente la fonction du cerveau droit. Ainsi, quel
que soit le versant de la montagne que nous choisissons de gravir,
nous nous retrouvons au même point : le sommet.
Une troisième voie pour gravir la montagne est celle qui passe par
le mécanisme de l’abandon ; et chacun de nous a ainsi la possibilité
de vérifier par lui-même la nature ultime de la Réalité elle-même, qui
est la même que celle révélée au mystique ou au physicien. Nous
pouvons imaginer qu’avec chaque lâcher-prise nous avançons d’un
pas supplémentaire dans l’ascension de la montagne. Certains
d’entre nous grimperont jusqu’à ce que la vue qui s’offre à eux
s’améliore, et choisiront de s’arrêter là. D’autres iront encore plus
haut. Et puis, il y aura ceux d’entre nous qui ne seront pas satisfaits
avant d’avoir atteint le sommet et d’avoir vérifié par eux-mêmes ;
même si, à ce moment-là, il n’y a plus de personne individuelle pour
vérifier quoi que ce soit, car tout a été totalement abandonné.

5. Ken WILBER, Le Paradigme holographique, De l’homme, 1992.


6. Fritjof CAPRA, Le Tao de la physique, SAND, 2004.
CHAPITRE 14

RÉDUIRE LE STRESS ET LES


MALADIES PHYSIQUES

Aspects psychologiques et vulnérabilité au stress


Très peu de personnes parviennent à atteindre l’état de la paix, bien
qu’il soit accessible à tous. L’expérience intérieure de la plupart des
gens est marquée par un stress constant. La plupart des stress qui
entraînent des troubles émotionnels et physiques dans notre société
sont d’origine psychologique. Notre réponse au stress dépend de
notre « prédisposition au stress », et, comme nous l’avons souligné
précédemment, cette dernière est le résultat direct de la quantité de
sentiments refoulés et réprimés que nous avons accumulés. Plus
nous abandonnons et relâchons la pression émotionnelle, moins
nous sommes vulnérables à la réponse au stress et aux maladies
qui y sont liées.
La plupart du temps, le principal stress qui affecte la majorité
d’entre nous n’est pas dû à des stimuli externes, mais à la pression
de nos propres émotions refoulées. Ces dernières deviennent le
principal facteur de stress, de sorte que, même dans un
environnement extérieur calme, nous sommes constamment soumis
à un stress intérieur chronique.
Nous pouvons observer que les facteurs externes de stress ne
sont que les gouttes d’eau qui finissent par faire déborder le vase.
La principale charge de stress est celle que nous transportons avec
nous en permanence. La programmation psychologique de notre
société est si étendue que, pour la plupart des gens, il est même
problématique de se détendre et de profiter de vacances. (La
culpabilité nous suggère que nous « devrions » faire autre chose.)
Nous ressentons de la déception lorsque la relaxation ne se produit
pas immédiatement. Nous vivons dans l’agitation et dans la
poursuite sans fin d’activités « distrayantes » afin d’éviter la douleur
d’affronter notre propre soi intérieur. La plupart des cadres qui sont
débordés tout au long de l’année commencent à avoir secrètement
hâte de retourner à leur travail pendant leurs vacances. Ils se
plaignent peut-être extérieurement de leur lourde charge de travail,
mais, lorsqu’ils retrouvent leur routine, ils se sentent à nouveau
normaux.
Les effets des sentiments réprimés et refoulés ainsi que les
facteurs favorisant le stress sont responsables de la plupart des
pathologies émotionnelles et physiques. Toutes les maladies ont une
composante émotionnelle et psychologique ; et, de ce fait, il est
possible d’inverser le processus de la maladie en supprimant les
facteurs internes de stress. Cela explique les nombreuses
guérisons, signalées quotidiennement, de maladies graves et
potentiellement mortelles, grâce à l’utilisation de techniques
émotionnelles et spirituelles. De nombreuses guérisons ont lieu
après que toutes les méthodes médicales ont échoué. L’une des
raisons est qu’au stade où on leur dit : « Nous ne pouvons plus rien
faire pour vous », les patients lâchent prise, et ils recherchent et
acceptent la véritable nature et la cause fondamentale de leur
maladie.
L’identification et le lâcher-prise des sentiments refoulés réduisent
progressivement la propension personnelle au stress d’une
personne, diminuant ainsi sa vulnérabilité aux problèmes et aux
maladies liés au stress. La plupart des personnes qui apprennent et
pratiquent la technique du lâcher-prise constatent une amélioration
progressive de leur santé physique et de leur vitalité.

Les aspects médicaux du stress


Le stress est notre réponse à une menace perçue (réelle ou
imaginaire) pesant sur notre sécurité ou sur notre équilibre physique.
Le stimulus peut être interne ou externe. Il peut être physique,
mental ou émotionnel. Des recherches fondamentales sur la
réponse physique du corps au stress ont été réalisées par le
Dr Hans Selye et le Dr Walter Cannon. Selye a décrit ce qu’il a
appelé le « syndrome général d’adaptation ». En réponse à un
stimulus stressant, le corps passe d’abord par une réaction d’alarme,
puis par une phase de résistance ; et, si le stimulus se poursuit, il
peut déboucher sur la troisième phase, celle du syndrome
d’épuisement.
La réaction d’alarme se produit par la voie suivante : cortex
cérébral " hypothalamus (partie inférieure du cerveau) ¦ glandes
surrénales ¦ circulation sanguine (cortisol et adrénaline). De plus, il
se produit une libération d’hormones cérébrales et une stimulation
du système nerveux sympathique de l’organisme. L’adrénaline
passe ensuite dans tous les organes du corps et les prépare au
combat ou à la fuite. De nombreuses personnes, en particulier dans
les grandes villes, apprennent à vivre de la « montée » d’adrénaline
provoquée par des défis constants. La menace que représente la
compétition intense pour la survie maintient l’adrénaline en
circulation. En règle générale, ces personnes sont déprimées
pendant le week-end ou les vacances, car elles sont accros à
l’excitation et aux stimulations anormales. Elles se sont habituées à
la semi-euphorie induite par des niveaux élevés de cortisol.
La deuxième étape – celle de la résistance – est la tentative du
corps de rétablir son homéostasie. Elle implique des changements
hormonaux et des modifications du métabolisme et de l’équilibre
minéral. Le plus souvent, il y a du sodium, accompagné d’une
rétention d’eau dans les tissus. Certains cadres, par exemple,
présentent un enflement des chevilles, qui progresse au fil de la
semaine, puis, le vendredi soir, ils ont des mictions fréquentes. Ils se
plaignent d’un abattement dû à la diminution soudaine du taux de
l’hormone cortisol. Outre un effet quelque peu euphorisant, le
cortisol a également un effet anesthésiant. Cela explique pourquoi,
pendant la période d’abattement caractérisée par une faible
production de cortisol, ces personnes peuvent remarquer, pendant le
week-end, des symptômes physiques qu’elles n’ont pas ressentis
pendant l’excitation de la semaine de travail ; et elles peuvent se
plaindre de nombreux maux et douleurs au cours du week-end
qu’elles n’avaient pas ressentis au travail.
La troisième étape est l’épuisement. Si le stress se poursuit sans
interruption au-delà des capacités des mécanismes d’adaptation du
corps, ces derniers finissent par s’épuiser. L’état d’épuisement
surrénalien s’installe. Les défenses de l’organisme sont devenues
trop faibles pour contrer les effets du stress. Il y a une répression du
système immunitaire. Les organes du corps commencent à
présenter des modifications pathologiques dues à la longue
exposition aux hormones de stress. Les réserves d’énergie du corps
sont épuisées, pouvant entraîner des maladies, et même la mort de
l’organisme.
Pendant la réaction aiguë d’alarme, la motilité de l’estomac est
bloquée, la digestion est interrompue, et l’afflux sanguin à la paroi de
l’estomac diminue. À mesure que le stress se poursuit, il se produit
une hyperacidité et une surproduction d’enzymes digestives en
raison du déséquilibre du système nerveux et des changements
hormonaux. L’augmentation des enzymes digestives et de l’acide
chlorhydrique agissant sur la muqueuse gastro-intestinale affaiblie
entraîne une ulcération, produisant des ulcères de stress. Si le
stress persiste, ces ulcères peuvent saigner ou se perforer et
provoquer une catastrophe médicale. Dans d’autres cas, la réponse
à un stress chronique et anormal peut se traduire par une incapacité
à produire de l’acide chlorhydrique ou des enzymes, entraînant une
indigestion chronique et une mauvaise nutrition.
Outre le tractus gastro-intestinal, le système cardiovasculaire
réagit, lui aussi, au stress par une réaction d’alarme. À mesure que
le stress devient chronique, le cœur, les vaisseaux sanguins et les
reins peuvent subir des dommages entraînant une hypertension
et/ou une maladie coronarienne. Le stress est finalement
responsable d’accidents vasculaires cérébraux, de crises cardiaques
et d’hypertension, qui sont tous des causes majeures de décès aux
États-Unis.
La réponse du système énergétique au stress
et le système d’acupuncture
Le corps possède trois systèmes nerveux : 1) le réseau volontaire de
nerfs sous contrôle conscient et principalement distribué aux
muscles volontaires ; 2) le système nerveux involontaire ou
autonome (sympathique et parasympathique), qui est généralement
inconscient et qui contrôle les organes du corps et les fonctions
physiologiques telles que le rythme cardiaque, le flux et la
distribution du sang, la digestion et la chimie corporelle ; 3) le
système d’acupuncture, qui transmet la bioénergie à toutes les
structures internes et à tous les organes du corps. Ce troisième
système est moins connu dans la médecine occidentale, mais il a
été compris depuis fort longtemps par la médecine et la société
orientales.
Dans le système d’acupuncture, il y a un flux d’énergies vitales qui
circulent dans tout le corps physique via le schéma énergétique
invisible du corps. Ce système énergétique est décrit comme
comportant douze canaux principaux à la surface du corps physique,
le long des douze principaux méridiens d’acupuncture. À partir de
ces canaux, de nombreux affluents mènent aux divers systèmes
d’organes du corps. Une distribution anormale de l’énergie dans ces
méridiens entraîne un dysfonctionnement des organes affectés et, à
terme, le développement d’un processus pathologique.
Cette bioénergie vitale est le flux même de la vie. Elle répond très
rapidement au stress. Cette bioénergie réagit à chaque instant en
raison de ces facteurs fluctuants de notre vie que sont les schémas
changeants de nos perceptions, pensées et sentiments. La mesure
conventionnelle des réactions médicales du corps est relativement
lente. Une pensée passagère, qui peut s’accompagner d’un pic
émotionnel, n’entraîne pas de changement mesurable de la tension
artérielle ou du pouls ; cependant, elle s’enregistre instantanément
dans le système bioénergétique où une variété de modifications
rapides peut être observée par des méthodes scientifiques,
psychiques et cliniques.
L’équilibre global du système énergétique d’acupuncture du corps
est régulé par l’activité de la glande appelée « thymus ». Le système
bioénergétique est intimement lié au système immunitaire de
l’organisme par l’intermédiaire du thymus. Le stress chronique
affaiblit le système immunitaire de l’organisme, inhibe le thymus et
déséquilibre le système bioénergétique. Renforcer le thymus ou
prendre des compléments alimentaires d’extrait de thymus
rééquilibre le système bioénergétique. Une explication détaillée de
tout cela est présentée dans les livres Le corps ne ment pas
(Behavioral Kinesiology) et L’Énergie de vivre (Life Energy) de John
Diamond.

Les mesures pour atténuer le stress


Les recherches menées, dans les années 1980, à l’UCLA par
Liebeskind et Shavit ont permis de déterminer la relation entre le
stress, l’inhibition du système immunitaire et le développement du
cancer, en montrant les effets du stress intermittent sur la libération
d’opiacés cérébraux connus sous le nom d’« endorphines ». Sous
forme de chocs intermittents, le stress inhibe le système
immunitaire. Lorsque la réponse immunitaire est forte, il se produit
une libération d’endorphines du cerveau – des cellules
anticancéreuses dites « tueuses », qui attaquent et tuent les jeunes
cellules tumorales en croissance. Mais, lorsque l’activité immunitaire
est inhibée et que la présence d’endorphines est réduite, l’activité
des cellules anticancéreuses « tueuses » diminue.
Le rapport publié dans Science (223, p. 188-190) annonce : « Nos
découvertes soutiennent l’idée que le système nerveux central, en
modulant la fonction immunitaire, exerce un certain contrôle sur
l’apparition et le développement de la maladie. » Ce rapport précise
ensuite qu’un sentiment d’impuissance a été associé à une activité
réduite des cellules anticancéreuses tueuses et à une croissance
tumorale accrue. Chez les humains, tout comme chez les animaux,
la dépression fait diminuer la réponse immunitaire ; et ce sentiment
d’impuissance est lié au degré de contrôle que la personne, ou
l’animal, pense avoir sur les événements stressants. Ces résultats
aident à expliquer pourquoi la dépression et un sentiment
d’impuissance sont associés au cancer. D’autres recherches
confirment que la réponse au stress apparaît comme une condition
préalable essentielle à la maladie physique chez les animaux et les
humains (Sapolsky, 2010).
L’effet global du stress sur le système immunitaire a pour
conséquence de bloquer le système immunitaire de l’organisme en
raison de la production d’auto-anticorps. Si ces auto-anticorps sont,
eux-mêmes, bloqués, la fonction immunitaire reprend son cours. Par
conséquent, le blocage du système immunitaire est réversible. Par
exemple, des recherches menées à l’Institut Pasteur de Paris ont
permis la mise au point du sérum appelé « Bogomoletz » qui, injecté
par voie intradermique, entraîne une réactivation du système
immunitaire. Ce traitement est appelé « traitement RIB »
(rajeunissement immuno-biologique). Une petite quantité de sérum
est injectée dans la peau pendant trois jours consécutifs, et entraîne
une réactivation rapide du système immunitaire.
La réactivation des réponses corporelles favorables à la santé a
également été observée dans des interventions non médicales, par
exemple dans la corrélation entre la pratique de la méditation et la
réduction du stress et de la dépression. Des recherches menées sur
des étudiants ont, par exemple, révélé que la méditation entraînait
une diminution de leur réaction inflammatoire au stress, ce qui était
lié au soulagement de leur dépression. Cette étude a montré que les
étudiants qui ont participé fidèlement à une formation à la méditation
de six semaines ont constaté une amélioration du fonctionnement de
leur système immunitaire. Les étudiants d’un groupe témoin qui n’ont
reçu que des informations éducatives sur le stress, sans la
technique de méditation, ont montré peu – ou pas – d’amélioration
physiologique ou psychologique (Pace et al., 2009).
Des travaux de recherche – réalisés dans les années 1980, et non
publiés, auxquels j’ai participé en qualité de conseiller clinique – ont
montré une plus grande efficacité des méthodes intérieures, par
opposition aux méthodes purement médicales de réduction du
stress. Les méthodes médicales telles que la relaxation progressive
ont un effet positif ; cependant, l’effet bénéfique sur le rythme
cardiaque et la tension artérielle est plus important et plus durable si
des mécanismes intérieurs sont utilisés de manière consciente.
Ces résultats scientifiques ne surprendront pas les personnes qui
ont appris à utiliser des techniques telles que celle du lâcher-prise,
qui est un processus d’abandon intérieur applicable à toutes les
situations. Ces personnes rapportent qu’elles sont mieux à même de
gérer le stress, parce qu’elles se sentent plus calmes dans les
situations difficiles après avoir appris à lâcher les sentiments
négatifs au fur et à mesure qu’ils émergent.

Les tests kinésiologiques


La kinésiologie, ou test musculaire, est un outil très utile qui permet
d’étudier la relation directe entre l’esprit et le corps. La procédure de
base du test est aujourd’hui assez largement connue ; elle est à la
fois riche en informations et facile à apprendre. Les diagnostiqueurs
utilisent des méthodes kinésiologiques pour tester l’équilibre du
système d’acupuncture, les méridiens et le fonctionnement général
du système bioénergétique du corps.
La kinésiologie repose principalement sur des tests musculaires,
car des chutes soudaines de bioénergie sont indiquées par un
affaiblissement rapide de la musculature du corps. Cette réponse
peut être déclenchée par toute énergie négative qui entre dans
l’aura (donc à proximité) du système bioénergétique. Le stimulus
peut être physique – par exemple, des édulcorants artificiels, des
lumières fluorescentes, des aliments industriels et tissus
synthétiques et certains rythmes produits par des groupes de
musique heavy metal ou rap. Cependant, le stimulus le plus
marquant pour notre perception est l’effet d’affaiblissement immédiat
provoqué par une pensée ou un sentiment négatif. Une pensée ou un
sentiment négatif affaiblit instantanément le corps et y génère un
déséquilibre du flux d’énergie.
Comme ce type de test musculaire illustre de manière si belle et si
spectaculaire le lien entre l’esprit et le corps, il vaut la peine de
connaître la procédure et de l’expérimenter personnellement ; par
conséquent, nous allons entrer dans les détails de la procédure de
test, elle-même, qui est extrêmement simple et ne nécessite que
deux personnes. Il est important de noter que le testeur et celui qui
est testé doivent avoir tous deux dépassé le niveau de conscience
du courage (calibrage de 200) afin d’obtenir des réponses correctes
de la procédure de test (voir annexe B) ; en d’autres termes, la vérité
est montrée à ceux qui sont attachés à la vérité.

La technique du test kinésiologique


La personne testée se tient debout avec un bras tendu sur le côté,
levé à hauteur d’épaule. La deuxième personne fait office de testeur.
À l’aide de deux doigts, le testeur exerce une pression rapide de
quelques secondes sur le dos du poignet de la personne testée pour
évaluer sa force musculaire. En même temps que le testeur appuie,
il demande à la personne testée de résister de toutes ses forces. Il
est important que le testeur ne sourie pas à la personne testée, et
qu’il n’y ait ni conversation ni musique à ce moment-là. Il est
préférable que la personne testée regarde un objet neutre tel qu’un
mur blanc ou qu’elle ferme les yeux. Après plusieurs essais, le
testeur aura une idée de la force musculaire du sujet testé.
Pour faire un essai, demandez simplement à la personne testée de
penser à une situation émotionnellement désagréable ou à une
personne désagréable. Tandis que le sujet garde cette pensée
désagréable à l’esprit, le testeur appuie à nouveau pendant
quelques secondes pour tester la force du bras du sujet, qui est
toujours tendu horizontalement. En même temps, la personne testée
résiste à nouveau de toutes ses forces. On observera de manière
spectaculaire un affaiblissement majeur et soudain du muscle
deltoïde qui, à la pression, indiquera une perte d’environ 50 % de sa
force.
Demandez, maintenant, au sujet de penser à une personne qu’il
aime, et refaites le test. Il deviendra instantanément fort. Il s’agit d’un
phénomène spectaculaire et très intéressant à expérimenter et à
observer. Ce test peut être répété avec divers objets négatifs tenus
dans l’autre main du sujet, dans sa bouche, ou placés sur le sommet
de sa tête ou au niveau du plexus solaire. Pour ce faire, demandez
au sujet de regarder une lumière fluorescente ou une publicité
télévisée au moment du test, ou testez la différence entre l’effet de la
musique classique par rapport au heavy metal ou au rap ; du pain
fait maison versus du pain industriel ; du sucre par rapport au miel ;
des tissus synthétiques par rapport à du coton, de la laine ou de la
soie ; des aliments industriels par rapport à des aliments diététiques
biologiques ; de la vitamine C de synthèse par rapport à la
vitamine C d’acérola bio. Des tests supplémentaires peuvent être
effectués pour tester les réactions individuelles aux sodas light, aux
cigarettes, aux savons, aux aliments préférés de la personne et à
d’autres objets avec lesquels elle entre fréquemment en contact.
Lorsqu’on teste divers objets et les effets de pensées et de
sentiments, il devient vite évident que tout dans l’univers a une
vibration, et que la vibration a un effet de renforcement ou
d’affaiblissement. Par exemple, pour démontrer l’effet affaiblissant
d’un aliment à énergie négative, comme les édulcorants artificiels, il
n’est pas nécessaire de placer l’aliment dans la bouche. Il aura le
même effet affaiblissant s’il est placé dans la main opposée ou sur le
sommet de la tête.
Lorsqu’une personne utilise le mécanisme du lâcher-prise et
qu’elle abandonne un sentiment négatif, le test musculaire que nous
avons décrit passera de faible à fort. Lorsque nous abandonnons les
pensées négatives ou les systèmes de croyances négatifs, ils n’ont
plus le pouvoir d’épuiser notre énergie.
Ceci est une loi fondamentale de la conscience : Nous ne sommes
soumis qu’à ce que nous avons à l’esprit. Le corps répondra à ce que
nous croyons. Si nous croyons qu’une substance déterminée est
mauvaise pour nous, elle provoquera généralement une réponse de
faiblesse lors d’un test musculaire. Cette même substance rendra
forte une autre personne qui croit qu’elle est bonne pour elle. Ce qui
nous stresse est donc, avant tout, subjectif. Les tests musculaires
sont sensibles aux systèmes de croyances inconscients aussi bien
que conscients. Ces tests révèlent souvent qu’une personne ressent
ou croit inconsciemment le contraire de ce qu’elle pense croire
consciemment. La personne peut, par exemple, croire
consciemment qu’elle veut guérir, mais être inconsciemment
attachée aux bénéfices secondaires de sa maladie. Un simple test
musculaire révèle la vérité.

La relation entre conscience, stress et maladie


Comme nous l’avons vu, la propension et la susceptibilité au stress
sont directement liées à notre niveau général de fonctionnement
émotionnel. Plus nous sommes élevés sur l’échelle de la
conscience, moins nous répondons par une réaction stressante.
Nous allons prendre un simple incident de la vie quotidienne pour
illustrer les différences de réactivité.
Disons, par exemple, que nous venons de garer notre voiture et
que, juste au moment où nous en sortons, le véhicule garé devant
nous recule et emboutit le nôtre avec un bruit sourd. Notre pare-
chocs et l’avant de l’aile sont endommagés. Voici à quoi peuvent
ressembler les différents niveaux de conscience :
Honte : « Mais que c’est embarrassant ! Je suis un piètre
conducteur. Je ne suis même pas capable de garer une voiture. Je
n’arriverai jamais à rien. »
Culpabilité : « Je l’ai bien cherché. Que je suis bête ! J’aurais dû
mieux me garer. »
Apathie : « À quoi bon ? Ce genre de choses m’arrive toujours. De
toute manière, je ne toucherai probablement pas l’assurance. Ça ne
sert à rien de parler au conducteur. Il va juste me traîner en justice.
La vie est si moche. »
Chagrin : « Et voilà, ma voiture est bousillée. Elle ne sera plus
jamais la même. La vie est déprimante. Je vais probablement perdre
un paquet, sur ce coup-là. »
Peur : « Ce type est probablement furieux. J’ai peur qu’il me frappe.
J’ai peur de lui répondre. Si ça se trouve, il va me poursuivre en
justice. Je ne parviendrai probablement jamais à faire réparer
correctement ma voiture. Les réparateurs de voitures m’arnaquent
toujours. La compagnie d’assurances s’en sortira probablement sans
rien régler, et je serai le seul à devoir payer les pots cassés. »
Désir : « Je vais pouvoir m’en mettre plein les poches. Je vais tenir
mon cou et simuler un coup du lapin. Mon beau-frère est avocat. On
va poursuivre cet idiot en justice. J’obtiendrai un accord de prise en
charge du devis le plus élevé, et je ferai faire les réparations dans un
endroit moins cher. »
Colère : « Pauvre imbécile ! Je crois que je vais donner une leçon à
ce type. Il mérite un bon coup de poing dans la figure. Je vais le
poursuivre en justice et le faire souffrir. Mon sang bouillonne. Je
tremble de rage. Je pourrais tuer ce bâtard ! »
Orgueil : « Regarde où tu vas, imbécile ! Oh, mon Dieu ! Le monde
est plein d’idiots maladroits ! Comment ose-t-il endommager ma
nouvelle voiture ? Pour qui diable se prend-il ? Il a probablement une
assurance bon marché ; Dieu merci, la mienne est la meilleure. »
Courage : « Oh, eh bien, nous avons tous les deux une assurance.
Je vais prendre note des informations nécessaires et gérer tout ça
correctement. C’est un désagrément, mais je peux y faire face. Je
vais parler au conducteur et régler ça à l’amiable. »
Neutralité : « Ces choses arrivent dans la vie. On ne peut pas
parcourir 30 000 kilomètres par an sans un accrochage de temps à
autre. »
Volonté : « Comment puis-je aider ce gars à se calmer ? Il n’a pas
besoin de s’en faire. Nous allons simplement échanger les
informations nécessaires pour les assurances, et il n’y aura pas de
problème entre nous. »
Acceptation : « Ça aurait pu être pire. Au moins, personne n’a été
blessé. Ce n’est que de l’argent, de toute façon. La compagnie
d’assurances s’en chargera. Je suppose que ce gars est contrarié.
C’est normal. On ne peut rien y faire. Dieu merci, ce n’est pas moi
qui dirige cet univers. Ce n’est qu’une nuisance mineure. »
Raison : « Soyons pragmatiques. J’aimerais régler ça le plus
rapidement possible, afin de pouvoir poursuivre mes activités de la
journée. Quel est le moyen le plus efficace de résoudre notre
problème ? »
Amour : « J’espère que ce monsieur n’est pas contrarié. Je vais le
calmer. » Puis, s’adressant à l’autre conducteur : « Détendez-vous.
Tout va bien. Nous avons tous les deux une assurance. Je sais ce
que c’est. Il m’est arrivé exactement la même chose. C’était une
petite bosse, et nous l’avons fait réparer en une journée. Ne vous en
faites pas, nous ne le signalerons pas si vous ne le souhaitez pas.
Nous pourrons probablement le prendre en charge et éviter une
augmentation de la prime d’assurance. Il n’y a pas de quoi
s’énerver. » Il rassure le conducteur contrarié en posant un bras sur
son épaule en signe de camaraderie.
Paix : « Eh bien, en voici un heureux hasard ! J’allais de toute façon
faire réparer le cliquetis du pare-chocs, et l’aile avait déjà une petite
bosse. Alors, maintenant, je vais la faire réparer pour rien. Dites, ne
seriez-vous pas le beau-frère de Georges ? Vous êtes justement le
gars que je voulais voir. J’ai quelques bonnes affaires dont je pense
que vous pourriez vous occuper pour moi. Nous en profiterons tous
les deux. Vous semblez être la bonne personne pour effectuer des
recherches pour nous. Que diriez-vous d’une tasse de café pour en
discuter ? Au fait, voici ma carte d’assurance. Dites, c’est la même
entreprise que la vôtre. Quelle coïncidence ! Tout s’arrange pour le
mieux. Pas de problème. » Il s’en va avec son nouvel ami tout en
fredonnant ; l’incident est déjà oublié.
Ce qui précède illustre parfaitement nos propos. C’est nous-
mêmes qui créons des réactions de stress en fonction de ce que
nous retenons en nous. Les sentiments refoulés déterminent nos
systèmes de croyances et notre perception de nous-mêmes tout
comme des autres. Ces derniers, à leur tour, créent littéralement des
événements et des incidents dans le monde – des événements que
nous retournons ensuite pour les rendre responsables de nos
réactions. C’est un système d’illusions qui se renforce lui-même.
C’est ce que les sages illuminés veulent dire quand ils affirment :
« Nous vivons tous dans une illusion. » Tout ce qui nous arrive vient
de nos propres pensées, sentiments et croyances projetés sur le
monde, provoquant ainsi ce que nous voyons se produire.
À un moment ou à un autre, la plupart des gens ont expérimenté
tous les différents niveaux de conscience, mais, en général, nous
avons tendance à fonctionner principalement à un niveau déterminé
ou à un autre durant de longues périodes. La plupart des gens sont
préoccupés par la survie sous toutes ses formes subtiles, de sorte
qu’ils reflètent surtout la peur, la colère et le désir de profit. Ils n’ont
pas appris que l’état d’amour est le plus puissant de tous les outils
de survie.
Il est intéressant de remarquer, comme nous l’avons d’ailleurs dit
dans un chapitre précédent, qu’avoir un chien de compagnie peut
allonger une vie humaine de dix ans. L’amour, l’affection, l’attention
portée à un autre être et la camaraderie qui accompagnent la
présence d’un chien atténuent les effets négatifs du stress. L’amour
stimule les endorphines et l’énergie vitale, offrant un baume
réparateur aux vies sujettes au stress.
CHAPITRE 15

LA RELATION ENTRE LE
CORPS ET L’ESPRIT

L’influence de l’esprit
Le principe de base qu’il faut comprendre est que le corps obéit à
l’esprit ; par conséquent, le corps a tendance à manifester les
croyances de l’esprit. Ces croyances peuvent être entretenues
consciemment ou inconsciemment. Ce principe découle de la loi de
la conscience qui stipule : Nous ne sommes soumis qu’à ce que nous
avons à l’esprit. Le seul pouvoir que quelque chose a sur nous est le
pouvoir de la croyance que nous lui accordons. Par « pouvoir »,
nous entendons l’énergie et la volonté de croire.
Si nous examinons la Carte de la Conscience (voir annexe A), il est
facile de comprendre pourquoi l’esprit est plus puissant que le corps.
Le champ énergétique de la raison (calibré à 400), avec ses
croyances et ses concepts mentaux, est plus puissant que le champ
énergétique du corps physique (calibré à 200). Ainsi, le corps
exprimera – consciemment ou inconsciemment – les croyances de
l’esprit.
Notre propension à accepter des croyances négatives dépend
initialement de la quantité de négativité que nous entretenons. Un
esprit positif, par exemple, refusera d’accepter les pensées
négatives et les rejettera tout simplement comme étant fausses à
ses yeux. Il refusera d’adhérer aux idées négatives communément
admises. Nous savons à quel point il est facile de vendre
l’autocondamnation à une personne rongée par la culpabilité, ou la
peur d’une maladie à une personne craintive.
L’idée que « les rhumes s’attrapent » en est un bon exemple. La
pensée que « tout le monde est enrhumé » sera reprise par une
personne qui ressent suffisamment de culpabilité, de peur et de
naïveté à l’égard des lois de la conscience. Si elle éprouve une
culpabilité inconsciente, une personne sentira inconsciemment
qu’elle « mérite » un rhume. Le corps obéit à la croyance de l’esprit
selon laquelle les rhumes sont provoqués par des virus qui
« s’attrapent » et qui sont contagieux. Et c’est ainsi que le corps, qui
est contrôlé par la croyance de l’esprit, manifeste le rhume. La
personne qui a abandonné les énergies négatives sous-jacentes de
la culpabilité et de la peur n’a pas un esprit craintif qui croit : « Il y a
un rhume qui circule, je vais probablement l’attraper comme tout le
monde. »
Telles sont les dynamiques à l’origine de la maladie. Ces
mécanismes sont actionnés par les altérations du flux d’énergie du
système bioénergétique, induites par l’esprit et par le débordement
de l’énergie refoulée dans le système nerveux autonome.
La pensée est puissante, parce que son taux vibratoire est élevé.
Une pensée est, en réalité, une chose ; elle a un modèle
énergétique. Plus nous lui donnons d’énergie, plus elle a de pouvoir
pour se manifester physiquement. C’est le paradoxe d’une grande
partie de ce que l’on appelle « l’éducation à la santé ». L’effet
paradoxal est que les pensées effrayantes sont renforcées et dotées
d’un tel pouvoir que des épidémies sont, en réalité, créées par les
médias (par exemple, la grippe porcine). Les « avertissements »
basés sur la peur concernant les dangers pour la santé installent
l’environnement mental dans lequel la chose même que l’on redoute
tant se produira.
Autour du corps physique se trouve un corps énergétique dont la
forme ressemble beaucoup à celle du corps physique et dont les
schémas contrôlent ce dernier. Ce contrôle se situe au niveau de la
pensée ou de l’intention. La physique quantique subatomique
avancée a montré, de la même manière, que l’observation influence
les particules subatomiques de haute énergie.
Le pouvoir de l’esprit sur le corps a été démontré par la recherche
clinique. Par exemple, dans une étude, on a dit à un groupe de
femmes qu’elles recevraient une injection d’hormones pour
déclencher leurs menstruations deux semaines plus tôt. En fait, elles
ont simplement reçu une injection placebo de solution saline.
Néanmoins, plus de 70 % des femmes ont développé une tension
prémenstruelle précoce, avec tous ses symptômes physiques et
psychologiques.
Une autre démonstration flagrante de cette loi de la conscience
s’observe chez les personnes atteintes d’un trouble dissociatif de
l’identité. Autrefois considéré comme rare, on constate aujourd’hui
que ce trouble est relativement courant, de sorte que la recherche
sur ce phénomène a gagné en importance. Il a été démontré que les
différentes personnalités réunies dans un même corps ont des
manifestations physiques différentes. Par exemple, on observe des
changements dans les ondes cérébrales
électroencéphalographiques, ainsi que des changements dans
l’écriture manuscrite, les seuils de douleur, la réponse électrique de
la peau, le QI, les menstruations, l’hémisphère cérébral dominant,
les capacités linguistiques, l’accent et la vision. Ainsi, lorsque la
personnalité qui croit aux allergies est présente, la personne est
allergique ; mais, lorsqu’une autre personnalité est présente dans le
corps, ces mêmes allergies disparaissent. Une personnalité peut
nécessiter des lunettes, tandis qu’une autre n’en aura pas besoin.
Ces différentes personnalités présentent des différences notables en
matière de pression intraoculaire, et dans d’autres mesures
physiologiques.
Ces phénomènes physiques changent également sous l’influence
de l’hypnose, chez les personnes normales. Il est possible de faire
apparaître ou disparaître des allergies par simple suggestion. Les
personnes réceptrices de la suggestion d’être allergiques aux roses,
alors qu’elles sont sous hypnose, commenceront à éternuer
lorsqu’elles sortiront de l’état hypnotique et qu’elles apercevront un
vase de roses sur le bureau du médecin, même si elles sont
artificielles.
Sir John Eccles, récipiendaire du prix Nobel de médecine, a
déclaré qu’après une vie d’études il lui apparaît évident que le
cerveau n’est pas à l’origine de l’esprit – comme le croyaient la
science et la médecine –, mais que c’est l’inverse. L’esprit contrôle le
cerveau qui agit comme une station de réception (à l’instar d’une
radio), les pensées étant similaires aux ondes radio, et le cerveau
étant comparable au récepteur.
Le cerveau est comme un appareil récepteur, un standard qui
reçoit des formes-pensées et les traduit ensuite en fonctionnement
neuronal et en stockage de mémoire. Par exemple, on croyait
jusqu’à récemment que les mouvements volontaires des muscles
provenaient du cortex moteur du cerveau. Mais aujourd’hui, comme
l’a rapporté Sir John Eccles, l’intention d’effectuer un mouvement est
enregistrée par l’aire motrice supplémentaire du cerveau située à
côté du cortex moteur. Le cerveau est donc activé par l’intention de
l’esprit, et non l’inverse.
On peut constater cela dans les nombreuses études d’imagerie
cérébrale réalisées sur des personnes en état de méditation. Par
exemple, les recherches réalisées par le Dr Richard Davidson au
cours de la dernière décennie à l’université du Wisconsin (Madison)
ont démontré que les pratiques de méditation axées sur la
compassion et l’amour bienveillant stimulent une activité accrue
dans le cortex préfrontal gauche (siège des émotions positives telles
que le bonheur) et la production d’ondes gamma synchrones de
haute amplitude (signe d’une conscience, d’une vigilance et d’une
perspicacité accrues). Ce que l’on garde à l’esprit a le pouvoir de
modifier l’activité cérébrale et la neuroanatomie.
Nous sommes soumis à toutes sortes d’effets résultant des
croyances conscientes et inconscientes que notre esprit nourrit au
sujet de toutes nos fonctions corporelles. Cela inclut nos croyances
sur les effets supposés de divers aliments et allergènes, sur les
troubles de la ménopause et des menstruations, sur les infections et
toutes les autres maladies associées à des systèmes de croyances
spécifiques, ainsi que sur la prédisposition latente au stress due à la
présence de sentiments négatifs refoulés.
Norman Cousins, qui a été pendant trois décennies le rédacteur en
chef de l’hebdomadaire nord-américain Saturday Review, a démontré
ce principe en se guérissant lui-même d’une grave maladie physique
par le rire. Il a écrit Anatomy of an Illness7, un livre sur son expérience
de guérison d’une maladie arthritique invalidante grâce à de fortes
doses de vitamine C et à des fous rires provoqués par des films
mettant en vedette les frères Marx. Il a découvert que le rire avait un
effet anesthésiant qui pouvait soulager sa douleur pendant deux
heures. Rire est une méthode de lâcher-prise. Grâce au rire,
Cousins a continuellement évacué la pression émotionnelle sous-
jacente, et neutralisé les pensées négatives. Sa stratégie a entraîné
des changements très positifs et bénéfiques dans son corps, et a
facilité son rétablissement final.

Les croyances favorisant les maladies


Pour déterminer notre propre prédisposition aux maladies, nous
pouvons nous poser les questions suivantes :

Est-ce que je suis inquiet pour ma santé, gardant à l’esprit des


pensées de peur sur ce qui pourrait m’arriver ?

Est-ce que j’éprouve un sentiment secret de peur, d’excitation


et de danger lorsque j’entends parler d’une nouvelle maladie
actuellement en vogue et dont on parle beaucoup ?

Est-ce que je passe du temps à faire constamment des bilans de


santé, à lire au sujet des maladies et à être effrayé par les
reportages télévisés à leur sujet ?

Est-ce que cela m’intéresse d’entendre parler des maladies de


personnes célèbres ?
Est-ce que je crois que l’environnement et les aliments regorgent de
dangers cachés, ou que les aliments contiennent des additifs qui
sont toxiques et qui provoquent des maladies ?

Est-ce que je crois que certaines maladies « se transmettent dans


notre famille » ?

Est-ce que je m’arrête, ou est-ce que je voudrais m’arrêter (mais je


n’ose pas) pour observer des victimes d’accidents de la route ?

Est-ce que j’aime les émissions télévisées qui parlent des hôpitaux ?

Est-ce que j’aime les programmes télévisés où l’on voit des coups,
des cris, des bagarres, des meurtres, des tortures, des crimes et
d’autres formes de violence ?

Suis-je une personne rongée par la culpabilité ?

Est-ce que je retiens beaucoup de colère ?

Est-ce que je condamne le comportement des autres ? Est-ce que je


suis enclin à porter des jugements ?

Est-ce que j’ai des ressentiments et des rancunes ?

Est-ce que je me sens piégé et désespéré ?

Est-ce que je dis, me concernant : « Quelle que soit la maladie qui


circule, je vais probablement l’attraper » ?

Est-ce que je suis plus préoccupé par les possessions et les


symboles de statut que par la qualité des relations humaines ?
Est-ce que j’ai souscrit beaucoup d’assurances, et est-ce que je
crains toujours que leur nombre soit insuffisant ?

En résumé, pour provoquer des changements dans notre corps, il


nous faut modifier nos pensées et nos sentiments. Nous devons
nous défaire des pensées et des systèmes de croyances négatifs, et
éliminer le stress des émotions négatives qui les alimentent en
énergie. Nous devons neutraliser la programmation négative qui
vient du monde, ainsi que nos propres systèmes de croyances.
Nous pouvons voir les effets délétères de la programmation
négative empreinte de craintes chez les personnes qui deviennent
sujettes à la peur des aliments, des produits chimiques et des
substances présentes dans l’environnement. Chaque jour, on nous
annonce qu’un nouveau produit chimique ou qu’une nouvelle
substance a des effets nocifs. Plus nous avons peur, plus vite nous
sommes programmés, et le corps réagit en conséquence. La peur
de substances, d’aliments, de l’air, d’énergies et des stimuli de
toutes sortes a atteint un point tel qu’elle génère presque une
paranoïa environnementale. Certaines personnes deviennent
tellement phobiques à propos de l’environnement et de tout ce qu’il
contient que leur monde rétrécit de plus en plus. Elles deviennent
chaque jour plus craintives. Certaines personnes en arrivent même
au point de fuir le monde et de vivre dans des bulles artificielles,
victimes de leur propre esprit.
Cela peut arriver à une personne tout à fait raisonnable, même à
un médecin. Tout a commencé par les pollens, l’herbe à poux, les
squames de cheval, les poils de chien et de chat, la poussière, les
plumes, la laine, le chocolat, le fromage et les noix (tous ces
éléments étant censés provoquer des allergies). Plus tard, se sont
ajoutés le sucre (hyperglycémie), les additifs alimentaires (cancer),
les œufs et les produits laitiers (cholestérol) et les abats (goutte).
Puis sont apparus, sur la liste des « produits nocifs », les colorants
alimentaires, la saccharine, la caféine, les colorants, l’aluminium, les
tissus synthétiques, le bruit, les lampes fluorescentes, les
insecticides, les déodorants, les aliments cuits à haute température,
les minéraux dans l’eau, le chlore dans l’eau, la nicotine, la fumée de
cigarette, les produits pétrochimiques, les gaz d’échappement des
voitures, les ions positifs, les vibrations électriques de faible
intensité, les aliments acides, les pesticides et les aliments
contenant des graines.
Le monde avait tellement rétréci qu’il n’y restait rien que je puisse
manger en toute sécurité. Et je ne pouvais plus rien porter. Il n’y
avait plus d’air respirable. Mon corps avait toutes les allergies,
réactions et maladies nécessaires pour le prouver. Sortir dîner n’était
plus un plaisir, car il n’y avait rien au menu que je puisse manger,
hormis de la laitue (bien lavée, bien sûr), et je devais impérativement
porter des gants blancs pour tenir les couverts du restaurant !
Puis, avec la découverte d’une vérité fondamentale, tout ce
schéma s’est effondré. « Ce que nous avons à l’esprit tend à se
manifester », y compris nos croyances inconscientes. Le coupable
n’était pas le monde, mais le mental. Toute la programmation
négative et le conditionnement craintif se trouvaient dans mon
mental, et mon corps lui obéissait. Cette loi de la conscience a
inversé la spirale de la paranoïa. Au fur et à mesure que j’examinais
et que j’abandonnais chaque croyance, toutes les réactions
corporelles négatives, les maladies et les symptômes
disparaissaient. En d’autres termes, ce ne sont pas les feuilles du
sumac vénéneux qui avaient provoqué chez moi une réaction
allergique, mais la croyance de mon mental que le sumac vénéneux
était allergène. Au fur et à mesure que mon mental abandonnait sa
programmation, les réactions de mon corps disparaissaient.
Les tests kinésiologiques ont fait apparaître une inversion complète
des schémas réactionnels. Ce qui produisait, auparavant, une faible
réponse musculaire ne montrait plus aucun effet. Mon niveau global
de sensibilité au stress a manifestement diminué, au point que mon
corps ne réagissait plus du tout à ce qui, autrement, aurait été
considéré comme des stimuli négatifs (par exemple, les lampes
fluorescentes, les édulcorants artificiels).
Comparaison
avec d’autres techniques
Comme nous l’avons vu, le stress émerge de l’intérieur en réponse à
un stimulus. Le facteur stressant est, en réalité, la pression des
énergies émotionnelles réprimées et refoulées qui sont le reflet d’un
faible niveau général de conscience. C’est pourquoi il nous faut
modifier le contenu de notre conscience, afin de prévenir le stress et
de l’éliminer. Les traitements couramment prescrits pour lutter contre
le stress sont similaires aux traitements médicaux. Ils tentent de
réparer les dommages causés par la maladie que nous avons déjà,
plutôt que d’en guérir la cause interne.
Les conférences sur le stress, par exemple, incluent
systématiquement les sujets suivants :
– Aromathérapie.
– Atelier d’exercices physiques.
– Acupuncture pour traiter les troubles du stress.
– Biofeedback.
– Chiropraxie.
– Régulation du stress.
– Nutrition.
– Conditionnement physique et programme d’exercices.
– Homéopathie.
– Training autogène.
– Guérison holistique.
– Massage et travail corporel.
– Caissons de flottaison.
– Équilibre dentaire.
– Technique de relaxation par l’utilisation des mouvements du corps.
Comme nous pouvons le voir ci-dessus, les approches courantes
ne traitent que les conséquences et les dommages résultant du
syndrome de stress. Aucune d’entre elles ne s’attaque aux causes
fondamentales. Elles impliquent toutes des procédures relativement
complexes et longues, et ne se prêtent pas à une application
immédiate.
Admettons, par exemple, que nous soyons en train de faire un
discours ou de donner une conférence. Nous sommes sous tension.
Il n’est pas concevable de nous arrêter au milieu d’un discours pour
faire des exercices de respiration, entrer en transe hypnotique, nous
piquer avec des aiguilles d’acupuncture ou nous brancher à une
machine de biofeedback. Quel est l’intérêt d’un caisson de flottaison
en plein milieu d’une dispute familiale ?
Ces approches étant temporaires, chronophages et souvent
coûteuses, les gens les testent pendant une courte période avec
ardeur ; mais, ensuite, leur enthousiasme s’estompe, car
fondamentalement rien n’a vraiment changé. Les mêmes
perceptions fondamentales du monde persistent. Les mêmes
pressions émotionnelles sont présentes. La personnalité reste la
même. Les circonstances de la vie n’ont pas changé. Le niveau de
conscience n’est pas transformé. La psychologie de la personne est
inchangée. Les attentes restent les mêmes, et, par conséquent, la
vie continue comme avant.
Sans un changement au niveau de la conscience, il n’y a pas de véritable
diminution du stress. Seules les conséquences sont améliorées. Tous
ces traitements et techniques apportent une aide certaine et,
souvent, un certain soulagement, mais ils ne traitent pas l’origine du
problème. On peut appliquer toutes ces techniques et pourtant rester
la même personne vulnérable au stress. D’après notre expérience,
l’utilisation consciente du mécanisme du lâcher-prise est plus
efficace pour traiter les maladies chroniques liées au stress. Les
maladies commencent à guérir spontanément parce que la cause
émotionnelle sous-jacente a été supprimée, et les autres traitements
deviennent souvent inutiles.
Dans le cas rare d’une maladie persistante que l’on ne parvient
pas à éliminer par l’abandon des pensées et des sentiments
négatifs, des facteurs inconnus tels que des prédispositions
karmiques peuvent être impliqués. Dans de tels cas, nous
abandonnons le désir de changer ou de contrôler notre expérience
de la vie, et nous espérons une nouvelle découverte intérieure au
sujet de l’origine et de la signification de la maladie. L’abandon en
profondeur est complet lorsqu’une personne a renoncé au besoin ou
au désir de guérison physique. Un état de paix à propos de la
situation est atteint lorsque les trois aspects de la maladie –
physique, mental et spirituel – ont été appréhendés et que le résultat
final ou le rétablissement souhaité a été abandonné. La paix vient de
l’abandon intérieur total à ce qui est.

7. Comment je me suis soigné par le rire, Payot, 2020.


CHAPITRE 16

LES BÉNÉFICES DU LÂCHER-


PRISE

La croissance émotionnelle
L’effet le plus évident et le plus visible du lâcher-prise sur les
sentiments négatifs est une reprise de la croissance émotionnelle et
psychologique et la résolution de problèmes qui sont souvent
anciens. Nous éprouvons du plaisir et de la satisfaction lorsque nous
commençons à ressentir les puissants effets de l’élimination des
obstacles à la réalisation et au bonheur dans la vie. Nous
découvrons bientôt que les pensées limitantes et les croyances
négatives que nous avions naïvement considérées comme vraies
n’étaient que le résultat d’une accumulation de sentiments négatifs.
Lorsque le sentiment est abandonné, le schéma de pensée passe
de « Je ne peux pas » à « Je peux » et à « Je suis heureux de le
faire ». Des pans entiers de notre vie peuvent se dégager. Ce qui
était, autrefois, maladroit ou inexprimé peut devenir fluide et
joyeusement vivant.
Cette progression est particulièrement bien illustrée par
l’expérience vécue par un homme intelligent, couronné de succès,
d’âge moyen, exerçant une profession libérale, qui avait depuis
toujours été incapable de danser. Il voulait danser à tout prix, et il
avait pris des cours plusieurs fois au cours de sa vie. Mais, chaque
fois, il s’était trouvé raide, maladroit et gêné. À force de volonté, il
était quelquefois parvenu à enchaîner quelques mouvements sur la
piste de danse, mais il n’y avait jamais pris de plaisir et s’était
toujours senti mal à l’aise. Ses mouvements étaient raides et
calculés, et cette expérience ne lui avait apporté aucune satisfaction,
ce qui n’améliorait aucunement son estime de soi.
Après avoir travaillé environ un an sur le mécanisme du lâcher-
prise, il s’est retrouvé à une fête en présence d’une personne qui
n’arrêtait pas d’insister pour qu’il se lève et aille danser. « Tu sais
bien que je ne sais pas danser », avait-il répondu. « Ah, mais viens,
essaie ! », l’avait-elle supplié. Elle avait persisté et déclaré : « Oublie
tes pieds. Regarde-moi et fais ce que mon corps fait. » Il a cédé à
contrecœur, et a continué à lâcher prise sur ses sentiments de
résistance et d’anxiété.
Une fois sur la piste de danse, il s’est complètement lâché. En un
instant, ses sentiments ont grimpé sur l’échelle de l’apathie jusqu’à
l’amour, et, à son grand étonnement, il s’est soudain mis à danser
comme il l’avait toujours rêvé ! La réalisation de « Je peux le faire ! »
l’a frappé, et il est passé de l’amour à la joie, et même à l’extase. Sa
joie rayonnait sur tout le monde. Des amis se sont arrêtés pour le
regarder. À partir d’un état de grande joie, il est soudain entré dans
l’expérience de l’unité avec sa partenaire de danse. Il a aussitôt vu
son propre Soi regarder par les yeux de sa partenaire, et il s’est
rendu compte qu’il n’y a en fait qu’un seul Soi derrière tous les soi
individuels. Ils se sont alors tous deux connectés par télépathie. Il
connaissait chacun de ses pas une fraction de seconde avant qu’elle
ne l’effectue. Ils étaient en parfaite harmonie et dansaient comme
s’ils s’y étaient entraînés ensemble des années durant. Il parvenait à
peine à contenir sa joie. Leur danse s’effectuait sans effort et se
produisait d’elle-même, sans aucune pensée consciente de sa part.
Plus ils dansaient, plus il ressentait d’énergie.
Ce fut une expérience exceptionnelle, et elle allait changer la vie
de cet homme. Il est rentré chez lui ce soir-là et a encore dansé un
peu. La danse disco free-style l’avait toujours terrifié plus que toute
autre, car il n’y avait pas de schéma à mémoriser. Elle exigeait de la
spontanéité et un sentiment de liberté, ce qu’il n’avait justement pas
pu expérimenter auparavant. Une fois chez lui, il a lancé de la
musique disco et s’est mis à danser pendant des heures. Il se
regardait dans le miroir, fasciné par l’abandon du corps et par ce
sentiment intérieur de liberté.
Tout à coup, il s’est souvenu d’une vie antérieure avec des détails
saisissants. Il y avait été un danseur hors pair, et, maintenant, il
commençait à se souvenir des instructions spécifiques qui lui avaient
été données par ses professeurs dans cette vie-là. Il a suivi leurs
instructions, et les résultats ont été stupéfiants ! Il a découvert qu’il y
avait un centre d’équilibre gravitationnel vertical en lui, et il a
commencé à tourner autour de ce centre, en parfait équilibre. Il
s’agissait d’un mouvement sans effort, et il est simplement devenu le
témoin de la danse. Il n’y avait plus de sentiment « Je ». Il n’y avait
que la joie et la danse elle-même. C’est alors qu’il a instantanément
compris la base même de la danse soufie des derviches tourneurs.
Leur capacité à tourbillonner et à virevolter sans étourdissement ni
fatigue – un certain état de conscience – découlait de l’abandon du
moi individuel.
La révélation que cet homme a expérimentée sur la piste de danse
s’est, ensuite, propagée à de nombreux autres domaines auparavant
bloqués de sa vie. Là où il était entouré de limitations, il y avait
maintenant une expansion rapide. Ces changements étaient d’une
évidence flagrante aux yeux de ses amis et de sa famille dont les
réactions positives ont renforcé son estime de soi et son désir de
continuer à lâcher prise sur les pensées et les sentiments négatifs
qui l’avaient empêché d’expérimenter la joie de vivre.
J’ai raconté cette expérience en détail, pour un certain nombre de
raisons. Elle illustre l’échelle de la conscience que nous avons
présentée dans un chapitre précédent. Durant cinquante ans, cet
homme avait été au plus bas de l’échelle dans ce domaine de sa vie,
avec la croyance qui l’accompagnait : « Je ne peux pas ».
L’inhibition a affaibli son estime de soi et a engendré l’évitement.
Pendant de nombreuses années, il a réussi à échapper aux
rencontres sociales où il y aurait de la danse. Il était en colère contre
lui-même en raison de cette inhibition, et il se fâchait quand
quelqu’un tentait de le faire danser. En quelques secondes et
minutes, il a éprouvé toutes les émotions de l’échelle, et il est allé
jusqu’au sommet. À ce moment-là, il a vécu l’émergence d’une
conscience supérieure, avec une prise de conscience spirituelle
soudaine d’un ordre très élevé. Cette conscience supérieure lui a
apporté la compréhension et la libération des capacités psychiques
(communication télépathique, synchronicité et souvenir de vies
antérieures). De ce fait, sa vie a manifesté un changement de
comportement, et son élan a éliminé une série interminable de
blocages et de limitations. La réponse sociale a été positive, et ces
réactions favorables ont renforcé sa motivation de croissance qui
était déjà en cours.
Le taux de croissance émotionnelle rapporté par ceux qui utilisent
le mécanisme du lâcher-prise est lié à la constance avec laquelle ils
se débarrassent de leurs sentiments négatifs, et tout cela
indépendamment de leur âge. Des personnes de tout âge, depuis
l’adolescence jusqu’à quatre-vingts ans, en ont ressenti les mêmes
bénéfices.
Les sentiments refoulés et réprimés nécessitent une contre-
énergie qui les maintienne en état d’immersion. Il faut de l’énergie
pour contenir nos sentiments. Au fur et à mesure que nous
relâchons ces sentiments, l’énergie qui retenait la négativité est
libérée, devenant disponible pour des usages constructifs. Suite au
lâcher-prise, il y a une augmentation de l’énergie disponible pour la
créativité, la croissance, le travail et les relations interpersonnelles.
La qualité et le plaisir de ces activités sont accrus. La plupart des
gens sont trop épuisés pour insuffler une qualité réellement élevée à
leurs expériences, à moins que les programmes négatifs qui s’y
opposent n’aient été éliminés.

La résolution de problèmes
L’efficacité du mécanisme du lâcher-prise dans la résolution de
problèmes est souvent tout à fait étonnante. Il est très important de
comprendre le processus impliqué ici, car il est assez différent des
méthodes habituelles. L’approche qui fournit des résultats rapides et
faciles est la suivante : Ne cherchez pas de réponses ; au lieu de cela,
lâchez prise sur les sentiments qui sous-tendent la question. Lorsque nous
nous abandonnons au sentiment qui sous-tend la question, nous
pouvons laisser aller tout autre sentiment que nous pourrions
également éprouver à propos de ce qui nous semble être le
problème. Lorsque nous avons enfin et pleinement lâché prise sur
tous les éléments, la réponse se manifeste. Nous n’avons pas à la
chercher. Considérez à quel point cela est simple et facile par
rapport aux tentatives habituelles, longues, interminables et
inefficaces du mental de résoudre les problèmes. En général, l’esprit
chasse et picore sans fin, tâtonnant tout d’abord avec une réponse
possible, puis avec une autre. La raison pour laquelle le mental ne
parvient pas à se décider est qu’il cherche au mauvais endroit.
Voyons, à la lumière d’un exemple courant, comment ce système
fonctionne. Admettons que nous ne soyons pas d’accord avec notre
compagnon sur le choix du film que nous allons voir. Nous
cherchons à comprendre quel sentiment se cache derrière ce
problème. Dans ce cas, disons que nous trouvons le sentiment de
colère et de ressentiment, et que nous lui en voulons parce que
nous avons eu trop peu de moments d’intimité. Ce que nous voulons
vraiment, ce soir, c’est un moment romantique à partager. Tandis
que nous acceptons en notre for intérieur que ce que nous voulons
vraiment est un moment de romantisme partagé, il nous apparaît
soudain que nous ne voulons absolument pas aller au cinéma. Nous
voulons juste être ensemble. Ou le contraire pourrait se produire.
Nous pourrions découvrir que le sentiment sous-jacent au projet
d’aller au cinéma est la peur, parce que nous voulons éviter de
passer la soirée à parler et à être proche de notre compagnon. Nous
nous rendons compte que les sentiments que nous avons
accumulés sont désagréables. Nous éprouvons du ressentiment,
alors nous abandonnons le désir de modifier ce sentiment, et nous le
laissons simplement être présent. Il est normal d’éprouver ce
ressentiment. Au fur et à mesure que nous abandonnons notre
résistance au ressentiment, nous nous sentons moins coupables ;
nous avouons à notre compagnon que nous avons éprouvé du
ressentiment. Un dialogue s’engage, et notre compagnon expose, lui
aussi, ses sentiments. Nous nous sentons tous les deux soulagés et
plus proches, et nous disons alors : « Au diable, le ciné ! Restons à
la maison, faisons l’amour, et allons nous promener au clair de
lune. »
Cette approche est fructueuse pour toute prise de décision.
Lorsque nous commençons par éliminer les sentiments sous-
jacents, nos décisions sont plus réalistes et plus sages. Songez au
nombre de fois où nous avons changé d’avis et regretté des
décisions passées. C’est parce qu’il y avait un sentiment non
identifié et non abandonné derrière ces décisions. Lorsqu’on
entreprend l’action qui a été décidée, le sentiment sous-jacent
change. Ensuite, du point de vue du nouvel espace émotionnel, la
décision se révèle erronée. Cela se produit avec une telle fréquence
que la plupart des gens développent une peur de prendre des
décisions, car elles se sont si souvent avérées mauvaises dans le
passé.
La résolution de problèmes à l’aide du mécanisme du lâcher-prise
peut être rapide comme l’éclair pour des problèmes déjà anciens.
Pour découvrir à quelle vitesse cela peut fonctionner, faisons un
essai. Prenez plusieurs problèmes anciens et cessez de chercher
des réponses. Dans chaque cas, essayez de comprendre quel est le
sentiment sous-jacent qui est à l’origine de la question. Une fois ce
sentiment abandonné, la réponse se présentera automatiquement.

Le mode de vie
Un bon nombre de nos activités et de nos attachements sont basés
sur la peur et la colère, la culpabilité et l’orgueil. Au fur et à mesure
que nous abandonnons ces sentiments négatifs dans quelque
domaine que ce soit, nous passons au courage. À ce niveau, des
changements commencent à se produire dans notre vie. Ou, si nous
choisissons de poursuivre la même activité, la motivation sera
différente et, par conséquent, nous connaîtrons des résultats
différents de ceux du passé. En tout cas, le bénéfice émotionnel
sera différent. Au lieu d’une simple satisfaction, nous pouvons
éprouver de la joie. Nous pouvons nous retrouver à pratiquer la
même activité qu’auparavant, mais, désormais, nous le faisons par
plaisir plutôt que par obligation. Nous le faisons parce que nous le
voulons, et non parce que nous le devons. La dépense énergétique
sera assurément bien moindre.
Une découverte fort agréable que nous ferons est que notre
capacité d’amour va bien au-delà de ce que nous avons toujours
rêvé. Plus nous lâchons prise, plus nous devenons aimants. Nous
consacrons de plus en plus de temps à faire ce que nous aimons
faire, avec des personnes pour lesquelles nous ressentons de plus
en plus d’amour. À mesure que cela se produit, notre vie se
transforme. Nous avons l’air différents. Les gens se comportent
différemment avec nous. Nous sommes détendus, heureux et faciles
à vivre. Les gens sont attirés par nous parce qu’ils se sentent bien et
heureux en notre présence. Les serveuses et les chauffeurs de taxi
deviennent soudain mystérieusement attentifs et courtois, et nous
nous demandons : « Qu’est-ce qui a bien pu se passer dans ce
monde ? La réponse à cette question est “Vous !” »
Abandonner ce qui est négatif nous permet d’accéder à notre
propre pouvoir. Et cela se fait spontanément. Le bonheur était là
depuis le début, et maintenant il brille après que nous avons éliminé
les blocages. Nous influençons désormais de manière favorable tous
ceux avec qui nous entrons en contact. L’amour est la plus puissante
des vibrations énergétiques émotionnelles. Par amour, les gens iront
jusqu’au bout et feront des choses qu’ils ne feraient jamais pour une
somme d’argent, quel qu’en soit le montant.
Lorsque les blocages négatifs et les « Je ne peux pas » ont été
éliminés, de nouveaux domaines de la vie s’ouvrent à nous. Le
succès découle de ce que nous préférons faire, et pourtant la plupart
des gens sont liés à ce qu’ils imaginent devoir faire. Au fur et à
mesure que nous abandonnons les limitations, de toutes nouvelles
voies de créativité et d’expression s’ouvrent à nous.
Prenons l’exemple d’une jeune femme naturellement dotée d’un
grand talent musical qui passait la majeure partie de son temps à un
travail ennuyeux qu’elle se sentait obligée d’effectuer pour des
raisons financières. Ce qu’elle aimait vraiment faire, c’était jouer des
instruments de musique quand elle était seule chez elle. C’était
quelque chose qu’elle faisait strictement pour son plaisir personnel.
En raison de son manque de confiance en elle, elle jouait rarement
pour d’autres personnes, même quand il s’agissait d’amis proches.
Lorsqu’elle a commencé à abandonner ses limites intérieures – tous
les sentiments de manque d’énergie qui bloquaient son
expression –, ses capacités et sa confiance ont augmenté si vite
qu’elle s’est mise à jouer en public. Son talent a été si bien accueilli
qu’elle a pu entamer une carrière musicale bien remplie. Elle a
réalisé un enregistrement professionnel qui a connu suffisamment
de succès pour lui permettre de ne plus travailler qu’à temps partiel.
Ainsi, elle s’est mise à consacrer plus de temps et d’énergie à ce qui
se présentait désormais comme une carrière florissante qui lui
apportait beaucoup de joie et de satisfaction. Bien que ne
connaissant rien aux affaires, elle a lancé sa propre maison de
disques et, en l’espace d’un an, elle s’est mise à distribuer ses
enregistrements à l’échelle nationale, puis dans toute l’Europe. À sa
grande joie, elle a découvert qu’elle réussissait très bien en faisant
ce qu’elle aimait le plus. Sa vitalité et son bonheur croissants sont
devenus évidents aux yeux de tous, et le succès s’est étendu à
d’autres domaines de sa vie.
Un autre exemple est celui d’un ingénieur d’âge moyen, sans
aucune aptitude créative et qui avait toujours détesté la poésie.
Après avoir appris à lâcher prise sur ses sentiments négatifs, il s’est
soudain mis à écrire des haïkus (un style de poésie formel japonais).
Il en a écrit des kilomètres sans aucun effort et a développé plus tard
la capacité d’écriture automatique.
L’exemple suivant est celui d’une femme de soixante ans qui a
décidé de retourner à l’université à temps partiel tout en travaillant à
temps plein. C’est ainsi qu’elle a obtenu une licence, puis une
maîtrise et enfin un doctorat, devenant ainsi un cadre supérieur avec
d’importantes responsabilités.
On pourrait littéralement citer des milliers d’exemples de
l’expansion rapide qui a lieu dans la vie des gens lorsqu’ils
renoncent à leurs « Je ne peux pas ». Certaines difficultés de la vie,
souvent anciennes, se trouvent soudain résolues.
Paradoxalement, de telles avancées et évolutions peuvent être
perturbantes pour les amis et les membres de la famille en raison du
changement d’équilibre qu’elles induisent. Car, en pareil cas, nous
pouvons tout à coup jeter par-dessus bord des choses que nous
faisions jadis par contrainte, par peur, par culpabilité ou par sens du
devoir. De nouveaux niveaux de conscience changent notre
perception et nous ouvrent de nouveaux horizons. Bon nombre des
motivations qui nous animaient peuvent soudain perdre leur sens.
Des éléments tels que l’argent, la renommée, l’estime, la position
sociale, le prestige, le pouvoir, l’ambition, la compétitivité et le besoin
de sécurité diminuent. Ils sont remplacés par les motivations que
sont l’amour, la coopération, l’épanouissement, la liberté,
l’expression créative, l’expansion de la conscience, la
compréhension et la conscience spirituelle. Nous avons tendance à
nous fier davantage à l’intuition et aux sentiments qu’à la pensée, à
la raison et à la logique. Les personnes très « yang » peuvent
découvrir leur côté « yin », et inversement. Les schémas rigides
cèdent la place à la flexibilité. La sûreté et la sécurité deviennent
moins importantes que la découverte et l’exploration. La vie prend
un nouvel élan, et le mouvement remplace les schémas de vie
stagnants.
Une observation surprenante sur le mécanisme du lâcher-prise est
que des changements majeurs peuvent se produire très rapidement.
Les schémas de toute une vie peuvent disparaître tout à coup, et les
inhibitions de longue date peuvent être éliminées en quelques
minutes, heures ou jours. Ces changements rapides
s’accompagnent d’une vitalité accrue. L’énergie vitale libérée par le
lâcher-prise de la négativité s’exprime désormais par des attitudes,
des pensées et des sentiments positifs ; avec une augmentation
progressive du pouvoir personnel. Les pensées sont plus
pertinentes. On accomplit plus de choses, tout en devant faire moins
d’efforts. L’élimination des doutes, des peurs et des inhibitions
renforce la puissance de l’intention. L’élimination de la négativité
libère des forces dynamiques, de sorte que les rêves impossibles
d’autrefois se transforment en objectifs concrets.

Résolution de problèmes psychologiques : comparaison


avec la psychothérapie
De manière générale, le lâcher-prise est en général plus rapide que
la psychothérapie. Il est souvent plus libérateur et plus stimulant
pour le développement de la conscience. En revanche, la
psychothérapie est plus apte à mettre en lumière les schémas sous-
jacents. C’est pourquoi les deux fonctionnent bien ensemble. Le
mécanisme du lâcher-prise facilite et accélère la psychothérapie
dont il élève les objectifs. La psychothérapie peut être plus
gratifiante intellectuellement, en raison de sa nature verbale et de
l’accent qu’elle porte sur les « pourquoi » des comportements.
Toutefois, c’est aussi sa limite. Trop souvent, le résultat
véritablement obtenu est une compréhension intellectuelle, tandis
que le travail émotionnel est lent, souvent douloureux et, au bout du
compte, évité. Le mécanisme du lâcher-prise, quant à lui, concerne
le « quoi » émotionnel de chaque instant, sans impliquer l’intellect.
Le « pourquoi » se révèle de lui-même lorsque le « quoi » a été
abandonné. C’est une chose d’analyser la cause de la dépression,
c’en est une autre d’entrer pleinement dans la profondeur du
désespoir en abandonnant sa résistance à ce sentiment. En nous
permettant de le ressentir pleinement et en abandonnant chaque
sensation, chaque pensée et chaque petit bénéfice que nous en
retirons, nous nous libérons. Il n’est pas nécessaire de sonder le
« pourquoi » de la dépression pour se libérer de son « quoi ».
Les objectifs du lâcher-prise vont bien au-delà de ceux de la
psychothérapie. Le but du lâcher-prise et de la reddition est la liberté
totale. Le but de la thérapie est de ramener l’ego à un équilibre plus
sain. Les deux systèmes sont basés sur des paradigmes différents
de la réalité. L’objectif de la psychothérapie est de remplacer les
programmes mentaux insatisfaisants par d’autres, plus satisfaisants.
En revanche, l’objectif du lâcher-prise est l’élimination des
programmes mentaux et émotionnels limitants. Il est de parvenir à
un esprit déconditionné et, finalement, à la transcendance de l’esprit
lui-même, pour atteindre des états supérieurs de conscience
d’amour et de paix.
Lorsqu’on est en thérapie, on dépend des thérapeutes, de leur
formation et de leurs techniques, et on s’appuie également sur une
théorie psychologique à laquelle le thérapeute et le patient
souscrivent tous deux. La recherche scientifique révèle que les
résultats d’une thérapie ne sont pas liés à l’école de psychothérapie,
à la formation ou à la technique du thérapeute, mais à l’interaction
entre eux et au degré de désir d’amélioration du patient, ainsi qu’à la
foi et à la confiance du patient envers son thérapeute. Il s’agit donc
de facteurs psychiques dont la psychothérapie n’a pas conscience.
Avec le mécanisme du lâcher-prise, le patient n’a aucun rôle à
jouer et n’est pas dépendant d’une autre personne ou d’une théorie.
Les sources mêmes des schémas névrotiques se dévoilent
automatiquement au fur et à mesure qu’elles sont acceptées et
abandonnées, puis elles disparaissent. Leur base est souvent située
à des profondeurs que la psychothérapie n’atteint pas. À l’exception
de quelques cadres holistiques (par exemple l’analyse jungienne, la
psychologie transpersonnelle), la thérapie risque d’être basée sur
une compréhension limitée de l’esprit total. Elle ne s’adresse
généralement qu’à une partie de l’ego. Elle ignore et ne comprend
pas les grandes forces qui déterminent, dirigent et contrôlent le
mental. Étant donné que le but de la plupart des psychothérapies est
un ego bien adapté, il n’y a pas de conception de ce qui est situé au-
delà de l’ego.
En revanche, le but du lâcher-prise est d’éliminer l’ego. L’ego est
craintif et limité, et, lorsqu’il est abandonné, le Soi intérieur se
manifeste, et ce qui est depuis toujours plus puissant est révélé. De
nombreuses psychothérapies n’ont aucune connaissance réelle du
Soi, de sorte qu’elles sont aveugles à la Réalité elle-même. Quant à
l’efficacité, la psychothérapie est comparable à un cheval avec son
attelage, tandis que le mécanisme d’abandon et de lâcher-prise peut
être comparé à un vaisseau spatial. Tandis qu’une thérapie explore
lentement une zone limitée, le lâcher-prise l’a déjà largement
dépassée pour entrer dans une toute nouvelle dimension.
Le lâcher-prise offre un avantage particulier : l’abandon d’un
sentiment négatif entraîne aussi l’abandon de l’énergie qui se cache
derrière de nombreux autres sentiments négatifs, de sorte que son
effet est constant à tous les niveaux. Prenons l’exemple de cet
homme prospère et bien éduqué qui avait, depuis toujours, une
terrible peur des hauteurs – c’était une phobie extrême. Au moment
où il a appris à utiliser le mécanisme de l’abandon, il avait, dans sa
vie, de nombreux problèmes à traiter d’urgence. Après avoir appris à
lâcher prise, il s’est employé à abandonner ses sentiments et ses
peurs à propos des problèmes majeurs de la vie, mais il n’a jamais
eu le temps de travailler spécifiquement sur la peur des hauteurs
qu’il ressentait depuis toujours. Lorsqu’il s’est retrouvé, plus tard,
debout sur un toit, il a été étonné de découvrir que sa peur avait
considérablement diminué. Ravi, il s’est avancé vers le bord du toit,
où il s’est assis en balançant ses pieds dans le vide. Il était
désormais capable de monter sur des échelles et sur le toit pendant
une heure sans aucune difficulté. Cela illustre bien le fait que,
lorsqu’une peur est abandonnée, toutes les peurs régressent de
manière non spécifique.
La psychothérapie a pour objectif d’améliorer les schémas
névrotiques. Le lâcher-prise, quant à lui, vise à éliminer les causes
sous-jacentes de toute formation névrotique. Il défait la structure de
base des sentiments et des comportements inadaptés. La
psychothérapie cherche à améliorer l’équilibre névrotique. Le lâcher-
prise, en revanche, élimine tout cela.
Une des limites de la plupart des cadres psychothérapeutiques est
que le thérapeute est cantonné à ce que le monde appelle un « ego
sain et fonctionnel » avec toutes ses restrictions. Dans ce
paradigme, un patient en bonne santé est considéré comme celui
qui partage les mêmes illusions et les mêmes limitations que celles
tolérées par la société et le thérapeute. En revanche, le but du
mécanisme d’abandon est de transcender les illusions du monde et
d’atteindre la vérité ultime qui se cache derrière lui – la réalisation de
Soi – et de découvrir le fondement même de l’esprit, la source de
toute pensée et de tout sentiment.
L’objectif du lâcher-prise est l’élimination de la source même de toute
souffrance et de toute douleur. Cela peut sembler radical et surprenant ;
et, en effet, ça l’est ! En définitive, tous les sentiments négatifs
proviennent de la même source. Cette source se révèle lorsque
suffisamment de sentiments négatifs ont été abandonnés. Lorsque
cette source, elle-même, est abandonnée et désidentifiée, l’ego se
dissout. La source de la souffrance perd ainsi la base même de son
pouvoir.
Chacun de nous a une limite à la quantité de sentiments négatifs
qu’il peut accumuler. Lorsque la pression cachée derrière une
émotion a été relâchée, cette émotion n’apparaît plus. Par exemple,
si la peur est continuellement abandonnée pendant un certain
temps, elle finit par s’épuiser. Il devient alors difficile ou quasiment
impossible de ressentir davantage de peurs. Il faut progressivement
augmenter la quantité de stimuli pour la susciter. Finalement, la
personne qui a renoncé à une grande partie de sa peur doit, en
réalité, la rechercher assidûment. L’énergie de la peur n’est tout
simplement plus là. La colère diminue elle aussi progressivement, de
sorte que même une provocation majeure ne parvient plus à la
susciter. Une personne avec peu de peur ou peu de colère ressent
avant tout de l’amour en permanence, et éprouve une acceptation
aimante des événements, des gens et des vicissitudes de la vie.
Le but du lâcher-prise est la transcendance. La psychothérapie
considère comme sains des niveaux de comportement qui, du point
de vue de la liberté totale, sont inacceptables. Par exemple, en
psychothérapie, une peur, une colère et une fierté minimales
peuvent être considérées comme des niveaux de fonctionnement
nécessaires ou acceptables, voire « sains ». Mais, comme nous
l’avons vu, la destructivité innée qui sous-tend ces états inférieurs
n’est finalement pas acceptable, étant donné le pouvoir de l’abandon
qui permet de les transcender totalement. Au-delà du « niveau
acceptable de fonctionnement » nous attend notre plus noble
destin : la liberté totale.
CHAPITRE 17

LA TRANSFORMATION

M
ême si le lâcher-prise semble simple et facile à mettre en
œuvre, ses effets ultimes sont extrêmement puissants. Un
petit lâcher-prise effectué de manière quasiment désinvolte
peut parfois induire un changement majeur dans notre vie. Nous
pouvons imaginer cela comme le gouvernail d’un navire. Si nous
modifions la boussole du navire d’un seul degré, nous remarquerons
à peine une différence ; mais si le bateau navigue ainsi sur la mer
heure après heure, jour après jour, un changement d’un degré dans
la boussole finira par nous conduire jusqu’à un endroit très différent,
à de nombreux milles de l’endroit où le cap initial nous aurait menés.
Dans ce chapitre, nous allons examiner l’effet du mécanisme du
lâcher-prise sur les domaines de la vie qui préoccupent la plupart
des gens : la santé, la richesse et le bonheur. Nous allons examiner
ces domaines tels qu’ils sont généralement vécus par la majorité des
gens, et nous ferons une comparaison avec les changements qui se
produisent au fur et à mesure que la pratique du lâcher-prise
progresse. Ces changements sont assez évidents, lorsque nous
observons la vie d’autres personnes qui utilisent cette technique. Ils
deviendront également évidents dans votre propre vie. Parfois, vous
n’en serez pas conscient ; c’est la raison pour laquelle je vous
suggère de tenir une liste d’objectifs et de cocher les bénéfices au
fur et à mesure qu’ils se produisent, afin que vous puissiez rester
attentif et conscient des progrès réalisés. Cette étape de prise de
conscience permet de contourner une particularité de l’esprit.
Lorsque nous décidons d’employer une technique spécifique pour
améliorer notre vie, et lorsque l’amélioration se produit, notre mental
a une tendance particulière à ne pas tenir compte de la méthode
même qui a provoqué ce changement. C’est comme si l’ego du
mental était vaniteux au point de ne pas vouloir rendre à César ce
qui revient à César.
Cette propension du mental à ignorer le progrès intérieur est
parfois assez comique. Par exemple, un homme qui était resté
cantonné au même poste durant vingt-trois ans a commencé à
utiliser la technique du lâcher-prise. En quelques mois, il a soudain
accédé au poste de vice-président et, à la fin de l’année, il est
devenu président de l’entreprise. Lorsqu’on lui a demandé s’il était
satisfait de ce qu’il avait accompli en utilisant cette technique
intérieure, son mental en a totalement fait abstraction et a attribué
ses progrès à des « modifications apportées aux modèles
commerciaux ». Sa relation avec son épouse s’était, elle aussi,
améliorée, et son mental, là encore, a attribué ces progrès à des
raisons extérieures : « Le comportement de ma femme a fini par
changer. » Sa relation avec son fils s’est également améliorée, et
son mental a, encore une fois, ignoré la transformation intérieure,
déclarant que cela était dû au fait que son fils « avait mûri ».
Dans les réflexions qui suivent, on remarquera que les transitions
d’un état à un état supérieur ne sont pas difficiles à réaliser. Elles
peuvent seulement nous sembler « difficiles », en raison de nos
perceptions actuelles. Il est important de garder à l’esprit qu’au fur et
à mesure que nous lâchons prise nos perceptions changent. Nos
objectifs s’élèvent automatiquement. Ce qui nous semble impossible
en cet instant deviendra banal après que nous aurons pratiqué la
technique pendant un certain temps.
Nous remarquerons également que, lorsque le mental oppose le
niveau inférieur de la vie au niveau supérieur, une résistance
particulière à la description d’un niveau supérieur de fonctionnement
se produit parfois. Le mental devient critique et tente de sauver la
face en ridiculisant l’état supérieur. C’est une opportunité en or, car
c’est cette attitude même qui empêche une personne d’atteindre cet
état de vie supérieur. Le processus même de lecture de ce discours
est inestimable, car il révèle précisément quels sont les blocages et
pourquoi ces objectifs sont hors d’atteinte à l’heure actuelle. Au fur
et à mesure que des résistances, des critiques et des dénigrements
surgissent, nous pouvons commencer à les abandonner et à les
laisser partir dès maintenant, pendant ce processus de lecture. C’est
une excellente occasion pour identifier les blocages internes à
l’épanouissement. Comme l’a dit Pogo8 : « Nous avons identifié
l’ennemi, et c’est nous. »
En tant que psychothérapeute et psychiatre professionnel avec
plusieurs décennies d’expérience clinique et de formation, je
considérais ces niveaux de fonctionnement plus élevés comme
inaccessibles pour la plupart des gens. Cependant, l’apprentissage
du fonctionnement pratique du mécanisme du lâcher-prise et
l’observation de centaines de familles, d’amis, de patients et d’ex-
patients qui ont ainsi transformé leur vie m’ont totalement fait
changer d’avis. Désormais, je considère les niveaux de
fonctionnement plus élevés comme automatiques, faciles à atteindre
et accessibles à tous ; et ce, souvent dans un laps de temps
étonnamment court. En fait, certains de ces niveaux de réussite et
de bonheur pourront vous sembler inaccessibles, mais vous aurez
déjà atteint le niveau supérieur au moment où vous aurez terminé la
lecture de ce livre. Vous pouvez vous dire, dès le départ, que ces
niveaux de fonctionnement supérieurs ne sont pas seulement
possibles, mais qu’ils sont un droit inné. Ils sont l’état naturel dont
vous avez été privé par toute la programmation à laquelle votre
mental a été soumis depuis votre naissance.
Avant que vous poursuiviez votre lecture, je vous recommande de
vous asseoir calmement et de prendre intérieurement la décision de
lâcher votre résistance aux niveaux de fonctionnement supérieurs.
Cela signifie que vous prenez la décision de cesser de vous priver
des niveaux supérieurs et d’abandonner tous les obstacles au
bonheur, au succès, à la santé, à l’acceptation, à l’amour et à la
paix. Lorsque vous faites cela, l’acte est déjà accompli, car vous
avez placé toute l’expérience dans un contexte qui commencera
automatiquement à se réaliser.

La santé
La plupart des gens sont préoccupés par leur corps, son
fonctionnement, ses performances, son apparence et sa survie. Le
mental moyen est assailli d’inquiétudes, de peur de la maladie, de la
souffrance et de la mort ; par conséquent, l’esprit s’emploie à
défendre le corps de toutes sortes de manières. Il en résulte une
attention excessive à l’alimentation, au poids, à l’exercice et à la
santé de l’environnement. Avec une telle tension intérieure, à la fin
de la journée, la personne moyenne se sent souvent comme une
victime : vidée et exténuée.
L’une des conséquences de cette préoccupation pour le corps est
la conscience de soi. Dans le champ de la conscience, la présence
du corps est prédominante ; et il s’opère une fixation mentale sur ce
qu’il fait, sur ses allées et venues et ses mouvements, sa survie,
ainsi que sur les opinions et l’approbation des autres envers ce
corps, son apparence et son comportement.
Derrière toutes ces préoccupations se trouve l’équation
inconsciente : « Je suis un corps ». C’est un niveau de conscience
très limité. En fait, dans le monde spirituel, on appelle cela « être
inconscient ». Parce que c’est une fausse identification due à une
étroitesse marquée de la conscience qui revient à porter des
œillères. C’est comme avoir un bouton sur le nez, penser que le
monde entier se concentre désormais sur ce bouton et passer la
journée avec ce bouton au premier plan de nos pensées.
Il est important que nous soyons conscients de la quantité
d’énergie qui est drainée par cette préoccupation constante du
corps. Notre esprit a été continuellement programmé, avec une
variété impressionnante de systèmes de croyances sur le corps : ce
dont il a besoin, ce qui sera bon pour lui et son nombre infini de
fragilités. Cela entraîne des préoccupations constantes, avec toutes
sortes de mesures préventives pour la santé, y compris les
tendances en matière d’alimentation saine, la lecture incessante des
étiquettes pour détecter les ingrédients potentiellement toxiques, la
peur de se tenir près de quelqu’un qui fume une cigarette, la peur
des poussières et des pollens et de tous les contaminants supposés
de l’environnement. Nous finissons obsédés par l’idée de compenser
tous ces « dangers » par diverses contre-mesures.
Comme nous l’avons vu dans les chapitres précédents, ces
fragilités ne sont que le produit de l’esprit, et le corps réagit à ce qui
est retenu par l’esprit. Cela a été démontré dans notre analyse des
personnalités multiples où le corps reflétait, à chaque instant, ce
qu’une personnalité et un esprit particuliers croyaient.
Lorsque nous commençons à abandonner toutes ces peurs, à
annuler ces systèmes de croyances et à réaffirmer que notre
véritable Soi est infini et non soumis à des limitations, nous passons
à un état supérieur de santé, de bien-être et d’énergie vitale. Une
manière utile de nous l’exprimer est : « Je suis un être infini, non
sujet à ____________. » Notons, dans cet espace vide, toute
maladie ou toute substance que notre esprit a été programmé pour
considérer comme un « danger » potentiel pour nous.
Lorsque nous avons lâché prise sur l’infinie variété de peurs
physiques, de préoccupations et de systèmes de croyances, nos
maladies physiques commencent à se dissiper automatiquement.
Notre sentiment de vitalité et de liberté personnelle augmente. Dans
l’état d’abandon total, le corps est à peine perçu. Il n’est plus qu’en
périphérie de la conscience, et nous n’avons plus aucune
préoccupation à son sujet. Il fonctionne sans effort et en douceur, et
il a besoin de très peu de soins.
Une personne qui a lâché prise peut manger n’importe quoi et aller
n’importe où ; elle n’est plus sujette aux craintes des contaminants,
des polluants, des courants d’air, des germes, des fréquences
électromagnétiques, des tapis, de la fumée, de la poussière, des
squames animales, du sumac vénéneux, du pollen ou des colorants
alimentaires. Notre perception du corps se modifie, et nous le
considérons désormais plutôt comme une marionnette ou comme un
animal de compagnie. Ce changement de perception passe de « Je
suis le corps » à « J’ai un corps ».
Il devient peu à peu évident que le corps ne fait absolument pas
l’expérience de lui-même. Au contraire, c’est l’esprit qui fait
l’expérience du corps. Sans l’esprit, le corps ne peut pas être perçu
du tout. Les bras ne peuvent pas faire l’expérience de leur caractère
de bras. Seul l’esprit peut faire l’expérience du bras. C’est, bien sûr,
la base même de l’anesthésie. Quand l’esprit est endormi, le corps
n’a aucune sensation. Nous réalisons peu à peu qu’en fait le corps
n’a aucune sensation et que seul l’esprit est capable de remplir cette
fonction.
C’est un virage très important dans notre conscience, car,
désormais, la préoccupation ne porte plus sur le corps et sa
défense. Le centre d’attention se déplace maintenant vers l’esprit, là
où se trouve le plus grand pouvoir. Au fur et à mesure que nous
modifions nos pensées, nos sentiments et nos perceptions, nous
commençons à remarquer que le corps suit le mouvement. Nous
comprenons que les gens ne réagissent pas du tout à notre corps,
mais à nos attitudes intérieures, à notre état énergétique et à notre
niveau de conscience. Un jour, nous nous rendons compte que tout
le monde et toutes les choses dans ce monde réagissent à notre
niveau de conscience, à notre intention et au sentiment intérieur que
nous avons à leur égard. Nous enregistrons le magnétisme de
personnes saintes telles que Mère Teresa, le Dalaï-Lama et le
Mahatma Gandhi. Nous voyons qu’ils sont aimés non pas pour leur
apparence physique, mais en raison du rayonnement d’amour et de
paix qui émane d’eux. Le basculement de l’attention du niveau
physique vers le niveau de la conscience commence à donner des
résultats rapides.
L’abandon systématique des sentiments et des attitudes négatifs
signifie qu’il y a aussi l’abandon constant de la culpabilité qui y est
associée. Une conscience qui n’est pas culpabilisée n’a plus
tendance à attirer la maladie. Dans l’inconscient, la culpabilité exige
une punition ; et la maladie, avec son cortège de douleurs et de
souffrances, est l’outil de vengeance le plus fréquent pour l’esprit.
Ces représailles peuvent prendre la forme d’un accident, d’un
rhume, d’une grippe, d’arthrite ou de l’une des multiples maladies
que le mental a inventées. Ces maladies prennent des formes
épidémiques en raison de la publicité télévisée et médiatique.
Lorsqu’une personnalité éminente annonce au public qu’elle souffre
d’une maladie grave, il se produit une augmentation soudaine de
l’incidence de cette maladie. L’inconscient s’empare d’une maladie
et s’en sert pour régler ses comptes. Avec l’abandon constant de la
culpabilité intérieure, il y a de moins en moins de comptes à régler.
Par conséquent, une personne qui est exempte de négativité et de
culpabilité a tendance à être exempte de maladie et de souffrance.
La guérison peut être spectaculaire. Prenons comme exemple le
cas d’une éditrice de magazines qui était dans un état désespéré en
raison d’une sclérose en plaques avancée. Le corps médical avait
fait ce qu’il avait pu et l’avait abandonnée, arguant qu’elle était un
cas désespéré en phase terminale. C’est alors qu’elle a découvert
une technique d’abandon de la culpabilité en étudiant le « manuel »
d’Un cours en miracles. En travaillant avec ce cours à distance qui
consiste à étudier très exactement une courte leçon par jour pendant
365 jours, elle a commencé à se défaire de toute sa culpabilité et de
tout son ressentiment grâce au mécanisme du pardon. En
pardonnant constamment et en éliminant ses sentiments négatifs, et
donc en annulant sa culpabilité intérieure, sa sclérose en plaques a
régressé. Au moment où j’écris ces lignes, elle est guérie depuis des
années, en pleine santé et heureuse dans sa vie.
Ainsi, la santé et le bien-être sont généralement la conséquence
automatique de l’abandon de la culpabilité et d’autres négativités,
ainsi que de l’abandon de notre résistance aux états positifs de
santé et de bien-être. Grâce au mécanisme du lâcher-prise, tout
l’éventail des maladies peut être transformé en bien-être.
Comme nous l’avons dit plus tôt, on peut trouver de rares cas dans
lesquels la maladie ou l’infirmité se poursuit sans faiblir en raison de
facteurs inconnus, tels que des propensions karmiques. Le lâcher-
prise continu apporte la guérison au niveau de l’être intérieur de
sorte que, même si le corps semble souffrir de limitations et que des
tiers peuvent considérer cela comme « tragique », la personne est
en paix et dégage un bien-être intérieur qui élève les autres. Grâce à
un profond lâcher-prise, ces personnes ont abandonné l’apitoiement
sur elles-mêmes, la culpabilité et la résistance aux circonstances de
la vie. Elles ont transcendé l’idée que leur maladie est un obstacle
au bonheur personnel et la voient comme un vecteur de bénédiction
pour les autres. Au cours des dernières années, des exemples
publics de ce phénomène nous ont été donnés par feu le pape Jean-
Paul II qui a considéré sa maladie incurable de Parkinson comme
une opportunité spirituelle de s’unir à la souffrance des autres, voire
de l’assumer.

La richesse
C’est un sujet important, non seulement parce qu’il a une influence
directe sur notre vie, mais aussi parce qu’il rend si rapidement et si
facilement visibles nos sentiments, nos pensées et nos
comportements à propos de l’argent. Pour l’esprit qui entretient des
systèmes de croyances limitants et des pensées et sentiments
négatifs, l’argent est un « problème ». C’est une interminable source
d’inquiétude et d’anxiété, de désespoir et de détresse, ou de vanité,
d’orgueil, d’arrogance, d’intolérance envers les autres, de jalousie et
d’envie. Au pire, le résultat final de toute cette négativité est un
sentiment de limitation financière, de manque et de privation. Dans
ce domaine, le sentiment « Je ne peux pas », dû à la peur et à la
limitation, est souvent contourné par l’évitement pur et simple de la
question de l’argent et par la résignation à un statut socio-
économique bas qui est alors considéré comme « inévitable ».
L’inconscient nous apporte ce qu’il croit que nous méritons. Si
notre vision de nous-mêmes est étriquée, limitée et mesquine – en
raison de la culpabilité accumulée –, l’inconscient introduira ces
conditions économiques dans notre vie. Nous pouvons découvrir
notre posture à l’égard de l’argent lorsque nous examinons les
nombreuses choses qu’il signifie. Par exemple, nous voyons à quel
point il symbolise la sécurité, le pouvoir, le glamour, l’attirance
sexuelle, la victoire dans la compétition, l’estime de soi et notre
valeur pour les autres et pour le monde.
Il vous sera très utile de vous asseoir, avec un crayon et du papier,
et de commencer à noter sous le titre « Argent » quelles sont ses
véritables significations dans les différentes dimensions de la vie.
Ensuite, notez les sentiments associés à chaque domaine, et
commencez à lâcher prise sur chaque sentiment négatif et sur
chaque attitude négative. Ce faisant, vous ferez la découverte
surprenante que l’argent en soi n’est pas le problème le plus
fondamental. Car il y a plus important que l’argent lui-même : les
gratifications émotionnelles que nous espérons obtenir avec
l’utilisation de cet argent.
Disons que, derrière le désir d’argent, nous découvrons que l’un de
nos objectifs est d’être respecté et apprécié. Avec cette découverte,
nous venons de comprendre que ce n’est pas l’argent en lui-même
qui nous intéresse, mais plutôt le respect de soi et un sentiment de
valeur intrinsèque. Nous voyons que l’argent n’était qu’un outil pour
réaliser autre chose et qu’en fait ce n’est pas de l’argent que nous
voulons, mais le respect et l’estime de soi que nous pensions qu’il
nous apporterait. Il nous apparaîtra également qu’il nous est
possible d’atteindre directement les objectifs que nous pensions
pouvoir atteindre grâce à l’argent. Plus notre estime de soi est
élevée, moins nous avons besoin de l’approbation des autres. Au fur
et à mesure que nous réalisons ces prises de conscience, l’argent
prend une signification différente dans chaque domaine de la vie.
L’argent est désormais subordonné à des objectifs plus élevés, et ne
constitue plus une fin en soi.
Si nous ne sommes pas conscients de ce que l’argent signifie pour
nous émotionnellement, nous en subissons les effets. Nous sommes
gouvernés par nos croyances inconscientes sur l’argent et tous les
programmes qui lui sont associés. C’est comme un millionnaire qui
accumulerait de plus en plus de millions. Il lui semble qu’il n’en aura
jamais assez. Mais pourquoi donc ? Parce qu’il n’a jamais pris le
temps de réfléchir à ce que l’argent signifie réellement pour lui. Si
nous courons de manière obsessionnelle après l’argent ou d’autres
symboles de richesse, c’est parce que notre estime de soi est si
faible qu’il nous faut une énorme somme d’argent pour la
compenser. L’insécurité intérieure est tellement immense qu’aucune
somme d’argent ne peut la compenser. On pourrait dire que plus
nous nous sentons petits à l’intérieur, plus il nous faut accumuler du
pouvoir, de l’argent et du prestige pour tenter de compenser cette
petitesse intérieure.
Lorsque nous entrons dans un état de lâcher-prise, nous sommes
libérés de cette petitesse intérieure, de cette insécurité et de cette
faible estime de soi. Ensuite, l’argent devient simplement un outil
pour atteindre nos objectifs dans le monde. Nous avons une sécurité
intérieure, sachant qu’il y aura toujours tout ce qu’il nous faut en
abondance. Nous obtiendrons toujours ce dont nous avons besoin
quand nous en aurons besoin, car nous avons un sentiment intérieur
de plénitude, d’épanouissement et de satisfaction. L’argent devient
alors une source de plaisir plutôt qu’une source d’anxiété.
À un certain niveau, nous pouvons même sembler indifférents à
l’argent. Lorsque nous en avons besoin pour mener un projet à bien,
il semble apparaître de nulle part, comme par magie. Nous nous
sentons insouciants à ce sujet, parce que nous sommes connectés à
la source de notre propre pouvoir. Lorsque nous nous réapproprions
le pouvoir que nous avions cédé à l’argent, et lorsque nous voyons
que c’est notre propre pouvoir, nous ne nous préoccupons plus de
l’argent, et nous n’avons plus besoin d’en accumuler beaucoup. Une
fois que nous avons la formule de l’or, nous n’avons pas besoin d’en
transporter un sac sur notre épaule, avec tous les soucis et les
angoisses qui l’accompagnent.
Bien sûr, le problème avec l’accumulation excessive d’argent est la
peur constante de le perdre. Il est tragicomique de voir quelqu’un qui
possède 50 millions de dollars faire une dépression nerveuse parce
que, suite à une erreur de gestion, il a perdu 10 millions. Cet homme
était réellement en proie à la panique. Sur le plan émotionnel, il avait
peur de ne pas pouvoir survivre sur la planète avec seulement
40 millions de dollars. La personne qui souffre de pauvreté intérieure
est constamment poussée à accumuler sur le plan matériel. Avec
cette pauvreté intérieure, il y a toute l’attitude de l’égoïsme, ou ses
corollaires de vanité et de faux orgueil.
Il est très fréquent que les personnes qui utilisent la technique du
lâcher-prise connaissent soudain l’abondance. Des acteurs en
difficulté se voient dorénavant proposer des premiers rôles à
Hollywood. Un dramaturge à la limite de la pauvreté devient le
producteur d’un grand succès à Broadway. Paradoxalement,
certaines personnes deviennent tellement détachées de l’argent
qu’elles choisissent de se débarrasser de beaucoup d’argent et de
vivre une vie beaucoup plus simple. Elles ne sont plus intéressées
par l’argent ; elles en ont la maîtrise. Les satisfactions intérieures
qu’elles avaient recherchées au moyen de l’argent sont désormais
comblées directement, de sorte que le bonheur intérieur est
indépendant de la richesse extérieure. Dans cet état de liberté
intérieure, on est indépendant du monde extérieur, et non plus sous
son influence. Parce qu’on transcende ce que l’on a maîtrisé.

Le bonheur
Dans les passages consacrés à la santé et à la richesse, nous
avons déjà abordé des sujets importants liés au bonheur en général.
Maintenant, nous allons nous concentrer davantage sur la vie
émotionnelle intérieure, car c’est là que nous vivons tous vraiment.
Après tout, la santé et la richesse n’ont de sens que parce que nous
supposons – et dans une certaine mesure c’est vrai – qu’elles
conduisent au bonheur. Cependant, le bonheur peut être
expérimenté directement et, à ce niveau, il est relativement
indépendant de la santé ou de la richesse.
Jetons un regard objectif sur la conception que nous avons
généralement du bonheur. Pour commencer, le bonheur est
extrêmement vulnérable. Une remarque fortuite, un commentaire
critique, un sourcil levé ou une voiture qui coupe la file devant nous
suffisent à faire anéantir, en un instant, le bonheur de la personne
moyenne. La menace d’une perte d’emploi, un sentiment de
méfiance dans une relation, une remarque inquiétante d’un médecin,
ou un chauffeur de taxi impertinent suffisent à gâcher la journée de
beaucoup d’entre nous. Pourquoi notre bonheur est-il fragile au point
que des événements banals puissent « gâcher » une journée
entière ?
Dans le chapitre consacré à l’anatomie des émotions, nous en
avons déjà examiné les raisons. Des sentiments, des pensées et
des attitudes négatifs ainsi que le jugement et les critiques constants
d’autrui nous donnent souvent l’impression d’être séparés des
autres. En raison de ce sentiment de solitude et de séparation
intérieure, les relations prennent la forme d’attachements, avec toute
la peur, la colère et la jalousie qui accompagnent toute menace
pesant sur ces attachements. La négativité intérieure se traduit par
des croyances aussi répandues que « On naît seul et on meurt
seul ». En réalité, rien n’est plus éloigné de la vérité. Comme le
révèlent des ouvrages récents sur les expériences de mort
imminente, c’est au cours de la vie que l’on se sent souvent seul,
tandis qu’au moment de la mort, on éprouve un sentiment absolu
d’unité et de connexion (Eadie, 1992 ; Neal, 2011).
Les attachements, les dépendances et la petitesse intérieure
peuvent nous faire sentir faibles et limités. L’intolérance coupable de
nos pensées et de nos sentiments se projette sur le monde, le
faisant apparaître comme un endroit effrayant. Comme ces peurs
sont maintenues à l’esprit, des événements et des expériences
effrayants sont littéralement introduits dans notre expérience de vie.
La peur entraîne une colère chronique et nous rend enclins aux
attaques et au chaos émotionnel intérieur. La douleur et la
souffrance surgissent, avec un désespoir périodique et une
tendance aux bouleversements émotionnels. Le mental-ego – qui
considère tout le monde comme séparé – est envieux de toute autre
personne qui semble plus heureuse, qui semble mieux réussir, vivre
une meilleure vie de couple, avoir un corps plus avantageux ou de
meilleures relations. Bientôt, en raison d’un manque de clarté
intérieure sur les objectifs, s’installe une confusion qui mène à
l’apitoiement sur soi, à l’envie et à un ressentiment supplémentaire.
L’autocondamnation est sans cesse projetée sur le monde, prenant
la forme d’une condamnation des autres ; ce qui accroît encore la
culpabilité et le sentiment de petitesse.
Pour certains d’entre nous, l’unique échappatoire passe par la
prétention, l’intolérance, le sectarisme, l’arrogance et la colère, qui
prennent la forme de la cruauté, de la suffisance, de la brutalité et de
l’insensibilité aux sentiments des autres. Souvent, l’insensibilité
s’accompagne de justifications personnelles, telles que : « Je suis
une personne franche, et je dis ce que je pense » ou « Je suis du
genre franc ; avec moi, on sait toujours à quoi s’en tenir ». Ces
commentaires sont une couverture pour dissimuler l’insensibilité –
que l’on ferait mieux de qualifier de « grossièreté ». Une faible
estime de soi se traduit par une critique de soi et des autres, une
compétition et une comparaison constantes, l’analyse, le mépris,
l’intellectualisation, le doute et des fantasmes de vengeance.
Lorsque tous ces mécanismes échouent, on assiste à la récurrence
de l’apathie, avec des sentiments de désespoir et de victimisation.
Dans un tel état, nous nous marginalisons progressivement, parce
qu’il y a tellement de choses en nous qu’il nous faut cacher. Notre
comportement nous conduit à nous isoler des autres et à un
déséquilibre dû à une surévaluation des domaines de la vie qui
semblent bien fonctionner.
En raison de ce chaos intérieur, la personne lambda doit
nécessairement demeurer non consciente en permanence. Il est
intéressant d’observer les moyens que le mental a inventés pour
atteindre cet objectif. Nous observons une personne qui se lève le
matin et allume la radio ou la télévision pour détourner
immédiatement son esprit d’elle-même et de son bavardage mental.
Malgré ce divertissement supplémentaire, ses pensées et ses
sentiments ont tendance à surgir jusqu’à ce que son esprit se
préoccupe des programmes de la journée, du travail et de divers
projets de réussite ou de plaisir. Cela commence par la
préoccupation concernant le corps – le lavage, le coiffage, le parfum,
le poudrage, la désodorisation et la sélection minutieuse des
vêtements pour la journée. Le choix des vêtements fait remonter à la
surface tous les programmes de la journée, son effervescence
d’activités qui ont été accumulées : les rendez-vous interminables,
les appels téléphoniques, les courses, les engagements sociaux, les
responsabilités domestiques et les e-mails. Sur le chemin du travail
ou des activités de la journée, il y a les conversations avec les
autres passagers, l’écoute de l’autoradio, les appels téléphoniques,
l’envoi de SMS et la lecture du journal du matin dans le métro. Une
fois arrivé à destination, on se préoccupe des événements extérieurs
de la journée : les affaires, les contrats, les marchés, les
arrangements, les soucis, les manipulations, la recherche incessante
du pouvoir, la quête de « coups » et la lutte omniprésente pour la
survie. Tout cela est motivé par le désir de trouver un sens et une
sécurité, d’augmenter notre estime de soi et de nous valoriser par
tous les moyens.
Nous ne comprenons vraiment la frénésie de cette lutte que
lorsque nous sommes soudain contraints de l’interrompre en raison
d’un événement extérieur. Nous sommes alors confrontés au vide
intérieur. Cela nécessite l’ingestion constante de romans, de
magazines, de télévision et de sites internet. Ou alors nous évitons
le vide en allant constamment à des fêtes, en nous évadant par la
drogue, en nous engourdissant avec quelques verres, en regardant
des films et en recherchant d’autres divertissements. Nous avons
tendance à faire n’importe quoi pour éviter de faire face à ce
sentiment de vide intérieur.
Il n’y a rien de mal dans aucune de ces activités. Ce que nous
voulons examiner, c’est uniquement l’état de conscience et la
manière dont ces activités sont perçues, réalisées et vécues. En état
de liberté intérieure, ces mêmes événements et expériences
prennent une signification totalement différente.
Ces mêmes activités peuvent provenir d’un sentiment intérieur de
bonheur, d’estime de soi et de plénitude. Les mêmes objectifs
peuvent être atteints par l’accomplissement de notre réalisation
intérieure plutôt que par la compétition avec les autres. Les relations
sont alors fondées sur le partage et l’amour, plutôt que sur la
jalousie, la compétition et la recherche de « coups » et de
reconnaissance. Lorsque nous sommes libérés des pulsions
négatives, nous entretenons des relations gratifiantes parce que
nous aimons les gens, et non pas parce que nous leur sommes
attachés. Nous pouvons permettre à l’autre personne d’être libre,
non sujette à la jalousie ou à la menace. Nous ne sommes pas
victimes de manipulation par les autres, car nous avons déjà trouvé
notre épanouissement intérieur.
Au fur et à mesure que nous lâchons prise sur les pensées, les
sentiments et les attitudes négatifs, nous nous réapproprions le
pouvoir que nous avions cédé au monde. Une grande partie de
l’attrait du monde est due à la glorification que nous avions projetée
sur lui. Des questions se posent pour une réflexion sur soi : « Est-ce
vraiment tout cet argent que je veux, ou est-ce le prestige que j’y ai
associé ? Qu’est-ce que j’attends de ce titre professionnel ou de
cette désignation de “Dr” ou autre ? S’agit-il de la responsabilité et
des activités qui vont avec, ou est-ce le prestige et l’estime qui y
sont associés ? Est-ce que j’aime vraiment cette personne ou est-ce
que je suis amoureux du prestige que j’ai projeté sur elle ? »
Plus nous lâchons prise, plus nous démythifions le monde. Et plus
il est démythifié, moins il nous gouverne. Nous ne sommes plus
sous l’influence de l’idéalisation et ne pouvons plus être manipulés
par elle. Nous ne sommes plus vulnérables aux programmations
professionnelles des médias et des arènes politiques et sociales.
Nous ne sommes plus sous l’influence d’un besoin intérieur
d’approbation de la part des autres.
Maintenant, nous aimons les gens pour ce qu’ils sont, et non pour
ce qu’ils peuvent faire pour nous. Nous n’avons plus besoin
d’exploiter les autres ou d’essayer de les amadouer. À mesure que
notre propre niveau de culpabilité diminue, notre estime de nous-
mêmes augmente. Nos relations sont désormais fondées sur la
probité, et nous ne sommes plus exposés au chantage affectif. De
même, nous cessons d’essayer de faire chanter les autres en
exerçant sur eux une pression émotionnelle. Comme nos relations
sont fondées sur l’honnêteté et qu’elles existent et fonctionnent sur
un plan supérieur, nous n’avons plus de crainte d’aliénation ni de
sentiment de solitude. La personne qui lâche prise n’a plus besoin
des autres pour s’épanouir : elle les fréquente par choix, par amour
et par plaisir. La compassion pour les autres et pour leur humanité
transforme la vie et toutes les relations.

L’état de liberté intérieure


Que devient la vie lorsqu’on lâche prise continuellement ? Qu’est-ce
qui est possible ?
Dans l’état du lâcher-prise, nous ne sommes plus dépendants du
monde extérieur comme source de satisfaction, parce que c’est en
nous que nous avons trouvé la source du bonheur. Nous partageons
le bonheur avec les autres, de sorte que, dans nos relations, nous
sommes solidaires, sympathiques, encourageants, patients et
tolérants. Nous apprécions tout naturellement la valeur des autres et
nous tenons compte de leurs sentiments. Nous avons abandonné
les luttes de pouvoir, le besoin « d’avoir raison » et de prouver ce
que nous pensons. Nous avons automatiquement une attitude de
non-jugement et de soutien des autres pour les aider à grandir,
apprendre, expérimenter et réaliser leurs propres potentialités. Nous
acceptons les autres facilement et avec bienveillance. Nous nous
sentons détendus, dynamiques et pleins d’énergie. Les événements
de la vie se déroulent spontanément et sans difficulté. Nous ne
réagissons plus par esprit de sacrifice ou par « renoncement » à
quelque chose pour autrui ; bien au contraire, nous nous
considérons comme des serviteurs aimants des autres et du monde.
Les événements de la vie nous apparaissent comme des
opportunités plutôt que comme des défis. Notre personnalité est
chaleureuse et ouverte, et nous sommes animés d’une volonté de
lâcher prise et d’avancer sans cesse en raison du processus
intérieur continu de révélation.
Au fur et à mesure que ce processus se déploie, nous ressentons
une transformation intérieure. Cela nous amène à un sentiment
constant de gratitude, de plaisir et de certitude quant à nos objectifs.
Nous vivons dans le présent plutôt que de nous préoccuper du
passé ou de l’avenir. Nous sommes confiants, tout en étant sans
défense ; parce que nous nous sommes réapproprié le pouvoir que
nous avions projeté sur le monde. Nous avons un sentiment intérieur
de force et d’invulnérabilité qui nous apporte une sérénité intérieure.
Tout d’abord, il y a l’identification : « Je suis le corps ». Puis, au fur
et à mesure que le mécanisme du lâcher-prise se poursuit, il devient
absolument évident que « Je suis l’esprit qui fait l’expérience du
corps, mais je ne suis pas le corps ». Tandis que nous abandonnons
de plus en plus de sentiments et de systèmes de croyances, nous
finissons par prendre conscience du fait que « Je ne suis pas non
plus l’esprit, mais je suis ce qui est le témoin et qui expérimente
l’esprit, les émotions et le corps ».
L’observation intérieure nous permet de constater qu’il y a quelque
chose qui reste constant et inchangé ; peu importe ce qu’il se passe
dans le monde extérieur ou dans le corps, les émotions ou l’esprit.
Cette prise de conscience s’accompagne d’un état de liberté totale.
Nous avons découvert notre Soi intérieur. Nous avons reconnu l’état
silencieux de la conscience qui sous-tend tout mouvement, toute
activité, tout sentiment et toute pensée comme étant une dimension
intemporelle de paix. Lorsque nous nous sommes identifiés à cette
conscience, nous ne sommes plus sous l’influence du monde, du
corps ou de l’esprit, et cette conscience nous apporte un calme, une
sérénité et un profond sentiment de paix intérieure. Nous constatons
que c’est ce que nous avions toujours cherché, mais que nous ne le
savions pas, parce que nous nous étions égarés dans le labyrinthe.
Nous nous étions identifiés par erreur aux phénomènes extérieurs
de notre vie trépidante – le corps et ses expériences, ses
obligations, sa vie professionnelle, ses titres, ses activités, ses
problèmes et ses sentiments. Mais nous comprenons maintenant
que nous sommes l’espace intemporel dans lequel ces phénomènes
se produisent. Nous ne sommes pas ces images en mouvement qui
interprètent leur drame sur l’écran de cinéma, mais l’écran lui-même
– un témoin impartial du film de la vie qui se déroule, sans début ni
fin, et dont le potentiel est infini. Ces prises de conscience
progressives de notre véritable nature préparent le terrain pour la
prise de conscience ultime de l’identité de la Conscience avec la
Divinité elle-même.

8. https://fr.wikipedia.org/wiki/Pogo_(bande_dessinée).
CHAPITRE 18

LES RELATIONS

L
es relations étant si intimement liées à nos désirs
fondamentaux d’amour et de sécurité, elles font rapidement
affleurer nos sentiments les plus profonds. C’est la raison pour
laquelle elles sont extrêmement précieuses – indépendamment du
fait qu’une relation soit qualifiée de « bonne » ou de « mauvaise ».
Dans le processus d’émancipation émotionnelle, tout a la même
valeur. Il est nécessaire de nous rappeler que les sentiments sont
des programmes, c’est-à-dire des réponses apprises qui ont souvent
un objectif. Cet objectif est de produire un effet sur les sentiments de
l’autre personne ; et, ce faisant, d’influencer ses sentiments envers
nous, et de favoriser la réalisation de nos objectifs intérieurs.
Nous allons nous pencher sur des réactions émotionnelles
courantes et examiner leur véritable objectif. Les réactions
émotionnelles n’ont rien à voir avec l’amour, car l’amour est un état
d’unité avec l’autre. L’amour n’est pas simplement une émotion qui
va et qui vient. Ce qui est souvent considéré comme de l’amour,
dans la vision commune des humains, est surtout l’attachement, la
dépendance et la possessivité.

Les sentiments négatifs


Comme nous allons le voir, toutes les émotions envers les autres
impliquent la croyance fondamentale que nous sommes incomplets
en nous-mêmes et que, par conséquent, nous considérons et
utilisons les autres comme un moyen d’atteindre une fin. Bien que
nous ne soyons pas en mesure d’influencer l’autre personne comme
nous le souhaiterions, l’utilisation de l’autre se produit toujours au
niveau du fantasme et des attentes. Nous découvrons également
qu’une grande partie de ce que nous vivons dans une relation ne se
produit que dans notre imagination. Commençons par les émotions
les plus négatives : nous allons découvrir leur objectif sous-jacent et
la réaction probable de l’autre personne.

La colère
Les premiers sentiments que nous allons examiner sont les plus
négatifs : la haine, la méchanceté, la colère, la rage, la vengeance et
la violence. Il est évident que le fantasme sous-jacent, en pareil cas,
est d’éliminer, de bannir, de tuer, de détruire, de blesser, de faire
mal, d’effrayer et d’intimider. La réaction probable de l’autre
personne sera de nous éviter, de nous haïr en retour et de lancer
une contre-attaque. Les formes mineures de colère sont la critique,
l’esprit critique, le ressentiment, la bouderie, la rancune et les
jugements négatifs sur les autres. L’objectif émotionnel est de punir
les autres, de les faire se sentir désolés, de tenter de les forcer à
modifier leurs sentiments ou leur comportement, de les faire souffrir,
de se venger d’eux, de les diminuer et de les dévaloriser. Cela, bien
sûr, se traduit également par une réponse de l’autre personne sous
forme de contre-critique, de contre-ressentiment et d’évitement.
Pour aborder ce sujet, il est important de comprendre que presque
tout le monde a ces fantasmes. Faire l’autruche, penser qu’ils sont
méchants ou que nous sommes coupables ne les résoudra pas. Il
nous faut atteindre le niveau du courage et regarder nos pires
sentiments, admettre qu’ils font partie de la condition humaine et
nous rappeler que nous ne sommes responsables que de ce que
nous en faisons. Il est évident que ces sentiments négatifs ont un
énorme impact émotionnel sur nous-mêmes. Cette raison est
suffisante pour justifier qu’on les examine et qu’on les abandonne.
En examinant les sentiments au niveau des relations
interpersonnelles, nous découvrons maintenant une autre loi de la
conscience. Nos sentiments et nos pensées ont toujours un effet sur les
autres et affectent nos relations ; que ces pensées ou sentiments soient
verbalisés, exprimés ou non. À ce stade, nous n’entrerons pas dans
une discussion à propos de la mécanique de ce phénomène, mais il
constitue actuellement un domaine de recherche de la physique
quantique avancée moderne, en particulier le domaine qui concerne
les particules subatomiques à haute énergie et leur relation avec les
pensées et les formes-pensées.
Nous pouvons probablement percevoir la vérité de cette loi de la
conscience à partir de notre propre expérience. Par exemple, nous
savons généralement quand quelqu’un est en colère contre nous,
même s’il ne dit rien. Ressentant son sentiment de colère refoulé,
nous pourrions lui demander : « Est-ce que quelque chose ne va
pas ? » Même si la personne répond : « Oh, rien », nous sommes
toujours conscients de l’énergie de la colère et de la contrariété.
Il est quelque peu consternant de découvrir la vérité de cette
interaction au niveau énergétique, mais chacun peut la découvrir par
une exploration intérieure. Les attitudes que nous avons
généralement à l’égard d’une autre personne influencent les
sentiments et les attitudes de cette dernière envers nous – que nous
les exprimions ou non. Dans notre société, les femmes sont plus
intuitives que les hommes ; elles sont généralement plus
conscientes du fait que leurs pensées et leurs sentiments sont
connus des autres. Les vrais médiums, bien sûr, sont tout
simplement des experts en intuition.
Lorsque nous découvrons cette vérité pour la première fois, il peut
nous arriver de traverser une sorte de légère paranoïa. Nous
sommes quasiment tous amenés à croire que nos pensées et nos
sentiments sont des affaires privées qui ne regardent personne
d’autre, que tous les esprits sont séparés et que les émotions ne se
manifestent que dans les limites du corps. Lorsque nous
commençons à approfondir cette question, nous constatons que
l’ensemble des sentiments que nous éprouvons à l’égard d’une autre
personne nous est souvent renvoyé par le reflet de son attitude, et
que, lorsque nous changeons notre disposition intérieure à son
égard, son attitude change soudain. Nous influençons
inconsciemment les autres en permanence, en raison des
sentiments que nous éprouvons à leur égard. Au fur et à mesure que
nous deviendrons plus intuitifs, nous rirons de notre naïveté passée.
Et, si nous approfondissons nos recherches dans le monde des
médiums et de la parapsychologie, nous découvrirons que les
pensées et les sentiments peuvent être lus par des médiums
experts, même s’ils se trouvent de l’autre côté du globe.
La seule manière de surmonter cette paranoïa initiale est de faire
le ménage dans nos propres affaires. Découvrir ce qui doit être
assaini est à la fois simple et facile. Regardez simplement ce que
vous ne voudriez pas que les autres sachent à votre sujet, et
commencez à l’abandonner !
Avec un peu d’observation, nous constatons assez vite que ces
sentiments intensément négatifs ont un effet de réverbération et
qu’ils nous reviennent en boomerang, affectant profondément nos
relations. L’autre personne ne fait que refléter ce que nous projetons
sur elle. Les personnes qui nourrissent beaucoup de haine
constatent qu’elles vivent dans un monde haineux et que beaucoup
de gens les détestent. Elles perçoivent les situations extérieures et
le monde comme odieux. Ce qu’elles ne voient pas, c’est que ce
sont elles-mêmes qui ont créé toute cette situation.
Nous avons le secret espoir que nos sentiments de colère envers
les autres les puniront et les feront souffrir. En réalité, nous leur
fournissons tout simplement une justification pour nous haïr en
retour. Il nous faut alors vivre avec la peur de leurs représailles, et
avec notre propre culpabilité inconsciente qui se traduit souvent par
des maladies physiques. Nous découvrirons que toute notre colère
et notre ressentiment sont dus à notre perception, c’est-à-dire à la
manière dont nous voyons une situation donnée. Lorsque nous
avons abandonné nos sentiments intérieurs, la manière dont nous
voyons la situation change, et nous sommes souvent surpris par la
rapidité avec laquelle des sentiments de pardon surgissent et la
relation se transforme, même si, sur le plan extérieur, nous n’avons
rien fait ou dit pour exprimer ce changement intérieur.
Cela se produit très fréquemment lorsque notre intention est de
surmonter nos ressentiments. Un cours en miracles est basé sur ce
processus précis de modification de notre vision d’une situation par
la volonté de la voir différemment et d’être indulgent. C’est ce que
voulait dire Jésus-Christ lorsqu’il parlait du pouvoir miraculeux du
pardon.
Il est intéressant de constater que l’exhortation de Jésus-Christ à
bénir et à aimer nos ennemis repose sur des fondements
scientifiques. Sur le plan énergétique, les sentiments inférieurs ont
une fréquence vibratoire plus basse et une puissance inférieure.
Lorsque nous sommes dans un état énergétique inférieur – comme
la colère, la haine, la violence, la culpabilité, la jalousie ou tout autre
sentiment négatif –, nous sommes psychiquement vulnérables à
l’autre personne. En revanche, le pardon, la gratitude et la
bienveillance ont une vibration énergétique nettement plus élevée et
un pouvoir beaucoup plus grand. Lorsque nous passons d’un
modèle énergétique inférieur à un modèle énergétique supérieur,
nous créons, en quelque sorte, un bouclier protecteur au niveau
énergétique, et nous ne sommes plus psychiquement vulnérables à
cette autre personne. Par exemple, lorsque nous sommes en colère,
nous sommes vulnérables à l’épuisement énergétique suscité par la
contre-colère de l’autre personne. Paradoxalement, si nous voulons
réellement avoir de l’influence sur les autres, nous devrions vraiment
les aimer. Ainsi, leur colère contre nous leur reviendrait en
boomerang, sans avoir aucun effet sur nous ! Cela correspond à la
sagesse de la déclaration du Bouddha dans le Dhammapada : « On
ne peut pas vaincre la haine par la haine. La haine est vaincue par
l’amour. C’est une loi éternelle. »

La culpabilité
La culpabilité est le deuxième domaine « chargé » de négativité. Son
objectif sous-jacent est d’apaiser, de soulager, d’échapper à la
punition par l’autopunition et de susciter le pardon. Le plus important
de ces objectifs est le souhait de susciter une punition de la part
d’une autre personne, associée à une autopunition. Il ne s’agit pas
d’un désir conscient, mais c’est le but inconscient de la culpabilité. Il
est facile de vérifier cela en menant une petite enquête. La
prochaine fois que vous vous sentirez coupable de quelque chose
de particulier concernant une autre personne, observez ce qu’il se
passe lors de la rencontre suivante. Presque immanquablement, elle
évoquera la chose même que nous avions à l’esprit. Par exemple, si
nous nous sentons coupables d’être en retard à un rendez-vous,
cette culpabilité suscitera souvent une réponse critique de la part de
l’autre personne. En culpabilisant, nous attirons toutes les critiques
des autres et leur dépréciation de notre personne ; notre faible
estime de soi nous est renvoyée par les autres, sous la forme de
leur dénigrement de notre vie.
Si nous pensons que nous sommes petits et indignes, nous
suscitons ce genre de réponses de la part des autres, et leurs
remarques tendront à indiquer que nous sommes, en effet, petits et
indignes. Si nous pensons que nous ne valons pas plus qu’une
croûte de pain, c’est ce que nous recevrons. C’est ce que les
Écritures entendent par l’affirmation suivante : « Les pauvres
s’appauvrissent, et les riches s’enrichissent. » À tous les niveaux, et
non pas seulement au niveau financier, la pauvreté provient de la
pauvreté intérieure, tout comme la richesse extérieure provient de la
richesse intérieure. Si nous voulons que les autres cessent de nous
critiquer et de nous attaquer, la solution consiste à commencer par
nous défaire de la culpabilité et de tous les sentiments qui l’ont
suscitée.
Une manière très rapide d’apprendre à comprendre le rôle des
émotions dans les relations interpersonnelles est de présumer que
les autres sont conscients de nos pensées et de nos sentiments. En
faisant cela, nous ne serons pas loin de la vérité, car ils sont, en
effet, intuitivement conscients de nos pensées et de nos sentiments,
même s’ils ne le sont pas consciemment à un moment précis. Ils
nous répondront comme s’ils connaissaient nos sentiments. La
relation dans son ensemble se comportera comme si l’autre personne était
consciente de nos sentiments. Si nous continuons à croire que les
autres ne connaissent pas nos pensées et nos sentiments,
souvenons-nous que les chiens le font presque instantanément !
Croyons-nous vraiment que la psyché humaine est inférieure à celle
d’un chien ? Si un chien est capable de lire rapidement la totalité de
notre disposition intérieure, nous pouvons être certains que l’intuition
des personnes qui nous entourent capte cette même vibration.
L’apathie et le chagrin
Les sentiments d’apathie, de deuil, de dépression, de tristesse,
d’apitoiement sur soi, de blues, de désespoir et d’impuissance
proviennent du programme intérieur « Je ne peux pas ». Ils ont pour
but de susciter la sympathie, de reconquérir, d’obtenir du soutien, de
faire pitié aux autres et d’appeler à l’aide. Quel est l’effet de ces
sentiments sur une autre personne ? Bien qu’au début il puisse y
avoir une tentative d’aide, celle-ci est bientôt remplacée par la pitié,
et finalement par l’évitement. Pourquoi l’évitement ? Il est dû à
l’énorme demande d’énergie que nous adressons à l’autre personne.
C’est une tentative de la « vampiriser » en nous jetant à sa porte. Il
en résulte ce dicton fort répandu, qui peut sembler dur à entendre,
mais qui est malheureusement si souvent vrai : « Lorsque tu ris, le
monde rit avec toi ; mais lorsque tu pleures, tu pleures tout seul. »
Un chagrin constant éloignera les autres. Ils commenceront à
éprouver de la répulsion, à moins qu’ils ne soient, eux-mêmes, à un
niveau très élevé et capables de compassion sans effort. Un chagrin
chronique engendre un vieillissement prématuré, une fatigue et une
lassitude de la personne ; et nous ne pouvons le surmonter que si
nous avons le courage de lui permettre de se manifester dans des
conditions appropriées, et si nous avons la volonté de nous y
abandonner et de le laisser partir.

La peur
Les sentiments de peur – qu’il s’agisse de tension et d’anxiété, de
timidité, de gêne, de prudence, de retenue ou de défiance – ont pour
but d’échapper à la menace que nous imaginons, et d’instaurer une
distance psychologique par rapport à la situation ou à la personne
que nous redoutons. Paradoxalement, comme nous l’avons souligné
précédemment, comme la peur est puissante, le processus même
de la maintenir à l’esprit peut justement faire entrer dans notre vie ce
que nous craignons. C’est comme une prophétie autoréalisatrice.
L’énergie de la peur génère une focalisation intérieure sur toutes les
choses négatives qui pourraient se produire, et cette concentration
peut entraîner l’apparition des événements mêmes que nous
redoutons le plus.
La peur dans les relations revient, par conséquent, à céder notre
pouvoir à une autre personne et à lui permettre de faire la chose
même que nous redoutons. La solution est d’envisager le pire
scénario possible, d’observer les sentiments qu’il suscite et de
commencer à les abandonner. À l’instar des autres émotions, la peur
peut être décomposée en ses éléments constitutifs, et ces éléments
peuvent alors être facilement abandonnés. Par exemple, admettons
que nous craignions une attaque critique. Nous nous demandons :
« Quel est le pire scénario possible ? » Cette question nous permet
de découvrir que la base de la peur est l’orgueil. Lorsque l’orgueil est
identifié et abandonné, la peur est automatiquement dissoute.
Encore une fois, dans une relation dans laquelle nous éprouvons de
la peur, si nous décortiquons cette dernière, nous pouvons constater
qu’il s’agit, en réalité, de la peur que soit découverte notre colère
intérieure ; nous avons peur d’une riposte de l’autre personne à
notre colère. Lorsque nous lâchons prise sur la colère, la peur
disparaît automatiquement.
Une personne qui manque de confiance en elle-même est craintive
et sujette à la jalousie, à la dépendance, à la possessivité et à
l’attachement dans ses relations – une attitude qui engendre
toujours de la frustration. Le but de ces sentiments est de ligoter et
de posséder étroitement l’autre, de s’assurer une sécurité en
empêchant la perte, et parfois de punir l’autre pour notre propre peur
de le perdre. Encore une fois, ces attitudes tendent à provoquer la
manifestation de la chose même que nous gardons à l’esprit. L’autre
personne, se sentant maintenant sous la pression de notre énergie
de dépendance et de possessivité, ressent une impulsion intérieure
pour fuir vers la liberté, se retirer, se détacher et faire la chose même
que nous craignons le plus. Ces attitudes nous conduisent à vouloir
constamment influencer les autres. Comme les gens perçoivent
intuitivement notre désir de les contrôler, ils résistent en réponse.
C’est pourquoi la seule manière d’éviter qu’ils nous résistent est de
renoncer à vouloir les influencer. Cela signifie abandonner nos peurs
intérieures au fur et à mesure qu’elles apparaissent.
L’orgueil
Les sentiments d’orgueil sont souvent tolérés dans notre société où
ils prennent la forme du perfectionnisme, de la propreté, de la
ponctualité, de la fiabilité, de la « bonne conduite », de la propreté
excessive, du bourreau de travail, de l’ambition excessive, du
succès, de la supériorité morale et de la politesse. Dans ses formes
exacerbées, nous retrouvons l’arrogance, la vantardise, la vanité, la
suffisance et les préjugés ; au niveau spirituel, il y a le meurtre
légitime des « non-croyants ». Le but émotionnel sous-jacent de ces
sentiments envers les autres est de susciter leur admiration, d’éviter
les critiques ou le rejet, d’être accepté, d’être important, pour
surmonter ainsi nos propres sentiments intérieurs d’inutilité.
Malheureusement, les sentiments que cela suscite chez l’autre sont
souvent l’envie, la compétition, voire la haine et l’exploitation facile.
Si nous observons l’orgueil, nous voyons qu’il est souvent un
substitut à une véritable estime de soi.
Il est également d’un intérêt considérable de comprendre que la
relation majeure à laquelle beaucoup de gens appliquent ces
phénomènes est la relation à Dieu. Ils nourrissent la croyance,
souvent inconsciente, que nous pouvons susciter une réponse
déterminée de la part de Dieu : « Dieu aura pitié de moi » ; « Dieu se
vengera de moi » ; « Dieu me punira » ; « Dieu sera content de
moi » ; « Dieu m’accordera des faveurs ».
Lorsque nous avons une juste estime de nous-mêmes, nous
sommes motivés par l’humilité et la gratitude intérieures et, par
conséquent, nous n’avons pas besoin de recevoir constamment des
punitions ou des récompenses de la part des autres (ou de Dieu).
Lorsque nous cessons de vouloir être aimés, nous découvrons que
nous le sommes. Lorsque nous cessons de satisfaire les autres et
de tenter de manipuler leur approbation, nous constatons qu’ils nous
respectent. Les différents aspects de l’autodénigrement –
complaisance, flatterie, déférence, effacement de soi et passivité –
sont autant de tentatives d’influencer les autres en flattant leur ego,
afin d’obtenir un traitement favorable et d’arriver à nos fins. La
fausse humilité dit tout simplement à l’autre personne : « Je suis une
petite personne, veuillez me traiter en conséquence » ; et, bien sûr,
l’autre personne s’empressera de le faire.
Il apparaît clairement que toutes les émotions ci-dessus sont
manipulatrices de l’autre personne et destructrices d’une relation
réelle. Elles diminuent toutes notre estime de nous-mêmes, car elles
sont toujours des postures de vulnérabilité. Ainsi, même si nous
pouvons être tentés de penser que nous nous sentons bien et en
sécurité au niveau de l’orgueil, ce dernier s’accompagne toujours
d’une attitude défensive, en raison de sa vulnérabilité fondamentale.
Nous gonflons d’orgueil chaque fois que nous ne nous sentons pas
en sécurité. L’inflation de l’orgueil est facilement sensible à la piqûre
d’une remarque anodine, ou d’un haussement de sourcil.

La condition humaine
Tous les sentiments négatifs sont fondamentalement des formes de
peur : peur de perdre l’estime de soi ou des autres, peur de ne pas
survivre et de perdre sa sécurité. La plupart des sentiments négatifs
étant accompagnés d’une appréciation négative, ils sont supprimés,
réprimés ou projetés. La suppression, la répression et la projection
sont toutes des dynamiques destructrices, qui entraînent une tension
progressive dans nos relations ainsi que leur déclin.
Nous aimons croire que nos sentiments les plus intimes sont
inconnus des autres, mais le sont-ils vraiment ? Nous sommes tous
connectés les uns aux autres au niveau psychique, intuitif ; ainsi,
nos sentiments sont lus et perçus par les autres. Nous n’en sommes
peut-être pas conscients, mais leur comportement envers nous
révèle qu’ils connaissent notre posture intérieure et nos sentiments à
leur égard.
Admettons, par exemple, que notre comportement extérieur au
travail soit exemplaire. Nous nous demandons : « Pourquoi telle
personne a obtenu la promotion ou la reconnaissance que j’espérais
tant, et pas moi ? » Nous trouverons la réponse en examinant nos
sentiments inavoués à propos de notre patron et de notre travail.
Croyons-nous vraiment qu’il n’a pas perçu notre jalousie, nos
critiques et notre ressentiment ? Il est raisonnable de supposer que
les autres connaissent nos sentiments intimes et les pensées qui les
accompagnent. Le genre de pensées que nous avons à leur égard
correspond très probablement à des pensées similaires qu’ils ont à
notre égard. Si nous comprenons ce principe, beaucoup de choses
qui surviennent dans notre vie commencent à avoir un sens. Nous
pouvons nous demander : « Comment est-ce que je réagirais si
j’étais l’autre personne, et si je savais exactement quels sont mes
sentiments et mes pensées à son égard ? » La réponse à cette
question indiquera généralement très clairement les motivations du
comportement de l’autre personne. Peut-être n’avons-nous pas
obtenu la promotion parce que, sur un plan énergétique et tacite,
notre patron savait que nous le critiquons, que nous avons du
ressentiment envers nos collègues et que nous recherchons
l’approbation et la reconnaissance.
Avant de nous interroger sur les sentiments négatifs, il est
préférable de nous rappeler que ces sentiments ne sont pas notre
véritable Soi intérieur. Ce sont des programmes appris, dont nous
avons hérité en tant qu’êtres humains. Personne n’en est exempt ;
chaque humain – du plus grandiose au plus humble – a ou a eu un
ego. Même les rares personnes illuminées ont eu un ego à un
moment donné avant de finir par le transcender. Telle est la condition
humaine. Être capable d’observer nos sentiments honnêtement
nécessite une attitude de non-jugement.
Il nous faut, tout d’abord, prendre conscience de ce qu’il se passe
réellement en nous, avant de pouvoir faire quoi que ce soit. Lorsque
nous abandonnons un sentiment, il est remplacé par un sentiment
plus élevé. Identifier et reconnaître un sentiment a un seul but :
pouvoir l’abandonner. L’abandonner ne signifie pas le changer, mais
que nous sommes prêts à renoncer à ce sentiment en nous
autorisant à en faire l’expérience. La résistance est ce qui
l’entretient.
Nous pouvons être enclins à penser que certaines émotions
négatives nous sont indispensables ; toutefois, après examen, nous
découvrirons qu’il s’agit d’une illusion. Les émotions supérieures
sont bien plus puissantes et efficaces pour satisfaire nos besoins.
Demandons-nous, par exemple, ce que nous serions prêts à faire
pour quelqu’un que nous aimons vraiment sincèrement. Notre
réponse sera instantanément : quasiment tout. Il n’y a presque
aucune limite à ce que nous sommes prêts à faire par amour.
Maintenant, comparons cela avec ce que nous serions disposés à
faire pour quelqu’un qui nous a intimidés. Nous constaterons que
nous donnerions à contrecœur, et le moins possible. Bien que les
personnes qui nous menacent puissent sembler gagner
temporairement en surface, elles ont vraiment tout perdu, n’est-ce
pas ? Leur victoire est superficielle, temporaire et pas même réelle –
ce n’est une victoire qu’en apparence. En fin de compte, le monde
continue de tourner, et les intimidateurs sèment leur propre
destruction. Ce que nous gagnons par l’émotion négative est de
courte durée et inauthentique. Ce n’est vraiment rien de satisfaisant.
C’est comme un compliment forcé. Le véritable bonheur résulte
d’une situation gagnant-gagnant. Le prix d’une situation gagnant-
perdant est la haine et une faible estime de soi. Au fond, nous ne
trompons ni nous-mêmes ni les autres. Les autres savent toujours
quand nous cherchons à les exploiter.
Si nous avons du mal à nous libérer d’un sentiment, il est utile de
regarder son intention. Quel en est le but ? Quel est l’effet recherché
et supposé sur l’autre personne ? Quelle sera probablement sa
réaction ? Est-ce que nous voulons vraiment cela ? Si aujourd’hui
était le dernier jour de notre vie, serait-ce vraiment ce que nous
voudrions ? Eh bien, aujourd’hui est le dernier jour de notre vie – de
notre ancienne vie, avec tous ses conflits, ses angoisses et ses
peurs. C’est le prix que nous avons payé pour nous accrocher au
passé.
Lorsque nous renonçons aux sentiments négatifs refoulés de tous
les programmes que nous avons intériorisés, ils sont
automatiquement remplacés par des sentiments plus élevés. Nous
devenons plus heureux et plus légers, tout comme les personnes qui
nous entourent. Passons en revue ce que sont ces sentiments
supérieurs, et quel effet ils produisent en retour sur les sentiments et
le comportement de l’autre personne.
Les sentiments positifs
Les sentiments élevés de courage, de volonté, de confiance, de
capacité, de « Je peux le faire », de dynamisme, d’humour, de
compétence, d’autonomie et de créativité ont un objectif émotionnel :
des actes et un fonctionnement efficaces, et le succès. La réaction
des autres personnes reflétera la coopération, le courage, le respect
et le désir d’être avec nous. De plus, comme nous augmentons leur
estime de soi, ils recherchent notre compagnie. En considérant tout
cela, nous voyons qu’il y a une merveilleuse récompense en
échange de notre volonté de nous libérer des sentiments négatifs
qui font obstacle à ces sentiments plus élevés qui, quant à eux, nous
permettent d’accomplir sans effort nos véritables objectifs.
Lorsque nous opérons au niveau de l’acceptation, de
l’appréciation, de la chaleur, de la gentillesse, de la douceur, de la
confiance, de la vérité intérieure et de la foi, les objectifs émotionnels
auxquels l’autre personne répond sont ceux de l’amour, de
l’appréciation, du plaisir, de l’harmonie, de la paix, de la
compréhension et du partage. Sa réaction envers nous sera
l’acceptation, la satisfaction, le sentiment d’être « en harmonie »,
d’être compris, et la joie. Elle nous rendra automatiquement notre
amour. Il est assez évident que ces sentiments réciproques
apportent le succès, quel que soit le projet que nous avons avec
l’autre personne, qu’il soit professionnel, social, personnel, ou qu’il
s’agisse d’une simple interaction professionnelle quotidienne.

La connexion
Lorsque nos sentiments intérieurs sont la paix, la sérénité, la
tranquillité, le calme, l’ouverture et la simplicité, l’effet sur les autres
personnes est celui de développer leur conscience en même temps
que la nôtre, et de leur procurer un plus grand sentiment de liberté,
de perfection, d’unité et de cohérence avec nous-mêmes. Dans leur
relation avec nous, elles se sentiront connectées ; elles
s’identifieront à nous ; elles accéderont à une compréhension
profonde et elles se sentiront en communion avec nous. En
conséquence, elles rechercheront notre présence, car, ainsi, elles se
sentiront complètes, reconnues et satisfaites. Elles feront
l’expérience d’une prise de conscience accrue de leur propre Soi
réel. Elles se sentiront « plus élevées » en notre présence, ou
lorsqu’elles penseront à nous. Leur réponse envers nous sera celle
de l’amour et de la gratitude pour la bénédiction de notre présence.
Dans une telle relation, les objectifs sont atteints automatiquement et
sans aucun effort. Comme nous n’entretenons pas de négativité, il
n’y a rien que nous souhaitons cacher à l’autre personne ; et cette
ouverture lui permet de baisser totalement sa garde. Rien n’est
caché par culpabilité ou par peur, et il y a une connexion psychique
tout à fait consciente.
C’est à ce niveau que les phénomènes dits « télépathiques » se
produisent régulièrement. Lorsque nous sommes en harmonie totale
avec une autre personne, il n’y a aucun désir de notre part de retenir
ou de cacher des pensées ou des sentiments. Comme l’autre
personne réagit de la même manière, nous savons sans effort ce qui
traverse l’esprit de l’autre et quels sont ses états émotionnels
passagers. Nous sommes dans l’acceptation totale de notre propre
humanité et de celle de l’autre. Si nous sommes vraiment en phase
avec les autres, nous leur pardonnons lorsque nous observons une
jalousie ou une susceptibilité passagère. Nous reconnaissons que
c’est naturel. Et nous savons qu’ils sont, en retour, conscients d’un
ressentiment passager que nous pouvons éprouver. Et, pourtant, ils
en font abstraction ; ils acceptent notre humanité et ils comprennent
la situation. Ils nous connaissent si bien qu’ils perçoivent la
probabilité d’un ressentiment passager dans certaines situations,
mais ils savent aussi que nous allons lâcher prise. Les personnes
avec lesquelles nous partageons une relation d’acceptation aimante
accueillent notre humanité et la leur. Quelles que soient les émotions
de surface, nous restons conscients de notre alignement commun
sur l’amour, l’acceptation et l’harmonie entre nous et avec le monde.
D’ailleurs, il est possible d’atteindre ce niveau de communication
avec n’importe qui. Il n’est pas nécessaire que ce soit quelqu’un
avec qui nous sommes intimement liés. Très souvent, nous en
faisons d’abord l’expérience avec nos amis, avec lesquels il y a
moins d’enjeux qu’avec les membres intimes de notre famille. Une
autre situation où cela se produit souvent au cours d’une vie est
avec un ex-amant. Nous pouvons développer avec cette personne à
laquelle nous avons révélé tant de choses – maintenant qu’il n’y a
plus d’enjeu romantique – une amitié dans laquelle il n’est plus
nécessaire de cacher quoi que ce soit. Il peut y avoir une
communication vraiment ouverte, honnête et intègre. On observe
cela assez souvent chez les couples qui se sont séparés ou qui ont
divorcé. Une fois la tourmente apaisée, leur entente est fluide, et ils
peuvent même rester les meilleurs amis du monde pendant de
nombreuses années.

Les effets des sentiments positifs


Il est évident que les états de conscience supérieurs exercent un
effet profond sur nos relations, car l’une des lois de la conscience
est que les semblables s’attirent. Nos états intérieurs rayonnent
véritablement vers les autres. Nous pouvons affecter positivement
les autres, même lorsque nous ne sommes pas physiquement
auprès d’eux. Les sentiments sont de l’énergie, et toute énergie
émet une vibration. Nous sommes comme des stations émettrices et
réceptrices. Moins nous retenons de négativité, plus nous pouvons
être conscients de ce que les autres pensent réellement de nous.
Plus nous aimons, plus nous nous retrouvons entourés d’amour. Le
remplacement d’un sentiment négatif par un sentiment plus élevé
explique les nombreux miracles que l’on peut expérimenter au cours
de la vie. Ces derniers deviennent plus fréquents à
mesure que nous continuons à lâcher prise.
Au fur et à mesure que nous lâchons prise, la vie devient de plus
en plus facile. Nous expérimentons alors une augmentation
constante du bonheur et du plaisir, tandis que ces derniers
nécessitent de moins en moins de choses du monde extérieur pour
être ressentis. Il se produit une diminution des besoins et des
attentes envers les autres. Nous cessons de chercher « à
l’extérieur » ce que nous ressentons désormais comme venant de
l’intérieur de nous-mêmes. Nous abandonnons l’illusion que les
autres sont la source de notre bonheur. Au lieu de chercher à
recevoir de la part des autres, nous cherchons désormais à donner.
Les autres souhaitent maintenant passer du temps avec nous, au
lieu de nous éviter. Dans Un chant de Noël9 de Charles Dickens,
Scrooge a fait l’expérience du plaisir de donner au lieu de chercher à
recevoir des autres. La joie de cette transformation est à la portée de
nous tous.
Carl Jung a écrit sur le phénomène appelé « synchronicité » – que
l’on aurait aussi pu appeler « simultanéité » – pour expliquer la
survenance d’événements qui, pour l’intellect, semblent n’avoir
aucun rapport entre eux. Au fur et à mesure que nous lâchons prise,
ce type d’expérience devient monnaie courante. Une illustration de
ce phénomène est l’expérience suivante, relatée par un chef
d’entreprise qui pratiquait la technique du lâcher-prise depuis
environ un an.
J’étais le directeur d’une petite entreprise d’une cinquantaine de
salariés. Nous avions formé un jeune homme prometteur pour
diriger l’une de nos divisions. Cependant, il s’est avéré qu’il était
très immature. Au lieu de répondre à tout ce nous avions fait pour
lui en nous témoignant de la gratitude et en faisant preuve d’une
volonté de coopération, il a réagi en devenant grandiloquent,
exigeant et passablement paranoïaque. Il a déclaré qu’il allait
interrompre la prochaine réunion du conseil d’administration et y
provoquer un grand scandale avec ses accusations et ses
exigences délirantes. Bien que toutes ses accusations aient
facilement pu être réfutées, toute cette affaire prenait la tournure
d’une expérience épouvantable à vivre. Des jours durant, il est
tout simplement apparu détestable, avec ses menaces. Le jour
de la réunion du conseil d’administration, qui devait avoir lieu à
13 heures, je conduisais sur l’autoroute en pensant à lui avec
colère. Soudain, j’ai totalement lâché prise ; je l’ai complètement
laissé aller. J’ai commencé à voir l’enfant effrayé en lui, et à lui
envoyer de l’amour. Toute mon anxiété a disparu, et j’ai ressenti
pour lui un amour compatissant. J’ai regardé ma montre, et il était
12 h 30. Lorsque je suis arrivé au bureau, ma secrétaire m’a
annoncé que cet homme était entré dans mon bureau pour
déclarer qu’il annulait tout ; il avait changé d’avis à la dernière
minute. Je lui ai demandé à quelle heure il était entré dans mon
bureau. Elle m’a répondu qu’elle avait bien noté l’heure, car la
réunion du conseil d’administration allait bientôt avoir lieu. Elle
avait regardé sa montre lorsqu’il lui avait annoncé son
changement d’avis. Il était exactement 12 h 32.
Lâcher prise sur nos attentes
Lorsque nous mettons la pression sur d’autres personnes pour
obtenir ce que nous voulons, ces dernières résistent
automatiquement, car nous tentons de les contraindre. Plus nous
insistons, plus elles résistent. Même si elles peuvent céder à nos
exigences par peur, il n’y a pas d’acceptation intérieure ; et, plus
tard, nous perdrons ce que nous avions gagné. Cette résistance est
présente en chacun de nous. Nous pouvons en prendre conscience,
car elle opère inconsciemment, mais nous éludons cette prise de
conscience en inventant des excuses et des explications plausibles.
Comme nous l’avons mentionné dans un chapitre précédent, dans
son livre intitulé Réussir par l’intimidation (Albin Michel, 1992), Robert
Ringer a appelé cela la « théorie garçon/fille ». (Le garçon rencontre
une fille. Dès qu’elle s’aperçoit qu’il la désire, elle devient
inaccessible. Mais lorsque le garçon décide de se retirer, c’est elle
qui le désire ; et, en retour, ce dernier se montre distant.) Lorsque
nous nous référons à ce phénomène pour expliquer la résistance à
la vente, une manière de contourner cette problématique est de
considérer qu’il est de notre responsabilité de faire un effort, mais
non pas de tenter de déterminer le résultat. Un autre moyen consiste
à abandonner nos sentiments à propos de ce que nous voulons
obtenir de l’autre personne et à lâcher les pressions que nous
exerçons sur elle sous forme d’attentes et de désirs. Elle dispose
alors de l’espace psychique nécessaire pour conclure un accord ou
même pour déclencher par elle-même le résultat désiré ; celui que
nous avions souhaité au départ.
Un exemple de cette dynamique est celui d’un homme qui a
travaillé avec la technique du lâcher-prise en pleine procédure de
divorce. Sa femme et lui se disputaient à propos de quelque chose
que lui voulait. Elle n’arrêtait pas de répondre à sa demande par la
négative. Alors, en plein milieu de la dispute, il a lâché prise sur
l’objet qu’il voulait. À partir de ce moment-là, il fut d’accord pour
qu’elle ne le lui donne pas, et d’accord aussi pour qu’elle le lui
donne. À l’instant où il a lâché prise dans son esprit, elle s’est
soudain tournée vers lui et lui a proposé non seulement de le lui
donner, mais aussi de l’emballer et de le lui expédier.
Cela illustre une manière très simple, mais résolument élégante et
active, de clarifier les relations. Tout d’abord, observez ce que vous
ressentez secrètement pour une personne dans une situation
donnée. Supposez que cette autre personne soit consciente de ces
pensées et sentiments. Ensuite, mettez-vous à sa place et voyez
comment vous réagiriez. Vous constaterez que son comportement
est probablement exactement celui que vous auriez eu à sa place.
L’objectif est de lâcher prise sur tous ces sentiments, jusqu’à ce que
vous puissiez accéder à un espace de pensée positif sur ce sujet.
Une fois que vous avez accédé à un espace positif, voyez comment
vous réagiriez à la place de l’autre personne qui serait consciente de
ces nouveaux sentiments. Il est probable que son comportement
change comme vous vous y attendiez. Il peut y avoir un délai, mais,
si vous continuez à observer, ce changement aura probablement
lieu. Et si jamais ce n’est pas le cas, vous ne serez plus contrarié par
cette situation. Parfois, la « récompense » refuse de se montrer,
mais nous pouvons dire : « C’est quelque chose que l’univers me
devait en temps voulu. » En fait, une partie de la grandeur consiste à
savoir que, parfois, une bonne action ne nous est pas rendue.
Dans la littérature, l’influence de nos pensées et de nos sentiments
est appelée « loi du karma », ou « On obtient ce que l’on donne »,
ou « On récolte ce que l’on a semé ». Souvent, nous ne voyons pas
cette loi à l’œuvre en raison du décalage qui s’opère dans le temps.
Par exemple, l’une de mes connaissances a emprunté 200 $ et n’a
pas réussi à les rembourser comme convenu. Pendant plus d’un an,
cela a généré chez le prêteur un ressentiment et un évitement
conséquent de cette personne, en raison de l’inconfort émotionnel,
aggravé par la culpabilité d’avoir éprouvé ce ressentiment.
Finalement, lorsqu’il est devenu évident que la seule personne
souffrant de ce ressentiment était celle qui l’éprouvait et que cela lui
coûtait sa tranquillité d’esprit, la volonté de lâcher prise a émergé. À
ce moment-là, il a été assez facile au prêteur de lâcher ce
ressentiment et de pardonner à l’emprunteur. Il a recontextualisé les
200 $ comme étant un prêt à une personne qui en avait eu besoin.
Quelques mois plus tard, il a croisé l’emprunteur de manière
inattendue, et ce dernier lui a dit, de but en blanc : « J’ai été
préoccupé pour l’argent que je vous dois. Voici la totalité des
200 dollars. » Le prêt lui a été remboursé sans même qu’il ait eu
besoin de demander quoi que ce soit.
C’est par nos attentes ou nos ressentiments à l’égard des autres
que nous bloquons la réception de ce que nous voulons d’eux. Il est
très efficace de renoncer à nos attentes envers les autres avant de
nous engager dans une situation particulière avec eux. Les émotions
sont réellement des tentatives subtiles de forcer les autres et de leur
imposer notre volonté à laquelle ils résistent inconsciemment.
La manière de faciliter des relations satisfaisantes est d’imaginer
avec amour le meilleur résultat possible. Assurez-vous qu’il sera
bénéfique pour les deux parties : une situation gagnant-gagnant.
Lâchez tous les sentiments négatifs, et gardez simplement l’image à
l’esprit. Nous pouvons savoir si nous avons réellement lâché prise
lorsque nous nous sentons bien dans un sens ou dans l’autre ; nous
sommes contents si cela se produit, et nous sommes contents si
cela ne se produit pas. Par conséquent, lâcher prise ne signifie pas
être passif. Cela signifie être actif de manière positive.
Lorsque nous lâchons prise, il n’y a plus de pression temporelle. La
frustration vient du fait de vouloir une chose tout de suite, au lieu de
la laisser se produire naturellement à son heure. La patience est un
effet secondaire automatique du lâcher-prise, et nous savons à quel
point il est facile de s’entendre avec des personnes patientes. Vous
remarquerez que les personnes patientes finissent généralement par
obtenir ce qu’elles veulent.
L’une des résistances au lâcher-prise est l’illusion que, si nous
abandonnons nos désirs et nos attentes, nous n’obtiendrons pas ce
que nous voulons. Nous craignons de le perdre, si nous ne
continuons pas à faire pression pour l’obtenir. L’esprit croit que le
moyen d’obtenir une chose est de la vouloir. En fait, si nous
examinons la question, nous voyons que les événements sont dus à
des décisions, et que les choix sont basés sur nos intentions. Ce
que nous obtenons est le résultat de ces choix, même s’ils sont
inconscients, plutôt que ce que nous pensons vouloir. Lorsque nous
renonçons à la pression du désir, nous sommes libres de faire des
choix et de prendre des décisions plus sages.
Nous croyons que notre bonheur dépend du contrôle des
événements et que ce sont les faits qui nous contrarient. En réalité,
ce sont nos sentiments et nos pensées à propos de ces faits qui
sont la véritable cause de notre contrariété. Les faits en eux-mêmes
sont neutres. Le pouvoir que nous leur accordons est dû à notre
attitude d’acceptation ou de non-acceptation, et à notre état d’esprit
général. Si nous restons bloqués dans un sentiment, c’est parce que
nous croyons encore secrètement qu’il nous apportera quelque
chose.

Les relations sexuelles


En raison de la grande disponibilité de matériel sexuel et de la
variété des possibilités d’expériences sexuelles, la plupart des gens
se considèrent plutôt aujourd’hui comme libérés sexuellement. Cette
libération est, avant tout, intellectuelle et comportementale ; il existe
encore beaucoup de limitations émotionnelles et expérientielles,
ainsi que des restrictions sensorielles. Toute expérience a lieu dans
la conscience elle-même ; par conséquent, l’expérience sexuelle,
comme toute autre, est déterminée par notre niveau global de
conscience et de liberté intérieure.
Le degré de restriction de notre expérience sexuelle devient
évident à mesure que nous libérons nos sentiments à ce sujet.
Lorsque nous lâchons totalement prise sur la sexualité, c’est comme
si nous ajoutions une troisième dimension à ce qui était auparavant
une expérience bidimensionnelle. Comme l’a exprimé une femme :
« C’est comme si j’entendais uniquement des violons, mais
qu’ensuite un violoncelle a été ajouté, puis une flûte, et ainsi de
suite, de sorte que maintenant l’expérience est totalement complète
et intégrale. »
Outre le plaisir émotionnel accru de la liberté d’expression, le
lâcher-prise provoque un changement dans l’expérience sensorielle
elle-même. Pour la plupart des gens, et surtout pour les hommes,
l’excitation sexuelle et le plaisir orgasmique se résument avant tout à
une sensation génitale. À mesure qu’on se libère, la zone de
l’orgasme commence à s’étendre et à se propager à tout le bassin et
à l’abdomen, aux jambes et aux bras, et finalement au corps tout
entier. Souvent, cet état est suivi d’un plateau, puis, soudain et de
manière inattendue, la zone orgasmique s’étend au-delà du corps –
comme si l’espace autour de lui ressentait l’orgasme à la place de la
personne. En fin de compte, l’orgasme ne connaît aucune limite. Il
semble s’étendre à l’infini et n’être expérimenté à partir d’aucun
centre ou lieu particulier. C’est comme s’il n’y avait pas d’individu
présent. L’orgasme s’expérimente lui-même.
Cette expansion est facilitée par la prise de conscience que les
crispations faciales et la rétention de la respiration sont des
restrictions dues à la peur de perdre le contrôle et aux tentatives de
limiter l’expérience. Si l’on respire lentement et profondément, en
souriant au lieu de grimacer, la peur deviendra consciente, et nous
pourrons l’abandonner.
La sexualité perd son caractère compulsif. La liberté ne signifie pas
seulement la liberté de jouir, mais aussi la liberté de ne pas avoir de
relations sexuelles ou d’orgasmes. Lorsque nous lâchons prise,
nous ne sommes pas animés par le désir de l’orgasme. Cela libère
l’expérience créative et la conscience, parce que l’esprit n’est pas
concentré sur l’orgasme lui-même. Être libéré de la domination du
désir d’orgasme permet des expériences sexuelles qui ont été
décrites dans la littérature spirituelle comme le « sexe tantrique ». La
plupart des Occidentaux lisent un peu à ce sujet et font peut-être un
essai, mais ensuite, ils abandonnent, parce qu’ils l’abordent d’une
manière qui conduit au refoulement plutôt qu’à une plus grande
liberté.
Plus nous sommes réellement libérés, plus nous sommes motivés
par l’amour plutôt que par le désir de gratification. Ce passage de la
motivation depuis le désir et la faim envers le partage mutuel du
plaisir et du bonheur entraîne des changements majeurs dans la
nature des relations sexuelles. L’intimité avec une autre personne
devient plus chaleureuse et agréable. Il y a une plus grande
syntonisation avec la sexualité de l’autre personne et une réalisation
intuitive des styles de satisfaction de l’autre. Un couple a exprimé
cela de la manière suivante :
C’est comme si nous étions simplement témoins de ce que notre
corps fait. Comme si nous étions l’espace dans lequel tout se
déroule. Dès qu’une personne a un désir ou un fantasme, l’autre
passe à l’acte pour le réaliser, automatiquement et sans même y
penser. C’est comme s’il y avait une connexion psychique. Il y a
une prise en compte des sensibilités concernant les fantasmes,
et un lâcher-prise sur la manière dont l’autre personne pourrait
réagir. La sexualité devient également plus diversifiée, et sa
fréquence augmente. Auparavant, c’était principalement les
vendredis et samedis soir. Maintenant, faire l’amour peut durer
des jours entiers ; ou, parfois, des semaines s’écoulent sans qu’il
ne se passe rien. C’est toujours nouveau. Ce n’est jamais pareil.
Étonnamment, ça ne cesse de s’améliorer. Chaque orgasme
semble meilleur que le précédent, mais, souvent, les ébats sont
si agréables qu’il n’est pas même nécessaire d’avoir un orgasme.
S’il se produit, c’est bien, et s’il ne se produit pas, c’est bien
aussi. Les moments d’intimité partagés sont satisfaisants et
libérateurs, quel que soit le résultat final.
Un autre homme a déclaré :
Je n’avais jamais vraiment réalisé à quel point le sexe dominait
mes relations. C’était vraiment compulsif. J’avais toujours peur de
rater une opportunité sexuelle. Je ne voulais pas rater une
occasion de prendre du plaisir. Maintenant, mon comportement
est bien plus variable ; en fait, je n’ai plus de schéma
comportemental. Quand cela se produit, cela se produit, et c’est
super. Quand ce n’est pas le cas, je n’y pense même pas. J’avais
l’habitude d’avoir constamment le sexe en tête. Les femmes me
répondaient généralement « non ». Mais, maintenant que je ne
m’en soucie plus vraiment, ce sont généralement elles qui le
suggèrent, ou elles disent « oui » si je le leur demande.
Maintenant, je trouve que je me préoccupe plus d’elles que de
moi-même. Avant, je ne faisais que les utiliser à des fins
égoïstes, et les femmes le savaient intuitivement. Désormais, je
ressens beaucoup d’amour pour elles. Je me soucie vraiment de
leur bien-être et de leur bonheur, même s’il ne s’agit que d’une
seule rencontre. Quel soulagement de ne plus avoir à mentir.
Les exemples ci-dessus montrent clairement une modification de la
conscience qui passe du manque à l’abondance. Lorsque nous
sommes égocentriques et concentrés sur le plaisir émotionnel ou
physique que nous procure le sexe avec une autre personne, nous
nous sentons en colère, frustrés et privés. Plus nous devenons
aimants, plus nous recevons ce que les autres nous donnent, et
nous découvrons que nous sommes tous entourés en permanence
d’amour et d’opportunités d’engagements amoureux. C’est le cas
d’une femme qui nous a raconté l’expérience suivante :
J’étais toujours en surpoids, et pas particulièrement belle. Tout au
long de ma vie, je me suis rejetée moi-même. J’enviais et
détestais les femmes sexuellement attirantes. J’en suis venue à
haïr les hommes aussi, parce qu’ils m’évitaient. Je débordais
d’apitoiement sur moi-même. J’ai même essayé la
psychothérapie, mais j’ai arrêté quand il est devenu évident que
le psychothérapeute semblait plus intéressé par ses jolies jeunes
patientes qu’il ne l’était par moi. J’ai essayé diverses méthodes
basées sur l’entraide, ce qui m’a au moins permis de surmonter
mon apitoiement sur moi-même et ma dépression ; et puis j’ai
réussi à trouver un meilleur emploi. Mais, les hommes ne
s’intéressaient toujours pas à moi, et j’échouais dans les
domaines sexuel et relationnel.
En utilisant le mécanisme du lâcher-prise, elle s’est penchée sur
toutes les émotions négatives qu’elle ressentait à propos d’elle-
même et de son intimité ; elle a laissé les sentiments émerger un par
un, puis elle les a laissés partir. Elle a abandonné des sentiments
tels que vouloir attirer l’attention et être acceptée par les autres, la
peur de s’exprimer, la peur d’être rejetée et même la peur d’être
profondément aimée. Il y avait ce sentiment sous-jacent : « Je ne
mérite pas d’être aimée, d’ailleurs qui pourrait bien m’aimer ? »
Moins d’une semaine après avoir lâché prise sur ces sentiments, elle
a eu un rendez-vous. Elle a raconté :
J’étais tellement excitée que j’en ai même perdu l’appétit. Nous
avons passé un bon moment, et, tout d’un coup, j’ai compris le
secret. Je donnais de l’amour au lieu d’en chercher. Ma vie a
totalement changé. Au lieu de vouloir désespérément attirer
l’attention et l’amour, je sais que j’ai le pouvoir de le donner.
Quand j’entre dans une pièce, je vois tous les hommes seuls et
en manque d’amour. Ils ressemblent exactement à ce que j’étais
avant, de sorte que je sais ce qu’ils ressentent, ce qu’il faut leur
dire et comment m’exprimer. Je me mets à leur place et je
regarde leur cœur fondre. Autrefois, je les faisais fuir, parce que
j’avais tellement faim. Vous comprenez cela ? J’avais faim !
C’était mon problème. Maintenant, je me sens rassasiée, et je
partage cette plénitude et ce que j’ai appris. Ma vie sociale est
devenue si agréable que je n’ai plus le temps de manger. J’ai
perdu 16 kg en un an. Je n’ai même pas fait de régime. J’ai juste
perdu tout intérêt. Je suppose que c’est parce que je suis
gratifiée d’une manière qui signifie vraiment quelque chose pour
moi. Peut-être que je suis un peu débridée en raison de la
nouveauté de la chose, mais je vais me calmer d’ici peu. Il y a,
maintenant, un homme qui m’intéresse vraiment.
La sexualité reflète donc notre état de conscience général. Au fur
et à mesure que nous nous libérons de nos peurs et de nos
limitations, ce domaine de notre vie se développe et devient de plus
en plus gratifiant, sans pour autant être nécessaire au bonheur. La
liberté et la créativité remplacent la compulsion et la limitation. Le
sexe devient une autre voie pour une plus grande expression et une
conscience croissante. Le plaisir de la communion et de la
compréhension non verbale remplace l’ancienne motivation
égocentrique pour le soulagement des tensions et l’objectif limité du
plaisir sexuel et de l’inflation de l’ego. Le secret, comme l’a déclaré
la femme ci-dessus, réside dans la prise de conscience que, lorsque
nous cherchons à donner plutôt qu’à recevoir, tous nos propres
besoins sont automatiquement satisfaits. Comme l’a fait remarquer
une personne : « J’ai entendu parler de nombreux problèmes
personnels par mes amis qui pratiquent cette technique, mais le
manque d’amoureux n’en fait pas partie ! »

9. Charles DICKENS, Un chant de Noël, Librio, 2013.


CHAPITRE 19

LA RÉALISATION DES
OBJECTIFS PROFESSIONNELS

Les sentiments et les capacités


Nos pensées déterminent la mesure dans laquelle nous manifestons
nos talents et nos capacités, et elles établissent la qualité et la
quantité de nos succès et de nos échecs. Mais qu’est-ce qui
détermine et influence l’orientation de nos pensées ? Comme nous
l’avons vu, ce sont nos sentiments qui déterminent et produisent le
type de pensées qui nous mèneront au succès, ou à l’échec, de
toute entreprise. Les sentiments sont la clé de l’expansion ou de la
restriction de nos talents, de nos aptitudes et de nos actions.
D’une manière générale, nous sommes bien informés, et bien
formés, sur les questions relatives au monde extérieur. Pourtant,
nous sommes parfois ignorants et inexpérimentés dans le monde
intérieur, celui des sentiments. Et, comme les sentiments
déterminent les pensées et que les pensées que nous avons à
l’esprit déterminent les résultats, il est important de clarifier la
relation entre nos sentiments et la libération de nos capacités, afin
qu’elles aboutissent à une action réussie.
Pour résumer ce que nous avons dit sur l’échelle de la conscience,
et pour faire simple, nous allons brièvement catégoriser tous les
sentiments comme « négatifs » ou « positifs » ; et, bien sûr, les
pensées qui en résulteront seront soit « négatives », soit
« positives ».
Les sentiments négatifs liés au travail
Ces sentiments sont toujours désagréables, et leur intensité se
décline de légèrement inconfortable à douloureuse. Ils sont à
l’origine du processus de réflexion et d’idéation qui conduit aux « Je
ne peux pas » et « Nous ne pouvons pas », quel que soit
l’événement, la situation ou le problème dans lequel la personne est
impliquée. Les sentiments négatifs surgissent lorsque nous n’aimons
pas ce que nous voyons, entendons, pensons, ou ce dont nous nous
souvenons. Notre réaction à cette répulsion s’exprime sous forme de
sentiments tels que la colère, le chagrin ou l’anxiété. Notre manière
habituelle de gérer les sentiments désagréables est de les réprimer ;
c’est la raison pour laquelle nous supposons qu’ils font partie
intégrante de notre processus de réflexion. Cette erreur résulte du
fait que les sentiments de répulsion sont traités par nos pensées.
Les réprimer ne les fait pas disparaître. Au contraire, ils
réapparaîtront sous forme de pensées négatives. La négativité
n’existe pas au sein d’une situation ou d’un événement, elle réside
plutôt dans notre réaction à la situation telle que nous la voyons.
Lorsque les sentiments négatifs sont identifiés et abandonnés, la
situation peut rapidement changer de nature – passant d’impossible
à facilement gérable, réalisable, et même très utile.
L’un des sentiments négatifs les plus importants qui bloquent la
réussite de la vie professionnelle est celui de la jalousie. La
dynamique sous-jacente de la jalousie est que, lorsque nous voyons
quelqu’un d’autre progresser, cela réveille notre propre sentiment
d’insécurité. Ce n’est pas simplement que nous voyons la réussite
de l’autre personne et que nous ressentons de la jalousie. C’est
plutôt que la réussite de l’autre déclenche en nous un sentiment de
manque ou d’inadéquation vis-à-vis de nous-mêmes. Elle suscite le
sentiment suivant : « Peut-être que je n’accomplis pas ce que je
devrais accomplir » ou « Peut-être que je ne serai pas capable
d’accomplir ce que je veux accomplir » ou « Peut-être que mes
accomplissements ne sont pas appréciés par les autres et qu’ils
passent inaperçus ».
La jalousie est douloureuse parce qu’elle attise notre propre
sentiment d’insuffisance. Et puis nous en voulons souvent à la
personne dont les succès ont provoqué ce sentiment par
inadvertance. Inconsciemment, ce ressentiment alimente notre désir
sans fin de réussite qui, bien sûr, ne se concrétise pas, parce que
notre désir repousse la chose même que nous voulons.
À mesure que le cycle progresse, nous nous sentons de plus en
plus insatisfaits et malheureux dans notre travail, et éloignés de nos
collègues. Nous pouvons avoir cette impression : « Tout le monde
est contre moi. » Les membres de notre famille peuvent se lasser de
nos jérémiades constantes au sujet de la situation au travail. Nous
pouvons alors chercher à nous évader à la fin de la journée en
regardant continuellement la télévision ou en nous gavant de
nourriture, de sommeil, de drogues et d’alcool.
Comment sortir de ce cycle de jalousie et d’insatisfaction ? Comme
nous l’avons déjà évoqué, la réponse est d’aller à l’intérieur de soi.
Sous l’emprise de la jalousie, nous regardons constamment les
autres, nous évaluons leurs réalisations, et nous nous comparons à
eux. Nous pouvons observer le coût de ce regard vers l’extérieur
dans le film Les Chariots de feu, lorsque l’un des coureurs se retourne
pour voir où en est son adversaire dans la course. Au moment où il
quitte la ligne d’arrivée des yeux pour se comparer à un autre
coureur, il perd cette fraction de seconde qui lui coûte toute la
course. L’homme qui a remporté la course était, quant à lui,
exclusivement motivé par l’amour de la course et la volonté de faire
de son mieux. Il n’a pas participé dans le but de « battre » un autre.
Il ne s’est pas comparé aux autres coureurs. Il a couru de son mieux
parce qu’il aimait courir.
Lorsque nous faisons notre introspection, nous découvrons les
sentiments sous-jacents qui empêchent notre succès : la
compétitivité, le doute de soi, l’insécurité, l’incompétence et la quête
d’approbation. Sommes-nous prêts à examiner ces sentiments ?
Une fois que nous les avons identifiés, il devient évident qu’ils
travaillent contre nous. Ils épuisent nos efforts et entravent notre
réussite dans le monde. Nos doutes sur nous-mêmes bloquent la
reconnaissance même que nous recherchons.
Une fois que nous aurons pris conscience du coût des sentiments
négatifs pour notre bonheur et notre réussite, nous serons disposés
à les abandonner, ainsi que les avantages que nous en retirons. Par
exemple, nous serons disposés à abandonner le peu de satisfaction
bon marché que nous obtenons en blâmant les autres pour notre
manque de réussite. Nous serons disposés à abandonner la
sympathie que nous recueillons de la part de ceux qui écoutent nos
jérémiades. Lorsque nous abandonnons nos sentiments
d’insuffisance, nous constatons que la jalousie envers les autres
disparaît. Nous devenons comme le coureur gagnant des Chariots de
feu qui aime ce qu’il fait, qui se réjouit de son succès et de celui des
autres, et qui dispose d’une énergie illimitée pour exceller dans le
monde.

Les sentiments positifs liés au travail


Ils sont toujours éprouvés comme agréables et comprennent des
sentiments tels que la joie, le bonheur et la sécurité. Ils déclenchent
un processus de réflexion et d’idéation qui se traduit par les pensées
« Je peux » et « Nous pouvons », quel que soit l’événement, la
situation ou le problème auquel la personne est confrontée.
Les sentiments positifs émergent naturellement, lorsque les
sentiments négatifs sont absents. Nul besoin de faire quoi que ce
soit pour acquérir des sentiments positifs, car ils font partie
intégrante de notre état naturel. Cet état intérieur positif est toujours
présent, il est simplement masqué par des sentiments négatifs
refoulés.
Lorsque les nuages sont dissipés, le soleil brille. La libération des
capacités, des idées créatives, des talents et de l’ingéniosité se
produit automatiquement, en raison de l’état d’esprit positif qui
s’installe lorsque les aspects négatifs ont été abandonnés. Lâcher
prise sur la négativité libère l’inspiration pour créer un flux infini
d’idées créatives. Ce fut, par exemple, le cas d’un producteur d’une
comédie musicale primée de Broadway qui a attribué le succès de
son spectacle à l’abandon des sentiments négatifs par le mécanisme
du lâcher-prise. Des écrivains, des artistes et des musiciens ont
connu une explosion soudaine de l’inspiration, dès qu’ils ont identifié
et abandonné une croyance négative ou une autolimitation. La
même expérience a été relatée par des scientifiques qui ont,
soudain, « su » la formule qui guérirait une maladie. C’est comme si
le champ énergétique du génie créateur était disponible et nous
attendait dès que nous abandonnons les nuages de négativité qui
l’empêchent de se révéler à nous.

Les sentiments et le processus de prise de décision


Nous pouvons simplifier les niveaux de conscience en les
regroupant en trois états majeurs : inerte, énergique et paisible. Ces
trois états sont liés au processus de prise de décision. Le premier
état – l’inertie – reflète les niveaux émotionnels de l’apathie, du
chagrin et de la peur. La nature de ces sentiments est d’interférer
avec notre concentration sur la situation actuelle, pour nous amener
à nous concentrer sur nos propres pensées dont la plupart sont du
type « Je ne sais pas », « Je ne suis pas sûr » et « Je ne pense pas
pouvoir ». Cette concentration progressive de nos propres pensées
qui tournent inutilement nous rend temporairement incapables de
percevoir la situation dans son intégralité, ainsi que toutes les
possibilités qui sont à notre portée.
Lorsque ces pensées et sentiments négatifs affluent, il nous est
difficile de prendre une décision. Parfois, nous choisissons de
retarder la décision jusqu’à ce que nous nous sentions mieux. À
d’autres moments, nous nous efforçons de prendre une décision qui,
selon nous, répondra à nos questions ou résoudra une situation.
Malheureusement, la décision qui en résulte n’est pas viable à long
terme, parce qu’elle est basée sur un état émotionnel ; et, lorsque
cet état émotionnel change, la décision doit être modifiée avec lui.
Cela génère une insécurité intérieure, une ambivalence, une
confusion et une perte de confiance de la part de notre entourage.
Dans l’expression informatique « garbage in and garbage out »
(« données inexactes, résultats erronés »), l’état émotionnel négatif
correspond au « garbage in », et les décisions qui en découlent
doivent se situer au même niveau.
Le deuxième état – qui est supérieur à l’inertie – est celui que l’on
peut qualifier d’« énergétique ». Les émotions sous-jacentes à cet
état sont celles du désir, de la colère et de l’orgueil. Par nature, ces
sentiments interfèrent moins avec la concentration que l’état inférieur
précédent, car certaines pensées positives sont autorisées à passer
et peuvent se mêler aux sentiments négatifs. C’est l’état du
« fonceur ». Bien que le « fonceur » accomplisse des choses, on
observe une irrégularité des résultats en raison du mélange de
pensées et d’idées positives et négatives. Des sentiments négatifs
tels que l’ambition, le désir ou le besoin de « faire ses preuves » ont
tendance à le pousser à prendre des décisions parfois compulsives
ou impulsives.
Un aspect caractéristique de ce niveau de conscience est que le
bénéfice personnel est le principal facteur de motivation. Par
conséquent, de nombreuses décisions ne sont pas viables, car elles
sont basées sur une situation gagnant-perdant plutôt que sur une
situation gagnant-gagnant. Une décision gagnant-gagnant aurait pu
être prise si les sentiments et le bien-être des autres personnes
impliquées dans la situation avaient été pris en compte. En
employant le langage relatif aux centres énergétiques du corps, les
personnes à ce niveau sont motivées par leur « plexus solaire » (le
troisième chakra). Cela signifie qu’elles cherchent à atteindre le
succès et à maîtriser le monde. Mais elles sont égocentriques et
mues par des motivations personnelles, et ne se soucient guère du
bien-être des autres, et du monde en général. Comme leurs
décisions ne profitent qu’à elles-mêmes, leur succès se limite à un
bénéfice personnel. Tout bénéfice pour le monde est purement
secondaire, de sorte que les résultats sont bien loin d’être
grandioses.
Le troisième niveau – qui est également le plus élevé – est l’état de
paix, basé sur les sentiments de courage, d’acceptation et d’amour.
Comme ces sentiments sont purement positifs et non perturbateurs
par nature, ils nous permettent de nous concentrer totalement sur la
situation et d’observer tous les détails pertinents. Grâce à cet état de
paix intérieure, l’inspiration fait surgir des idées qui résolvent les
problèmes ; l’esprit est dépourvu d’inquiétude, et sa capacité à
communiquer et à se concentrer est sans entrave. De cet état
découlent des solutions aux problèmes qui s’inscrivent dans un
contexte gagnant-gagnant ; comme tout le monde en profite, chacun
apporte son énergie au projet, et la réussite est partagée par tous.
Cette approche conduit souvent à la grandeur. Elle caractérise les
projets nobles qui apportent de profondes améliorations à notre
société. À ce niveau, nous découvrons que, lorsque les besoins de
chacun sont satisfaits dans une situation donnée, nos propres
besoins sont automatiquement comblés. L’esprit créatif, désormais
sans entrave, trouvera une solution dans laquelle tout le monde
gagne et personne ne perd.
Si nous examinons une situation, et si nous affirmons qu’une
solution gagnant-gagnant n’est pas possible, cela devrait nous
alerter sur le fait que nous avons des sentiments non abandonnés
qui bloquent une solution susceptible d’être parfaite. Il nous faut
nous souvenir du dicton selon lequel l’impossible devient possible
dès que nous avons totalement lâché prise sur la situation.

Les sentiments et la capacité de vendre


Dans la mesure où la vente fait partie de nombreuses vocations,
impliquant soit un produit ou des idées, soit nos services personnels,
il est intéressant d’examiner la relation entre ces trois niveaux de
base de la conscience, et la capacité de vendre elle-même.
L’état le plus bas – l’inertie – est régi par des sentiments d’apathie,
de chagrin et de peur ; il est évident que la capacité de vendre est
au plus bas. Les vendeurs, dans cet état, entendent souvent leurs
prospects leur répondre qu’ils ne sont pas intéressés par leur
produit, pour le moment. Cela génère aussitôt des pensées
négatives et une autocritique, avec des considérations telles que :
« Ils ne veulent pas de mon produit. » La nature même de l’activité
commerciale expose les vendeurs au rejet et à la déception. Ils
peuvent temporairement échapper à ces sentiments en prenant des
pauses-café ou en se livrant à des conversations personnelles avec
des collègues ; cependant, leurs sentiments ont altéré leur
concentration et diminué leur capacité à développer des idées
ingénieuses. Leur faible estime de soi les rend vulnérables au
découragement qui, à son tour, suscite une anticipation de l’échec.
Lorsque des pensées d’échec sont présentes à l’esprit, l’échec est
précipité dans la situation de vente. À ce stade, une personne peut
évoluer vers le niveau suivant, en identifiant les sentiments négatifs
et en abandonnant le bénéfice de chacun d’entre eux.
Le niveau suivant – l’état énergétique – est basé sur les sentiments
de désir, de colère et d’orgueil. Il implique un plus grand degré de
vigueur et de dynamisme. Cela facilite une meilleure concentration
sur l’objectif de travail ; cependant, comme les sentiments sont
quelque peu exacerbés, il peut y avoir une verbalisation excessive,
de sorte que les vendeurs passent plus de temps à parler aux
prospects qu’à les écouter. Cela peut conduire à des décisions
prématurées, à une surenchère et à des problèmes de marketing.
Néanmoins, la réalisation des objectifs de vente est possible à ce
niveau, grâce aux énergies plus élevées qui sont mobilisées. Un
obstacle au succès, à ce niveau, est l’accent mis sur le bénéfice
personnel, ainsi que le point de vue sous-jacent : « Je gagne, ils
perdent ». Ce motif égoïste est intuitivement capté par les prospects,
et peut générer une résistance. Les pensées caractéristiques de ce
niveau sont du genre : « Je veux qu’ils achètent cela et, ainsi, je
toucherai une bonne commission. »
Au niveau paisible – qui est le plus élevé et qui repose sur les
sentiments de courage, d’acceptation et d’amour –, notre capacité
de concentration est maximisée. Les vendeurs situés à ce niveau
sont capables d’écouter attentivement leur interlocuteur et de placer
la vente dans un contexte de ce qui est avantageux pour l’acheteur
plutôt que pour le vendeur. Comme leur esprit est paisible et inventif,
ils ne sont jamais à court d’idées créatives sur ce qui va générer des
ventes ou sur ce qui transformera les problèmes en solutions. La
personne située à ce niveau convertit souvent ses clients en amis, et
ses clients ont tendance à se fidéliser. À ce niveau, la réalisation des
objectifs commerciaux est assurée, car ce que l’on garde à l’esprit
est la situation positive gagnant-gagnant et la certitude intérieure
qu’une telle solution peut être trouvée dans cette situation.
Souvent, lâcher prise sur ce qui nous semble être une situation
impossible se transforme rapidement en une expérience positive.
Cela est illustré par le cas d’une personne qui travaillait dans une
galerie d’art. Ses affaires étaient lentes, et elle n’avait rien vendu
depuis des semaines. Elle a testé un certain nombre de techniques
de travail sur la conscience et y a investi beaucoup d’efforts. Elle a
utilisé la visualisation, la pensée positive, les techniques
commerciales avancées et les affirmations écrites ; cependant, rien
n’a donné de résultat. Sa frustration allait grandissant, accompagnée
du sentiment « Je ne peux pas ». Finalement, en désespoir de
cause, elle a totalement lâché prise et abandonné tous ses
sentiments refoulés. En son for intérieur, elle s’est soudain sentie
libérée de tous ses efforts, de toutes ses tentatives et de tous ses
combats. La tension intérieure a disparu, et, au lieu de cela, elle
s’est sentie en paix en partant travailler ce matin-là à la galerie. Au
cours de la première heure, elle a vendu deux exemplaires d’une
sculpture qui, curieusement, était intitulée « Lâcher prise ».
Des dirigeants d’un certain nombre d’entreprises ont témoigné
d’évolutions similaires. Par exemple, un associé de l’un des cabinets
comptables les plus prestigieux du pays, après avoir réussi à lâcher
prise intérieurement, a finalement quitté ce cabinet afin de partager
avec d’autres ce qu’il considérait comme la chose la plus bénéfique
qu’il ait découverte dans sa vie. Il voulait introduire cette approche
dans un certain nombre de grandes entreprises. Il en a étudié les
résultats dans l’une des plus grandes compagnies d’assurances en
Amérique du Nord. Son étude a révélé que, dans les six mois
suivant l’apprentissage de la technique du lâcher-prise, les ventes
des agents d’assurances avaient augmenté de 33 % par rapport au
groupe témoin. Il en a conclu que le succès dans le monde est lié à
notre capacité de concentration ; ce qui signifie la capacité de
maintenir notre attention sur une chose à la fois, sans interférence
d’autres pensées ou sentiments.
Un esprit concentré sur une manière positive de penser a le
pouvoir d’augmenter la probabilité que cette pensée positive se
matérialise dans le monde des événements. Les personnes les plus
prospères au monde sont celles qui ont à l’esprit le plus grand bien
de tous, y compris d’elles-mêmes. Elles savent qu’il existe une
solution gagnant-gagnant à chaque problème. Elles sont en paix
avec elles-mêmes ; ce qui leur permet de soutenir le potentiel et le
succès des autres. Elles font un travail qu’elles aiment, de sorte
qu’elles se sentent continuellement inspirées et créatives. Elles ne
recherchent pas le bonheur, car elles ont découvert que le bonheur
est une conséquence de ce qu’elles aiment. Un sentiment
d’épanouissement personnel provient spontanément de leur
contribution positive à la vie des autres – y compris de la famille, des
amis, des groupes, et du monde en général.
CHAPITRE 20

MÉDECIN, GUÉRIS-TOI TOI-


MÊME

E
n réponse à la demande générale, j’ai parlé, à diverses
reprises, d’une expérience personnelle d’autoguérison lors
de conférences, d’exposés et d’ateliers. Tout le monde
semble vouloir entendre, encore et encore, le récit de la manière
dont un médecin a été guéri de nombreuses maladies. Par
conséquent, ce chapitre relatera les faits les plus marquants de son
rétablissement et de sa guérison, car ils illustrent en détail comment
les principes et les techniques dont nous avons parlé fonctionnent
réellement au niveau pragmatique.
Cette expérience vécue, tout comme l’observation clinique,
confirme que la majorité des troubles humains sont susceptibles
d’être guéris en suivant certains principes. De nombreuses maladies
peuvent être inversées, à moins qu’il n’y ait une forte dominance
karmique contraire.
Paradoxalement, les cas graves où tout espoir est abandonné
répondent souvent rapidement et donnent les meilleurs résultats.
C’est peut-être parce que la personne a finalement lâché prise et est
désormais « gentiment raisonnable ». Elle est prête pour ce que
Thomas Kuhn appelle « un changement de paradigme », c’est-à-dire
une volonté de voir les choses autrement à partir d’une perspective
élargie, et d’être ouverte d’esprit. Parfois, il faut une maladie
chronique, de la souffrance, de la douleur et une confrontation avec
la peur de la mort pour qu’une personne soit disposée à abandonner
ses croyances qui lui sont si chères, et à s’ouvrir à la vérité de la
réalité clinique.

Les principes de base


Ce chapitre détaille la guérison et le rétablissement d’une multitude
de maladies qui jalonnent la vie d’un médecin. Je vais y décrire les
principes de base qui ont facilité le processus d’autoguérison. Ce
faisant, nous examinerons certains des éléments que nous avons
déjà abordés, pour les réunir dans une expérience globale intégrée.
Commençons par les concepts fondamentaux :
– Une pensée est une « chose ». Elle a de l’énergie et une forme.
– L’esprit, avec ses pensées et ses sentiments, contrôle le corps ;
par conséquent, pour guérir le corps, il faut modifier les pensées et
les sentiments.
– Ce que l’on garde à l’esprit a tendance à s’exprimer à travers le
corps.
– Le corps n’est pas le vrai soi, il est comparable à une marionnette
contrôlée par l’esprit.
– Les croyances inconscientes peuvent se manifester sous forme de
maladie, même si la personne n’a aucun souvenir de ses
croyances sous-jacentes.
– Une maladie a tendance à résulter d’émotions négatives réprimées
et refoulées, auxquelles vient s’ajouter une pensée qui lui assigne
une forme spécifique (ce qui signifie que, consciemment ou
inconsciemment, on choisit une maladie particulière plutôt qu’une
autre).
– Les pensées sont causées par des sentiments réprimés et
refoulés. Lorsqu’un sentiment est abandonné, des milliers – voire
des millions – de pensées qui avaient été activées par ce
sentiment disparaissent.
– Bien qu’il soit possible d’annuler une croyance spécifique et de
refuser de l’alimenter en énergie, tenter de modifier la pensée elle-
même est généralement une perte de temps.
– Nous abandonnons un sentiment en lui permettant d’être présent
sans le condamner, sans le juger et sans lui résister. Nous nous
contentons de le regarder, de l’observer et de le ressentir, sans
essayer de le modifier. Avec la volonté de lâcher prise sur un
sentiment, il s’épuisera en temps voulu.
– Un sentiment fort peut réapparaître, ce qui signifie qu’il reste plus
de choses à identifier et à abandonner.
– Pour abandonner un sentiment, il est parfois nécessaire de
commencer par lâcher prise sur le sentiment que l’on éprouve à
propos de cette émotion particulière (par exemple, la culpabilité du
fait que « Je ne devrais pas éprouver ce sentiment »).
– Pour renoncer à un sentiment, il est parfois nécessaire d’identifier
et d’abandonner le bénéfice sous-jacent qu’il apporte (par
exemple, le « frisson » de la colère ou le plaisir que peut apporter
la sympathie qui nous est témoignée lorsque nous sommes une
victime impuissante).
– Les sentiments ne sont pas le vrai soi. Alors que les sentiments
sont des programmes qui vont et qui viennent, le véritable Soi
intérieur est immuable ; par conséquent, il est nécessaire de
cesser d’identifier les sentiments passagers à soi-même.
– Ignorez les pensées. Ce ne sont que des rationalisations sans fin
des sentiments intérieurs.
– Peu importe ce qu’il se passe dans la vie, maintenez la ferme
intention d’abandonner les sentiments négatifs dès qu’ils
surviennent.
– Décidez qu’il est plus souhaitable d’opter pour la liberté que
d’éprouver un sentiment négatif.
– Choisissez d’abandonner les sentiments négatifs, plutôt que de les
exprimer.
– Abandonnez la résistance et le scepticisme face aux sentiments
positifs.
– Abandonnez les sentiments négatifs, mais partagez les sentiments
positifs.
– Observez comment le lâcher-prise s’accompagne d’un sentiment
subtil et général d’une plus grande légèreté en vous-même.
– Renoncer à un désir ne signifie pas que vous n’obtiendrez pas ce
que vous voulez. Cela ouvre tout simplement la voie pour que cela
se produise.
– Obtenez ce que vous désirez par « osmose ». Immergez-vous
dans l’aura de ceux qui ont ce que vous voulez.
– « Les semblables s’attirent. » Associez-vous avec des personnes
qui ont la même motivation que vous ou une motivation similaire, et
qui ont l’intention d’élargir leur conscience et de guérir.
– Soyez conscient que votre état intérieur est connu des autres et
qu’il leur est transmis. Les gens autour de vous devineront ce que
vous ressentez et pensez, même si vous ne l’exprimez pas.
– La persévérance est payante. Certains symptômes ou maladies
peuvent disparaître rapidement ; d’autres peuvent prendre des
mois ou des années, si la maladie est installée dans la chronicité.
– Abandonnez la résistance à la méthode. Commencez la journée
avec elle. À la fin de la journée, prenez le temps de lâcher prise sur
les sentiments négatifs que vous ont inspiré les activités de la
journée.
– Vous n’êtes soumis qu’à ce que vous avez en tête. Vous n’êtes
soumis à une pensée ou à une croyance négative que si vous dites
consciemment ou inconsciemment qu’elle s’applique à vous.
– Cessez de donner un nom au trouble physique ; ne l’étiquetez pas.
Une étiquette est tout un programme. Abandonnez ce que vous
ressentez, à savoir les sensations elles-mêmes. On ne peut pas
sentir une maladie. Une maladie est un concept abstrait entretenu
par l’esprit. Par exemple, on ne peut pas ressentir l’« asthme ». Il
est utile de se demander : « Qu’est-ce que je ressens
réellement ? » Observez simplement les sensations physiques
telles que : oppression thoracique, respiration sifflante, toux. Par
exemple, il n’est pas possible de penser : « Je n’ai pas assez
d’air. » C’est une pensée effrayante pour l’esprit. C’est un concept,
tout un programme appelé « asthme ». En réalité, ce que l’on
ressent est une tension ou une constriction dans la gorge ou dans
la poitrine. Le même principe vaut pour les « ulcères » ou pour tout
autre trouble. On ne peut pas sentir les « ulcères ». On éprouve
une sensation de brûlure ou de perforation. Le mot « ulcère » est
une étiquette et un programme ; et, dès que nous utilisons ce mot
pour étiqueter notre expérience, nous nous identifions à l’ensemble
du programme « ulcère ». Même le mot « douleur » est un
programme. En réalité, nous ressentons une sensation physique
spécifique. Le processus d’autoguérison est plus rapide, quand on
renonce à étiqueter ou à nommer les différentes sensations
physiques.
– Il en va de même avec nos sentiments. Au lieu d’apposer des
étiquettes et des noms sur les sentiments, nous pouvons tout
simplement les ressentir et abandonner l’énergie qui les sous-tend.
Il n’est pas nécessaire d’étiqueter un sentiment comme étant de la
« peur » pour être conscient de son énergie et s’en libérer.

La guérison de multiples maladies


Le médecin dont nous allons exposer le cas souffrait de tellement de
maladies à la fois qu’il était impossible de se souvenir de toutes.
Lorsque j’en parlais pendant une conférence, il me fallait en faire la
liste sur une fiche. Toutes les maladies suivantes sont apparues à
l’âge de 50 ans :
– Migraines – chroniques et fréquentes.
– Trompes d’Eustache bouchées. Otites douloureuses.
– Myopie et astigmatisme. Prescription de lunettes à triple foyer.
– Sinusite ; écoulement post-nasal ; allergies.
– Divers type de dermatite.
– Crises de goutte. Nécessité de transporter une canne dans le
coffre de la voiture et de suivre un régime alimentaire comportant
les restrictions correspondantes.
– Problème de cholestérol. Restrictions alimentaires
supplémentaires.
– Ulcère duodénal chronique et récurrent depuis plus de vingt ans,
insensible à tous les traitements médicaux.
– Pancréatite. Crises intermittentes provoquées par l’ulcère
récurrent.
– Gastrite ; hyperacidité ; pylorospasme intermittent. Par
conséquent, restrictions alimentaires supplémentaires.
– Colite, récurrente.
– Diverticulite. Affection du côlon de type appendicite. Parfois
hémorragique, nécessitant une hospitalisation et des transfusions
sanguines.
– Problèmes courants à l’extrémité inférieure du tractus gastro-
intestinal. Chirurgie prévue.
– Arthrite de la colonne cervicale (nuque). Déplacement de la
quatrième vertèbre cervicale.
– Syndrome lombaire nécessitant un traitement chiropratique.
– Syndrome des vibrations (syndrome de Raynaud). Perte de
sensation et gangrène imminente de l’extrémité des doigts en
raison du déficit circulatoire.
– Syndrome de l’âge mûr. Mains et pieds froids, perte d’énergie et de
libido, dépression.
– Kyste pilonidal à la base de la colonne vertébrale. Ne peut être
soigné que par chirurgie.
– Bronchite et toux chroniques. Aggravation des maux de tête, de la
spondylose et du syndrome lombaire.
– Sensibilité au sumac vénéneux. Éruption cutanée chaque année.
Nécessitant parfois une hospitalisation.
– Pied d’athlète. Croyance selon laquelle cela provenait des sols des
chambres d’hôtel.
– Pellicules. Conviction selon laquelle cela provenait de la
fréquentation de salons de coiffure.
– Inflammation du cartilage (syndrome de Tietze).
– Affection rare, avec gonflement douloureux de la jonction entre les
côtes et le sternum.
– Problèmes dentaires et gingivaux. Perte osseuse autour de la base
des dents. Une intervention chirurgicale a été recommandée pour
les gencives.
– Déséquilibre énergétique global. Les tests kinésiologiques ont
révélé que tous les systèmes énergétiques étaient déséquilibrés, et
que chaque méridien testé était faible.
Rétrospectivement, il est ahurissant de voir comment son corps a
continué à vivre dans le monde et à fonctionner aussi bien qu’il l’a
fait. Dans la mesure où chacun des troubles nécessitait une
restriction supplémentaire de l’alimentation, à certains moments, les
laitues et les carottes étaient à peu près les seuls aliments « sûrs ».
Cela a entraîné la perte de 11 kg et un corps d’apparence maigre et
décharnée. Plus tard, des amis ont révélé qu’ils avaient parié sur la
durée de vie de ce corps. La plupart d’entre eux avaient estimé qu’il
s’effondrerait probablement vers l’âge de 53 ans.
La question cruciale à l’époque était la suivante : comment un
homme qui avait réussi, un professionnel hautement instruit qui
faisait preuve de créativité dans le monde, qui menait une vie
équilibrée, qui avait fait l’objet d’une psychanalyse approfondie et qui
avait expérimenté de nombreuses modalités de thérapie et de
guérison pouvait-il encore souffrir d’autant de troubles physiques ?
Certes, sa charge de travail était importante, mais il l’équilibrait par
des exercices physiques et des travaux créatifs tels que la
menuiserie, la maçonnerie, le travail du bois et la conception
architecturale. De plus, sa vie spirituelle était active, avec deux
heures de méditation par jour, avant et après le travail. Il avait étudié
les innombrables techniques mentionnées dans l’introduction :
autohypnose, macrobiotique, réflexologie, iridologie, thérapie de
polarité, affirmations, projection astrale, séances de groupes, travail
corporel, relaxation, etc.
Quelle était l’explication de cet étrange paradoxe : quelqu’un qui
avait essayé une multitude de techniques, de groupes et de
thérapies, mais qui souffrait, malgré cela, d’un nombre
impressionnant de maladies ? Et comment se fait-il qu’il ait si bien
réussi dans le monde, malgré cette longue liste de maladies et la
douleur constante qui les accompagnait ? La réponse semblait être :
une très forte volonté. Elle l’avait porté à travers tous les obstacles et
avait eu le pouvoir d’écarter tout ce qui interférait avec ce
fonctionnement efficace – dans ce cas, il s’agissait principalement
des sentiments. Avec ce genre de volonté, quand un sentiment était
supprimé, il le restait.
L’idéal scientifique est l’objectivité. Or l’objectivité signifie une
absence d’émotion. Le respect de cet idéal dans le travail clinique et
scientifique nécessitait l’élimination des sentiments. Compte tenu de
la nature de la pratique clinique qui concernait des personnes
gravement malades, cela s’est avéré particulièrement difficile.
L’étendue de leurs souffrances et de celles de leurs familles semblait
presque infinie. Elles se poursuivaient sans relâche, jour après jour,
année après année. La nature compatissante de cet homme et le fait
qu’il soit toujours à l’écoute de la souffrance des autres aggravaient
leur intensité. La pression croissante des émotions refoulées dans
tous les domaines de sa vie a, évidemment, contribué à la
multiplicité des maladies.
À un certain moment, cet homme a étudié et appliqué à sa vie
quotidienne le mécanisme du lâcher-prise et Un cours en miracles. En
raison de son planning professionnel chargé, il disposait de très peu
de temps pour la mise en œuvre de nouvelles techniques.
Heureusement, le « Cahier d’exercices » du livre Un cours en miracles
nécessite simplement de se concentrer sur une phrase ou une
« leçon » tout au long de la journée. Le pouvoir de cette technique
est d’atténuer la culpabilité grâce au mécanisme du pardon. Le
mécanisme du lâcher-prise peut également se faire en silence tout
au long de la journée, en tant que processus intérieur. Les deux
outils ont fonctionné de concert. Le lâcher-prise et le pardon se sont
faits simultanément pendant la journée.
Une fois que l’esprit connaît le moyen d’alléger sa pression
intérieure, il commence – à l’instar de la boîte de Pandore – à laisser
remonter toutes les ordures ; et là, elles ont afflué en masse ! Des
pensées et des sentiments qu’il avait à peine remarqués au moment
de leur émergence revenaient soudain. Sa vie avait été si occupée
qu’il n’avait pas eu le temps de se pencher sur eux. Le processus de
décompression a commencé à se dérouler tout seul.
Il a découvert très vite que chaque sentiment ou pensée négative
est associé à la culpabilité ; et cette culpabilité est tellement
omniprésente qu’elle est constamment réprimée. Ainsi, il ne peut y
avoir une simple colère. Le véritable sentiment est un mélange de
colère et de culpabilité. Nous ressentons de la culpabilité chaque
fois que nous avons une pensée critique à propos de quelqu’un. Le
jugement et la critique constants de l’esprit à l’égard du monde, de
ses événements et de ses habitants sont une source inépuisable de
culpabilité. La culpabilité, elle-même, engendre des sentiments
négatifs, et les sentiments négatifs, en eux-mêmes, engendrent
également de la culpabilité. C’est cette combinaison mortelle qui
nous tire tous vers le bas et qui provoque des maladies et des
malheurs à grande échelle. La culpabilité est tellement omniprésente
que, quoi que nous fassions, nous sentons quelque part dans notre
esprit que nous « devrions » faire autre chose. Nous avons vécu
avec énormément de culpabilité pendant si longtemps que nous ne
l’identifions même plus ; et, d’une certaine manière, l’esprit moyen
projette cette culpabilité sur le monde qui l’entoure. C’est pourquoi la
plupart des gens ont besoin d’un « ennemi », un objet sur lequel
projeter leur culpabilité intérieure. C’est également la source du
pouvoir des tyrans : il leur suffit de manipuler la culpabilité des gens
et de lui trouver une cible satisfaisante.
Il a également découvert un dédain envers les sentiments. La
colère est apparue face à la pression de sentiments qui peuvent
inspirer à une personne de se sentir « victime ». Pour les personnes
orientées cerveau gauche, les sentiments sont à l’opposé de la
raison, de la logique et de la rationalité. À cela vient s’ajouter l’idée
machiste que les émotions sont un attribut exclusif des femmes, des
enfants et des artistes. De ce point de vue, les sentiments sont avant
tout une question de compréhension intellectuelle et d’analyse
clinique. Quand ils se manifestent intérieurement, ils sont étiquetés,
catalogués et classés.
Lorsque cet homme a commencé à travailler avec la technique du
lâcher-prise, il a tout d’abord connu une phase de rébellion et de
haine envers ses sentiments, et de peur d’avoir à les affronter. Il lui a
semblé dégradant de devoir les subir. Ainsi, il a dû modifier l’image
qu’il avait de lui-même en raison de sa forte identification avec
l’intellect. Bon gré mal gré, il lui a fallu reconnaître que chaque
personne est un organisme pensant et sensible. Il ne pouvait plus
continuer à nier la réalité.
Très vite, il lui est apparu normal d’avoir des sentiments. Avec la
technique du lâcher-prise, la seule issue fut d’identifier et de relâcher
les sentiments. Cela lui est devenu plus facile à mesure que sa
condition physique allait en s’améliorant. Même s’il lui a peut-être été
difficile, au départ, d’affronter ses propres sentiments, la lumière au
bout du tunnel s’est mise à briller, et cela lui a donné de l’espoir.
Après avoir utilisé cette technique durant plusieurs jours, l’état
physique de l’extrémité inférieure de son tractus gastro-intestinal
s’est rapidement rétabli, de sorte qu’il a pu annuler l’intervention
chirurgicale prévue. Bon nombre des symptômes dont il souffrait
depuis des années, voire des décennies, ont commencé à diminuer
en intensité et en fréquence au fil des mois. Les migraines, en
particulier, sont devenues de moins en moins fréquentes. Ses
douleurs lombaires ont disparu. Il a commencé à trouver son corps
plus léger et plus fort.
Puis il lui a fallu affronter une crise inattendue qui a entraîné une
pression émotionnelle intense. Sa diverticulite est réapparue sous
une forme sévère, avec des hémorragies importantes. C’est alors
qu’il a intérieurement pris une décision d’une grande ampleur : « Soit
ce truc marche, soit il ne marche pas. » C’est ainsi que, cette fois, au
lieu d’aller à l’hôpital et de recevoir des transfusions, il a totalement
lâché prise. Il a identifié et lâché prise sur toutes les sensations qu’il
éprouvait dans son abdomen. Il ne leur a donné ni nom ni étiquette.
Au lieu de pensées ou de mots, il a éprouvé un sentiment d’unité
avec les sensations, les crampes et la douleur. Il n’a opposé aucune
résistance aux sensations, aussi intenses qu’elles aient pu être. Un
peu comme s’il était sur le fil du rasoir, il a identifié chaque sensation
et sentiment pour aussitôt les abandonner. Cela a duré quatre
bonnes heures. Au bout de quatre heures, les saignements se sont
arrêtés, les crampes ont disparu, et la diverticulite a été guérie. Plus
tard, il a connu quelques récidives mineures, mais il a traité chacune
d’elles de la même manière, et, finalement, les attaques se sont
calmées et ont disparu. Ainsi, le mécanisme du lâcher-prise a passé
l’épreuve de vérité. Il a réussi là où tout le reste avait échoué. Grâce
à une pratique continue, d’autres troubles ont commencé à
s’estomper.
Avec le temps, l’expérience du « savoir » a remplacé la pensée. Le
savoir se manifeste d’une manière totalement différente. Il se tient
juste là pour que nous le reconnaissions. Un matin, au réveil, il a
« su » qu’il était guéri du sumac vénéneux. En même temps, il s’est
rendu compte que le nom même – l’étiquette « sumac vénéneux » –
était tout un programme et un système de croyances en soi. Dans
tous les cas, il a « su » qu’il était désormais immunisé contre le
sumac vénéneux, même en sortant, en la touchant, en jouant avec
et en en mettant un peu dans un pot de fleurs qu’il a emporté à une
émission où il allait être interviewé ce soir-là ! Le sujet de l’interview
était : « Le pouvoir de la conscience dans l’autoguérison ».
Un autre épisode de « savoir » s’est produit un jour où il a été
confronté de manière inattendue à d’intenses émissions
d’insecticides. Ces fumées avaient provoqué chez lui une allergie
sévère pendant de nombreuses années, et déclenchaient
invariablement une migraine sévère. Ce jour-là, cependant, il « a
su » qu’il était immunisé contre ces fumées. Il est entré dans une
maison récemment fumigée et a très profondément respiré les
fumées sans aucune conséquence, de sorte qu’il a soudain éprouvé
un sentiment exalté de libération. Quelle merveille que d’être libre et
de faire l’expérience du pouvoir de l’esprit ! À ce moment-là, il est
devenu évident à ses yeux que nous ne sommes soumis qu’aux
choses que nous maintenons à l’esprit. Rien ne nous oblige à être
des esclaves ou des victimes dans le monde.
Il lui est arrivé la même chose au sujet d’une croyance qu’il avait
de longue date au sujet de l’hypercholestérolémie. Ayant lâché prise
sur la croyance et le concept de cette dernière, il a repris la
consommation de produits laitiers sans aucun impact négatif sur le
cholestérol. De fait, les tests sanguins ont montré une baisse
progressive du taux de cholestérol malsain ! De plus, ses
intolérances alimentaires et ses allergies ont disparu. Cependant, il
lui a fallu au moins une année de plus pour que son intolérance au
sucre et son hypoglycémie fonctionnelle disparaissent. Elle est
encore réapparue pendant un certain temps lors de périodes de
stress, notamment lors d’efforts physiques, après la consommation
de sucre et de sucreries accompagnés de caféine.
Entre-temps, il a pu reprendre une alimentation normale après de
nombreuses années de restrictions sévères. Quelle liberté de
pouvoir manger des aliments contenant des graines (interdites en
cas de diverticulite), tous les aliments qui étaient censés être contre-
indiqués pour les ulcères et les colites, et même des sundaes au
chocolat ! Il lui a fallu plusieurs années pour que l’hypoglycémie
fonctionnelle disparaisse, mais, finalement, il a pu manger toutes les
sucreries qui lui avaient été interdites depuis très longtemps.
Le syndrome de l’âge moyen était, lui aussi, un système de
croyances. Et, comme il l’a abandonné et éliminé, le froid dans ses
mains et ses pieds a disparu. Sa fatigue, sa légère dépression et
son irritabilité aussi. Son endurance physique a augmenté, et sa
tolérance au travail physique est devenue quasiment illimitée.
Après avoir éliminé les problèmes les plus importants, il a pu traiter
consciemment certaines de ses affections mineures. Il a abandonné
la croyance au kyste pilonidal. En six semaines, ce dernier a
disparu. La trompe d’Eustache qui se bloquait toujours lors des vols
en avion provoquait de fortes douleurs à l’oreille droite. Il lui a fallu
deux ans pour corriger cela, grâce à un lâcher-prise continu de tous
les sentiments et pensées à ce sujet et par l’utilisation concomitante
de la visualisation dans laquelle il s’imaginait que l’angle du canal
avec l’os de la tempe droite devenait normal. C’est la seule maladie
pour laquelle il a employé la visualisation. Au bout de deux ans, le
mal a disparu, et il n’a plus jamais eu de difficulté à dégager ses
oreilles lors des changements d’altitude.
Entre-temps, les douleurs au cou avaient progressivement disparu,
ce qui lui a permis de danser. Tout en dansant et en abandonnant
toute résistance à la douleur cervicale, son corps a commencé à
adopter automatiquement des postures et des mouvements
d’autoguérison, comme s’il y avait un chiropraticien intérieur,
manipulant la colonne vertébrale. C’était une sensation étrange,
comme si des guérisseurs invisibles réalignaient sa colonne
vertébrale.
Pendant ce temps, des changements se produisaient dans la
circulation de ses mains et de ses pieds, de sorte qu’ils n’étaient
plus continuellement glacés. La maladie vibratoire au bout de ses
doigts, qui menaçait de gangrène, s’est alors inversée. Les
coussinets des bouts des doigts ont regonflé et sont redevenus
roses. La douleur brûlante au bout de ses doigts a disparu. La
sensibilité y est revenue. Jusque-là, ses doigts s’étaient engourdis
au point qu’il ne parvenait plus à tourner les pages d’un livre.
Au fur et à mesure que les affections les plus graves étaient
guéries, il disposait de plus d’énergie et de temps pour se pencher
sur des problèmes encore plus bénins. Il croyait depuis longtemps
que les gens attrapaient des pellicules dans les salons de coiffure.
Lorsqu’il a abandonné cette croyance, ses pellicules ont disparu. Un
processus similaire s’est produit avec sa conviction que le pied
d’athlète était corrélé avec les sols des chambres d’hôtel. En lâchant
continuellement prise sur cette croyance, son pied d’athlète a
disparu.
Une année, au moment de Thanksgiving, il a eu l’occasion de
tester cette technique dans une situation aiguë. Une énorme bûche
est tombée sur son pied gauche, brisant tous les os de l’avant-pied.
Au lieu de se précipiter pour se faire poser un plâtre, il a utilisé la
technique du lâcher-prise. À Noël, il a déjà pu retourner sur la piste
de danse. Plus tard, une cheville gravement foulée s’est guérie en
quelques minutes grâce à l’abandon instantané de la douleur.

La guérison de la vue
Un soir, alors qu’il donnait une conférence sur le mécanisme de
l’abandon et qu’il racontait toutes les guérisons mentionnées ci-
dessus qu’il avait expérimentées, un membre de l’auditoire lui a
demandé : « Docteur, si vous avez guéri tous ces maux, alors
pourquoi portez-vous encore des lunettes ? Ne serait-il pas possible
de guérir une mauvaise vue de la même manière ? »
« Eh bien, je n’ai jamais pensé que le port de lunettes était une
maladie et j’ai toujours considéré cela comme un défaut
anatomostructurel du corps. Mais, maintenant que vous en parlez, je
ne vois aucune raison pour laquelle cela ne devrait pas guérir. »
C’est ainsi qu’il a retiré ses lunettes à double foyer pour les glisser
dans une poche de son manteau. En effet, à cette époque, sa vue
avait décliné au point que des lunettes à triple foyer lui avaient été
prescrites. En quittant la conférence ce soir-là, il a ressenti la même
certitude intérieure, à savoir que cette condition se guérirait avec
suffisamment de foi et de confiance.
Tandis qu’il retournait chez lui en voiture sans lunettes, sa vision
était floue. Il avançait lentement et en pleins phares. Intérieurement,
il avait conscience qu’il verrait toujours ce qu’il avait besoin de voir,
mais qu’il était incapable de voir ce qu’il voulait voir. Au cours des six
semaines suivantes, il a beaucoup observé et appris sur ce qu’il se
passe derrière notre vision quotidienne et habituelle. Il existe toute
une myriade de sentiments – allant de la curiosité à la compétition,
de l’intérêt érotique à la titillation intellectuelle. Seuls quelque cinq
pour cent de notre vision sont absolument nécessaires pour nous
mouvoir et vivre dans le monde.
Un phénomène particulier s’est produit : il ne voyait que ce qu’il lui
était nécessaire de voir. Il lui était impossible de lire des journaux et
des magazines, de regarder la télévision ou d’aller au cinéma. Il est
devenu évident que la majeure partie de la vision n’est qu’une
simple évasion. Sur la route, c’était comme si Mister Magoo était au
volant. Et ce même phénomène mystérieux se reproduisait encore et
encore. Dès qu’il était vital qu’il voie une chose, il la voyait. Le bord
de la falaise devenait visible juste au moment où il fallait qu’il le voie.
Il était en proie à beaucoup d’anxiété, mais s’appliquait
constamment à abandonner la peur. Finalement, au bout de six
semaines, la peur sembla s’être dissipée. Elle avait été remplacée
par un profond lâcher-prise. « Eh bien, je ne verrai que ce qu’il m’est
permis de voir. » Il abandonna volontairement les autres objectifs
émotionnels que la vue avait servis jusque-là.
Puis un profond sentiment de calme intérieur et de paix s’est
installé, accompagné d’un sentiment d’unité avec tout ce qui dirige
l’univers. Et, à cet instant, sa vision est soudain revenue totalement
et parfaitement. Ce qu’il n’avait pu voir ou lire était maintenant tout à
fait visible : les panneaux de signalisation, les petits caractères dans
la pénombre, les objets très détaillés dans une pièce et à grande
distance. Lorsqu’il a dû repasser un examen de la vue pour le
renouvellement de son permis de conduire, l’évaluateur a déclaré
que sa vue était parfaite et qu’il n’avait plus besoin de lunettes. Cela
ne s’était jamais produit avant lors d’un examen de la vue !
Depuis qu’il raconte cette histoire dans tout le pays, un certain
nombre de personnes ont enlevé leurs lunettes et ont vécu la même
expérience. Chose intéressante, chacune d’elles a déclaré que cela
avait pris environ six semaines. L’une des personnes qui ont fait
cette expérience a décidé de remettre ses lunettes. Lorsqu’on lui en
a demandé la raison, ce monsieur a répondu que sa femme était
tellement habituée à le voir avec des lunettes qu’elle le trouvait
moche sans elles, de sorte qu’il portait des lunettes sans correction
pour lui plaire. Il faisait cela parce qu’il l’aimait et qu’il voulait la
rendre heureuse ; ce qui est une raison très différente de la
déficience visuelle qui l’obligeait à porter des lunettes.
Ceux d’entre nous qui ont fait l’expérience d’une vision guérie sont
d’accord sur une découverte : c’est avec l’esprit lui-même que nous
voyons, et non pas avec les globes oculaires ! Récemment, l’un de
ces cas était celui d’une femme devenue aveugle peu de temps
après sa naissance, qui présentait des troubles graves des deux
globes oculaires. Après avoir entendu la conférence sur la
récupération de la vision, elle a suivi un protocole médical et
pratiqué la technique du lâcher-prise sur sa vue. En l’espace de
deux jours, elle a commencé à constater un retour de la vision. Elle
s’est approchée, après la conférence, et a déclaré : « Je sais que
vous avez raison. Je sais qu’on voit à travers l’esprit, parce que c’est
ce qu’il m’arrive. Je vois, et je vois avec mon esprit ! »
Pour comprendre comment toutes ces guérisons peuvent se
produire – certaines d’entre elles frôlant le miracle –, il nous faut
revoir nombre de nos convictions au sujet des processus physiques,
des mécanismes de guérison et de la manière dont les traitements
médicaux produisent leurs résultats. Il a été découvert qu’il existe en
nous un pouvoir d’autoguérison qui est activé par un lâcher-prise
continuel.
CHAPITRE 21

QUESTIONS ET RÉPONSES

C
e chapitre présente des questions et des réponses
textuelles provenant d’ateliers et de séminaires que j’ai
animés dans le monde entier, ces dernières années. En
prévision des questions du lecteur, j’y ai inclus les questions les plus
typiques et les plus fréquentes sur le mécanisme du lâcher-prise.

Objectifs religieux et spirituels


Il y a toujours un certain nombre de questions concernant la mise en
œuvre du lâcher-prise pour atteindre ce que l’on appelle
généralement « les objectifs spirituels », « l’expansion de la
conscience » et « les croyances religieuses ». Nous pouvons
répondre à beaucoup de ces questions en formulant une déclaration
générale.
Le mécanisme du lâcher-prise n’est en conflit avec aucune religion,
aucune voie spirituelle, ni aucun programme de développement
personnel, il n’est pas non plus en désaccord avec une quelconque
philosophie ou posture métaphysique. Il n’implique aucun
enseignement spirituel en soi. Au contraire, il offre un mécanisme
permettant à la compréhension de soi d’éliminer les obstacles au
développement spirituel. Il est également compatible avec le
mouvement humaniste. Toutes les voies spirituelles et toutes les
religions mettent l’accent sur la nécessité d’élargir notre capacité à
aimer ; et c’est essentiellement à cela que sert le processus du
lâcher-prise. Si l’on supprime les obstacles à l’amour, on voit
s’élargir la capacité à s’aimer soi-même, ainsi que Dieu et les autres.
Le lâcher-prise facilite également les enseignements de base de
toutes les grandes religions du monde. Le but essentiel de ces
enseignements est d’abandonner le « petit soi », communément
appelé « ego ». La technique du lâcher-prise facilite l’objectif de
dissoudre le petit soi en utilisant un simple processus intérieur
d’abandon. Lorsque le petit soi est transcendé, le vrai Soi intérieur
se met à briller. Prenons, par exemple, les moyens d’expression les
plus courants de ce phénomène d’abandon tels qu’ils sont présentés
par la plupart des religions. Typiquement, ils suivent le schéma
suivant :

Lâchez prise et laissez Dieu agir.


Soyez tranquille et sachez que je suis Dieu.
Confiez votre vie et votre volonté aux soins de Dieu tel que vous le
concevez.
Abandonnez-vous à ce qui est, car Dieu est en toutes choses.

Il est évident qu’abandonner la négativité facilite l’orientation même


que toutes les religions et voies spirituelles nous incitent à prendre.
Le processus du lâcher-prise concerne principalement les
sentiments, et nous avons vu que ces derniers avaient un effet
profond sur nos pensées et nos systèmes de croyances.
L’expérience de la plupart des gens qui utilisent le mécanisme du
lâcher-prise est qu’il facilite la réalisation de leurs objectifs spirituels
et religieux. Ceux qui n’ont pas consciemment des objectifs religieux
ou spirituels ont remarqué que cela renforce leur capacité d’aimer ;
ce qui augmente considérablement leur bonheur et leur bien-être.
Carl Jung a souligné que, étant donné que Dieu est l’un des
principaux archétypes de l’inconscient, chaque personne doit
prendre position à son propos – qu’elle le veuille ou non. Même un
athée éprouve des sentiments sur le concept de Dieu. Par
conséquent, que Dieu existe ou non, le sujet devra être traité tôt ou
tard. Réprimer nos sentiments à propos de Dieu ou nous laisser
consciemment submerger par ce sujet ne sont pas des solutions
satisfaisantes. La technique du lâcher-prise apporte une résolution
aux conflits intérieurs qui perdurent – tant pour l’athée que pour le
croyant.

QUESTION Quelle est la relation entre le lâcher-prise et le concept


global de péché ?
RÉPONSE Si nous examinons les sentiments négatifs dont nous
avons parlé et que nous les décrivons avec une terminologie
religieuse, nous constatons que ce que nous avons décrit sont, en
réalité, les prétendus « péchés capitaux ». Dans la mesure où le
mécanisme du lâcher-prise est une manière de les abandonner, il
semble évident que le lâcher-prise de l’attachement à ces
caractéristiques facilite l’accomplissement des enseignements
religieux dans notre vie personnelle.

QUESTION Je ne suis pas un adepte d’une voie spirituelle spécifique,


mais j’ai ma propre voie tout à fait personnelle. Comment cette
technique pourrait-elle m’être utile ?
RÉPONSE Toutes les voies spirituelles – sans exception – sont
basées sur une méthode de dissolution de l’ego. L’ego inclut la
totalité de nos programmes négatifs. Le lâcher-prise est le
processus par excellence pour se débarrasser des programmes
négatifs. C’est donc le meilleur outil pour faciliter la compréhension
spirituelle.

QUESTION Ce processus pourrait-il interférer, d’une manière ou d’une


autre, avec ma foi ?
RÉPONSE Au contraire : quels sont les obstacles à la foi ? Vous
remarquerez que ce sont toutes des formes de négativité. Par
conséquent, abandonner la négativité revient à éliminer les
obstacles à la foi.

QUESTION Je ne suis pas croyant, mais j’aimerais en apprendre


davantage sur les questions spirituelles. Cette approche peut-elle
m’être utile ?
RÉPONSE Le mécanisme du lâcher-prise n’est qu’un outil. Vous
pouvez l’utiliser pour éliminer les obstacles qui vous empêchent de
gagner un million de dollars, ou vous pouvez l’utiliser pour éliminer
les obstacles au développement de la conscience spirituelle. La
plupart des gens qui lâchent prise continuellement rapportent qu’ils
découvrent quelque chose en eux qui s’apparente à l’amour lui-
même – qui est indépendant du corps, des émotions, des pensées
et des événements du monde. Avez-vous déjà entendu parler de
quelqu’un qui est mécontent d’une telle découverte ?

QUESTION La technique du lâcher-prise est-elle en contradiction avec


des enseignements spirituels ou religieux ?
RÉPONSE Une étude réalisée à ce sujet révèle qu’il n’y a aucun
conflit entre le lâcher-prise sur la négativité et tout autre
enseignement spirituel.

QUESTION J’ai abandonné la religion, il y a de nombreuses années,


parce qu’elle générait tellement de culpabilité que je ne pouvais plus
supporter cela. Quel serait l’effet de l’utilisation de la technique du
lâcher-prise ?
RÉPONSE Dans les observations cliniques réalisées au fil des ans, la
culpabilité apparaît comme la raison la plus fréquente pour laquelle
les gens tournent le dos à leur religion. C’est parce que les
objectifs semblent inaccessibles. Demandez-vous ce qui a fait que
ces objectifs vous semblent impossibles à atteindre. Il s’agit
toujours de la discordance entre ce que l’on dit aux gens qu’ils
devraient être et ce qu’ils perçoivent qu’ils sont réellement. Au lieu
de vous sentir coupable, tentez de relâcher tous les sentiments
négatifs qui émergent, et attendez de voir, par vous-même, quel
changement d’attitude pourrait se produire. Encore une fois, le
lâcher-prise est un outil. Il peut être utilisé pour faciliter la
réalisation de vos objectifs dans n’importe quel domaine de la vie.
C’est vous seul qui choisissez la manière dont vous l’utilisez. Un
bon point de départ consiste à abandonner toute votre culpabilité,
car elle favorise un environnement émotionnel propice à la
souffrance et à la maladie.

Méditation et techniques de concentration


QUESTION Comment le lâcher-prise et l’abandon sont-ils en
corrélation avec les différentes techniques de méditation ?
RÉPONSE Presque toutes les techniques de méditation ont pour
objectif d’apaiser l’esprit. C’est la base du précepte du livre des
Psaumes : « Tenez-vous tranquilles et sachez que je suis Dieu. »
Parvenir au silence de l’esprit est le principal problème de la
méditation elle-même ; d’ailleurs, la plupart des personnes qui
méditent ont découvert cela. En effet, les sentiments refoulés
produisent constamment des pensées qui sont les principales
distractions de la méditation. Identifier et abandonner l’énergie
derrière ces sentiments refoulés facilite donc la réalisation de
l’objectif de la méditation. Lorsque le sentiment qui se cache
derrière le train de pensées est localisé et abandonné, tout ce train
de pensées s’arrête instantanément.
En lâchant prise constamment, il est possible d’arriver à un état
d’esprit extrêmement calme. On peut y parvenir tout en vaquant à
ses activités quotidiennes, augmentant ainsi considérablement la
capacité de méditer. La plupart des techniques méditatives sont
limitées à un certain nombre de minutes ou d’heures pendant la
journée. En lâchant prise constamment, il est possible d’atteindre
des états de conscience élevés.

QUESTION Je ne suis pas engagé sur une voie spirituelle, mais je


pratique les affirmations et les visualisations. La technique du lâcher-
prise me sera-t-elle utile ?
RÉPONSE Le lâcher-prise augmente considérablement le pouvoir
des affirmations. Une affirmation est une déclaration positive. Son
pouvoir est limité par le fait que, consciemment ou
inconsciemment, nous avons de multiples programmes négatifs qui
disent exactement le contraire de l’affirmation en question. Vous
pouvez découvrir cela par vous-même en remarquant que, tandis
que vous écrivez des affirmations, votre esprit se met à penser :
« Oui, mais… ». Ce sont ces « Oui, mais… » qui limitent le pouvoir
de l’affirmation et qui réduisent son efficacité. Si vous abandonnez
les obstacles à l’affirmation, vous remarquerez une augmentation
rapide de son efficacité.

Psychothérapie
QUESTION Je suis en psychanalyse. La technique du lâcher-prise
serait-elle utile ou entrerait-elle en conflit avec mon analyse, qui
devient de plus en plus coûteuse ?
RÉPONSE Les thérapeutes qui ont étudié cette technique
l’approuvent. De nombreux psychiatres, psychologues et
thérapeutes l’ont apprise et l’utilisent dans leurs cabinets. Jusqu’à
présent, nous n’avons entendu que des évaluations des résultats
100 % positives, car ce que l’on appelle le « working through » est
facilité par la capacité du patient à abandonner la négativité et les
autolimitations ; ce qui permet à la thérapie d’avancer beaucoup
plus rapidement. Les psychothérapeutes, eux-mêmes, ont constaté
que le lâcher-prise avait grandement facilité leur compréhension de
leurs patients et la résolution du contre-transfert. Si les thérapeutes
savent identifier et abandonner les sentiments négatifs, ils peuvent
éviter le développement de nombreuses maladies liées au stress
au cours de leur activité. Ainsi, cette technique est considérée
comme une aide à la psychothérapie, augmentant son efficacité et
le niveau de satisfaction de ses résultats.

QUESTION Je suis actuellement une psychothérapie de groupe.


Comment cela fonctionnerait-il avec le mécanisme du lâcher-prise ?
RÉPONSE Tout comme dans la psychothérapie individuelle, la
capacité d’abandonner ses sentiments négatifs intérieurs facilite
grandement le travail de groupe.
QUESTION Je suis un analyste jungien. Cette approche cadrerait-elle
avec mon travail ?
RÉPONSE Par le lâcher-prise, nous pouvons nous libérer de l’effet
des archétypes. Les archétypes sont, évidemment, un ensemble
de croyances et de sentiments, de sorte qu’ils sont des
programmes comme les autres. L’individu qui utilise le mécanisme
du lâcher-prise pour abandonner les croyances et les sentiments
programmés a le pouvoir de choisir les schémas archétypaux
plutôt que d’être inconsciemment gouverné par eux.

Alcoolisme et dépendance aux drogues


QUESTION Je suis membre des Alcooliques anonymes (AA), et
j’aimerais savoir si d’autres membres des AA ont bénéficié de cette
méthode.
RÉPONSE L’expérience commune est que la technique du lâcher-
prise facilite beaucoup le travail des 12 étapes des Alcooliques
anonymes, en particulier la troisième. La troisième étape stipule :
« Prendre la décision de remettre notre volonté et notre vie aux
soins de Dieu tel que nous Le concevons ». Cette étape est
frustrante pour de nombreux membres des AA, parce qu’il n’y a
pas de mode d’emploi. Comment remettre notre volonté et notre
vie entre les mains de Dieu ou d’une puissance supérieure ? Si
nous examinons la volonté, nous voyons qu’il s’agit d’un désir. Ce
désir est lié aux attachements. Le mécanisme du lâcher-prise
facilite donc la libération des attachements, et est quasiment
équivalent à la troisième étape dans son intention. S’abandonner à
Dieu signifie se défaire de sa volonté. La volonté est l’ego lui-
même.
La dépendance à l’alcool est une pulsion, une compulsion due à un
attachement. Elle peut être affaiblie et atténuée par le processus
du lâcher-prise. La consommation d’alcool est également un
moyen d’échapper à la douleur des sentiments négatifs ; par
conséquent, le fait de se débarrasser des sentiments négatifs
diminue le besoin psychologique d’évasion sous cette forme
particulière. Cela est également valable pour les autres drogues,
qui sont toutes des tentatives de remplacer un sentiment inférieur
par un sentiment supérieur.
La technique du lâcher-prise ne remplace pas la nécessité des
groupes d’entraide ou des Alcooliques anonymes ; toutefois, elle
facilite largement la réussite des programmes de réhabilitation et
est assurément compatible avec tous les groupes anonymes qui
sont systématiquement basés sur les 12 étapes.

Les relations interpersonnelles


QUESTION Je suis un cheminement spirituel depuis de nombreuses
années, et je ne comprends pas pourquoi je ressens encore et
toujours des émotions négatives.
RÉPONSE Il existe une illusion très répandue selon laquelle les
personnes spirituellement évoluées et aimantes n’ont jamais
d’émotions négatives – comme si elles étaient d’ores et déjà
angéliques. Elles s’irritent d’éprouver encore des sentiments
négatifs, et cela s’ajoute à leur culpabilité et à leur frustration
personnelle. Il est important qu’elles comprennent que les
sentiments sont transitoires, alors que leur intention d’évoluer reste
constante. Ne vous sentez pas coupable d’être encore un humain
ordinaire, malgré vos ambitions angéliques ! Avoir de la
compassion envers votre humanité innée, son système nerveux et
le fonctionnement du cerveau qui l’accompagne permet une plus
grande sérénité. Les ambitions célestes ne font pas
nécessairement de nous des anges !

QUESTION J’ai un collègue qui ne fait pas son travail. Chaque fois que
je le vois, j’éprouve du ressentiment. Mais, ensuite, je me sens
coupable de lui en vouloir. Comment pourrais-je commencer à
employer la technique du lâcher-prise dans cette situation ?
RÉPONSE Nous identifions et nous acceptons les sentiments que
nous éprouvons à l’égard d’une situation, puis nous les évacuons
prioritairement, plutôt que de nous laisser aller à l’émotivité. Sur le
lieu de travail, de nombreuses personnes pensent qu’elles doivent
réprimer leurs sentiments de ressentiment ; cependant, cette
approche ne résout pas le problème, et les tensions s’enveniment.
Avec la technique du lâcher-prise, entrez en vous-même, et
identifiez les sentiments négatifs lorsqu’ils se présentent. Laissez-
les émerger sans les réprimer ni les évacuer. Puis déplacez votre
attention depuis ces sentiments vers autre chose. Laissez les
sentiments être là et laissez-les repartir.

QUESTION Vous recommandez de détourner l’attention du sentiment


négatif. En quoi est-ce différent de réprimer le sentiment ?
RÉPONSE La répression est un processus inconscient par lequel les
sentiments non acceptés sont rejetés hors de la conscience, sans
être traités. En déplaçant votre attention, vous faites le choix de ne
pas céder à l’émotion négative. Vous avez déjà identifié et accepté
ce sentiment en vous comme faisant partie de l’être humain, mais
vous choisissez de le laisser aller, parce que vous voulez quelque
chose de plus élevé – par exemple, la paix, l’harmonie et
l’accomplissement du travail. Les gens déplacent parfois leur
attention par des actions telles que le réagencement de leurs
meubles, l’ouverture et la fermeture de stores, un passage rapide
aux toilettes ou une petite pause-café. Ces actions permettent de
basculer du négatif au positif en un instant.

QUESTION Je remarque qu’il y a certains sentiments qui semblent


revenir souvent, alors que j’utilise la méthode avec régularité.
RÉPONSE La réapparition fréquente de sentiments négatifs indique
la nécessité d’une période d’observation des schémas récurrents.
Par exemple, la manière de gérer les émotions négatives peut
obéir à des modèles parentaux ou familiaux, ainsi qu’à des
modèles culturels. La manière de gérer les sentiments varie
beaucoup d’une culture à l’autre. Examinez donc les schémas
sous-jacents inconscients de votre réponse émotionnelle, et
relâchez-les.
QUESTION Que puis-je faire si un sentiment négatif à l’égard de
quelqu’un ou d’une situation persiste malgré mon intention et mes
efforts pour le relâcher ?
RÉPONSE Parfois, on est plus ou moins contraint de se soumettre à
une situation et de supposer qu’elle est karmique. En faisant des
recherches spirituelles, on découvre qu’elle est effectivement
karmique. Disons que vous êtes en train de payer le karma d’avoir
été méchant avec beaucoup de gens ! Maintenant, c’est à vous
d’avoir l’occasion d’expérimenter ce que c’est que d’avoir des gens
méchants autour de vous. Parfois, la seule chose raisonnable à
faire est de s’abandonner aux schémas karmiques. Vous n’avez
pas besoin de croire au karma en tant que doctrine religieuse pour
faire cette démarche. Il s’agit simplement d’accepter la loi
fondamentale des interactions humaines selon laquelle « on
récolte ce que l’on sème » ; et la plupart d’entre nous n’ont pas
toujours été des saints !

QUESTION Je suis enseignant, et, quelquefois, certains de mes élèves


m’agacent. En tant qu’enseignant, je veux être capable de surmonter
cette contrariété pour pouvoir leur être utile. Que me recommandez-
vous ?
RÉPONSE Tout d’abord, acceptez le fait que vous êtes contrarié et
qu’il est normal de l’être. C’est le prix de la conscience humaine.
Laissez la contrariété s’exprimer pleinement, sans la nommer ni en
faire une affaire personnelle. Au lieu d’y résister, demandez-en
davantage. Comprenez que c’est simplement l’énergie de la
négativité, et cette observation la dépersonnalise. Puis demandez-
vous si vous êtes disposé à laisser cette énergie partir. Souvent,
elle se dissipe.

QUESTION Je suis marié et heureux dans mon couple, mais il y a des


moments d’agacement, de frustration et de désaccord. Comment
puis-je gérer le fait de me sentir frustré et agacé par mon conjoint ?
RÉPONSE Nous avons déjà dit qu’il était normal d’être agacé. Cela
fait partie de l’être humain. Familiarisez-vous avec la manière
d’être de l’autre personne et son mode d’expression. Il y a souvent
des attitudes et des préférences différentes. Les différences les
plus courantes concernent la température ambiante, le réglage du
volume de la télévision et la manière de dépenser l’argent. La clé
est de ne pas juger les préférences de l’autre, et de ne pas se
sentir fier de ses propres préférences en les considérant comme
« la bonne voie ». Chacun accepte le caractère humain de l’autre
et le fait que, forcément, chacun aura parfois des attitudes
différentes de l’autre.

QUESTION De telles différences, en apparence mineures, conduisent


souvent à l’effondrement d’une relation, parce que l’un critique
l’autre ou veut le faire changer de comportement. Comment les
couples peuvent-ils vivre en paix au lieu de se disputer ?
RÉPONSE Il faut simplement accepter que toutes les relations
connaissent des hauts et des bas. Il faut avoir le sens de l’humour
à propos de la condition humaine elle-même, de ses apparentes
contradictions et de ses paradoxes. Vous voulez que votre
partenaire soit heureux et qu’il se sente bien, et vous savez que
vous êtes heureux et que vous vous sentez bien quand il l’est, lui
aussi. Avec un mode de vie paisible, il se produit un ajustement
mutuel. Laissez tomber les jugements, les reproches et le contrôle
de l’autre. Renoncez à vouloir qu’il soit différent de ce qu’il est.
Nous avons tous nos défauts. Il peut être amusant de dresser une
liste de nos propres défauts. Nous pouvons décider de ne pas
nous concentrer sur les aspects négatifs de notre environnement
ou de notre relation. Les gens peuvent tolérer les tensions et les
différences pendant des durées variables ; et, à différents âges, on
est capable de tolérer plus ou moins certaines choses.

QUESTION Qu’en est-il des émotions négatives que peuvent éprouver


les parents dans leurs relations avec leurs enfants ?
RÉPONSE La tolérance à l’égard des comportements des enfants
varie en fonction du contexte culturel, du sexe, de l’âge, des
opinions morales et d’autres facteurs. Vous supportez des choses
en maternelle que vous ne tolérez pas au CE2. Il est fréquent que
les parents doivent renoncer à leurs attentes vis-à-vis de leurs
enfants. Que ressent un musicien expert face à son enfant qui n’a
aucune compétence ni inclination musicale ? Les attentes sont des
pressions subtiles sur l’autre personne, et cette dernière leur
résistera inconsciemment. En tant que parent, il convient de
renoncer à vos attentes et à vos préférences personnelles. Si vous
êtes un expert en billard, pouvez-vous accepter d’être déçu par le
fait que votre enfant soit nul au billard ?
Un autre problème courant est la surprotection.
Parfois, un parent confond son amour pour son enfant déjà grand
avec le fait de le sortir de toutes les ornières. À un certain âge,
l’amour peut devenir trop « pesant ». En d’autres termes, il faut
laisser l’enfant trouver son propre chemin pour se sortir du pétrin
qu’il a créé, afin qu’il ait l’occasion de découvrir ses propres
ressources intérieures.

QUESTION Si je lâche prise sur beaucoup de culpabilité, cette


méthode n’entraînera-t-elle pas la promiscuité ?
RÉPONSE Au contraire, la promiscuité est basée sur une faible
estime de soi, l’exploitation et le manque d’amour. L’abandon de la
négativité et de l’égoïsme, le souci des autres, le plaisir accru de
leur compagnie et une meilleure estime de soi modifient la
perspective des relations. La capacité d’aimer augmente
rapidement. Une grande partie de la promiscuité est une tentative
de surmonter des peurs inconscientes et de chercher à se
rassurer. Il est possible de se libérer de ces peurs et de les
remplacer par des relations plus mûres.

QUESTIONJ’ai suivi une thérapie sexuelle basée sur la rééducation


comportementale. Serait-ce compatible ?
RÉPONSE Il n’y a aucune incompatibilité. La rééducation
comportementale est une tentative de remplacer les programmes
négatifs par des programmes positifs. En substance, il s’agit de
remplacer « Je ne peux pas » par « Je peux ». C’est en cela que
consiste cette technique du lâcher-prise.

QUESTION La technique du lâcher-prise peut-elle guérir l’impuissance


ou la frigidité ?
RÉPONSE Cette technique n’est pas un remède pour quoi que ce
soit ; c’est une méthode d’auto-investigation qui permet de prendre
rapidement conscience des sentiments, des pensées et des
croyances personnelles. La frigidité et l’impuissance sont des
déclarations au niveau comportemental du type « Je ne peux
pas » ; ce qui signifie, dans l’inconscient : « Je ne le ferai pas ».
Elles sont toutes deux des résistances à la joie, à l’amour, à
l’expression et à la vitalité. Les causes les plus courantes sont la
culpabilité, la peur et la colère refoulées, des émotions qui se
déversent à travers le système nerveux autonome. L’impuissance
et la frigidité sont des expressions de conflit. La plupart des
personnes qui utilisent la technique du lâcher-prise signalent des
améliorations globales de leur vie sexuelle de diverses manières,
et beaucoup ont indiqué une guérison des inhibitions sexuelles. De
même, beaucoup ont également signalé le soulagement des excès
sexuels et de la préoccupation excessive pour ce sujet.

QUESTION Quel est le lien entre le mécanisme du lâcher-prise et le


processus du vieillissement ?
RÉPONSE Le mécanisme du lâcher-prise facilite un vieillissement
serein. Vieillir entraîne un bouleversement dans notre mode de vie.
Il y a souvent un déclin de la vision, de l’ouïe et de la mobilité ; ce
qui signifie que l’on dépend de plus en plus des soins des autres
pour des choses qu’auparavant on accomplissait seul sans
problème. La vieillesse peut être contrariante. Soudain, on se
retrouve incompétent dans des domaines où l’on excellait
autrefois. Cependant, au fur et à mesure que l’on abandonne le
sentiment d’agacement, on s’aperçoit que les limitations
croissantes de la vieillesse servent à quelque chose. Elles nous
préparent à quitter ce monde. Si nous étions encore impliqués
comme des « stars » dans un domaine de la vie, nous
n’apprécierions pas de partir. Nous ne serions pas très contents à
cette idée. Tandis que nous déclinons, nous avons le temps de
nous adapter, de nous habituer au fait que nous allons partir et de
faire tout travail spirituel que nous souhaitons avoir achevé au
moment de notre départ.
Lorsque nous acceptons le processus du vieillissement comme
faisant tout simplement partie de la condition humaine, nous nous
réconcilions avec lui. Nous devenons plus aimants et
reconnaissants de l’amour et de l’attention des autres envers nous.
Plus nous devenons aimants, plus nous constatons que tout le
monde tente de nous aider. Et c’est les aimer que de leur
permettre de nous être utiles. Les gens pensent : « Oh, je suis
égoïste, si je permets à quelqu’un d’être utile à ma vie. » En réalité,
c’est être généreux. Car la générosité est la volonté de partager
notre vie avec les autres. C’est un cadeau aux autres que de leur
permettre de nous aimer.

Le mécanisme
QUESTION Comment peut-on rendre le lâcher-prise plus constant ?
RÉPONSE Le secret pour utiliser ce mécanisme plus souvent et plus
régulièrement est, en premier lieu, le désir de le faire. C’est l’étape
numéro 1. Il faut vouloir se libérer de ce sentiment plus que vouloir
le garder. Parfois, c’est juste une question de mémoire, et il est
possible d’utiliser une sorte de pense-bête pour s’en souvenir.
Une autre possibilité est de mettre en place une routine. Il est
excellent de commencer la journée en abandonnant nos pensées
et nos sentiments au sujet de nos attentes, d’imaginer la manière
dont nous aimerions qu’elle se déroule et de lâcher prise sur toutes
les pensées négatives qui pourraient empêcher cette journée de se
dérouler ainsi. Puis, à la fin de la journée, nous pouvons nous
asseoir et relâcher tout ce qui s’est produit au cours de cette
journée, et que nous n’avons pas vu ou à quoi nous n’avons pas
eu le temps de prêter attention. C’est ce que l’on appelle « faire le
ménage » ; et la plupart des gens constatent qu’ainsi ils dorment
mieux.
Une autre possibilité est de noter toutes nos réussites dans un
cahier. Nous pourrions y noter l’objectif d’un lâcher-prise constant
et y mentionner le suivi des résultats obtenus.
Un autre moyen consiste à abandonner notre résistance au lâcher-
prise et, au début de la journée, à réaffirmer notre intention
d’abandonner toute négativité ce jour-là. Nous réaffirmons alors
aussi que nous sommes libres de ne pas lâcher prise. Après tout,
c’est entièrement une question de choix. Oublions tout sentiment
de contrainte à ce sujet. Il n’y a pas de « Je devrais ».

QUESTION Selon vous, quelle est la cause la plus fréquente de notre


résistance au lâcher-prise ?
RÉPONSE Nous croyons que, d’une manière ou d’une autre, si nous
nous accrochons à un sentiment précis, il nous permettra d’obtenir
ce que nous voulons. Si nous restons bloqués dans un sentiment,
il est utile de nous demander ce que nous pensons avoir accompli
en nous y agrippant. Nous constaterons presque toujours que nous
avons un fantasme selon lequel ce sentiment aura un effet sur une
autre personne et modifiera son comportement ou son attitude
envers nous. Si nous abandonnons cela, nous serons disposés à
abandonner ce sentiment.

QUESTION Si je lâche prise tout le temps, ne vais-je pas devenir


passif ?
RÉPONSE Au contraire, le fait de lâcher prise permettra de dégager
les chemins pour une action efficace. La passivité est souvent due
à l’inhibition et à l’incapacité de trouver d’autres moyens de gérer
une situation. Par exemple, une personne dira : « Lors de cette
conférence, l’orateur m’a tellement mis en colère que je suis resté
assis sans rien dire. » Or la nature du problème est assez claire.
Le fait de ne rien dire est dû à la colère et au fait que la personne
imaginait que la seule réponse émotionnelle possible était la
colère. Et, comme cette réaction est considérée comme
inappropriée dans un environnement professionnel, elle n’a rien dit.
Si elle avait évacué sa colère, cette personne aurait pu s’affirmer
avec confiance et exprimer son opinion, au lieu de se taire.

QUESTION En thérapie, j’ai appris à exprimer ma colère et je pense


que c’est très utile. Dois-je y renoncer ?
RÉPONSE Si vous observez la colère, vous verrez que son
fondement est presque toujours la peur. Nous nous fâchons parce
que nous avons été menacés. La menace suscite la peur. La peur
signifie que nous sentons que nous ne sommes pas à la hauteur
de la situation. Sur le plan biologique, la colère revient à nous
gonfler pour intimider notre adversaire. La colère vient de la
faiblesse plutôt que de la force. La personne qui a lâché prise
s’appuie donc sur la force plutôt que sur la faiblesse. La personne
qui a lâché prise n’a pas besoin de se rabattre sur la colère pour
gérer une situation. De plus, on ne peut pas compter sur la colère.
Sans parler du fait qu’elle a de nombreux effets destructeurs ; par
exemple, elle vous contrôle au lieu que vous la contrôliez. Une
personne qui a totalement lâché prise est libre de choisir
d’exprimer sa colère si elle le souhaite ; mais, si elle le fait, c’est
par choix, et non pas par nécessité. La colère – en particulier, la
colère chronique – a des effets délétères sur les organes du corps ;
et les recherches en médecine psychosomatique ont montré que la
colère refoulée est associée à l’hypertension, à l’arthrite et à
diverses autres maladies.

QUESTION Vous avez indiqué que l’abandon est un mécanisme


psychologique naturel de l’esprit. Si tel est le cas, comment se fait-il
que nous devions apprendre à le faire ?
RÉPONSE Bien qu’il soit vrai que l’abandon, ou le lâcher-prise, est un
mécanisme naturel de l’esprit, il faut nous rappeler que l’esprit a de
multiples motivations contradictoires. Alors qu’une partie de notre
esprit aimerait être libérée de la tension provoquée par un
sentiment, une autre partie est programmée pour croire que
s’accrocher à ce sentiment permettra d’obtenir – comme par magie
– le résultat souhaité. À moins que l’on soit conscient et que l’on
maîtrise la technique, les conflits de l’esprit prévaudront et
domineront. Fondamentalement, la technique du lâcher-prise nous
donne le pouvoir de choisir entre les tendances de l’esprit. Au lieu
que vous soyez sous l’influence de votre esprit, ce dernier est
maintenant sous votre contrôle. Cela apporte la liberté et la
capacité de libre choix.

QUESTION L’acceptation me pose problème. Que recommandez-


vous ?
RÉPONSE Détournez votre attention vers ce qui est vraiment
essentiel sur le plan de l’expérience. Certains jours, il pleut ;
certains jours, il fait beau ; et certains jours, le ciel est nuageux.
Vous ne pouvez pas stopper la pluie, mais vous pouvez mettre un
imperméable. Vous pouvez être réaliste et prendre les mesures
nécessaires pour rester au sec. Il y a de nombreux aspects de la
vie que vous ne pouvez pas changer, mais vous pouvez lâcher
prise sur vos attentes ou sur votre besoin qu’ils soient différents de
ce qu’ils sont. Si vous vous mettez à observer, vous remarquerez
par exemple qu’il y a toujours une guerre quelque part dans le
monde. Ainsi, pour être pacifique, il faut accepter que la guerre
fasse partie de la nature humaine, et qu’il en a toujours été ainsi.
L’humanité a été en guerre 97 % du temps.

QUESTION Je me rends compte que la peur et l’insécurité m’ont guidé


tout au long de ma vie, mais il semble que ces motivations
expliquent aussi ma réussite financière. Si j’apprends à lâcher prise,
cela affectera-t-il négativement mes revenus ?
RÉPONSE Lorsqu’il a abandonné une motivation inférieure, l’esprit la
remplace automatiquement par un sentiment et une motivation
plus élevés. Qu’y a-t-il de mal à aimer gagner sa vie, au lieu d’être
gouverné par la peur ? La même activité se poursuivra, mais,
désormais, à partir d’un espace agréable ; et elle commencera à
apporter de nombreuses récompenses autres que simplement
financières.

QUESTION En l’absence de culpabilité, les gens ne se comporteront-ils


pas mal ?
RÉPONSE Comme nous l’avons déjà dit dans une réponse
précédente, l’attention affectueuse portée aux autres remplace
l’inhibition due à la culpabilité. Plus nous devenons aimants, plus
nous devenons inoffensifs pour les autres et pour la société en
général. Lorsque nous nous soucions, avec amour, du bien-être
des autres, notre propre bien-être est pris en charge et assuré.

QUESTION J’ai une mauvaise mémoire. Pensez-vous que je pourrais


apprendre cette technique ?
RÉPONSE Il n’y a rien à mémoriser dans l’apprentissage de cette
technique. C’est simplement une manière de lâcher prise. Jusqu’à
présent, nous n’avons entendu parler d’aucune personne qui aurait
été incapable de l’apprendre.

QUESTION Parfois, je pense que je lâche prise, et parfois je n’en suis


pas sûr. Je suis confus. Quel est le problème ?
RÉPONSE Examinez les résistances au processus du lâcher-prise. Y
a-t-il des pensées négatives, des doutes ou des sentiments sur
votre capacité à employer cette technique ? Laissez toutes ces
résistances émerger, acceptez-les et laissez-les partir. Affirmez
votre intention de devenir une personne plus heureuse, plus
aimante et plus paisible.

S’abandonner à l’Ultime
QUESTION Vous avez mentionné « le lâcher-prise à grande
profondeur » comme une méthode par laquelle nous faisons
l’expérience de la Réalité ultime. Pouvez-vous décrire ce qu’il se
produit ?
RÉPONSE Nous pourrions appeler cela la « course finale ». Au fur et
à mesure que nous appliquons la technique du lâcher-prise à tous
les domaines de notre vie, sans exception, l’énergie du travail
spirituel devient de plus en plus forte. Notre attention reste
soutenue, nous respectons une méthode ; peu importe ce qu’il se
produit.
Certaines personnes disent : « J’ai effectué un travail spirituel par
intermittence pendant trente ans, et j’en suis toujours à la case
départ. » Elles ont médité un peu ici, prié un peu là-bas, assisté à
quelque atelier, écouté un orateur, lu un livre ; et tout cela est resté
sporadique. Aucun problème. Elles étaient occupées dans le
monde et ont accumulé des données dont elles savent qu’elles les
utiliseront plus tard.
Mais, ensuite, il arrive un moment où cela signifie effectuer une
pratique déterminée, sans exception et continuellement. La
dévotion à la Vérité devient prépondérante. Ce n’est pas vous qui
la dirigez. Vous êtes entraîné par votre propre destin ; c’est par
votre propre engagement karmique que vous avez choisi la
destinée ultime. À ce stade, admettons que vous utilisiez la
technique de l’abandon. Cela signifie vous abandonner et lâcher
prise sur tout, au moment même où cela se présente. Cela se
produit en 1/10 000e de seconde – cela arrive, cela culmine, puis
cela repart. Ainsi, vous lâchez prise sur chaque sentiment, chaque
pensée, chaque désir au moment où il atteint son sommet. Cela
devient continu, non-stop.
Comme je l’ai mentionné précédemment, je me souviens avoir
lâché prise sur un attachement sévère pendant onze jours – assis,
et ne faisant rien d’autre que d’abandonner cet attachement.
J’abandonnais chaque pensée, chaque sentiment, chaque
souvenir et tout ce qui s’y rapportait à l’instant où cela surgissait.
Le chagrin que nous ressentons lorsque nous perdons un membre
de notre famille ne provient pas seulement du fait de perdre cette
personne ici et maintenant. C’est une accumulation de l’énergie de
tous les morts de toutes les vies. Ce lâcher-prise particulier a duré
onze jours sans interruption, jour et nuit. Finalement, ça s’est
arrêté. C’est parti pour toujours. Je ne serai plus jamais sujet à
cela.
Ainsi, un travail spirituel sérieux est une volonté continue de laisser
aller les choses au fur et à mesure qu’elles surviennent. C’est la
volonté de renoncer à vouloir tout contrôler au fur et à mesure que
cela se présente, la volonté de renoncer à vouloir changer les
choses pour qu’elles soient telles que nous le voulons. Très
souvent, il y a des illusions sur la nature de la Réalité, que nous
devons également abandonner. Le bien et le mal, le désirable et
l’indésirable : tout cela réside dans le mental. Dans la Réalité, le
soleil brille et puis les nuages arrivent, la pluie tombe et l’herbe
pousse et meurt ; la Bourse monte et descend ; les années vont et
viennent ; les personnes naissent et meurent. Ainsi, il y a le flux et
le reflux. Si vous vous trouvez à cette étape du cycle, il ne sert à
rien de vous lamenter, car ce cycle se terminera de lui-même. En
lâchant prise sur tout ce qui monte dans le cycle, il finit par
disparaître. Vous le faites disparaître en choisissant de ne faire
qu’un avec lui et en refusant de vouloir le changer au fur et à
mesure qu’il se présente. Faites-le continuellement, quoi qu’il
arrive, sans arrêt.
Cela signifie que vous ne pouvez pas faire une exception ici ou
une exception là. Cela signifie qu’il faut le faire continuellement,
avec tout le monde et avec tout. La ou les choses derrière
lesquelles vous vous cachez constituent probablement un pilier.
C’est pourquoi vous vous y accrochez. Ce n’est pas seulement
cette personne désagréable que vous détestez : pour vous, elle
représente toute une montagne de cette énergie. Vous ne pouvez
tout simplement pas faire abstraction de votre belle-mère !
Finalement, on lâche prise sur tout ce qui fait obstacle à la
Présence. La Présence est tellement évidente, surprenante,
écrasante, qu’elle ne fait aucun doute. Elle est profonde, totale,
enveloppante, absolument imposante, totalement transformatrice
et complètement indubitable. Quand tout ce qui fait obstacle sur le
chemin est abandonné, Elle est là, brillant de mille feux.
Au lieu de considérer cela comme une éventualité pour le futur,
vous pouvez vous l’approprier dès maintenant. L’illumination n’est
pas quelque chose qui se produit dans le futur, après
cinquante ans passés en position assise, les jambes croisées, à
dire « OM ». Elle se produit juste ici, en cet instant. La raison pour
laquelle nous n’expérimentons pas cet état de paix totale et
d’intemporalité est que nous y résistons. Nous y résistons parce
que nous tentons de contrôler l’instant. Si nous renonçons à tenter
de contrôler notre expérience de l’instant, et si nous l’abandonnons
constamment comme une note de musique, alors nous vivons
exactement sur la crête de cette permanence. L’expérience surgit
comme une note de musique. Dès que nous entendons une note,
elle est déjà en train de disparaître. À l’instant où nous l’avons
entendue, elle se dissout déjà. Ainsi, chaque instant se dissout au
fur et à mesure qu’il survient. Cessons d’anticiper le moment
suivant, de tenter de le contrôler, d’essayer de nous accrocher au
moment qui vient de passer. Cessons de nous agripper à ce qui
vient de se produire. Lâchons prise sur la tentative de contrôler ce
que nous croyons être sur le point de se produire. Alors nous
vivrons dans un espace infini de non-temps et de non-événement.
Il y aura une paix infinie et indicible. Et nous serons chez nous.
ANNEXES
Annexe A :
la Carte de la Conscience®
Annexe B :
la procédure de test musculaire
Informations générales
Les dimensions du champ énergétique de la conscience sont
infinies. Des niveaux spécifiques sont en corrélation avec la
conscience humaine et ont été calibrés de 1 à 1 000. (Voir
annexe A : la Carte de la Conscience.) Ces champs d’énergie
reflètent et dominent la conscience humaine.
Tout dans l’univers émet une fréquence spécifique ou un infime
champ d’énergie qui reste en permanence dans le champ de la
conscience. Ainsi, chaque personne, ou chaque être, qui a jamais
vécu et tout ce qui le concerne, y compris tout événement, pensée,
acte, sentiment ou attitude, est enregistré pour toujours et peut être
récupéré à tout moment dans le présent ou dans le futur.

La technique
La réponse au test musculaire est une simple réponse « oui » ou
« non oui » (non) à un stimulus spécifique. Pour ce faire, le sujet
tend le bras ; et le testeur appuie sur le poignet du bras tendu avec
deux doigts, et en exerçant une légère pression. Habituellement, le
sujet tient une substance à tester sur son plexus solaire avec l’autre
main. Le testeur dit au sujet : « Résistez ». Si la substance testée
est bénéfique pour le sujet, son bras sera fort. Si elle n’est pas
bénéfique ou si elle a un effet indésirable, son bras s’affaiblira. La
réponse est très rapide et brève.

Il est important de noter que l’intention ainsi que le testeur et la personne


testée doivent se calibrer au-delà de 200, afin de pouvoir obtenir des
réponses précises.

L’expérience de groupes de discussion en ligne a montré que de


nombreux étudiants obtiennent des résultats inexacts. Des
recherches plus poussées montrent qu’au calibrage 200, il y a
encore 30 % de risques d’erreur. Plus les niveaux de conscience de
l’équipe de test sont élevés, plus les résultats sont précis. La
meilleure approche est celle du détachement clinique, en formulant
un énoncé avec la déclaration préalable : « Au nom du plus grand
bien, _____ se calibre comme vrai. Plus de 100, plus de 200 », etc.
La contextualisation « Au nom du plus grand bien » augmente la
précision, car elle transcende les intérêts et les motifs personnels
égoïstes.
Durant de nombreuses années, ce test a été considéré comme
une réponse locale du système d’acupuncture ou du système
immunitaire du corps. Toutefois, des recherches ultérieures ont
révélé que la réponse n’est absolument pas une réponse locale du
corps, mais plutôt une réponse générale de la conscience elle-même
à l’énergie d’une substance ou d’une déclaration. Ce qui est vrai,
bénéfique ou favorable à la vie donne une réponse positive qui
découle du champ de conscience impersonnel, présent dans tout
être vivant. Cette réponse positive est indiquée par la musculature
du corps qui devient plus forte. Il existe également une réponse
pupillaire associée (les pupilles se dilatent avec le faux, et se
contractent avec le vrai), ainsi que des altérations de la fonction
cérébrale révélées par l’imagerie magnétique. (Pour plus de
commodité, le muscle deltoïde est généralement celui qui est le plus
utilisé comme muscle indicateur ; cependant, n’importe quel muscle
du corps peut être utilisé.)
Avant de poser une question (sous forme de déclaration), il est nécessaire
d’en demander la permission en affirmant : « J’ai la permission de
poser des questions sur ce que j’ai à l’esprit » (oui/non). Ou : « Ce
calibrage sert le plus grand bien. »
Si une affirmation est fausse ou si une substance est nocive, les
muscles s’affaiblissent rapidement en réponse à l’ordre « Résistez ».
Cela indique que le stimulus est négatif, faux, contraire à la vie, ou
que la réponse est « non ». La réponse est rapide et de courte
durée. Après cela, le corps récupère rapidement et revient à une
tension musculaire normale.
Il y a trois manières de réaliser des tests. Celle qui est utilisée dans
la recherche – et qui est aussi la plus fréquemment employée –
nécessite deux personnes : le testeur, et le sujet du test. Il est
préférable de choisir un environnement calme, sans musique de
fond. Le sujet du test ferme les yeux. Le testeur doit formuler la
question à poser sous la forme d’une affirmation. La réponse musculaire
à cette affirmation peut être « oui » ou « non ». Par exemple, une
forme incorrecte serait de demander : « Ce cheval est-il en bonne
santé ? » La forme correcte consiste à faire la déclaration suivante :
« Ce cheval est en bonne santé. » Ou son corollaire : « Ce cheval
est malade. »
Après avoir fait cette déclaration, le testeur dit « Résistez » au
sujet du test, qui tient son bras tendu parallèlement au sol. Le
testeur appuie brusquement, avec deux doigts, sur le poignet du
bras tendu en exerçant une pression légère. Le bras du sujet du test
sera soit fort – indiquant un « oui » –, soit faible – indiquant un « non
oui » (non). La réponse est brève et immédiate.
Une deuxième méthode est celle de l’anneau en O qui peut être
effectuée par une personne seule. La personne maintient fermement
le pouce et le majeur de la même main en forme de O, et utilise
l’index recourbé de la main opposée pour tenter de les séparer. Il y a
une différence notable de force entre une réponse « oui » et une
réponse « non ».
La troisième méthode est la plus simple, même si, à l’instar des
autres, elle nécessite un peu de pratique. Il suffit de soulever un
objet lourd – par exemple, un gros dictionnaire ou simplement
quelques briques – depuis une table à hauteur de la taille. Gardez à
l’esprit une image ou une déclaration vraie à calibrer, puis soulevez
l’objet. Ensuite, pour le contraste, gardez à l’esprit quelque chose
que vous savez être faux. Notez la facilité avec laquelle vous
soulevez l’objet lorsque la vérité est présente à l’esprit, et l’effort plus
important qui est nécessaire pour le soulever lorsque la déclaration
est fausse (non vraie). Les résultats peuvent être vérifiés par
l’utilisation des deux autres méthodes.

Calibrage de niveaux spécifiques


Le point critique entre le positif et le négatif, entre le vrai et le faux,
ou entre ce qui est constructif ou destructeur, se situe au niveau de
calibrage de 200 (voir carte en annexe A). Tout ce qui est supérieur
à 200, ou vrai, rend le sujet plus fort ; tout ce qui est inférieur à 200,
ou faux, rend le bras plus faible.
Toute chose passée ou présente – y compris les images ou les
déclarations, les événements historiques ou les personnages – peut
être testée. Il n’est pas nécessaire de les verbaliser.

Le calibrage numérique
Exemple : « Les enseignements de Ramana Maharshi se calibrent à
plus de 700. » (O/N). Ou : « Hitler a été calibré à plus de 200. »
(O/N). « Quand il avait 20 ans. » (O/N). « La trentaine. » (O/N). « La
quarantaine. » (O/N). « Au moment de sa mort. » (O/N).

Applications
Le test musculaire ne peut pas être utilisé pour prédire l’avenir ;
hormis cela, il n’y a pas de limites à ce qui peut être demandé.
La conscience n’a pas de limites dans le temps ni dans l’espace ;
cependant, l’autorisation peut être refusée. Tous les événements
actuels ou historiques sont disponibles pour être interrogés. Les
réponses sont impersonnelles et ne dépendent pas des systèmes de
croyances du testeur ou du sujet testé. Par exemple, le protoplasme
recule face aux stimuli nocifs, et la chair saigne. Ce sont les
caractéristiques de ces matériaux de test, et elles sont
impersonnelles. La conscience ne connaît que la vérité, parce que
seule la vérité existe réellement. Elle ne répond pas au mensonge,
parce que le mensonge n’existe pas dans la Réalité. Elle ne
répondra pas non plus avec précision aux questions non intègres ou
égoïstes.
Plus précisément, la réponse au test est soit une réponse « on »,
soit simplement une réponse « non on ». Comme pour un
interrupteur électrique, nous disons que l’électricité est « on »
(allumée) ; et, lorsque nous utilisons le terme « off », nous voulons
simplement dire qu’elle n’est pas là. En réalité, le « off » n’existe pas.
C’est une affirmation subtile, mais cruciale pour la compréhension
de la nature de la conscience. La conscience n’est capable de
reconnaître que la Vérité. Elle ne parvient tout simplement pas à
répondre au mensonge. De même, un miroir ne reflète une image
que s’il y a un objet à refléter. Si aucun objet n’est présent devant le
miroir, il n’y a pas d’image réfléchie.

Pour calibrer un niveau


Les niveaux calibrés se rapportent à une échelle de référence
spécifique. Pour obtenir les mêmes chiffres que dans le tableau de
l’annexe A, il faut se référer à ce tableau ou à une déclaration telle
que : « Sur une échelle de conscience humaine de 1 à 1 000, où 600
indique l’Illumination, ce _____ calibre sur _____ (un nombre) ».
Ou : « Sur une échelle de conscience où 200 est le niveau de la
Vérité, et 500 celui de l’Amour, cette déclaration se calibre sur
_____ ». (Indiquez un nombre précis.)

Un commentaire d’ordre général


Habituellement, les gens veulent distinguer le vrai du faux. Par
conséquent, la déclaration doit être faite de manière très précise.
Évitez d’utiliser des termes généraux tels que « un bon emploi
auquel postuler ». « Bon », dans quel sens ? En termes d’échelle
salariale ? De conditions de travail ? D’opportunités de promotion ?
D’équité du patron ?

L’expertise
Être familiarisé avec le test permet d’acquérir progressivement une
expertise en la matière. Les bonnes questions à poser commencent
à surgir et peuvent atteindre une précision quasiment incroyable. Si
le même testeur et le même sujet du test travaillent ensemble
pendant un certain temps, l’un d’eux ou les deux développeront ce
qui peut devenir une précision et une capacité étonnantes à identifier
exactement les questions spécifiques à poser, même si le sujet est
totalement inconnu de l’un ou de l’autre. Par exemple, le testeur a
perdu un objet et commence par dire : « Je l’ai laissé dans mon
bureau. » (Réponse : non.) « Je l’ai laissé dans la voiture. »
(Réponse : non.) Tout à coup, le sujet du test voit presque l’objet et
dit : « Demandez, au dos de la porte de la salle de bains. » Le sujet
du test dit : « L’objet est suspendu au dos de la porte de la salle de
bains. » (Réponse : oui.) Dans ce cas précis, le sujet du test ne
savait même pas que le testeur s’était arrêté pour faire le plein et
qu’il avait oublié sa veste dans les toilettes d’une station-service. Il
est possible d’obtenir n’importe quelle information sur n’importe quoi,
n’importe où dans le temps ou l’espace, dans le présent ou le passé,
à condition d’avoir reçu une autorisation préalable. (Parfois, on
obtient un « non », peut-être pour des raisons karmiques ou pour
d’autres raisons inconnues.) En vérifiant par recoupement,
l’exactitude peut être facilement confirmée. Pour quiconque apprend
cette technique, il y a plus d’informations disponibles instantanément
que ne peuvent en contenir tous les ordinateurs et bibliothèques du
monde. Les possibilités sont donc évidemment illimitées ; et les
perspectives, époustouflantes.

Les limites
Ce test n’est précis que si les sujets, eux-mêmes, se calibrent à plus
de 200 et si l’intention d’utilisation du test est intègre et qu’elle se
calibre à plus de 200. La condition est une objectivité désintéressée
et un alignement sur la vérité plutôt que sur une opinion subjective.
Ainsi, essayer de prouver un résultat aura pour conséquence
d’annuler l’exactitude. Environ 10 % de la population ne sont pas en
mesure d’utiliser la technique du test kinésiologique pour des raisons
qui restent indéterminées. Parfois, les couples mariés, pour des
raisons encore inconnues, ne peuvent pas s’aider mutuellement
comme sujets du test et doivent trouver une troisième personne
comme partenaire.
Un sujet de test approprié est une personne dont le bras devient
fort lorsqu’elle pense à un objet ou à une personne aimée, et devient
faible lorsqu’elle pense à quelque chose de négatif (peur, haine,
culpabilité, etc.). Par exemple, Winston Churchill rend fort, et
Oussama Ben Laden rend faible.
Il peut aussi arriver qu’un sujet de test approprié donne des
réponses paradoxales. Le plus souvent, cela peut être résolu par un
tapotage thymique : avec le poing fermé, tapotez trois fois sur la
partie supérieure du sternum, souriez et dites « ha-ha-ha » à chaque
coup, tout en imaginant mentalement quelqu’un ou quelque chose
que vous aimez. Le déséquilibre temporaire disparaîtra alors.
Le déséquilibre peut être dû au fait d’avoir été récemment en
contact avec des personnes négatives, d’avoir écouté de la musique
rock heavy metal, d’avoir regardé des programmes télévisés
violents, d’avoir joué à des jeux vidéo violents, etc. L’énergie
musicale négative a, sur le système énergétique du corps, un effet
délétère qui perdure jusqu’à une demi-heure après avoir éteint
l’appareil. Les publicités télévisées ou sonores sont également une
source fréquente d’énergie négative.
Comme indiqué précédemment, cette méthode de discernement
entre le vrai et le faux et les niveaux calibrés de vérité répond à des
exigences strictes. En raison de ces limitations, des niveaux calibrés
sont fournis pour une référence immédiate dans mon livre Truth vs
Falsehood (Vérité vs mensonge).

Explication
Le test de résistance musculaire est indépendant des opinions ou
des croyances personnelles, et constitue une réponse impersonnelle
du champ de conscience, tout comme le protoplasme est
impersonnel dans ses réponses. Cela peut être démontré par
l’observation que les réponses au test sont les mêmes, qu’elles
soient verbalisées ou maintenues en silence dans le mental. Ainsi, le
sujet du test n’est pas influencé par la question, car il ne sait même
pas de quoi il s’agit. Pour le démontrer, faites l’exercice suivant :
Le testeur pense à une image inconnue du sujet et déclare :
« L’image que je garde à l’esprit est positive » (ou « vraie », ou « est
calibrée à plus de 200 », etc.). Sur demande, le sujet du test résiste
alors à la pression vers le bas exercée sur son poignet. Si le testeur
garde une image positive à l’esprit (par exemple, Abraham Lincoln,
Jésus, Mère Teresa, etc.), le muscle du bras du sujet du test
deviendra fort. Si le testeur a en tête une fausse déclaration ou une
image négative (par exemple, Ben Laden, Hitler, etc.), le bras
s’affaiblit. Dans la mesure où le sujet du test ignore ce que le testeur
a en tête, les résultats ne sont pas influencés par ses croyances
personnelles.

Disqualifications
Le scepticisme (cal. 160) et le cynisme, ainsi que l’athéisme, se
calibrent en dessous de 200, car ils reflètent un préjugé négatif. En
revanche, une véritable recherche requiert une ouverture d’esprit et
une honnêteté dépourvue de vanité intellectuelle. Les études
négatives de la méthodologie du test sont toutes calibrées en
dessous de 200 (généralement à 160), tout comme les chercheurs
eux-mêmes.
Le fait que même des professeurs célèbres puissent calibrer en
dessous de 200 peut sembler surprenant pour le commun des
mortels. Aussi les études négatives sont-elles la conséquence d’un
biais négatif. À titre d’exemple, le plan de recherche de Francis Crick
– qui a permis la découverte de la double hélice de l’ADN – a été
calibré à 440. Son dernier projet de recherche, dont l’objectif était de
prouver que la conscience est un simple produit de l’activité
neuronale, n’a été calibré qu’à 135. (Il était athée.)
L’échec des chercheurs qui, par eux-mêmes ou en raison d’une
erreur de conception de leur recherche, calibrent en dessous de 200
(généralement à 160), confirme la véracité de la méthodologie
même qu’ils prétendent réfuter. Ils devraient obtenir des résultats
négatifs, et c’est ce qu’ils font ; ce qui prouve paradoxalement la
précision du test pour détecter la différence entre l’intégrité
impartiale et la non-intégrité.
Toute nouvelle découverte peut provoquer un bouleversement et
être considérée comme une menace pour le statu quo des systèmes
de croyances dominants. Le fait que la recherche sur la conscience
valide la Réalité spirituelle va évidemment précipiter la résistance,
car il s’agit, en réalité, d’une confrontation directe avec la domination
du noyau narcissique de l’ego lui-même, qui est par nature
présomptueux et obstiné.
En dessous du niveau de conscience 200, la compréhension est
limitée par la domination du mental inférieur qui est, certes, capable
de reconnaître les faits, mais pas encore de comprendre ce que
signifie le terme de vérité (il confond res interna et res externa), et que
la vérité a des manifestations physiologiques différentes de celles de
ce qui est faux. En outre, la vérité est intuitive, comme le prouvent
l’analyse de la voix, l’étude du langage corporel, la réponse
pupillaire, les modifications de l’électroencéphalogramme, les
fluctuations de la respiration et de la pression sanguine, la réponse
galvanique de la peau, la radiesthésie, et même la technique Huna
qui consiste à mesurer la distance à laquelle l’aura rayonne autour
du corps. Certaines personnes ont une technique très simple qui
utilise le corps debout comme pendule (il tombe en avant lorsque
c’est vrai, et en arrière lorsque c’est faux).
Dans un contexte plus poussé, les principes qui prévalent sont que
la Vérité ne peut être réfutée par le mensonge, pas plus que la
lumière ne peut être réfutée par l’obscurité. Le non-linéaire n’est pas
soumis aux limitations du linéaire. La Vérité est un paradigme
différent de la logique, de sorte qu’elle n’est pas démontrable, car ce
qui est démontrable ne se calibre que dans les 400. La
méthodologie de recherche sur la conscience opère au niveau 600,
qui se situe à l’interface des dimensions linéaire et non linéaire.

Divergences
Des calibrages divergents peuvent être obtenus au fil du temps ou
par différents testeurs ; et ce, pour de multiples raisons :
1
. Les situations, les personnes, les politiques, les orientations et les
attitudes changent avec le temps.
2
. Lorsqu’ils ont quelque chose à l’esprit, les gens ont tendance à
utiliser différentes modalités sensorielles : visuelles, olfactives,
auditives ou tactiles. Ainsi, votre mère pourrait être évaluée en
fonction de son apparence, de son odeur, de sa sonorité, etc., ou
Henry Ford pourrait être calibré en tant que père, en tant
qu’industriel, pour son impact sur l’Amérique, son antisémitisme,
etc.
3
. La précision augmente avec le niveau de conscience. (Les 400 et
plus sont les plus précis.) Il est possible de préciser le contexte et
de s’en tenir à une modalité dominante. La même équipe utilisant
la même technique obtiendra des résultats cohérents entre eux.
L’expertise se développe avec la pratique. Toutefois, certaines
personnes sont incapables d’adopter une attitude scientifique et
détachée, et d’être objectives. Il faut accorder la priorité au
dévouement et à l’intention de découvrir la vérité plutôt qu’aux
opinions personnelles et à la volonté de prouver qu’elles sont
« vraies ».

Note
Alors que l’auteur avait découvert que cette technique ne
fonctionnait pas pour les personnes qui se calibrent à un niveau
inférieur à 200, ce n’est que très récemment que l’on a découvert
que cette technique ne fonctionne pas si les personnes qui font le
test sont athées. Cela peut être simplement dû au fait que l’athéisme
se calibre en dessous du niveau 200, et que la négation de la vérité,
ou de la Divinité (omniscience), disqualifie karmiquement le
négateur ; tout comme la haine disqualifie l’amour.
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À PROPOS DE L’AUTEUR

Notes biographiques et autobiographiques


Le Dr Hawkins fut un enseignant spirituel, auteur et conférencier de
renommée internationale, qui travaillait sur le sujet des états
spirituels avancés, de la recherche sur la conscience et de la
réalisation de la présence de Dieu en tant que Soi.
Les ouvrages qu’il a publiés ainsi que ses conférences
enregistrées ont été largement reconnus comme uniques, parce
qu’un état très avancé de conscience spirituelle s’est produit chez un
individu de formation scientifique et clinique, qui a ensuite été
capable de verbaliser et d’expliquer ce phénomène inhabituel d’une
manière à la fois claire et compréhensible.
Il a décrit la transition de l’état d’esprit normal de l’ego à son
élimination par la Présence dans la trilogie Power vs Force (1995)
(Pouvoir contre force, 2018 – cet ouvrage ayant même été salué par
Mère Teresa), The Eye of the I (2001) et I: Reality and Subjectivity
(2003). Ces trois livres ont été traduits dans les principales langues
du monde. Truth vs Falsehood: How to Tell the Difference (2005),
Transcending the Levels of Consciousness (2006), Discovery of the
Presence of God: Devotional Nonduality (2007), et Reality, Spirituality
and Modern Man (2008) poursuivent l’exploration des expressions de
l’ego et de ses limites inhérentes, ainsi que de la manière de les
transcender.
La trilogie a été précédée de recherches sur la nature de la
conscience, publiées sous la forme d’une thèse de doctorat intitulée
« Qualitative and Quantitative Analysis and Calibration of the Levels
of Human Consciousness » (« Analyse qualitative et quantitative et
calibrage des niveaux de la conscience humaine ») (1995) qui met
en corrélation les domaines, en apparence disparates, de la science
et de la spiritualité. Tout cela a été rendu possible par la découverte
majeure d’une technique qui, pour la première fois dans l’histoire de
l’humanité, a fourni une méthode permettant de discerner le vrai du
faux.
L’importance de son travail initial a été saluée par une critique très
favorable et exhaustive parue dans le Brain/Mind Bulletin et lors de
présentations ultérieures telles que la Conférence internationale sur
la science et la conscience. De nombreuses présentations ont été
faites à diverses organisations, conférences spirituelles, groupes
religieux, religieuses et moines – tant au niveau national qu’à
l’étranger, en particulier à l’Oxford Forum en Angleterre. En Extrême-
Orient, le Dr Hawkins est reconnu comme un « enseignant de la voie
de l’Illumination » (« Tae Ryoung Sun Kak Dosa »). En réponse à son
observation selon laquelle une grande partie de la vérité spirituelle a
été mal comprise au cours des âges en raison d’un manque
d’explication, le Dr Hawkins a animé des séminaires mensuels qui
présentaient des explications détaillées, trop longues pour être
décrites dans un livre. Des enregistrements qui se terminent par des
questions et des réponses sont disponibles, apportant ainsi des
éclaircissements supplémentaires.
La vocation globale de cette œuvre de toute une vie est de
recontextualiser l’expérience humaine en termes d’évolution de la
conscience et d’intégrer une compréhension à la fois du mental et de
l’esprit en tant qu’expressions de la Divinité innée qui est le
fondement et la source permanente de la vie et de l’existence. Cet
engagement est illustré par l’affirmation « Gloria in Excelsis Deo ! »
par laquelle ses œuvres publiées commencent et se terminent.

Résumé biographique
Le Dr Hawkins a exercé en psychiatrie à partir de l’année 1952, et a
été membre à vie de l’American Psychiatric Association, ainsi que de
nombreuses autres organisations professionnelles. Il a participé à
diverses émissions de la télévision nord-américaine, en particulier à
The McNeil/Leher News Hour, The Barbara Walters Show et The Today
Show, ainsi qu’à des documentaires scientifiques, et bien d’autres
encore. Il a également été interviewé par Oprah Winfrey.
Le Dr Hawkins est l’auteur de nombreuses publications
scientifiques et spirituelles, de livres, de CD, de DVD et de séries de
conférences. Il a coédité avec Linus Pauling, prix Nobel de chimie,
un ouvrage de référence intitulé Orthomolecular Psychiatry. Le
Dr Hawkins a été consultant pendant de nombreuses années auprès
de diocèses épiscopaux et catholiques, d’ordres monastiques et
d’autres organisations religieuses.
Le Dr Hawkins a animé de nombreuses conférences. Il est, en
particulier, intervenu au Forum d’Oxford et à l’abbaye de
Westminster, dans les universités d’Argentine, de Notre-Dame et du
Michigan, à l’université Fordham et à l’université de Harvard. Il a
présenté la Conférence annuelle Landsberg à la faculté de
médecine de l’université de Californie à San Francisco. Il a
également été consultant en diplomatie internationale auprès de
gouvernements étrangers, et a contribué à la résolution de conflits
de longue date qui constituaient des menaces majeures pour la paix
dans le monde.
En témoignage de reconnaissance pour ses contributions à
l’humanité, le Dr Hawkins a été nommé, en 1995, chevalier de
l’ordre souverain des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem,
fondé en 1077.
Le Dr Hawkins est décédé en 2012.

Note autobiographique
Les vérités rapportées dans ce livre sont basées sur des
découvertes scientifiques et organisées de manière objective ; mais,
comme pour toutes les vérités, je les ai tout d’abord expérimentées
personnellement. Une succession d’états de conscience intenses,
qui a commencé à un jeune âge et qui s’est poursuivie tout au long
de ma vie, a d’abord inspiré, puis orienté, le processus de réalisation
subjective qui a finalement pris forme dans cette série de livres.
À l’âge de trois ans, j’ai brusquement pris pleinement conscience
de l’existence ; ce fut une compréhension non verbale, mais
complète de la signification de « Je suis », immédiatement suivie par
la découverte effrayante que ce « Je » pourrait ne jamais avoir vu le
jour. Ce fut un éveil instantané, un passage éclair de l’oubli à la prise
de conscience ; et, à ce moment-là, mon soi personnel est né, et la
dualité « est » et « n’est pas » est entrée dans ma conscience
subjective.
Tout au long de mon enfance, et au début de mon adolescence, le
paradoxe de l’existence et la question de la réalité du soi sont restés
une préoccupation récurrente. Le soi personnel commençait parfois
à se fondre dans un Soi impersonnel plus grand ; et la peur initiale
de la non-existence – la peur fondamentale du néant – refaisait
surface.
En 1939, je travaillais comme livreur de journaux et je parcourais,
chaque jour, un itinéraire de vingt-sept kilomètres dans la campagne
du Wisconsin. Par une sombre nuit d’hiver, j’ai été surpris, à des
kilomètres de chez moi, par un blizzard à moins vingt degrés. Mon
vélo s’est renversé sur le sol gelé, et un vent violent a arraché les
journaux du panier fixé sur le guidon, les éparpillant à travers un
champ enneigé et couvert de glace. Je pleurais de frustration et
d’épuisement, et mes vêtements étaient gelés. Pour me protéger du
vent, j’ai percé la croûte glacée d’un haut banc de neige, puis j’y ai
creusé un espace et j’ai rampé à l’intérieur. Bientôt, les frissons ont
cessé, et j’ai ressenti une chaleur délicieuse, puis un état de paix au-
delà des mots. Cela s’accompagnait d’une profusion de lumière et
d’une présence d’amour infini qui n’avait ni commencement ni fin, et
qui était indifférenciée de ma propre essence. Mon corps physique
et l’environnement se sont estompés, tandis que ma conscience
fusionnait avec cet état illuminé omniprésent. Mon esprit devint
silencieux ; toutes mes pensées s’arrêtèrent. Une Présence infinie
était tout ce qui était ou pouvait être – au-delà de tout temps ou de
toute description.
Après cette intemporalité, j’ai soudain pris conscience que
quelqu’un secouait mon genou ; puis le visage anxieux de mon père
est apparu. J’ai ressenti une grande réticence à retourner dans mon
corps, avec tout ce que cela impliquait ; mais, en raison de l’amour
et de l’angoisse de mon père, mon Esprit a nourri et réactivé mon
corps. Je ressentais de la compassion pour sa peur de la mort,
même si, en même temps, le concept de la mort semblait absurde.
Je n’ai parlé avec personne de cette expérience subjective, car il
manquait un contexte à partir duquel la décrire. Il n’était pas courant
d’entendre parler d’expériences spirituelles autres que celles
rapportées dans la vie des saints. Mais, après cette expérience, la
réalité admise du monde a commencé à ne me sembler que
provisoire ; les enseignements religieux traditionnels ont perdu de
leur sens et, paradoxalement, je suis devenu agnostique. Comparé à
la lumière de la Divinité qui avait illuminé toute existence, le dieu de
la religion traditionnelle brillait en effet d’une lueur terne ; c’est ainsi
que la spiritualité a remplacé la religion.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, j’ai effectué un travail très
dangereux sur un dragueur de mines ; ce qui m’a souvent fait frôler
la mort, mais je n’en avais pas peur. C’était comme si la mort avait
perdu son authenticité. Après la guerre, fasciné par les mystères de
l’esprit et voulant étudier la psychiatrie, j’ai fait des études de
médecine. Mon psychanalyste, professeur à l’université de
Columbia, était lui aussi agnostique ; nous avions tous les deux une
piètre opinion de la religion. Mon analyse s’est bien passée, tout
comme ma carrière, et le succès a suivi.
Cependant, je ne me suis pas installé confortablement dans la vie
professionnelle. Je me suis retrouvé atteint d’une maladie
progressive et mortelle qui n’a répondu à aucun traitement
disponible. À 38 ans, j’étais dans un état critique, et j’ai compris que
j’étais sur le point de mourir. Je ne me souciais pas de mon corps,
mais mon esprit était dans un état d’angoisse et de désespoir
extrêmes. À l’approche du dernier instant, une pensée m’a traversé
l’esprit : « Et s’il y avait un Dieu ? » Alors j’ai prié en criant : « S’il y a
un Dieu, je lui demande de m’aider maintenant. » Je me suis
abandonné à ce Dieu, quel qu’il soit, et j’ai sombré dans l’oubli.
Quand je me suis réveillé, une transformation d’une telle énormité
s’était produite que j’ai été frappé de stupeur.
La personne que j’avais été n’existait plus. Il n’y avait pas de moi
ou d’ego personnel, seulement une Présence infinie d’un pouvoir
tellement illimité qu’elle était tout ce qui était. Cette Présence avait
remplacé ce qui avait été « moi », et mon corps et ses actions
étaient uniquement contrôlés par la Volonté infinie de la Présence.
Le monde était illuminé par la clarté d’une Unité infinie qui
s’exprimait sous la forme de toutes les choses révélées dans leur
beauté et leur perfection infinies.
Tout au long de ma vie, cette quiétude a persisté. Je n’avais pas de
volonté personnelle ; mon corps physique vaquait à ses occupations
sous la direction de la Volonté infiniment puissante mais
délicieusement douce de la Présence. Dans cet état, je n’avais pas
besoin de penser à quoi que ce soit. Toute vérité allait de soi, et
aucune conceptualisation n’était nécessaire ni même possible. Dans
le même temps, mon système nerveux physique se sentait
extrêmement surmené, comme s’il transportait beaucoup plus
d’énergie que ce pour quoi ses circuits avaient été conçus.
Il ne m’était pas possible de fonctionner efficacement dans le
monde. Toutes mes motivations habituelles avaient disparu, ainsi
que toute peur et toute anxiété. Je ne recherchais rien, car tout était
parfait. La renommée, le succès et l’argent n’avaient aucun sens.
Des amis ont insisté pour que j’effectue un retour pragmatique à la
pratique clinique, mais je n’avais aucune motivation particulière pour
le faire.
J’avais désormais la capacité de percevoir la réalité qui se cache
derrière les personnalités : l’origine de la maladie émotionnelle
réside dans la croyance des gens qu’ils sont leur personnalité. Et
c’est ainsi que j’ai spontanément repris ma pratique clinique, et que
mon cabinet a fini par devenir énorme. Les gens affluaient des
quatre coins des États-Unis. Nous avions plus de deux mille patients
externes ; ce qui nécessitait plus de cinquante thérapeutes et autres
collaborateurs, vingt-cinq bureaux et des laboratoires de recherche
et d’électroencéphalographie. Nous avions mille nouveaux patients
par an. De plus, j’ai été invité dans des émissions de radio et de
télévision, comme je l’ai mentionné précédemment. En 1973, nous
avons décrit nos recherches cliniques dans un format traditionnel,
dans le livre Orthomolecular Psychiatry. Cet ouvrage, qui avait dix ans
d’avance sur son temps, a fait sensation.
L’état général de mon système nerveux s’est lentement amélioré,
puis un autre phénomène s’est produit. Une douce et délicieuse
bande d’énergie circulait continuellement le long de ma colonne
vertébrale et dans mon cerveau où elle suscitait une sensation
intense et continue de plaisir. Tout dans la vie se produisait par
synchronicité, évoluant en parfaite harmonie ; les phénomènes
miraculeux étaient monnaie courante. L’origine de ce que le monde
appellerait des « miracles » était la Présence, et non le soi
personnel. Ce qui restait du « soi » personnel n’était qu’un témoin de
ces phénomènes. Le « Je » supérieur – plus profond que mon
ancien soi ou mes pensées – déterminait tout ce qui se produisait.
Les états qui se manifestaient avaient été rapportés par d’autres
tout au long de l’Histoire et m’ont conduit à étudier des
enseignements spirituels, y compris ceux du Bouddha, des sages
éclairés, de Huang Po et de maîtres plus récents tels que Ramana
Maharshi et Nisargadatta Maharaj. C’est ainsi que j’ai reçu la
confirmation que ces expériences n’étaient pas exceptionnelles. La
Bhagavad-Gita avait, maintenant, tout son sens. Parfois, je ressentais
la même extase spirituelle que celle rapportée par Sri Ramakrishna
et les saints chrétiens.
Chaque chose et chaque être dans le monde étaient lumineux et
d’une beauté exquise. Tous les êtres vivants devenaient radieux et
exprimaient ce rayonnement dans le calme et la splendeur. Il était
évident que toute l’humanité est, en réalité, motivée par l’amour
intérieur, mais qu’elle n’en est tout simplement plus consciente ; la
plupart des gens vivent leur vie comme des dormeurs non éveillés à
la conscience de qui ils sont vraiment. Les gens autour de moi
avaient l’air d’être endormis et étaient incroyablement beaux. C’était
comme être amoureux de tout le monde.
Il m’a fallu cesser ma pratique habituelle de méditer pendant une
heure le matin, puis à nouveau avant le dîner, car cela intensifierait
cet état de béatitude à un point tel qu’il ne m’était plus possible de
« fonctionner ». Une expérience similaire à celle qui s’était produite
pendant ma jeunesse dans le banc de neige se reproduisait, et il me
devenait de plus en plus difficile de sortir de cet état et de retourner
dans le monde. L’incroyable beauté de toutes choses brillait dans
toute sa perfection ; et, là où le monde voyait de la laideur, il n’y avait
que de la beauté intemporelle. Cet amour spirituel imprégnait toutes
mes perceptions ; et toutes les frontières entre ici et là-bas, ou entre
le passé et le présent, ou la séparation elle-même disparaissaient.
Au cours des années que j’ai passées dans ce silence intérieur, la
force de la Présence a grandi. Ma vie n’était plus personnelle, je
n’avais plus de volonté personnelle. Le « Je » était devenu un
instrument de la Présence infinie, et il agissait selon sa volonté. Les
gens ressentaient une paix extraordinaire dans l’aura de cette
Présence. Les chercheurs cherchaient des réponses, mais, comme
cet individu nommé « David » n’existait plus, ils cherchaient en
réalité des réponses à partir de leur propre Soi, qui n’était d’ailleurs
pas différent du mien. Le même Soi brillait dans les yeux de chaque
personne.
Ce qui s’est produit fut miraculeux, au-delà de toute
compréhension humaine. De nombreuses maladies chroniques dont
mon corps souffrait depuis des années ont disparu ; ma vue s’est
normalisée spontanément, et je n’avais plus besoin de ces verres
bifocaux dont on m’avait pourtant dit que je devrais les utiliser à vie.
De temps à autre, une exquise énergie de félicité, un Amour infini,
commençait soudain à rayonner depuis mon cœur vers la scène de
quelque catastrophe. Un jour, tandis que je conduisais sur une
autoroute, cette énergie exquise a commencé à sortir de ma poitrine.
Alors que ma voiture amorçait un virage, j’aperçus une voiture
accidentée, renversée, dont les roues tournaient toujours. L’énergie
est passée avec une grande intensité dans les occupants de la
voiture, puis elle s’est arrêtée d’elle-même. Un autre jour, alors que
je marchais dans les rues d’une ville inconnue, l’énergie a
commencé à circuler dans le pâté de maisons et est arrivée sur les
lieux où commençait une bagarre de gangs. Les différents
adversaires se sont repliés et se sont mis à rire, et, à nouveau,
l’énergie s’est aussitôt arrêtée.
De profonds changements de perception se sont produits sans
préavis et dans des circonstances improbables. Alors que je dînais
seul chez Rothmann à Long Island, la Présence s’est soudain
intensifiée jusqu’à ce que chaque chose et chaque personne qui
étaient apparues comme séparées dans ma perception habituelle se
fondent dans une universalité et une unité intemporelles. Dans le
Silence immobile, il est devenu évident qu’il n’y a pas
d’« événements » ou de « choses », et que rien ne « se passe »
réellement, parce que le passé, le présent et le futur ne sont que des
artefacts de la perception, tout comme l’illusion d’un « soi » séparé
et soumis à la naissance et à la mort. Tandis que le faux soi limité se
dissolvait dans le Soi universel de sa véritable origine, j’éprouvais un
sentiment ineffable d’être de retour chez moi, dans un état de paix
absolue et de soulagement de toute souffrance. Ce n’est que
l’illusion de l’individualité qui est à l’origine de toute souffrance.
Lorsqu’on se rend compte que l’on est l’univers, que l’on est complet
et en harmonie avec Tout Ce Qui Est, pour toujours et sans fin, alors
plus aucune souffrance n’est possible.
Nos patients venaient de tous les pays du monde, et certains
d’entre eux étaient plongés dans le plus profond des désespoirs. Ils
arrivaient, presque caricaturaux, se tordant, enveloppés dans des
draps humides pour être transportés depuis des hôpitaux lointains,
espérant un traitement pour des psychoses avancées et des
troubles mentaux graves et incurables. Certains étaient
catatoniques, beaucoup étaient muets depuis des années. Mais,
dans chaque patient, sous l’apparence de leur infirmité, il y avait
l’essence resplendissante de l’amour et de la beauté, probablement
masquée à la vision ordinaire au point qu’il était devenu totalement
mal aimé dans ce monde.
Un jour, une femme catatonique et muette fut amenée à l’hôpital en
camisole de force. Elle souffrait d’un grave trouble neurologique et
était incapable de se tenir debout. Se tortillant sur le sol, elle était
prise de spasmes, et ses yeux étaient révulsés. Ses cheveux étaient
hirsutes ; elle avait déchiré tous ses vêtements et émettait des sons
gutturaux. Sa famille était relativement aisée ; en conséquence, au fil
des ans, elle avait été examinée par d’innombrables médecins et
spécialistes réputés des quatre coins du monde. Tous les
traitements avaient été essayés sur elle, et le corps médical l’avait
abandonnée arguant que son cas était sans espoir.
Une brève question non verbale a surgi dans mon esprit : « Mon
Dieu, que veux-tu qu’on fasse d’elle ? » Puis j’ai réalisé qu’elle avait
juste besoin d’être aimée, rien de plus. Son soi intérieur brillait à
travers ses yeux, et le Soi s’est connecté à cette essence aimante. À
cette même seconde, elle a été guérie par sa propre reconnaissance
de qui elle était vraiment ; ce qui arrivait à son esprit ou à son corps
n’avait plus d’importance pour elle.
Et cela s’est produit, en substance, avec d’innombrables patients.
Certains se sont rétablis aux yeux du monde ; et d’autres, non. Mais
la question de savoir si une guérison clinique avait eu lieu ou non
n’avait plus aucune importance pour ces patients. Leur agonie
intérieure était terminée. Lorsqu’ils se sont sentis aimés et en paix
intérieurement, leur souffrance s’est arrêtée. Ce phénomène ne peut
s’expliquer qu’en affirmant que la Compassion de la Présence a
recontextualisé la réalité de chaque patient, afin qu’il expérimente la
guérison à un niveau qui transcende le monde et ses apparences.
La paix intérieure du Soi nous enveloppait au-delà du temps et de
l’identité.
Il est clair que toute douleur et toute souffrance proviennent
uniquement de l’ego, et non pas de Dieu. Cette vérité a été
communiquée tacitement à l’esprit de nos patients. Nous avons eu le
cas d’un autre patient en état de blocage mental, catatonique, muet,
qui n’avait pas parlé depuis de nombreuses années. Le Soi lui a dit
par l’esprit : « Tu blâmes Dieu pour ce que ton ego t’a fait. » Il s’est
relevé du sol d’un bond et s’est mis à parler, au grand étonnement
de l’infirmière qui a été témoin de cet incident.
Notre travail devenait de plus en plus éprouvant et, finalement,
écrasant. Le nombre de patients attendant que des lits se libèrent
augmentait vertigineusement, et ce, bien que l’hôpital ait construit un
service supplémentaire pour les accueillir. Je ressentais une énorme
frustration, car nous ne pouvions soulager la souffrance humaine
que chez un seul patient à la fois. C’était comme renflouer la mer. Il
me semblait qu’il devait y avoir un autre moyen de s’attaquer aux
causes du malaise commun, à ce flot incessant de détresse
spirituelle et de souffrance humaine.
C’est ce qui m’a conduit à l’étude de la réponse physiologique (test
musculaire) à divers stimuli, et qui m’a permis de faire une
découverte étonnante. Il s’agissait du « trou de ver » entre deux
univers – le monde physique et le monde de l’esprit et de l’âme –,
une interface entre les dimensions. Dans un monde peuplé de
dormeurs qui ont oublié leur origine est apparu un outil pour
récupérer et démontrer à tous cette connexion perdue avec la réalité
supérieure. Cela m’a conduit à tester chaque substance, chaque
pensée et chaque concept qui me venaient à l’esprit. Mes étudiants
et mes assistants de recherche m’ont aidé dans cette démarche.
C’est alors que nous avons fait une découverte majeure : tandis que
tous les sujets s’affaiblissaient sous l’influence de stimuli négatifs
tels que les lumières fluorescentes, les pesticides et les édulcorants
artificiels, les étudiants des disciplines spirituelles qui avaient élevé
leur niveau de conscience ne s’affaiblissaient pas comme les gens
« normaux ». Quelque chose d’important et de déterminant était
entré dans leur conscience. Cela s’est probablement produit
lorsqu’ils ont compris qu’ils n’étaient pas à la merci du monde, mais
uniquement affectés par ce que croyait leur esprit. Peut-être que l’on
pourrait démontrer que le processus même de la progression vers
l’Illumination augmente la capacité de l’homme à résister aux
vicissitudes de l’existence, y compris à la maladie.
Le Soi avait la capacité de changer les choses dans le monde,
simplement en les visualisant ; l’Amour changeait le monde chaque
fois qu’il remplaçait le non-amour. L’ensemble du schéma de la
civilisation pouvait être profondément modifié en concentrant ce
pouvoir d’amour sur un point très spécifique. Chaque fois que cela
s’est produit, l’Histoire a bifurqué vers de nouveaux chemins.
Il m’est alors apparu que ces découvertes capitales pouvaient non
seulement être communiquées au monde, mais aussi démontrées
de manière visible et irréfutable. Il me semblait que la grande
tragédie de la vie humaine avait toujours été la facilité avec laquelle
la psyché peut être trompée ; la discorde et les conflits ont été la
conséquence inévitable de l’incapacité de l’humanité à distinguer le
faux du vrai. Mais il y avait là une réponse à ce dilemme
fondamental, un moyen de recontextualiser la nature de la
conscience elle-même, et de rendre explicable ce qui, sans cela, ne
pouvait être que déduit.
Il était temps que je quitte ma vie new-yorkaise, avec mon
appartement en ville et ma maison à Long Island, pour quelque
chose de plus important. Il fallait que je me perfectionne en tant
qu’instrument. Pour cela, il m’a fallu quitter ce monde et tout ce qu’il
contenait, et le remplacer par une vie recluse dans une petite ville où
j’ai pu consacrer les sept années suivantes à la méditation et à
l’étude.
D’impressionnants états de félicité sont revenus sans que je les aie
cherchés, et, finalement, j’avais besoin d’apprendre à être dans la
Présence divine tout en continuant à fonctionner dans le monde.
Mon esprit avait perdu le fil de ce qu’il se passait dans le monde en
général. Pour faire des recherches et pour écrire, il était nécessaire
que j’arrête toute pratique spirituelle et que je me concentre sur le
monde de la forme. Lire le journal et regarder la télévision m’a
permis de me mettre à jour pour comprendre qui était qui, d’être
informé au sujet des principaux événements et de la nature du
dialogue social du moment.
Les expériences subjectives exceptionnelles de la vérité qui sont
l’apanage des mystiques qui influencent toute l’humanité par l’envoi
d’énergie spirituelle dans la conscience collective ne sont pas
compréhensibles par la majorité des humains, de sorte qu’elles ont
une portée limitée, sauf pour les autres chercheurs spirituels. Cela
m’a amené à m’efforcer d’être « normal », parce que le simple fait
d’être normal, en soi, est une expression de la Divinité ; la réalité de
notre véritable soi peut être découverte par le chemin de la vie
quotidienne. Il suffit pour cela de vivre avec respect et bienveillance.
Le reste se révèle en temps voulu. La banalité et Dieu ne sont pas
distincts.
C’est ainsi qu’après un long voyage circulaire de l’esprit, j’ai repris
le travail le plus important : essayer de mettre la Présence un peu
plus à la portée du plus grand nombre possible de mes semblables.
La Présence est silencieuse et transmet un état de paix qui est
l’espace dans lequel et par lequel tout est et a son existence et son
expérience. Elle est infiniment douce, et pourtant semblable à un
roc. Avec elle, toute peur s’évanouit. La joie spirituelle se produit à
un niveau tranquille et inexplicable d’extase. L’expérience du temps
s’arrête, de sorte qu’il n’y a ni appréhension, ni regret, ni douleur, ni
anticipation ; la source de la joie est sans fin et toujours présente.
Sans commencement ni fin, il n’y a ni perte, ni chagrin, ni désir. Il n’y
a plus à faire quoi que ce soit ; tout est déjà parfait et abouti.
Lorsque le temps s’arrête, tous les problèmes disparaissent ; ils ne
sont que des artefacts d’un point de perception. Lorsque la Présence
prévaut, il n’y a plus d’identification avec le corps ou l’esprit. Lorsque
le mental devient silencieux, la pensée « Je suis » disparaît elle
aussi, et la Conscience pure brille pour illuminer ce que l’on est, ce
que l’on était et ce que l’on sera toujours, au-delà de tous les
mondes et de tous les univers, au-delà du temps ; et, par
conséquent, sans qu’il y ait ni commencement ni fin.
Beaucoup de gens se demandent comment atteindre cet état de
conscience, mais ils sont peu nombreux à suivre les étapes qui y
mènent, parce qu’elles sont tellement simples. Tout d’abord, mon
désir d’atteindre cet état était très vif. Puis j’ai commencé à pratiquer
la discipline consistant à agir avec un pardon et une douceur
constants et universels, sans exception. Il faut être compatissant
envers tout, y compris envers soi-même et ses pensées. Puis est
venue la volonté de mettre mes désirs entre parenthèses et
d’abandonner ma volonté personnelle à chaque instant. Au fur et à
mesure que j’abandonnais chaque pensée, chaque sentiment,
chaque désir ou chaque acte à Dieu, mon esprit devenait
progressivement silencieux. Au début, il libérait des histoires et des
paragraphes entiers, puis des idées et des concepts. Au fur et à
mesure que l’on cesse de vouloir s’approprier ces pensées, elles
n’atteignent plus un tel niveau d’élaboration et commencent à se
fragmenter alors qu’elles ne sont qu’à moitié formées. Finalement, il
m’a été possible de modifier l’énergie sous-jacente à la pensée
avant même qu’elle ne devienne pensée.
Ma focalisation constante et implacable sur la concentration ne
permettant pas même un moment de distraction de la méditation,
elle se poursuivait même tandis que je vaquais à mes activités
habituelles. Au début, j’ai trouvé cela très difficile, mais, au fil du
temps, cela s’est transformé en une habitude, un automatisme, qui
exigeait de moins en moins d’efforts ; et, finalement, cela se faisait
spontanément. Ce processus est comparable à une fusée qui quitte
la Terre. Au début, elle a besoin d’une puissance énorme, puis de
moins en moins tandis qu’elle quitte le champ gravitationnel
terrestre, et, enfin, elle se déplace dans l’espace par sa propre
dynamique.
Soudain, sans aucun avertissement, un changement de
conscience s’est produit ; et la Présence était là, incomparable et
enveloppante. J’ai eu quelques instants d’appréhension lorsque le
soi est mort, puis le caractère absolu de la Présence m’a inspiré un
éclair de crainte. Cette expérience fut spectaculaire, plus intense
que jamais auparavant. Elle n’a pas d’équivalent dans l’expérience
ordinaire. Le choc profond a été amorti par l’amour qui accompagne
la Présence. Sans le soutien et la protection de cet amour, on serait
anéanti.
Il s’ensuivit un moment de terreur pendant lequel mon ego s’est
accroché à son existence, craignant d’être englouti par le néant. Au
lieu de cela, en mourant, il a été remplacé par le Soi en tant que
Tout, le Tout dans lequel tout est connu et évident dans l’expression
parfaite de sa propre essence. Avec l’absence de localisation m’est
venue la conscience que l’on est tout ce qui a jamais été ou pourrait
être. Chacun de nous est total et complet, au-delà de toutes les
identités, au-delà de tous les genres, au-delà même de l’humanité. Il
ne faut plus jamais craindre la souffrance et la mort. Ce qui arrive au
corps à partir de ce stade est sans importance. À certains niveaux
de conscience spirituelle, les maux du corps guérissent ou
disparaissent spontanément. Mais, dans un état absolu, de telles
considérations sont sans objet. Le corps suivra sa trajectoire
prédestinée, puis il retournera d’où il est venu. C’est une question
sans importance ; nous n’en sommes pas affectés. Le corps
apparaît comme un « ça » plutôt que comme un « moi », il est
comme un autre objet, comme les meubles d’une pièce. Il peut
sembler comique que des gens s’adressent encore au corps comme
s’il s’agissait d’un « vous » individuel, mais il n’y a aucun moyen
d’expliquer cet état de conscience à ceux qui ne le connaissent pas.
Il vaut mieux vaquer à ses occupations et laisser la Providence se
charger des ajustements sociaux. Cependant, lorsqu’on atteint la
félicité, il est très difficile de dissimuler cet état d’extase intense. Le
monde peut être ébloui, et des gens peuvent venir de loin pour « se
baigner » dans l’aura qui l’accompagne. Les personnes en
recherche spirituelle et les curieux peuvent être attirés, tout comme
les personnes très malades qui recherchent des miracles. On peut
devenir un aimant et une source de joie pour eux. Généralement, on
ressent, à ce stade, le désir de partager cet état avec les autres et
de l’utiliser pour le bien de tous.
L’extase qui accompagne cet état n’est pas tout à fait stable, au
début ; il y a aussi des moments de grande agonie. Les plus
intenses se produisent lorsque cet état fluctue et cesse soudain sans
raison apparente. Ces moments suscitent des périodes de désespoir
intense, ainsi que la crainte d’avoir été abandonné par la Présence.
Ces chutes rendent le chemin difficile ; et surmonter ces revirements
exige une grande volonté. Il devient, finalement, évident qu’il nous
faut transcender ce niveau pour ne plus subir constamment
d’atroces « chutes de la grâce ». Il nous faut donc abandonner la
splendeur de l’extase, tandis que nous entreprenons la tâche ardue
de transcender la dualité jusqu’à ce que nous soyons au-delà de
tous les contraires et de leurs forces antagonistes. Cependant, si
c’est une chose de se libérer joyeusement des chaînes de fer de
l’ego, c’en est une autre d’abandonner les chaînes d’or de la joie
extatique. On a l’impression d’abandonner Dieu, et un nouveau
niveau de peur apparaît, que l’on n’avait vraiment pas prévu. C’est la
terreur ultime de la solitude absolue.
Pour mon ego, la peur de la non-existence a été effroyable, et il a
reculé à plusieurs reprises à mesure qu’elle semblait s’approcher. Le
but des agonies et des nuits noires de l’âme devient alors manifeste.
Elles sont tellement intolérables que leur douleur exquise nous
pousse à l’effort extrême nécessaire pour les surmonter. Lorsque
l’hésitation entre le ciel et l’enfer devient insupportable, le désir
d’existence, lui-même, doit être abandonné. Ce n’est qu’alors que
nous pouvons enfin dépasser la dualité entre le tout et le néant,
entre l’existence et la non-existence. Ce point culminant du travail
intérieur est la phase la plus difficile, l’ultime ligne de partage où
nous sommes parfaitement conscients que l’illusion de l’existence
que nous transcendons est irrévocable. Il n’y a pas de retour
possible après cette étape, et ce spectre de l’irréversibilité fait
apparaître cette dernière barrière comme le choix le plus redoutable
d’entre tous.
Mais, en réalité, dans cette apocalypse finale du soi, la dissolution
de la seule dualité qui subsiste entre l’existence et la non-existence
– l’identité, elle-même – se fond dans la Divinité universelle ; et il ne
reste plus aucune conscience individuelle pour choisir. La dernière
étape, alors, est franchie par Dieu.
– David R. Hawkins

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