£1, 2F
H oy
E.K. NIKOLSKAIA
T.Y. GOLDENBERG
Grammaire
frangaise
TROISIEME EDITION REVUE
Hlonyseno
Munucteperaos soicuieeo u cpedxeeo
cneyunavnozo obpasceanua CCCP
a Kawecree yteOuoz0 nocobua
daa crydenroe uncruryroa u gaxyasreros
WHOCTPAHREX 9361K08
GE 23
Bi6niaroxa
MAVIV
0
MOSCOU
EDITIONS «BCOLE SUPERIEURE »
1974H63
4(®p)
H4é3
Huxospcxas E. K. 1 Toabgendepr T. A.
Tpammatuxa panuyscKoro s3nka. Ms. 3-e, 20m.
VYue6. noco6ue js MH-TOB H ak. HHOCTP, #3.
«Bnei. wKOAa», 1974.
364 c. ¢ TAG.
Ha tar. a: E. K, Nikolskaia, T. Y. Goldenberg. Grammaire
francaise.
Hacronmee yaeGuoe nocoSue comepmeT KpaTKH®, Ho cicTeMaTHHe-
cai Mype ROPMATHERCH cpauMarHKa PpAMnYICKOTO ABHKA, OXBATHBAO-
WHA Kak MOphoNOTHO, TAK H CHHTAKeHC. Yue6Hoe Mocosue nanucano He
Gpanuyscxon ASHE, cooTscTcrnyet TpeGosannan Nporpamm ana HTK
TH xypeos faMKosHX By30B HW PaKyaLTeTOR,
‘B TpeTbem Hepexsaanun Gin BHeCcHM wOMeHeHMT B rnapy o Tia
roe, pacuupeto ToAMonatne Bua H CpexcTB ero Enipaxexus, noKkasa-
Ha poule BSaHMORERCTANA JEKCHMECKAX M [DAMMATHYECKHX CpeacTe B nM
DaxeHUH BULOERK sHavetuA BO Gpanuysckom xsuke. B yaebuoe TOE-
Ge axmuoueHa Honax Tiana, B KoTOpOR ocwewiaiotca upawuna dpan-
uysexok nynxtyanu, w foSenex HeSCAbMOR pasxer oO MpanNaax nepe-
Hoca cnn,
Hannoe nocoSue uoxeT SUT TaKKe PexOMeHTOBAHO THLAM, MpOsON-
2KAMOMUM USYHeHHe 1, En mots ayant une fonction nominative. et qui évo-
quent Pidée d’un objet, d’une action, d’une qualité et d’une
» propriété:
eau, couler, limpide, calmement
, 2. En gnots privés de cette fonction nominative, et n’é-
*yequant que Pidée d’un rapport:
a, de, mon. ce, le, ete.
D’aprés leur fonction dans 1a proposition, Jes mots d’une
ie se répartissent:
1. En mots indépendants (camoctoatempupie) pouvant rem-
-Plir la fonction d'un terme de la proposition et former a eux
at une proposition (substantifs, verbes, adjectils, pronoms, ,
ee.):
Du courage! Partez | Magnifique! Vous autres,2. En mots-outils (cayxe6rpre) qui, dans la plupart des
cas, mont pas de fonction syntaxique et ne font que marquer
les rapports existant entre les mots indépendants (préposi-
tforis, conjonctions), ou bien expriment les indices grammati-
caux des mots indépendants (articles, adjectifs pronominaux,
pronoms conjoints).
Remarque.—Les pronoms conjoints, bien que mots-outils, remplissert
une forction syntaxique, ce qui constitue un trait particulier du
frangais en tant que langue analytique.
Pourtant, cette classification en mots indépendants et mots-
outils est difficilement applicable au frangais.
D'une part, les mots indépendants peuvent remplir la fone-
tien de mots-outils.
Ci.: Mots indépen- Mots-outils:
dants:
Je vais a Vinstitut. Je vais t'aider,
Elle est 1a. Elle esé tombée.
Il a beaucoup d’amis. Il 2 compris sa fauie.
Elle fait ses devoirs. Elle fait travailler les enfants.
Tu travailles bien. Tu es bien pale.
Arrétez-vous! Ne lisez Ils lisent plus que vous.
plus!
Dvautre part, les substantifs et Jes verbes qui 4 la forme
personnelle sont des mots indépendants, ne pourraient fone-
tionner comme tels, n’élant pas accompagnés d’articles ou de
pronoms personnels conjoints.
La répartition des mots d’une langue en parties du dis
cours se présente comme plus objective, étant basée sur des dis-
tinctions réelles.
Une partie du discours est une classe de mots ayant le
méme sens gratnmatical, les mémes caractéres morphologi-
ques et syntaxiques, les mémes possibilités combinatoires.
On reléve dans la grammaire traditionnelle dix classes for-
melles de mots ou parties du discours, qui se distinguent
nettement les ures des autres. Ce sont: le nom, le pronom,
Vadjectif, le nom de nombre, l’adverbe, le verbe, la conjone-
tion, la préposition, l'article, Vinterjection.MORPHOLOGIE
STRUCTURE DU MOT
Un mot est constitué de morphémes. Un morphéme est
le plus petit élément de la langue porteur d’une signification.
Les morphémes, entrant dans le mot, sont de différentes na-
tures. Les uns sont porteurs d’un sens lexical, les autres d'un
sens grammatical. Parfois, le méme morphéme exprime les
deux sens.
Morphémes lexicaux :
I. Laracine, le morphéme lexical le plus simple, est
Pélément constitutif de chaque mot qui ne peut @tre décom-
posé
fleur-ir, bord-er, com-porte-ment
Parfois le mot n’est constitué que par sa racine:
fleur, bord
2. Les affixes (suffixes et préfixes), morphémes lext-
caux servant 4,former des mots nouveaux :
fleur-ir, fleur-iste, ef-fleur-er
bord-er, a-bord-er, a-bord-age, a-bord-able, in-a-bord-able
3. On distingue encore le radical, unité plus complexe
que la racine, qui comprend en dehors de la racine, des pré-
fixes et des suffixes:
effleur-er, abord-er
Le radical, porteur du sens lexical du mot, s'oppose a la
désinence, porteur du sens grammatical :
(nous) abord-ons, (vous) abord-iez
La racine et le radical servent 4 former des mots nou-
-Veatx :terre, terrassier, terrassement, terrassé, atterrir, atterrissa-
ge, terrasse
Morphémes grammaticaux :
1. Les suffixes. Hs servent 4 former de nouvelles for-
mes prammaticales (popmoo6pasyromue cydypuxcer), sans chari-
ger le sens du radical:
achet-er, achet-ant, achet-é, achet-eur, achet-euse
Certains suffixes verbaux, tels que -er, -ir ainsi que les
suffixes nominaux -eur, -euse, -teur, -trice et d'autres ont
une double fonction, D’une part, ils servent 4 distinguer les
différentes formes grammmaticales : acheter —infinitif, acheté —
participe passé, achetant ~participe présent; acheteur—nom
masculin, achetcuse—nom féminin, et d’autre part, ils ser-
vent 4 former des mots nouveaux.
2. Les flexions. Elles servent a exprimer différentes
‘ances grammaticales, sans former toutefois un mot nou-
veal:
(je) parlais, (nous) parlions, (it) parla, (il) parlera, (il) par-
lerait, etc.
Les flexions: -ais, -ions, -a, a, -rait, etc. ajoutent au
sens du verbe parler des indications précises de temps, de
personne, de nombre, de mode, de voix.
MOYENS DE FORMATION DES MOTS
NOUVEAUX
On peut relever en francais frois moyens principaux de
formation des mots nouveaux:
1. La dérivation propre qui se fait 4 l'aide des
suffixes et des préfixes:
compte, compt-er, compt-eur, compt-oir, compt-able, a-
compte
2. La dérivation impropre (c’est ainsi qu’on appelle
le passage d'un mot d’une partie du discours 4 une autre) qui
entraine le changement du sens du mot, de ses catégories
grammiaticales et de ses fonctions syntaxiques:
un diner, un malade, les biens, le passé, intéressant, ete,
3. La composition des mots nouveaux par la
réunion de deux mots simples :
un porte-cigares, un abat-jour, un sans-abri, une avant-
scéne, un téte-a-téte, etc,
10LES PARTIES DU DISCOURS
LENOM
Le nom ou substantif est une partie du discours qui ex-
time une notion d’objct. La notion d’objet est une absirac-
fin grammaticale qui embrasse les mots désignant: les étres
animés (enfant, chat), les objets matériels (maison, table), les
vactions (arrivée, départ), les qualités ou propriétés (p4leur,
-bonté), les sentiments (joie, chagrin), les phénoménes de la
iature (pluie, tonnerre), les notions abstraites (courage, justi-
‘ce).
cous ces mots, si différent que soit leur sens, sont carac-
‘térisés par les mémes indices grammaticaux: le genre, le
snombre, la détermination et l’indétermination qui constituent
Hes catégories grammaticales du substantif frangais*.
>» Les catégories grammaticales du substantif frangais (ainsi
que son appartenance a la classe des substantifs) sont mar-
iquées en premier lieu a l'aide de l'article ou des adjectils
‘pronominaux, et pariois a Vaide de la forme du substantif:
un livre, mon livre, ce livre, journal — journaux
D’aprés leur sens et certains traits grammaticaux, les sub-
stantifs peuvent étre groupés en:
* I, Noms communs qui servent 4 nommer tous les
i@tres et tous les objets de la méme espéce (homme, monta-
‘ene, riviére) ;
2. Noms propres qui servent 4 nommer un &tre ou
‘un objet pris en particulier (Pierre, les Alpes, fe Rhéne).
. Parmi les noms communs on distingue :
1. Les noms nombrables, qu'on peut compter et
qui ont les formes du singulier et du pluriel:
un cahier— des cahiers
un enfant— des enfants
w 2. Les noms non nombrables, qui ne se prétent
spas 4 étre comptés et qui, de préférence, ne s’emploient
qu’au singulier :
=: du lait, du suere, du courage
* Le catégorie de la détermination et de Vindélermination sera étu-
be dans le chapitre de l'article. (Voir p. 26).
uwCATEGORIES GRAMMATICALES DU NOM
GENRE DU NOM
Le genre ne dépend pas du sens lexical du nom, sauf pour
quelques classes de substantifs.
Genre des noms désignant les étres animés
Le genre des étres animés est généralement en accord
avec leur sexe. I! est exprimé a l'aide de différents moyens
formels :
i. Moyen analytique—le genre n’est marqué que
par l'article ou les adjectifs pronominaux et varie selon qu'il
sagit d’un homme ou d'une femme:
le (un, ce, mon) camarade le (un, ce, mon) collégue
af (une, cefte, ma) cama- la (une, cette, ma) collégue
tade
2. Moyen syntaxique—le genre est exprimé par la
forme du mot dépendant :
de grandes maisons
3. Moyen synthétigue—le genre est exprimé par la
flexion ou a Vaide d’un suffixe:
étudiant —- étudiante, lecteur — lectrice
Formation du féminin au moyen de flextons
En frangais, le féminin se distingue du masculin par lad-
dition d'une consomne, ce qui entraine souvent d’autres chan-
gements phonétiques. Il est nécessaire de distinguer les chan-
gemenis qui se produisent dans la prononciation et dans Vor-
thographe.
Formation du féminin dans ta prononciation
1. La consonne finale du radical non prononcée au mascu-
lin se prononce au féminin:
étudiant — étudiante
[etydja] — fetydjat]
2. La consonne finale du radical non prononeée au mascu-
lin se prononce au féminin, et l’avant-derniére voyelle de-
vient ouverte:
12WY
‘. ouvrier— ouvriére —_ linot — linotte
{uvrije] [wvrijer} lino] [linst]
3. Si le nom est terminé par une voyelle nasale, elle se
dénasalise, et la consoune n se prononce:
Parisien — Parisienne
[parizjé] — {parizjen]
Remargq ue. — Pariois le timbre de la voyelle change au féminin:
voisin — voisine
(vwazé] [vwazin]
4. La consonne finale sourde change en consonne sonore:
veuf — veuve
[veef] [voe:v]
Les noms époux, loup, Andalou font au féminin épouse,
louve, Andalouse.
Formation du féminin dans Uorthographe
“1. Tous Jes substantifs prennent au féminin un e muet
dans 1’orthographe :
un ami— une amie
"un Frangais — une Frangaise
2. Les noms qui se terminent par -en, -ien, -on, -ion dou-
lent la consonne finale et prennent un e:
Européen — Européenne
kolkhozien — kolkhozienne
Breton — Bretonne
i Von —lionne
(sauf : Simon — Simone, Mormon — Mormone)
Remarques.—1. Les noms paysan et Jean doublent {'n au féminin:
paysanne, Jeanne. Les autres noms en -an s’écrivent au féminia
par ua seul nz
partisan — partisane, faisan —faisane, Persan —Persane, etc.
2, Les noms chat, linot, marmot, sot doublent 1a’ consonne t
~. au féminin; chatte, linotte, ‘marmotte, sotte. Les autres noms en
“, sat ou en -ot ne doublent pas le t au féminin
candidat — candidate, avocat — avorate, idiot — idiote
«8. Certains noms changent la derniére consonne ct pren-
ent une 4 la fin:
un loug—une louveFormation du féminin au moyen de suffixes
I. Le genre des noms peut étre marqué par des suffixes
différents pour le masculin et le féminin:
-eur — -euse (vendeur — vendeuse)
-teur—-trice (speciateur — spectatrice)
-eau — -elle (vieilli) (jumeau — jumetle)
-eur—-eresse (vieilli) (vengeur — vengeresse)
2. Le féminin de certains substantiis est marqué 4 l'aide
du suffixe -esse qu’on ajoute 4 la forme du masculin:
tigre — tigresse
3. Le masculin de certains substantifs est formé a l'aide
des sulfixes qu’on ajoute a la forme du féminin:
cane—canard mule — mulet
Genre des nonts désignant les noms de choses
1. Le genre des noms de choses est désigné généralement
par l'article ou les adjectifs pronominaux (moyen analytique) :
la table —le sable
9. Parfois, pour les noms dérivés, en plus de Varticle, le
genre est marqué par certains suffixes.
Suffixes servant & former des noms masculins
Suffixes Sens Exemples
-age action, réunion, résultat de | tapage, feuillage, ouvrage
Vaction, produit
-ail objet éventail, gouvernail, vi-
trail
-ard indice caractéristique (par- | brassard, vieillard, vantard
fois avec un ses péjora-
ti
-as sens collectif platras
-at dignité, institution, siége de | doctorat, syndicat, orphe-
cette institution linat
-ateur objet, profession vaporisateur, dessinateur
reau, -cea | sens diminutit chevreau, lionceau, pour
ceay
eer, -iec | métier, arbre fruitier cocher, plitrier, oranger,
-aire
oir
sens diminutif
doctrine, profession
résultat d'une action
métier, sens diminutit
profession, objet
instrument, lieu de I’action
poirier
sachet, jardinet
marxisme, journalisme
frottis, abattis
forgeron, ourson, aiglon
fonctionnaire, dictionnaire
pressoir, abreuvoirSuffixes servant & former des noms féminins
Suffixes Sens Exemples
wade action, sens collectif promenade, colonnade
caie plantation de végétaux cerisaie, roseraie
-aille sens collectif marmaille, ferraille
-aine origine, sens collectif Roumaine, trentaine, dou-
zaine
eaison action livraison, comparaison
vance, -ence | action, résuliat d’une action | vengeance, négligence
-ation action, résultat d’une action | conversation, fondation
+e contenu, action, réunion bouchée, dictée, allée
trie qualité, local étourderie, crémerie
vesse état, qualité faiblesse, rudesse
. -ette sens diminutit maisonnette, fillette
cur qualité blancheur, douceur
fre métier féminin, récipient ouvriére, soupiére
-ise qualité franchise
ison action. guérison
-itude qualité, état exactitude, servitude
cotte sens diminutif menotte
té qualité bonté, gravité
awe résultat_d’une action pature, blessure
- 8. Le genre des noms peut se révéler dans leurs rapports
syntaxiques avec les adjectifs :
Nous marchions par de longues rues.
Cas particuliers
‘
a) Avec certains verbes exprimant des gestes, des mouve-
ments, qui forment souvent avec les substantifs qui suivent
des groupes figés: baisser les yeux, hausser les épaules,
chocher Ja téte, froncer les sourcils, battre des mains, grin-
cer des dents, etc. :
_ Clignant les yeux, Rose s’est soulevée de dessous les cou-
vertures. (Lalfitte)
Paul clague des dents, grelotte. (VaillantCoutur ier)
Pourtant si le nom est accompagné d'un adjectif qualifi-
atif, @est ladjectif possessii qui s’emploie :
Cf: Elle lui ¢endi¢ la main.
Elle lui tendit sa petite main poielée.
31b) Avec les verbes réfléchis, le rapport de possession étant
exprimé par le pronom réfléchi:
Tl s’épongea fe front.
Elle s’est foulé le pied.
Raymond s'est recouvert la téte et les épaules avec des
poignées d’herbe. (Laffitte)
c) Avec les autres verbes si le rapport de possession est
exprimé par des pronoms personnels :
Tl tui a pris fe bras.
Larsen se penche sur le malade et Jui découvre la poi-
frine. (REm y)
d) Devant le complément du verbe avoir, s'il suit immé-
diatement le verbe:
Jean avait fa peau éclatante, les cheveux roux et frisés,
les lewres et les yeux mouitlés de tendresse. (Zo 1a)
Larticle indéfini pourrait &tre employé devant le complé-
ment du verbe avoir, mais les rapports syntaxiques seraient
fout_autres.
Dans «Elle avait les yeux bleus», c'est un rapport prédi-
catif qui est exprimé, le verbe avoir introduisant Vattribut
du complément d'objet direct. Cela correspond 4 la phrase
Tusse: ‘Taaga ee Opin rony6nie’.
Dans «Efle avait des yeux bleus», c’est un rapport attri-
butif qui trouve son expression. On dire en russe: ‘Y nee
Guim rony6bie raasa’.
Quand un adjectif qualificatif précéde le complément d’ob-
jet, on ne peut employer que l'article indéfini ou 1a préposi-
tion de (devant un nom au pluriel), car il s’agit, dans ce
cas, des tapports attributifs :
Elle avait une petite bouche et de grands yeux.
¢) Devant le complément circonstancie! attributif (o6cros-
TeILCTBeHHOe onpesetenve). Il se rapporte 4 la fois au prédi-
cat et au sujet de la proposition, ce qui suffit pour préciser
le rapport c’appartenance :
Jacques était revenu s’asseoir prés du poéle; les coudes
sur les genoux, les épaules rondes, la téte baissée, i) sif-
flotait. (Martin du Gard)
32Lariicle défini et Uadjectif démonstratif
L’article défini, issu du pronom démonstratif latin ilfe,
_parde le sens démonstratif, son sens d'origine, dans les cas
suivants :
1. Les expressions: agir de fa sorte, faire sur Vheure,
sur-Je-champ, pour le moment, 4 l'instant. |
(L’article defini est grammaticalisé dans ces expressions.)
2. Les dates:
le premier septembre
3. Les phrases du type:
— Donnez-moi le journal.
— Fermez la fenétre.
Crest-A-dire, dans une situation concréte, lorsque l'objet
dont on parle est sous les yeux des interlocuteurs, D'habi-
tude un geste accompagne ces phrases.
L'adjectif démonstratif entre parfois en concurrence avec
Yarticle défini, mais cette concurrence est purement stylisti-
que. Pourtant i! est 4 constater que T'adjectif démonstratif
renvoie plus directement 4 un objet déja nommé et que les
liens syntaxiques entre les propositions sent plus étroits:
Le canon d’un fusil mitrailleur avait heurté une pierre.
Le bruit, insignifiant en tout autre fieu, en tout autre
temps, avait rempli l’espace. (Jouglet)
article défini et Vadjectif interrogatif QUEL
Larticle défini se rapproche de l’adjectif quel dans quel-
ques propositions exclamatives qui expriment des nuances
affectives variées :
Nuance dadmiration:
Le bel enfant! Ohl le jolt paysage!
— Oh! Ja jolie chture en effet! dit Veniant en joignant
les mains d’admiration... (Hugo)
Nuance de surprise, dindignation:
— Sainte Vierge! cria-t-clle tout a coup, qu’ai-je done 1a
qui me remue dans les jambes! Ahi! Ja vllaine béte!
(Hugo)
i Sale 33Liarticle défini et t’adjectif indéfini CHAQUE
Dans le contexte, l'article défini peut recevoir une valeur
distributive ef remplacer l’adjectif chaque qui a cette valeur.
Liarticie défini recoit cette valeur distributive:
a} Devant les noms des jours de la semaine, a condition
que le prédicat de la proposition soit au présent ou 4 |’im-
parfait et marque une action habituelle:
Deux fois par semaine, fe dimanche ct le jeudi, il faltait
mener les enfants en promenade. (Daudet)
b) Devant jes noms nombrables désignant la mesure, le
volume, la piéce, le plus souvent avec les verbes: acheter,
payer, vendre, cotter, valoir:
Jai payé cette guipure un frane fe métre. (Zola)
LIARTICLE INDEFINI
Les noms précédés de article indéfini sont présentés
comme inconnus ou insuffisamment déterminés:
Nous marchames longtemps, par des rues noires, intermi-
nables, puis, tout A coup, Jacques s’atréla sur une petite
place oi il y avait une église. (Daudet)
Crest Particle indéfini qui introduit les mots dans le dis-
cours :
On frappa, et, sans attendre, un jeune homme entra, grand
et maigre, aux lévres minces, au nez pointu.
Mouret avait levé les yeux.
— Vous avez bien dormi, Bourdoncle ?
— Trés bien, merci, répondit le jeune homme. (Zola)
En méme temps, l'article indéfini désigne un représentant
dune classe, et sert 4 classer l'objet dont i] s'agit dans une
espéce d'objets auxquels il est en tout parefl.
L’emploi de Varticle indéfini avec cette valeur gramma-
ticale particuliére est typique dans les tours c’est... et ce
sont...:
Lrenfant tourna un angle de mur et vit une chose qui
était 1a comme abritée. C’était une charrette, & moins
que ce ne fét une cabane. Il y avait des roues, c’était
une voiture, il y avait un toit, c'éfait une demeure.
(Hugo)
34L'article indéfint a la méme valeur dans les définitions:
Liarticle est un smof-outil, propre au noin...
Varlicle indéfini est porteur de la méme valeur gramma-
dicale dans les comparaisons :
se trainer comme un escargot
adroit comme un singe
dormir comme une marmotte
L’emploi de l'article indéfini s'impose devant les noms,
désignant des objets concrets ou des notions abstraites, accom-
pagnés dadjectifs qualificatifs ou de noms sans article, car
ces types de compléments attributifs ne servent qu’a carac-
tériser les noms, mais ne les déterminent point. Pour cette
raison article indéfini est souvent employé dans la descrip-
tion et Ja caractérisation >
Une enfant parut: une petite fille de dix ans environ,
vétue d’une chemise et d’une jupe de taine, les jambes
aues et sales, (Maupassant)
Nous nous assimes sur un banc de pierre, C’était au mois
de mai. Un parfum de jleurs voltigeait dans les allées
proprettes; un bon soleil glissait entre les feuilles ct se-
miait sur nous de larges gouttes de lumigre.. (Maupas-
sant)
Dans certains cas l'article indéfini se rapproche de Varti-
ele défini et prend un sens trés généralisé:
Ch: Un homme a besoin d’affections.
Claude s‘apercut qu'il y avait autre chose dans le monde
que les spéculations de 1a Sorbonne et les vers d’Ho-
mérus; que l'homme avait besoin d’affections. (Hugo)
Dans Vexemple cité, le nom précédé de [article défini
désigne toute lespéce, alors que, étant introduit par l'article
indéfini, il désigne un représentant de cette espéce, n’importe
Jequel, ce qui rend Ja proposition plus concréte et plus ex-
pressive.
Valeurs sémantiques et stylistiques de Warticle
indéfini
_ Au point de vue stylistique, l'article indéfini est plus ex-
Bressif que i’article défini. Dans le contexte, l’article indéfini
peut recevoir des valeurs stylistiques différentes.
a 351. Larticle indéfini individualise les noms auxquels il se
rapporte.
a) C'est l'article indéfini qui précéde les appositions, se
tapportant aux noms désignant des objets déterminés, chaque
fois qu’on veut les caractériser, les individualiser :
Je regardais sa main, une pauvre main de matelot toute
plissée, et je regardais son visage, un vieux et misérable
visage, triste, accablé, (Maupassant)
Le médecin approcha une chaise, s’assit, prit fa main du
malade, une main gonflée sur laquelle la moindre pres-
sion laissait une trainée pile. (Martin du Gard)
b) L’article indéfini, employé devant les noms désignant
les objets uniques, contribue a exprimer un de leurs multi-
ples aspects, alors que l’article défini qui les accompagne
d'habitude, ne fait qu’évoquer la chose dans son aspect le
plus abstrait :
Ci.: Le soleil laissait tomber sa chaleur saine du haut du
ciel, Un soleil de juin, aussi doux qu'un rayon d’avril,
laissait tomber sa chaleur saine du haut d’un ciel lumi-
neux, corrégien, d'un bleu tendre. (Mur get)
2. L’article indéfint peut conerétiser le sens des noms
abstraits qu’il introduit dans le discours.
a) Crest Varticle indéfini qui introduit les noms abstraits
chaque fois qu'ils ne sont pas déterminés ou pris dans toute
Vétendue de leur sens, et que quelque caractérisation les
accompagne :
Cf.: L'union fait la foree.
Tl faut qu'il soit d'une force prodigieuse pour avoir fait
cela tout seul.
Leur union est une union d toute épreuve.
b) Trés souvent, élant employé devant un nom abstrait
qui n'est suivi d’aucun complément attributif, l'article indé-
fini contribue 4 conerétiser le sens de ce substantif. Dans ce
cas, le substantif ne désigne plus une qualité abstraite, mais
une action, un acte qu’elle caractérise, une manifestation
concréte de cette qualité:
J'ai fait une bétise.
Le soir tout lui revint a l’esprit, et une curiosité le pous-
sa 4 monter 4 son poste d’observation, pour épier ce qui
se passait a l’intérieur des murs. (Rolland)
— Albert a des distractions, (Zo1a)
363. Employé dans certaines propositions exclamatives,
‘particle indéfini leur ajoute une force expressive particuliére :
Jai une faim?
Je trouve cette arrivée d’une tristesse !
Le ciel était d'un blew!
Vous nous parlez sur un ton!...
Certains considérent ces propositions comme des proposi-
tions 4 termes réduits (nenome npeqnomenna): le complé-
ment attributif y manque, comme si la personne qui parle
ne pouvait trouver l’adjectif répondant exactement a sa pen-
sée. Ces propositions se distinguent surtout par leur intona-
nt.
4, article indéfini contribue également a exprimer diffé-
rentes nuances affectives, qui soulignent le caractére impréyvu
du phénoméne :
Acheter une poupée a un garcon! (nuance d’indignation)
Tiens, un enfant ici! (nuance d’étonnement)
5. L’article indéfini peut exprimer l’idée de quantité indé-
terminée et souligner la durée de l’action, marquée par te
verbe :
Je vous atlends depuis des heures.
Des mois passérent, encore des mois. (Maupassant)
L'article indélini fait partie d’une série de locutions for-
mées avec le verbe avoir et certains noms, marquant des
gestes, des mouvernents, différentes manifestations de homme :
Elle euf un rire.
Elle eut un geste de la téte, elle voulait dire qu’elic ne
tegrettait rien. (Lacombe)
EPARTICLE PARTITIF
Larticle partitif. est dans la langue d’aujourd’hui une es-
péce d’article indéfini, employé devant Ics noms non nom-
brables. C'est Je signe grammatical de fa non-
nombrabilité en francais.
Du point de yue historique [article partitif est formé de
la préposition de, ayant une valeur partitive, ct de Varticle
défini, Mais depuis longtemps (déja au XVIP siécle) Ia pré-
position de a perdu sa valeur partitive et s'est fondue avec
Varticle.
En disant du pain, de la farine, on ne désigne pas une
partie de ces choses, mais la matiére qu’elles représentent,
37prise dans un sens indéterminé, c’est-d-dire une quantité
indéterminée de cette matiére.
Ita déja été dit que Varticle défini peut infroduire les
noms désignant la matiére. Mais les formes le pain, Ja fa-
tine, l'eau présentent la matiére comme quelque chose de
déterminé, pris dans sa fotalité, alors que les formes da pain,
de fa farine, de eau désignent seulement une quantité indé-
terminée de ces matiéres :
Cf: Elle aime fe miel. Achéte du miel.
Les Lévesque vivaicnt péniblement, Jaborieusement. Le
pain était cher et la viande presque inconnue dans la
demeure. (Maupassant)
— Fais-moi chauffer de café si tu en as, Non, fais-moi
du thé plutét. As-tu du citron? et du rhum? (Martin
du Gard)
L'article_partitif a la m@me valeur grammaticale de
quantité indéterminée devant les noms désignant les notions
abstraites :
Elle avait de fordre, de la méthode, de la diserétion et
de U'honnéteté.
Ainsi Varticle partilif avec la valeur grammaticale de
quantité indéterminée est employé aujourd’hui devant les noms
non nombrables désignant :
1. La matiére, lorsqu’elle n’est pas déteriinée ou prise
dans toute son étendue:
acheter du pain, de la viande
extraire du minerai
avoir de Vargent, de la petite-monnaie
Marcelle a préparé son colis avec un soin maternel: du
lard fumé, de la confiture, du sucre, des biscuits. (Laf-
fitte)
Ci.: J'ai encore argent que tu m’as envoyé.
2. Les notions abstraites :
avoir du courage, de la patience, de la bonté
Il avait de la souplesse et de l'atsance. (Maurois}
Lorsque les noms, désignant les notions abstraites, sont
pris dans leur totalité du sens ou sont déterminés, c’est
Vemploi de l'article défini qui s’impose :
38Cf: Cette enfant a de la patience.
File aura fa patience de lire ce livre.
La patience vient 4 bout de tout.
Liarticle indéfini s’emploie devant ces noms chaque fois
qils sont caractérisés :
Cette enfant a une patience exceptionnelle.
8, Devant certains noms ayant un sens collectif: gibier,
volaille, ferraille, monde, foule:
Il y a du gibier dans cette forét.
4, Devant les noms des objets uniques, falsant partie des
focutions impersonnelles, pour marquer différents phénoménes
de la nature:
Ii fait du vent.
Tt y a du soleil aujourd'hui.
5. Devant les noms propres de compositeurs, d’écrivains
pour désigner leurs ceuvres:
Mme Descaut cessa de jouer. Elle se retourna:
— Encore du Bach? (Lacombe)
~: Lvarlicle partilif fait partie de plusieurs expressions figées,
elles sont surtout nombreuses avec le verbe faire:
faire du ski, du sport, de la gymmnastique, du camping, de
la bicycletie ; jaire de Ja musique, de ja peinture; se faire
du mauvais sang, se faire de la bile, etc.
A Vélizy, papa faisait de la peinture. (Vaillant-Cou
turier)
Elle fit de ta sténographie et de la machine & écrire.
@ouglet)
— Tu devrais faire du thédtre. (Ibid)
Remarque,—En ce qui concerne l'emploi de Iarticle partitif aprés
un verbe 4 1a forme négative voir p. 53.
Cependant, dans fe francais d’aujourd’hul, les noms non
Nombrables peuvent étre introduils dans le discours par les
formes un, une, des, et, par contre, larticle partitif peut
‘Précéder les roms nombrables.
39UN, UNE, DES devant les noms non nombrables
Les formes de Varticle indéfini un, une, des peuvent étre
employées devant les noms désignant des objets non nom-
brables si une idée de forme, de mesure, d’espéce, de mani-
festation se joint A ces noms.
En disant du marbre, du bronze, du sucre, du café, du
vin, de Vacier, on ne fait que désigner la matiére, une
quantité indéterminée de cette matiére.
Le sens de ces mots change scnsiblement quand l'article
indéfini remplace les formes de l'article partitif, Ainsi: des
marbres, des bronzes désignent des objets faits de ces matié-
res. Une idée de forme s’ajoute 4 Vidée de matiére, ce qui
rend nombrables ces mots.
Un café, un soda signifient une portion de café, de soda.
Une idée de mesure se joint a l’idée de matiére:
— Vous prendrez quoi?
— Un créme, répondit-elle avec empressement. JJoug let)
Au comptoir d'un bistrot, elle se fit servir un café.
(Monther lant)
Des vins, des aciers présentent différentes espéces de la
chose qu’on nomme.
Dans !exemple «Elie éprouvait de impatience, de la
curiosizé» les substantifs, précédés de Varticle partitif, dési-
gnent des notions abstraites, alers que, introduits par larticle
indéfini, ccs mémes substantifs désignent les manifestations
concrétes de ces qualités:
Ch.: Une curiosité la poussait.
Elle avait des impatiences.
DU, DE LA, DE L’ devant les noms nombrables
Larticle partitif, & son tour, peut étre employé devant
Tes noms nombrables, mais un changement de sens s’ensuit.
Chaque fois que l'article partitif introduit un substantif
désignant une personne ou un animal, ce nom prend le sens
d'une qualité abstraite ou d’une matiére :
Cf: un veatt—reneHok — un chevreau — Koasenor
du veau — ‘reastuna du chevreau — mespo
un daim — nau
du daim — samaTon frére est un poéte.
Il y a du podte en Iui. (Quelques traits, quelques qualités
propres 4 un potte, typiques pour lui.)
Il y aen lui du grand homme et il y a de Penfant.
(France)
fly avait du héros chez ces révollés qui jouaient leur
téte. (Aragon)
C’était un garcon bien découplé, les cheveux noirs en
casque, le teint cuit, les yeux chauds. Flexible dans son
blouson de daim, du velours vert sur les jambes, du daim
encore aux pieds. (Jouglet)
Remarque.—Lvarticle partitif, employé devant les noms désignant
Tes arts (théatre, poésie, danse, tte), les genres littéraires (roman,
Spopée, etc.) peut lent ajouter de méme Ja valeur d'une qualité
abstraite :
Clest du thédfre, ce n’est pas de fa danse.
Ce que vous me 'racontez 1a, c'est du roman.
Done dans le francais d’aujourd’hui, Particle partitif qui
désigne une quantité indéterminée est une sorte d’article
indéfini, employé devant les substantifs désignant les choses
non_nombrables.
La différenciation grammiaticale en noms nombrables et
noms non nombrables est propre seulement a la catégorie de
Pindétermination, Pour les noms indéterminés on peut parler
en francais de la catégorie des noms non nombrables, car
elle a son propre indice formel — l'article partitif:
Ci: un livre — du lait
Dans fa catégorie de la détermination cette différenciation
nest pas marquée formellement, tout comme en russe, et ce
mest qu’en se basanit sur le sens lexical des mots qu’on
peut les caractériser comme nombrables ou non nombrables:
Cf: fe livre—le lait.
Emploi de Varticle devant les noms propres
Larticle s'emploie réguligrement devant les noms propres
désignant :
1. Les pays, les parties du monde:
fa France P Afrique
ta Suisse f'Europe
ta Suéde P Australie
412. Les montagnes :
les Pyrénées, les Alpes, les Vosges, l’Elbrouz
8. Les volcans :
fEtna, fe Vésuve
4, Les riviéres:
fa Volga, fa Garonne
5. Certaines grandes fles:
la Corse, la Sicile, P’Istande
(mais devant les noms de petites fles d'Europe et les
noms masculins de grandes jles Jointaines, on n’emploie pas
Varticle)
Jersey, Malte, Bornéo, Madagascar
Remarque,—Un fait important est a retenir:
Comme autrefois |’article n’était pas employé devant les noms
propres de pays, les prépositions en et de, trés usitées, ont formé
avec ces noms des groupes qui se sont figés sans article et con-
tiauent 4 s’employer de 1a sorte de nos jours.
En et de ne se sont figes qu’avec les noms propres du fémi-
nin. On dit:
voyager en France mals voyager au Japon, au Catlada
reverir d'Italie revenir de Portugal
villes de France villes du Japon
Pourtant en s’emploie généralement devant les noms de pays
masculins comengant par une voyelle ou un h muet :
en fran, ea Afghanistan, en Irak
— Of allez-vous ?
— Virai d’abord az Maroc et en Algérie, puis, sans doute,
en Egypte. Je compte passer quelque temps dans [’/nde et aller
jusquw’au Japon. (Jougltet)
L'article, par contre, ne s'emploie pas devant les noms
propres de personnes et de villes, s'il ne fait pas partie
intégrante de ces noms:
Moscou, Léningrad, Paris, Toulouse, Marseille
mais :
La Rochelle, La Haye, Le Caire, La Havane, Le Havre,
La Fontaine, La Fayette
Outre ces noms peu nombreux, l'article s’emploie devan
les noms propres de villes et de personnes dans les cas sui-
vants :
AzI. Si ces noms propres sont accompagnés de compléments
sattributifs :
la Moscow de nos jours
le petit Pierre
2, Si les noms propres désignent les habitants d’un pays:
les Francais, fes Soviétiques, /es Algériens
3. Si le nom propre désigne les membres d’une famille:
les Rougon-Macquart
les Thibault
A l’époque les Larsen n’avaient pas leur propre bateau et
naviguaient chez jes autres. (Rémy)
4. Si les noms propres désignent des familles historiques :
les Stuarts, les Bourbons
~~ &. Si les noms propres sont employés comme des noms
jeormmuns :
Ces gens sont des Tartuffes. (c’est-a-dite des hypocrites)
Collectionner des Picassos (des tableaux de Picasso).
6. Dans le langage populaire l'article est employé devant
Jes noms de femmes:
la Fanchon, ia Madelon
Souvent, la femme est désignée par Ie nom de son mari:
Ja Maheude, la Lamberte
7. En dehors du langage populaire, l'article employé de
ja sorte devant Ics noms de femmes leur ajoute une nuance
péjorative :
la Pompadour, fa Dubarry
8. Lvarticle s'emploie encore devant les noms des actrices
italicnnes (sans leur ajouter quelque nuance):
la Patti, fa Callas
L’article préeéde également certains noms propres de
®rands écrivains ou peinires d’origine italienne :
fArioste, le Tasse
Les noms propres de personnes et de villes peuvent
8semployer avec l'article defini, l'article indéfini, l'article
partitif,
1. L’article défini s*impose :
a) Devant um nom accompagné d'un adjectif mettant en
relief un trait typique du personnage en question :
le petit Pierre, la grande Nanon, le grand Maulnes
b) Devant un nom propre accompagné d’un complément
altributif qui en limite l’extension et le détermine par cela
méme +
le vieux Paris
le Paris du XV® siécle
le Paris d’avant-guerre
le Paris de Hugo et de France
Deux kiloméres dans Paris, ce n'est pas grand-chose.
Mais c’est le Paris de 1942, (Laifitte)
Tu changeras... Tout le monde change... .La Denise de
demain ne sera pas du tout la Denise d’aujourd’ hui.
(Rosny)
Sa femme, un chapeau sur la téte, trés gaie, lui parut
tout a fait fa Denise d'autrefos. (Maurois)
2. Ltarticle indéfini s'emplole devant les noms propres:
a) Lorsqu’on veut désigner le représentant typique dune
famille, d’une race:
Le capitaine avait pris Olaf comme second 4 bord. Tl ne
pouvait pas faire autrement. C’était un Larsen. (Rémy)
b) Lorsqu’on n’évoque qu’un des aspects possibles de ta
personne ou de ta chose dont on parle:
Elle était done 1a... Une Sylviane dépeignée, les pieds
nus, dans son kimono noir bordé de rose. (Aragon)
Jentre au salon. Je vois un Maxime congestionné, les
yeux hors de la téte. (Géraidy)
c) Lorsqu’ils sont employés comme des noms communs:
Etendue sur le tapis, un Walter Scott devant elle, Denise
révait. (Maurois)
Remarque. —On pent obtenir des effets stylistiques saisissants grace
‘a cet emploi des articles devant les noms propres :
Le Montmartre du temps de Vincent Van Gogh, avec ses jardins,
sa verdute, ses moulins, est un Monimarire ‘encore champétre.
(Perruchot)
44