Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide
range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and
facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org.
Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at
https://about.jstor.org/terms
is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to L'Antiquité Classique
Le sens de ce mot est double chez les Romains ; ils appellent de la même
façon, nepotes, les petits-enfants (ëyyovoi) et les dissipateurs. Il m'a donc paru
bon d'expliquer la différence en quelques mots.
1 J'ai consacré plusieurs travaux à ce trait de Jean le Lydien, voir "Les Trévires à
Byzance. À propos de Jean le Lydien, Des magistratures , I, 50", Byzantion 66 (1996), p. 381-
408 ; "Le poète et les Claudii de la République (Jean le Lydien, Mag. I, 39-44)", Latomus 59
(2000), p. 109-128 ; "Claudien le « Paphlagonien », poète d'Alexandrie", Latomus 60 (2001),
p. 971-991.
2 J'ai montré qu'il n'y avait pas lieu de se mettre en quête d'un texte du genre, parce que
Jean vise un épisode célèbre, celui qui opposa P. Servilius Priscus Structus et Ap. Claudius
Sabinus Inregillensis chez Tite-Live. On relira en particulier II, 24, 6 où figure en effet le mot
nepotes , voir Schamp, I.e. (n. 1), p. 123-126.
3 Mag. I, 42, 2 : 'Enei 8è òinXx' f] or^aoía toû òvóp.axoç toútod èaxi rcapà 'Pconaíoiç
- VETCíoxaç yàp Kai toùç èyyóvouç Kai toùç àaÒTouç óp.covúp.cúç KaXouoiv - fípeaev èjioi
Ôià ßpaxecov tt|v õiacpopàv eixceîv. Je donnerai dans cet article le texte que nous avons
préparé, M. Michel Dubuisson, professeur à l'Université de Liège, et moi-même, pour
publication dans la Collection des Universités de France.
4 Le mot est indo-européen et désigne la parenté indirecte. Voir A. Ernout, A. Meillet,
Dictionnaire étymologique de la langue latine. Histoire des mots , 4e éd. (4e tirage), Paris, 1985,
s.v. nepos , p. 437-438 ; É. Benveniste, Vocabulaire des institutions indo-européennes I, Paris,
1969, p. 231-235. C'est dans ce second sens que l'emploie Cicéron ( Catilinaires , 2, 7) quis
ganeo, quis nepos, quis adulter (...).
5 C'est ce qui ressort de l'article admirable de J.L. Heller ["Nepos 'aKoprtioxfiç' and
Philoxenus", TAPhA 93 (1962), p. 61-72].
(à propos de l'automne) : C
dans la terre, et la tâche qui
fécondation et de mettre en
c'est bien la raison pour la
saison, car elle préside à la p
partielles ; il ajoute même qu
occupe le milieu de la saiso
médiété et de sa fécondité,
vivants, et certains vont jus
des semences.
6 J.L. Heller, I.e. (n. 5), p. 71, qui cite une hypothèse de Fr. Müller.
7 Sénèque, Bienfaits I, 15, 3.
Apologétique , 46, 16.
y Pline, H.N. IX, 1 14 ; XIV, 57 ; Suétone, Caligula , 37, 1.
10 Ce qui est exact, voir P. Chantraine, DELG, s.v. p. 1022 (n. 4). Toutefois, r étymo-
logie du mot, sans doute emprunté à une langue méditerranéenne, demeure inconnue.
Proclus, Rép. II, p. 62, 2-16 Kroll = Orphée, fr. 196 Kern: èv xaúxri yàp f|
KaxaßoXfi yívexai xcòv orcepiiátcDv eiç yflv, xovxo Ôè 'Acppoôíxriç ëpyov xà yóvijia payvövai
Kai eiç Koivcoviav áyeiv xfjv xf|ç yevéoecoç aixíav (Kai ôià xauxa ãpa Kai ó n$0oç xf|v
Kópt|v apnaaGflvai (priaiv èv xfi cbpçc xaúxfl, xf|ç Çcooyoviaç xcòv ^iepiKcov rcávxcov
7ipoïaxa|iévT|v, jcpooBeîç öxi Kai èv xfj iaxonoiiçc xòv OKopmov ixpaívowa, xòv xà ^ieaa
xí iç œpaç eiXrixóxa xa')xî|ç, ÚTco^eiveiev xfjv áp7rayf|v Kai yàp Ôià xf|v ^eoóxiixa Kai Ôià
xò yóvijiov oíkeícoç ë%ei 7cpòç xfjv Çcooyovíav ó aKopTcíoç, Kaí xiveç aùxòv Kai óç xóxe xcòv
G7cep|iáxíov OK0p7ciÇ0|iévœv òvop,acrOfivaí (paaiv). Coré à sa toile figure chez Porphyre (Antre
des nymphes , 14, 14, p. 66, 16-19 Nauck). Toutefois, il n'est pas question ailleurs de Coré
tissant un scorpion, voir A.-J. Festugière, Proclus. Commentaire sur la République II, Paris,
1970, p. 172, n. 2.
L'animal doit son nom de scorpion soit au fait que c'est au moment où le soleil
a atteint cet endroit du ciel que l'on entreprend les travaux des champs et que
l'on jette à profusion les semences dans la terre, ou parce que, comme le
scorpion tient son aiguillon prêt à piquer, l'agriculteur tient sa charrue pointée
en direction de la terre.
Quant à la fécondité du scorpion, elle était bien connue. D'après les Anciens, il
se reproduisait par portée d'onze petits14.
L'étymologie de nepos
12 Apparemment, A.-J. Festugière [o.e. (n. 1 1)] ne connaissait pas le passage de Jean le
Lydien.
13 Le traité a été publié par P. Maass ( Analecta Eratosthenica dans Philologische
Untersuchungen 6 [Berlin, 1883], p. 145, 6) : ó iKOpníoç èKÀ,f|0T| xò Çcpov r' òià xò èv Toírap
x© TÓrccp xoft fjXíoo) yevo^évoi) rcávxaç xoi)ç xfjç yecopyíaç i-iexaxeipiÇeaOai rcóvovç, Kai
aKoprcíÇeoOai xà arceipóneva èv xfi yfl, f' öxi, ôv xpójcov oi OKOpnioi xà Kévxpa npòç xf|v
7cXíiyf)v exoDOi, xofixov Kai ó yecopyòç xò ápoxpov npóç xf|v yflv. Voir Gundel, "Skorpios",
RE III A 1 (1927), col. 588.
14 Hug, "Spinnentiere", REIH A 2 (1 929), col. 1 802. Voir Pline, H.N. XI, 9 1 .
15 Fr. 12, p. 446 Funaioli.
1 Mag. I, 42, 3 : 3. Nérccoç, ó véoç rcaîç èÇ 'EMtivikííç èxDnoXoyiaç, ó ëyyovoç
Aiyexai, áç Ka^ôç ó OiAóÇevoç eínev nepos 5è Kai ó àocoxoç, önep Kai aùxò xporciKcoç.
C'est ainsi que traduit le dictionnaire de Bailly. Toutefois, avec raison, I^S-J (i.V.
véflODÇ, p. 1 170) donne « children of », voir ici même, infra.
18 8 404. Voir respectivement sch. V et E à Homère, Od. IV, 404 vércoôeç] ai Sià xov
vf|xeo0ai xf|v rcopeíav rcoioi^Evav f' àrcoSeç et ai èaxeprmévai xôv rcoôœv, ei npoç xà
HeyéOîi xcov aco^iáxcov aùxcòv croyKpivTi xiç. Tò vércoÔeç àvxi xov axeôòv àrcoôeç. ZtpóÔpa
ovcai neyátaxi o^iiKpoxáxovç ëxouai nóôaç. npòç àvxiôiaaxoÀ,f|v vvv xœv ixOvcov àrcoôcov
õvxcov xò vércoÔeç, coç xoîç noci vìixójievai.
Nepos compositum ab eo, quod natus post sit patri , quam fìlius.
Mais la rencontre tient sans doute au hasard. On lit par ailleurs une notice
lexicographique propre à mettre sur la voie26 :
Pour étayer sa démonstration, Jean se met en quête des mots grecs formés de
façon semblable, dont il offre une liste31 :
26 E.M. , p. 601 : Kai õxe xiöexai èrci àrcôÔœv yevôv, f[ jiexacpopà arcò xœv ßpecpcov xœv
|xf|7tco xoîç noci Kexpîl|4.évû)v. *Qpoç.
7 À Pépoque de Ritschl, on le situait encore à l'époque des Antonins. Aujourd'hui, grâce
aux travaux de Reitzenstein, on le recule au Ve s., voir W. Schmid, O. Stählin, Geschichte der
griechischen Literatur II 2, 5e éd., Munich (dans le Handbuch d'I. von Müller), 1913, p. 885-
886.
28 Le rapprochement est indiqué par J.L. Heller (I.e. [n. 5], p. 82, n. 28).
29 Hésychios N 5 10 , s.v. vfircovç fi vfjrcoôeç- àvurcoôéxouç.
Selon Ed. Schwyzer ( Griechische Grammatik I, Munich [dans le Handbuch de
W. Otto], 1939, p. 431, avec la n. 3), le suffixe négatif indo-européen *ne n'existe plus en grec
sous sa forme pleine. Les formes de type vrj- dissimulent une contraction apparue déjà en indo-
européen *ne-e, comme dans vfiypexoç, vr|^ef]ç ou vîi|iepxf|ç. Dans l'emploi poétique vércoôeç
(KaXfjç f AXooúÔvriç), le premier mot signifierait, non pas « fußlose » ou « schwimmfüßige »,
mais « Kinder ». Le linguiste fait le rapprochement avec le latin nepotes. Les lexicographes
connaissaient évidemment la valeur du suffixe, voir Porphyre, ad II. II, 2, 9 (à propos de
vfiypetoç) Souda , N 250, .s.v. Nércoôeç ; Et. Gud., 405, 51-52 Sturz; E.M. , p. 601, 31-32
(Ôros ?)
Mag. I, 42, 4 : Kai Kaxà öecopiav xá^a toîç "EAAtioi rcapaxcopTytéov, öti xòv
OKoprcíov oi 'Posatoi rcaxpícoç vércav KaXouoiv, oiovei àrcoôa Kaxà axéprjoiv - xf|v yàp
« ve » o')A,Xaßf|v axept|xiKco xpemeo A,anßavoi)ai 'Pcojiaîoi, ©arce p "EXÀriveç vf|À,ircoç
vfixuxoç vfiYpexoç vfiôu^oç - èK xou Kaxà cpúaiv aunpaívovxoç xô Gripíco.
privatif à la syllabe ne -, to
nèchutos [abondant !], nèg
cable]), à cause d'une particu
Un mot latin, nepa , pourrait, selon Jean (I, 42, 4), se prévaloir d'une formation
de type grec. En réalité, il aurait une origine africaine, selon P.Festus42, chez qui on
lit43 :
<nepa , dans la langue des Africains> : astre que l'on appelle chez nous
c<ancer ou, comme le disent certains> scorpion.
Existait aussi une étymologie par l'étrusque44 :
On dit nepotes soit parce que scorpion se dit <nepa> chez les Étrusques
Voilà pourquoi ils appellent nepotes les dissipateurs : ils dévorent en effet leurs
propres membres.
45 Mag. I, 42, 5-7 : "Qpçc yàp xei^œvoç Kai aircòç eíkótcoç ó GKopníoç xfi y% mOárcep
Kai xà àXXa tcòv èprceicàv, ')7coveKpo)0eiç Keîxai, }ir|8èv ëxepov nap' a')Tt|v èaBicov. 6.
'Hvira o$v icâoav tf|v îtepi èawòv èôóôi^ov yfjv eauTco óanavíjaTi, tcòv iÔícov KaOáTctExai
7cÀ,£KTavcov Kai Tcáaaç aúiàç àveicaic0f|T©ç KaxavaXíoKei. 7. *Hpoç 8è àvaKa^ouvxoç
aùxòv p,exà tcòv aAAcov eiç <pcòç vójícú xf|ç (púaecoç, àvanoòomca Kai rcpòç KaXanívôriv tò
<pDTÒv èpxófievoç jióvtj xfl à(pfl xflç potávnç àvaXa^ipávei tò Ôpi^xi) Kai aTeyavomai,
KaOánep ô(piç Tfj ^apáècp ööev Kai véneTav tt|v KaX,ap,ív0r|v 'Pco^iaîoi KaXovoiv.
46 Nicandre ( Thér 783-784) connaît, lui aussi, un scorpion livide qui mange de la terre :
Ôf| yàp te noîiqMxyoç, aièv cxtitoç, / yaio(páyoç. J.-M. Jacques ( Nicandre . Œuvres. II Les
thériaques. Fragments iologiques antérieurs à Nicandre , Paris, 2002, p. 216 [n. compl. 89, 1 à *
la p. 61]), « les scorpions ne sont pas herbivores, pas plus qu'ils ne mangent de la terre ».
47 (1962), p. 82, n. 29 : « I can find no trace ot the tale itself, and one would hardly expect
to find any (. . .). »
Mag. I, 42, 8 : TaÚTfl toí>ç aKopjciOTàç vérccoTaç àrcoKaXowiv a')Toí, oía tcòv iôiœv
lieÀxov 8iaq>0opeíç.
L'habitude de dévorer des membres soit de sa propre famille soit de son propre
corps est souvent mentionnée dans les textes à propos du scorpion. On lit chez le
glossateur Placidus49 :
Nepa : scorpion qui consomme ses rejetons, excepté celui qui s'est accroché à
son dos ; à rebours, c'est celui-là même qui a été préservé qui consomme son
père ; c'est de ce fait aussi que ceux qui consomment dans le luxe les biens de
leurs parents sont appelés nepotes.
soit du fait que les hommes vivant dans le luxe ont reçu ce nom parce qu'ils ne
se soucient pas tant du patrimoine familial que des revenus vitaux de leur père
et de leur grand-père. Le nom doit son origine au fait que le fils est né après le
père.
49 Placidus, Gloss. V, p. 86 Goetz : nepa : scorpius que natos consumit nisi eum qui
dorso eius inheserit ; rursum ipse qui servatus fuerit consumit patrem ; unde et homines qui
bona parentum per luxoriam consumunt nepotes dicuntur. Cf. Isidore, Orig. X, 193 : Nepos
dictus a genere quodam scorpionum qui natos suos consumit, excepto eum, qui dorso eum
insiderit ; nam rursus ipse qui servatus fuerit consumit patrem : unde homines qui bona
parentum per luxuriam consumunt nepotes dicuntur
50 P. Fest., p. 163, 6-8 L. : aut ideo luxuriosae vitae> homines a<ppellati quod non magis
his res>sua famil<iaris curae est quam is quibus pater avusque> vivunt ; quod <nomen
ductum ab eo quod natus post patri> sit quam fìl<ius. Il existe des étymologies de nepos par
na tus post , chez P. Festus (163, 9-10 L nepos compositum ab eo, quod natus sit post sit patri,
quam filius ) et Isidore (Orig., IX, 5, 26 nepos est, qui ex filio natus est. Dictus autem nepos
quasi natus post. Primům enim filius nascitur, deinde nepos ).
51 Arist., HA V, 26, 555 a 22-25 : Tíktodoi 8è Kai oí CTKopmoi oi xepoaîoi mccoA/rpaa
cpoeiôfi 7io XkcL, Kai èrctúáÇovaiv. "Oiav 8è TeX,eico0fi èKpáMovxai, ©anep oi àpáxvai, Kai
ànóMDVTai x>tcò tcûv tékvcdv.
Générations du scorpion
C'est à peu près ce que dit Pline, qui vient d'évoquer les crabes de mer57 :
Quand le soleil traverse le signe du Cancer, une fois que les scorpions sont
privés de vie, leur corps se métamorphose, raconte-t-on, en scorpions dans le
(sable) sec.
Orion chassait aux environs de Chios, lorsqu'il aperçut Artémis et lui prit ses
vêtements. Fâchée, elle fit sortir immédiatement de terre un scorpion, qui piqua
Orion. Voilà pourquoi aujourd'hui lorsque se lève le Scorpion se couche Orion
par peur.
La résurrection du serpent
57 H.N. IX, 99 : Sole cancri signum transeunte et ipsorum, cum exanimati sint, corpus
transfiguran in scorpiones narratur in sicco. Par un procédé inspiré du même principe de
reproduction, on obtiendrait un résultat analogue avec le corps d'un basilic pilé et recouvert
d'une pierre, voir XX, 119: quidam tritum, si operiatur lapide, scorpionem gignere.
Immédiatement après, Pline explique que mâché et placé au soleil, le basilic engendre des vers :
commanducatum et in sole positum vermes. C'est, apparemment, la donnée qui a passé dans les
Geoponica (XI, 28, 3 p. 344, 3-4 Beckh), non sans quelque confusion : |xaar|0èv 8è touto Kai
èv r'Xi co xeGèv aicopnioDç yevva.
58 Sch. à Arat., 634, p. 461 Maass : (...) Kuvtiyetcóv nepi Xiov xf|v "Apxepiv èôeáaato
Kai Tcov nénX co v aÙTfjç èXápeto. f| Ôè BupxoGeiaa rcapautà èK ynç aKoprcíov àvéôcoKev úcp'
o') èrcXfiYTi ó 'ßpicov. Kai vû v ou v cbç Ôià cpoßov àvaxéXXovToç ZKOprcíoi) ó 'Qpícov ôúvei.
La mue du serpent est connue depuis longtemps en littérature, dès le IIe millénaire avant
J.-C., dans l'épopée de Gilgamesh [J.-M. Jacques, o.e. (n. 46), p. 121 [n. 33 à la p. 29]).
60 Nicandre, Thér., 29-34 : f)5' iva rcoiri / rcpeoxa KuïaKopivri xvoáei OKiáovxaç
iánvouç, / t%ioç öt' àÇaXéov cpoXíôcov àrceÔúaato yfjpaç / nxòXuç ¿rciatelßcov, oxe epeo^eòv
eïapi (peúycov / ömiaaiv ajxßXwaaei, napáôou 8é è vtixutoç opTrnš / pocKtiôeiç òkúv te Kai
aùyfievua xíGnai. Le texte n'est guère signalé comme témoin de la légende. Voir encore Plut.,
Un parfum de fenouil
Après cinq cents ans, dit-on, le phénix descend dans un certain endroit d'Inde
supérieure, y prépare pour lui-même une meule faite de cinnamome et de
feuilles de nard et de fenouil, sur laquelle il se juche ; lorsque la meule s'est
brusquement allumée prétendument du fait d'une divinité, le phénix s'y
consume dans le feu, mais, peu après, il en naît un ver à la ressemblance du
phénix et qui, muni d'ailes, s'envole aussitôt vers le soleil. Tout cela se passe
sur l'autel dans la cité du Soleil, selon Apollonios ; puis, lorsque s'y sont
réunis les personnages les plus renommés d'Égypte, il s'élève en l'air et, suivi
par le cortège de ceux qui se sont réunis, il s'en retourne à l'endroit d'où il était
venu.
62 Son rôle dans la cuisine est bien connu, voir J. André, L ' alimentation
Rome , Paris, 1961, p. 203. Épicharme (fr. 159-161 Kaibel = Ath., II, 70 F-7
fenouil parmi les légumes.
63 Par exemple, Oribase, Collection médicale X, 23, 26, XIV, 49, 1 (po
échauffantes) ; XV, 1, 12, 7 ; ^4 Eunape , II, 1 M 4, voir M. Detienne, Les jardin
mythologie des aromates en Grèce ancienne , Paris, 1972, p. 202, n. 2.
64 C'est pratiquement ce que dit Pline (H.N. XX, 257) : geniturae abunda
modo haustum facit, verendis amicissimum (...).
65 Jean le Lydien, Mois IV, 11, p. 76, 12 Wünsch: "Oxi tòv (poi vi
rcevTCXKoaícov èxcov eïç uva xórcov xflç ávco Îvôiaç Kaxiévai Kai rcapaaKeax
xe Kivvanánoa) Kai cpúMcov vápÔou xe Kai ^iapá0o') Gradiva èrcipaivEiv te
ÔflÕEv è^aíCTO^évoa) 0)710 xivoç aicpviÔiov 8aip,ovoç aùxòv jxèv àvaÀÍGKEaG
cpoiviKa* 'iet ' où noXx> Ôè aùxou 7iaparcA/r|aiov àvacpÚEGGai OKÓ^r|Ka, rcx
Ôè napaxpfina èni xòv r(kiov àvircxaaGai. npáxxExai ôè xovxo èni xoO èv
pco^oi) Kaxà xòv 'ArcoMáviov xoùvxeuGev ôfi xœv èvôoÇoxáxcov Kaxà xf
ctdveà,0óvxg)v xivcov ^lExécopoç àpGEiç jiExà napano|j,7iíiç xôv àOpoiaOévxcov
tJkev. Comme le disent J. Hubaux et M. Leroy (Le mythe du phénix dans
grecque et latine , Liège/Paris, 1939, p. 243), le personnage qui est la sou
renseignement est fort probablement Apollonios de Tyane. Clément de Rome (
25) rapporte à peu près la même histoire, sauf que les aromates sont, entre autres
l'encens, mais pas le fenouil, qui n'est pas cité. On gagnera toujours à lire la no
(Les Pères apostoliques II Clément de Rome. Épître aux Corinthiens. Homéli
Paris, 19262, p. 56-57).
Le scorpion et le calament
Un parfum de calament
Le calament (< calamintha nepeta L.), qui rend son aiguillon au scorpion, prête à
des observations analogues. Pour comprendre, on doit d'abord identifier correctement
le végétal, porteur de noms assez divers, KaXa^iivGa, oia')|ißpiov {sisymbrium) ou
r'òx)oc'iov. Les indications éparses chez les botanistes de l'Antiquité, plus spéciale-
ment Théophraste et Dioscoride, ne laissent pas place au doute : le calament évoqué
par Jean le Lydien n'est autre que Calamintha nepeta , dans la classification de
Linné72. Suzanne Amigues la décrit de façon précise, à la suite des botanistes, dont
elle cite les recherches : le végétal se rencontre dans les rocailles et les terres en friche
de la région chaude, çà et là dans toute la Grèce. Il est très différent d'une menthe par
son habitat et sa morphologie, avec ses tiges florifères grêles, rampantes, puis dres-
sées, son limbe foliaire plan, presque aussi large que long, mais il s'en rapproche par
l'arôme plus piquant. Les propriétés du calament étaient bien connues des Anciens.
Théophraste écrit73 :
(...) il semble que le calament se transforme en menthe, à moins d'être fixé par
la culture - c'est pour cette raison qu'on le transplante souvent (...).
Voici ce qui lui arrive quand on ne le travaille pas bien et qu'on ne lui apporte
pas de soins particuliers : il s'enracine davantage vers le bas et pendant qu'il
s'enracine et oriente dans ce sens-là tout son dynamisme vital, il s'affaiblit
d'en haut et perd le caractère piquant de son parfum. (...) Le parfum qui lui
reste, une sorte d'odeur douce et fade, se rapproche de celui de la menthe.
Aussi conseille-t-on de le transplanter souvent afin d'éviter cet accident.
71 Oribase, Coll. méd. XIV, 17, 2 : oiavußpiov, GKopmoeiôéç. Aucun de ces passages
n'est signalé par J.L. Heller (o.e. [n. 5], p. 82, n. 29, continuée p. 83).
72 S. Amigues, Théophraste. Recherches sur les plantes I, Paris, 1988, p. 115. C'est la
longue note 5 (p. 1 14) à la p. 45 (II, 1, 2). Pour l'équivalence rafaní vÖti nepeta , voir Garg.
Mart., Méd., 23, 1 : Nepetam Graeci calamintham vocaverunt, nostri vulgo nepetam dicunt.
73 HP II, 4, 1 : (...) xó te aia')nßpiov eiç ^ivOav ôokeî nexaßaMeiv, èàv jj.f| Kaxéxtixai
xfi Gepania - 8iò Kal jiexa<p')xe')o')ai tcoXàákiç -(...). J'emploie le texte et la traduction de
S. Amigues, o.e. (n. 72), p. 52.
74 CP V, 7, 1 : ZDußaivei yàp öxav j-if| xiç èÇepyáÇrixai àrcoôiôû) xt|v oíkeíocv
Geparceiav fhÇoûoGai jxaXXov eiç xò kcctcû, piÇov^evov Ôè Kai xf|v ôúvap.iv èKeîae xpércov
rcâoav àaGevéoxepov avcoGev yiveaGai Kai xf)v ôpinúxrixa anoßaAAeiv xfjç òa|ifjç (...) f|
KaxáXoiTcoç òa^f| ^iaXaKfi xiç o$aa Kaì àvei^iévri Kpoae^(pepf|ç ifl jiívôti yí vexai, 8ť ö
p.exa<pDxe')eiv Ke^eúouai ttoMcckiç orccoç xovxo 'if[ avußaivri. La traduction est de S.
Amigues (o.e. [n. 72], p. 125).
75 HPV 1,6,3.
76 CP VI, 1 1, 3 : èni 8è tcov e')óon©v oXœç ffricS' cbç eirceîv ettoa^ia xà àv0r| icaGánep
(...) oia')jißpio') (...).
77 HP VI, 6, 2.
78 Plín., HM. XX, 247 : Sisymbrium silvestre, quibusdam thymbreaum appellatum, pedali
non amplius altitudine . (...) quod in sicco, odoratum est et inseritur coronis, angustiore folio.
Voir aussi J. André, Pline l'Ancien. Histoire naturelle. Livre XX, Paris, 1965, p. 210-21 1 (n. 1
et 2).
79 P. Chantraine, o.e. (n. 4), s. v., p. 483, quel que soit le détail de l'explication, qui
demeure discuté.
Voir, par exemple, Galien, Antidotes I, 7, XIV, p. 43 Kühn : vené tou, ovtcdç oí
'Pco^oíoi TT|v Kc&ap,ív0T|v òvojiáÇouai, cf. Dioscoride, Matière médicale III, 35, 1.
Toutefois, la plante demeure malaisée à identifier, voir G. Ducourthial, Flore magique et
astrologique de l'Antiquité , Paris, 2003, p. 423-428.
81 OVIDE, Fast. IV, 869 : Cumque sua dominae data grata sisymbria myrto / Tectaque
composita iuncea vincla rosa. Apulée (De virt. herb., 105) le cite sous le nom de «menthea
venerea ». Le poète de la comédie moyenne Théophile (fr. 1 1 Kassel-Austin = Ath., XIII,
587f) cite une courtisane nommée Zicoußpiov dans sa comédie intitulée OiXouXoç.
Les données mythologiques sont fort clairement évoquées par M. Detienne (o.e.
[n. 63], p. 141-142, qui donne toutes les références nécessaires : Oppien, Halieutiques , III, 486-
497 ; Strabon, VIII, 3, 14 p. 344 ; sch. à Nicànore, Alex., 375 ; Et. Gud ., 395, 1-6 Sturz =
Orph., fř. 44 Kern ; Phot., Lex., s.v. Mív0oc= Aristoclès, 33 F 6 e J. ; sch. à Aristoph.,
Plut., 313 ; Poll., VI, 68 ; Ovide, Mét. X, 728-731).
Jacques SCHAMP
83 Sch. à Nicànore, Alex., 374 Miv0ri <8è ; BRvAld> <"Ai8od BrmvAld> nakX <xkt|
<ofixû) KaA,oD|iévT| X>, r'v ÔieorcápaÇev <t' X> Ilepaecpóvn, <è(p' fj if)v ó^icbvo^ov rcóav
àvéScûKev ó "Aiôriç ; Strabon, VIII, 3, 14 p. 344 : xcaxtiOeîoav úrcò t ífc Kódtk.
84 Oppien, Halieutiques III, 492 et 497 : Ar|nf|TTip àp,á0Dvev èneupaívoDaa rceôíAoiç
(...) 7COÍTJ 5' oi)Tiôavf| Kai èncovonoç ëK0ope yaííiç.
85 Phot., Lex., M 458 Theodoridès : Mivöa : tò nap' èvíoiç fiSvoa^ov eiç ô
HetaßaMeiv cpaci if|v Aï8o') 7caXA,aKf|v* àcp' ry; Kai tò Kepi xfjv 'HXiv opoç ; Et. Gud. AB,
395 Sturz : Mív0t|, î^v xiveç fjSvoa^ov KaXovai- exi 8è KaXá|iiv0oç, áypiov f|8')oa|iov, örcep
X')7Co')|iévri r' Armf|TTip èp,íar|oe Kai araprcov èwoírioev. Y a-t-il à la base de ce mythe une
sorte de jeu étymologique : le calament serait, par antiphrase, une « belle menthe » ?