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« Le travail »
Etude du thème
Psaumes 128, 2 : « Tu te nourris du labeur de tes mains, heureux es-tu ! A toi le bonheur ! »
Proverbes 10, 4 : « Paume indolente appauvrit, / main diligente enrichit ».
Genèse, I, 1, III, 16-19 : « [Le Seigneur Dieu] dit à la femme : « Je ferai qu’enceinte, tu sois dans de
grandes souffrances ; et c’est péniblement que tu enfanteras des fils. (…) »
Il dit à Adam : « (…) le sol sera maudit à cause de toi. C’est dans la peine que tu t’en nourriras tous
les jours de ta vie, il fera germer pour toi l’épine et le chardon et tu mangeras l’herbe des champs.
A la sueur de ton visage tu mangeras du pain jusqu’à de que tu retournes au sol (…) » »
Evangile selon Matthieu, 6, 26-29 : « Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment, ni ne moissonnent,
ni ne ramassent dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit ! Ne valez-vous pas, vous,
beaucoup plus qu’eux ? [...] Et du vêtement pourquoi être en souci ? Observez les lis des champs,
comme ils croissent : ils ne peinent ni ne filent. »
Aldina Da Silva, article « La conception du travail dans la Bible et dans la tradition chrétienne
occidentale », revue Théologiques, Volume 3, numéro 2, octobre 1995 « Crise du travail, crise de
civilisation » :
« La pensée janséniste place le travail sous l'angle d'une theologia crucis, c'est-à-dire de la
souffrance et de la privation. La vie n'est qu'un combat de tous les instants en vue de l'élection à
l'éternité. Dans cette perspective, le travail devient un moyen pénitentiel qui contribue au salut
individuel, d'où l'exaltation de son aspect pénible, ennuyeux, monotone et exténuant. »
Pape Paul VI, encyclique Popularum Progressio, 1967, §27 :
« [Le travail] est voulu et béni de Dieu ; l'homme doit coopérer avec le Créateur à l'achèvement de
la création... Penché sur une matière qui lui résiste, le travailleur lui imprime sa marque,
cependant qu'il acquiert ténacité, ingéniosité et esprit d'invention. Bien plus, vécu en commun,
dans l'espoir, la souffrance, l'ambition et la joie partagés, le travail unit les volontés, rapproche les
esprits, et soude les cœurs : en l'accomplissant, les hommes se découvrent frères. »
Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755), IIème
partie :
« Tant que les hommes se contentèrent de leurs cabanes rustiques, tant qu'ils se bornèrent à
coudre leurs habits de peaux avec des épines ou des arêtes, à se parer de plumes et de coquillages,
à se peindre le corps de diverses couleurs, à perfectionner ou embellir leurs arcs et leurs flèches,
à tailler avec des pierres tranchantes quelques canots de pêcheurs ou quelques grossiers
instruments de musique; en un mot, tant qu'ils ne s'appliquèrent qu'à des ouvrages qu'un seul
pouvait faire, et qu'à des arts qui n'avaient pas besoin du concours de plusieurs mains, ils vécurent
libres, sains, bons et heureux autant qu'ils pouvaient l'être par leur nature, et continuèrent à jouir
entre eux des douceurs d'un commerce indépendant: mais dès l'instant qu'un homme eut besoin
du secours d'un autre; dès qu'on s'aperçut qu'il était utile à un seul d'avoir des provisions pour
deux, l'égalité disparut, la propriété s'introduisit, le travail devint nécessaire, et les vastes forêts
se changèrent en des campagnes riantes qu'il fallut arroser de la sueur des hommes, et dans
lesquelles on vit bientôt l'esclavage et la misère germer et croître avec les moissons. »
« Le soin d’inventer ses moyens d’existence, son habillement, sa sécurité et sa défense extérieure
(pour lesquelles elle ne lui avait donné ni les griffes du lion, ni les crocs du chien, mais seulement
des mains), tous les divertissements qui peuvent rendre la vie agréable, son intelligence, sa
sagesse même, et jusqu’à la bonté de son vouloir, devaient être entièrement son œuvre propre. »
Sibylle Laurent, « Quand ton patron est une application : « Avec l'algorithme, vous avez l'illusion
de la liberté, mais c'est une liberté surveillée » », LCI, 1 novembre 2019.
« Depuis plusieurs années, les plateformes numériques se multiplient en mettant en relation, via
un logiciel, clients et travailleurs. Toutes ces applis se sont développées sur une promesse faite
aux travailleurs : celle d'être indépendants dans un système flexible, et lucratif pour tous. […] Mais
quelle différence avec un emploi « classique » ? La rémunération d'abord. Tarification à l'heure ou
à la course, bonus ou primes, chaque plateforme a ses règles. Mais elles changent souvent. «
Aujourd'hui, c'est en fonction de la distance, de l'affluence des commandes et de la présence de
coursiers. Le tarif peut être différent alors que les courses ont les mêmes distances. » explique
Édouard Bernasse (qui a rejoint Deliveroo en 2016). À cela s'ajoutent des mécanismes incitatifs «
Il y a un truc un peu sympa, marketing, avec des jeux, des challenges, comme si tout cela était très
libre, flexible et très cool, comme si le travail n'en était pas un. Or c'est en fait très surveillé : nous
travaillons par le biais d'une application qui recueille nos données, qui sait comment nous nous
connectons et nous comportons », explique Édouard. Et au final, l'indépendance reste très limitée :
« Il n'y a pas le rapport de domination directe qui existe dans un bureau avec un manager. Mais
c'est une illusion. Avec l'algorithme, ils ont inventé la liberté restreinte ! » »