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Festugière André-Jean. Une expression hellénistique de l'agitation spirituelle. In: École pratique des hautes études, Section
des sciences religieuses. Annuaire 1951-1952. 1950. pp. 3-7;
doi : https://doi.org/10.3406/ephe.1950.17687
https://www.persee.fr/doc/ephe_0000-0002_1950_num_63_59_17687
DE L'AGITATION SPIRITUELLE
|i) Tci le sens peut être concret, irXavàadai. Le verbe ps(i€svu parait encore
dans la traduction d'Aquila (Jéremie, 3i, 38, 99; A9, 3o, h ) et dans la Quint a
(Osée, 8,6). Signalons en passant que psfiëds, qu'offrent les dictionnaires (Bailly,
L. S. J.) avec référence à Sir., 26,8, ne se rencontre ni au lieu indiqué (du moins
dans les éditions de Swete et de Ralilfs) ni en aucun autre des LXX (Hatch-
Redpath ne le mentionnent même pas). Je ne sais d'où vient l'erreur.
(3) Ma revue est loin d'être complète. J'omets divers exemples dans Plutarque
et me borne à des nLesefriichto^. A propos de Marc Aurèle, II, 7, Farquharson
cite un texte significatif de Pli^tahoue, De connu . not., 1067 E: «nous sommes
ious des agités, vivant sans tonne morale et nous rendant malheureux' (peyMoyisdaL
iraWes , à<7'£i\povovv7es xai KtxxoàaiyLovovviss^T) et conjecture que cet usage
métaphorique viendrait de la langue militaire (Phjtauoce, Fah., ao ps^ëo^isvov ànb
tov arpaTOTcéSov xal rhv rd&v èxXs'ntovTa). L'emploi me paraît plus général et
populaire, cf. LXX et (avec Farquharson, loc. cit.), P. Oxy., XII, 1 58 j : JZe
fjiri à<piji dpysiv xai èéufteadai.
— 5 —
ville qu'on pourrait dire qu'il se retire (dva^opsïv Xéyon' av). Cai,
partout où il arrive, nombreux surgissent les obstacles qui l'empêchent
de vaquer à son aine. . . De fait, l'insensé n'est pas maître de lui-
même, mais sans cesse agité et poussé çà et là (pe(x€6(iev6s ts xai
ày6(xevos) par le premier prétexte de bavardage qui se rencontre.»
(XX, A, t. Il, p. a5(), ^3 et suiv. Arnim). crL'àme qui s'est ainsi habituée
(au recueillement) pourra toujours agir comme il convient. Mais celle
qui sans cesse tournoie et s'agite et passe d'un lieu à l'autre {psfxSo-
fxévn T£ xou dXvovaa kcù (xXXots en' âXXo Tps7TO(xévr)) quand s'offre à
elle quelque occasion de plaisir. . . ne saurait tirer profit même de la
tranquillité et de la solitude la plus profonde.» (XX, iU, t. IT,
[». 2G2, 18 et suiv. A.).
cTe laisses-lu distraire en quelque façon par les incidents qui
surviennent du dehors?», se demande Marc Aurèle (II, 7, 1) : «donne-
toi du loisir pour apprendre encore quelque bonne vérité nouvelle,
cesse de courir çà et là [navaai peyL&oyisvos). [2] Allons, il faut se
garder désormais de ce mouvement perpétuel dans la direction
opposée (1). Pure futilité, non seulement de parole, mais d'acte
même (9), que le destin de ceux qui , fatigués à mort de la vie [01 xsx[xv-
xotss t£ fii'y); n'ont point de but vers quoi diriger tout l'ensemble de
leur effort, tout le cours de leurs imaginations.» Très voisine cette
autre pensée (IV, 29), où nous retrouvons l'alliance opfirf —- (pavrao-ia :
ce Ne sois pas tournoyant loin du but ([xrj dnoppéfx^scrdai) (3), mais,
en chaque impulsion active (opyiïf), tends à produire ce qui est juste;
(1) ijèri Se Haï tï)v tTSpctv nepiÇopàv Ç>v\axTsov, II, 7, 2. 5c. : ctdans la direction
opposée à celle qu'on avait imprimée à sa pensées. A peine s'est-on proposé un
sujet de réflexion que l'esprit èrépav iKTpéneTat (Lucien, Timon, 5). L'image ne
fait que continuer celle de psn§sadai. (Ni Trannoy, « l'autre sorte d'égarementw,
ni Farquharson, «a second kind of wandering», n'ont vu le sens. )
(a) Xypoîiai yàp xaï Sià -npd^sùiv, ectriflers, not in words only, but also in their
deeds^ (FAngi'HABsoN) : non pas «bien fous, en effet, ceux qui, à forco
d'actions,. . . » (Trannoï).
(3) dttoppéiiSsadai semble ne se rencontrer que dans les deui exemples (cités
ici) de Marc Aurèle.
J. U. 102804.
en chaque imagination, sauvegarde l'appréhension du réel" (i). El
encore (III, h, i) : wN'use pas la part de vie qui t'est laissée en
imaginations sur la vie des autres, . . .je veux dire à te représenter ce
que fait tel ou tel et pourquoi, ce qu'il dit, ce qu'il a en tète et ce
qu'il projette (2), et toutes ces sortes de pensées qui l'ont divaguer
l'esprit et le détournent de veiller sur la partie gouvernante [xat 'ocra
-noiet à7roppé(j.£eo-6ai tyjs tov iSiov nyeyiovixov irapa-
v (3).
Finissons par deux textes hermétiques. Dans un extrait hermétique
de Slobée(4), les hommes sont dits se comporter sur la terre en
accord avec la région céleste d'où ils y sont descendus. Ceux qui
viennent d'une zone royale ont une nature plus royale, ceux qui
viennent d'une zone de science et d'art se livrent à ces occupations,
«■ceux qui viennent d'une zone paresseuse mènent leur vie dans la
paresse et une vaine agitation», oi œno àpyoû (se. Sia^œixaros) àpyiïs
xa) ê7rippe(xë£s (5) Statuai. Plus significatif est l'autre passage, de
l'alchimiste Zosime, qui a de fortes attaches avec l'hermétisme (G).
Zosime conclut ainsi son Compte final sur les teintures, adressé à ïhéo-
séhie : te Toi donc, ne te laisse pas tirailler en tous sens comme une
(1) èitl ■Kai<jy]s Çavjaoias aûÇsiv to HaTciXriiïTiKov est difficile à traduire. La <p<xv-
Taaiz KonalmtiTtKrî des Stoïciens est l'image qu'imprime en nous un objet
réellement existant : x. Ç>. — 77 onrô tov imàp^ovros xal xar' avro to xt-na.pyov êvamo-
fisij.ayfj.evn Kotl èv(n:sa(ppa.yiafi.évn , ôiroict ojx kv yèvono àno fir) iitdp^ovTOS , St. X .
Fr., index, s. r. Çainacrîa. Marc Aurèle veut donc dire qu'en toute imagination il
faut garder contact avec le réel , ne jamais se bercer d'illusions.
(â) Cf. II, i3, : ovèèv àdhârspov tov. . . rà èv Tais {^«ïj t2v ■n'kyoiov èià tsk-
fiipastos ÇrjTowros, fjti7 aïaBofiévou Se, on àpxsï itpos ftôvw tw Svèov èctvToîi èaiftovi
elvott xqli tovtov yvjjff/ws ÛepamsvEiv.
(3) Noter aussi, II, 17, 1 : toC àvQpct>itivo'j fiiov è fièv yjpovos (ttijuv, . . . 77 <5è
^v/il psfj.ë6s (codd. fere omnes : pofiSôs T, pôfiëos Gataker).
(/i) 1 , /i 9 , (h) = t. I, p. 467, i5 W. = Ëxc. XXVI, m, p. 5ao, 3i Scott.
(5) Le mot semble un hapax.
(6) J'ai déjà cité ce document, Rév. Henn, Trism., t. I, p. 367, 10 et suiv.
(t. grec), p. 280 (Irad. ); voir aussi t. II, p. 98. .le suis le texte de A; pour les
variantes de M, cf. t. I, p. 067.
7
André-Jean Festugikre.
(1) fj.ri 7r s pis Xxov âs ywh , cf. Pi.otin, IV, A, a 5, 1 -î : oaÇpatvsa-Qat êè xai
■) sveadai £UfiWJ> -nepicntâcrsis (Sleeman, Cl. Q., XXII, 19^8, p. 99 : nepiaxiosis eodd.)
àr ris xaï nspi eXxver poi/s tyjs i^ii'/ris Osho (odorat et goût ne servent qu'à
distraire l'âme et à la tirailler en tous sens), Ps. Long. it. vif , i.r>, 1 1 : dans
l'éloquence , on est plus sensible aux traits d'imagination qu'à la sèche description des
faits, 68ev èità toxi â-Koèetxtixov tt s p teXxofieSa (nous sommes distraits de...
et entraînés) sis to xara (pavjaaiaLV èx-nXrjXTixov.
(a) TteptppéfiêsaOai semble un hapax.
(3) xadeÇofiévri èè tw (Tcifiart xaBéÇov xaï toïs itdâeaiv, jolie expression, dont je
n'ai pas trouvé ailleurs l'équivalent; cf. sedare et ses dérivés en latin.
(/1) avrhv Stevôvvovatx ; cf. Marc Aurèle, II, 2 : fxrj é%ov7ss axottov, êÇ' è tràaav
(.")) to -navTOL^ov ov xaï oCêrxfioii : cf. Prool. , Inst. Theol. , 98, p. 8(), •*-] I) : wàj»
txhtov xjupiGTov TiavTCf^oxj èfTTtv à'fta xaï oùSapoîl, et le commentaire de Dodds
(p. a5i) qui cite Phii.on, Cunf. ling., 1 36 : tov QsoO . . .2) i:avTayov re xaï ojSafioU
GV[xëé§rixsv elvai [tovai, Sénkque, N. Q., I praef., i3 : Quid est deus ? mens universi.
Quid est deus? Quod vides totum et quod non vides totum; Saint Augustin,
Confessions, \I, 3 (lin): tu autem, altissime et proxime, secretissinie et praesentissime ,
. . .ubique tôt us es et nusquam locorum es. L'idée que Dieu est partout est banale
(cf. C. H., V), l'idée que Dieu n'est pas êv tokù) également (Puilon, post. C. 1 h :
où yàp iv yvô(p(f) to ahiov ojèk crvvoXus êv Tonw, De Sobr., 63 : xaToixsïv èè êv ol'xù)
XéyeTat 6 deos ov% cbs êv totiu, cf. C. H. , XI, 18, p. i5i, 19 : itàvia sgtÏv êv t£>
Ôsù), oj% ùs êv Toitii) xsi[isva, V, 10, p. 64 , i3, XII, a3, p. 1 83 , i3), mais
l'alliance, dans une même formule, de ■navTa.y>o\j — oùSafxov reste assez rare.
2.