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La Tresse, Laetitia Colombani


: fiche de lecture
3 commentaires • Par Amélie Vioux

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Voici un résumé et une analyse du roman La Tresse de


Laetitia Colombani publié en 2017.

La Tresse est un roman contemporain qui raconte la


trajectoire de trois femmes aux prises avec une
société inégalitaire et patriarcale : Smita, l’Intouchable
indienne, Sarah, l’avocate canadienne, et Giulia, la
tresseuse sicilienne.

L’œuvre montre comment chacune d’entre elle se


soulève contre l’injustice, et triomphe malgré tout de
l’adversité.

Ces trois destins, en apparence isolés, forment


ensemble une tresse, car leurs quêtes sont liées,
comme on le découvre progressivement à la lecture du
roman.

La tresse mêle le pathétique et l’épique, la fiction et le


documentaire, et montre comment la domination subie
par les femmes prend des aspects variés selon les
sociétés.

Le roman dénonce ainsi autant l’injustice du système


des castes en Inde que la violence machiste du monde
du travail dans nos sociétés modernes.

Ce roman est particulièrement intéressant à étudier au


bac de français dans le cadre du parcours « Écrire et
combattre pour l’égalité » associé à La Déclaration des
droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de
Gouges.

Qui est Laetitia Colombani ?


Laetitia Colombani est née en 1976 à Bordeaux, où
elle étudie le cinéma.

Son œuvre résolument féministe dénonce l’oppression


que subissent les femmes, et met en scène des
héroïnes courageuses, combatives et solidaires.

La tresse est un succès retentissant : vendu à plus d’un


million d’exemplaires, ce roman a été traduit dans des
dizaines de langues.

Comment résumer La Tresse ?


Prologue
Une voix évoque son amour pour l’art patient du
tressage, assimilé à l’art de raconter des histoires. Ce
texte court, écrit en vers libre, confère poésie au récit.

Smita
L’action se passe en Inde, dans le village de Badlapur,
dans l’Utta Pradesh.

Le chapitre dresse le portrait de Smita. Elle appartient à


la caste des Intouchables. Elle vit en marge de la
société et a pour fonction de nettoyer les toilettes des
villageois.

Comme les autres Intouchables, Smita fait l’objet du


mépris et de la violence. Mais elle souffre patiemment,
comme sa mère avant elle, considérant que sa condition
de vie découle du darma, cycle des réincarnations.

Smita veut cependant briser la chaîne du mépris en


faisant inscrire sa fille Lalita à l’école. Son mari,
Nagarajan, un homme doux et conciliant, accepte ce
choix audacieux, bien qu’il contredise les normes
sociales rigides et inégalitaires de cette société de caste.

Guilia
L’action se passe à Palerme, en Sicile.

Giulia est une jeune fille de 20 ans qui travaille dans la


petite fabrique que son père aimant et rigoureux a
installée dans un ancien cinéma. Comme les autres
ouvrières, Giulia traite des cheveux, en parlant d’amour
et de la vie, dans ce lieu chaleureux et solidaire où elle
est née.

Giulia est spécialisée dans le tri des mèches décolorées


par son père à l’aide d’une formule gardée secrète.
Contrairement aux autres filles de son âge, elle ne
cherche pas un époux, et se réfugie dans la lecture.

Alors qu’elle rentre de la bibliothèque où elle s’oublie


dans la lecture, on lui apprend qu’il est arrivé quelque
chose à son père.

Sarah
Le chapitre fait le portrait de Sarah Cohen. Sarah vit à
Montréal. Cette cadre supérieure travaille dans un
prestigieux cabinet d’avocat et mène la vie millimétrée
d’une « working-woman » ayant dû travailler durement
pour se bâtir une carrière dans un milieu machiste et
extrêmement concurrentiel.

Mais malgré son ascension enviée, « ce modèle de


réussite pour les avocats de sa génération » souffre de
« cette culpabilité des mères qui travaillent » et divorcent
sans voir leurs enfants grandir.

Sarah cache même qu’elle a des enfants, car ils


risquent de constituer un frein à sa carrière. C’est
pourquoi Sarah a recruté Ron, afin qu’il s’occupe de ses
enfants.

Mais malgré ses airs de quadragénaire à succès,


« Comme des milliers de femmes à travers le pays,
Sarah Cohen était […] une bombe prête à exploser. »

Smita
Smita prépare soigneusement sa fille Lalita pour son
premier jour d’école, avec angoisse et joie.

Smita veut la soustraire à leur vie de misère, entre elle


qui nettoie les toilettes, et son époux, Nagarajan, qui
capture les rats qui infestent les champs, et qu’il a le
droit de manger.

Giulia
Le père de Giulia a fait une chute en scooter lors
d’une de ses tournées habituelles dans Palerme. Cet
événement amène Giulia à douloureusement envisager
la mort de ce père en apparence invincible.

Giulia est alors entraînée par sa mère pieuse dans une


procession religieuse, afin de prier Dieu de sauver le
père. C’est alors que Giulia aperçoit un Sikh malmené
par des gendarmes, et pour lequel elle éprouve un
sentiment mystérieux et nouveau.

Sarah
En pleine audience, Sarah s’effondre, épuisée. Au CHU
de Montréal, l’interne lui diagnostic un burn-out, mais
« Sarah minimise ».

Elle rejette ses injonctions au repos, car pour elle, avec


son métier, « S’arrêter n’est pas une option. » Sarah
reprend son rythme effréné contre l’avis des médecins
car « Tant qu’on n’en parle pas, ça n’existe pas. »

Poème
Dans un poème en vers libre, une voix s’exprime. C’est
une ouvrière qui vante son travail de tresseuse qu’elle
mène dans un atelier étroit. Cette personne âgée a su
conserver l’agilité de sa jeunesse.

Smita
Lalita rentre de l’école honteuse, et révèle à sa mère
qu’elle s’est faite frapper par le maître d’école, un
brahmane appartenant à la plus haute caste, pour avoir
refusé de balayer la classe.

La mère admire la révolte courageuse de sa fille autant


qu’elle maudit la cruauté et le mépris du maître d’école.

Giulia
Giulia veille sur son père dans le coma.

A la bibliothèque, elle croise l’homme au turban que les


gendarmes arrêtèrent durant la procession. Giulia ose
l’aborder, elle qui d’habitude est abordée par les
hommes.

Après lui avoir conseillé un livre et qu’il lui ait offert un


cadeau en remerciement, elle ose proposer une
promenade à cet homme mystérieux et laconique (=qui
parle peu). Il lui raconte sa douloureuse histoire de
migrant venu d’Inde.

Sarah
Sarah apprend l’origine de ses douleurs et de ses
faiblesses : elle a un cancer du sein.

La nouvelle la stupéfie mais Sarah organise rapidement


sa stratégie de défense. La tumeur, comme un ennemi,
sera combattue et cachée. Sarah veut à tout prix sauver
les apparences pour maintenir sa carrière.

Smita
Smita exhorte son mari à quitter leur village, qui
condamne cette famille à la misère et à l’humiliation. Elle
envisage de récupérer les économies qu’elle avait
déposées chez la famille de l’enseignant brahmane.

Mais Nagarajan s’emporte et la raisonne : « la ville est


une illusion, un rêve de pacotille » qui les plongera dans
une misère plus grande encore. Et pire : partir, c’est
risquer les représailles et le viol, châtiment fréquent
quoiqu’illégal.

Néanmoins, Smita demeure déterminée à partir, même


si son mari juge le projet trop dangereux.

Giulia
Giulia et Kamal se voient désormais fréquemment à la
bibliothèque le midi.
Elle travaille le jour à l’atelier, lui la nuit dans sa
coopérative d’huile d’olive.

Un jour, ils font l’amour dans la grotte d’une plage


isolée. C’est alors que Kamal s’ouvre à elle, lui parle des
Sikhs, de leur religion égalitariste et monothéiste.

La mère et les collègues de Giulia se doutent bien


qu’elle leur cache une histoire d’amour, tandis qu’Aldo,
qui la courtise depuis longtemps, tente encore de la
charmer en vain.

Sarah
Sarah parvient péniblement à cacher sa maladie à son
entourage, à ses enfants comme à ses collaborateurs.

Mais son stratagème s’effondre lorsqu’elle croise Inès,


sa collaboratrice, à l’hôpital. Pour se garantir le silence
complice d’Inès, Sarah envisage de la faire participer à
un dossier important.

Mais elle ne se doute que « lorsqu’on nage parmi les


requins, mieux vaut ne pas saigner. »

Poème
Dans ce poème en vers libres, la tresseuse fait l’éloge
doux de sa prouesse technique.

Smita
Smita récupère chez le maître d’école l’argent qu’elle lui
avait remis, et part avec sa fille en priant Vishnou de
faire de leur départ un succès. Smita est cependant
pleine de regrets.

Giulia
Giulia découvre avec stupéfaction dans un document
trouvé dans le bureau de son père que la fabrique
familiale était en faillite. Son accident serait-il une
tentative de suicide ? « Le sort s’acharne sur les
Lanfredi » songe Giulia, qui a perdu toute joie.

Sarah
Par ambition, Inès a trahi Sarah en révélant aux
membres du cabinet que Sarah avait un cancer.

Dès lors, Sarah suscite la méfiance au sein de ses


collègues : sera-t-elle capable de rester aussi
performante qu’avant ? Même Johnson, le fondateur
historique du cabinet qui l’avait recrutée, la convoque.

Sarah hait ces regards culpabilisateurs, faussement


compatissants, mais (se) promet de continuer à
travailler aussi bien qu’avant malgré son cancer.

Smita
Smita quitte précipitamment le village avec sa fille
Lalita, malgré la tentative désespérée de son mari pour
les rattraper.

Après un trajet éprouvant, Smita et Lalita parviennent à


Varanasi, d’où elles doivent prendre le train pour
rejoindre leur famille. A la gare, elles font la rencontre de
Lackshmama, une veuve qui les nourrit et leur fait part
de sa malheureuse condition de veuve : réputation,
isolement, misère, exil.

Pour la première fois peut être, Smita se réjouit de sa


condition, et rêve plus encore d’améliorer le sort de sa
fille.

Giulia
Giulia apprend à sa famille la faillite qui les frappe.

C’est surtout la mère qui en est désespérée, elle qui


s’inquiète pour ses jeunes enfants. C’est alors qu’elle
demande à Giulia d’accepter de se marier avec celui
qui la courtise, Aldo, car ce mariage soustrairait la
famille de la misère.

À contre cœur, Giulia se décide à ce sacrifice, à ce


mariage qu’elle réprouve. Son entrée dans la vie adulte
se fait par la faillite et le renoncement à l’amour.

Giulia adresse alors à Kamal une lettre d’adieu, en se


persuadant qu’elle ne l’aime pas.

C’est alors que Kamal lui rend visite et que le « miracle »


attendu se produit.

Sarah
Sarah subit la discrimination et la stigmatisation dans
son lieu de travail, car désormais, ses collègues savent
qu’elle est malade. Ses concurrents, comme Inès,
profitent de sa faiblesse pour prendre progressivement
sa place au cabinet.

L’avocate triomphante bascule dans une autre partie de


la société : celle des laissés pour compte que l’on
méprise. « [C]ette placardisation, cette mise à mort lente
et insupportable », où elle se voit remplacée par Curst,
son concurrent, n’est que le début de sa chute.

Poème
La tisseuse se compare à Pénélope pour se donner de
la force face à « une catastrophe » : « un des fils a
cassé », et qu’il faut cependant, courageusement
« Reprendre, et continuer. »

Smita
Smita et sa fille Lalita traversent l’Inde dans un train
insalubre et bondé.

L’odeur d’excrément renforce la volonté de Smita de


s’élever de sa condition d’Intouchable, pour enfin
« Respirer librement, dignement, enfin. »

La rencontre d’une femme l’amène à changer de


destination : elle ne se dirige plus vers Chennai et sa
famille, mais vers Tirupati et sa montagne sacrée, où
« Vishnou les attend ».

Giulia
Kamal propose à Giulia de sauver l’entreprise
familiale en important des cheveux venus d’Inde. Il
promet de pouvoir l’aider dans ce projet qui ferait de la
fabrique familiale une entreprise internationale.

Giulia hésite en songeant à l’héritage de son père :


« Évoluer, serait-ce donc le trahir ? » Puis « Elle se dit
que la vraie trahison serait de renoncer. » Kamal est
bien « le miracle qu’elle attendait. » Elle accepte sa
proposition.

Smita
Parvenue à Tirupati avec Lalita, Smita entame la pénible
ascension de la colline sacrée, « concentrée sur
l’image de ce dieu tant aimé » vers lequel elle se hisse
entourée d’une foule fervente.

Parvenue au sommet avec sa fille, elle s’endort dans un


dortoir en attendant de pouvoir enfin entrer dans le
temple.

Sarah
Sarah reste alitée, anéantie. « Professionnellement, elle
est morte. » Elle est impuissante et désespérée par
l’hypocrite bienveillance de ses collègues. L’ « executive
woman » se sent comme exécutée, « sacrifiée, sur
l’autel de l’efficacité ».

Sarah désespère de n’être plus qu’un rebut de la


société, au corps amaigri, au sein ablaté (=retiré), aux
cheveux qui tombent. Mais elle puise sa force en
pensant à ses enfants et à sa mère, restée élégante
alors qu’elle souffrait de la même maladie.

Giulia
Giulia « se sent investie d’une mission quasi divine »,
mais son projet de modernisation essuie le refus de sa
famille, attachée aux traditions : « Les Italiens veulent
des cheveux italiens. »

Perdant foi en ses projets, elle songe à son père,


imagine qu’il la console et l’encourage. C’est alors que
son père, dans le coma, trésaille.

Smita
En offrande à Vishnou, Smita et sa fille se font raser le
crâne dans le temple du dieu. Smita se sent alors
« apaisée. Bénie. Protégée. » Sa foi en l’avenir de Lalita
n’en est que plus forte.

Giulia
Le tressaillement de son père n’était que l’ultime sursaut
avant la mort.
Giulia lui consacre les obsèques qu’il désirait, puis fait
valider par le vote des ouvrières son projet de
modernisation.

Avec Kamal, l’homme de sa vie avec qui elle fondera


une famille, elle réceptionne à l’aéroport la première
cargaison de cheveux. Venus de Tirupati, ces cheveux
pourraient être ceux Smita et Lalita. Giulia est désormais
persuadée que son avenir lui sera favorable.

Sarah
« comme un pèlerinage » mené au nom de sa dignité,
Sarah traverse les rues enneigées de Montréal pour se
rendre chez un perruquier.

Elle choisit une perruque faite de cheveux venus


d’Inde, puis traités en Sicile. Le lecteur comprend ainsi
que cette perruque constitue un trait d’union vivant
entre Smita, Giulia et Sarah.

Sarah se sent bien avec cette perruque, qui symbolise


l’acceptation de la maladie et lui rend « Sa force, sa
dignité, sa volonté ».

Des lors, crâne rasé sous sa perruque, Sarah retrouve


foi en la vie et en l’avenir, qu’elle affrontera avec ses
cicatrices : « Sa vie d’avant était un mensonge, celle-ci
sera la vraie. »

Sarah envisage une nouvelle vie, consacré à sa famille,


à la lutte contre la maladie, à la refondation d’un cabinet,
au procès pour discrimination contre son ancien cabinet.

Épilogue
Dans ce poème conclusif, la tresseuse se satisfait de
son travail accompli. La perruque qu’elle a travaillée, elle
la dédie à ces femmes solidaires qui luttent ensemble
pour leur dignité.

Qui sont les personnages dans


La tresse ?
Smita
Smita est une Intouchable, caste la plus basse et la
plus méprisée dans la société indienne. Sa tâche est de
nettoyer les latrines (=toilettes) des villageois, en
échange d’une maigre subsistance.

Révoltée par ces injustices, et pour éviter à sa fille le


mépris, elle décide de fuir le village. Avec sa fille, et
sans un mari dont elle méprise la lâcheté, elle s’en va,
courageusement, et malgré les difficultés.

Le roman s’achève lorsque la mère et sa fille font à


Vishnou l’offrande de leurs cheveux.

Smita représente la révolte des personnes les plus


méprisées et négligées. Son courage et sa
détermination font d’elle un modèle d’héroïne.

Giulia
Giulia vit à Palerme en Sicile. Après que son père se
retrouve plongé dans le coma par un accident, elle se
retrouve brutalement en charge de la fabrique familiale,
qui confectionne des perruques de manière
traditionnelle.

Aidée par Kamal, son amant sikh qui a migré jusque


l’Italie, elle transforme la fabrique en faillite en entreprise
internationale.

La jeune et jolie entrepreneuse incarne une féminité


courageuse et ambitieuse, dépositrice de traditions
qu’elle parvient à inscrire dans la modernité sans les
dénaturer.

Sarah
Sarah Cohen vit à Montréal, où elle travaille en tant
qu’avocate dans un cabinet prestigieux.

Elle représente ces femmes qui ont sacrifié leur vie


amoureuse et leur vie de famille pour mener une
carrière à succès.

Le roman pointe cependant la difficulté d’un tel statut,


puisqu’il exige à la fois un investissement
professionnel absolu et une féminité séduisante.

Cette tension éclate lorsque Sarah apprend qu’elle


souffre d’un cancer du sein. Son incapacité à satisfaire
ses écrasants impératifs professionnels la fait sombrer
dans la dépression. Son désespoir est accru par la
malveillance jalouse de ses collègues et concurrents,
qui prennent sa place.

Dégoûtée par un monde professionnel inhumain et


destructeur, Sarah décide de réorienter sa vie vers des
objectifs plus vertueux : lutter courageusement contre
une maladie stigmatisée, consacrer son temps à ses
enfants, rebâtir une carrière, poursuivre son cabinet pour
pratiques discriminatoires.

Sarah incarne une féminité ambitieuse en butte à la


violence machisme du monde professionnel.

Ce personnage montre à quel point les sociétés


modernes et libérales sont sexistes de manière
insidieuse. Elles exigent en effet des femmes
l’accomplissement de leur rôle traditionnel (être belle et
être mère), tout en attendant d’elles une compétence et
un investissement professionnel égal à celui des
hommes.

Quels sont les thèmes importants


dans La tresse ?
La dénonciation des injustices
subies par les femmes
Ce roman dresse le tableau critique de sociétés
différentes, mais qui toutes partagent un même trait :
une inégalité structurelle, que subissent plus
particulièrement les femmes.

Smita est ainsi doublement méprisée, en tant


qu’Intouchable et en tant que femme.

Giulia doit accepter un mariage qu’elle réprouve pour


sauver sa famille.

Sarah est broyée par un monde du travail férocement


concurrentielle, et finie sacrifiée « sur l’autel de
l’efficacité, de la rentabilité, de la performance. »

Mais finalement, « Ce n’est pas elle qui est malade, c’est


la société toute entière », malade de ses inégalités, de
ses injustices qui condamnent les individus à la
souffrance.

Le roman montre à quel point le fait d’être une femme


peut être une identité subie, presque criminalisée, dans
une société patriarcale. Sarah doit par exemple cacher
sa maladie comme si elle était une faute : « Elle a un
cancer [du sein], ce n’est pas un crime. »

Plus subtilement, le roman souligne également les


stéréotypes de genre qui entravent l’accès au
bonheur et à l’épanouissement amoureux. Par
exemple, Giulia n’ose pas aborder l’homme qui lui plaît
car elle craint de contredire les codes sociaux dans
lesquels elle a grandi.

La révolte des femmes


Mais les trois héroïnes de La tresse ne demeurent pas
passives face à ces injustices. Elles se révoltent, à
l’instar de Smita : «Elle maudit cette société qui écrase
ses faibles, ses femmes, ses enfants, tous ceux qu’elles
devraient protéger.»

C’est justement le mépris dont elle fait l’objet qui lui


permet d’analyser la société avec lucidité pour
affirmer : « Les hommes ne sont égaux devant rien. »

La révolte de Smita prend même la forme d’une colère


irrépressible : « Smita s’enflamme : ils mangent du rat,
et ramassent de la merde. » Cette colère convertit la
détresse en action libératrice.

Et même si « Sa révolte est silencieuse, inaudible,


presque invisible. », l’Intouchable trouve dans ce roman
un écho et un hommage à ses souffrances et sa révolte.

Animées par la foi religieuse ou la foi en elles-mêmes,


Smita, Giulia et Sarah trouvent la force de se soulever
contre une société qui veut les soumettre.

Le courage des femmes


Ce roman est un hommage à toutes les femmes en lutte
contre l’infériorisation des femmes.

Les trois personnages principaux sont ainsi des


héroïnes courageuses et endurantes face à
l’adversité.

Les hommes sont quant à eux en retrait, et disposent


de caractéristiques traditionnellement attribuées aux
femmes.

Nagarajan, l’époux de Smita, craint de fuir le village, là


où Smita ose prendre cette audacieuse décision.

Le père de Giulia, plongé dans le coma, est


explicitement féminisé voire infantilisé : « On dirait la
Belle au bois dormant, songe Giulia en regardant son
père. »

Cette inversion des rôles montre à quel point les


stéréotypes de genre ne font pas sens.

Cette lâcheté des hommes devient même la source


d’une rupture entre hommes et femmes, à l’instar de
Smita qui déconsidère Nagarajan : « Elle a cessé de
l’aimer à l’instant où il a refusé de se battre ».

La solidarité féminine
Le roman retrace trois quêtes distinctes de femmes
isolées, évoluant dans une société patriarcale.

Mais l’œuvre montre justement comment les femmes


peuvent dépasser les obstacles qui leur font face en
étant solidaires.

Les personnages secondaires venant en aide aux


héroïnes sont également des femmes, comme la
perruquière de Sarah, ou la veuve et la pélerine que
Smita rencontre.

La tresse qui relie Smita, Giulia et Sarah symbolise


cette solidarité universelle reliant toutes les femmes
entre elles, qu’elles se connaissent ou non.

Des femmes qui racontent leur


histoire
Dans ce roman, ce sont des femmes qui racontent leur
histoire, et qui ne laissent pas les autres raconter leur

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