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SESAME Sofiane TOUMI

Chapitre 4 : le risque de change

I. Le taux de change
Le taux de change de la monnaie A par rapport à la monnaie B exprime le nombre d’unités de
B qui peuvent être achetées sur le marché au comptant par unité de A. Il faut distinguer le
taux de change nominal du taux de change réel :
 Le taux de change nominal (tcnominal) : appelé également taux de change courant ou
taux de change de court terme, il est déterminé par l’offre et la demande de monnaie
sur le marché de change. Il peut être côté de 2 façons, au certain et à l’incertain :
- Le taux de change au certain est utilisé essentiellement dans les pays Anglo-
Saxons. C’est le nombre d’unités de monnaie étrangère que l’on peut obtenir
avec une unité de monnaie nationale  exemple 1 dinar = 0,5 euro, c’est le
prix du dinar en euro  si le taux de change au certain augmente, exemple 1
dinar devient = 0,8 euro, alors on peut conclure que notre monnaie nationale
s’apprécie  les exportations diminuent car elles deviennent plus chères pour
les étrangers et les importations augmentent car la production étrangère devient
moins chère pour notre économie nationale ;
- Le taux de change à l’incertain est appliqué en Tunisie. C’est le nombre
d’unités de monnaie nationale qu’il faut fournir pour avoir une unité de
monnaie étrangère  exemple 1 euro = 2 dinars, c’est le prix de l’euro en
dinars  si le taux de change à l’incertain augmente, exemple 1 euro devient =
2,5 dinars, alors on peut conclure que notre monnaie nationale se déprécie 
les exportations augmentent car elles deviennent moins chères pour les
étrangers et les importations diminuent car la production étrangère devient plus
chère pour notre économie nationale.
 Le taux de change réel (tcréel): appelé également taux de change constant. C’est le
prix relatif des biens étrangers en termes de biens domestiques ;
P¿
Taux de change réel à l’incertain (tcréel) = tcnominal(incertain) ¿ P
ou

P
¿
Taux de change réel au certain (tcréel) = tcnominal(certain) ¿ P
- P : prix des biens domestiques exprimés en monnaie nationale (dinars) ;
- P* : le prix des biens étrangers exprimés en devise étrangère (euros).

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Exemple :
Soit un bien X dont le prix en France P* = 2 euros et son prix en Tunisie est de 1,5 dinars.
Sachant que le taux de change nominal côté à l’incertain est : 1euro = 1,7 dinars. Déterminer
le taux de change réel ?
¿
P
Taux de change réel à l’incertain (tcréel) = tcnominal(incertain) ¿ P
2
tcréel = 1,7 ¿ 1,5 = 2,26

II. La notion de risque de change


Les entreprises sont confrontées au risque de change dès qu’elles effectuent soit des
opérations commerciales avec l’étranger, importations et exportations, soit des opérations
financières, transferts de fonds. Dans le cas des transactions commerciales, il existe un délai
plus ou moins long entre la présentation de l’offre et son acceptation, puis entre l’acceptation
et l’expédition (une période de fabrication peut être plus ou moins longue) et enfin entre
l’expédition et le règlement du client.
Dans certains pays, les opérateurs importateurs ou exportateurs sont soumis à des
réglementations des changes plus ou moins contraignantes qui peuvent limiter les possibilités
de choix de devises dans les contrats commerciaux.
Notons qu’une des premières techniques pour éviter le risque de change consiste à n’accepter
de facturer ou d’être facturé que dans sa monnaie nationale. Les entreprises américaines
fonctionnent généralement selon cette logique. Elles imposent souvent la facturation en USD.
En Europe, les entreprises sont plus souples et s’adaptent selon le contexte économique et
commercial.
II.1. La mesure du risque de change
Une entreprise exportatrice tunisienne a signé un contrat pour 1500 unités d’un bien au prix
unitaire de 24 USD l’unité à un client américain en CIF New York. La marchandise est
payable à 90 jours. Le jour de la vente le dollar américain cotait 1 USD = 3 DT sur le marché
au comptant. Le jour du règlement, l’USD cote 1 USD = 2,75 DT. On s’aperçoit que si
l’entreprise avait encaissé comptant sa vente, elle aurait reçu (1500 × 24 USD × 3 DT) soit
108 000 DT. En accordant un délai de règlement de 90 jours, compte tenu de l’appréciation
du dinar et donc de la baisse du dollar, elle va recevoir (1500 × 24 USD × 2,75 EUR) soit
99 000 DT. On constate un manque à gagner de 9000 DT.

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Le risque de change représente un aléa (une incertitude) qui pourrait apparaitre lors d’une
opération de change (conversion d’une monnaie à une autre). Ce risque apparait lorsque le
règlement d’une opération commerciale s’effectue à une parité différente de celle retenue
lors de la fixation du prix.
La mesure du risque de change se fait par la position de change (PG) :
PG = DD + DR – DL = C- E
PG : position de change
DD : devises détenues
DR : devises à recevoir
DL : devises à livrer
C : créances (DD + DR)
E : engagements (DL)
*Si PG = 0 : la position de change est nulle (fermée, nivelée). L’entreprise ne détient plus de
devises, elle ne court plus de risque de change.
*Si PG # 0 : la position de change est ouverte. L’entreprise court un risque de change.
 Si C > E : solde créditeur (PG de l’entreprise est longue « long »)
 Si C < E : solde débiteur (PG de l’entreprise est courte « short »)

Remarques :
1. les positions de change sont tenues devise par devise.
2. Risque de change et exportations : l’exportateur se trouve en risque aléatoire de change
toute l’année s’il pratique la vente à l’export sur catalogue. De même, lorsqu’il présente un
devis, il est en risque de change entre la date de la proposition du prix et la date de la
signature éventuelle d’un contrat qui peut être relativement longue. Enfin, l’exportateur se
trouve en risque économique de change entre le moment de signature du contrat et le
paiement effectif de la transaction suite à l’expédition des marchandises (qui peut également
durer dans le temps).
3. Risque de change et importations : lorsqu’une entreprise importe des matières premières
ou des produits intermédiaires ou semi finies libellés en devises, elle doit gérer son risque de
change entre la date de facturation et la date de règlement, ce qui pourrait affecter son coût de
revient et donc une perte de compétitivité.

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II.2. Les moyens de couverture du risque de change


II. 2. 1. La couverture à terme
Il s’agit d’opérations de change à terme, un contrat par lequel l’exportateur ou l’importateur
acceptent de vendre ou d’acheter une devise à un cours fixé le jour de la conclusion du contrat
et à une échéance future précise. L’entreprise « bloque » ainsi de façon précise le montant en
monnaie nationale qu’elle recevra/paiera à l’échéance.
Exemple : prix de la marchandise 50 000 $ payables dans 60 jours (1er Mars → 1er Mai)
Taux de change : 1$ = 3 DT-3,2 DT (cours achat- vente devise par la banque)
Exportateur : vente à terme de devises Importateur : achat à terme de devises
(signifie achat devise par la banque au tx bas 1$=3DT) (signifie vente devise par la banque au taux élevé 1$=3,2DT)
er
Il vend aujourd’hui 50 000$ (1 Mars) de Il achète aujourd’hui 50 000$ (1er Mars) de
peur de que s’il les vend (1er Mai) tx chge ↓ peur que s’il les achète (1er Mai) tx chge ↑
(1$ = 2 DT). (1$ = 4 DT).

1ère étape : 1er Mars  1ère étape : 1er Mars 


La somme à couvrir pour 60 jours 50000$ La somme à couvrir pour 60 jours 160000DT
est empruntée par la banque de l’exportateur est empruntée par la banque de l’importateur
au taux d’emprunt t1 (emprunt de devises) au taux d’emprunt t1 (emprunt de DT)
Remarque importante : la devise couverte est toujours celle empruntée

2ème étape : 1er Mars (Xeur : vente devises) 2ème étape : 1er Mars (Meur : achat devises)
La banque de l’exportateur vend 50000$ La banque de l’importateur vend 160000DT
sur le marché de change contre 150000DT sur le marché de change contre 50000$

3ème étape : 1er Mars  3ème étape : 1er Mars 


La banque de l’exportateur place 150000DT La banque de l’importateur place 50000$ sur
sur le marché monétaire tunisien pour 60 j le marché de change (devises) pour 60 j au
au taux de placement t2 (placement en DT) taux de placement t2 (placement en devise)

4ème étape : 1er Mai ; jour de paiement 4ème étape : 1er Mai ; jour de paiement
La banque de l’exportateur rembourse son la banque de l’importateur rembourse son
emprunt avec les 50000$ reçus de l’acheteur, emprunt avec 160000DT reçus de l’acheteur,
retire son placement 150000DT et crédite retire son placement 50000$ et crédite
le compte de l’exportateur de 150000DT. le compte de l’exportateur de 50000$.

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Le cours au comptant noté Cc correspond au cours du jour de la devise

Le cours à terme Ct (taux de change à terme) est valable pour la vente ou l’achat des devises

Ct = Cc + Cc. (t2% – t1%). (n/360) = Cc ± (Report ou Déport)


ou (avec des résultats très proches)
n
1+ t 2 % .()
360
Ct = Cc. n
1+ t 1 % .( )
360

n : période d’emprunt


t1 : taux d’emprunt devise ; t2 : taux de placement sur le marché monétaire national (DT)

Report si t2 > t1 → le cours à terme augmente par rapport au cours du jour au comptant :
Ct ↑ = Cc + Report
Déport si t2 < t1 → le cours à terme diminue par rapport au cours du jour au comptant :
Ct ↓ = Cc – Déport
Remarques importantes
1. Report : gain (exportateur), perte (importateur) car le Ct ↑ par rapport au Cc
Déport : perte (exportateur), gain (importateur) car le Ct ↓ par rapport au Cc

2. Souvent on ne parle pas de cours à terme et de cours au comptant mais de cours fixing qui
est déterminé par les échanges interbancaires, en fonction des ordres d’achat et de vente
enregistrés par la banque au cours de la journée plus ceux de la veille.
C’est un cours moyen entre le cours à l’exportation et celui à l’importation. Ce cours est établi
pour chaque devise.
Le cours fixing est un taux de change de base au taux de change offerts aux clients par la suite

cours de change à l ' importation +cours de change à l' exportation


Cours fixing =
2

Application 1 cas d’un exportateur (vente de devises)


L’opération de vente se fait au cours de change 1$=6DT-6,2DT
L’emprunt se fait sur le marché de devise au taux t 1= 5% et le placement sur le marché
monétaire tunisien (national) au taux t2= 8%

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Déterminer le cours à terme de cette opération pour une période de 90 jours

Solution
1ère méthode
On commence par calculer le Report puisque t2 > t1: 8% - 5% = 3% (Report)
Report = Cc. (t2% – t1%). (n/360) = 6. (0,08 – 0,05). (90/360) = 0,045
Ct = Cc + Report = 6 + 0,045 = 6,045 il s’agit du cours à terme
Il s’agit d’un gain pour l’exportateur car Ct ↑
2ème méthode
n 90
1+ t 2 % .( ) 1+ 0,08.( )
360 360 1,02
Ct = Cc. = 6. = 6× = 6,044
n 90 1,0125
1+ t 1 % .( ) 1+ 0,05.( )
360 360

Application 2 cas d’un importateur (achat de devises)


L’opération d’achat se fait au cours de change 1€= 3,3DT-3,5DT
L’emprunt se fait sur le marché monétaire tunisien (national) au taux t 1= 8% et le placement
se fait sur le marché de devise au taux t2= 6%
Déterminer le cours à terme de cette opération pour une période de 90 jours
Solution
On commence par calculer le Déport puisque t2 < t1: 6% - 8% = - 2% (Déport)
Déport = Cc. (t2% – t1%). (n/360) = 3,5. (0,06 – 0,08). (90/360) = - 0,0175
Ct = Cc - Déport = 3,5 - 0,0175 = 3,4825 il s’agit du cours à terme
Il s’agit d’un gain pour l’importateur car Ct ↓
2ème méthode
n 90
1+ t 2 % .( ) 1+ 0,06.( )
360 360 1,015
Ct = Cc. = 3,5. = 3,5× = 3,4828
n 90 1,02
1+ t 1 % .( ) 1+ 0,08.( )
360 360

II. 2. 2. Les avances en devises


Il s’agit d’un prêt en devises accordé par une banque à un client exportateur pour couvrir une
créance dont l’échéance est plus ou moins proche. En empruntant, l’exportateur obtient une
source de financement et s’il convertit les devises obtenues en monnaie nationale (DT), il
annule le risque de change. Généralement le prêt en devises est destiné à obtenir des DT et
améliorer la trésorerie de l’entreprise. À l’échéance du prêt, l’exportateur rembourse la

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banque du nominal de l’emprunt majoré des intérêts calculés sur la base du taux d’intérêt sur
la devise.

II. 2. 3. Politique de facturation


L’entreprise impose sa monnaie nationale comme monnaie de facturation. Ainsi l’entreprise
transfère le risque de change, mais le partenaire pourrait refuser ou bien exiger une remise
importante en contrepartie.
II. 2. 4. Les comptes professionnels en devises
Certaines conditions sont nécessaires pour avoir un compte professionnel en devises,
principalement une autorisation de la banque centrale et il faut justifier que plus de 50% des
recettes (chiffre d’affaires) sont en devises. (CA export > 50%).
II. 2. 5. La compensation
Compenser une créance en devise (exportation : entrée d’argent) par une dette (importation :
sortie d’argent) dans la même devise et à des montants similaires et échéances voisines. Deux
conditions sont nécessaires :
- L’entreprise doit avoir des opérations d’exportations et d’importations.
- L’entreprise doit avoir un compte professionnel en devises.
II. 2. 6. Le termaillage

Une technique non financière de gestion du risque de change par une entreprise commerciale.


Le termaillage consiste à anticiper ou retarder les paiements (décaissements) ou
encaissements selon les anticipations sur le cours des devises (taux de change).

Exemple : une PME tunisienne exporte un bien vers l’Allemagne pour un contrat dont la
valeur est fixée en euros.

- Si l’euro (monnaie du contrat) s'apprécie dans le temps par rapport au dinar tunisien (DT) :
la PME souhaite retarder le paiement et bénéficier ainsi de la hausse de l’€ par rapport au DT.

- Si l’€ se déprécie dans le temps par rapport au DT : la PME souhaite accélérer le paiement et
bénéficier ainsi de la hausse du DT par rapport à l’€.

II. 2. 7. Les options de change

Les techniques précédentes sont bien adaptées à la couverture d’un risque de change certain,
c’est à-dire lorsque la réalisation de l’opération commerciale est sûre. Ce n’est pas toujours le

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cas. Ainsi l’opération est incertaine dans le cas des appels d’offres ou des ventes en devises
(exportations) « sur prix catalogue » avec une validité de plusieurs mois.

Les options de change répondent à deux objectifs :

– profiter d’une évolution favorable du marché des changes ;

– couvrir un risque de change certain ou incertain.

L’option de change est un instrument de couverture du risque de change qui donne droit à son
acquéreur de prendre livraison ou de livrer une devise à un cours et à (ou jusqu’à) une
échéance convenue, en lui laissant le choix de réaliser ou non la transaction précédemment
définie.

Ainsi l’acheteur d’une option de vente de devises acquiert le droit – et non l’obligation – de
vendre un certain montant de devises. Par ailleurs, l’acheteur d’une option d’achat de devises
acquiert le droit – et non l’obligation – d’acheter un certain montant de devises à un prix fixé
dès l’origine (appelé prix d’exercice : cours fixé à l’avance), jusqu’à, ou à, une certaine
échéance (appelée date d’exercice : date fixée à l’avance). Comme dans le cas d’une option de
vente, cours et échéance sont fixés préalablement. Le détenteur d’une option peut donc
décider librement de l’exercer, c’est-à-dire d’acheter ou de vendre la devise au prix
d’exercice. Il peut également renoncer à utiliser ce droit si le cours qu’il peut obtenir sur le
marché des changes est plus avantageux pour lui.

L’option de change permet donc à son détenteur de couvrir son risque de change tout en
préservant la possibilité de réaliser un gain de change dans le cas d’une évolution favorable du
cours de la devise.
En contrepartie du service et des risques encourus par le vendeur de l’option (généralement un
banquier), une prime, plus ou moins importante suivant les situations (devises, durées de
couverture, cours garantis), est demandée à l’acheteur de l’option. Le risque de l’acheteur
d’options est ainsi limité au montant de cette prime.
Le dénouement d’une option peut se faire selon deux voies :
– Il y a abandon de l’option si l’acheteur d’option trouve avantage à acheter (ou à vendre) ses
devises sur le marché des changes ;
– Enfin, il y a revente de l’option lorsque celle-ci a encore une valeur positive et que
l’entreprise n’a pas réalisé son opération commerciale et n’a plus besoin de l’option.

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