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BBGG III s.

15(2018), 1-18
ISSN 0005-3783

« …καὶ εἷς ὁ καλλωπισμὸς ἀμφοτέρων* »


(In Ep. ad Coloss., hom. 10)

La polémique contre le luxe


chez Jean Chrysostome

Francesca Prometea Barone


(IRHT, CNRS, Paris)

Le luxe est l’étalage des richesses à travers la possession de biens


considérés comme superflus et qui sont d’accès difficile. Il « ne peut
se définir qu’abstraitement et se pose d’emblée comme un rapport.
Plus ou moins coûteux et démonstratif, il est un excès particulier lié
à une rareté générale, elle-même à comprendre en fonction de ’be-
soins’ qui, loin d’être des invariantes de la nature humaine, sont une
création permanente de l’histoire et des structures sociales »1. Son
contenu, à savoir les objets de luxe, est très subjectif et varie dans le
temps. Néanmoins, les contextes généralement privilégiés pour cet-
te ostentation sont les habitations, l’habillement, l’ameublement, les
bijoux, la table, les loisirs.
Les jugements portés sur le luxe dans l’histoire de la philosophie,
de l’économie et de la morale ont été différents, et même contradic-
toires, selon la considération que l’on a portée sur l’ostentation de
biens rares en laquelle il consiste : gaspillage contraire aux exigences
de la nature pour certains  ; moteur de l’économie et de l’histoire
pour d’autres ; cause et conséquence de la décadence des mœurs2;

*
« … et la même est la parure pour les femmes et les chevaux ». Cf. infra, p. 11.
1Cf. Dubois-Pelerin 2008, p. 8.
2Cf., à titre d’exemple, la polémique sur le luxe entre Voltaire et Rousseau. Cf. à ce
propos, Borghero 1974 et Marseille 1998.
2 Francesca Prometea Barone

nécessité de la nature humaine, plus marquée par le désir que par le


besoin ; ou, encore, marqueur identitaire d’une société, d’une famil-
le, d’un individu.
L’étude qui suit est dédiée à la prédication sur le luxe de Jean
Chrysostome3, qui, dans ses œuvres, revient régulièrement sur le
sujet, nous donnant une description vivante des goûts de l’époque,
à Antioche comme à Constantinople. Sans surprise, notre auteur
n’appartient pas aux files de ceux qui trouvent un sens pour le luxe
et sa condamnation est sans appel.
Dans une première partie de ce travail nous esquisserons la con-
ception chrysostomienne du luxe  : nous verrons qu’il s’agit à ses
yeux d’un péché dont il investigue les causes et les conséquences, et
contre lequel il propose des remèdes, parmi lesquels sa prédication.
Les caractéristiques de cette prédication feront l’objet de la deu-
xième partie de ce travail car il s’agit d’examiner les armes que le
Père antiochien utilise pour chercher à obtenir l’adhésion du public
à des positions qui devaient être largement minoritaires, marquées,
comme elles l’étaient, par une austérité sans concessions.

Le refus du superflu

L’élément qui détermine la position de chaque individu par rap-


port au luxe (valorisation ou réprobation) est l’idée que l’on se forge
du superflu. Ainsi, les avis varieront selon que l’on considère «  ce
qui n’est pas nécessaire » (le superflu) comme sans utilité ou alors
profitable en vue d’autres finalités que les nécessités primaires (par
exemple, un tableau, utile à des exigences spirituelles, ou toute sorte
de marché, utile à des exigences de circulation de l’argent).
Chrysostome, quant à lui, considère le superflu comme absolu-
ment inutile : il y a des choses nécessaires sans lesquelles il n’est pas

3 Pour une biographie de Jean Chrysostome, prêtre à Antioche en 386, puis évêque

à Constantinople en 397, cf. Kelly 1995.


La polémique contre le luxe chez Jean Chrysostome 3

possible de vivre, comme par exemple les produits de la terre, les vê-
tements, un toit et des murs, des chaussures ; toutes les autres choses
sont du superflu (περιττά)4 .
Parmi les choses qui pour Chrysostome ne sont pas utiles, il y a les
arts, qui ne servent qu’à de vains embellissements et à générer des
dépenses superflues. Les véritables arts, estime notre auteur, sont
ceux qui regardent les nécessités de la vie et qui y apportent quelque
soulagement 5 : (…) mais à quoi sert – s’exclame-t-il – de peindre des
hommes ou des animaux sur du bois ou sur de la toile  ?6 Chryso-
stome se plaint du fait que même dans les arts les plus nécessaires,
comme celle des cordonniers, par exemple, se mêlent beaucoup de
choses qu’on en devrait retrancher car elles dépassent les limites de
la nécessité7.
C’est le cas, par exemple, de l’architecture, car la finalité de cet art
est de bâtir des maisons et non pas des amphithéâtres ; et, dans les
maisons, de bâtir ce qui est nécessaire, sans y ajouter des ornements
sans utilité. De la même façon, l’art du tissage sert à produire des
étoffes d’usage et non pas à en fabriquer de précieuses ; et l’art d’un
cordonnier consiste à confectionner des souliers qui soient propres à
l’usage. Mais lorsque le cordonnier emploie son art pour contribuer

4 Sur la vaine gloire et l’éducation des enfants (Malingrey 1972), ch. 13, 185-193 :
ἔστιν ἀναγκαῖα καὶ ὧν ἄνευ ζῆν οὐκ ἔνι, οἷον ἡ τῆς γῆς φορὰ πρᾶγμα ἀναγκαῖόν ἐστιν,
καὶ ταύτης μὴ φερούσης καρπὸν οὐκ ἔνι ζῆν· τὰ τῶν ἱματίων σκεπάσματα, ὄροφος καὶ
τοῖχοι καὶ ὑποδήματα, ταῦτα τῶν ἀναγκαίων ἐστίν, τὰ μέντοι ἄλλα ἅπαντα περιττά.
Ἐπεὶ εἰ κἀκεῖνα ἀναγκαῖα ἦν καὶ οὐκ ἦν ἀνθρώπῳ ἄνευ διακόνου ζῆν, ὥσπερ οὐκ ἔστι
δυνατὸν ἄνευ ἐκείνων ζῆν, τὸ πλέον ἂν ἀπωλώλει τῶν ἀνθρώπων, ἐπειδὴ τὸ πλέον
τοὺς διακονουμένους οὐκ ἔχουσιν.
5 In Matth. 49, PG 58, 501, 21-26 : Τὰς δὲ τέχνας τῶν ἀναγκαίων καὶ συνεχόντων

ἡμῶν τὴν ζωὴν παρεκτικὰς εἶναι δεῖ καὶ κατασκευαστικάς. Διὰ γὰρ τοῦτο καὶ σοφίαν
ἡμῖν ἔδωκεν ὁ Θεὸς, ἵνα εὕρωμεν μεθόδους, δι’ ὧν δυνησόμεθα τὸν βίον συγκροτεῖν
τὸν ἡμέτερον.
6 In Matth. 49, PG 58, 501, 26-27 : Τὸ δὲ ζώδια γίνεσθαι, ἢ ἐν τοίχοις, ἢ ἐν ἱματίοις,

ποῦ χρήσιμον; εἰπέ μοι.


7 In Matth. hom. 49, PG 58, 501, 27-31 : Διὰ δὴ τοῦτο καὶ τῶν ὑποδηματορράφων

καὶ τῶν ὑφαντῶν πολλὰ περικόπτειν ἔδει τῆς τέχνης. Καὶ γὰρ ἐπὶ τὸ βάναυσον τὰ
πλείονα αὐτῆς ἐξήγαγον, τὸ ἀναγκαῖον αὐτῆς διαφθείραντες, τέχνῃ κακοτεχνίαν
μίξαντες
4 Francesca Prometea Barone

au luxe et à la mollesse, son travail ne mérite plus le nom d’art et doit


être rangé parmi les choses superflues8 .
Chrysostome est conscient que cette attitude pourra être con-
sidérée comme mesquinerie, qu’elle pourra être critiquée en tant
qu’expression d’un esprit petit9. Cependant, pour sa part, il n’accep-
tera pas toutes ces folles dépenses parmi ses fidèles, au moins tant
qu’il existera quelqu’un n’ayant pas les moyens de satisfaire à ses
besoins primaires10. Le refus du luxe qui est propre à Chrysostome
dépend de son éthique de la richesse.

L’éthique chrysostomienne de la richesse


Le Père antiochien ne s’oppose pas à la richesse, qui est, selon lui,
un don de Dieu11. Cependant, les riches sont tenus à rendre compte
de leurs dépenses : de même que l’agriculteur à qui l’on demande des
comptes sera capable de dire pourquoi il a attelé ses bœufs, creusé
son sillon ou tiré sa charrue  ; ou bien de même que le marchand

8 In Matth. hom. 49, PG 58, 501, 32-42 :  · ὃ καὶ ἡ οἰκοδομικὴ ἔπαθεν. Ἀλλ’ ὥσπερ ταύ-

την, ἕως ἂν οἰκίας οἰκοδομῇ καὶ οὐ θέατρα, τά τε ἀναγκαῖα καὶ οὐ περιττὰ ἐργάζηται,
τέχνην καλῶ· οὕτω καὶ τὴν ὑφαντικήν, ἕως ἂν ἱμάτια ποιῇ καὶ ἐπιβλήματα, ἀλλὰ μὴ
τὰς ἀράχνας μιμῆται καὶ πολὺν καταχέῃ τὸν γέλωτα καὶ τὴν βλακείαν ἄφατον, τέχνην
ὀνομάζω. Καὶ τὴν τῶν ὑποδηματοποιῶν, ἕως ἂν ὑποδήματα ποιῇ, οὐκ ἀποστερήσω
τὸ τῆς τέχνης ὄνομα· ὅταν δὲ τοὺς ἄνδρας εἰς τὰ τῶν γυναικῶν ἐξάγῃ σχήματα καὶ
μαλακίζεσθαι ποιῇ διὰ τῶν ὑποδημάτων καὶ θρύπτεσθαι, μετὰ τῶν βλαβερῶν καὶ
περιττῶν αὐτὴν τάξομεν, καὶ οὐδὲ τέχνην ἐροῦμεν.
9 In Matth. hom. 49, PG 58, 501, 42-44 :  Καὶ οἶδα μὲν ὅτι πολλοῖς μικρολόγος εἶναι

δοκῶ ταῦτα περιεργαζόμενος· οὐ μὴν διὰ τοῦτο ἀποστήσομαι.


10 Cf. In Matth., hom. 49, PG 58, 502, 21-23 : Βούλεσθε εἴπω καὶ τὸ ἔτι χαλεπώτερον,

ὅτι καὶ πενήτων ὄντων πολλῶν ταῦτα γίνεται; Cf. encore In illud, Ne timueris, hom.
2, PG 55, 515, 6-17 : Ὅταν γὰρ καὶ χαλινὸν χρυσοῦν τῷ ἵππῳ περιθῇς καὶ μανιάκην
χρυσοῦν τῷ οἰκέτῃ καὶ πέταλα χρυσᾶ τῷ λίθῳ καὶ δέρματα χρυσᾶ παρὰ σοὶ καὶ ἱμάτια
χρυσᾶ καὶ ζώνη[ν] χρυσῆ[ν] καὶ ὑποδήματα καὶ τοσαύτας τῆς πονηρίας ταύτης σαυτῷ
περιθῇς ἀνάγκας, βουλόμενος τὴν ἀκόρεστον ἐπιθυμίαν πληροῦν καὶ τροφὴν τῷ πά-
ντων ὠμοτάτῳ θηρίῳ παρέχειν, τῇ φιλαργυρίᾳ λέγω· τότε καὶ ὀρφανοὺς ἀποδύεις καὶ
χήρας γυμνοῖς καὶ κοινὸς περιέρχῃ πολέμιος ἅπασι, μάταιόν τινα ἀνελίττων πόνον
καὶ δρόμον οὐδὲν ἔχοντα πέρας χρηστόν.
11 Sur la conception de la richesse chez Jean Chrysostome, cf. Zincone 1973. Cf. en

outre, Mayer 2009, avec bibliographie.


La polémique contre le luxe chez Jean Chrysostome 5

pourra expliquer pourquoi il s’est embarqué ou a fait des dépôts


d’argent12 ; ainsi, celui qui couvre d’argent son lit, qui dore un cheval
ou des pierres, devra fournir une raison à son comportement si l’on
lui demande des comptes13 .
Chrysostome rappelle plusieurs fois que le mot grec désignant
l’argent, χρήματα, désigne les « biens utiles » : il en découle que cet
argent ne doit pas être utilisé pour faire un étalage de bijoutier, mais
pour réaliser des œuvres honorables14. Il existe, selon notre auteur,
une éthique de la richesse : les riches doivent apprendre leur métier
de riches. Ce métier ne consiste point à bâtir une maison, ou bien
à travailler le bois et l’or, mais à user des richesses comme il le faut
(εἰς δέον) et à les employer pour aider ceux qui en ont besoin15. Les
riches doivent accueillir leurs richesses avec responsabilité et utili-
ser l’argent d’une façon convenable16. Dieu leur a donné un toit et
une maison pour s’abriter contre la pluie et pour y recevoir leur pro-
chain, et non pas pour la remplir d’or ; il leur a donné des vêtements
pour se couvrir, et non pour l’ostentation ; il leur a donné la terre,
non pour dépenser la plus grande partie de leurs revenus dans l’en-
tretien de prostituées ou de musiciens, mais pour venir en secours

12 In illud, Ne timueris, hom. 2, PG 55, 516, 26-34 : καὶ ὁ γεωργός, ἐὰν ἀπαιτήσῃς
αὐτὸν εὐθύνας, ἐρεῖ τίνος ἕνεκεν καὶ βόας ἔζευξε καὶ αὔλακας ἔτεμε καὶ ἄροτρον
εἵλκυσε· καὶ ὁ ἔμπορος, τίνος ἕνεκεν τὸ πλοῖον καθείλκυσε καὶ ἐργάτας ἐμισθώσατο
καὶ χρήματα ἐναπέθετο· καὶ ὁ οἰκοδόμος καὶ ὁ ὑποδηματοῤῥάφος καὶ ὁ χαλκοτύπος
καὶ ὁ ἀρτοποιὸς καὶ ἕκαστος τῶν ἡντιναοῦν μετιόντων τέχνην ἀποδίδωσι τὸν λόγον
καὶ τὴν αἰτίαν.
13 In illud, Ne timueris, hom. 2, PG 55, 516, 34-37 : καὶ σύ, ὁ τὴν κλίνην τῷ ἀργύρῳ

περιβάλλων, ὁ τὸν ἵππον καὶ τὸν λίθον χρυσῶν, ὁ τὰ δέρματα τοιαῦτα κατασκευάζων,
ἂν ἀπαιτηθῇς εὐθύνας καὶ λόγον, ποίαν ἐρεῖς αἰτίαν; ποῖον τρόπον;
14 In Ep. ad Phil. hom. 10, PG 62, 260, 8-10 :  Χρήματα γὰρ διὰ τοῦτο εἴρηται, οὐχ

ἵνα οὕτω χρώμεθα αὐτοῖς, καθάπερ αἱ προθῆκαι τῶν χρυσοχόων ἀλλ’ ἵνα ἐργαζώμεθά
τι καλὸν ἐν αὐτοῖς.
15 In Matth. hom. 49, PG 58, 500, 45-50  : Καὶ καθάπερ τῶν τεχνιτῶν ἕκαστος

ἰδίαν ἐπιστήμην ἔχει, οὕτω καὶ ὁ πλουτῶν οὐκ οἶδε χαλκεύειν, οὐδὲ ναυπηγεῖν, οὐδὲ
ὑφαίνειν, οὐδὲ οἰκοδομεῖν, οὐδὲ ἄλλο τῶν τοιούτων οὐδέν· μανθανέτω τοίνυν τῷ
πλούτῳ κεχρῆσθαι εἰς δέον, καὶ ἐλεεῖν τοὺς δεομένους, καὶ πάντων ἐκείνων βελτίονα
εἴσεται τέχνην.
16 Cf., encore, In Ep. ad Phil. hom. 10, PG 62, 261, 37-39 : χρώμεθα εἰς δέον τοῖς

ὑπηργμένοις ἡμῖν παρ’ αὐτοῦ (sc. τοῦ θεοῦ).


6 Francesca Prometea Barone

des malheureux, des indigents17.


Par ailleurs, Chrysostome sait bien que les richesses sont souvent
acquises de façon malhonnête : dès lors il souligne que, quand même
ces richesses seraient acquises le plus justement possible, on serait
néanmoins très coupables de le prodiguer en folies  ; mais comme
elles sont le plus souvent le fruit des rapines et de l’injustice18, à plus
forte raison, il faut au moins apprendre à les utiliser correctement.
De cette conception de la richesse que nous venons d’esquisser,
jaillit la conception chrysostomienne du luxe, qui est pour lui un
péché.

Le luxe : causes et remèdes


Le luxe est pour Chrysostome un usage coupable des richesses  ;
il est une faute, contre Dieu et contre les hommes. Le lexique uti-
lisé pour le décrire est généralement lié aux champs sémantiques
de la folie ou de la maladie. La cause du luxe est, selon notre auteur,
la vaine gloire (κενοδοξία), un monstre qui prend toutes sortes de
formes et qui répand son poison partout, sur les richesses, sur la
beauté du corps. C’est elle qui amène au mépris du nécessaire pour
rechercher le luxe dans les vêtements, dans les maisons, à table19.

17In Ep. ad Phil. hom. 10, PG 62, 262, 17-27 :  Ἔδωκεν ὄροφον ἵνα στέγῃ τὸν ὑετὸν
τοσοῦτον μόνον, οὐχ ἵνα καλλωπίζηται οὗτος μὲν τῷ χρυσῷ, ὁ δὲ πένης διαφθείρη-
ται τῷ λιμῷ· ἔδωκεν ἱμάτια, ἵνα σκεπώμεθα, οὐχ ἵνα ἐπιδεικνυώμεθα, οὐχ ἵνα ταῦτα
μὲν ᾖ πολὺ ἔχοντα χρυσίον, ὁ δὲ Χριστὸς γυμνὸς ἀπολλύηται· ἔδωκε στέγην, οὐχ
ἵνα μόνος ἔχῃς, ἀλλ’ ἵνα καὶ ἄλλοις παρέχῃς· ἔδωκε γῆν, οὐχ ἵνα σὺ τὸ πλέον αὐτῆς
ὑποτεμνόμενος εἰς πόρνας καὶ ὀρχηστὰς καὶ μίμους καὶ αὐλητὰς καὶ κιθαρῳδοὺς
ἀναλίσκῃς τὰ τοῦ Θεοῦ ἀγαθὰ ἀλλ’ εἰς πεινῶντας καὶ δεομένους.
18 In Matth. hom. 89, PG 58, 786, 15-18  : Εἰ καὶ ἐκ δικαίων πόνων ταῦτα περι-

κείμενά σοι ἦν, καὶ οὕτω μεγίστη κατηγορία τὸ γινόμενον· ὅταν δὲ καὶ ἐξ ἀδικίας,
ἐννόησον τὴν ὑπερβολήν.
19 In Ioh. hom. 69, PG 59, 380, 11-19 :  γʹ. Φεύγωμεν τοίνυν τὸ θηρίον τοῦτο διὰ

πάντων.
Ποικίλον γάρ ἐστι καὶ παντοδαπὸν καὶ πανταχοῦ διασπείρει τὸν οἰκεῖον ἰὸν καὶ

ἐν χρήμασι, καὶ ἐν τρυφῇ, καὶ ἐν κάλλει σωμάτων. Διὰ τοῦτο πανταχοῦ τὴν χρείαν
ὑπερβαίνομεν· διὰ τοῦτο ἡ περὶ τὰ ἱμάτια πλεονεξία, ὁ πολὺς τῶν οἰκετῶν ἐσμός·
διὰ τοῦτο πανταχοῦ μὲν ἡ χρεία καταπεφρόνηται, καὶ ἐν οἰκίαις, καὶ ἐν ἱματίοις, καὶ
La polémique contre le luxe chez Jean Chrysostome 7

Même les pauvres suivent le mauvais exemple des riches et s’efforcent


de porter de beaux vêtements pour obtenir la considération de la
foule. Souvent, remarque Chrysostome, on s’achète un domestique,
non pas par nécessité, mais pour ne pas se déconsidérer aux yeux de
tous en étant le serviteur de soi-même20.
Le péché du luxe frappe aussi bien les hommes que les femmes21 ;
cependant, ce sont surtout les femmes à en être touchées22. Par ail-
leurs, la position des femmes est double, car d’un côté elles sont ac-
trices du luxe, aimant dépenser et étaler leurs dépenses, de l’autre,
elles sont également des « objets de luxe », car leurs maris ont l’ha-
bitude de dépenser beaucoup pour leurs vêtements et pour leurs bi-
joux.
Le seul remède que Chrysostome préconise contre le luxe est
l’éducation. Les pères devraient habituer leur enfant à la continence,
à la modération, au mépris des richesses. Mais force est de constater
qu’il n’en va pas ainsi et que, dès qu’ils ont un enfant, les pères se

ἐν τραπέζῃ· ἡ δὲ πλεονεξία κρατεῖ. Cf., encore, In Ep. ad Phil. hom. 10, PG 62, 263,
8-9 :  Ἄλλως δὲ καὶ ἡ κενοδοξία πάντα ταῦτα ἐφεῦρεν.·
20 Sur la vaine gloire et l’éducation des enfants (Malingrey 1972), ch. 13, 175-

179 :  Καὶ ὁ πένης πάντα ποιεῖ ὥστε ἱμάτια περιθέσθαι καλά, δι’ οὐδὲν ἕτερον ἀλλ’
ὥστε δοξασθῆναι παρὰ τῶν πολλῶν· καὶ πολλάκις ἑαυτῷ διακονήσασθαι δυνά-
μενος οἰκέτην ὠνήσατο οὐ χρείας ἕνεκεν, ἀλλ’ ὥστε μὴ δόξαι ἠτιμῶσθαι ἑαυτῷ
διακονούμενος. Cf. In Ep. ad Coloss. hom. 7, PG 62, 350, 6-8  :   Ἀλλὰ πανταχοῦ ὁ
τῦφος ὁ περισσός, πανταχοῦ ἡ κενοδοξία· οὐδαμοῦ τῆς χρείας, ἀλλὰ πανταχοῦ τῶν
περιττῶν.
21 In Ep. ad Coloss. hom. 7, PG 62, 350, 38 : Τοῦτο καὶ ἀνδράσι παραινῶ καὶ γυναιξί.

22 Cf. In Gen. hom. 18, PG 53, 150, 38-39 :  μάλιστα γὰρ τὸ τῶν γυναικῶν γένος

ταύτην ἡμῖν ἐπιδείκνυται τὴν βλακείαν, ou encore In Matth. hom. 30, PG 57, 368, 27-
41 : Κἂν γυναῖκα φιλόκοσμον ἔχῃς, πρὸς ἐπιτρίμματα κεχηνυῖαν καὶ ἀνεπτερωμένην,
καὶ πολλῇ τρυφῇ διαχεομένην, καὶ λάλον, καὶ ἀνόητον· καίτοιγε οὐκ ἔνι ταῦτα πάντα
εἰς γυναῖκα μίαν συνεμπεσεῖν·πλὴν ἀλλὰ διαπλάσωμεν τῷ λόγῳ γυναῖκα τοιαύτην.
Τί οὖν ὅτι γυναῖκα, φησί, καὶ οὐχὶ ἄνδρα διαπλάττεις; Εἰσὶ καὶ ἄνδρες ταύτης χείρους
τῆς γυναικός. Ἀλλ’ ἐπειδὴ ἀνδράσιν ἡ ἐπιστασία ἐγκεχείρισται, διὰ τοῦτο γυναῖκα
διαπλάττομεν τέως, οὐχ ὡς ἐκεῖ τῆς κακίας πλεοναζούσης. Πολλὰ γὰρ καὶ παρὰ
ἀνδράσιν ἔστιν εὑρεῖν, ἃ παρὰ γυναιξὶν οὐκ ἔστιν, οἷον ἀνδροφονίαν, τυμβωρυχίαν,
θηριομαχίαν καὶ πολλὰ τοιαῦτα. Μὴ τοίνυν νομίσητε τὸ γένος ἡμᾶς ἐξευτελίζοντας
ταῦτα ποιεῖν· οὐκ ἔστι τοῦτο, οὐκ ἔστιν· ἀλλ’ οὕτω χρήσιμον τέως ὑπογράψαι τὴν
εἰκόνα. 
8 Francesca Prometea Barone

donnent beaucoup de peine pour l’entourer d’or et des richesses  :


L’enfant vient de naître ; le père met tout en œuvre non pour entre-
prendre l’éducation de sa vie, mais pour le parer, pour l’envelopper
de vêtements d’or. Que fais-tu, ô homme ? Soit, porte toi-même ces
vêtements, mais pourquoi élever ton enfant, qui n’a pas encore l’ex-
périence de cette folie, dans de telles habitudes ? Pourquoi lui mettre
des bijoux autour du cou ? (trad. Malingrey)23.
Chrysostome estime que l’arme la plus efficace contre le luxe
est une correcte éducation, que les pères doivent donner à leurs
enfants, les femmes à leurs maris24, et les hommes à leurs fem-
mes25. Cependant, il s’adresse plus fréquemment aux femmes. En

23 Sur la vaine gloire et l’éducation des enfants (Malingrey 1972), ch. 16, 239-

245  :   Τὸ παιδίον εὐθέως ἐτέχθη· πάντα μηχανᾶται ὁ πατὴρ οὐχ ὅπως αὐτοῦ τὸν
βίον ῥυθμίσειεν, ἀλλ’ ὅπως αὐτὸ καλλωπίσειεν καὶ χρυσίοις καὶ ἱματίοις περιβάλοι.
Τί δή ποτε τοῦτο ποιεῖς, ἄνθρωπε; Ἔστω, αὐτὸς ταῦτα περίκεισαι· τί καὶ τὸ παιδί-
ον, τὸ οὐδέπω τῆς μανίας ταύτης πεῖραν λαβόν, παιδεύεις ἐν τούτοις; Τίνος ἕνεκεν
περιτιθεῖς κόσμον περὶ τὸν τράχηλον;
24 In Matth. 89, PG 58, 788, 8-17 : Εἰ γὰρ αὐτὸν ἐπαίδευσας τούτων μὲν ὑπερορᾷν,

σωφροσύνῃ δὲ χαίρειν, εὐλαβείᾳ, ταπεινοφροσύνῃ, οὐκ ἂν ῥᾳδίως ἑάλω τοῖς


τῆς πορνείας πτεροῖς. Κοσμήσασθαι μὲν γὰρ οὕτω δύναται πόρνη, καὶ τούτου
πλέον·ἐκείνοις δὲ οὐκέτι. Ἔθισον οὖν αὐτὸν τούτῳ χαίρειν τῷ κόσμῳ, ὃν οὐκ ἔχει
παρὰ τῇ πόρνῃ κείμενον ἰδεῖν. Πῶς δὲ αὐτὸν εἰς τὴν συνήθειαν ταύτην ἐμβαλεῖς; Ἂν
τοῦτον ἀφέλῃς, καὶ ἐκεῖνον περιθῇς. Οὕτω καὶ ὁ ἀνὴρ ἐν ἀσφαλείᾳ καὶ σὺ ἐν τιμῇ καὶ
ὁ θεὸς ὑμῖν ἵλεως καὶ ἄνθρωποι πάντες θαυμάσονται, καὶ τῶν μελλόντων ἐπιτεύξεσθε
ἀγαθῶν… Cf. en outre In Ioh. hom. 61, PG 59, 341, 15-30  :   Ἅσπερ ἀναγκαῖον καὶ
ὑμᾶς ζηλοῦν καὶ μὴ ῥήμασι μόνον ἀλλὰ καὶ πράγμασι ῥυθμίζειν τὸν συνοικοῦντα.
Πῶς δὲ αὐτὸν παιδεύσομεν διὰ τῶν πραγμάτων; Ὅταν σὲ μὴ πονηρὰν οὖσαν ἴδῃ,
μηδὲ πολυτελῆ καὶ φιλόκοσμον, μηδὲ προσόδους χρημάτων ἀπαιτοῦσαν περιττάς,
ἀλλ’ ἀρκουμένην τοῖς οὖσι· τότε γὰρ, τότε καὶ συμβουλευούσης ἀνέξεται. Ἐὰν δὲ
φιλοσοφῇς μὲν τοῖς ῥήμασιν, ἐν δὲ τοῖς πράγμασι τἀναντία ποιῇς, καταγνώσεταί σου
φλυαρίαν πολλήν. Ὅταν δὲ μετὰ τῶν ῥημάτων καὶ τὴν ἀπὸ τῶν ἔργων παρέχῃς αὐτῷ
διδασκαλίαν, τότε καὶ ἀποδέξεταί σε καὶ πεισθήσεται μᾶλλον· οἷον ὅταν χρυσίον μὴ
ζητῇς, μηδὲ μαργαρίτας, μηδὲ ἱματισμῶν πολυτέλειαν·ἀλλ’ ἀντὶ τούτων κοσμιότη-
τα, σωφροσύνην, εὔνοιαν, καὶ παρὰ σαυτῆς ταῦτα εἰσαγάγῃς καὶ παρ’ ἐκείνου ταῦτα
ἀπαιτῇς.
25 In Matth. hom. 30, PG 57, 368, 41-49 :Ὑποκείσθω τοίνυνἡμῖν γυνὴ τοιαύτη, καὶ

σπουδαζέτω παντὶ τρόπῳ αὐτὴν διορθοῦσθαι ὁ ἀνήρ. Πῶς οὖν αὐτὴν διορθώσεται;
Μὴ πάντα ἀθρόον ἐπιτάττων, ἀλλὰ τὰ κουφότερα πρότερον καὶ οἷς οὐ σφόδρα κα-
τέχεται. Ἂν γὰρ τὸ πᾶν ἐπείξῃς αὐτὴν κατορθῶσαι ἐξ ἀρχῆς, τὸ πᾶν ἀπώλεσας. Μὴ
τοίνυν περιέλῃς τὰ χρυσία εὐθέως, ἀλλ’ ἄφες ἔχειν καὶ περικεῖσθαι τέως· δοκεῖ γὰρ
τοῦτο ἔλαττον εἶναι κακὸν τῶν ἐπιτριμμάτων καὶ τῶν ὑπογραφῶν (...). Sur l’usage et
La polémique contre le luxe chez Jean Chrysostome 9

effet, il considère que quand elles auront quitté le luxe, leurs maris
n’auront plus de grandes dépenses à faire ; alors ils perdront leur
envie d’amasser et ils seront davantage portés à l’aumône. Cepen-
dant, tant qu’elles n’auront pas changé leur comportement, elles
ne pourront rien exiger de leurs époux 26 : hommes et femmes ne
pourront accoutumer leurs conjoints à une conduite sobre que
quand ils auront eux-mêmes renoncé au faste.
Une fois tracée la conception chrysostomienne du luxe, nous al-
lons examiner sa prédication sur ce thème.

La stratégie chrysostomienne dans la prédication


contre le luxe : l’argumentation…
La vocation chrysostomienne, comme on le sait, est celle d’un
prédicateur, d’un pasteur d’âmes, chargé par Dieu de conduire les
fidèles à la perfection de la vertu. Ainsi, Chrysostome est infatigable
dans la dénonciation, puis dans la correction des vices de son peu-
ple. Pour ce qui concerne notre sujet, dans le corpus de ses textes,
il développe à plusieurs reprises son enseignement contre le luxe,
ce qui nous permet de reconstruire les stratégies de sa prédication.
Les instruments rhétoriques dont il se sert sont au nombre de deux :
d’un côté l’argumentation, de l’autre le ridicule.
Pour ce qui concerne la première, le but du raisonnement que l’au-
teur enchaîne tout au long de sa prédication est celui de montrer aux
fidèles que ce n’est pas dans la possession des biens matériels que
réside la dignité des hommes : « Un tel, dit-on, maintient sa dignité
(ἔχει τὸ σχῆμα αὑτοῦ). Sur son lit s‘entassent des couvertures et il pos-

la considération des cosmétiques dans l’Antiquité, cf. B. Grillet, Les femmes et les fards
dans l’Antiquité grecque, Paris 1975.
26 In Ioh. hom. 69, PG 59, 380, 54-61 : Ἂν γὰρ ἴδωσι τὸν κόσμον τοῦτον ἀποθεμένας,

οὐ πολλὴν ἕξουσι δαπάνης ἀνάγκην· οὐκ ἔχοντες δέ, πλεονεξίας ἀποστήσονται πά-
σης καὶ εἰς ἐλεημοσύνην ἔσονται εὐκολώτεροι καὶ ὑμεῖς δὲ αὐτοῖς δυνήσεσθε μετὰ
παῤῥησίας συμβουλεύειν τὰ δέοντα. Νῦν μὲν γὰρ πᾶσαν παρῄρησθε τὴν τοιαύτην
ἐξουσίαν.
10 Francesca Prometea Barone

sède beaucoup d’objets de bronze. Il est propriétaire d’une maison27


(trad. Malingrey) ». Mais la dignité ne consiste pas dans la beauté
d’une maison, dans la somptuosité des tapis, dans un lit où s’en-
tassent des couvertures ni dans une quantité de serviteurs ; la digni-
té réside dans la possession des vertus morales, dans le mépris des
richesses ; la dignité, c’est plutôt de mépriser les honneurs accordés
par la foule et de ne pas surévaluer les choses humaines28.
Chrysostome dénonce l’absurdité de l’estime accordée à cer-
tains biens. La valeur reconnue à ces objets n’a pas de fondement
objectif, reposant simplement sur une convention sociale, sur une
mode. Parlant des pierres précieuses, par exemple, il demande à
ses fidèles pour quelle raison on attribue tant de valeur à un cail-
lou. Aurait-il peut-être une quelque propriété secrète ? Servirait-il
à quelque chose en particulier ? Est-il plus résistant, plus utile ?
Pas du tout ! Simplement, il semblerait que les pierres rehaussent
la beauté. Et pourtant, réplique Chrysostome, il ne s’agit que d’un
préjugé : la valeur de ces objets n’est que le fruit d’une convention
(ἀλλ’ ἢ ἀπὸ ὑπολήψεως). Ces pierres ne sont pas les plus belles, car
il en existe des plus diaphanes ; elles ne sont pas les plus solides, ni
les plus utiles. La seule raison qui les fait tant estimer est la mode
(ἀπὸ ὑπολήψεως μόνης)29. Ainsi, un étranger, qui n’appartiendrait pas
à la communauté, ne partagerait sans doute pas le jugement sur
la valeur des biens reconnus comme un luxe et ne trouverait pas

27
Sur la vaine gloire… op. cit., ch. 15, 222-225.
28
Sur la vaine gloire et l’éducation des enfants (Malingrey 1972), ch. 15, 222-236.
29 In Ep. ad Phil. hom. 10, PG 62, 262, 31-46 : (…) τίνος ἕνεκεν οἱ λίθοι καὶ πῶς

οὕτως εἰσὶν ἐκεῖνοι βαρύτιμοι; ἆρα τῇ δυνάμει; ἆρα τῇ χρήσει; Μᾶλλον μὲν οὖν οἱ μὴ
τοιοῦτοι χρήσιμοι. Οἱ μὲν γὰρ κἂν πρὸς οἰκοδομὴν συμβάλλονται, ἐκεῖνοι δὲ πρὸς
οὐδέν. Καὶ οὗτοι ἐκείνων ἰσχυρότεροι. Ἀλλ’ ἐκεῖνοι, φησί, κάλλος ἐργάζονται. Πῶς;
ὑπολήψεώς ἐστι τὸ ἔργον. Λευκότεροί εἰσιν; Ἀλλ’ οὐκ εἰσὶ μαρμάρου τοῦ σφόδρα
λευκοῦ λευκότεροι, ἀλλ’ οὐδὲ ἴσοι. Ἀλλ’ἰσχυρότεροι; Ἀλλ’ οὐδὲ τοῦτο ἔχοι τις ἂν
εἰπεῖν. Ἀλλὰ χρησιμώτεροι; ἀλλὰ μείζους; Ἀλλ’ οὐδὲ τοῦτο. Πόθεν οὖν ἐθαυμάσθησαν;
Ἀλλ’ οὐκ ἄλλοθεν ἀλλ’ ἢ ἀπὸ ὑπολήψεως. Εἰ γὰρ μήτε καλλίους εἰσίν - εὑρήσομεν γὰρ
αὐτῶν περιφανεστέρους καὶ λευκοτέρους -, μήτε χρήσιμοι, μήτε ἰσχυρότεροι, πόθεν
οὕτως ἐθαυμάσθησαν; οὐχὶ ἀπὸ ὑπολήψεως μόνης;
La polémique contre le luxe chez Jean Chrysostome 11

beau ce qui reçoit tant d’honneur de la part les autres30.


Chrysostome s’efforce de montrer que les biens de luxe ne sont pas
simplement inutiles, ils sont pernicieux. Inutiles, c’est évident  : ils
ne rendent pas de plus grands services que les biens ordinaires, car
si - comme on le prétend - ils donnent un plaisir supérieur, toutefois
ce plaisir dure très peu, parce que l’habitude engendre la satiété, qui
fait évanouir tout charme. Cela arrive pour les habitations31, pour
les objets d’art, pour les vêtements. Mais en plus, ils provoquent des
nombreux dommages, qu’ils soient d’ordre matériel ou spirituel. Du
côté matériel, tout d’abord le luxe attire les convoitises des voleurs32,
ce qui provoque craintes et inquiétudes pour les riches. Par exemple,
les femmes ont peur de se faire voler leurs bijoux ou de les perdre.
Et les soucis ne les tourmentent pas seulement lorsqu’elles ont dépo-
sé leurs bijoux dans le coffre, ni une fois la nuit tombée, mais déjà
lorsqu’elles en sont parées, en plein jour, car souvent il arrive que
les personnes couvertes d’or, pressées et bousculées par la foule, ne
s’aperçoivent même pas de la perte d’un de leurs bijoux33. Ensuite, le
luxe attire les regards des envieux ou la colère des pauvres, surtout
si l’on se présente bien paré à l’église et si l’on passe en cet état par-
mi ceux qui ont faim et qui sont mal vêtus34 . Quant aux dommages
pour l’âme, ils sont innombrables : avarice, car l’argent ne suffit ja-

30 In Ep. ad Phil. hom. 10, PG 62, 263, 8-264, 1· Ἄλλως δὲ καὶ ἡ κενοδοξία πάντα
ταῦτα ἐφεῦρεν· ἔδοξε γάρ σοι πάντων αὐτὰ προθεῖναι. Ἐπεὶ εἴ τίς σε ἔροιτο ξένος ἀνὴρ
ἢ γεωργὸς καὶ ἄπειρος ὢν αὐτῶν, καὶ ἰδών σε θαυμάζοντα εἴποι, Διὰ τί ταῦτα θαυμά-
ζεις; τί ἔχεις εἰπεῖν; Ὅτι καλὸν ἰδεῖν; Ἀλλ’ οὐκ ἔστι.
31 In Ep. ad Phil. hom. 10, PG 62, 260, 19-24 : Τί βούλεται καὶ ὁ χρυσοῦς ὄροφος;

οὐχὶ τὴν αὐτὴν τῷ μετὰ συμμετρίας οἰκίαν ἔχοντι παρέχεται τὴν χρῆσιν; Ἀλλ’ ἔχει,
φησί, τέρψιν πολλήν. Ἀλλὰ μέχρις ἡμέρας μιᾶς καὶ δευτέρας, λοιπὸν δὲ οὐκέτι.
32 Cf. In illud, Ne timueris, hom. 2, PG 55, 515, 28-29 : Οὐκ ἐντεῦθεν λῃσταὶ καὶ

τοιχωρύχοι πολλοί; οὐκ ἐντεῦθεν οἰκέται δραπετεύουσιν.


33 La virginité, éd. H. Musurillo, SC 125, Paris 1966, ch. 61.

34 In Matth. hom. 89, PG 58, 786, 3-11  : Ὥστε πανταχοῦ μὲν βλαβερὸν τὸ

χρυσοφορεῖν, μάλιστα δὲ ὅταν εἰς ἐκκλησίαν εἰσίῃς, ὅταν διὰ τῶν πενήτων παρίῃς. Εἰ
γὰρ σφόδρα σαυτῆς κατηγορῆσαι ἐσπούδασας, οὐκ ἂν ἄλλο περιέθου σχῆμα, ἀλλ’ ἢ
τὸ τῆς ὠμότητος τοῦτο, καὶ ἀπανθρωπίας προσωπεῖον. Ἐννόησον γοῦν πόσας γαστέ-
ρας παρέρχῃ πεινώσας μετὰ τοῦ σχήματος τούτου, πόσα σώματα γεγυμνωμένα μετὰ
τῆς φαντασίας ταύτης τῆς σατανικῆς.
12 Francesca Prometea Barone

mais ; mécontentement, car riche et puissant que l’on soit, il y aura


toujours quelqu’un d’autre plus aisé35 ; orgueil, à cause de l’admira-
tion de ceux qui regardent36 ; arrogance, mépris du prochain, plaisirs
défendus37.
A côté des dommages que l’étalage des richesses provoque aux ri-
ches, le luxe a une incidence négative sur la collectivité, dans la me-
sure où il transmet des modèles de comportement mauvais et finit
par susciter, chez les autres, les mêmes désires inconsidérés. Ainsi,
par exemple, les femmes qui n’ont pas des beaux bijoux, brûlant du
désir d’être elles aussi parées comme les plus riches, s’arment ensuite
contre leurs maris et leur font une guerre furieuse38.

… et le ridicule

À côté de ces arguments, qui voudraient détruire de façon ration-


nelle la considération collective entourant certains biens superflus
et rares, Chrysostome utilise une deuxième arme pour sa guerre
contre le luxe : le ridicule. Parsemées dans ses écrits, nous trouvons
des images plutôt amusantes dont il se sert pour caractériser cer-
tains comportements. Il se moque par exemple des riches, qui por-
tent plusieurs tuniques même pendant l’été, accompagnées souvent
par un manteau, une ceinture, des caleçons… d’une telle sorte que,

35
La virginité, op. cit., ch. 60, 12-15 : ἐν δὲ τῷ γάμῳ, κἂν τῶν σφόδρα πλουτούντων
καὶ μεγάλα δυναμένων ἔχῃ τις ἄνδρα, ἀλλ’ὅμως δύναιτ’ἃν ἑτέραν εὑρεῖν πολλῷ
μείζονα ἔχουσαν.
36 In Matth. hom. 89, PG 58, 783, 20-25 :  Τί οὖν τὸ κέρδος τοῦ κόσμου τούτου καὶ

τῆς βλακείας ταύτης; εἰπέ μοι. Τέρπομαι, φησί. Πάλιν μοι τὴν βλάβην εἶπες καὶ τὸν
ὄλεθρον. Ἀλλὰ καὶ τιμῆς ἀπολαύω, φησί, πολλῆς παρὰ τῶν ὁρώντων. Καὶ τί τοῦτο;
Ἑτέρας γὰρ τοῦτο διαφθορᾶς ὑπόθεσις, ὅταν εἰς τῦφον, ὅταν εἰς ἀπόνοιαν αἴρῃ. 
37 In Gen. hom. 41, PG 53, 382, 11-16 : Ἀπὸ γὰρ τοῦ κόσμου τούτου τοῦ ἔξωθεν

μυρία τίκτεται κακά· καὶ οὔπω λέγω τὴν τῆς ψυχῆς λύμην, τὴν ἐντεῦθεν φυομένην
ἀλαζονείαν, τὴν ὑπεροψίαν τὴν κατὰ τῶν πλησίον, τοῦ φρονήματος τὴν ἀπόνοιαν,
τῆς ψυχῆς τὴν διαφθορὰν, τῶν ἡδονῶν τῶν ἀτόπων τὸν ἐσμόν.·
38 In Matth. hom. 89, PG 58, 785, 32-34  : Αἱ γὰρ πλησίον δηχθεῖσαι κατὰ τῶν

οἰκείων ἀνδρῶν ὁπλίζονται καὶ πολέμους ἀναρριπίζουσί σοι χαλεπούς.


La polémique contre le luxe chez Jean Chrysostome 13

quand il fait chaud - observe-t-il - on voit les riches inondés de sueur,


tandis que les pauvres, jamais39 ! De la même manière, à propos des
souliers de luxe, il se demande en souriant si les chaussures ne soient
pas faites pour pouvoir marcher sans crainte dans la boue et pour
traverser les chemins les plus mauvais… Et aux riches, qui portent
des souliers précieux et qui ont peur de les abîmer, propose de les
suspendre au cou, ou bien de se les attacher sur la tête, puisque ce ne
sont que des parures40 ! Le public réagit en riant, alors que le pasteur
aurait envie de pleurer amèrement devant cette folie, devant cet atta-
chement aux biens matériels : car on en voit qui, pour éviter de salir
leurs souliers, préfèrent prendre le risque de tomber eux même dans
la boue41 !
Dans un autre passage, à propos des femmes et de leur passion
pour l’or, Chrysostome se dit inquiet de les voir se transformer en de
véritables monstres, si elles choisissent d’avoir des cheveux d’or, des
lèvres d’or et des sourcils du même métal42.
Quant aux hommes, il s’amuse à souligner que les lourdes paru-
res qu’ils achètent pour leurs femmes, et qui pèsent sur le corps de
celles-ci jusqu’à les écraser, sont les mêmes que celles qu’ils choisis-
sent pour leurs chevaux ! Car - s’exclame Chrysostome - les richesses
donnent la folie. Oui, on honore de la même manière et les femmes et

39 In Ep. ad Phil. hom. 10, PG 62, 259, 26-28 : Ἀπὸ τούτου τοὺς μὲν πλουτοῦντας

ὁρῶμεν ἱδροῦντας, τοὺς δὲ πένητας οὐδὲν τούτων πάσχοντας. 


40 In Matth. hom. 49, PG 58, 503, 3-6 : Ὥστε γὰρ πηλὸν πατεῖν καὶ βόρβορον καὶ

πᾶσαν τὴν ἐπὶ τοῦ ἐδάφους κηλῖδαγέγονε τὰ ὑποδήματα. Εἰ δὲ οὐκ ἀνέχῃ, λαβὼν
ἐξάρτησον τοῦ τραχήλου, ἢ τῇ κεφαλῇ περίθες.
41 In Matth. hom. 49, PG 58, 503, 7-10 : Καὶ ὑμεῖς μὲν γελᾶτε ταῦτα ἀκούοντες· ἐμοὶ

δὲ δακρύειν ἔπεισι τὴν τούτων μανίαν καὶ τὴν περὶ ταῦτα σπουδήν. Καὶ γὰρ ἥδιον ἂν
οὗτοι τὸ σῶμα μολύναιεν πηλῷ ἢ τὰ δέρματα ἐκεῖνα.
42 In Ep. ad Coloss. hom. 7, PG 62, 350, 9-18  : Ἐγὼ δέδοικα μὴ ὑπὸ τῆς μανίας

ταύτης προβαῖνον τὸ γυναικεῖον γένος τεράτων ἀναλάβῃ μορφήν· εἰκὸς γὰρ αὐτὰς
ἐπιθυμῆσαι καὶ τρίχας ἔχειν χρυσᾶς. Ἢ ὁμολογήσατε ὅτι οὐκ ἐπάθετέ τι πρὸς τὸ
λεχθὲν καὶ διανέστητε καὶ εἰς ἐπιθυμίαν ἐνεπέσετε, καὶ εἰ μή γε ἡ αἰσχύνη κατεῖχεν,
οὐκ ἂν παρῃτήσασθε. Εἰ γὰρ καὶ τὰ τούτων ἀτοπώτερα τολμᾶτε, πολλῷ μᾶλλον καὶ
τρίχας ἔχειν οἶμαι ταύτας ἐπιθυμῆσαι χρυσᾶς καὶ τὰ χείλη καὶ τὰς ὀφρῦς καὶ πάντα
χρυσὸν κατατηκούσας οὕτω περιχρίειν.
14 Francesca Prometea Barone

les chevaux, et identique est la parure pour les unes comme pour les
autres43.
Dans d’autres passages, Chrysostome se montre assez sévère en-
vers les femmes couvertes de pierres précieuses : il fait observer, avec
une certaine malice, que ce n’est pas la femme parée qu’on admire,
mais ses bijoux. Or, si la femme est belle, ces bijoux cachent sa beau-
té ; si en revanche la femme est laide et son aspect désagréable, les
ornements mettent alors en évidence sa disgrâce. Car la laideur,
quand elle est seule, n’apparaît que ce qu’elle est, alors qu’environ-
née par l’éclat des bijoux, elle devient encore plus déplaisante. Le
public concentre son regard sur les ornements de la femme et vient à
déprécier son visage : ainsi, les objets reçoivent une admiration sans
limites tandis que la femme en est ridiculisée (καταγελᾶσθαι)44 .

L’on remarquera que l’usage du ridicule n’est pas habituel chez Jean
Chrysostome lors de ses prédications contre d’autres vices, comme,
par exemple, la colère. Si nous nous interrogeons sur les raisons de
ce choix, il est possible d’en proposer au moins deux  : d’un côté,
Chrysostome considère que le luxe est une folie et que la seule chose
qui peut retenir les riches de leurs excès est la honte45. D’autre part,
l’usage du ridicule lui est nécessaire pour présenter ces comporte-
ments comme risibles, afin d’éteindre l’admiration et le désir d’imi-
tation qu’ils suscitent. En effet, dans certains passages, il ridiculise
les comportements des riches dans le but explicite de les soustraire à
toute sorte d’admiration : ainsi, il répète à ses fidèles de ne pas regar-
der comme heureux l’homme riche ; s’il semble toucher aux nuages,
ce n’est qu’à cause de son arrogance  ; il est nullement couvert de

43 In Ep. ad Phil. hom. 10 PG 62, 259, 40-49 : Μετὰ γὰρ τῶν ἄλλων καὶ ἀνοήτους

ποιεῖ τὸ πλουτεῖν. Τῆς γὰρ αὐτῆς τιμῆς τάς τε γυναῖκας ἀξιοῦσι καὶ τοὺς ἵππους καὶ
εἷς ὁ καλλωπισμὸς ἀμφοτέρων. 
44 La virginité, op. cit., ch. 62, 9-27.

45 In Ep. ad Coloss. hom. 7, PG 62, 350, 11-14 : Ἢ ὁμολογήσατε ὅτι οὐκ ἐπάθετέ τι

πρὸς τὸ λεχθὲν καὶ διανέστητε καὶ εἰς ἐπιθυμίαν ἐνεπέσετε, καὶ εἰ μή γε ἡ αἰσχύνη
κατεῖχεν, οὐκ ἂν παρῃτήσασθε.
La polémique contre le luxe chez Jean Chrysostome 15

gloire, car ce qui rend les hommes « sublimes », c’est la perfection


de la vertu46. Ou encore cet homme à cheval escorté par beaucoup
de licteurs qui écartent le peuple devant lui : pourquoi l’appeler heu-
reux ? Il faut secouer le fond de son âme, pour en évaluer la beauté47 !
Et de dénoncer comme risible cette arrogance, qui semble transfor-
mer un homme en loup ou en lion, dont l’entrée dans la ville fait que
tout le monde se sauve !48
La satire des riches est destinée à éloigner de ce modèle tous ceux
qui sont sous le charme du luxe.

Conclusions

Le luxe est, pour notre auteur, un péché, fils de la vaine gloire. La


seule solution contre ce vice est l’éducation, à l’intérieur de la famil-
le -inculquée par les pères aux filles, par les maris aux femmes et par
les femmes aux maris, et à l’extérieur de la famille, comme le mon-
tre sa prédication, qui est un moyen d’éducation des fidèles. Contre
le luxe, Chrysostome combat avec l’argumentation rationnelle – en
montrant la folie qui réside dans l’étalage des biens inutiles et les
dangers qui en suivent – et par le ridicule. Ce deuxième moyen vise

46 In illud, Ne timueris, PG 55, 514, 24-33 : Ταῦτα γοῦν εἰδότες, μηδένα ζηλωτὸν
εἶναι νομίζετε τῶν ἐκεῖνα περιβεβλημένων, ἃ μηδὲν πρὸς αὐτὸν ἔχει κοινόν. Κἂν
ἴδῃς ἐπὶ ὀχήματός τινα καθήμενον, τὰς ὀφρῦς ἀνασπῶντα, ἀνατεινόμενον, αὐτῶν
ἁπτόμενον τῶν νεφελῶν, οὐ τῇ φύσει τοῦ πράγματος - οὐ γὰρ δυνατόν, ἀλλὰ τῇ
ἀπονοίᾳ τῆς ψυχῆς, μᾶλλον δὲ τῇ ἀνοίᾳ, μὴ νόμιζε τοῦτον ἔνδοξον, μηδὲ ὑψηλὸν
καὶ μέγαν. Ὑψηλὸν γὰρ οὐχ ἡμίονοι ποιοῦσιν ἕλκουσαι ἀλλ’ ἀρετῆς κορυφὴ πρὸς τὰς
ἁψῖδας ἀνάγουσα τῶν οὐρανῶν.
47 In illud, Ne timueris, PG 55, 514, 33-38 : Κἂν ἄλλον θεάσῃ ἐφ’ ἵππου καθήμενον,

πολλοὺς ἔχοντα τοὺς ῥαβδούχους καὶ σοβοῦντας ἐπὶ τῆς ἀγορᾶς, μηδὲ τοῦτον
μακαρίζῃς διὰ ταῦτα, ἀλλ’ ἀνάπτυξον αὐτοῦ τὴν ψυχὴν καὶ τότε περὶ αὐτοῦ ψηφίζου
ταῦτα, ἅπερ ἡ ἐκείνης ὄψις ὑποβάλλει.
48 In illud, Ne timueris, PG 55, 514, 38-43 : Ὡς τά γε νῦν ὁρώμενα καταγέλαστα. Τί

γὰρ σοβεῖς ἐπὶ τῆς ἀγορᾶς; εἰπέ μοι· τί δὲ ἐλαύνεις τοὺς ἀπαντῶντας, καὶ φυγαδεύεις,
ἄνθρωπος ὢν, ἄνθρωπον; Τίς ὁ τῦφος; τίς ἡ ἀπόνοια; Μὴ γὰρ λύκος γέγονας, ἢ λέων,
ὡς εἰσιὼν εἰς πόλιν ἅπαντας εἰς φυγὴν τρέπειν; 
16 Francesca Prometea Barone

à freiner les riches dans leurs dépenses par la honte, ainsi qu’à rete-
nir les pauvres de la jalousie et de l’envie d’imitation. Chrysostome
cherche à casser la chaine du désir, dont la triangularité lui apparait
manifeste : chacun désire les objets du désir d’un autre, qui soit signi-
ficatif pour lui. Chrysostome voit bien que chaque étalage nécessite
d’un public sensible. Son objectif étant d’arrêter le jeu - d’une part,
l’étalage des biens de luxe dans le but d’obtenir l’admiration ; d’autre
part, le désir de ces mêmes biens de la part de ceux qui admirent -
il essaye de soustraire les objets de luxe et ceux qui les possèdent à
l’admiration générale. Il s‘agit à notre avis de la raison pour laquelle,
à la différence de la prédication contre d’autres vices, il utilise con-
tre le luxe le ridicule  : il sait bien que, si sa communauté arrêtait
de les désirer, ces objets perdraient leur statut de biens de luxe. Ce-
pendant, il n’y a pas de témoignages d’un changement de paradig-
me socio-économique à l’intérieur des communautés guidées par
Chrysostome...

Bibliographie

Dubois-Pelerin 2008 = É. Dubois-Pelerin, Le luxe privé à Rome et en


Italie au Ier Siècle après J.-C., Napoli 2008.
Borghero 1974 = C. Borghero (éd.), La polemica sul lusso nel Settecento
francese, Torino 1974
Marseille 1998 = J. Marseille, Le luxe en France des « lumières » à nos
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Kelly 1995 = J. Kelly, Golden Mouth. John Chrysostom, Ascetic, Preacher,
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Zincone 1973 = S. Zincone, Ricchezza e povertà nelle omelie di Giovanni
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Mayer = W. Mayer, « John Chrysostom on Poverty », dans P. Allen, B.
La polémique contre le luxe chez Jean Chrysostome 17

Neil, W. Mayer, Preaching Poverty in Late Antiquity. Perceptions and


Realities, Leipzig 2009, p. 69 -111.
Musurillo 1966 = Jean Chrysostome. La virginité, éd. H. Musurillo, Pa-
ris 1966 (Sources Chrétiennes 125).

Abstract

This study describes John Chrysostom’s preaching on luxury, who,


in his works, regularly returns to the subject, giving us a vivid des-
cription of the tastes of the time, both in Antioch and Constanti-
nople. Not surprisingly, our author does not belong to the ranks of
those who find a meaning for luxury: his conviction is irrevocable.
Throughout his preaching, Chrysostom investigates the causes of
what for him is a sin and against which he proposes remedies, in-
cluding his preaching.

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